digitool.library.mcgill.cadigitool.library.mcgill.ca/thesisfile57303.pdf · abstract this thesis is...
TRANSCRIPT
\
"
..
..
A TALE OF TWO CITXES
tvALUATION DESVERSION~ FRANÇAISES
by
David W.illiazn Llewellyn
A thesis
submitted to
..
the raculty, of Graduate Studies and Research
McGill University,
in partial fulfilment.of the requirements for the deqree ô~ .
Master of Arts
Department of French Lanquaqe
and Literature August 1981
©
, ,
... 1 ,
l 1 ,
c 1 :~ , ! 1 , , ••
• • G ce ' •
Le pr~sent m~moire ést une ~tude des trois versions
françaises int~9rales qui ont ~t~ publiées du rOMan de Dickens,
A Tale of Two Cities, paru en 1859 :
(a) Le aarquis de Saint-évremond! ou Paris et Londres en
.!lli., traduction de MIne Loreau, publi~e en 1861 par Hachette ~
(b) Le Marquis de Saint.évremont, A Tale of '!'wo Cities,
traduction de Robert Maghe et lUbert Nauthy, parue en 1951 dans
la collection Marabout:
(c) Un conte de deux villes, traduction de Jeanne Métifeu-
B~jeau, publi~e en 1970 aux êditions de la Pl~iade.
Nos trois Chapitres 'examinent en d~tail les omissions et (
ajouts des traducteurs, les' erreurs de sens qu'ils ont commises,
et la façon dont ils ont interpr~té les faits de civilisation
et de cu;l.ture qui ne leur ~taienb\pas toujours familiers.
Faisant de la fidêlit~ l l'ori~inal le princip~l crit~re"'"
d'excellence, nous concluons avec preu~es ! l'appui â la
supêriorité incontestable de la derniire en date des traductions
françaises.
\
(
\ \
\
1 1
i 't
\ , \
(
(
\
ABSTRACT
This thesis is ,a study of the three complete, French
versions of Charles Dickens' s novel, A Tale of '!'wo Ci ties (first
published 1859) :
(a) Le Ma uis de Saint-Évremond ou
.!.22l,. translated by Mme Loreau, a~d published
1861;
(b) Le Mar uis de Saint A Tale of Two Ci ties, . ' translated by Robert Maghe ~nd Albert Wauthy, and puPlished by
Marabout in 1951; 1
! 1
vililes, trans1ated by Jeann~ H~tifeu-(c) Un conte de deux . i
~e fditions de la P1~iade lin 1970. 1 \
~jeau, and published by
In three c:hapters, we examine the translators'\ omissions \ 1
and additions, their mistranslations~1 and their treatrnent 'of
cultural elements often unfamiliar ta them\ ')
Taking ~Od translation to be that which acc~ratelY conveys the meani~d the spirit of the ori.ginal, 'fe show
that the most recent ~l~~ ver'~ion 18 without qUe8,tJ~,on the
best. ~ l' ~ ~ 1
'~ ~
\
...
c
I}
~ . \
/
} - .
.. N~t offrons no! tras vi fs
<. r , . . .' remerciements a M. J. L. La.unay
pour ses conseils et son
encouragement dans l' êlaboration "de ce mémoi re .
,/ 1
j
.. "
1
TABLE DES MATIÈRES
INTRODUCTION . . . . . . . . . · . . . . . . . . . 1
:I. _OMISSIONS ET AJOUTS DA..~S LE~ VERSIONS FRANÇAISES DU TALE OF ~io C:ITIES • • • • • • .. • • • •• 6
Omissions pre.miire catégorie (êchanti11ons) . . . 9
Omissions deuxiime cat~gorie (lecture g~néral.e) . 17
Ajouts •• , . . . . . ••••••• ~. 35
:II. ERREURS DE SENS DANS LES VERSIOt:iS FRANÇAISES DU TALE OF '!'t'lO cr 'l'lES • • • • • • • • • • • • 42
-fchanti11ons • . . · . . . . . . • • • 43
Lecture globale · . . . · . . . . . . 84
rrI. TRAITEMENT DES "FAITS DE CIVILISATION- PAR LES TRADUCTEURS FRAnÇAIS DU TALE OF nlO CITIES • • • 106
CONCLUSION . . . . · . . . . . . . .. . . . . . . 157
BIBLIOGRAPHIE · . . . . . . . . . . . . . . . . 161
__ ~_ fi.... ~ __ -- ------
l
' .... ._-------- - --':" .......... ' "
<
, INTRODUCTION
)
............ ~ .... s .. ~n •• ~.~ __ .. ____ ~ ______ ~ ______________________ ~ ____ ~~.
'\
(
(
<t' , ..
-1-
Il r'existe encore, a notre connaissance, aucune étude
savante,; ni d'ensemble ni de détail, sur les traductions
françaises des romans de Dickells. Les critiques de langue
française qui ont analysê Dickens ne semblent pas avoir attaché
d'importance l la qualité des traductions. Seul Floris
Delattre, dans son Dickens et la France, (1) a vertement tancé
les premiers traducteurs, mais il a estimé au-dessous de sa
dignité professorale d'en relever les contresens et les
balourdises. ,Nous l'avons fait, et sans la moindre honte, au
contraire, car dans la méthode que nous avons mise au point et
appliquée r~side en grande part l'originalit~ de notre travail.
c'est essentiellement gr!ce aux traductions publiées chez
Hachette, sous la direction de P. Lorai~" que les romans de
Dickens se sont r~pandus en France. Ces traductions furent les
premi~res autorisées par l'auteur,· l qui Hachetté~àvait acheté
ses droits en avril 1857. De1attre rapporte que, lors d'un ,
dIner l paris oil Dickens devait rencontrer ses tra.ducteurs, ces
derniers (sauf P. Lorain) n'ont pas compris son anglais. /
Certes~ les traducteurs des années 1860 étaient loin de
connaItre la langue de départ dans toutes ses finesses. Mais
ils 4vaient l'avantage de connaItre parfaitement la langue
d'arrivée. C'est pçurquoi leurs traductions, rédigées d'une
plume alerte, ont conquis râpidement un três large public et
elles n'ont pas perdu aprês un siac1e leur lisibilité.
(1) Floris Delattre, Dickens et la France. 'étude dl une .interaction littéraire anglo-française (Paris: J. Gamber, 1927).
C 'd t
4"
,
t
1
, -
~ 1
(
- i' + G .c Cg
-2-
Pourtant, quiconque a pr6sent à l' espri t ~e texte original de
l'un des romans de Dickens, quel qu'il soit, se rend immédiate-
ment compte que les traducteurs de l'liquipe Lorain ont élûd6
les difficultés et pratiqué des coupures. 'Aussi l'oeuvre
entier de Dickens a-t-il dû être 'de ,nouveau tradui t en français
d~s que les grandes traductions du XXe si~cle (comme celles de
Kipling par Louis 1 Fabulet et Robert D' Humières ou de Butler par
Valéry Larbaud) ont sensibilis6 le public cultiv6 aux qualit6s" <
que doit poss~der une traduction digne de ce nom : compréhen--sion t.otale, fidélité absolue, et aisance de style.
, Nous nous sommes proposé l'étude comparative des traduc-
tions françaises d'un roman particulier de Dickens, A Tale of
Two Cities. Si nous n'avons pas choisi Oliver Twist, David
Copperfield, ou Great Expectations, romans mieux connus du
lecteur français t c'est que le nôtre se passe, en partie du
moins, en France, la France de l'Ancien R6gime, de la
Rfvolution et de la Terreur; qu'il est l'un de nos pr6f6rés et
qu'il nous eUt ét~ pénible de nous livrer lI' étude minutieuse
d'une oeuvre que nous n'eussions point aim~e -- car minutieuse
doit être cette étude pour être valable. Enfin, c'est qu'il
" n'existe que trois traductions françaises du Tale of Two
Cities, et qu'une, comparaison de plus de trois versions nous
eût obligé de déborder le cadre d'un mémoire de ma!trise. ~
Les versions françaises du Tale of Two ci ties que nous
examinons ici -- il s'agit des seules vefsions françaises du
roman qui soient de vêri tables traduct~ns et non des
r ct.
1
/
, i
1
(
(
-3-
adaptations --' sont les suivantes
(~)
(~)
Charles Dickens, Le Marquis de Saint tvremont, A Tale of Two Cities. Traductien intêqraie de Robert Maqkle et Albert Wauthy. Verviers, ~rard, 1951-(Collection Marabout;,l.
Charles Dickens, .Un conte de deux villes. Publi~ sous la direction de Pierre Leyris. Traduction de. Jeanne Mêtifeu-Bêjeau. Paris, Gallimard, 1970. (Bib1iothflque de la Pl~iade, 216). '
Comme nous ne mettons 'pas en cause les traducteurs, mais leurs
traductions, nous en parlerons au masculin : ainsi, !i, ~, et P
se rê fêre ron t re specti vemen ta· édi tian !!,achet te· 1 • ~di ti. on
~arabout·, et -êdition la Plêiade w• (Nous nous limitons
volontairement l l' êtude interne des textes, aussi n' ~tudions-
nous ni la personnali tê ni le1l qualifications des traducteurs.) \
Le texte anglais que nous avons utilisé est celui: de
l'édition Penquin, réimpression du texte oriqinal en volume de
1859 : , ,
Charl~s riickens, A Tale of N'O, Cities. Edi ted wi th an Introc\uction by George Woodcock and illustrations by Habloj L. Browne ('Phi:'). London, Penquin, 1976.
Mais, lorsque ce texte s' éloigne de la première versi.on
anqlaise du roman, soi t, de" celle qui parut dans la revue
hebdomadaire All the Year Round, nous nous fions a cette
dernière:
, .
1 ALI tne- Year ROund.~Weekly Journal. Conducted by Charles DIckens. with which is incorporated Household Words. l (Apri1 30, 1859) -- XXXI (November 26, 1859).
, 1
1 1 •
\
(
--r--- ---- • . • c. - . J
Notre premier chapitre est consacr' a l'examen des •
omissions et ajouts attribuables aux traducteurs français du
Tale of 'l'Wo Ci tiea. "Les omissions retiennent notre attention
-4-
non seulement par leur frêquence, mais aussi ! cause de l~ur
importance qualitative : elles r~valent souvent un traducteur
peu soucieux de resti tuer l' atmosphire de l'original. Quant
aux ajouts, il manque a celui qui en commet l'~e des qualités
sine qua non du traducteur : the self"effacing disposition of
saints. (1)
'r Notre deuxl.ême chapitre est destinê al' êtude des erreurs
'" de sens imputables aux traducteurs français du Tale of Two
Ci ties.. C'est par l'examen de la fid~li t~ du traducteur
texte original que nous repêrons l~ d~ficienc __ .... , le cas
!chêant, les qualit~s du traducteur., ~
, Au troisiAme chapi tre, nous proc~dons al' examen du
traitement par les traducteurs du Tale of Two Cities des -faits
de civilisation-. C'est, que nous constatons !
quel point les traducteur ont rêussi as' imprégner d'une
culture étrangAre.
Afin d' évi ter des c nt aines de notes en bas de page, nous
avons adoptê notre propre systime de rêfêrences pour les , n ~assages extraits des éditions que nous avons utilisêes :
r----.~01 ainsi, (l01) équivaut 1 -édition Penquin, p. 101-; (H-55) ~ ~.-
(
-édition Hachette, p. 55- ~ (~-60) 1 -édition Marabout, p. 60·:
(1) Alastair Raad, -Basiliska' Eqqs-, The New Yorker, Noy. 8, 1976, p. 175.
, 1 l ,
,
, .. i
\ : 1 , ï
....
()
- - y .. 1
-5-
et (!.-996) 1 ·'diti'On la Plêiade, p. 996· ..
Si l'on nous accuse d'avoir cherch' la peti te b~te avec
la multitude d'exemple. que nous prêsentons, et. d'appartenir a
la race des sh!!p-nosed troop of donnish rev~éWers (we call
them the -translation police-r 'Who Beam to spend their readinq -
li ves on the look ouF for error" (1) nÇ)us r~pondrons pour notre ;
. d'fense, que nous n' ~vons rien avanc' sans preuves a 1: 1 appui ,
et que c'est souvent en cherchant la petite bête que l'on
-trouve la grande ..
"
(1) Read, p. 175 ..
...
.E 444 1 ,
1
~
..
!
li
,
"
i , 1
t t t ,
c
ÇUA ITRE l ,/
t
OMISSIONS ET -~OUTS '. -; 0
DA!1S LES 'TERSIONS FRANÇAI~ES
\ DU TALÉ OF TWO ~ITIES -.
--
Î
,
•
1 ~ 1
1
1
. ,
(
.. - y
,
CHAPI1'RE 1
Ce premier chapitre est consacr~ a l'examen des omissions
et ajouts imputables aux traducteurs français du Tale of Two
Cities.
Les omissi9Ds se rApartissent en ~rois catAqories, dont '/
; • 044
deux retiennent notre attention dans'ée chapitre; l'~tude de la
troislame attendra le chapitre III.
Dans la premiare catêgorie prennent place les omissions
l~gêres : substantifs, adjectifs, adverbes, segments de
phrases, dont l~ disparition n'est pa~ perçue par les lecteurs
de romans dont l'int'rêt se concentre ~ur les p~rip'tie. de
l~action, -- mais"qui ne sauraient êchapper 1 l'attention d'un
critique comparant mot l mot original et traductions.
La deuxiame catlqorie d'omissions choisie comprend les
oublis plus graves, qui font perdre au lecteur francophone non
seulement des faits utiles a sa comprAhension du d.roulement
logique des êvênements, mais aussi la saveur de l'original,
d'oG ont 'tA imondAs commentaires et remarques, souvent d'ordre 1
moral, dont Dickens assaisonne son rAcit. Ces omissions sont
parfois des phrases, parfois des paragraphes entiers. Mais il
est des cas oil 1 t omission d'un seul mot suffit a changer le
sens <J'nA raI d'une page'.
L'êtude du premier type d'omissions est nAcessairement
minutieuse, et, avouons-le, t~.tidieuse, risquant, par une
excessive accumulation ae menu. d'tai1s, de lasser les
, ...
1 ,
l
(, , ..
(
_ ~ ________ ~~~ ___ "".--"""".""""" ___ ",._-=y"",,,,._-,,,,,,,.""'41'1Q."'4 .... ."
• -7-
meilleures volontds. Aussi avons-nous procêdê par êchantillon-\
nage : les passaqes que nous avons choisi de passer au peigne
fin, parce que typiques des trois niveaux dt~criture de
Ilense~l~ du roman, sont respectivement de nature descriptive,
narrative et dialoquêe :
a) passage descriptif chapitre 2 de la premiire partie, du dêbut ! They were not fit for the journey, (pp. 37-9).
h) passage narratif : chapitre 14 de la deuxiime partie, de Thus the eveninq wore away •• à until he had run a mile or more, (pp. 190-2).
c) passage dialoquê : chapitre 12 de la troisiême partie, de 'What is it?' asked Mr Lorry, ea~erly. ! 'You will save them aIl.', (pp. 373-4),
NoUS y reliverons syst~matiquement toutes les omissions, mais,
faute de place, nous n'en commenterons que les plus coupables.
t'examen de ces demilres est un facteur elfsentiel de
l'êvaluation qualitative de nos trois traductions. Ainsi,
ayant procêdd 1 l"pluchaqe des trois 'chantillons, ndus
dêborderons les limites êtroites de cet examen microscopique
afin de relever dans l'ensemble des trois versions tout un jeu
d'omissions caractêristiques du tempêrament -- comme de la
science -- du traducteur intêressê. Toutefois, nous devrons
forcêment nous limiter, dans cet examen global, aux omissions
les plus flagrantes.
Il existe, en plus, une catêgorie d'omissions qui, de
propos dêlibérê, ne figure pas dans le pr~sent chapitre. ce
sont celles qui se rapportent 1 des -faits de civilisation-
1
~
... ,.
1
(
(
..
britanniques peu connu. de. Françai., et 1 des -faits de ,
civilisation- français peu connus de. Britanniques. qu'il
.'aqi •• e de lieux g'oqraphiques, d'allusions historiques,
bibliques ou folkloriques, de systimes mondtaires ou ... d'institutions juridiques. Leur omission dvite au traducteur
des casse-tites, ou l'obligation d'ajouter des notes expliea-,r it
tives. La recherche de traduct~s ou d'dquivalences donne
beaucoup de fil 1 retordre aux traducteurs -- les probl~mes
que posent les -faits de civili8~tion- sont d'un int'rêt ~ut <::
~
particulier et c'est pourquoi notre chapitre III leur sera ~
consacr6. ./
l
-8-
E~fin, noua ne saurions soumettre une êtude des omissions
trouv'es dans les versions françaises du Tale of Tvo Cities,
sanà en mime temps prêsenter un aperçu g6n'ral des ajouts que
se permettent les traducteurs. Toutefois, comme le nombre
d'ajouts relevês est •• sez rêduit dana deux des trois versions,
il serait peu probant de procêder par sondage. Aussi nous
limiterons-nous 1 un examen macroscopique des ajouts.
En conclusion de ce travail, nous serons 1 même,de porter ~ , ~
un jugement raisonn' 'sur l'importance et le r~le des omissions
grave. et de. ajouts dans les versions que nous avons
,
"
j l
<.
.. . • • + q • /
-.9-
OMISSIONS
\
PREMliRE CAT!GORIE
a) PASSAGE DESCRIPTIF
. , Notre texte comprend 55 ~iqnea, 1 partir du dAbut du
chapitre 2 de la premiêre partie (p. 37) jusqu'! They vere not
fit for the journey, (p. )9). Il se trouve dans ~, pp. 4-5;
dans ~, pp. 7-8; et dans !, pp. 978-9. !
Omdssions relevées dans les trois versions H, M, P.
1. (He walked) up-hill (in the mire) l 2. (Some) brute (animale)
3.
4.
Remarquons que l'omission de brute est pre8q~e nécessaire, étant donnA la contradiction apparente de la phrase de , l 'oriqinal.
Lumberinq up Shooter's Hill ~
Les traducteurs ont sana doute voulu éviter une répétition dans le texte français -- Shooter"s Hill, localit'
,d'.illeurs inconnue du lecteur français, ayant ét' men~ionn' au d'but du passage.
(In it. usual) genial (position) L'intention ironique de l'auteur a disparu.
Omission commune 1 H et M 1
5. On a short notice
'*0 a, ....
1
\ ,
1
f 1
. '
(
(
, 1
, 1
t
• ....
,<-
Il>
.... e' , 'v ,""
.' Omission commune 1 M et P
6. As to which cattle ~ et ~ suppriment ainsi la piatra idée qu'avait le postillon de son att~laqe.
Omissions particulilres 1 H
l' --7. once acrolS the road , 8.
9. then! t ,j
..r ~ - -;-.,.- ~
10. it -- like an unuSU4 <
orse " , ,(
H s'en tient 1 ·secouait violemment la t~te· , et omet la suite.
Il. In its forlornness 12. Intenseir (co Id) -,
13. A. to the latter ,.
; -"'10-
"'.'
''I;~
.... ~ ","'l,
Omission earticu1ilre a ~- - --<il -,
" " 14. Onder the circumstanËes
Omissions particulilre. 1 P
15. 16. 17.
In,combination rloundering
,r
Bor •• (-pistola) Î ~ ne prlei •• '·pas qu'il .'aqj,t de pistolet. de fontes ou d'arçon,
t
'. . Il .emble d'or •• et d'jl que la version! a tendance 1
44$ , ....
j
1
l' ,
II'
r
""--"-.. ""fi ,~
(
(
- • .. , « ••• ,
-11-
omettre plus de,d'tails que les autres.
conf1rmêe par la suite •
Cette impression sera
. ' b) PASSAGE N~TIF
Notre' texte, tirê de la seconde partie, chapitre 14,
comprend 65 lignes, de Thus the evening wore away •••
(p. 190) 1 Unti! he had run a mile or more, (p. 192). Il
figure dans !, pp. 148-507 dans ~, pp. 135-37: et dans ~,
pp. 1131-2.
Omisaions relevEes dans les trois versions
1. Towards that small and qhostly hour
.)
Cette omisllion est .... 'reqre:ttable, car Dickens delltina! t ce début de phrase A pr~pa~er l'atmosphlre de my.tlre qui entoure cet fpisode.
... "
2. Locked (cupboard) Locked est pourtant cloin d'Itre inutile, ~tant donnê que Cruncher doit garder so~s clef ses outils de travail .ecret •
• 3. Hé wall lIoon over . 4. Brote avat th8 earth upon (the coffin)
Omi •• ions commune. I.B et M
5. The art and (mystery) (! omet au •• i mystery.)
,,6. As his eye. vere clo.e to one another
\
" 1
1
l ' ; 1
\
1 f
, ,
"
(
(
-y---~- --
\, ;
7. From the tirst startin9 8. Fol1~er of the gentle craft
,'9. It vas a 1arge church~a~d 10. They did not creep far
Il. When he peeped in 12. honoured (parent)
that
.. . . c. es • < ea '* a
('
-12-
the~ were in
~ omet honoured une fois, mais M,l'omet 1 quatre reprises
--~ ironie disparaît. ~
omissions communes a H et P
13. From his chair 14. Nimbly
15. Within the qate
16. Awful ,(strikinq)
omissions partic~liires a H
17. With the Cruncher/fami1y 18. 'Se uiled the earUer watches of the n 19. Out, of the room
20. Honest (callinq)
21. Housefronts) (. '. .) and doorways
22. Winking (laJ!Ps), and the more than 23. In the shadow of banJc and wall
24. Pretty weIl defined against a watery and clouded
25. They aIl dropped loftly on the ground 26. ~nk (qrass)
27. And then they,beqan to fish
28. ~ith his haïr al Itiff as his father's
29. Ther. vas a screwin9 and cOmplaininq sound down be1aw
30. tA ~le) or more 'r \
1 , J
1 .'
(
-
Omis.ions particulilres a M
31. Whatever toOl. they worked with 32. Seing new ta the sight
Omission pa~ticulilre 1 P
33. Looting in
Notre premilre impression de l'insùt.fisance de la
traduction H se confirme • • •
, c) PASSAGE DIALOGUÉ
-13-
Notre texta, tir~ de la troisiima partie, chapitre 12,
comprend seulement 34 lignas, de 'What ls it?' asted Kr Lortyt
eagerlx. (p. 373) l 'You will save them a11.', Cp. 374). On
le trouve dans !, p. 318; dans !, p. 295; et dans !,
pp. 1317-18.
Omission releYA. dans les tro~s versions -- H, M, P. 1
1. And sinee then
Omissions commun.. 1 a et M •
2. It is good, until raoalled Tout en omettant untii recalled, ! fait un contresens sur
(
,r \
(
It is good, qu'il rend par ·C'est tant mieux·. Mais!! reprêsente le laisser-passer, valable jusqu'. ce qu'il soit annu16.
3. Prison (plot)
• Ondssion commune a H et P
4. (~) similar (certificate)
Omissions particuliires 1 H
5. Eagerly 6. Let ~ speak of it in its place 7. Look at it. Y u
9. 0 en in his
9. Tomorrow 10. You remember Il. You see? 12. Yes: -
; ,
1 ,
li shman? his
13. Perhaps he obtained it as his last and utrnost precaution against evII, yesterday. ç
14. When is it dated? But go matter: donlt stay ta look; 15,. New, observe:
-14-
16. l never doubted until within this hour or two, that he had, or coula have such a paper.
17. 800n be reealled l have r to think w
[ omet la premiire proposition et eommet un contresens sur la seconde en 6crivant : -j'ai de bonnes raisons pour ~r9ire qu'il nous' sera fort utile.-, alors que le sens vêritable est que Carton a de bonnes raisons de croire que ce passeport sera bientôt annulê. Notons que, sur ~ paragraphe anqlais comprenant 72 mots (Perhaps he obtained
(
("
-15-
it ••• l have reason ta think, will be.), ~ n'en traduit
que 9 (put it up carefully with mine and your own.), soit
un huitiême seulement de l'original.
18. Great danger
19. Toniqht
20. The common one
21. For bath have been seen with her at that place
Omissions particuliêres a M
22. Mr (Lorry)
Cette omission revient une autre fois, p. 373.
,23. At Any time
24. Until within this hour or two
Omissions particuliêres a p
25. (Precaution) aqainst evil
26. (That he had,) or could have (such a paper)
,
)
Notre impression se transforme en conviction : il devient
~vident que c'est la version H qui commet, de 19in, le plus ... d'omissions. En effet, dans le texte original anglais, le
, " passage descriptif comprend 636 mots, le narratif 738, le
dialoguê 459. Or, du passage descriptif, ~ omet 44 mots, soit
6,9': ~ en omet 18, soit 2,8'; et ~ en omet 15, soit 2,4\. Du
passage narra~if, [ omet 139 'mots, soit 18,8': ~ 64, soit 8,":
et ~ 27, soit 3,7\. Du passage dialoqu', [ omet 122 mots, soit
26,6\, tandis que! omet 20 mots, soit 4,4': ~, par contre,
n'en omet que 9, soit 2,0\.
(
(
-16-
Sur l'ensemble des trois ~chantillons (descr~ptif-,
!
narratif et dialoqu!), ~ omet 16,64' des mots, tandis que ~ en
omet 5,56' et ~ 2,78'. En d'autres termes, ! ,supprime un
sixiame du texte original: ~ en su~prime un dix~h~tiame, et P
un trente-sixiime. Autrement dit, ~ commet tr~ fois pius
d'omissions que !, qui, a son tour, en commet deux fois plus
que P.
En plus de ces trois ~chantillons, nous avons consi,d~rê
un passage de sept pages et demie, qui comprend les 263 lignes
de Unencumbered with lug9age (p. 392) 1 la fin du chapitre 14
de la troisïame partie (p. 399). Le passage oompte 2922 mots :
H en omet 694 (23,75%), M 201 (6,88%) et P 143 (4,89'>. Nous ... ~ - --ne pr~tendons pas qu'un r~censement des omissions figurant dans
l'ensemble du ~oman atteigne ,les m~mes chiffres. Ils nouS
fournissent toutefois des indicati~s pr~cieuses, et,' en nous "
permettant ,une extrapolation, appuient les conclusions tirfes
de l'examen des 'chantil1ons.
'\
(
-17-
OMISSIONS
DEUXIÈME' CATÉGORIE !
La section ai-dessous se propose un tableau des omissions
les plus caract4ri$tiques relev~es après 4lecture attentive des
trois versions françaises. prises dans leur ensemble. Pour /
pr~senter la matiire abondanté et multiforme, nous aurions pu
utiliser différentes m~thodes. Çelle que nous avons choisie
peut sembler trop rigide, mais elle prêsente l'avantage de ;
mettre de l'ordre dans une ~tude sur laque\le plane une menace • 1
de confusion et de fouillis. Nous avons class~ nos omissions
en trois groupes :
1. Les cas où l'omission d'un seul mot nous a paru .
particuliêrement regrettable;
II. Ceux où l'omissicn de membres de phrases et de
~ropolitions entières aboutit à une grave perte de -message",
e
III. Ceux qui impliquent l'omission de phrases et de
paragraphes entiers, dont la disparition altêre non
seulement le sens, mais l'esprit et le ton de
l'original.,
I. OMISSIONS D'UN SEUL MOT
Il suffit parfois de l'omission d'un seul mot de - ..,
l'original pour faire perdre a la version française la
totalit~ du sens ou la force êvocatrice dont Dickens avait
"----
...
(
b
.. vs .... aq .. '*
-18-
charg~ son texte. Nous en donnons ci-dessous quelques exemples:
Omissions relev~es dans les trois versions H, M, P.",
1. Le premier est extrait de la <conversatiop entre Jerry
Cruncher et son ~pouse 1 au chapitre 14 pe la seconde partie.
Jerry n'est ni le pire ni le meilleur des maris dé son ~poque,
mais il estime, comme la plupart des hommes de son temps et de
sa classe sociale, que les femmes -- 'et"ra sienne en "parti- _
culier -- sont des êtrès inférieurs. Aussi enjofnt-il ~ Mme
Cruncher de ne pas "fourrer son nez· dans ses activités
clandestines et nocturnes: la nature ne l'a pas 'douée d'une
intelligence suffisante pour les comprendre. C'est pourquoi il \ ..
lui ordonne avec·brutalit~ : not te OCCllEY' four fem~le mind
with ca1culations ••• (193). Les trois traducteurs n'ont pas'
re1evê la misogynie de-Jerry. Ils se sont content~s de : ·sans
te m@ler . • ." (H-15l) ~ ·pas à te torturer les m~ninges" -,
(!-lJ7); et "sans t'occuper de" (~-ll34). Fa~t~i1 y voir un'
ex~ple de la ga~~nterie française ou 'le reflet d'urie autre
manilre de vivre?
2. Le Chapitre 9 de la seconde partie est essentiellement
tragique. Il se clc5t sur la d~couverte de l'assassinat du
M~rquis, oncle de Damay. Le noble malfaisant est allé
rejoindre, pour ainsi dire -- et Dickens~tient à cette 1
, évocation symbqlique -- dans la p~trification de la mort les
autres figure!$ de pierre qui montent la ga17de autour du
... ---
( ,
(
-19-
château : la Gorgone vengeresse a posE sur lui son reqard
fatal. Mais le symbole a échapp~, ou d~plu, a tous les
traducteurs. Témoin la phrase : Ori ven home into the .heart of
the stone figure attached ta (the face) was a knife, (159),
ren'due par' : "Dans la poitrine e il se' trouve un
couteau, enfoncê droit au coeur· CH-I2l); • poignard était
plant€ dans le coeur de ) i et "Dans sa
poitrine un couteau est enfoncé jusqu'au coeur" (~-llOl). Il
faut bien reconnaître que l' id~e de Dickens de faire d'un
cadavre une statue de pierre nt étai t pas particulièrement
heureuse. Mais ne trahi t-elle pas d'une façon ·signi ficati ve ..
son imagination éprise de macabre insoli te? Les traducteurs
ont peut-être am~lioré le texte, mais ils en ont trahi
l'auteur.
3. Dans le même ordre dt idées, rappelons l ~pisoae du chapitre
19 de la seconde partie. Le docteur Manette a rapporté de
France l'établi de cordonnier sur lequel il s'est penché
péndant son injuste détention a la Bastille. Cet établi est le
symbole de son emprisonnement. Sa vue tantôt le calme, tantôt
le déprime. M. Lorry d'cide de faire disparattre ce rappel des .. mauvais jours. Pour qu'il n'en reste rien, il veut le brûler,
ce qui l'ob11qe 1 le mettre d '"abord en morceaux! coups de •
hache. La fidile Pro.ss l'aide dans cette bonne oeuvre : elle
tient la bougie, mais elle s'imagine que la destruction de
l'établi 'est une sorte de meurtre. Dans l'esprit de DiCkens,.
cette mise en pilees de 11 instrument de torture et d' avilisser
(
(
... . '.i • » + a G ca '*
-20-
ment du docteur Manette pr~n,d les proportions d'une exêcution :' 1
! ... t ..
capitale : le coupable est' d'abord d4!imembrê, puis jet~ au
bûcher purificateur. Aussi ce vulgaire ~tabli devient-il, dans
sa prose J l' ~ui valen t 'du corps d' un r~gicide, et il n t hési t-é
pas a êcrire : The burning of the body (previously reduced to
pieces •.• ), (235). Les traducteurs ne l'entendent pas de ..
cette oreille : pour des Français, du bois n'est que du bois.
Aussi toute la symbolique de Dickens disparaît-elle dans les
·trois versions, on nous trouvons : "on en brûla les dêbris"
(H-191); "Les d~bris furent brûl~s" (M-173); et "Le banc,
prêalablement r@duit en morceaux; fut brûlé" (~-ll77). \l
Omission commune ! M et P
4. En J. 793, tout bon patriote inscrit sur les murs de sa
demeure la devise- de la République : "L.ibert~, Ëgalit~,
Fraternité", et, pour montrer qu'il est prêt a donner sa vie
a son idêa1, il ajoute "ou la ~1ort". C'est ce que fait le
scieur de bois au chapitre 5 de la troisième partie. Ou plutôt
ce qu'il fait faire, car lui-même ne sait pas écrire. Mais
l'ami 'qui a tenu le pinceau pour lui a ~cri t la devise
dipublicaine en si qrosses lettres gu' il a eu toutes les peines
du monde! ajouter ·ou la Mort" :..- il. manquait d'espace, sinon
de z~le. Or la Mort est le premier personnage de l' ~poque :
elle règne dan~ les prisons, au Tribunal Révolutionnaire, cl l.a
Convention, et surtout Place de la Rêpublique où trône la
"saiJ;tte guillotine". L'id~e de la mort hante tous les esprits: i
, ,..
; l . . ,
1
(
, ( 1
J
- ilif' ,
-21-
n'est-elle pas p1us famili~re que l'Egal.it~ ou la Fraternit!?
C'est du moins ce que pense Dickens, imbu de Carlyle, alors
qu'il compose son tragique roman. Et c'est pourquoi il semble . ~ surpris qu'il soit resté si peu de place sur le mur de la.
cabane du scieur de bois pour cette Mort qui tient tant de
place dans la vie des Parisiens. Il écrit: Someone ... had
sg,ueezed Death in with most inappropriate difficulty, (307).
Mais cette interpr~tation de 1 'histoire n'a pas ~té comprise
par deux traducteurs sur trois t "le lIlot 'Mort' avait été ... gribouillé avec pe-ine- (~-237): "un . camarade •.. avait eu
bien du mà1 A y insérer la Mort" ~~-l25l) •
Omission particuli.!re a H
S. Signalons la perte sensible que subit l'original quand un
traducteur passe sous silence le rôle de l t éternel tricot de
Mme Defarge. Chaque maille a son importance: c'est le chiffre .
secr,et d'un code redoutable, celui du registre 0\1 la tricoteuse
inscri t les noms de ceux qu' e Ile des tine à l'exécution. Aussi
Oickéns n 'h4si te-t-il pas l'qualifier son ouvrage! l'aiguille:
her knitted resisters, (331). !i n'a pas vu l'allusion, et il se
satisfait de : ·son tricot" ([-281).
Omission particul.ilre a M
6. Terminons 'sur un cas oil l'omission d'un seul mot aboutit a un non-sens -: au chapitre 13 de la troisiÈime partie, Carton se
..
•
4*
1
~
1
1 " 1
1
·l ...
~
•
(
(
-22-
rend ! la prison de la Conciergerie ail Darnay se trouve d6tenu.
C'est Barsad, le faux-têmoin du procis de tondres, devenu
~mouton" des pri~ons françaises, qui conduit Carton 1 la
cellule de Damay. Il lui ouvre la porte, mais n'entre pas
a,vec lui, de peur que Darnay ne le reconnaisse. Il avoue i
( Carton: (Damay) has never seen me here, (379). ~ est d'une
importance capi tale : cet adverbe indique que Barsad, qui a ses
entr6es dans la prison, a pris bien soin de ne pas se montrer a Darnay, qUi aurait pu deviner son triste r~le et le trahir.'
Mais M omet de traduire l'adverbe, et sa version - \
·Il ne m'a,
jamais vu· (~-300) e~t absurde, puisque le lecteur sait fort
bien que Barsad et Darnay se sont fait face 1 l,old Bailey.
II. OMISSIONS DE MEMBRES DE PHRASES ET DE PROPOSITIONS ENTIÈRES ,
Dis qu'on examine des omissions plus graves, -- celles
qui touchent membres de phra.ses, voire proPositions entiêres
OR constate que!!. en commet peu, tandis que les versions !! et M
sont des plus coupables. On s'aperçoit, par ailleurs, que les ,
omissions que se permettent les auteurs de !! et ~ s'appliquent
souvent aux mimes fragments de l'original. En voici quelques
exemples
Omissions rel.v'.. dans H et M
1... Dans le chapitre inti tu16 A Rand at Cards, Ba.rsad n' arrive
,.
1 1 ,
1
l
(
•
(
-23-
pas a comprendre l'expression qu'il aperçoit sur le visage da
Carton. Ceci ne doit pas ~tonner, explique Dickens, parce que
Carton was a mystery to wiser and honester men 'than he, ~t
(332). Cette explication dev~ait figurer dans ~, p. 282, et
dans'~, p. 259. On l'y cherchera en vain.
2. L'oncle de Darnay abuse de la soeur de Mme Defarge tout en
sachant qu'elle est enceinte. Le fr~re de la victime,
expliquant ~ Manette pourquoi il a voulu se venger, fait
allusion a la grossesse de sa soeur. Jusqu'alors, le lecteur
n'en avai t pa~ ~t' inform~, mais les paroles, du justicier
l'~é1airent. Pourtant, ~ et ~ omettent cette allusion! l'état
de la jeune femme, en faisant disparaître : And what that
(condition) is, will not be long unknown te you, Doctor, if it
is now, (355), dont la version française aurait da figurer dans
H, p. 302, et ~, p. 279.
3. Mme Defarge n'est pas un
fait ressortir sa méchancet~
~nage sympathique. et Dickens
;:~re par force d~tails, tous
importants. Aussi sommes-nous fond~ de reprocher! H et M
d'avoir omis, p. 167 et p. 152 respectivement, la proposition
(br strikinq her litt1e counter with her chain of money) as if
she knoeked it. brains out, (209), évidemment insér~e par
l'auteur pour évoquer une violence sanguinaire.
Omissions particuliares a H
4. Ne voulant absolument pas r~vêler la v'ritable nature des
....
, ~
j
1 ..
1 1
______ - __ ~~_~ ___ ... _____ ."""'i ... ---"p-..... --...... " ......... · .. *",e .. ~q
(
(
, -24-
affaires de famille qui l'appellent constamment en France,
Darnay,risque d'atre condanmê 1 mort pour trahison1 le lecteur
de l'original voit en Darnay un être gênêreux, qui donnerait sa
vie pour protêqer les siens; mais le lecteur de la version H ne
le voit pa. ainsi" car sa version ne contient pas la
proposition: Thouqh what those affaira weret a consideration
for others who were near and dear to him, forbad him, even for
his life c to disclose, (104-6), qui aurait dû s 'y trouver
p. 69.
5. Darnay, qui êchappe a la mort 1 Londres grâce al' inter
vention providentielle de Carton (frapp~ par leur resseJt1blance
. mutuelle), se trouve 1 la Conciergerie, condamnê 1 mourir le
jour même, quand l'avocat anglais entre dans sa cellule pour le,
sauver une seconde fois. Darnay croit que Carton est venu
l'empoisonner, pour qu'il meure san.,souffrance -- c'est
pourquoi il lui lance un regard lourd de reproches au moment où
la drogue de Carton lui fait perdre connaissance. Mais la
tragique ironie n'est pas retenue par H, qui omet : Who had
come to 1ay down his 1ife for him, (381-2), proposition qui
aurait da appara!tre p. 325.
6. Quelques paragraphes plus 101n, Carton promet 1 l'espion,
Barsad, de ne pas le trahir, et lui assure qu' il tiendra sa
prol!"sse jusqu'a la mort ~me : Don 't fear me. l will be true
to the death, (382). Ses paroles ont un sens tout littêral,
voire proph~tique, puisque Carton est en effet. sur le point de
_____ • ___ ~ ......... ~ __ ~ __ ~_ # L. ~
...
,
,.'
1
i
1
\
(
(
- - ~-----~ - ___ ---.--_~~--_ ........... --. - • ..--. -----...... y!l""""-........ """" .... I111111 ... • « 'u ,
-25-
se sacrifier pour sauver Darnay. Mais ce sens i!chappe 1 !!.,
qui, en êerivant, p. 326 : -J'y serai fidlle, n'ayez pas' peur-,
ne traduit pas Ta the death.
" Le recensement des omissions de proposi tions et de
membres de phrases nou~ permet de constater que la version ~ en
est le plus souvent victime :
Omissions particulières a M
7. Sur le comptoir du cabare't Defarge se trouvent des verres,
plac~s lâ expr~s pour att~aper des mouches. Dickens laisse
comprendre qu'il Y a un paralUle entre la mort d'une mouche
êvênement qui laisse indiff~rentes les autres mouches -- et la
mort du marquis de Saint-Evrêmonde : l' insouciance des mouches
est curieuse, remarque-t-il. Et il ajoute : Perhaps they
thought as much at Court that sunny summer day, (209). !1 omet
le parallèle ironique entre les mouches et les cou;rtisans de
Versailles, commentaire qui, sans importance intrins~que pour
le dêroulement du roman, n r en relAve pas moins la saveur
"dickensienne" du texte.
8. Dans sa description de Old Bailey, au chapitre 2 de la
seconde partie, Dickens traite d' infintes les transactions du
prix de sang. La phrase mordante : (It was famous . . • )
abo, for extensive transactions in blood-money, another
frl!l.CJ!!!!nt of ancestral wisdom, systema~ical1y leadinç ta the
....
1 ,
, ,
(
(
-26-
most friqhtful mercenary crimes that could be sommitted under
Heaven, (90-91). Elle pr~pare le' lecteur au t~n\oi9naqe des J
parjures Barsad et Cly, mai31 n'est pas retenue dans M, p.'53.
9. En dêcrivant la peine de Burning people in the hand, (37),. \::1
infligée a l'êpoque aux 'malfaiteurs bri tanniques, et qui
consistai t a leur marquer la main au fer rouge, ~, qui omet In
thé hand, traduit par .. il brQlai t des malheureux", p. 6 -- ce
qui implique la mort des "malheureux· sur un bûcher. Ce détail
important êchappe donc au traducteur de M, dont la version
exaq're la cruautê de 1a justice britannique du XVIIIe siacle.
10. Lorsque, en Angleterre, un gentleman s'adresse a un autre, \
il l'appelle soit par son nom de famille prêc§d~ de ~, soit \
par son nom tout court, soit encore par son prénom ou son
surnom, selon l' intimi t.! de leurs rapports. Les amis de longue
date se servent du prénom ou du surnom -- ainsi Stryver appelle
Carton • Sydney " ou "Syd". Quand Carton 1 qui s'adressAnt a
Darnay, l'a toujours appelê "Mr Darnay",. demande l celui-ci
s • il peut l'appeler "Darnay· tout court, il demande en fait l
Darnay de le considêrer comm. un ami. Ce dernier lui accorde
ce priviliqe ; l think so, Carton, by this Ume, (237). ~
traduit, p. 175 : ·Naturellement, Carton". En omettant By this
time, M fait disparaftre un d~tail significatif, car Dickens - -soul-enter.td qu'on ne devient l'ami intime d'un Anglais (et même
d'un Français domicilié en Angleterre) qu 1 aprls une longue
~riod ••
J
(
II
(
-...... fi • 4 • _ .
s • 4 a 0$&
- -27-
Les traducteurs des versions H et ~ se mêp.:r:ennent sur le
. " sens de By this time -- qui serait: "Je crois que nous nous
connaissons depuis assez longtemps pour nous le permettre"
!!., p. 194, traduit By this time par un contresens: "Dès
aujourd 'hui", tandis que P, p. 1179, en propose un autre "Dès
mainten~nt" .
Il. Pour notr;e dernier exemple d'omissions de cet ordre,
reportons-nous au chapitre 8 du troi si~me livre. Barsad a
quittê l'Angleterre l cause de l'insuccl1s rêptl!t~ de ses faux
t!moignaqes, et non parce que le gouvernement et la justice
bri tanniques de l' êpoque n' appr6cient pas l' utili. t~ des
mouchards ou des faux-Umoins ! leurs gages. L'utilisation de
ces tristes auxiliaires ne fait pas honneur a ceux qui les
emploient -- mais c' êtait' pratique courante au XVIIIe si~cle et
la moralit' des temps s'en accommodait. Or 1 l'Angleterre
victorienne a une conscience plus pointilleuse que celle de
Georges III. Les progrl1s de la f' morali U publique ont, en 1859,
ann~e on Dickens rêdige s0r1c>roman, ~liminê l'utiLisation des
. !mes damn~es de la police. Mais pas depuis longtemps, car'
conune Dickens le note : Our English reasons for vaunting our :
superiori ty te secreçy and spies are of very modern da te,
(330). C'est en vain que l'on chercherait ce commentaire dans
~, on il aurait da se trouver p. 257.
Remarquons que cette omission reUve vraisemblablement de
l'incompr'hension du traducteur de M, puisque ni H ni P n'ont - -compris le sens du texte -- !i, p. 281, tradui t par un
\.
, .....
1 • 1. 1
(
(
· ... i • • Vi
-28-
contresens : "les motifs que la nGrande-Bretaçne a de proclamer
la supêrioritê de ses espions sont de frafche date-, et ~, p.
1274, par un autre: "les raisons que nous avons en Angleterre
de vanter la.supérioritê de nos agents secrets et de nos
espions sont r4!centes".
III. OMISSIONS DE PHRASES ET DE PARAGRAPHES ENTIERS
Si les omissions d'un seul mot et de segments de phrases
nous ont rêserv~ des surprises, celles qui touchent des phrases ~
enti~res, voire des paragraphes entiers, vont nous en procurer
d'autres, fort int~ressantes. Il n'y a que l'embarras du
choix. Certaines versions omettent une phrase, la suivante, et
plusieurs autres a la suite, jusqu'au paragraphe entier. Nous
pourrions en fournir plusieurs exemples : nous nous contente~-
"'ons de 9 -- dont un seul est imputable aux trois traducteurs :
1 Omission relevêe dans les trois versions H, M, P.
1. On la trouve au chapitre 7 de la troisiime partie. Barsad,
faux-t'main professionnel, est forcE par Carton de l'accom
pagner au bureau de la banque Tellson a Paris. Carton sait q~e
Barsad a comparu au tribunal de Londres on a ~té jugée
l'affaire Oarnay. Or, Miss Pross, dévouêe servante de Lucie
Manette, vient de reconna!tre en Barsad son frare Salomon dont
elle avai t perdu la trace depuis fort longtemps. La double
... > ____ ...... _ .... _ .... " ..... __ ._. ____ -..a. _______ ~~~_~~~-~_-.-------~. ------- ---- --~-
•• , ....
~ ,
,
,
t
(
(
• • • , • - + CU
-29-
identité du personnaqe est rappel~e par Dickens : John Barsad,
or Solomon Pross, walked at his side, (328). Aucun traducteur
ne s' est donn~ la peine de l' ins~rer dans sa version.
Omission commune a H et M
2. En 1792, la noblesse française ~migr~e ! Londres (et que
Dickens dêsigne par le nom g~n~rique de Monseigneur) s'y trouve
souvent sans ressources. La banque Tellson devient pour elle
le lieu d'~lection oa il lui est possible, soit de contracter
un emprunt, soit d'apprendre les dern.~êres nouvelles d'outre
Manche. La Banque devient alors la meilleure source de,
renseignements sQrs touchant Paris, et les êmigr~s s'y
rassemblent. Dickens expose tris clairement cet êtat de fait :
Moreover, it was the spot to which such French intelligence as
was most to be relied upon, came gui.ckest, (264), mais ni H ni
M ne semblent en avoir ~t~ frappês.
Omissions particuliires a H
C'e~t ~ qui est le principal coupable d'o~is8ions de
phrases et de paragraphes entiers. Nous nous permettons d'en
donner quelques exemples :
3. Paragraphe enti!>r omis dans H : La disparition (!i, p. 44)
des 76 mots du paragraphe ci-dessous est d'une importance
'certaine .-
'* cl ...
,
. ,
•
(
( r 1 •
... ,.
The prisoner had lot into a coach, and his ê!aûqhter haa fol owed him, when Mr Lorry i s 'feet were arrested on the step by fiis asklng, mlserâbl11 for his shoemakin2 tools and the un 1nisheê! shoes. Madame Defarge immeê!Iately called to her husband that she would 1et them, and went knltting, out 0 the lamPiight, t6rough the court-yard. She 9U1Ckly brought them down and handed €hem ~n; -- and immediatel a terwar B eane ~ga.1.nst t e oor-eost, knitting, and saw nothin2.
- ;+
Non seulement l'auteur souligne dans ce paragraphe l'état
-30-
(80)
lamentable du docteur Manette, que l'on vient de "ressusciter",
mais, par la répêtition voulue de Leaned against the door-post,
knitting, and saw nothing, il fait ressortir l'impassibilité de
Mme Defarge, dont le tricot est d'un si fatal augure pour tous
ceux qui la contrarient.
,Phrases entiires omises dans H
4. Lors du procls de Charles Darnay, deux faux-témoins com-
paraissent devant la couri l'un s'appelle John Barsad, l'autre
Roger Cly. "" L'avocat Stryv,er est en train d' interroqer Cly.
Celui-ci pr~tend avoir trouv~ dans le secrétaire de Darnay des
documents compromettants -- ce n'est pas lui qui les y a mis,
assure-t-il dans le texte oriqin~l : He had not put them there
firet, (98). !! omet cette pr~cision destinée a dOnn'er au
témoignage- de Cly le poids de la v~raci t~. Et ~, sans pour
autant pratiquer une omis.ion, commet un contresens, p. 60, en
précisant que Cly a trouvé les docwnen,ts "11 00. le prisonni.-r
n'avait pas pour habitude de 1 •• ranqer-.
"
... 1 ,
(
(
e,
5. Au chapitre 10 de la seconde partie, Darnay est a~lé
v~~iter Manette, pour lui dire qu'il aime sa fille et que, si
jamais il avait le bonheur d'épouser Lucie, il n'essaierait
jamais d'affaiblir les liens unissant le docteur! son enfant.
Les 9 lignes du texte anglais ci-dessous (110 mots) l know
that! as in her childhood f . . . , the hands of bab~, s:irl, and
woman, are round ~our neck, (163) , se r~duisentt dans !! a 2
lignes (20 mots) . "Non-seulement elle vous aime, mais vous . avez pour elle un caractère sacrê dont rien ne saurait diminuer
le prestige- (H-125). L'auteur de la version.!!. se permet donc
':4 de supprimer plus des t~o,i.s-quarts de l'extrait p:ç-écit'.
6. oécid' de retourner en France, afin de sauver la vie de
Gabelle, servtteur de sa famille arrêté pour avoir aidé des f
aristocrates, Darnay se rend comPte qu'il ne doit pas ,confier 3.
Lucie son projet" de voyage, et que le docteur, : Her father, •
C J
always reluctant to·turn his thouqhts towards the dangerous
ground of old, shou1d come to the knowledqe of the step, as a
step taken, and nof! in the balance of suspense and doubt,
. (272-3). Dans!!o, p. 227, une partie de la phrase est • supprimée, taqdis que l'autre est traduite par un contresens
. ":;i.l épargnerait •.• a M. Manette les vains efforts qu'il
" aurai t certainement fai ts pour le d~tourner de ce voyage".
Les phrases suivantes : How much of the incompleteness of his
situation ••. he did nct discuss with hlmself: But, that
circumstance too, had had its inf,luence in his course. (273) 1
disparaissent aussi dans la version H.
l ,
(
(
r • •• • c:p
(
7. -Au chapitre 6 de la premi~re partie, Lorry et Lucie vont
chercher Manette dans son galetas de Paris~ afin de le
"rappeler a la vie". Ils trouvent un cordonnier aux cheveux
blancs -- un Manette trans formé par ses années", de cachot.
Defarge, qui les accompagne, demande âu docteur comment
4 .c 4W
-32-
s' appelle le fabriquant du soulier' qu,' il ''Yi,ent d' achever -- ce
qui ~quivaut l lui demander si le prisonnier libéré se souvient
de son propre nom : 'And the malter' s naIne?' said Defarge, (72).
Manette répond, quelque temps apr~s : 'Did yeu ask me for pY
name?' 1 (72). La version!i, d 'oil la questl,on pos~e par Defarge
a disparu, est d~pourvue de sens -- Manette dit donc "dans le
vide", p. 37 : "Ne m'avez-vous pas demand~ mon nom?".
Omis'sions particulières a M
On ne peut accuser ~ d' avoir fait disparaître de nombreux
paragraphes. Mais il s_rattrape sur les simples phrases, dont ,J>.
(l
il a omis quelq]l~s centaines. ,Un relevé complet occuperait
trop de place. Con~ntons-nous de d~ux exemples
8. La suppression de certaines phrases d,escripti ves ôt-e a .
l'original une partie de sa saveur dickensienne. En voici un
exemple typique ": Lorry, qui voyage a Paris afin de, rappeler le ~
doctéur Manette "3, la vie", doit attendre a Douvres
·Mad~moiselle·, c'est-!-dire Mlle Manette. Pour tromper le
temps, Lorry v~ se promener sur la plage. Dickens insiste
alors avec humour 'sur l'odeur de poisson qui plane sur la
" --... r' "-" .... '"'~ ~"""' ............ _ "'.b' ~ '''' __
d .' •• 1
, '1
1
\ ~ 1 J 1 ~ 1 l
~1
'0;.
. '
C·<
, 1
.. • .... * ; _ 44+$
-33-
ville : 'l'he air amonq the hou.ses vas of sa stronq.a piscato!')'
flavour that one mi.ght have sUPPosed sick fish went up to he ,
dipped in it, as sick people went do",n to be dipped in the sea,
(51) • Toute la ph'rase a disparu de la version !:!' p. 18.
9. ~ a tendance 1 s~pprimer les commentaiyes, souvent
moralisateurs, dont Dickens ~mai11e son texte. Rappelons que
Dickens a ~crit son roman en 1859, tandis que le traductèur de
M a r~digê sa version quelque quatre-vingt-dix ans plus tard.
Un seul exemple suf.fira : Les flammes s tê1~vent sur la France; i
ce!! f~ nourissent de la haine des p:auvres pou:".,l~S
riches -- et qUi sai t, demande Dickens, combien il faudra de
morts avant qu'elles s'êteignent? : The altitude of the g~llows
\ that would turn to ",ater and quench (the fire), no functionary, \ ff
by any stretch of math~matics, ",as able to calcu1ate
successfully, (263). M ne s'intêresse pas A cette spêculation,
. et la saute, p. 198.
1
Omissions particuliares 1 P
LI auteur de P ne pratique jamais de coupures dêmesurêes
il ne se permet jamais l'om1ssion d'un seul paraqraphe~ et il ,
ne supprime qu'une dizaine de courtes phrases, dont deux
seulement comptent plus de dix mots dans l'original. Prenons ,
bonne note de cette conscience.
______ L ._ .. ____ .' -f" -.---.----~. ---_ .... _-_. -..... ......... ~-~--~- -~
1 1· 1 1 ,
*' -
Cl .'
•
-34-
Sur l'ensemble du roman, ! omet 6 paraqraphes (dont 3
d'passent 40 mots dans l'original); ~ en omet un seul (qui ne
eompt~ pas plus de 30 mots). ~, venons-nous de dire, n'en
omet pas.
H omet 29 phrases entiares ou fragments de phrases qui -comptent plus de 20 mots dans l'original (l'omission la plus
longue en compte 85 dans le texte anglais): 'M en omet 14, et -P l seulement. ~
. ,
"----"
(
1 , '
-35-
AJOUTS
Ajouts particuliers ! P /1
Parmi les ajouts, peu nombreux, de la version P, -plusieurs ont trait a la ·civilisation", et seront donc traitAs
au chapitre III. Les autres sont de peu d'importance: il
s'agit surtout' df~pith~tes ou d'adverbes. Ils ne méritent pas
qu'on s'y arrête.
Ajouts particuliers a H
l
Par contre, les ajouts sont beaucoup plus' nombreux dans
!, et aussi plus importants.
significatifs :
En voici quelques exemples
..
1. Aucune affection ne lie Oarnay a son oncle le marquis; on
pourrait même dire que les deux hommes se détestent. Le ,
marquis a tentê de faire condamner a mort son neveu, en payant
des faux t~moins pour le d'noncer l la justice britannique.
Charles, par ailleurs, ést indign§ de la politique de
rApression du marquis envers ses Resclaves·. Tous deux ont
atteint le point on les liens de famille ne comptent plus.
AiRsi, quand l'oncle souhaite le bonsoir 1 son neveu, il se
contente d'un simple: Good-niqht:, (156). Pourtant, ~ en
ajoutant "mon neveu· apras -bonsoir"" p. lIB, rappelle les
liens que les pro~aqonistes souhaitent abolis.
(
(
-36-
.. 2. Quand le soleil se' lAve tristement sur Londres, et sur
Carton souffrant d'une pas~ion sans espoir pour Lucie Manette,
Dickens écrit': Sadly, sadly. tne sun rose, (122). H ajoute
une précision superflue -- un lieu commun, en fait, puisque
chacun conn aIt la fameuse brume londoniennè : "Le sO'lei1 se
leva tristement, bien tristement au sein de la brume", (~-85). , -
3. Parfois H se permet un ajout plus long, mais toujours aussi
inutile. Par exemple, au proc~s de Darnay, Stryver déclare que
Darnay : "a fourni des preuves apparentes au crime dont il est
accusé, preuves qu'ont exploitées avec une infâme adresse les
faux témoins, qui, apr~s avoir vécu ~ ses dépens, avaient
intérêt a se défaire de sa personne", (~-69). Cette longue
phrase ne figure pas dans l'original: c'est pure invention
d'un traducteur en mal de copie.
, 4. Nous nous contenterons d'un autre exemple oa une courte
'phrase anglaise se transforme en une "tartine" qui ne fait pas
honneur! son auteur. La oa Dickens -- a propos d'un incident J
qui émeut profondément le docteur Manette en présence de M.
Lorry -- 'crit simplement ,: Mr Lorry had doubts of his business
eye, (132), ~ commente, et aboutit, p. 95, a : "il était si t'
calme, il avait dans les maniêres tant de grâce et d'aisance,
que M. Lorry douta de ses yeux, et mit sur le compte d; un
souvenir importun la sinquliire physionomie que par instants,
il croyait voir au docteur".
................. __ ~t_t~ ____________ ~ __________________ ~ ______________ ~~L-~~~~
, 1 ;
(
(
....,..------ -- • • • 4 • • • 4@ •
-37-
Ajouts particuliers l M
Si les ajouts sont fr~quents dans ~, ils sont relative
ment b~nins par rapport ! ceux dont fourmille la version M. Le
traducteur de M se laisse emporter par sa facilit~ de plume au
point d'altérer non seulement des détails, mais le style même
de l'original. Ce sont lA des m~faits qu'il convient de
stigmatiser, car ils le m~ritent. Faute de place, nous n'en
citerons que quelques ~chantillons
1. Au chapitre 4 du premier livre, Lorry apprend A Lucie
Manette que le docteur Manette, son p~re, a ~t~ wrappel~ ! la
vie". Lucie s'êvanouit, boulevers~e par cette nouvelle d'un
pêre qu'elle croit mort depuis longtemps. Le banquier, vieux
cêlibataire, ne sachant trop comment la faire revenir! elle,
crie "Au secours". Une femme accourt -- c'est miss Pross --
dont Lorry est frapp~ par l'air farouche, le teint rouge et les
cheveux roux. L'auteur de M fait un ajout abusif : sous sa
plume, les cheveux roux de la fid~le Pross, : Red hair, (58),
deviennent, p. 24, "des cheveux qui flamboyaient comme une
botte de carottes au soleil".
2. L'auteur de ~ se permet un ajout abusif semblable au
prêc~d.nt, 1 propo8 de l'assassin du marquis, amen~ au village
pour itre pendu tout pra. du lieu de son crime. Le pauvre
Gaspard, qui pour Dickens est simplement : A tall man bound,
(198), devient dans !, p. 142 : "un homme ficel' comme un
saucisson" •
, ,
i ..
(
(
.. • .. '* , .. 44' 41
-38-
Il est indéniable que l'ajout d'images gastronomiques
(telles que celles de carottes et de saucissons) alt~re le ton
de l'original et implique de la part du traducteur une
désinvolture de mauvais gont.
3. L'auteur de M a tendance 1 alourdir d'épithêtes des
descriptions qui en sont déjl fort chargées, (Dickens n'a-t-il
'pas le don, ou le défaut, d'une excessive abondance?). Les
exemples ci-dessous sont tirés d'un seul paragraphe (au
chapitre 15 de la seconde partie) : les Defarge et le canton
nier vont pour la journée 1 Versailles, où ils voient défiler
devant eux le Roi, la Reine et la Cour. Ils sont éblouis par
la perspective de : Jewels and silks and powder and splendour,
(203), que l'auteur de~, prodigue d'adjectifs, rend par "ces
joyaux scintillants, ..
ces perruques parfumées,
(~-147) ~
. , ces soies froufroutantes, • . . ,
. , cette splendeur chatoyante",
La beauté des Green banks, (20 3), n'échappe pas au
traducteur, qui, en les rendant par : -des gazons d'un vert de
r've", q~-1"7), inclut dans Ion texte une image qui tient ·1 sa
propre sensibilité -- il ne saisit pas que les seuls r~ves dont
ces trois rêvolutionnairea "en herbe" soient susceptibles sont
remplis d'actions meurtriires.
Devant ces gen8 du peuple défilent les aristocrates, leI
Lords and l4diea, (204), qui seront les premiers a perdre la
vie lors de la réalisation de la volont' populaire. Pourtant,
l'auteur de M ne s'en tient pa. la, mais se veut plus
•
( j
)
-39-
~
diekensien que Dickens, puisqu'il traduit Lords and ladies par
"les dames ravissantes et léS seigneu~ ~l§qantsN, (~-147).
Toutes ces ~pithêtes sont une bonne illustration de la
f!cheuse tendance de l'auteur de ~ ~ d~layer son texte par des
ajouts qui n'ont de remarquable que leur platitude. Il ne
saurait ~chapper a notre censure •
Nous avons constat~ que les ajouts dans P sont peu
fr~quents et peu importan~s ~ qu'ils s'ont plut8t frêquents dans
!!, mais rarement d'importance majeure; et que ~ fourmille d'un·
si grand nombre d'ajouts gratuits que le lecteur connaissant
bien le texte anglais ne l'y reconna!t guère.
•
............ ~~~~ .... __ .. ____ ~MM ____________________________ ~~~~ ~---~- ~~
• • $7 , ., ra t . %
(
• or
1·
(
"
-40-
En conclusion, il conviendrait sans doute de supputer les
mobiles qui ont pouss~ les traducteurs, soit a supprimer une
partie du texte original de Dickens, soit a y ajouter des
ornements de leur cru.
Pour ce qui est des omissions, on peut les attribuer!
l'impatience, 1 une connaissance insuffisante de l'anglais, 1
un manque de souplesse dans le maniement du français. On peut
aussi croire que ce fut par égard pour le lecteur français, 1
qui les traducteurs ont voulu ~pargner les redites
dickensiennes, ou des détails qui, a leur avis, ne devaient
ajouter ni 1 la compr~hension du lecteur ni a son appréciation
du texte.
Nous ne saurions nier que l'auteur de H fait souvent
preuve d'incurie, ni qu'il se montre tour a tour incapable,
insuffisant, voire mime ignorant. La version ~ est beaucoup
moins abondante en omissions, mais on y relave parfois des
suppressions abusives. Par contre, l'auteur de ~ ne s'~loigne
que rarement de l'original, et ne fait disparaître que les
rfp.titions ou les fragments qu'il estime inutiles a· son
lecteur.
Pour ce qui est des ajouts, les traducteurs, vivant peut-J
Itre de leur plume, auraient-ils eu la plume trop facile?
Etaie~t-il. l~tribué. 1 la ligne, ou voulaient-ils simplement
rendre le texte plu. clair?
Peu d'ajouts importants fiqurent dans !, tandis que M en
, 1
î ~ 1
L •
J
j , \
1
-41-
(. fourmille. P, par contre, ne contient aucun ajout qui altère - ,
le sens ou le ton de l'original.
En r'sum6, il ressort clairement de notre examen des
omissions et ajouts figurant dans les trois versions françaises
du Tale of Two Cities, que H a tendance 1 omettre, tandis que -, ~ est plut5t portA 1 ajouter. Seul P reste fidèle au texte
original.
1
.'
1
i -;
()
CHAPITRE II
ERREURS DE SENS
/ DANS LES VERSIONS FRANCAISES • DU TALE OF TWO CITIES
---------------
1
----~---
(
.. - ..
CHAPITRE II \
Notre deuxiime chapitre est consacr~ a l'examen'des
'erreurs de sens attribuables aux traducteurs français du
Tale of Two Cities.
Sui vant la m~thode qui nous a. bIen servi au premier
chapitre, nous procéderons par sondages, et ~plucherons trois
passages, qui sont respectivement de nature descriptive,
narrative et dial~guêe, pour en tirer faux-sens caractéris~s
(y compris tout faux-ami) et contresens. Faute de place, il
conv~ndra de passer l'éponge sur les inexactitudes, à moins
qu'e~les ne frisent le contresens.
Les passages que nous passerons au crible sont :
q ça 4*
a) passage descriptif
de Its abidinq place (61-2) •
chapitre 5 de la première partie,
. • • A In peril of tempest,
b) passage narratif: chapitre 21 de la deuxième partie, du début jusqu~à Their dumpling heads, (239-41).
cl passage dialogué : chapitre 12 de la deuxième partie, de Jean I do anything for you, Mr Stryver?' a la fin du chapitre (172-8).
Ensuite, nous nous attaquerons à une lecture g'nfraIe des
trois versions du roman, dans le but d'en dégager l~s erreurs
_~ sans. C.p.ndan~, de crainte d~ebuser de la patience de
notre lecteur, nous choisirons judicieusement parmi la muIti-
tude d'erreurs de sens que nous avons relevées -- car la liste
en est longue, et la lecture en serait interminable -- pour en
pr'senter seules les plus évidentes et'palpables.
,l'
" ... ----.....,.,.---~ ........ -.,_ ....... -« ft'
" .... 1
J J 1 l
. , ~
(
(
ERREURS DE SENS
tCHANTILLONS
Abordons sans plus attendre, la lecture minutie?se des
trois passages-~chanti11ons, commençant par
a) PASSAGE DESCRIPTIF
Notre texte, tirê de la premi~re partie, chapitre 5,
-43-
comprend un paragraphe (29 lignes), de Its abiding place was in
aIl thinqs fitted to it, (61) ~ In peril of tempest, (&2). Il
se trouve dans !, pp. 27-8; dans M, pp. 28-9; et dans ~~
pp. '1002-3.
1. Its abiding place was in a11 things fitted to'it.
Le lecteur de l'original, se souvenant qu'au paragraphe qui !
(61)
pr~cêde notre citation, le sUbstantif ~unqer est rêpêt~ 8 fois,
perçoit automàtiquement que les !.E!. et II de la premiare phrase
... ~ de notre êchantillon se r~f~rent 1. Hunger. Mais !l, qui di vise
en 4 le paragraphe anqlais et n'y parle de -la faim" que 3
fois, croit-il peut-itre qu'une pr~cision s'impose? Quoi qu'il
en soit, !!. r'pite "la faim". Il ne traduit pourtant pas Wa. in
all thinqs fitted to it, mais enchatne ainsi : ".La faim 'tait'
log'. dan. tous 1 •• replis de cette rue tortueuse" (!-27)~ Il
~, par contr~rompt l'ordonnance de ~. ~hrase ~glai.e,
~ _ _ __ ~ ____ .. __ M ..... r ..
• «ft ..
...
(
·1 -r
- ~ ~ ~-~---...., ... ---~ .......... -. . ....------..... --.......... -.... -.. • Y' sq .u e*e ,
-44-
et-propose : ·La faim r~gnait en permanence dans tout le ~
quartier Saint Antoine. C'est la que, semblait-il, elle avait
d~couvert son royaume d'élection" (M-28). M insiste sur le - '
fai t que la faim rÈ!qne dans Saint-An toine, tandis que Dickens
se borne a dire que le quartier est le domicile de la faim.
On peut d'ailleurs se demander s'il est possible de découvrir
son royaume" d 1 élection, alors qu'il est plutôt normal de le
. choisir, si'hon de l' élire.
P, en traduisant ainsi .,. "Son domaine lui était approprié
en tous points" (P-l002), rend tr~s bien le sens de l'original,
même s'il suit l'exemple de ~ en soulignant que la ~aim est
propriétaire du quartier, 11 on Dickens précise simple~nt
qu'elle y habite.
2. A narrow winding street ( 61)
! omet N~rrow, mais comprend bien le sens de Winding : ·cette
rue tortueuse" (!-27). ~,par contre, ne sachant trop si
l'adjectif Windin~ se rattache au verbe To wind (serpenter) ou
au substantif ~ (le vent), résout de miser sur les deux
tableaux; de plus, il ajoute l'adjectif ·pripcipale· : "Une rue
principale étroite e~ tort~euse, o~verte ! tous les vents·
(~-28', Nous devons ,forcêment conçlure que le traducteur de ~, , , \ .- ~ ~
dont la connaissance de-~'anglais est nettement insuffisante,
ne sait pas non plus lire un dictionnaire : "ouverte 1 tous les
vents· est un eontresens de premder ordre -- ! pense-t-il
plutôt 1 l'adjectif Windy?'
)
1
, 1 1 1 1 ,
.""
J
1
(
\
...
(
• -45-
Seule la traduction de P est exacte "Une étroite rue
tortueuse" (.!!.-l002). \_-~
3. W! th other narrow winding streets di verging ( 61)
B omet enqore'~'adjectif Narrow, mais sa version est bonne :
"ail aboutissaient d'autres rues, également tortueuses" (!!-27).
Et M commet la'même grossière erreur qu'au début de la phrase, •
en' fraduisant ainsi : "travers~e en tous serts de ruelles
sombres et battues des vents" (~-28). Remarquons que "traver~
s~e en tous sens" ne rend pas bien le sens de Di verging : quand " ,
une rue prend sur cette "'étroite rue tortueuse" et ne va' que
dans un sens, on peut bie'n dire The street diverges (le verbe
signifie -te go aside from track", d'après OED), mais on ne i
J
saurait dire qu'elle en "traverse" une autre. N'oublions pa~
que le quartier Sain1;-Antoil}e d'avant la R~volution n'avait pas "
l'allure qéom~trique que lè Baron Haussmann lui a donn~. En c J pJUS, ~ traduit Narrow par ·sol1"bre" -- ce qui n'est pas exact,
bien' que les rues ~troites soient en général plus sombres que
des boulevards. La 00 Dickens) répête Narrow winding s,treets,
sans doute pour insister ~ur la tortueuse ~troitesse des rues,
M se permet de r'duire la largeur de ces rues, qui deviennent,
soua la plume des "ruelles". Cette inexactitude perd de son
importance " cet' du flaqrant contresens (·battues des vents·)
1 que noua ne saurions pardonner au traducteur de M. ;. f]
Seul! ne s'attire pas de critiques, car sa version
"d'oG partaient d'autrel rues ~troites et tortueuses· (~-lOQ2), \
est tout; .1 fait acceptable. )
(
4. AIl, ïeopled by rag's and nightcaps, and aIl .me! !ng of rag's and nig'htcaps
-M, en ajoutant au texte de Dickens, tombe dans le pi age
-46-
(61)
d' alt~rer le ton de l'original : "peup14es de spectres en
guenilles et en bonnets, le tout d~gageant une odeur âcre
d'êtres mal lav~s, de dêtritus' en d~composition· (~-29).
L'ajout de "spectres" ternit l'image de Dickens -- M se veut-il
plus ·r~aliste· que le romancier? -- et "d~tritus en d~com
position" n'ajoute rien. qui va,ille au texte.
5. AlI visible thinqs with a brooding look upon them that looked ill ( 61)
H ne saisit ,pas le sens de Broodinq -- qui siqnifie "couvant
(la venge.~nce)" bien qu'il utilise 3 adjectifs:' "oil chaq'Ue
obje't visible, pâie, maladif ou sordide parais sai t un prêsaqe
du malheu~ (H-27). \ -
M reconnatt le sens de Brooding, mais ne peut empacher sa
plume de couler trop facilement : "le tout, . . . , pr~sentant
le spectacle d'un monde l~thargique, courb~ sous le poids du
malheur mais qu1 couvait en lui des forces vengeresses? avides
de se dêchatner" (!!-28). (Remarquons que la propositio,n
anglaise n'est pas part~culiareme t hëureuse -- on se demande
pourquoi Di-ckena n'a pas chpisJ: un verbe autre) que Looked,
alors que le substantif Look appara
locuti'On • )
L'auteur de ~, qui traduit aina
(. dans cette
r
"o~ tout ce que l'on
"" -voyait avait un air sombre qui ne disait rien qui vaille"
o
•
...
-47-
-(!!.-l002), ne semble pas être conscient que l'expression !h!!
looked ill a plus de force qu'il ne lui en donne. Ne rien dire
qui vaille, c'est,ue rien dire qui soit important ou juste,
alors que Looked i1l a pr~cisêment le sens de "êtait de mauvais . auqure". De plus, Brooding s'att~nue chez E" et devient
·sombre· -- ri 'oublions ·pas que l'adjectif verbal comprend le " ,
sens de ·couver" et, selon ~, de "to meditate (esp. resent-
fully)" •
6. In' the hunted air of the ~eople there was yet some wlld-beast thought 0 the possibility of turnlng a t bay
(61-2)
Les auteurs de !!. et de P ne traduisent pas le mot !!!. -- qui a
le sens de "pourtant· ou de "rnalgrê tout" -- mais ,hormis cette
omission mineure s' acqui ttent bien de leur tâche.
!!, par contre, traduit par un contresens: "Ses habitants
possêdaient ce regard traqué de la bête aux abois· CM-2a). En ... effet, les habitants du quartier Saint-Antoine ne font face l
l'ennemi que le 14 juillet 1789, soit 14 ans plus tard
ch api tre 5 de la premiê're partie, il n' en est pas encore
question.
7. ,Foreheada knitted into the likeness of the ïallows-rope €bey mused âbout endurlng, or nfllctlnq
(62)
H et !. offrent des versions valables, mais !:!, sans doute a bout'
de souffle aprAs avoir tant invent~ aux phrases précédentes,
traduit ainsi : "Les fronts êtaient hantês de rêves meurtriers·
CM-28). Tout en nous proposant un alexandl:in qui détonne dans -
(
(
-48-
la prose, M perd l'image du front qui se contracte pour
ressembler a "la corde" 1 et ne se rend pas compte que cette
corde peut servir aussi bien ! la mort de celui qui rêve qu'à
celle des autres. \
8. Grim illustrations of Nant (62)
!:!O, qui propose "(On retrouvait) l'image de la faim" (!!.-27),.
ne traduit pas Grim et ne traduit qu'incomplêtement ~, dont
le sens ne Si appLique pas qu'à la faim. Ce terme d~signe,
comme le pr~cise ~, "the state of lacking the necessaries of
lifei penury: destitution." Remarquons que la faim est sujette
à être partie intégrante de la misère -- 2!E. l'admet,
d'ailleurs : "Also, the condi tien of lacking food; famine;
starvatien. "
M offre "farouches ft comme traduction de Grim : "de -farouches illustrations de la misère" (~-28), et P suit son
exemple : "de farouches images du Besoin" (!:-lOO 3) • Reportons-<
nous ! Q!Q., qui 'explique ainsi l' ~pi thète Grim : "sinister,
ghastlYi unp1easant, unattractive." Il s' agit donc plutôt
d'images ou d'illustrations ·sinistres" ou "menaçantes·
accusons.,donc t! et ~ d'avoir commis un l~ger faux-sens.
9. Only the leanest scrags of meat ( 62)
Pr~cisons tout d'abord que Lean a le sens de "meagre, of peor
quali ty, not nouri. shinq· (QE?) : ils' agi t donc de .. repas . maigres", on 1.1 n'entre qu'un minimum de viande. Quant a Scraq'., ce sont S\1rtout les parties osseuses (donc d6chamêes)
(
d'un animal -- le collet de mouton, par exemple. Si les
Leanest scrags of Meat se distinguent, Cl est surtout par
l'absence de viande. H ne rend donc pas cet te id~e quand il
traduit ainsi : "les maigres lambeaux de viande Il (H-27).
-49-
M offre la veJ;'sion sui vante : "des quartiers de viande
an~miques" (~-28). Rappelons encore l'absence de viande~ de
plus,. il ne s'agi t pas de Jlquartiers Il df viande (! moins qu'il
ne s' agisse du "cinquième Cij1artier"): et "anêmiques" ne rend
pas le sens de Leanest.
Seul P offre une version qui soit acceptable : "les plus
dêcharnês des morceaux de viande" (!:-I003), et, encore lâ,
"des morceaux· ne rend pas la plêni tude du sens de Scrags.
10. The Eeoole rudely pictured as drinking in t e wine-shops
( 62)
H propose : "l~s buveurs, • , barbouil1~s sur la porte du
cabaret" (H-27"8), mais il ne saisi t pas qu'il s'agi t des , - ~
enseignes -- en' l'occurrence de celles où sont dêpeints les
clients des estaminets, au-dessus de ,la porte desquels elles
sont acëroch~es.
~ comprend bien : "Celles des cabarets Feprêsen"taient des
silhouettes maladroites de buveurs" (!!-28), mals ~ perd totale
ment l'image deI enseignes, et se contente de : "Les gens qui
buvaient au cabaret" (~-l003). (
Il. over their seant (62)
OEO nous explique que le verbe To croak comporte le sens fiqurê
l r
(
•
-50-
de "to speak in dismal accents, talk despondingly, forebode
evil (like the raven)". De plus, il précise que ~, quand il
s'agit de boissons alcooliques, signifie "Without body; not
stronq or rich; of low alcoholic strength: weak", et donne
comme exemple une phrase du quinziême chapitre de la deuxiême
partie du Tale of Two Cities : "Monsieur Defarge sold a very
thin wine at the' best of times. Il
Or, !!. offre la version suivante : .. les buveurs, . . .
grimaçaient au-dessus de leurs verres de petit vin frelat~"
(H-28) • Mais les consommateurs ne grimacent pas : ils grognent /
ou ronchonnent. Et ils ne ronchonnent pas "au-dessus" de leurs
verres, mais plutôt -en buvant" ou "en prenant" leur verre de
piquette (ou de petite biêre, que ~ ne traduit pas). Thin wine
est sans doute du vin ~tendu d'eau (baptis~) frelat~, bien
que ne traduisant pas strictement le sens, rend quand même
l'image d'un vin ·altêr~ dans sa pureté".
Le sens de Croaked échappe-t-il !~? Le fait est qu'il
le néglige totalement, ainsi que And beer : "(les) buveurs ,
humant le bouquet avare d'un vin pauvre" (~-28).
E, par contre, rend bien le sens de l'original: -Les
gens, •.• , ne fa1saient en réalité que se lamenter dev~nt un
pauvre verre de biêre ou de vin três clair" (P-1003). P oppose .,
la réalité ("en"réalité") aux enseignes, qui ne sont en fait
qu'une image fantaisiste des buveurs 1 l'intêrieur du cabaret.
C n ft •
(
(
.. -51-
12. The ~eople, . • • & were gloweringly confldentlal toqet er
( 62)
OED explique que To glower signifie "to look angrily or
cross ly; te scowl", et ci te pr~cis~ment ce passage comme .. exemple de l'usage de Gloweringly -- aussi entend-on que les
1
buveurs se renfrognen t.
La version H ne transmet pas l'attitude maussade et
menaçante des buveurs: "les buveurs, ... , l'oeil en feu, se :
penchaient l'un vers l'autre pour se faire de mutuelles
confidences" (~-28). L'expression "l'oeil en feu" communique
l'ardeur, sans indiquer la nature, des sentiments des buveurs.
Dans ~, l' atti tude menaçante des buveurs ne se voit pius
sur leur visage, mais elle se fait entendre : "Les gens, . . ., se faisaient 3 voix basse et menaçante de sinistres
confidences" (~-l003)
13. The gunmaker' s stock was murderous
li ~vite l'allusion aux armes "rneurtriêres": "les fusils
(êtaient) nombreux dans la boutique de l'armurier" (!!.-28).
~ fait de même : "la rêservl'! de l'armurier (~tai t)
impressionnante" (P-l003).
(62)
Seul t! saisit le potentiel de ces 4mes et approche du
sens de Murderous ·la devanture de 1 f arnurier ,avai t un air
menaçant" (t!-28). Remarquons que t! prod!de ici a une
particularisation -- le mot 9ênêral Stock est traduit par un ~'\.
térme parti~ulier "la devanture", qui ne repr'sente en fait
qu 1 une partie du Stock.
1
(
f
l ·1 , ,
.' . : f
-52-
14. By Many eccentric fi ts (62)
H et ~ rendent bien le sens de cette expression, ! la ,
diff~rence de ~, qui offre : "par une infinité de petits
canaux" (M-28), perdant ainsi l'idêe de caprice, (selon ~,
Fit signifie "capricious impul;se, mood").
15. Aeross the atreeta (62)
fI et ~ comprennent qu 1 il s'agit ici d'une lanterne suspendue
au-dessus du ruisseau qui coule au milieu de la rue. Seul M se
m~prend sur le sens de l' anglai!'ll, qu'il rend ainsi : "Le long
des rues" (~-28).
16. One clumsy lamE, was aluns br a rope and pulley
!!. laisse tomber le mot Pulley : "pendaient, . • . , de
grossi~res lanternes, attachées à une corde" CH-2a).
(62)
M ae méprend sur le sens de Slunq (du verbe Ta sUng,
suspendre), gu' il confond vraisemblablement avec Swunq (du
verbe To swing, [se] balancer) : "une lanterne rudimentaire se
balançait au bout d'une corde passant dans une poulie" (~-28). 1
Et!., oublieux du refrain r~volutiannaire du "Ça ira'"
("les aristocrates! la lanterne"), traduit ~ par un faux
sens ( "lampions") : "de mauvais lampions ~taien t suspendus au
moyen d'une corde A poulie" (~-100 3) •
17., and the shi ( 62) tempest
Il est prêmatur' de la part de !!. d' affirmer que le. lanternes
b b.. ____ d ___ ... t .. ~. ____ "O"'_ _ _....~ _____ ~~~ _____ ~ - ---
...
, . ,
\ . (
.'
(
-53-
"s'agi taient, . . • , au-dessus d'une mer orageuse", alors que
l'orage n'est pas encore arrivê : "Ils Si agitaient, il est
vrai, au-dessus d'une mer orageuse, et le navire et l' l!quipage
~taient menac~8 par la tempête" (!!.-28).
~ retombe dans son habitude de délayage "De fait, le
quattier Saint-Antoine n' ~tai t-il pas une sorte de navire
ballottll:! sur une mer gonflée d'une tempête prochaine? Et le
pl!ril ne menaçai t-il pas le bateau et son ~quipage de gueux?"
(~-29). L'ajout de (l'équipage de) "gueux" nous semble abusif.
Par contre, la version ~ ne provoque aucun commentaire
~dt!ifavorable : liA vrai dire, ils l!taient bien sur un ocêan, et
le navire et son Ciquipaqe couraient le risque d'essuyer une
tempête" (~-l003).
Il ressort de la lecture de cet l!chantillon que ~ est, de
loin, le plus coupable en mati~re d'erreurs de sens. !i, qui en
• fait nettement moins, est a son tour plus fautif que P.
b) PASSAGE NARRATIF
Notre deweilme 'texte comprend 9 paragraphes (79 lignes),
a partir du d6but du chapitre 21 de la deuxiElme partie (239)
jusqu'a The straiqht hair of theit dumpling heads, (241). On
le trouve dans!i, pp. 195-8; dans ~, pp. 177-9; et dans !!O,
pp. 1181-3.
.. ~ - "_ .. lEn ,. "'1 .. _ .......
ft • _ • 4L _~
....
,
,.
(
(
..
--- ----.-.....---- ~- -.~.-~-__ - .. 'It"_-~'l"""""I,,_""4",,4F_"""I
-54-
1. It has been remarked ( 239)
H se permet d'ajouter ainsi ~ l' original : "avons-nous dit dans
l'un des prêcêdents chapitres· (!!-195). Sans toutefois
prêtendre que son commentaire soit une erreur de premier ordre,
nous le relevons parce qu'il n'apporte rien au texte.
2. Ever busily winding the golden thread which bound her husband, and her father r and herself, and her oid directress and com anlon, ln a life o gu et l.SS, Lucl.e,
(239)
M se mêprend sut' le sens de cette première moiti~ de phrase :
il ne saisit pas l'importance du rôle que joue Lucie dans la
vie calme et heureuse dont jouit sa famille. Chez!1, seule la
vie de Lucie se dêroule dans le bonheur et la tranquillitê, et
ceci, grâce au temps qui passe. De plus, ~ offre deux
traductions de Quiet bUss, dont la seconde est victime d'une
faute dt impression : "Le temps avait passê, enroulant et forti-
fiant sans cesse le fil d 'or qui unissait Lucie ~ son mari, à
son p~re et a sa vieille compagne. La vie s'êcoulait pour elle
dans une qui~te fêlicitê, dans un bonheure (sic) paisible" c.
(~-177) •
3. Lucie sat in the still house •
!! ne traduit pas In the still house, mais offre : "Lucie
Darnay, asaise aU)rAs de la. fenêtre" (!!-195). De plus, il ..,
(239)
rappelle, (inutilement, croyons-nous), le nom de famille du
mari de Lucie.
P fait un ajout (qui fait penser l la version !!), et
1 ,
..
. ,
(
c
-55-
traduit : "Lucie, ••. , assise aupr~s d'une fenêtre dans la
maison silencieuse" (~-1181).
4. Though she was a perfectly haPEX young wife (239)
Deux des traducteurs ne rendent pas le sens exact de cette
proposition, qui serait "bien qu'elle fût une jeune épouse
parfaitement heureuse". Le bonheur de Lucie ne lui semble pas
réel -- c'est du moins ce que nous fait croire !!., qui introduit
le doute en employant le verbe "paraître", (et qui ne traduit
pas a, • . . 1 young wife) : "Bien que son bonheur lui parût
aussi grand que possible" (H-195).
!:, à son tour, néglige le fait que Lucie goûte la vie
conjugale, et qu'elle est jeune: "bien qu'elle fût parfaite-
ment heureuse" (!:-1181).
5. Her work. (239 )
~ nous propose une particularisation : "leur broderie" (~-177).
Mais cette pr~cision nous paraît tout à fait acceptable.
6. And her exes would be dimmed (239 )
Ni H ni !I ne restent fid~les al' original lorsqu'ils affirment
que Lucie verse des larmes : "et d'avoir les yeux obscurcis par
les larmes" Œ.-l96); "et 00 ses yeux se voilaient de larmes"
(!:-1181). ~ pr'cise que la verbe Ta dim porte le sens de "to
becloud (the 81es)1I (To becloud signifie, encore selon Q!E., "to •
malte mi!ty or murkx"). Donc, H et !: vont plus loin que
Dickens. <' '" ,"
,
\
(
/
c
• 4 • • ... c ç, ••• ,
-56-
7. That time passed (239)
!:! n I y voi t que le passage du temps : "Des mois encore
s'~c'oulË!rent" (~-177), et ne saisit pas qu'il s'agit pri!!cbi!!
ment de la pêriode de vagues inqui~tudes et d'espoir où les
yeux de Lucie s'obscurcissaient.
8. Her little Lucie layon her bosom (2 39)
H omet la proposition. ~ anticipe sur la phrase suivante (~
sound of her prattling words), en pr~tendant que la nouve~le
née est déjâ capable de "gazouiller" : "sa petite' Lucie
gazouilla sur ses genoux" (~-l77). De plus, ~ commet une autre
erreur : on her bosom a le sens de ft sur son sein" ou "dans ses
bras· . ( "Sur ses genoux" serait la traduction de on her 1412. ou
de on her knee) .>
!: tombe dans le même pif!ge : "bientôt une peti te Lucie
reposa sur ses genoux· (~-1181).
9. The tread of her tiny feet, and the sound of her prattH.ng words, • . • , They carne, .
(240 )
M se mêprend sur le sens de They came, qui renvoie a her tiny
!!!!! et her prattlinq words
et de son babil d'enfant, •
"le brui t léger de ses peti ts pas
. . , Elle s "levait, cette voix, \ ~
il jasait, ce rire, • • " (!!-178). Chez~, donc, Lucie
n'entend que la ~ix et non pas le son des pas de son enfant.
10. The shady house vas sunny vith a child's l4ugh (240)
!! insiste sUr '1' image du soleil qui illumine la maison
... 1
1
11
1 1
(
r : ( , ~ 1
· .. ,. . - . + q • ~*e ,
, -57-
\
ombreuse : "Le soleil illuminait la grande maison ombreuse"
CM-l78), alors qu'il ne s'agit pas de l'astre f~condant, mais
du rire de la petite enfant qui êgaie la demeure. Et M ajoute
"grande" -- cette êpithète, tout en êtant superflue, est
excusable 1 car au chapitre 6 de la deuxième partie il est
pr~cis~ : The Doctor occupied two floors of a large still
house, (123).
Il. The Di vine friend of children, • . • , seemed to take her child in His arms, as He took the child of old
( 240)
H ne traduit pas as He took the child of old : If l' ami c~leste
des enfants, , parut tendre les bras â l'innocente
cr~aturelt (!!-196)., Remarquons aussi que .. tendre les bras ~
quelqu'un" n r équi vaut pas a. "prendre quelqu'un dans ses bras n •
Ni M ni P ne reconnaissent l'allusion a l'Evangile -- ou,
s'i"ls le font, ils n'en ont qu'une connaissance imparfaite. M
~'" offre cette version : "le Divin ami des \~fants, •••
semblai t l' a~ir pris dans Ses bras (comme un jour, il avait
pris J~sus en Sa garde), (!!-178). Il emploie le plus-que
parfait ("avait pris") l! oil l'original a le pasaê simple
(~). _ Et il se trompe de sujet, puisque le "Divin ami des
enfants·, c'est J~.us, qui lUi-mêsne a pris l'enfant dana ses
bras -- a vrai dire, il n 'y avait pas qu'un enfant : ·Et les
ayant pris .dans se. bras, il posa les mains sur eux, et les
b~nit" (Saint Marc, x, 16). 6
P commet la même erreur : -le Di vin Ami des en fan ta, • •
~ 1
\-
(
(
•
-58-
. , sembla le prendre dans' ses bras comme jadis cet autre '-:.
Enfant" (!:-1182) -- pourtant, J!sus n 'litait plus enfant a l'!poque en question.
Ever busilX winding the golden thread that bound themalI toqether,. , Lucie,
12. (240)
M fait preuve ici d'une certaine logique: il commet la même
erreur qu'au d!but du passage -- il change de sujet: "Le temps
fuyait, enroulant et fortifiant sans cesse le fil d'or qui
unissait ces âmes" (~-178).
13. Makin~ it Eredomina te nowhere (f40)
M ne traduit pas, alors que !!, qui offre ceci "sans la ( , ..
~, ---mon trer nulle part" (!!-196) , ("la" se r~f~re a la "douce ---- ----'
influence" de Lucie), se m!prend sur le sens de predomina te
("pr~dominer"). P en fait de même : "sans qu'elle fat jamais
r~ apparente" (~-1182).
14.' Lucie heard, • soofhln9 sounds
none but friendly and (240)
H rend heard par "!couta" : "Lucie n' ~couta, • • • , que des
bruita caressants et propices" (!!.-196). Il implique que
d' autres brui ta se faisaient sans que Lucie fat diapoa4§e a les
entendre tj qu'elle n'Acoutait que ceux qui lui plaiaaient.
15.
Aucun traducteur ne saisi t le sens de pro.perous, qui, selon
Q!!;!., serai ~ "f1ouriahinq, succeas ful, thri vinq· • !! fa! t un
r
...
1 ..
l , 1 1
1
"
(
,
' .• ' .... -59-
faux-sens sur l'6pithlte, qu'il rend par un substantif "la
fAlici t~" (!!-196); M offre : ·sûr de lui" (M-178); et P ~
16. Lo, Mi.s Pross (240)
. ~ affirme que !2 signifie "Look!, see!, behold:·, et Saint
Matthieu nous le confirme
Matthieu, xxiv, 23) ,.
"Lo , p
here is Christ.· (Saint
M commet donc une erreur impardonnab le, qui fai t preuve \i
"d'inculture et d'un manque de jugément scandaleux chez un soi-
disant traducteur. Dans sa version, l 'interjection (~)
devient une personne: "(les' rires de) Lo et (de) Mlle Pross·
(~-118) •
(.., 17. lh hamess of string r
(240)
ft offre : "couverte de son ha"rnais rustique· ([-196), version
qui ne retient pas l'image du harnais de "ficelle· dont la
petite Lucie a affubl~ sa gouvernante.
18. AWakeninq the echee. (240)
M fait un faux-Iens sur awakenlng, qu' il re~d par "dominant" ,~
19. Wlth a radiant lmile (240)
!. omet Radiant: "en souriant· (!""196),o et t le rend par ~
·pauvre" : "un pauvre sourire iiluminant ses traits Illanq's
<!!-178" ce qui ~ un faux-aens de plus dans un texte qui en
fourmille . . .
;
Il10. ____ • ____ ................... _~_~~ _-------.i.._ ~- - ~ -
i i . 1
....
, ,
/ 1.
1 .. 1 (
• 1 , 1
( 20. Thoae were not te.ra aIl of agony tha t wetted bIs mother i s cheëk
-60-
(240)
COmDe le pr~cise Roe.sler, (1) Agonl a le sens de "angoisse
morale". ("Agonie" siqnifie : the' death throes, the throes of
death). ~, qui rend agony par "agonie", tombe donc dans le
piège des faux-amis : "les larmes qui inondèrent ses joues ne
furent pas toutes des larmes d'agonie" (~-178).
21. Her embrace (240)
N'oublions pas l'étymologie qu mot embrace, .qui vient du latin
bracchium (bras) pr~fi~é de in. Il ~it donc de l'~treinte 1
de la jeune mère qui tient son fils agonisant dans ses bras. ,
Ce sens échappe a~, qui substitue: "ses baisers" (~-178).
22. Suffer t,hem and forbid them not. They see my Father's facE!?r 0 Father, blessed words'!
Seul P saisit le sens de ces pbrases, qui ne sont en fai·t , """ .. ~. q~Vune adaptation de certains versets de la Bible. Dans
(240)
l"tvangile selon Saint Marc' (x, 14) se lit : ·Suffer ,the little
children to come unto me, and forbid them not : for of such is , the kinqdom of God" ~ dans l'Ancien Testament' (Nombres, vi 1 25),
voill : -The kOrd make his face shine upon thee, and be
97iacious unto thee," Or, ~ omet entiêrement les deux phrases, -et !!. se .prend ainsi : ·Souffrez qu'ils partent; ~ls verront ;
la face du Seigneur. B'nies soient vos parol.es, 8 mon Dieu!"
(!!-196) • J'sus ne veut pas que les enfants partent, mais-J
, . (1) Maxi .. Koes.ler, Les Faux Alnis des vocabulaires anqlais et amêricain (Paris : Vuihert, 1975), pp. 71-2.,
s . t .. '
1
...
~
~
(
-
, ~ ;
-61-
qu'ils viennent: "Laissez venir a moi les petits enfants, et
ne les en empêchez point" (Saint Marc, x, 14).
23. Thus (240) -!!. fait un faux-sens sur Thus : "désormais" ([-196,>, et M en
fait un autre: "Depuis lors" (~-178). Seul P reste fid~le au
texte: "Ainsi" (~-1182).
24. A little garden-tomb
H oublie le sens de "mausol~e", qui serait, s~ion Robert,
"soaptueux monument fun~raire de três grandes dimensions". Or,
"petit" et "mausolêe" ne sont pas bien assortis. Il s'agit
vraisemblablement d'~e pet~te tombe -- rappelons~nous que le
mort n'est qu'un petit garçon (little boy) ~ VoilA la version
offerte par!!. : ,·le petit mausolée du jarQ4n ft (~-197).
25. A sandy shore
~ omet sandy: "la grAve" (~-197), et ~ n'y voit'qu'une
couleur, alors qu'il s" agi t en fait d' une "plage de sable ft
·un rivage couleur de sable· (~-178).
~"t 26. The evening
(240)
(240)
Sous la plume de !; the evening se rEduit 1 : ·quelques heures"
(!!.-197). !i, n'aurait-il qu'une idêe peu flatteuse de
l.'hospitalitê du mEnaqe Manette-Oarnay?
27. Regardinq him
L'ori9inal est pr6cis J
: il s'agit de Carton lui-mime.
(
~ ..".--...~- ..... ~ ~
(240)
Mais !!. ...
-----'------............ ~~~ -~~~ -- '
....
; ,
..
(
(
-62-
\.,...?' , reste trop ~ague quand il traduit ainsi ·a ce sujet· (!!.-197).
28. Blameless (241)
Seul ~ comprend le sens de bl'ameless, qu'il rend par "pur"
(~-l183). H ~vite le faux-sens en omettant l'adjectif. Et M
s'aventure trop loin, car: "sans haine" (~-178) ne rend pas le
sens de blameless ("irr~prochable" 1 "innocent").
29. The tirst stranger ( 241)
H et M tombent dans le piège des faux-amis -- ils écrivent tous
deux "le premier ~tranger" (~-197: ~-l79). Mais stranger n'a
que rarement le sens de "~tranger". Il s'agit ici du premier
visiteur qui ne soit pas de la famille.
30. Her chubby arms (241)
Selon ~, chubby a le sens de "plump and well-rounded". M et
~, qui offrent la même version, s' acqui ttent donc bièn : "ses,
bras potel~s" (~-179; E-1183). Mais ~ se trompe: "ses bras
troués de fossettes" (!!-197), qui traduirait plutôt dirnl2ly ou
dimpled.
31. Mr Stryv!r shouldered-his way through the law ( 241)
! perd la force de l'original en ne 'conservan t pas l'image de
shou1dered (~ : "To make one's way by pushing with the
shoulder; more fu11y, to shoulder one's way") : "Quant a M. (
Stryver, il conti~it a faire son chemin dans le barreau·
(!!-197). Mais la tr~~uction de !, serait-elle trop
l 1
( litt~rale? ~ "M. Stryver, de son cet~, avançait 1 coups
d'épaule au barreau" (~-1183).
32. Like some great e6gine forcing itself through turbid water
~, en plus d'ajouter "Il escaladait l'~chelle du succ~s",
affaiblit l'image de la machine qui se fraye un chemin de
-63-
(241)
force: "Il escaladait l'échelle du succès, comm. une énorme
Machine qui se serait aventurêe à travers un lac de boue"
(!:!-179).
33. Sydney had a swamped life of it ( 241)
M ne peut s'empêcher d'al têrer le ton de l'original : "Sydney
• se voyait fr~quemment submergé par la pétulance
conquérante de son bouilLant confr~re" (~-l79).
34. Any • • • sense of . disgrace (241)
M, sous la plume de qui les id~es se pressent (saurions-nous
dire "trop"?), rend disqrace par: "les blessures d'arnour-
propre que Stryver lui infligeait parfois" (~-179), ce qui est
inexact -- dans le cas de Carton, tout sentiment de sa propre
honte lui viendrait de lui-même, et non de Stryver (sauf,dans
la mesure on il serait conscient que ses rapports avec Stryver
le d.éshonorent).
~ traduit par un faux-ami : "tout sentiment • • • de sa
disgr~ce" (!-1183). Selon Koessler, (1) "disgrâce" signifie
(1) Maxime Xoessler, Les Faux ~s des vocabulaires anglais et am6ricain (Paris: Vuibert, 1975;, p. 210.
.- j ----_._...:..._..-.. ....... ---~--~----~-~ - -
...
,.
(
"
• (.)
... . • - y G
-64-
surtout "perte de faveurs, de la ~onne grâce de quelqu'un·,
alors que disgrace implique une dêgradation morale.
35. His state of lion's jackal ( 241)
H se permet d'ajouter deux épithates ("lgnoble" et "odieux")
"l'ignoble dêpendance où le retenait son odieux camarade"
(H-197), tandis que M n'en ajoute qu'une ("9bscur") : "son rôle
obscur de chacal au service du lion" (~-179). Par contre, P
laisse tomber lion's : "son ~tat de chacal" (~-1183).
36. The straight hair of their dumplinq heads (241)
~ ajoute "lisses" : "les cheveux droits et lisses de leur tête,
pareille â un pouding aux pommes" (~-198), et ~ ajoute
"horribles" "d'horribles cheveux raides, plantês droits sur
leurs têtes en pain de sucre" (~-l79).
~ explique que dumpling signifie "a kind of puddin~ ~
consisting of a mass of paste or dohgh, more or 1ess globular
in form, either plain or boiled e or inclosing fruit and boiled
or baked •• • A dumpy animal or per§on, short and of rounded
out1ines" • ~I q~ rend ~umPling par "pain de sucre", ~voque l'image d'un côJe, non d'une boule. Relevons aussi
"l~Ur! têtes" -- le français exigeant le \ ~
l'anglicisme
singulier. \
Si l'~tude du deuxiême texte confirme l'imp~~sion que
nous a faite la lecture du premier texte, il en ressort auss~
que ~ est plus insuffisant que nous ne le croyions •
.. '$ , ....
j
1
,
1
1
1 ,
(
1.
(
-65-
c) PASSAGE OIALOGUt
Notre texte, tir~ du chapitre 12 de la deuxiAme partie,
comprend 181 li~nes, de 'Can l do anythirtq for you, Kr
Stryver?' (172) jusqu'a. la fin du chapitre (178). Il figure
dans ~, pp. 133-8; dans ~, pp. 121-6; et dans ~, pp. 1114-20.
1. 'Can l do anything for you, Mr Stryver?' (172)
, Dans ~, le ton de cette question devient trop brusque: "'Que
d~sirez-vous, monsieur Stryver? '" (!!.-133). Le banquier anglais
est plus affable: il propose ses services.
2. In his business character f (172)
Nous constatons dans ~ que character peut avoir le sens ~
-recognized official rank; statusi position assumed or
occupied", et nous y lisons l'exemple suivant (datant de 1852, S 10it 7 ans avant la parution du Tale of Two Cities), tir~ de
l'oeuvre de Henry Rogers: "He never really appeared but in one
character, that of a philosopher".
M ne saisit pas ce sens -- qui serait donc "dans son rôle
de banquier (a la di ff~rence 'de son r6le d'ami de l' avoca t) - -
et traduit ainsi: "d'un air officiel" C~-12l) 1 alors qu'il ne
s'agit pas d'avoir l'air "officiel-, mais de remplir ses
fonctions officielles.
3. While his eyes strayed to the Bouse afar off . (174)
Lea yeux de Lorry ne sont pas na la recherche de Tellsone",
(
(
-66-
comme le voudrait H : "pendant que .on oeil s'~garait dans le
lointain a la recherche de Tellsene" (~-133), mais, d~s qu'ils ri
quittent Stryver, ils se fixent sur le directeur de la banque
-- point n'est beso'in de le "chercher", car Lorry sait tr~s
bien qu'il est en train de lire le journal dans le bureau
prêcise que to str.ay a le sens de "to escape 1
t or control, to wander awa from " Dans
ce contexte, donc, strayed implique non seulement que les yeux , (
de Lorry "vagabondent" du côt~ du directeur, mais aussi qu'ils
quittent l'interlocuteur de Lorry. ! ("s'~garait") rend bien
ces deux sens: mais ~ n'en rend qu'u~ : "tandis que ses yeux
vagabondaient du cat~ de la Firme ~ointaine" (~-ll14).
Remarquons ici une faute d'impression dans l'édition
Penguin, où l'on lit confidently au lieu de confidentially.
4. The desk : whereupon, although it was a large double one, there appeared to be not hall desk enough for him
(174)
~ et ~ laissent tomber la juxtaposition de double et de ~,
5tant ainsi la comparaison : "l'~norme pupitre, qui sembla trop
êtroit pour le recevoir" (~-133); "Le pupitre, bien que vaste,
paraissait d'une dimension insuffisante pour Stryver" (~-121).
5. Dubiously, ( 174)
Sous la plume de Dickens, Lorry hêsite, perplexe, lorsqu'il ~
entend Stryver lui annoncer ses projet~ de mariage. (OEO dbnne Î
"hesitatinq, doubting"). Mais dans les\ trois versions , ,
d •• ••
...
,
1 "
(
(
(
- ... • + • Q .. '*
-67-.,
françaises, la r~action du banquier devient beaucoup plus
forte, (il n'en croit pas ses oreilles) et loin du doute qu'on
lui voit dans l'original: "d'un air d'incrédulité" (~-133);
"d'un air abasourdi" (~-122); "d'un air incr~dule" (~-1114).
6. As his will (174) -, ta a
lI:t
~ ne traduit pas compelled against his will: "comme s'il eût
dit en lui-même" (~-134), ôtant ainsi toute id~e de contrainte.
" Et dans ~, Lorry se permet d'extérioriser ce que Dickens lui
fait ~ire intérieurement (internally) : "comme s'il se sentait
contraint de parler contre son gré, il marmotta pour lui-même"
(~-122) •
7. 'You know there really i9 so much too much of you! '
(174)
Bien qu~il soit! peu pr~s certain qu'aux yeux du banquier,
Stryver ne soit pas digne de Lucie, le texte anglais ne fait
pas exprimer ces sentiments A Lorry. Cette r~flexion secrète
vise la taille et la corpulence de l'avoca~# non sa qualité. ~
) Mais ~ ne comprend pas du tout le. sens de la r~flexion, et.
/ aboutit a un contresens: "'Elle est vraiment beaucoup t~
bien pour vous .. ·- (!!-l34) .
~, 1 son tour, perd l'image de la grosseur de Stryver,
sans toutefois perdre de vue sa grossi~ret~ : • 'Réellement,
Stryver, voua allez un peu fort:'" (~-122).
~, par contre, saisit tras bien le sens physique et moral
de la phrase : "Vous savez, vous faites vraiment trop de
r . cft.
1
1 ,
, ,
\
(
(
./ 1
• i
- ------....-- -- ---~ ~~-~~"'·_--"""""""~--"'-"""4/If"~--G"" •• '_""4*"",-
volume!'" (P-IIlS). ~ -
8. 'WeIl! ( .•• if l understand you, Mr Lorry, l'Il he hanqed!) i
-68-
(174)
M se trompe sur le sens de WeIl!, qu'il ren. par: "'Qu'est-ce
que cela signifie?'" (~-122), alors que Stryver croit trAs bien
comprendre la r~ponse de Lorry et qu'il en est abasourdi fI:!!
be hanged indiqu~ la plus grande surprise) -- de telles
blessures d'amour-propre ne lui arrivant que rarement.
9. Slapping the desk with his contentious hand (174 )
~, le seul! risquer une traduction de l'adjectif, s'y mêprend :
"en abattant une main menaçante sur le pupitre" (!!-122). Selon
~, contentious porte le sens de "quarrelsome; involving 8
contention", et contention signifie "strife, dispute".
L'adjectif "menaçante" est ainsi mal plac~ -- si la mani~re
dont Stryver frappe le pupitre a un ~l~ment de "menace", c'est
Seulement parce qu'elle repr~sente un gage de dispute.
10. (Mr Lorry adjusted his little wig at both ears) as a means towards the end
(174 )
Av6uons d'abord que le sens de as a means towards the end n'est
pas du tout ~vident d'apr~s le contexte -- le lecteur peut
l~gitimement se demander de quel objectif, ou de quelle fi~ il
s'agit. Nous ne saurions alors reprocher a ~ l'omission de .
l'expression: "(M. Lorry ajusta sa petite perruque) •• n
(H-134). Mais M s'attire notre bllme lorsqu'il offre une -version qui ne s'approche en rien! l'original: "(Lorry aj~sta
..
l 'I!
1
1
\
(
( J
-69-
sa petite perruque) pour dissimuler son embarras" (~-122). ~,
dont la traduction se lit ainsi: "(M. Lorry ajusta sa petite
perruque pris des deux oreilles) en guise de pr~paratif ! cette
fin" (!-1115), n'est, au moins, pas plus obscur que Dickens :
Il. 'o--n it aIl, sir!' (174)
,L'auteur de H affaiblit la force de cette locution inter-
jective : "'Que signifie tout cela, monsieur? Au diable les
r~ticences!'· (~-134). La traductrice de~, darne du XIXe
e, serait-elle moins habituée au langage indélicat que ne
~t les messieurs b~lgeS, traducteurs d'apras-guerre de ~, li1~dactrice de ~ (laquelle, apr~s tout, vit! une époque ~r
qui n'est plus victoriènne)?
12. Forensically shaking a forefinger at him (174-5)
La version offerte par ~ ne retient pas le sens de
forensically : "en le menaçant du doigt" (~-lllS). ~ prêcise
que forensic signifie "of or used in courts of law" -- il
s'agit donc dJun geste de pr~toire.
13. 'Without having SOrne cause to believe that l should succeed'
! ne traduit pas to believe, changeant ainsi le sens de la
proposition : ·sans~voir préalablement quelque chance de
succAs" (!-134).
14. Having summed !p three leading reasons for COmplete suceeB8
(175)
(175)
Selon 2!e, to sum u2 a le sens de "(especia11y of judge after ,
(
(
.. • , • - y «
-70-
IP,.
bath sides have been heard) make recapitulàtion of evidence or
argument". Mais ~ et P le voient sous un autre jour (tout en , "
omettant tous deux de traduire leading) : "apr~s avoir
additionné trois causes d'un succ~s positif" (~-134), (Qu'est
ce qui constit?erait un succ~s "négatif"?); "apr~s avoir
additionné trois ca~ses de succ~s complet" (!-1116). Sans
doute confondent-ils to sum up ("résumer") avec to add up
("additionner"). Leading a le sens de prominent (O~D) : il
s'agit donc de "raisons prerni~res". La version de M seMble le
transmettre: "Vous me citez trois raisons marquantes dont
chacune suffirait 3 m'assurer un succ~s complet" (~-122).
15. Mildly tapping the Strvver arm (175)
H fait un contresens sur tapping the ••• a~, et laisse
t0mbeF mild1y : "en posant la main sur celle de M. Stryver"
(~-135) • (H se fait une idée peu réaliste du degré d'intimité
qui existe entre ces deux gentlemen). Les verbes "taper" et
"tapoter" sont des traductions tout 3 fait adéquates de ta tap1
et il ne manque pas 1 la langue française un mot qui traduise
arm "le bras".
16. Squarinq his elbows (175)
~ et ~ font le mime contresèns sur cette proposition : "en se
croisant les bras sur la poitrine" (!-13S); "en se croisant les
bras· (~123). La~traduction littêrale offerte par! ne nous
paratt pas Atre un heureux choix non plus : "en carrant 'Jses
Le Français dirait difficilement qu'il ..
•• i ....
1
-
(
__ -- ____ ~ ---------.--__ • .......-......... ~_ ......... __ ... IP"""'--q ......... l"lu ...... "'*,.._~,
-71-
"carre ses coudes", mais serait portê a dire qu'il met Mles
poings s ur les hanches".
17. a • • • Fool (175) .J
H se prend au piage des faux-amis en traduisant a fo01 par :
"une folle" (!!-135). Il s'agit ~vi'derranent d'une "sotte"
Koessler (1) nous le confirme, d'ailleurs.
18. l will hear no disres?ectful ward of that young lad~ from any l~ps
Dans ~, from any lips devient "mime en paroles· : "je ne
(175)
'\
supporterai pas que l'on manque de respect, même en paroles,
envers Mlle Manette" (~-123), ce qui constitue un contresens
caract~risé. Lorry veut dire qu'il ne permettra jamais a
quiconque de parler irrespectueusement, en'sa pr~sence, de la
jeune fille. Mais en lisant ~, le lecteur est obligé de se
demander de quelle autre façon (sinon oralement) un impertinent
pourrait ~ventuellement exprimer une attitude insolente l
l f ~9'ard de Lucie Manette.
19. Any man • • • whose temper was sa overbearinq (175)
Selon ~, ovarbearini signifie "imeerious, domineering,
bullying". !! ne le traduit pa~. M ne le saisit pas : "un
homme qui fat • • • assez impertinent" (!-123). En fait, seul
P en rend bien le sens : "un homme • • • assez arJ:'oqant"
(!.-ll16) •
(1) Maxime Koessler ~ Les Faux Amis deI vaçabulaires anglais et amêricain (Paris: VuiSërt, 1975), p. 262.
,
l l 1 , ' • l,
(
('
.1 . ,
.. • ... • W '4'
-72-
20. Blood-vesse1s (175)
!!. risque une adaptation : -le systame nerveux· (!!.- 5). Bien
que cette adaptation,fe soit pas anatomiquement exacte, )
saurions en bl&mer H. -21. Hittinq a tune out of his teeth with a ruler ( 175)
H laisse tomber l'image (? le son) de ~ "une rêq le don t
il se frappa les dents" (~-135). ~, qui garde l'image, ne
semble pas être convaincu que Stryver réussisse, puisqu'il
ajoute "essaya" : "une ragle ••. puis essaya d'en tirer un
petit air" (P-1116). Et M ne se rend pas compte qu'en se
frappant les dents, il est possible d'en tirer un air :' "Il se
mit à siffloter entre ses dents, tout en les tapotant avec la
r~gle" (~-123). Point n'est besoin de siffloter
d'ouvrir la bouche plus ou moins.
~. 'Very qoed. Then l sive it, and you have reeeated it correctlx
il suffit
(176)
<ll. se rêf~re A IllY advice, soit le conseil que Lorry donne 1
Stryver). Dans~, nous lisons : ··C'est inutile que je le
rêp~te, vous venez de l'exprimer en propres termes'· (!!.-13S).
Voi là que l'on voi t chez Lorry une impatience qu' on ne lui
connatt,pas dans l'original. De plus, Stryver n'exprime pas le
consei.l du banquier, mais, 1 vrai dire, il le rê~te (repeated).
23. ,'NCN, ;ou think l max not he riqht?' 'Not 1. • • • ft' a new to me, but you are, riqht, l dare say 1
! et ~ comprennent bien le sena de cet ~change, que Prend
(176)
1 î 1
1 1
i 1.
1
1 ,
•
(
'.
(.)
-73-~
• ô p ainsi :"'Voua pensez peut-~tre que je me trompe?' 'Oh pas du
tout! •• '. Cela me surprend, mais sans doute est-ce vous qui
avez raison, ét moi qui me s~s tromp~· (P-1117). Mais M se
m~prénd ll-dessua, et offre le contraire :"'Mais peut-~e
- 't-rouveZ~U8 'que- l'al tort?' fEviâemmenE',.. J'ose dire que
votre point de vue me paraIt vraiment étr.nqe" (~-123-4).
r'
24. l suppose sense in certain quarters ( 176)
Stryver dit qu'il croyait troover du bon ,sens chez ~lle
Manette, et que le vOil,! dêsabusé. r Cependant, ~ ne comprend
pas, mais fait un contresens : "J'~~père que Mlle Manette aura
p!'us de bon sens que vous" (~-124).
25. You suppos~ min cinq bread-And-butter nqnsense ( 176) (
OED nous expl ique ~ue mincinq porte le~e~s de ·w~i_th ___ a_f~f_e_e~t_e~d delieacy· , ,et que bread-and-butter employê comme adjectif
signifie "qirlÎlJh; school-gir1ish". Or, H ilsaisit bien le sens ~
de-'- la proplsi tion, tout en ajoutant "vous qui connaissez les
lieux· : "vous qui connaissez les lieux, vous supposez qu'on y . \
aurait la sottise de faire la petite bouche et de repousser la
fortune" (!-136).
Dans !' mincing n'est ?as traduit, mais nous y
reconnaissons (quoique va9uement) bread-ënd-butter nonsense
"vous supposez qu'on y ferait sottement la difficile" (~-1117). ,. M donne libre cours! sa fantaisie :"'Ainsi donc, VOus
e'liti1t)ez ,qu'il- est ridicule de mettre du beurre sur son pain? t ft
CM-124) • . - ",
/
....
.. 1
1
1 1 l'
1
1 ,. i'
Ir
,
.'
C
" .1 . ' -~,~-
•
26 .• 'What l suppose, • . • l claim' t.e characterise for myself
-74-
( 176)
Cette phrase a le sens de "Je prêtends dire moi-même ce que je
suppose" -- ta characterise êquivalant à "d~cr1re" ou "inter-
pr~ter" ("Ta déscribe or delineate the character or peculiar
gualities of", selon ~). Mais ~ ne le comprend pas ai~!i :
"'Ce que j'estime ••. ne regarde que moi, vous m'enten'dez?'"
(~-124) •
27. , l f you please' (176 )
If you please a le sens de J'Si" vous le voulez" (c '.est
d'ailleurs ce qu'offre ~, p. 124) ou "Si cela vous agrêe".
Mais H et ~ se laissent emporter par un excês de zèle, ou du -\1
moins, de politesse : "si' vous voulez me le permettre" (!!-136) i
~\Si vous voulez bién m'y autoriser" (P-lll7).
28. P 'Committing you in no~wayt
!I, qui traduit par : "sans rien dire de vos projets" (!!.-136),
ne capte pas le sens de commi tting -- .qui serai t "lier" ou
"engager" : selon ~, to commit équivaut ci "pledge • by
imglication, bind". M et ~ se m~prennent aussi sur le sens du 9
verbe} qu'ils rendent par "compromettre If' : "sans le moins .du
monde compromettre vos chances" (~-124): ·sans vous compro-
mettre en aucune maniare" (~-lll?).
29. , Represen ting you in no way t n76)
Selon Q!Q., le verbe to re~resent signifie "Fill ~lace of, be .
(~ .. ....... ---~ 1 ~"--.--. ..... _~ _ ... _- ,---- .", ... _-_ ... ~.-~ ... - ::., • ____ ..... ""btz#
__ • .10.,,_
' ft • J.
1 1
(
'. ,
-75-
substitute or deputy for, be entitled to act or speak.for"
acception, d'ailleurs, que peut avoir le verbe français
"représenter", employ~ par H et P. Le sens de la proposi tien
serai t "sans gtre votre porte-paro le Il -- mais !:! ne le sais i t
pas : "sans ..• mentionnel4f votre nom" (~-124).
30.
-/
,If, on the other hand, you should be satisfied with it
i and it should be what H now is, it rnay
spare a 1 sides what Is best ~ spaFêd
(176 )
Précisons d'abord que le pronom ~ représente, à quatre
reprises, my advice (soit, le conseil que Lorry offre à
Stryver, et qu'il propose d'aller vérifier chez les r1anette, ,
pour éviter, entre l'avocat et les Manette, une entrevue qui
pourrait s'avérer, pense-t-il, désagréable à tous). H traduit
par du charabia : "Dans l'autre cas, vous entreprendrez avec
certi tude la/a€~~Che 'que vous vouliez faire aujourd 'hui, il '.'
moiris que vous ne préf~riez que je vous en évite la peine, ce
qui pourrait être agréable pour tout le monde" (!!-1~6). P se
trompe aussi : "Si d'autre part la situation reste inchangée,
cela ~vitera des d~sagrémen~s à tout le monde" (P-11l7-8). _ - - ,-Cependant, Lorry ne s' attend pas! ce que la si tuation change.
31. 1 How long woyld you keep me in town? 1 ( 116)
Notons simplement que les trois versions emploient le futur au
lieu du conditionnel -- on comprend que Stryver accepte
l'intervention de Lorry de meilleure grâce dans les traductions
que dans l'original. De plus, l'avocat est plus im.patient dans
H (oi! il en ~tale ses raisons) qu ~ il ne l'est dans le roman
s' "-'''-'''''",' ~"""~"'._.-c ".-~ - •
-l
....
1
1 ,
,
()
7
------....-~- ~--- .. • • ,
t -76-
anglais : "Combien cela me retiendra-t-il? Vous savez qu'on
es"t en vacances, et j'ai le profit de qui tter Londres jusqu'à
la rentrée" (H-D6).
32. Then Mr Stryve:r -t-1.l*ned and burst-out -____ _ of the BanJC
(177)
Stryver sort de' la Banque "en boulet de canon", mais ni H ni P
ne gardent cette image de "tr0mbe" : "Il s'éloigna en disant
ces mots" (H-137); "M. Stryver s'éloigna et sortit" (!:.-1l18).
33. In the act of bowing ( 177)
Chez M, les commis de la Banque Tellson ne sont que des statues
de pierre, car ils sont : "immuablement courb~s en un salut
perpétuel" (M-l24), alors
des automate:. ! que, dans l'original ce sont plutôt
-.
(
34. On any less saUd ground than moral certaintx ( 177)
Pour notre part, nous ne croyons pas qu'il fût jamais certitude
plus solide que la certitude morale. Mais pour!!. et ~, celle-
ci ne représente pas le SummUBl de la conviction, car ils
t:radui sent ainsi : .. s' il n' avai t eu qu'une certi tude morale"
([-131) i "s'il ft' avait eu • • • qu'une simple certitude morale"
(!!-124). Pensent:""ils p,ut-être qut"Wle certitude "physique" est
plus sûre? S' il en est ainsi, ils mettent dans leur version un
concept qui n' e8't. pas dans :l'-original.
'. (
. .
os *$5 4 ...
1
~
f
(
()
- . • • *Y' .u
/" 1
-77-
35. 1 And now. • . ~ way out of this 1 i9, to put you aIl in te wrong'
Dans 1 '~' Stryver adresse la parole non seulement à
( 177)
Lucie, mais a son p~re, comme a Lorry .(you all). Pout'tant, M
ne 1 J~end pas Ste cette orel'lle -...; - pOur sa part , , e- seul
adversaire de Stryver 1 c'est Lucie : "'A nous deux, intenant!
Ce que je dois faire, Cl est de vous prouver que vous avez
tort If (~-l25). De plus, il se m~prend sur le sens de ta put
you in the wrons-, qui signifie "vous mettre dans votre tort".
36.
\ ~
Shaking his forensic forefinger at the Te~le in general
(177)
En traduisant ainsi "en apostrophant Temple-Bar" Œ.-137), H
commet trois erreurs, dont une d'omission (il laisse tomber
forens1c) . "Apostropher" signifie "adresser brusquement la <)
parole 1 (quelqu'un), sans politesse" (Robert) -- mais l'action
dl agi ter son doigt (shaking his forefinger) ne constitue pas
une expression verbale. Et, comme nous le verrons au chapitre
III de ce m~oire, Te!!'le-Bar n'~quivaut pas .\ the Temple (qui
se dit plutôt "le quartier du Temple").
37 .. Younq lady
~ sel laisse emporter, en rendant ainsi young lady : If jeune
pêronel1e [sicJ" (~-125). Lucie Manette n'est pas stricto
sensu une "jeune lady" (8-137) comme le voudrait H elle - .\ -n'est rii fille de lord ou de chevalier 1 ni anglaise.
( 177)
'wo , ....
1 1
(
" .
1 Î •
~ ~ -- _ ~ _ -- --.-...",-- --~-.-...-...~-". --'+" ......... - .......... - ...... - ... ,
-78-
38. That 90od-natured emissary ( 177)
Emissary signifie "persoh sent on special mission" (~), mais
H ne retient pas cette image d'~missaire : "l'excellent homme" - - \
(~-137). (Remarquons que emissary et "~missaire" risquent • 1
d'être ~es faux-amis -- l'~missaire est charg~ d'une mission
secr~te, alors que la mission de son analogue anglais n'est pas
n~cessairement secr~te, bien qu'elle soit "sp~cialè").
39. Coldly (177)
~ prête ~ Stryver des intentions que l'auteur n'exprime pas
"avec un sang-froid impudent" (M-l25). La froideur n'a
pourtant rien à voir avec le sang-froid.
40. l was r,j.ght in the conversation we had . (177)
~ ajoute "cet apras-midi" : "j'avais raison de vous parler
co:rnme--je l'ai fait cet apris"midP (!-12S). Pourtant, l'ajout
est abusif, puisque la conversation a eu lieu le matin.
41. l know this must always he a sore subject wlEh the fâiidly
(178)
Cette proposition a le sens de "Je 8ais qt1e ce sera' toujours,
que ce devra toujours être, un lIuje,t p~nible chez le,8 Manette".
En lilant la version! : -Je sais combien la famille doit en
Itre malheureuae" (H-137), nous noua demandons si la famille e -
retrouvera Ion bonheur c!' ici quelques jours seulement. Or,
quant 1 la -.ottis.- de Lucie, Stryver entend que les Manette
en resteront bien lonqtempa .arris.
....
. l
r ,
..
1 .1 \ 1 1 1 1
, i
-- ----~~---~-~-~-...... ,....., .................... , ..... --..... ___ + .... - .... , ..... " ....... I11III ......... ,l1li;
r -79-
P offre une version qui ressemble â celle de H : "Je sais
que ce doit être un sujet p~nible pour la famille" (!:-1119).
Et M ne saisit ni le sens futur de must always be, ni qu'il ne
s'agit dans le cas pr~sent que de la famille Manette, et non,
pas de toutes "les familles" "Je sais que ces questions de
mariage conati tuent toujours pour les familles des sujets de
discorde" (~-125).
42. l clare say not
~ laisse tomber la proposi tion, que H rend a tort par
doit être" ([-138).
43. Havipg supposed that there was sense where there 1s no\sense, and a laudâble ambition where there Is not a lauê!able ambl tion
(178 )
"Cela
(178)
~, pr~dispos~ aux ajouts, offre : "JI avais cru rencontrer de la
raison Il oil il n 'y a qu 'W'le tête fcervel6e, et une louable
ambition, 11 oil il p'y a que de l'insouciance" (!!-125). En
voulant battre Dickens 1 son propre jeu, ~ altc1re le ton de
l 'original.
44. No harm i s done (178)
Le simple ajout d fun point d' interrogation dans [ : "il n' y a
pas de mal .. cela?" (!!.-138), rend .. dubitatif ce qui dans
l'ori9'inal est carr~ment affirmatif.
" '
45. Iq an unselfish .spect 1 l am sorry that the thing Il dropp!d, liëç:aus. it would Fîave Seen a Sad thing fo~ me 1n a worldly point of view
Remarquons d'abord que si la confusion rtlqne, c'est' ,
(178)
...
1 1 1
r i
• ! 1
~'" 1 " ,
(
-(
--- - -~--~. ~~~~-""_~_""--"'C"--."''''';'''4'''''-'''C_,
vraisemblablemen't parce que toutes les ~ditions anglaises du
Tale of Two Cities, depuis la premi~re en volume, jusqu'il
celles de nos jours 1 perp~tuent l'erreur (une faute
d'impression ?) qui s'est gliss~e dans la première ~dition.
-80-
L'original, tel que nous l' avons ~rouv~ dans un num~ro de AU
the Year Round, (
se lit ainsi : "In an unselfish aspect 1 l am
sorry that the thing is dropped, because it would have been a
good thing for others in a worldly point of view." Remarquons
que H traduit convenablement (bien que par une adaptation) :
"J'en suis fâch~ pour elle; c'~tait une bonne fortune qui ne se
reprêse'ntera pas" (!!-138), ce qui nous convainc que !!
t~availlai t l partir de la revue hebdomada,ire, et non du livre.
Passons l' ~ponge sur les versions offertes par M et P -- pour
une fois, c'est l'~diteur qui est fautif, non les traducteurs.
46. l could have gained nothing by i t (178)
H ajoute une confirmation inutile ("tant s'en faut") "je n'y
gagnais rien, tant s'en faut" (!!.-138). M semble êtte encore
sous l'influence de l'erreur d'impression que nous avons
relew. 1 l'exemple pr'c'dent : "dans un cas comme dans
l'autre, j'y gaqne- (!!-1.2S). Si le texte anglais ne contenait
pas l'erreur pr~citée, 1a version offerte par M sërait absurde. ,
Mais dans les conditions que nous avons d~taill~es, nous ne
sauri~~. guare la lui reprocher.
47 i Th.ra i8 no harn a t all done (178) •
Pourrai t-on pr'tendre que M a une vue pl us optimiste que
.' 1 f !
i
1
;
1 1 !
j
f
....
•
(
. ,
/ (
-81-
i Dickens? Quoi qu'il en soit, la perception de Stryver, telle
qu'e1tpriml\e dans ~, est plus positive que dans l'original :
"Tout est donc. pour le mieux!" (~-125). Et!i, qui offre : "Je
n'ai fait aucune dêmarche" (!!-138), ne rend pas du tout le sens
de l'anglais, mais se satisfait d'une phras~l de son invention.
48. On re flection (178)
. H se trompe quand il ~cri t "si j' y avais pens~ deux fois"
(!!-138), car l'hy.pothèse ne se trouve~as dans l'original.
constate que Stryver a eu le temps de réfléchir
donc de "r~flexion faite".
il s'agit
On
49. The tnincinS[ vanities and gidèUnesses of emptY-headed girls
( 178)
H rend mincing, qui, nous l' avons d~ja vu, signifie .. ~
affected delic4CY· (2!Q.), pêl'r "sottes", et giddinesses par "les
folies ridicule." (selon 2!Q., giddy signifie "excitable,
frivolous, flightX·) : "les sottes vanit~s, les folies
ridicules de ces jeunes filles dont le visage est agréable,
mais dont la tite est vide" (!!-138) • De plus,_ il ajoute "dont
le visAt]e est aqr~able· • Par contre, ~ ne tradu.i. t pas
mi.ncins . "ce qui se passe dans la tête sana cervelle de ces . jeunes filles êtourdies et vani teus •• " (!1-125). Et P se
m6prend sur le .ens de S[J.ddinesses, qu t il rend par "la folie Il
"1.& sotte vanit' et la folie de' ces jeunes 4cervel'es· (~-lll9).
Ne vaudrait-il pas mieux le rendre par "les folies"?
'j 1
i ,
1 ,
(
.... ,., pz ; cu
-82-
50. l regret it on accoun\ of others
Dans ~, Stryver se gonfle excessivement: "je suis navr~ .
pour ceux qui n'ont pas su appr4!cier 1 'honneur que je leur
faisais" (~-126).
51. , me 'to sound * • • thank ou ow1ng me to you
M fait un contresens : "de votre intervention ..•. Merci
( 178)
(178)
encore de votre d~marche" (~-126). De fait, Stryver·a demandl'i
l'avis de Lorry -- selon ~, ta sound signifie "inquire esp.
in catitiaus 0]';1 reserved l'\8.nner into sentiments or inclination". ,
52. Quite stupid1y (178)
~ est incorrigible -- il est 6vièent qu'il ne peut s'empêcher
de farcir sa version d'ajouts (souvent des ~pithètes) inutiles
"L' oeil ~carquill6 et ,stupide et b~ant" (~-126). Le lecteur de
l'original ne reconnaît pl U'S dans M le s ty le de ni ckens •
53. Shouldering him tawards the door (178)
Dans !i, comme dans t!, l'image de "coups d'~pauIe" disparaît
"qui le mettait lla porte" (!!-138); "qui le rec9Rduisait a la
porte" (~-126). Mais Stryver "bouscule" Lorry jusqu'! la
porte, moralement autant que physiquement.
54. With an !ppearance of Showerin~ generosity, forbe.Eance, and 900&111, on ~Is errinq head
(178)
H traduJ.t par: "d'un air prote~eur" (H-13S)-, la.i.sant tomber - -ain.1 deux de. substantifs, et omettaJ'lt on his erring head. M
'QG e, "'"
,
(
- ..
ne tradu~t pas non plus la locution adverbiale: "O'un air
débordant de générosité, de magnanimit~ et de bonne volonté"
(M-126) • Jli'
'i
-83-
55. Winking at his ceiling (178)
Selon ~, Stryver : "_rêvait, les yeux au plafond" (M-126).
Cependant, winkin9" c'est "cligner de l'oeil" -- et H et P ~
l'ont ainsi compris. De fait, l'avocat fait d~s oeillades a son plafond, comme s'il en faisait son confident secret.
Il est ressorti du dernier échantillon que ~ fait peu
d'erreurs de sens, que!!. et M en font en quantité -- mais que
celles que se pemet ~ sont en g~néral d'ordre plus sérieux.
Nous avons entrepris une lecture globale des trois
versions du roman 1 afin de compléter l' étutie des trOis
échantillons et de vérifier sur le plan général les
constatations que nous y avons faites sur un plan particulier.
Procêdons sans plus attendre, l l'examen de nos décou~rtes.
4* 1 ....
,
1
• 1
, 1
'.1
(
J
-84-
ERREURS DE SENS
LECTURE GLOBALE
Un type d'erreurs saute aux yeux: celui où le traducteur
offre une version dont le sens est le contraire de celui de
l'original. Nous en pr~sentons quelques·exemples :
Au ch api tre 5 de la troisième partie, Carton choisi t les
êléments importants d'une affaire juridique dont s' occupe son
"lion", pour enfin offrir! Stryver ce que l'auteur appelle ~
compact""epast, . (119). Là oil il n 'y avait auparavant que des
éléments d~ployês n' importe comment, le chacal en a fait une
synth~se logiqùt! et "compacte", c'est-à-dire cohérente. Ce
sens échappe aux trois traducteurs : !!. Cp. 82) ne le traduit
pas; M et ~ comprennent le contraire de l'original
repas n (~-77) ~ "un copieux repas" (~-l060).
"le dopieux
Au chapitre 2 de la première partie, le postillon de la .. diligence de Douvres entend un cheval arriver au g~lop. Pensant
sans doute qu'il peut s'agir d' un voleur de grand chemin, il •
ame rapidement son tromblon r et se tient on the offensive,
(40), (OED explique que offensive implique "attitude of
assailant, aggressive action"). o'ai,lleurs, le lecteur comprend
par la suite que le postillon est prêt l "tirer le prenier" --co
n'affirme-t-il pas ceci? : l'm a devil at a guick rnistake, and
when 1 malte one it takes the tom of Lead, (4l). Or, aucune
1
... 1 ,
..
l "
(
-85-
version française ne rend ce sens -- ~ (p. 6) ne traduit pas la
proposition; M et ~ offrent le même contresens : "sur la
d~fensive" (!:!-9: ~':'980).
Au chapitre 10 de la deuxiame partie, 'deux hommes -- on
apprend par la sui te que ce sont le pare et l'oncle de Darnay
obligent le docteur Manette 3 monter en vot ture, et 1 ~ e~nent
à une maison isolée, non loin de la BarriË!re du Nord. Ils
sonnent ~ la porte, mais elle ne s'ouvre pas tout de suite :
The door . . • was not opened immediatelx, (350). Cependan t, H
comprend le contraire : "La porte s' ouvri t au premier coup de
sonnette" (!!.-298).
Au chapitre 3 de la prami~re partie, Jerry Cruncher sien
retourne a Londres, apris avoir transmis son message 1 Lorry.
Il s'arrête sauvent aux auberges, pour y boire un verre. Ses
yeux ont un air sinistre, se trouvant sous ~n vieux tricorne et -. au-dessus du cache-nez : over a great muffler, (45). Mais~,
qui fait un contresens : "sous le grand cache-nez" (M-l3),
croi t-i l que Jerry s'est couvert les yeux?
Au chapi trè 8 de la deuxiime partie, "Monseigneur"_
retourne chez lui. Ayant qui ttê le village, son carrosse monte
au pas le versant, passant ! oet~ d'un humbl~ cimetiêre, ott
m«!me le Christ (en bois) .st d' une maigreur indicible (dread-
fully _pare and th!!). La statue du Sauveur est un symbole de
la profonde m.idre oG sodlreat les paysans depuis bien longtemps
dêjl, et oil il. s'avilissent toujours davantage. Toujours ,.
(
(
•
-86-
est-il que 'cette misêre n'a pas encore atteint son comble : !
great distress that had long been growing worse, and was not !!
its worst, (147). Pourtant, ~ n'est pas d'accord ave~ l'auteur
la-dessus : "une misère prolongée qui avait atteint son comble"
(~-l088) •
Regardons maintenant des faux-sens câ'ract6ris6s que nous
avons retenus aprÊ!s avoir passé au crible les ~rois ,versions
~ françaises du Tale of Two Ci ties. Nous verrons Id' abord des
verbes, pour ensuite examiner certains faux-sens que les
traducteurs ont perpêtrés sur des adverbes, des substantifs, et
des adjectifs: (notons que, comme le verbe occupé' une position
capitale dans une phrase, un faux-sens sur un verbe entra!ne
nécess~irement un contr~sens'sur la phrase) :
. , Le verbe te corne to pass signifie "ta happen" (~). p
semble saisir plus ou moins bien ce sens torsqu'il trad.uit ~
it had corne ta saas, that Tellson's was ••• , (83), par:
·C'est ainsi que la Banque Tellson êtait ••• " (~-1023). Mais
H et ~ font des faux-sens sur come to paSB "On aval t donc
fini par admettre que la maison Tellsone était ••• " (~-45) ~
"La Banque Tellson passait'donc a~c raison pour 0 • 0" (!!-46) • . On dird.t que!!. et ! trad~~,ent plut6t come to pass for, ce qui
.. ~ -_._--~. -_ .. ", .. ~~ ...... _._- -~ ...
(.
"
•
,"
' .. •
, , '. ,.~ signifie "to' be accepted as" ' (OED), • . . , " .
" Le verbe imper~onnelo6ehove signifie "to he incùmbent
\(re~ting 'upon pe~on ~s d~ty) to' (do something)" ~ED~). It
hehovedy him to, (172.1. In. a donc;: le sens de "il lui fallait,
-87-
. ,fallpt n• M'offre la traduction la moins inexacte (mais encore
rqauyaise) : "il ne lui restait plus. " • qu'à" (!i-120). H et
, P ctoient qu..'il est question d'une décïsion : "il se d~cida ... . • in (!!-,132); "il r~solut de" (P-lll3), mais c'est pure
invention de leur part •
.. Comme le pr~éise CED, to tell peut signifier "to produce
':1 marked effect"; ,et 'c\est le cas dans Every question told, '(119) r
k '
car éhaque ~uestion a "port@ justè". H s'y méconnaît: "Toutes '-
les questions que tu avais prévues dnt ét6 faites" (H-à2).
Stryver sai t que ,Lorry est ami intime des Manette \
voilà Je sens, de : Knowing Mr Lorry as the intimate friend 'of
the Manettes, (172). Mais H et ~ ne se rendent pas compte que
knowing porte ici le sens de "being aware of the fact ~hat Mr
=L;.;;o;.::r;.::ry:..4.-...;w.:..:a::.;s=-[_' .:....-..:.-..:... " ( "sachan t que '!), et non de "J:)eing acquain ted '
with Mr Lorry" ("connaissant"). H fait le contresens suivant ,,-
"il connaissait M. Lorry pour l'avoir rencontré chez les
• 11anette" (H-132), e~ !: commet celui-ci : "il connaissait M.
Lorry, l'ami intime des r'1anette" (P-lll3).
\ 1 • .. 1\ \, .
H se meprend sur le sens de Crouching down in a corner, , ~
(191) ,. qui serait '''tapi'' ou ." accroupi," -- il le rend ainsi
"couché, ~ plàt ventre" (H-149).
~ .
1 J
'1
1
...
, l,
"
"
"
, . . ~
< ..., '- . ' ,-~ .... ...-.--..,--,-,-~< ... _~~---;-~ - -!...,,~ '....,- - ,-
1
" , -; -----,----,"--.--- - '-- -
\' ,
{ " ., . ;
- ~ "
, " '&
Jerry Cruncher salue ses. supérieur$ en' portant ,le, ,reve'r$. , '., \ '
de"la main au front '-- mais ~'ne saisit pas 'l'image., Il , . - -' \ - -
tradui:t Jerry had jt.ist enough forehead to knuckle, and' hè , .
kriuckled it, (108), par un fauX-sens "En fait de front, Jer,ry , '
ne ,possédait que tout juste ce_ qu'il en fallait pour pouvoIr le •. , .. l'
pli'sser, ,a~ssi' le p~issa-t-il" ?t!-67). La' I?"ême i~~ge rev:i;ent -
plus bas : Ml: Cruncher knuckled his forehead, (337)', et M s'y
,m:ép~end, en-core : "Cruncher s '~pongeait et se massait le front"
(M-263).
, Lorsque ,çarton entre dans la cellule' de Darnay, ce
dernier +ùi,'se'rre fortement la main: . ,The' prisoner wrung his
~, (379). p. le çornprend : "Le prisonnier l ui étr~igni t la - ,
main'" .(!:-1324), mais H et' M, qui. s 'y méprennent: "Le condamné - , - \' .... (J
\
" ~e tordit les mains" (H_-324); "Les mains du prisonn'ier se
, ," i "crispèrent" (~-30l), traduisent p'lut~t the prison~r wrung his,
hands •.
"
l neither want any thanks, nar merit any~ (115), est
rendu. dans M 'Dar un contresens sur meri t : "Je né désire aucun , _ .. ,;.
remerciement, comme je ne veux pas que.l'on vante mon mérite",'
(t!-7'3). La traduction est absurde, et très éloign~e d~ ,
, l 'original ~ qui signifie "je ne d(!!sire, ni ne m~rite, que l.'on
mè ~em~rcie" ~
'. , 0
.. ' ,
Jetons maintenant un regard s'Ur certains adverbès' ou r ~
locutions adverbiales qui fon t trébucher les traducteurs :
1 , -
11 ,........, •• ,. • .... J,l,p-!o;~,., .. IfoI.~r" ,.", .... !h~~--............. - ~
1.
ii
, ,
..
. ~89-
./ P:traduit mono~~nously, (128), p~r : "dôul~eùsement~
, '
(P-1069}, alors qu'il s'agit êvidemment de "monotonie" et' non
de, "douleur". . ,',
, (( i a le sens La locution adverbia~e in.his ~oody way, (133),
dé "de son ton chagrin, morose·, mais: -~ le r~n_d par fI:
'. ,(l "
"d'une -.. ---- .-" -
voix indifférente" (H-96) ~
Cartqn, qui n'est jamais "nulle part", s'oppose à StJ;Yver,
qui, lui, a toujours été "quelque part" : you were alwàys
'somewhere, (120). Mais tr exag~re quan.d il rend sornewhere par
"partout" (~-84).
Dans l'original, voil~ Lucie in earnest tears, (làl)
ses pleurs tombent donc d€j~.
'''prête à pleurer" (M-128o)~.
Mais dans ~, elle est seuleJllent ,:' ,j
Parmi +es cinquante-deux prisonniers condamnés à mourir "
l~ même jour que le présumé, marquis, quelques-uns se lamentent
in restless motion, (383) -- mais ~ préfère une aùtre image", de
, son" propre cru : "prostrés, les yeux vides" (~-304).
DanS l'expression they aIl stopped at once, (307), at
once comporte le s~ns de Rat the sarne time" (~) -- les ~
danseurs. s'arrêtent donc "tous ensemble". Mais dans M; voilél
qu' i~ , "s'arrêtaient soudain" (!!.-2371. { ,
Voyons maintenant-:::-::::::ntifS co~tre le~qùels les tr,aducteurs
"
butent
"
: 1 l,
1
, 1 1 •
L,~·:~ j '1
, ! 1
, 1 __
:(
l ,
, ,
! ,
~ .' , , ~
, .'
~ '. r
l '
.. -90- '
, ,
Dans la phrase . ,
l,don t t prefer any claim to being the
:soul of Romance~ (168), ~ pbI:t~ le sens de "pe-rsonifi,cation
"of" (OED) -- Stryver ne pr~tend donc ~ ê,tre "le plus
romanesque des hommes". Il ne 5 1 agi t pas'f comme le croit!:,
d' avoir 111' âme roma~esque" : "je 'n 1 ai pas la prétentip,n' d'avoir'"
l'âme romanesque" (P-HlO). - .
Diffident signifie 1Ilacking self-confidènce, excessively, --------.J
rnodest (O!:D). l\ucun traducteur ne capte le sens de di ffidence,'
(232) : "la défiance" (!!.-189); "la prudence" (!:1-l72); "la
, méfiance" ·(!:-'1175)'.
,L~épreuve de Darnay est d'autant plus difficile â
supporter.que Lucie Manette lui témoigne de "la compassion"
'Such pit y, (100). ?1ais ~ y voit: "la v~ritét/ (~-61).
Barsad feint "la commisération" quant à la mort de
Gaspard, et va m~rne jusqu 1 cà "soupirer" pour que les Defarge 1
croient que ses sentiments sont authentiques : a sigh. of great
compassion, (211). Mais dans H, i~ offre non pas "un souJ?ir"-, "
mais : "un triste sourire" (H-169). - '
~ ."
Barsad, a-t-il jamais reçu de "coups de pied", derna1de
StzYver -- mais dans ~, a kick, (97), devient': "un coup de .
poing" (~-59).
\ -----------
Reportons:-nous maintenant aux faux-sens commis par les
.traducteurs ·sur de.,s adjectifs • -
l 1 !
"1 , 1 i l.
1.::
--~ -\
(
( y
.. , -91-
'" Le cabinet de Stryver contient a dingy rO'om, (118), soit, 1
, -une pièce qui est "dull-coloured, drab; grimy, di rty":looking "
" (OED), donc "défràîchie", ou à la limite "enfumée" (c'est ce
que choisit ~, p. 81). M et P se méprennent sur le sens de
dingy, où ils ne voient que "désordre" "une pièce en
dé~ordre" (M-76; ~-l059). ,. ,
Lorsque Jerry di t savoir que Cly n'a jamais 'été enterr6, , , ,
Lorry et Carton le regardent avec unspeakahle astonishm~nt, •
(333), soit avec "un indicible ébahissement" ou une surprise
qu'on ne pourrait e:cprirner. !1ais dans !l, "unspeakable astonish
~ devient: "une surprise croissante" <!i:-283).
Fain signifie "disposed, inclined or wi11ing, eager"
(OED). Ainsi ~ Jer"rY, veut ôter son ,chapeau : He was fain •
ta take off his hat,- (45). Mais H et P ne comprennent,pas le
mot : "il avait ôté son chapeau" (!i-lO); "il fui fallut •.• -
6ter son chapeau" (~-985).
Examinons maintenant certaines expressions temporelles où \
une ou plusieurs versions~françaises-sent des traductions
inexactes de l'original. (encore une fois, nous ne nous
atta~d"ons sur des explications quant au contexte que lqrsqu'il ,
est essentiel pour la compréhension de l'exemple en question) :
~ explique que by-and-by, (220), (avec ou sans traits
d'union) signifie ~before long", ~ais ~ ne le comprend pas
ainsi, et·· tradui t _ par "Lentement" (M-l61).
" . , ___ .a.-_--"-~ ..... .L __ .
.... ,'. ~ ....... ':'"-,..~~~~_l .. r'rt':t\.W"'W'.'1 ,- d - ... r,' .. 1
- 1
1
1
1 . ~
1
i .1
1 .1
1 ,
-Je
'",
,; >
c
-92-
D~n's la· phrase 50. far, we are not pursued, (386), so
far si:gnifiie "until now" (OED), mais seul M saisit ce seI:ls : -, j --
":Jusqu'à prêsent" (~-306). !: (p. 1331) laisse tomber' so far.
Et !!. ,f~it un c~~tfs~-~: "aus~i loin que je ~uisse voir"
(!!.-329) laissant tomber le sens temporel de so far, .il
exprime en français l'expression so far as l can see, qui a un
sens spatial.
M veut pr~cipiter le d~rouler.lent du roman, ,car il
traduit soon afterwards.,., (289), ("peu de temps apr~s") par
"A ce moment" (~-22l).
If."JJ
M (p. 75) ne traduit pas onçe, (117); U et !:proposent le'
même faux-sens: "souvent" (H-80~ P-1232).
Carton demande ~ Lucie de penser à lui de temps en temps,
'" quand elle aura des moments tranquilles à elle seulè : at sorne
quiet times, (183). Mais dans !, il en demande bien .plus -- il
veut qu'elle pense à lui: "toujours' et partout" (t!-130).
, '
. Before it had set in ,dark, (376), signifie "avant que la
nuit ne tombe", mais! préfère : "Bien' avant la fin de la nuit"
(~-298) •
H, qui traduit in the course of the forenoon, (4 8l, p,ar
"dans le courant de l'apr~s-midi" (H-13), ne 'saisit pas qu'il
,s'agit de la matin~e.
Seul!!. comprend le sens exact de noon coming," (294) , 1
r i l '
. t
}
1
( . \.
'J
"
\f.
.'
(
'-93'-. ,
soit .. ,"~Udi étant arrivé" (H-2~6). Preste frop vague, carl
"vers midi" (~-12 37) peùt signifier "peu avant midi It aussi bien
que Itp~u après midi "',
. "Comme midi approchait"
Et M se met du mauvais côté de midi .'"\ '.'
(H-225) • - , , "
More I11onths, ta the numbe'r 'of twelve, (159), voi13 un an
-'!l'' mais H ne corrtpte pas ainsi : "Quelques rrtois" (A-121).' ~ ~ - ~
,
~lot many, wéeks, (304, 354), ("quelq'des semaines")
deviennent dans II : "pas tout à fait quatre 1110is" 0_1-257), puis,', )'
plus ,bas : Ittrois mois" (H-3Q2),' - 6> ,il
H compte les jours à la romaine (ou à la française),
quand il traduit three days ago, (313), par: "l'avant-veille"
" (M-243), alors que "l'avant-veille" traduit plutôt two days
ago, Quand, le lundi, l'Anglais parle du lundi suivant, il dit
in seven days, car il ne compte pas le jour même où il parle;
le Français, pa~ ~ontre, dirait ~dans huit jours".
!!. rend 1è pass~': the day before, (400), par le futur
"demain" (!!-342).
Vingt-six heures -- twenty-six hours, (354) deviennent
dans H Ittrente-six heures" (!:!.-304).
~
M traduit on Tuesday, (37), par: "le jeudi" {!i-6}. Et
II rend for the third time, (67), par : "une quatrième fois" .
(!!.- 32) •
) . '
, , .
, ," , , "
(
"
~
• l " r '
\
\ il! ' 1 ,{t,
,1 ' :1 , ... 94-
1 .
. ~~. ,
Dans, les trois versions français'es du Tale of '!'wo Cities
se lisent sJ1ùvent des inexacti tudes quant aux chi ffres ou aux
e!Eressions de quantité. Nous en regarderons quelques-unes;
(faute de place, nous n'en commenterons pas le contexte) :;f<
Dans ~, five thousand demons, (307), se réduisent A
Mcinq cents ~é~ons" (M-237). Mais ailleurs, ! reprend sa
vie~lle habitude d'exagération -- A hundred like you, (204), 1 ~
'devient: "des millions de tes pareils" (n-147).
} ,
H ne semble pas se rendre compte que dans 1" expression :
~.;;;..._o;;..f~t.=.;h~e;......;;f;..;o;...'.;;.lr~m_e;;.;..;.n, (363), il est que~tion de "deux des ~e ' il off.re ceci : "les quatre hommes" (!!.-310). Et
a lIeurs, il se tro!'1pe de chiffre lorsqu'il tradui t three
strong men, ~2S7), par: "quatre horrunes 'vigoureux" (!:!.-240). " . !! se troJTlpe de Jacques -- dans sa version, Jacques Three, (197),
devient : "Jacques deux", (H-155).
, Carton ~st le preMier à remarquer que Luc,ie s' é.yanoui t
(lors du procès <le Darnay à Old Bailey) : Hè was the first te ,
see it, (107). !:s'y rnl'Sprend: "il est le seul à s'apercevoir
que ." (~-l048) -- mais, bien que Carton soit le premier ~
s'en apercevoir', plusieurs autres le reMarquent aussi.
Il arrive que les traducteurs eÎrlploient les procéd6s de '<}
"particularisation" et de ng~n~ralisation", (l)
Hais
(1) Cf. J. -1'. Vinay & J. Darbelnet, Stylistique cOMparée du français et de l'anglais (Paris: Didier, 1967), pp. 9, 12.
• j
( -
(
-9'5-
-II
savent-ils comment s'y prendre sans porter atteinte au sens tel
qu'il est exprimé dans l'original? Il est des cas où l'emploi
du terme particulier ne change "pas, d'une façon malheureuse, le
sens général de l'original. Par contre, il est d'autres cas on
l'emploi du particulier (l! où l'original a- le gén~ral) peut
être abusi f -- regardons-en un seul exemple
Le scieur de bois est une "cr~ature des Defarge" under
the ,control of the Defarges, (373) -- mais !'?our !l,' seule l'1me
Defarge exerce sur lui une influence néfaste; il est: "sous, .
l'autorité de Mme Defarge" (H-318). Le rôle de M. Defarge
disparaît donc sous la plume de ~, ce qui nous parait ~busif.
Parfois, le généra} remplace le particulier (et c'est
toujours abusif) -- en voici un exemple :
Les "gens de condition" sont obligés de se d~guiser' en
r~volutionnaires afin de survivre à la Terreur, nous dit
l'auteur : Gentili ty hid i ts head in red nightcaps, (343).
Mais M croi t qu'il s'agit de tout le monde : fi chacun fi (M-26 8) •
Il se trompe" car le peuple ne porte pas le bonnet rouge afin
de "cacher la tête", mais parce qu'il le veut, alors que le cas
de la "bonne bourgeoisie" est tout autre.
La traduction d'un singulier par un pluriel est souvent ~'
abusive
My fellow citizen here, (387), devient dans, H "les
se • ft •••
j - 1 , . ,
j
1
f
J
t ' 1
j
1 1 I\: 1 1
, . 1.
J.
. ' "
-9~-' ,
-c ~
c·
, > •
j' ,. autres_~ ([-331) -- mais ils ne sont que de~x lé pos'tillon,t,
;
qui parle; et le cocher, qui conduit la vot ture _des f_ugi ti fs
vers la Manche.
L'inverse se fait asse~ souvent rep6,rer dans le~}trois textes français -: 'soit" la traduction d'un pluriel par un , , .
singulier. D'ailleurs, tous les traducteurs en sont coupabléS.
En voilA quelques exemples' , - 1
Dans H et P, those Crown witnesses, (119).,' deviennent .
"ce têmoin,.! charge" (H-a2: P-1060). Et, encore dans !!. et ~" ~ -
seule Lucie sera ra'vie du retour de- Darnay -- Your return will
,de1ight us aIL, (161), devient: "je suis sQr qu'elle sera fort
,contente de votre' retour" (~-123); "Elle sera enchant~e de
votre retour" (~-1103).
Voil~ qu'il est 'question de plUsieurs prisonniers the ,
"e!pression of the prisoners' faces, '(339) -- l'apostrophe suit
bien le ! (prisoners'), mais ~ n'y voit qu'un seul visage :
"l'irnaqe du prisj'nnier" (M-2'6 4). Ai lIeurs, !:! rend ~
diarnonds, (223), par: "un diamant" (~-l64).
, Parfois un traducteur insère un él~ment de doute dans sa
version lorsque l'original n'en comporte pas. M est, en cela,'
le plus coupable -- il ,traduit: Madame Defarge ... saw
nothing, (66) par: "Elle paraissait n'avoir rien vu" (~-3l);
et: : Nobady had known of it, (112), par : "tout le monde avait "
même paru, l'ignorer" (~-1l). P, ~ son tour, s'y trompe -- dans
\ ~,v ~""""' __ ./lWW~.Ltlo.-'_"""';<'._'-1-I' _____ "'_"""_""_~""":""""
, "
!
" 1 , !
1 .1
, ,.
, ,
. ' ,
, ,
, , '
" ';'
,,'
" , ~
(
" '
, ' , __ '?~~""~~ ____ ~_"_~_< ____ "'I ........ __ ._ ....... ~I-..J~ - .......
-9,7';'
,,\$~ version,.,the aies, ••• were opened, (157L, devient: '''les
yeux •• - • sembl~rent s 'ouvrir~ (g,,-I099) •
,1 / ---'
) Nous reproduisons ici trois phrases ou propositions'
-ani:Jlai,ses qui mani festent les mêmes cara~t~ristiqu~s grammati
cales, soit, un n~gatif suivi par but (qui ne comporte pas ici - , , le sens de' "mais"). M s ,'y trompe deux foi s, H urte fois, 'et P
- l'
ne commet pas d'erreurs là-d,essus.
Lorsque Darnay voyage ~ P~.rFs pour sauver Gabelle, il se J
rend compte que le moindre village et la moindre barriêre qu'il
'traverse constituent autant de portes de fer qui se ferment
derri~re lui pour l'empêcher de quitter la France -- Dickens
pr~cise : Not a mean village closed upon him, not a conmton
harrier drol?ped across the road behind him, but he knew i t te
',' he another iron, door in the series that was barred between him
. and England, (275). Mais H comprend de travers, et fai t un ,
~norme contresens -- car on refermait bien des portes derrière
'l,ui : ~non pas qu'on, eOt ferm~ sur sa route des portes ou des
barri~res; mais il n'en sentait pas moins un obstacle infran-
'chissable éntre lui et la Grande-Bretagne" (!.!.-229).
Aussit6t arrivée! l'h6tel de Douvres, Mlle Manette veut
\foir Lorry -- au~si ne reste-t-il plus êl c~lui-ci qu'a vider , .-~
son vetre: (he) had nothing left for it but to ernpty his glass,
(5]) ., ~ fait un contresens : '" (1:1) n' avai t aucune raison de
s'op'poser a cet;;te demande, mais il_vida son verre" (~-19) or,
\
;
. .' :.. .... """ ....... ....,.-. .... -'>'W'-_ ..... -; ..... «_~. M~~7~..,-+--. __ -.....~ ...... ~~'_ ... ~---. .... __ .-..-....-..---'_"' .. ~~ __ .~ ...... ,_; __ 1
, "
'.1 (~ "
(-,j
, . . ',-
, -98-
, ',' comme nous l' 'avons indiqut1&, but n'a pas le sens de "mais" dans -
ces exemples.
, Stryver et Carton sont tOUjours\ ense~le au
" -,
-Dickens pr~cise : St ve,r never had a case in hand
but' Carton was there, (117). C'es1?-a- ire
Cartot; \Y fllt aussi ~ et H ,. 1
ne plaidait'nulle part sans que
et !:. -",p. 1058) le voie~t de cet oeil. Or, i,n hand, qui a ~C~'
le sen~" de "receiving attention" (~), n,' implique pas que \ " ~
Stryver porte toujours un dos~ier mais c'est ce que M
compris : "Jamais, nulle pa~t, on ne voyai't Stryver avec' un
dossier sous le bras, mais Carton;~ lui, éta~ t la, à toutes JI
s~ances" (~-75). De plus, il nous semble que la struc;:ture
"avec un dossier . . ft est maladroite, et calqu~e sur
l'anglais.
Dans chaque verSl.::~-:::J::on~ 'relevl! des erreurs au
niveau du sujet de la phrase, ou du découpage du récit -- 3 !
fois dans !:, 8 dans !!" et J.l dans t!. Sans explications (sauf (j
dans deux cas), nous en prêsentons deux exemples dans chaque'
v:ersion ,:
!!. traduit You will save them a11, (374), par : "nous les
sauverons" (!!.~318); et My pretty young mother (and l so old!),
(340) ,'par : "le charmant visage da ma rnË!re, qui serait
maintenant __ si vieill~ ~2 89) •
M rend l said so!. (387), par "C'est bien ce qu'on
Il
'~ '.
. "
_ ~J .. _ -....-..-.. ____ • ___ ,
'C f -'
t,
- ... ' .,' ... • •
'" .~
-99-
m'avait dit:" (~-307); et _F_e_e_l_i_n~ ______ ~ __ .. __ ~ ____ __
QPpressive, (203), par: "la sentant terriblement proche et
redoutable" (~-147). Or,!.!:. se réfère à Vatmosph alors
" que "la" se réfêre ~ Mme Defarge. De pl us, close sens de
"stiflinq" (~.>', et non de "proche", tandis que ·_o.......:~~;..;;;.. __
signifie "hot and close" (~), et non "redoutable".
~ traduit She ••• watched its effect, (102),
en voyait l'effet" (P-1044); et il semble croire que
"on
deux
phrases suivantes sortent de la bouche du juge, alors ue seule
la première ~st prononc~e par ce dernier, l~ seconde ét
" 1
i 1
1
!
1 l
uestions and make no remark u on thern.' ~ ~~----~~------~--~------~--~----------~------------~~~~
question posée par l'avoca~ de l'accusation: 'Answer t
Manette, had you any conversation • •• (~lI~~O~ P': "Répondez aux questions que l'on. vous pose, - , '
taires. Avez-vous eu quelque conversation,. ~ .
Ce type d'erreurs retient n tre ·attention, puisqu'il est
três sérieux -- il sous-entend un lecture trop hâtive du texte, (
voire l'insouciance du le commet.
~,deux des traductions du Tale of '!'wo Ci ties, nous
a~o~vé des étourd~ries pour lesquelles nous tancerions un
t!lêve
H traduit A broken country, bold.1and open, (144)., par:
"une carnpagn~ froide et nue" (H-I06) -- non seulement il omet ~ -
broken, mais il a dû lire cold au lieu de ~.
, - ~ ',,~~_, ______ '_"-~_""""""'i _. _.,-~----..::..-._---- ~"'l~~ -"-~.--
" ! 1 -1 1
< i,
:. '
! 1
; , -,
" '
1
'. i'
-lOO-
" fi: rend No man had taken fri~*a.t., tpem, (288), par : "pas:' " !-J~ .. ~ ..
; ,un client n'avait pris fui te' 'à leur ~ aspect" . (!!-24l) -- ,mais i,l ~,tl'
',s'agit, non 'de "taken flight", mais de "taken frigh~" (,"peri0"fir:e , ,
ne· s'en était effarouché, effrayé") ~ , .
, Comme traduction de The rider stooped,- (4l.), !! propose
"le mes~ager arrêta' s'a monture" , (!!-7) ,-- alors qu"J.l s'agit de
~encher" (stoop), non du verbe -to stoe-
Mais si H comme~ 3 fois des erreurs si graves, ~ est
beaucoup plus coupable, car il en conmet' 7 fois : t
"retrouver, là fraîcheur' de jadis" (tl-12BL
,comme traduction de Striving afresh, (181) :-- m~is afresh a le , .
, -sens de "anew",'et" la "fra!cheur de 'jadis" n'y entre pas. - '.
M rend A cool bold, smile, {243)", par : ,"nn sourire cali1le
et fro~~" (!!-22ll' _:.. il ne',~'agit pourtant ,pas 'dé cold, mais de
~ (,"confident" , tQED] ~ donc "plein d'assurance") •
M traduit His cold white head, (76), par . -"Les vieux
chéveux blancs" (~-4l) -- or, les cheveux sont "blancs" (il
S'agit d'une tê~e chenue), mais M a lu " . -,. ..r . ' ,~M~a __ ~o~u~r~h~e~a~r~t~b~e~.~~~l_i~h~t~~~~+, (182), devient,
,dans' M : "Puisse ce coeur • • • conserver ou'jours ,sa 1urnHire -• '. -!"' (~"'1,~9) -- t! confond l'adjectif ~~~t, ~ui signifie
"~€geri"' avec le substantif light, qui ~quiyaut à "la lumière"-~
Oans "~, The first~beams of the sun brouqht into strong
.' ,
,,' .
1 l,
~I
G \ '\
l,
,'.j, .
r "
,II,
.--..
.... ,
, "
, 1.-\
1 j
:~
i ,l, ,1
L
"
----,------.-.,---
-101-
, relief, removed beauties of arçhitecture, (179), devient
"l'apparition des pre~iers rayons de ~oleil. Alors, il lui
semblait qu'un grand poids lui tombait de sa poitrine. Dans un . "
'~claboussement de lumière, les splendeurs architecturales. . . ~merge,aient des lointains ,noyés de brume" (~-l26) -- or, il ne
s!agit évid~mment pas d~elief dans sa première acception dans 1
o •
PED ("alleviation of or deliverance from ain, anxie
distress") , mais dans, sa deuxième : "distinctness of outline,
'vividness" i en fai1::, le~ premiers rayons du soleil "font
ressortir" les beautés architecturales que le nuit avait
cachêes. .'
, '
'" M rend Sorne waifs:!f goodness, (179), pap "de,s vagues
de bonté" CM-127) -, alors qu'il ne s 1 agi t pas de waves; mais,
de waifs ("something borne or driven hy the wind, 6wnerless ,
,object • brought hy unknown 'agencyrt, OED). .' , ,\,
-This wretched creature; (47)" devient è!,ans M : ~'cette ,
créature naufragée" (~-14) -- 1-1 a sans doute lu wrecked' ("naù": 1 \ l ,
___ frag~_"), au li\eU de wretched, L"malheUreux".' •
" ~es exe~Ples que nous vellons de voir sont-ils des cas , 1
d' in~ouciance~
possi~le.' Mails
- ,
Dans le cas de fright et de stooped, cles~
dans les autres exemples, nous percevons une ,-
désinvolture, ,voire une ignorance" (toutes deux des plus
- regrettables), chez' les traducteurs, en cause. Remarquons _par
ailleurs, que ce genre d,i erreurs gr,aves ni existe 'pas dans ~.,
--.-,--.. _----
L r : '
i j
- 1 1
1
j !' 1
, ; .
.... ! ' \
.... -.,,_ ~"",T-, l _ ...
-t ~ ..... ,,-"".-----.. .......... ;:' ~~ ~ • ~,~ --~I ..... ~ .. ~~~-'~· ...;;.----~--!...-. ---~-- ..... ,,- )_.:.-.-~-- ;_..l-__ n..-._ ~ ~---- -. ~--.- ~-----,-,,..._-' ---:~~
(
;'
"
"
"
'-102-
, , , Il est un ~ype ~'~rréurs, auque~'nous avohs toùch~ lors
de notre "sondage"', qu~' est la véritable pl,erre de ,touche de
toute ~valuation de ll'oeuvre _traduite. Il 's ·'agit ~vl,démment
des faux-amis, 'monstres 'qui 1Ifsent tant à la qu~lit~ d'une
traduction que Maxime Koessler leur a consacré un livre d~
première importance. ,~;) ~
Robert Le 'Bidois écrivit ceci sur les faux-amis : "Ces
tepnes sont d'autant plus perfides qu 1 i-l~ .ont un aspe,ctJfarnilie~
'qui inspire confiance. ,Mais qtl:e d' erre~rs, de sottises ou de
faux sens ces anglicismes camouflés, ces passagers clandestins
ne nous ont-ils pas fait commettre :" (2)
Nous avons déjà relevé_ des Jaux-amis sur Agon,y '(dans ~);
Disgrace (dans !:); ~ (dans !!.); et Stranger (dans!!. et ~)'.
Voyons'les autres abominations du genre qui nous ont sauté aux
yeux lors de notre examen minutieux des trois textes français :
Selon ~, apàrtment signifie "a single room of a house", , " (
et le contexte nous le confirme: Miss Manette's apartrnent .•
• was a large, dark room, (51). ~ et ~, qui, à une majuscule
près fe offreflt la même version : ," l'appartement de Miss Manette"
(M-19); et "l'appartement de miss ,Manette" (~-992), n'ont
évidemment pas lu Koessler, qui écrit ceci au sujet~du mot
(1) Maxime' Koessler, Les Faux Amis des vocabulaires anglais et am~ricain (Paris : ,Vuibert, 1975).
(2) In Pierre Daviault, Langage et ~raduction (Ottawa imprimeur de la Reine, 1~71), p. 7 : Pr~face de Robert Le Bidois.
1
, -
- 1
~ ~~,-..,...."I ..... _--... -~-,. .. ,,"",\-- _~~~ - ,_ '" ' ',.;: _ ......... ..---..--- .... ~--... _"'".~ ',' 1
,1 , , ,
(-/"
1 j ; ,
r.
, Î' ~,
. '
ï 1·-; ,
(-~. J
" '
-1'03-" .
"
apartment , ,
: - ,1' ie sens couran t es t chambre, pièce
d'habLtation~.~ H, par contre, contourne le danger, en , -
écrivant : ,"chez miss -Manette" (!!-17). Est-ce, conscien,t de .la
,part de H? ,Nou~ ne saurions le dire.
Seule Lucie a le pouvoir de chasser de l'esp+it'du
,docteur Manette le soüvenir de son emprisonnement ~ The power
of, cbarming this black brooding from his mind, (11:<». Il,s''agit
'bien de "charme", mais dans le sens d'un enchantement, et non de
l'agrément. (Cette première acception de charm -~ et de '
"charme", -- ne renvoie-t-e1le pas au carmen étymologique?). DED
expliqUe que to charm signifie "to influence (as) by magic".
Or, M perd le sens d'ensorcellement pour souligner, â tort, . ..- .
, l'aspect agréable de Lucie, qui aurait: "le pouvoir, grâce à
son charme, de chasser les souvenirs noirs qui hantaient son
espri t ~ (!:!-69).
Dungeon signifie "strong subterranean cel1 for prisoners"
Koessler le traduit par "cachot, cul-de-basse-
fosse" • Dungeon n'équivaut donc pas à "donjon", qui est la
"tour principale qui dominait le château fort et formait le
dernie.r retranchement de la garnison" (Robert), et qui équi vau\: /
â l'anglais moderne keep, et à l'archafque donjon. M n'est ,)
pourtant pas conscient de cette différence, et rend An old
dungeon, (131), par : "un vieux donjon" (M-87).
Lorsqqe Stryver dit à Carton : You really ought to think
about a nurse, (171), il veut dire que ce dernier a besoin de
, .
I~ [
c,
-, '
, \
'(
• q ... P ;0" •
",
• ,l,
~-~ -. ,--.. ....... _....,. .......... ,_ .. ~~~-..,..._ ... _~-----,~, ... """""".......,...,..",.... ... ~.~ tJ ~~~ ;;i ... ""' ....... ~.;,-................... ~r--.. ... ..,~-. ; , , 'H
" "
-, ..,lO~-
" " >
que19u' un pour le' ~oigner, qu'il lui faut "un -garde-I'\a'lad~" ou
·"une infirmière". Mais M croit qulil'lui faut: "une nourrice" ,
(~-120). Pourtant, Carton n,la plus besoin qu'on l'allaite. ' , , ,
l'-
Qua~~,,'parnay se fait une illusion quant"il son pouvoir de ~ /,'
faire du bien en une France r~volutionnaire, à modifier la .-/
co~e furieuse de cette Révolution, il tombe sous l'influence
-du Sanguine mirage>o~ so rnany good minds" (2l2)., Selon CED, . t ' ""\
sanguine à lIe sens de "hopeful, confident, expectincr things to . ' go weIl". Darnay est donc plein d'eapoir et de confiance.
'\/ '
Mais ~ n 'y voit "que du sang '"le mirage sanglant" '(t!-206).-
Sur un total de neuf 'cas coupables, nous apercevons que
II et ~ pèchent chacUn deux 'fois. Par contre / ~ commet 7 fàux-,
amis, ce qui renforce l'impression très nette quant aux' •
faiblesses de M, que nous a fournie notre étude des e~reurs de
sens relevées dans les traductions françaises du Tale of Two \.
Cihies. , /
"
--~--~-----
Nous ne disposons plus que d'un espace restreint, aussi
'noQ,limiterons-nous aux exemples d'erreurs de sens que nous
avons déjà soulevées. ~outefois, bien que 'nous n'offrions pas
une liste exhaustive de tous lèS contresens et faux-sens qui "
figurent dans les trois versions" françaises du Tale of Two
Cities, notre travail repose sur une tell-è liste, que nous avons
, '
"
, .
"
. , .- ,
.. "'o!
, .
C J' '- ~J
J'
. '
.(
--105-· .
.... ''lit·
dressée pour notre propre compte. A partir de cette liste, nous
avons établi un relevé st~tistique de tous les contresenS et
faux-s~ns caractérisés que nous avons découverts chez les
traducteurs. ~l en ressort que H fait 118 contresens et 50
faux-sens caractérisés, tandis que ~ en fait 151 et 93
respectivement, et ~, 43 et 38 .. Au total, ~ commet 168 erreurs
de premier ordre; M en corrirnet 244;
fois plus d'erreurs importantes que
et p, 8l.
!:, alors
H
que
fait
M en
don~eux
fait trois ,
- fois plus que P. -Il ressort donc d'une manière, palpabie, que M. fait souvent
~
'preuve. de déficience, pour ne pas dire d'ignorance: il commet 1 /
force e;rreurs, et' n' a'ffiche que trop fréquemment son mépris ,
'envers Dickens. ~, à son tour, annonce souvent une indifférence ,
marquée envers l'original -- mais en moyenne, ses erreurs de
sens sont nettement moins importantes, donc moins répréhen'-
sibles, que celles que l'on repère dans~. P commet des J ,
erreurs, nous devon~ en convenir, mais nous avons souvent '1
" ~ , " l'impression qu'il s'agit d'un lapsus, plut?t que d'une
,/.
ignorance de ,la langue anglaise. ToujoufS est-~l que sa version
est de loin la plus fidèle au niveau du contenu aussi bien que
de l'esprit de l'original.
, ,
, J J
r -
-1
l ' 1
i
1 " ;
J •
"
r 1
1
, .....,.,~-_ .. _-.--. , _ .. ~ .......-~--_ ..... -.. --,.-~-_._- .. - _ ... - ... ...--- JI'" --
, ' 1 1
) .. , .'"
, .( } . ... '1 .'.
CHAPITRE III ,/!"
TRAITEMENT DES
"FAITS DE CIVILISATION"
"
PAR LES TRADUCTEURS FRANÇAIS
, ", . DU Tl.LE OF THO CITIES
(,
,-:
, 0
...
ï ' , ,
()
, ,
, , -~ , '
, , '
.'
o
CHAPITRE III
. ,
','
Nous nous proposons de consacrer ce troisi~rne chapitre! ,
l'examen des faits de civilisation, c'est-à-dire, d'étudier
dans les trois versions françaises du Tale of Two Cities la
manière dont les ,traducteurs ont attaqué les' problèmes que
'~la présence dans l'original anglais de, termes
correspondant à des réalités britanniques souvent inconnues du
lecteur français, et parfois du traducteur. Car tout
traducteur d'une oeuvre litt~raire doit affronter le problème
de la traduction des termes se rapportant à des "faits de
civilisation". Il a le cho~x entre trois solutions:
Cl) traduire littéralement (ce qui l'obligera parfois à ajouter
une note explicative, soit dans son texte, soit en bas de
page) ; (2) proposer une équivalence l~ui facilite la
compréhension du lecteur mais risque 'de priver l'original d'une
partie de sa couleur et de sa saveur locales) ; (3) refuser le
déf~ et simplement omettre les termes les plus rebelles. Cette <
troisième option est évidemment la moins honorable: c'est le
refuge du traducteur incompétent, dont la connaissance de la
langue de départ est nettement insuffisante.
Nous examinerons la manière dont les'traducteurs ont
. traité :
Ca) personnages historiques et légendaires
(b) proverbes et m~taphores usuels
(c) chansons de nourrice et contes de fée
(d) hymne nat~onal
, 1
\'
(
(
_________ ,~ ... fi. idi1ll ....... ~ ____ • ___ , .... _ ..... ~. ~
)
. -107-
, (e) litt~ratures anglaise et europ~enne ~'
(f) expressions et allusions bibliques , (g) mythologie gr~ço-romaine et civilisations "exotiques"
(h) mesures de longueur, de superficie et de capacit~
(i) système monétaire anglais
(j) noms propres français
(k)
( 1)
(m)
noms propres anglais
termes,~idiques
toponymi~anglaise
(n) toponymie française
(0) le cockney et le parler populaire de Cruncher
(p) l'anglais "francisé" du roman
(a) Personnages historiques et l~gendaires
Bien que l'histoire de l'Angleterre soit ~troitement liée
, a celle de la France depuis Guillaume le Conq'u~rant, il est: peu
probable que le lecteur français reconnaisse dans the mer;r
/Stuart who sold it, (it se réfère à l'Angleterre), le ro~
d'Angleterre Charles II. Ni H ni M ne semblent savoir de
il s'agit: "l'un des Stuarts la vendit" (!!.-98) ~ "(le) joyeux
" Stuart" (!:!-90). Se,ul!:, qui propose : "( le) Joyeux Stuart qui
la vendit" (P-l076), ajoute une note explicatiye, sans laquelle - ~
le lecteur perdrait sûrement l'allusion: "Charles II, qui
vendit Dunkerque_et Mardick a Louis XIV" (~-1364). Mais la
note est bien embarrassante. Comment un roi d'Angleterre peut-' ~
il avoir vendu son pays en vendant au roi de Franc~ deux ports j
français?
; 1
, ~
l ' 1 1
1
1
1 l '
(
l'
(
/
:-108-
Mardick ayant ~t~ rasé apr~s le trait~ d'Utrecht; a disparu de
la carte et n'est connu que des historiens .
. A la suite de la rébellion du duc de Monmouth en 1685,
Judge Jeffreys, chancelier d'Angleterre (Lord Chancellor)
pr~side un tribunal (appelé B100dy Assizes) qui condamne ~ mort
pl~ de t~ois cents accusés. Il est évident que Dickens fait
allusion à ce juge (bien qu'il n'écrive pas correctement son
nom) : From the portrait of Jeffries downward, (118). II aide
la compr~h~nsion de son lecteur en ajoutant à sa version
,"depuis Jeffries jusqu'à nos jours" (!:!.-81) une longue note
"Membre du barreau d'Angleterre qui, sous le règne de Charles
II, fut élevé à la dignité de grand chancelier. Le juge
Jeffries, comme on l'appelle vulgairement, rendit sa mémoire
odieuse par les actes de cruauté qu'il conseilla au roi, lors
de la révolution de 1688. Il essaya d'échapper à la haine du
eup1e en quittant l'Angleterre; mais il fut ar~êté dans sa
f ite et conduit à la}Tour de Londres, où il Mourut en 1689".
Ma's la note est inexacte -- il s'agit, non de "la révolution
1688", mais de la rébellion de 1685. Toujours est-il que ~
bien compris de qui il s'agit, et les détails importent sans
oute peu au lecteur français moyen.
'~'''p, qui traduit ainsi : "depuis le portrait de Jeffries"
-1058), ajoute à son tour une note explicative, suivie d'un
point d'interrogation (serait-ce à cause de l'orthograph~ du
nom?) : "S'agit-il de Lord Jeffreys (mort en 1689), le -i>- - --
'Chancelier sanglant', célèbre par sa dissipation autant que
1 , J '
! 1
,"
: '
, 1
"
(
(
, "
, '
pa'r sa cruaut~?·" (!.-~364) •
/ / '
-109-
Mais ~ n'ajoute rien "depuis le portrait de Jeffries" /
,'(M-16) 'let son lecteur est donc oblig~ de faire appel a un -,livre sur l'histoire de l'Angleterre ou à une encyclop~die pour
comprenAre une allusion qui est extrêmement obscute, car le
,juge est connu pour sa,cruaut~, non pour son ivrognerie -- et
~'est bien de boisson qu'il s'agit ici.
La question se pose ,de savoir s'il est du devoir"du
traducteur d'apporter ce type de précisions à son texte ou
s'il lui faut solliciter la curiosité du lecteur?
Lorsque Dickens fait allusion à the Captain, (38), il
pense aux d~trousseurs qui menaçaient les routes d'Angleterre
au XVIIIe siêcle. ~ et ~ le comprennent: "un chef de bande"
(!:!-8); et "(le) fameux '~apitaine'" (~-979). Mai,s H commet une
erreur bête lorsqu'il propose, par m~garde, peut-être, "un
Mandarin quelconque" (H-5). Or, il ne s'agit pas de mandarins,
hauts fonctionnaires de Chine, mais de voleurs de grand chemin.
~ pense-t-il à Mandrin? Louis Mandrin, fameux chef de
brigands, n~ en 1724, fut rou~ vif à Valence en i755. Ou
encore, à "malandrin"? Les malandrins ravagèrent la France au
XIVe si.Jcle.
Les convulsionnaires sont des jansénistes fanatiques
"pris de 'convulsions sur la tombe du diacre pâris au cimeti~re '
de Saint-M~dardn (Robert), aujourd'hui disparu. Dickens fait
allusion aux Convulsionists, (137) -- H (p. 100) et P (p. 1079)
\
, , , j
, ,
f
,j ):
'1 ' 1 ~
\
" .
f ) ,
i , 1 ' , 1
, \ , l ' . , .......
", -. , . ,
(
--
, ' , (, \. ~
Il '~I .................. - .. ~_. __ .. , ' , ,
. ' , .-J.
. J,
, '
: -110-,',\
) ,
1
sàisissent liallusion, mais M ne la_comp~~E~_P~s, puisqu'il
. propose "(les) 90nvulsionnistes" (~-92)~
. "
(b) P~overbes et m~taphores usuel$
- ' . Parmi les probl~mes que doi vent r~soudre les traducteurs
: d'une oeuvre ritt~raire ~trangèr~ .,~! trouve celui de la ) 1
t'traduction des proverbes et des',' rn~t~phores usu~ls ~ Notons
qu'un traducteur doit ies identifi~r,' avant d'en chercher des
, ~qui va lences •
~, qui ne traduit pas Time and tide waited' for no man,
(143)" n 'y reconnaît sans doute pas le pr~verbe anglais Time and
tide wait for no man. H traduit litt~ralement : "le temps et
les flots n'attendent pas" (!!.-l06), alors que!:. ajoute ~ un' t
proverbe équivalent français ("la marée n'atten~ personne")
afin de retenir l'idée de time : "le temps et la marée
n'attendaient personne" (~-l084)'.
Le proverbe anglais what is sauce for the goose is sauce
for the gander signifie "ce 'qui est bon p~ur l~un l'est aussi
pour l'autre". Or, Jerry Cruncher en donne sa propre.version
For you cannat sarse the goose and net the gander, (336).
Sarse est une forme 'dialectale du verbe to sauce, comportant
ici le sens de "to reQuke smartly", que ~ (qui cite Littré)
compare- au verbe ,français "saucer quelqu'un" ("le gronder, le
r~primander fortement"). ~.(p. 262) ne traduit pas le proverbe.'
Pourtant, H et p'semblent l'avoir compris ,: "car vous êtes tr9P
,'*
1 j'
i· !
:. i ,
(
, ------_ ....... -,..~ . .,.~~ . - -_ ........ _ .... ~~._----~-......,._~ ... _, , , , \ - , ~
-111-
.. ' -juste' pour ne pas blâmer le jars, quand'vous acpusez l'oie"
1
Cg-286)i wVous voudriez pas vous en ,prendre â l'oie sans blâmer
aussi l'jars" (P-1280).
Dickens fait alluàio~ au proverbe anglais there is a black
sheep in every flock (faisant en même temps un jeu de mots sur
sheep), lo~sque Barsad -- le "mouton" des prisons --,- devient: '
sous sa plume the black sheep, (344). Il s'agit, ,dit Brewer,
/
. ,\ .. d'un "mauvais sujet" -- or, ~ et ~ se bornent â traduire sheep,
dans son acoeption argotique: "l'espion" (!!.-293); wLe
mouchard" (M-269), alors que ~, fidèle à l'original,-tra?uit
par: "la bre~is galeuse" (~-1289).
llos tradlolcteurs, en g~néral".n "omettent pas les m~taphor~s
usuelles, mais seul ~ s'efforce presque toujours de les .. rendre
par une équivalence métaphorique.
Clearer than crystal'signifie "clair comme de l'eau de
roche, comme 17 jour". Déjà en 1611, lorsque la comparaison
apparatt dans la Bible anglaise, (1) ell~ est vieille de 300
,ans. ~ ne cherche pas' d'équivalence, mais sa version de It was1 ~ ,
clearer than crystal, (35); est littérale: "il était plus
clair que le cristal" (H-1-2), ce qui est un calque que la
langue française semble de plus en plus port~e à accepter., M
perd l'image, mais en retient le symbole: "il app~raissai~
. (1) Revelation 22.1\ (Kinï James Version) : And he showed me a pure river of water of Il e, clear as Crystal.
~ .. _ .......... _k ... _ .. __ ·
1 ,1
1 j
" ' J
-, -'~-
'-; ---~----~. - : ----'-'------,..:..-~----~ ----... -,_._- _ .. -
" . -112-o ,
~~~ ,~~~. • <--- C') 1 - -~~,Ç.·~Vid~~t" '(~-5),'. Seul P traduit- par une m~tapho~e frariça~se
(~)
oÔ "il ~tait cl~ir comme eau de roche" (~-975) • .....
. - --"", " -
Selon son pêre, le ,jé'un'e Je.r.n'serait as thin as a lath, , , • ,1/, "","'0.
'(~90)': "sec comme un dbtret, .. 'un ~chà'i,as, un coup de trique, " J
un har~ng sàur"/.~ g~ .~mai9re comme un clou, un cent de clous",--,,) j,~:-...:: •. "./ •
voi13 six- versiori!f' possibles de Mais H et M , -
'J"
se contente~t de traductions c;omme une _ , C
1/ latte"'(!!.-148); "aussi maigre qu'un-morceau de bois" (!:!-l35),
\
1--. . ;
alors que' seul'P propose une des .. -"maigre comme un clo,u" (E,-1130).
, " -"françaises",
• 1
.II
• " Seul M retient de la çomp àrai,s~n Dead as
(185) , ainsi : "A:ussi mort qu'un gigot de
Impossible ne dire en français : "mort comme
car en français mouton est le, nom cre l "animal
aussi bien que celui de sa viande;. l'anglais~ sheep et
mutton, ce q~i évite toute ambiguité. H se contente de : "On
ne peut plus ~ort" (~-145), et P dé :. "Tout ce qu'il y a de ,
(~-ll27) '.
~ (c) ice et contes de f~e .
Comment une phrase qui fait allusion à une
chanson de nourrice ien connue des Britanniques, mais ignor~e
des Français? Comme ous l'avons précisé ci-dessus,. trois
choix se présentent au traducteur : traduction littérale ,(avec )
ou sans note explicative); inve~tion
- ,) -ou recherche d'une
r~ j .
1
1
T ,
1- "C> J, •
. , ,\ ,
~
: 1
• i , {
'/ 1 l Î
j • ,1
1 .. i
, ,
''/ , I-f 1 ~ ,l r 1 -
1 t 1 1 . l,
() 1 j
1 1 !
~, ' ,
, ,
-113-
êqui v:alence; ou' simple omssion. Dans une phrase où Dicke-ns .
fa,it allusion à la chanson de nourrice intitulée This is the
farmer sowing his corn (1) : His hair could'not have been more
violent1y on end, if it had' been that moment dressed by the Cow
with the cr~led horn in the house that 'Jack built,' (333)., P
traduit littéralement et ~joute une note -- mais la note ne
s~ffit pas, et la traduction res~e maladroite et mystérieus~ au , .
lecteur français : "Ses cheveux étaient t~llement dressés sur
, '. sa tête qu'ils n'eussent pu l'être davantage s'ils l'avaient
~té par la Vache A la corne torse dans la maiéon qUé Jack' o , l '-! •
bâtit *" (*"CeGi vient d'une chanson de nour~ice") (~-12~7). M
cherche une éq~ivalence afin de transmattre le sens.de ,1<> l(
l'original: "Ses cheveux n'au~ien.t pas ~té plus violemment
dre~sés s ',il avait eu à ses trousses to~s les fauves d '-}IDe "
m~nagerien (~-259). Quant ~ H (p. fa3)" il omet la phrase
..
entière.' " Q •
" . '~es- ~llusions aux contes de·fée sont parmi les moins
, difficiles ,des obstacles, auxqùels-. doivent faire face les
traducteurs en matière de "faits de civilisation". car.
(1)
/?
This is the farmer sowing his corn, That 'ke~t the cock that crowed in the morn, That wa ed the priest all shaven and shorn, ~at married the man aIl tattered and torn, That kissed the maiden aIl for1orn, That-milked the cow with the crumpled horn, That tossed the do~, That worried the cati That killed the rat, That ate the malt 'hat far in the house that Jack built,
, <>
"
- -~-~-.-----......",." ~ ...
1.
\ II
, ! '.
·C ' . __ J
:
. , _--.....,,'-'l','--.... --_.-.-. .... __ .. _~-' - ... "'ê;'---............l:...:..-.-,~ .. --....L_~_.
-beaucoup d'entre elles se rapportént à des contes universelle-
ment connus, dont une version française existe d~jà (ou dont
l'original est parfois français). Or, lorsque Dickens nous
raconte que Miss Pross devient, aux ye~x des ~omestiques au
service du Çiocteur Manette, Cinderella' s Godmother,
l'auteur se r~Hère à un conte de Perrault (donc, un
rédig~ originellement' en français). M et P conservent
version française : "la marraine de Cendrillon" (~-S6; !!. ... l071).
Mais, dans H, la bonn~ marraine garde l'anonymat, et devient
tout siI'lplement Il'une f~e" (H-93).
/
(d) 'Hymne national ')
Sur le point de se pr~cipiter dans le Paris de la Terreur
àfin d'y faire sès courses, r1iss Pross est prise d'un accès de
patriotisme: ayant affirmé qu'elle est sujette du roi
d'A~gleterre Georges III, elle récite la deuxième strophe du
chant national anglais: Confound their politics, Frustrate
their knavish tricks, On him our hopes we fix, Gad save the
K · , 1ng. , (319) • Seul P semble avoir saisi qu'il s'agit là d'un
hymne national, et il en propose une version qui respecte le
sens, sinon le rythme de l'original : "Que Dieu confonde leur
politique, qu'il déjoue leurs ruses de bandits! C'est sur
notre Roi que reposent tous nos. espoirs, Dieu prot~ge le Roi!"
(~-1263) •
La version proposée par H est nettement inférieure (et
comprend des ajouts) : "je demande au Seigneur, et j'en fais
• 1
'1
, 1· 1 .. ,
-_..L_~_/~ ,-.. ______ ... _ ~_,
1 \
~\
r .
-115-
profession, de confondre leur politique infernale, et de
déjouer leurs projets sataniques; je me repose avec confiance , '
sur le monarque puissant qui nous protège, et que Dieu sauve le
roi" (H-27l). Mais~, qui n'a pas vu ll allusion, $e méprend
sur le sens des deux premiers vers : "je me moque de leurs
questions d~ politique et de leurs ruses de' 'loyous; mon Roi me
protège, vive le Roi! Il (M-248). Or, Miss Pross ne se moque de
rien, mais elle compte sur son Roi, et sur Dieu, pour la
protéger èontre la politique et"les ruses des étrangers. Knave
signifie "unprincipled or dishonest man, rogue" (OED), et
"voyou" n'en est pas '~une équivalenc'e acceptable.
(e) Littératures anglaise et européenne
Dickens ne fait que peu d'allusions à la littérature
d'Europe; (nous évoquerons ci-dessous la seule référence à la
lit~érature française -- en l'occurrence, à Molière -- que nous
ayons relevée dans son roman).
Le livre d'Izaak Walton, The Compleat Angler, publié en
1653, est un traité de pêche à la ligne, sport que son auteur
appelle the qentle craft.' Or, lorsque Jerry Cruncher, suivi à
-son insu par son fils, se rend à un cimetière afin d 'y déterrer
un cadavre, le texte anglais déborde d'images se rapportant à
la pêche. Par euphémisme dickensien, les autres praticiens de
"l'honnête métier" deviennent des "pêcheurs". Le premier
d'entre eux, précise l'auteur, est another disciple of Izaak
1
1 ,:
" ' . , ,. t .- ~_"_"""~_"'''''''''''-'-''_...,......:M - -, , .~ ~ -..... -- --., ...... ,. ... .,-.... ------..-...... -~- .~ ----~- ~- _ ... -.---.-.._,-~~~. ~- -- - _,, -_-. l---'--
, 1
t' ,.
;,
(
r '-116-
W'a1ton, (190). Les trois t"raducte~rs proposent une version
littérale: lIun autre disciple d'Isaac Walton" (H-149; ~-136;
~-~~3l) " et seul ~ ajoute une note explicative, qui se lit
ainsi:' "Isaac Walton (l593-1683) a écrit un manuel du parfait
pêc~eur à la ligne (The Complete Angler) qui est aussi un
chef-d'oeuvre li tt€raire" (~-136 5). Malgré deux imprécisions
-- l,'orthographe française "Isaac" au lieu de l'ang1a.fs Izaak,
et Complete 1 là où l'auteur a écrit Compleat -- cette note est
" utile". Nous doutons que 'le lecteur français moyen sache qui
1 •
€tait Walto~ ~ans une explication.
Queüques lignes plus loin, un troisième "pêcheur" se
'joint aux autres: c'est the second follower of the sentIe
craft,' (191). Ni.~ ni ~ ne reconnaissent t'allusion. ~, se
bQrnant à' : "l'un des précédents" (~-149) 1 est moins précis que
l'original, tandis que dans ~ le second "pêcheur" devient : n le -
premier individu" (~-136), ce qui est erroné, puisqu'il s'a,git
évidemment du "second If. Seul P garde le sens et la saveur de
l'original : "le second amateur de cet aimable sport" (P-1131).
Dickens fait allusion à la ballade allemande de Leonora,
(159), qui, nous précise George Woodcock, auteur des notes de
l' édi tion Penguin ~ serait l'oeuvre du poète Bürger. Aucun ~
traducteur nlajou~e de note explicative, et H laisse tomber
Leonora : n la ballade allemande" (!!.-121). Il est perl!lis de "
douter que le lecteur de !!, même dans les anné'es 1860, sache de
quelle ballade allemande il est question.
"
"
1
l'
, '"
... ..I.--. __ • __ ...-..._ ....... -.....-... ~,.... ....... ~_ .. _...,.. __ .-..-.~k~_'.,..,."../' ____ ... ~ .......... , __ .... ~ .......... __ -- ...... -... _-y--......--_ ..... '"";"' -~-,~ -r-+ "-... ----~.~. -'--__
- ,',
'.
.. .. ."
/ r-\
",
'-117':'
, .
. (f) Edre'ssi'ons et allusions bibliques
Le public anglais en maj~rité protestant lit les deux , -
T~'staments, tandis que le public français en majorité
catholique a tendance à sè limiter à l'Evangile. Mais ceci
n'explique guère que M. ait laissé complètement tomber
'l'a.llusion -,- que nous .avons r~levée au débu\: du deuxi~me o
chapitre au verset de Saint Marc : Suffer the 1ïtt1e
.chi1dren \0 come ta Ple, and forbid then not : for of such is
. the kingdoITl of God; ni pourquoi H se méprend sur ,le sens du
verset; ni pourquoi P n'en traduit que la moitié~
Toujours est-il que certaines allusions ou citations
bibliques sont reconnues comme telles par tous les traducteurs.
Pa+mi celles-là figurent : dust; he was and to dust he must
return., (257) (Genesis 3.19) i The earth and the fuln~hereof
are mine, sai th MonSel.gneur, (135) (Psalm 24.1; l Corinthians,
1.0.26); accursed Judas, ,(104); a company of Samaritans, (300);
'I am ,the resurrection and the 1ife, saith the Lord: he that
be1ieveth in me, though he were dead, Jet shall he live; and
whosoevèr 1iveth and believeth in me, shal1 never die, (342)
ohn 11.25-6); the churches that are not my father's house but
of thieves, (399) (Matthew 21.13; ~ Il.17; Luke 19.46).
Sur les t,rois exemples q~i retiendront notre attention,"" ~
conserve deux fois l'allusion bib 1ique, et H et ~, par mégarde
ou par ignorance, une seulè fois.
Dickens fait allusion à un miracle rapport~ dans chacun
, ,
, l
'1 , 1 t ,
1
! 1 i i, 1
1 -. f
'1
"
;' 1.,1 f
! ~ \
. ' /
- (
-1l8:-
-des qûatreÉvangiles -- celui de la multiplication des p~ins :
the lords of the State preserves of loaves and fi"!>hes, (35)._
Mais seul H semble reconnartre la référence: "(il était plus " .
- clair que le cristal, pour) tous 1es grands de l'État, que le
'miracle de la multiplication des pains (se renouvelait tous les
jours)" (H-1-2). M propose ceci : "(les) grands dignitaires de
l'Etat" (~-5), perdant ainsi l'allusion; et ~ ne donne qu'une
trad~ction litt~rale qui perd aussi toute réflrence !
l'Ecriture: "les grands martres des viviers et des greniers
royaux" (P-975).
Au chapitre 7 de la seconde partie, des philosophes sans ,
foi construisent des tours de Babel avec des cartes, afin
d'escalader le ciel: Makin~ card-towers of 8abel ,to scale the
skies with, (136). ~ ne retient pas cette allusion au premier
livre de l'Ancien Testament '(Genesis Il.1-9); dans sa version,
les philosophes : "faisaient des châteaux de cartes pour
escalader le ciel'" (!!.-lOO). ~, tout en gardant l'allusion,
t:'alt un faux-sens sur to scale" -- qui a ici le sens de "c1imb"
(~) -- car il propose : "construisaient des tours de Babel
m,illiaturês pour mesurer le ciel" (M-92). Prend l' ~llusion,
. tout en perdant l'image de "cartes n : "élevaient des tours de
Babel pour escalader le ciel" (p-107a).
Dickens fai tune s-econde allusion à la Ge,nèse : ~
regularly as when tirne was YQung, and the evening and morning
were the first day, (02), mais seu1'P s'en aperçoit "aussi
? "
" ,
l'
1
1 ! 1.
l
, ,
1 1 l
f' i
! 1 1 j
(
" (
-119-,
régulièremen't qu'au, commencement du monde,' alors que le matin
et le soir étaient ceux du premier jour" (p-1245). H se
contente de : "comme autrefois" (~-254), et M de "conservait
sa régularité de jadis," (M-232).
,(g) Mythologie 9'r~co-romaine et civilisations "exotiques"
, (-Eparpillées dans le texte anglaf:$ sont des réf~rences à
la mythologie de l'Antiquité gréCO-roma~e et à des civili-
sations que nous qualifions d' "exotiques" .
Lorsque l'oncle ,de Darnay arrive au village, il est
précédé par le claquement des fouets qui se tordent au-dessus
de la tête des postillons tels des serpents/ comme si le marquis
était escorté by the Furies, {145}. ~ retient l'image: "les
furies vengeresses ft (!!.-lO 7), et P en fait de même "'( les)
Furies" (~-l086). Miüs M (p. 97) l'omet ... - . Deux pages plus loin, les moucherons ayant remplacé les
"Furies", ils entourent les postillons in lieu of the Furies,
(147). H (p. 109) et ~ (p. 99) omettent l'image. Seul P
(p. 1088) la retient.
Lorsque le marquis quitte le village, les "Furies"
reviennent, et voilà "monseigneur" again escorted by the Furies,
(148). !!. (PI" 110) et~, (p. 1089) gardent 1'allusion, mais M, <9 \,
Q \ C,- ,- qui la rejettf' fait aussi un faux·sens : n'toujours sui vi par" 1
l'essaim de moucherons" , (M-IOO), car l'image des furies
vengeresses se rapporte aux fouets des postillons, non aux
moucherons.
.,'j,
1 , i ' , 1
, ~ ,
Î
1 ,
Î l'
r
, ,
-120-
\' J
Plus lo~n, ,"La vengeance~, lieutenante de Mme Defarge,
pousse des cris et agite les bras au-dessus de la tête, like , , --all the fort y Furies at once, (252). Remarquons d'abord que
Dickens se trompe les Euménides ne sont en effet que trois
Alecto, Mégère et Tisiphone. Aussi P évi te-t-il de faire la
même erreur. en traduisant ainsi' : "comme si elle était à elle , j
seule quarante Furies" (!:-1195), ce 'Iui nous paraît u~e bonne
sol ution. Mais ~ se trowpe de chi ffre, et di vise par dix pour
commettre cette absurdité : "coJ11ITle les quatre Furies réunies Il
(M-189). Et nous ne saurions dire si H (p. 208) est conscient
de la difficulté, car il ne traduit pas la comparaison.
Parfois, tous les traducteurs reconnaissent 'une référence
mythologique le chapi tre 9 de la seconde partie s'intitule
_ The Çiorgon' s Head, (149). M traduit littéralement : "La Tête
de, la Gorgone" (~-lOl), tandis que !!. et P le rendent par le nom
propre d'une des gorgones : "La tête de Méduse" (g-lll; P-I090),
ce qui est plus naturel aux Français.
Lors de la réception de Monseigneur à Paris, les membres
d'une secte de convulsionnaires deviennent sous la plume Dde
Dickens these Dervishes, (137). !!. (p. 101) et ~ (p. 1079)
traduisent par : "ces derviches", mais ~ (p. 92) omet
l' allusion.
En ,traduisant Sardanapalus' s luxury, (264), ~ laisse
'e tomber toute référence à Sardanaple, roi assyrien légendaire
pour son luxe (et sa d~bauche) : If ses licences" (~-199), et
"
1
1
1
1 1
! ,
1-î l'
(
, - '
·1 l,
'i ~ /' -
,perd' Jainsi la saveur "exotiquè" de
D '''\
;5Ç J /~
l'original. ' -, / ..... .......,
-121 ..
! Au premier ~tage de la Banque Tellson ~Londres' se trouve
upe p~èce contenant une grande table, où aucun\epas n'a \
jamais
été servi et que l'auteur appelle a Barmecide roJm, (84) .. Ni H
(po 46) ni ~ (p. 47) ne traduisent Barmecide. Par contre, P le
~raduit et ajoute un~ note explicative : "une vraie salle à, o " 1
Imanger de Barmécide~ *" (*"Famille de califes iraniens d'une
prodigieuse richesse ft)_ (~-lO 2 4) 0 Encore faut;-i 1 renarquer que
sa note n'explique guère cette allusion aux Mille et Une Nuits,
oil il s'agit d'\lne famille princière de nagdad dont un mer.lbre,
à qui un mendiant demande à Manger, lui pr~sente une série
d'assiettes vides, tout en faisant semblant de lui offrir ùn
repas somptueux fiction, d'ailleurs, que le mendiant accepte
de bonne grâce 0
Quelques lignes pl us loin, l'auteur nous ra con te que les
pap~ers de famille que l'on garde dans cette chambre forte
n'échappent que depuis peu, au sinistre regard de the heads
expàsed on Temple Bar with an insensate brutality and" fet~itY 1
worthy of Abyssinia or Ashantee, (84) 0 !!., qui traduit ainsi la
dernière partie de la citation : "dignes des Abyssiniens ou des
Cafres" (!!.-46), échoue en g~ographie, puisque les Cafres
hab! tent l'Afrique du Sud, tandis que les Achantis sont un
peuple du Ghana. Toujours est-il que -- 'pour 'le lecteur "
français moyen, tout au moins -- l'erreur ne choque pas.
~ (p. 1024) rend bien le sens de l'original, et comprend
1 1
l
1 , j
, 1
"
, i 1 '
,
"
(
l "
l,
r
( ),
1 •
"
"'122-
que the heads exgosed on Temple Bar sont-les têtes.des décapités
que l'on exposait autrefois sur cette,\porte. Mais ll, qui ne
mentionne qu'une seule des races que Dickens qualifie de
cruelles et féroces : "dignes des Abyssins" (~-47), fait un
contresens c~iant sur the heads exposed on Temple Bar, quand il
é~rit' : "des individus qui déambulaient dans 'Temple Bar et dont
le faciè's respirait une br~talité et une férocité. " (~-47).
Non seulement t! ne saisi t pas l'image des têtes sans corps 1
mais il se trompe sur l'expressio~ Temple Bar, qu'il semble
prendre pour un quartier et non. pour une porte de la Cité de
. ·Londres . . ) ,
Ch) Mesures de longueur, de superficie et de capacité
Plusieurs mesures de distance figurent dans le roman.
f
L'unité de longueur league revient assez souvent (150, 350, par
exemple), et ne présente aucune difficulté aux traducteurs, qui
la rendent toujours pi'}"r "lieue". Encore faudrai t-i1 remarquer
que la league anglaise, bien que sa valeur ait souvent changé,
vaut approximativement 3 miles (4,8 km), alors ,que la lieue
française est de 4 km environ. Mais l'équivalence-nous parait
valable, puisquê le contexte du roman n'exige jamais une
exacti tude minutieuse des distances;
~ L'unité de lon~ueur la plus familière au lecteur de ce
roman est le ~ (qui équivaut iL 1,6 km). Or, Ch~ ,fois \
qu'il est question de mile(s) dans l'original, H et P traduisent
, l 1
l' l,',
1 , , 1
, 1
1
, ! 1
'\..
:
,h , ,.
,\ .'
'1
-123-,
'(~ , "par la francisation "mille" (par opposition à l'ancien "miLle", -
>.
(
le mille passuum des ~omains, qui a pourtant donné naissa~ce au l,
mile anglais) . Ainsi, donc, three hundred miles', (110) ,
devient dans H et P : .. trois cents milles Il (!!.-73; P-lOSl) ; Par
contre, M transpose toujours -- et souvent il est moins exact
que l'original. "Trois cents milles" deviennent dans M "cinq
cents kilomètres" (~-69). Nous ne saurions lui reprocher le
fait que 500 km dépassent 300 milles (480 km) 1 puisque lè
contexte n'exige pas une exactitude rigoureuse des mesures.
Il en est de même pour sorne dozen miles or more, (103),
qui signifie "une douzaine de milles, une vingtaine de kilo
'mètres, au moins", et que !1 rend par : "une ~lünzc:iine de ki10-
mèt:x;-es" (~-64). Ou encore, sorne two miles and a half, (90), ,
qui représente à peu près quatre kilomètres, mais, que H rend'
par : Il trois kilomètres Il (11-53)
Quant aux mesures de hauteur, H et P se bornent à
traduire littéralement, tandis que ~ hésite entre le système
métrique et celui de l' originall Le mfir du cimetière, nous
raconte Dickens, est sorne eight or ten feet high, (191). H et \
P traduisent littéralement : "ayant. . huit ou dix pieds
d'élévation" (!!.-149); "huit à dix pieds de haut" (!:-l132). M ,
propose une équivalence qu'il croit peut-être plus c9mpréhen-
sible à ses lecteurs, mais il ne sait pas ce que représente uri ,
, mètre en termes de pieds -- car sa version "bien trois, à
quatre mètres de haut" (M-136), traduit en fait sorne ten or
thirteen feet high. Mais il fau~ convenir que la hauteur du
'i 1
l,
, 1·' i
1 "
, ' ,
(
. .' ~-~ _, __ ~._ .-.-. __ -r'" ..... ___ • ___ ~ __ ~ ... ~~
. . -124-,
, .
mur n'est pas d' un.~ importance primordiale pour le d~rou1ement
du rQJllan.
Mme Defarge ajoutera le lendemain â son registre, tricoté
une description du mouchard Barsad. Parmi les d€tails que lui-
fournit son mari figure la taille de l'espion : about fi ve ,feet
nine, (206). Tous les traducteurs pr,oposent ceci (à une
virgule près) : "cinq pieds, neuf pouces" (H-164; M-lSO;
!:-1148). H est donc inconséquent, puisque, pour une fois, il
ne convertit pas en mesures métriques. Toutefois" on peut SIe "
demander sile lecteur français comprend à quoi correspon~
,"cinq pieds, neuf pouces".
AutQur de la fontaine du chapitre 7 (seconde partie) se'
trouve a space sorne ten or twelve yards square,' (141). Il
s'agit d'une petite 'place de que1que dix 01;1 douze mètres de
côté. Bien que le yard et "le mètre" _ n'aient pas exactement la
même valeur (le yard est 0,914 m, selon Rol)ert),'l'équivalence
est suffisante. La version de H : "d'environ douze mètres de
large" (!!-l03), sans préciser la longueur de la "place" (qui
est égale ~ sa largeur), est assez exacte. Pourtant, !i" qui
lit pe1:lt-être trop rapidement et ne révise vraisemblablement '. :
pas, aurait-il lu twenty au lieu de twel ve? : "de dix à vingt
mètres de côté" (!i-95). P commet une erreur étonnante, car il
n'a pas compris" que .lards square et square yards ne sont pas
'sy~onymes. Nine square yards ("neuf mètres carrés") par
exemple 1 ~quivaut à three yards square ("trois mètres de long
'.
Î i
- '--'",",' -----, \ , t 1 l 1
-_._._-_.-._.~----'--
-125-
-L, et de large~}. La petite place est donc devenue lil~iputienne
dans !:, puisque "d'au moins cent, mètres carrês" y devient : "de
dix ou douze mètres carr~s" (~-l082),.
Pour ce qui est des mesures de capacitê, il arrive ~u
moins une fois que tous les traducteurs soient d'accord pour
rendre pint, (115), par: "bouteillelf (H-78; ~":73; P-1056), et',
le contexte le justifie, puisque Car~on, qui demande, une
deuxième: pint, ne se soucie guère du volume exact de la
,bouteille qu'il :va entamer. f
"
Les rebords du chapeau 'de Jerry pourraient' contenir
, ,f
beaucoup d'eau: about haIt a gallon, (42). M reste litt~ral :
"pr~sque un demi-gallon" (M-ll), et ne tente pas d'~quivalence.
!! c;>ffre urie équivalence valable : "environ deux litres" (H-8)', ~
ne manquant le but que d'un quart de litre. Et ~ propose une
version exacte : "au moins deux pintes" (~-983).
(i) Système monétaire anglais
Le système monétaire de l'Angleterre est toujours
difficile à traduire. Quand bien même le traducteur en , .
proposerai t une version littérale, le lecteur n'en saurait pas
mieux la valeur réelle d' un shilling ou d' une livre. D' ailleurs,.
si les mesures de longueur et de capa ci té ont une valeur
constante, les monnaies varient selon les époques -- le shilling
de l'époque de Dickens valait plus que celui de 1950 (année où
parait ~), et plus encore que les douze pennies (un shilling) de
1
\
t
, c
I--~---------- -- - -- .. - -"-------n-~_'_..:... __ ._._~. _ , - . ,1 . 9 • ,
! -1 ,
i \ '
j J
f -i .( 0,
'i '1
1 , i , 1
: J 1 1
\ 1
!
, '
, , . , j'
'-126-, .
, 1.970: (ann~e de parution ,de P). C'est ,donc courir un grand
. risque ,que de donner des ~qui valences. /
Le terme qüinea semble présenter des difficultés aux
traducteurs, bien que le mot "quinée" existe en français :depuis
1669 (Robert). Aucun tr~ducteur ne otradui t uniformémerit
guinea(s) : their gUinlas, (336), ,est traduit dans H et P par r
-des guinées" (H-285; P-l~280) ,'" alors que dans t! nous .troûvons •
"'"des louis" (M-262). rAais ailJ,eurs, c'est le cOj'ltraire : his
J guineas, (264), devient dans!! : "ses louis" (!:!-2l9), et dans'
P : "ses louis d'or" (P-1207), tandis que ~ propose "ses
guinées" (!!-199) "" /'
Dans !!., half a quinea, (333-4), qu~ crunch~r répète tj~S
fois dans une page 1 subit une, dévaluation subi te : "une deml(
guinée . ,
,s • une demi-guinée ... cinq shillings" CH-283) \
, ~, half a guinea vaut d~x shillings et six pènce (ID/Gd), t /~"--~)
soi t, plus du double de "cinq :shillings" . '~ ~ M fait un~ trans- ~ --position, et évite ainsi toute allusion à l'argent. Et E traduit (trois fois) par: "une demi-guinée" ·<~-1277-8).
Quand il s'agit dt une somme précise, les traductr~,urs ne
s'en tirent pas ~ leur honne.ur : fo"rty shillin,gs and sixpence, 1,
(84), équivaut à quarante shillings et demi (4,O/6d), ou encore, t",
à deux livres et six pence ($.2Î\:-/G(l). Or~ jusqu'à la guerre de
1914, la livre sterling a~valu 25 francs, et le ~hilling l franc
. 25. Ainsi H, qui propose: "deux guinées" (!!.-46) "et ajoute une
note : "150 francs", s' y trompe -- non sèulement deux guin~es
,'"
--------~.--~,--.~---. --~--------,..., -....,r--~----------
;.
-127-
--laqui valent à quarante-deux shillings (1:2/2/-), mais 150 francs
sont 6 livres (t6). La version de H est donc inexacte. t.
M, tr'àducteur belge, des années 1950 t offre : "quelques \
centaines de francs" (M-47). Notons que sa v~rsion, tout en
~tant vague, traduit sans doute la valeur approximative (en
francs belges) de deux guinées. à l'époque où M tradlàÎ t.
Pourtant, P, qui propose "deux livres et demie" (~-10i4),
se trompe, puisque sous sa plUme "deux livres et six pence"
devient' cinquan~e shiJ:-lings <12/10/-?U 50/-). Evide~ent, il
ne faut pas oublier le contexte -- en l'occurrence, ,l'usage
fréquent de la peine capitale dans l'Angleterre de 1780.
" Quiconque y volait de l'argent -- quel que fût le montant
était condamné à mort. Toujours est-il que l'inexactitude des
·,traducteurs à l'égard du systèm~ monétaire d'outre-Manche nous
para~t répréhensible~
P traduit sixpence, .37} , par "six,pence" (~-977) 1 gardant.
ainsi la saveur de l'original. Mais H et ~, qui font des .
équivalences: "douze sous" (H-3); "vingt sous" (!:!-6), essaient
sans doute de rapprocher le roman à leurs lecteurs. Après tout,
le lecteur français moyen, sait-il ce que représente "six
pence" ?
Tout Britannique reconnaît dans her sister of the shield (,
and trident, (36), une allusion au portrait de la Britannia
pseudo-mythologique qui se trouvait jusqu'en 1971 sur les
pièces de un penny anglais. Mais les traducteurs ont-ils vu
/'
~ _ ~ __ .. __ ~ __ u.-z~~1 rte., ... _ ... _,~~.~""".
..
J ~---,,-----
i 1
1 l' f
!
,-, ,
l,'allusion? !!., qui l'omet (p. 2), et ~, qui propose "sa
soeur de l'Armure et du Trident" (~-5), ne semblent pas l'avoir
comprise. Seul ~ paraît l'avoir saisie : "sa soeur portant éc;u
et trident" (!:-976), mais il est permis de douter que ses
lecteurs saisissent l'allusion.
(j) Noms propres français
Les noms propres français ne devraient pas présenter de
difficulté aux traducteurs. Ainsi on trouve dans les trois
versions ~ue les Manette, les Defarge, et Charles Darnay
conservent le nom qu'ils ont dans l'original, sans doute parce
que celui-ci ne choque pas l'oreille française. Par contr~, le
_nom de jeune fille de la mère de Darnay, que nous trouvons dans
la phrase: D'Aulnais is the name of his mother's family, (214),
n'est gardé que par H : "d'Aulnais" (!!-171). M préfère
"d 1 Aulnay" (!1-156), et P : "d' Aulnays Il (!:-ll55). Etant donné
que le nom "d'Aulnais" sonne bien français, pourquoi deux
traducteurs l'ont-ils modifié?
Le titre de noblesse que porte Darnay, avant d'y renoncer,
est sans doute un choix malheureux de_,{a\ part de Dickens -- son
Marguis St Evrémonde, (268), sonne faux. Le public français,.
connaissant bien, au contrair,e, la lignée des Saint-Évremond
(ou ~vremont), il semble assez normal que tous les traducteurs
aient francisé le nom. H préfère : "le marquis Saint-tvremont"
(H-222), (bien que, dans le titre du roman, il mentionne le
---~._-'---,_._--- .
-129-
l' C)" '. ' marquis de Saint-'évremont). M et P ajoutent la particule
. ~~Obiliaire, qui d'ailleurs est habituelle : "le Marquis de
St-Évremont" (~-202); "le Marquis de Saint-tvremond" (!:-1210).
'.
/
(.
P, qui termine le nom par un ~, veut-il ainsi limiter son ,
éloignement de l'original? Ou pense-t-il plutôt à Charles de
Saint-tvremond, l'écrivain philosophe, qui, exilé par Louis
XIV, termina ses .jours a Londres en 1703?
Un des personnages du roman 90rte un·nom très français, v 0
(en l'occurrence, un nom qui fait allusion à l'impôt exécré sur
"le sel) : Théophile Gabelle 1 (312). Mais l'un des traducteurs
change son prénom en "Louis" (H-265). Si l'erreur est voulue,
elle nous' semble déplacée. Si elle est involontaire, elle est
d'autant plus inopportune.
(k) Noms propres anglais
Il ressort de l'examen des trois versions françaises du
Tale of Two Cities que la traduction de,s noms propres anglais ,
ne cause guère ,d'ennuis aux traducteur,s. Toutefois, à la page
49 de la version H, nous lisons à deux reprises Jarry au lieu - .'
de Jerry, comme prénom de Cruncher. Cette erreur n'est pas
répêtée dans le reste du livre, et nous la mettons donc au
compte du prote.
Le prénom Jeremiah devient "Jérérniah" dans H (p. ~O);
"Jérémie" dans!: (p. 1125) i et dans M il s'écrit à l'angl:aise,
soit, sans accents "Jeremiah" (~-130).
1 1 î 1 f
t "
! , 1
"
(", J
( ,t'
'"
, 0'
, \
-130-
Seul ~, dans une note, attire l'attention de, son lecteur "
sur le fait que le' nom de famille Cruncher signifie "le
,croque ur , le broyeur"~" (~-1364). Mais aucun traducteur ne /i
re~arque que le nom Stryver fait penser au verbe to strive ("to
struggle, contend, endeavour ll, selon ~) et que l'auteur l'a
sans doute choisi 'exprès pour un arriviste typique.
Les noms de personnages anglais ne sont pas modifiés' dans
,les versions françaises -- sauf dans trois cas : a) sous la'
plume de tous les traducteurs, Solomon, (326), devient :
"Salomon" (!i-276; ~-253~ !:-1269); bl le postillon de la malle
poste,de Douvres s'appelle Joe, (39), abrégé de Jpseph, mais H
"J "II r,. l'appelle: oe (!i-6); c) Sydney Carton devient d'un bout à
l'autre de !i : "Sydney Carto~e". On dirait que la traductrice
a tenté de faire prononcer le nom "~ l'angl~ise"
(1) Termes juridiques
a) Les termes désignant des institutions ou des person-
nages juridiques français ne pr,ésentent pas de difficulté aux
traducteurs. Dickens a en effet utilisé des termes qui sont
plus 'français qu'anglais -- par exemple, il écri t tribunal
(alors que l'usage courant eût exigé court) et president (au'
lieu de presiding,judge). C'est l~ un moyen du romancier.-Jde
"dépayser" son lecteur britannique. Quand ,Dickens a recours à
un terme juridique anglais, tel que Public Prosecuto'r (ex'. p,"
309 et p. 345) pour "désigner le magistrat, qui soutient
.~'
, , ,
: '
1
1 t 1
l " l, ,\ ,1
(" ,,"
.; ,
(
.. '
, , ~ ___ .~.~ _ ~ • +,. ___ r ______ ~ ~ • ., ___ ~ , __ • _ ... , _.~ _ _ ~_~_ ~ _______ ,~.., - ....... -~,-- -- -~--,
-131-
("
l'accusation devant la cour, les traducteurs ne se trompent pas
sur les fonctions de ce fonctionnaire. H et ~'proposent :
"l'accusateur public" (!i-262" 294; t!-239 , 270), tandis que P
offre : "l'Accusation publique" (P-1254), et fil' Accusateur
'public" (P-1290) Toutes ces équivalences sont acceptables.
b) Mais les termes juridiques britanniques sont, pour les
traducteurs, de véritables casse-tête. Le système anglais est
si d{ff~rent du systè~e français qu'il ne peut existir d'~qui-
valeFlces satisfaisantes. D'où la tradi tion qui s' es·t établie
~e traductions littérales. C'est ainsi que the Court of King's
Bench devient automatiquenent en français la Cour du Banc du
Roi -- institution mystérieuse mais que les Français pardonnent
aux pauvres Anglais excentriques qui, appal;'emment, ne voient
pas l' absurdi té d,' attribuer une Cour à un Banc et un Banc à un
Roi! Dans un tel exemple, le "dépaysement" du lecteur est ,
total'. "
Les traducteurs retrouvent une difficulté du même ordre " \
avec des termes tels que Lord Chief Justice, Attorney General,
Solicitor General, Counsel. Il-ne serait pas charitable de
critiquer de trop près leurs efforts pour concilier "dépayse-
ment" et compréhension. Aussi examinerons-nous d'un oeil J
indulgent quelques exemples de leurs équivalences. . \
1
Old Bailey,' nous conte Dickens, est célèbre pour les
maladies que les prisonniers apportent jusqu'au tribuna~, et
qui terrassent my Lord Chief Justice 'himself, (90). Or, H et'P
\, , , '-
1
1
(
(
-132-
il
comprennent qu'il s'agit du juge quj se tient au faite 'de la -
justice britannique, et ils proposent des versions acceptables
"(le) chef de la justice" (H-53); "(le) premier magistrat" ~ - (
(~-l03l). Mais!'i fait une généralisation : "les gens de loi
eux-mêmes" (~-52), affàib~insi l 'ori'ginal. M répète
l'erreur lorsqu'il rend the Lord 'Chief Jus,tice, (l17), par "
"(le) Tribunal" (!1-75) '. Et les titres proposés par !i et ~ ont
une saveur apocalY9tique déplacée: "(le) grand juge" (!:!.-79);
"le juge suprême" (!:-l057). Plus bas, lorsque Stryver envisage
.d'épouser L~cie -Manette, il considère sa cause gagnée d'avance
-- le voici, dans son imagination, Chief Justice: Stryver,
,C.J., (171). ~ (p. 132) ne traduit pas les initiales, tandis
que ~ s'y méprend "mattre Stryver" (~-120). Seul!: comprend
le sens du titre, qu'il rend une seconde"fois par: "premier
magistrat" (!:-1113), ce qui nous semble acceptable.
Dès que l'on examine les titres des officiers de justice
moins importants que le Chief Justice, on s'aperçoit que les
traducteurs se font prendre au piège. Au chef du barreau
anglais s'attache le titre Attorney-General (chief legal
officer - ~) -- l'équivalent en serait aujourd'hui le
procureur général, chef du Parquet français. En fait, ~ et P
rendent Mr Attorney-General, (93), par: "Mr. le P~ocureur
Général" (~-55); "le procureur général" (~-1034). Mais H ne
traduit pas le titre, ien qu'il écrive general à la française
"M. l'attorney " (!i-56). !:!., préfère-t-i 1 éviter le
risque d'une é peut s'avérer exacte, à cause
1 1
1 l
i \
1
1
1 i
1
(
_______ ~ ~___ ~ .. ~_---,--_____ ~_-_-"--_-_'---._"'._._' _-_ ..... ~ ...... I!I"""I* ......... C~4"UI*"'!4 .. *""$ .... a
-133-
, de la diff~rence entre les deux systèmes? Toujo~rs es~-il que
H ne risque pas d'équivalence non plus sur Mr Solici tor-Genera·l,
(97), qu'il rend par: "M. le sollicitor ~ic] général" (!!.:"60).
Par contre, M offre en équivalence : lIMr. l'Avocat Général"
(~-58), ce qui nous paraît discutable. Et~, q~i propose :
"l'avocat de la Couronne" (~-l038), semble vouloir expliquer à "
son lecteur le rôle du Solici tor General, "Crown law officer'
below Attorney-General" (OED) c'est, nous l'explique H~rrap,
le conseiller juridique de la Couronne.
~ se garde de commettre un faux-sens sur the Counsel for
and against, (102), car (p. 66) il ne le traduit pas. Par
contre, ~ (p. 63) et ~ (p. 1044) voient bien qu'il s'agit du
ministère public et de l'avocat de la défense.
Les gens de loi d'Angleterre emploient devant le tribunal
une formule désuète par laquelle ils appellent leurs confrères
my learned friend, (104). !:!. et ~ proposent : "mon savant
collègue" (H-6e; P-1046), ce qui rend bien le sens de la
désignation. Mais~, tout en traduisant littéralement, ajoute
abusivement à l'appellation: "mon très distingué confrère et
ami" (~-64-5). Or, mx learned friend n'est qu'une formùle de
politesse, requise par la tradition, mais qui ne signale pas,
de par elle-même, l'existence d'un rapport d'amitié entre les
gens de justice en cause. D'ailleurs, ~ le confirme,
lorsqu'il précise que la formule s'emploie "in conventionally
courteous mention of lawyer in lawcouL'ts etc.".
1 1 l
1 i 1
1 1
1
l ! '
f 1
(
(
":134-
Lorsque Dickens se réfère à the Judge in the black cap,
(90), il n'a guère besoin de rappeler à son lecteur brita~nique
qu'il ne s'agit pas de n'importe quel juge, mais de celui qui
met une ca~otte de soie noire avant de prononcer une
condamnation â mort. P traduit littéralement : "le juge en
bonnet noir" (!:-103l), mais !!, qui laisse tomber l'image de la
calotte: "le juge qui'présidait aux débats d'une affaire
criminelle" (~-53), ne s'aperçoit pas qu'il n'est pas question
d ' ' Il fÇ) , , 1 t d .. -' ~-'- -_11. e n ~rnporte que e a ~a1re, ma1S seu emen es proces c~~.
dl f .. Et M nous surprend par sa version : "le juge en toge
noire", (~-S2), ce qui ne tra0uit pas black cap, mais black
cape. Nous y voyons un autre exemple de l'incurie de ce
traducteur.
(m) Topon'ymiè anglaise
- Temple Bar, situé ent~e le Strand et Fleet Street, se
dressai t autrefois à la limi te de la Ci té 'de Londres, à l'en-
droi t 0\1 celle-ci touche à la Ci té de We'stminster. (Depuis
1880, le Temple Bar Memorial le remplace). Il s'agit, d'une des
portes de la City,'comme nous le précise Baedeker (1) : a gate
way first mentioned in 1301 and rebuilt by Wren in 1670-72
The heads of criminals used to be exhibited (till 1772) on iron
spikes on the top of the ga,te. Ti tus Oates (1685) and Daniel
Defoe (1703) stood in the'pillory here. The gateway was ,taken
(l) Karl Baedeker, London and, its Environs (Leipzig 1930), p. 239.
Baedeker,
"
, l',
i
1
" !
, ,
i
(
(
, "
, ' -- ----... ,.. ... '-._---~ ··Y
-135':'
down in 1878. .
M ne se rend pa~" compte que Temple-Bar et the Temple se ,.
rapportent à des lieux différehts, car il traduit : He turned
into the Temple, (118), par : "I+ tourna dans Temple Bar" (!:!-75) 1
et : the quiet of the Temple, (270), par: "un coin tranquille
dans Temple Bar"" (M-204). Or,' the Temple ("le Temple"), situé J;' - -
( <
.du côté sud de Fleet Street (donc au sud-est de Temple" Bar)J
est un quartier clos, jadis propriété des Templiers, réservé
depuis' le XIVe siècle au~ étudiants en droit inscrits aux Inns
of Court, et à des études d'avoués-et d'avocats. Non seulement
~ rend Temple par "Temple Bar", ce qui est un faux-sens, mais ,
en écrivant "dans Temple Bar", il s'enfonce dans son erreur,
puisqu'il commet un non-sens -- car il est iMpossible d'être
"dans la barrière('~ Temple". M répète l'erreur quand il rend
1 on Temple Bar, (84), par : "dans Temple Bar" (!:!-47). Il est
évident que M ne s'aisi t pas qu'il s'agit d'une porte monumen
tale où 1 '-on expose les têtes des criminels, et naturellement
il n'ajoute aucune note qui l'explique à son lecteur.
~ etUp, par contre, le font -- P (p. 983) met une note
(qui renvoie à une au~re) pour nous informer que Temple Bar
~t : "la barrière du Temple (aujourd'hui disparue) où l'on
suspendait les têtes des condamnés jusqu'au XVIIIe'sièc1e. Le
vent fit tomber les deux dernières en 1772" (P-l361). En
vérité, cette "barrière~ a été démolie en 1878, parce qu'elle
gênait la circulation: la note de P n'est donc pas strictement
ex~cte, mais le détail n'est pas des plus importants --
1 y
l' ;
l f "
l' 1
,/
1
l, r l' 1
, ,
'1 , 1 1 _
( " 1
-.
(
> ,
" - .. ,.. ......... ~ _ • .......- ...,...., ... _ .. _\~ ........... .....-_\~ .. ''"''-".. __ .~ ____ ~ .... , ..... ...".,.~_'''' ... 7' .... ' ''_, ~ __ ~ •
-136-
l'important, ,c'est que son lécteur sache qu'il s'agit d' urte \
"bar'rière", c'e~t-à-dire d'une porte ...
H ajoute une note su'r Temple Bar : "Porte bâtie sur les
limites de la Cité, de 1670 à 1672 ~ on y exposait autrefois ,
les têtes des criminels" (!!.-47). Bien que!:!. saisisse qu'il est
question d'une barrière, il ne traduit pas souvent les
références à Temple Bar (par exeMple, pp. ~fl, 45, 47, et 88 > , >
dans l'original; pp. 8, 10, 12, et 50~~âns ~). ~,par contre,
n'en omet qu'une (p. 42 dans l'origina'l; p.o,ll dans ~) i et l'
n'en omet pas.
Pr~s de TeMple Bar se trouve l'église de St-Dunstan-in
the-West. La locution on Saint Dunstan's side of Temple Bar,
(172), signifie donc "à l'est de Temple Bar". P en donne une
versîon littérale : "de ce côté, de la barrière du Temple qui
touche à St-Dunstan" (~-11l3). H est beaucoup moins précis
"dans le voisinage de Temple-Bar" (!!-l32)., Mais ~, tout en ,
restant aussi imprécis que !!" récidive ~ car il propose :' "dans
Temple Bar" (~-12l).
Tellson's est la banque où travaille Lorry. Or, si la ,
description quten 'fait Dickens est particulièrement détaillée,
, ,
ne serait-ce pas parce qu'il décrit une maison qui existe à son
~poque, et qu'il connaît bien pour l'avoir souvent visitée?
Toujours est~il que Baedeker le croit, (1) et nous nous fions
volontiers au caractère approfondi de ses recherches
(1) Karl Baedeker, London and its Environs (Leipzig 1930), p. 239.
"
Adjoining
Baedeker,
,-~--'~-"'--""-I <--
, \
1
1 !
f
i ,
j 1 1
1
l ' , i 1 1 , 1
(
/ -
(
"
- 1
-137-
Temple Bar, ort the S. side of Fleet St., stands Child's Bank,
which claims to be the oldest in London •.• Charles II, Prince
Rupert, Nell Gwyn, Pepys, Dryden, and William "and Hary were
early customers of this bank, which is the Tellson's Bank of
Dickens's 'Tale of TWo Cities'.
Comme ,nous l'avons déjà noté, ~ traduit Tellson par
"Tells6ne". Mais M et P ne changent pas le nom. Pourtant, il
est une fois où, dans l'original, Tellson devient Tilson, (270)
(dans l'adresse de la lettre de Gabelle à Darnay). Mais aucun
traducteur ne semble avoir remarqué ce changement.
A l'intérieur du quartier du Temple se trouvent King's
Bench-walk and Paper-Buildings, (118). H omet Paper-Buildings, ,
et donne: "la promenade de King's-Bench" (!!-80-l). l\illeurs
(!!.-198, 222), !! rend King's Bench par "(le) banc du roi" --
s'il avait proposé "la promenade du banc du roi", sa version
aurait eu plus de logique !
~ garde les dénominations anglaises, mais (par mégarde ?)
omet le s de Paper-Buildings : "King's Bench Walk et •.• Paper
Building" (~-75). Et P traduit le nom de la promenade mais non
celui de l'~difice contigu: "l'allée du Banc du Roi et ••
Paper-Buildings" (P-lOS8). Aucun traducteur ne nous informe
s~r ce qu'étaient ces mystérieux Paper Buildings. D'ailleurs,
il semble que Dickens a commis un anachronisme, puisque Paper
Buildings datent de 1848, (1) tandis que son roman se déroule
(1) Karl Baedeker, London and its Environs (Leipzig 1930), p. 246.
, '
Baedeker,
, , ,
: 1 1
(
1 •
,
1.> J
- ----~ ..... -- .. _----------
-138-
plus de 50 ans ayant leur construction.
Au nord-ouest de TeMple Bar se situe la cour principale
criminelle de Londres et des comtés entourant la métropole. "
Elle s'appelle the Old Bailey, (89, 116). Nous rep~ochons à M:
d'avoir proposé : "le vieux Bailey" (!:!-Sl. 75), c'est-à-dire,
d'avoir traduit l'adjectif l'Anglais qui assiste à un '
vernissage au Grand Palais ne parle pas de Great ou de Big
Palace, mais garde l'adjeëtif français, tout en le prononçant
sans doute à sa manière. Les autres traducteurs gardent
l' adjecti f ajglaiS : "Old-Bailey" (~-51); M "le Tribunal d' CId
Bailey" (!:-~29); "Old Bailey" (!:-I057), bien que (p. 79) !!
propose : "la cour criminelle".
Dickens sig~ale souvent des lieux, à Londres e~ province, qui sont bien- connus des Britanniques, mais inconnus
du lecteur français. Dans ces cas, leur omission ne surprend
pas, car elle n'affecte en rien la compréhension. Ainsi nous
remarquons que H et ~ ne traduisent ni the Strand, (1~6; ~-146;
M-133) ni in "larwickshire and thereabouts, (222; H-179; ~-16 3) ;
que ni H ni P ne ~raduisent Turnham Green, (36; !!-3: ~-977): et
que seul H n~ traduit ni la rue ni les quartiers suivants :
Fleet Street, (83: ~-46); Blackheath, (38: ~-4); et Houndsditch,
(85; ~-48). Insistons sur le dernier exemple, car Jerry
Cruncher est né dans la paroisse de Houndsdi tch, "quartier des
juifs et des brocanteurs" (1) bâti sur l'ancien fossé de la
(1) Karl Baedeker, Londres et ses environs (Leipzig 1907), p. 89.
Baedek"er,
l ,
,. , , ~
(
r ,
-139-
s~lon Ekwall, (1) l'on jetait autrefois .les chiens
morts. P (p. 1025) a recours à une' note pour expliquer que - Q
Cl est un "quartier est de Londres", mais ceci transmet-il au J'
lecteur français l'importance du lieu de naissance de Jerry?
Or,_c'est un détail essentiel, puisqu'il explique son langage
cockney, s'ur lequel nous reviendrons. Mn' offre aucun
commentaire, et ne réussit pas à écrire correctement le nom du
quartier -- il omet un ~, et aboutit à : "Hounsditch" (M-48).
Aucun traducteur, donc, ne signale â son lecteur l'importance
de Houndsditch -- et si l'auteur se borne à écrire the easterly
parish church of Houndsditch, (85), c'est parce que son lecteur
(britannique, du moins) reconnaîtra sans doute l'allusion.
H (p. 241) et P (p. 1231) gardent le nom anglais de la
rue Lombard-street, (288), mais M le traduit: "la rue des
Lombards" (~-2l9), trouvaille heureuse puisqu~, dans toutes les
grandes villes d'Europe, des Lombards se sont installés à la
fin du Moyen-Age pour y être changeurs et banquiers.
Par contre, il est un cas où c'est M (p. 48) qui garde le
terme anglais, et les autres qui le traduisent -- ainsi,
Hanginq-sword-alley, (85), devient dans H : "passage de l'Épée
Suspendue" (~-48), et dans P : nruelle de l'~pée-Suspendue"
(~-l025) •
La ruelle dont nous venons de parler est située dans le
Whitefriars, (85) -- [ fait une erreur d'orth~graphe sur le
mot: "quartier de ~'lithe-Friars" ('!!.-48). M reproduit le terme
(1) Eilert Ekwall, ed., The Concise i6xford Dictionary of Enqlish Place-Names (Oxford : Clarendon Press, 1960).
· . -- --- ~ ~ -~---_ .... - ~-..... -.. _---_.-.-~- -~·~------Ll---·----~J- -_.~-~~--_ ...... _--------_ .. ~~-~--- -
\ -140-
exacter.,ent "quartier de Whitefriars" (~-48). Et ~ explique
, dans une note (P-1364), que le nom du quartier: "Whitefriars" - ~ ", '" J, r~-1025) , '~signifie "Frères-Blancs" et "fait allusion aux
Carmes", qui s'y trouvèrent en fait entre 1241 et 15~8. (1)
A deux reprises, ~ propose une traduction alors que ses
confrères pr6fèrent garder l'anglais -~ ain$i, Cock-lane, (35),
-demeure dans H et M "Cock-Lane" (!!-2); "Cock Lane" (~-'5),
Mais devient dans P "la ruelle du Coq" (~-975), alors que
St"Giles's, (37), devient dans H et M : "(le) quartier Saint
Giles" (!!-3); "Saint-Giles" (M-6) , tandis que P propose : "les
bas quartiers de Saint-Gilles" (P-977).
Nous relevons dans !! une erreur sur down Ludgate-hill,
(114), qui devient dans sa version: "jusqu'au bas de Lugdate
[Sie] " ,(!:!.-76) _ Il s';agit de la côte de Ludgate, et non de la
porte, qui fut détruite en 1760. Mettons-nous l'erreur au
compte du prote?
Nous croyons que M fait preuve d'incurie lorsqu'il rend
They hanged at Tyburn, in those days, (90), par: "En ces
temps, les pendaisons s'effectuaient à'Newgate" (~-52). De
telles er~eurs sont-elles excusables?
Le spectacle des procès à Old Bailey est très populaire,
nous raconte Dickens, comme l'est celui, qui se joue à Bedlam
eeaple then paid ta see the play at Old Bailey, just as the y
paid to see the play in Bedlarn, (91). H et p' saisissent que
(1) ~arl Baedeker, 1930, p., 241.
London and'its Environs (Leipzig , Baedeker,
.1
(
'e- , ')
-141-
Bed1am est le Bethlehem Hospital de Londres, dont Baedeker (1)
nous dit : It was founded as a priory subordinate to the
Church of the Nativity at Bethlehem. . • • The f;rst mention of
the treatment oOf lunatics there, is'"in 1377. In the 17-18th ,
cent. ~he sight of the 1unatics in chains was one of the public
entertainments of London. H ajoute en note ~ "Hôpital des
aliénés" (H-53), '> alors que P incorpore son explication dans le
-te~te : "l'asile d'aliénés de Bedlam" (P-I031). Les deux
options nous semblent bonnes. ~,par ailleurs, n'a pas compris
le texte, puisqu'il écrit: "En ce temps-là .•• an payait son
entrée au Vieux Bailey, tout COJ;lUlle au théâtre de Bedlam" (r4-S3) "
Encore un des "howlers", hélas 1 trop fréquents dans, ~ . . .
La traduction de certains lieux de province ne présente
aucune difficulté aux traducteurs -- c'est le cas, par exemple,
de' Devonshire, (179), et de Nales,',-,;'(222). Mais le collège du J
~.~ ,
comté de Shropshire, Public School fondé en 1552 par Édouard
VI" Shrewsbury School, (120), et dont Carton et St~ver (de
même que Judge Jeffreys, Charles Darwin et Samuel Butler) sont
des anciens ~lèves, est soumis à trois versions -- M garde
1 1angiais : "Shrewsbury School" (~-77), tandis que H propose
"l'école de Shrewsbury" (~-83). La version de H n'est pas
..J ' strictement exacte, car la ville de Shrewsbury, qui possède >
plusieurs €coles, n'a qu'un seul Public School ("collège"). P
tombe donc j,uste" quand il traduit par : ft (le) collège de
(1) Karl Baede~er, Lon~on and its Environs (Leipzig : Baedeker, 19 30), p,. 468.
,1 1
'1
,1 ·c~")
, i
, L
i t ! ,
, __ -,G:.._~_" _____ ... __ _
-142-
Shrewsbury" (g,,-1060).
L'auberge de Douv~es où s'arrête Lorry est mentionn~e
cinq fois dans le roman. Elle apparaît deux 'fois co~e the -Royal George Hotel, (48,125); deux fois comme the Royal George,
(4~, 328); et une fois comme The George, (50). La première
appellation: est son nom en entier; le deuxième, un nom abr~géi
èt le ~ernier, un diminutif familier. Voyons ce qu'en ont fait
les traducteurs :
Aucun traducteur n'est conséquent dans sa traduction du . nom de l'auberge. H traduit the Royal George Hotel et the
Royal George par: "l'hôtel du Roi-George" (~-13); "l'hôtel du
Roi George" (!!.-88); et "1 'hôtel du Royal Georges" (!!-278), tout
en l'omettant une fois (H-14). Et il omet le nom lorsqu 1 il ",
l ' ,rend .The George pqk : "l'hôtel Il (H-16).
" (le)
\
M propose : ~,1e) Royal George Hôtel" (deux fois, ~-l6) i , \
Royal George Hotel" (~-255); mais il nous étonne lorsqu'il "
~crit, par erreur: "l'Hôtel st-George" (H-82). O~, Royal
George se réfère au roi Georges (George) d'Angleterre, et nort
au saint patron de ce pays Ensui te, il rend The 'George par
"Le George" (M-IB), 'ce qui nous paraît un anglicisme.
P propose : n l'hôtel du ,Roy.al George" (~-9 88, 1272);
"l'hôtel du Roi-George" (~-l066) i et "(le) Royal George" (g,,-989)
et rend The George par : "Le Royal George" (~-990).
Dans la vieille Angleterre, les chambres d'auberge , ,
portaient un nom. Ainsi, lorsque le he~d drawer de l'hBtel
, ,
~_-.L. .... _, _____ ..... __ ._ ... _ .. *_.a .. ___ ........ ' .... , ........... ftt .... ,""· _1 ..... I ......... U:t ..... _' ..... H 1_' _,.._ ..... _ ...... b _------~ ......
..
l ,l, i
, , ,
j" 1 l'
c.
\ \
-143-
Royal George dit ": Show Conoord!, _(49), ,il 'signale au personnel
que Lorry occupera la chambre que l'on appelle "Concord". H
traduit sans note : "conduisez monsieur à la Concorde" (!:!.-14),
n'expliquant pas à son lecteur 4e quoi il s'agit. ~ incorpore
son explication dans le récit : "John! vous montrerez à
monsieur la chambre di te 1 de la Concorde' !" (~-l6) 1 mais dans
Dickens "le garçon n'est pas nommé, et, en plus, la phrase est
lTlaladroi te dans r1. P traduit ainsi : "Holà! Conduisez monsieur
à Concorde" (~-988), et ajoute cette note : "Selon une coutume 0
très ancienne 1 les chambres portaient un nOM. Chez Shakespeare,
I1ar exemple, on voit Henry IV, à qui il avait été prédit qu'i,l
mourrait en Terre sainte, mourir dans une chambre dite'
'Jérusalem' • Il (~-l36 3) •
Deux phrases plus loin, nous lisons : Pull off gentleman's ", , '
boots in Concord, (49)., Mais aucun traducteur ne traduit in
Concord, et !: fait un' contresens apparent : "Allez chercher les
bottes de monsieur" (~-9 88). En fai t, dans ce paragraphe de
quatre lignes et un mot, Dick.ens écri t cinq fois Concord si
H et P omettent le nom de la chambre deux fois sur cinq, et ~,
quatre fois, nous ne saurions leur repro.cher d' avoir -voul~
ê!viter une répétition qui peut sembler fastidieuse.
, (.Il) Toponymie française
i
Si les traducteurs négligent souvent des précisions topo
graphiques se ra~portant à l'Angleterre, ils omettent ê!galement
certains détailsJqui ont trait à des lieux ou à des institutions
\
,-J
,
'1
, 1 l ! t 1
, , .. .l. ......... ~ ............. ....,. __ \ ~ __ ~ ____ ••
(" , , ,
'-
" ,
"\
-144-
" si tu~s en France, mais pour des raisons tout ,à fait contr,aires
ces, lieux ne sont que trop familiers au lecteur français.
Ainsi, tout Français sait que le faubourg Saint-Antoine
se trouve à Paris -- mais Dickens le précise à deux reprises : - \
the ,suburb of Saint Antoine, in Paris, (60 , 124). La première
fois, ~ est le seul qui traduise in Paris, et, à la différence
de ses col/lègues, il rend suburb par "qua.rtier" (H et Pont
"faubourg", ce qui est plus exact, et plus près de l'anglais)
"(le) \quartier Saint-Antoine, à Paris" (~-27). Remarquons que
~ est publié;;:;' une maison d'édition belge -- croit-il peut-
être que ses lecteurs ne connaissent pas Paris, ou bien se
,." \ ve~t-il, pour une fois, fidèle à l.' original? La deuxième fois, ,
!: se joint à ~, pour ,traduire in Paris.
Dickens précise que~ Conciergerie es~ une prison de 'la
Révolution, (Darnay s'y trouve incarcéré) : the erison of the
Conciergerie, (327).' Cependant, tout bon Français étant déjà ~
, . au courant, nous lisons dans les trois versions : "la
Conéiergerie" (!:!.-277i M-254; ~-1270).
c-
Ni !:!. (p. 44) ni M (p. 44) ne semblent attacher d'impor
t~nce au fait que Defarge soit allé chercher Manette à la , ,
Bastille, ni au fait que ladite prison inspirât autrefois tant
de terreur que l'on n'en prononçait jamais le nom -- les deux
versi~+ omettent : at the ••. " (81). 'Seul!:, donc, traduit
il propose :' Hà la __ " (P-102l) ~
1
. ,
(
-145-
Seuls les traducteurs belges seMblent ignorer que lé
Palais National de la R~volution soi,t redevenu les Tuileries --
pourtant, Dickens le précise (and twice) : the National Palace,
once (and twice) the Tuileries, (322). Mais M le rend par :
"(le) Palais National, ci-d~vant Palais de Tuileries" (!:!-25l).
Il est donc des cas où le traducteur n'omet pas le nom
d'un lieu ou d'un édifice, mais où le lecteur de l'original ne
s 'y reconnaît pas'--lorsqu' il lit la version française. Ainsi,
lorsqu'il rend the Palace of the Tuileries, (138), par
"Versailles" (II-lOI), H, est-il victime d'une étourderie, ou - - ,
croit-il que Dickens se trompe de palais? Dickens se téfère à
la résidence de la famille royale: de fait, Louis XVI n'est
venu s'installer aux Tuileries que le 5 octobre 1789 -- donc, .4e..
quelques années après la période où déroule cette scène (au "
chapitre 7 de la seconde partie) •
Dickens fait allusion à the Island of Paris, \-'
1
(343).1. '.
Sans doute pense-t-il à l'île de la Cité, la partie la plus
ancienne de Paris, et où se trouvait la ville gauloise de
1 j
Lut~ce. ~ (p. 293) et ~ (p. 1288) le voient ainsi. Mais M
croit qu'il s'agit de l'autre île, proche ce cell~ de la Cité, 1
soit de' "l'île St-Louis" (!:!-269). Etant donné qu'il est
question, tout de suite après notre citation, de la cathédrale
Notre-Dame, il est évident que!:! se trompe.
Lorsque Dickens mentionne la cousine de la conda~ée qui
montepsur l'échafaud avant Carton, il précise :'she'lives in a
1
(
-. ~-.. - ........ _ .. _ .... ---- .... ~". .... -... _-:-.. - ....... - ~.- ... ,_._--..... ----, - r
-146-
, ~ ~J
farmer' s house in the south country, (403), se rt§férant sans
doute au Midi de la France. C'est du moins ce que pensent M et
~, qui nous semblent avoir raison : "dans le Midi" (M-322;
P-1348), alors que ~ ~ndique une localisation que nous trouvons
inexacte: "(dans une ferme) de Touraine" (H-345).
10) Le 'cockney' et le parler populaire de Cruncher
Nous avons déjà signalé que Cruncher parle le cockney,
dialecte naturel â ceux de sa condition sociale nés â Londres.
Brewer (1) précise qu'un cockney est "one barn within the sound
London; one ossessin London eculiarities of
speech et'è.". Or, l'église St. Mary-le-Bow est située dans
Cheapside en plein centre de Londres, à un kilo~ètre à peine de
Houndsditch, lieu de naissance de Jerry. Cruncher est donc un
trl:le cockney.
Il faut dire quelques mots de ce dialecte, tel que le
4
parle Cruncher, car cette langue offre des difficultés spéciales
aux traducteurs. Il faut d'abord comprendre le langage de
Jerry, puis le transmuer en un dialecte équivalent, ou tout au
moins situé à l'intérieur d'un registre approprié, pour que le
lecteur prenne iconscience du fait que Jerry ne parle pas, par 1
exemple, le "b~m anglais" de 'Lorry. 1
'. 1
L t une des particularités du cockney est que le ~ y devient "-
un w. Ainsi, 1o?Sq-~~ Cruncher (87) prétend avoir été circum- .
=
(1) "E. Cobham Brewer, The "Dictîonary of Phrase and Fable (New York: Avenel Books, 1978), p. 270. (Réimpression de l'édition--- > de l894). ~
,.
(
)
-147-
wented, c' es t sa façon de prononcer .circurnvented. H et M
comprennent le sens du mot : "circonvenu" (H-49); "contrecarrée"
(M-49), mais ils n'indiquent aucunement que l'original anglais
a é~ déformé. ~,par contre, non seulement saisit le sens,
mais aboutit à un "cirquinvenu" (~-1027), création où se trouve
transposée heureusement l'altération dialectale.
Lorsque Jerry demande à e que c~lui-ci essaie
de lui raconter, il s'exclane ",an t to conwe to
your own father • • • ?, (184). évidemment, ùu
verbe convey; mais seul !: en propose la traduction : "inchinuer"
(P-1126) , que nous trouvons réussie.
Il est un cas où Jerry ne se contente pas de prononcer un
mot de travers, mais il lui-ajoute une syllabe. Il s'agit du
mot Aggerawayter, (86, 87) , qu'il lance à la tête de sa femme,
à t~ois reprises. or, Jerry veut dire Aggravator, et II le
comprend, car il le rend une fois par: "maudite créature"
(H-SO), tout en l'omettant deux fois (pp. 48 et 49). P aussi
saisit le sens, car il traduit par: "endiableuse" (~-1a..2i,· 1027, 1028). Mais il est évident qu'Aggerawayter reste un
mystère pour ~, qui le prend pour un nom de personne et le
reproduit tel quel: "Aggeraway,ter" (M-49, 50). C'est une ~s
plus remarquables.absurdités de sa ~ersion.
D'autres mots en w sont éparpillés dans la conversation - ,
de Jerry -- wittles, (88, 190) (victuals); ~I (90); wenturs,
(188) (ventures); wital, (193); dewelop, (194); conwenient,
(393)'; i11-conwenient, (333); awaricious 1 (336); Erewaricate,
, ' ~ - ~ .... __ "' .... ~ ~ ... __ ..-.. _____ Il
( ,
(, ,
(337) ; ~, (392) (~)
laissent pas prendre.
mais les traducteurs ne s'y
Le cockney par ~illeurs ne prononce pas le ~ (dit
",aspiré", mais en réalité "soufflé"), que tout Anglais bien
élevé tient à 'faire sentj.r, mais, par contre, il lui arrive
d' aj outer un !!. là où il n 'yen a pas i témoin le morehover,
-148-
p. 393 du texte anglais. Dans le même ordre d'idées, il arrive
à Jerry de 'prononcer un ~ qui devrait rester rnueti par exemple,
il dit de lui-même qu'il est a honest tradesrnan, (188). Aucun
traducteur ne se soucie de reproduire ces particulari tés du
cockney 'de Jerry ~
Le lecteur britannique du roman ne perd jamais de vue
l'appartenance de Jerry à une clas~e particulière, car celui-ci,
en pl us d'employer des dialectalisrnes, utilisé' des termes qui
n'appartiennent pas seulement au cockney, mais qui sont des
vulgarismes commis par les gens de sa classe, aussi bien en
dehors de Londres que dans la capitale. L'une des particulari--
tés du parler populaire anglais est que ses usagers, qui à
l'époque de Dickens sont presque tous des analphabètes, se
trompent parfois sur un mot. Ainsi, lorsque Jerry s'exclame
l '11 out and announce hirn, (334), il commet ce que les Anglais
appellent un malapropism SUi; le verbe to denounce. ( 9.!!?
précise que malapropism signifie: "ludicrous rnisuse of word,
esp. in mistake for one resernbling i t. " Dans la pièce de .
sneridan, The RivaIs, ~s Malaprop parle de allegories on the
Aucun traducteur ne tente de faire une
J,
r 1
(
(- t
) ,
,/
-149-
~quivalence en français, du genre : "je m'en vais l'annoncer".
!! (p. 283) omet la phrase, tandis que !:! et P empl.oient tous
deux le verbe "dénoncer ll (M-260 j P-l277).
Lorsque Jerry commet une erreur grammaticale caractéri-
stique des gens du peuple : Even if i t was so, (336), !! (p.
286) et ~ (p. 262) donnent des traductions conformes à la
grammaire française -- ils " améliorent" donc le texte. Mais P
propose une équivalence qui nous paratt bonne "toujours en
admettant qu 1 ça soye le cas" (!:-12 80) •
Al' instar des autres de sa condi tion, Cruncher glisse
dans sa conversation des jurons', te1s que Bust me, blazing,
blowed, et blest, termes qui, commençant tous par un ~ (ce qui
ajoute à leur force exclamative), ont plus ou moins le même sens
-- Partridge (1) précise que bust me est lia mild oath"; que
blazing fait allusion aux flammes de l'enfer (cf. What the
blazes! 1 ce qui équivaut à "que diable'''); que blowed signifie •
"darnnedllj et que blest, employé par euphémisme, comporte aussi
le sens de "damned, cursed".
Chaque traducteur propose une exclamation différente pour
traduire Bust ,me, (45) r
: "Corps de mon âme! n (H-lO); "Que le -,
diable m'emporte" (!:2-l3): nMa'parole ll (~-985) -- et toutes nous
semblent satisfaisantes. Par contre, seul M garde l'allusion
infernale dans la phrase suivante : That's a Blazing strange
message, (44), qu'il 'traduit par: "Voilà pour sûr un message
't
(1) Eric Partridge, ed. r A Dictionary of Slang and Unconventional English (New York: Macmillan, 1970).
1 1
1
1
1.
1
( diantrement bizarrè" (M-ll). Mais, H et P, qui perdent,
l'allusion, proposent des versions qui se situent sUr un
registre linguistique 'diff€rent -- on dirait même, plus
raffiné : "Quelle singulière réponse" (!!.-9); "un drôle de
message" (~-983).
Aucun traducteur ne traduit blowed dans la phrase
-150~
- suivante : Nhat with piety and one blowed thing and another,
(87;. II-49; ~-49; ~-l027). Hais tous les traducteurs c?mprennent
que blest a le sens de "pendu" (~-54; ~-l032) ou de "damné"
(~-54) dans la phrase : Blest if l know, (92). Pourtant, quand
f.1iss Pross est frappée de surdi té et que Cruncher s'exclame
Blest if she ain't in a queer condition:, (398), deux des
-- -traducteurs traduisent littéralement :-"Dieu me bénisse" (H-341i i -
!:-1344), alors que seul M conserve l'idée de damnation : "Que le
diable m'empoz::te!" (~-318).
Pest donc'le seul traducteur à introduire- pa~fois dans
son texte des erreurs gra~aticales analogues à celles que fait
Jerry dans l'original, mais, le .plus souvent, il sien dispense.
Le parler de Cruncher est _ certes plus raffiné dans les trois
versions françaises q~'il ne l'est dans l'original. Enfin, M , met dans la' bouche de Jerry Cruncher des jurons purement
gratuits -- par exemple, "bon sang!" (!::!-50); "Bon sang d'bon
sang" (~-6B); et '"Nom d'un chien" (~-3l8). Face au problème de
la traduction du cockney et de la langue populaire, il faut
reconnaître qu'aucun traducteur n'a rêagi de façon brillante,
et c'est M qui s'en est le plus mal ,tiré.
i
1
1
l'
1
1
1
1
(
-
(
-151-
(p) L'anglais "francisé" du roman
Un Anglophone ne peut s'empêcher d'être frappé par le
fait que les personnages français du roman -- à l'exception des
Manette et Darnay -- parlent un anglais "français". Dickens
a-t-il introduit ces tournures pour rappeler cons'tarnment aux
lecteurs de l'original que la plupart des acteurs du drame sont
des étrangers? Ou bien, lui qui parlait très couramment le ,.
français a-t-il pensé certains épisodes en cette langue, quitte
à les traduire ensuite? Nous ne saurions le dire. Toujours
est-il que la conversation des Francophones du Tale of Two
Cities est parsemée d'erreurs d~anglais -- ou de simples
maladresses apparentes qui se révèlent, après examen, des
'traductions littérales de phrases et d'interjections françaises,
aussi bien que du style du français. Nous présentons ci-dessous
une liste partielle des exemples oue nous avons relevés -- et
nous mettons entre parenthèses la version française à laquelle
Dickens semble avoir pensé : {' ,
What the devil do' you do in that galley there? (64) (HQue diable faites-vous dans cette gaV~re?" allusion certaine aux Fourberies de Scapin de Moli~re ~I, vi~ "Que diable allait-il faire dans cette galère?" -- c'est la seule réf~rence à la' littératu+e française que nous ayons trouvée dans le roman.)
Sa then ,Gas ard, what do' ou do' there? (63) D1S donc, mon Gaspard, qu est-pe que tu fais là?")
Say then, my friend (tlnis donc, mon ami")
(206)
sa1 then, my husband "ols donc, mon mari")
(251)
- "
"
(
•
.- - -.. ~ ---... --------------~ _._~-~_ .. _---_ ... ~ .. _--------,...~
See here then ("voici donc")
Rere you see me! (liMe voicilvoilà")
You see me, citizen :J (liMe voilâ, citoyen")
Behold your papers ("Voiut vos documents")
Monsieur the Officer ("Mons'ieur l 'Officier lt )
Monsieur the Marquis
...
. ("Monsieur le ~1arquislt -- l'équivalent anglais du ti tre es t l1arquess)
Messieurs
, Corne, then, my chi ldren ("Venez donc, mes enfants")
. ..
My faith ("Ma foi!lt)
Eh my faith ("Eh, ma foi!")
Good repose! ("Don repos, reposez-vous bien")
A 100d j curney ! "Bon voyage!")
Just Heaven! ("Juste ciel! ")
May the Devi1 carry away these idiots! (tiQue le diable emporte ces imbêciles!")
Wi thout doubt (" sans doute")
Eh weIl! ("Eh bien:")
How? -r'"Comment?" )
IIow then? ("Comment donc?")
Hold! ("Tiens! Tenez!")
! How goes it, Jacgues? ("Comment ça va, Jacques?")
How qoes the Republic? ('Comment va la R~publique?")
(197,
(208,
-152-
(80)
(244)
(30S)
(385)
(80)
(141)
( 197)
( 383)
211" 369)
(206)
(156)
,(386)
( 280)
(146)
(151, 280)
244, 256)
( 368)
( 208)
( 208)
( 258)
,( 341) , 1
1 1
1 1 1 1
1
(
~ -_ ..... _------~ - - ~-~~- ~-----_.-------~----_._---~~- --- -;---- -----_ ..... -----
See you, madame ("Voyez-vous, madame" -- l'expression n'Ous rappelle l'anglais des Gallois, qui disent souvent Look you!)
-153-
\
( 369)
Nhat did you look at, so fixedly? (145) ("Qu i avez-vous regardé si fixement?")
He erèci~itated himself over the hill-side ( Il s est pr€cipit~ de l'autre c6té du coteau")
l charge ~self with him - ("Je m 1 occupe/me charge de lui")
Rise and dress yourself ("Debout et habille-toi!")
Figure this to yourself, citizen 1
("Figure-toi ça, citoyen!")
The late KinS' Louis Fifteen [sic1 o (H feu le roi Louis XV .. ) :J The Year One of Liberty
("l'An I de la Liberté" -- il s'agit de la première année du calendrier révolutionnaire.)
~he Street of the School of Medicine (If la rue de l' Ïkole-de-Médecj"ne il)
A Sheep 0 f the Prisons .-("un 'mouton' des prisons" iamais entré dans l'argot
le mot sheep n'est ou le cant anglais.)
The Game Made (ilLes jeux sont faits" -- au casino, du croupier est le français.)
My Leave te Pass ("mon laisser-passer")
la langue
( 146)
( 202)
( 276)
( 341)
(200)
( 301)
( 349)
( 327)
( 335)
( 339)
l'loman irnbecile and pig-like! ("Femme imbécile, idiote, et cochonne!" les adjectifs précèdent le substantif.)
( 396) en anglais,
Oh, the men, the men! ("Ah! les hommes . • .")
(207)
Ah! the ~or Gasparq! ( " Ah! e pauvre Gaspard! ft )
(21:1)
Si les traducteurs se sont aperçus de cet ~trange anglais, leur
t!che s'en est trouv~e facilit~e.
Mais si Dickens semble avoir pens~ en français certains ,
passages de son roman, les sentiments qu'il exprime à l'~gard
(
i , 1
i _
~(
1
~ '1 , 1
1 -1 , , r,
t
: f 1 1
. 1
1
J -154-
de l'événement qui en est le centre -- la R'€!volution française
ne sont pas ceux de la majorité des Fra~çais. Dickens n'est
pas un historien : il ne connaît pas les ouvrages célèbres qui
en France sous la monarchie de juillet ont réhabilité la ,
révolution. Il n'a pas lu la grande histoire de Thiers, ni.
celle des Girondins de Lamartine. Il s'en tient à la thèse de
Carlyle r aux yeux de qui la Révolution française fut une erreur
et un crime. Aussi n'est-il pas surprenant. que vienne
n·aturellement sous sa plume l'expression : this ,terrible
Revolution, (267). ~,Belge, traduit l'épithète, mais ~ et ~,
Français, reflètent la tradition nationale q~i glorifie la
Révolution française, et pour ne pas blesser le,s sentiments
d'une majorité de leurs lecteurs, font sauter terrible de leur
version. Ce faisant, ils trahissent Dickens, mais protègent sa
réputation en France. C'est peut-être une bonne excuse pour
leur infidélité, mais Voltaire ne la leur aurait pas pardonnée,
lui qui disai t (1) : "Vous savez bien qu'un traducteur ne doit
pas répondre des sent~ments de son 'auteur; tout ce qu'il peut
faire, c'est de prier Di~u pour sa conversion."
Henry Davray·, citant l'opinion de R~my de Gourmont dans
(1) Voltaire, Lettres ihilOSOPhiqueS (Paris Flammarion,' 1964), XXe ettre, p. 134 .
Garnier-
(
t -
. -
) ,
,( ).
"
._--------- - ---- - - -, --- ,- ----- -
-155-
le Mercure de France, (1) affirme: ftautant qu'il l'est de son ,
propre pays, (le traducteur) doit être familier avec la
\ litt~rature, les arts, l'histoiie, les institutions et les l ___ _ moeurs de la nation dont" il a appris la langue. Bref, le
traducteur doit posséder une 'double culture ft • Or, il ressort
de notre exa~en des ftfaits de civilisation" dans A Tale of Two ~ ,
Cities que [et M omettent 9 allusions culturelles sUr 60,
alors que!: ri'omedt que ra moitié d'une allusion (à un verset
biblique). H commet 7 faux-sens ou contresens sur des
a~lusions culturelles; M en fait 8, et P, 3. Il est donc .
évident ,que deux des traducteurs, H et ~, qui, par omission,
mégarde ou ignoran"ce, se trompent sur presque un tiers des
allusions 3, la culture que nous avons relevées dan's ce chapitre,
ne sont pas suffisa~ent préparés à leur tâche cette "double
culture" leur manque. Par contre, ~" qui traduit autant'
littéralement que par des équivalences, se trompe'moins que ses -:;'J 1
confrères et, bien que ses, notes ne soient pas f7.oujours d'une
exactitude minutieuse, il saisit la plupart des allusions aux
"faits de civilisati9n".
Deux questions se posent à quel point le traducteur
peut-i"l\. compter su~ l'intérêt et la culture de son lecteur, qui
s~ reférera au dictionnair~ ou ~'l'encyclopédi~ lorsqu'il ne
saisit pas une al~usion culturelle? Sans doute M, qui n'ajoute
qu'une' seul.e note, s'y fie-t-il trop, car, lorsqu'un traducteur
(1) Henry Davray, "L ~;importance de là traduction-, lofercure de 'France, lS avril 1931, pp_ 468-479.
-!
-- , 1
1
J
/ . i
1
1 fi
j 1
t t !
\
, 1 1 . ,
.)
'----'-'-' ---_ ...... --~--- ""- -----.-------_ .. _-----,----~~ ---- --~~~-_ ....... ~-------"
c choisit de traduire litt~ralement, sans expliquer telle ou
te~~e référence, son texte risque de devenir rebutant parce
qu'incompréhensible. À l'autre extrême, celui où se fait
-156-
prendre ~ (dont les notes en fin de volume montent à 36), le·, /'
traducteur veut-il faire de sa version une édition critique?
Mais un excès' de notes_à la ~in du texte, ou/en bas de pages,
lasse le lecteur; et nous ne reconna~ssons plus dans l'oeuvre
savante de P l'oeuyre populaire de Dickens. Par contre, dans
-g" les Il notes en bas de pages n'affectent en rien la
lisibilité du texte.
En guise de conclusion à ce troisième chapitre,
permettons-nous de demander, avec Guérin, (1) "si c'est
vraiment au traducteur qu'il incombe de suppléer à l'éventuel
manque d! information de son lécteur"? "
-.
\
'0
.. (1) Yves Guêrin, français (Par~s
" j Une Oeuvre anqlg-indienne et-ses visages DI4ier, 1971), p~- 104.
/
1 i [,
-----,---~-------------'-----------------
(
CONCLUS IO~~
\ )
) , ,
- .... ,, ..... _ ........ _--... -l''''<~ .. ,.~ .... _-, ... - __ .... _ .,...~ .. _~ .. __ ... __ ....... _ .... _~ ___ -.... __ ,..._---............,.. ... _____ ..... _ .. _____ ... ____ ......--___ ..... _._""( _______ _
( J. "
~,
\
-157-
Nous avons proc~dé, par sondages et par lecture globale,
à l'examen des trois versions françaises ùu Tale of Two Cities,
pour y d€terminer au chapitre l, les coupures, condensés et
ajt?uts; au chapitre II, les faux-sens', faux-amis et contresens;
et au chapitre III, le traitement des "faits de civilisation".
Nous avons pu v€rifier à quel point les traducteurs étaient
pr&parés pour leur tâche au niveau de la langue de départ comme
au niveau de la culture dont elle est l'~xpression.
Il ressort du chapitre l que ~ a tendance à omettre
jusqu'à des paragraphes entiers, tandis que ~ est portê à faire
des ajouts~ à la différence de ses confrères, P omet ou ajoute
rarement, et, lorsqu'il' se le permet, il n'altère ni le sens ni
le ton de l'original. Au chapitre II, nous avons constaté que
~ est, de loin, le plus coupable, qu'il cUMule s~ise et
prétent~on, faisant trois fois plus d'erreurs grave) que ~,
alors queH en commet deux fois plus que~. Nous avons cité
des howlers (presque tous dans ~), et nous nous sommes rendus
compte que ~ surtout,_-êt !!. à un degré moindre, font preuve
d l'étourderie, et lisent parfois t,rop r'apid~ment l'original.
Si nous n'avons présenté que ,les erreurs les plus" (:J
palpables et évidentes, c'est qu'un choix s'est imposé, puisque
la place nous manque pour signaler tous les exemples., Toujours
faut-il remarquer que les conclusions de notre travail reposent
sur des faits précis -- si nous avons présenté tant d'exemples,
et que notre texte a parfois un aspect décousu, c'est que nous ~
avons voulu éviter le danger d'une trop facile généralisation:
·1 1 -
1
, \
(
--158-
telle est à la fois notre excuse, et notre just~fication.
Du chapitre III, il ressort que P est mieux préparé à sa
tâche que ne le sont [ et M, qui se trompent trop souvent sur
les allusions culturelles, ou ne les reconnaissent même pas.
Les versions françaises présentent souvent un décalage de
ton d'avec l'original. Nous sommes conscients que leur niveau
de langue n'équivaut pas toujours à celui de Dickens.
L'exemple le plus typique est celui de Jerry Cruncher. Il
démontre que la mise en français du langage parlé d'un Anglais
originaire d'un, lieu spéci fique et d'une condi tio1# particulère
pose un problème délicat au traducteur. De dire Guérin (l)
"Ces déformations phonétiques . • • opposent au traducteur 'une
double difficulté: il faut d'abord les percevoir; peut-on
ensuite les rendre sensibles au lecteur français?" A vrai
dire, seul ~ s'efforce de rendre, par des équival~nts français
plus ou moins heureux, les particularités du parler de Cruncher.
Tout au long de notre étude, nous avons agi ~t:ranslation
police, (2) et, s'il fallait condamner les traducteurs à des
peines correspondant à l'importance de leurs méfaits -- while a
badly written book is a blunder, a bad translation is a
crime (3) -- il est évident que H serait condamné au~ travaux
(1) Yves Guérin, Une Oeuvre anglo-indienne et ses visages français (Paris : Didier, 1971} , p. 141.
(2) Alistair Reed, "Basili'sks' Eggs", The New Yorker, Nov. 8, 1976, p. 175 •
. ( 3) Vladimir Nabokov, ci té dans Reed, p. 175.
, 1
'1 J.
(
"
(
forcés, M à la guillotine, et que ~ s'en tirerait avec une
amende. Pourtant, lorsque nous ôtons notre toque de magistrat,
nos jugements sont plus cléments'.
Ni meilleure ni pire que les autres traductions de la
même collection, cell~ de Mme Loreau (H) a donné au lecteur
français du Second Empire un roman convenant à sa culture et à
ses goûts : un texte français l~~ib~e, décent, de lecture
facile pour la masse à laquelle s'adressait la Bibliothèque des
meilleurs romans étrangers. Tout en condamnant ses insuffisan-
ces, nous devons reconnaître qu'elle se conforme à l'esprit
général de son époque, et on peut la considérer comme une pièce
de collection au musée de la traduction.
Quant à la traduction belge (M), dont nous avons stig-, -
matisé les erreurs, les manques et les balourdises, nous ne
pouvons pas la condamner sans appel. Elle a mis, en effet, au 1
niveau d'un public qui jamais n'achèterait un volume de la
Pléiade, une ,version française qui a permis à un grand roman de ,f Dickens de t9ucher un public modeste -- ce~ui que l'on voit un
livre â la main dans le métro, ~elui qui lit pour l'histoire et
non pour le style, ~ui ne se soucie pas des inexactitu~es du
traducteur tant qu'il laisse Dickens s'emparer de son imagina-
tian. En 'ce sens, on peut dire que l'édition Marabout ne
dessert pas notre romancier autant que notre examen minutieux
porterait~~ le croire.
stèle de notr~ Dickens.
C'est une fleur modeste posée sur la yi
Lui, qui aimait les humbles, et qui
consacra tant d'efforts et de ressources à la propagation -de
~'
l' ,
(
~-_.---~ ~"''-'~--------"?-'"'''-''-------''''~''-'''''''-. --"'- ------'---~~-- --- "
-160-
l'instruction dans son propre pays, ne ,~. aurai t pas méprisée.
Même une traduction médiocre vaut mieux que l'oubli.
Pour ce qu'il y a de l'édition la Pleiade (~), Mme
Métifeu-Béjeau offre à un public plus raffiné une édition
presque~critique, oeuvre savante qui traduit fidèlement le ------
-------------- --------roman de Dickens;-mais où le'lecteur de l'original ne reconnatt
qu'à peine l'oeuvre populaire du romancier. Malgré sa fidélité
quàsi-absolue et son aisance de style, elle exige plus
d'attention, ne serait-ce que par l'abondance des notes. En
dépit de ce. défaut, ~ est néanmoins la version définit~ve de la 1
deuxième moitié du XXè siècle, et il faudra sans doute àtt~nd~e " . \
le siècle prochain avant que ne paraisse une autre version ~
aussi importante: Si n~us' avons une reproch~ à faire à~, ut ) c'est qu'il/n'a pas su être, à l'instar de Darnay (160), ~
elegant translator who brought something to his work besides 1
mere dictionary knowledge. ~
'1
o
<.
------"--- ------
. ,
c.
BIBLIQGRAPHIE
t
1 ' .. 1
-161-
BIBLIOGRAPHIE
I. DICKENS ET A TALE OF IWO CITIES
A. Éditions utilis~es
Dickens, Charles. liA Tale of Two Cities." In AlI the Year Round. A Heekly Journal. Conducted by Charles Dickens. l (April 30, 1859) "'"- XXXI (NovemJJer 26, 1859).
------~--- A Tale of Two Cities. Edited with an Introduction by George Noodcock and illustrations by Hablot L. Browne ('Phiz'). London: Penguin, 1976.,
B. A Tale of Two Cities en français
Dickens, Charles. Le Marquis de Saint-Évremond, ou Paris et Londres en 1793. Traduit avec l'autorisation de l i auteur par !ime Loreau. Paris: Hachette, 1886.
, (Réimpression de la traduction de 186'1).
---------- ,Le Marquis de Saint É~,remont, A Tale of Two Cities. Traduction intégrale de Robert Maghe et Albert Wauthy. Verviers : Gérard, 1951. (Collection Marabout) .
---------- Un conte de deux villes. Publié sous la direction de Pierre Leyris. Traduction de Jeanne Métifeu-Béjeau. Paris: Gallimard, 1970. (Bib~iothèque de la Pléiade) .
C. Études sUr Dickens et son oeuvre
Brook, G. L. The Language of Dickens. London 1970.
André Deutsch,
Delattre, Floris. Dickens et la France. ttude d'une interaction littéraire anglo-française. Paris: Librairie universitaire, J. Gamber, tditeur, 1927.
Forster, John. The Life of Charles Dickens. 3 vols. Philadelphia :' J. B., Lippincott & Co., 1872.
, ~ , \
(
\
(, )-
-162-
Goldberg, Michael. Carlyle and Dickens. Athens: University of Georgia Press, 1972.
Gordon" Elizabeth Hope. The Naming of Characters in the Works of Charles Dickens. University of Nebraska, Studies in Language, Literature and Criticism, No. 1. Lincoln: University of Nebraska, 1917.
Hardwick, 'Michael, and Mollie Hardwick. The Charles Dick@ns Encyelopedia. Rea~ing: Osprey Publishing, 1973.
Monod, Sylvère. Dickens, romancier; étude sur la création littéraire dans les romans de Charles Dickens. pari's Hachette, 1953.
P01?e-llennessy, Una. Charles Dickens. 1812-1870. London Chatto & Windus,- 194?
Wilson, Angus. The World of Charles Dickens. London & ~vê\rburg, 1970.
II. THÉORIÈ DE LA TRADUCTION
Secker
, Adams, Robert M. Proteus, His Lies, His Truthi discussions of ' literary translation. Uew York : Norton, 1973. ,
Arrowsmith, William, and Roger Shattuck, ,eds. Th~ Craft 'and Context of Translation~ a Svmposium. Austin: University of Texas Press, 1961.
l '
Barth, G. 'Recherches sùr la fréguence et ,la valeur des partie-s du discours en françaIs, en anglais, et en espagnol. Paris : Didier, 1961. ' .
Belloc, Hilaire. "ori Translat;i.on4" In ,A Conversa.tion with an Angel and other Essays. London: Jonathan Cape, 1929.
Brower, Reub~n A., ed. On translation. 'Cambridge, Mass. : Harvard University Press, 1959.
Catford, J. C. A Linguistic TheoEY of,Translation; an essay in applied linguistics. London: Oxford University Press,_ 1965.
Darbelnejë, Jean. "Traduction littérale et traduction,libre." Meta, 15, no. 2, 1970, pp. 88-94. -
, ---------- ----------~---
1 !
/
1
1
j
r
-,
(
· .......... "._._ .. ~--_ .... -_. ------r ' ,
-163-) , .
! Darbe1.net, Jean. "Niveaux de la traduction."
1977, pp. 6 -17 • ' Babel, .2 3, no. l, 1
Davray, Henry. ' "Lettres anglaises. 'L' importancè de la: traduction 1 ~ " !1ercure de France, 15 avril 1931, pp. 468-479.
Dolet, ;'
Estienne. aultre." français.
"La maniere de bien traduire d'une langue en In Edmond Cary. Les grands traducteurs Genève: Georg, 1963.
Gide, l\ndré. "Lettre à Anùré Théri ve. " In Di vers. Paris Gallimard, 1931.
---------- "Lettre sur les traductions." In Pr€faces.
Bieron
Neuchâtel, ~aris : laes et Calendes, 1948.
Une Oeuvre anglo-indienne et ses visages s. 'Plain Tales from the Hills' de Rpd ard
lin Publications de la Sorbonne, Littératures 2. P riS\: Didier,' 1971.
us, ~anctus. (Saint-Jérôme). "De optimo genere in-te.r'pretandi. tt In Eoistulae. Paris: Société d'édition ",Les Belles Lettres", 1953, t. III, pp'. 55-73.
House, Juliane. A Model for Translation Qualitn Assessment. TÜbinger BeitrMge zur Linguistik, 88. T bingen : TBL-Verlag Narr, 1977.
International Conference on Trans~ation as an Art, Br~tislava, 1968. The 'Nature of Translation. Essa s on the Theo and Pract~ce 0 Literary ,Trans ation. Ed. James S. Holmes. 'rhe Hague: Houton, 1970.
Ladmiral, J.-R. Traduire: théorèmes pour la traduction. Paris: Payot, 1979.
Larbaud, Valéry. Sous l'invocation 'de 'Saint Jérôme. Paris Gallimard, 1946.
Le Bidois, Robert. "D~fense et illustration de la traduction." Le Monde, 27 Mars l~68, p. 10.
1
1
1
----------. Pr~face à Pierre Daviault. Langage et Ottawa : Imprimeur de la Reine, 19~7~1-.~~----~~--~-----
traduction. ---1 - - - - -t
Maillot, Jean. "Topçnymie et ,traduction. '1 pp. 25-29, 86-91.
Babel, 14, 1968,- 1 1 1
--_ .... _--_ ......... -----~-_......<.-.. ----
( / "
.( ,
-164-
Hounin, Georges. Les Belles Infidèles. Paris,. Cahiers du Sud, 1955.
---------- Les problèmes théoriques de-la traduction. Paris Gallimard, 1963.
---------- Linguistique et traduction. 'Bruxelles et Mardaga, 1976.
Dessart
Nida, Eugene A. Toward a Science of Translating. Leiden Brill, 1964.
---------- "A Framework' for the Analysis and Evaluation of Theories of Translation." In Translation, Applications and Research. Ed. R. tv. Brislin. New York: Gardner' Press, 1976.
----------, and Charles R. Taber. The Theory and Practice of Translation. Leiden: Bril1, 1969.
Proet~, Victor. The Astonis'hment' of ,Nords: an Experirnent in the Comparison of Languages. 'Foreword by Âlastair Reed. Austin: University of Texas Press, 1971.
Raffe1, Burton. The Forked Tongue : a Study of the Translation Process. The Hagu~ : Mouton, 1971.
Reed, Alastair. "Ba~iliJs' Eggs." The New Yorker, Nov. 8, 1976, pp. 175~20).
//
Savory, Theodore. The Art of Translation. London Jonathan Cape, 1957.
. "
Steiner, George. After Babel : Aspects of Languaqe and Translation. London: Oxford University Press, 1975.
Vinay, J. P., et' Jean Darbelnet. français et de l'anglais. éd~, 1958).
Stylistique comparée du Paris : Didier, 1967. Oère
,Voltaire. Lettres philosophiques. Paris. 1964.
Garnier-Flammarion,
v-landruszka, Mar:Lo. "Le' bilinguisl!le, du traducteur." Langa'ges, 7, nq. 28, 1972, pp~ 102-109.
\'1i11, Frederic. fi The Knife
T e Hague in
In
1
1
l' 1
'1 ' •
'.
"
Noodhouseleè, -Alexander Fraser Tytler, Lord. E~say on tht! Principles of Translation. London: J. M. Dent, 1907. (Firs_t published 179lh
-lII. OUVRAGES DE RÉFÉRENCE J
Baedeker, Karl~ Londres et ses environs. Hanuel du voyageur. Leipzig: Baedeker, 1907.
---------- London and its Environs. Handbook for Travellers. Leipzig: Baedeker, 1930.
The Holy Bible: ~Jew York -: f~1orld Publishing, n. d. James Version) •
JKing .~
La Sainte Bible. Londres: Société Dour connaissances chr~tiennes, 1897.
y~'propagation des
'Brewer, E. Cobham. Dictionary of Phrase and Fable, Giving the Derivation, Source, or Origin of Common Phrases, Allusions and Words That Have a Tale to Tell. 1894; rpt. New York : Avenel, 1978.
Cohen, J. M., and ~. J. Cohen. The Penquin Dictionary of Quotations. London: Penguin, 1960.
Ekwall, Eilert. The Concise Oxford Dictionary of English Place-Names. 4th ed. Oxford: Clarendon Press, 1960.
Koessler, Haxirne, et Jules Derocquigny. Les Faux AI;1is ou les pièses du vocabulaire anglais. Sème €d. Paris: Vuiber~ 1961. (lêre éd., 1928).
Koessler, Maxime. Les aux Amis des vocabulaires an lais et américain. Par s : Vuibert, 1975. (Nouvelle édition
'refondue et aUgIDentée de l'ouvrage précédent) • .
Littré, Emile. Dictionnaire d~ la lansue française. Paris Hachette, 1882 •
. Mansion, J. E., et al. Harraa's Standard French and English Dictionary. Revised e. 1940; rpt. London : Harrap, 1970.,
Î ----------. Harrap's New Standard French and English
Dictionary. London Harrap, 19'2.
/
• ... Ii"fI'II'!PI4' 1 t 1 "
'-
-166-
The Oxford bictionary of Ouotations'. London Press, 1941.
Oxford University
The Oxford English Dictionary. Ed. James A. H. Murray et al. 13 vols. Oxford: Clarendon Press, 1933. (OED).
Partridge, Eric. A Dictionary of Slang and Unconventional English. New York: Macmillan, 1970.
" Robert, Paul. langue 1977.
---\