vins&provence(s) n°6
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Saveurs Du poisson, oui, mais de Méditerranée !
DécouvertesDes vins, des domaines, un musée, des bonnes tables, une maison d’hôte, des idées cadeaux…
Saveurs
Le Pays Aixois s’impose de plus en plus comme un acteur majeur du vignoble provençal.
Le Pays Aixois s’impose de plus en plus comme
Aix, ville d’eau et de vins
Mai
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N°6
L’ART DE VIVRE DE TOUTES LES PROVENCE(S)
vous est
OFFERT
ICI CE MAGAZINE
R.A.S. disent les militaires. Rien à signaler. Le calme règne sur le vignoble
provençal. Pas de zouaves made in Union Européenne pour tenter
un assaut contre les rosés vrais de vrai. Le millésime 2009 est bon ; le
contraire eut étonné ! Ne trouvez-vous pas en effet que, depuis plusieurs
années maintenant, les rosés de Provence, comme les champagnes, ne
surprennent plus, ni en bien ni en mal. Valeurs sûres, valeurs stables !
Bon, et la crise dans tout cela ? Pèse-t-elle sur les ventes ? Même pas ou si peu.
Certains se plaignent, bien sûr. Ce n’est pas qu’ils vendent moins ; c’est qu’ils
vendent moins vite. Mais à part ça, tout est tranquille. Oui, R.A.S…
Mais vous savez ce que l’on dit : après le calme vient la tempête. C’est un peu vrai : il se prépare ces temps-ci
un grand coup de vent. Qu’on se rassure : il n’est pas du genre mauvais, à vous mettre sur la paille un plagiste
azuréen en moins de temps qu’il ne faut pour l’écrire. Non, la bourrasque à venir est de celle qui vous gonfle
les voiles et vous fait fendre les flots comme les ciseaux du tailleur fendent la soie. Le nom de cette rafale ? La
Route des Vins de Provence.
On en parle depuis des années ; elle a même fait l’objet d’une présentation officielle l’été dernier. Depuis,
les choses se mettent en place sereinement, mais sûrement. Et ça, c’est une excellente nouvelle. Car nous
avons tout à gagner d’un tel projet. Tous autant que nous sommes ! Les viticulteurs qui peuvent en espérer de
substantielles retombées, à la fois médiatiques et financières, ce qui, au bout du compte, revient à peu près
au même. Et la région Provence Alpes Côte d’Azur tout entière qui tient là un bon prétexte pour envoyer les
millions de touristes qui fréquentent ses côtes irriguer un peu ses campagnes.
Cette route des vins, pour certains, c’est une route de plus, une pâle imitation de ce qui se fait déjà dans le
Bordelais, en Bourgogne où dans la Vallée du Rhône où, pensent-ils, on a des arguments bien plus solides
que les nôtres pour faire déplacer les foules. Faux. Cette route-là n’a pas d’équivalent. Parce qu’elle est une
route des terroirs, une balade à la découverte de paysages magnifiques où les vignes lèchent la Méditerranée,
la Sainte-Baume ou la Sainte-Victoire. Parce qu’elle est aussi et surtout une route des vignerons provençaux.
C’est là notre force : le vin, chez nous, plus qu’à Saint-Emilion ou à Pommard a un visage, une voix, un accent
qui chante. Car avant d’être vigneron, ici, on est Provençal. Avec ce que cela veut dire de douceur de vivre et
de convivialité. Qui peut rivaliser avec ça ?Jérôme Dumur - Rédacteur en chef
edito L’art de
vivre de
toutes Les
Provence(s)
L’abus d’alcool est dangereux pour la santé. A consommer avec modération.
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4 Vins & pRoVence(s) / mai 2010
p18En couverture
Aix, au cœur des Provenceaix-en-provence est une ville d’eau entourée par les vignes. a ses portes, trois appellations différentes : les coteaux d’aix-en-provence, bien sûr, mais aussi la fameuse palette et les côtes de provence sainte-victoire, une dénomination régionale qui marque la typicité de ce coin de provence. Rencontres avec quelques-unes des valeurs sûres ou montantes de la région : le mas de cadenet, château simone, château henri Bonnaud, château la coste et château paradis.
p 6La cave idéaleun coup de cœur pour un Bandol rosé, cinq grands blancs de Bandol, six coteaux varois en or.
p 12PortraitsDaniel Ravier perpétue le savoir-faire de l’un des fl eurons de l’appellation Bandol : le Domaine tempier.sur les collines de nice, Joseph sergi, alias gio, a apporté du sang neuf à l’appellation de Bellet en hissant son clos saint-vincent parmi les beaux vignobles de provence.
p 34Visiteparce qu’il est hôte de deux stars hollywoodiennes, le château miraval a quelque chose d’une forteresse. poussons néanmoins ses portes pour goûter à ses vins.
p 38Baladesa pierrefeu, on randonne gourmand à travers les vignes. a paris, on parfait sa connaissance du vin grâce au musée qui lui est consacré.
p 42Terroiravec Jacques chibois, redécouvrez les saveurs de la méditerranée.
p 48Bonnes adressesla pointilliste à toulon, Bruno à lorgues et la colombe à hyères.
p 52Charmeprès du thoronet, la Bastide des hautes moures. Du calme, du cachet et un rien d’exotisme.
p 54Savoir-fairea Fréjus, la société lièges-mélior perpétue la tradition provençale du bouchon en liège.
p 58Quoi de neufDu shopping, des news, le quizz.
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Bandol, Bellet, Baux de Provence, Cassis,
Côtes de Provence, Coteaux d’Aix en Provence,
Coteaux Varois en Provence, Palette…
Toutes les richesses de la provence
6 Vins & pRoVence(s) / mai 2010
LA CAVE
LabouteiLLe
6 Vins & pRoVence(s) / mai 2010
Le plaisir est plus grand quand on ne l’attend pas.
ainsi le domaine de l’olivette rosé 2009 nous a-t-il
étonné et séduit par son élégance. voilà un rosé qui
n’a pas vraiment besoin du soleil pour briller. même si…
La Poste réserve parfois de belles surprises. Comme ce jour d’avril où le facteur nous livre un colis en provenance du Domaine de l’Olivette. A l’intérieur, une bouteille de rosé maison, millésime 2009. « Du Bandol, d’accord. Dommage qu’il ne soit pas dans la bonne couleur »,pestons-nous sur l’instant. C’est que, nous l’avouons, nous avons tendance à penser que le Bandol partage avec les cardinaux romains de bien porter la robe rouge.Finalement, vient l’occasion de tester le breuvage : une soirée entre amis à laquelle nous débarquons, notre Olivette sous le bras. « Je vous ai amené du rosé, parce que les fl eurs c’est périssable. Puis le rosé, c’est tellement bon. » Le bouchon saute à l’apéritif et là, dès la première gorgée, c’est la révélation : quel beau vin que voilà. Le coup de cœur, comme on appelle ça ! Une chose est sûre : cet assemblage de mourvèdre, cinsault et grenache mérite bien mieux que des cacahuètes grillées et des olives noires, fussent-elles du pays. Les louanges sont en effet unanimes : ce Bandol avoue de la fi nesse, de la structure, un bel équilibre même s’il titre à 14°. Des qualités qui nous laissent imaginer qu’il serait à son aise sur tout un repas. Du coup, même si l’accord n’était pas prévu au menu initialement, on invite ce “dandy” à notre table pour le confronter au jarret de veau confi t aux épices, mitonné par le maître des lieux (car les hommes cuisinent aussi !). Notre invité de dernière minute s’en sort alors mieux que bien. Ses parfums de fl eurs blanches et d’agrumes, sa belle minéralité, sa rondeur, sa fi nale marquée par une pointe d’épices font merveille sur les saveurs exotiques de notre plat. Cette bouteille n’a fi nalement qu’un défaut :d’être unique. Car nous aurions bien aimé prolonger l’expérience à l’heure du fromage, voire même du dessert. Ce n’est, promis, juré, que partie remise, d’autant que le propriétaire du Domaine de l’Olivette nous l’a confi é dernièrement : son vin sera encore meilleur au cœur de l’été, quand le mourvèdre se sera ouvert davantage.Domaine de l’Olivette Rosé 2009 - Prix conseillé : 12,70 euros
Retrouvez les coordonnées du domaine page 66.
CHÂTEAU DU ROUËT - 83490 LE MUY FRANCETEL : 0033(0)4.94.99.21.10 - FAX : 0033(0)4.94.99.20.42 - E-MAIL : [email protected]
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Récolte 2009, un grand rosé de Terroir
Dégustation, vente et expédition.
La cave est ouverte tous les jours de 8H30 à 12H et de 14H à 18H (été 19H)
sauf le dimanche matin et le matin des jours fériés.
Accueil des groupes sur rendez-vous.
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Retrouvez les coordonnées de l’ensemble des domaines page 66.
5venus de bandoLgrands bLancs
LA CAVE
a bandol, on fait essentiellement du rosé. a bandol, on est
connu pour la qualité de ses rouges. mais nous, à bandol,
ce sont des blancs que nous sommes allés chercher.
et agrumes. Effl uves que l’on retrouve en bouche, assortis de jolies nuances exotiques et mentholées. Un vin à la fois élégant, souple et fruité. Excellent à l’apéritif, il le sera tout autant sur un gratin de poisson, des fruits de mer ou une volaille rôtie.
3 La LaidièreConsidéré depuis toujours comme un des meilleurs blancs de l’appellation. Le 2009 que signe Freddy Estienne ne déroge pas à la règle. Un vin dominé par la clairette de Bellegarde, associée à l’ugni blanc. A la fois fl oral et minéral, ce cru aux arômes fi ns et complexes (fruits exotiques, épices et agrumes) présente une ampleur, une fraîcheur et une persistance sans
1 domaine La suffrèneDéjà crédité l’an dernier de trois étoiles au Guide Hachette, Cédric Gravier vient de décrocher l’or avec son 2009 au récent Salon de l’Agriculture de Paris. Un blanc né de macération pelliculaire, intégrant 60 % de clairette et 40 % d’ugni blanc. Sa complexité aromatique est époustoufl ante : pamplemousse, citron et kumbawa; mais aussi notes fl orales et fruits blancs. En bouche, volume, gras et longueur, le tiercé gagnant.
2 domaine de frégateEgalement médaillée d’or au Concours général agricole, cette cuvée de pressurage direct, issue de quatre cépages, offre un premier nez très fl eurs blanches
égales. A déguster à l’apéritif, sur un poisson grillé, des crustacés ou avec un petit chèvre fermier. 4 domaine de terrebruneConstitué de cinq cépages (dont moitié de clairette), issu du terroir argilo-calcaire rocailleux du Trias, face à la mer, ce vin d’une rare complexité, au nez fl oral et exotique, s’ouvre sur une bouche à la fois ronde, fraîche et soyeuse. Sa belle minéralité et sa structure autorisent une dégustation sur des mets assez marqués : poissons en sauce, coquillages, noix de Saint-Jacques et fromages. 5 domaine du pey neufClairette, ugni blanc et sauvignon blanc composent ce vin né de faibles rendements, obtenu après une légère macération pelliculaire. Un nez explosif
autour de notes miellées et d’arômes de fruits blancs. En bouche : onctuosité, souplesse
et équilibre. Beaucoup de volume également pour
cette cuvée à savourer sur un poisson en croûte de sel, des fruits de mer ou même sur une viande blanche à la crème.
premier nez très fl eurs blanches fraîcheur et une persistance sans
après une légère macération pelliculaire. Un nez explosif
autour de notes miellées et d’arômes de fruits blancs. En bouche : onctuosité, souplesse
et équilibre. Beaucoup de volume également pour
cette cuvée à savourer sur un poisson en croûte de sel, des fruits de mer ou même sur une viande blanche à la crème.
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10 Vins & pRoVence(s) / mai 2010
LA CAVE
1 La roquière Le Laoucien rosé 2009Réussite insolente à Paris des deux rosés présentés par la Cave Roquière : 2 médailles d’or ! Le Laoucien, cuvée haut de gamme, intègre quatre cépages, d’où sa fi nesse et sa complexité aromatique (fruits rouges, notes amyliques et agrumes). Un vin de repas. Si la cuvée classique offre un peu moins de gras, elle sera parfaite à l’apéritif. 2 domaine du Loou rosée de printemps 2009Cette cuvée porte bien son nom. Un vin de plaisir, tout en fraîcheur, au nez explosif. La bouche est portée par d’intenses effl uves de baies rouges, de bonbons acidulés et en fi nale, de subtiles notes épicées. Cinsault et grenache composent ce vin, qui a subi une courte macération pelliculaire avant sa saignée en cuve. A boire sur une brochette de gambas, un loup grillé, des plats thaï et à l’apéritif.
LA CAVE
qui valent de l’orcoteaux varois
Le concours
général agricole
de paris a une
nouvelle fois
distingué les
vignerons varois.
nos coups
de cœur…
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3 domaine de merlançon cuvée elise rosé 2009Superbe rosé de pressurage direct, friand, vif et charnu, aux corpulents arômes de bonbon anglais, violette et groseille. Majoritaire, la syrah lui confère élégance, matière et fruité. Dominique Noël a réussi un joli vin de gastronomie, à savourer sur les cuisines orientale, asiatique et ... provençale.
4 château Lafoux cuvée auguste rouge 2008L’assemblage de syrah et de cabernet, c’est l’union sacrée entre la richesse tannique et la charpente, le fruité et la puissance. Exemple typique avec ce beau rouge élevé un an en fût de chêne français. Ses tanins, encore serrés, laissent poindre de subtils arômes de cassis, griotte et réglisse. A attendre un peu pour qu’il exprime tout son potentiel.
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Retrouvez les coordonnées de l’ensemble des domaines page 66.
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5 La bastide des oliviers cuvée mathieu rouge 2007Patrick Mourlan signe un vin de bien belle facture, issu du mariage syrah-grenache, cultivés en bio. Erafl age, foulage, ni fi ltration ni collage, cuvaison longue et élevage en barrique, ce rouge est conçu selon la tradition. En bouche, des tanins soyeux, du velouté ; beaucoup de densité et de complexité. A déguster dès maintenant sur des viandes en sauce, un gibier à plumes ou un dessert cacaoté. 6 château La Lieue tradition blanc 2009Dominé par le rolle, ce blanc sublime conjugue tendreté, ampleur, fraîcheur et diversité aromatique (fruits exotiques confi ts, pêche blanche et gelée de coing). Sans nul doute, un grand vin de gastronomie, complice rêvé d’un homard Thermidor, de coquillages bien sûr et de poissons à la plancha.
12 Vins & pRoVence(s) / mai 2010
depuis Le miLieu du xxème siècLe, Le domaine de La famiLLe tempier participe grandement au renom des vins de bandoL.
Le trésor des tempier
PORTRAITPORTRAIT
PAR LAURE LAMBERT
Elle devait être contente Léonie, en ce jour de 1885
où elle obtint sa première médaille d’or pour son vin.
Une consécration qui récompensait des années d’ef-
forts, des années à ranimer un domaine qui, comme
tout le vignoble de France, avait subi de plein fouet
l’attaque mortelle du phylloxera. Elle n’avait pas
baissé les bras, la dame Tempier, comme d’autres.
Non, au contraire, elle avait mis les bouchées doubles
pour sauver ce vignoble né sous le règne de Louis XV.
Elle avait alors utilisé des porte-greffes de plants
américains qui, eux, résistaient au maudit insecte et,
dans la foulée, construit une cave pour ses foudres et
ses cuves en ciment. Un labeur et des ambitions qui
trouvaient enfi n récompense.
Après l’âge d’or, celui du doute. La crise de 1929 met
à mal la viticulture. Le domaine Tempier n’échappe pas
à la morosité et doit arracher une bonne partie de ses
38 hectares de vignes pour planter des pommiers et
des pêchers. Ces fruits-là se vendent mieux ! Pourtant,
Lucie Tempier et son mari Lucien Peyraud, alors jeunes
mariés, ne veulent pas se résigner. En quelques années,
ils plantent de nouveaux cépages, plus nobles : mour-
vèdre, cinsault et grenache. Leurs vins s’en ressentent ;
ils se fonts chaleureux, francs et puissants, fl eurant
bon le mourvèdre, ce cépage caractériel mais ô com-
bien épanoui sous le climat bandolais.
L’art de la nuanceTempier relève alors la tête. Jean-Marie et François,
les enfants de Lucie et Lucien, vont défi nitivement
l’installer parmi les fl eurons de l’AOC Bandol. Ils sont
les premiers à ressentir l’infl uence du terroir, déce-
lant dans différentes parcelles des caractéristiques
très marquées. Ils créent ainsi leurs première cuvée :
”la Tourtine“, racée avec sa robe rubis éclatante, “la
Migoua“, sauvage et fraîche, et, quelque temps plus
tard, “Cabassaou“, un vin de très grande garde qui
développe des notes de violette, de cuir et de fruits
noirs. Des crus exceptionnels, aptes, pour les meilleurs
millésimes, à des veillissements de 30 à 40 ans !
En 2000, à l’heure de la retraite des frères Peyraud,
la famille tout entière refusant de vendre, elle confi e
la direction du domaine à Daniel Ravier. Passé par Ott
et Souviou, cet ingénieur agronome se dit « converti
à vie au Bandol ! » D’entrée, il s’inscrit dans la conti-
nuité : « Mon souci principal, c’est de maintenir le
niveau d’excellence du domaine, pour aujourd’hui,
mais aussi pour les générations à venir ».
Pour ce faire, Daniel Ravier privilégie la qualité, les
faibles rendements (900 hl par an en moyenne), et
avoue s’inspirer des préceptes de la biodynamie :
quelques doses homéopathiques d’huiles essentiel-
les, des traitements à base de soufre et de cuivre,
et quelques coups d’œil au calendrier lunaire pour
les semis. « L’important, c’est de tendre vers cette
philosophie de respect de la vigne afi n qu’elle donne
le meilleur vin possible, sans toutefois aller jusqu’au
boutisme ».
Une sagesse qu’il éloigne des modes. Il fait ainsi du
bio non pas par opportunisme commercial, mais par
conviction, par tradition aussi puisque l’on pratique
ainsi, à Tempier, depuis des lustres. De même, loin de
céder à la vague rose sur laquelle surfent aujourd’hui
nombre de ses voisins, il continue de privilégier la
couleur qui a fait la réputation des vins de Bandol
en général, des siens en particulier : près de deux
bouteilles de Tempier sur trois contiennent du rouge.
Du grand rouge !
Domaine Tempier1802, chemin des Fanges
Le Plan du Castellet
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13Vins & pRoVence(s)
«L’important,
c’est Le respect
de La vigne afin
qu’eLLe donne
Le meiLLeur vin
possibLe.»Daniel RavieR
DiRecteuR généRal Du Domaine tempieR
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14 Vins & pRoVence(s) / mai 2010
Joseph Sergi, alias “Gio” n’est pas fi ls de propriétaire viticole. Comme il le dit avec un sourire,
il est tombé dans la cuve sur le tard mais il n’en est plus sorti. Il y a dix sept ans, il rachète, avec
son beau-père, le Clos Saint Vincent, un domaine de 1,8 hectare, sur les collines de Bellet, la
petite applellation niçoise. Il n’a alors, pour tout bagage, que son amour des vignes et du vin.
Insuffi sant ! La terre est en effet exigeante et l’à peu près n’a pas cours ici. Aussi va-t-il suivre
des cours d’œnologie le soir tout en travaillant le jour. Et ça lui réussit.
Très vite, son domaine prospère, avec notamment le rachat de la parcelle de la Tour, en 1997.
Suivi, en 2006 de 2 hectares supplémentaires gagnés sur la pinède qui porte le domaine à
six hectares tout rond. Le tout cultivé dans un esprit très nature. « Nous nous sommes orien-
tés, dès le début, vers une culture biologique, dans le respect de l’environnement. » Une
conscience écologique qui passe aussi, chez le Niçois, par la biodynamie. Inventée par l’Autri-
chien Rudolph Steiner, cette approche originale de la viticulture a pour but de redonner du
tonus au sol. « On utilise, par exemple, des tisanes d’ortie ou de prêle. On enrichit la terre avec
des doses homéopathiques de compost de bouse de vache, un apport organique qui stimule
la vie microbienne. On aère régulièrement la terre. On travaille en suivant les phases lunaires
pour profi ter de leurs infl uences. Vous savez, la biodynamie, on y croit ou non. Moi, j’y suis
venu sous le conseil d’un ami vigneron dans la vallée du Rhône. Quatre ans plus tard, je m’en
réjouis, mes vins, plus minéraux que jamais, exprimant parfaitement leur terroir. »
un terroir exceptionnelAu fi l des années, il n’y a pas que le domaine qui a grandi ; sa renommée aussi. Joseph a
notemment conquis quelques belles tables de la région. Il faut bien l’avouer : ce succès,
Gio Sergi et les siens (Julien, son fi ls, a déjà la passion et se prépare à reprendre un jour les
vignes familiales) ne le doivent pas seulement à leur travail et à leur talent. Le terroir y est
aussi pour beaucoup. Il y a le sol, fait de galets roulés et de poudingue, un sable très clair. Et
puis, il y a les cieux : « Nous bénéfi cions, sur ces collines, d’un micro climat avec, notamment,
la brise marine qui remonte sur nos vignes en fi n de journée. La maturation est lente. On
vendange vers la fi n septembre. Ce qui nous permet de produire des vins blancs et rosés avec
de la fraîcheur. » Enfi n, il y a les cépages autochtones : le rolle pour les blancs, le braquet
pour les rosés, et la folle noire pour le rouge. Une capricieuse comme son nom l’indique !
Tout cela donne de braux vins… Le Clos Blanc, 100 % Rolle, élevé en barriques, pendant
environ un an. Le Clos Rosé, 100 % Braquet : « 2009 est superbe », assure Joseph. Le
Clos Rouge, du Folle Noire pour l’essentiel, une pointe de grenache, élevé dix-huit mois en
fût de chêne français. Et la perle du domaine : Vino di Gio, tête de cuvée en rouge et en
blanc, une rareté (800 bouteilles au plus par an), aussi surprenant que complexe dans les
deux couleurs.
PORTRAIT
Le vin de gio
PAR CéCILE OLIVERO
autodidacte et passionné, Le niçois Joseph sergi fait chanter Juste Le terroir de beLLet.
Clos Saint-VincentChemin Collet des
Fourniers
Saint-Roman de Bellet
Tél: 04 92 15 12 69
www.clos-st-vincent.fr
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«Le vin est ma
passion. mon but,
c’est votre pLaisir.»Joseph seRgi
clos saint-vincent
16 Vins & pRoVence(s) / mai 2010
17Vins & pRoVence(s)
Aix-en-Provence, ville d’eau et de… vin ! Les Romains connaissaient
les bienfaits de la première ; ils n’en négligeaient pas moins le plaisir
du second. Dès leur arrivée dans la région, quatre siècles après celle
des Phocéens, ils ont donc cultivé la vigne tout autour d’Aquae
Sextiae. Le Pays aixois est ainsi le berceau du vignoble français. Une
doyenneté qui n’a pas suffi à l’imposer parmi les terroirs hexagonaux
qui font référence.
Mais est-ce bien là l’essentiel ? Non. L’important, c’est que 2600 ans
après l’installation de la garnison romaine de Gaius Sextius Calvinus,
le vignoble aixois est toujours vert. Dans une région qui brille moins
par son agriculture que par la flambée de son foncier, cette pérénité
est belle et rassurante. D’autant que les vignerons de la région ne
se contentent pas de faire du vin. Ils en font du bon. Et ils le font
de mieux en mieux, profitant avec talent des belles nuances que
permettent les terres d’ici.
Ainsi n’y a-t-il pas un vin aixois mais des vins aixois. Aux portes de la
ville se rejoignent en effet trois appelations différentes. L’AOC Côtes de
Provence prend sa source ici, avant de couler à flot dans le Var. Et parce
que les côteaux et plaines de Trets et des alentours donnent des vins
à la typicité bien affirmée, les vignerons du cru ont imaginé et obtenu
une dénomination régionale : on parle dès lors de Côtes de Provence -
Sainte-Victoire. Non loin de là, voisinant aussi avec la montagne chère à
Cézanne, l‘AOC Palette est l’une des plus petites appelations de France.
Et, grâce au prestige de Château Simone, l’une des plus prestigieuses.
Un renom qui s’affirme encore davantage avec l’émergence d’un tout
jeune domaine : le Château Henri Bonnaud. Enfin, à l’ouest du pays
aixois, il y a les Coteaux d’Aix-en-Provence. Ils descendent jusqu’à
la mer, montent jusqu’à la Durance. Ils furent longtemps les parents
pauvres du vignoble provençal. Une nouvelle génération de vignerons
est en train de les ramener sur les devants de la scène.
aix est L’eden rêvé par aLphonse aLLais : une viLLe à La campagne, cernée par Les vignes.
aix, au cœur de toutes Les provence
EN COUVERTURE
18 Vins & pRoVence(s)
19Vins & pRoVence(s)
©C
IVP/
F. M
illo
Dans un récent numéro, nous évoquions les huit années
qui furent nécessaires aux vignerons londais pour
obtenir la dénomination La Londe. Un délai assez court,
comparé aux deux décennies que durent attendre leurs
homologues de Sainte-Victoire, qui furent les premiers
à s’atteler à ce chantier titanesque de reconnaissance
de leur terroir. Un véritable chemin de croix même, qui
commence au milieu des années 80, autour d’une table
et de quelques jolies bouteilles. Guy Négrel et Pierre
Joly, figures locales, dégustent alors leurs derniers crus
quand soudain, au fil des verres, l’idée vient : « On doit
se fédérer, faire reconnaître la typicité de nos vins, cet
air de famille propre à notre terroir. »
D’autres viticulteurs vont rallier leur cause : Nicolas
Gruey, Pierre Mallet, Frédéric Chossenot et Jean-Pierre
Sumeire. Ils sont, sans nul doute, les pères fondateurs
de la future association des vignerons de la Sainte-
Victoire, née en 1992, et qui regroupe aujourd’hui
vingt-six caves réparties sur neuf communes, à cheval
sur le Var et les Bouches-du-Rhône. « L’aventure a peut-
être même commencé bien avant, pense Nicolas Gruey,
car jadis avait été créé un concours des vins locaux,
organisé par Pierre Theydier et Fred Chossenot, alors
régisseurs de Grand Boise et Ferry Lacombe. Chacun
amenait ses cuvées et dégustait celle des autres. Une
façon aussi de mieux nous connaître. »
un dossier épineuxL’association créée, il fallait initier concrètement
la démarche. Jusqu’en 2000, interrogations et
La sainte-victoire a inspiré cézanne et… Les vignerons qui travaiLLent au pied de ce céLèbre massif bLeuté. iLs ont vu en eLLe Le symboLe de Leur différence Jusqu’à baptiser de son nom La première dénomination régionaLe de provence.
PAR JAMES HUETPHOTOS : CIVP / F. MILLO
tâtonnements hantent les esprits. Comment, par
exemple, délimiter l’aire d’appellation (2500 ha sur
les 3500 qu’exploitent les domaines de l’association,
sont aujourd’hui classés en Sainte-Victoire) ? L’année
suivante, l’association mandate donc Jean-Jacques
Balikian, ingénieur agronome de renom. Sa mission :
constituer et rédiger le dossier, pour le moins
complexe, de demande de hiérarchisation. Et ce, en
collaboration étroite avec l’antenne hyéroise de l’INAO
et le syndicat des Côtes de Provence. « Ce dossier,
précise t-il, devait démontrer la spécificité et la typicité
de notre production, prouver l’existence d’un micro-
climat, la rareté pédologique du terroir et bien sûr,
l’union effective des vignerons autour du même projet.
Sans oublier la rédaction d’une proposition de décret
fixant des conditions de production plus restrictives,
valorisant la nature de notre terroir. »
2003, année charnièreL’INAO ne pouvant identifier qu’un produit déjà
existant, les vignerons vont sélectionner leurs parcelles
les plus représentatives et vinifier des cuvées respectant
les règles du décret suggéré. En un mot : élaborer des
échantillons mettant en lumière le particularisme de
leurs crus. En 2003, une commission d’enquête de
l’INAO investit le vignoble, déguste à l’aveugle rouges
et rosés et identifie à l’unanimité la typicité Sainte-
Victoire. Et les blancs ? Du fait de leur confidentialité,
ils n’ont pas encore obtenu leur classement, bien que
la demande ait été déposée.
EN COUVERTURE
un monde à partsainte-victoire
20 Vins & pRoVence(s)
21Vins & pRoVence(s)
Février 2005, le décret est enfin promulgué avec effet
rétroactif au millésime 2004. Garde-fou judicieux,
ajouté au texte : la possibilité de « déclasser »
certains crus en cours d’année. « Parlons plutôt
de solution de repli, précise Olivier Sumeire, actuel
président des vignerons de la Sainte-Victoire, dans
un souci de qualité, tout vin jugé non conforme
au niveau Sainte-Victoire sera automatiquement
“replié” en Aoc Côtes de Provence. » Même
chose en cas de surproduction ou de mévente.
« L’assurance pour le consommateur qu’aucun vin
estampillé Sainte-Victoire ne sera jamais bradé ! »
des crus de caractèreMême si le chemin fut long, la demande de hiérar-
chisation ne pouvait échouer tant ce terroir est
unique. Protégé de toute influence maritime par
la Sainte-Victoire et le mont Aurélien, il jouit à la
fois d’un ensoleillement privilégié, d’une faible
pluviométrie et de fortes variations de température
(nuits fraîches très bénéfiques). Sans occulter le
rôle salutaire du mistral, qui assainit le vignoble
constitué de sols pauvres, propices à la naissance
de grands crus.
Pour faire écho à cette nature généreuse, les
vignerons se sont imposés des régles de produc-
tion drastiques : sélection des meilleures parcelles,
encépagement mieux adapté, rendements volon-
tairement réduits (50 hl/ha maximum) et élevage
obligatoire pour les rouges comme les rosés. Les
vins sont d’assemblage, surtout issus du trio syrah-
grenache-cinsault, cépages vinifiés séparément. Les
rouges, aptes au vieillissement, sont équilibrés et
harmonieux, délivrant des effluves de fruits rouges
et d’épices. Les rosés, vifs et élégants, présentent
une fraîcheur et une richesse aromatique incompa-
rables. Bien nés, les crus de Sainte-Victoire sont des
vins de gastronomie, très haut de gamme, dont la
finesse, la structure et la complexité méritaient bien
une dénomination propre.
«aucun vin estampiLLé sainte-victoire ne sera Jamais bradé !»olivieR sumeiRe
pRésiDent Des vigneRons De la sainte-victoiRe
sont rentrés au bercail : le Mas de Cadenet, à Trets, joli
vignoble aux pieds de la Sainte-Victoire.
Diplômé du Ceram, l’école de commerce de Sophia
Antipolis, Mathieu a rejoint Cadenet en 2004 et
s’occupe depuis de la production et, avec sa sœur, de
la commercialisation. Maud, titulaire d’un master en
bon sang ne saurait mentir. L’aphorisme, un peu écuLé, sied pourtant à merveiLLe à La famiLLe négreL qui, depuis 1813, compte parmi Les grandes dynasties vigneronnes de provence.
mas de cadenet,La septième générationPAR JAMES HUET
Perpétuer la tradition, transmettre aux siens le savoir-
faire familial, c’est bien là la hantise de tout viticulteur,
jamais assuré de voir sa progéniture reprendre un jour
le flambeau. A 64 ans, même s’il est toujours très
présent en cave ou dans ses vignes, Guy Négrel, lui,
peut envisager sereinement l’avenir. Ses deux enfants
EN COUVERTURE
Matthieu, Guy et Maud Négrel
22 Vins & pRoVence(s)
23Vins & pRoVence(s)
ingénierie fi nancière, a travaillé cinq ans à Paris dans
un cabinet d’audit international, avant de rallier en
2007 le mas familial, dont elle assume notamment
la gestion administrative.
des vins de passionExploité en culture raisonnée, le domaine Négrel
s’étend sur 45 hectares, d’un seul tenant, orientés
plein sud, à 250 mètres d’altitude. 40 hectares sont
classés en Aoc Côtes de Provence Sainte-Victoire,
le reste en Côtes de Provence « générique ». La
moitié de la production est vinifi ée en rosé, 40 %
en rouge et 10 % en blanc.
Les vins sont issus d’assez faibles rendements
(45 hl/ha) et de vignes d’un âge moyen de 35
ans. Certains ceps accusent même le double et
permettent d’élaborer le haut de gamme de la
propriété : des cuvées rouge et rosé au potentiel
de garde impressionnant. A l’image du Mas Négrel
Cadenet rosé, le premier de l’appellation à être
élevé en fûts de chêne (8 mois). C’était en 1986
et son succès ne s’est jamais démenti depuis.
Egalement vinifi és dans les trois couleurs, les crus
estampillés Mas de Cadenet Sainte-Victoire, qui
Mas de CadenetcD 57TretsTél. 04.42.29.21.59. www.masdecadenet.fr
représentent les principales cuvées du domaine,
et l’Arbaude, crus issus d’une parcelle classée en
Côtes de Provence. A découvrir enfi n, l’authentique
vin cuit provençal et, surtout, la grande nouveauté
du Mas : les effervescents blanc et rosé, baptisés
Instant Eternel. Deux nouveaux-nés qui prouvent,
si besoin est, que Guy n’a rien perdu de son envie
pour la vigne et le vin.
Et pourtant, que la route fut longue, que de chemin
parcourrue depuis 1974, l’année où notre homme
élaborait son tout premier millésime. Il fi t beaucoup
pour la renommée de ses vins ; il fi t autant pour celle
de ses voisins, œuvrant à la défense de l’identité
provençale, en assurant avec brio la présidence du
comité des Côtes de Provence et en participant
activement à la création de dénomination régionale
Sainte-Victoire. Voilà pour le passé ; et l’avenir ?
Rassuré sur le devenir du domaine, Guy Négrel
est un père et un ...grand-père heureux. Car la 8e
génération est déjà là. Margot et Thomas, les enfants
de Maud, 3 et 6 ans, encore un peu jeunes certes,
incarnent peut-être l’avenir. « Thomas adore le raisin,
relève son grand-père. Surtout les vendanges qui le
fascinent depuis tout petit. Un bon début, non ?»
Saint-Etienne-de-Tinée
MARSEILLE
Aix-en-Provence
HAUTES-ALPES
ALPES-DE-HAUTE-PROVENCE
ALPES-MARITIMES
VAR
BOUCHESDU-RHÔNE
VAUCLUSE
Aix-en-ProvenceTrets
Sur la commune de Meyreuil, à quelques lieues d’Aix
en Provence, se cache le Château Simone, endroit béni
des dieux. A l’abri des vents et des fortes chaleurs,
ses dix-sept hectares de vignes forment un cirque, qui
côtoie les versants boisés des collines du Montaiguet.
Au loin, la Sainte-Victoire dessine l’horizon. Une fois
les grilles de la propriété franchies, on entre dans
une autre dimension. En un site d’exception,
où le temps semble s’être arrêté. Un kilomètre
vous sépare encore de la vénérable demeure.
A peine arrivé, la famille Rougier vous accueille
avec chaleur. René, le maître des lieux, son fils
Jean-François et son épouse Florence savent
recevoir et faire partager leur attachement
pour cet endroit que, déjà, six générations de
Rougier ont passionnément aimé.
tradition et modernitéTradition — un vocable souvent galvaudé, voire
suranné — revêt chez les Rougier un triple
sens : respect d’un savoir ancien, expérience
et héritage. Nul obscurantisme pour autant,
tradition n’excluant en rien modernité. C’est
pourquoi le château a su se doter d’équipements
nouveaux, nécessaires à son développement.
Une cave de stockage de bouteilles, très
fonctionnelle, reliée à la cave ancestrale, a
été bâtie il y a quatre ans. Une seconde est
fief de La famiLLe rougier depuis 1850, Le céLébrissime château compte parmi Les trois ou quatre propriétés qui ont donné à La provence vinicoLe ses Lettres de nobLesse. visite guidée…
palette : iL était une fois château simone
PAR JAMES HUET
en projet. « La tradition, précise René Rougier, c’est
perpétuer le savoir-faire acquis au fil des générations,
le transmettre, mais également préparer l’avenir et
de ce fait, savoir vivre avec son temps et accepter
le progrès. » Une entorse cependant à cette envie
d’évoluer : l’habillage demeure inchangé depuis
l’origine. Simone restera toujours Simone.
un site uniqueAux côtés de René Rougier, la visite des lieux est
un bonheur. Première étape : le parc et bien sûr le
vignoble, que l’on contemple depuis le superbe
perron édifié par Cantini, le père de la fontaine
Castellane à Marseille. Quel spectacle envoûtant que
cet amphithéâtre de vieilles vignes, entouré de forêts.
En bas, coule la rivière de l’Arc, qui traverse le domaine
d’est en ouest. D’où ce microclimat privilégié.
Pénétrer dans les caves voûtées du château est
un autre grand moment. Creusées dans le roc au
16e siècle par les moines Grands Carmes d’Aix,
elles offrent des conditions d’hygrométrie et de
température naturelles, idéales en matière d’élevage
et de vieillissement. Les chais eux-aussi conjuguent
présent et passé avec deux pressoirs verticaux Victor
Coq, datant de 1918 qui, la vendange venue,
assistent dignement leur descendant hydraulique,
ultramoderne. Juste au dessus, trônent un vieux
fouloir et une pompe à piston manuelle qui, eux, ne
EN COUVERTURE
24 Vins & pRoVence(s)
René Rougier et son fils Jean-François
sont là que pour le plaisir de l’œil. Que dire enfi n de ces
deux fabuleux caveaux ; l’un recèlant quatre mille bouteilles de
millésimes anciens, réservés aux dégustations exceptionnelles
et l’autre, un millier de fl acons de collection, de 1921 à nos
jours. La mémoire du château.
château simone, théâtre de grands vins« Je ne suis pas diffi cile, je me contente du meilleur ! » La
phrase est de Sir Winston Churchill, qui confi a un jour que son
vin préféré était celui du Château Simone. Un bel hommage,
parmi tant d’autres encore. Le livre d’or en atteste. Comme
l’armoire aux souvenirs, qui, entre deux bouteilles (millésimes
1939 et 1943), renferme des lettres et mots de personnalités
et des menus princiers que les vins du château ont escortés.
Dans une autre pièce, l’album de famille. Une photo émeut
René, celle de son père, Jean Rougier, « fondateur » de l’AOC
Palette, née en 1948. « Deux ans auparavant, mon père
avait déposé un dossier à l’INAO afi n d’obtenir l’appellation
contrôlée Château Simone, qui était alors l’unique domaine
viticole du secteur. L’institut a reconnu la spécifi cité de notre
terroir, sa typicité propre. Ainsi furent jetées les bases de la
future AOC Palette. »
En ce début de 21e siècle, la relève est assurée. Car si Camille,
23 ans, Madeleine, 21 ans, et Margaux, 19 ans, n’évoluent
certes pas dans l’univers du vin, elles ont toutes trois promis
de revenir un jour au château. Bon sang ne saurait mentir.
Au Château Simone, tous les ingrédients
sont réunis pour créer de grands vins :
richesse géologique (avec un sol d’éboulis
calcaires), diversité d’encépagement,
exposition nord, méthodes culturales
respectant l’équilibre écologique (pas
d’engrais chimiques, ni de désherbants) ;
vendange manuelle, assortie d’un tri
rigoureux et enfi n, ancienneté du vignoble,
riche de plusieurs parcelles centenaires
(dont une de 1891). Sans omettre le
travail de cave, tout aussi soigné.
Issue de vinifi cations traditionnelles, la
production du château (100 000 bouteilles
par an) est assez atypique -comparée à
la région- avec 45 % de blanc, 40 % de
rouge et seulement 15 % de rosé. Le blanc,
dominé par la clairette, fermente en petits
foudres de chêne ; est conservé huit mois,
dans le bois toujours, avant d’être élevé un
an en barriques. Son potentiel de garde
impressionne. A l’instar du rouge, qui se
boira entre six et dix ans, mais s’épanouira
au delà de trois décennies. Assemblage
d’au moins huit à dix cépages, il est unique
par sa structure, sa complexité et ce séjour
sous bois de trois années. Le rosé enfi n,
est tout aussi étonnant avec des jus nés à
la fois de pressurage direct et de saignée.
Conservé en petits foudres et élevé sur lies
fi nes, il peut être attendu quelques années.
Une extraordinaire « palette » de crus.
d'exceptionDes crus
EN COUVERTURE
26 Vins & pRoVence(s)
Château SimoneMeyreuil
Tél. : 04 41 66 92 58
www.chateau-simone.fr
Saint-Etienne-de-Tinée
MARSEILLE
Aix-en-Provence
HAUTES-ALPES
ALPES-DE-HAUTE-PROVENCE
ALPES-MARITIMES
VAR
BOUCHESDU-RHÔNE
VAUCLUSE
MeyreuilMeyreuilMeyreuilMeyreuil
« Je ne suis pas
difficiLe, Je me contente
du meiLLeur. »Winston chuRchill
Il est 18 heures passées, le soleil se couche, sans se
hâter, sur la Sainte-Victoire et il se fait soif. Alors,
Stéphane Spitzglous sort deux ballons et une bouteille
de blanc, un vin de pays sans prétention qu’il garde
pour les amis et les habitués du caveau. Et l’on trinque
et déguste, face aux vignes et à la montagne.
Est-ce la douceur de cette fi n de journée ? Ou bien
le goût partagé des plaisirs simples ? Toujours est-il
que le 100 % rolle du propriétaire du Château Henri
Bonnaud est sacrément gourmand. « Attendez de
goûter le Palette, nous alerte-t-il. 2009 est sans aucun
doute la plus belle chose que j’ai jamais faite en
blanc. » Quand on connaît la qualité des millésimes
antérieurs, la promesse laisse rêveur !
C’est qu’en quelques années d’existence, le Château
Henri Bonnaud s’est hissé parmi les meilleurs domaines
de Provence. Bien sûr, il n’a pas encore l’aura de Château
Simone, son illustre voisin, “inventeur” de l’AOC Palette.
Mais, quand les deux autres domaines de cette micro-
appellation vivent à l’ombre du géant de Meyreuil,
Stéphane Spitzglous, lui, s’est fait une place au soleil,
faisant mentir Robert Parker pour qui, comme il écrit
encore dans son guide 2010, « Palette compte une seule
propriété viticole digne de ce nom ». Mais bon, même
si la campagne aixoise, vue d’Amérique, ça doit paraître
bien loin, gageons que, très bientôt, le mistral portera la
bonne parole de l’autre côté de l’Atlantique !
des méthodes très sélectivesSi ses vins sont beaux, le maître des lieux le doit en
premier lieu à la qualité du terroir avec, notamment,
des sols d’argiles rouges et grises qui retiennent mieux
que d’autres cette eau qui, durant trop d’années, s’est
en quatre ans à peine, Le domaine de stéphane spitzgLous s’est fait un nom. une réputation encore fragiLe, mais méritée.
henri bonnaud L’autre paLettePAR JéRÔME DUMUR
faite rare en Provence. Une belle terre dont il prend
le plus grand soin, la préservant de toute chimie
depuis longtemps. Comme il prend soin de ses vignes
aussi, les allégeant, deux fois l’an, d’une partie de
leurs fruits pour en tirer la quintessence. Justement :
“Quintessence”, c’est le nom de sa tête de cuvée,
faite de raisins issus des hauts de coteaux, vendangés
en surmaturité. « J’en tire 30 à 35 barriques neuves ou
d’un vin. Après 18 mois d’élevage, je ne garde que les
vingt meilleures ! »
Parce que l’essentiel de ses coteaux est exposé sud-
est, Stéphane Spitzglous privilégie les cépages rouges :
du grenache, du mourvèdre ou encore un vieux carignan
qu’il tient de son grand-père, le fameux Henri Bonnaud.
« Je lui dois tout, confesse le vigneron aixois. Dès la
troisième, j’ai voulu travailler à ses côtés. Il a refusé
parce que la Terre l’avait mal nourri tout au long de sa
vie. J’ai tenté à nouveau ma chance après le bac. Il n’a
rien voulu entendre. Finalement, en 1996, ma licence
de sciences-physiques en poche, j’ai fi ni par reprendre
son Domaine du Grand Côté que j’ai aussitôt rebaptisé
de son nom. Au départ, ne sachant rien faire d’autre du
raisin, j’amenais la vendange en coopérative. Et puis un
jour, en 2004, j’ai tenté ma première cuvée personnelle. »
Dans des conditons rocambolesques : il vinifi e dans son
garage avec un pressoir au cliquet affi chant huit bonnes
décennies au compteur et élève ses vins dans des
barriques offertes par des copains ou rachetés pour 50
euros à peine. Pour autant, la magie opère : en 2006, les
premières bouteilles trouvent toutes preneurs. Depuis,
les conditions de travail se sont nettement améliorées.
Et les crus du Château Henri Bonnaud n’en sont que
meilleurs !
Château Henri
Bonnaud
945, Chemin de la
Poudrière
Le Tholonet
Tél : 04 42 66 86 28
Saint-Etienne-de-Tinée
MARSEILLE
Aix-en-Provence
HAUTES-ALPES
ALPES-DE-HAUTE-PROVENCE
ALPES-MARITIMES
VAR
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VAUCLUSE
Le Tholonet
Aix-en-Provence
Le TholonetLe Tholonet
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28 Vins & pRoVence(s)
«2009 est sans aucun
doute La pLus beLLe chose
que J’ai Jamais faite en
bLanc.»stéphane spitzglouschâteau henRi BonnauD
PORTRAIT
Vous savez quoi ? Le Sporting Union Agen vient de
gagner sa place dans le Top 14, l’élite du rugby fran-
çais. La nouvelle n’a sans doute pas transcendé le mi-
crocosme du vignoble provençal. A l’exception d’un
vigneron, un seul qui l’a accueillie avec un rare plaisir :
Mathieu Cosse. Et pour cause ! Non seulement le
directeur général du Château La Coste est natif du
chef-lieu du Lot-et-Garonne, mais, en plus, jusqu’en
2000, il fut l’un des “troisième ligne” du SUA, jouant
ainsi aux côtés des Benetton, Benazzi, Crenca, Rué
ou encore d’un tout jeune ailier : un certain Cédric
Heymans. «C’était le début du professionnalisme,
de cahors à La provence, ce vigneron poursuit La même quête : ceLLe de L’expression du terroir.
coteaux d’aix :mathieu cosse,d’un sud à L’autre
PAR JéRÔME DUMURChâteau La Coste
Le Puy-Ste-Réparade
Tél : 04 42 61 89 98
EN COUVERTURE
Saint-Etienne-de-Tinée
MARSEILLE
Aix-en-Provence
HAUTES-ALPES
ALPES-DE-HAUTE-PROVENCE
ALPES-MARITIMES
VAR
BOUCHESDU-RHÔNE
VAUCLUSE
Le PuySainte Reparade
30 Vins & pRoVence(s)
31Vins & pRoVence(s)
PAO Olivette.indd 1 17/05/10 14:35:25
raconte-t-il. Le haut-niveau s’était fait plus exigeant que
jamais. Il fallait se consacrer exclusivement à son sport. Et
moi, j’avais alors une autre passion, aussi prenante que
celle du ballon ovale.»
Cet autre amour, on s’en doute, c’était le vin. « Depuis mon
plus jeune âge », confesse-t-il. Il aime le goûter ; il aime
surtout le faire. Alors, en 1999, il s’associe avec Catherine
Maisonneuve, une amie, pour travailler six petits hectares
sur l’appellation Cahors. C’est ainsi que le domaine Cosse-
Maisonneuve voit le jour. Pour lui, Mathieu finit par lâ-
cher définitivement le pack agenais. Bien lui en a pris :
Les Laquets, sa cuvée reine, fait aujourd’hui référence au
pays du vin noir. « Il n’y a pas de secret, explique-t-il. Pour
faire du bon vin, il faut un sol vivant, un raisin sain et une
vinification précise, mais fidèle au terroir, pour que celui-ci
exprime tout son naturel. Le vigneron ne doit ainsi jamais
intervenir, seulement interprêter. »
Les premiers fruits…C’est sans doute cette philosophie, étayée par une jolie
réussite commerciale, qui a sans doute décidé de l’arrivée
de l’Agenais à la tête du Château La Coste, 123 hectares
situés au Puy-Sainte-Réparade, sur l’appellation Coteaux
d’Aix-en-Provence.
Depuis son arrivée, en juin 2006, Mathieu joue les
conducteurs de travaux. Il a ainsi supervisé la construction
des deux bâtiments de vinification, une paire de demi-
cylindres de verre et d’acier imaginé par Jean Nouvel, la star
de l’architecture. A l’intérieur, une chaîne de fabrication
complète qui couvre jusqu’à l’embouteillage, et 900 m2
de caves souterraines où travaillent 15.000 hectolitres de
vin. Mais son plus beau chantier, c’est dans les vignes qu’il
l’a mené. « Parce que la qualité du raisin fait celle du vin,
nous avons restucturé 30% du vignoble. Un gros travail
de replantation et de surgreffage pour profiter au mieux
des sols argilo-calcaires. »
Un renouveau de la vigne qu’il accompagne à sa façon :
« On est allé sur le bio et la biodynamie, des rendements
faibles, des vendanges et du tri manuels, une vinification
qui respecte le raisin avec, par exemple, un minimum de
pompage. » C’est ainsi qu’après quatre ans d’effort, il
revendique aujourd’hui ses premières cuvées personnelles :
“Bellugue“, imaginée à partir d’une sélection parcellaire
de grenache avouant plus de cinquante ans d’âge, le
rosé “Premium“ et puis la cuvée “Les Pentes douces“
produites en deux couleurs. Le blanc, fait de vermentino
et de sauvignon, tire le meilleur de sols calcaires en pentes
plein Nord. Le rouge, vieilli dans des barriques de 1 et 2
vins pendant 14 mois, est une franche réussite. Ce n’est
pourtant qu’un début : « En 2010, avec la nouvelle
vendange, on récoltera vraiment les fruits de notre labeur.
On va pouvoir monter encore en gamme ! »
Une ferme en ruine entourée de vignes exploitées par un domaine voisin : voilà à quoi
ressemble le Château Paradis quand Philippe et Juliette Deschamps en font l’acquisition,
en 2003. L’Eden est alors bien vert, mais il fait grise mine ! Pourtant, ce couple de Lillois
nourrit de belles envies pour ces trente hectares de bonne terre, situés au nord de l’aire
Coteaux d’Aix-en-Provence, au Puy-Sainte-Réparade. Aussi, après avoir apporté deux ans
de suite leurs vendanges à une coopérative, les “Chtis” se lancent-ils à la conquête de la
Provence, mettant en bouteille une première cuvée de rouge, millésimée 2004.
Un an plus tard, on hausse le ton avec la naissance de “Terre des Anges“. La recette de
ce premium ? Une sélection parcellaire, une vendange en caissettes et un tri manuel, une
vinifi cation ambitieuse et, surtout, un élevage particulièrement soigné. Pour le blanc,
le grenache blanc passe par des barriques où on le batônne régulièrement. Il y gagne
en rondeur. Le sauvignon, lui, a droit à deux traitements distincts. Un petit quart passe
par des barriques. A l’arrivée, on en tirera une bouche toastée, vanillée. Mais l’essentiel
de ce cépage, travaillé en basse température pour révéler tout son fruité, patiente en
cuve inox, jusqu’à ce que sonne l’heure de l’assemblage : au bout de quatre, six mois.
Et pas question de négliger le moindre détail. On va même jusqu’à jouer avec l’origine
des fûts. « Ils viennent de deux tonnelleries, nous confi e-t-on. Toutes deux utilisent du
chêne français, mais, parce que leurs techniques de fabrication sont différentes, l’une
nous assure du boisé, l’autre du beurré. Ainsi, en jonglant avec leurs fûts, on arrive à
complexifi er encore un peu plus nos vins.»
On prend tout autant d’égards pour le rouge, fait de syrah (50 %), de grenache (35 %)
et de cabernet sauvignon (15 %). Cette fois, c’est la règle des 50-50 qui prime. 50 %
des vins attendent en cuve de béton brut. « Des cuves “non revêtue”, précise-t-on.
L’intérieur est vierge de peinture expoxy. C’est plus diffi cle à nettoyer, mais cela favorise
les échanges gazeux entre l’extérieur et l’intérieur, le béton étant naturellement micro-
poreux. On gagne ainsi en délicatesse, en fondu. » L’autre moitié travaille dans des fûts
de chêne (à 50 % neuves !). 12 à 18 mois de ce régime et l’on assemble. A la clé, une
cuvée exemplaire, subtile, sur des arômes très concentrés, joliment boisés, de fruits noirs,
avec une pointe de poivre en fi nale.
Un vrai bonheur que ce vin-là. Un bonheur que la maison n’a de cesse de partager,
multipliant les événements autour de ses vins et de ses vignes : Marché de Noël, Petit
coin de Paradis (un vernissage-dégustation), Pâques en vigne (une chasse aux œufs pour
les enfants) ou encore Musique en vigne, trois soirées musicales, au son jazz et pop, qui,
programmées les 21, 22 et 23 juillet, rencontrent un succès grandissant. Ainsi, le Château
Paradis n’a-t-il pas seulement développé un vrai savoir-faire ; il sait aussi le faire savoir !
PORTRAIT
on ira tousau paradis PAR JOSSELIN TOUSSAINT-PIERRE
Le château paradis séduit de pLus en pLus. grâce à ses vins. grâce à ses fêtes.
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Château Paradis
Quartier Paradis
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Aix-en-Provence
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ALPES-DE-HAUTE-PROVENCE
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VAUCLUSE
Le PuySainte Reparade
32 Vins & pRoVence(s)
33Vins & pRoVence(s)
«terre des
anges : une
séLection
parceLLaire, une
vendange et
un tri manueLs,
une vinification
ambitieuse et,
surtout, un
éLevage soigné.»
34 Vins & pRoVence(s) / mai 2010
VISITE
Tapi au coeur d’un vallon boisé, à 280 mètres
d’altitude, Miraval, vaste eden viticole et forestier,
s’étire sur 650 hectares dont 30 de vignes. Une
fois le portail franchi, on accède au domaine par
une unique et étroite voie. Mais attention : on est
désormais ici en zone réservée. Impossible donc
de visiter l’endroit, désormais privé sans y être
expressément invité.
A droite en entrant, un petit vignoble enclavé
aiguise notre curiosité. Une parcelle d’un seul
tenant, entourée d’arbres et plantée de syrah,
cépage ossature des rouges Natouchka et
Château Miraval. Deux kilomètres plus loin, le
spectacle est époustoufl ant. D’un côté, un lac
naturel alimenté par la source du domaine et
juste en face, d’immenses restanques de pierres
sèches, édifi ées au 19ème siècle par les forçats
du bagne de Toulon. Récemment restaurées, elles
sont peuplées de quelques deux mille oliviers.
Une huile extra vierge, encore confi dentielle, y est
élaborée depuis peu. Mais bon, doit-on le dire : on
n’est pas venu pour cela, mais pour la production
vinicole de ce vignoble à cheval sur Châteauvert et
Correns, premier village bio de France. Des Côtes
de Provence et Coteaux Varois en Provence que
l’on sait depuis longtemps de haut vol !
l’âme de miravalDerrière un vin, si grand soit-il, il y a certes un
terroir mais aussi et surtout des hommes. A
Miraval, c’est Emmanuel Gaujal, directeur général
du domaine. Le site l’a envoûté. Consultant
depuis 1971, co-fondateur du laboratoire conseil
Oenovar, l’homme dirige à Brignoles le Cabinet
d’Agronomie Provençale, qu’il a créé en 1996.
L’entreprise s’est spécialisée dans la création ou la
rénovation de domaines viticoles. Miraval fut ainsi
l’un des premiers « clients ». Depuis, l’oenologue
ne l’a plus quitté.
En 1992, un grand groupe américain achète
Miraval, dont Tom Bove, le PDG, est tombé fou
amoureux. Les nouveaux propriétaires comprennent
vite qu’Emmanuel Gaujal est l’âme de ce site
enchanteur. Sur ses conseils, le groupe engage la
rénovation du vignoble, modernise la cave et initie
la conversion du domaine en culture biologique.
L’ambition : hisser la production de Miraval vers
l’excellence. Objectif aujourd’hui atteint.
Les grands blancs Les trois blancs du domaine, issus de faibles
rendements (30-35 hl/ha), sont exceptionnels et
possèdent un potentiel de garde de 2 à 3 ans. Un
seul est vinifi é en AOC Coteaux Varois en Provence :
Clara Lua, cuvée dominée par le rolle. Un vin
d’une belle intensité aromatique (fl eurs blanches,
agrumes, fruits secs), à la fi nale un peu acidulée,
parfait sur un poisson grillé au fenouil. Issu du
même cépage, le Côte de Provence Terre Blanche
bénéfi cie d’un court vieillissement en barriques,
qui lui confère une complexité alliant fruit, arômes
fl oraux et notes boisées. Son gras et sa rondeur
brad pitt et angeLina JoLie ont fait beaucoup pour La notoriété du château miravaL. mais avant Les stars, iL y avait déJà des vins. de quaLité !
derrière Les portes du château miraval
PAR JAMES HUET
Château Miraval
Le Val
Tél. : 04 94 86 39 33
www.miraval.com
NICE
CANNES
Saint-Etienne-de-Tinée
GRASSE
TOULON
Rians
MARSEILLE
La Ciotat
Aubagne
Roquevaire
Allauch
Marignane
Berre-l'Etang
Salon-de-Provence
Saint-Rémy-de-Provence
Eyguières
Lambesc
Orgon
Tarascon
Châteaurenard
Martigues
Port-Saint-Louis-du-Rhône
Saintes-Maries-de-la-Mer
GardanneTrets
Peyrolles-en-Provence
AIX-EN-PROVENCE
ARLES
ISTRES
Valréas
AVIGNON
Orgon
Orange
Bédarrides
Vaison-la-Romaine
Malaucène
Mormoiron
Pernes-les-Fontaines
Gordes
Bonnieux
Cadenet
Pertuis
Cavaillon
L'Isle-sur-la-Sorgue
Sault
Beaumes-de-Venise
Bollène
CARPENTRAS
APT
DIGNE-LES-BAINS
Entrevaux
Annot
Barrême
Saint-André-les-Alpes
Noyers-sur-Jabron
Sisteron
Volonne
MézelLes Mées
Banon
Reillanne
ManosqueValensole Riez
Moustiers-Sainte-Marie
Peyruis
Saint-Etienne-les-Orgues
Le Lauzet-Ubaye
Seyne
La Javie
Colmars
Turriers
La Motte-du-Caire
BARCELONNETTE
FORCALQUIER
CASTELLANE
GAP
La Grave
Le Monêtier-les-Bains
L'Argentière-la-Bessée
Aiguilles
GuillestreOrcières
Saint-Firmin
Veynes
SerresBarcillonette
Tallard
Orpierre
Ribiers
Laragne-Monteglin
Rosans
Aspres-sur-Buëch
Saint-Bonnet-en-ChampsaurSaint-Etienne-
en-Dévoluy
Embrun
Savines-le-Lac
Chorges
La Bâtie-Neuve
BRIANÇON
HAUTES-ALPES
ALPES-DE-HAUTE-PROVENCE
ALPES-MARITIMES
VAR
BOUCHES-DU-RHÔNE
VAUCLUSE
BRIGNOLES
Le Val
BRIGNOLES
photos © Didier Bouko
36 Vins & pRoVence(s) / mai 2010
feront merveille sur coquillages et crustacés.
Plus confidentielle car très haut de gamme, la
cuvée Lady Jane fut créée en mémoire de l’épouse
de Tom Bove, disparue tragiquement. Né d’une
fermentation en barriques de chêne neuves,
ce pur rolle présente un boisé bien fondu et de
subtiles nuances d’amande et d’abricot confit. Le
vigneron recommande ce vin unique sur un foie
gras chaud, un filet de turbot grillé ou quelques
desserts cacaotés.
Deux rouges sont élaborés à Miraval, tous
deux issus de syrah, additionnée d’un peu de
cabernet, et vieillis en fûts de chêne. La divine
cuvée Natouchka, produite en petite quantité, est
élevée un an dans le bois. Richesse aromatique
(fruits noirs, épices, griotte), puissance et finesse
tannique autorisent toutes les audaces. Pièces de
boeuf, daube de marcassin et autres venaisons
n’ont qu’à bien se tenir face à ce vin sublime.
Seul rosé du domaine, la cuvée Pink Floyd, médaillée
d’or au récent Salon de l’Agriculture de Paris, intègre
de vieux cinsaults associés à un peu de grenache.
Cet élégant rosé de saignée, très parfumé, est
idéal à l’apéritif mais également sur un poisson à
l’huile d’olive ou avec quelques charcuterie fines.
Impossible enfin de ne pas évoquer le délicieux Or
de Miraval, vin liquoreux élaboré selon la méthode
Sauternes.
Du rock au pays du rolleAu XVIIIe siècle, le Château Miraval a été la propriété de l’inventeur du béton : Joseph Lamblot. Il
appartient également, aux XXe siècle, à un grand nom du vignoble provençal : le Comte de Gasquet.
Mais de tous ses mentors, c’est sans doute Jacques Loussier, célèbre pianiste de jazz, qui a le plus
marqué l’endroit. Parce qu’il lui a laissé un joyau, aujourd’hui en sommeil : un studio d’enregistrement
qui accueilli pendant vingt ans, jusqu’à la révolution numérique, les plus grandes stars du rock et de la
pop. Pink Floyd, The Cure, AC/DC, UB 40, The Cranberries, Sting ou encore Sade ont ainsi immortalisé
quelques-uns de leurs succès dans ce bout de la campagne varoise.
d’histoireUn peu
38 Vins & pRoVence(s) / mai 2010
ŒNOTOURISME
PAR JOSSELIN TOUSSAINT PIERRE
Balades Gourmandes en Terroir de Pierrefeuau château La Gordonne pierrefeu du Var
prix :48 € enfant de - de 16 ans : 16 €
Réservation obligatoireinfos. 06.64.71.25.26.www.terroir-pierrefeu.fr
Les 29 et 30 mai, à pierrefeu
La fête fut belle, l’an passé, même si la pluie s’était invitée pour le dessert. Gageons que la seconde édition de la sympathique randonnée organisée par l’Association des Vignerons de Cuers Pierrefeu Puget Ville sera tout aussi réussie. Débordés par le succès populaire de la première (elle avait affi ché complet très tôt), les organisateurs vont doubler la mise : le samedi vient s’ajouter au dimanche pour que tous ceux qui le souhaitent puissent cette fois participer. Au total, il est prévu neuf départs quo-tidiens, un toutes les vingt minutes, de 11h20 à 14h. Mis à part cela, rien ne change et c’est tant mieux !
chemin faisantOn rejoindra donc le joli Château La Gordonne, l’un des 29 membres de l’association, pour une marche en pleine nature. On fl ânera ainsi sur les chemins, s’engagera dans les sous-bois, longera le Réal Martin, s’attardera au sommet d’un coteau pour admirer la vue sur la vallée de Sauvebonne, le Coudon ou le village de Pierrefeu. Une belle occasion d’approcher au plus près les différents cépages qui font l’attrait de notre région : rolle, grenache, cinsault… Et puis, régulièrement, on s’arrêtera sur le bord du sentier pour lire un bon mot ou un proverbe sur le vin, écrit à la main sur un morceau d’ardoise. Outre ces nourritures spirituelles, nos amis vigne-rons ont prévu des agapes bien plus substancielles. Car c’est là toute l’originalité de cette manifesta-tion : la balade est rythmée par cinq arrêts buffets, un pour les amuse bouche, un autre pour l’entrée, un troisième pour le plat principal, un avant-der-nier pour les fromages avant de fi nir par les des-serts que l’on prend dans les jardins du Château, au son d’un orchestre.
randonnée gourmande
L’idée est d’autant plus séduisante que chaque escale est gérée par un chef différent. Guillaume Astesiano, de l’Auberge de la Tulière, ouvrira le bal avec ses mousselines de petits poids aux lardons fumés, ses tartelettes à la mousse de saumon cuites au sel ou encore ses minis choux pâtissiers à la crème de Ricotta et échalotte croquante. Denis Matyasi prendra la relève avec un cappuccino d’écrevisses et crème aux épices. Jean-Pierre Novarro, du Mas du Pourret, assurera le plat chaud : avec un crous-tillant d’agneau, aubergines confi tes et compressé de légumes. Enfi n, Jean-Paul Geuenich mettra une touche fi nale à ce festin avec une assiette dégusta-tion faite d’un biscuit à l’huile d’olive, d’une mousse abricot romarin, d’un abricot rôti au miel de lavande et pignons caramélisés, d’un macaron au dragée, d’une guimauve à la griotte, d’un sorbet pêche de vigne infusé à la lavande et d’une pâte de fruits citron infusée au thym.
Le goût d’un terroirChacune de ces escales donnent à manger et à… boire. Tous les participants démarreront en effet l’aventure armés d’un kit de dégustation. Dans leur petit sac à porter en bandoulière : un verre à vin, un carnet de dégustation (carte du parcours, menu, liste des participants…), un stylo et des couverts. On pourra ainsi goûter (avec modération, cela va de soi) aux meilleurs crus de ce terroir qui, fort d’une longue histoire, travaille actuellement à obtenir sa dénomi-nation régionale. Nos coups de cœur ? Règue des Botes, la grande cuvée du Domaine de Peirecèdes. Les vins bios de la Sauvecanne. L’excellent rouge du Domaine La Tour des Vidaux. Les cuvées Classic et Instant K du Vignoble Kennel, La Chapelle Gordonne du Château La Gordonne, trois beaux rosés médaillés d’or au Concours 2010 des vins de Provence.
BRIGNOLES
HAUTES-ALPES
Hyères
VAR
Hyères
Pierrefeu
six KiLomètres de baLade dans Les vignes, cinq étapes cuLinaires, des dégustations de vins : bienvenue à “baLades gourmandes en terroir de pierrefeu”.
39Vins & pRoVence(s)
«une baLade
entre vignes
et sous-bois,
entre vin et
gastronomie.»
40 Vins & pRoVence(s) / mai 2010
au cœur de la capitale, dans un cellier hors d’âge, le vin nous
raconte sa longue histoire à travers des objets anciens et
des reconstitutions historiques.
a son muséeà paris, Le vin
DéCOUVERTE
PAR BRUNO LANVERN
Il paraît que planter un pied de vigne c’est accro-
cher son cœur à la terre. A vrai dire, c’est surtout
se préparer à un fichu boulot pendant des années.
Car il en faut de la présence, de la patience et fina-
lement de l’inconscience pour imaginer que le fruit
de ce travail éclairera le cristal d’un verre ou fera
miroiter le fond d’un gobelet. Peu importe : parler
du vin c’est glisser une goutte de mémoire dans la
vie de tous les jours.
A Paris, c’est près de l’esplanade du Trocadéro que
le Musée du vin entretient ces souvenirs d’hier et
de demain. La brochure vante une humble volonté
de « témoigner de la richesse et de la diversité du
patrimoine français à travers une exposition d’outils
et d’objets se rapportant aux travaux de la vigne et
du vin ». C’est un peu figé mais réussi.
Installé depuis 1984 dans les carrières d’un monas-
tère du Moyen-Age qui ont servi de celliers depuis
le XVème siècle, le musée a lui aussi une histoire que
raconteraient ses murs s’ils avaient une langue
plutôt que des oreilles. Ainsi les frères du couvent
des Minimes, sis dans le village tout proche de Passy,
produisaient sur les coteaux de la Seine un vin très
apprécié du roi Louis XIII. Etrangeté des situations :
c’est dans ce site dédié au vin que l’on découvrit au
siècle de Louis XIV, amateur, lui, d’Irancy, des sour-
ces thermales dont les vertus de l’eau furent exploi-
tées pendant deux cents ans avant de... s’évaporer.
Pschittt ! Adieu la source. Enfin, dans la décennie
des glorieuses années 1960, ces majestueux celliers
Le Musée du Vin5, square charles DickensparisTél. 01 45 25 63 26www.museeduvinparis.com
ont abrité la précieuse cave du restaurant de la
Tour Eiffel, le Jules Verne. Grands crus, millésimes
prestigieux, étiquettes de bon aloi. Tralala.
Mais le vin n’est pas qu’affaire de mémoire ou de
conservation. Propriétaire du Musée, le Conseil
des Echansons de France affiche haut et fort sa
volonté de défendre et promouvoir les terroirs
viticoles « d’au-jour-d’-hui » ! Ce Conseil est une
confrérie d’amateurs et de fins connaisseurs. Il se
camoufle derrière un vocabulaire sans doute exa-
gérément bachique pour faire oublier la finesse et
l’élégance de sa curiosité qui vise à offrir en France
et à l’étranger la découverte des vins d’appellation
d’origine contrôlée. Noble tâche. Comme celle qui
consiste à présenter une collection riche de 2 000
outils ou mécanismes témoins depuis des siècles de
la culture de la vigne, des procédés de vinification,
mais aussi – mais bien sûr ! – de la dégustation
du vin. Certaines des pièces exposées datent d’un
siècle avant Jésus-Christ. D’autres illustrent l’ingé-
niosité des maîtres de chais au XIXème siècle. Toutes
témoignent de la passion de ceux qui ont, un jour,
choisi le vin. Peut-être faut-il dire les vins. Car s’il
existe une hiérarchie et des classements, le simple
fait qu’un vin exprime un terroir, un ensoleillement
ou la couleur d’un pays efface l’indifférence. C’est
à lui, à ce vin, d’imposer son droit à être bonifié,
travaillé, amélioré, son droit à grandir.
A une lieue du Musée du vin et de la colline de Passy, sur
l’autre rive de la Seine, au flanc d’un coteau d’Issy-les-
Moulineaux, est sans doute né le plus taquin des mots
pour ceux qui s’intéressent à la manière dont on parle du
vin, dans les bistrots comme dans les grandes maisons
ou celles qui prétendent l’être avant de s’efforcer de le
devenir. Dans les années 1880, des ouvriers italiens venus
travailler au pavage des berges de la Seine en aval de
Paris puis aux constructions de l’exposition universelle de
1889, avaient apporté dans leurs havresacs des pieds de
vigne. Rien de formidable parmi les cépages dont l’Italie
sait entretenir le secret, mais quelque chose de rustique
et, surtout, de prolifique en grappes de raisin. Le nom
de cette vigne ? Le « piccolo ». Autrement dit, le petit.
La treille était féconde, le raisin mûrissait. En quelques
étés, les barriques et les bouteilles étaient pleines. Voilà
comment serait né à Paris le verbe « picoler » ; un mot
que les œnologues réprouvent mais que les pratiquants
des vins de soif ont consciencieusement mis à l’honneur
à force de petits verres de picrate léger qui fleure le
grenache ou le cabernet coquin.
Le Musée du Vin ne parle pas de cette brève de comptoir.
Dommage car, depuis des siècles, il y a dans le vin que
boit Paris toutes les histoires que la capitale de la France
n’a cessé d’entretenir avec les vignerons qui, eux, voient
en elle la vitrine de leurs ambitions et le brevet de leurs
efforts. Sans jamais oublier que le vin est à Paris ce que
le mystère est aux couples amoureux : une alchimie sans
mots justes pour la définir.
L’argot du vin
42 Vins & pRoVence(s) / mai 2010
C’est vendredi, c’est le jour du poisson. Qui n’a
jamais entendu cette maxime héritée d’une cou-
tume chrétienne moyenâgeuse ? Elle a sans doute
eu son intérêt à une époque où, la noblesse se
laissant aller à des excès carnivores, un jour heb-
domadaire sans viande ne pouvait que soulager
l’organisme. Mais aujourd’hui, alors que la plu-
part d’entre nous veille à varier son alimentation -
comme vous, n’est-ce pas ? — cette coutume est
bien restrictive. Car on ne saurait envisager le pois-
son comme une alternative plus ou moins forcée
ou routinière à un bon steack. Non, le poisson,
qu’on se le dise, c’est bon, au goût comme pour
le corps. Surtout s’il vient de Méditerranée.
on est ce que l’on mangeAllez, oui, soyons chauvin : la marée de par chez
nous a tout de même un autre goût que la pescaille
océanique ! On exagère ? Oh, à peine ! Parce que
c’est vrai : selon sa provenance, un poisson n’a pas
le même goût. « L’océan est ouvert, la Méditerranée
est quasiment fermée. Il est froid, elle est chaude »,
rappelle jacques Chibois, chantre de la cuisine du
Sud en sa Bastide Saint-Antoine, la table double-
ment étoilée de Grasse. Résultat : « évoluant dans
une eau plus salée avec une peau moins épaisse
que leurs congénères océaniques, les poissons
méditerranéens ont une saveur plus iodée ».
Mais ce n’est pas là la seule différence. Le nord de
la Méditerranée flirte avec de nombreuses monta-
gnes. Sa côte est ainsi très largement découpée.
Ce qui ne fait pas le régal des seuls plongeurs
sous-marins. Car ce relief tourmenté impacte lar-
gement la chaîne alimentaire des poissons côtiers
qui, assurément, sont les meilleurs. De quoi un
loup, par exemple, se nourrit-il ? De petits pois-
TERROIR
Les côtes provençaLes sont riches d’une faune marine aux saveurs exceptionneLLes
Le vrai goût de La méditerranée
sons de roche qui mangent du zooplancton ou
du phytoplancton riche en… minéraux. Et ça, ça
se retrouve sous nos palais ! Comme quoi, sous
la mer comme sur la terre, le terroir décide des
saveurs.
une faim de loupAlors, c’est vu : on mange du poisson et pas que
le vendredi. D’autant que les nutritionistes recom-
mandent trois repas marins par semaine. Mais que
met-on au menu ? Du loup ! Et avant d’aller plus
loin, disons-le une bonne fois pour toute : ce n’est
pas l’autre nom du bar. Loups et bars ne sont pas
en effet les mêmes poissons mais deux espèces
cousines, à l’ADN légèrement différents depuis
que leurs ancètres respectifs ont été séparés, il y a
la bagatelle de 125.000 ans, par une petite cen-
taine de siècles de glaciation.
Le loup, c’est le roi de nos poissons. Surtout quand il
est de ligne, puisque, forcément, cela signifie qu’on
l’a sorti près des côtes où ce “vorace” a trouvé une
nourriture de qualité et qu’il n’a pas connu le stress
du chalut. Pourquoi l’aime-t-on autant ? Parce qu’il
est maigre : la chair de ce chasseur affûté affiche
sur la balance à peine 1,8 g de lipide par 100 g. Par-
ce qu’il est bon : « sa chair est ferme et son goût est
d’une rare finesse, s’enthousiasme Jacques Chibois.
On sent bien l’iode mais pas la mer ! Et puis, il se
cuisine facilement, en grillade par exemple, avec
quelques petits légumes du pays. Le problème, c’est
qu’on le pêche plus facilement en hiver qu’en été
puisqu’il suit ses proies qui, quand l’eau se réchauffe,
plongent plus profond pour trouver un peu de fraî-
cheur. » Aie ! Vu que la grillade vient avec les beaux
jours, voilà qui n’arrange pas l’état de nos porte-
monnaie.
PAR JOSSELIN TOUSSAINT-PIERRE
43Vins & pRoVence(s)
« La chair du Loup
est ferme et son goût
d’une rare finesse. »Jacques chiBois
© Richard Villalon
44 Vins & pRoVence(s) / mai 2010
Les grands classiquesFort heureusement, les bancs de nos poissonniers
ne sont pas garnis que de loups. On y trouve aus-
si de la dorade qui, quand elle est royale (on la
reconnaît au croissant d’or qui relie ses yeux) est
franchement… royale. Le pageot, que l’on appelle
aussi daurade rose, est pas mal non plus. Le denté
commun, ou le “denti” comme on dit sur le Vieux
Port de Marseille, est l’un des plus gros prédateurs
de nos côtes, certains spécimens atteignant la taille
d’un mètre pour un poids de 20 kilos. Il s’invite le
plus souvent à notre table en été, nous régalant
d’une chair ferme et goûteuse qui n’a rien à envier
à la daurade, sa cousine. A essayer avec des cham-
pignons : girolles, cèpes ou morilles.
Quittons les gros pour les plus petits. Le chapon,
par exemple, que l’on connaît aussi sous le nom
de rascasse rouge. Ce poisson de fond, à la mine
plus que patibulaire est l’une des bases d’une
bonne bouillabaisse. Mais, très ferme, dévelop-
pant un fumet proche de celui d’un gibier, sa chair
est aussi délicieuse flambée au pastis ou, comme
le propose Jacques Chibois, « farcie à la Tropé-
zienne, soit une farce de légumes, d’herbes et de
blettes ». Un seul regret : ses filets pèsent à peine
un tiers du poids total de l’animal.
Enfin, il convient de finir ce festin iodé par le petit
prince de l’été méditerranéen : le surmulet, alias le
rouget de roche. Un poisson santé : 20 g de pro-
tide par 100 g, du fer, du phosphore, des vitami-
nes… Les plus petits se grillent avec leurs foies qui
leur donnent une saveur incomparable. Un foie
dont on fait également une sauce ou une pâte
délicieuse : « aux foies hachés, on ajoute de l’huile
d’olive, des petits morceaux d’olive, un peu d’ail,
une pointe de basilic si on le veut, sel et poivre
pour finir. C’est délicieux sur un croûton de pain
de campagne. »
C b
ofot
olux
- F
otol
ia
45Vins & pRoVence(s)
S’il avoue volontiers ses
origines limousines, Jacques
Chibois reste l’un des meilleurs
chantres de la grande
gastronomie provençale qu’il
pratique aujourd’hui depuis
plus de vingt ans. Intarrissable
sur l’huile d’olive ou la truffe,
cet amoureux du terroir —
titulaire d’un BTS agricole, il a
l’œil et le bon pour choisir ses
produits ! — délivre une cuisine
vraie, gourmande, sans fausse
note. Elle régale les hôtes de
la Bastide Saint-Antoine, Relais
& Châteaux grassois créé
en 1996, dans une bastide
séculaire, dressée au milieu des
oliviers centenaires.
«Les poissons méditerranéens
ont une saveur pLus iodée que
ceux de L’atLantique.»Jacques chiBois
46 Vins & pRoVence(s) / mai 2010
TERROIR
Bastide Saint-Antoine48, av Henri Dunant, Grasse
Tél : 04 93 70 94 94
www.jacques-chibois.com
Le petit Rouget à la Fondue de Poireaux au Citron, sauce Citron vert
ingrédients pour quatre personnes 4 rougets de 250 g, 350 g de petits poireaux crayons épluchés avec peu de vert et lavés, 20 g
d’olives noires hachées et blanchies deux fois, 15 g de beurre, 35 g d’huile d’olive, 1 citron
jaune non-traité, 30 g de gros sel pour la cuisson, sel, poivre.
Ingrédients sauce citron vert :120 g de crème fl eurette liquide, 1 citron vert, sel, poivre,
1 pointe de curcuma.
dérouLement de La recette Prendre les poireaux, garder 4 extrémités de grandeur de 10 cm avec une partie blanche et
une partie vert tendre. Après les avoir coupés en deux, les lier comme si vous faisiez un petit
bouquet garni. Il doit faire 50 g. Le reste des poireaux coupés en deux, vous les émincez en 5 mm
d’épaisseur, ensuite vous les relavez. Egoutter-les.
Les faire cuire dans une casserole à découvert sur feu vif avec 1 litre ½ d’eau et 30 g de gros
sel, plonger-les à ébullition, vérifi er la cuisson pour qu’ils restent cuits mais tendres, ensuite, les
plonger avec une passoire dans de l’eau froide avec quelques glaçons jusqu’à ce qu’ils soient froids
et les égoutter. Faire pareil avec la petite botte de poireaux pour obtenir la même cuisson.
Râper la moitié d’un beau citron jaune non-traité avec une râpe fi ne et ensuite les hacher. Eplucher
l’autre moitié de citron à l’aide d’un couteau économe pour obtenir une épluchure sans le blanc
mais uniquement le jaune. Avec un couteau bien coupant, faire de très, très fi ne julienne.
Mélanger dans une casserole le poireau émincé et son petit paquet déjà égoutté, avec les olives
hachées, les 25 g d’huile d’olive, 15 g de beurre, les zestes râpés et hachés, sel et poivre. Faire
chauffer en remuant constamment sur un feu doux et les tenir en température.
préparation de La sauce citron vertDans une petite casserole faire bouillir environ 1 minute la crème fl eurette avec le zeste de citron
vert râpé et haché, une pincée de sel et une pincée de poivre, une pincée de curcuma. Avant de
servir, presser quelques gouttes de citron vert dans la sauce jusqu’à votre convenance.
Lever les rougets en fi lets, les désarêter avec une pince à épiler, les saler, les poivrer. Les cuire dans
une poêle non-adhésive froide avec 10 g d’huile d’olive. Monter en température lentement et
retourner le rouget après avoir vu que les côtés blanchissent. Citronner les fi lets et dresser.
dresser dans une assietteMettre au centre le poireau émincé chaud en dôme allongé de 8 cm, coller deux fi lets de rouget
sortant de la poêle, disposer élégamment le poireau sur l’éventail du rouget que vous aurez
gardé en botte en l’effeuillant, décorer une extrémité avec les zestes de citron ciselés fi nement.
Napper légèrement de sauce.
Plus net !Inédit : découvrez des dizaines de recettes de grands chefs sur www.vinsetprovence.com
Le rouget seLonJacques chiboisNICE
CANNES
HAUTES-ALPES
ALPES-DE-HAUTE-PROVENCE
ALPESMARITIMES
VAR
VAUCLUSE
NICEGrasse
47Vins & pRoVence(s)
48 Vins & pRoVence(s) / mai 2010
BONNESTABLES
PAR JAMES HUET
Le pointiLListe, à touLon
Les voyages, dit-on, forment la jeunesse. L’adage illustre bien l’itinéraire de Christophe Janvier, véri-table globe-trotter des fourneaux. De sa Sarthe natale au centre-ville toulonnais, ce jeune chef de 34 ans, aura appris sous toutes les latitudes. Tout commence au Mans, dans les jupons de sa mère. « Le dimanche, elle se levait aux aurores pour nous préparer le repas de midi. Le potager de mon père, les volailles et les lapins qu’élevait ma grand-mère, lui offraient les meilleurs produits. J’ai grandi dans cette ambiance de bonne chair. C’est pour cela que je n’ai jamais considéré la cuisine comme un métier. Plus comme une passion, reçue très tôt. » C’est à
la Maison du boeuf à Bruxelles, table étoilée de l’hôtel Hilton, que Christophe sentit naître sa vocation. Chargé des sauces, de la rôtis-serie et du poisson, il acquiert les bases au contact de Jacky Chartier et Thierry Baudour, ses mentors. Une saison au Portugal chez Westermann et deux années en Floride
complèteront sa formation. De retour au pays, il fait deux courtes « piges » chez Jacques Chibois et Alain Llorca, où il côtoie une autre vision de la cuisine. En 2006, il se lance avec sa propre maison, au coeur de Toulon.
La bonne toucheL’homme ne revendique aucune obédience et rechi-gne même à défi nir sa cuisine. Son style épuré est autant issu de son enfance que des expériences vécues. Sa philosophie tient en quelques mots : « Simplicité des préparations, fraîcheur des produits travaillés en saison et au gré du marché. Aucun mélange superfl u et guère plus de trois saveurs dans un mets. » Le nom de l’enseigne traduit l’es-prit du chef, assez « pointilliste ». Caroline, qui l’as-siste souvent en cuisine, reconnaît la rigueur de son mari. Amoureux du beau produit, il aime mitonner foie gras fermier du Gers, agneau de Provence et la saison venue, pâtissons, topinambours, panais, asperges, pois, cèpes, morilles et truffes. La mer, toute proche, l’inspire tout autant. Saint-Pierre, turbot, loup de ligne, rouget... Des poissons nobles, suggérés à prix doux. Classiques mais à redécouvrir, l’escalope de foie chaud, tatin aux pommes et jus de canard, l’épaule d’agneau confi te, polenta à l’an-cienne et mousseline d’artichaut ou le bar sauvage et ses lentilles au lard. Les douceurs du pâtissier valent aussi le détour. En cave, moult crus locaux, tarifés avec sagesse : “l’Introuvable“, rosé bio du domaine de Sauvecanne à 22 € ; un Léoube blanc à 31 € ou ce Tempier rouge “La Tourtine“, facturé 49 €.
Avec les langoustines rôties au piment d’Espelette, la maison conseille un rosé du château Les Valen-
tines, suave, rond et parfumé, à la fi nale subtilement épicée. Ses notes anisées, ses arômes de fruits
exotiques et d’agrumes se marieront parfaitement avec crustacés et haricots coco aux aromates.
côté cave
BRIGNOLES
HAUTES-ALPES
Hyères
VAR
HyèresHyèresHyèresToulon
© C.D.T. DR
Le Pointilliste 43, rue picot, Toulon. Tél. 04.94.71.06.01. Fermé samedi midi, dimanche et lundi midi. menus à 20, 35 et 55 €. www.lepointilliste.com
49Vins & pRoVence(s)
PAR JéRÔME DUMUR
bruno, à Lorgues
goûté et approuvéMâtiné d’orgueil, l’anticonformisme peut mener à la bêtise ! En vingt ans de métier, nous n’avions ainsi jamais goûté à la cuisine de Bruno, le maître es-truffes de Lorgues. Après tout, d’autres l’avaient fait avant nous et avaient fait savoir haut et fort leur satisfaction. A quoi bon ajouter notre note à ce concert de louanges ?Idiot ! Vingt ans que nous passions à côté d’un grand moment de gourmandise, un bonheur aux senteurs vraies du terroir, une ode au plus précieux des champignons. Mais vous savez ce que l’on dit :il n’est jamais trop tard pour bien faire ! Alors, clamons-le sans plus attendre : Clément Bruno n’a pas volé son succès ni usurpé sa réputation. Notre homme est bien tel qu’on le dit : un poète des fourneaux, exalté autant qu’exaltant, qui a trouvé en la truffe, une muse à la hauteur de sa faconde.
d’un plaisir l’autreChaque année, il passe dans ses cuisines pas moins de cinq tonnes de tuber. De la melanosporum, bien sûr, le fameux “diamant noir” de Provence. De la magnatum, dite “blanche d’Alba“ ou “du Piémont”. Ou encore de la brumale : « forte en goût, elle est idéale pour une sauce ». De l’aestivum : « la truffe de la Saint-Jean, proche du fruit sec comme l’amande et la noisette ». De l’uncinatum, de la mesentericum ou encore l’autre blanche d’Italie : la borchii. « Il existe une quarantaine d’espèces de truffe comestibles, explique l’expert varois. J’en
utilise huit que j’assemble, tel un alchimiste, pour créer des recettes originales. » Et la magie opère.Le menu est aussi généreux que le bonhomme qui l’a créé. L’expression est triviale, mais elle est ô combien appropriée : on en a pour son argent. L’amuse-bouche en dit long sur les agappes qu’il précède : dans l’assiette une belle tartine de pain huilée et recouverte entièrement de lamelles de truffe. Suit le foie gras poëlé et, dans la foulée, un premier monument : la Truffe entière bardée de lard, en feuilleté et au foie gras, sauce bordelaise. Un délice…Mais c’est sans doute avec le plat suivant que la maison remporte défi nitivement nos suffrages. C’est tout bête : une simple pomme de terre. Oui, une moité de Noirmoutier, cuite dans l’eau salée et rien de plus, nous fait fondre de plaisir. C’est que le tubercule est admirablement servi par une crème aux truffes dont les parfums intenses appellent la cuillère, puis, quand celle-ci avoue ses limites, le petit bout de pain qui va chercher l’ultime noix.Et dire que le plat principal est encore à venir. Au menu, ce jour-là, il y avait une belle assiette de sot-l’y-laisse, de langoustines et de truffes. Depuis, on l’a appris, le chef régale ses hôtes d’un pigeonneau servi sur sa Rôtie d’abats, accompagné de quelques légumes de Printemps et leur jus à la truffe Tuber Brumale. Les temps changent, les saisons passent, le bonheur reste. Alors, on se répète : mais comment a-t-on pu l’ignorer si longtemps ?
Bruno LorguesTél. 04.94.85.93.93Fermé fermé dimanche soir et lundi sauf du 15 mai au 15 septembre.menus à 65, 85, 110, 130 et 150 €. menu dégustation mets-vins : 200 €.www.restaurantbruno.com
NICE
CANNES
Saint-Etienne-de-Tinée
GRASSE
TOULON
Rians
MARSEILLE
La Ciotat
Aubagne
Roquevaire
Allauch
Marignane
Berre-l'Etang
Salon-de-Provence
Saint-Rémy-de-Provence
Eyguières
Lambesc
Orgon
Tarascon
Châteaurenard
Martigues
Port-Saint-Louis-du-Rhône
Saintes-Maries-de-la-Mer
GardanneTrets
Peyrolles-en-Provence
AIX-EN-PROVENCE
ARLES
ISTRES
Valréas
AVIGNON
Orgon
Orange
Bédarrides
Vaison-la-Romaine
Malaucène
Mormoiron
Pernes-les-Fontaines
Gordes
Bonnieux
Cadenet
Pertuis
Cavaillon
L'Isle-sur-la-Sorgue
Sault
Beaumes-de-Venise
Bollène
CARPENTRAS
APT
DIGNE-LES-BAINS
Entrevaux
Annot
Barrême
Saint-André-les-Alpes
Noyers-sur-Jabron
Sisteron
Volonne
MézelLes Mées
Banon
Reillanne
ManosqueValensole Riez
Moustiers-Sainte-Marie
Peyruis
Saint-Etienne-les-Orgues
Le Lauzet-Ubaye
Seyne
La Javie
Colmars
Turriers
La Motte-du-Caire
BARCELONNETTE
FORCALQUIER
CASTELLANE
GAP
La Grave
Le Monêtier-les-Bains
L'Argentière-la-Bessée
Aiguilles
GuillestreOrcières
Saint-Firmin
Veynes
SerresBarcillonette
Tallard
Orpierre
Ribiers
Laragne-Monteglin
Rosans
Aspres-sur-Buëch
Saint-Bonnet-en-ChampsaurSaint-Etienne-
en-Dévoluy
Embrun
Savines-le-Lac
Chorges
La Bâtie-Neuve
BRIANÇON
HAUTES-ALPES
ALPES-DE-HAUTE-PROVENCE
ALPES-MARITIMES
VAR
BOUCHES-DU-RHÔNE
VAUCLUSE
BRIGNOLES
DRAGUIGNAN
BRIGNOLES
LorguesLorgues
Depuis 1987, l’enseigne de Nadège et Pascal Bonamy, membre des Maîtres restaurateurs varois, compte parmi les incontourna-bles de l’aire hyèro-toulonnaise. Rien de bien surprenant pour qui connaît le chef. Un passionné, à l’image de sa cuisine : humble, authentique et sans fard. Il pratique une gastronomie d’inspi-ration provençale pour l’essentiel, mais qui voyage à l’occasion vers d’autres soleils que le nôtre. « Si je reste très Provence, confie Pascal Bonamy, j’aime explorer d’autres cultures culinai-res. L’Italie, l’Espagne, le Maghreb ou encore l’Asie. » La cuisine est donc plurielle, à l’exemple de l’émincé de boeuf aux effluves thaïs, légèrement épicé, servi avec quelques légumes croquants. Un régal ! Chercheur impénitent, le chef de la Cité des palmiers signe une cuisine en perpétuel mouvement, inclassable. A l’instar du menu
La coLombe, à hyères
queLLe est douce cette coLombePAR JAMES HUET
Avec le ris de veau et
sa crème brûlée au foie
gras, la superbe cuvée
Symphonie du Château
Sainte-Marguerite est une
évidence. Un rouge 2005,
dont l’élégance, la rondeur
et la complexité s’allieront
avec la finesse du ris de
veau tout en rivalisant avec
la puissance du foie gras.
côté cave
La coLombe, à hyères
queLLe est douce cette coLombePAR JAMES HUET
La Colombe - 663, route de Toulon La Bayorre, Hyères.Tél. 04.94.35.35.16. (Fermé samedi midi, dimanche soir et lundi)menus à 26, 37 et 63 €. - carte : 50 €.www.restaurantlacolombe.com
découverte, suggéré depuis peu : « Un menu du marché que nous servons à la table entière, concocté avec des produits ache-tés le jour même, selon l’envie et l’humeur du moment. Mon credo ! » Notre homme aime également jouer des contrastes, des différences de texture et de température. Parmi les délices printaniers de la Colombe : la fraîcheur de tourteau au citron vert, la poêlée de Saint-Jacques et sa salade d’asperges vertes crues et cuites à l’huile de truffe, les goujonnettes de turbot et leur poivrade d’artichauts à la sarriette. Sans oublier le grand succès de l’hiver, maintenu à la carte, sous peine de lynchage : le ris de veau en réduction de Banyuls et sa crème brûlée au foie gras. Et on ne triche pas ici. Tout est maison. D’ailleurs, le client a l’œil sur les fourneaux grâce à la cuisine ouverte, d’où émanent doux effluves et crépitements de cuisson.La carte des vins, courte mais judicieuse, privilégie les crus des terroirs voisins de La Londe, Cuers et Pierrefeu. Avec, atypisme assuré, des tarifs plus que sages pour le secteur (superbe cuvée François, rouge 2008 du domaine Saint-André de Figuière, facturé 23 € seulement). Sans omettre un bon choix de demi- bouteilles et quelques jolis vins au verre. Enfin, il convient d’évoquer le service enjoué, animé avec charme et gentillesse par Nadège, la patronne, entourée de jeunes filles dynamiques et souriantes. Dans le luxuriant patio, dans la douce intimité du salon privé ou dans le cadre cosy de la salle à manger, l’endroit est à découvrir sans tarder.
52 Vins & pRoVence(s) / mai 2010
La bâtisse date de la fi n du XVIIIe siècle et se cache
dans une pinède de quinze hectares. C’est en 1995
que Catherine Jobert la découvre, tombe sous le
charme et l’acquiert. Des travaux s’imposent et très
vite, la maîtresse des lieux va démontrer un sens
aigu de la décoration. Elle gère tout, du choix des
matériaux à la couleur des rideaux, en passant par
la sélection du mobilier qui va habiller la maison.
Car c’est bien d’une maison dont il s’agit, un
refuge en pleine nature, chaleureux et convivial.
Aucune chambre ne ressemble à une autre.
“Arlequin“ associe la teinte framboise au lumineux
jaune bouton d’or ; “Oasis“ marie le bleu cobalt
et le vert émeraude ; quant à “Lavandin“, elle
reste typiquement provençale, avec un mélange
harmonieux de jaune et de bleu lavande. La
“Suite des Moures“ joue sur les tons neutres, gris
et blanc, sur le romantisme d’une bergère. On
retrouve partout cette touche d’élégance matinée
d’intemporel : dans une commode provençale, un
fauteuil ancien, des bibelots chinés ici et là.
Envie de voyage ? Pour une évasion garantie sans
quitter la propriété, il faut pousser la porte du
“Lodge Kaomi“, une maison indépendante aux
accents coloniaux. Tout y évoque ces demeures
bourgeoises des siècles passés, alors baignées
d’exotisme : le mobilier sud africain en bois foncé
auquel répondent les tissus et les voilages clairs, le
MAISON D’HÔTES
PAR CéCILE OLIVéRO
a queLques KiLomètres de L’abbaye cistercienne du thoronet, La bastide des hautes moures… un havre de paix, un rendez-vous priviLégié.
L’esprit provençal, un rien de colonial
La Bastide des Hautes MouresLes moures, Le Thoronet Tél. 04 94 60 13 36chambre arelquin : de 65 à 110 €/nuit.chambre oasis : de 80 à 110 €.chambre Lavandin : de 95 à 120 €.suite des moures : de 110 à 150 €.Lodge Kaomi : à partir de 120 € le week-end 2 nuits minimum et de 600 à 990 €/semaine. Table d’hôtes : 32 €.
Plus net !Plus de maisons d’hôtes ? Retrouvez tous les coups de cœur de notre magazine sur son site :www.vinsetprovence.com
TOULON
HAUTES-ALPES
ALPES-DE-HAUTE-PROVENCE
ALPES-MARITIMES
VAR
BOUCHES-DU-RHÔNE
VAUCLUSE
TOULON
VARLe Thoronet
lit à baldaquin, les assises confortables…
Mais on n’est pas dans le Sud pour rien. Ici, on vit
une bonne partie de l’année dehors. Et l’on vit bien !
Dès la belle saison, aux heures les plus chaudes, on
se rafraîchit dans la piscine, un bassin dominé par
des cyprès centenaires. Autre instant privilégié : une
flânerie dans le parc qui abrite une jolie collection
de rosiers : plus de deux cents pieds. Catherine
Jobert raffole de la reine des fleurs ! Les végétaux
propres à la région sont également à l’honneur :
glycines odorantes, vigne et plantes grasses.
une table gourmandeEnfin, on fait un tour par le potager, jolie parcelle
qui accueille les incontournables de la cuisine
provençale : tomates, poivrons, aubergines,
oignons, salades, sans oublier les herbes
aromatiques aux parfums envoutants. Un jardin
qui, au fil des saisons, fournit la matière première
indispensable aux recettes d’Antoine Debray. Cet
ancien restaurateur d’Entrecasteaux a gardé sa
toque, mais désormais, c’est aux fourneaux de
cette Bastide qu’il officie. La table d’hôte profite
ainsi de son expérience et de son inventivité. En
fonction des saisons, le chef mitonne une daube
de sanglier, du canard aux figues et au miel, une
omelette aux truffes, et côté douceurs, une crème
brûlée maison incomparable. La maison est ainsi
aussi gourmande qu’hospitalière.
PAO Jazz v2Avril.indd 1 17/05/10 14:34:31
54 Vins & pRoVence(s) / mai 2010
55Vins & pRoVence(s)
SAVOIR FAIRE
PAR LAURE LAMBERT
a fréJus, aLain pons perpétue Le savoir-faire hérité de son grand-père, fondateur de Lièges-méLior, L’une des dernières fabriques de bouchons de france.
un bouchon qui trace sa route
Il était une fois une petite entreprise fréjusienne,
dont sortaient, chaque année, depuis 50 ans, quel-
ques dizaines de milliers de bouchons. Son nom :
Lièges-Mélior. Sa particularité : « Nous sommes
le dernier des dinosaures ! », s’amuse Alain Pons,
petit-fi ls du fondateur. En effet, la PME varoise est
aujourd’hui l’ultime fabrique de bouchons de la
région PACA. The last but not the least !
La success-story commence en 1948. Commercial
hors pair, Roger Pons ouvre une boutique spéciali-
sée dans les produits de bouchage. Afi n de sécuri-
ser ses approvisionnements en liège, il rachète en
1952 une fabrique de bouchons de liège basée à
Fréjus. Et c’est ainsi que naît l’entreprise Lièges-
Mélior !
Dès le départ, Roger Pons choisit de miser sur la
qualité en se positionnant sur le créneau des bou-
chons haut de gamme. Ces derniers sont fabriqués
à partir des meilleurs lièges récoltés dans les mas-
sifs des Maures et de l’Estérel. L’affaire démarre à
merveille, avant de subir de plein fouet, à partir
des années 70, l’arrivée massive de la concurrence
étrangère. La quasi-totalité des liégeurs disparaît,
sauf Lièges-Mélior qui résiste et parvient même à
tirer son épingle du jeu en diversifi ant ses activités
vers les produits d’isolation en liège naturel pour
l’industrie du bâtiment.
En 1985, lorsqu’Alain Pons prend les rênes de l’en-
treprise, il choisit de recentrer l’activité de Lièges-
Mélior principalement sur le sud-est de la France. Le
liégeur décroche ainsi d’importants contrats avec
les plus grands domaines viticoles de Provence :
Bunan, Ott, ou encore Rasque lui font confi ance
pour conserver le caractère unique de leurs vins.
La valse des bouchons…A la fi n des années 1990, le rosé de Provence
revient sur le devant de la scène. Une aubaine pour
Lièges-Mélior ! En quelques années, la part du rosé
dans la vente nationale de vins augmente considé-
rablement, et forcément, le nombre de bouteilles
à boucher aussi ! Cependant, ce n’est plus le liège
qui a les faveurs des producteurs de rosé. Non,
leur préférence va désormais au synthétique, qui
réalise une percée fl amboyante sur le marché du
bouchage. Après avoir régné en maître pendant
des années, le liège ne séduit plus les vignerons.
En cause : le fameux « goût de bouchon », lié à un
composé chimique présent dans le liège, le trichlo-
roanisol, qui altère considérablement la qualité du
vin… Un phénomène non négligeable qui touche-
rait chaque année entre 5 et 10 % de la production
vinicole mondiale, entraînant pour les producteurs
d’importantes pertes fi nancières. « Beaucoup de
vignerons ont eu des ennuis, notamment avec les
restaurateurs qui leur retournaient des bouteilles
bouchonnées qu’ils ne voulaient pas régler »,
confi e Alain Pons.
Ne voulant pas rester sur le banc de touche, Lièges-
Mélior amorce à son tour en 2004 le virage tant
attendu du synthétique en devenant le distributeur
exclusif du bouchon haut de gamme “Universal
Lièges – Mélior280, ave Gen. Norbert RieraFréjusTél. : 04 94 52 96 20www.lieges-melior.com
NICE
CANNES
GRASSE
SAINT-TROPEZ
ALPES-MARITIMES
VARBOUCHES-DU-RHÔNE
VAUCLUSE
Fréjus
56 Vins & pRoVence(s) / mai 2010
SAVOIR FAIRE
Cork”. « Il est vrai que le synthétique, grâce à son
excellente perméabilité à l’oxygène, présente des
avantages pour les vins de faible conservation. Son
usage est donc particulièrement recommandé pour
les rosés qui se boivent dans l’année », explique
l’entrepreneur.
Pour autant, n’allez pas annoncer à cet amateur de
vins de Provence la mort du liège ! « Un vin oxydé
n’est pas meilleur qu’un vin bouchonné ! », martèle le
liégeur. « Et puis, il ne faut pas oublier que le bouchon
synthétique, élaboré à base de pétrole, est beaucoup
moins écologique que le liège. Pour ma part, un vin
certifié bio et bouché avec un bouchon synthétique,
ça me révolte ! », s’emporte Alain Pons. Celui-ci croit
dur comme fer en la pérénité du liège, dont la qua-
lité de traitement s’est considérablement améliorée
ces dernières années pour garantir une préservation
optimale des propriétés organoleptiques du vin. Pour
Alain Pons, « le liège reste de loin le meilleur matériau
pour la conservation du vin ». Un avis que partagent
85% des consommateurs qui préfèrent une bouteille
de vin bouchée avec du liège. Aucun doute, ce bon
vieux “pop” ce bruit si caractéristique du bouchon
que l’on retire, a encore de beaux jours devant lui !
Apprécié pour les vins qui se boivent sur leur
jeunesse, le bouchon synthétique, élaboré à
base de pétrole, est loin de faire l’unanimité sur
le plan écologique. Particulièrement gourmande
en énergie, l’industrie du synthétique aurait en
effet un impact important sur les émissions de
gaz à effet de serre, sans compter l’extraction
et le transport du pétrole, puis le raffinement
des produits. Au contraire, le liège, lui, est
un produit naturel non polluant, 100 %
biodégradable. Sa fabrication est basée sur des
procédés respectueux de l’environnement, qui
contribuent au développement de l’écosystème
des forêts de chênes-lièges. Finalement,
préférer le synthétique au liège reviendrait
donc à jeter chaque année dans la nature un
peu plus d’un milliard de sacs plastiques…
sinon rien !Du liège
57Vins & pRoVence(s)
58 Vins & pRoVence(s) / mai 2010
1 délices du luberonCette PME du Vaucluse est spécialisée dans les verrines aux senteurs de Provence. Pour cuisiner : pulpe d’ail, pistou, confit d’oignon au miel… Pour toaster : sardinade, anchoïade, tapenade, délice d’artichauts, de tomates séchées ou de courgettes… A découvrir : la confiture d’olives noires du pays.www.delices-du-luberon.fr
2 aix & terraCette société aixoise multiplie les saveurs ensoleillées pour des apéritifs aussi gourmands qu’originaux. Au menu : poivranade, confit de courgette au thym, délice de tomate ail et pistou ou encore l’artichaunade, le coeur de l’artichaut relevé avec un peu de moutarde et de la menthe fraîche. www.aixetterra.com
3 Jean martinCette conserverie des Alpilles a banni les conservateurs, colorants et autres OGM pour garder intacts les bienfaits et les saveurs du terroir provençal. Parmi les nouveautés du moment, une gamme de petits pains aux légumes, (poivron, artichaut, courgette ou aubergine) parfaits pour l’apéritif. www.jeanmartin.fr
4 épicerie de provenceUn artisan toulonnais plutôt expert des saveurs
sucrées : sirops, confitures, confits, crumbles… Il s’essaie aujourd’hui aux
recettes salées avec une gamme “apéritif” de 4 “tartinables” : Tapenade olive noire, Tapenade olive verte au basilic, Caviar
se met au verrequand La nature
a l’heure de l’apéritif, sortez les bocaux des
conserveries de provence.
PAR MARyLOUE LUCIANI
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59Vins & pRoVence(s)
de tomates séchées et Caviar de poivrons grillés. Verdict ? Coup d’essai, coup de maître !www.epicerie-de-provence.com
5 taberna romanaTaberna Romana, c’est un restaurant au pied du Glanum de Saint-Remy de Provence. C’est aussi une conserverie artisanale qui s’inspire des recettes romaines, avec, par exemple, Melmenta, un miel à la menthe et aux pignons qui fait merveille sur un fromage de chèvre frais. www.taberna-romana.com
6 rue traversetteLe Languedocien Stéphane Strobl a du talent pour accomoder les produits du sud. On aime ses mariages étonnants (ail confit, carotte, noisette et genièvre), ses boules de carotte à la cannelle, ses messages personnels (pour l’apéro ou le grignotage) ou encore ses piétinades, des légumes (pois chiche, haricots rouges, lentilles blondes…) cuisinés au vin et à
l’huile d’olive. www.ruetraversette.com 7 château La dorgonneCe domaine viticole de l’AOC Côtes du Luberon propose quelques produits du terroir mitonnés par Carole, le chef du Domaine, avec des ingrédients venus des campagnes avoisinantes :crème de cèpes, safranade et la Carciuga, une délicieuse pâte d’artichauts rehaussées par de superbes filets d’anchois. www.chateauladorgonne.com
8 oliviers & coQuand Oliviers & Co voit rouge ! Le spécialiste de l’huile d’olive se met à la tomate avec des tomates mi-séchées pour accompagner un toast au chèvre, et un ketchup qui revisite le classique yankee : agrumes, thym, romarin, lavande, laurier…www.oliviersandco.net
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60 Vins & pRoVence(s) / mai 2010
la fêtes des pèresdes idées pour
PAR MARyLOUE LUCIANI
1
2
31 verre blanc Une carafe polyvalente : le Pitcher de Riedel peut contenir de l'eau mais aussi du vin blanc. Après tout, il n'y a pas que le rouge qui mérite qu'on sorte le grand jeu !
2 Le compte est bonImaginé par L’Atelier du vin, Wine Partner est le premier compteur individuel de Verre de vin et/ou d’alcool.Cette mini-balance intelligente mesure votre consommation en nombre de verres, de centilitres et de kilocalories, sur un repas, une journée, une semaine ou un mois. Un garde-fou pour éviter les excès
carafe en un rien de temps. Et après ? L’appareil est fait de deux parties dévissables : un entonnoir et une coupelle ajourée. Le premier permet de récupérer facilement les billes, la seconde de les nettoyer en les passant sous le robinet. Le tout pour 10 euros à peine !
4 c’est au frais C’est l’accessoire indispensable de l’été méditerranéen : le Vignon Cool Coat, le refroidisseur à vin de Menu, vous permet de boire frais lors
même si, il faut le dire, il ne se subtitue en aucun cas à un alcooltest puisqu’il ne dit pas le grammage d’alcool qui coule dans vos veines. Son prix : 49,50 euros.
3 Lavez malinQui n’a jamais vécu ce grand moment de solitude : le lavage de sa carafe de décantation.Impossible de glisser une éponge dedans pour enlever les ultimes dépôts. La solution ? Bilbo, la fi ole ingénieuse de Peugeot. Elle contient des billes d’inox qui vous récurent une
d’un pique-nique. Ce manchon élégant, imaginé par Jakob Wagner (l’un des meilleurs designers scandinaves actuels), doté d’une poignée et d’une poche pour le tire-bouchon, contient un sachet de gel cryogénique. On glisse ce dernier dans le congélateur pendant 6 heures au minimum avant de le remettre dans le “manteau” et il raffraîchit durablement votre bouteille de rosé ou de blanc. Prix conseillé : 29,90 euros.
un père amateur de bon vin : voilà qui
arrange bien nos affaires à l’approche de
la fête des pères. voici donc quelques idées
pour faire dans l’originalité sans se ruiner.
2
Une carafe polyvalente : le
4
62 Vins & pRoVence(s) / mai 2010
de neuf ?quoi
Pour une fête des pères originale
sans trop se ruiner (19,50 euros, ça
va encore), cap sur votre librairie
préférée pour lui commander
“Pourquoi le vin est-il rouge ?”, un
ouvrage aussi distrayant qu’instruc-
tif publié par L’Atelier du Vin. En
une centaine de questions pas si
saugrenues qu’elles en ont l’air,
cette mini encyclopédie œnolo-
gique vous dit pourquoi le vin est
rouge, pourquoi il sent rarement
le raisin, pourquoi certains vins
rendent la langue râpeuse ou
encore pourquoi il y a des bulles
dans le champagne. Les réponses
sont joliment faites, accessibles
même quand on n’a pas sa licence
de chimie et, surtout, elles sont
courtes. On les picore ainsi au grès
de nos moments de liberté pour
en apprendre un peu plus tous les
jours sur sa boisson préférée. His-
toire de se coucher moins… bête
que la veille !
ce n’est pas si évident
de neuf ?quoi
de neuf ?quoi
du vert et des verresDimanche 6 juin, le Golf de Barbaroux,
près de Brignoles, ose le mélange des
genres avec la troisième édition du
Trophée des Saveurs. Le concept :
une compétition ouverte à tous les
golfeurs amateurs, associant swing
et gastronomie. A chaque trou, les
participants sont invités à découvrir un
plat réalisé par l’un des meilleurs chefs
du Var et accompagné par un vin
de Provence. Bien sûr, il est conseillé
d’apprécier ces étapes gourmandes
avec modération sous peine d’être
rapidement bien au-dessus du par. Le
prix de l’inscription : 100 euros tout
compris.Informations : 04 94 69 63 63 ou www.barbaroux.com
flambant neufDu 27 juin au 30 juillet, l’association Gloriana a programmé
huit concerts dans le cadre des Dracénuits musicales. Si deux
dates sont programmées au village des Arcs-sur-Argens (le
concert d’ouverture sur la Place des Oliviers et la soirée “Jean-
Sébastien Bach” du 24 juillet, sur la place du Père Clinchard),
il revient une nouvelle fois au Château Sainte-Roseline
d’accueillir l’essentiel de cette manifestation estivale. Le 16
juillet, pour commencer, avec “Tanguissimo”, un spectacle
aux parfums de Buenos Aires. Suit le duo formé par Robert
Expert, contre ténor, et Antonio Soria, au piano, autour des
œuvres Georg Friedrich, Reynaldo Hahn, Claude Debussy…
L’Ensemble Reinecke se produit le 21 juillet. Cinq jours plus
tard, l’Ensemble Calliopée interprête le Sextuor de Brahms N° 1
et le Sextuor de Tchaïkovski « Souvenir de Florence ». Le 28
juillet voit le Concert des Trois Ténors - « Hommage à Luis
Mariano » (Les Chansons Napolitaines). Enfin, pour conclure
cette nouvelle édition, le Château Sainte-Roseline nous invite
à une Nuit à l’Opéra, autour de Mozart, Verdi, Bizet, Gounod,
Donizetti et Puccini.
Les vigneronsjouent la cultureDepuis 12 ans, les Vignerons Indépendants du
Var marient culture et viticulture à l’occasion de
l’opération Art & Vin. 33 professionels ouvriront
ainsi leurs vignobles et leurs caveaux, de juin à
septembre, à de nombreux artistes : peintres,
sculpteurs, photographes… Des talents reconnus
ou… naissants. L’association a en effet décidé,
cette année, de promouvoir la génération montante
en accueillant ses installations, ses graffitis sur cuve,
ses prototypes plastiques, ses sculptures musicales
ou encore ses vidéos. Un foisonnement, une
originalité et une créativité qui font souffler sur la
manifestation un vent de fraîcheur.
Renseignements : www.art-et-vin.net
63Vins & pRoVence(s)
c’est écrit dessusInitiative originale de la Cave de
Gonfaron. Cette coopérative varoise
a imaginé le concept Inverso, un
système de graduation qui, via les
étiquettes, informe rapidement et
clairement le consommateur sur la
nature du vin. Trois critères ont été
retenus : les arômes (des plus discrets
aux explosifs), la structure (de fruitée
à corsée) et la puissance (de légère à
forte). Inscrite sur l’étiquette faciale,
explicitée au dos de la bouteille,
la combinaison des trois index
accompagne aujourd’hui chacune
des cinq nouvelles cuvées maison :
Poétique, Symphonique, Unique,
Onirique et Hédonique. A noter que
cette dernière a particulièrement
brillé au dernier Mondial du Rosé,
ce bel assemblage de Cinsault,
Grenache et Syrah aux arômes
d’agrumes, de pamplemousse, de
fruits exotiques, s’étant adjugé ni
plus ni moins qu’une médaille d’or.
au clair de la luneLe Lundi 12 Juillet pour la St Benoit, se tiendra dans le
vignoble de Château Roubine la soirée “Cep et Ciel” à
l’occasion de la Lune Noire (la deuxième nouvelle lune
d’un même mois). Un astronome viendra pour le plaisir de
tous, initier les curieux à l’observation des étoiles et des
phénomènes lunaires. Quoi de plus romantique et charmant
que d’admirer notre satellite, allongé au cœur d’un lieu qui
jouit d’une situation exceptionnelle, enchâssé dans un cirque
naturel planté de vignes, bordé de pins et de chênes. Prix de
l’entrée : 60 € TTC buffet compris.
sensations fortesLe Domaine de la Brigue, au Luc-en-Provence, a repensé son rosé Cuvée des Abricotiers.
Défendu par une belle étiquette, le nouveau nom en dit long sur le vin qui le porte : Sensation.
Et c’est vrai que ce rosé ne laisse pas indifférent tant il tranche, par sa complexité et ses
arômes avec les standards du vignoble provençal. En bouche, il avoue en effet une belle
longueur et développe des arômes de pêche et d’abricot. C’est là le résultat d’un assemblage
insolite : 50% de viognier, un cépage blanc vendangé ici en sur-maturité, et 50% de marselan.
Davantage présent dans le Languedoc, ce cépage rouge issu du croisement du cabernet et
du grenache, apporte de la couleur, de la complexité et des tannins présents mais souples. A
découvrir sur une tarte tatin, par exemple.
64 Vins & pRoVence(s) / mai 2010
quizz
20survins
1/ L’autre nom du vermentino est…q A. l’ugni blancq B. le rolleq C. la syrah
2/ Le grenache existe en trois couleursq A. vraiq B. faux
3/ Combien de domaines sur l'AOC Palette ?q A. deuxq B. troisq C. quatre
4/ Aurélie Bertin veille sur…q A. les Demoisellesq B. Château Roubineq C. Sainte-Roseline
5/ Quelle est la doyenne de ces appellations… q A. Belletq B. Bandolq C. Cassis
6/ Quelle est la doyenne de ces dénominations régionales ?q A. Fréjusq B. Sainte-Victoireq D.La Londe
7/ Stéphane Spitzglous veille sur… q A. Henri Bonnaudq B. Le Clos Cibonne
8/ Le Château des Anni-bals à Brignoles, est bio. q A. Vraiq B. Faux
vous aimez Les vins de La provence. mais connaissez-vous vraiment ses vignobLes ? interro écrite…
65Vins & pRoVence(s) 65Vins & pRoVence(s)
PAO La Brigue hoang.indd 1 19/05/10 18:00:23
9/ Qui est derrière l’opération Art & Vin…q A. le CIVPq B. Les Vignerons Indé-pendants du Varq C. l’Association des Crus Classés de Provence
10/ Quel terroir tra-vaille à sa dénomina-tion régionale…q A. Pierrefeuq B. la Presque’ile de Saint-Tropez
11/ La famille Fayard veille sur…q A. Sainte-Margueriteq B. Sainte-Béatrice
12/ Il n’est pas dePierrevert…q A. Terrebruneq B. Regusse q C. La Blaque
13/ Si je bois une Cuvée Inspire, je bois un…q A. Château de Berneq B. Château Rasqueq C. Château Roubine
14/ Il n’est pas Varois.q A. La Calisseq B. La Calissanne
15/ Laquelle de ces truffes est italienne :q A. L'æstivumq B. La borchiiq C. La brumale
16/ Chez nous, c’est…q A. le barq B. le loup
17/ Derrière l’Abbaye de la Celle, il y a…q A.Alain Ducasseq B. Alain Llorcaq C. Alain Passard
18/ Le Var produit du liège…q A. vraiq B. faux
19/ Si je bois un Coin Caché, je bois un q A. Mas de la Dameq B. Château d’Esclanq C. Château Malherbe
20/ Si je bois un Clara Lua du Château Mira-val, je bois un…q A. Côtes de Provence Blancq B. Bandol Blancq C. Coteaux Varois Blanc
1/B - 2/A (blanc, gris et rouge) - 3/C - 4/A
& C (!) - 5/C, depuis 1936 - 6/B - 7/A - 8/A
- 9/B - 10/A - 11/A - 12/A - 13/C - 14/B
- 15/B - 16/B - 17/A - 18/A - 19/A - 20/C
66 Vins & pRoVence(s) / mai 2010
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Rédacteur en chef : Jérôme DumurJournalistes :
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Photographes : Roman Despeaux - Didier Bouko
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6 COTEAUX VAROIS QUI VALENT DE L’OR Cave Coopérative La RoquièreLa Roquebrussanne✆ 04.94.86.83.33 Domaine de MerlançonBrignoles✆ 04.94.69.04.50www.domaine-de-merlancon.com Domaine du LoouLa Roquebrussanne✆ 04.94.86.94.97www.domaineduloou.com
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