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Conférence Economique Africaine, «L’intégration régionale en Afrique », Johannesbourg-Afrique du Sud, Octobre 2013.
INTEGRATION REGIONALE ET RELANCE ECONOMIQUE EN AFRIQUE
RESUME :
Ce papier revient sur les difficultés à surmonter avant de parvenir à l'intégration. Le bilan de
l'intégration ainsi que les facteurs qui l’ont freiné montrent qu’il faut rester optimiste tout en
adoptant une approche moins ambitieuse mais plus pratique. L'intégration ne peut être
obtenue en adoptant seulement des programmes politiques ou la situation économique.
L'Afrique doit s'unir pour renforcer sa présence sur la scène internationale et répondre aux
besoins de sa population en instaurant une croissance solidaire en vue d’une redistribution des
fruits de la croissance.
Mots clés : intégration, relance, croissance, économie.Classification JEL: E, F, F 15, G, H.
ABSTRACT:
This paper put on evidence numerous obstacles to overcome before achieving integration. The
balance of integration process and the factors explaining its slowness show that we should be
careful while being optimist by adopting a less ambitious but more practical approach.
Integration process could not be achieved only by adopting political program or by focusing
exclusively on economic situation. Africa should unite in order to reinforce its position on the
international scene, and to solve concrete needs of populations through economic growth
recovery with redistribution.
Keys words: integration, recovery, growth, economic.JEL classification: E, F, F 15, G, H
INTRODUCTION
L'intégration régionale du continent a été rêvée par bon nombre de dirigeants africains
et a donné lieu à la création en 1963 de l'Organisation de l'Unité Africaine (OUA) et la
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Banque Africaine de Développement (BAD. Cet engagement a été réitéré plus tard dans le
Plan d’action de Lagos de 1980 et, par la suite, dans le Traité d’Abuja de 1991 qui envisage, à
terme, la création de la Communauté Economique Africaine (CEA). D’autres initiatives,
notamment, l’harmonisation des législations commerciales à travers le continent ont contribué
à améliorer le climat des échanges et des investissements. Cependant, malgré ces acquis, le
processus d’intégration demeure confronté à de nombreux défis. L’évaluation continue des
progrès en matière d’intégration en Afrique est essentielle pour comprendre et identifier les
forces et les faiblesses des interventions menées et contribuer à construire l’avenir grâce aux
enseignements tirés de l’expérience. Au fil des ans, les autres institutions créées dans
différentes régions n'ont pas contribué significativement à l’accroissement du commerce entre
pays africains. En plus de l’objectif politique d’unité continentale, les dirigeants africains ont
également poursuivi leurs efforts d’intégration régionale en vue de surmonter trois obstacles
fondamentaux au développement: la petite taille des économies, l’absence de
complémentarités structurelles et la dépendance vis-à-vis des importations. L’intégration
régionale est alors perçue comme offrant des possibilités d’expansion du marché, de
réalisation d’économies d’échelle et de diversification de la base économique. C’est ainsi que
des accords de coopération et d’intégration économique ont été conclus pour la mise en place
de marchés sous-régionaux protégés offrant un espace économique élargi pour les facteurs de
production et les échanges.
Alors que l'on comprend mieux aujourd'hui la nécessité de l'intégration régionale et les
raisons des échecs passés, de nouveaux efforts visent à resserrer les liens économiques et
politiques entre les nombreux pays du continent. Dans un tel contexte, la convergence des
politiques macroéconomiques et l’intégration monétaire et financière au sein des
Communautés Economiques Régionales (CER) s’avèrent nécessaires pour l’efficience des
zones d’intégration régionales. L’élargissement du marché est considéré comme la force
motrice d’une zone d’intégration, étant donné que les marchés nationaux sont souvent dans
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l’incapacité d’assurer, à eux seuls, la taille nécessaire à l’exploitation des économies d’échelle
et la spécialisation. Par ailleurs, la libéralisation des échanges à l’intérieur d’une zone
d’intégration régionale oblige les entreprises à affronter la compétition, à réduire leurs coûts
et à améliorer leur productivité.
L’intégration régionale a des retombées technologiques conduisant à des gains de
productivité et à une réduction des coûts de production, ce qui favorise l’accumulation des
facteurs. En termes d’efficience et d’accumulation, l’intégration économique régionale peut
contribuer à la croissance économique et permettre à l’Afrique de s’intégrer à l’économie
mondiale selon deux modalités qui ont progressivement gommé leurs oppositions initiales.
L'option multilatérale qui est la voie la directe, et la régionalisation étant une forme indirecte
moins protectionniste, plus ouverte sur l'extérieur. La seconde option fait de l'espace
économique régional une construction institutionnelle intermédiaire au niveau d'une
communauté d'Etats.
L’objectif de ce papier est de savoir si l’intégration régionale peut faciliter la relance
économique en Afrique. Explicitement : Quels sont les principales difficultés à surmonter
avant de parvenir à l’intégration ? Quel bilan peut-on tirer de l’intégration régionale en
Afrique ? Quelles approches doit-on adopter pour les nouvelles initiatives d’intégration en
Afrique ?
1 LES OBSTACLES A L’INTEGRATION REGIONALE
L’objectif de cette section est de mettre en exergue les principales barrières vers
l’intégration économique régionale qui fait référence au niveau de coordination des prix sur
des marchés séparés par une distance physique. Deux raisons principales justifient cette
démarche d’intégration : l’accès au marché et les économies d’échelle. Au rang des entraves à
l’intégration, nous pouvons citer l’insuffisance des infrastructures et la faiblesse des
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institutions sous-régionales, les défauts de coordination entre les secteurs public et privé et la
mauvaise gouvernance.
1.1 LES INFRASTRUCTURES ET LES INSTITUTIONS SOUS-REGIONALES
Durant les trente dernières années, les pays africains se sont efforcés de mettre en
place des mécanismes d’intégration régionale pour accélérer le développement économique.
1.1.1 LES INFRASTRUCTURES
La mondialisation et l’intégration régionale nécessitent une infrastructure régionale
efficace pour élargir et intégrer les marchés, réaliser des économies d’échelle, encourager la
participation du secteur privé et attirer les Investissements Directs Etrangers (IDE). Malgré les
efforts entrepris pour intégrer les transports, le système de communication et l’énergie,
certaines lacunes subsistent au niveau des différentes Communautés Economiques Régionales
(CER) d’Afrique, ce qui accroît le coût des échanges commerciaux et freine la mobilité des
facteurs de production, ainsi que la compétitivité. D’où la nécessité de mettre en place des
systèmes d’infrastructure sûrs, fiables, efficaces, abordables et respectueux de
l’environnement. De plus, les CER devraient aider les pays les moins avancés et les plus
enclavés à devenir compétitifs sur les marchés régionaux et internationaux.
Pour cela, les gouvernements doivent axer leurs efforts sur les politiques et les
réglementations visant le suivi des performances et la libéralisation de l’accès aux marchés
des services d’infrastructure. Aujourd’hui, les voies de communication sont insuffisantes et le
réseau africain très disloqué.
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Tableau 1 : Transports routier et ferroviaire dans certaines communautés économiques
d’Afrique en 2000
Route transafricaine Chemin de fer
Communauté Economique Régionale (CER)
Total des tronçons (Km)
Tronçons manquants (Km)
Tronçons manquants comme part du total (%)
Longueur totale (Km)
Type d’écartement utilisé (mm)
CAE 3.841 523 14 7.588 1.000
CEDEAO 10.578 2.970 28 10.190 1067 ; 1000
CEEAC 10.650 4.953 47 7.605 1435 ; 1067 ; 1000
COMESA 15.723 2.695 17 32.558 1067 ; 1000
IGAD 8.716 2.423 28 9.000 --------------
SADC 11.454 2.136 19 45.321 1067
UMA 5.923 1.110 21 9.625 1435
Source : Commission Economique pour l’Afrique (CEA), 2004.
Selon une étude de la Commission Economique pour l’Afrique (CEA) de 2004, la route
transafricaine qui aurait dû faciliter le transport et les échanges commerciaux accusait en l’an
2000 un déficit de 16810 km de tronçons manquants. En regardant le tableau précédant, on se
rend très vite compte que ce gap est d’ailleurs très inégalement reparti selon les différentes
régions du continent. Au niveau de la Communauté d’Afrique de l’Est (CAE) qui est une
union économique, et de l’Union du Maghreb Arabe (UMA) qui est une zone de libre
échange, il manque respectivement 523 km et 1110 km de route pour combler ce gap.
Par contre, la situation est plus alarmante au niveau de la Communauté Economique des Etats
de l’Afrique Centrale (CEEAC), de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de
l’Ouest (CEDEAO), et de la Communauté du Développement de l’Afrique Australe (SADC)
avec respectivement 4953 km, 2970 km et 2136 km en termes de gap.
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La part de l’Afrique dans le trafic aérien mondial est restée stable à environ 1% malgré
un essor du trafic international et intra-africain au cours des années 1990. Pour le transport
des passagers, le coefficient de remplissage de l’Afrique a dépassé celui l’Amérique latine et
des Caraïbes, mais est resté inférieur d’environ 12% par rapport à la moyenne mondiale. Pour
le transport de fret, l’estimation du coefficient de remplissage est inférieure de 20% à la
moyenne mondiale. Des alliances régionales ont été constituées afin d’améliorer les
opérations des compagnies aériennes, mais l’Afrique compte un nombre d’alliances encore
inférieur à celui de l’Amérique latine. De nombreux pays ont instauré une autorité autonome
pour l’aviation civile et un système de concessions pour leurs aéroports. Mais, les résultats
restent mitigés à cause de la concurrence, des problèmes de gestion, de la gouvernance et de
la mondialisation.
1.1.2 LES INSTITUTIONS SOUS-REGIONALES
Selon la Conférence des Nations Unies pour le Commerce et le Développement
(CNUCED), l’Afrique avait en 2009, onze Communautés Economiques Régionales (CER)
dont 7 zones de libres échanges et 4 unions douanières. Les domaines d’intégrations et de
coopération se composent de manière générale, au regard du tableau 2, de la manière
suivante : biens et services, investissements, migrations, accroissement de l’harmonisation du
droit commercial et convergence des politiques macroéconomiques. En termes d’objectifs
visés, il n y a que l’union économique intégrale et l’union douanière.
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Tableau 2 : Les principales Communautés Economiques Régionales (CER) en Afrique
Principales CER TypeDomaines
d’intégration et de coopération
Date d’entrée en
vigueurEtats membres
Objectif spécifié
Union du Maghrebarabe (UMA)
Zonede libreéchange
Biens, services,investissements,migrations
17 fév.1989
Algérie, Jamahiriyaarabe libyenne, Maroc,Mauritanie, Tunisie
Unionéconomiqueintégrale
Marché commun del’Afrique de l’Est etde l’Afrique australe(COMESA)
Zonede libreéchange
Biens, services,investissements,migrations
8 déc.1994
Angola, Burundi,Comores, Djibouti, Égypte, Érythrée, Éthiopie, Kenya,Madagascar, Malawi,Maurice, Namibie,Ouganda, Républiquedémocratique du Congo, Rwanda, Seychelles, Soudan, Swaziland, Zambie, Zimbabwe
Marchécommun
Communauté des États sahélo sahariens (CEN-SAD)
Zonede libreéchange
Biens, services,investissements,migrations
4 fév.1998
Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Djibouti, Égypte,Érythrée, Gambie, Lybie, Mali, Maroc, Niger, Nigéria,République centrafricaine,Sénégal, Somalie, Soudan, Tchad, Togo, Tunisie
Zonede libreéchange etintégrationdans certainssecteurs
Communautééconomique des Étatsde l’Afrique centrale(CEEAC)
Zonede libreéchange
Biens, services,investissements,migrations
1er juil.2007
Angola, Burundi, Cameroun, Congo, Gabon, Guinéeéquatoriale, Républiquecentrafricaine, Républiquedémocratique du Congo, Rwanda, Sao Tomé et Principe Tchad
Unionéconomiqueintégrale
Communautééconomique des Étatsde l’Afrique de l’Ouest(CEDEAO)
Zonede libreéchange
Biens, services,investissements,migrations
24 juil.1993
Bénin, Burkina Faso, Cap Vert, Côte d’Ivoire, Gambie, Ghana, Guinée, Guinée Bissau, Libéria, Mali, Niger, Sénégal, Sierra Leone, Togo
Unionéconomiqueintégrale
Autoritéintergouvernementalepour le développement(IGAD)
Zonede libreéchange
Biens, services,investissements,migrations
25 nov.1996
Djibouti, Érythrée, Éthiopie, Kenya, Ouganda, Somalie,Soudan
Unionéconomiqueintégrale
Communauté dedéveloppement del’Afrique australe(SADC)
Zonede libreéchange
Biens, services,investissements,migrations
1er sept.2000
Afrique du Sud, Angola,Botswana, Lesotho, Malawi, Maurice, Mozambique, Namibie, Républiquedémocratique du Congo, République Unie de Tanzanie, Swaziland, Zambie, Zimbabwe
Unionéconomiqueintégrale
Communautééconomique etmonétaire de l’Afriquecentrale (CEMAC)
Uniondouanière
Biens, services,investissements,migrations
24 juin1999
Cameroun, Congo, Gabon, Guinée équatoriale,République centrafricaine, Tchad
Unionéconomiqueintégrale
Communautéd’Afrique de l’Est(CAE)
Uniondouanière
Biens, services,investissements, migrations
7 juil.2000
Burundi, Kenya, Ouganda,République Unie deTanzanie, Rwanda
Unionéconomiqueintégrale
Union douanièred’Afrique australe(UDAA)
Uniondouanière
Biens, services,investissements,migrations
15 juil. 2004
Afrique du Sud, Botswana, Lesotho, Namibie, Swaziland
Uniondouanière
Union économiqueet monétaire ouestafricaine (UEMOA)
Uniondouanière
Harmonisationdu droitcommercial,convergencedes politiquesmacroéconomiques
10 janv.1994
Benin, Burkina Faso, Côted’Ivoire, Guinée Bissau,Mali, Niger, Sénégal, Togo
Uniondouanière
Source : CNUCED, 2009
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Sur le plan économique, il existe certes des institutions sous-régionales et/ou
suprarégionales dont la mission est d’organiser et de réguler l’activité économique. Toutefois,
beaucoup d’efforts restent à fournir pour rendre effectif et efficient le fonctionnement de ces
organes. Ces efforts doivent se faire au niveau des instances suivantes : Unions Monétaires,
Communautés Economiques, Marchés Communs, Marchés Financiers ou Bourses de Valeurs,
Banques Centrales, Banques de Développement ou d’Investissement. Par exemple, le
développement des infrastructures figure dans les traités de toutes les communautés
économiques régionales africaines, lesquelles fournissent le meilleur cadre en vue de
l’alignement des politiques sectorielles, de la conception des plans directeurs régionaux, de
l’harmonisation des régimes réglementaires et des codes d’investissement.
En Afrique centrale par exemple, malgré un cadre (existence de la CEMAC1, COBAC2,
BEAC3, …) qui devrait permettre un essor du système financier, le système financier de
l’Afrique centrale est peu diversifié avec l’inexistence d’un marché secondaire. L’intégration
monétaire est très faible, avec un manque d’initiatives régionales pour résister aux chocs. La
pratique de politiques budgétaires pro-cycliques amplifie la volatilité des Economies de la
CEMAC.
1.1.3 LA JUXTAPOSITION SECTEURS PUBLIC/PRIVE ET PROBLEMES
DE GOUVERNANCE
Sur le plan politique, depuis les indépendances, l’Afrique fait face aux problèmes de
gouvernance. Les faits montrent globalement que la démocratie n’est pas encore enracinée
dans les mœurs des gouvernants et des gouvernés. Cet état des choses serait à l’origine des
instabilités politiques récurrentes dans la majorité des pays africains.
La tendance actuelle à la décentralisation amène les Etats à transférer aux collectivités
territoriales décentralisées, qui sont leurs démembrements territoriaux, des compétences
particulières et des moyens (humains, matériels, financiers) appropriés. En réalité, la volonté
1 Communauté Economique et Monétaire de l’Afrique Centrale.2 Commission Bancaire pour l’Afrique Centrale.3 Banque des Etats de l’Afrique Centrale.
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de promouvoir la décentralisation dans de nombreux pays africains est ancienne. Ce processus
constitue l’axe fondamental de la promotion du développement, de la démocratie et de la
bonne gouvernance au niveau local. Il vise à rapprocher les populations locales du pouvoir
central afin de les permettre de prendre en mains leur destin. Les économistes justifient la
décentralisation par le fait qu’elle donne lieu à une redistribution plus économique et
efficace : les décisions relatives aux dépenses publiques prises à un niveau administratif plus
sensible aux besoins des administrés et plus près d’eux, ont plus de chance de refléter la
demande des services locaux, que des décisions prises par un gouvernement central lointain.
La création, la construction, l’équipement, la gestion et l’entretien des infrastructures
et équipements socio-économiques (marchés, hôpitaux, ponts, routes, centres sociaux, etc.),
l’appui multiforme aux micros projets générateurs de revenus et d’emplois relèvent aussi des
fonctions régaliennes des collectivités territoriales d’où l’encouragement à la création de
regroupements communautaires.
Les économistes institutionnalistes insistent sur l’importance de la propriété privée
comme facteur d’incitation économique et de croissance. Partout dans le monde, l’expérience
montre qu’un secteur privé local dynamique est la clé d’une croissance rapide. En Afrique, ce
secteur a difficilement accès aux moyens de financement car le continent n’est plus l’objet
d’une surenchère idéologique comme pendant la guerre froide, les Investissements Directs
Etrangers (IDE) de même que l’Aide Publique au Développement (APD) connaissent une
variation baissière. La Diaspora africaine peut donc soutenir ce secteur privé dans ses
initiatives de développement local via des transferts d’argent.
Il conviendrait de promouvoir davantage les mécanismes de refinancement direct par
les établissements financiers privés au niveau local et d’introduire sur une grande échelle de
nouveaux outils tels que des initiatives régionales d’établissements de microfinance, le
financement en monnaie locale, les garanties et les produits d’assurance. Ces actions de la
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Diaspora africaine viseraient à toucher les populations qui échappent aux différents filets de
sécurité sociale mis en place par les pouvoirs publics ou dans le cadre des programmes d’aide
au développement.
Il faut ajouter que de part en part sur le continent africain, le secteur privé est
précautionneux en matière d’investissement. Les opérateurs du secteur de la microfinance
permettent aux Petites Moyennes Entreprises (PME) d’avoir accès aux financements. Le
système bancaire quant à lui, bien que surliquide redoute le climat des affaires du fait de
l’absence de garanties de la part des demandeurs de crédits, par exemple. En dehors de ce
problème de collatéral, les prêts aux apparentés par les banques sont défaillants.
1.1.4 LA NON PRISE EN COMPTE DE LA SOCIETE CIVILE
Si les tentatives d'intégration ont jusqu'ici échoué, la société civile et les organisations
professionnelles, souvent tenus à l’écart des institutions régionales, estiment que c'est dû au
fait que les dirigeants africains n'ont pas consulté leurs citoyens lors de l'élaboration des
stratégies et des programmes d'intégration.
En outre, de nombreux africains se heurtent à de multiples problèmes lorsqu'ils voyagent ou
qu'ils entretiennent des contacts avec des pays voisins. Les représentants de commerce sont
régulièrement harcelés aux postes de douane, et les voyageurs ordinaires doivent souvent
verser des « pots-de-vin » pour franchir les postes de police.
Juste après le Forum africain du développement, des représentants de la société civile
africaine se sont réunis à Addis-Abeba pour envisager comment participer davantage aux
initiatives régionales, et en particulier au Nouveau Partenariat pour le Développement de
l'Afrique (NEPAD). Pour favoriser la participation du secteur privé à l'intégration régionale,
la Banque Africaine de Développement (BAD) apporte son soutien à une initiative baptisée
"Table ronde des entreprises africaines".
2 LE BILAN DE L’INTEGRATION REGIONALE EN AFRIQUE
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2.1 SUR LE PLAN ECONOMIQUE
Après le second choc pétrolier (1973), les pays africains qui avaient eu le bon esprit de
persévérer dans la voie de la croissance réelle et de ne pas réduire leurs importations de
produits industriels, commencèrent dès le début des années 1980 à s’essouffler. La dette des
pays africains est devenue depuis 1982 un véritable cauchemar pour l’ensemble de la
communauté financière internationale. La dette de ces Pays en Voie de Développement est
devenue beaucoup trop importante pour ces économies fragiles et a annihilé toute initiative de
développement. Selon Kofi Annan, en 2000, le service de la dette s’élève en moyenne à 38%
du budget des Etats d’Afrique subsaharienne et se pose comme obstacle principal à la
satisfaction des besoins humains fondamentaux. En vingt ans, l’espérance de vie a baissé de
vingt six ans au Zimbabwe, en passant de 65 à 39 ans. En dehors des pays comme l’Afrique
du Sud (la moitié du réseau ferroviaire, 40% du réseau routier, 50% de la consommation
énergétique de l’Afrique subsaharienne), ou le Nigeria (40% du commerce extérieur de
l’Afrique noire), les Economies africaines se heurtent au quotidien à d’importants goulots
d’étranglements. Parmi les démarches mises en place par la Communauté Internationale, on
peut citer les Politiques d’Ajustement et de Stabilisation ou les multiples Accords de
Partenariats Economiques pour le développement. Après leurs échecs, un relais s’est opéré à
travers l’Aide au Développement et les Flux Privés.
Plus récemment, nous percevons l’accroissement des inégalités sociales et spatiales
entre les pays et à l’intérieur des ces derniers. Ces inégalités fondent de véritables différences
entre scolarisés et illettrés, urbains et ruraux, pauvres et riches. La démocratisation de l’accès
des populations aux systèmes de santé et d’éducation qui assurerait une plus grande équité et
une meilleure efficacité de ces systèmes, nécessite donc une réorientation complète de ces
services de base. Ainsi, si nous prenons le cas de l’Afrique Australe, qui était hier la région de
loin la plus développée, elle se retrouve aujourd’hui avec l’espérance de vie à la naissance la
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plus faible, du fait de l’ampleur de l’épidémie du VIH/SIDA. Cette réversibilité est également
présente dans l’économie, au gré de l’évolution des cours mondiaux des matières premières,
du pétrole et des cultures de rente, mais aussi de l’instabilité politique et de la désorganisation
économique.
A l’inverse, l’amélioration ou le rétablissement de certaines économies se dessine sous l’effet
notamment du renchérissement récent des coûts produits pétroliers et miniers. En somme, les
Economies de la région Afrique sont structurellement peu intégrées, peu diversifiés avec la
prépondérance su secteur agricole dans certains pays (Congo, Guinée Equatoriale, Cameroun,
…….) et une forte variation du poids de certains pays dans le PIB sous-régional, courant la
dernière décennie. Malgré la relative bonne tendance des cours du baril de pétrole, ces pays
producteurs de pétrole, pour certains d’entre-eux, restent exposés aux chocs externes comme
les récentes crises internationales de la décennie 2000. Tout ceci dessine pour l’Afrique un
présent contrasté et un avenir incertain. Car la croissance soutenue du PIB autour de 4% par
endroit et l’inflation modérée à 3% ne s’accompagnent pas de l’amélioration des conditions
de vie des populations.
2.2 SUR LE PLAN POLITIQUE
Après la proclamation en septembre 2000 des Objectifs du Millénaire pour le
Développement (OMD), de nouvelles valeurs dites universelles comme le respect des droits
de l’Homme, la bonne gouvernance, etc., se sont affirmés sur la scène internationale.
Conséquemment, les Bailleurs de Fonds ne sont plus seuls sur l’échiquier international et
doivent partager leurs espaces d’influence avec des acteurs qui s’affirment : Société civile,
ONG, Syndicats, Diplomatie des villes qui bénéficient d’une place de choix dans la gestion
des affaires publiques.
Les problèmes essentiels sont dus en partie à l’absence de volonté politique de certains
gouvernements pour faire les réformes nécessaires dans leur pays, y compris en modifiant
comme il le faudrait leurs lois et réglementations et le fonctionnement de leurs institutions.
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3 LES NOUVELLES THEORIES ECONOMIQUES ET LE ROLE DES POUVOIRS
PUBLICS AU SEIN DES COMMUNAUTES ECONOMIQUES REGIONALES (CER)
L’analyse des bilans des processus d’intégration économique en Afrique à partir des
grands regroupements économiques régionaux montre une dynamique effective mais lente des
programmes intégrateurs et de structuration des espaces économiques. Pourtant au niveau des
opérateurs économiques, de la circulation des biens et des personnes au niveau régional et
continental, il existe une réelle volonté de mobilité, de recherche de nouvelles opportunités et
d’échanges qui sont entravées par les considérations politiques et les intérêts particuliers des
dirigeants de certains Etats. Face à la globalisation des échanges et le renforcement des
communautés régionales en dehors de l’Afrique, le continent n’a pas d’autres alternatives que
de renforcer ses Communautés Economiques Régionales (CER) pour en faire des moteurs
relance de l’intégration économique. Cela passe par une relecture du rôle des pouvoirs publics
dans le processus de développement face à l’idéologie ambiante de libéralisation économique
et de réduction de l’intervention publique dans la régulation économique.
En effet, Les nouvelles initiatives entreprises témoignent d'une perspective plus
globale et une remise en cause des théories et analyses classiques. Contrairement à ce qui
avait été décidé lors des initiatives précédentes, l'intégration ne peut être obtenue en adoptant
seulement des programmes politiques ou en privilégiant exclusivement la situation
économique. Les premières approches de l'Afrique en matière d'intégration régionale, comme
le Plan d'action de Lagos de 1980, tendaient à accorder à l'Etat un rôle prépondérant. Mais
nombre de Gouvernements africains n'avaient ni les ressources financières ni la crédibilité
politique qui leur auraient permis de mettre en œuvre les politiques correspondantes, même à
l'intérieur de leurs frontières. D’où la nécessité de nouvelles réflexions sur la notion
d’intégration régionale en Afrique et le rôle des pouvoirs publics au sein des CER.
3.1 REFLEXION AUX STRATEGIES DE DEVELOPPEMENT EN AFRIQUE :
REGIONALISME ET THEORIE DE LA CROISSANCE ENDOGENE
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L’intégration régionale représente un transfert des mécanismes économiques
nationaux sur une échelle élargie. Les premières approches théoriques assimilent l’intégration
régionale à la création d’une Zone de Libre Echange (ZLE) ou d’une Union Douanière
caractérisées par l’élimination, à l’échelle régionale, des barrières commerciales et des
mesures discriminatoires. Les auteurs néoclassiques insistent sur l’unification des marchés
nationaux au sein d’un marché régional qui respecte les conditions générales de l’équilibre.
Ainsi, l’essentiel de la théorie moderne des unions douanières est lié à la distinction posée par
Jacob Viner en 1950 entre les effets de création et de déviation de commerce. Les théories
néo-classiques de la croissance dont le modèle Solow, ont considéré que les déterminants à
long terme de la croissance économique étaient essentiellement fonction des évolutions
démographiques et technologiques, indépendamment des comportements économiques.
Grâce aux théories endogènes de la croissance, il existe un cadre renouvelé des
sources de la croissance économique considéré comme un phénomène essentiellement
économique, utile pour tirer des enseignements clés de la croissance économique en Afrique.
Ces nouvelles théories préconisent entre autres : une grande diversité des sources de
croissance, l’investissement, la recherche et l’innovation technologique, et une rentabilité
marginale du capital indépendante du stock de capital et rendant la croissance auto-entretenue
possible en fonction de l’évolution du taux d’épargne. Il ressort de cette approche, une
inflexion aux théories économiques ultralibérales niant toute efficacité au rôle économique de
l’Etat dans l’impulsion de la croissance économique et des politiques structurelles. Il revient
désormais aux Etats africains d’assumer leur rôle d’impulsion de la croissance en jouant sur
tous les leviers nécessaires.
3.1.1 LIBRE ECHANGE OU PROTECTIONNISME EN AFRIQUE ?
D’après la précédente théorie, les avantages comparatifs peuvent être le résultat et non
la cause des échanges internationaux de biens et de services. La croissance des échanges
provoquant une augmentation de la production réduit les coûts unitaires du fait des économies
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d’échelle et confère un avantage aux firmes. En conséquence, les nouvelles approches du
commerce international permettent d’envisager des politiques commerciales plus
pragmatiques, associant un protectionnisme sectoriel temporaire et une tendance libre
échangiste tenant compte des circonstances et des choix collectifs. Les Communautés
Economiques Régionales (CER) ont un rôle clé à jouer dans l’expertise et l’assistance
technique à fournir aux Etats dans les négociations commerciales, la définition de politiques
industrielles et la promotion des produits locaux dans un cadre concurrentiel. L’intervention
publique doit ainsi garantir les mutations technologiques et l’accumulation du capital
nécessaire à la croissance économique à travers les CER.
D’après les travaux de Romer et Lucas (1988, 1990), les effets externes du capital
physique et humain sont déterminants pour la croissance économique. Le développement de
la recherche fondamentale et appliquée et l’amélioration de l’environnement des opérateurs
privés pourraient nécessiter l’intervention publique dans une perspective de croissance
économique forte et soutenue. Les initiatives en cours dans la promotion des infrastructures à
travers le partenariat public/privé sont encourageantes et devraient aller au-delà de ce secteur.
Outre le développement des infrastructures économiques pour créer les conditions de viabilité
et de rentabilité des affaires du secteur privé, d’autres secteurs méritent également une
attention pour relever les défis de l’Afrique. Il s’agit des innovations technologiques, de la
Recherche-Développement, des systèmes financiers et monétaires adaptés et sains.
En Afrique, beaucoup d’espaces économiques étant caractérisés par une similarité des
structures de production et des matières premières exportées aux cours volatiles sur les
marchés internationaux, il est important de procéder à des réformes pour créer les
complémentarités nécessaires aux économies en intégration. En clair, l’intégration
économique régionale ne doit plus être vue seulement sous l’angle de l’élargissement des
marchés et des opportunités d’affaires, mais il est également important d’étudier au préalable
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les mécanismes d’incitations susceptibles de favoriser localement l’offre de biens et services
répondant aux besoins et au pouvoir d’achat des consommateurs.
3.1.2 L’ETAT ET LE MARCHE
Le Plan d'action de Lagos de 1980 tendait à accorder à l'Etat un rôle prépondérant. Mais
nombre de gouvernements africains n'avaient ni les ressources financières ni la crédibilité
politique qui leur auraient permis de mettre en œuvre les politiques correspondantes, même à
l'intérieur de leurs frontières. Certains étaient paralysés par la guerre civile ou en conflit avec
un ou plusieurs de leurs voisins, ce qui a freiné les progrès en matière de coopération.
Les crises économiques qui se sont abattues sur la plus grande partie de l'Afrique à la fin des
années 1970 et au début des années 1980 n'ont fait que nuire davantage aux efforts
d'intégration. Elles ont également permis aux pays donateurs et aux Institutions Financières
Internationales (IFI) comme le Fonds Monétaire International (FMI) et la Banque Mondiale
(BM) de préconiser une grande réforme des politiques économiques. Les Programmes
d'Ajustement Structurel (PAS) que les pays ont adoptés sous pression ont abouti à la
privatisation de centaines d'entreprises publiques, à une libéralisation généralisée du
commerce et à une contraction des activités des secteurs publics.
Malgré la suppression des barrières tarifaires et autres obstacles au commerce, les échanges
entre les pays africains n'ont pas beaucoup augmenté. La plupart des pays africains ont
continué à exporter des produits de base vers les pays industrialisés et à importer des produits
finis venant d'autres continents. Tant que les pays africains ne sont pas en mesure de produire
davantage de biens manufacturés pouvant être vendus aux pays voisins, les mesures de
libéralisation des échanges ne suffiront pas à faire augmenter sensiblement le volume du
commerce intra régional.
Les politiques de libéralisation ont ouvert les marchés africains aux produits manufacturés
provenant des industries du Nord, les fabricants locaux n’arrivent pas encore à faire face à
cette concurrence. Le jeu des forces du marché contribue aussi à exacerber les inégalités entre
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pays. En effet, la libéralisation du commerce ne peut servir de base à un processus de
véritable intégration puisque les inégalités en matière de production tendront à créer des
déficits commerciaux intenables.
Face à ces risques, de nombreux partisans de l'intégration régionale estiment qu'il ne faut pas
réduire davantage la part de l’Etat, ce dernier devant au contraire jouer un rôle actif. Ce dont
les pays africains ont besoin, ce sont des Etats solides et démocratiques pouvant former de
véritables partenariats avec le secteur privé. Leurs efforts conjugués permettront d'améliorer
les routes, les circuits commerciaux et d'autres infrastructures essentielles de la région.
Privilégier simplement la libéralisation ne marchera pas, car nous avons l'exemple des pays de
l'Asie de l'Est, dans lesquels les partenariats formés avec les gouvernements ont aidé de façon
décisive les entreprises locales à se développer et de s'imposer à l'échelle mondiale.
3.2 CONCILIATION DES INTERETS : ETRE AMBITIEUX ET RESTER REALISTE
Comme dans d'autres régions du monde, l'intégration régionale se heurte avant tout à
la grande diversité des pays africains : la taille, les ressources naturelles, le degré de
développement et les relations avec les marchés mondiaux. Par exemple; le Cameroun n'a pas
les mêmes intérêts économiques que son voisin pétrolifère, le Nigéria. Les coûts et les
avantages des accords commerciaux régionaux ne sont pas les mêmes en Afrique du Sud et au
Malawi. La libéralisation du commerce régional s'est traduite au Malawi par un afflux de
meubles bon marché importés d'Afrique du Sud, ce qui a causé la faillite de nombreux
fabricants locaux de meubles. Pour que l'intégration régionale aboutisse malgré ces
problèmes, il est nécessaire de procéder à un développement équilibré et équitable, de façon à
ce que tous les pays finissent par y trouver leur compte.
L'un des objectifs des organisations régionales devrait donc être de compenser ces inégalités,
car cet objectif ne peut être atteint par le seul jeu des forces du marché. Lorsqu'ils adhèrent à
des alliances régionales de grande envergure, les petits Etats peuvent attendre en contrepartie
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une "obligation de solidarité". Nous pouvons citer par exemple le fonds commun sur les tarifs
douaniers de la Communauté de Développement de l'Afrique Australe où les revenus
provenant des droits de douane régionaux sont distribués au profit de l’ensemble des membres
de la Communauté. l'Union Douanière de l'Afrique Australe. Notons que cette dernière et la
Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ont des mécanismes
de compensation comparables.
Par contre, certains pays africains craignent que la réduction ou l'élimination des tarifs
douaniers perçus sur les échanges commerciaux avec leurs partenaires régionaux les prive
d'une source importante de recettes publiques. En janvier 2000, les tarifs sur les échanges
intra-régionaux de biens produits à l'intérieur de l'Union Economique et Monétaire Ouest-
Africaine (UEMOA) ont été complètement éliminés. Mais l'UEMOA dispose d'un mécanisme
permettant de compenser ce manque à gagner et bénéficiant avant tout aux pays pauvres sans
littoral faisant partie de l'Union.
Au sein du Marché Commun de l'Afrique Orientale et Australe, neuf (9) pays ont établi en
août 2000 une Zone de Libre Echange (ZLE) dotée d'un mécanisme de compensation
similaire. Certains analystes de la région estiment que ce mécanisme ne sera que temporaire,
puisque l'augmentation des échanges commerciaux finira inévitablement par stimuler les
revenus de ces pays provenant des Taxes sur la Valeur Ajoutée (TVA), qui à terme
dépasseront les revenus précédemment perçus sur les tarifs douaniers. Il n'est pas possible que
tous les pays ou groupes de pays progressent au même rythme, ce qui incite les autres
membres à renforcer leurs efforts en matière d'intégration.
En vue d’améliorer le climat des affaires et de faire face à un éventuel retournement du prix
du pétrole et au ralentissement de l’investissement public et de la croissance du secteur privé
dans certains pays, il est suggéré un accroissement des transferts intra-régionaux, une
accumulation suffisante des épargnes budgétaires, et d’apprécier la disponibilité des
ressources pétrolières qui sont épuisables. Il est aussi suggéré, en guise de perspective, de
prendre en compte l’instabilité politique et les problèmes de gouvernance qui sont
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suffisamment imprévisibles, le respect des textes juridiques des Institutions sous-régionales
par les acteurs des secteurs public et privé, la libre circulation des Hommes et des Biens, le
respect des normes environnementales imposé par la Communauté Internationale, le
recadrage des politiques de subventions à l’agriculture et aux carburants,… Toutes choses de
nature à restructurer le marché boursier au niveau sous-régional et ensuite régional, diversifier
les Economies, instaurer une croissance solidaire en vue d’une redistribution des fruits de la
croissance.
CONCLUSION
L’intégration régionale est une priorité pour les pays africains dans un contexte de
mondialisation et de libéralisation. Les diverses initiatives régionales en matière de
coopération économique permettent de constater des progrès, même s’ils sont lents. Les
problèmes essentiels sont dus en partie à l’absence de volonté politique de certains
gouvernements pour faire les réformes nécessaires dans leur pays. Conscients des défis de la
mondialisation, les dirigeants africains ont exprimé leur désir constant d’approfondir
l’intégration régionale, y compris par la création d’un marché commun. Plusieurs initiatives
concrètes en matière d’intégration sont entreprises pour faciliter le commerce en forgeant des
mécanismes de coopération aux niveaux régional et sous-régional.
L’intégration économique régionale a un rôle important à jouer dans la quête de
croissance économique accélérée et du développement durable en Afrique. Elle devrait
permettre : l’expansion de la taille du marché qui favorisera une plus grande spécialisation et
industrialisation à travers des économies d’échelle ; une meilleure coordination de l’Aide et
une efficacité dans l’utilisation des rares ressources disponibles; l’accélération de
l’investissement et la compétitivité des économies ; l’accroissement des échanges entre pays
membres grâce à la levée des barrières commerciale ; et une amélioration rapide et massive de
l’allocation efficiente et dynamique des ressources.
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Contrairement à ce qui avait été décidé lors des initiatives précédentes, l'intégration ne
peut être obtenue en adoptant seulement des programmes politiques ou en privilégiant
exclusivement la situation économique. En ce sens, l'intégration politique et l'intégration
économique sont inextricablement liées et passent par la démocratisation des organisations
régionales africaines, une plus grande circulation des biens et des individus entre pays et des
mesures collectives de lutte contre des problèmes transfrontaliers.
Face aux obstacles auxquels se heurtent les efforts d'intégration régionale en Afrique, les
partisans d'une plus grande unité ont défini plusieurs conditions à satisfaire : faire figurer la
paix au cœur de toute stratégie d’intégration ; faire participer les associations de la société
civile et les groupements professionnels; parvenir à un équilibre entre les initiatives
économiques du secteur public et privé ; concilier les intérêts parfois contradictoires de pays
différents par leur taille, leurs ressources naturelles et leurs résultats économiques ; procéder à
l'intégration à un rythme qui soit à la fois ambitieux et réaliste ; rationaliser les Institutions
régionales dans le souci de réduire les efforts redondants et l'inefficacité.
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