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\ " .. .. A TALE OF TWO CITXES tvALUATION FRANÇAISES by David W.illiazn Llewellyn A thesis submitted to .. the raculty, of Graduate Studies and Research McGill University, in partial fulfilment.of the requirements for the deqree . Master of Arts Department of French Lanquaqe and Literature August 1981 © , , ... 1 , l 1 ,

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A TALE OF TWO CITXES

tvALUATION DESVERSION~ FRANÇAISES

by

David W.illiazn Llewellyn

A thesis

submitted to

..

the raculty, of Graduate Studies and Research

McGill University,

in partial fulfilment.of the requirements for the deqree ô~ .

Master of Arts

Department of French Lanquaqe

and Literature August 1981

©

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... 1 ,

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• • G ce ' •

Le pr~sent m~moire ést une ~tude des trois versions

françaises int~9rales qui ont ~t~ publiées du rOMan de Dickens,

A Tale of Two Cities, paru en 1859 :

(a) Le aarquis de Saint-évremond! ou Paris et Londres en

.!lli., traduction de MIne Loreau, publi~e en 1861 par Hachette ~

(b) Le Marquis de Saint.évremont, A Tale of '!'wo Cities,

traduction de Robert Maghe et lUbert Nauthy, parue en 1951 dans

la collection Marabout:

(c) Un conte de deux villes, traduction de Jeanne Métifeu-

B~jeau, publi~e en 1970 aux êditions de la Pl~iade.

Nos trois Chapitres 'examinent en d~tail les omissions et (

ajouts des traducteurs, les' erreurs de sens qu'ils ont commises,

et la façon dont ils ont interpr~té les faits de civilisation

et de cu;l.ture qui ne leur ~taienb\pas toujours familiers.

Faisant de la fidêlit~ l l'ori~inal le princip~l crit~re"'"

d'excellence, nous concluons avec preu~es ! l'appui â la

supêriorité incontestable de la derniire en date des traductions

françaises.

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ABSTRACT

This thesis is ,a study of the three complete, French

versions of Charles Dickens' s novel, A Tale of '!'wo Ci ties (first

published 1859) :

(a) Le Ma uis de Saint-Évremond ou

.!.22l,. translated by Mme Loreau, a~d published

1861;

(b) Le Mar uis de Saint A Tale of Two Ci ties, . ' translated by Robert Maghe ~nd Albert Wauthy, and puPlished by

Marabout in 1951; 1

! 1

vililes, trans1ated by Jeann~ H~tifeu-(c) Un conte de deux . i

~e fditions de la P1~iade lin 1970. 1 \

~jeau, and published by

In three c:hapters, we examine the translators'\ omissions \ 1

and additions, their mistranslations~1 and their treatrnent 'of

cultural elements often unfamiliar ta them\ ')

Taking ~Od translation to be that which acc~ratelY conveys the meani~d the spirit of the ori.ginal, 'fe show

that the most recent ~l~~ ver'~ion 18 without qUe8,tJ~,on the

best. ~ l' ~ ~ 1

'~ ~

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.. N~t offrons no! tras vi fs

<. r , . . .' remerciements a M. J. L. La.unay

pour ses conseils et son

encouragement dans l' êlaboration "de ce mémoi re .

,/ 1

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1

TABLE DES MATIÈRES

INTRODUCTION . . . . . . . . . · . . . . . . . . . 1

:I. _OMISSIONS ET AJOUTS DA..~S LE~ VERSIONS FRANÇAISES DU TALE OF ~io C:ITIES • • • • • • .. • • • •• 6

Omissions pre.miire catégorie (êchanti11ons) . . . 9

Omissions deuxiime cat~gorie (lecture g~néral.e) . 17

Ajouts •• , . . . . . ••••••• ~. 35

:II. ERREURS DE SENS DANS LES VERSIOt:iS FRANÇAISES DU TALE OF '!'t'lO cr 'l'lES • • • • • • • • • • • • 42

-fchanti11ons • . . · . . . . . . • • • 43

Lecture globale · . . . · . . . . . . 84

rrI. TRAITEMENT DES "FAITS DE CIVILISATION- PAR LES TRADUCTEURS FRAnÇAIS DU TALE OF nlO CITIES • • • 106

CONCLUSION . . . . · . . . . . . . .. . . . . . . 157

BIBLIOGRAPHIE · . . . . . . . . . . . . . . . . 161

__ ~_ fi.... ~ __ -- ------

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, INTRODUCTION

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............ ~ .... s .. ~n •• ~.~ __ .. ____ ~ ______ ~ ______________________ ~ ____ ~~.

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-1-

Il r'existe encore, a notre connaissance, aucune étude

savante,; ni d'ensemble ni de détail, sur les traductions

françaises des romans de Dickells. Les critiques de langue

française qui ont analysê Dickens ne semblent pas avoir attaché

d'importance l la qualité des traductions. Seul Floris

Delattre, dans son Dickens et la France, (1) a vertement tancé

les premiers traducteurs, mais il a estimé au-dessous de sa

dignité professorale d'en relever les contresens et les

balourdises. ,Nous l'avons fait, et sans la moindre honte, au

contraire, car dans la méthode que nous avons mise au point et

appliquée r~side en grande part l'originalit~ de notre travail.

c'est essentiellement gr!ce aux traductions publiées chez

Hachette, sous la direction de P. Lorai~" que les romans de

Dickens se sont r~pandus en France. Ces traductions furent les

premi~res autorisées par l'auteur,· l qui Hachetté~àvait acheté

ses droits en avril 1857. De1attre rapporte que, lors d'un ,

dIner l paris oil Dickens devait rencontrer ses tra.ducteurs, ces

derniers (sauf P. Lorain) n'ont pas compris son anglais. /

Certes~ les traducteurs des années 1860 étaient loin de

connaItre la langue de départ dans toutes ses finesses. Mais

ils 4vaient l'avantage de connaItre parfaitement la langue

d'arrivée. C'est pçurquoi leurs traductions, rédigées d'une

plume alerte, ont conquis râpidement un três large public et

elles n'ont pas perdu aprês un siac1e leur lisibilité.

(1) Floris Delattre, Dickens et la France. 'étude dl une .inter­action littéraire anglo-française (Paris: J. Gamber, 1927).

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-2-

Pourtant, quiconque a pr6sent à l' espri t ~e texte original de

l'un des romans de Dickens, quel qu'il soit, se rend immédiate-

ment compte que les traducteurs de l'liquipe Lorain ont élûd6

les difficultés et pratiqué des coupures. 'Aussi l'oeuvre

entier de Dickens a-t-il dû être 'de ,nouveau tradui t en français

d~s que les grandes traductions du XXe si~cle (comme celles de

Kipling par Louis 1 Fabulet et Robert D' Humières ou de Butler par

Valéry Larbaud) ont sensibilis6 le public cultiv6 aux qualit6s" <

que doit poss~der une traduction digne de ce nom : compréhen--sion t.otale, fidélité absolue, et aisance de style.

, Nous nous sommes proposé l'étude comparative des traduc-

tions françaises d'un roman particulier de Dickens, A Tale of

Two Cities. Si nous n'avons pas choisi Oliver Twist, David

Copperfield, ou Great Expectations, romans mieux connus du

lecteur français t c'est que le nôtre se passe, en partie du

moins, en France, la France de l'Ancien R6gime, de la

Rfvolution et de la Terreur; qu'il est l'un de nos pr6f6rés et

qu'il nous eUt ét~ pénible de nous livrer lI' étude minutieuse

d'une oeuvre que nous n'eussions point aim~e -- car minutieuse

doit être cette étude pour être valable. Enfin, c'est qu'il

" n'existe que trois traductions françaises du Tale of Two

Cities, et qu'une, comparaison de plus de trois versions nous

eût obligé de déborder le cadre d'un mémoire de ma!trise. ~

Les versions françaises du Tale of Two ci ties que nous

examinons ici -- il s'agit des seules vefsions françaises du

roman qui soient de vêri tables traduct~ns et non des

r ct.

1

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(

-3-

adaptations --' sont les suivantes

(~)

(~)

Charles Dickens, Le Marquis de Saint tvremont, A Tale of Two Cities. Traductien intêqraie de Robert Maqkle et Albert Wauthy. Verviers, ~rard, 1951-(Collection Marabout;,l.

Charles Dickens, .Un conte de deux villes. Publi~ sous la direction de Pierre Leyris. Traduction de. Jeanne Mêtifeu-Bêjeau. Paris, Gallimard, 1970. (Bib1iothflque de la Pl~iade, 216). '

Comme nous ne mettons 'pas en cause les traducteurs, mais leurs

traductions, nous en parlerons au masculin : ainsi, !i, ~, et P

se rê fêre ron t re specti vemen ta· édi tian !!,achet te· 1 • ~di ti. on

~arabout·, et -êdition la Plêiade w• (Nous nous limitons

volontairement l l' êtude interne des textes, aussi n' ~tudions-

nous ni la personnali tê ni le1l qualifications des traducteurs.) \

Le texte anglais que nous avons utilisé est celui: de

l'édition Penquin, réimpression du texte oriqinal en volume de

1859 : , ,

Charl~s riickens, A Tale of N'O, Cities. Edi ted wi th an Introc\uction by George Woodcock and illustrations by Habloj L. Browne ('Phi:'). London, Penquin, 1976.

Mais, lorsque ce texte s' éloigne de la première versi.on

anqlaise du roman, soi t, de" celle qui parut dans la revue

hebdomadaire All the Year Round, nous nous fions a cette

dernière:

, .

1 ALI tne- Year ROund.~Weekly Journal. Conducted by Charles DIckens. with which is incorporated Household Words. l (Apri1 30, 1859) -- XXXI (November 26, 1859).

, 1

1 1 •

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--r--- ---- • . • c. - . J

Notre premier chapitre est consacr' a l'examen des •

omissions et ajouts attribuables aux traducteurs français du

Tale of 'l'Wo Ci tiea. "Les omissions retiennent notre attention

-4-

non seulement par leur frêquence, mais aussi ! cause de l~ur

importance qualitative : elles r~valent souvent un traducteur

peu soucieux de resti tuer l' atmosphire de l'original. Quant

aux ajouts, il manque a celui qui en commet l'~e des qualités

sine qua non du traducteur : the self"effacing disposition of

saints. (1)

'r Notre deuxl.ême chapitre est destinê al' êtude des erreurs

'" de sens imputables aux traducteurs français du Tale of Two

Ci ties.. C'est par l'examen de la fid~li t~ du traducteur

texte original que nous repêrons l~ d~ficienc __ .... , le cas

!chêant, les qualit~s du traducteur., ~

, Au troisiAme chapi tre, nous proc~dons al' examen du

traitement par les traducteurs du Tale of Two Cities des -faits

de civilisation-. C'est, que nous constatons !

quel point les traducteur ont rêussi as' imprégner d'une

culture étrangAre.

Afin d' évi ter des c nt aines de notes en bas de page, nous

avons adoptê notre propre systime de rêfêrences pour les , n ~assages extraits des éditions que nous avons utilisêes :

r----.~01 ainsi, (l01) équivaut 1 -édition Penquin, p. 101-; (H-55) ~ ~.-

(

-édition Hachette, p. 55- ~ (~-60) 1 -édition Marabout, p. 60·:

(1) Alastair Raad, -Basiliska' Eqqs-, The New Yorker, Noy. 8, 1976, p. 175.

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-5-

et (!.-996) 1 ·'diti'On la Plêiade, p. 996· ..

Si l'on nous accuse d'avoir cherch' la peti te b~te avec

la multitude d'exemple. que nous prêsentons, et. d'appartenir a

la race des sh!!p-nosed troop of donnish rev~éWers (we call

them the -translation police-r 'Who Beam to spend their readinq -

li ves on the look ouF for error" (1) nÇ)us r~pondrons pour notre ;

. d'fense, que nous n' ~vons rien avanc' sans preuves a 1: 1 appui ,

et que c'est souvent en cherchant la petite bête que l'on

-trouve la grande ..

"

(1) Read, p. 175 ..

...

.E 444 1 ,

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ÇUA ITRE l ,/

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OMISSIONS ET -~OUTS '. -; 0

DA!1S LES 'TERSIONS FRANÇAI~ES

\ DU TALÉ OF TWO ~ITIES -.

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CHAPI1'RE 1

Ce premier chapitre est consacr~ a l'examen des omissions

et ajouts imputables aux traducteurs français du Tale of Two

Cities.

Les omissi9Ds se rApartissent en ~rois catAqories, dont '/

; • 044

deux retiennent notre attention dans'ée chapitre; l'~tude de la

troislame attendra le chapitre III.

Dans la premiare catêgorie prennent place les omissions

l~gêres : substantifs, adjectifs, adverbes, segments de

phrases, dont l~ disparition n'est pa~ perçue par les lecteurs

de romans dont l'int'rêt se concentre ~ur les p~rip'tie. de

l~action, -- mais"qui ne sauraient êchapper 1 l'attention d'un

critique comparant mot l mot original et traductions.

La deuxiame catlqorie d'omissions choisie comprend les

oublis plus graves, qui font perdre au lecteur francophone non

seulement des faits utiles a sa comprAhension du d.roulement

logique des êvênements, mais aussi la saveur de l'original,

d'oG ont 'tA imondAs commentaires et remarques, souvent d'ordre 1

moral, dont Dickens assaisonne son rAcit. Ces omissions sont

parfois des phrases, parfois des paragraphes entiers. Mais il

est des cas oil 1 t omission d'un seul mot suffit a changer le

sens <J'nA raI d'une page'.

L'êtude du premier type d'omissions est nAcessairement

minutieuse, et, avouons-le, t~.tidieuse, risquant, par une

excessive accumulation ae menu. d'tai1s, de lasser les

, ...

1 ,

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_ ~ ________ ~~~ ___ "".--"""".""""" ___ ",._-=y"",,,,._-,,,,,,,.""'41'1Q."'4 .... ."

• -7-

meilleures volontds. Aussi avons-nous procêdê par êchantillon-\

nage : les passaqes que nous avons choisi de passer au peigne

fin, parce que typiques des trois niveaux dt~criture de

Ilense~l~ du roman, sont respectivement de nature descriptive,

narrative et dialoquêe :

a) passage descriptif chapitre 2 de la premiire partie, du dêbut ! They were not fit for the journey, (pp. 37-9).

h) passage narratif : chapitre 14 de la deuxiime partie, de Thus the eveninq wore away •• à until he had run a mile or more, (pp. 190-2).

c) passage dialoquê : chapitre 12 de la troisiême partie, de 'What is it?' asked Mr Lorry, ea~erly. ! 'You will save them aIl.', (pp. 373-4),

NoUS y reliverons syst~matiquement toutes les omissions, mais,

faute de place, nous n'en commenterons que les plus coupables.

t'examen de ces demilres est un facteur elfsentiel de

l'êvaluation qualitative de nos trois traductions. Ainsi,

ayant procêdd 1 l"pluchaqe des trois 'chantillons, ndus

dêborderons les limites êtroites de cet examen microscopique

afin de relever dans l'ensemble des trois versions tout un jeu

d'omissions caractêristiques du tempêrament -- comme de la

science -- du traducteur intêressê. Toutefois, nous devrons

forcêment nous limiter, dans cet examen global, aux omissions

les plus flagrantes.

Il existe, en plus, une catêgorie d'omissions qui, de

propos dêlibérê, ne figure pas dans le pr~sent chapitre. ce

sont celles qui se rapportent 1 des -faits de civilisation-

1

~

... ,.

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(

..

britanniques peu connu. de. Françai., et 1 des -faits de ,

civilisation- français peu connus de. Britanniques. qu'il

.'aqi •• e de lieux g'oqraphiques, d'allusions historiques,

bibliques ou folkloriques, de systimes mondtaires ou ... d'institutions juridiques. Leur omission dvite au traducteur

des casse-tites, ou l'obligation d'ajouter des notes expliea-,r it

tives. La recherche de traduct~s ou d'dquivalences donne

beaucoup de fil 1 retordre aux traducteurs -- les probl~mes

que posent les -faits de civili8~tion- sont d'un int'rêt ~ut <::

~

particulier et c'est pourquoi notre chapitre III leur sera ~

consacr6. ./

l

-8-

E~fin, noua ne saurions soumettre une êtude des omissions

trouv'es dans les versions françaises du Tale of Tvo Cities,

sanà en mime temps prêsenter un aperçu g6n'ral des ajouts que

se permettent les traducteurs. Toutefois, comme le nombre

d'ajouts relevês est •• sez rêduit dana deux des trois versions,

il serait peu probant de procêder par sondage. Aussi nous

limiterons-nous 1 un examen macroscopique des ajouts.

En conclusion de ce travail, nous serons 1 même,de porter ~ , ~

un jugement raisonn' 'sur l'importance et le r~le des omissions

grave. et de. ajouts dans les versions que nous avons

,

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-.9-

OMISSIONS

\

PREMliRE CAT!GORIE

a) PASSAGE DESCRIPTIF

. , Notre texte comprend 55 ~iqnea, 1 partir du dAbut du

chapitre 2 de la premiêre partie (p. 37) jusqu'! They vere not

fit for the journey, (p. )9). Il se trouve dans ~, pp. 4-5;

dans ~, pp. 7-8; et dans !, pp. 978-9. !

Omdssions relevées dans les trois versions H, M, P.

1. (He walked) up-hill (in the mire) l 2. (Some) brute (animale)

3.

4.

Remarquons que l'omission de brute est pre8q~e nécessaire, étant donnA la contradiction apparente de la phrase de , l 'oriqinal.

Lumberinq up Shooter's Hill ~

Les traducteurs ont sana doute voulu éviter une répétition dans le texte français -- Shooter"s Hill, localit'

,d'.illeurs inconnue du lecteur français, ayant ét' men~ionn' au d'but du passage.

(In it. usual) genial (position) L'intention ironique de l'auteur a disparu.

Omission commune 1 H et M 1

5. On a short notice

'*0 a, ....

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.... e' , 'v ,""

.' Omission commune 1 M et P

6. As to which cattle ~ et ~ suppriment ainsi la piatra idée qu'avait le postillon de son att~laqe.

Omissions particulilres 1 H

l' --7. once acrolS the road , 8.

9. then! t ,j

..r ~ - -;-.,.- ~

10. it -- like an unuSU4 <

orse " , ,(

H s'en tient 1 ·secouait violemment la t~te· , et omet la suite.

Il. In its forlornness 12. Intenseir (co Id) -,

13. A. to the latter ,.

; -"'10-

"'.'

''I;~

.... ~ ","'l,

Omission earticu1ilre a ~- - --<il -,

" " 14. Onder the circumstanËes

Omissions particulilre. 1 P

15. 16. 17.

In,combination rloundering

,r

Bor •• (-pistola) Î ~ ne prlei •• '·pas qu'il .'aqj,t de pistolet. de fontes ou d'arçon,

t

'. . Il .emble d'or •• et d'jl que la version! a tendance 1

44$ , ....

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(

- • .. , « ••• ,

-11-

omettre plus de,d'tails que les autres.

conf1rmêe par la suite •

Cette impression sera

. ' b) PASSAGE N~TIF

Notre' texte, tirê de la seconde partie, chapitre 14,

comprend 65 lignes, de Thus the evening wore away •••

(p. 190) 1 Unti! he had run a mile or more, (p. 192). Il

figure dans !, pp. 148-507 dans ~, pp. 135-37: et dans ~,

pp. 1131-2.

Omisaions relevEes dans les trois versions

1. Towards that small and qhostly hour

.)

Cette omisllion est .... 'reqre:ttable, car Dickens delltina! t ce début de phrase A pr~pa~er l'atmosphlre de my.tlre qui entoure cet fpisode.

... "

2. Locked (cupboard) Locked est pourtant cloin d'Itre inutile, ~tant donnê que Cruncher doit garder so~s clef ses outils de travail .ecret •

• 3. Hé wall lIoon over . 4. Brote avat th8 earth upon (the coffin)

Omi •• ions commune. I.B et M

5. The art and (mystery) (! omet au •• i mystery.)

,,6. As his eye. vere clo.e to one another

\

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(

(

-y---~- --

\, ;

7. From the tirst startin9 8. Fol1~er of the gentle craft

,'9. It vas a 1arge church~a~d 10. They did not creep far

Il. When he peeped in 12. honoured (parent)

that

.. . . c. es • < ea '* a

('

-12-

the~ were in

~ omet honoured une fois, mais M,l'omet 1 quatre reprises

--~ ironie disparaît. ~

omissions communes a H et P

13. From his chair 14. Nimbly

15. Within the qate

16. Awful ,(strikinq)

omissions partic~liires a H

17. With the Cruncher/fami1y 18. 'Se uiled the earUer watches of the n 19. Out, of the room

20. Honest (callinq)

21. Housefronts) (. '. .) and doorways

22. Winking (laJ!Ps), and the more than 23. In the shadow of banJc and wall

24. Pretty weIl defined against a watery and clouded

25. They aIl dropped loftly on the ground 26. ~nk (qrass)

27. And then they,beqan to fish

28. ~ith his haïr al Itiff as his father's

29. Ther. vas a screwin9 and cOmplaininq sound down be1aw

30. tA ~le) or more 'r \

1 , J

1 .'

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(

-

Omis.ions particulilres a M

31. Whatever toOl. they worked with 32. Seing new ta the sight

Omission pa~ticulilre 1 P

33. Looting in

Notre premilre impression de l'insùt.fisance de la

traduction H se confirme • • •

, c) PASSAGE DIALOGUÉ

-13-

Notre texta, tir~ de la troisiima partie, chapitre 12,

comprend seulement 34 lignas, de 'What ls it?' asted Kr Lortyt

eagerlx. (p. 373) l 'You will save them a11.', Cp. 374). On

le trouve dans !, p. 318; dans !, p. 295; et dans !,

pp. 1317-18.

Omission releYA. dans les tro~s versions -- H, M, P. 1

1. And sinee then

Omissions commun.. 1 a et M •

2. It is good, until raoalled Tout en omettant untii recalled, ! fait un contresens sur

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(

,r \

(

It is good, qu'il rend par ·C'est tant mieux·. Mais!! reprêsente le laisser-passer, valable jusqu'. ce qu'il soit annu16.

3. Prison (plot)

• Ondssion commune a H et P

4. (~) similar (certificate)

Omissions particuliires 1 H

5. Eagerly 6. Let ~ speak of it in its place 7. Look at it. Y u

9. 0 en in his

9. Tomorrow 10. You remember Il. You see? 12. Yes: -

; ,

1 ,

li shman? his

13. Perhaps he obtained it as his last and utrnost precaution against evII, yesterday. ç

14. When is it dated? But go matter: donlt stay ta look; 15,. New, observe:

-14-

16. l never doubted until within this hour or two, that he had, or coula have such a paper.

17. 800n be reealled l have r to think w

[ omet la premiire proposition et eommet un contresens sur la seconde en 6crivant : -j'ai de bonnes raisons pour ~r9ire qu'il nous' sera fort utile.-, alors que le sens vêritable est que Carton a de bonnes raisons de croire que ce passeport sera bientôt annulê. Notons que, sur ~ paragraphe anqlais comprenant 72 mots (Perhaps he obtained

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(

("

-15-

it ••• l have reason ta think, will be.), ~ n'en traduit

que 9 (put it up carefully with mine and your own.), soit

un huitiême seulement de l'original.

18. Great danger

19. Toniqht

20. The common one

21. For bath have been seen with her at that place

Omissions particuliêres a M

22. Mr (Lorry)

Cette omission revient une autre fois, p. 373.

,23. At Any time

24. Until within this hour or two

Omissions particuliêres a p

25. (Precaution) aqainst evil

26. (That he had,) or could have (such a paper)

,

)

Notre impression se transforme en conviction : il devient

~vident que c'est la version H qui commet, de 19in, le plus ... d'omissions. En effet, dans le texte original anglais, le

, " passage descriptif comprend 636 mots, le narratif 738, le

dialoguê 459. Or, du passage descriptif, ~ omet 44 mots, soit

6,9': ~ en omet 18, soit 2,8'; et ~ en omet 15, soit 2,4\. Du

passage narra~if, [ omet 139 'mots, soit 18,8': ~ 64, soit 8,":

et ~ 27, soit 3,7\. Du passage dialoqu', [ omet 122 mots, soit

26,6\, tandis que! omet 20 mots, soit 4,4': ~, par contre,

n'en omet que 9, soit 2,0\.

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(

(

-16-

Sur l'ensemble des trois ~chantillons (descr~ptif-,

!

narratif et dialoqu!), ~ omet 16,64' des mots, tandis que ~ en

omet 5,56' et ~ 2,78'. En d'autres termes, ! ,supprime un

sixiame du texte original: ~ en su~prime un dix~h~tiame, et P

un trente-sixiime. Autrement dit, ~ commet tr~ fois pius

d'omissions que !, qui, a son tour, en commet deux fois plus

que P.

En plus de ces trois ~chantillons, nous avons consi,d~rê

un passage de sept pages et demie, qui comprend les 263 lignes

de Unencumbered with lug9age (p. 392) 1 la fin du chapitre 14

de la troisïame partie (p. 399). Le passage oompte 2922 mots :

H en omet 694 (23,75%), M 201 (6,88%) et P 143 (4,89'>. Nous ... ~ - --ne pr~tendons pas qu'un r~censement des omissions figurant dans

l'ensemble du ~oman atteigne ,les m~mes chiffres. Ils nouS

fournissent toutefois des indicati~s pr~cieuses, et,' en nous "

permettant ,une extrapolation, appuient les conclusions tirfes

de l'examen des 'chantil1ons.

'\

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(

-17-

OMISSIONS

DEUXIÈME' CATÉGORIE !

La section ai-dessous se propose un tableau des omissions

les plus caract4ri$tiques relev~es après 4lecture attentive des

trois versions françaises. prises dans leur ensemble. Pour /

pr~senter la matiire abondanté et multiforme, nous aurions pu

utiliser différentes m~thodes. Çelle que nous avons choisie

peut sembler trop rigide, mais elle prêsente l'avantage de ;

mettre de l'ordre dans une ~tude sur laque\le plane une menace • 1

de confusion et de fouillis. Nous avons class~ nos omissions

en trois groupes :

1. Les cas où l'omission d'un seul mot nous a paru .

particuliêrement regrettable;

II. Ceux où l'omissicn de membres de phrases et de

~ropolitions entières aboutit à une grave perte de -message",

e

III. Ceux qui impliquent l'omission de phrases et de

paragraphes entiers, dont la disparition altêre non

seulement le sens, mais l'esprit et le ton de

l'original.,

I. OMISSIONS D'UN SEUL MOT

Il suffit parfois de l'omission d'un seul mot de - ..,

l'original pour faire perdre a la version française la

totalit~ du sens ou la force êvocatrice dont Dickens avait

"----

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...

(

b

.. vs .... aq .. '*

-18-

charg~ son texte. Nous en donnons ci-dessous quelques exemples:

Omissions relev~es dans les trois versions H, M, P.",

1. Le premier est extrait de la <conversatiop entre Jerry

Cruncher et son ~pouse 1 au chapitre 14 pe la seconde partie.

Jerry n'est ni le pire ni le meilleur des maris dé son ~poque,

mais il estime, comme la plupart des hommes de son temps et de

sa classe sociale, que les femmes -- 'et"ra sienne en "parti- _

culier -- sont des êtrès inférieurs. Aussi enjofnt-il ~ Mme

Cruncher de ne pas "fourrer son nez· dans ses activités

clandestines et nocturnes: la nature ne l'a pas 'douée d'une

intelligence suffisante pour les comprendre. C'est pourquoi il \ ..

lui ordonne avec·brutalit~ : not te OCCllEY' four fem~le mind

with ca1culations ••• (193). Les trois traducteurs n'ont pas'

re1evê la misogynie de-Jerry. Ils se sont content~s de : ·sans

te m@ler . • ." (H-15l) ~ ·pas à te torturer les m~ninges" -,

(!-lJ7); et "sans t'occuper de" (~-ll34). Fa~t~i1 y voir un'

ex~ple de la ga~~nterie française ou 'le reflet d'urie autre

manilre de vivre?

2. Le Chapitre 9 de la seconde partie est essentiellement

tragique. Il se clc5t sur la d~couverte de l'assassinat du

M~rquis, oncle de Damay. Le noble malfaisant est allé

rejoindre, pour ainsi dire -- et Dickens~tient à cette 1

, évocation symbqlique -- dans la p~trification de la mort les

autres figure!$ de pierre qui montent la ga17de autour du

... ---

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( ,

(

-19-

château : la Gorgone vengeresse a posE sur lui son reqard

fatal. Mais le symbole a échapp~, ou d~plu, a tous les

traducteurs. Témoin la phrase : Ori ven home into the .heart of

the stone figure attached ta (the face) was a knife, (159),

ren'due par' : "Dans la poitrine e il se' trouve un

couteau, enfoncê droit au coeur· CH-I2l); • poignard était

plant€ dans le coeur de ) i et "Dans sa

poitrine un couteau est enfoncé jusqu'au coeur" (~-llOl). Il

faut bien reconnaître que l' id~e de Dickens de faire d'un

cadavre une statue de pierre nt étai t pas particulièrement

heureuse. Mais ne trahi t-elle pas d'une façon ·signi ficati ve ..

son imagination éprise de macabre insoli te? Les traducteurs

ont peut-être am~lioré le texte, mais ils en ont trahi

l'auteur.

3. Dans le même ordre dt idées, rappelons l ~pisoae du chapitre

19 de la seconde partie. Le docteur Manette a rapporté de

France l'établi de cordonnier sur lequel il s'est penché

péndant son injuste détention a la Bastille. Cet établi est le

symbole de son emprisonnement. Sa vue tantôt le calme, tantôt

le déprime. M. Lorry d'cide de faire disparattre ce rappel des .. mauvais jours. Pour qu'il n'en reste rien, il veut le brûler,

ce qui l'ob11qe 1 le mettre d '"abord en morceaux! coups de •

hache. La fidile Pro.ss l'aide dans cette bonne oeuvre : elle

tient la bougie, mais elle s'imagine que la destruction de

l'établi 'est une sorte de meurtre. Dans l'esprit de DiCkens,.

cette mise en pilees de 11 instrument de torture et d' avilisse­r

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(

(

... . '.i • » + a G ca '*

-20-

ment du docteur Manette pr~n,d les proportions d'une exêcution :' 1

! ... t ..

capitale : le coupable est' d'abord d4!imembrê, puis jet~ au

bûcher purificateur. Aussi ce vulgaire ~tabli devient-il, dans

sa prose J l' ~ui valen t 'du corps d' un r~gicide, et il n t hési t-é

pas a êcrire : The burning of the body (previously reduced to

pieces •.• ), (235). Les traducteurs ne l'entendent pas de ..

cette oreille : pour des Français, du bois n'est que du bois.

Aussi toute la symbolique de Dickens disparaît-elle dans les

·trois versions, on nous trouvons : "on en brûla les dêbris"

(H-191); "Les d~bris furent brûl~s" (M-173); et "Le banc,

prêalablement r@duit en morceaux; fut brûlé" (~-ll77). \l

Omission commune ! M et P

4. En J. 793, tout bon patriote inscrit sur les murs de sa

demeure la devise- de la République : "L.ibert~, Ëgalit~,

Fraternité", et, pour montrer qu'il est prêt a donner sa vie

a son idêa1, il ajoute "ou la ~1ort". C'est ce que fait le

scieur de bois au chapitre 5 de la troisième partie. Ou plutôt

ce qu'il fait faire, car lui-même ne sait pas écrire. Mais

l'ami 'qui a tenu le pinceau pour lui a ~cri t la devise

dipublicaine en si qrosses lettres gu' il a eu toutes les peines

du monde! ajouter ·ou la Mort" :..- il. manquait d'espace, sinon

de z~le. Or la Mort est le premier personnage de l' ~poque :

elle règne dan~ les prisons, au Tribunal Révolutionnaire, cl l.a

Convention, et surtout Place de la Rêpublique où trône la

"saiJ;tte guillotine". L'id~e de la mort hante tous les esprits: i

, ,..

; l . . ,

1

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(

, ( 1

J

- ilif' ,

-21-

n'est-elle pas p1us famili~re que l'Egal.it~ ou la Fraternit!?

C'est du moins ce que pense Dickens, imbu de Carlyle, alors

qu'il compose son tragique roman. Et c'est pourquoi il semble . ~ surpris qu'il soit resté si peu de place sur le mur de la.

cabane du scieur de bois pour cette Mort qui tient tant de

place dans la vie des Parisiens. Il écrit: Someone ... had

sg,ueezed Death in with most inappropriate difficulty, (307).

Mais cette interpr~tation de 1 'histoire n'a pas ~té comprise

par deux traducteurs sur trois t "le lIlot 'Mort' avait été ... gribouillé avec pe-ine- (~-237): "un . camarade •.. avait eu

bien du mà1 A y insérer la Mort" ~~-l25l) •

Omission particuli.!re a H

S. Signalons la perte sensible que subit l'original quand un

traducteur passe sous silence le rôle de l t éternel tricot de

Mme Defarge. Chaque maille a son importance: c'est le chiffre .

secr,et d'un code redoutable, celui du registre 0\1 la tricoteuse

inscri t les noms de ceux qu' e Ile des tine à l'exécution. Aussi

Oickéns n 'h4si te-t-il pas l'qualifier son ouvrage! l'aiguille:

her knitted resisters, (331). !i n'a pas vu l'allusion, et il se

satisfait de : ·son tricot" ([-281).

Omission particul.ilre a M

6. Terminons 'sur un cas oil l'omission d'un seul mot aboutit a un non-sens -: au chapitre 13 de la troisiÈime partie, Carton se

..

4*

1

~

1

1 " 1

1

·l ...

~

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(

(

-22-

rend ! la prison de la Conciergerie ail Darnay se trouve d6tenu.

C'est Barsad, le faux-têmoin du procis de tondres, devenu

~mouton" des pri~ons françaises, qui conduit Carton 1 la

cellule de Damay. Il lui ouvre la porte, mais n'entre pas

a,vec lui, de peur que Darnay ne le reconnaisse. Il avoue i

( Carton: (Damay) has never seen me here, (379). ~ est d'une

importance capi tale : cet adverbe indique que Barsad, qui a ses

entr6es dans la prison, a pris bien soin de ne pas se montrer a Darnay, qUi aurait pu deviner son triste r~le et le trahir.'

Mais M omet de traduire l'adverbe, et sa version - \

·Il ne m'a,

jamais vu· (~-300) e~t absurde, puisque le lecteur sait fort

bien que Barsad et Darnay se sont fait face 1 l,old Bailey.

II. OMISSIONS DE MEMBRES DE PHRASES ET DE PROPOSITIONS ENTIÈRES ,

Dis qu'on examine des omissions plus graves, -- celles

qui touchent membres de phra.ses, voire proPositions entiêres

OR constate que!!. en commet peu, tandis que les versions !! et M

sont des plus coupables. On s'aperçoit, par ailleurs, que les ,

omissions que se permettent les auteurs de !! et ~ s'appliquent

souvent aux mimes fragments de l'original. En voici quelques

exemples

Omissions rel.v'.. dans H et M

1... Dans le chapitre inti tu16 A Rand at Cards, Ba.rsad n' arrive

,.

1 1 ,

1

l

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(

(

-23-

pas a comprendre l'expression qu'il aperçoit sur le visage da

Carton. Ceci ne doit pas ~tonner, explique Dickens, parce que

Carton was a mystery to wiser and honester men 'than he, ~t

(332). Cette explication dev~ait figurer dans ~, p. 282, et

dans'~, p. 259. On l'y cherchera en vain.

2. L'oncle de Darnay abuse de la soeur de Mme Defarge tout en

sachant qu'elle est enceinte. Le fr~re de la victime,

expliquant ~ Manette pourquoi il a voulu se venger, fait

allusion a la grossesse de sa soeur. Jusqu'alors, le lecteur

n'en avai t pa~ ~t' inform~, mais les paroles, du justicier

l'~é1airent. Pourtant, ~ et ~ omettent cette allusion! l'état

de la jeune femme, en faisant disparaître : And what that

(condition) is, will not be long unknown te you, Doctor, if it

is now, (355), dont la version française aurait da figurer dans

H, p. 302, et ~, p. 279.

3. Mme Defarge n'est pas un

fait ressortir sa méchancet~

~nage sympathique. et Dickens

;:~re par force d~tails, tous

importants. Aussi sommes-nous fond~ de reprocher! H et M

d'avoir omis, p. 167 et p. 152 respectivement, la proposition

(br strikinq her litt1e counter with her chain of money) as if

she knoeked it. brains out, (209), évidemment insér~e par

l'auteur pour évoquer une violence sanguinaire.

Omissions particuliares a H

4. Ne voulant absolument pas r~vêler la v'ritable nature des

....

, ~

j

1 ..

1 1

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______ - __ ~~_~ ___ ... _____ ."""'i ... ---"p-..... --...... " ......... · .. *",e .. ~q

(

(

, -24-

affaires de famille qui l'appellent constamment en France,

Darnay,risque d'atre condanmê 1 mort pour trahison1 le lecteur

de l'original voit en Darnay un être gênêreux, qui donnerait sa

vie pour protêqer les siens; mais le lecteur de la version H ne

le voit pa. ainsi" car sa version ne contient pas la

proposition: Thouqh what those affaira weret a consideration

for others who were near and dear to him, forbad him, even for

his life c to disclose, (104-6), qui aurait dû s 'y trouver

p. 69.

5. Darnay, qui êchappe a la mort 1 Londres grâce al' inter­

vention providentielle de Carton (frapp~ par leur resseJt1blance

. mutuelle), se trouve 1 la Conciergerie, condamnê 1 mourir le

jour même, quand l'avocat anglais entre dans sa cellule pour le,

sauver une seconde fois. Darnay croit que Carton est venu

l'empoisonner, pour qu'il meure san.,souffrance -- c'est

pourquoi il lui lance un regard lourd de reproches au moment où

la drogue de Carton lui fait perdre connaissance. Mais la

tragique ironie n'est pas retenue par H, qui omet : Who had

come to 1ay down his 1ife for him, (381-2), proposition qui

aurait da appara!tre p. 325.

6. Quelques paragraphes plus 101n, Carton promet 1 l'espion,

Barsad, de ne pas le trahir, et lui assure qu' il tiendra sa

prol!"sse jusqu'a la mort ~me : Don 't fear me. l will be true

to the death, (382). Ses paroles ont un sens tout littêral,

voire proph~tique, puisque Carton est en effet. sur le point de

_____ • ___ ~ ......... ~ __ ~ __ ~_ # L. ~

...

,

,.'

1

i

1

\

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(

(

- - ~-----~ - ___ ---.--_~~--_ ........... --. - • ..--. -----...... y!l""""-........ """" .... I111111 ... • « 'u ,

-25-

se sacrifier pour sauver Darnay. Mais ce sens i!chappe 1 !!.,

qui, en êerivant, p. 326 : -J'y serai fidlle, n'ayez pas' peur-,

ne traduit pas Ta the death.

" Le recensement des omissions de proposi tions et de

membres de phrases nou~ permet de constater que la version ~ en

est le plus souvent victime :

Omissions particulières a M

7. Sur le comptoir du cabare't Defarge se trouvent des verres,

plac~s lâ expr~s pour att~aper des mouches. Dickens laisse

comprendre qu'il Y a un paralUle entre la mort d'une mouche

êvênement qui laisse indiff~rentes les autres mouches -- et la

mort du marquis de Saint-Evrêmonde : l' insouciance des mouches

est curieuse, remarque-t-il. Et il ajoute : Perhaps they

thought as much at Court that sunny summer day, (209). !1 omet

le parallèle ironique entre les mouches et les cou;rtisans de

Versailles, commentaire qui, sans importance intrins~que pour

le dêroulement du roman, n r en relAve pas moins la saveur

"dickensienne" du texte.

8. Dans sa description de Old Bailey, au chapitre 2 de la

seconde partie, Dickens traite d' infintes les transactions du

prix de sang. La phrase mordante : (It was famous . . • )

abo, for extensive transactions in blood-money, another

frl!l.CJ!!!!nt of ancestral wisdom, systema~ical1y leadinç ta the

....

1 ,

, ,

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(

(

-26-

most friqhtful mercenary crimes that could be sommitted under

Heaven, (90-91). Elle pr~pare le' lecteur au t~n\oi9naqe des J

parjures Barsad et Cly, mai31 n'est pas retenue dans M, p.'53.

9. En dêcrivant la peine de Burning people in the hand, (37),. \::1

infligée a l'êpoque aux 'malfaiteurs bri tanniques, et qui

consistai t a leur marquer la main au fer rouge, ~, qui omet In

thé hand, traduit par .. il brQlai t des malheureux", p. 6 -- ce

qui implique la mort des "malheureux· sur un bûcher. Ce détail

important êchappe donc au traducteur de M, dont la version

exaq're la cruautê de 1a justice britannique du XVIIIe siacle.

10. Lorsque, en Angleterre, un gentleman s'adresse a un autre, \

il l'appelle soit par son nom de famille prêc§d~ de ~, soit \

par son nom tout court, soit encore par son prénom ou son

surnom, selon l' intimi t.! de leurs rapports. Les amis de longue

date se servent du prénom ou du surnom -- ainsi Stryver appelle

Carton • Sydney " ou "Syd". Quand Carton 1 qui s'adressAnt a

Darnay, l'a toujours appelê "Mr Darnay",. demande l celui-ci

s • il peut l'appeler "Darnay· tout court, il demande en fait l

Darnay de le considêrer comm. un ami. Ce dernier lui accorde

ce priviliqe ; l think so, Carton, by this Ume, (237). ~

traduit, p. 175 : ·Naturellement, Carton". En omettant By this

time, M fait disparaftre un d~tail significatif, car Dickens - -soul-enter.td qu'on ne devient l'ami intime d'un Anglais (et même

d'un Français domicilié en Angleterre) qu 1 aprls une longue

~riod ••

J

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(

II

(

-...... fi • 4 • _ .

s • 4 a 0$&

- -27-

Les traducteurs des versions H et ~ se mêp.:r:ennent sur le

. " sens de By this time -- qui serait: "Je crois que nous nous

connaissons depuis assez longtemps pour nous le permettre"

!!., p. 194, traduit By this time par un contresens: "Dès

aujourd 'hui", tandis que P, p. 1179, en propose un autre "Dès

mainten~nt" .

Il. Pour notr;e dernier exemple d'omissions de cet ordre,

reportons-nous au chapitre 8 du troi si~me livre. Barsad a

quittê l'Angleterre l cause de l'insuccl1s rêptl!t~ de ses faux

t!moignaqes, et non parce que le gouvernement et la justice

bri tanniques de l' êpoque n' appr6cient pas l' utili. t~ des

mouchards ou des faux-Umoins ! leurs gages. L'utilisation de

ces tristes auxiliaires ne fait pas honneur a ceux qui les

emploient -- mais c' êtait' pratique courante au XVIIIe si~cle et

la moralit' des temps s'en accommodait. Or 1 l'Angleterre

victorienne a une conscience plus pointilleuse que celle de

Georges III. Les progrl1s de la f' morali U publique ont, en 1859,

ann~e on Dickens rêdige s0r1c>roman, ~liminê l'utiLisation des

. !mes damn~es de la police. Mais pas depuis longtemps, car'

conune Dickens le note : Our English reasons for vaunting our :

superiori ty te secreçy and spies are of very modern da te,

(330). C'est en vain que l'on chercherait ce commentaire dans

~, on il aurait da se trouver p. 257.

Remarquons que cette omission reUve vraisemblablement de

l'incompr'hension du traducteur de M, puisque ni H ni P n'ont - -compris le sens du texte -- !i, p. 281, tradui t par un

\.

, .....

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1 • 1. 1

(

(

· ... i • • Vi

-28-

contresens : "les motifs que la nGrande-Bretaçne a de proclamer

la supêrioritê de ses espions sont de frafche date-, et ~, p.

1274, par un autre: "les raisons que nous avons en Angleterre

de vanter la.supérioritê de nos agents secrets et de nos

espions sont r4!centes".

III. OMISSIONS DE PHRASES ET DE PARAGRAPHES ENTIERS

Si les omissions d'un seul mot et de segments de phrases

nous ont rêserv~ des surprises, celles qui touchent des phrases ~

enti~res, voire des paragraphes entiers, vont nous en procurer

d'autres, fort int~ressantes. Il n'y a que l'embarras du

choix. Certaines versions omettent une phrase, la suivante, et

plusieurs autres a la suite, jusqu'au paragraphe entier. Nous

pourrions en fournir plusieurs exemples : nous nous contente~-

"'ons de 9 -- dont un seul est imputable aux trois traducteurs :

1 Omission relevêe dans les trois versions H, M, P.

1. On la trouve au chapitre 7 de la troisiime partie. Barsad,

faux-t'main professionnel, est forcE par Carton de l'accom­

pagner au bureau de la banque Tellson a Paris. Carton sait q~e

Barsad a comparu au tribunal de Londres on a ~té jugée

l'affaire Oarnay. Or, Miss Pross, dévouêe servante de Lucie

Manette, vient de reconna!tre en Barsad son frare Salomon dont

elle avai t perdu la trace depuis fort longtemps. La double

... > ____ ...... _ .... _ .... " ..... __ ._. ____ -..a. _______ ~~~_~~~-~_-.-------~. ------- ---- --~-

•• , ....

~ ,

,

,

t

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(

(

• • • , • - + CU

-29-

identité du personnaqe est rappel~e par Dickens : John Barsad,

or Solomon Pross, walked at his side, (328). Aucun traducteur

ne s' est donn~ la peine de l' ins~rer dans sa version.

Omission commune a H et M

2. En 1792, la noblesse française ~migr~e ! Londres (et que

Dickens dêsigne par le nom g~n~rique de Monseigneur) s'y trouve

souvent sans ressources. La banque Tellson devient pour elle

le lieu d'~lection oa il lui est possible, soit de contracter

un emprunt, soit d'apprendre les dern.~êres nouvelles d'outre­

Manche. La Banque devient alors la meilleure source de,

renseignements sQrs touchant Paris, et les êmigr~s s'y

rassemblent. Dickens expose tris clairement cet êtat de fait :

Moreover, it was the spot to which such French intelligence as

was most to be relied upon, came gui.ckest, (264), mais ni H ni

M ne semblent en avoir ~t~ frappês.

Omissions particuliires a H

C'e~t ~ qui est le principal coupable d'o~is8ions de

phrases et de paragraphes entiers. Nous nous permettons d'en

donner quelques exemples :

3. Paragraphe enti!>r omis dans H : La disparition (!i, p. 44)

des 76 mots du paragraphe ci-dessous est d'une importance

'certaine .-

'* cl ...

,

. ,

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(

( r 1 •

... ,.

The prisoner had lot into a coach, and his ê!aûqhter haa fol owed him, when Mr Lorry i s 'feet were arrested on the step by fiis asklng, mlserâbl11 for his shoemakin2 tools and the un 1nisheê! shoes. Madame Defarge immeê!Iately called to her husband that she would 1et them, and went knltting, out 0 the lamPiight, t6rough the court-yard. She 9U1Ckly brought them down and handed €hem ~n; -- and immediatel a terwar B eane ~ga.1.nst t e oor-eost, knitting, and saw nothin2.

- ;+

Non seulement l'auteur souligne dans ce paragraphe l'état

-30-

(80)

lamentable du docteur Manette, que l'on vient de "ressusciter",

mais, par la répêtition voulue de Leaned against the door-post,

knitting, and saw nothing, il fait ressortir l'impassibilité de

Mme Defarge, dont le tricot est d'un si fatal augure pour tous

ceux qui la contrarient.

,Phrases entiires omises dans H

4. Lors du procls de Charles Darnay, deux faux-témoins com-

paraissent devant la couri l'un s'appelle John Barsad, l'autre

Roger Cly. "" L'avocat Stryv,er est en train d' interroqer Cly.

Celui-ci pr~tend avoir trouv~ dans le secrétaire de Darnay des

documents compromettants -- ce n'est pas lui qui les y a mis,

assure-t-il dans le texte oriqin~l : He had not put them there

firet, (98). !! omet cette pr~cision destinée a dOnn'er au

témoignage- de Cly le poids de la v~raci t~. Et ~, sans pour

autant pratiquer une omis.ion, commet un contresens, p. 60, en

précisant que Cly a trouvé les docwnen,ts "11 00. le prisonni.-r

n'avait pas pour habitude de 1 •• ranqer-.

"

... 1 ,

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(

(

e,

5. Au chapitre 10 de la seconde partie, Darnay est a~lé

v~~iter Manette, pour lui dire qu'il aime sa fille et que, si

jamais il avait le bonheur d'épouser Lucie, il n'essaierait

jamais d'affaiblir les liens unissant le docteur! son enfant.

Les 9 lignes du texte anglais ci-dessous (110 mots) l know

that! as in her childhood f . . . , the hands of bab~, s:irl, and

woman, are round ~our neck, (163) , se r~duisentt dans !! a 2

lignes (20 mots) . "Non-seulement elle vous aime, mais vous . avez pour elle un caractère sacrê dont rien ne saurait diminuer

le prestige- (H-125). L'auteur de la version.!!. se permet donc

':4 de supprimer plus des t~o,i.s-quarts de l'extrait p:ç-écit'.

6. oécid' de retourner en France, afin de sauver la vie de

Gabelle, servtteur de sa famille arrêté pour avoir aidé des f

aristocrates, Darnay se rend comPte qu'il ne doit pas ,confier 3.

Lucie son projet" de voyage, et que le docteur, : Her father, •

C J

always reluctant to·turn his thouqhts towards the dangerous

ground of old, shou1d come to the knowledqe of the step, as a

step taken, and nof! in the balance of suspense and doubt,

. (272-3). Dans!!o, p. 227, une partie de la phrase est • supprimée, taqdis que l'autre est traduite par un contresens

. ":;i.l épargnerait •.• a M. Manette les vains efforts qu'il

" aurai t certainement fai ts pour le d~tourner de ce voyage".

Les phrases suivantes : How much of the incompleteness of his

situation ••. he did nct discuss with hlmself: But, that

circumstance too, had had its inf,luence in his course. (273) 1

disparaissent aussi dans la version H.

l ,

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(

(

r • •• • c:p

(

7. -Au chapitre 6 de la premi~re partie, Lorry et Lucie vont

chercher Manette dans son galetas de Paris~ afin de le

"rappeler a la vie". Ils trouvent un cordonnier aux cheveux

blancs -- un Manette trans formé par ses années", de cachot.

Defarge, qui les accompagne, demande âu docteur comment

4 .c 4W

-32-

s' appelle le fabriquant du soulier' qu,' il ''Yi,ent d' achever -- ce

qui ~quivaut l lui demander si le prisonnier libéré se souvient

de son propre nom : 'And the malter' s naIne?' said Defarge, (72).

Manette répond, quelque temps apr~s : 'Did yeu ask me for pY

name?' 1 (72). La version!i, d 'oil la questl,on pos~e par Defarge

a disparu, est d~pourvue de sens -- Manette dit donc "dans le

vide", p. 37 : "Ne m'avez-vous pas demand~ mon nom?".

Omis'sions particulières a M

On ne peut accuser ~ d' avoir fait disparaître de nombreux

paragraphes. Mais il s_rattrape sur les simples phrases, dont ,J>.

(l

il a omis quelq]l~s centaines. ,Un relevé complet occuperait

trop de place. Con~ntons-nous de d~ux exemples

8. La suppression de certaines phrases d,escripti ves ôt-e a .

l'original une partie de sa saveur dickensienne. En voici un

exemple typique ": Lorry, qui voyage a Paris afin de, rappeler le ~

doctéur Manette "3, la vie", doit attendre a Douvres

·Mad~moiselle·, c'est-!-dire Mlle Manette. Pour tromper le

temps, Lorry v~ se promener sur la plage. Dickens insiste

alors avec humour 'sur l'odeur de poisson qui plane sur la

" --... r' "-" .... '"'~ ~"""' ............ _ "'.b' ~ '''' __

d .' •• 1

, '1

1

\ ~ 1 J 1 ~ 1 l

~1

'0;.

. '

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C·<

, 1

.. • .... * ; _ 44+$

-33-

ville : 'l'he air amonq the hou.ses vas of sa stronq.a piscato!')'

flavour that one mi.ght have sUPPosed sick fish went up to he ,

dipped in it, as sick people went do",n to be dipped in the sea,

(51) • Toute la ph'rase a disparu de la version !:!' p. 18.

9. ~ a tendance 1 s~pprimer les commentaiyes, souvent

moralisateurs, dont Dickens ~mai11e son texte. Rappelons que

Dickens a ~crit son roman en 1859, tandis que le traductèur de

M a r~digê sa version quelque quatre-vingt-dix ans plus tard.

Un seul exemple suf.fira : Les flammes s tê1~vent sur la France; i

ce!! f~ nourissent de la haine des p:auvres pou:".,l~S

riches -- et qUi sai t, demande Dickens, combien il faudra de

morts avant qu'elles s'êteignent? : The altitude of the g~llows

\ that would turn to ",ater and quench (the fire), no functionary, \ ff

by any stretch of math~matics, ",as able to calcu1ate

successfully, (263). M ne s'intêresse pas A cette spêculation,

. et la saute, p. 198.

1

Omissions particuliares 1 P

LI auteur de P ne pratique jamais de coupures dêmesurêes

il ne se permet jamais l'om1ssion d'un seul paraqraphe~ et il ,

ne supprime qu'une dizaine de courtes phrases, dont deux

seulement comptent plus de dix mots dans l'original. Prenons ,

bonne note de cette conscience.

______ L ._ .. ____ .' -f" -.---.----~. ---_ .... _-_. -..... ......... ~-~--~- -~

1 1· 1 1 ,

*' -

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Cl .'

-34-

Sur l'ensemble du roman, ! omet 6 paraqraphes (dont 3

d'passent 40 mots dans l'original); ~ en omet un seul (qui ne

eompt~ pas plus de 30 mots). ~, venons-nous de dire, n'en

omet pas.

H omet 29 phrases entiares ou fragments de phrases qui -comptent plus de 20 mots dans l'original (l'omission la plus

longue en compte 85 dans le texte anglais): 'M en omet 14, et -P l seulement. ~

. ,

"----"

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(

1 , '

-35-

AJOUTS

Ajouts particuliers ! P /1

Parmi les ajouts, peu nombreux, de la version P, -plusieurs ont trait a la ·civilisation", et seront donc traitAs

au chapitre III. Les autres sont de peu d'importance: il

s'agit surtout' df~pith~tes ou d'adverbes. Ils ne méritent pas

qu'on s'y arrête.

Ajouts particuliers a H

l

Par contre, les ajouts sont beaucoup plus' nombreux dans

!, et aussi plus importants.

significatifs :

En voici quelques exemples

..

1. Aucune affection ne lie Oarnay a son oncle le marquis; on

pourrait même dire que les deux hommes se détestent. Le ,

marquis a tentê de faire condamner a mort son neveu, en payant

des faux t~moins pour le d'noncer l la justice britannique.

Charles, par ailleurs, ést indign§ de la politique de

rApression du marquis envers ses Resclaves·. Tous deux ont

atteint le point on les liens de famille ne comptent plus.

AiRsi, quand l'oncle souhaite le bonsoir 1 son neveu, il se

contente d'un simple: Good-niqht:, (156). Pourtant, ~ en

ajoutant "mon neveu· apras -bonsoir"" p. lIB, rappelle les

liens que les pro~aqonistes souhaitent abolis.

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(

(

-36-

.. 2. Quand le soleil se' lAve tristement sur Londres, et sur

Carton souffrant d'une pas~ion sans espoir pour Lucie Manette,

Dickens écrit': Sadly, sadly. tne sun rose, (122). H ajoute

une précision superflue -- un lieu commun, en fait, puisque

chacun conn aIt la fameuse brume londoniennè : "Le sO'lei1 se

leva tristement, bien tristement au sein de la brume", (~-85). , -

3. Parfois H se permet un ajout plus long, mais toujours aussi

inutile. Par exemple, au proc~s de Darnay, Stryver déclare que

Darnay : "a fourni des preuves apparentes au crime dont il est

accusé, preuves qu'ont exploitées avec une infâme adresse les

faux témoins, qui, apr~s avoir vécu ~ ses dépens, avaient

intérêt a se défaire de sa personne", (~-69). Cette longue

phrase ne figure pas dans l'original: c'est pure invention

d'un traducteur en mal de copie.

, 4. Nous nous contenterons d'un autre exemple oa une courte

'phrase anglaise se transforme en une "tartine" qui ne fait pas

honneur! son auteur. La oa Dickens -- a propos d'un incident J

qui émeut profondément le docteur Manette en présence de M.

Lorry -- 'crit simplement ,: Mr Lorry had doubts of his business

eye, (132), ~ commente, et aboutit, p. 95, a : "il était si t'

calme, il avait dans les maniêres tant de grâce et d'aisance,

que M. Lorry douta de ses yeux, et mit sur le compte d; un

souvenir importun la sinquliire physionomie que par instants,

il croyait voir au docteur".

................. __ ~t_t~ ____________ ~ __________________ ~ ______________ ~~L-~~~~

, 1 ;

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(

(

....,..------ -- • • • 4 • • • 4@ •

-37-

Ajouts particuliers l M

Si les ajouts sont fr~quents dans ~, ils sont relative­

ment b~nins par rapport ! ceux dont fourmille la version M. Le

traducteur de M se laisse emporter par sa facilit~ de plume au

point d'altérer non seulement des détails, mais le style même

de l'original. Ce sont lA des m~faits qu'il convient de

stigmatiser, car ils le m~ritent. Faute de place, nous n'en

citerons que quelques ~chantillons

1. Au chapitre 4 du premier livre, Lorry apprend A Lucie

Manette que le docteur Manette, son p~re, a ~t~ wrappel~ ! la

vie". Lucie s'êvanouit, boulevers~e par cette nouvelle d'un

pêre qu'elle croit mort depuis longtemps. Le banquier, vieux

cêlibataire, ne sachant trop comment la faire revenir! elle,

crie "Au secours". Une femme accourt -- c'est miss Pross --

dont Lorry est frapp~ par l'air farouche, le teint rouge et les

cheveux roux. L'auteur de M fait un ajout abusif : sous sa

plume, les cheveux roux de la fid~le Pross, : Red hair, (58),

deviennent, p. 24, "des cheveux qui flamboyaient comme une

botte de carottes au soleil".

2. L'auteur de ~ se permet un ajout abusif semblable au

prêc~d.nt, 1 propo8 de l'assassin du marquis, amen~ au village

pour itre pendu tout pra. du lieu de son crime. Le pauvre

Gaspard, qui pour Dickens est simplement : A tall man bound,

(198), devient dans !, p. 142 : "un homme ficel' comme un

saucisson" •

, ,

i ..

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(

(

.. • .. '* , .. 44' 41

-38-

Il est indéniable que l'ajout d'images gastronomiques

(telles que celles de carottes et de saucissons) alt~re le ton

de l'original et implique de la part du traducteur une

désinvolture de mauvais gont.

3. L'auteur de M a tendance 1 alourdir d'épithêtes des

descriptions qui en sont déjl fort chargées, (Dickens n'a-t-il

'pas le don, ou le défaut, d'une excessive abondance?). Les

exemples ci-dessous sont tirés d'un seul paragraphe (au

chapitre 15 de la seconde partie) : les Defarge et le canton­

nier vont pour la journée 1 Versailles, où ils voient défiler

devant eux le Roi, la Reine et la Cour. Ils sont éblouis par

la perspective de : Jewels and silks and powder and splendour,

(203), que l'auteur de~, prodigue d'adjectifs, rend par "ces

joyaux scintillants, ..

ces perruques parfumées,

(~-147) ~

. , ces soies froufroutantes, • . . ,

. , cette splendeur chatoyante",

La beauté des Green banks, (20 3), n'échappe pas au

traducteur, qui, en les rendant par : -des gazons d'un vert de

r've", q~-1"7), inclut dans Ion texte une image qui tient ·1 sa

propre sensibilité -- il ne saisit pas que les seuls r~ves dont

ces trois rêvolutionnairea "en herbe" soient susceptibles sont

remplis d'actions meurtriires.

Devant ces gen8 du peuple défilent les aristocrates, leI

Lords and l4diea, (204), qui seront les premiers a perdre la

vie lors de la réalisation de la volont' populaire. Pourtant,

l'auteur de M ne s'en tient pa. la, mais se veut plus

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( j

)

-39-

~

diekensien que Dickens, puisqu'il traduit Lords and ladies par

"les dames ravissantes et léS seigneu~ ~l§qantsN, (~-147).

Toutes ces ~pithêtes sont une bonne illustration de la

f!cheuse tendance de l'auteur de ~ ~ d~layer son texte par des

ajouts qui n'ont de remarquable que leur platitude. Il ne

saurait ~chapper a notre censure •

Nous avons constat~ que les ajouts dans P sont peu

fr~quents et peu importan~s ~ qu'ils s'ont plut8t frêquents dans

!!, mais rarement d'importance majeure; et que ~ fourmille d'un·

si grand nombre d'ajouts gratuits que le lecteur connaissant

bien le texte anglais ne l'y reconna!t guère.

............ ~~~~ .... __ .. ____ ~MM ____________________________ ~~~~ ~---~- ~~

• • $7 , ., ra t . %

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(

• or

(

"

-40-

En conclusion, il conviendrait sans doute de supputer les

mobiles qui ont pouss~ les traducteurs, soit a supprimer une

partie du texte original de Dickens, soit a y ajouter des

ornements de leur cru.

Pour ce qui est des omissions, on peut les attribuer!

l'impatience, 1 une connaissance insuffisante de l'anglais, 1

un manque de souplesse dans le maniement du français. On peut

aussi croire que ce fut par égard pour le lecteur français, 1

qui les traducteurs ont voulu ~pargner les redites

dickensiennes, ou des détails qui, a leur avis, ne devaient

ajouter ni 1 la compr~hension du lecteur ni a son appréciation

du texte.

Nous ne saurions nier que l'auteur de H fait souvent

preuve d'incurie, ni qu'il se montre tour a tour incapable,

insuffisant, voire mime ignorant. La version ~ est beaucoup

moins abondante en omissions, mais on y relave parfois des

suppressions abusives. Par contre, l'auteur de ~ ne s'~loigne

que rarement de l'original, et ne fait disparaître que les

rfp.titions ou les fragments qu'il estime inutiles a· son

lecteur.

Pour ce qui est des ajouts, les traducteurs, vivant peut-J

Itre de leur plume, auraient-ils eu la plume trop facile?

Etaie~t-il. l~tribué. 1 la ligne, ou voulaient-ils simplement

rendre le texte plu. clair?

Peu d'ajouts importants fiqurent dans !, tandis que M en

, 1

î ~ 1

L •

J

j , \

1

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-41-

(. fourmille. P, par contre, ne contient aucun ajout qui altère - ,

le sens ou le ton de l'original.

En r'sum6, il ressort clairement de notre examen des

omissions et ajouts figurant dans les trois versions françaises

du Tale of Two Cities, que H a tendance 1 omettre, tandis que -, ~ est plut5t portA 1 ajouter. Seul P reste fidèle au texte

original.

1

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.'

1

i -;

()

CHAPITRE II

ERREURS DE SENS

/ DANS LES VERSIONS FRANCAISES • DU TALE OF TWO CITIES

---------------

1

----­~---

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(

.. - ..

CHAPITRE II \

Notre deuxiime chapitre est consacr~ a l'examen'des

'erreurs de sens attribuables aux traducteurs français du

Tale of Two Cities.

Sui vant la m~thode qui nous a. bIen servi au premier

chapitre, nous procéderons par sondages, et ~plucherons trois

passages, qui sont respectivement de nature descriptive,

narrative et dial~guêe, pour en tirer faux-sens caractéris~s

(y compris tout faux-ami) et contresens. Faute de place, il

conv~ndra de passer l'éponge sur les inexactitudes, à moins

qu'e~les ne frisent le contresens.

Les passages que nous passerons au crible sont :

q ça 4*

a) passage descriptif

de Its abidinq place (61-2) •

chapitre 5 de la première partie,

. • • A In peril of tempest,

b) passage narratif: chapitre 21 de la deuxième partie, du début jusqu~à Their dumpling heads, (239-41).

cl passage dialogué : chapitre 12 de la deuxième partie, de Jean I do anything for you, Mr Stryver?' a la fin du chapitre (172-8).

Ensuite, nous nous attaquerons à une lecture g'nfraIe des

trois versions du roman, dans le but d'en dégager l~s erreurs

_~ sans. C.p.ndan~, de crainte d~ebuser de la patience de

notre lecteur, nous choisirons judicieusement parmi la muIti-

tude d'erreurs de sens que nous avons relevées -- car la liste

en est longue, et la lecture en serait interminable -- pour en

pr'senter seules les plus évidentes et'palpables.

,l'

" ... ----.....,.,.---~ ........ -.,_ ....... -« ft'

" .... 1

J J 1 l

. , ~

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(

(

ERREURS DE SENS

tCHANTILLONS

Abordons sans plus attendre, la lecture minutie?se des

trois passages-~chanti11ons, commençant par

a) PASSAGE DESCRIPTIF

Notre texte, tirê de la premi~re partie, chapitre 5,

-43-

comprend un paragraphe (29 lignes), de Its abiding place was in

aIl thinqs fitted to it, (61) ~ In peril of tempest, (&2). Il

se trouve dans !, pp. 27-8; dans M, pp. 28-9; et dans ~~

pp. '1002-3.

1. Its abiding place was in a11 things fitted to'it.

Le lecteur de l'original, se souvenant qu'au paragraphe qui !

(61)

pr~cêde notre citation, le sUbstantif ~unqer est rêpêt~ 8 fois,

perçoit automàtiquement que les !.E!. et II de la premiare phrase

... ~ de notre êchantillon se r~f~rent 1. Hunger. Mais !l, qui di vise

en 4 le paragraphe anqlais et n'y parle de -la faim" que 3

fois, croit-il peut-itre qu'une pr~cision s'impose? Quoi qu'il

en soit, !!. r'pite "la faim". Il ne traduit pourtant pas Wa. in

all thinqs fitted to it, mais enchatne ainsi : ".La faim 'tait'

log'. dan. tous 1 •• replis de cette rue tortueuse" (!-27)~ Il

~, par contr~rompt l'ordonnance de ~. ~hrase ~glai.e,

~ _ _ __ ~ ____ .. __ M ..... r ..

• «ft ..

...

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(

·1 -r

- ~ ~ ~-~---...., ... ---~ .......... -. . ....------..... --.......... -.... -.. • Y' sq .u e*e ,

-44-

et-propose : ·La faim r~gnait en permanence dans tout le ~

quartier Saint Antoine. C'est la que, semblait-il, elle avait

d~couvert son royaume d'élection" (M-28). M insiste sur le - '

fai t que la faim rÈ!qne dans Saint-An toine, tandis que Dickens

se borne a dire que le quartier est le domicile de la faim.

On peut d'ailleurs se demander s'il est possible de découvrir

son royaume" d 1 élection, alors qu'il est plutôt normal de le

. choisir, si'hon de l' élire.

P, en traduisant ainsi .,. "Son domaine lui était approprié

en tous points" (P-l002), rend tr~s bien le sens de l'original,

même s'il suit l'exemple de ~ en soulignant que la ~aim est

propriétaire du quartier, 11 on Dickens précise simple~nt

qu'elle y habite.

2. A narrow winding street ( 61)

! omet N~rrow, mais comprend bien le sens de Winding : ·cette

rue tortueuse" (!-27). ~,par contre, ne sachant trop si

l'adjectif Windin~ se rattache au verbe To wind (serpenter) ou

au substantif ~ (le vent), résout de miser sur les deux

tableaux; de plus, il ajoute l'adjectif ·pripcipale· : "Une rue

principale étroite e~ tort~euse, o~verte ! tous les vents·

(~-28', Nous devons ,forcêment conçlure que le traducteur de ~, , , \ .- ~ ~

dont la connaissance de-~'anglais est nettement insuffisante,

ne sait pas non plus lire un dictionnaire : "ouverte 1 tous les

vents· est un eontresens de premder ordre -- ! pense-t-il

plutôt 1 l'adjectif Windy?'

)

1

, 1 1 1 1 ,

.""

J

1

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(

\

...

(

• -45-

Seule la traduction de P est exacte "Une étroite rue

tortueuse" (.!!.-l002). \_-~

3. W! th other narrow winding streets di verging ( 61)

B omet enqore'~'adjectif Narrow, mais sa version est bonne :

"ail aboutissaient d'autres rues, également tortueuses" (!!-27).

Et M commet la'même grossière erreur qu'au début de la phrase, •

en' fraduisant ainsi : "travers~e en tous serts de ruelles

sombres et battues des vents" (~-28). Remarquons que "traver­~

s~e en tous sens" ne rend pas bien le sens de Di verging : quand " ,

une rue prend sur cette "'étroite rue tortueuse" et ne va' que

dans un sens, on peut bie'n dire The street diverges (le verbe

signifie -te go aside from track", d'après OED), mais on ne i

J

saurait dire qu'elle en "traverse" une autre. N'oublions pa~

que le quartier Sain1;-Antoil}e d'avant la R~volution n'avait pas "

l'allure qéom~trique que lè Baron Haussmann lui a donn~. En c J pJUS, ~ traduit Narrow par ·sol1"bre" -- ce qui n'est pas exact,

bien' que les rues ~troites soient en général plus sombres que

des boulevards. La 00 Dickens) répête Narrow winding s,treets,

sans doute pour insister ~ur la tortueuse ~troitesse des rues,

M se permet de r'duire la largeur de ces rues, qui deviennent,

soua la plume des "ruelles". Cette inexactitude perd de son

importance " cet' du flaqrant contresens (·battues des vents·)

1 que noua ne saurions pardonner au traducteur de M. ;. f]

Seul! ne s'attire pas de critiques, car sa version

"d'oG partaient d'autrel rues ~troites et tortueuses· (~-lOQ2), \

est tout; .1 fait acceptable. )

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(

4. AIl, ïeopled by rag's and nightcaps, and aIl .me! !ng of rag's and nig'htcaps

-M, en ajoutant au texte de Dickens, tombe dans le pi age

-46-

(61)

d' alt~rer le ton de l'original : "peup14es de spectres en

guenilles et en bonnets, le tout d~gageant une odeur âcre

d'êtres mal lav~s, de dêtritus' en d~composition· (~-29).

L'ajout de "spectres" ternit l'image de Dickens -- M se veut-il

plus ·r~aliste· que le romancier? -- et "d~tritus en d~com­

position" n'ajoute rien. qui va,ille au texte.

5. AlI visible thinqs with a brooding look upon them that looked ill ( 61)

H ne saisit ,pas le sens de Broodinq -- qui siqnifie "couvant

(la venge.~nce)" bien qu'il utilise 3 adjectifs:' "oil chaq'Ue

obje't visible, pâie, maladif ou sordide parais sai t un prêsaqe

du malheu~ (H-27). \ -

M reconnatt le sens de Brooding, mais ne peut empacher sa

plume de couler trop facilement : "le tout, . . . , pr~sentant

le spectacle d'un monde l~thargique, courb~ sous le poids du

malheur mais qu1 couvait en lui des forces vengeresses? avides

de se dêchatner" (!!-28). (Remarquons que la propositio,n

anglaise n'est pas part~culiareme t hëureuse -- on se demande

pourquoi Di-ckena n'a pas chpisJ: un verbe autre) que Looked,

alors que le substantif Look appara

locuti'On • )

L'auteur de ~, qui traduit aina

(. dans cette

r

"o~ tout ce que l'on

"" -voyait avait un air sombre qui ne disait rien qui vaille"

o

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...

-47-

-(!!.-l002), ne semble pas être conscient que l'expression !h!!

looked ill a plus de force qu'il ne lui en donne. Ne rien dire

qui vaille, c'est,ue rien dire qui soit important ou juste,

alors que Looked i1l a pr~cisêment le sens de "êtait de mauvais . auqure". De plus, Brooding s'att~nue chez E" et devient

·sombre· -- ri 'oublions ·pas que l'adjectif verbal comprend le " ,

sens de ·couver" et, selon ~, de "to meditate (esp. resent-

fully)" •

6. In' the hunted air of the ~eople there was yet some wlld-beast thought 0 the possibility of turnlng a t bay

(61-2)

Les auteurs de !!. et de P ne traduisent pas le mot !!!. -- qui a

le sens de "pourtant· ou de "rnalgrê tout" -- mais ,hormis cette

omission mineure s' acqui ttent bien de leur tâche.

!!, par contre, traduit par un contresens: "Ses habitants

possêdaient ce regard traqué de la bête aux abois· CM-2a). En ... effet, les habitants du quartier Saint-Antoine ne font face l

l'ennemi que le 14 juillet 1789, soit 14 ans plus tard

ch api tre 5 de la premiê're partie, il n' en est pas encore

question.

7. ,Foreheada knitted into the likeness of the ïallows-rope €bey mused âbout endurlng, or nfllctlnq

(62)

H et !. offrent des versions valables, mais !:!, sans doute a bout'

de souffle aprAs avoir tant invent~ aux phrases précédentes,

traduit ainsi : "Les fronts êtaient hantês de rêves meurtriers·

CM-28). Tout en nous proposant un alexandl:in qui détonne dans -

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(

(

-48-

la prose, M perd l'image du front qui se contracte pour

ressembler a "la corde" 1 et ne se rend pas compte que cette

corde peut servir aussi bien ! la mort de celui qui rêve qu'à

celle des autres. \

8. Grim illustrations of Nant (62)

!:!O, qui propose "(On retrouvait) l'image de la faim" (!!.-27),.

ne traduit pas Grim et ne traduit qu'incomplêtement ~, dont

le sens ne Si appLique pas qu'à la faim. Ce terme d~signe,

comme le pr~cise ~, "the state of lacking the necessaries of

lifei penury: destitution." Remarquons que la faim est sujette

à être partie intégrante de la misère -- 2!E. l'admet,

d'ailleurs : "Also, the condi tien of lacking food; famine;

starvatien. "

M offre "farouches ft comme traduction de Grim : "de -farouches illustrations de la misère" (~-28), et P suit son

exemple : "de farouches images du Besoin" (!:-lOO 3) • Reportons-<

nous ! Q!Q., qui 'explique ainsi l' ~pi thète Grim : "sinister,

ghastlYi unp1easant, unattractive." Il s' agit donc plutôt

d'images ou d'illustrations ·sinistres" ou "menaçantes·

accusons.,donc t! et ~ d'avoir commis un l~ger faux-sens.

9. Only the leanest scrags of meat ( 62)

Pr~cisons tout d'abord que Lean a le sens de "meagre, of peor

quali ty, not nouri. shinq· (QE?) : ils' agi t donc de .. repas . maigres", on 1.1 n'entre qu'un minimum de viande. Quant a Scraq'., ce sont S\1rtout les parties osseuses (donc d6chamêes)

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(

d'un animal -- le collet de mouton, par exemple. Si les

Leanest scrags of Meat se distinguent, Cl est surtout par

l'absence de viande. H ne rend donc pas cet te id~e quand il

traduit ainsi : "les maigres lambeaux de viande Il (H-27).

-49-

M offre la veJ;'sion sui vante : "des quartiers de viande

an~miques" (~-28). Rappelons encore l'absence de viande~ de

plus,. il ne s'agi t pas de Jlquartiers Il df viande (! moins qu'il

ne s' agisse du "cinquième Cij1artier"): et "anêmiques" ne rend

pas le sens de Leanest.

Seul P offre une version qui soit acceptable : "les plus

dêcharnês des morceaux de viande" (!:-I003), et, encore lâ,

"des morceaux· ne rend pas la plêni tude du sens de Scrags.

10. The Eeoole rudely pictured as drinking in t e wine-shops

( 62)

H propose : "l~s buveurs, • , barbouil1~s sur la porte du

cabaret" (H-27"8), mais il ne saisi t pas qu'il s'agi t des , - ~

enseignes -- en' l'occurrence de celles où sont dêpeints les

clients des estaminets, au-dessus de ,la porte desquels elles

sont acëroch~es.

~ comprend bien : "Celles des cabarets Feprêsen"taient des

silhouettes maladroites de buveurs" (!!-28), mals ~ perd totale­

ment l'image deI enseignes, et se contente de : "Les gens qui

buvaient au cabaret" (~-l003). (

Il. over their seant (62)

OEO nous explique que le verbe To croak comporte le sens fiqurê

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l r

(

-50-

de "to speak in dismal accents, talk despondingly, forebode

evil (like the raven)". De plus, il précise que ~, quand il

s'agit de boissons alcooliques, signifie "Without body; not

stronq or rich; of low alcoholic strength: weak", et donne

comme exemple une phrase du quinziême chapitre de la deuxiême

partie du Tale of Two Cities : "Monsieur Defarge sold a very

thin wine at the' best of times. Il

Or, !!. offre la version suivante : .. les buveurs, . . .

grimaçaient au-dessus de leurs verres de petit vin frelat~"

(H-28) • Mais les consommateurs ne grimacent pas : ils grognent /

ou ronchonnent. Et ils ne ronchonnent pas "au-dessus" de leurs

verres, mais plutôt -en buvant" ou "en prenant" leur verre de

piquette (ou de petite biêre, que ~ ne traduit pas). Thin wine

est sans doute du vin ~tendu d'eau (baptis~) frelat~, bien

que ne traduisant pas strictement le sens, rend quand même

l'image d'un vin ·altêr~ dans sa pureté".

Le sens de Croaked échappe-t-il !~? Le fait est qu'il

le néglige totalement, ainsi que And beer : "(les) buveurs ,

humant le bouquet avare d'un vin pauvre" (~-28).

E, par contre, rend bien le sens de l'original: -Les

gens, •.• , ne fa1saient en réalité que se lamenter dev~nt un

pauvre verre de biêre ou de vin três clair" (P-1003). P oppose .,

la réalité ("en"réalité") aux enseignes, qui ne sont en fait

qu'une image fantaisiste des buveurs 1 l'intêrieur du cabaret.

C n ft •

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(

(

.. -51-

12. The ~eople, . • • & were gloweringly confldentlal toqet er

( 62)

OED explique que To glower signifie "to look angrily or

cross ly; te scowl", et ci te pr~cis~ment ce passage comme .. exemple de l'usage de Gloweringly -- aussi entend-on que les

1

buveurs se renfrognen t.

La version H ne transmet pas l'attitude maussade et

menaçante des buveurs: "les buveurs, ... , l'oeil en feu, se :

penchaient l'un vers l'autre pour se faire de mutuelles

confidences" (~-28). L'expression "l'oeil en feu" communique

l'ardeur, sans indiquer la nature, des sentiments des buveurs.

Dans ~, l' atti tude menaçante des buveurs ne se voit pius

sur leur visage, mais elle se fait entendre : "Les gens, . . ., se faisaient 3 voix basse et menaçante de sinistres

confidences" (~-l003)

13. The gunmaker' s stock was murderous

li ~vite l'allusion aux armes "rneurtriêres": "les fusils

(êtaient) nombreux dans la boutique de l'armurier" (!!.-28).

~ fait de même : "la rêservl'! de l'armurier (~tai t)

impressionnante" (P-l003).

(62)

Seul t! saisit le potentiel de ces 4mes et approche du

sens de Murderous ·la devanture de 1 f arnurier ,avai t un air

menaçant" (t!-28). Remarquons que t! prod!de ici a une

particularisation -- le mot 9ênêral Stock est traduit par un ~'\.

térme parti~ulier "la devanture", qui ne repr'sente en fait

qu 1 une partie du Stock.

1

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(

f

l ·1 , ,

.' . : f

-52-

14. By Many eccentric fi ts (62)

H et ~ rendent bien le sens de cette expression, ! la ,

diff~rence de ~, qui offre : "par une infinité de petits

canaux" (M-28), perdant ainsi l'idêe de caprice, (selon ~,

Fit signifie "capricious impul;se, mood").

15. Aeross the atreeta (62)

fI et ~ comprennent qu 1 il s'agit ici d'une lanterne suspendue

au-dessus du ruisseau qui coule au milieu de la rue. Seul M se

m~prend sur le sens de l' anglai!'ll, qu'il rend ainsi : "Le long

des rues" (~-28).

16. One clumsy lamE, was aluns br a rope and pulley

!!. laisse tomber le mot Pulley : "pendaient, . • . , de

grossi~res lanternes, attachées à une corde" CH-2a).

(62)

M ae méprend sur le sens de Slunq (du verbe Ta sUng,

suspendre), gu' il confond vraisemblablement avec Swunq (du

verbe To swing, [se] balancer) : "une lanterne rudimentaire se

balançait au bout d'une corde passant dans une poulie" (~-28). 1

Et!., oublieux du refrain r~volutiannaire du "Ça ira'"

("les aristocrates! la lanterne"), traduit ~ par un faux­

sens ( "lampions") : "de mauvais lampions ~taien t suspendus au

moyen d'une corde A poulie" (~-100 3) •

17., and the shi ( 62) tempest

Il est prêmatur' de la part de !!. d' affirmer que le. lanternes

b b.. ____ d ___ ... t .. ~. ____ "O"'_ _ _....~ _____ ~~~ _____ ~ - ---

...

, . ,

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\ . (

.'

(

-53-

"s'agi taient, . . • , au-dessus d'une mer orageuse", alors que

l'orage n'est pas encore arrivê : "Ils Si agitaient, il est

vrai, au-dessus d'une mer orageuse, et le navire et l' l!quipage

~taient menac~8 par la tempête" (!!.-28).

~ retombe dans son habitude de délayage "De fait, le

quattier Saint-Antoine n' ~tai t-il pas une sorte de navire

ballottll:! sur une mer gonflée d'une tempête prochaine? Et le

pl!ril ne menaçai t-il pas le bateau et son ~quipage de gueux?"

(~-29). L'ajout de (l'équipage de) "gueux" nous semble abusif.

Par contre, la version ~ ne provoque aucun commentaire

~dt!ifavorable : liA vrai dire, ils l!taient bien sur un ocêan, et

le navire et son Ciquipaqe couraient le risque d'essuyer une

tempête" (~-l003).

Il ressort de la lecture de cet l!chantillon que ~ est, de

loin, le plus coupable en mati~re d'erreurs de sens. !i, qui en

• fait nettement moins, est a son tour plus fautif que P.

b) PASSAGE NARRATIF

Notre deweilme 'texte comprend 9 paragraphes (79 lignes),

a partir du d6but du chapitre 21 de la deuxiElme partie (239)

jusqu'a The straiqht hair of theit dumpling heads, (241). On

le trouve dans!i, pp. 195-8; dans ~, pp. 177-9; et dans !!O,

pp. 1181-3.

.. ~ - "_ .. lEn ,. "'1 .. _ .......

ft • _ • 4L _~

....

,

,.

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(

(

..

--- ----.-.....---- ~- -.~.-~-__ - .. 'It"_-~'l"""""I,,_""4",,4F_"""I

-54-

1. It has been remarked ( 239)

H se permet d'ajouter ainsi ~ l' original : "avons-nous dit dans

l'un des prêcêdents chapitres· (!!-195). Sans toutefois

prêtendre que son commentaire soit une erreur de premier ordre,

nous le relevons parce qu'il n'apporte rien au texte.

2. Ever busily winding the golden thread which bound her husband, and her father r and herself, and her oid directress and com anlon, ln a life o gu et l.SS, Lucl.e,

(239)

M se mêprend sut' le sens de cette première moiti~ de phrase :

il ne saisit pas l'importance du rôle que joue Lucie dans la

vie calme et heureuse dont jouit sa famille. Chez!1, seule la

vie de Lucie se dêroule dans le bonheur et la tranquillitê, et

ceci, grâce au temps qui passe. De plus, ~ offre deux

traductions de Quiet bUss, dont la seconde est victime d'une

faute dt impression : "Le temps avait passê, enroulant et forti-

fiant sans cesse le fil d 'or qui unissait Lucie ~ son mari, à

son p~re et a sa vieille compagne. La vie s'êcoulait pour elle

dans une qui~te fêlicitê, dans un bonheure (sic) paisible" c.

(~-177) •

3. Lucie sat in the still house •

!! ne traduit pas In the still house, mais offre : "Lucie

Darnay, asaise aU)rAs de la. fenêtre" (!!-195). De plus, il ..,

(239)

rappelle, (inutilement, croyons-nous), le nom de famille du

mari de Lucie.

P fait un ajout (qui fait penser l la version !!), et

1 ,

..

. ,

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(

c

-55-

traduit : "Lucie, ••. , assise aupr~s d'une fenêtre dans la

maison silencieuse" (~-1181).

4. Though she was a perfectly haPEX young wife (239)

Deux des traducteurs ne rendent pas le sens exact de cette

proposition, qui serait "bien qu'elle fût une jeune épouse

parfaitement heureuse". Le bonheur de Lucie ne lui semble pas

réel -- c'est du moins ce que nous fait croire !!., qui introduit

le doute en employant le verbe "paraître", (et qui ne traduit

pas a, • . . 1 young wife) : "Bien que son bonheur lui parût

aussi grand que possible" (H-195).

!:, à son tour, néglige le fait que Lucie goûte la vie

conjugale, et qu'elle est jeune: "bien qu'elle fût parfaite-

ment heureuse" (!:-1181).

5. Her work. (239 )

~ nous propose une particularisation : "leur broderie" (~-177).

Mais cette pr~cision nous paraît tout à fait acceptable.

6. And her exes would be dimmed (239 )

Ni H ni !I ne restent fid~les al' original lorsqu'ils affirment

que Lucie verse des larmes : "et d'avoir les yeux obscurcis par

les larmes" Œ.-l96); "et 00 ses yeux se voilaient de larmes"

(!:-1181). ~ pr'cise que la verbe Ta dim porte le sens de "to

becloud (the 81es)1I (To becloud signifie, encore selon Q!E., "to •

malte mi!ty or murkx"). Donc, H et !: vont plus loin que

Dickens. <' '" ,"

,

\

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(

/

c

• 4 • • ... c ç, ••• ,

-56-

7. That time passed (239)

!:! n I y voi t que le passage du temps : "Des mois encore

s'~c'oulË!rent" (~-177), et ne saisit pas qu'il s'agit pri!!cbi!!­

ment de la pêriode de vagues inqui~tudes et d'espoir où les

yeux de Lucie s'obscurcissaient.

8. Her little Lucie layon her bosom (2 39)

H omet la proposition. ~ anticipe sur la phrase suivante (~

sound of her prattling words), en pr~tendant que la nouve~le­

née est déjâ capable de "gazouiller" : "sa petite' Lucie

gazouilla sur ses genoux" (~-l77). De plus, ~ commet une autre

erreur : on her bosom a le sens de ft sur son sein" ou "dans ses

bras· . ( "Sur ses genoux" serait la traduction de on her 1412. ou

de on her knee) .>

!: tombe dans le même pif!ge : "bientôt une peti te Lucie

reposa sur ses genoux· (~-1181).

9. The tread of her tiny feet, and the sound of her prattH.ng words, • . • , They carne, .

(240 )

M se mêprend sur le sens de They came, qui renvoie a her tiny

!!!!! et her prattlinq words

et de son babil d'enfant, •

"le brui t léger de ses peti ts pas

. . , Elle s "levait, cette voix, \ ~

il jasait, ce rire, • • " (!!-178). Chez~, donc, Lucie

n'entend que la ~ix et non pas le son des pas de son enfant.

10. The shady house vas sunny vith a child's l4ugh (240)

!! insiste sUr '1' image du soleil qui illumine la maison

... 1

1

11

1 1

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(

r : ( , ~ 1

· .. ,. . - . + q • ~*e ,

, -57-

\

ombreuse : "Le soleil illuminait la grande maison ombreuse"

CM-l78), alors qu'il ne s'agit pas de l'astre f~condant, mais

du rire de la petite enfant qui êgaie la demeure. Et M ajoute

"grande" -- cette êpithète, tout en êtant superflue, est

excusable 1 car au chapitre 6 de la deuxième partie il est

pr~cis~ : The Doctor occupied two floors of a large still

house, (123).

Il. The Di vine friend of children, • . • , seemed to take her child in His arms, as He took the child of old

( 240)

H ne traduit pas as He took the child of old : If l' ami c~leste

des enfants, , parut tendre les bras â l'innocente

cr~aturelt (!!-196)., Remarquons aussi que .. tendre les bras ~

quelqu'un" n r équi vaut pas a. "prendre quelqu'un dans ses bras n •

Ni M ni P ne reconnaissent l'allusion a l'Evangile -- ou,

s'i"ls le font, ils n'en ont qu'une connaissance imparfaite. M

~'" offre cette version : "le Divin ami des \~fants, •••

semblai t l' a~ir pris dans Ses bras (comme un jour, il avait

pris J~sus en Sa garde), (!!-178). Il emploie le plus-que­

parfait ("avait pris") l! oil l'original a le pasaê simple

(~). _ Et il se trompe de sujet, puisque le "Divin ami des

enfants·, c'est J~.us, qui lUi-mêsne a pris l'enfant dana ses

bras -- a vrai dire, il n 'y avait pas qu'un enfant : ·Et les

ayant pris .dans se. bras, il posa les mains sur eux, et les

b~nit" (Saint Marc, x, 16). 6

P commet la même erreur : -le Di vin Ami des en fan ta, • •

~ 1

\-

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(

(

-58-

. , sembla le prendre dans' ses bras comme jadis cet autre '-:.

Enfant" (!:-1182) -- pourtant, J!sus n 'litait plus enfant a l'!poque en question.

Ever busilX winding the golden thread that bound themalI toqether,. , Lucie,

12. (240)

M fait preuve ici d'une certaine logique: il commet la même

erreur qu'au d!but du passage -- il change de sujet: "Le temps

fuyait, enroulant et fortifiant sans cesse le fil d'or qui

unissait ces âmes" (~-178).

13. Makin~ it Eredomina te nowhere (f40)

M ne traduit pas, alors que !!, qui offre ceci "sans la ( , ..

~, ---mon trer nulle part" (!!-196) , ("la" se r~f~re a la "douce ---- ----'

influence" de Lucie), se m!prend sur le sens de predomina te

("pr~dominer"). P en fait de même : "sans qu'elle fat jamais

r~ apparente" (~-1182).

14.' Lucie heard, • soofhln9 sounds

none but friendly and (240)

H rend heard par "!couta" : "Lucie n' ~couta, • • • , que des

bruita caressants et propices" (!!.-196). Il implique que

d' autres brui ta se faisaient sans que Lucie fat diapoa4§e a les

entendre tj qu'elle n'Acoutait que ceux qui lui plaiaaient.

15.

Aucun traducteur ne saisi t le sens de pro.perous, qui, selon

Q!!;!., serai ~ "f1ouriahinq, succeas ful, thri vinq· • !! fa! t un

r

...

1 ..

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l , 1 1

1

"

(

,

' .• ' .... -59-

faux-sens sur l'6pithlte, qu'il rend par un substantif "la

fAlici t~" (!!-196); M offre : ·sûr de lui" (M-178); et P ~

16. Lo, Mi.s Pross (240)

. ~ affirme que !2 signifie "Look!, see!, behold:·, et Saint

Matthieu nous le confirme

Matthieu, xxiv, 23) ,.

"Lo , p

here is Christ.· (Saint

M commet donc une erreur impardonnab le, qui fai t preuve \i

"d'inculture et d'un manque de jugément scandaleux chez un soi-

disant traducteur. Dans sa version, l 'interjection (~)

devient une personne: "(les' rires de) Lo et (de) Mlle Pross·

(~-118) •

(.., 17. lh hamess of string r

(240)

ft offre : "couverte de son ha"rnais rustique· ([-196), version

qui ne retient pas l'image du harnais de "ficelle· dont la

petite Lucie a affubl~ sa gouvernante.

18. AWakeninq the echee. (240)

M fait un faux-Iens sur awakenlng, qu' il re~d par "dominant" ,~

19. Wlth a radiant lmile (240)

!. omet Radiant: "en souriant· (!""196),o et t le rend par ~

·pauvre" : "un pauvre sourire iiluminant ses traits Illanq's­

<!!-178" ce qui ~ un faux-aens de plus dans un texte qui en

fourmille . . .

;

Il10. ____ • ____ ................... _~_~~ _-------.i.._ ~- - ~ -

i i . 1

....

, ,

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1 .. 1 (

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• 1 , 1

( 20. Thoae were not te.ra aIl of agony tha t wetted bIs mother i s cheëk

-60-

(240)

COmDe le pr~cise Roe.sler, (1) Agonl a le sens de "angoisse

morale". ("Agonie" siqnifie : the' death throes, the throes of

death). ~, qui rend agony par "agonie", tombe donc dans le

piège des faux-amis : "les larmes qui inondèrent ses joues ne

furent pas toutes des larmes d'agonie" (~-178).

21. Her embrace (240)

N'oublions pas l'étymologie qu mot embrace, .qui vient du latin

bracchium (bras) pr~fi~é de in. Il ~it donc de l'~treinte 1

de la jeune mère qui tient son fils agonisant dans ses bras. ,

Ce sens échappe a~, qui substitue: "ses baisers" (~-178).

22. Suffer t,hem and forbid them not. They see my Father's facE!?r 0 Father, blessed words'!

Seul P saisit le sens de ces pbrases, qui ne sont en fai·t , """ .. ~. q~Vune adaptation de certains versets de la Bible. Dans

(240)

l"tvangile selon Saint Marc' (x, 14) se lit : ·Suffer ,the little

children to come unto me, and forbid them not : for of such is , the kinqdom of God" ~ dans l'Ancien Testament' (Nombres, vi 1 25),

voill : -The kOrd make his face shine upon thee, and be

97iacious unto thee," Or, ~ omet entiêrement les deux phrases, -et !!. se .prend ainsi : ·Souffrez qu'ils partent; ~ls verront ;

la face du Seigneur. B'nies soient vos parol.es, 8 mon Dieu!"

(!!-196) • J'sus ne veut pas que les enfants partent, mais-J

, . (1) Maxi .. Koes.ler, Les Faux Alnis des vocabulaires anqlais et amêricain (Paris : Vuihert, 1975), pp. 71-2.,

s . t .. '

1

...

~

~

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(

-

, ~ ;

-61-

qu'ils viennent: "Laissez venir a moi les petits enfants, et

ne les en empêchez point" (Saint Marc, x, 14).

23. Thus (240) -!!. fait un faux-sens sur Thus : "désormais" ([-196,>, et M en

fait un autre: "Depuis lors" (~-178). Seul P reste fid~le au

texte: "Ainsi" (~-1182).

24. A little garden-tomb

H oublie le sens de "mausol~e", qui serait, s~ion Robert,

"soaptueux monument fun~raire de três grandes dimensions". Or,

"petit" et "mausolêe" ne sont pas bien assortis. Il s'agit

vraisemblablement d'~e pet~te tombe -- rappelons~nous que le

mort n'est qu'un petit garçon (little boy) ~ VoilA la version

offerte par!!. : ,·le petit mausolée du jarQ4n ft (~-197).

25. A sandy shore

~ omet sandy: "la grAve" (~-197), et ~ n'y voit'qu'une

couleur, alors qu'il s" agi t en fait d' une "plage de sable ft

·un rivage couleur de sable· (~-178).

~"t 26. The evening

(240)

(240)

Sous la plume de !; the evening se rEduit 1 : ·quelques heures"

(!!.-197). !i, n'aurait-il qu'une idêe peu flatteuse de

l.'hospitalitê du mEnaqe Manette-Oarnay?

27. Regardinq him

L'ori9inal est pr6cis J

: il s'agit de Carton lui-mime.

(

~ ..".--...~- ..... ~ ~

(240)

Mais !!. ...

-----'------............ ~~~ -~~~ -- '

....

; ,

..

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(

(

-62-

\.,...?' , reste trop ~ague quand il traduit ainsi ·a ce sujet· (!!.-197).

28. Blameless (241)

Seul ~ comprend le sens de bl'ameless, qu'il rend par "pur"

(~-l183). H ~vite le faux-sens en omettant l'adjectif. Et M

s'aventure trop loin, car: "sans haine" (~-178) ne rend pas le

sens de blameless ("irr~prochable" 1 "innocent").

29. The tirst stranger ( 241)

H et M tombent dans le piège des faux-amis -- ils écrivent tous

deux "le premier ~tranger" (~-197: ~-l79). Mais stranger n'a

que rarement le sens de "~tranger". Il s'agit ici du premier

visiteur qui ne soit pas de la famille.

30. Her chubby arms (241)

Selon ~, chubby a le sens de "plump and well-rounded". M et

~, qui offrent la même version, s' acqui ttent donc bièn : "ses,

bras potel~s" (~-179; E-1183). Mais ~ se trompe: "ses bras

troués de fossettes" (!!-197), qui traduirait plutôt dirnl2ly ou

dimpled.

31. Mr Stryv!r shouldered-his way through the law ( 241)

! perd la force de l'original en ne 'conservan t pas l'image de

shou1dered (~ : "To make one's way by pushing with the

shoulder; more fu11y, to shoulder one's way") : "Quant a M. (

Stryver, il conti~it a faire son chemin dans le barreau·

(!!-197). Mais la tr~~uction de !, serait-elle trop

l 1

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( litt~rale? ~ "M. Stryver, de son cet~, avançait 1 coups

d'épaule au barreau" (~-1183).

32. Like some great e6gine forcing itself through turbid water

~, en plus d'ajouter "Il escaladait l'~chelle du succ~s",

affaiblit l'image de la machine qui se fraye un chemin de

-63-

(241)

force: "Il escaladait l'échelle du succès, comm. une énorme

Machine qui se serait aventurêe à travers un lac de boue"

(!:!-179).

33. Sydney had a swamped life of it ( 241)

M ne peut s'empêcher d'al têrer le ton de l'original : "Sydney

• se voyait fr~quemment submergé par la pétulance

conquérante de son bouilLant confr~re" (~-l79).

34. Any • • • sense of . disgrace (241)

M, sous la plume de qui les id~es se pressent (saurions-nous

dire "trop"?), rend disqrace par: "les blessures d'arnour-

propre que Stryver lui infligeait parfois" (~-179), ce qui est

inexact -- dans le cas de Carton, tout sentiment de sa propre

honte lui viendrait de lui-même, et non de Stryver (sauf,dans

la mesure on il serait conscient que ses rapports avec Stryver

le d.éshonorent).

~ traduit par un faux-ami : "tout sentiment • • • de sa

disgr~ce" (!-1183). Selon Koessler, (1) "disgrâce" signifie

(1) Maxime Xoessler, Les Faux ~s des vocabulaires anglais et am6ricain (Paris: Vuibert, 1975;, p. 210.

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...

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(

"

• (.)

... . • - y G

-64-

surtout "perte de faveurs, de la ~onne grâce de quelqu'un·,

alors que disgrace implique une dêgradation morale.

35. His state of lion's jackal ( 241)

H se permet d'ajouter deux épithates ("lgnoble" et "odieux")

"l'ignoble dêpendance où le retenait son odieux camarade"

(H-197), tandis que M n'en ajoute qu'une ("9bscur") : "son rôle

obscur de chacal au service du lion" (~-179). Par contre, P

laisse tomber lion's : "son ~tat de chacal" (~-1183).

36. The straight hair of their dumplinq heads (241)

~ ajoute "lisses" : "les cheveux droits et lisses de leur tête,

pareille â un pouding aux pommes" (~-198), et ~ ajoute

"horribles" "d'horribles cheveux raides, plantês droits sur

leurs têtes en pain de sucre" (~-l79).

~ explique que dumpling signifie "a kind of puddin~ ~

consisting of a mass of paste or dohgh, more or 1ess globular

in form, either plain or boiled e or inclosing fruit and boiled

or baked •• • A dumpy animal or per§on, short and of rounded

out1ines" • ~I q~ rend ~umPling par "pain de sucre", ~voque l'image d'un côJe, non d'une boule. Relevons aussi

"l~Ur! têtes" -- le français exigeant le \ ~

l'anglicisme

singulier. \

Si l'~tude du deuxiême texte confirme l'imp~~sion que

nous a faite la lecture du premier texte, il en ressort auss~

que ~ est plus insuffisant que nous ne le croyions •

.. '$ , ....

j

1

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1

1

1 ,

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(

1.

(

-65-

c) PASSAGE OIALOGUt

Notre texte, tir~ du chapitre 12 de la deuxiAme partie,

comprend 181 li~nes, de 'Can l do anythirtq for you, Kr

Stryver?' (172) jusqu'a. la fin du chapitre (178). Il figure

dans ~, pp. 133-8; dans ~, pp. 121-6; et dans ~, pp. 1114-20.

1. 'Can l do anything for you, Mr Stryver?' (172)

, Dans ~, le ton de cette question devient trop brusque: "'Que

d~sirez-vous, monsieur Stryver? '" (!!.-133). Le banquier anglais

est plus affable: il propose ses services.

2. In his business character f (172)

Nous constatons dans ~ que character peut avoir le sens ~

-recognized official rank; statusi position assumed or

occupied", et nous y lisons l'exemple suivant (datant de 1852, S 10it 7 ans avant la parution du Tale of Two Cities), tir~ de

l'oeuvre de Henry Rogers: "He never really appeared but in one

character, that of a philosopher".

M ne saisit pas ce sens -- qui serait donc "dans son rôle

de banquier (a la di ff~rence 'de son r6le d'ami de l' avoca t) - -­

et traduit ainsi: "d'un air officiel" C~-12l) 1 alors qu'il ne

s'agit pas d'avoir l'air "officiel-, mais de remplir ses

fonctions officielles.

3. While his eyes strayed to the Bouse afar off . (174)

Lea yeux de Lorry ne sont pas na la recherche de Tellsone",

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(

(

-66-

comme le voudrait H : "pendant que .on oeil s'~garait dans le

lointain a la recherche de Tellsene" (~-133), mais, d~s qu'ils ri

quittent Stryver, ils se fixent sur le directeur de la banque

-- point n'est beso'in de le "chercher", car Lorry sait tr~s

bien qu'il est en train de lire le journal dans le bureau

prêcise que to str.ay a le sens de "to escape 1

t or control, to wander awa from " Dans

ce contexte, donc, strayed implique non seulement que les yeux , (

de Lorry "vagabondent" du côt~ du directeur, mais aussi qu'ils

quittent l'interlocuteur de Lorry. ! ("s'~garait") rend bien

ces deux sens: mais ~ n'en rend qu'u~ : "tandis que ses yeux

vagabondaient du cat~ de la Firme ~ointaine" (~-ll14).

Remarquons ici une faute d'impression dans l'édition

Penguin, où l'on lit confidently au lieu de confidentially.

4. The desk : whereupon, although it was a large double one, there appeared to be not hall desk enough for him

(174)

~ et ~ laissent tomber la juxtaposition de double et de ~,

5tant ainsi la comparaison : "l'~norme pupitre, qui sembla trop

êtroit pour le recevoir" (~-133); "Le pupitre, bien que vaste,

paraissait d'une dimension insuffisante pour Stryver" (~-121).

5. Dubiously, ( 174)

Sous la plume de Dickens, Lorry hêsite, perplexe, lorsqu'il ~

entend Stryver lui annoncer ses projet~ de mariage. (OEO dbnne Î

"hesitatinq, doubting"). Mais dans les\ trois versions , ,

d •• ••

...

,

1 "

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(

(

(

- ... • + • Q .. '*

-67-.,

françaises, la r~action du banquier devient beaucoup plus

forte, (il n'en croit pas ses oreilles) et loin du doute qu'on

lui voit dans l'original: "d'un air d'incrédulité" (~-133);

"d'un air abasourdi" (~-122); "d'un air incr~dule" (~-1114).

6. As his will (174) -, ta a

lI:t

~ ne traduit pas compelled against his will: "comme s'il eût

dit en lui-même" (~-134), ôtant ainsi toute id~e de contrainte.

" Et dans ~, Lorry se permet d'extérioriser ce que Dickens lui

fait ~ire intérieurement (internally) : "comme s'il se sentait

contraint de parler contre son gré, il marmotta pour lui-même"

(~-122) •

7. 'You know there really i9 so much too much of you! '

(174)

Bien qu~il soit! peu pr~s certain qu'aux yeux du banquier,

Stryver ne soit pas digne de Lucie, le texte anglais ne fait

pas exprimer ces sentiments A Lorry. Cette r~flexion secrète

vise la taille et la corpulence de l'avoca~# non sa qualité. ~

) Mais ~ ne comprend pas du tout le. sens de la r~flexion, et.

/ aboutit a un contresens: "'Elle est vraiment beaucoup t~

bien pour vous .. ·- (!!-l34) .

~, 1 son tour, perd l'image de la grosseur de Stryver,

sans toutefois perdre de vue sa grossi~ret~ : • 'Réellement,

Stryver, voua allez un peu fort:'" (~-122).

~, par contre, saisit tras bien le sens physique et moral

de la phrase : "Vous savez, vous faites vraiment trop de

r . cft.

1

1 ,

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- ------....-- -- ---~ ~~-~~"'·_--"""""""~--"'-"""4/If"~--G"" •• '_""4*"",-

volume!'" (P-IIlS). ~ -

8. 'WeIl! ( .•• if l understand you, Mr Lorry, l'Il he hanqed!) i

-68-

(174)

M se trompe sur le sens de WeIl!, qu'il ren. par: "'Qu'est-ce

que cela signifie?'" (~-122), alors que Stryver croit trAs bien

comprendre la r~ponse de Lorry et qu'il en est abasourdi fI:!!

be hanged indiqu~ la plus grande surprise) -- de telles

blessures d'amour-propre ne lui arrivant que rarement.

9. Slapping the desk with his contentious hand (174 )

~, le seul! risquer une traduction de l'adjectif, s'y mêprend :

"en abattant une main menaçante sur le pupitre" (!!-122). Selon

~, contentious porte le sens de "quarrelsome; involving 8

contention", et contention signifie "strife, dispute".

L'adjectif "menaçante" est ainsi mal plac~ -- si la mani~re

dont Stryver frappe le pupitre a un ~l~ment de "menace", c'est

Seulement parce qu'elle repr~sente un gage de dispute.

10. (Mr Lorry adjusted his little wig at both ears) as a means towards the end

(174 )

Av6uons d'abord que le sens de as a means towards the end n'est

pas du tout ~vident d'apr~s le contexte -- le lecteur peut

l~gitimement se demander de quel objectif, ou de quelle fi~ il

s'agit. Nous ne saurions alors reprocher a ~ l'omission de .

l'expression: "(M. Lorry ajusta sa petite perruque) •• n

(H-134). Mais M s'attire notre bllme lorsqu'il offre une -version qui ne s'approche en rien! l'original: "(Lorry aj~sta

..

l 'I!

1

1

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(

( J

-69-

sa petite perruque) pour dissimuler son embarras" (~-122). ~,

dont la traduction se lit ainsi: "(M. Lorry ajusta sa petite

perruque pris des deux oreilles) en guise de pr~paratif ! cette

fin" (!-1115), n'est, au moins, pas plus obscur que Dickens :

Il. 'o--n it aIl, sir!' (174)

,L'auteur de H affaiblit la force de cette locution inter-

jective : "'Que signifie tout cela, monsieur? Au diable les

r~ticences!'· (~-134). La traductrice de~, darne du XIXe

e, serait-elle moins habituée au langage indélicat que ne

~t les messieurs b~lgeS, traducteurs d'apras-guerre de ~, li1~dactrice de ~ (laquelle, apr~s tout, vit! une époque ~r

qui n'est plus victoriènne)?

12. Forensically shaking a forefinger at him (174-5)

La version offerte par ~ ne retient pas le sens de

forensically : "en le menaçant du doigt" (~-lllS). ~ prêcise

que forensic signifie "of or used in courts of law" -- il

s'agit donc dJun geste de pr~toire.

13. 'Without having SOrne cause to believe that l should succeed'

! ne traduit pas to believe, changeant ainsi le sens de la

proposition : ·sans~voir préalablement quelque chance de

succAs" (!-134).

14. Having summed !p three leading reasons for COmplete suceeB8

(175)

(175)

Selon 2!e, to sum u2 a le sens de "(especia11y of judge after ,

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(

(

.. • , • - y «

-70-

IP,.

bath sides have been heard) make recapitulàtion of evidence or

argument". Mais ~ et P le voient sous un autre jour (tout en , "

omettant tous deux de traduire leading) : "apr~s avoir

additionné trois causes d'un succ~s positif" (~-134), (Qu'est­

ce qui constit?erait un succ~s "négatif"?); "apr~s avoir

additionné trois ca~ses de succ~s complet" (!-1116). Sans

doute confondent-ils to sum up ("résumer") avec to add up

("additionner"). Leading a le sens de prominent (O~D) : il

s'agit donc de "raisons prerni~res". La version de M seMble le

transmettre: "Vous me citez trois raisons marquantes dont

chacune suffirait 3 m'assurer un succ~s complet" (~-122).

15. Mildly tapping the Strvver arm (175)

H fait un contresens sur tapping the ••• a~, et laisse

t0mbeF mild1y : "en posant la main sur celle de M. Stryver"

(~-135) • (H se fait une idée peu réaliste du degré d'intimité

qui existe entre ces deux gentlemen). Les verbes "taper" et

"tapoter" sont des traductions tout 3 fait adéquates de ta tap1

et il ne manque pas 1 la langue française un mot qui traduise

arm "le bras".

16. Squarinq his elbows (175)

~ et ~ font le mime contresèns sur cette proposition : "en se

croisant les bras sur la poitrine" (!-13S); "en se croisant les

bras· (~123). La~traduction littêrale offerte par! ne nous

paratt pas Atre un heureux choix non plus : "en carrant 'Jses

Le Français dirait difficilement qu'il ..

•• i ....

1

-

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(

__ -- ____ ~ ---------.--__ • .......-......... ~_ ......... __ ... IP"""'--q ......... l"lu ...... "'*,.._~,

-71-

"carre ses coudes", mais serait portê a dire qu'il met Mles

poings s ur les hanches".

17. a • • • Fool (175) .J

H se prend au piage des faux-amis en traduisant a fo01 par :

"une folle" (!!-135). Il s'agit ~vi'derranent d'une "sotte"

Koessler (1) nous le confirme, d'ailleurs.

18. l will hear no disres?ectful ward of that young lad~ from any l~ps

Dans ~, from any lips devient "mime en paroles· : "je ne

(175)

'\

supporterai pas que l'on manque de respect, même en paroles,

envers Mlle Manette" (~-123), ce qui constitue un contresens

caract~risé. Lorry veut dire qu'il ne permettra jamais a

quiconque de parler irrespectueusement, en'sa pr~sence, de la

jeune fille. Mais en lisant ~, le lecteur est obligé de se

demander de quelle autre façon (sinon oralement) un impertinent

pourrait ~ventuellement exprimer une attitude insolente l

l f ~9'ard de Lucie Manette.

19. Any man • • • whose temper was sa overbearinq (175)

Selon ~, ovarbearini signifie "imeerious, domineering,

bullying". !! ne le traduit pa~. M ne le saisit pas : "un

homme qui fat • • • assez impertinent" (!-123). En fait, seul

P en rend bien le sens : "un homme • • • assez arJ:'oqant"

(!.-ll16) •

(1) Maxime Koessler ~ Les Faux Amis deI vaçabulaires anglais et amêricain (Paris: VuiSërt, 1975), p. 262.

,

l l 1 , ' • l,

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(

('

.1 . ,

.. • ... • W '4'

-72-

20. Blood-vesse1s (175)

!!. risque une adaptation : -le systame nerveux· (!!.- 5). Bien

que cette adaptation,fe soit pas anatomiquement exacte, )

saurions en bl&mer H. -21. Hittinq a tune out of his teeth with a ruler ( 175)

H laisse tomber l'image (? le son) de ~ "une rêq le don t

il se frappa les dents" (~-135). ~, qui garde l'image, ne

semble pas être convaincu que Stryver réussisse, puisqu'il

ajoute "essaya" : "une ragle ••. puis essaya d'en tirer un

petit air" (P-1116). Et M ne se rend pas compte qu'en se

frappant les dents, il est possible d'en tirer un air :' "Il se

mit à siffloter entre ses dents, tout en les tapotant avec la

r~gle" (~-123). Point n'est besoin de siffloter

d'ouvrir la bouche plus ou moins.

~. 'Very qoed. Then l sive it, and you have reeeated it correctlx

il suffit

(176)

<ll. se rêf~re A IllY advice, soit le conseil que Lorry donne 1

Stryver). Dans~, nous lisons : ··C'est inutile que je le

rêp~te, vous venez de l'exprimer en propres termes'· (!!.-13S).

Voi là que l'on voi t chez Lorry une impatience qu' on ne lui

connatt,pas dans l'original. De plus, Stryver n'exprime pas le

consei.l du banquier, mais, 1 vrai dire, il le rê~te (repeated).

23. ,'NCN, ;ou think l max not he riqht?' 'Not 1. • • • ft' a new to me, but you are, riqht, l dare say 1

! et ~ comprennent bien le sena de cet ~change, que Prend

(176)

1 î 1

1 1

i 1.

1

1 ,

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(

'.

(.)

-73-~

• ô p ainsi :"'Voua pensez peut-~tre que je me trompe?' 'Oh pas du

tout! •• '. Cela me surprend, mais sans doute est-ce vous qui

avez raison, ét moi qui me s~s tromp~· (P-1117). Mais M se

m~prénd ll-dessua, et offre le contraire :"'Mais peut-~e

- 't-rouveZ~U8 'que- l'al tort?' fEviâemmenE',.. J'ose dire que

votre point de vue me paraIt vraiment étr.nqe" (~-123-4).

r'

24. l suppose sense in certain quarters ( 176)

Stryver dit qu'il croyait troover du bon ,sens chez ~lle

Manette, et que le vOil,! dêsabusé. r Cependant, ~ ne comprend

pas, mais fait un contresens : "J'~~père que Mlle Manette aura

p!'us de bon sens que vous" (~-124).

25. You suppos~ min cinq bread-And-butter nqnsense ( 176) (

OED nous expl ique ~ue mincinq porte le~e~s de ·w~i_th ___ a_f~f_e_e~t_e~d delieacy· , ,et que bread-and-butter employê comme adjectif

signifie "qirlÎlJh; school-gir1ish". Or, H ilsaisit bien le sens ~

de-'- la proplsi tion, tout en ajoutant "vous qui connaissez les

lieux· : "vous qui connaissez les lieux, vous supposez qu'on y . \

aurait la sottise de faire la petite bouche et de repousser la

fortune" (!-136).

Dans !' mincing n'est ?as traduit, mais nous y

reconnaissons (quoique va9uement) bread-ënd-butter nonsense

"vous supposez qu'on y ferait sottement la difficile" (~-1117). ,. M donne libre cours! sa fantaisie :"'Ainsi donc, VOus

e'liti1t)ez ,qu'il- est ridicule de mettre du beurre sur son pain? t ft

CM-124) • . - ",

/

....

.. 1

1

1 1 l'

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C

" .1 . ' -~,~-

26 .• 'What l suppose, • . • l claim' t.e characterise for myself

-74-

( 176)

Cette phrase a le sens de "Je prêtends dire moi-même ce que je

suppose" -- ta characterise êquivalant à "d~cr1re" ou "inter-

pr~ter" ("Ta déscribe or delineate the character or peculiar

gualities of", selon ~). Mais ~ ne le comprend pas ai~!i :

"'Ce que j'estime ••. ne regarde que moi, vous m'enten'dez?'"

(~-124) •

27. , l f you please' (176 )

If you please a le sens de J'Si" vous le voulez" (c '.est

d'ailleurs ce qu'offre ~, p. 124) ou "Si cela vous agrêe".

Mais H et ~ se laissent emporter par un excês de zèle, ou du -\1

moins, de politesse : "si' vous voulez me le permettre" (!!-136) i

~\Si vous voulez bién m'y autoriser" (P-lll7).

28. P 'Committing you in no~wayt

!I, qui traduit par : "sans rien dire de vos projets" (!!.-136),

ne capte pas le sens de commi tting -- .qui serai t "lier" ou

"engager" : selon ~, to commit équivaut ci "pledge • by

imglication, bind". M et ~ se m~prennent aussi sur le sens du 9

verbe} qu'ils rendent par "compromettre If' : "sans le moins .du

monde compromettre vos chances" (~-124): ·sans vous compro-

mettre en aucune maniare" (~-lll?).

29. , Represen ting you in no way t n76)

Selon Q!Q., le verbe to re~resent signifie "Fill ~lace of, be .

(~ .. ....... ---~ 1 ~"--.--. ..... _~ _ ... _- ,---- .", ... _-_ ... ~.-~ ... - ::., • ____ ..... ""btz#

__ • .10.,,_

' ft • J.

1 1

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(

'. ,

-75-

substitute or deputy for, be entitled to act or speak.for"

acception, d'ailleurs, que peut avoir le verbe français

"représenter", employ~ par H et P. Le sens de la proposi tien

serai t "sans gtre votre porte-paro le Il -- mais !:! ne le sais i t

pas : "sans ..• mentionnel4f votre nom" (~-124).

30.

-/

,If, on the other hand, you should be satisfied with it

i and it should be what H now is, it rnay

spare a 1 sides what Is best ~ spaFêd

(176 )

Précisons d'abord que le pronom ~ représente, à quatre

reprises, my advice (soit, le conseil que Lorry offre à

Stryver, et qu'il propose d'aller vérifier chez les r1anette, ,

pour éviter, entre l'avocat et les Manette, une entrevue qui

pourrait s'avérer, pense-t-il, désagréable à tous). H traduit

par du charabia : "Dans l'autre cas, vous entreprendrez avec

certi tude la/a€~~Che 'que vous vouliez faire aujourd 'hui, il '.'

moiris que vous ne préf~riez que je vous en évite la peine, ce

qui pourrait être agréable pour tout le monde" (!!-1~6). P se

trompe aussi : "Si d'autre part la situation reste inchangée,

cela ~vitera des d~sagrémen~s à tout le monde" (P-11l7-8). _ - - ,-Cependant, Lorry ne s' attend pas! ce que la si tuation change.

31. 1 How long woyld you keep me in town? 1 ( 116)

Notons simplement que les trois versions emploient le futur au

lieu du conditionnel -- on comprend que Stryver accepte

l'intervention de Lorry de meilleure grâce dans les traductions

que dans l'original. De plus, l'avocat est plus im.patient dans

H (oi! il en ~tale ses raisons) qu ~ il ne l'est dans le roman

s' "-'''-'''''",' ~"""~"'._.-c ".-~ - •

-l

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()

7

------....-~- ~--- .. • • ,

t -76-

anglais : "Combien cela me retiendra-t-il? Vous savez qu'on

es"t en vacances, et j'ai le profit de qui tter Londres jusqu'à

la rentrée" (H-D6).

32. Then Mr Stryve:r -t-1.l*ned and burst-out -____ _ of the BanJC

(177)

Stryver sort de' la Banque "en boulet de canon", mais ni H ni P

ne gardent cette image de "tr0mbe" : "Il s'éloigna en disant

ces mots" (H-137); "M. Stryver s'éloigna et sortit" (!:.-1l18).

33. In the act of bowing ( 177)

Chez M, les commis de la Banque Tellson ne sont que des statues

de pierre, car ils sont : "immuablement courb~s en un salut

perpétuel" (M-l24), alors

des automate:. ! que, dans l'original ce sont plutôt

-.

(

34. On any less saUd ground than moral certaintx ( 177)

Pour notre part, nous ne croyons pas qu'il fût jamais certitude

plus solide que la certitude morale. Mais pour!!. et ~, celle-

ci ne représente pas le SummUBl de la conviction, car ils

t:radui sent ainsi : .. s' il n' avai t eu qu'une certi tude morale"

([-131) i "s'il ft' avait eu • • • qu'une simple certitude morale"

(!!-124). Pensent:""ils p,ut-être qut"Wle certitude "physique" est

plus sûre? S' il en est ainsi, ils mettent dans leur version un

concept qui n' e8't. pas dans :l'-original.

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(

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- . • • *Y' .u

/" 1

-77-

35. 1 And now. • . ~ way out of this 1 i9, to put you aIl in te wrong'

Dans 1 '~' Stryver adresse la parole non seulement à

( 177)

Lucie, mais a son p~re, comme a Lorry .(you all). Pout'tant, M

ne 1 J~end pas Ste cette orel'lle -...; - pOur sa part , , e- seul

adversaire de Stryver 1 c'est Lucie : "'A nous deux, intenant!

Ce que je dois faire, Cl est de vous prouver que vous avez

tort If (~-l25). De plus, il se m~prend sur le sens de ta put

you in the wrons-, qui signifie "vous mettre dans votre tort".

36.

\ ~

Shaking his forensic forefinger at the Te~le in general

(177)

En traduisant ainsi "en apostrophant Temple-Bar" Œ.-137), H

commet trois erreurs, dont une d'omission (il laisse tomber

forens1c) . "Apostropher" signifie "adresser brusquement la <)

parole 1 (quelqu'un), sans politesse" (Robert) -- mais l'action

dl agi ter son doigt (shaking his forefinger) ne constitue pas

une expression verbale. Et, comme nous le verrons au chapitre

III de ce m~oire, Te!!'le-Bar n'~quivaut pas .\ the Temple (qui

se dit plutôt "le quartier du Temple").

37 .. Younq lady

~ sel laisse emporter, en rendant ainsi young lady : If jeune

pêronel1e [sicJ" (~-125). Lucie Manette n'est pas stricto

sensu une "jeune lady" (8-137) comme le voudrait H elle - .\ -n'est rii fille de lord ou de chevalier 1 ni anglaise.

( 177)

'wo , ....

1 1

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~ ~ -- _ ~ _ -- --.-...",-- --~-.-...-...~-". --'+" ......... - .......... - ...... - ... ,

-78-

38. That 90od-natured emissary ( 177)

Emissary signifie "persoh sent on special mission" (~), mais

H ne retient pas cette image d'~missaire : "l'excellent homme" - - \

(~-137). (Remarquons que emissary et "~missaire" risquent • 1

d'être ~es faux-amis -- l'~missaire est charg~ d'une mission

secr~te, alors que la mission de son analogue anglais n'est pas

n~cessairement secr~te, bien qu'elle soit "sp~cialè").

39. Coldly (177)

~ prête ~ Stryver des intentions que l'auteur n'exprime pas

"avec un sang-froid impudent" (M-l25). La froideur n'a

pourtant rien à voir avec le sang-froid.

40. l was r,j.ght in the conversation we had . (177)

~ ajoute "cet apras-midi" : "j'avais raison de vous parler

co:rnme--je l'ai fait cet apris"midP (!-12S). Pourtant, l'ajout

est abusif, puisque la conversation a eu lieu le matin.

41. l know this must always he a sore subject wlEh the fâiidly

(178)

Cette proposition a le sens de "Je 8ais qt1e ce sera' toujours,

que ce devra toujours être, un lIuje,t p~nible chez le,8 Manette".

En lilant la version! : -Je sais combien la famille doit en

Itre malheureuae" (H-137), nous noua demandons si la famille e -

retrouvera Ion bonheur c!' ici quelques jours seulement. Or,

quant 1 la -.ottis.- de Lucie, Stryver entend que les Manette

en resteront bien lonqtempa .arris.

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-- ----~~---~-~-~-...... ,....., .................... , ..... --..... ___ + .... - .... , ..... " ....... I11III ......... ,l1li;

r -79-

P offre une version qui ressemble â celle de H : "Je sais

que ce doit être un sujet p~nible pour la famille" (!:-1119).

Et M ne saisit ni le sens futur de must always be, ni qu'il ne

s'agit dans le cas pr~sent que de la famille Manette, et non,

pas de toutes "les familles" "Je sais que ces questions de

mariage conati tuent toujours pour les familles des sujets de

discorde" (~-125).

42. l clare say not

~ laisse tomber la proposi tion, que H rend a tort par

doit être" ([-138).

43. Havipg supposed that there was sense where there 1s no\sense, and a laudâble ambition where there Is not a lauê!able ambl tion

(178 )

"Cela

(178)

~, pr~dispos~ aux ajouts, offre : "JI avais cru rencontrer de la

raison Il oil il n 'y a qu 'W'le tête fcervel6e, et une louable

ambition, 11 oil il p'y a que de l'insouciance" (!!-125). En

voulant battre Dickens 1 son propre jeu, ~ altc1re le ton de

l 'original.

44. No harm i s done (178)

Le simple ajout d fun point d' interrogation dans [ : "il n' y a

pas de mal .. cela?" (!!.-138), rend .. dubitatif ce qui dans

l'ori9'inal est carr~ment affirmatif.

" '

45. Iq an unselfish .spect 1 l am sorry that the thing Il dropp!d, liëç:aus. it would Fîave Seen a Sad thing fo~ me 1n a worldly point of view

Remarquons d'abord que si la confusion rtlqne, c'est' ,

(178)

...

1 1 1

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r i

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~'" 1 " ,

(

-(

--- - -~--~. ~~~~-""_~_""--"'C"--."''''';'''4'''''-'''C_,

vraisemblablemen't parce que toutes les ~ditions anglaises du

Tale of Two Cities, depuis la premi~re en volume, jusqu'il

celles de nos jours 1 perp~tuent l'erreur (une faute

d'impression ?) qui s'est gliss~e dans la première ~dition.

-80-

L'original, tel que nous l' avons ~rouv~ dans un num~ro de AU

the Year Round, (­

se lit ainsi : "In an unselfish aspect 1 l am

sorry that the thing is dropped, because it would have been a

good thing for others in a worldly point of view." Remarquons

que H traduit convenablement (bien que par une adaptation) :

"J'en suis fâch~ pour elle; c'~tait une bonne fortune qui ne se

reprêse'ntera pas" (!!-138), ce qui nous convainc que !!

t~availlai t l partir de la revue hebdomada,ire, et non du livre.

Passons l' ~ponge sur les versions offertes par M et P -- pour

une fois, c'est l'~diteur qui est fautif, non les traducteurs.

46. l could have gained nothing by i t (178)

H ajoute une confirmation inutile ("tant s'en faut") "je n'y

gagnais rien, tant s'en faut" (!!.-138). M semble êtte encore

sous l'influence de l'erreur d'impression que nous avons

relew. 1 l'exemple pr'c'dent : "dans un cas comme dans

l'autre, j'y gaqne- (!!-1.2S). Si le texte anglais ne contenait

pas l'erreur pr~citée, 1a version offerte par M sërait absurde. ,

Mais dans les conditions que nous avons d~taill~es, nous ne

sauri~~. guare la lui reprocher.

47 i Th.ra i8 no harn a t all done (178) •

Pourrai t-on pr'tendre que M a une vue pl us optimiste que

.' 1 f !

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(

. ,

/ (

-81-

i Dickens? Quoi qu'il en soit, la perception de Stryver, telle

qu'e1tpriml\e dans ~, est plus positive que dans l'original :

"Tout est donc. pour le mieux!" (~-125). Et!i, qui offre : "Je

n'ai fait aucune dêmarche" (!!-138), ne rend pas du tout le sens

de l'anglais, mais se satisfait d'une phras~l de son invention.

48. On re flection (178)

. H se trompe quand il ~cri t "si j' y avais pens~ deux fois"

(!!-138), car l'hy.pothèse ne se trouve~as dans l'original.

constate que Stryver a eu le temps de réfléchir

donc de "r~flexion faite".

il s'agit

On

49. The tnincinS[ vanities and gidèUnesses of emptY-headed girls

( 178)

H rend mincing, qui, nous l' avons d~ja vu, signifie .. ~

affected delic4CY· (2!Q.), pêl'r "sottes", et giddinesses par "les

folies ridicule." (selon 2!Q., giddy signifie "excitable,

frivolous, flightX·) : "les sottes vanit~s, les folies

ridicules de ces jeunes filles dont le visage est agréable,

mais dont la tite est vide" (!!-138) • De plus,_ il ajoute "dont

le visAt]e est aqr~able· • Par contre, ~ ne tradu.i. t pas

mi.ncins . "ce qui se passe dans la tête sana cervelle de ces . jeunes filles êtourdies et vani teus •• " (!1-125). Et P se

m6prend sur le .ens de S[J.ddinesses, qu t il rend par "la folie Il

"1.& sotte vanit' et la folie de' ces jeunes 4cervel'es· (~-lll9).

Ne vaudrait-il pas mieux le rendre par "les folies"?

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(

.... ,., pz ; cu

-82-

50. l regret it on accoun\ of others

Dans ~, Stryver se gonfle excessivement: "je suis navr~ .

pour ceux qui n'ont pas su appr4!cier 1 'honneur que je leur

faisais" (~-126).

51. , me 'to sound * • • thank ou ow1ng me to you

M fait un contresens : "de votre intervention ..•. Merci

( 178)

(178)

encore de votre d~marche" (~-126). De fait, Stryver·a demandl'i

l'avis de Lorry -- selon ~, ta sound signifie "inquire esp.

in catitiaus 0]';1 reserved l'\8.nner into sentiments or inclination". ,

52. Quite stupid1y (178)

~ est incorrigible -- il est 6vièent qu'il ne peut s'empêcher

de farcir sa version d'ajouts (souvent des ~pithètes) inutiles

"L' oeil ~carquill6 et ,stupide et b~ant" (~-126). Le lecteur de

l'original ne reconnaît pl U'S dans M le s ty le de ni ckens •

53. Shouldering him tawards the door (178)

Dans !i, comme dans t!, l'image de "coups d'~pauIe" disparaît

"qui le mettait lla porte" (!!-138); "qui le rec9Rduisait a la

porte" (~-126). Mais Stryver "bouscule" Lorry jusqu'! la

porte, moralement autant que physiquement.

54. With an !ppearance of Showerin~ generosity, forbe.Eance, and 900&111, on ~Is errinq head

(178)

H traduJ.t par: "d'un air prote~eur" (H-13S)-, la.i.sant tomber - -ain.1 deux de. substantifs, et omettaJ'lt on his erring head. M

'QG e, "'"

,

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(

- ..

ne tradu~t pas non plus la locution adverbiale: "O'un air

débordant de générosité, de magnanimit~ et de bonne volonté"

(M-126) • Jli'

'i

-83-

55. Winking at his ceiling (178)

Selon ~, Stryver : "_rêvait, les yeux au plafond" (M-126).

Cependant, winkin9" c'est "cligner de l'oeil" -- et H et P ~

l'ont ainsi compris. De fait, l'avocat fait d~s oeillades a son plafond, comme s'il en faisait son confident secret.

Il est ressorti du dernier échantillon que ~ fait peu

d'erreurs de sens, que!!. et M en font en quantité -- mais que

celles que se pemet ~ sont en g~néral d'ordre plus sérieux.

Nous avons entrepris une lecture globale des trois

versions du roman 1 afin de compléter l' étutie des trOis

échantillons et de vérifier sur le plan général les

constatations que nous y avons faites sur un plan particulier.

Procêdons sans plus attendre, l l'examen de nos décou~rtes.

4* 1 ....

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1

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J

-84-

ERREURS DE SENS

LECTURE GLOBALE

Un type d'erreurs saute aux yeux: celui où le traducteur

offre une version dont le sens est le contraire de celui de

l'original. Nous en pr~sentons quelques·exemples :

Au ch api tre 5 de la troisième partie, Carton choisi t les

êléments importants d'une affaire juridique dont s' occupe son

"lion", pour enfin offrir! Stryver ce que l'auteur appelle ~

compact""epast, . (119). Là oil il n 'y avait auparavant que des

éléments d~ployês n' importe comment, le chacal en a fait une

synth~se logiqùt! et "compacte", c'est-à-dire cohérente. Ce

sens échappe aux trois traducteurs : !!. Cp. 82) ne le traduit

pas; M et ~ comprennent le contraire de l'original

repas n (~-77) ~ "un copieux repas" (~-l060).

"le dopieux

Au chapitre 2 de la première partie, le postillon de la .. diligence de Douvres entend un cheval arriver au g~lop. Pensant

sans doute qu'il peut s'agir d' un voleur de grand chemin, il •

ame rapidement son tromblon r et se tient on the offensive,

(40), (OED explique que offensive implique "attitude of

assailant, aggressive action"). o'ai,lleurs, le lecteur comprend

par la suite que le postillon est prêt l "tirer le prenier" --co

n'affirme-t-il pas ceci? : l'm a devil at a guick rnistake, and

when 1 malte one it takes the tom of Lead, (4l). Or, aucune

1

... 1 ,

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(

-85-

version française ne rend ce sens -- ~ (p. 6) ne traduit pas la

proposition; M et ~ offrent le même contresens : "sur la

d~fensive" (!:!-9: ~':'980).

Au chapitre 10 de la deuxiame partie, 'deux hommes -- on

apprend par la sui te que ce sont le pare et l'oncle de Darnay

obligent le docteur Manette 3 monter en vot ture, et 1 ~ e~nent

à une maison isolée, non loin de la BarriË!re du Nord. Ils

sonnent ~ la porte, mais elle ne s'ouvre pas tout de suite :

The door . . • was not opened immediatelx, (350). Cependan t, H

comprend le contraire : "La porte s' ouvri t au premier coup de

sonnette" (!!.-298).

Au chapitre 3 de la prami~re partie, Jerry Cruncher sien

retourne a Londres, apris avoir transmis son message 1 Lorry.

Il s'arrête sauvent aux auberges, pour y boire un verre. Ses

yeux ont un air sinistre, se trouvant sous ~n vieux tricorne et -. au-dessus du cache-nez : over a great muffler, (45). Mais~,

qui fait un contresens : "sous le grand cache-nez" (M-l3),

croi t-i l que Jerry s'est couvert les yeux?

Au chapi trè 8 de la deuxiime partie, "Monseigneur"_

retourne chez lui. Ayant qui ttê le village, son carrosse monte

au pas le versant, passant ! oet~ d'un humbl~ cimetiêre, ott

m«!me le Christ (en bois) .st d' une maigreur indicible (dread-

fully _pare and th!!). La statue du Sauveur est un symbole de

la profonde m.idre oG sodlreat les paysans depuis bien longtemps

dêjl, et oil il. s'avilissent toujours davantage. Toujours ,.

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(

(

-86-

est-il que 'cette misêre n'a pas encore atteint son comble : !

great distress that had long been growing worse, and was not !!

its worst, (147). Pourtant, ~ n'est pas d'accord ave~ l'auteur

la-dessus : "une misère prolongée qui avait atteint son comble"

(~-l088) •

Regardons maintenant des faux-sens câ'ract6ris6s que nous

avons retenus aprÊ!s avoir passé au crible les ~rois ,versions

~ françaises du Tale of Two Ci ties. Nous verrons Id' abord des

verbes, pour ensuite examiner certains faux-sens que les

traducteurs ont perpêtrés sur des adverbes, des substantifs, et

des adjectifs: (notons que, comme le verbe occupé' une position

capitale dans une phrase, un faux-sens sur un verbe entra!ne

nécess~irement un contr~sens'sur la phrase) :

. , Le verbe te corne to pass signifie "ta happen" (~). p

semble saisir plus ou moins bien ce sens torsqu'il trad.uit ~

it had corne ta saas, that Tellson's was ••• , (83), par:

·C'est ainsi que la Banque Tellson êtait ••• " (~-1023). Mais

H et ~ font des faux-sens sur come to paSB "On aval t donc

fini par admettre que la maison Tellsone était ••• " (~-45) ~

"La Banque Tellson passait'donc a~c raison pour 0 • 0" (!!-46) • . On dird.t que!!. et ! trad~~,ent plut6t come to pass for, ce qui

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.. ~ -_._--~. -_ .. ", .. ~~ ...... _._- -~ ...

(.

"

,"

' .. •

, , '. ,.~ signifie "to' be accepted as" ' (OED), • . . , " .

" Le verbe imper~onnelo6ehove signifie "to he incùmbent

\(re~ting 'upon pe~on ~s d~ty) to' (do something)" ~ED~). It

hehovedy him to, (172.1. In. a donc;: le sens de "il lui fallait,

-87-

. ,fallpt n• M'offre la traduction la moins inexacte (mais encore

rqauyaise) : "il ne lui restait plus. " • qu'à" (!i-120). H et

, P ctoient qu..'il est question d'une décïsion : "il se d~cida ... . • in (!!-,132); "il r~solut de" (P-lll3), mais c'est pure

invention de leur part •

.. Comme le pr~éise CED, to tell peut signifier "to produce

':1 marked effect"; ,et 'c\est le cas dans Every question told, '(119) r

k '

car éhaque ~uestion a "port@ justè". H s'y méconnaît: "Toutes '-

les questions que tu avais prévues dnt ét6 faites" (H-à2).

Stryver sai t que ,Lorry est ami intime des Manette \

voilà Je sens, de : Knowing Mr Lorry as the intimate friend 'of

the Manettes, (172). Mais H et ~ ne se rendent pas compte que

knowing porte ici le sens de "being aware of the fact ~hat Mr

=L;.;;o;.::r;.::ry:..4.-...;w.:..:a::.;s=-[_' .:....-..:.-..:... " ( "sachan t que '!), et non de "J:)eing acquain ted '

with Mr Lorry" ("connaissant"). H fait le contresens suivant ,,-

"il connaissait M. Lorry pour l'avoir rencontré chez les

• 11anette" (H-132), e~ !: commet celui-ci : "il connaissait M.

Lorry, l'ami intime des r'1anette" (P-lll3).

\ 1 • .. 1\ \, .

H se meprend sur le sens de Crouching down in a corner, , ~

(191) ,. qui serait '''tapi'' ou ." accroupi," -- il le rend ainsi

"couché, ~ plàt ventre" (H-149).

~ .

1 J

'1

1

...

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, l,

"

"

"

, . . ~

< ..., '- . ' ,-~ .... ...-.--..,--,-,-~< ... _~~---;-~ - -!...,,~ '....,- - ,-

1

" , -; -----,----,"--.--- - '-- -

\' ,

{ " ., . ;

- ~ "

, " '&

Jerry Cruncher salue ses. supérieur$ en' portant ,le, ,reve'r$. , '., \ '

de"la main au front '-- mais ~'ne saisit pas 'l'image., Il , . - -' \ - -

tradui:t Jerry had jt.ist enough forehead to knuckle, and' hè , .

kriuckled it, (108), par un fauX-sens "En fait de front, Jer,ry , '

ne ,possédait que tout juste ce_ qu'il en fallait pour pouvoIr le •. , .. l'

pli'sser, ,a~ssi' le p~issa-t-il" ?t!-67). La' I?"ême i~~ge rev:i;ent -

plus bas : Ml: Cruncher knuckled his forehead, (337)', et M s'y

,m:ép~end, en-core : "Cruncher s '~pongeait et se massait le front"

(M-263).

, Lorsque ,çarton entre dans la cellule' de Darnay, ce

dernier +ùi,'se'rre fortement la main: . ,The' prisoner wrung his

~, (379). p. le çornprend : "Le prisonnier l ui étr~igni t la - ,

main'" .(!:-1324), mais H et' M, qui. s 'y méprennent: "Le condamné - , - \' .... (J

\

" ~e tordit les mains" (H_-324); "Les mains du prisonn'ier se

, ," i "crispèrent" (~-30l), traduisent p'lut~t the prison~r wrung his,

hands •.

"

l neither want any thanks, nar merit any~ (115), est

rendu. dans M 'Dar un contresens sur meri t : "Je né désire aucun , _ .. ,;.

remerciement, comme je ne veux pas que.l'on vante mon mérite",'

(t!-7'3). La traduction est absurde, et très éloign~e d~ ,

, l 'original ~ qui signifie "je ne d(!!sire, ni ne m~rite, que l.'on

mè ~em~rcie" ~

'. , 0

.. ' ,

Jetons maintenant un regard s'Ur certains adverbès' ou r ~

locutions adverbiales qui fon t trébucher les traducteurs :

1 , -

11 ,........, •• ,. • .... J,l,p-!o;~,., .. IfoI.~r" ,.", .... !h~~--............. - ~

1.

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ii

, ,

..

. ~89-

./ P:traduit mono~~nously, (128), p~r : "dôul~eùsement~

, '

(P-1069}, alors qu'il s'agit êvidemment de "monotonie" et' non

de, "douleur". . ,',

, (( i a le sens La locution adverbia~e in.his ~oody way, (133),

dé "de son ton chagrin, morose·, mais: -~ le r~n_d par fI:

'. ,(l "

"d'une -.. ---- .-" -

voix indifférente" (H-96) ~

Cartqn, qui n'est jamais "nulle part", s'oppose à StJ;Yver,

qui, lui, a toujours été "quelque part" : you were alwàys

'somewhere, (120). Mais tr exag~re quan.d il rend sornewhere par

"partout" (~-84).

Dans l'original, voil~ Lucie in earnest tears, (làl)

ses pleurs tombent donc d€j~.

'''prête à pleurer" (M-128o)~.

Mais dans ~, elle est seuleJllent ,:' ,j

Parmi +es cinquante-deux prisonniers condamnés à mourir "

l~ même jour que le présumé, marquis, quelques-uns se lamentent

in restless motion, (383) -- mais ~ préfère une aùtre image", de

, son" propre cru : "prostrés, les yeux vides" (~-304).

DanS l'expression they aIl stopped at once, (307), at

once comporte le s~ns de Rat the sarne time" (~) -- les ~

danseurs. s'arrêtent donc "tous ensemble". Mais dans M; voilél

qu' i~ , "s'arrêtaient soudain" (!!.-2371. { ,

Voyons maintenant-:::-::::::ntifS co~tre le~qùels les tr,aducteurs

"

butent

"

: 1 l,

1

, 1 1 •

L,~·:~ j '1

, ! 1

, 1 __

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:(

l ,

, ,

! ,

~ .' , , ~

, .'

~ '. r

l '

.. -90- '

, ,

Dans la phrase . ,

l,don t t prefer any claim to being the

:soul of Romance~ (168), ~ pbI:t~ le sens de "pe-rsonifi,cation

"of" (OED) -- Stryver ne pr~tend donc ~ ê,tre "le plus

romanesque des hommes". Il ne 5 1 agi t pas'f comme le croit!:,

d' avoir 111' âme roma~esque" : "je 'n 1 ai pas la prétentip,n' d'avoir'"

l'âme romanesque" (P-HlO). - .

Diffident signifie 1Ilacking self-confidènce, excessively, --------.J

rnodest (O!:D). l\ucun traducteur ne capte le sens de di ffidence,'

(232) : "la défiance" (!!.-189); "la prudence" (!:1-l72); "la

, méfiance" ·(!:-'1175)'.

,L~épreuve de Darnay est d'autant plus difficile â

supporter.que Lucie Manette lui témoigne de "la compassion"

'Such pit y, (100). ?1ais ~ y voit: "la v~ritét/ (~-61).

Barsad feint "la commisération" quant à la mort de

Gaspard, et va m~rne jusqu 1 cà "soupirer" pour que les Defarge 1

croient que ses sentiments sont authentiques : a sigh. of great

compassion, (211). Mais dans H, i~ offre non pas "un souJ?ir"-, "

mais : "un triste sourire" (H-169). - '

~ ."

Barsad, a-t-il jamais reçu de "coups de pied", derna1de

StzYver -- mais dans ~, a kick, (97), devient': "un coup de .

poing" (~-59).

\ -----------

Reportons:-nous maintenant aux faux-sens commis par les

.traducteurs ·sur de.,s adjectifs • -

l 1 !

"1 , 1 i l.

1.::

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--~ -\

(

( y

.. , -91-

'" Le cabinet de Stryver contient a dingy rO'om, (118), soit, 1

, -une pièce qui est "dull-coloured, drab; grimy, di rty":looking "

" (OED), donc "défràîchie", ou à la limite "enfumée" (c'est ce

que choisit ~, p. 81). M et P se méprennent sur le sens de

dingy, où ils ne voient que "désordre" "une pièce en

dé~ordre" (M-76; ~-l059). ,. ,

Lorsque Jerry di t savoir que Cly n'a jamais 'été enterr6, , , ,

Lorry et Carton le regardent avec unspeakahle astonishm~nt, •

(333), soit avec "un indicible ébahissement" ou une surprise

qu'on ne pourrait e:cprirner. !1ais dans !l, "unspeakable astonish­

~ devient: "une surprise croissante" <!i:-283).

Fain signifie "disposed, inclined or wi11ing, eager"

(OED). Ainsi ~ Jer"rY, veut ôter son ,chapeau : He was fain •

ta take off his hat,- (45). Mais H et P ne comprennent,pas le

mot : "il avait ôté son chapeau" (!i-lO); "il fui fallut •.• -

6ter son chapeau" (~-985).

Examinons maintenant certaines expressions temporelles où \

une ou plusieurs versions~françaises-sent des traductions

inexactes de l'original. (encore une fois, nous ne nous

atta~d"ons sur des explications quant au contexte que lqrsqu'il ,

est essentiel pour la compréhension de l'exemple en question) :

~ explique que by-and-by, (220), (avec ou sans traits

d'union) signifie ~before long", ~ais ~ ne le comprend pas

ainsi, et·· tradui t _ par "Lentement" (M-l61).

" . , ___ .a.-_--"-~ ..... .L __ .

.... ,'. ~ ....... ':'"-,..~~~~_l .. r'rt':t\.W"'W'.'1 ,- d - ... r,' .. 1

- 1

1

1

1 . ~

1

i .1

1 .1

1 ,

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-Je

'",

,; >

c

-92-

D~n's la· phrase 50. far, we are not pursued, (386), so

far si:gnifiie "until now" (OED), mais seul M saisit ce seI:ls : -, j --

":Jusqu'à prêsent" (~-306). !: (p. 1331) laisse tomber' so far.

Et !!. ,f~it un c~~tfs~-~: "aus~i loin que je ~uisse voir"

(!!.-329) laissant tomber le sens temporel de so far, .il

exprime en français l'expression so far as l can see, qui a un

sens spatial.

M veut pr~cipiter le d~rouler.lent du roman, ,car il

traduit soon afterwards.,., (289), ("peu de temps apr~s") par

"A ce moment" (~-22l).

If."JJ

M (p. 75) ne traduit pas onçe, (117); U et !:proposent le'

même faux-sens: "souvent" (H-80~ P-1232).

Carton demande ~ Lucie de penser à lui de temps en temps,

'" quand elle aura des moments tranquilles à elle seulè : at sorne

quiet times, (183). Mais dans !, il en demande bien .plus -- il

veut qu'elle pense à lui: "toujours' et partout" (t!-130).

, '

. Before it had set in ,dark, (376), signifie "avant que la

nuit ne tombe", mais! préfère : "Bien' avant la fin de la nuit"

(~-298) •

H, qui traduit in the course of the forenoon, (4 8l, p,ar

"dans le courant de l'apr~s-midi" (H-13), ne 'saisit pas qu'il

,s'agit de la matin~e.

Seul!!. comprend le sens exact de noon coming," (294) , 1

r i l '

. t

}

1

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( . \.

'J

"

\f.

.'

(

'-93'-. ,

soit .. ,"~Udi étant arrivé" (H-2~6). Preste frop vague, carl

"vers midi" (~-12 37) peùt signifier "peu avant midi It aussi bien

que Itp~u après midi "',

. "Comme midi approchait"

Et M se met du mauvais côté de midi .'"\ '.'

(H-225) • - , , "

More I11onths, ta the numbe'r 'of twelve, (159), voi13 un an

-'!l'' mais H ne corrtpte pas ainsi : "Quelques rrtois" (A-121).' ~ ~ - ~

,

~lot many, wéeks, (304, 354), ("quelq'des semaines")

deviennent dans II : "pas tout à fait quatre 1110is" 0_1-257), puis,', )'

plus ,bas : Ittrois mois" (H-3Q2),' - 6> ,il

H compte les jours à la romaine (ou à la française),

quand il traduit three days ago, (313), par: "l'avant-veille"

" (M-243), alors que "l'avant-veille" traduit plutôt two days

ago, Quand, le lundi, l'Anglais parle du lundi suivant, il dit

in seven days, car il ne compte pas le jour même où il parle;

le Français, pa~ ~ontre, dirait ~dans huit jours".

!!. rend 1è pass~': the day before, (400), par le futur

"demain" (!!-342).

Vingt-six heures -- twenty-six hours, (354) deviennent

dans H Ittrente-six heures" (!:!.-304).

~

M traduit on Tuesday, (37), par: "le jeudi" {!i-6}. Et

II rend for the third time, (67), par : "une quatrième fois" .

(!!.- 32) •

) . '

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, , .

, ," , , "

(

"

~

• l " r '

\

\ il! ' 1 ,{t,

,1 ' :1 , ... 94-

1 .

. ~~. ,

Dans, les trois versions français'es du Tale of '!'wo Cities

se lisent sJ1ùvent des inexacti tudes quant aux chi ffres ou aux

e!Eressions de quantité. Nous en regarderons quelques-unes;

(faute de place, nous n'en commenterons pas le contexte) :;f<

Dans ~, five thousand demons, (307), se réduisent A

Mcinq cents ~é~ons" (M-237). Mais ailleurs, ! reprend sa

vie~lle habitude d'exagération -- A hundred like you, (204), 1 ~

'devient: "des millions de tes pareils" (n-147).

} ,

H ne semble pas se rendre compte que dans 1" expression :

~.;;;..._o;;..f~t.=.;h~e;......;;f;..;o;...'.;;.lr~m_e;;.;..;.n, (363), il est que~tion de "deux des ~e ' il off.re ceci : "les quatre hommes" (!!.-310). Et

a lIeurs, il se tro!'1pe de chiffre lorsqu'il tradui t three

strong men, ~2S7), par: "quatre horrunes 'vigoureux" (!:!.-240). " . !! se troJTlpe de Jacques -- dans sa version, Jacques Three, (197),

devient : "Jacques deux", (H-155).

, Carton ~st le preMier à remarquer que Luc,ie s' é.yanoui t

(lors du procès <le Darnay à Old Bailey) : Hè was the first te ,

see it, (107). !:s'y rnl'Sprend: "il est le seul à s'apercevoir

que ." (~-l048) -- mais, bien que Carton soit le premier ~

s'en apercevoir', plusieurs autres le reMarquent aussi.

Il arrive que les traducteurs eÎrlploient les procéd6s de '<}

"particularisation" et de ng~n~ralisation", (l)

Hais

(1) Cf. J. -1'. Vinay & J. Darbelnet, Stylistique cOMparée du français et de l'anglais (Paris: Didier, 1967), pp. 9, 12.

• j

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( -

(

-9'5-

-II

savent-ils comment s'y prendre sans porter atteinte au sens tel

qu'il est exprimé dans l'original? Il est des cas où l'emploi

du terme particulier ne change "pas, d'une façon malheureuse, le

sens général de l'original. Par contre, il est d'autres cas on

l'emploi du particulier (l! où l'original a- le gén~ral) peut

être abusi f -- regardons-en un seul exemple

Le scieur de bois est une "cr~ature des Defarge" under

the ,control of the Defarges, (373) -- mais !'?our !l,' seule l'1me

Defarge exerce sur lui une influence néfaste; il est: "sous, .

l'autorité de Mme Defarge" (H-318). Le rôle de M. Defarge

disparaît donc sous la plume de ~, ce qui nous parait ~busif.

Parfois, le généra} remplace le particulier (et c'est

toujours abusif) -- en voici un exemple :

Les "gens de condition" sont obligés de se d~guiser' en

r~volutionnaires afin de survivre à la Terreur, nous dit

l'auteur : Gentili ty hid i ts head in red nightcaps, (343).

Mais M croi t qu'il s'agit de tout le monde : fi chacun fi (M-26 8) •

Il se trompe" car le peuple ne porte pas le bonnet rouge afin

de "cacher la tête", mais parce qu'il le veut, alors que le cas

de la "bonne bourgeoisie" est tout autre.

La traduction d'un singulier par un pluriel est souvent ~'

abusive

My fellow citizen here, (387), devient dans, H "les

se • ft •••

j - 1 , . ,

j

1

f

J

t ' 1

j

1 1 I\: 1 1

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, . 1.

J.

. ' "

-9~-' ,

-c ~

, > •

j' ,. autres_~ ([-331) -- mais ils ne sont que de~x lé pos'tillon,t,

;

qui parle; et le cocher, qui conduit la vot ture _des f_ugi ti fs

vers la Manche.

L'inverse se fait asse~ souvent rep6,rer dans le~}trois textes français -: 'soit" la traduction d'un pluriel par un , , .

singulier. D'ailleurs, tous les traducteurs en sont coupabléS.

En voilA quelques exemples' , - 1

Dans H et P, those Crown witnesses, (119).,' deviennent .

"ce têmoin,.! charge" (H-a2: P-1060). Et, encore dans !!. et ~" ~ -

seule Lucie sera ra'vie du retour de- Darnay -- Your return will

,de1ight us aIL, (161), devient: "je suis sQr qu'elle sera fort

,contente de votre' retour" (~-123); "Elle sera enchant~e de

votre retour" (~-1103).

Voil~ qu'il est 'question de plUsieurs prisonniers the ,

"e!pression of the prisoners' faces, '(339) -- l'apostrophe suit

bien le ! (prisoners'), mais ~ n'y voit qu'un seul visage :

"l'irnaqe du prisj'nnier" (M-2'6 4). Ai lIeurs, !:! rend ~

diarnonds, (223), par: "un diamant" (~-l64).

, Parfois un traducteur insère un él~ment de doute dans sa

version lorsque l'original n'en comporte pas. M est, en cela,'

le plus coupable -- il ,traduit: Madame Defarge ... saw

nothing, (66) par: "Elle paraissait n'avoir rien vu" (~-3l);

et: : Nobady had known of it, (112), par : "tout le monde avait "

même paru, l'ignorer" (~-1l). P, ~ son tour, s'y trompe -- dans

\ ~,v ~""""' __ ./lWW~.Ltlo.-'_"""';<'._'-1-I' _____ "'_"""_""_~""":""""

, "

!

" 1 , !

1 .1

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, ,.

, ,

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" ';'

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, ' , __ '?~~""~~ ____ ~_"_~_< ____ "'I ........ __ ._ ....... ~I-..J~ - .......

-9,7';'

,,\$~ version,.,the aies, ••• were opened, (157L, devient: '''les

yeux •• - • sembl~rent s 'ouvrir~ (g,,-I099) •

,1 / ---'

) Nous reproduisons ici trois phrases ou propositions'

-ani:Jlai,ses qui mani festent les mêmes cara~t~ristiqu~s grammati­

cales, soit, un n~gatif suivi par but (qui ne comporte pas ici - , , le sens de' "mais"). M s ,'y trompe deux foi s, H urte fois, 'et P

- l'

ne commet pas d'erreurs là-d,essus.

Lorsque Darnay voyage ~ P~.rFs pour sauver Gabelle, il se J

rend compte que le moindre village et la moindre barriêre qu'il

'traverse constituent autant de portes de fer qui se ferment

derri~re lui pour l'empêcher de quitter la France -- Dickens

pr~cise : Not a mean village closed upon him, not a conmton

harrier drol?ped across the road behind him, but he knew i t te

',' he another iron, door in the series that was barred between him

. and England, (275). Mais H comprend de travers, et fai t un ,

~norme contresens -- car on refermait bien des portes derrière

'l,ui : ~non pas qu'on, eOt ferm~ sur sa route des portes ou des

barri~res; mais il n'en sentait pas moins un obstacle infran-

'chissable éntre lui et la Grande-Bretagne" (!.!.-229).

Aussit6t arrivée! l'h6tel de Douvres, Mlle Manette veut

\foir Lorry -- au~si ne reste-t-il plus êl c~lui-ci qu'a vider , .-~

son vetre: (he) had nothing left for it but to ernpty his glass,

(5]) ., ~ fait un contresens : '" (1:1) n' avai t aucune raison de

s'op'poser a cet;;te demande, mais il_vida son verre" (~-19) or,

\

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;

. .' :.. .... """ ....... ....,.-. .... -'>'W'-_ ..... -; ..... «_~. M~~7~..,-+--. __ -.....~ ...... ~~'_ ... ~---. .... __ .-..-....-..---'_"' .. ~~ __ .~ ...... ,_; __ 1

, "

'.1 (~ "

(-,j

, . . ',-

, -98-

, ',' comme nous l' 'avons indiqut1&, but n'a pas le sens de "mais" dans -

ces exemples.

, Stryver et Carton sont tOUjours\ ense~le au

" -,

-Dickens pr~cise : St ve,r never had a case in hand

but' Carton was there, (117). C'es1?-a- ire

Cartot; \Y fllt aussi ~ et H ,. 1

ne plaidait'nulle part sans que

et !:. -",p. 1058) le voie~t de cet oeil. Or, i,n hand, qui a ~C~'

le sen~" de "receiving attention" (~), n,' implique pas que \ " ~

Stryver porte toujours un dos~ier mais c'est ce que M

compris : "Jamais, nulle pa~t, on ne voyai't Stryver avec' un

dossier sous le bras, mais Carton;~ lui, éta~ t la, à toutes JI

s~ances" (~-75). De plus, il nous semble que la struc;:ture

"avec un dossier . . ft est maladroite, et calqu~e sur

l'anglais.

Dans chaque verSl.::~-:::J::on~ 'relevl! des erreurs au

niveau du sujet de la phrase, ou du découpage du récit -- 3 !

fois dans !:, 8 dans !!" et J.l dans t!. Sans explications (sauf (j

dans deux cas), nous en prêsentons deux exemples dans chaque'

v:ersion ,:

!!. traduit You will save them a11, (374), par : "nous les

sauverons" (!!.~318); et My pretty young mother (and l so old!),

(340) ,'par : "le charmant visage da ma rnË!re, qui serait

maintenant __ si vieill~ ~2 89) •

M rend l said so!. (387), par "C'est bien ce qu'on

Il

'~ '.

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. "

_ ~J .. _ -....-..-.. ____ • ___ ,

'C f -'

t,

- ... ' .,' ... • •

'" .~

-99-

m'avait dit:" (~-307); et _F_e_e_l_i_n~ ______ ~ __ .. __ ~ ____ __

QPpressive, (203), par: "la sentant terriblement proche et

redoutable" (~-147). Or,!.!:. se réfère à Vatmosph alors

" que "la" se réfêre ~ Mme Defarge. De pl us, close sens de

"stiflinq" (~.>', et non de "proche", tandis que ·_o.......:~~;..;;;.. __

signifie "hot and close" (~), et non "redoutable".

~ traduit She ••• watched its effect, (102),

en voyait l'effet" (P-1044); et il semble croire que

"on

deux

phrases suivantes sortent de la bouche du juge, alors ue seule

la première ~st prononc~e par ce dernier, l~ seconde ét

" 1

i 1

1

!

1 l

uestions and make no remark u on thern.' ~ ~~----~~------~--~------~--~----------~------------~~~~

question posée par l'avoca~ de l'accusation: 'Answer t

Manette, had you any conversation • •• (~lI~~O~ P': "Répondez aux questions que l'on. vous pose, - , '

taires. Avez-vous eu quelque conversation,. ~ .

Ce type d'erreurs retient n tre ·attention, puisqu'il est

três sérieux -- il sous-entend un lecture trop hâtive du texte, (

voire l'insouciance du le commet.

~,deux des traductions du Tale of '!'wo Ci ties, nous

a~o~vé des étourd~ries pour lesquelles nous tancerions un

t!lêve

H traduit A broken country, bold.1and open, (144)., par:

"une carnpagn~ froide et nue" (H-I06) -- non seulement il omet ~ -

broken, mais il a dû lire cold au lieu de ~.

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, - ~ ',,~~_, ______ '_"-~_""""""'i _. _.,-~----..::..-._---- ~"'l~~ -"-~.--

" ! 1 -1 1

< i,

:. '

! 1

; , -,

" '

1

'. i'

-lOO-

" fi: rend No man had taken fri~*a.t., tpem, (288), par : "pas:' " !-J~ .. ~ ..

; ,un client n'avait pris fui te' 'à leur ~ aspect" . (!!-24l) -- ,mais i,l ~,tl'

',s'agit, non 'de "taken flight", mais de "taken frigh~" (,"peri0"fir:e , ,

ne· s'en était effarouché, effrayé") ~ , .

, Comme traduction de The rider stooped,- (4l.), !! propose

"le mes~ager arrêta' s'a monture" , (!!-7) ,-- alors qu"J.l s'agit de

~encher" (stoop), non du verbe -to stoe-

Mais si H comme~ 3 fois des erreurs si graves, ~ est

beaucoup plus coupable, car il en conmet' 7 fois : t

"retrouver, là fraîcheur' de jadis" (tl-12BL

,comme traduction de Striving afresh, (181) :-- m~is afresh a le , .

, -sens de "anew",'et" la "fra!cheur de 'jadis" n'y entre pas. - '.

M rend A cool bold, smile, {243)", par : ,"nn sourire cali1le

et fro~~" (!!-22ll' _:.. il ne',~'agit pourtant ,pas 'dé cold, mais de

~ (,"confident" , tQED] ~ donc "plein d'assurance") •

M traduit His cold white head, (76), par . -"Les vieux

chéveux blancs" (~-4l) -- or, les cheveux sont "blancs" (il

S'agit d'une tê~e chenue), mais M a lu " . -,. ..r . ' ,~M~a __ ~o~u~r~h~e~a~r~t~b~e~.~~~l_i~h~t~~~~+, (182), devient,

,dans' M : "Puisse ce coeur • • • conserver ou'jours ,sa 1urnHire -• '. -!"' (~"'1,~9) -- t! confond l'adjectif ~~~t, ~ui signifie

"~€geri"' avec le substantif light, qui ~quiyaut à "la lumière"-~

Oans "~, The first~beams of the sun brouqht into strong

.' ,

,,' .

1 l,

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-101-

, relief, removed beauties of arçhitecture, (179), devient

"l'apparition des pre~iers rayons de ~oleil. Alors, il lui

semblait qu'un grand poids lui tombait de sa poitrine. Dans un . "

'~claboussement de lumière, les splendeurs architecturales. . . ~merge,aient des lointains ,noyés de brume" (~-l26) -- or, il ne

s!agit évid~mment pas d~elief dans sa première acception dans 1

o •

PED ("alleviation of or deliverance from ain, anxie

distress") , mais dans, sa deuxième : "distinctness of outline,

'vividness" i en fai1::, le~ premiers rayons du soleil "font

ressortir" les beautés architecturales que le nuit avait

cachêes. .'

, '

'" M rend Sorne waifs:!f goodness, (179), pap "de,s vagues

de bonté" CM-127) -, alors qu'il ne s 1 agi t pas de waves; mais,

de waifs ("something borne or driven hy the wind, 6wnerless ,

,object • brought hy unknown 'agencyrt, OED). .' , ,\,

-This wretched creature; (47)" devient è!,ans M : ~'cette ,

créature naufragée" (~-14) -- 1-1 a sans doute lu wrecked' ("naù": 1 \ l ,

___ frag~_"), au li\eU de wretched, L"malheUreux".' •

" ~es exe~Ples que nous vellons de voir sont-ils des cas , 1

d' in~ouciance~

possi~le.' Mails

- ,

Dans le cas de fright et de stooped, cles~

dans les autres exemples, nous percevons une ,-

désinvolture, ,voire une ignorance" (toutes deux des plus

- regrettables), chez' les traducteurs, en cause. Remarquons _par

ailleurs, que ce genre d,i erreurs gr,aves ni existe 'pas dans ~.,

--.-,--.. _----

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'-102-

, , , Il est un ~ype ~'~rréurs, auque~'nous avohs toùch~ lors

de notre "sondage"', qu~' est la véritable pl,erre de ,touche de

toute ~valuation de ll'oeuvre _traduite. Il 's ·'agit ~vl,démment

des faux-amis, 'monstres 'qui 1Ifsent tant à la qu~lit~ d'une

traduction que Maxime Koessler leur a consacré un livre d~

première importance. ,~;) ~

Robert Le 'Bidois écrivit ceci sur les faux-amis : "Ces

tepnes sont d'autant plus perfides qu 1 i-l~ .ont un aspe,ctJfarnilie~

'qui inspire confiance. ,Mais qtl:e d' erre~rs, de sottises ou de

faux sens ces anglicismes camouflés, ces passagers clandestins

ne nous ont-ils pas fait commettre :" (2)

Nous avons déjà relevé_ des Jaux-amis sur Agon,y '(dans ~);

Disgrace (dans !:); ~ (dans !!.); et Stranger (dans!!. et ~)'.

Voyons'les autres abominations du genre qui nous ont sauté aux

yeux lors de notre examen minutieux des trois textes français :

Selon ~, apàrtment signifie "a single room of a house", , " (

et le contexte nous le confirme: Miss Manette's apartrnent .•

• was a large, dark room, (51). ~ et ~, qui, à une majuscule

près fe offreflt la même version : ," l'appartement de Miss Manette"

(M-19); et "l'appartement de miss ,Manette" (~-992), n'ont

évidemment pas lu Koessler, qui écrit ceci au sujet~du mot

(1) Maxime' Koessler, Les Faux Amis des vocabulaires anglais et am~ricain (Paris : ,Vuibert, 1975).

(2) In Pierre Daviault, Langage et ~raduction (Ottawa imprimeur de la Reine, 1~71), p. 7 : Pr~face de Robert Le Bidois.

1

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: - ,1' ie sens couran t es t chambre, pièce

d'habLtation~.~ H, par contre, contourne le danger, en , -

écrivant : ,"chez miss -Manette" (!!-17). Est-ce, conscien,t de .la

,part de H? ,Nou~ ne saurions le dire.

Seule Lucie a le pouvoir de chasser de l'esp+it'du

,docteur Manette le soüvenir de son emprisonnement ~ The power

of, cbarming this black brooding from his mind, (11:<». Il,s''agit

'bien de "charme", mais dans le sens d'un enchantement, et non de

l'agrément. (Cette première acception de charm -~ et de '

"charme", -- ne renvoie-t-e1le pas au carmen étymologique?). DED

expliqUe que to charm signifie "to influence (as) by magic".

Or, M perd le sens d'ensorcellement pour souligner, â tort, . ..- .

, l'aspect agréable de Lucie, qui aurait: "le pouvoir, grâce à

son charme, de chasser les souvenirs noirs qui hantaient son

espri t ~ (!:!-69).

Dungeon signifie "strong subterranean cel1 for prisoners"

Koessler le traduit par "cachot, cul-de-basse-

fosse" • Dungeon n'équivaut donc pas à "donjon", qui est la

"tour principale qui dominait le château fort et formait le

dernie.r retranchement de la garnison" (Robert), et qui équi vau\: /

â l'anglais moderne keep, et à l'archafque donjon. M n'est ,)

pourtant pas conscient de cette différence, et rend An old

dungeon, (131), par : "un vieux donjon" (M-87).

Lorsqqe Stryver dit à Carton : You really ought to think

about a nurse, (171), il veut dire que ce dernier a besoin de

, .

I~ [

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que19u' un pour le' ~oigner, qu'il lui faut "un -garde-I'\a'lad~" ou

·"une infirmière". Mais M croit qulil'lui faut: "une nourrice" ,

(~-120). Pourtant, Carton n,la plus besoin qu'on l'allaite. ' , , ,

l'-

Qua~~,,'parnay se fait une illusion quant"il son pouvoir de ~ /,'

faire du bien en une France r~volutionnaire, à modifier la .-/

co~e furieuse de cette Révolution, il tombe sous l'influence

-du Sanguine mirage>o~ so rnany good minds" (2l2)., Selon CED, . t ' ""\

sanguine à lIe sens de "hopeful, confident, expectincr things to . ' go weIl". Darnay est donc plein d'eapoir et de confiance.

'\/ '

Mais ~ n 'y voit "que du sang '"le mirage sanglant" '(t!-206).-

Sur un total de neuf 'cas coupables, nous apercevons que

II et ~ pèchent chacUn deux 'fois. Par contre / ~ commet 7 fàux-,

amis, ce qui renforce l'impression très nette quant aux' •

faiblesses de M, que nous a fournie notre étude des e~reurs de

sens relevées dans les traductions françaises du Tale of Two \.

Cihies. , /

"

--~--~-----

Nous ne disposons plus que d'un espace restreint, aussi

'noQ,limiterons-nous aux exemples d'erreurs de sens que nous

avons déjà soulevées. ~outefois, bien que 'nous n'offrions pas

une liste exhaustive de tous lèS contresens et faux-sens qui "

figurent dans les trois versions" françaises du Tale of Two

Cities, notre travail repose sur une tell-è liste, que nous avons

, '

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, .

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.... ''lit·

dressée pour notre propre compte. A partir de cette liste, nous

avons établi un relevé st~tistique de tous les contresenS et

faux-s~ns caractérisés que nous avons découverts chez les

traducteurs. ~l en ressort que H fait 118 contresens et 50

faux-sens caractérisés, tandis que ~ en fait 151 et 93

respectivement, et ~, 43 et 38 .. Au total, ~ commet 168 erreurs

de premier ordre; M en corrirnet 244;

fois plus d'erreurs importantes que

et p, 8l.

!:, alors

H

que

fait

M en

don~eux

fait trois ,

- fois plus que P. -Il ressort donc d'une manière, palpabie, que M. fait souvent

~

'preuve. de déficience, pour ne pas dire d'ignorance: il commet 1 /

force e;rreurs, et' n' a'ffiche que trop fréquemment son mépris ,

'envers Dickens. ~, à son tour, annonce souvent une indifférence ,

marquée envers l'original -- mais en moyenne, ses erreurs de

sens sont nettement moins importantes, donc moins répréhen'-

sibles, que celles que l'on repère dans~. P commet des J ,

erreurs, nous devon~ en convenir, mais nous avons souvent '1

" ~ , " l'impression qu'il s'agit d'un lapsus, plut?t que d'une

,/.

ignorance de ,la langue anglaise. ToujoufS est-~l que sa version

est de loin la plus fidèle au niveau du contenu aussi bien que

de l'esprit de l'original.

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CHAPITRE III ,/!"

TRAITEMENT DES

"FAITS DE CIVILISATION"

"

PAR LES TRADUCTEURS FRANÇAIS

, ", . DU Tl.LE OF THO CITIES

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, , -~ , '

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CHAPITRE III

. ,

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Nous nous proposons de consacrer ce troisi~rne chapitre! ,

l'examen des faits de civilisation, c'est-à-dire, d'étudier

dans les trois versions françaises du Tale of Two Cities la

manière dont les ,traducteurs ont attaqué les' problèmes que

'~la présence dans l'original anglais de, termes

correspondant à des réalités britanniques souvent inconnues du

lecteur français, et parfois du traducteur. Car tout

traducteur d'une oeuvre litt~raire doit affronter le problème

de la traduction des termes se rapportant à des "faits de

civilisation". Il a le cho~x entre trois solutions:

Cl) traduire littéralement (ce qui l'obligera parfois à ajouter

une note explicative, soit dans son texte, soit en bas de

page) ; (2) proposer une équivalence l~ui facilite la

compréhension du lecteur mais risque 'de priver l'original d'une

partie de sa couleur et de sa saveur locales) ; (3) refuser le

déf~ et simplement omettre les termes les plus rebelles. Cette <

troisième option est évidemment la moins honorable: c'est le

refuge du traducteur incompétent, dont la connaissance de la

langue de départ est nettement insuffisante.

Nous examinerons la manière dont les'traducteurs ont

. traité :

Ca) personnages historiques et légendaires

(b) proverbes et m~taphores usuels

(c) chansons de nourrice et contes de fée

(d) hymne nat~onal

, 1

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(

(

_________ ,~ ... fi. idi1ll ....... ~ ____ • ___ , .... _ ..... ~. ~

)

. -107-

, (e) litt~ratures anglaise et europ~enne ~'

(f) expressions et allusions bibliques , (g) mythologie gr~ço-romaine et civilisations "exotiques"

(h) mesures de longueur, de superficie et de capacit~

(i) système monétaire anglais

(j) noms propres français

(k)

( 1)

(m)

noms propres anglais

termes,~idiques

toponymi~anglaise

(n) toponymie française

(0) le cockney et le parler populaire de Cruncher

(p) l'anglais "francisé" du roman

(a) Personnages historiques et l~gendaires

Bien que l'histoire de l'Angleterre soit ~troitement liée

, a celle de la France depuis Guillaume le Conq'u~rant, il est: peu

probable que le lecteur français reconnaisse dans the mer;r

/Stuart who sold it, (it se réfère à l'Angleterre), le ro~

d'Angleterre Charles II. Ni H ni M ne semblent savoir de

il s'agit: "l'un des Stuarts la vendit" (!!.-98) ~ "(le) joyeux

" Stuart" (!:!-90). Se,ul!:, qui propose : "( le) Joyeux Stuart qui

la vendit" (P-l076), ajoute une note explicatiye, sans laquelle - ~

le lecteur perdrait sûrement l'allusion: "Charles II, qui

vendit Dunkerque_et Mardick a Louis XIV" (~-1364). Mais la

note est bien embarrassante. Comment un roi d'Angleterre peut-' ~

il avoir vendu son pays en vendant au roi de Franc~ deux ports j

français?

; 1

, ~

l ' 1 1

1

1

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(

l'

(

/

:-108-

Mardick ayant ~t~ rasé apr~s le trait~ d'Utrecht; a disparu de

la carte et n'est connu que des historiens .

. A la suite de la rébellion du duc de Monmouth en 1685,

Judge Jeffreys, chancelier d'Angleterre (Lord Chancellor)

pr~side un tribunal (appelé B100dy Assizes) qui condamne ~ mort

pl~ de t~ois cents accusés. Il est évident que Dickens fait

allusion à ce juge (bien qu'il n'écrive pas correctement son

nom) : From the portrait of Jeffries downward, (118). II aide

la compr~h~nsion de son lecteur en ajoutant à sa version

,"depuis Jeffries jusqu'à nos jours" (!:!.-81) une longue note

"Membre du barreau d'Angleterre qui, sous le règne de Charles

II, fut élevé à la dignité de grand chancelier. Le juge

Jeffries, comme on l'appelle vulgairement, rendit sa mémoire

odieuse par les actes de cruauté qu'il conseilla au roi, lors

de la révolution de 1688. Il essaya d'échapper à la haine du

eup1e en quittant l'Angleterre; mais il fut ar~êté dans sa

f ite et conduit à la}Tour de Londres, où il Mourut en 1689".

Ma's la note est inexacte -- il s'agit, non de "la révolution

1688", mais de la rébellion de 1685. Toujours est-il que ~

bien compris de qui il s'agit, et les détails importent sans

oute peu au lecteur français moyen.

'~'''p, qui traduit ainsi : "depuis le portrait de Jeffries"

-1058), ajoute à son tour une note explicative, suivie d'un

point d'interrogation (serait-ce à cause de l'orthograph~ du

nom?) : "S'agit-il de Lord Jeffreys (mort en 1689), le -i>- - --

'Chancelier sanglant', célèbre par sa dissipation autant que

1 , J '

! 1

,"

: '

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pa'r sa cruaut~?·" (!.-~364) •

/ / '

-109-

Mais ~ n'ajoute rien "depuis le portrait de Jeffries" /

,'(M-16) 'let son lecteur est donc oblig~ de faire appel a un -,livre sur l'histoire de l'Angleterre ou à une encyclop~die pour

comprenAre une allusion qui est extrêmement obscute, car le

,juge est connu pour sa,cruaut~, non pour son ivrognerie -- et

~'est bien de boisson qu'il s'agit ici.

La question se pose ,de savoir s'il est du devoir"du

traducteur d'apporter ce type de précisions à son texte ou

s'il lui faut solliciter la curiosité du lecteur?

Lorsque Dickens fait allusion à the Captain, (38), il

pense aux d~trousseurs qui menaçaient les routes d'Angleterre

au XVIIIe siêcle. ~ et ~ le comprennent: "un chef de bande"

(!:!-8); et "(le) fameux '~apitaine'" (~-979). Mai,s H commet une

erreur bête lorsqu'il propose, par m~garde, peut-être, "un

Mandarin quelconque" (H-5). Or, il ne s'agit pas de mandarins,

hauts fonctionnaires de Chine, mais de voleurs de grand chemin.

~ pense-t-il à Mandrin? Louis Mandrin, fameux chef de

brigands, n~ en 1724, fut rou~ vif à Valence en i755. Ou

encore, à "malandrin"? Les malandrins ravagèrent la France au

XIVe si.Jcle.

Les convulsionnaires sont des jansénistes fanatiques

"pris de 'convulsions sur la tombe du diacre pâris au cimeti~re '

de Saint-M~dardn (Robert), aujourd'hui disparu. Dickens fait

allusion aux Convulsionists, (137) -- H (p. 100) et P (p. 1079)

\

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) ,

1

sàisissent liallusion, mais M ne la_comp~~E~_P~s, puisqu'il

. propose "(les) 90nvulsionnistes" (~-92)~

. "

(b) P~overbes et m~taphores usuel$

- ' . Parmi les probl~mes que doi vent r~soudre les traducteurs

: d'une oeuvre ritt~raire ~trangèr~ .,~! trouve celui de la ) 1

t'traduction des proverbes et des',' rn~t~phores usu~ls ~ Notons

qu'un traducteur doit ies identifi~r,' avant d'en chercher des

, ~qui va lences •

~, qui ne traduit pas Time and tide waited' for no man,

(143)" n 'y reconnaît sans doute pas le pr~verbe anglais Time and

tide wait for no man. H traduit litt~ralement : "le temps et

les flots n'attendent pas" (!!.-l06), alors que!:. ajoute ~ un' t

proverbe équivalent français ("la marée n'atten~ personne")

afin de retenir l'idée de time : "le temps et la marée

n'attendaient personne" (~-l084)'.

Le proverbe anglais what is sauce for the goose is sauce

for the gander signifie "ce 'qui est bon p~ur l~un l'est aussi

pour l'autre". Or, Jerry Cruncher en donne sa propre.version

For you cannat sarse the goose and net the gander, (336).

Sarse est une forme 'dialectale du verbe to sauce, comportant

ici le sens de "to reQuke smartly", que ~ (qui cite Littré)

compare- au verbe ,français "saucer quelqu'un" ("le gronder, le

r~primander fortement"). ~.(p. 262) ne traduit pas le proverbe.'

Pourtant, H et p'semblent l'avoir compris ,: "car vous êtes tr9P

,'*

1 j'

i· !

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(

, ------_ ....... -,..~ . .,.~~ . - -_ ........ _ .... ~~._----~-......,._~ ... _, , , , \ - , ~

-111-

.. ' -juste' pour ne pas blâmer le jars, quand'vous acpusez l'oie"

1

Cg-286)i wVous voudriez pas vous en ,prendre â l'oie sans blâmer

aussi l'jars" (P-1280).

Dickens fait alluàio~ au proverbe anglais there is a black

sheep in every flock (faisant en même temps un jeu de mots sur

sheep), lo~sque Barsad -- le "mouton" des prisons --,- devient: '

sous sa plume the black sheep, (344). Il s'agit, ,dit Brewer,

/

. ,\ .. d'un "mauvais sujet" -- or, ~ et ~ se bornent â traduire sheep,

dans son acoeption argotique: "l'espion" (!!.-293); wLe

mouchard" (M-269), alors que ~, fidèle à l'original,-tra?uit

par: "la bre~is galeuse" (~-1289).

llos tradlolcteurs, en g~néral".n "omettent pas les m~taphor~s

usuelles, mais seul ~ s'efforce presque toujours de les .. rendre

par une équivalence métaphorique.

Clearer than crystal'signifie "clair comme de l'eau de

roche, comme 17 jour". Déjà en 1611, lorsque la comparaison

apparatt dans la Bible anglaise, (1) ell~ est vieille de 300

,ans. ~ ne cherche pas' d'équivalence, mais sa version de It was1 ~ ,

clearer than crystal, (35); est littérale: "il était plus

clair que le cristal" (H-1-2), ce qui est un calque que la

langue française semble de plus en plus port~e à accepter., M

perd l'image, mais en retient le symbole: "il app~raissai~

. (1) Revelation 22.1\ (Kinï James Version) : And he showed me a pure river of water of Il e, clear as Crystal.

~ .. _ .......... _k ... _ .. __ ·

1 ,1

1 j

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" ' J

-, -'~-

'-; ---~----~. - : ----'-'------,..:..-~----~ ----... -,_._- _ .. -

" . -112-o ,

~~~ ,~~~. • <--- C') 1 - -~~,Ç.·~Vid~~t" '(~-5),'. Seul P traduit- par une m~tapho~e frariça~se

(~)

oÔ "il ~tait cl~ir comme eau de roche" (~-975) • .....

. - --"", " -

Selon son pêre, le ,jé'un'e Je.r.n'serait as thin as a lath, , , • ,1/, "","'0.

'(~90)': "sec comme un dbtret, .. 'un ~chà'i,as, un coup de trique, " J

un har~ng sàur"/.~ g~ .~mai9re comme un clou, un cent de clous",--,,) j,~:-...:: •. "./ •

voi13 six- versiori!f' possibles de Mais H et M , -

'J"

se contente~t de traductions c;omme une _ , C

1/ latte"'(!!.-148); "aussi maigre qu'un-morceau de bois" (!:!-l35),

\

1--. . ;

alors que' seul'P propose une des .. -"maigre comme un clo,u" (E,-1130).

, " -"françaises",

• 1

.II

• " Seul M retient de la çomp àrai,s~n Dead as

(185) , ainsi : "A:ussi mort qu'un gigot de

Impossible ne dire en français : "mort comme

car en français mouton est le, nom cre l "animal

aussi bien que celui de sa viande;. l'anglais~ sheep et

mutton, ce q~i évite toute ambiguité. H se contente de : "On

ne peut plus ~ort" (~-145), et P dé :. "Tout ce qu'il y a de ,

(~-ll27) '.

~ (c) ice et contes de f~e .

Comment une phrase qui fait allusion à une

chanson de nourrice ien connue des Britanniques, mais ignor~e

des Français? Comme ous l'avons précisé ci-dessus,. trois

choix se présentent au traducteur : traduction littérale ,(avec )

ou sans note explicative); inve~tion

- ,) -ou recherche d'une

r~ j .

1

1

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-113-

êqui v:alence; ou' simple omssion. Dans une phrase où Dicke-ns .

fa,it allusion à la chanson de nourrice intitulée This is the

farmer sowing his corn (1) : His hair could'not have been more

violent1y on end, if it had' been that moment dressed by the Cow

with the cr~led horn in the house that 'Jack built,' (333)., P

traduit littéralement et ~joute une note -- mais la note ne

s~ffit pas, et la traduction res~e maladroite et mystérieus~ au , .

lecteur français : "Ses cheveux étaient t~llement dressés sur

, '. sa tête qu'ils n'eussent pu l'être davantage s'ils l'avaient

~té par la Vache A la corne torse dans la maiéon qUé Jack' o , l '-! •

bâtit *" (*"CeGi vient d'une chanson de nour~ice") (~-12~7). M

cherche une éq~ivalence afin de transmattre le sens.de ,1<> l(

l'original: "Ses cheveux n'au~ien.t pas ~té plus violemment

dre~sés s ',il avait eu à ses trousses to~s les fauves d '-}IDe "

m~nagerien (~-259). Quant ~ H (p. fa3)" il omet la phrase

..

entière.' " Q •

" . '~es- ~llusions aux contes de·fée sont parmi les moins

, difficiles ,des obstacles, auxqùels-. doivent faire face les

traducteurs en matière de "faits de civilisation". car.

(1)

/?

This is the farmer sowing his corn, That 'ke~t the cock that crowed in the morn, That wa ed the priest all shaven and shorn, ~at married the man aIl tattered and torn, That kissed the maiden aIl for1orn, That-milked the cow with the crumpled horn, That tossed the do~, That worried the cati That killed the rat, That ate the malt 'hat far in the house that Jack built,

, <>

"

- -~-~-.-----......",." ~ ...

1.

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-beaucoup d'entre elles se rapportént à des contes universelle-

ment connus, dont une version française existe d~jà (ou dont

l'original est parfois français). Or, lorsque Dickens nous

raconte que Miss Pross devient, aux ye~x des ~omestiques au

service du Çiocteur Manette, Cinderella' s Godmother,

l'auteur se r~Hère à un conte de Perrault (donc, un

rédig~ originellement' en français). M et P conservent

version française : "la marraine de Cendrillon" (~-S6; !!. ... l071).

Mais, dans H, la bonn~ marraine garde l'anonymat, et devient

tout siI'lplement Il'une f~e" (H-93).

/

(d) 'Hymne national ')

Sur le point de se pr~cipiter dans le Paris de la Terreur

àfin d'y faire sès courses, r1iss Pross est prise d'un accès de

patriotisme: ayant affirmé qu'elle est sujette du roi

d'A~gleterre Georges III, elle récite la deuxième strophe du

chant national anglais: Confound their politics, Frustrate

their knavish tricks, On him our hopes we fix, Gad save the

K · , 1ng. , (319) • Seul P semble avoir saisi qu'il s'agit là d'un

hymne national, et il en propose une version qui respecte le

sens, sinon le rythme de l'original : "Que Dieu confonde leur

politique, qu'il déjoue leurs ruses de bandits! C'est sur

notre Roi que reposent tous nos. espoirs, Dieu prot~ge le Roi!"

(~-1263) •

La version proposée par H est nettement inférieure (et

comprend des ajouts) : "je demande au Seigneur, et j'en fais

• 1

'1

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1 \

~\

r .

-115-

profession, de confondre leur politique infernale, et de

déjouer leurs projets sataniques; je me repose avec confiance , '

sur le monarque puissant qui nous protège, et que Dieu sauve le

roi" (H-27l). Mais~, qui n'a pas vu ll allusion, $e méprend

sur le sens des deux premiers vers : "je me moque de leurs

questions d~ politique et de leurs ruses de' 'loyous; mon Roi me

protège, vive le Roi! Il (M-248). Or, Miss Pross ne se moque de

rien, mais elle compte sur son Roi, et sur Dieu, pour la

protéger èontre la politique et"les ruses des étrangers. Knave

signifie "unprincipled or dishonest man, rogue" (OED), et

"voyou" n'en est pas '~une équivalenc'e acceptable.

(e) Littératures anglaise et européenne

Dickens ne fait que peu d'allusions à la littérature

d'Europe; (nous évoquerons ci-dessous la seule référence à la

lit~érature française -- en l'occurrence, à Molière -- que nous

ayons relevée dans son roman).

Le livre d'Izaak Walton, The Compleat Angler, publié en

1653, est un traité de pêche à la ligne, sport que son auteur

appelle the qentle craft.' Or, lorsque Jerry Cruncher, suivi à

-son insu par son fils, se rend à un cimetière afin d 'y déterrer

un cadavre, le texte anglais déborde d'images se rapportant à

la pêche. Par euphémisme dickensien, les autres praticiens de

"l'honnête métier" deviennent des "pêcheurs". Le premier

d'entre eux, précise l'auteur, est another disciple of Izaak

1

1 ,:

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r '-116-

W'a1ton, (190). Les trois t"raducte~rs proposent une version

littérale: lIun autre disciple d'Isaac Walton" (H-149; ~-136;

~-~~3l) " et seul ~ ajoute une note explicative, qui se lit

ainsi:' "Isaac Walton (l593-1683) a écrit un manuel du parfait

pêc~eur à la ligne (The Complete Angler) qui est aussi un

chef-d'oeuvre li tt€raire" (~-136 5). Malgré deux imprécisions

-- l,'orthographe française "Isaac" au lieu de l'ang1a.fs Izaak,

et Complete 1 là où l'auteur a écrit Compleat -- cette note est

" utile". Nous doutons que 'le lecteur français moyen sache qui

1 •

€tait Walto~ ~ans une explication.

Queüques lignes plus loin, un troisième "pêcheur" se

'joint aux autres: c'est the second follower of the sentIe

craft,' (191). Ni.~ ni ~ ne reconnaissent t'allusion. ~, se

bQrnant à' : "l'un des précédents" (~-149) 1 est moins précis que

l'original, tandis que dans ~ le second "pêcheur" devient : n le -

premier individu" (~-136), ce qui est erroné, puisqu'il s'a,git

évidemment du "second If. Seul P garde le sens et la saveur de

l'original : "le second amateur de cet aimable sport" (P-1131).

Dickens fait allusion à la ballade allemande de Leonora,

(159), qui, nous précise George Woodcock, auteur des notes de

l' édi tion Penguin ~ serait l'oeuvre du poète Bürger. Aucun ~

traducteur nlajou~e de note explicative, et H laisse tomber

Leonora : n la ballade allemande" (!!.-121). Il est perl!lis de "

douter que le lecteur de !!, même dans les anné'es 1860, sache de

quelle ballade allemande il est question.

"

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1

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. (f) Edre'ssi'ons et allusions bibliques

Le public anglais en maj~rité protestant lit les deux , -

T~'staments, tandis que le public français en majorité

catholique a tendance à sè limiter à l'Evangile. Mais ceci

n'explique guère que M. ait laissé complètement tomber

'l'a.llusion -,- que nous .avons r~levée au débu\: du deuxi~me o

chapitre au verset de Saint Marc : Suffer the 1ïtt1e

.chi1dren \0 come ta Ple, and forbid then not : for of such is

. the kingdoITl of God; ni pourquoi H se méprend sur ,le sens du

verset; ni pourquoi P n'en traduit que la moitié~

Toujours est-il que certaines allusions ou citations

bibliques sont reconnues comme telles par tous les traducteurs.

Pa+mi celles-là figurent : dust; he was and to dust he must

return., (257) (Genesis 3.19) i The earth and the fuln~hereof

are mine, sai th MonSel.gneur, (135) (Psalm 24.1; l Corinthians,

1.0.26); accursed Judas, ,(104); a company of Samaritans, (300);

'I am ,the resurrection and the 1ife, saith the Lord: he that

be1ieveth in me, though he were dead, Jet shall he live; and

whosoevèr 1iveth and believeth in me, shal1 never die, (342)

ohn 11.25-6); the churches that are not my father's house but

of thieves, (399) (Matthew 21.13; ~ Il.17; Luke 19.46).

Sur les t,rois exemples q~i retiendront notre attention,"" ~

conserve deux fois l'allusion bib 1ique, et H et ~, par mégarde

ou par ignorance, une seulè fois.

Dickens fait allusion à un miracle rapport~ dans chacun

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-1l8:-

-des qûatreÉvangiles -- celui de la multiplication des p~ins :

the lords of the State preserves of loaves and fi"!>hes, (35)._

Mais seul H semble reconnartre la référence: "(il était plus " .

- clair que le cristal, pour) tous 1es grands de l'État, que le

'miracle de la multiplication des pains (se renouvelait tous les

jours)" (H-1-2). M propose ceci : "(les) grands dignitaires de

l'Etat" (~-5), perdant ainsi l'allusion; et ~ ne donne qu'une

trad~ction litt~rale qui perd aussi toute réflrence !

l'Ecriture: "les grands martres des viviers et des greniers

royaux" (P-975).

Au chapitre 7 de la seconde partie, des philosophes sans ,

foi construisent des tours de Babel avec des cartes, afin

d'escalader le ciel: Makin~ card-towers of 8abel ,to scale the

skies with, (136). ~ ne retient pas cette allusion au premier

livre de l'Ancien Testament '(Genesis Il.1-9); dans sa version,

les philosophes : "faisaient des châteaux de cartes pour

escalader le ciel'" (!!.-lOO). ~, tout en gardant l'allusion,

t:'alt un faux-sens sur to scale" -- qui a ici le sens de "c1imb"

(~) -- car il propose : "construisaient des tours de Babel

m,illiaturês pour mesurer le ciel" (M-92). Prend l' ~llusion,

. tout en perdant l'image de "cartes n : "élevaient des tours de

Babel pour escalader le ciel" (p-107a).

Dickens fai tune s-econde allusion à la Ge,nèse : ~

regularly as when tirne was YQung, and the evening and morning

were the first day, (02), mais seu1'P s'en aperçoit "aussi

? "

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(

" (

-119-,

régulièremen't qu'au, commencement du monde,' alors que le matin

et le soir étaient ceux du premier jour" (p-1245). H se

contente de : "comme autrefois" (~-254), et M de "conservait

sa régularité de jadis," (M-232).

,(g) Mythologie 9'r~co-romaine et civilisations "exotiques"

, (-Eparpillées dans le texte anglaf:$ sont des réf~rences à

la mythologie de l'Antiquité gréCO-roma~e et à des civili-

sations que nous qualifions d' "exotiques" .

Lorsque l'oncle ,de Darnay arrive au village, il est

précédé par le claquement des fouets qui se tordent au-dessus

de la tête des postillons tels des serpents/ comme si le marquis

était escorté by the Furies, {145}. ~ retient l'image: "les

furies vengeresses ft (!!.-lO 7), et P en fait de même "'( les)

Furies" (~-l086). Miüs M (p. 97) l'omet ... - . Deux pages plus loin, les moucherons ayant remplacé les

"Furies", ils entourent les postillons in lieu of the Furies,

(147). H (p. 109) et ~ (p. 99) omettent l'image. Seul P

(p. 1088) la retient.

Lorsque le marquis quitte le village, les "Furies"

reviennent, et voilà "monseigneur" again escorted by the Furies,

(148). !!. (PI" 110) et~, (p. 1089) gardent 1'allusion, mais M, <9 \,

Q \ C,- ,- qui la rejettf' fait aussi un faux·sens : n'toujours sui vi par" 1

l'essaim de moucherons" , (M-IOO), car l'image des furies

vengeresses se rapporte aux fouets des postillons, non aux

moucherons.

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1 , i ' , 1

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, ,

-120-

\' J

Plus lo~n, ,"La vengeance~, lieutenante de Mme Defarge,

pousse des cris et agite les bras au-dessus de la tête, like , , --all the fort y Furies at once, (252). Remarquons d'abord que

Dickens se trompe les Euménides ne sont en effet que trois

Alecto, Mégère et Tisiphone. Aussi P évi te-t-il de faire la

même erreur. en traduisant ainsi' : "comme si elle était à elle , j

seule quarante Furies" (!:-1195), ce 'Iui nous paraît u~e bonne

sol ution. Mais ~ se trowpe de chi ffre, et di vise par dix pour

commettre cette absurdité : "coJ11ITle les quatre Furies réunies Il

(M-189). Et nous ne saurions dire si H (p. 208) est conscient

de la difficulté, car il ne traduit pas la comparaison.

Parfois, tous les traducteurs reconnaissent 'une référence

mythologique le chapi tre 9 de la seconde partie s'intitule

_ The Çiorgon' s Head, (149). M traduit littéralement : "La Tête

de, la Gorgone" (~-lOl), tandis que !!. et P le rendent par le nom

propre d'une des gorgones : "La tête de Méduse" (g-lll; P-I090),

ce qui est plus naturel aux Français.

Lors de la réception de Monseigneur à Paris, les membres

d'une secte de convulsionnaires deviennent sous la plume Dde

Dickens these Dervishes, (137). !!. (p. 101) et ~ (p. 1079)

traduisent par : "ces derviches", mais ~ (p. 92) omet

l' allusion.

En ,traduisant Sardanapalus' s luxury, (264), ~ laisse

'e tomber toute référence à Sardanaple, roi assyrien légendaire

pour son luxe (et sa d~bauche) : If ses licences" (~-199), et

"

1

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,perd' Jainsi la saveur "exotiquè" de

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;5Ç J /~

l'original. ' -, / ..... .......,

-121 ..

! Au premier ~tage de la Banque Tellson ~Londres' se trouve

upe p~èce contenant une grande table, où aucun\epas n'a \

jamais

été servi et que l'auteur appelle a Barmecide roJm, (84) .. Ni H

(po 46) ni ~ (p. 47) ne traduisent Barmecide. Par contre, P le

~raduit et ajoute un~ note explicative : "une vraie salle à, o " 1

Imanger de Barmécide~ *" (*"Famille de califes iraniens d'une

prodigieuse richesse ft)_ (~-lO 2 4) 0 Encore faut;-i 1 renarquer que

sa note n'explique guère cette allusion aux Mille et Une Nuits,

oil il s'agit d'\lne famille princière de nagdad dont un mer.lbre,

à qui un mendiant demande à Manger, lui pr~sente une série

d'assiettes vides, tout en faisant semblant de lui offrir ùn

repas somptueux fiction, d'ailleurs, que le mendiant accepte

de bonne grâce 0

Quelques lignes pl us loin, l'auteur nous ra con te que les

pap~ers de famille que l'on garde dans cette chambre forte

n'échappent que depuis peu, au sinistre regard de the heads

expàsed on Temple Bar with an insensate brutality and" fet~itY 1

worthy of Abyssinia or Ashantee, (84) 0 !!., qui traduit ainsi la

dernière partie de la citation : "dignes des Abyssiniens ou des

Cafres" (!!.-46), échoue en g~ographie, puisque les Cafres

hab! tent l'Afrique du Sud, tandis que les Achantis sont un

peuple du Ghana. Toujours est-il que -- 'pour 'le lecteur "

français moyen, tout au moins -- l'erreur ne choque pas.

~ (p. 1024) rend bien le sens de l'original, et comprend

1 1

l

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, 1

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1 •

"

"'122-

que the heads exgosed on Temple Bar sont-les têtes.des décapités

que l'on exposait autrefois sur cette,\porte. Mais ll, qui ne

mentionne qu'une seule des races que Dickens qualifie de

cruelles et féroces : "dignes des Abyssins" (~-47), fait un

contresens c~iant sur the heads exposed on Temple Bar, quand il

é~rit' : "des individus qui déambulaient dans 'Temple Bar et dont

le faciè's respirait une br~talité et une férocité. " (~-47).

Non seulement t! ne saisi t pas l'image des têtes sans corps 1

mais il se trompe sur l'expressio~ Temple Bar, qu'il semble

prendre pour un quartier et non. pour une porte de la Cité de

. ·Londres . . ) ,

Ch) Mesures de longueur, de superficie et de capacité

Plusieurs mesures de distance figurent dans le roman.

f

L'unité de longueur league revient assez souvent (150, 350, par

exemple), et ne présente aucune difficulté aux traducteurs, qui

la rendent toujours pi'}"r "lieue". Encore faudrai t-i1 remarquer

que la league anglaise, bien que sa valeur ait souvent changé,

vaut approximativement 3 miles (4,8 km), alors ,que la lieue

française est de 4 km environ. Mais l'équivalence-nous parait

valable, puisquê le contexte du roman n'exige jamais une

exacti tude minutieuse des distances;

~ L'unité de lon~ueur la plus familière au lecteur de ce

roman est le ~ (qui équivaut iL 1,6 km). Or, Ch~ ,fois \

qu'il est question de mile(s) dans l'original, H et P traduisent

, l 1

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:

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-123-,

'(~ , "par la francisation "mille" (par opposition à l'ancien "miLle", -

>.

(

le mille passuum des ~omains, qui a pourtant donné naissa~ce au l,

mile anglais) . Ainsi, donc, three hundred miles', (110) ,

devient dans H et P : .. trois cents milles Il (!!.-73; P-lOSl) ; Par

contre, M transpose toujours -- et souvent il est moins exact

que l'original. "Trois cents milles" deviennent dans M "cinq

cents kilomètres" (~-69). Nous ne saurions lui reprocher le

fait que 500 km dépassent 300 milles (480 km) 1 puisque lè

contexte n'exige pas une exactitude rigoureuse des mesures.

Il en est de même pour sorne dozen miles or more, (103),

qui signifie "une douzaine de milles, une vingtaine de kilo­

'mètres, au moins", et que !1 rend par : "une ~lünzc:iine de ki10-

mèt:x;-es" (~-64). Ou encore, sorne two miles and a half, (90), ,

qui représente à peu près quatre kilomètres, mais, que H rend'

par : Il trois kilomètres Il (11-53)

Quant aux mesures de hauteur, H et P se bornent à

traduire littéralement, tandis que ~ hésite entre le système

métrique et celui de l' originall Le mfir du cimetière, nous

raconte Dickens, est sorne eight or ten feet high, (191). H et \

P traduisent littéralement : "ayant. . huit ou dix pieds

d'élévation" (!!.-149); "huit à dix pieds de haut" (!:-l132). M ,

propose une équivalence qu'il croit peut-être plus c9mpréhen-

sible à ses lecteurs, mais il ne sait pas ce que représente uri ,

, mètre en termes de pieds -- car sa version "bien trois, à

quatre mètres de haut" (M-136), traduit en fait sorne ten or

thirteen feet high. Mais il fau~ convenir que la hauteur du

'i 1

l,

, 1·' i

1 "

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, ' ,

(

. .' ~-~ _, __ ~._ .-.-. __ -r'" ..... ___ • ___ ~ __ ~ ... ~~

. . -124-,

, .

mur n'est pas d' un.~ importance primordiale pour le d~rou1ement

du rQJllan.

Mme Defarge ajoutera le lendemain â son registre, tricoté

une description du mouchard Barsad. Parmi les d€tails que lui-

fournit son mari figure la taille de l'espion : about fi ve ,feet

nine, (206). Tous les traducteurs pr,oposent ceci (à une

virgule près) : "cinq pieds, neuf pouces" (H-164; M-lSO;

!:-1148). H est donc inconséquent, puisque, pour une fois, il

ne convertit pas en mesures métriques. Toutefois" on peut SIe "

demander sile lecteur français comprend à quoi correspon~

,"cinq pieds, neuf pouces".

AutQur de la fontaine du chapitre 7 (seconde partie) se'

trouve a space sorne ten or twelve yards square,' (141). Il

s'agit d'une petite 'place de que1que dix 01;1 douze mètres de

côté. Bien que le yard et "le mètre" _ n'aient pas exactement la

même valeur (le yard est 0,914 m, selon Rol)ert),'l'équivalence

est suffisante. La version de H : "d'environ douze mètres de

large" (!!-l03), sans préciser la longueur de la "place" (qui

est égale ~ sa largeur), est assez exacte. Pourtant, !i" qui

lit pe1:lt-être trop rapidement et ne révise vraisemblablement '. :

pas, aurait-il lu twenty au lieu de twel ve? : "de dix à vingt

mètres de côté" (!i-95). P commet une erreur étonnante, car il

n'a pas compris" que .lards square et square yards ne sont pas

'sy~onymes. Nine square yards ("neuf mètres carrés") par

exemple 1 ~quivaut à three yards square ("trois mètres de long

'.

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-_._._-_.-._.~----'--

-125-

-L, et de large~}. La petite place est donc devenue lil~iputienne

dans !:, puisque "d'au moins cent, mètres carrês" y devient : "de

dix ou douze mètres carr~s" (~-l082),.

Pour ce qui est des mesures de capacitê, il arrive ~u

moins une fois que tous les traducteurs soient d'accord pour

rendre pint, (115), par: "bouteillelf (H-78; ~":73; P-1056), et',

le contexte le justifie, puisque Car~on, qui demande, une

deuxième: pint, ne se soucie guère du volume exact de la

,bouteille qu'il :va entamer. f

"

Les rebords du chapeau 'de Jerry pourraient' contenir

, ,f

beaucoup d'eau: about haIt a gallon, (42). M reste litt~ral :

"pr~sque un demi-gallon" (M-ll), et ne tente pas d'~quivalence.

!! c;>ffre urie équivalence valable : "environ deux litres" (H-8)', ~

ne manquant le but que d'un quart de litre. Et ~ propose une

version exacte : "au moins deux pintes" (~-983).

(i) Système monétaire anglais

Le système monétaire de l'Angleterre est toujours

difficile à traduire. Quand bien même le traducteur en , .

proposerai t une version littérale, le lecteur n'en saurait pas

mieux la valeur réelle d' un shilling ou d' une livre. D' ailleurs,.

si les mesures de longueur et de capa ci té ont une valeur

constante, les monnaies varient selon les époques -- le shilling

de l'époque de Dickens valait plus que celui de 1950 (année où

parait ~), et plus encore que les douze pennies (un shilling) de

1

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, 1.970: (ann~e de parution ,de P). C'est ,donc courir un grand

. risque ,que de donner des ~qui valences. /

Le terme qüinea semble présenter des difficultés aux

traducteurs, bien que le mot "quinée" existe en français :depuis

1669 (Robert). Aucun tr~ducteur ne otradui t uniformémerit

guinea(s) : their gUinlas, (336), ,est traduit dans H et P par r

-des guinées" (H-285; P-l~280) ,'" alors que dans t! nous .troûvons •

"'"des louis" (M-262). rAais ailJ,eurs, c'est le cOj'ltraire : his

J guineas, (264), devient dans!! : "ses louis" (!:!-2l9), et dans'

P : "ses louis d'or" (P-1207), tandis que ~ propose "ses

guinées" (!!-199) "" /'

Dans !!., half a quinea, (333-4), qu~ crunch~r répète tj~S

fois dans une page 1 subit une, dévaluation subi te : "une deml(

guinée . ,

,s • une demi-guinée ... cinq shillings" CH-283) \

, ~, half a guinea vaut d~x shillings et six pènce (ID/Gd), t /~"--~)

soi t, plus du double de "cinq :shillings" . '~ ~ M fait un~ trans- ~ --position, et évite ainsi toute allusion à l'argent. Et E traduit (trois fois) par: "une demi-guinée" ·<~-1277-8).

Quand il s'agit dt une somme précise, les traductr~,urs ne

s'en tirent pas ~ leur honne.ur : fo"rty shillin,gs and sixpence, 1,

(84), équivaut à quarante shillings et demi (4,O/6d), ou encore, t",

à deux livres et six pence ($.2Î\:-/G(l). Or~ jusqu'à la guerre de

1914, la livre sterling a~valu 25 francs, et le ~hilling l franc

. 25. Ainsi H, qui propose: "deux guinées" (!!.-46) "et ajoute une

note : "150 francs", s' y trompe -- non sèulement deux guin~es

,'"

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;.

-127-

--laqui valent à quarante-deux shillings (1:2/2/-), mais 150 francs

sont 6 livres (t6). La version de H est donc inexacte. t.

M, tr'àducteur belge, des années 1950 t offre : "quelques \

centaines de francs" (M-47). Notons que sa v~rsion, tout en

~tant vague, traduit sans doute la valeur approximative (en

francs belges) de deux guinées. à l'époque où M tradlàÎ t.

Pourtant, P, qui propose "deux livres et demie" (~-10i4),

se trompe, puisque sous sa plUme "deux livres et six pence"

devient' cinquan~e shiJ:-lings <12/10/-?U 50/-). Evide~ent, il

ne faut pas oublier le contexte -- en l'occurrence, ,l'usage

fréquent de la peine capitale dans l'Angleterre de 1780.

" Quiconque y volait de l'argent -- quel que fût le montant

était condamné à mort. Toujours est-il que l'inexactitude des

·,traducteurs à l'égard du systèm~ monétaire d'outre-Manche nous

para~t répréhensible~

P traduit sixpence, .37} , par "six,pence" (~-977) 1 gardant.

ainsi la saveur de l'original. Mais H et ~, qui font des .

équivalences: "douze sous" (H-3); "vingt sous" (!:!-6), essaient

sans doute de rapprocher le roman à leurs lecteurs. Après tout,

le lecteur français moyen, sait-il ce que représente "six

pence" ?

Tout Britannique reconnaît dans her sister of the shield (,

and trident, (36), une allusion au portrait de la Britannia

pseudo-mythologique qui se trouvait jusqu'en 1971 sur les

pièces de un penny anglais. Mais les traducteurs ont-ils vu

/'

~ _ ~ __ .. __ ~ __ u.-z~~1 rte., ... _ ... _,~~.~""".

..

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l,'allusion? !!., qui l'omet (p. 2), et ~, qui propose "sa

soeur de l'Armure et du Trident" (~-5), ne semblent pas l'avoir

comprise. Seul ~ paraît l'avoir saisie : "sa soeur portant éc;u

et trident" (!:-976), mais il est permis de douter que ses

lecteurs saisissent l'allusion.

(j) Noms propres français

Les noms propres français ne devraient pas présenter de

difficulté aux traducteurs. Ainsi on trouve dans les trois

versions ~ue les Manette, les Defarge, et Charles Darnay

conservent le nom qu'ils ont dans l'original, sans doute parce

que celui-ci ne choque pas l'oreille française. Par contr~, le

_nom de jeune fille de la mère de Darnay, que nous trouvons dans

la phrase: D'Aulnais is the name of his mother's family, (214),

n'est gardé que par H : "d'Aulnais" (!!-171). M préfère

"d 1 Aulnay" (!1-156), et P : "d' Aulnays Il (!:-ll55). Etant donné

que le nom "d'Aulnais" sonne bien français, pourquoi deux

traducteurs l'ont-ils modifié?

Le titre de noblesse que porte Darnay, avant d'y renoncer,

est sans doute un choix malheureux de_,{a\ part de Dickens -- son

Marguis St Evrémonde, (268), sonne faux. Le public français,.

connaissant bien, au contrair,e, la lignée des Saint-Évremond

(ou ~vremont), il semble assez normal que tous les traducteurs

aient francisé le nom. H préfère : "le marquis Saint-tvremont"

(H-222), (bien que, dans le titre du roman, il mentionne le

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-129-

l' C)" '. ' marquis de Saint-'évremont). M et P ajoutent la particule

. ~~Obiliaire, qui d'ailleurs est habituelle : "le Marquis de

St-Évremont" (~-202); "le Marquis de Saint-tvremond" (!:-1210).

'.

/

(.

P, qui termine le nom par un ~, veut-il ainsi limiter son ,

éloignement de l'original? Ou pense-t-il plutôt à Charles de

Saint-tvremond, l'écrivain philosophe, qui, exilé par Louis

XIV, termina ses .jours a Londres en 1703?

Un des personnages du roman 90rte un·nom très français, v 0

(en l'occurrence, un nom qui fait allusion à l'impôt exécré sur

"le sel) : Théophile Gabelle 1 (312). Mais l'un des traducteurs

change son prénom en "Louis" (H-265). Si l'erreur est voulue,

elle nous' semble déplacée. Si elle est involontaire, elle est

d'autant plus inopportune.

(k) Noms propres anglais

Il ressort de l'examen des trois versions françaises du

Tale of Two Cities que la traduction de,s noms propres anglais ,

ne cause guère ,d'ennuis aux traducteur,s. Toutefois, à la page

49 de la version H, nous lisons à deux reprises Jarry au lieu - .'

de Jerry, comme prénom de Cruncher. Cette erreur n'est pas

répêtée dans le reste du livre, et nous la mettons donc au

compte du prote.

Le prénom Jeremiah devient "Jérérniah" dans H (p. ~O);

"Jérémie" dans!: (p. 1125) i et dans M il s'écrit à l'angl:aise,

soit, sans accents "Jeremiah" (~-130).

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Seul ~, dans une note, attire l'attention de, son lecteur "

sur le fait que le' nom de famille Cruncher signifie "le

,croque ur , le broyeur"~" (~-1364). Mais aucun traducteur ne /i

re~arque que le nom Stryver fait penser au verbe to strive ("to

struggle, contend, endeavour ll, selon ~) et que l'auteur l'a

sans doute choisi 'exprès pour un arriviste typique.

Les noms de personnages anglais ne sont pas modifiés' dans

,les versions françaises -- sauf dans trois cas : a) sous la'

plume de tous les traducteurs, Solomon, (326), devient :

"Salomon" (!i-276; ~-253~ !:-1269); bl le postillon de la malle­

poste,de Douvres s'appelle Joe, (39), abrégé de Jpseph, mais H

"J "II r,. l'appelle: oe (!i-6); c) Sydney Carton devient d'un bout à

l'autre de !i : "Sydney Carto~e". On dirait que la traductrice

a tenté de faire prononcer le nom "~ l'angl~ise"

(1) Termes juridiques

a) Les termes désignant des institutions ou des person-

nages juridiques français ne pr,ésentent pas de difficulté aux

traducteurs. Dickens a en effet utilisé des termes qui sont

plus 'français qu'anglais -- par exemple, il écri t tribunal

(alors que l'usage courant eût exigé court) et president (au'

lieu de presiding,judge). C'est l~ un moyen du romancier.-Jde

"dépayser" son lecteur britannique. Quand ,Dickens a recours à

un terme juridique anglais, tel que Public Prosecuto'r (ex'. p,"

309 et p. 345) pour "désigner le magistrat, qui soutient

.~'

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-131-

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l'accusation devant la cour, les traducteurs ne se trompent pas

sur les fonctions de ce fonctionnaire. H et ~'proposent :

"l'accusateur public" (!i-262" 294; t!-239 , 270), tandis que P

offre : "l'Accusation publique" (P-1254), et fil' Accusateur

'public" (P-1290) Toutes ces équivalences sont acceptables.

b) Mais les termes juridiques britanniques sont, pour les

traducteurs, de véritables casse-tête. Le système anglais est

si d{ff~rent du systè~e français qu'il ne peut existir d'~qui-

valeFlces satisfaisantes. D'où la tradi tion qui s' es·t établie

~e traductions littérales. C'est ainsi que the Court of King's

Bench devient automatiquenent en français la Cour du Banc du

Roi -- institution mystérieuse mais que les Français pardonnent

aux pauvres Anglais excentriques qui, appal;'emment, ne voient

pas l' absurdi té d,' attribuer une Cour à un Banc et un Banc à un

Roi! Dans un tel exemple, le "dépaysement" du lecteur est ,

total'. "

Les traducteurs retrouvent une difficulté du même ordre " \

avec des termes tels que Lord Chief Justice, Attorney General,

Solicitor General, Counsel. Il-ne serait pas charitable de

critiquer de trop près leurs efforts pour concilier "dépayse-

ment" et compréhension. Aussi examinerons-nous d'un oeil J

indulgent quelques exemples de leurs équivalences. . \

1

Old Bailey,' nous conte Dickens, est célèbre pour les

maladies que les prisonniers apportent jusqu'au tribuna~, et

qui terrassent my Lord Chief Justice 'himself, (90). Or, H et'P

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(

(

-132-

il

comprennent qu'il s'agit du juge quj se tient au faite 'de la -

justice britannique, et ils proposent des versions acceptables

"(le) chef de la justice" (H-53); "(le) premier magistrat" ~ - (

(~-l03l). Mais!'i fait une généralisation : "les gens de loi

eux-mêmes" (~-52), affàib~insi l 'ori'ginal. M répète

l'erreur lorsqu'il rend the Lord 'Chief Jus,tice, (l17), par "

"(le) Tribunal" (!1-75) '. Et les titres proposés par !i et ~ ont

une saveur apocalY9tique déplacée: "(le) grand juge" (!:!.-79);

"le juge suprême" (!:-l057). Plus bas, lorsque Stryver envisage

.d'épouser L~cie -Manette, il considère sa cause gagnée d'avance

-- le voici, dans son imagination, Chief Justice: Stryver,

,C.J., (171). ~ (p. 132) ne traduit pas les initiales, tandis

que ~ s'y méprend "mattre Stryver" (~-120). Seul!: comprend

le sens du titre, qu'il rend une seconde"fois par: "premier

magistrat" (!:-1113), ce qui nous semble acceptable.

Dès que l'on examine les titres des officiers de justice

moins importants que le Chief Justice, on s'aperçoit que les

traducteurs se font prendre au piège. Au chef du barreau

anglais s'attache le titre Attorney-General (chief legal

officer - ~) -- l'équivalent en serait aujourd'hui le

procureur général, chef du Parquet français. En fait, ~ et P

rendent Mr Attorney-General, (93), par: "Mr. le P~ocureur

Général" (~-55); "le procureur général" (~-1034). Mais H ne

traduit pas le titre, ien qu'il écrive general à la française

"M. l'attorney " (!i-56). !:!., préfère-t-i 1 éviter le

risque d'une é peut s'avérer exacte, à cause

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-133-

, de la diff~rence entre les deux systèmes? Toujo~rs es~-il que

H ne risque pas d'équivalence non plus sur Mr Solici tor-Genera·l,

(97), qu'il rend par: "M. le sollicitor ~ic] général" (!!.:"60).

Par contre, M offre en équivalence : lIMr. l'Avocat Général"

(~-58), ce qui nous paraît discutable. Et~, q~i propose :

"l'avocat de la Couronne" (~-l038), semble vouloir expliquer à "

son lecteur le rôle du Solici tor General, "Crown law officer'

below Attorney-General" (OED) c'est, nous l'explique H~rrap,

le conseiller juridique de la Couronne.

~ se garde de commettre un faux-sens sur the Counsel for

and against, (102), car (p. 66) il ne le traduit pas. Par

contre, ~ (p. 63) et ~ (p. 1044) voient bien qu'il s'agit du

ministère public et de l'avocat de la défense.

Les gens de loi d'Angleterre emploient devant le tribunal

une formule désuète par laquelle ils appellent leurs confrères

my learned friend, (104). !:!. et ~ proposent : "mon savant

collègue" (H-6e; P-1046), ce qui rend bien le sens de la

désignation. Mais~, tout en traduisant littéralement, ajoute

abusivement à l'appellation: "mon très distingué confrère et

ami" (~-64-5). Or, mx learned friend n'est qu'une formùle de

politesse, requise par la tradition, mais qui ne signale pas,

de par elle-même, l'existence d'un rapport d'amitié entre les

gens de justice en cause. D'ailleurs, ~ le confirme,

lorsqu'il précise que la formule s'emploie "in conventionally

courteous mention of lawyer in lawcouL'ts etc.".

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(

":134-

Lorsque Dickens se réfère à the Judge in the black cap,

(90), il n'a guère besoin de rappeler à son lecteur brita~nique

qu'il ne s'agit pas de n'importe quel juge, mais de celui qui

met une ca~otte de soie noire avant de prononcer une

condamnation â mort. P traduit littéralement : "le juge en

bonnet noir" (!:-103l), mais !!, qui laisse tomber l'image de la

calotte: "le juge qui'présidait aux débats d'une affaire

criminelle" (~-53), ne s'aperçoit pas qu'il n'est pas question

d ' ' Il fÇ) , , 1 t d .. -' ~-'- -_11. e n ~rnporte que e a ~a1re, ma1S seu emen es proces c~~.

dl f .. Et M nous surprend par sa version : "le juge en toge

noire", (~-S2), ce qui ne tra0uit pas black cap, mais black

cape. Nous y voyons un autre exemple de l'incurie de ce

traducteur.

(m) Topon'ymiè anglaise

- Temple Bar, situé ent~e le Strand et Fleet Street, se

dressai t autrefois à la limi te de la Ci té 'de Londres, à l'en-

droi t 0\1 celle-ci touche à la Ci té de We'stminster. (Depuis

1880, le Temple Bar Memorial le remplace). Il s'agit, d'une des

portes de la City,'comme nous le précise Baedeker (1) : a gate­

way first mentioned in 1301 and rebuilt by Wren in 1670-72

The heads of criminals used to be exhibited (till 1772) on iron

spikes on the top of the ga,te. Ti tus Oates (1685) and Daniel

Defoe (1703) stood in the'pillory here. The gateway was ,taken

(l) Karl Baedeker, London and, its Environs (Leipzig 1930), p. 239.

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down in 1878. .

M ne se rend pa~" compte que Temple-Bar et the Temple se ,.

rapportent à des lieux différehts, car il traduit : He turned

into the Temple, (118), par : "I+ tourna dans Temple Bar" (!:!-75) 1

et : the quiet of the Temple, (270), par: "un coin tranquille

dans Temple Bar"" (M-204). Or,' the Temple ("le Temple"), situé J;' - -

( <

.du côté sud de Fleet Street (donc au sud-est de Temple" Bar)J

est un quartier clos, jadis propriété des Templiers, réservé

depuis' le XIVe siècle au~ étudiants en droit inscrits aux Inns

of Court, et à des études d'avoués-et d'avocats. Non seulement

~ rend Temple par "Temple Bar", ce qui est un faux-sens, mais ,

en écrivant "dans Temple Bar", il s'enfonce dans son erreur,

puisqu'il commet un non-sens -- car il est iMpossible d'être

"dans la barrière('~ Temple". M répète l'erreur quand il rend

1 on Temple Bar, (84), par : "dans Temple Bar" (!:!-47). Il est

évident que M ne s'aisi t pas qu'il s'agit d'une porte monumen­

tale où 1 '-on expose les têtes des criminels, et naturellement

il n'ajoute aucune note qui l'explique à son lecteur.

~ etUp, par contre, le font -- P (p. 983) met une note

(qui renvoie à une au~re) pour nous informer que Temple Bar

~t : "la barrière du Temple (aujourd'hui disparue) où l'on

suspendait les têtes des condamnés jusqu'au XVIIIe'sièc1e. Le

vent fit tomber les deux dernières en 1772" (P-l361). En

vérité, cette "barrière~ a été démolie en 1878, parce qu'elle

gênait la circulation: la note de P n'est donc pas strictement­

ex~cte, mais le détail n'est pas des plus importants --

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-136-

l'important, ,c'est que son lécteur sache qu'il s'agit d' urte \

"bar'rière", c'e~t-à-dire d'une porte ...

H ajoute une note su'r Temple Bar : "Porte bâtie sur les

limites de la Cité, de 1670 à 1672 ~ on y exposait autrefois ,

les têtes des criminels" (!!.-47). Bien que!:!. saisisse qu'il est

question d'une barrière, il ne traduit pas souvent les

références à Temple Bar (par exeMple, pp. ~fl, 45, 47, et 88 > , >

dans l'original; pp. 8, 10, 12, et 50~~âns ~). ~,par contre,

n'en omet qu'une (p. 42 dans l'origina'l; p.o,ll dans ~) i et l'

n'en omet pas.

Pr~s de TeMple Bar se trouve l'église de St-Dunstan-in­

the-West. La locution on Saint Dunstan's side of Temple Bar,

(172), signifie donc "à l'est de Temple Bar". P en donne une

versîon littérale : "de ce côté, de la barrière du Temple qui

touche à St-Dunstan" (~-11l3). H est beaucoup moins précis

"dans le voisinage de Temple-Bar" (!!-l32)., Mais ~, tout en ,

restant aussi imprécis que !!" récidive ~ car il propose :' "dans

Temple Bar" (~-12l).

Tellson's est la banque où travaille Lorry. Or, si la ,

description quten 'fait Dickens est particulièrement détaillée,

, ,

ne serait-ce pas parce qu'il décrit une maison qui existe à son

~poque, et qu'il connaît bien pour l'avoir souvent visitée?

Toujours est~il que Baedeker le croit, (1) et nous nous fions

volontiers au caractère approfondi de ses recherches

(1) Karl Baedeker, London and its Environs (Leipzig 1930), p. 239.

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-137-

Temple Bar, ort the S. side of Fleet St., stands Child's Bank,

which claims to be the oldest in London •.• Charles II, Prince

Rupert, Nell Gwyn, Pepys, Dryden, and William "and Hary were

early customers of this bank, which is the Tellson's Bank of

Dickens's 'Tale of TWo Cities'.

Comme ,nous l'avons déjà noté, ~ traduit Tellson par

"Tells6ne". Mais M et P ne changent pas le nom. Pourtant, il

est une fois où, dans l'original, Tellson devient Tilson, (270)

(dans l'adresse de la lettre de Gabelle à Darnay). Mais aucun

traducteur ne semble avoir remarqué ce changement.

A l'intérieur du quartier du Temple se trouvent King's

Bench-walk and Paper-Buildings, (118). H omet Paper-Buildings, ,

et donne: "la promenade de King's-Bench" (!!-80-l). l\illeurs

(!!.-198, 222), !! rend King's Bench par "(le) banc du roi" --

s'il avait proposé "la promenade du banc du roi", sa version

aurait eu plus de logique !

~ garde les dénominations anglaises, mais (par mégarde ?)

omet le s de Paper-Buildings : "King's Bench Walk et •.• Paper

Building" (~-75). Et P traduit le nom de la promenade mais non

celui de l'~difice contigu: "l'allée du Banc du Roi et ••

Paper-Buildings" (P-lOS8). Aucun traducteur ne nous informe

s~r ce qu'étaient ces mystérieux Paper Buildings. D'ailleurs,

il semble que Dickens a commis un anachronisme, puisque Paper

Buildings datent de 1848, (1) tandis que son roman se déroule

(1) Karl Baedeker, London and its Environs (Leipzig 1930), p. 246.

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Baedeker,

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-138-

plus de 50 ans ayant leur construction.

Au nord-ouest de TeMple Bar se situe la cour principale

criminelle de Londres et des comtés entourant la métropole. "

Elle s'appelle the Old Bailey, (89, 116). Nous rep~ochons à M:

d'avoir proposé : "le vieux Bailey" (!:!-Sl. 75), c'est-à-dire,

d'avoir traduit l'adjectif l'Anglais qui assiste à un '

vernissage au Grand Palais ne parle pas de Great ou de Big

Palace, mais garde l'adjeëtif français, tout en le prononçant

sans doute à sa manière. Les autres traducteurs gardent

l' adjecti f ajglaiS : "Old-Bailey" (~-51); M "le Tribunal d' CId

Bailey" (!:-~29); "Old Bailey" (!:-I057), bien que (p. 79) !!

propose : "la cour criminelle".

Dickens sig~ale souvent des lieux, à Londres e~ province, qui sont bien- connus des Britanniques, mais inconnus

du lecteur français. Dans ces cas, leur omission ne surprend

pas, car elle n'affecte en rien la compréhension. Ainsi nous

remarquons que H et ~ ne traduisent ni the Strand, (1~6; ~-146;

M-133) ni in "larwickshire and thereabouts, (222; H-179; ~-16 3) ;

que ni H ni P ne ~raduisent Turnham Green, (36; !!-3: ~-977): et

que seul H n~ traduit ni la rue ni les quartiers suivants :

Fleet Street, (83: ~-46); Blackheath, (38: ~-4); et Houndsditch,

(85; ~-48). Insistons sur le dernier exemple, car Jerry

Cruncher est né dans la paroisse de Houndsdi tch, "quartier des

juifs et des brocanteurs" (1) bâti sur l'ancien fossé de la

(1) Karl Baedeker, Londres et ses environs (Leipzig 1907), p. 89.

Baedek"er,

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l ,

,. , , ~

(

r ,

-139-

s~lon Ekwall, (1) l'on jetait autrefois .les chiens

morts. P (p. 1025) a recours à une' note pour expliquer que - Q

Cl est un "quartier est de Londres", mais ceci transmet-il au J'

lecteur français l'importance du lieu de naissance de Jerry?

Or,_c'est un détail essentiel, puisqu'il explique son langage

cockney, s'ur lequel nous reviendrons. Mn' offre aucun

commentaire, et ne réussit pas à écrire correctement le nom du

quartier -- il omet un ~, et aboutit à : "Hounsditch" (M-48).

Aucun traducteur, donc, ne signale â son lecteur l'importance

de Houndsditch -- et si l'auteur se borne à écrire the easterly

parish church of Houndsditch, (85), c'est parce que son lecteur

(britannique, du moins) reconnaîtra sans doute l'allusion.

H (p. 241) et P (p. 1231) gardent le nom anglais de la

rue Lombard-street, (288), mais M le traduit: "la rue des

Lombards" (~-2l9), trouvaille heureuse puisqu~, dans toutes les

grandes villes d'Europe, des Lombards se sont installés à la

fin du Moyen-Age pour y être changeurs et banquiers.

Par contre, il est un cas où c'est M (p. 48) qui garde le

terme anglais, et les autres qui le traduisent -- ainsi,

Hanginq-sword-alley, (85), devient dans H : "passage de l'Épée­

Suspendue" (~-48), et dans P : nruelle de l'~pée-Suspendue"

(~-l025) •

La ruelle dont nous venons de parler est située dans le

Whitefriars, (85) -- [ fait une erreur d'orth~graphe sur le

mot: "quartier de ~'lithe-Friars" ('!!.-48). M reproduit le terme

(1) Eilert Ekwall, ed., The Concise i6xford Dictionary of Enqlish Place-Names (Oxford : Clarendon Press, 1960).

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· . -- --- ~ ~ -~---_ .... - ~-..... -.. _---_.-.-~- -~·~------Ll---·----~J- -_.~-~~--_ ...... _--------_ .. ~~-~--- -

\ -140-

exacter.,ent "quartier de Whitefriars" (~-48). Et ~ explique

, dans une note (P-1364), que le nom du quartier: "Whitefriars" - ~ ", '" J, r~-1025) , '~signifie "Frères-Blancs" et "fait allusion aux

Carmes", qui s'y trouvèrent en fait entre 1241 et 15~8. (1)

A deux reprises, ~ propose une traduction alors que ses

confrères pr6fèrent garder l'anglais -~ ain$i, Cock-lane, (35),

-demeure dans H et M "Cock-Lane" (!!-2); "Cock Lane" (~-'5),

Mais devient dans P "la ruelle du Coq" (~-975), alors que

St"Giles's, (37), devient dans H et M : "(le) quartier Saint­

Giles" (!!-3); "Saint-Giles" (M-6) , tandis que P propose : "les

bas quartiers de Saint-Gilles" (P-977).

Nous relevons dans !! une erreur sur down Ludgate-hill,

(114), qui devient dans sa version: "jusqu'au bas de Lugdate

[Sie] " ,(!:!.-76) _ Il s';agit de la côte de Ludgate, et non de la

porte, qui fut détruite en 1760. Mettons-nous l'erreur au

compte du prote?

Nous croyons que M fait preuve d'incurie lorsqu'il rend

They hanged at Tyburn, in those days, (90), par: "En ces

temps, les pendaisons s'effectuaient à'Newgate" (~-52). De

telles er~eurs sont-elles excusables?

Le spectacle des procès à Old Bailey est très populaire,

nous raconte Dickens, comme l'est celui, qui se joue à Bedlam

eeaple then paid ta see the play at Old Bailey, just as the y

paid to see the play in Bedlarn, (91). H et p' saisissent que

(1) ~arl Baedeker, 1930, p., 241.

London and'its Environs (Leipzig , Baedeker,

.1

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(

'e- , ')

-141-

Bed1am est le Bethlehem Hospital de Londres, dont Baedeker (1)

nous dit : It was founded as a priory subordinate to the

Church of the Nativity at Bethlehem. . • • The f;rst mention of

the treatment oOf lunatics there, is'"in 1377. In the 17-18th ,

cent. ~he sight of the 1unatics in chains was one of the public

entertainments of London. H ajoute en note ~ "Hôpital des

aliénés" (H-53), '> alors que P incorpore son explication dans le

-te~te : "l'asile d'aliénés de Bedlam" (P-I031). Les deux

options nous semblent bonnes. ~,par ailleurs, n'a pas compris

le texte, puisqu'il écrit: "En ce temps-là .•• an payait son

entrée au Vieux Bailey, tout COJ;lUlle au théâtre de Bedlam" (r4-S3) "­

Encore un des "howlers", hélas 1 trop fréquents dans, ~ . . .

La traduction de certains lieux de province ne présente

aucune difficulté aux traducteurs -- c'est le cas, par exemple,

de' Devonshire, (179), et de Nales,',-,;'(222). Mais le collège du J

~.~ ,

comté de Shropshire, Public School fondé en 1552 par Édouard

VI" Shrewsbury School, (120), et dont Carton et St~ver (de

même que Judge Jeffreys, Charles Darwin et Samuel Butler) sont

des anciens ~lèves, est soumis à trois versions -- M garde

1 1angiais : "Shrewsbury School" (~-77), tandis que H propose

"l'école de Shrewsbury" (~-83). La version de H n'est pas

..J ' strictement exacte, car la ville de Shrewsbury, qui possède >

plusieurs €coles, n'a qu'un seul Public School ("collège"). P

tombe donc j,uste" quand il traduit par : ft (le) collège de

(1) Karl Baede~er, Lon~on and its Environs (Leipzig : Baedeker, 19 30), p,. 468.

,1 1

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'1

,1 ·c~")

, i

, L

i t ! ,

, __ -,G:.._~_" _____ ... __ _

-142-

Shrewsbury" (g,,-1060).

L'auberge de Douv~es où s'arrête Lorry est mentionn~e

cinq fois dans le roman. Elle apparaît deux 'fois co~e the -Royal George Hotel, (48,125); deux fois comme the Royal George,

(4~, 328); et une fois comme The George, (50). La première

appellation: est son nom en entier; le deuxième, un nom abr~géi

èt le ~ernier, un diminutif familier. Voyons ce qu'en ont fait

les traducteurs :

Aucun traducteur n'est conséquent dans sa traduction du . nom de l'auberge. H traduit the Royal George Hotel et the

Royal George par: "l'hôtel du Roi-George" (~-13); "l'hôtel du

Roi George" (!!.-88); et "1 'hôtel du Royal Georges" (!!-278), tout

en l'omettant une fois (H-14). Et il omet le nom lorsqu 1 il ",

l ' ,rend .The George pqk : "l'hôtel Il (H-16).

" (le)

\

M propose : ~,1e) Royal George Hôtel" (deux fois, ~-l6) i , \

Royal George Hotel" (~-255); mais il nous étonne lorsqu'il "

~crit, par erreur: "l'Hôtel st-George" (H-82). O~, Royal

George se réfère au roi Georges (George) d'Angleterre, et nort

au saint patron de ce pays Ensui te, il rend The 'George par

"Le George" (M-IB), 'ce qui nous paraît un anglicisme.

P propose : n l'hôtel du ,Roy.al George" (~-9 88, 1272);

"l'hôtel du Roi-George" (~-l066) i et "(le) Royal George" (g,,-989)

et rend The George par : "Le Royal George" (~-990).

Dans la vieille Angleterre, les chambres d'auberge , ,

portaient un nom. Ainsi, lorsque le he~d drawer de l'hBtel

, ,

~_-.L. .... _, _____ ..... __ ._ ... _ .. *_.a .. ___ ........ ' .... , ........... ftt .... ,""· _1 ..... I ......... U:t ..... _' ..... H 1_' _,.._ ..... _ ...... b _------~ ......

..

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l ,l, i

, , ,

j" 1 l'

c.

\ \

-143-

Royal George dit ": Show Conoord!, _(49), ,il 'signale au personnel

que Lorry occupera la chambre que l'on appelle "Concord". H

traduit sans note : "conduisez monsieur à la Concorde" (!:!.-14),

n'expliquant pas à son lecteur 4e quoi il s'agit. ~ incorpore

son explication dans le récit : "John! vous montrerez à

monsieur la chambre di te 1 de la Concorde' !" (~-l6) 1 mais dans

Dickens "le garçon n'est pas nommé, et, en plus, la phrase est

lTlaladroi te dans r1. P traduit ainsi : "Holà! Conduisez monsieur

à Concorde" (~-988), et ajoute cette note : "Selon une coutume 0

très ancienne 1 les chambres portaient un nOM. Chez Shakespeare,

I1ar exemple, on voit Henry IV, à qui il avait été prédit qu'i,l

mourrait en Terre sainte, mourir dans une chambre dite'

'Jérusalem' • Il (~-l36 3) •

Deux phrases plus loin, nous lisons : Pull off gentleman's ", , '

boots in Concord, (49)., Mais aucun traducteur ne traduit in

Concord, et !: fait un' contresens apparent : "Allez chercher les

bottes de monsieur" (~-9 88). En fai t, dans ce paragraphe de

quatre lignes et un mot, Dick.ens écri t cinq fois Concord si

H et P omettent le nom de la chambre deux fois sur cinq, et ~,

quatre fois, nous ne saurions leur repro.cher d' avoir -voul~

ê!viter une répétition qui peut sembler fastidieuse.

, (.Il) Toponymie française

i

Si les traducteurs négligent souvent des précisions topo­

graphiques se ra~portant à l'Angleterre, ils omettent ê!galement

certains détailsJqui ont trait à des lieux ou à des institutions

\

,-J

,

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'1

, 1 l ! t 1

, , .. .l. ......... ~ ............. ....,. __ \ ~ __ ~ ____ ••

(" , , ,

'-

" ,

"\

-144-

" si tu~s en France, mais pour des raisons tout ,à fait contr,aires

ces, lieux ne sont que trop familiers au lecteur français.

Ainsi, tout Français sait que le faubourg Saint-Antoine

se trouve à Paris -- mais Dickens le précise à deux reprises : - \

the ,suburb of Saint Antoine, in Paris, (60 , 124). La première

fois, ~ est le seul qui traduise in Paris, et, à la différence

de ses col/lègues, il rend suburb par "qua.rtier" (H et Pont

"faubourg", ce qui est plus exact, et plus près de l'anglais)

"(le) \quartier Saint-Antoine, à Paris" (~-27). Remarquons que

~ est publié;;:;' une maison d'édition belge -- croit-il peut-

être que ses lecteurs ne connaissent pas Paris, ou bien se

,." \ ve~t-il, pour une fois, fidèle à l.' original? La deuxième fois, ,

!: se joint à ~, pour ,traduire in Paris.

Dickens précise que~ Conciergerie es~ une prison de 'la

Révolution, (Darnay s'y trouve incarcéré) : the erison of the

Conciergerie, (327).' Cependant, tout bon Français étant déjà ~

, . au courant, nous lisons dans les trois versions : "la

Conéiergerie" (!:!.-277i M-254; ~-1270).

c-

Ni !:!. (p. 44) ni M (p. 44) ne semblent attacher d'impor­

t~nce au fait que Defarge soit allé chercher Manette à la , ,

Bastille, ni au fait que ladite prison inspirât autrefois tant

de terreur que l'on n'en prononçait jamais le nom -- les deux

versi~+ omettent : at the ••. " (81). 'Seul!:, donc, traduit

il propose :' Hà la __ " (P-102l) ~

1

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. ,

(

-145-

Seuls les traducteurs belges seMblent ignorer que lé

Palais National de la R~volution soi,t redevenu les Tuileries --

pourtant, Dickens le précise (and twice) : the National Palace,

once (and twice) the Tuileries, (322). Mais M le rend par :

"(le) Palais National, ci-d~vant Palais de Tuileries" (!:!-25l).

Il est donc des cas où le traducteur n'omet pas le nom

d'un lieu ou d'un édifice, mais où le lecteur de l'original ne

s 'y reconnaît pas'--lorsqu' il lit la version française. Ainsi,

lorsqu'il rend the Palace of the Tuileries, (138), par

"Versailles" (II-lOI), H, est-il victime d'une étourderie, ou - - ,

croit-il que Dickens se trompe de palais? Dickens se téfère à

la résidence de la famille royale: de fait, Louis XVI n'est

venu s'installer aux Tuileries que le 5 octobre 1789 -- donc, .4e..

quelques années après la période où déroule cette scène (au "

chapitre 7 de la seconde partie) •

Dickens fait allusion à the Island of Paris, \-'

1

(343).1. '.

Sans doute pense-t-il à l'île de la Cité, la partie la plus

ancienne de Paris, et où se trouvait la ville gauloise de

1 j

Lut~ce. ~ (p. 293) et ~ (p. 1288) le voient ainsi. Mais M

croit qu'il s'agit de l'autre île, proche ce cell~ de la Cité, 1

soit de' "l'île St-Louis" (!:!-269). Etant donné qu'il est

question, tout de suite après notre citation, de la cathédrale

Notre-Dame, il est évident que!:! se trompe.

Lorsque Dickens mentionne la cousine de la conda~ée qui

montepsur l'échafaud avant Carton, il précise :'she'lives in a

1

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(

-. ~-.. - ........ _ .. _ .... ---- .... ~". .... -... _-:-.. - ....... - ~.- ... ,_._--..... ----, - r

-146-

, ~ ~J

farmer' s house in the south country, (403), se rt§férant sans

doute au Midi de la France. C'est du moins ce que pensent M et

~, qui nous semblent avoir raison : "dans le Midi" (M-322;

P-1348), alors que ~ ~ndique une localisation que nous trouvons

inexacte: "(dans une ferme) de Touraine" (H-345).

10) Le 'cockney' et le parler populaire de Cruncher

Nous avons déjà signalé que Cruncher parle le cockney,

dialecte naturel â ceux de sa condition sociale nés â Londres.

Brewer (1) précise qu'un cockney est "one barn within the sound

London; one ossessin London eculiarities of

speech et'è.". Or, l'église St. Mary-le-Bow est située dans

Cheapside en plein centre de Londres, à un kilo~ètre à peine de

Houndsditch, lieu de naissance de Jerry. Cruncher est donc un

trl:le cockney.

Il faut dire quelques mots de ce dialecte, tel que le

4

parle Cruncher, car cette langue offre des difficultés spéciales

aux traducteurs. Il faut d'abord comprendre le langage de

Jerry, puis le transmuer en un dialecte équivalent, ou tout au

moins situé à l'intérieur d'un registre approprié, pour que le

lecteur prenne iconscience du fait que Jerry ne parle pas, par 1

exemple, le "b~m anglais" de 'Lorry. 1

'. 1

L t une des particularités du cockney est que le ~ y devient "-

un w. Ainsi, 1o?Sq-~~ Cruncher (87) prétend avoir été circum- .

=

(1) "E. Cobham Brewer, The "Dictîonary of Phrase and Fable (New York: Avenel Books, 1978), p. 270. (Réimpression de l'édition--- > de l894). ~

,.

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(

)

-147-

wented, c' es t sa façon de prononcer .circurnvented. H et M

comprennent le sens du mot : "circonvenu" (H-49); "contrecarrée"

(M-49), mais ils n'indiquent aucunement que l'original anglais

a é~ déformé. ~,par contre, non seulement saisit le sens,

mais aboutit à un "cirquinvenu" (~-1027), création où se trouve

transposée heureusement l'altération dialectale.

Lorsque Jerry demande à e que c~lui-ci essaie

de lui raconter, il s'exclane ",an t to conwe to

your own father • • • ?, (184). évidemment, ùu

verbe convey; mais seul !: en propose la traduction : "inchinuer"

(P-1126) , que nous trouvons réussie.

Il est un cas où Jerry ne se contente pas de prononcer un

mot de travers, mais il lui-ajoute une syllabe. Il s'agit du

mot Aggerawayter, (86, 87) , qu'il lance à la tête de sa femme,

à t~ois reprises. or, Jerry veut dire Aggravator, et II le

comprend, car il le rend une fois par: "maudite créature"

(H-SO), tout en l'omettant deux fois (pp. 48 et 49). P aussi

saisit le sens, car il traduit par: "endiableuse" (~-1a..2i,· 1027, 1028). Mais il est évident qu'Aggerawayter reste un

mystère pour ~, qui le prend pour un nom de personne et le

reproduit tel quel: "Aggeraway,ter" (M-49, 50). C'est une ~s

plus remarquables.absurdités de sa ~ersion.

D'autres mots en w sont éparpillés dans la conversation - ,

de Jerry -- wittles, (88, 190) (victuals); ~I (90); wenturs,

(188) (ventures); wital, (193); dewelop, (194); conwenient,

(393)'; i11-conwenient, (333); awaricious 1 (336); Erewaricate,

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, ' ~ - ~ .... __ "' .... ~ ~ ... __ ..-.. _____ Il

( ,

(, ,

(337) ; ~, (392) (~)

laissent pas prendre.

mais les traducteurs ne s'y

Le cockney par ~illeurs ne prononce pas le ~ (dit

",aspiré", mais en réalité "soufflé"), que tout Anglais bien

élevé tient à 'faire sentj.r, mais, par contre, il lui arrive

d' aj outer un !!. là où il n 'yen a pas i témoin le morehover,

-148-

p. 393 du texte anglais. Dans le même ordre d'idées, il arrive

à Jerry de 'prononcer un ~ qui devrait rester rnueti par exemple,

il dit de lui-même qu'il est a honest tradesrnan, (188). Aucun

traducteur ne se soucie de reproduire ces particulari tés du

cockney 'de Jerry ~

Le lecteur britannique du roman ne perd jamais de vue

l'appartenance de Jerry à une clas~e particulière, car celui-ci,

en pl us d'employer des dialectalisrnes, utilisé' des termes qui

n'appartiennent pas seulement au cockney, mais qui sont des

vulgarismes commis par les gens de sa classe, aussi bien en

dehors de Londres que dans la capitale. L'une des particulari--

tés du parler populaire anglais est que ses usagers, qui à

l'époque de Dickens sont presque tous des analphabètes, se

trompent parfois sur un mot. Ainsi, lorsque Jerry s'exclame

l '11 out and announce hirn, (334), il commet ce que les Anglais

appellent un malapropism SUi; le verbe to denounce. ( 9.!!?

précise que malapropism signifie: "ludicrous rnisuse of word,

esp. in mistake for one resernbling i t. " Dans la pièce de .

sneridan, The RivaIs, ~s Malaprop parle de allegories on the

Aucun traducteur ne tente de faire une

J,

r 1

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(

(- t

) ,

,/

-149-

~quivalence en français, du genre : "je m'en vais l'annoncer".

!! (p. 283) omet la phrase, tandis que !:! et P empl.oient tous

deux le verbe "dénoncer ll (M-260 j P-l277).

Lorsque Jerry commet une erreur grammaticale caractéri-

stique des gens du peuple : Even if i t was so, (336), !! (p.

286) et ~ (p. 262) donnent des traductions conformes à la

grammaire française -- ils " améliorent" donc le texte. Mais P

propose une équivalence qui nous paratt bonne "toujours en

admettant qu 1 ça soye le cas" (!:-12 80) •

Al' instar des autres de sa condi tion, Cruncher glisse

dans sa conversation des jurons', te1s que Bust me, blazing,

blowed, et blest, termes qui, commençant tous par un ~ (ce qui

ajoute à leur force exclamative), ont plus ou moins le même sens

-- Partridge (1) précise que bust me est lia mild oath"; que

blazing fait allusion aux flammes de l'enfer (cf. What the

blazes! 1 ce qui équivaut à "que diable'''); que blowed signifie •

"darnnedllj et que blest, employé par euphémisme, comporte aussi

le sens de "damned, cursed".

Chaque traducteur propose une exclamation différente pour

traduire Bust ,me, (45) r

: "Corps de mon âme! n (H-lO); "Que le -,

diable m'emporte" (!:2-l3): nMa'parole ll (~-985) -- et toutes nous

semblent satisfaisantes. Par contre, seul M garde l'allusion

infernale dans la phrase suivante : That's a Blazing strange

message, (44), qu'il 'traduit par: "Voilà pour sûr un message

't

(1) Eric Partridge, ed. r A Dictionary of Slang and Unconven­tional English (New York: Macmillan, 1970).

1 1

1

1

1.

1

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( diantrement bizarrè" (M-ll). Mais, H et P, qui perdent,

l'allusion, proposent des versions qui se situent sUr un

registre linguistique 'diff€rent -- on dirait même, plus

raffiné : "Quelle singulière réponse" (!!.-9); "un drôle de

message" (~-983).

Aucun traducteur ne traduit blowed dans la phrase

-150~

- suivante : Nhat with piety and one blowed thing and another,

(87;. II-49; ~-49; ~-l027). Hais tous les traducteurs c?mprennent

que blest a le sens de "pendu" (~-54; ~-l032) ou de "damné"

(~-54) dans la phrase : Blest if l know, (92). Pourtant, quand

f.1iss Pross est frappée de surdi té et que Cruncher s'exclame

Blest if she ain't in a queer condition:, (398), deux des

-- -traducteurs traduisent littéralement :-"Dieu me bénisse" (H-341i i -

!:-1344), alors que seul M conserve l'idée de damnation : "Que le

diable m'empoz::te!" (~-318).

Pest donc'le seul traducteur à introduire- pa~fois dans

son texte des erreurs gra~aticales analogues à celles que fait

Jerry dans l'original, mais, le .plus souvent, il sien dispense.

Le parler de Cruncher est _ certes plus raffiné dans les trois

versions françaises q~'il ne l'est dans l'original. Enfin, M , met dans la' bouche de Jerry Cruncher des jurons purement

gratuits -- par exemple, "bon sang!" (!::!-50); "Bon sang d'bon

sang" (~-6B); et '"Nom d'un chien" (~-3l8). Face au problème de

la traduction du cockney et de la langue populaire, il faut

reconnaître qu'aucun traducteur n'a rêagi de façon brillante,

et c'est M qui s'en est le plus mal ,tiré.

i

1

1

l'

1

1

1

1

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(

-

(

-151-

(p) L'anglais "francisé" du roman

Un Anglophone ne peut s'empêcher d'être frappé par le

fait que les personnages français du roman -- à l'exception des

Manette et Darnay -- parlent un anglais "français". Dickens

a-t-il introduit ces tournures pour rappeler cons'tarnment aux

lecteurs de l'original que la plupart des acteurs du drame sont

des étrangers? Ou bien, lui qui parlait très couramment le ,.

français a-t-il pensé certains épisodes en cette langue, quitte

à les traduire ensuite? Nous ne saurions le dire. Toujours

est-il que la conversation des Francophones du Tale of Two

Cities est parsemée d'erreurs d~anglais -- ou de simples

maladresses apparentes qui se révèlent, après examen, des

'traductions littérales de phrases et d'interjections françaises,

aussi bien que du style du français. Nous présentons ci-dessous

une liste partielle des exemples oue nous avons relevés -- et

nous mettons entre parenthèses la version française à laquelle

Dickens semble avoir pensé : {' ,

What the devil do' you do in that galley there? (64) (HQue diable faites-vous dans cette gaV~re?" allusion certaine aux Fourberies de Scapin de Moli~re ~I, vi~ "Que diable allait-il faire dans cette galère?" -- c'est la seule réf~rence à la' littératu+e française que nous ayons trouvée dans le roman.)

Sa then ,Gas ard, what do' ou do' there? (63) D1S donc, mon Gaspard, qu est-pe que tu fais là?")

Say then, my friend (tlnis donc, mon ami")

(206)

sa1 then, my husband "ols donc, mon mari")

(251)

- "

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"

(

.- - -.. ~ ---... --------------~ _._~-~_ .. _---_ ... ~ .. _--------,...~

See here then ("voici donc")

Rere you see me! (liMe voicilvoilà")

You see me, citizen :J (liMe voilâ, citoyen")

Behold your papers ("Voiut vos documents")

Monsieur the Officer ("Mons'ieur l 'Officier lt )

Monsieur the Marquis

...

. ("Monsieur le ~1arquislt -- l'équivalent anglais du ti tre es t l1arquess)

Messieurs

, Corne, then, my chi ldren ("Venez donc, mes enfants")

. ..

My faith ("Ma foi!lt)

Eh my faith ("Eh, ma foi!")

Good repose! ("Don repos, reposez-vous bien")

A 100d j curney ! "Bon voyage!")

Just Heaven! ("Juste ciel! ")

May the Devi1 carry away these idiots! (tiQue le diable emporte ces imbêciles!")

Wi thout doubt (" sans doute")

Eh weIl! ("Eh bien:")

How? -r'"Comment?" )

IIow then? ("Comment donc?")

Hold! ("Tiens! Tenez!")

! How goes it, Jacgues? ("Comment ça va, Jacques?")

How qoes the Republic? ('Comment va la R~publique?")

(197,

(208,

-152-

(80)

(244)

(30S)

(385)

(80)

(141)

( 197)

( 383)

211" 369)

(206)

(156)

,(386)

( 280)

(146)

(151, 280)

244, 256)

( 368)

( 208)

( 208)

( 258)

,( 341) , 1

1 1

1 1 1 1

1

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(

~ -_ ..... _------~ - - ~-~~- ~-----_.-------~----_._---~~- --- -;---- -----_ ..... -----

See you, madame ("Voyez-vous, madame" -- l'expression n'Ous rappelle l'anglais des Gallois, qui disent souvent Look you!)

-153-

\

( 369)

Nhat did you look at, so fixedly? (145) ("Qu i avez-vous regardé si fixement?")

He erèci~itated himself over the hill-side ( Il s est pr€cipit~ de l'autre c6té du coteau")

l charge ~self with him - ("Je m 1 occupe/me charge de lui")

Rise and dress yourself ("Debout et habille-toi!")

Figure this to yourself, citizen 1

("Figure-toi ça, citoyen!")

The late KinS' Louis Fifteen [sic1 o (H feu le roi Louis XV .. ) :J The Year One of Liberty

("l'An I de la Liberté" -- il s'agit de la première année du calendrier révolutionnaire.)

~he Street of the School of Medicine (If la rue de l' Ïkole-de-Médecj"ne il)

A Sheep 0 f the Prisons .-("un 'mouton' des prisons" iamais entré dans l'argot

le mot sheep n'est ou le cant anglais.)

The Game Made (ilLes jeux sont faits" -- au casino, du croupier est le français.)

My Leave te Pass ("mon laisser-passer")

la langue

( 146)

( 202)

( 276)

( 341)

(200)

( 301)

( 349)

( 327)

( 335)

( 339)

l'loman irnbecile and pig-like! ("Femme imbécile, idiote, et cochonne!" les adjectifs précèdent le substantif.)

( 396) en anglais,

Oh, the men, the men! ("Ah! les hommes . • .")

(207)

Ah! the ~or Gasparq! ( " Ah! e pauvre Gaspard! ft )

(21:1)

Si les traducteurs se sont aperçus de cet ~trange anglais, leur

t!che s'en est trouv~e facilit~e.

Mais si Dickens semble avoir pens~ en français certains ,

passages de son roman, les sentiments qu'il exprime à l'~gard

(

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1

J -154-

de l'événement qui en est le centre -- la R'€!volution française

ne sont pas ceux de la majorité des Fra~çais. Dickens n'est

pas un historien : il ne connaît pas les ouvrages célèbres qui

en France sous la monarchie de juillet ont réhabilité la ,

révolution. Il n'a pas lu la grande histoire de Thiers, ni.

celle des Girondins de Lamartine. Il s'en tient à la thèse de

Carlyle r aux yeux de qui la Révolution française fut une erreur

et un crime. Aussi n'est-il pas surprenant. que vienne

n·aturellement sous sa plume l'expression : this ,terrible

Revolution, (267). ~,Belge, traduit l'épithète, mais ~ et ~,

Français, reflètent la tradition nationale q~i glorifie la

Révolution française, et pour ne pas blesser le,s sentiments

d'une majorité de leurs lecteurs, font sauter terrible de leur

version. Ce faisant, ils trahissent Dickens, mais protègent sa

réputation en France. C'est peut-être une bonne excuse pour

leur infidélité, mais Voltaire ne la leur aurait pas pardonnée,

lui qui disai t (1) : "Vous savez bien qu'un traducteur ne doit

pas répondre des sent~ments de son 'auteur; tout ce qu'il peut

faire, c'est de prier Di~u pour sa conversion."

Henry Davray·, citant l'opinion de R~my de Gourmont dans

(1) Voltaire, Lettres ihilOSOPhiqueS (Paris Flammarion,' 1964), XXe ettre, p. 134 .

Garnier-

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-155-

le Mercure de France, (1) affirme: ftautant qu'il l'est de son ,

propre pays, (le traducteur) doit être familier avec la

\ litt~rature, les arts, l'histoiie, les institutions et les l ___ _ moeurs de la nation dont" il a appris la langue. Bref, le

traducteur doit posséder une 'double culture ft • Or, il ressort

de notre exa~en des ftfaits de civilisation" dans A Tale of Two ~ ,

Cities que [et M omettent 9 allusions culturelles sUr 60,

alors que!: ri'omedt que ra moitié d'une allusion (à un verset

biblique). H commet 7 faux-sens ou contresens sur des

a~lusions culturelles; M en fait 8, et P, 3. Il est donc .

évident ,que deux des traducteurs, H et ~, qui, par omission,

mégarde ou ignoran"ce, se trompent sur presque un tiers des

allusions 3, la culture que nous avons relevées dan's ce chapitre,

ne sont pas suffisa~ent préparés à leur tâche cette "double

culture" leur manque. Par contre, ~" qui traduit autant'

littéralement que par des équivalences, se trompe'moins que ses -:;'J 1

confrères et, bien que ses, notes ne soient pas f7.oujours d'une

exactitude minutieuse, il saisit la plupart des allusions aux

"faits de civilisati9n".

Deux questions se posent à quel point le traducteur

peut-i"l\. compter su~ l'intérêt et la culture de son lecteur, qui

s~ reférera au dictionnair~ ou ~'l'encyclopédi~ lorsqu'il ne

saisit pas une al~usion culturelle? Sans doute M, qui n'ajoute

qu'une' seul.e note, s'y fie-t-il trop, car, lorsqu'un traducteur

(1) Henry Davray, "L ~;importance de là traduction-, lofercure de 'France, lS avril 1931, pp_ 468-479.

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'----'-'-' ---_ ...... --~--- ""- -----.-------_ .. _-----,----~~ ---- --~~~-_ ....... ~-------"

c choisit de traduire litt~ralement, sans expliquer telle ou

te~~e référence, son texte risque de devenir rebutant parce

qu'incompréhensible. À l'autre extrême, celui où se fait

-156-

prendre ~ (dont les notes en fin de volume montent à 36), le·, /'

traducteur veut-il faire de sa version une édition critique?

Mais un excès' de notes_à la ~in du texte, ou/en bas de pages,

lasse le lecteur; et nous ne reconna~ssons plus dans l'oeuvre

savante de P l'oeuyre populaire de Dickens. Par contre, dans

-g" les Il notes en bas de pages n'affectent en rien la

lisibilité du texte.

En guise de conclusion à ce troisième chapitre,

permettons-nous de demander, avec Guérin, (1) "si c'est

vraiment au traducteur qu'il incombe de suppléer à l'éventuel

manque d! information de son lécteur"? "

-.

\

'0

.. (1) Yves Guêrin, français (Par~s

" j Une Oeuvre anqlg-indienne et-ses visages DI4ier, 1971), p~- 104.

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CONCLUS IO~~

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( J. "

~,

\

-157-

Nous avons proc~dé, par sondages et par lecture globale,

à l'examen des trois versions françaises ùu Tale of Two Cities,

pour y d€terminer au chapitre l, les coupures, condensés et

ajt?uts; au chapitre II, les faux-sens', faux-amis et contresens;

et au chapitre III, le traitement des "faits de civilisation".

Nous avons pu v€rifier à quel point les traducteurs étaient

pr&parés pour leur tâche au niveau de la langue de départ comme

au niveau de la culture dont elle est l'~xpression.

Il ressort du chapitre l que ~ a tendance à omettre

jusqu'à des paragraphes entiers, tandis que ~ est portê à faire

des ajouts~ à la différence de ses confrères, P omet ou ajoute

rarement, et, lorsqu'il' se le permet, il n'altère ni le sens ni

le ton de l'original. Au chapitre II, nous avons constaté que

~ est, de loin, le plus coupable, qu'il cUMule s~ise et

prétent~on, faisant trois fois plus d'erreurs grave) que ~,

alors queH en commet deux fois plus que~. Nous avons cité

des howlers (presque tous dans ~), et nous nous sommes rendus

compte que ~ surtout,_-êt !!. à un degré moindre, font preuve

d l'étourderie, et lisent parfois t,rop r'apid~ment l'original.

Si nous n'avons présenté que ,les erreurs les plus" (:J

palpables et évidentes, c'est qu'un choix s'est imposé, puisque

la place nous manque pour signaler tous les exemples., Toujours

faut-il remarquer que les conclusions de notre travail reposent

sur des faits précis -- si nous avons présenté tant d'exemples,

et que notre texte a parfois un aspect décousu, c'est que nous ~

avons voulu éviter le danger d'une trop facile généralisation:

·1 1 -

1

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, \

(

--158-

telle est à la fois notre excuse, et notre just~fication.

Du chapitre III, il ressort que P est mieux préparé à sa

tâche que ne le sont [ et M, qui se trompent trop souvent sur

les allusions culturelles, ou ne les reconnaissent même pas.

Les versions françaises présentent souvent un décalage de

ton d'avec l'original. Nous sommes conscients que leur niveau

de langue n'équivaut pas toujours à celui de Dickens.

L'exemple le plus typique est celui de Jerry Cruncher. Il

démontre que la mise en français du langage parlé d'un Anglais

originaire d'un, lieu spéci fique et d'une condi tio1# particulère

pose un problème délicat au traducteur. De dire Guérin (l)

"Ces déformations phonétiques . • • opposent au traducteur 'une

double difficulté: il faut d'abord les percevoir; peut-on

ensuite les rendre sensibles au lecteur français?" A vrai

dire, seul ~ s'efforce de rendre, par des équival~nts français

plus ou moins heureux, les particularités du parler de Cruncher.

Tout au long de notre étude, nous avons agi ~t:ranslation

police, (2) et, s'il fallait condamner les traducteurs à des

peines correspondant à l'importance de leurs méfaits -- while a

badly written book is a blunder, a bad translation is a

crime (3) -- il est évident que H serait condamné au~ travaux

(1) Yves Guérin, Une Oeuvre anglo-indienne et ses visages français (Paris : Didier, 1971} , p. 141.

(2) Alistair Reed, "Basili'sks' Eggs", The New Yorker, Nov. 8, 1976, p. 175 •

. ( 3) Vladimir Nabokov, ci té dans Reed, p. 175.

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'1 J.

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"

(

forcés, M à la guillotine, et que ~ s'en tirerait avec une

amende. Pourtant, lorsque nous ôtons notre toque de magistrat,

nos jugements sont plus cléments'.

Ni meilleure ni pire que les autres traductions de la

même collection, cell~ de Mme Loreau (H) a donné au lecteur

français du Second Empire un roman convenant à sa culture et à

ses goûts : un texte français l~~ib~e, décent, de lecture

facile pour la masse à laquelle s'adressait la Bibliothèque des

meilleurs romans étrangers. Tout en condamnant ses insuffisan-

ces, nous devons reconnaître qu'elle se conforme à l'esprit

général de son époque, et on peut la considérer comme une pièce

de collection au musée de la traduction.

Quant à la traduction belge (M), dont nous avons stig-, -

matisé les erreurs, les manques et les balourdises, nous ne

pouvons pas la condamner sans appel. Elle a mis, en effet, au 1

niveau d'un public qui jamais n'achèterait un volume de la

Pléiade, une ,version française qui a permis à un grand roman de ,f Dickens de t9ucher un public modeste -- ce~ui que l'on voit un

livre â la main dans le métro, ~elui qui lit pour l'histoire et

non pour le style, ~ui ne se soucie pas des inexactitu~es du

traducteur tant qu'il laisse Dickens s'emparer de son imagina-

tian. En 'ce sens, on peut dire que l'édition Marabout ne

dessert pas notre romancier autant que notre examen minutieux

porterait~~ le croire.

stèle de notr~ Dickens.

C'est une fleur modeste posée sur la yi

Lui, qui aimait les humbles, et qui

consacra tant d'efforts et de ressources à la propagation -de

~'

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l' ,

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~-_.---~ ~"''-'~--------"?-'"'''-''-------''''~''-'''''''-. --"'- ------'---~~-- --- "

-160-

l'instruction dans son propre pays, ne ,~. aurai t pas méprisée.

Même une traduction médiocre vaut mieux que l'oubli.

Pour ce qu'il y a de l'édition la Pleiade (~), Mme

Métifeu-Béjeau offre à un public plus raffiné une édition

presque~critique, oeuvre savante qui traduit fidèlement le ------

-------------- --------roman de Dickens;-mais où le'lecteur de l'original ne reconnatt

qu'à peine l'oeuvre populaire du romancier. Malgré sa fidélité

quàsi-absolue et son aisance de style, elle exige plus

d'attention, ne serait-ce que par l'abondance des notes. En

dépit de ce. défaut, ~ est néanmoins la version définit~ve de la 1

deuxième moitié du XXè siècle, et il faudra sans doute àtt~nd~e " . \

le siècle prochain avant que ne paraisse une autre version ~

aussi importante: Si n~us' avons une reproch~ à faire à~, ut ) c'est qu'il/n'a pas su être, à l'instar de Darnay (160), ~

elegant translator who brought something to his work besides 1

mere dictionary knowledge. ~

'1

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BIBLIQGRAPHIE

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