(1890) le costume au theatre et a la ville (number 43)

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    Le Costume au thtre etIl la villelivT,A3 (1890/91)

    FOR USE INLIBRARYONLY?NCes

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    QUATRIME ANNE - N lo. 43 LIVRAISON.

    LE COSTUMEAU THTRETexte IllustrationsMM. MOBISSON. '^^^^^^^^ '^^'^^' '^"*^'"^-REN-BENOIST. MESPLS, CtC.

    ADRESSER TOUTES LES COMMUNICATIONS CONCERNANT LA RDACTION A M. MOBISSON, A L OPERAPour tout ce qui concerne l'Administration, s'ixdresser M. Lvv, i3, rue Lafayette.

    ASCANIOOPRA EN CINQ ACTES ET SIX TABLEAUX

    d'aprs le drame Benvenuto Cellini de M. PAUL MEURICEPAR M. LOUIS GALLET

    MUSIQUE DE M. CAMILLE SAINT-SANSReprsent pour la premire fois, sur la scne de l'Opra,

    le J I Mars iSgo

    DISTRIBUTIONBenvenuto Cellini, MM. Lassalle; Ascanio, Cossira; FnwoisI"-, Planon; Un mendiant,Martapoura; Charles-Quint. Bataille; Pagolo, Crpaux; D'Estourville, Gallois; D'Orbec,

    TQUi; La duchesse d'tampes, M"" Adini; Scozzone, Bosman; Colombe, Eames.Depuis qu'ils sont i\ la tte de notre Acadmie nationale de musique,MM. Ritt et Gailhard se sont attachs faire entendre au public un ouvrage

    de chacun de nos compositeurs franais les plus minents, matres djclbres ou musiciens d'avenir.Cefutd'abordM.Reyer qu'ils s'adressrent, le lendemain mme de leurentre l'Opra, et leur premier acte directorial fut la rception de Sigiirdque leurs prdcesseurs avaient impitoyablement et injustement repouss.

    Vint ensuite le tour de M. Massenet, avec le Cid, puis celui de M. Pala-dilhe avec Pairie, de M. Salvayre avec la Dame de Monsoreau, de Gounodavec la reprise c Romo et Juliette, d'Ambroise Thomas avec la Tempte.

    Tous ces ouvrages, un seul except, ont pris rang ct des chefs-d'uvre du rpertoire, qui vient

    encore de s'enrichir de VAscanio deM. Camille Saint-Sans. 101890-91

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    M. Louis Galleta tirlc livret iXAscanio du drame de M. Paul Mcurice,Benvenuto Cellini, qui fut reprsent pour la premire fois, le i" avril i852,au thtre de la Porte-Saint-Martin, o il obtint un immense succs. Le mmesujet, emprunt aux Mmoires de Benvenuto Cellini, avait t trait parAlexandre Dumas dans un de ses romans les plus clbres.

    Bien que M. Louis Gallet ait adopt pour son opra le titre du roman deDumas, c'est du drame seul qu'il s'est inspir, en s'attachant surtout en sim-plilicr les situations et laguer les tableaux qui n'taient pas indispensables l'intelligence de l'intrigue. Il l'a fait avec son talent et son habilet scniquebien connus, et nous a prouv une fois de plus qu'il est un auteur drama-tique et un pote de grande valeur.

    Le hros de l'opra, comme du drame, est Benvenuto Cellini, ce clbreciseleur et statuaire du xvi'^ sicle, qui, aprs une jeunesse aventureuse enItalie, vint, vers i53g, l'ge de quarante ans, chercher fortune en France, lacour de Franois I". De tous les chefs-d'uvre du fameux sculpteur, il nenous reste qu'un merveilleux bas-relief, la Nymphe de Fontainebleau.

    Les auteurs nous prsentent Benvenuto quelques mois aprs son arrive Paris. Il a amen avec lui son lve prfr, Ascanio des Gaddi, pour lequelil a une affection presque paternelle, et Scozzone, une jeune Florentine quis'est prise d'une ardente passion pour le grand artiste, dont elle est la foisla matresse et le modle

    Benvenuto apprend que la duchesse d'Etampes, la favorite de Franois I",brle d'amour pour Ascanio, dont elle veut faire son amant. Le matreredoute les suites de cette aventure, qui ne peut qu'tre funeste son lve, car la duchesse n'hsite pas, son caprice pass, se dbarrasser violemmentde ceux qu'elle a donns pour rivaux au roi de France, et il jure d'emp-cher la ralisation des projets amoureux de la favorite.

    Benvenuto ignore qu'Ascanio est protg contre les sductions de la du-chesse par son amour pour Colombe d'Estourville, la fille du prvt de Paris,dont il va tre le voisin. Le roi vient, en efet, d'autoriser son orfvre in-staller ses ateliers l'htel du Grand-Nesle; le prvt habite le Petit-Nesle;les deux htels sont contigus et spars seulement par des jardins.

    Cellini se trouve bientt en prsence de Colombe, et demeure extasidevant la grce et la beaut de la jeune fille. Voil bien le modle rv, qu'ilcherchait vainement, pour sa statue d'Hb. Mais Sco/zone s'est aperue del'impression produite sur son amant par la vue de Colombe. La jalousiepntre dans son cur; malheur celle qui lui ravira l'amour de Benvenuto!

    Install dans le Grand-Nesle, le Florentin peut, chaque jour, contemplerColombe. L'admiration de l'artiste pour son modle s'est bientt change en

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    une folle passion de l'homme pour la jeune fille, et c'est Ascanio, dsesprpar cette rvlation, que Benvenuto fait la confidence de son amour.

    Cependant la duchesse d'tampes apprend la cause du ddain d'Ascanio,et obtient du roi que Colombe soit immdiatement marie au comte d'Orbec.Il n'y a qu'un seul moyen pour empcher cet hymen : enlever la fille du pr-vt et la faire disparatre pendant quelques jours, en attendant que Benvenutopuisse demander lui-mme la main de Colombe Franois I"; celui-ci a, eneffet, formellement promis l'artiste de lui accorder la faveur qu'il rcla-mera, s'il russit fondre en or une statue de Jupiter, dont le roi a fortadmir le modle. Pour enlever Colombe, on l'enfermera dans une immensechsse, que Benvenuto vient de terminer et doit livrer au couvent des Ursu-lines. La suprieure, prvenue, gardera la jeune fille auprs d'elle.

    Mais la jalouse Scozzone a surpris ce projet, et le dvoile la duchessed'Etampes. Celle-ci n'hsite pas se venger d'une faon terrible. Elle inter-ceptera le reliquaire en route et le fera porter au Louvre, o elle le laisserapendant trois jours. Elle sait qu'une crature humaine ne peut vivre plus deciuelques heures enferme dans cette chsse ; c'est donc la mort de Colombequ'elle mdite, avec la complicit de Scozzone.

    Benvenuto ignore toujours l'amour d'Ascanio pour Colombe, amourpartag par la jeune fille. Scozzone se charge de lui ouvrir les yeux, et le faitassister un entretien entre les deux amants. Aprs un moment de rage et dedsespoir, Cellini se sacrifie et renonce sa passion insense. Il sauveraColombe, mais c'est pour Ascanio qu'il demandera sa main Franois l".

    'Vaincue par ce noble dvouement, dvore de remords l'ide du crimequ'elle voulait commettre, Scozzone s'immole son tour; elle prendra la placede Colombe dans le reliquaire, et celle-ci, cache sous les habits et la capede la Florentine, pourra sortir du Nesle et se rfugier au ccuivent.

    Les ordres de la favorite sont excuts ; la chsse est apporte au Louvre,et quand, au bout de trois jours, la duchesse d'tampes ouvre le reliquaireafin de s'assurer que Colombe est bien morte, elle se trouve en prsence ducadavre de Scozzone.

    Je n'ai pu, dans cette rapide analyse, qu'indiquer grands traits l'intrigueprincipale et les situations fort intressantes et trs dramatiques qui endcoulent. Ces situations, c'est l l'aspect original du livret, aspect tout fait nouveau l'Opra et qui a paru plaire fort au public, sont encadresdans des tableaux lgers et charmants, qui font d'Ascanio, en dpit de sondnouement tragique, plutt une comdie lyrique qu'un opra.

    Et c'est, en etet, en vritable comdie lyrique que M. Saint-Sans atrait la partition d'Ascaiiif) : il nous a donn, dans cet ordre d'ides, une

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    formule tout fait neuve ; il a trac une voie nouvelle aux musiciensmodernes, ct du drame lyrique, si cher la jeune cole.

    M. Camille Saint-Sacns n'a pas cependant tout fait rpudi, dans cetteuvre curieuse, les anciennes formes de l'opra. Le dialogue musical etce dialogue est crit a\ec une facilit, une lgance, un naturel merveilleux est coup par des airs, des duos, des trios et un magnifique quatuor qui aproduit un grand efi'et. Mais le compositeur a rajeuni ces anciennes formes l'aide des Icit-motivcn ; la partition ^Ascanio en contient au moins unequinzaine, qui reviennent constamment, sous des aspects difierents, au coursde l'ouvrage : le motif du travail, le motif d'Ascanio, le motif de l'affectionde Cellini pour Ascanio, de la jalousie de Scozzone, du Jupiter, de l'Hb, dela duchesse d'tampes, etc.

    Les qualits matresses de cette partition sont la clart, la sincrit, lanoblesse d'allure, une instrumentation cisele avec un art admirable etmerveilleuse de souplesse et de coloris.

    La place me manque pour citer les pages les plus remarquables de cemagnifique ouvrage; cinq ou six de ces pages sont redemandes, chaque soir,par le public de l'Opra, gnralement si froid et si sceptique. Ascanio estincontestablement la meilleure partition de l'illustre auteur d'Henry VIII, deSamson et Dalila et 'Etienne Marcel.

    L'interprtation ''Ascanio est digne de tous points de la haute valeur del'uvre. Il faut d'abord mettre tout fait hors de pair M. Lassalle, qui a mis sasuperbe voix, son autorit et son talent en pleine maturit au service du rlecrasant de Benvenuto, dont il a fait une magnifique cration; l'minentbaryton a obtenu un vritable triomphe.

    M. Cossira soupire avec un got exquis et une voix charmante le jolirle d'Ascanio. M. Planon est un Franois l'"' d'une noblesse et d'unelgance parfaites; il chante ce rle avec beaucoup de largeur et de style.M. Martapoura a t trs justement applaudi dans la scne du mendiant.MM. Tqui, Gallois, Bataille et Crpaux tiennent avec talent de petits rles.

    Madame Adiny, fort belle en duchesse d'Etampes, a interprt le dernieracte, qu'elle remplit presque tout entier, en grande cantatrice dramatique.Madame Bosman, tout fait charmante en Scozzone, a fait bisser sa chansonflorentine du second acte. Enfin mademoiselle Eames, adorablement jolie, achant le rle de Colombe avec beaucoup de charme et de sduction.

    Les churs, sous la direction de M.. Jules Cohen, M. Vianesi et saremarquable phalange d'instrumentistes ont vaillamment contribu cettebrillante excution.

    Le ballet d'Ascanio, qui occupe tout le troisime acte, est un grand diver-

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    As C A N I ODuchesse d Etampes

    M"^^ Adiny

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    A s C A N I OFranco i s i'^'~M'' Plan ON

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    A s C A N I OFranois I^'^ Charles QuintM^Planon M'' Bataille

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    - 5 tissement mythologique, dont le prtexte est la rception de rcmpcreurCharles-Quint par Franois I", dans le Jardin des Biiys, Fontainebleau.

    La musique de ce ballet, d'une distinction et dune finesse exquises, estun vritable bijou; elle suffirait, elle seule, assurer le succs de l'ouvrage.M. Hansen a rgl avec beaucoup de got et de talent les diverses scnes dece divertissement. Signalons surtout la jolie scne de l'Amour et Psych,interprte suprieurement par mesdemoiselles Dsir et Chabot, et la varia-tion danse par mademoiselle Dsir sur un motif de flte, qui a valu un bis la charmante ballerine et une ovation bien mrite au savant fltiste Taffanel.

    Citons encore, parmi les dieux et les desses les plus applaudis :mesdemoiselles Lobstein, une superbe Vnus; Torri, un Apollnn plein denoblesse; Keller, Invernizzi, Ottolini, Grange, Biot, etc.

    La direction de l'Opra a fait des merveilles, pour encadrer dignementl'ouvrage de MM. Gallet et Saint-Sans.

    Les costumes, dont nous parlons en dtail notre dernire page, sontd'une richesse, d'une exactitude et d'une varit dignes des plus grands loges.

    Les dcors sont tous trs beaux. Le second et le quatrime, peints parMM. Lavastre et Carpezat, sont de vritables chefs-d'uvre.Voici la description de ces dcors :PREMIER TABLEAU. Les ateliers de Benvenuto : vielle salle encombrc-e d'tablis,

    de chevalets, de dressoirs chargs de pices d'orfvrerie. A gauche, le modle en argile duJupiter. A droite, une immense verrire (Lavastre et Carpezat).DEUXIME TABLEAU. La place du Clotre des Augustins : droite, le clievei

    d'une chapelle; du mme ct, au second plan, les deux Nesles; au fond, la Seine et le pano-rama du vieux Louvre (Lavastre et Carpezat).

    TROISIME TABLEAU. L'atelier de Benvenuto, au Grand-Nesle : gauche,la chsse; droite, la statue'tte d'Hb, couverte d'un voile; au fond, le jardin du Peiii-Nesle tout ensoleill et rempli de fleurs. (Rub et Chapron).

    QUATRIME TABLEAU. Le jardin des Buys Fontainebleau : droite et gauche, les jardins magnifiquement dcors, et l'estrade royale; au fond, un escalier doublervolution conduisant sur un pont, au-dessous duquel coule une cascade; au del, la lorct.

    CINQUIME TABLE.\U. Mme dcor qu'au troisime.SIXIME TABLEAU. Une salle du Louvre.MM. Ritt et Gailhard n'ont rien nglig pour augmenter la splendeur ci

    la magnificence du spectacle, et la reprsentation ^Ascanio fait le plus grandhonneur aux directeurs de notre Acadmie nationale de musique.

    F. .MOBISSON.

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    6 ADA ADINY et EMMA EAMES

    La Force et la Grce.Toutes deux venues d'outrc-mer, toutes deux ayant pass leur enfance au mmelieu, toutes deux se distinguant par l'allure provocante du nom, dont la sonoritrappelle, avec une intlcxion de dt, les deux svllabes du prnom.

    Et puisque le sort, qui les Ht se rencontrer l'Opra, les runir encore dansAscanio, o toutes deux font ensemble leur premire cration, relchons-nous, pourune fois, de la rgle jusqu'alors suivie, en ne les sparant point devant notre objectifet en ne mettant qu'une seule plaque pour les deux.

    Addie Chapman, dite Ada Adin\% fille d'un instituteur de Boston, est demeurede bonne heure orpheline et a t leve par sa grand'mre, Mrs Chapman, qui. aubout de quelques annes, est venue se fixer Florence avec elle et y vit encore actuel-lement. Rvait dj de l'Opra, parat-il, avant qu'il ne ft achev, lors de sonpremier voyage Paris (exposition de 1867). Ses promesses de voix s'affirmant, elledevient, Florence, l'lve du maestro \'anuccini. qui ne cessera plus de lui donnerdes conseils jusqu'au seuil de l'Opra. Puis, en 1878, on la ramne Paris, o ellereoit les leons de la grande artiste Pauline Viardot.

    Enfin, l'anne suivante, l'ge de dix-neuf ans, elle parat sur la petite .scne deVarese, bourgade de la province de Cme, dont le public, fier d'avoir eu jadis les pre-mires notes de Gayarr, se pique volontiers de svrit et est justement redout.C'est le Rouen de l'Italie. Engage aux mirifiques appointements de deux cent cin-quante francs par mois, Ada Adiny, dont le premier emploi est celui des chanteuseslgres, y dbute dans Dinorah^ adaptation italienne du Pardon de Plormel. Etson succs est si vif que, sance tenante, l'imprsario Ferrari l'engage pour sa tournede l'Amrique du Sud, moyennant huit mille francs par mois. ^ C'est dj unpetit progrs.

    Ses tapes sont ensuite : New-York, La Havane, Prague, Madrid, Nice et Vrone.Dans cette carrire, tout italienne, elle continue de s'adonner au rpertoire des chan-teuses lgres : Ins, de /'.l/'/-/a7/7Zf, Marguerite, de Faust, la reine, des Huguenots^et mme la Linda, o, par une cruelle fantaisie autorise dans ce genre de sport, ellese donnait parfois le luxe d'un fa au-dessus des lignes.

    Ce fut Vrone qu'une brusque volution la conduisit opter dsormais pour lessopranos dramatiques. S'tant essaye dans les rles d'Ada et de Rachel, elle y russittellement que M. Gailhard, venu afin de l'entendre, lui conseilla de quitter le thtrepour un temps et d'aller se mettre Paris, sous la frule de M. Sbriglia, le clbrematre de Jean, Edouard et Josphine de Reszk.

    Le conseil fut trouv bon et a port ses fruits.Moins de deux ans aprs le 6 mai 1887 Ada Adiny faisait, l'Opra, un

    excellent dbut, en reprenant, dans le Cid, la succession de mesdames Fides Devriset Rose Caron. Et indpendamment de Chimne, qu'elle a chante dj trente-deuxfois (c'est--dire beaucoup plus souvent que ses deux devancires), elle s'est, par untravail constant et avec de srieux progrs, empare peu peu de tout le rpertoire,

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    en abordant successivement : en 1887, Aida (qui demeure jusqu'ici son rle de prdi-lectionj, Valentine, Selika et doria Anna; en 188S, Brunehild, de SiffU7\i et Rachel, dela Juive; en 1889, Catherine, de Henry 17//.

    Enfin, avec Ascanio, 1890 lui apporte sa premire figure neuve composer. Elle aurait pu mieux tomber : cette silhouette d'Anne de Pisseleu, duchessed'tampes, la blonde et trs ple Picarde que l'histoire a surnomme la mchantematresse du roi. n'tait point du tout son fait. Ses qualits elles-mmes se trouvantrfractaires cette incarnation, ce qui aurait du tre une bonne chance pour AdaAdiny ne lui a t, en somme, que l'occasion de donner une preuve de dvouement lamaison qui se l'est attache et dont elle est devenue un des solides soutiens. Mais lencore, elle a eu ce grand mrite de mettre de relles qualits d'intelligence drama-tique au service d'un personnage o l'action a plus de part qu"il ne convient dansune uvre h'rique et dont, sous tous les rapports, Rjanc presque son antipode aurait t l'interprte rve.Emma Eames, elle, a ce bonheur de n'avoir encore point d'histoire.

    Fille d'Amrique aussi, elle est ne Shanghai, o son pre exerait alors(en 1868) des fonctions diplomatiques. Amene Boston ds l'ge de quatre ans, c'estdans cette ville, comme Ada Adiny, qu'elle a t leve. Son premier matre ft samre, qui, lorsque devenue grande, elle fitminede se rvler, la conduisit Bruxelles,o elle reut la prcieuse direction de M. Gevaert. De l, elle passa Paris, l'colede madame Marchesi, qui acheva de la mettre en tat de se risquer l'Opra, sansavoir jamais toul les planches d'aucune autre scne. Un instant mme elle faillittre la premire Juliette de l'Opra, mais on redouta pour elle cette formidablepreuve et, tandis que madame Darde succdait provisoirement Adelina Patti,Emma Eames dut se livrer encore un travail d'assouplissement de trois mois, avecMM. Gailhard et Mangin, avant.de paratre enfin devant le public, en cette soire dui3 mars 1889, o son triomphe eut tout l'clat du plaisir inattendu.

    Ce fut un long enchantenient que cette reprsentation de Romo et Ju/icl/c, ola petite dbutante brilla tout naturellement ct de Jean de Reszk et o,pour la premire fois disons mme pour la seule on reut de l'interprte h;double impression du rle la virginale et l'amoureuse. Et ce sujet, je ne peux quereproduire ici ce que j'crivais ailleurs au lendemain de cette heureuse soire :

    Mademoiselle Eames, qui n'a gure plusde vingt ans, avaiisduittout d'abord sonpublic par son charme naturel et sa physionomie expressive, qu'clairent deux grands yeuxbleus. Fort jolie et trs jeune fille , elle est bien, au point de vue physique, l'hronerve par Shakespeare. C'est avec joie qu'on a constat, en outre, chez la gracieusedbutante, une voix frache et pure que l'tude ne tai\iera pas assouplir, et surtoutune intelligence scnique qui dnote un vif sentiment de l'art.

    Aprs le rle de Marguerite, o Emma Eames a plu ensuite par la force pn-trante de sa sensibilit; aprs celui de Colombe d'Estourville, o sa tlamme intrieurese laisse deviner sous l'insouciante mlancolie de la ballade du deuxime acte, je n'airien ajouter mes pronostics optimistes. Mais je n'ai rien en retirer non plus.

    Je disais, en commenant, que mademoiselle Eames n'a pas d'histoire, et je ter-mine en prvoyant que je n'aurai pas le dire longtemps. Ren-Benoist

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    NOS DESSINSM. LASSALLE [Benvenulo).

    Premier tableau. Costume d'atelier: Maillot de soie rouge antique. Pourpointcourt de velours noir, laissant passer les manches d'une chemise de fine toile.

    M. GOSSIRA (Ascani).Quatrime tableau. Pourpoint de dessous trs ajust, en soie mate hliotrope fonc.Ceinture escarcelle velours pourpre brle. Bonnet orn d'un motif en bijouterie. Pourpointde dessous en brocart bleu gris, grands ramages,vert teint et orange ple. Maillot de soiebleu gris. Chaussures de velours noir. Chane d'or au cou.

    M. PLANGON [Franois 1").Quatrime tableau. Ce costume est la reproduction exacte du Franois /" de Clouet

    (tableau du Louvre, n" 109).Madame ADINY (Duchesse d'tampe).

    Premier tableau. Cotte de dessous, en velours vert pois. Vertugade en ottoman, grosses ctes rose pche, avec double bouillon et avant-bras en soie pareille, toute garniede soie vert pois clair brode vert pois soutenu. Mariette en velours vert pois fonc, avecrevers garnis de passementerie trois couleurs de vert et or. Mancherons de la marlotte en soievert pois clair rebrod. Cheveux rouge vnitien, coiffs en passe-filon. Rsille de perles.Chapeau l'allemande, en velours vert pois; plume pche. Costume compos d'aprsRabelais (abbaye deTlesmes).

    Madame BOSMAN [Sco:{ione).Costume type, compose d'aprs Csare Vecellio, ce parent du Titien, auquel on doit une

    si jolie suite de costumes du xvi'" sicle,.lupe de dessous dents, en soie mate, couleur cuivre rouge. Jupe de dessus, forme debandes de soie broche vert pr, relies les unes aux autres par des picettes d'argent.Manches florentines; mmes dtails que la jupe. Corselet de velours laque violette, avecornement soie or vert rebrode de fleurettes de jais de diverses couleurs. Chemisette de tincrpon. Collier de perles de corail et or. Coiiure en pingles d'argent, comme les paysannes

    italiennes.Mademoiselle EAMES [Colombe).

    Quatrime et cinquime tableaux. Corselet drap de soie blanche, tout uni. Manches bandes dans le haut, et ajustes l'avant-bras en broch de soie rose ple. Jupe mille plis,en crpon blanc, garnie dans le bas d'un biais de broch de soie rose et argent. Coiffe envelours rubis, garnie de perles, avec chaperon pendant en crpe de Chine rose ple.Les costumes d'Ascanioonxi composs par M. Bianchini, le savant dessinateur de l'O-

    pra, avec un talent qui s'atiirme chaque pice nouvelle. M. Bianchini puise ses documen^tsaux sources les plus authentiques et ses costumes sont, en mme temps que d'une grande ri-chesse et d'un got parfait, d'une vrit saisissante.Pour tablir les dlicieux costumes du ballet, M. Bianchini s'est inspir de la mytho-logie vue par les artistes de la Renaissance, tels que Jean Goujon avec les quatre nymphesde'la fontaine des Innocents, c'est--dire longues tuniques tenues sous les seins par desrteurs et des maux. Ce costume n'tait gure compatible avec les exigences chorgraphiques.Aussi les premires danseuses ont-elles conserv le juponnage traditionnel.Tous nos compliments, en terminant, M""^ Floret, l'habile costumire de l'Opra, quiaexcut toutes ces merveilles avec son talent et son got habituels.

    Maison Qiiantin. L.-II. iMay, directeur, 7, rue Saint-Iienoit, Paris. Le Ocrant : A. Lvy.

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    Le Costume au thtre et kla ville

    livr./+3

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    UNIVERSITY OF TORONTO LIBRARY

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