villes & développement durable 02

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naturopa n O 100 / 2003 • FRANÇAIS Ville et développement durable

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Page 1: Villes & développement durable 02

naturopan O 1 0 0 / 2 0 0 3 • F R A N Ç A I S

Ville et

développement

durable

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Éditeur responsable Catherine RothDirecteur de la culture et du patrimoineculturel et naturel

Directeur de la publicationMaguelonne Déjeant-PonsChef de DivisionDivision de l’aménagement du territoire et du paysage

Conception et rédactionChristian [email protected]

MaquetteEmmanuel Georges

ImprimeurBietlot – Gilly (Belgique)

Les textes peuvent être reproduitslibrement, à condition que toutesles références soient mentionnéeset qu’une copie – exemplaire témoin –soit envoyée à l’éditeur. Tous droitsde reproduction des illustrationssont expressément réservés.

Les opinions exprimées danscette publication n’engagent quela responsabilité de leurs auteurset ne reflètent pas nécessairementles vues du Conseil de l’Europe.

Depuis 1993 Naturopa est imprimésur papier sans chlore.

© Couverture par B. Irrmann: Sienne(Italie)

Vignettes 1 et 2: Parc paysagerde Duisburg Nord.Architecte P. Latz. Mise en lumière par J. Park, photo de W. J. Hannapel

Vignette 3: Cokerie Zollverein à Essende l’architecte R. Keller mise en lumièrepar J. Speirs, photo de W. J. Hannapel

Ci-dessous: Enfants dans un parcde Copenhague, Danemark© S. Cordier

Éditorial

Les villes: notre avenir commun K. Whitmore ........................................3

La ville et le développement durable

La ville au centre de tout L. Maréchal ....................................................4

La Charte urbaine européenne révisée R. Hartley ..................................5

Vers une expansion durable des villes? H. Robrecht ................................6

Le regroupement ONG-Villes R. Lafont ....................................................7

La ville est un patrimoine C. Storelli ......................................................8

Aménagement du territoire, paysage et zones urbainesM. Déjeant-Pons ........................................................................................9

Un réseau européen du paysage urbain? R. Stiles ................................10

Une nouvelle ère pour le développement urbain au KosovoG. Ludeking ..............................................................................................11

La ville de demain en France J. Peyrony ................................................12

Maribor, la pression du réaménagement urbain L. Misic ......................14

Le concours «Penser la ville et le territoire»M. J. Festas, M. da Graça Almeida ........................................................15

Un nouveau souffle pour le centre historique de GrazH. Hohmann ............................................................................................16

Regards

Le code de bonne pratique dit code d’Esslingen ..........................................18

La réhabilitation urbaine

Orientations sur la réhabilitation urbaine M. de Thyse ........................20

Situation du patrimoine culturel à Bakou… M. Baumer ......................22

Coopération Est-Ouest E. Bilenser ........................................................22

Erévan, ville en pleine évolution A. Patrolin ..........................................23

L’hôtel Iveria de Tbilissi M. Theodorou ................................................24

Villages et paysage culturel en RoumanieM. Hoinarescu, M. Banu, I. Pavelet,, C. Hoinarescu ............................25

Protéger et revaloriser le patrimoine des cités ouvrières S. Jonas ........26

Le paysage post-industriel de la Ruhr K. Ganser ..................................28

Un programme de coopération décentralisée C. Nuttall, M. Sancy ......30

Infos Conseil de l’Europe ..................................31

Agences nationales et Points focaux ................34

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L’urbanisation de l’Europe s’est fortement accrue ces dernières décennies: deuxEuropéens sur trois vivent aujourd’hui dans des agglomérations urbaines qui nereprésentent que 1 % de la superficie du continent. Les grandes villes sont souvent lecadre d’une consommation excessive et d’un gaspillage d’eau, d’énergie et d’autresressources. En cas de carence des infrastructures et des technologies appropriées, ellessouffrent d’une pollution généralisée de l’air et de l’eau, voire d’une contamination du sol et desaliments. Dans nombre de villes européennes, l’absence d’une coordination convenable de la planification urbaineet de l’aménagement du territoire favorise les handicaps économiques et sociaux, la destruction du tissu social etd’autres tendances défavorables au milieu urbain.

Les changements qui accompagnent la croissance urbaine se traduisent souvent par la destruction d’éléments bâtiset naturels caractéristiques, l’anéantissement de l’expression physique de modes de vie autochtones anciens quiformaient dans une grande mesure la culture d’origine. La plupart des villes d’Europe sont confrontées au mêmeproblème: comment peuvent-elles croître sans détruire leur patrimoine architectural et urbain? Nombreuses sontcelles qui, au nom du progrès, ont payé le prix fort pour se moderniser et se développer.

On s’accorde à reconnaître que les villes sont des systèmes vivants qui réunissent dans un rapport de cohérenceleurs habitants et leur environnement bâti. La question qui se pose principalement est celle de savoir commentorganiser les agglomérations urbaines, comment gérer les villes afin qu’elles restent des lieux vivables. L’idéal de«ville durable» fait de jour en jour son chemin dans les institutions des pouvoirs locaux, chez les urbanistes et lesarchitectes, mais aussi dans l’esprit des citoyens qui, dans leur vie quotidienne, s’adapteront aux nécessités d’unmode de vie durable.

Le Congrès des pouvoirs locaux et régionaux de l’Europe apporte son concours au mouvement prônant ledéveloppement durable des villes, en adoptant des textes et des recommandations, y compris la Charte urbaineeuropéenne, qui ont pour objectif d’aider les pouvoirs locaux à concevoir des mesures particulières pour concrétiserle développement durable au sein des villes. La participation du public est à cet égard essentielle, puisque ce sontles citadins qui sont le plus au fait des problèmes de l’environnement dans lequel ils vivent.

L’avenir de l’humanité sera très largement façonné par les réalités urbaines. La qualité de vie des générationsfutures dépendra, d’une part, des solutions que les gouvernements auront inventées ou non pour faire face àl’accélération de la croissance et, d’autre part, des succès que les pouvoirs locaux auront enregistrés ou non dansla lutte contre la pollution et la limitation de la circulation automobile ainsi que dans la sauvegarde des besoinssociaux et de santé fondamentaux.

L’urbanisme est un outil incomparable d’amélioration de l’environnement urbain. La gestion écologique des zonesurbaines implique qu’une attention rigoureuse soit portée à l’emplacement et à la forme d’aménagements de typesdifférents, afin de réduire la nécessité du transport motorisé, de protéger un environnement naturel et bâti digned’intérêt, de résorber des zones délabrées, de poursuivre une politique d’espaces verts et de remplacer lesinfrastructures inadaptées.

On admet de plus en plus que la restauration et la rénovation des centres historiques – opérations synthétisantvaleurs culturelles et perspectives économiques – constituent un outil efficace de développement urbain. Lesadministrations des grandes villes abordent désormais une phase d’évolution dans laquelle la conservation du

patrimoine urbain – et son intégration à des perspectives de développement plus larges– représente une mission essentielle dont l’importance ira vraisemblablement croissant,parallèlement à la prise de conscience qu’il est devenu nécessaire de préserver et derenforcer les bâtiments et les édifices sur lesquels se sont entièrement bâtis des sociétéset des modes de vie. L’identité culturelle des villes est primordiale, en ce sens qu’ellecontribue à la conservation par les générations actuelle et future de leur patrimoinenaturel et bâti et qu’elle concourt à la construction de villes pour l’avenir, durables, plusagréables et accordant aux habitants une place centrale.

Keith WhitmorePrésident de la commission du développement durable

du Congrès des pouvoirs locaux et régionaux de l’EuropeConseil de l’Europe

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Les villes: notre avenir commun C

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Le développement durable est un des axesde la politique de développement territo-rial développée aux niveaux européenscomme au sein de nombreux Etats.Dans le cours du processus d’élaborationdu Schéma de développement de l’es-pace communautaire (Sdec), les ministresde l’Aménagement du Territoire, réunisen Conseil à Leipzig en 1994, se sontaccordés sur l’objectif d’un développe-ment spatial, durable, équilibré, poly-centrique du territoire de l’UnionEuropéenne. Le Sdec lui-même, adopté àPotsdam en mai 1999, le décline à tra-vers différentes politiques.A Hanovre en septembre 2000, laConférence européenne des ministres res-ponsables de l’aménagement du territoiredéfinit les «Principes directeurs pour ledéveloppement territorial durable du conti-nent européen». Enfin, le Comité desMinistres du Conseil de l’Europe recom-mande, en 2002, d’utiliser ces principescomme «document de référence pour lesmesures d’aménagement et de dévelop-pement du territoire».On pourrait allonger la liste des décisionsde cette nature. Au cœur de celles-ci figu-rent à chaque fois la ville, moteur de crois-sance économique régionale ou mondiale,lieu suprême d’échanges et de confron-tations, lieu de consommation diversifiée,de la culture à l’énergie…Dans un autre registre, de nombreusesactions ont été lancées du local au conti-nental. L’agenda 21 offre déjà un beau

kaléidoscope et permet de faire atterrirles grands principes.

Foisonnement des initiativesConsidérons la ville au regard du déve-loppement durable et des nombreusesactions qui sont conduites en son nom.La question qui se pose est de relever cellesqui sont structurelles. Le foisonnementdes initiatives est prometteur et ne doitpas être freiné, mais il doit s’accompa-gner d’une identification des points forts,parce que ceux-ci ordonnent une politique,lui donne sens au-delà d’une addition d’ac-tions aussi positives soient-elles.Partons des fonctions faibles. Tous lesaménageurs connaissent cette expression:l’espace agricole face à l’urbanisation, l’ha-bitant face aux bureaux dans les centres-villes, le piéton ou le cycliste face aux voi-tures. Le but est non pas seulement de lesprotéger mais de construire la politique àpartir de ces fonctions car c’est le cheminpour accéder à la ville durable.Des villes durables par le prisme de l’ha-bitant, du piéton, du cycliste. Cela peutparaître anecdotique.

Construire la ville durableL’habitant génère une série de demandesde biens matériels ou immatériels: d’unepart les biens pour se nourrir, se loger,d’autre part ceux relatifs à l’éducation, àla formation, à la culture, à la rencontre.Lui faire place première en ville c’estconstruire la ville durable, et donc la ville

citoyenne, celle construite par tous ceuxqui y habitent (toutes les classes sociales,y compris les exclus et les bourgeois).L’habitant au sens générique devient l’axede la ville durable. Il n’y a que les citoyenseux-mêmes pour prendre en charge l’ave-nir de leurs villes, de façon à les rendreplus agréables à vivre, source de plusgrande liberté et autonomie et conformesaux objectifs de durabilité.Cet habitant, il se déplace, le marché aussigénère des flux. Le constat a été fait à demultiples reprises: la congestion automo-bile paralyse les déplacements et souventles transports en commun, bruit et immo-bilité entraînent l’émigration hors desvilles. Là encore faire place aux piétons, auxcyclistes et au transport public de surfaceinduit automatiquement un autre espacepublic. Lorsque l’on construit une route,commençons par dessiner le trottoir,ensuite la piste cyclable, l’éventuel cou-loir pour bus, les bandes de roulementpour voitures, bel exercice de commencerà l’envers de la pratique trop courante.Enfin et surtout, non encore cité, le patri-moine qu’est la ville. Il y bien entendu lepatrimoine classé, mais il y surtout la villedans son urbanisme: réseau viaire nonspécialisé et ouvert à de multiples usages,alignement, espaces de respiration telsque parcs, squares, interstices nonconstruits, gabarit homogène rompu parquelques édifices publics, quartiers. Cetteville héritée de l’histoire qui, dans unegrande partie de l’Europe, est celle édifiéejusqu’aux années 50, on la baptise main-tenant compacte. Elle est un patrimoineen ce qu’elle est ouverte à de nombreuxusages sociaux ou économiques encoreinconnus, elle est notre assurance pros-pective. Aujourd’hui à travers l’urbanismequotidien elle a des principes fondateurs:la coexistence sociale, la mixité des fonc-tions, la densité, la centralité, les aligne-ments, la continuité, l’intégration des gaba-rits, la diminution du nombre de voituresprivées et la réduction de leur usage,…».Un patrimoine patiemment amélioré aucours du temps – le hasard peut être unfacteur de changement à saisir –, et suffi-samment robuste pour l’usage des géné-rations qui nous suivent.

Luc MaréchalInspecteur général

Division de l’aménagement et de l’urbanisme (DAU)

Ministère de la Région Wallonne 1 Rue des Brigades d’Irlande

B-5100 Namur [email protected]

Louvain-la-Neuve, Belgique

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La ville au centre de tout

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La Charte urbaine européenne a été adop-tée en 1992 par le Congrès des pouvoirslocaux et régionaux (CPLRE) du Conseilde l’Europe.Dix ans plus tard, le Bureau du CPLRE adécidé d’organiser une conférence afin des’assurer de la validité de la Charte et d’en-visager les modifications nécessaires euégard aux rapides évolutions sociales inter-venues ces dernières années.La conférence, qui s’est tenue à Sofia en mai2002, a ouvert la voie à une mise à jour dela Charte, réalisée par un groupe de consul-tants placé sous l’autorité de la Commissiondu développement durable du CPLRE etplus spécifiquement de son rapporteurpour la Charte, M. Pinto (Portugal). Le CPLRE est particulièrement attentifcette mise à jour, car il considère que ladéfense de la qualité de la vie urbaine estessentielle à la stabilité civique et que l’ar-rêt du déclin urbain ainsi que l’améliora-tion de l’environnement social et bâti dela ville peuvent contribuer à réduire la vio-lence et les conflits au sein de la société.La Charte demeure une bonne référenceet un guide exhaustif pour les politiquesurbaines des collectivités locales mais legroupe estime qu’en guise d’étape préli-minaire, il conviendrait d’envisager unerestructuration de la Charte en cinqdomaines d’intérêt principaux, à savoirles aspects économiques de la ville, l’éco-logie et l’environnement, la dimensionsociale, les aspects physiques et la gou-vernance de la ville.

Evolutions importantesDe plus, le Groupe a identifié un certainnombre d’évolutions auxquelles il est néces-saire d’accorder davantage d’importance:– les incidences du marché unique de

l’Union européenne, de la mondialisationet des mouvements démographiquessur l’urbanisme;

– les incidences de la coopération accrueentre les grandes villes d’Europe, notam-ment par l’intensification de la créationde réseaux;

– les politiques de l’emploi, en particulierle renforcement des programmes de for-mation initiale ou professionnelle quiont pour but de mieux faire correspondreentre elles l’offre d’emplois et les quali-fications de la population active;

– la nécessité de s’occuper plus efficace-ment de l’exclusion sociale et des inéga-lités au sein de la société;

– la nécessité de renforcer les notions deresponsabilité et de devoir en même

temps que celle de droits urbains, déjàexposée par la Charte, et, à cet effet, deprendre en compte l’actuel guide duCPLRE sur les devoirs et les droits descitoyens;

– la conciliation entre la décentralisationet la démocratie locale dans les grandesagglomérations et la nécessité d’une ges-tion globale à la fois cohérente et efficace;

– un soutien accru aux pouvoirs locauxpour leur permettre d’exercer leurs res-ponsabilités – définies par la Constitutionet la législation – au moyen de ressourcesfinancières correspondantes;

– l’incidence des nouvelles techniques del’information et des méthodes directesde participation des citoyens sur les ini-tiatives prises en faveur d’une gouver-nance à la fois bonne et transparente,d’une responsabilisation accrue des gou-vernants et d’une amélioration de la viedes citoyens;

– un examen approfondi des avantagesque présentent les différentes méthodesemployées par les pouvoirs locaux pourassurer les services publics du gaz, del’électricité, de l’eau, etc.;

– la notion de développement durable etle désir croissant des citoyens d’avoirun meilleur environnement;

– les nouvelles manières d’aborder la sécu-rité urbaine et les diverses formes deviolence, en tenant compte du manueldu CPLRE sur les politiques locales deprévention de la criminalité;

– l’amélioration du dialogue social; le ren-forcement des partenariats entre lescommunautés, les groupes citoyens etethniques, les ONG; une insistanceaccrue sur les avantages d’une sociétémulticulturelle.

Améliorer la visibilitéEn ce qui concerne l’amélioration de lavisibilité d’une Charte révisée et de l’in-formation portant sur celle-ci, le groupeétudie un certain nombre de suggestions:– organiser périodiquement – tous les cinq

ans, par exemple – des conférences cri-tiques sur la Charte et, dans l’intervalle,des séminaires nationaux proposés parles villes et les institutions ou organescompétents;

– élaborer un programme de projets pilotesrelatifs à certains chapitres de la Charte;

– coopérer avec d’autres organisationsinternationales gouvernementales ounon gouvernementales dans la diffusiond’informations sur la Charte;

– encourager l’inclusion, par les villes etmunicipalités d’Europe, des principes dela Charte dans leur politique quotidienne;

– envisager, sur le modèle des rapportsélaborés au sujet de la démocratie localeet régionale, l’établissement de rapportsnationaux périodiques ayant trait à l’ap-plication de la Charte dans les paysmembres, avec l’aide et la coopérationdes associations professionnelles et régio-nales compétentes.

Le Groupe se réunira encore deux fois,après quoi un projet révisé sera présentéà la réunion de la Commission du déve-loppement durable du CPLRE prévue pourle printemps 2004 et soumis ultérieure-ment pour adoption à la Session plénièredu CPLRE, en mai 2004.

Richard HartleySecrétaire de la Chambre

des Pouvoirs Locaux Congrès des pouvoirs locaux

et régionaux de l’EuropeConseil de l’Europe

[email protected]

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La première édition de la Charte urbaine européenne

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La Charte urbaine européenne révisée

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Le groupe d’experts de l’Union européennesur l’environnement urbain constate quel’expansion anarchique des villes consti-tue un obstacle de première importanceau développement durable local et euro-péen: «La croissance désordonnée desvilles accentue la nécessité des déplace-ments et accroît la dépendance à l’égarddu transport motorisé individuel, ce quiaboutit… à aggraver la congestion de la cir-culation automobile, la consommationd’énergie et les émissions de polluants...Au plan international et au sein de l’Unioneuropéenne, on s’accorde très générale-ment à reconnaître la nécessité de conce-voir des stratégies intégrées, faisant inter-venir tous les niveaux de décision, pour lutter contre l’expansion anarchique desvilles.»Le Conseil international pour les initiativesécologiques locales (International Councilfor local environmental initiatives, ICLEI)se préoccupe des questions d’occupationet d’utilisation des sols, domaines impor-tants dans lesquels l’action locale a desconséquences pour les ressources natu-relles. Son action vise à surmonter les obs-tacles au développement durable, notam-ment au travers du projet URBS PANDENS(Extension urbaine: schémas européens,dégradation de l’environnement et déve-loppement durable), financé par l’Unioneuropéenne. Ce projet a pour objectif demettre en place une étude d’impact inté-grée, des instruments et des mesures d’in-frastructure portant sur l’expansion anar-chique des villes en Europe et d’élaborerun guide d’orientation abordant les diffé-rents aspects de l’expansion des villes. Ila également pour ambition de contribuer

à l’élaboration d’une politique européenneen la matière et de lutter contre la crois-sance non durable de la ville au plan local.Les travaux d’URBS PANDENS portentprincipalement sur sept régions (Athènes,Leipzig, Ljubljana, Liverpool, Stockholm,Vienne, Varsovie) et sont placés sous laresponsabilité de l’Institut de rechercheclimatologique de Potsdam. Ce projet doitêtre achevé à la fin de l’année 2004.L’«expansion anarchique des villes» réduitde jour en jour la qualité de la vie et a desrépercussions sur l’environnement, lesstructures sociales et l’économie. Uneétude réalisée par l’ICLEI dans le cadre duprogramme URBS PANDENS identifie lescritères déterminants d’une ligne deconduite favorisant les modèles d’expan-sion plus durable des villes. Elle reposesur une enquête portant sur des exempleseuropéens de bonne pratique qui présen-tent, en dépit de la diversité des pays euro-péens, certains mécanismes à partir des-quels une approche politique pourrait êtresuggérée:

Regardez de l’autre côté de la frontièreIl arrive fréquemment que le déplacementdes problèmes grève l’efficacité d’unebonne politique; en d’autres termes, réglerles difficultés soulevées dans un quartierne fait souvent que déplacer les tensionsvers un autre. Construire un quartiermodèle et découvrir son contraire absoluquelques dizaines de mètres plus loin, aubout de la rue, est un phénomène habituelqui se vérifie également à plus grandeéchelle et dans toute sa complexité enmatière de tourisme. De nouveaux amé-

nagements sont construits chaque année,principalement en Europe du Sud, pouraccueillir des touristes qui affluent tou-jours plus nombreux du nord, ce qui setraduit par des pressions induisant unecroissance désordonnée des destinationstouristiques les plus prisées. Cela signifiequ’une réglementation-cadre transrégio-nale, voire transnationale, est indispen-sable.

Etre volontariste avant qu’il ne soit trop tardLes régions ayant identifié précocementdes problèmes (potentiels) sont parvenuesà limiter les difficultés à traiter ultérieure-ment (Randstad, Haarlem, Amsterdam,Brasov). Le choix du moment adéquat,l’action collective et le suivi sont autantde facteurs décisifs à cet égard.

Mettre au jour le noyaudes mécanismes d’expansioninterdépendantsCette démarche est indispensable pourlutter contre l’expansion anarchique desvilles et concevoir la politique appropriée.Le mécanisme qui, en Grèce, associemigration et expansion – par lequel lesgens quittent les petits villages ruraux pouraffluer vers les villes puis dans les ban-lieues – constitue à cet égard un exemplebien connu.

Adopter des mesures législativesde soutienLa législation joue un rôle important enmatière de maîtrise de l’expansion desvilles. On sous-entend ici moins lesmesures législatives visant à limiter l’ex-pansion en tant que telle que le soutienqu’un cadre juridique adéquat peut appor-ter à des initiatives nationales ou régio-nales. Jusqu’à présent, ce n’est le plus sou-vent qu’après que les pouvoirs publics ontqualifié d’urgente ou de «priorité absolue»la situation d’expansion qu’ils affrontentqu’on a recours à des mesures législatives.On en trouvera des exemples notablesaux Etats-Unis, avec le programme des«Urban Growth Boundaries – Les Limitesde la croissance urbaine», mais aussi enEurope, dans le cas des lignes directricesrespectivement adoptées par l’Irlande etla Norvège en matière de développementdu commerce de détail. La législation irlan-daise plafonne à 3 000 m2 la surface utilenette des supermarchés pour porter uncoup d’arrêt à l’essor des hypermarchésdans les banlieues. En ce domaine, les

Vers une expansion durable des villes?

Les stations d’épuration bien conçues arrivent à bien épurer les eaux usées des villes

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exemples ne manquent pas non plus enAllemagne et dans les pays du Benelux.

Une organisation optimalede la structure du projetIl s’agit de déterminer à la fois le dimen-sionnement adéquat et la compositionappropriée d’un projet. Une petite entitésera-t-elle suffisante, un partenariat plusimportant sera-t-il nécessaire? Quelle serala pyramide des responsabilités? La régionde la Ruhr, en Allemagne, offre à ce titrel’exemple d’un ambitieux programme derénovation – l’IBA-Emscherpark (voirpages 28-29). Ayant adopté pour motd’ordre «Changer sans s’étendre», cetteinitiative concerne une ancienne régionminière et sidérurgique caractérisée parune croissance urbaine excessivementdésordonnée et ambitionne de changerson avenir. L’IBA-Emscherpark a suscitéplus de 120 projets novateurs, remis enquestion les structures traditionnelles dela rénovation urbaine et, en raison de sonorganisation indépendante, a toutes lesapparences d’un programme révolution-naire.

Susciter une opinion publiqueopposée à l’expansion urbaineanarchiqueEnfin, les possibilités sont nombreuses depromouvoir auprès du grand public unétat d’esprit opposé à la croissance urbainedésordonnée. Des actions de sensibilisa-tion, au travers de l’éducation et de la dif-fusion de l’information, de la publicité etdu marketing, peuvent stimuler une poli-tique fondée sur ce type d’instruments etamplifier ses résultats. Les villes actuellespeuvent rapidement se transformer encitadelles peuplées de citoyens non parti-cipants, d’habitants ne réfléchissant pas àdeux fois aux conséquences de leurs actes.Aussi est-il fondamental de donner uneplus grande visibilité aux résultats du choixdes habitants. Les pays du Benelux offrentà ce titre plusieurs exemples de prise deconscience ayant influé sur l’expansionurbaine anarchique.À l’évidence, il n’existe pas un seul etunique instrument de réorientation de lacroissance urbaine. Toute stratégie poli-tique envisageant des modèles de crois-sance plus durables doit être mise enœuvre posément. Elle doit déterminer lejuste équilibre et le bon moment entre despolitiques volontaristes et des projets derénovation peu enclins à prendre des ini-tiatives, ainsi qu’entre des incitations poli-

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Les organisations internationales nongouvernementales accréditées auprèsdu Conseil de l’Europe se retrouventpériodiquement au sein du regroupe-ment ONG-Villes pour promouvoir undéveloppement urbain durable. Elles sont ainsi représentées dans lesdiverses Commissions du Conseil del’Europe et notamment à la Commis-sion du Développement durable duCongrès des Pouvoirs Locaux etRégionaux.Depuis sa création en 1913, parEbenezer Howard, fondateur des «cités-jardins», la Fédération internationalepour l’habitation, l’urbanisme et l’amé-nagement des territoires (FIHUAT) quianime ce regroupement, s’attache àillustrer ce concept de développementdurable, et cela avant même qu’il ait étéclairement formulé à la fin du siècledernier par les Nations Unies.Ce concept qui alimente la discussiondans les congrès mondiaux et les com-missions de travail permanentes de laFIHUAT, ne se limite pas à la notion deprotection de l’environnement. Il s’agitde préserver – et aussi de créer – unespace urbain de haute qualité pouraujourd’hui et pour les générationsfutures. Ce processus ne peut réussir que s’ilenglobe, selon l’excellente définitiondonnée lors du séminaire RobertAuzelle à propos de l’art urbain:– la qualité architecturale;– la qualité de la vie sociale;– le respect de l ’environnement.On comprendra dès lors l’importancede la notion de «patrimoine» dans le

développement urbain à conditionqu’on ne limite pas cette notion à lapréservation ou la sauvegarde desmonuments anciens.C’est la rencontre patiente et difficileentre le site (qu’il soit bâti, planté ounaturel) et l’histoire (ancienne ourécente) qui est source de patrimoine,donc de lien social.Il existe par exemple au cœur d’unecertaine ville française un arbre de laliberté planté en 1793 par le Comitéde Salut public. Cet arbre, dût-il un jourmourir, vaut bien à lui seul tant d’autresjoyaux du patrimoine bâti qui donnentleur âme au centre de cette ville. Mais que dire de ces banlieues où s’ex-posent tant de laideur et de désordre?N’est-ce pas dans ces lieux précisémentqu’il faudrait – comme le souhaitait lemaire adjoint de Rome dans un récentcongrès de la FIHUAT – rechercher oufaire éclore quelques valeurs patrimo-niales créatrices de lien social?

Robert LafontIngénieur général honoraire

des Ponts et Chaussées Président suppléant de la FIHUAT

Responsable du regroupement ONG-VillesFIHUAT

c/o COFHUAT18/26 rue Goubet

F-75019 [email protected]

Quelques site à consulter:www.arturbain.fr; www.cofhuat.org; www.coe.int; www.ifhp.org; www.unece.org

Le regroupement ONG-Villes

Le delta de la Neretva, en Croatie

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tiques d’ordre législatif, administratif etéducatif. Enfin, elle doit, avec le concoursdes citoyens, des pouvoirs publics et desmarchés, réinventer l’urbanisme enEurope au-delà du phénomène de crois-sance anarchique.

Holger Robrecht Directeur

Secrétariat européen de l’ICLEILeopoldring 37

D-9098 Freiburg [email protected]

www.iclei.org

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L’être humain ne se lasse jamais d’inven-ter quelque chose sur la ville, son aspect,son contenu, son idéal. Récemment l’idéede construire une ville dans le ciel a été évo-quée. Est-ce un objectif de l’humanité,peut-on se demander? Et pourquoi? Peut-être pour un «nouveau» patrimoine? Ouplutôt pour un nouveau rêve? On inventela ville slow (dans le sens de slow-food oùl’on veut récupérer l’histoire et une cer-taine identité à travers la revalorisationd’anciens attributs), on laisse se «métro-poliser» les villes historiques, on dessine desvilles en suivant des idées hardies. On sepose des questions telles que «que reste-t-il de Brasilia» en entendant par là desavoir si cette ville a répondu aux attentesde ses promoteurs (le père de Brasilia, l’ar-chitecte brésilien Oskar Niemeyer avaitconstruit une œuvre à l’image de son pays:exubérante, sinueuse et utopique). Oninvente des scénarios dans lesquels touteforme est symbole de quelque chose quiarrive ou que l’on veut faire arriver dansla ville. On a déjà proposé la ville verte, laville des droits de l’homme, la ville linéaire,la ville thématique. On a laissé des villesdevenir des musées, on les a reconstruitestoujours plus hautes, plus grandes, en per-dant quelque fois la mesure, la dimensionhumaine, en ouvrant ainsi beaucoup dequestions sur la signification de la ville.

La ville idéaleL’être humain a toujours recherché la villeidéale, la ville parfaite en proposant desmodèles entre utopisme et perfection telsque la ville futuriste et la ville high-tech.Autant de projets qui ont été bâtis, conçus,rêvés, dessinés... Mais quelle a été la suiteet à quelle situation sommes nous arrivésdans la réalité? La ville doit-elle arriver aucollapsus pour que l’on se penche vrai-ment sur sort et avec tous les moyens dis-ponibles pour la faire vivre, respecter. Etrejoindre la ville de nos rêves? Peut-onsauver la ville?De plus: quelle ville veut-on aujourd’huipour demain? Que représente la ville pourla société d’aujourd’hui? Quelle est notreville idéale? Une ville dans laquelle tu peuxmarcher sur les plates-bandes? Une villevirtuelle, ou une ville dans laquelle tu metstes graffiti sur les murs pour affirmer tapersonnalité? Une ville dans laquelle tupeux décider de ton propre avenir etretrouver les inspirations nécessaires pourconstruire un demain? Quelle significa-tion profonde lui attribuer? C’est clair, il fautessayer de donner quelque réponse.

La ville reste toujours un objet intéressant,un «objet d’observation», un argumentpour le développement de la société, pourla vie en commun. La ville est comparableà un moteur qui doit servir pour rendre lelieu, le territoire, le quartier, plus habi-table, pour rendre les êtres humains plusheureux en produisant richesse, bien-être,culture. Voilà le mot: culture. On peutdémontrer que la ville est un «conteneurde culture» au travers d’un voyage, d’unparcours ouvert aux citoyens, qui, dupassé, passe dans le présent pour arriverau futur en parcourant toute l’évolutionculturelle de «l’objet ville». Il s’agit de déter-miner des valeurs, d’attribuer des signifi-cations aux éléments de la ville, de don-ner de l’importance et de faire émergerdes lieux représentatifs. Il s’agit aussi dedessiner des visions, de dessiner des his-toires qui sont à la base de la naissance etdu développement de la ville, de mettre enévidence des caractéristiques pour en fairedes valeurs à retenir, à corriger ou à trans-former. Cette analyse de la société et delecture du territoire conduit vers la per-ception sociale du lieu où on veut vivre età l’affirmation que «la ville est un patri-moine» à part entière et peu importe sielle est grande, petite, historique, métro-pole, ancienne ou nouvelle.

Patrimoine?Pourquoi patrimoine? Quand on passedevant une mairie notre attention va àcette structure, ce bâtiment qui représentequelque chose (le pouvoir, la démocratie,l’autonomie locale…). La traversée d’uneplace, nous rappelle le lieu de rencontre,le lieu de la socialisation et du débat. Onpourrait broder sur ce thème à l’infini. Eneffet dans chaque bâtiment, chaque lieu,il y a et se cache quelque chose de réel etde symbolique en même temps et quiappartient à l’histoire de la société: his-toire, civilisation, démocratie, expressionde l’art. Ce tout devient patrimoine, par-ties d’un patrimoine. On peut égalementse demander pourquoi quelques struc-tures sont si représentatives pour qu’onaille les voir. Beaucoup de choses éma-nent du «patrimoine» ainsi reconnu: laforme urbaine, l’aménagement des routeset des bâtiments, les contradictions, labeauté et la laideur, le respect du terri-toire, les parcours…Pour que le patrimoine soit ainsi reconnu,il est toujours utile de continuer lesrecherches sur l’objet «ville», en passantpar la culture (culture politique) sans oublier

que la ville s’enrichit aussi de valeurs parl’existence des droits, des devoirs, despriorités, des principes de ses habitants. Pour ne pas «perdre ce patrimoine», il estnécessaire de se pencher sur les raisonsqui sont à la base du développement desvilles (souvent sans programme, sansobjectifs) dicté et conduit par des argu-ments, qui seuls ne sont pas partageablestels que l’économie, la finance, le profit.Il est indispensable de comprendre les rai-sons qui ont changé le visage, l’image desvilles.

Christiana Storelli Présidente de l’ancien groupe de travail du

CPLRE sur la Charte Urbaine européenne Membre du groupe de consultants sur la

révision de la Charte Urbaine européenneVia C. Ghiringhelli 5 CH-6501 Bellinzona

[email protected]

La ville est un patrimoine

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Le 30 janvier 2002, le Comité des Ministresdu Conseil de l’Europe a adopté laRecommandation Rec (2002) 1 adresséeaux États membres sur les Principes direc-teurs pour le développement territorialdurable du continent européen (PDDTDCE-CEMAT). Les Principes directeurs tentent de mettreen valeur la dimension territoriale desdroits de l’homme et de la démocratie. Ils’agit d’identifier les mesures d’aména-gement du territoire par lesquelles lespopulations de tous les États membres duConseil de l’Europe sont susceptibles d’ac-céder à un niveau de vie acceptable. Cecireprésente une condition préalable fon-damentale pour la mise en œuvre de lastratégie de cohésion sociale du Conseilde l’Europe et la stabilisation des struc-tures démocratiques dans les communeset les régions d’Europe. Une section estconsacrée aux zones urbaines et une autreà la promotion des impulsions de déve-loppement engendrées par les fonctionsurbaines et amélioration des relations ville-campagneLa Déclaration de Ljubljana sur la dimen-sion territoriale du développement durableadoptée le 17 septembre 2003 par lesMinistres responsables de l’aménagementdu territoire des Etats membres du Conseilde l’Europe lors de la 13e Session de laConférence européenne des Ministres res-ponsables de l’aménagement du territoire(CEMAT), considère notamment que pourtraiter de manière appropriée les grandsenjeux du développement territorial

durable du continent européen, il faut amé-liorer les politiques pertinentes en vue desoutenir le développement polycentriqueéquilibré du continent européen et la for-mation de régions urbaines fonctionnelles,y compris de réseaux de petites villes etde villes moyennes et de localités rurales. La Convention européenne du paysage(Florence, 20 octobre 2000) souligne l’im-portance du paysage, dans les milieuxurbains, pour la qualité de vie des popu-lations.Le développement du territoire est ainsi uninstrument essentiel dans la poursuite del’objectif de développement durable.

Extrait des PDDTDCE-CEMAT

2. Les zones urbaines:«..51. Dans la poursuite de l’objectif d’undéveloppement polycentrique des systèmesurbains européens, des mesures complé-mentaires, outre celles relatives au ren-forcement du potentiel économique, sontproposées, visant un développementdurable dans les villes et dans les zonesurbaines. Celles-ci incluent:– le développement de stratégies adaptées

au contexte local visant à maîtriser lesconséquences des restructurations éco-nomiques;

– le guidage de l’expansion spatiale desvilles: limitation des tendances à la sub-urbanisation par le biais de l’affectationde terrains à bâtir dans les villes, acti-vation des parcelles interstitielles en vuede la construction, développement detechniques de construction économes enterrains, aménagement de terrains àconstruire à proximité des nœuds de tra-fic et des gares, politique de développe-ment des quartiers centraux des villes,amélioration de la qualité de vie dans leszones urbaines, y compris par la conser-vation et par la création de nouveauxespaces verts et écosystèmes;

– la régénération de zones urbaines défa-vorisées, et mixité des fonctions et desgroupes sociaux au sein de la structureurbaine, en particulier dans les grandesvilles où des zones d’exclusion socialesont en voie d’émergence;

– la gestion prudente de l’écosystèmeurbain, en particulier en ce qui concerneles espaces verts et ouverts, l’eau, l’éner-gie, les déchets et le bruit;

– le développement de moyens de trans-port qui soient à la fois efficaces et res-pectueux de l’environnement, conçus pourcontribuer à une mobilité durable;

– l’établissement d’organes de planifica-tion intercommunaux pour la coordina-tion de l’aménagement entre les diffé-rentes villes et municipalités;

– la conservation et la valorisation du patri-moine culturel;

– le développement de réseaux de villes.

52. Les villes des nouveaux Étatsmembres du Conseil de l’Europe doiventfaire face à des défis spécifiques, tels quele financement de la construction de loge-ments, ainsi que de l’entretien et de la réha-bilitation du parc immobilier, en particu-lier en ce qui concerne la rénovation etl’adaptation aux nouveaux besoins (accrois-sement du taux de motorisation, demandeen matière de qualité architecturale, néces-sité d’accroître l’efficacité énergétique). Lestendances naissantes en matière de sub-urbanisation et de ségrégation, qui résul-tent du rattrapage en matière d’accès à lapropriété résidentielle, peuvent être atté-nuées par le biais d’une offre suffisante deterrains à construire dans les aggloméra-tions.»

Maguelonne Déjeant-PonsChef de la Division de l’aménagement

du territoire et du paysageConseil de l’Europe

www.coe.int/CEMAT www.coe.int/Conventioneuropéennedupaysagewww.coe.int/EuropeanLandscapeConvention

[email protected]

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Coucher de soleil sur la ville

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Aménagement du territoire, paysage et zones urbaines

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Généralement, on appréhende les villescomme des lieux où se côtoient de fortesdensités de constructions et de grandesconcentrations humaines. Or, à y regarderde plus près, les zones non construitessont aussi importantes que le bâti, pour lesvilles et les métropoles; et elles le sontpeut-être plus encore pour la vie de leurshabitants. Aussi, si le paysage urbain estlargement invisible à première vue, entous cas pour l’œil non exercé, ce sont lesespaces verts et ouverts de nos villes etmétropoles qui constituent la matrice àl’origine de leur unité, de leur structure etde leur identité. Le paysage urbain offre deslieux de récréation et de communication;il est aussi porteur de sens et garant de lasanté environnementale des villes et dela qualité de vie de leurs citoyens.

Parcs et jardinsLes parcs et les jardins ont bien évidem-ment été reconnus il y a longtemps commeune composante majeure de l’environne-ment des villes européennes: le siècle desLumières s’est traduit par l’ouverture desparcs de l’aristocratie au grand public et,plus tard – dans le sillage de la révolutionindustrielle –, la nouvelle bourgeoisieurbaine a créé ses propres parcs munici-paux, comme autant de symboles de sonpouvoir et de ses valeurs, et pour l’ins-truction des classes ouvrières. Les parcs,pourtant, ne représentent qu’une faiblepartie de l’ensemble de l’espace urbainouvert. Tout comme les traditionnelsespaces verts, les terrains de sport et lescimetières, les berges et les talus le longdes voies de chemin de fer, les rues pié-tonnes, et même les sites industriels aban-donnés et les rares lopins de terre agri-

cole qui subsistent, peuvent contribuer defaçon significative à des villes et des métro-poles plus attractives et saines pour vivre,travailler et investir. Mais pour tirer plei-nement profit du potentiel du paysageurbain, il faut considérer les ressourcesoffertes par les espaces ouverts dans leurtotalité; leur signification globale est eneffet plus forte que celle de la somme deleurs composantes. La nouvelle Convention européenne dupaysage élaborée dans le cadre du Conseilde l’Europe marque une étape dans lareconnaissance de l’importance du pay-sage urbain dans sa globalité. Dans la plu-part des villes européennes, cependant,la démarche intégrée d’aménagement, dedesign et de gestion du paysage urbainest rare, voire inexistante, dans la pra-tique. Et la responsabilité de cette res-source diverse, complexe et extensive estgénéralement répartie entre plusieurs ser-vices municipaux distincts. D’autres pro-blèmes se posent, et, notamment la fré-quente non-reconnaissance de l’impor-tance du paysage urbain par la classepolitique, qui ne parvient pas à mettre enplace les ressources et les approchesrequises pour son aménagement, sondesign et sa gestion selon une approcheintégrée. Pourtant, nombreuses ont étéles tentatives pour appréhender le pay-sage urbain dans sa globalité, sur tout lecontinent: John Claudius Loudon, en 1826,proposait le concept de couronnes vertespour Londres; le plan de Vienne de 1905prévoyait une ceinture de prés et de boisautour de la ville; un modèle de routes àpaysage aménagées a vu le jour àStockholm, dans les années 40 et 50; et,dans les années 80 et 90, des efforts fruc-tueux ont été déployés pour la régénéra-tion de Barcelone, avec pour fil conducteurle paysage urbain.

Problèmes et potentielscommuns aux villesCe qui a fait défaut, jusqu’à récemment,c’est la prise de conscience que les pro-blèmes et les potentiels du paysage urbainétaient communs à toutes les villes etmétropoles européennes. Le Livre vert dela Commission sur l’environnement urbaina favorisé la naissance de divers projets derecherche subventionnés par l’Union euro-péenne, impliquant le partage d’expé-riences entre des groupes relativementpetits de municipalités et de départementsuniversitaires. Plus récemment, un réseauformé autour du thème de l’architecture

paysagère, le projet «LE:NOTRE» (Land-scape Education: New Opportunities forTeaching and Research in Europe –Education au paysage: nouvelles pers-pectives d’enseignement et de rechercheen Europe), a été financé dans le cadre duprogramme Erasmus; il a réuni, essen-tiellement par le biais d’Internet, une cen-taine d’universités européennes impli-quées dans l’enseignement et la recherchesur l’aménagement, le design et la ges-tion des paysages, afin de favoriser la com-munication et l’échange d’informationsau niveau international. Mais tous ces projets approchent de leurconclusion, au moment précis où va entreren vigueur la Convention européenne dupaysage qui met l’accent sur la nécessitéd’un partage des expériences, au planinternational, entre le milieu universitaireet le terrain. Le risque, dans ces condi-tions, est que l’expertise engrangée grâceà ces projets ne se perde, et que lescontacts entre les universitaires et leshommes de terrain se délitent, faute d’ac-tion. Ce qu’il faut, de toute évidence, c’estune nouvelle alliance pour le paysageurbain au niveau européen; un réseau fortqui s’appuie sur les réalisations et qui asso-cie théorie et pratique à travers le conti-nent. L’établissement d’un nouveau réseau demunicipalités et d’universités européennes,dans le but d’appliquer la Convention euro-péenne du paysage à l’environnementurbain, est susceptible d’être bénéfiqueaux deux parties. Le projet LE:NOTRE,vaste réseau européen dans le domaine del’enseignement des métiers du paysage,est un modèle de travail. Si, actuellement,son objectif majeur est de mettre en rela-tion les universités, son élargissement auxprincipales autorités municipales euro-péennes chargées de l’aménagement, dudesign et de la gestion du paysage urbain,serait un pas logique et décisif dans le sensde la réalisation des objectifs de laConvention européenne du paysage dansnos villes et métropoles, qui abritentquelque quatre-vingt pour cent de la popu-lation du continent.

Richard Stiles Département d’architecture paysagère

Université de Technologie de VienneKarlsgasse 11A-1040 Wien

[email protected]

Un réseau européen du paysage urbain?

Certains oiseaux se sont bien habitués à la vie urbaine. Le faucon crécerelle se nourrit d’oiseaux, de rongeurs

et d’insectes capturés en ville

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Ces deux dernières années, le systèmed’aménagement du territoire au Kosovo aconnu des changements radicaux. La nou-velle loi sur l’aménagement du territoire(rédigée avec l’aide du programme HABITAT des Nations Unies, adoptée parle Parlement du Kosovo le 3 juillet 2003 etpromulguée par le représentant spécial duSecrétaire général des Nations Unies le10 septembre 2003 à Pristina, Kosovo), demême que les pratiques des services d’amé-nagement urbain, s’orientent sur la parti-cipation des citoyens à la définition desobjectifs du développement local et de sespriorités. L’accent est aujourd’hui placé surun aménagement du territoire stratégiquequi implique l’authentique participation descitoyens à toutes les phases du processus.

Autonomie gouvernementaledes municipalitésDepuis le milieu de l’année 1999, le Kosovoa pris des mesures hésitantes mais défi-nitives dans le sens de la démocratie. Lespremières élections municipales se sontdéroulées en octobre 2000. Un Règlementde la MINUK a été adopté qui concernel’autonomie des municipalités et l’éta-blissement des institutions provisoiresd’auto-administration, à qui incombeaujourd’hui la prise de décision en matièrede développement. Aujourd’hui, les municipalités entamentleur deuxième mandat suite aux électionsd’octobre 2002. Tous les segments de lasociété et du gouvernement prennent pro-gressivement conscience de l’importancede ces processus électoraux. L’existencemême de ces institutions, mais aussi leurélection et leur fonctionnement démo-cratiques, sont la preuve indubitable desprogrès réalisés depuis le conflit. Mais lesinstitutions municipales sont encore fra-giles et manquent de compétences; il fautdonc les renforcer pour qu’elles puissentfonctionner efficacement au niveau degouvernance le plus proche des citoyens.

Défis urbainsDepuis trois ans, on assiste à une véritableexplosion des constructions illégales. Cephénomène n’est pas nouveau; ces der-nières décennies, les villes et les métro-poles ne disposaient d’aucun plan régle-mentant l’aménagement des nouvelleszones résidentielles, commerciales etindustrielles. Le Kosovo, comme d’autrespays dans les Balkans, se heurte par consé-quent à des problèmes juridiques et phy-siques s’agissant de réguler le développe-

ment chaotique visible autour des grandsaxes routiers et à la périphérie des villes.Sans la participation de tous les citoyens,construire des villes et des municipalitésvivables est impossible. La tendanceactuelle consiste à favoriser excessivementles conditions de la croissance économiqueet à oublier que les villes, au-delà des ser-vices et des infrastructures efficaces qu’ellesoffrent, sont aussi des lieux pour la vie cul-turelle et sociale, l’éducation, le sport etles loisirs; des lieux où les générationsapprennent au contact les unes des autres.C’est pourquoi il faut absolument sollici-ter tous les citoyens lors de l’élaboration desprogrammes de développement urbain –et ce, même au Kosovo.

Principes de la planification inclusiveEn rupture avec les pratiques conven-tionnelles, le processus de préparation dela nouvelle loi d’aménagement du terri-toire intégrait la tenue de cinq réunionspubliques, qui ont d’ailleurs fortementorienté le contenu de la loi en question.Parmi les principes phares de cette loifigure une «bonne» gouvernance. En vertude ce texte, la fixation des objectifs desfuturs plans d’aménagement fait interve-nir des procédures démocratiques quigarantissent la participation de tous lescitoyens, hommes et femmes, aux pro-cessus décisionnels. Et le système de pla-nification ainsi instauré s’avère parfaite-ment compatible avec les approches despays d’Europe occidentale. Par ailleurs,cette loi s’inscrit dans un cadre législatifplus large qui fait actuellement l’objet d’unerévision de fond dans la perspective d’in-tégrer les nouvelles institutions démocra-tiques et une économie de marché libre. Avec une rapide croissance de la popula-tion (on estime que les moins de 18 ansreprésentent 40% de la populationactuelle) sur un territoire relativement res-treint, l’aménagement urbain inclusif etstratégique est précieux à double titre:parce qu’il permet d’économiser des res-sources rares et favorise les mises de fondspublics et privés, et parce qu’il fournit uneperspective spatiale, coordonnée et inté-grée, de la croissance de tous les secteurs. Dans la majorité des trente municipalitésdu pays, des équipes municipales multi-disciplinaires se chargent de l’applicationdu Cadre pour un aménagement partici-patif et stratégique (Framework forParticipatory and Strategic Planning), préparé dans le cadre du programme

HABITAT des Nations Unies. Il en résultenon seulement un aménagement plusinclusif, mais aussi des décisions partici-patives plus éclairées et stratégiques, quiont de ce fait des chances accrues de sevoir appliquées. Soutenu par le ministère de l’Environne-ment et de l’Aménagement territorial,M. Ethem Çeku (HABITAT) souligne que lerenforcement des institutions locales estune condition nécessaire pour soutenir lesnouvelles pratiques d’aménagement et leursbénéfices. Un vaste programme de for-mation garantit que les planificateurs acquiè-rent les connaissances et les expériencesnécessaires relativement au nouveau sys-tème d’aménagement et à ses procédures.

Réalisations des municipalitésAvec la promulgation de la nouvelle loi, laplupart des administrations municipalessont à présent engagées dans un proces-sus d’aménagement qui était auparavantdu ressort des instituts de planificationdirigés par Belgrade. Quelque 30% desmunicipalités se préparent actuellementà leurs premières consultations publiques,sur la base d’un profil urbain redessiné, tan-dis que d’autres se battent encore pourréunir les données nécessaires dans uncontexte où les derniers recensementsremontent aux années 80. Lorsque les plans d’aménagement urbainset municipaux seront prêts, dans 18 mois,les planificateurs urbains entreprendrontl’élaboration détaillée des mesures régle-mentaires.

Gert LudekingArchitecte-planificateur

Directeur des programmes UN-HABITAT au Kosovo

Nazim Gafurri StreetPristina, [email protected]

Une nouvelle ère pourle développement urbain au Kosovo

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Evoquer la ville de demain en France, dansune revue européenne consacrée au thème«ville et patrimoine»: le sujet m’invite àconjuguer échelles nationale et euro-péenne, passé et futur, tout cela sous labannière du développement durable. Jetenterai de montrer brièvement que cetélescopage spatial et temporel, loin d’êtrepurement académique, est au cœur desenjeux des politiques d’aménagement.Avant d’évoquer la ville en Europe, ou laville en France, il importe de rappeler quele développement durable des villes estun enjeu d’envergure planétaire, car l’ur-banisation est un phénomène mondial.Ce constat résonne souvent négativementdans l’opinion, effarée par les concentra-tions de population dans les mégalopoles,et les risques de déséquilibres sociaux ouenvironnementaux qu’elles peuventengendrer. Sans nier ces risques, et la

nécessité de politiques publiques visant àmaîtriser l’urbanisation, il n’est pas inutilede rappeler que si les hommes, quand lesconditions historiques le permettaient, ontcherché de tous temps à s’assembler, c’estqu’ils y trouvent avantage, pour créerensemble de la richesse économique,sociale, culturelle, pour décider ensembledu bien commun. Urbanisation rime, auplus profond, avec civilisation. L’oppositionentre ville et campagne n’a d’ailleurs plusguère de sens, dans les pays développésau moins, car les acteurs des territoiresruraux ont des liens multiples et fréquentsavec la ville, pôle de proximité, capitalerégionale ou nationale. Dire cela n’exclutpas, bien entendu, de débattre du modèlede ville que nous voulons. L’Institut natio-nal de recherche sur les transports et leursécurité (INRETS) avait réalisé pour laDélégation à l’aménagement du territoire

et à l’action régionale (DATAR) il y a unedizaine d’années une remarquable étudeprospective de la mobilité urbaine, quidégageait trois modèles de villes, différantà la fois par leur forme spatiale, leur fonc-tionnement socio-économique, leur gou-vernance et, finalement leurs valeurs fon-datrices: le modèle californien, le modèlesaint-simonien et le modèle rhénan.

Fondements philosophiqueset éthiquesEvoquer, pour parler de la ville, le conceptde développement durable, peut appa-raître pour le moins convenu. Certains segaussent de ces «mots valises» que sont:durabilité, équité, mixité, urbanité, pour nepas parler du polycentrisme cher auSchéma de développement de l’espacecommunautaire. Je ne conteste pas lanécessité d’un examen critique de cesnotions. Cependant nous n’avons pas seu-lement besoin d’une pensée critique, maisaussi de dégager collectivement du sens.Face à diverses dérives idéologiques: libé-ralisme économiciste, intégrisme écolo-giste, replis identitaires, nous avons besoinde fondements philosophiques et éthiques,tels qu’en proposent des penseurs commeJ.Habermas ou J. Rawls. Ce dernier nousa invité, dans sa Théorie de la Justice(1971), à adopter des principes d’équitéintra- et intergénérationnelle, qui balisent,non pas ce que serait en soi le bien com-mun (la cité idéale), mais une façon d’ar-ticuler un processus de délibération col-lective, afin de concilier les objectifs, àcourt terme antagonistes mais à long termesynergétiques, que sont la production derichesse économique, la solidarité socialeet la préservation du patrimoine commun.A ceux qui pensent que l’espace n’est passeulement un champ neutre où se déve-loppent les processus économiques, maisun territoire, ou plutôt des territoires, fac-teurs de production, lieux de projet et desolidarité, il reste à écrire une théorie dela justice spatiale.Tout cela est bien abstrait, me dira-t-on. Jevoudrais, en praticien de l’aménagementurbain opérationnel et de la planificationrégionale en Ile de France, dire combienles questions urbaines illustrent concrè-tement l’enjeu des processus de débat col-lectif pour un développement plus durable.Quels meilleurs exemples:– qu’un débat en commission d’urba-

nisme, un soir à la mairie, sur un projetd’aménagement, la densité et la mixitéde son programme de construction: faut-

La ville de demain en France

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il prévoir de construire quelques loge-ments sociaux collectifs, ce que certainscontestent, au nom de soi-disant prin-cipes écologiques, mus en fait par leursarrières pensées ségrégatives;

– que la négociation d’une conventionentre l’Etat et la ville, visant à faire res-pecter, au travers d’un équilibre entrela construction de logements et debureaux, l’équilibre habitat-emploi visépar le Schéma directeur régional de l’Ilede France?

Voilà des procédures bien modestes. Maisqui ne voit que le modèle urbain (fait dedensité, de mixité, de diversité fonction-nelle) d’une ville comme Paris est l’ar-chétype d’un «jeu à somme positive» entrerésidents, acteurs économiques et pou-voirs publics, efficace économiquement,socialement et environnementalement?Les réalisateurs de ce cadre urbain ont faitpendant des siècles du développementdurable sans le savoir; c’est un atout majeurpour l’avenir si on parvient à le préserver,ce qui est loin d’être acquis.

Penser globalement,agir localementLe développement durable nous invite àpenser globalement, agir localement. Laville de demain sera d’abord ce que cha-cun de nous en fera. La «valeur ajoutée» dela ville (ses «externalités positives», disentles économistes), ce sont les citadins quila créent, au travers des rencontres de leurvie personnelle et professionnelle, de leurengagement de citoyen. Ses dysfonction-nements (ses «externalités négatives»,congestion, pollutions diverses, ségréga-tion socio-spatiale, exclusion) ce sont aussiles citadins qui les engendrent, au traversde leurs choix résidentiels, de leurs modesde déplacements, des effets du marché.L’action régulatrice de la puissancepublique doit donc s’adresser à des cita-dins informés et responsables.Mais pourquoi l’Europe doit-elle se pré-occuper des villes, que ce soit au traversdes initiatives communautaires Urban ouInterreg, du Schéma de développementde l’espace communautaire (SDEC), oudes Principes directeurs pour le dévelop-pement territorial du Continent européen(PDDTDCE-CEMAT)? Parce que si les entre-prises qui se localisent en Europe mettenten compétition, à tel ou tel moment deleur existence, villes et territoires, elles ontavant tout besoin d’une offre territorialeglobale, et d’abord d’un réseau de villes(régional, national, européen). Parce que

les villes européennes, si diverses, ontaussi beaucoup en commun, face aux villesaméricaines par exemple car ce n’est pasla même chose d’avoir 200 ans ou 2000ans d’histoire. De même que les Etatseuropéens ont, par-delà la diversité deleurs modes d’ organisation, de leurs sys-tèmes de protection sociale, un modèleet un projet commun, qui s’exprime toutparticulièrement dans la construction euro-péenne.Parce que, si ce sont d’abord les Etats quiconstruisent l’Europe (et l’organisation enEtats-nations reste et restera longtempsun modèle performant d’intégration éco-nomique et sociale), les villes, de mêmeque les régions, les entreprises, les ONG,les citoyens, sont aussi invités à construirel’Europe. Ce n’est pas un slogan, c’est déjàune réalité – les réseaux hanséatiques ontpréexisté aux Etats d’aujourd’hui – et c’esttout l’enjeu de programmes de coopéra-tion comme Interreg ou Urban.

Alors, la ville de demainen France?Elle est de la responsabilité conjointe etsolidaire des citadins et des responsablesqu’ils désignent: élus municipaux, maisaussi responsables des structures de coopé-ration intercommunales (qu’il faudra bien

un jour élire au suffrage universel ), voireresponsables régionaux, nationaux, euro-péens. Car la ville s’accommode mal desfrontières administratives et requiert lesoin de l’ensemble de ces échelons terri-toriaux. C’est tout l’enjeu de la coopérationhorizontale et verticale évoquées par leSDEC. Elle devra conserver et faire fructi-fier les atouts hérités d’hier, patrimoinephysique, espace public, valeurs sociales,culturelles, spirituelles. Enfin, elle dialo-guera avec les villes européennes, les villesdes Etats voisins de l’Europe (commentne pas évoquer l’enjeu, pour les villes fran-çaises, de développer les liens avec lesvilles du Sud de la Méditerranée), et lesvilles du reste du monde.

Jean PeyronyChargé de mission

pour la coopération européenne Délégation à l’aménagement du territoire

et à l’action régionale (DATAR)1 avenue Charles Floquet

F-75543 Paris cedex [email protected]

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Conséquence de changements globauxet sociaux, l’aménagement du terri-toire et des zones urbaines de Slovénietraverse une période de transition. Laplupart des villes et cités slovènes fontl’expérience d’une restructuration«silencieuse». Le concept d’aménage-ment urbain de Maribor ne représentepas un quelconque projet de «gran-deur» urbaine mais bien un plan cher-chant à établir des processus d’amé-nagement coopératifs dynamiquespouvant assurer la coordination com-plexe et continue du développementde la ville. La Municipalité de Maribor a recrutéplus d’une centaine d’experts pour lapréparation, sur six ans, de son nou-veau concept urbain. Une mise à jourde l’ancien plan d’urbanisme, vieuxde vingt ans, était requise de touteurgence, car, après l’indépendancede la Slovénie et avec la perte tempo-raire des marchés de l’ancienneYougoslavie, cette cité de 100 000 habi-tants où prédominait l’industrie lourdedu secteur manufacturier devint unedes villes au taux de chômage le plusélevé du pays (plus de 20%).Les résultats d’une analyse appro-fondie et ciblée de la ville ainsi quedes potentiels de développement del’aménagement urbain indiquent quel’ancien système normatif d’une pla-nification de l’espace intensive et sou-tenue par l’Etat se traduisait par unsensible décalage en matière deméthodes, de production et decontenu. Il était par conséquent néces-saire d’élaborer un nouveau docu-ment, basé sur une approche entiè-rement nouvelle de l’aménagementdu territoire et des mentalités dans lecadre d’un développement urbainmoderne.

Le concept de plan urbain –la ville tournée vers l’intérieur La croissance introvertie de la ville est fon-dée sur les points suivants: – la formation d’un noyau urbain central

du nouvel âge liant en une structure uni-fiée les deux zones urbaines jusqu’ici sépa-rées;

– l’occupation par étapes et le réaménage-ment des zones urbaines vacantes, défi-cientes et de mauvaise qualité (dans lecentre et la périphérie);

– la mise en place homogène du réseaud’infrastructures soutenant le dévelop-pement des transports publics;

– les ajouts intensifs de constructions com-prenant des espaces verts publics;

– la mise en place de régions urbaineshomogènes – une ville régionale.

Les ateliers de planification urbaine et d’ar-chitecture furent étroitement liés à la pré-paration du plan d’urbanisme et permirentde vérifier immédiatement les prémissesconceptuels du document tout en rendantpossible, notamment, une large participa-tion du public professionnel et profane. Cesateliers de planification urbaine furent extrê-mement efficaces et contribuèrent à ce quel’on s’attelle à des questions d’actualité rela-tives au développement moderne de l’es-pace urbain comme la revitalisation descentres-villes, le réaménagement des zonesbâties en périphérie urbaine, la restructu-ration des zones industrielles dangereusespour l’environnement dans les centresurbains, l’aménagement d’espaces verts,la modernisation des infrastructures de cir-culation routière en accroissant considéra-blement la part réservée aux moyens detransport alternatifs et à la circulation despiétons, etc. Les ateliers furent financés parle ministère slovène de l’Environnementde l’Aménagement du territoire et de l’Énergie ainsi que par la Municipalité deMaribor. Sept ateliers eurent lieu en cinq ans,avec la participation de plus de 300 pro-fessionnels et étudiants spécialistes de laplanification de l’espace (urbanistes, expertsen développement urbain, architectes etpaysagistes). L’élément de qualité déterminant introduitpar ces ateliers est le réel contact permanentdes urbanistes avec l’environnement.L’accès à l’information, la participation desautorités locales et des professionnels, lesorigines diverses des groupes (il y a tou-jours eu deux groupes de spécialistes dudéveloppement urbain locaux) et l’omni-présence du design urbain public sont autantde facteurs ayant leur importance.

LauréatEn 2002, le projet d’un concept d’urba-nisme pour Maribor fut sélectionné auGrand Prix européen de l’Urbanisme. Le Conseil européen des urbanistes exa-mina 253 candidatures émanant de13 pays différents. Quatre reçurent desrécompenses spéciales du président duConseil, Charles Lambert, et du jury: – le Quartier espagnol de Naples, du fait

du succès de la participation prévue dansl’élaboration de sa planification;

– la nouvelle réglementation urbaine deFaenza, en Italie, pour avoir élaboré desoutils et des méthodes de développe-ment durable;

– Bantry Bay pour l’introduction d’un nouveloutil, la charte, qui implique la populationainsi que des organisations locales aux stra-tégies et au développement du territoire;

– le Concept urbain de Maribor – Plan dedéveloppement de l’espace pour uneapproche professionnelle des urbanistesdans la mise en œuvre du projet.

Le jury justifia sa décision en soulignantque le plan d’urbanisme de Maribor appe-lait à une action à la fois rapide et hautementprofessionnelle, ce qui fut réalisé par unesérie d’ateliers réunissant professionnelset grand public. Ceci permit non seulementd’assurer la qualité du processus de trans-formation mais contribua également à l’ac-ceptation générale et au suivi des concepts,tout en renforçant la stratégie de dévelop-pement interne, partie intégrante de l’ob-jectif général de durabilité – comme il estdéclaré dans la justification d’attributiondu prix (4e Grand Prix européen de l’urba-nisme, en 2002, remis par le Conseil euro-péen des urbanistes). La planification du réaménagement urbainprévoit des étapes allant du niveau desconcepts d’espace à celui de leurs plansdétaillés et de leur mise en œuvre, en d’autrestermes depuis le concept de développementurbain jusqu’aux ateliers organisant les appelsd’offres garantissant la meilleure qualité pos-sible pour la mise en œuvre des réalisations.Cette année, une grande partie de l’atten-tion fut concentrée sur les espaces urbainsouverts, sujet de l’atelier internationalMikrourabnika organisé en coopération avecdivers aménageurs et paysagistes, l’Académiedes beaux-arts de Ljubljana ainsi que laFaculté d’architecture de Graz.

Ljubomir MisicDirecteur de l’Agence d’urbanisme

de la Ville de MariborGrajski trg 7

SI-2000 [email protected]

Maribor la pression du réaménagement urbain

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En 1998, à l’occasion de la Journée de l’urbanisme de l’exposition mondiale«EXPO 98», à Lisbonne, les ministres por-tugais chargés de l’Aménagement duTerritoire et de l’Education, ont signé unprotocole visant à la création d’un concoursde niveau national destiné aux élèves de14 à 16 ans, ayant pour objectif la parti-cipation, la réflexion et le débat sur la ques-tion «où vit-on, comment vit-on et com-ment veut-on vivre» dans le but de sensi-biliser les jeunes aux questions de ladurabilité urbaine et territoriale et de déve-lopper le sens et la pratique de la citoyen-neté.Les trois objectifs principaux sont: – promouvoir une vision transdisciplinaire

de l’urbanisme et de l’aménagement duterritoire;

– réfléchir, discuter et questionner lespotentialités et les problèmes des villeset des territoires;

– promouvoir l’esprit critique et créatifenvers la ville et le territoire.

Le concours «Penser la ville et le territoire»,se poursuit depuis sa première édition,l’année scolaire 1998-1999, et en est, cetteannée, à sa sixième édition.

Le concours…Le règlement du concours, outre le calen-drier fondé sur l’année scolaire, établit parexemple: – que les travaux sont destinés à la ville ou

au territoire où se trouve l’école ou larésidence des élèves;

– que les travaux sont collectifs, présentéspar un groupe d’élèves ou par une classeet coordonnés par des professeurs del’école.

Les travaux peuvent être présentés sousla forme de rapports, dessins, peintures,audiovisuel, maquettes, site Internet.Le concours est présenté sur un siteInternet spécifique, où il est possible d’avoirde l’information, aussi bien sur le concoursque sur des textes de base concernant lethème et des liens utiles.De plus, une équipe formée par des expertsde la Direction générale de l’aménage-ment du territoire et du développementurbain et de la Direction de l’enseigne-ment secondaire, chargée de mettre enœuvre et d’assurer le suivi du concours,réalise, chaque année, des actions d’in-formation pour les professeurs de l’en-seignement secondaire, sur le thème etles objectifs du concours. Ces actions sedéroulent aux niveaux national et régional,avec parfois l’appui d’experts universi-

taires ou d’ONG professionnelles. Cetteéquipe est également chargée, après laconclusion de chaque édition du concours,d’en faire l’évaluation.Le concours attribue divers prix aux élèves,aux professeurs coordinateurs et auxécoles. Exceptionnellement des mentionsd’honneur sont décernées à des travauxqui, bien que ne méritant pas un prix, pré-sentent des points particuliers.

Et son fonctionnementLe jury du concours est composé par desreprésentants de la Direction générale del’aménagement du territoire et du déve-loppement urbain et de la Direction del’enseignement secondaire et d’un expertreconnu dans le domaine de l’aménage-ment du territoire et du développementurbain. Les prix sont remis lors d’une cérémoniepublique à l’occasion de laquelle estouverte l’exposition de tous les travauxsoumis au concours.Cette cérémonie, à laquelle sont invitéstous les élèves, professeurs et écoles par-ticipantes, aussi bien que les maires desmunicipalités et communes des écoleslauréates, se déroule toujours dans un lieuen rapport avec le thème du concours, parexemple des immeubles rénovés.Le secrétariat du concours et son supportfinancier sont à charge de la Directiongénérale de l’aménagement du territoireet du développement urbain.Ce concours a permis, au cours des cinqannées passées, d’augmenter la sensibi-lisation de la jeunesse, des professeurs etde la société civile au thème de l’aména-gement territorial et du développementurbain durable. L’établissement de parte-

nariats entre les élèves, leurs écoles et lasociété civile s’est multiplié au niveau local.De plus le concours stimule le travail degroupe et la transversalité des matièresscolaires. Il faut aussi mentionner que les écoles uti-lisent souvent le concours pour la divul-gation de leurs activités auprès des com-munautés locales, et que de nombreuxtravaux ayant reçu un prix ou une men-tion d’honneur ont été développés et misen œuvre par les municipalités auxquellesces écoles sont rattachées.

Maria José FestasMaria da Graça Almeida

Direction générale de l’aménagement du territoire et développement urbain

Ministère des Villes, de l’Aménagement du Territoire et de l’Environnement

Campo Grande 50 P – 1749-014 Lisbonne

[email protected]@dgotdu.pt

Le concours «Penser la ville et le territoire»

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Lauréates et lauréats du concours

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Inscrite à la liste du patrimoine culturelmondial de l’Unesco en 1999, la ville deGraz a été déclarée capitale culturelle del’Europe pour l’année 2003. Les archi-tectes d’avant-garde la considèrent commela capitale de l’architecture moderne enAutriche. Comment Graz parvient-elle àconcilier le caractère historique de la vieilleville et la modernité architecturale? Surnommée Pensionopolis en raison dugrand nombre de retraités venus s’y éta-blir, Graz est en même temps une villeuniversitaire, avec quelque 50 000 étu-diants et trois universités. Voilà donc uneville de contrastes. La première universitéa été ouverte dès 1584, dans l’anciencollège des Jésuites, l’impressionnantPriesterseminar que l’on connaît aujour-d’hui. En 1607, elle investissait ses propreslocaux, construits juste à côté. On peutdonc aussi dire que Graz est une vieilleville universitaire.

Centre-ville historiqueUne population aux modes de vie des plustraditionnels y côtoie une jeunesse remuanteet créative. Si le centre-ville est imprégnéd’histoire, il est aussi marqué par les réali-sations d’un certain nombre d’architectes derenommée mondiale, sortis de l’Ecole d’ar-chitecture de Graz. Les concours d’archi-tecture ont été, pour la ville, un moyen d’éle-ver le niveau architectural.

Ce sont essentiellement des ensemblesrésidentiels, mais aussi de nombreux ins-tituts universitaires, qui se sont ainsi parésd’un cachet particulier, tout en s’intégrantà l’architecture classique environnante.En 2003, de nouveaux projets ont été réa-lisés au centre ville. Parmi les plus remar-quables, citons le Kunsthaus de Peter Cooket Colin Fournier, ainsi que l’île sur laMur, de Vito Acconci, au sud-ouest duSchlossberg, qui domine le cœur de la ville.Signalons aussi, à peine plus excentrés, lenouveau Musée de l’enfance et la Maisonde la littérature.Les premières réflexions sur les moyensde protéger le centre historique de la villesont déjà relativement anciennes. Une loisur la conservation de la vieille ville, qui sertde base de travail à la Commission d’ex-perts de la vieille ville de Graz, a été adop-tée en 1974. Cette commission s’efforcede préserver les éléments les plus inté-ressants, en particulier la ligne des toits,sans cesse menacée par une multitude deprojets d’agrandissement et d’aménage-ment. Son action est marquée aussi par desinterventions judicieuses pour l’aména-gement de bâtiments existants et la réa-lisation de nouvelles constructions degrande qualité au sein de l’ensemble his-torique. Le résultat de cette action est que le centrehistorique de la ville n’a pas été figé dans

une forme ancienne: le tissu urbain restevivant et évolue, en se parant de nouvellesréalisations aux lignes contemporaines.C’est d’ailleurs ce contraste entre les édi-fices historiques et les nouvelles construc-tions, qui répondent à la fois à un souci dequalité intrinsèque et d’intégration dans lepaysage, qui font du centre de Graz unensemble architectural marquant. Ony trouve, côte à côte, des témoignagesarchitecturaux de toutes les époques, duXIIe siècle à aujourd’hui.

DifficultésIl y a cependant des problèmes. Commedans de nombreuses villes européennes,les zones piétonnières du centre ville com-pliquent l’accès des automobilistes auxcommerces, quand elles ne l’empêchentpas complètement, entraînant ainsi lafermeture de ces commerces. Nombred’échoppes et de magasins souvent trèsanciens sont maintenant vides, tandis queles grands centres commerciaux de la péri-phérie sont en plein essor.Même le grand magasin du centre de Graz,Kastner & Öhler, a déjà senti le vent tour-ner et vient de construire un garage sou-terrain de 500 places sur 5 étages, en des-sous d’un ancien cloître classé monumenthistorique. Ce projet a été conçu par KarlaKowalski et Michael Szyszkowitz. La jonc-tion avec la rocade interne se fait par unerampe d’accès surbaissée, qui jouxte laMur. Il n’en résulte aucune surcharge dutrafic au centre ville et les clients peuventarriver en voiture jusqu’au magasin, cequi correspond manifestement à leurattente. Ils peuvent aussi utiliser un autreparking souterrain, de 140 places, construiten même temps que le Kunsthaus et situénon loin du magasin.On espère de la sorte pouvoir enrayer cettetendance au départ des commerces. Lesbâtiments historiques doivent remplir unefonction utile, sous peine d’être menacésà plus ou moins long terme. La transfor-mation en musée n’est pas toujours lameilleure solution. Si les musées n’em-portent pas vraiment l’adhésion du public,ils ne sont alors plus qu’une charge finan-cière pour les pouvoirs publics. En vertu de la loi sur la conservation de lavieille ville, les adaptations rendues néces-saires par les nouvelles fonctions prévuesne doivent pas modifier radicalement lastructure primitive de la construction. Cen’est que de cette manière que les élé-ments architecturaux historiques pour-ront être réutilisés durablement, ce qui

Un nouveau souffle pour le centre historiqu

Vue aérienne du centre historique de Graz

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exige plus de talent de la part des archi-tectes que la conception d’un édifice entiè-rement neuf. La transformation de bâtiments historiquesréserve toujours des surprises. On peutdécouvrir des fresques ou des élémentsprovenant de monuments antérieurs, ouencore d’anciennes structures provisoiresqui doivent être assainies. Anciennement,il était plus facile de recycler des édificesexistants que de les démolir pour enconstruire de nouveaux. Les bâtimentshistoriques doivent être modifiés le moinspossible. Une intervention inappropriéerisque par exemple fort de provoquer ladestruction de voûtes, qui sont normale-ment l’un des éléments architecturaux lesplus résistants.

Habiter au centre-villeLa restructuration des centres historiquesdes villes sous l’effet de la disparition descommerces ne doit pas être considéréesous un angle uniquement négatif. Ellerecèle peut-être aussi une chance. Certes,nombre de propriétaires sont tellementhabitués à ce que leurs biens leur rappor-tent des sommes importantes, qu’ils neveulent tout simplement pas voir que lasituation a changé et attendent souventtrès longtemps de trouver de nouveauxlocataires. A la longue, les bâtiments videsrisquent fort de s’abîmer. Mais si les loyersrevenaient à des niveaux plus raisonnables,les gens reviendraient peut-être habiterau centre ville. Avec le départ des ancienshabitants, qui ne pouvaient plus se payerdes loyers aussi élevés, sans compter lesautres nuisances, l’insécurité a gagné lecentre de nombreuses villes. Après l’heurede fermeture des commerces, plus aucuncontrôle social ne s’y exerce. Ne serait-ceque pour contrer ce phénomène, il seraitsouhaitable que plus de monde viennehabiter en centre ville.Pour améliorer la fonction résidentielle ducentre ville, il est cependant indispensablede le rendre vivable. Si la circulation auto-mobile, avec le danger physique qu’ellereprésente et le bruit et la pollution qu’elleentraîne, a nettement diminué par rap-port aux années 60 et 70, les bars et res-taurants qui ferment tard ainsi que l’émer-gence de la pseudo-culture de l’événe-mentiel entraînent de nouvelles nuisances,qui font à nouveau fuir les habitants. Lescourses de vélo ou de kart ou les autresmanifestations sportives comme lesmatches de hand, de basket ou de volleyn’ont rien à faire sur la grand place ou

dans la vieille ville. Certes, elles y mettentpassagèrement une certaine animation,du reste douteuse, mais elles en isolentaussi temporairement certaines partiesen entravant la circulation et se traduisentpar une pollution sonore et atmosphé-rique, avec leurs flots de voitures, ce quin’est du goût ni des habitants, ni des tou-ristes. A Graz, la situation n’est pas encoretrès grave, mais elle commence néan-moins à être préoccupante.

Hasso Hohmann Internationales Städteforum Graz

Hauptplatz 3.IIIA-8010 Graz

[email protected]

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ue de Graz

C’est en grande partie en raison desprojets envisagés dans la vieille villeque Graz a été choisie, en 1976, pouraccueillir le Forum international desvilles (Internationale StädteforumGraz – ISG), centre d’information etde documentation spécialisé dansce domaine. Ce centre est né prin-cipalement de l’initiative de LordDuncan-Sandys, alors présidentd’Europa Nostra, à Londres. C’estd’ailleurs au Forum que sont conser-vées, depuis de nombreuses années,les archives d’Europa Nostra, quiréunissent des milliers de projetsprésentés lors des concours annuelsorganisés dans toute l’Europe parEuropa Nostra.

La dénommée «Murinsel» a été créée par l’artiste new-yorkais Vito Acconci dans le cadre de «Graz: capitale culturelle de l’Europe pour l’année 2003». Elle est bâtie au dessus de la rivière Mur.

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Le code de bonne pratique a été établi par un groupe d’expertsauprès du Comité du Patrimoine Culturel du Conseil de l’Europe,investi d’un rôle de conseil sur les besoins de l’archéologie urbaine.Le code a été approuvé par le Comité du Patrimoine Culturel lorsde sa 15e séance plénière, les 8-10 mars 2000

Objectifs du code de bonne pratiqueLe code vise à renforcer la protection du patrimoine archéolo-gique urbain de l’Europe en facilitant la coopération entre les urba-nistes, les archéologues et les promoteurs. Tous sont concernéspar la ville de demain. Après avoir souligné les domaines tou-chant à l’urbanisme, dans lesquels la Convention européennerévisée pour la protection du patrimoine archéologique s’appliquetout particulièrement, le code de bonne pratique présente lesnombreux secteurs où une telle coopération entre tous les parte-naires au projet urbain peut être facilement établie.

LE RÔLE DES AUTORITÉS PUBLIQUES ET DES URBANISTES

Les autorités publiques et les urbanistes noteront que les passagesles plus significatifs de la Convention européenne pour la protec-tion du patrimoine archéologiques (révisée) sont:

La valeur du patrimoine archéologique urbain pour la société Ce patrimoine est important à la fois pour les habitants de la com-munauté et pour les visiteurs (Convention pour la protection dupatrimoine archéologique (révisée), Préambule et Article 1).

Le principe de conservationEn matière d’urbanisme, la préférence devrait être donnée, chaquefois que possible, à la conservation in situ des vestiges archéolo-giques importants; les plans d’aménagements susceptibles d’altérerle patrimoine archéologique devraient être modifiés (Article 4ii etArticle 5iia, iv).

Identité urbaine Le patrimoine archéologique peut contribuer à l’identité de la villeet à son évolution (Préambule et Article 1).

Topographie urbaineLes structures et les édifices au-dessus du sol ainsi que la topographiehistorique de la ville, qui peuvent constituer des composantesimportantes du caractère urbain et mériter protection, devraientêtre considérés comme des éléments du patrimoine archéolo-gique (Préambule et Article 1).

Le témoin irremplaçable du passé de la villeLes décisions des urbanistes peuvent avoir des effets irrémé-diables sur le patrimoine archéologique. Une fois détruits, les ves-tiges archéologiques sont perdus à tout jamais (Préambule).

Plans d’aménagementLes urbanistes devraient tenir compte de l’archéologie dans leurstravaux, notamment lorsqu’ils élaborent des plans d’aménagementurbain, dressent le budget des projets et autorisent des investis-seurs privés à réaliser de nouveaux aménagements (Article 5i).

Conseil archéologique appropriéAvant de prendre des décisions affectant le patrimoine archéolo-gique, les urbanistes devraient obtenir une information et un conseilarchéologiques adéquats et appliquer, aussi souvent que possible,des méthodes d’investigation non destructrices (Articles 2 et 3).

LitigesDes mesures appropriées devraient être prises pour concilier les besoinsrespectifs de l’archéologie et de l’aménagement (Article 5ii-iv).

Archéologie urbaine et éducationLes urbanistes devraient prendre des mesures pour expliquer aupublic et aux promoteurs pourquoi le patrimoine archéologiqueurbain est important et pourquoi il convient de consacrer des cré-dits à son étude et à sa conservation. C’est par des expositions,des musées, des publications et d’autres moyens que l’on peutmener cette action éducative auprès du public (Article 9).

LE RÔLE DES ARCHITECTES ET DES PROMOTEURS

Les architectes et les promoteurs doivent:

Evaluation archéologique professionnelleDemander le plus tôt possible une évaluation archéologique pro-fessionnelle du site potentiellement constructible. Un tel avis peutêtre obtenu auprès des autorités nationales ou régionales res-ponsables en matière d’archéologie. Une telle évaluation a non seu-lement pour but d’établir s’il convient d’effectuer des fouilles maisaussi de dresser un état de la morphologie urbaine du site et deses potentialités.

Le principe de conservationReconnaître qu’il est souhaitable, dans la mesure du possible, deconserver in situ les gisements archéologiques importants au lieude procéder à leurs fouilles, sauf si celles-ci sont justifiées par desmotifs de recherche solides et précis et que ces recherches sontintégralement financées.

Intégration de l’archéologieSur la base de l’évaluation, intégrer les travaux archéologiquesdans la stratégie de la conception générale du projet, de la construc-tion et de la conservation.

Durée et coûtAccorder un délai et un soutien financier suffisants pour pouvoirprocéder à des fouilles archéologiques valables.

Structures archéologiquesEtre conscients de l’opportunité de présenter des structures archéo-logiques importantes in situ et comprendre que, si elles sont har-monieusement intégrées aux nouveaux aménagements, ces struc-tures peuvent constituer une valeur ajoutée au projet.

Le code de bonne pratiqLa protection du patrimoine archéo

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L’archéologue sera conscient du fait que les travaux archéolo-giques s’inscrivent généralement dans un projet plus vaste et qu’ilfait lui-même partie de l’équipe du projet d’aménagement.

Structures archéologiquesAider à intégrer d’importantes structures archéologiques dans lenouvel aménagement.

Publicité et expositionsSeconder, dans les expositions ou dans toute autre forme de publi-cité, les autorités chargées de l’aménagement, ou selon le cas, lepromoteur.

Archivage et stockageAssurer le dépôt des objets archéologiques meubles, des documentset des rapports dans des institutions appropriées.

LitigesEssayer de régler tout litige avec le promoteur par la négociation,par l’intermédiaire, si possible, d’un organe d’arbitrage nationalou régional.

Information des partenaires et des médiasDiscuter sans délai et pleinement, avec les autorités et le promo-teur selon les cas, des conséquences de toute découverte fortuitelors de fouilles. Faire en sorte que toute déclaration à la presse soitfaite conjointement ou en accord avec l’équipe professionnelle.Informer l’équipe professionnelle du potentiel médiatique et desconséquences de toute découverte.

PublicationAssurer dans un délai raisonnable la publication adéquate desrésultats des travaux archéologiques.

PublicationApporter toute leur attention à l’importance de la publication d’ou-vrages scientifiques et de vulgarisation comme élément essentieldu coût des fouilles.

Archivage et stockageAssurer le dépôt des objets archéologiques meubles, des documentset des rapports dans des institutions appropriées.

LitigesEssayer de régler tout litige par la négociation, par l’intermédiaire,si possible, d’un organe d’arbitrage national ou régional.

Couverture médiatiquePromouvoir une couverture médiatique par des communiquésde presse communs sur les découvertes et le type de soutien reçu;rappeler, en présentant le projet d’aménagement, son contextearchéologique et historique et mentionner l’exposition des décou-vertes archéologiques dans la construction ou à proximité.

Equipe professionnelleConsidérer l’archéologue comme un membre de l’équipe profes-sionnelle, lui permettre de se rendre sur le site à sa convenance etlui donner les informations nécessaires sur toutes les modifica-tions de conception et de planification, afin que sa contributionarchéologique s’intègre bien dans le processus d’aménagement.

LE RÔLE DES ARCHÉOLOGUES

Les archéologues doivent:

Information et évaluationFournir, au stade le plus précoce du projet d’aménagement, toutesles informations nécessaires aux autorités concernées et au pro-moteur. Les autorités responsables en matière d’archéologie appor-teront leur conseil sur toute évaluation requise pour déterminerplus précisément l’étendue, le caractère et l’importance des gise-ments et des vestiges archéologiques.

Le principe de conservationReconnaître qu’il est souhaitable, dans la mesure du possible, deconserver in situ les vestiges archéologiques importants, au lieude procéder à des fouilles, sauf si celles-ci sont justifiées par desmotifs de recherche solides et précis et que ces recherches sontintégralement financées.

Valeur ajoutéePrendre en considération les coûts de l’aménagement et se confor-mer aux calendriers fixés pour les projets. L’archéologue seraconscient du fait que les travaux archéologiques constituent unevaleur ajoutée à la construction en contribuant au développementde la conception générale et du projet architectural. Les travauxarchéologiques contribueront ainsi au paysage urbain de l’avenir.

Durée et coûtsS’assurer que les travaux archéologiques, qu’il s’agisse de fouillesou de la rédaction de rapports, sont réalisés conformément auxconventions écrites fixant les conditions, le calendrier et le coût.

que dit code d’Esslingenologique urbain de l’Europe

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L a r é h a b i l i t a t i o n u r b a

La réhabilitation urbaine fait depuis long-temps l’objet d’un débat alors que laréflexion sur le développement durableexprime un enjeu de société. Cette pro-blématique, récurrente dans la plupart despays européens, se pose avec une acuitéparticulière dans les pays d’Europe centraleet orientale dans le cadre de leur transitionpolitique et économique.L’approche développée par les autoritéslocales et les autorités responsables du patri-moine architectural prend rarement encompte la complexité du processus de réha-bilitation. Or, il s’agit non seulement de réha-biliter le patrimoine urbain, mais il s’agitsurtout de revitaliser les quartiers en déclin.Pour la Direction de la Culture et duPatrimoine culturel et naturel au Conseil del’Europe, les dimensions économiques etsociales du processus de réhabilitation sontindissociables de la dimension patrimonialeou plutôt, elles la subliment dans une pers-pective renouvelée. Le patrimoine culturelest devenu un vecteur essentiel de l’amé-lioration du cadre de vie, de la cohésionsociale et du développement économique.

Le débat sur la réhabilitation urbaineSe basant sur l’expérience acquise par le«Programme de Coopération et d’Assis-tance Techniques relatives à la conserva-tion intégrée du patrimoine culturel» (dansle cadre duquel ont été réalisés des projetsde coopération dans 27 villes européennesentre 1990 et 2003), un «Débat de Lisbonne»sur la «réhabilitation des logements dansles centres anciens comme facteur de

développement économique et de cohé-sion sociale» a été ouvert en 1998. Les travaux du groupe ad hoc d’expertsont débouché sur la formulation de recom-mandations, complétés par les recherchesmenées par Felipe Lopes (Portugal) sur lesbonnes pratiques réalisées en Europe. Unsecond groupe d’experts a synthétisé l’ex-périence professionnelle et les valeursvéhiculées par les projets pilotes réalisésou en cours depuis 1997. Un certain nombre d’orientations jetantles bases d’une stratégie de réhabilitationurbaine reprenant les principes et valeursdu Conseil de l’Europe se sont dégagéesde ces travaux. C’est finalement le travailde Myriam Goblet (Belgique), membre dela «Cellule d’appui législatif» du Programmede Coopération et d’Assistance Techniques(PCAT) qui, en réalisant en 2002-2003 uneanalyse exhaustive des textes de référencedu Conseil de l’Europe en matière de cohé-sion sociale et de droits de l’homme (ainsique des principaux textes de références del’Union européenne et de l’Organisationdes Nations Unies) a permis de confirmerl’inscription des projets de réhabilitationdu secteur du Patrimoine dans les objec-tifs sociaux de l’Organisation. Son ana-lyse confirme la convergence des optionssoutenues sur le terrain par le PCAT avecles droits de l’homme et la Stratégie decohésion sociale du Conseil de l’Europe.

Les enjeux de la démarcheLa position originale qui se dégage du«débat» sur la réhabilitation constitue unecontribution directe du Conseil de l’Europeà la lutte contre la pauvreté et l’exclusionsociale. Elle reflète le rôle que joue le patri-moine culturel dans la promotion desvaleurs démocratiques européennes etdans la mise en œuvre du projet de sociétésoutenu par l’Organisation en s’attachantau quotidien des individus et des com-munautés qui font l’Europe.Par la complexité des questions qu’ellesoulève et le nombre d’acteurs qu’elleimplique, la réhabilitation urbaine estd’abord et avant tout un geste politiquequi se développe à travers un processuséconomique agissant sur la cohésionsociale et l’identité culturelle des popula-tions concernées.Aujourd’hui, l’ancien ne se résume plusaux monuments. Il ne peut plus être déva-lorisé, a priori, par rapport au neuf. La récu-pération et le recyclage de l’ancien doiventêtre considérés comme des attitudes sages,prudentes et socialement cohérentes dansl’Europe du troisième millénaire. La réha-bilitation va bien au-delà de la restaurationcar elle intègre une dynamique d’actuali-

sation et de valorisation des quartiersanciens, dans l’esprit de la conservationintégrée du patrimoine, de la cohésionsociale et du développement durable.

Textes de références du Conseil de l’Europe L’adoption des textes de référence duConseil de l’Europe en matière de réhabi-litation urbaine (il en existe plus de200 répertoriés dans les «Orientations») estdirectement liée à l’évolution des contextes,enjeux et préoccupations majeures desEuropéens. Il est possible de définir globa-lement quatre périodes principales:– Années 70: le concept de réhabilitation

urbaine est défini pour la première foispar les défenseurs du patrimoine cultu-rel, soucieux de réaliser la conservationintégrée des sites et ensembles d’intérêthistorique ou artistique situés dans lescentres historiques.

– Années 80: le Congrès des pouvoirslocaux et régionaux de l’Europe appro-fondit les travaux des défenseurs dupatrimoine, en considérant la réhabili-tation urbaine comme une composantemajeure des politiques urbaines et dudéveloppement local.

– Années 90: les aménageurs et les défen-seurs de l’environnement attirent à leurtour l’attention du public sur l’urgenced’appliquer les principes du développe-ment durable, dans le cadre de stratégiesde développement territorial.

– Années 2000: face aux mutations pro-fondes engendrées par la mondialisa-tion, la reconnaissance de la diversitéculturelle et l’amélioration du bien-êtrede la population deviennent des condi-tions essentielles à un développementurbain équilibré et durable.

Evolution du conceptde réhabilitation urbaineLes problèmes nés ou amplifiés par les pre-mières opérations de réhabilitationsurbaines conduisent les autorités respon-sables à mieux prendre en compte la«dimension sociale» et à en faire une prio-rité politique. La protection du droit au loge-ment pour les personnes défavorisées etl’implication des habitants dans le proces-sus de réhabilitation urbaine sont progres-sivement reconnues comme des conditionsessentielles au succès de la réhabilitation.Les autorités sont également amenées àsolutionner les problèmes d’accessibilité,de circulation et de stationnement, consé-cutifs à l’augmentation du trafic dans lesquartiers réhabilités. Une attention plusgrande à la «dimension environnemen-tale» garantissant la qualité du cadre de

Orientations sur la réhabilitation urbaine

Brochure éditée dans le cadre du «Programme deCoopération et d’Assistance Techniques relatives à laconservation intégrée du patrimoine culturel» (PCAT)

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vie de la population complète la prise deconscience de la société civile et des déci-deurs. De plus, la «dimension économique»de la réhabilitation urbaine, est reconnuecomme un puissant moteur de dévelop-pement local (vis-à-vis de la population,des investisseurs et des touristes), face audéfi de la mondialisation de l’économieet de la concurrence internationale.Enfin, suite à l’accélération des flux migra-toires et au développement de sociétésurbaines de plus en plus multiculturelles,la promotion de la «dimension culturelle»des quartiers à réhabiliter apparaît commeune contribution essentielle à la construc-tion d’une identité locale commune etdonc à la cohésion de la société urbaine.

Le concept actuelde réhabilitation urbaineLa réhabilitation urbaine est un processusde revitalisation, de régénération de laville, qui se mène sur le moyen ou le longterme. Elle agit à la fois sur le territoireurbain et sur la population qui l’habite, ytravaille ou s’y détend.Ses enjeux territoriaux sont: – la conservation intégrée du patrimoine

culturel des quartiers anciens;– la protection du logement par rapport

aux autres fonctions urbaines plus fortes;– la cohésion territoriale ou équilibre entre

les différents quartiers et entre la villeet la campagne;

– le développement durable de la ville parune gestion prudente et écologique del’environnement.

Ses enjeux humains sont: – le développement local mobilisant le

potentiel économique des quartiers;– la cohésion sociale ou équilibre entre les

différents groupes sociaux;– le respect de la diversité culturelle

comme fondement d’une identité localecommune.

La réhabilitation urbaine s’inscrit donc dansun projet urbain global (stratégie/plan de déve-loppement local), nécessitant une approchetransversale et intégrée de toutes les poli-tiques urbaines. C’est de ce défi de concilierla conservation du patrimoine, le progrèssocial et le développement économiquedurable que devra émerger la nouvelle poli-tique européenne de réhabilitation urbaine.

Moyens d’action et respectdes principes démocratiquesLa concrétisation des enjeux et objectifs dela réhabilitation urbaine requiert la mise enœuvre de moyens d’actions adéquats, garan-tissant la réussite des opérations. En fonc-tion de l’expérience acquise sur le terrain,le PCAT s’appuie sur sept principes de base:

– l’inscription du projet de réhabilitationdans la politique urbaine;

– le rôle moteur de la puissance publique;– le support d’une équipe technique opé-

rationnelle;– la participation de la population;– des instruments juridiques adéquats;– des moyens financiers suffisants;– la prise en compte du temps.Les moyens d’action politiques, humains,juridiques et financiers constituent le «cadrepublic d’intervention» nécessaire à tout pro-jet de réhabilitation. Ce cadre doit répondreaux besoins spécifiques du projet. Il doitêtre flexible et adapté aux contextes locauxet aux types d’actions à réaliser. Ces moyensd’interventions s’inscrivent nécessairementdans le respect des principes démocratiquespromus par le Conseil de l’Europe depuisles années 60, à savoir:– Le respect des droits de l’homme qui

suppose la participation des citoyens àla vie de la collectivité, le respect desdroits d’autrui, du droit de propriété, dudroit à la vie privée, de la liberté deréunion et d’association, du droit à uneinformation pluraliste, de la liberté d’ex-pression ainsi que de la non-discrimi-nation. Les droits à la ville (droits au loge-ment, au patrimoine, à la culture et àl’environnement) font nécessairementpartie de l’ensemble.

– La primauté du débat démocratiquecomme moyen de légitimer les actionset de leur donner un sens. Le processusde décision concernant la réhabilitationdes quartiers anciens comme espacesde vie en commun doit s’inscrire aujour-d’hui dans le cadre de débats associantl’ensemble des parties prenantes (déci-deurs, techniciens et habitants).

– Le développement d’institutions et deprocédures démocratiques qui justifiela pleine et entière légitimité des pou-voirs politiques issus d’élections démo-cratiques. Suivant le principe de subsi-diarité, il implique le respect et la com-plémentarité entre les pouvoirs et lesactivités conduites aux différents niveaux(local, régional, national et européen).Il rappelle qu’il n’existe pas de mono-pole de l’intérêt général.

Le rôle du PCAT dans la nouvellepolitique urbaine européenneDans les prochaines années, le PCAT conti-nuera à jouer un rôle dans l’élaborationd’une nouvelle politique urbaine euro-péenne durable. Notamment, des Projetspilotes menés ces dernières années àRostov Veliky (Fédération de Russie) etTbilissi (Géorgie), le «Programme régionalpour le patrimoine culturel et naturel duSud-Est de l’Europe» et plus encore le«Programme Régional pour le patrimoineculturel et naturel du Sud-Caucase – ren-forcement institutionnel et gestion desvilles historiques», serviront de cadre opé-rationnel privilégié pour mettre en œuvreles «Orientations sur la réhabilitationurbaine» qui paraîtront au début de l’an-née 2004.

Mikhael de ThyseResponsable de l’Unité de Coopération

technique et actions sur le terrainConseil de l’Europe

F-67075 Strasbourg [email protected]

L’essentiel de cet article est tiré de l’ouvragede Mme Goblet, actuellement en cours depublication dans la série «Orientations»publiées depuis 2000 dans le cadre du PCAT.

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Brochure éditée dans le cadre du PCAT

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Les Azéris sont très fiers de leur patrimoineculturel, à juste titre. Citons, par exemple:les dessins rupestres du mésolithique àGobustan, les temples zoroastriens àAteshgah, le Palais des Chahs de Chirvanet la cité fortifiée de Bakou, ses impres-sionnantes constructions de l’époque dupremier boom pétrolier à la fin duXIXe siècle; et tant d’autres merveilleuxet respectables héritages du passé quesont ces châteaux, mosquées, églises ettemples, qui témoignent d’un passé mul-ticulturel et multiethnique. Le patrimoine de la région, immensémentriche et divers, subit de plein fouet unecrise pratiquement générale. Or, la conser-vation des monuments est essentielle sil’on veut préserver l’identité et la diver-sité culturelles. La préservation du patri-moine culturel se heurte à plusieurs obs-tacles, dont le manque d’argent et la mau-vaise gestion, même si l’essentiel desbudgets de l’Etat et des autorités localeslui est affecté. Par exemple, certains monu-

ments sont des sites protégés, et tous sontsous la responsabilité à la fois du ministèrede la Culture, qui les finance, et des auto-rités locales. L’expérience a montré que cesystème pouvait poser des problèmes. Parexemple, le manque de coordination desefforts qui en découle nuit à la démarchede protection, à laquelle contribuentd’ailleurs, quoique modestement, laBanque mondiale, le Conseil de l’Europe,l’Unesco et quelques agences nationales. A Bakou, la cité fortifiée qui abrite le Palaisdes Chahs de Chirvan et la tour Maidensont déjà inscrites sur la liste du patrimoinemondial de l’Unesco. Tant que les loisadoptées en matière d’aménagementurbain et de conservation des monumentsseront respectées, et tant que les budgetsmunicipaux et étatiques permettront desrestaurations régulières et convenables, ilne devrait pas y avoir de problèmesmajeurs, du moins dans la capitale.Malheureusement, la législation en ques-tion n’est pas toujours respectée. Un récentrapport de l’Unesco fait état de nouvellesconstructions dans la cité protégée deBakou «…qui menacent clairement l’au-thenticité du site...», et cela en dépit d’unrécent décret présidentiel gelant tous lestravaux dans le secteur, excepté à des finsde restauration. Le problème du non-res-pect de la loi se pose aussi au niveau desdroits d’auteurs, qui sont d’une impor-tance capitale pour la protection du patri-moine culturel immatériel. Certes, en Azerbaïdjan, la préservation dupatrimoine culturel est aujourd’hui recon-nue comme une priorité de la politiqueculturelle. Mais quel en est l’intérêt si cepatrimoine n’est pas accessible à tous lescitoyens, indépendamment de leurs anté-cédents économiques, sociaux, politiquesou religieux? Le tourisme culturel a aussiun rôle à jouer dans la préservation dupassé. Pour garantir à ses citoyens l’accèsà une économie globale, l’Azerbaïdjan doit

donc d’abord leur garantir l’accès à la diver-sité de ses cultures locales, qu’il faut recons-truire et promouvoir de toute urgence.Une stratégie efficace, en matière de tou-risme culturel, devrait s’appuyer sur lecaractère distinctif caucasien et servir depasserelle entre le patrimoine culturel etles arts contemporains.

Markus Baumer Membre du groupe d’expert PCAT

Chef du Service Culture et Tourisme de la Ville de Fribourg

Délégué culturel régional Case Postale 293

CH-1701 Fribourg [email protected]

Situation du patrimoine culturel à Bakou

De toute évidence, il y a urgence àprocéder à l’état des lieux du patri-moine culturel au Nagorno-Karabagh.Une assistance et une interventionextérieures, de même que la miseen place d’un programme formel,pourraient favoriser des avancéesmajeures. Géré avec tact, un telprogramme pourrait en outrecontribuer au développement de laconfiance entre les parties en conflit.

La participation de la ville de Bursa à laConférence internationale organiséeconjointement par le ministère grec dela Culture et le Conseil de l’Europe surles politiques culturelles des villes, àThessalonique (Grèce), en novembre2002, nous a permis de constater com-bien la culture, le renouveau et la coopé-ration suscitaient l’enthousiasme despays et des villes. Les participantsreprésentaient les pays membres desprojets Mosaic (Managing an Open andStrategic Approach in Culture – Pourune approche stratégique et ouvertede la culture) et Stage (Soutien à laTransition dans les Arts et la culturedans la Grande Europe) du Conseil del’Europe. Les parties originaires du Caucase, del’Europe du Sud-Est et de la Turquieont montré qu’elles étaient prêtes àcoopérer avec enthousiasme.Huit mois seulement après la confé-rence tenue en Grèce, nous avonsaccompagné, en tant que représen-tants de la ville de Bursa, un grouped’experts du Conseil de l’Europe qui serendait dans le sud du Caucase etnotamment à Bakou en Azerbaïdjan.Nous y avons rencontré des respon-sables locaux et des représentants de

Coopératio

A Bakou, une mosquée nouvellement construite avec, àl’arrière plan, des puits de pétrole en mer Caspienne

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L’histoire a laissé à Erévan des marquesprofondes qui expliquent bien souvent lesréalités actuelles et constituent autant derepères pour mieux appréhender sa com-plexité.

Le passéLe passé d’Erévan se présente sous laforme de plusieurs strates qu’il est élo-quent d’évoquer rapidement: la fondationd’Erébundi, à l’Age du Bronze (en 782avant J.-C.) à l’emplacement de l’actuelleErévan; l’adoption de la religion chrétienne,dès 301 après J.-C., comme religion d’Etat;l’invention d’un alphabet original auVe siècle après J.-C. et l’éclosion d’unelittérature nationale; la position-clé de laville, à un carrefour sur la fameuse «Routede la soie».Plus près de nous, des événementsmajeurs ont également laissé de profondescicatrices encore très sensibles: les évé-nements tragiques de 1915, encore tropmal reconnus; la domination soviétique;

le terrible tremblement de terre de 1998(qui n’est malheureusement, dans cetterégion à risque élevé, ni le premier ni le der-nier); le conflit, toujours non résolu, duKarabagh et ses conséquences écono-miques et politiques.

Une ville en mutationMais Erévan est aussi la capitale d’un paysneuf, en pleine mutation, désireux de rele-ver les défis qui l’attendent et de prendresa place dans le concert international.L’Arménie est en effet aujourd’hui unerépublique démocratique et laïque.La volonté politique forte de modernisa-tion s’est concrétisée dès 1997 par l’adop-tion de nouvelles lois reconnaissant à laCulture un rôle capital.En tant que métropole, la ville d’Erévanjouit d’un statut administratif complexe:elle est en effet tout à la fois la capitale dupays, une région (la plus importanted’Arménie) et une commune. Cette situa-tion se retrouve dans le fait que le maired’Erévan n’est pas élu mais qu’il estnommé par le Président de la République. Elle compte environ 1 200 000 habitants,soit plus d’un tiers de la population totalede l’Arménie (estimée à 3 millions de per-sonnes). Les minorités ethniques repré-sentent environ 3% de la population. LaDiaspora arménienne est quant à elle esti-mée à 6 millions de personnes.D’une manière générale la ville, en vertude son statut de capitale, bénéficie de lameilleure infrastructure du pays. L’aéroportinternational de Zvarnots la relie auxgrandes métropoles. Autoroutes et voiesde chemin de fer y convergent. L’écrasantemajorité des hôtels du territoire auxnormes internationales y est concentrée.Un métro moderne irrigue le centre de laville. C’est également la principale villeuniversitaire arménienne. En matière culturelle les mêmes consta-tations s’imposent; la ville dispose d’équi-

pements nombreux et variés: musées,salles de concert, bibliothèques, écolesd’art et de musique, maisons de la culture,etc.Son urbanisme est également fortementmarqué par la période soviétique, avecdes immeubles imposants et un plandatant de 1924. L’usage majoritaire d’unepierre locale volcanique, un tuf rose etocre, donne au visiteur le sentiment d’unegrande unité architecturale.La ville se présente actuellement commeun vaste chantier: travaux de réfection dela voirie et des réseaux, destruction dutramway devenu obsolète, constructionde nouveaux immeubles, rénovation de laplace de l’Opéra et des musées…

Le tourisme culturel,une opportunité à saisirDe nouveaux outils ont été créés pour pro-mouvoir le tourisme: l’Agence arméniennede développement du tourisme (en 2000),et le Festival Kenats (en 2002) qui sedéroule en septembre et a pour ambitionde promouvoir les traditions populairesarméniennes. Le tourisme culturel, en raison du patri-moine inestimable, tant historique quetraditionnel, d’Erévan et de sa région peutdevenir le moteur de la promotion de laville et contribuer à en faire une capitaleculturelle, avec une image très positiveattirant, en plus des touristes, les inves-tisseurs.Mais il faudra être très prudent dans cedomaine: il convient en effet absolumentde veiller à développer un tourisme«durable», respectant l’environnement etprofitant de façon équitable à la population.

Alain PatrolinExpert auprès du Conseil de l’Europe

12, rue des Bons MaladesF-51100 Reims

[email protected]

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ministères et observé les progrèsréalisés par les autorités, les acteursculturels et même l’ensemble de lapopulation de Bakou depuis le lance-ment du projet Stage dans cette région,il y a deux ans.Un autre objectif avait été fixé: le Conseilde l’Europe avait chargé Bursa d’éta-blir des relations d’association avecBakou. A cette fin, notre délégationavait emporté des documents illustrantneuf projets culturels mis en œuvre àBursa.Le groupe d’experts a visité la ville ainsique quelques hauts lieux culturelscomme le cimetière (Sehitgah), le palaisde Sirvanshah (Sirvansah Sarayı),l’Atesgah (ancien caravansérail) et leGobuston (zone de peuplement vieillede 30 000 ans). Il a rencontré de nom-breux acteurs culturels qui ont faitpreuve d’une grande hospitalité et ontmanifesté leur désir de coopérer. Ledésir de coopérer est ainsi aussi fort àl’Est qu’à l’Ouest de l’Europe.

Erdogan BilenserMaire de Bursa

Bursa Büyüksehir BelediyesiAtatürk Cad. Uçak Sok. No 1

TR-16020 [email protected]

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Vue générale de Erévan, avec le mont Ararat en arrière planM

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Erévan, une ville en pleine évolution

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Le cas de l’hôtel Iveria permettrait presquede ressentir l’insidieux plaisir éprouvé parles habitants envers une ancienne gloirede l’Union soviétique maintenant tombéedans la morosité. Pourtant, la décrépitudede l’Iveria souligne le royal élan de DavitAghmashenebelis «le Bâtisseur». La statuedu vénéré roi géorgien érigée stratégi-quement devant l’hôtel semble ouvrir lavoie vers le XXIe siècle, alors que le sou-verain entraîne derrière lui un monumentde la culture mondiale contemporaine: le«vaisseau» des déplacés. Une récente visited’experts du Conseil de l’Europe à Tbilissi,en Géorgie, dans le sud du Caucase, encou-rage à reconsidérer la réhabilitation.Le centre géométrique de Tbilissi, capi-tale du «nouvel» Etat démocratique indé-pendant de Géorgie, se distingue par l’écra-sante présence de l’hôtel Iveria. Du fait dela topographie de la ville – un développe-ment linéaire traversé par le fleuve – lesvisiteurs comme les habitants sont inévi-tablement appelés à se rendre fréquem-ment, voire plusieurs fois par jour, dans lesenvirons de l’hôtel. La vue panoramique,presque pittoresque, offerte par leschambres de l’hôtel aide à la compré-hension de la relation existant entre l’amé-nagement de la ville et la configuration dupaysage. En 1967 cet endroit remarquablefut délibérément choisi, en un mouvementde rhétorique urbaine soviétique, pour quel’on y érige le meilleur hôtel qui ait jamaisexisté, non seulement à Tbilissi, mais dansla Géorgie tout entière.A présent, l’Iveria n’est plus qu’un effetsecondaire de la guerre sur la ville; un campde réfugiés vertical sur 15 étages logeant

800 Abkhazes déracinés. Après l’effon-drement de l’Union soviétique et suite à la guerre de 1992-93 en Géorgie, près de200 000 personnes déplacées à l’intérieurde leur propre pays affluèrent sur Tbilissi.Elles furent officiellement accueillies et ins-tallées. L’Iveria devint le refuge le plus envue pour personnes déplacées. Les occupants temporaires de l’hôteldemeurent dans une situation provisoiredepuis déjà dix ans. Pris dans les limbes,il ne peuvent toujours pas retourner chezeux mais ne peuvent pas non plus s’inté-grer à la ville qui les accueille pour des rai-sons bien trop complexes pour qu’onpuisse en débattre ici. Au fil de leur séjourprolongé, les personnes déplacées ontmarqué l’architecture du bâtiment et l’ontadapté à leurs besoins. Les balcons ontété transformés en chambres. Des mursde planches en bois ou de plastique bleumarquent la tentative des occupants, nonseulement de se faire un chez-soi dansune chambre d’hôtel, mais également derendre cette habitation différente desautres et de la personnaliser.

En attente de réhabilitationPour un observateur extérieur, il sembletout à fait évident qu’à l’hôtel Iveria, lesgens comme le bâtiment lui-même sonten attente de réhabilitation. La réhabilita-tion (c’est-à-dire le fait de rétablir l’effica-cité ou de revenir à la vie normale par laformation, notamment suite à un empri-sonnement ou à une maladie; de rendred’anciens privilèges, une réputation ouune bonne condition de vie) est un termegénéralement employé dans un sens médi-cal. Du fait de l’aspiration à la préservationde l’héritage et de la notion médicale d’uneguérison, la réhabilitation devient unconcept opérationnel clé dans le contextede la pratique du patrimoine culturel.Les experts prescrivent des remèdes. Lesexperts culturels en particulier, après l’ana-lyse d’un contexte spécifique, déploientdes stratégies et élaborent des politiquesde régénération incluant la réhabilitation,notamment dans le cas d’un contexteurbain. Cependant, et malgré le fait que lespolitiques culturelles soient en généralétroitement liées au développement éco-nomique et social, en l’absence de poli-tique, les mesures culturelles ne peuventgénérer qu’un ensemble de pratiques etd’institutions. Pour l’exprimer plus clai-rement, elles produisent une politique quin’est que l’art de l’administration par desexperts.

L’hôtel Iveria s’érige comme un rappelque la politique ne saurait rester ignoréecar c’est avec violence qu’elle a envahi lesvilles contemporaines depuis la dernièredécennie du XXe siècle, non seulement enGéorgie mais dans le monde entier. Parpolitique, nous entendons ce moment àpartir duquel un problème ou une crisedisloque nos constructions sociales. Lapolitique s’associe à cette période derisques et d’indécision qui sépare la dis-location de l’identification socio-politiqueet la formation du désir de s’engager dansune nouvelle voie.L’Iveria représente notre affrontementavec une réalité absolue. En tant que telle,elle suscite l’anxiété et déclenche desmécanismes imaginaires de défense. Pourque sa vue puisse être tolérée, il faut pro-bablement l’investir d’une qualité artis-tique ou y penser dans la perspective d’uneapaisante approche de réhabilitation.Pourtant, l’instant politique qui fait suiteà une confrontation avec la réalité appelleà une inventivité sans garantie. Si nousconsidérons les personnes déplacées àl’intérieur de leur propre pays et ce dépla-cement non pas comme un état de crisemais comme une nouvelle réalité, noussommes contraints d’affronter anxiété etdésarroi. A titre d’exemple, que va-t-iladvenir dans le cas présent du lien entrearchitecture, propriété, héritage, monu-ments, conservation et comment la réha-bilitation des monuments ou des sites va-t-elle être liée à la régénération écono-mique? L’Ivera dérange car il oblige lesexperts à reconsidérer leurs présupposéset vise directement le fondement politiquedu Conseil de l’Europe. Que se passerait-il si le Conseil de l’Europe prenait l’initia-tive symbolique d’élaborer et de soutenirdes Centres de transit pouvant même«fonctionner comme un catalyseur oppor-tun en faveur du développement local dansdes régions vulnérables plutôt que commeun dépotoir gênant pour personnes endétresse»? Dans une telle situation, laculture serait façonnée à l’intérieur mêmed’une réalité sociale différente.

Maria TheodorouExpert du Conseil de l’Europe

sur la politique urbaine de TbilissiChef du réseau d’Architecture

Ministère hellénique de la culture9 Lyssiou Street

GR-105 56 Athè[email protected]

L’hôtel Iveria de Tbilissi

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Si l’idée de l’existence et de la permanencede la propriété paysanne autonome enRoumanie a été clairement prouvée depoint de vue documentaire par notre grandhistorien Nicolae Iorga et discutée aveccompétence et profondeur par le socio-logue Henri H. Stahl dans son ouvragefondamental pour ce domaine Sateledevalmase din România (Les villages auto-nomes de la Roumanie), publié en 1965puis en 1998, l’ampleur de ce type de pro-priété a pu être illustrée seulement aprèsque les périmètres des propriétés furentlocalisés et délimités sur la base des texteset des documents cartographiques.Un autre aspect que l’on doit souligner estla viabilité de l’organisation sociale déter-minée par ce type de propriété et sa conti-nuité le long des siècles. Elle s’est main-tenue jusqu’à nos jours, survivant mêmependant les 50 années de la collectivisa-tion forcée de l’agriculture.Constitué comme hypostase d’organisa-tion sociale et rurale, presque généralepour les territoires européens, la propriétépaysanne autonome en Roumanie, a évo-lué rapidement vers une vraie sociétérurale à actions, arrivant au XVIe siècle àun mode foncier-financier efficace dansl’acception moderne du terme.Attestée par des privilèges émis par leschancelleries voivodales, tout de suiteaprès la formation des villages roumainsau milieu du XVIe siècle et présente dansdes actes pendant presque sept siècles jus-qu’à nos jours, la propriété foncière com-munautaire paysanne apparaît confirméecomme entité juridique fondamentaleauprès des autres types de propriété: voi-vodale, des boyards, des monastères et,plus récemment, individuelle.

Une structure originaleLa caractéristique fondamentale des sitesdéveloppés sur les propriétés paysannesautonomes est qu’elles fonctionnentcomme un organisme. Les rues ne sontque des espaces pour la circulation, sansconnotations liées à l’importance socialede l’organisateur, et ont habituellementdes trajets sinueux, circulaires (le cercleétant le périmètre qui inclut la surfacemaximale). Les maisons ne sont pas ali-gnées, mais orientées vers les points car-dinaux favorables et vers les zones à l’abrides intempéries. La maison du paysan etle manoir du boyard appartiennent à lamême famille des formes modelées pourêtre libres à l’intérieur de la propriété et pasalignées, jointes ou enfilées.

Cette configuration des sites est due aufait qu’au début l’intra-muros de la loca-lité a été distribué aux noyaux familiauxqui constituaient la communauté, d’unemanière homogène et égalitaire, sans pri-vilégier ou léser quiconque. Ce systèmeparcellaire original a subi des divisionsultérieures, en fonction du nombre desdescendants de chaque famille, mais tou-jours d’une manière égalitaire, cherchantchaque fois la meilleure solution pour leshéritiers. Quand la densité de la populationmenaçait de devenir insupportable, lesjeunes familles se déplaçaient toujoursdans le périmètre du village (plusieurs fois,il y eu des sites saisonniers qui, par la suite,devinrent des villages indépendants). Tout près des zones construites, les terri-toires agricoles composés de surfaces d’uti-lisation communale (champs labourables,lacs, étangs, pâturages, prés), et des ter-rains détenus en régime privé, confèrentau paysage son dynamisme et sa spécifi-cité. Si le terrain agricole des villages non-collectivisés a gardé encore cette qualitédu territoire traditionnel, la suppressiondes limites et l’apparition de la mono-culture sur des surfaces étendues dans lecadre de la collectivisation, ont fait mal-heureusement disparaître la configurationd’origine des sites.

Retour à l’aspect originelIl reste toutefois l’espoir qu’une fois larétrocession des propriétés foncièresconfisquées faite, après le partage desmonocultures sur de grandes surfaces, lepaysage retrouvera son aspect originel.Les études de consolidation et la métho-dologie de l’identification, de l’étalonne-ment et de la gestion des territoires envue de la protection de la spécificité localedoivent avoir comme fondement desolides investigations historiques quioffrent des bases adéquates à la formula-tion des règlements urbains et d’aména-gement du territoire.En fait le territoire est la plus importante«inscription» que les ancêtres nous ontléguée. Elle ne peut être lue que dans lamesure où l’alphabet de cet immensedocument est déchiffré.

Manuela Hoinarescu, Magdalena Banu,Irina Pavelet,, Calin Hoinarescu

Association roumaine pour villages et bourgs-ECOVAST (Conseil européen

pour le village et la petite Ville)str. Gageni 92, bl. G12, sc. A, ap. 6

RO- [email protected]

Villages et paysage culturel en Roumanie

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L’église en bois «les saints Archanges» date du XVIIIe siècleet est inscrite sur la liste du patrimoine mondial

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Ce début du XXIe siècle est, en Europe,caractérisé par la dynamique du décollageinformatique et par l’éclipse prolongée del’industrialisation, inventée en son tempsen Grande-Bretagne. Les cités ouvrièreset les cités-jardins d’origine industrielle,en somme les enfants de la révolutionindustrielle, semblent épouser son destinen ce sens que le patrimoine industrielmatériel et immatériel, social et culturel queconstituent des centaines de milliers delogements sociaux construits souventdirectement soit avec des fonds d’entre-prise, soit par l’épargne ouvrière, soit parles coopératives et les municipalités desvilles industrielles et des régions urbaines,passent par une phase d’obsolescencedans l’environnement construit. En mêmetemps leur valeur de patrimoine suit lamême éclipse que celle des outils et desbâtiments industriels.

Des témoins du passéCes cités, qui ont soulagé la misère dulogement et qui ont introduit dans nosvilles de nouvelles formes de pénétrationde la nature, ont-elles la place qu’ellesméritent dans la mémoire collective euro-

péenne en ce début du XXIe siècle? Rienn’est moins sûr. Qui pourrait, en effet, pré-tendre que les cités ouvrières gardentactuellement dans la conscience collec-tive et dans l’opinion publique la mêmevaleur que pendant le premier tiers duXXe siècle? Actuellement il faut se battrecontre l’érosion dans notre mémoire destémoins du passé que constitue de nosjours la civilisation matérielle léguée parla révolution industrielle, dont des pansentiers sont voués à l’oubli avec une vitessevertigineuse. Au moment où l’Union euro-péenne s’apprête à s’élargir, il n’est sansdoute pas inutile de rappeler que les valeursindustrielles font encore partie intégrantede nos valeurs et que le patrimoine indus-triel tel que celui des cités ouvrières n’estpas un patrimoine au rabais.La plupart de ces cités existent encore;habitées, fleuries, elles essaient de cacherpudiquement certaines désuétudes inhé-rentes à toute cité d’origine économiqueet sociale. D’autres sont rongées commepar la vermine: par la ségrégation, l’ex-clusion, les dégradations et les vandalismesqui se sont abattus depuis quelques décen-nies sur nos banlieues. Sont-elles pour

autant des cités ouvrières perdues? Je nele crois pas. Elles ont besoin de nouvellesformes de protection et de sauvegarde.Elles ont besoin de reconnaissance et deconsidération. Sans désenchantement, j’aienvie de crier avec l’écrivain autrichienRobert Musil, qui à un autre moment et àl’occasion d’une autre crise de valeur euro-péenne a dit: «Sauvons ce qui en vaut lapeine».Sous la pression du processus généraliséde désindustrialisation – tantôt spontané,tantôt planifié – qui a frappé l’Europedepuis la crise mondiale de 1973-75, denombreuses villes et régions ont eu leréflexe de conservation du patrimoineindustriel. Dès cette époque, le Conseil del’Europe a reconnu l’importance culturelledu patrimoine des cités ouvrières et encou-ragé des actions ponctuelles pour leur pro-tection et leur sauvegarde. C’était aussi lapériode où le mouvement de l’archéologieindustrielle s’est fait doter d’un réseaueuropéen et d’une organisation mondiale:The International Committee for theConservation of the Industrial Heritage (LeComité international pour la conservationdu patrimmoine industriel – TICCIH). Mais

Protéger et revaloriser le patrimoine des cit

La Cité à Mulhouse date de 1853

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il a fallu attendre les années 1990 pourque les sections nationales de ce mouve-ment considèrent, enfin, en suivant unetradition britannique déjà plus ancienne,que le patrimoine des cités ouvrières estbien un patrimoine industriel.

Faire évoluer les mentalitésPour mieux protéger et sauvegarder lepatrimoine des cités ouvrières, aurait-onbesoin de nouvelles dispositions législa-tives ou réglementaires à l’échelle euro-péenne? Je ne le pense pas. Mieux vau-drait faire évoluer les mentalités à proposdes valeurs du patrimoine industriel dupassé. En effet, nos industriels et nosdécideurs n’ont-ils pas depuis longtempsà leur disposition, pour prendre cetexemple significatif, la RecommandationRec. (90) 20 du Conseil de l’Europe, adop-tée par le Comité des Ministres, le 13 sep-tembre 1990, concernant la conservationdu patrimoine industriel? Heureusement,parmi les conservateurs et les associa-tions du patrimoine il y a de nombreuxdéfenseurs des cités ouvrières. Classerune cité ouvrière pour sa valeur de patri-moine peut être une mesure efficace pourprotéger son architecture, son espacevert et paysager et son équilibre social,comme l’a montré une étude européennemenée récemment dans le cadre desActions Programmées – CIES, sur lescités-jardins d’origine industrielle duMitteleuropa.

Et demain?La stratégie pour demain? Une des voiesà suivre est sans doute de dépasser lareconnaissance, bien sûr très utile, duréseau des villes du patrimoine mondial,de reconnaître l’universalité de la cultureurbaine et d’élaborer une politique de laconservation urbaine. Dans cette pers-pective, les villes industrielles d’innova-tion qui ont effectué les deux premiersdécollages industriels – et qui possèdentencore des réseaux denses de citésouvrières – devraient trouver leur place.De nombreuses études montrent que lemouvement et le concept de cité ouvrièreet de cité-jardin d’origine industrielle, nésau cours des deux premiers take off indus-triels, ainsi que les nombreuses réalisa-tions qu’ils ont suscitées, ont un caractèresocial, culturel et artistique très fort. Ilsont aussi une nature identitaire de l’urba-nisation des villes et de la socialisation descitadins, ainsi qu’une forme écologiquede réintroduire la nature dans l’artefact

urbain. Leur apport a donc été fondamentalpour la formation et le développement dela ville du XXe siècle.Ville industrielle française célèbre,Mulhouse, le «Manchester français» indus-trieux et innovant était par exemple undes cinq pôles industriels de la France auXIXe siècle. Ses cités ouvrières sont parmiles plus anciennes et les plus prestigieusesdu continent. Ce début du XXIe siècle démarre sous lesigne modeste d’une prise de conscienceaccrue que le patrimoine industriel a sus-citée dans l’opinion publique. Les asso-ciations de défense du patrimoine ont jus-qu’ici beaucoup contribué à cette prise deconscience de la valeur du patrimoineindustriel. Les cités ouvrières voudraientprofiter de ce frémissement et attendentd’être mieux protégées, pour pouvoir sur-monter la nouvelle épreuve, une de plus,que représentent l’oubli du passé et la nou-velle éclipse industriels, qui mettent endanger leur patrimoine exceptionnel et

leur tradition industrielle et sociale de lieuxd’accueil résidentiels durables.

Stéphane JonasProfesseur Emérite

Membre de l’Association Connaissance du Patrimoine Mulhousien

10 rue d’UpsalF-67000 Strasbourg

S. Jonas est l’auteur d’un ouvrage paru enjuin 2003, pour le 150e anniversaire de lafondation de la Cité de Mulhouse et quiporte sur cette cité ouvrière, qui, avec ses1243 maisons sur 60 hectares, était unedes plus grandes réalisations du continent.Mulhouse sans la Cité ne serait plusMulhouse.

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és ouvrières

La maison N°2 de la place principale de la colonie de Wekerle à Budapest (Hongrie)

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Cent cinquante années durant, la sociétéindustrielle s’est approprié des terres selonses besoins. Ce sont les intérêts particuliersdes entreprises qui primaient. L’Etat aadopté en l’occurrence une position libé-rale, partant du principe que les intérêtsdes entreprises étaient aussi les siens. Il acontinué à se comporter ainsi même unefois qu’il ne fut plus possible d’occulter lesdégâts causés par cette appropriation arbi-traire d’espace. Ce phénomène a toutd’abord touché les régions dans lesquellesl’industrialisation avait débuté très tôt etqui avaient subi une longue période d’ap-propriation sans scrupules des terres. Dans le Bassin de la Ruhr, une prise deconscience s’est faite dès 1900. Elle n’étaitpas motivée par le respect des paysages,mais par le souci de préserver la santé destravailleurs. L’intervention de l’Etat estalors apparue comme un outil permettantde planifier et d’ordonner un minimumle territoire. Vers 1912, Robert Schmid arédigé un mémoire remarqué sur la Ruhr,dans lequel il condamnait les dommagesque l’industrialisation anarchique de larégion causait à l’intérêt général. Cemémoire marque le début de l’aménage-ment public du territoire au niveaurégional. Dans la Ruhr, c’est le groupe-ment intercommunal SiedlungsverbandRuhrkohlenbezirk (SVR) qui a pris la pre-mière initiative dans ce sens, consistant àpréserver les paysages encore intacts. Les «zones vertes» devinrent l’élément cen-tral de cet aménagement supra-régional duterritoire, visant à délimiter les localitésentre elles et à empêcher qu’elles n’acca-parent tout l’espace disponible pour for-mer une seule «agglomération tentacu-laire». Pour assurer une planification équi-librée, il a été décidé de retirer aux

municipalités leurs compétences enmatière d’aménagement du territoire et deles confier à la région, au travers du SVR.A cette époque, la Ruhr comptait environ3 millions d’habitants, un chiffre qui a dou-blé en 1960 pour atteindre un maximumde 6,2 millions. Dans le même temps, la sur-face des terrains bâtis a augmenté encoreplus fortement que la population. La den-sité de population, quant à elle, a crû consi-dérablement, passant de moins de 200 habitants au km2 vers 1850 à quelque2000 habitants au km2 aujourd’hui.En dépit de la volonté d’assurer la prise encompte des intérêts publics au travers dela planification, les intérêts des entreprisescontinuèrent de primer sur ceux de l’Etat,d’autant plus que celui-ci essayait de ména-ger les deux parties. La planification res-tait abstraite, favorisant dans les faits lesecteur privé. Ce phénomène a été parti-culièrement marqué dans la Ruhr, unerégion qui fut longtemps la «fabriqued’armes» de l’Etat allemand.Il en a résulté un «paysage industriel» danslequel les principes de la culture paysa-gère occidentale n’avaient plus cours. Niville, ni campagne, mais une sorte demélange entre les deux, une «ville hybride».Le déclin de l’industrie minière à partir de1960 met un terme à la tendance desentreprises à s’approprier toujours davan-tage de terres. C’est le début d’une longuepériode de fermeture de sites industriels.Les surfaces ainsi libérées sont alors supé-rieures aux besoins en matière de loge-ments et de locaux professionnels. Difficile d’imaginer qu’après 150 ans d’ap-propriation continue des terres par l’in-dustrie, la tendance allait durablements’inverser au profit de la restitution desterres. Le principe «la ville dévore la nature»s’inverse alors. Pour la majorité de la popu-lation, une telle perspective est insoute-nable. Cette inversion de tendance nondésirée qui, à ce jour, n’a fait l’objet d’au-cune planification, provoque le rejet. Laréalité est niée.En effet, la communauté d’intérêts entrel’Etat et les entreprises privées n’a pas fon-damentalement changé à ce jour. Bien aucontraire. La pénurie d’emplois associéeà un fort taux de chômage pousse les auto-rités à privilégier l’emploi dans leurs déci-sions. Ici, l’intérêt général est secondaireet l’aménagement du territoire est consi-déré comme une entrave.En l’occurrence, le contexte démogra-phique et économique régional fait la dif-férence. La valorisation économique dupaysage est en perte de vitesse. Et le faitque les communes continuent de plani-fier des zones industrielles et commer-

ciales, dont elles bradent les prix, n’ychange rien.

Intervention ou non-interventionL’Etat libéral du XIXe siècle aurait laisséfaire, sans intervenir. Les anciens sitesindustriels auraient été laissés à l’aban-don et reconquis par la nature. On auraitalors observé les étapes suivantes: déve-loppement des premières espèces végé-tales, puis de plantes vivaces, ensuite deforêts constituées d’une seule essence(généralement des bouleaux) et enfin deforêts mixtes, selon des spécificités locales.Un processus qui mène de la diversité àl’uniformité biologique. Mais l’Etat intervient. Chaque fois qu’uneentreprise d’une certaine importanceferme ses portes, les responsables poli-tiques promettent de créer rapidement denouveaux emplois, si possible en nombreéquivalent et sur le même site. Pour cela,il est selon eux nécessaire de démolir lesinstallations de production, de dépolluerle site et de supprimer les fondations. Uneactivité onéreuse pour la collectivité maisjuteuse pour les entreprises de démolitionet de dépollution. Cette activité est floris-sante tant que les pouvoirs publics finan-cent une réhabilitation de haut niveau dessites industriels. Les entreprises qui fer-ment leurs usines font un «dernier marché»avec la région, en créant des filiales quiprennent en charge cette réhabilitation.De cette manière et compte tenu des inté-rêts manifestes en jeu, le nombre des sitesindustriels réhabilités est nettement supé-rieur aux besoins à long terme. Cettedémarche n’est pas cohérente au niveauéconomique et, du point de vue écologique,elle ne fait que poursuivre la destruction dela nature à l’issue de la phase d’appro-priation sans scrupule des terres. Le pro-cessus de renaturation est réprimé, dumoins provisoirement. Car, à terme, lessurfaces réhabilitées à grand frais finissentpar être rendues à la nature, une fois queles tentatives de reconversion de ces sitessont abandonnées, faute de repreneurs.En l’occurrence, il serait plus judicieux dupoint de vue économique comme écolo-gique que l’Etat s’abstienne d’emblée d’in-tervenir. Cela permettrait l’émergenced’un nouveau paysage dans lequel lesanciennes usines seraient progressive-ment détruites par les intempéries et lessites seraient envahis par la végétation.Les différents stades de réappropriationde ces espaces par la nature et de dégra-dation des bâtiments créeraient des pay-sages inédits dans l’histoire de l’huma-nité. On observe ce genre de paysage iciou là, lorsque les finances de l’Etat et des

Le paysage post-industriel de la Ruhr

«Spiralberg» terril réaménagé par l’architecte H. Prigann à Halde Rheinelbe près de Gelsenkirchen

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communes ne permettent plus de finan-cer la reconstruction forcée et que lesanciens sites industriels sont abandonnésà la nature. Or l’opinion publique et les responsablespolitiques sont généralement désempa-rés face à cette merveilleuse forme d’in-activité. Ils en ont même une peur panique!L’obligation d’agir est visiblement inhé-rente à la société industrielle, le travailétant la vertu suprême. Sans oublier l’ordre,la quête de propreté et de sécurité. Maissurtout, la plupart des gens ne supporte pasla vue de la décadence et le retour pro-gressif d’une végétation naturelle. Ils sontinsensibles à la beauté d’un tel processus.On s’inquiète des risques liés à la pollu-tion des sols et à l’effondrement des bâti-ments. Les autorités ordonnent la sécu-rité. Or il est nettement moins dangereuxd’évoluer sur ces friches industrielles qued’emprunter des routes «sécurisées» par lecode de la route et des panneaux de signa-lisation. Les réticences esthétiques s’ac-commodent bien du débat autour de lasécurité, puisqu’il prône l’élimination dela ferraille et des déchets.

L’intervention culturelleLes pouvoirs publics interviennent doncd’une manière ou d’une autre, la questionétant dans quel esprit. Selon une logiqueéconomique qui vise à créer des espacespour promouvoir de nouvelles implanta-tions? Une logique de propreté et d’ordre?Ou une logique de culture, selon le prin-cipe «laisser pousser et cultiver»?En 1987, le Land de Rhénanie-du-Nord-Westphalie décidait de donner une chanceà la nature dans la partie nord de la zoneindustrielle bordant la rivière Emscher. Unedécision surprenante au vu de ce qui pré-cède. Le «statut spécial» accordé à cettezone s’inscrivait dans une manifestationintitulée «Exposition internationale d’ar-chitecture et de construction» (InternationaleBauausstellung – IBA), et l’expérience futlimitée à la période 1989-1999. Les 17 col-lectivités locales de la région ont participé,plus ou moins volontairement, à l’expé-rience. En vertu du principe d’interventionculturelle, elles se sont engagées à respec-ter trois grands principes:1) pas d’actions contre la nature, chaque

intervention devant respecter les cyclesécologiques;

2) respect de l’histoire: conservation, dansun premier temps, de l’ensemble des ves-tiges du passé industriel, qu’ils aient valeurou non de patrimoine architectural;

3) chaque réalisation (bâtiment ou pay-sage) doit répondre à des critères esthé-tiques.

Cette expérience régionale de grande enver-gure fut précédée d’analyses économiquesà l’échelon local. Celles-ci révélèrent qu’ilserait tout au plus nécessaire de réhabili-ter la moitié des friches industrielles. La vallée de l’Emscher a connu l’indus-trialisation la plus poussée. De ce fait, c’estelle qui a été le plus touchée par les fer-metures d’usines. Cette zone couvre800 km2 pour une largeur maximale d’en-viron 50 km et compte 2 millions d’habi-tants. Les friches industrielles ainsi que lespaysages préindustriels qui avaient sub-sisté (parcelles agricoles éparpillées, vestigesde forêts et espaces bordant les voies decirculation) représentaient un potentiel depaysage postindustriel de quelque 300 km2,soit environ 40% de la superficie totalecouverte par le projet. La durée prévuepour l’émergence de ce nouveau paysageétait estimée à 50 ans minimum. La périodede 10 ans prévue pour l’Emscherpark del’IBA devait donner le coup d’envoi du pro-jet. Ce parc a bénéficié d’un investisse-ment initial de 500 millions d’euros desti-nés à l’enrichissement culturel des pro-cessus naturels, dans le respect des troisprincipes énoncés ci-dessus. Ce budget futmajoritairement financé par des subven-tions publiques, très largement alimentéespar des fonds européens.Comparativement, cette stratégie d’in-tervention culturelle a mobilisé nettementmoins de crédits publics que les autresformes d’intervention destinées à réha-biliter intégralement les friches industriellesen vue d’accueillir de nouvelles entreprisesou habitations. Il en a résulté une impor-tante valorisation écologique qui a eu uneincidence positive sur l’attrait qualitatif decette région, qui était faible jusque-là. Larégion a été évoquée en termes élogieux.Ses habitants ont commencé à être fiersde leur histoire et des changements auniveau du paysage, qui attiraient visiteurset touristes. L’intervention culturelle favo-rise donc l’identité régionale et elle estprobante en tant qu’outil de valorisationéconomique d’une région.

L’image d’un paysageBien que cette initiative d’interventionculturelle regroupe plus de 100 projets,ces «points dans le paysage» ne suffisentpas à former un espace paysager à partentière. C’est pourquoi ces nouveaux pay-sages ont besoin, surtout au début,d’images fortes et d’un fil rouge qui fassele lien entre les différents projets.Ces images fortes sont les «jalons topo-graphiques» marquant le nord et le sud dela vallée de l’Emscher, qui n’est pratique-ment plus identifiable en tant que telle

aujourd’hui. Utiliser à cette fin des som-mets montagneux, dont la population aretenu le nom au fil du temps, s’est révélépertinent. La «Route du tourisme indus-triel» constitue le fil rouge du projet. Cet iti-néraire touristique bien balisé s’adresseen priorité aux habitants de la région et seu-lement en deuxième lieu aux touristes.Car les 5 millions d’habitants de la Ruhrdoivent tout d’abord devenir des touristesdans leur propre région.Toutefois, l’objectif de l’interventionculturelle, matérialisée par les jalons topo-graphiques, est de conserver l’ébauched’un paysage industriel qui s’estompe,mais dont les contours doivent rester long-temps visibles dans le nouveau paysage.Il s’agit là d’une conception assez parti-culière de la protection du patrimoine his-torique, puisqu’elle s’attache non pas à laconservation de celui-ci mais au suivi desa lente dégradation. Ici, la protection dupatrimoine et du paysage se manifestepar le respect du processus naturel!Les jalons topographiques sont des repèresstatiques incontournables. Le paysagenaturel qu’ils surplombent est un proces-sus d’évolution naturelle autorisé parl’homme. C’est en cela que cette démarchese différencie de l’aménagement du ter-ritoire au sens strict. Le projet s’intitulecertes «Parc paysager de l’ Emscher» maisen fait, il est tout le contraire d’un parcbien délimité et planifié jusque dans lesmoindres détails.

Conclusion Le Bassin de la Ruhr est la région d’Europeoccidentale et centrale qui a subi le plus detransformations du fait de l’industrialisa-tion. Ici, la renaturation des friches indus-trielles a débuté plus tôt qu’ailleurs, elleest plus spectaculaire et a une incidencenettement plus marquée sur le paysage.C’est pourquoi cette région se prête toutparticulièrement à des expériences et àdes enseignements sur l’évolution paysa-gère à l’ère postindustrielle.

Karl Ganser Am Bächle n°11

D-86488 Breitentahl

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Quand la nature reprend ses droits, près de Essen

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Le Programme coopération décentralisée del’Institut des Nations Unies pour la Formationet la Recherche (UNITAR) met en œuvre uneinitiative de partenariat public-privé de type II,intitulé «formation et renforcement des capacitéspour une urbanisation durable», présenté lors duSommet Mondial sur ledéveloppement durablede Johannesburg en 2002, avec UN-HABITAT,la Coordination des associations mondiales desvilles et autorités locales (CAMVAL), la sociétémultinationale Veolia Environnement, l’ONGGlobal Ecovillage Network et d’autres parte-naires.Le Programme coopération décentralisée, enreconnaissant le rôle des collectivités locales àatteindre localement les objectifs globaux dudéveloppement durable, vise à fournir aux auto-rités locales la formation et les meilleures pra-tiques d’accès aux services essentiels tels quel’eau, l’assainissement, la gestion des déchets,les transports, l’énergie, la protection de la santé,ainsi que l’information et la communication.C’est dans ce cadre, que l’UNITAR a signé, en2003, un accord de coopération avec le Conseilde l’Europe. La Conférence Européenne desMinistres responsables de l’aménagement du ter-ritoire (CEMAT), tenue à Ljublajna, le 17 sep-tembre 2003, a adopté la résolution n°2 rela-tive à la formation des autorités responsables dudéveloppement territorial durable. Cette réso-lution stipule, entre autres, «d’appuyer la miseen œuvre du programme Centres Internationauxde formation des Acteurs Locaux (CIFAL) dansles Etats membres du Conseil de l’Europe etd’examiner les modalités d’une collaborationavec l’UNITAR et le Réseau Européen des insti-tutions de formation des collectivités territo-riales (ENTO)».La méthode de formation consiste à échangerles meilleures pratiques urbaines et sont orga-nisées avec la participation des organisationsinternationales, des associations de collectivi-tés locales, des ONG, des sociétés privées et dumilieu académique. Dans ce contexte, leProgramme sert de plaque tournante à l’infor-mation, la communication et la formation pourun développement territorial durable. Les activités de formation sont mises en œuvre,à travers le monde, grâce à un réseau de centresrégionaux de formation appelés CIFAL (Centresinternationaux de formation des acteurs locaux).Pour ce qui concerne la Région Europe, le choixsera fait avec le Conseil de l’Europe et le Congrèsdes Pouvoirs Locaux et Régionaux de l’Europe.Des négociations sont en cours pour un démar-rage effectif en 2004.

Christophe Nuttall Mary Sancy

UNITARPalais des Nations

CH-1211 Genève [email protected]

[email protected]

La 13e Conférence européenne desMinistres responsables de l’amé-nagement du territoire (CEMAT)organisée par le Conseil de l’Europe,s’est tenue à Ljubljana (Slovénie)les 16 et 17 septembre 2003 à l’invitation de M. Janez Kopac,ministre de l’Environnement, del’Aménagement du territoire et del’Énergie de Slovénie. Elle consti-tue l’un des temps forts, sur le planpolitique, du développement terri-torial durable et de la mise en œuvredes Principes directeurs de laCEMAT (Recommandation Rec(2002) 1 relative aux Principes direc-teurs pour le développement terri-torial durable du Continent euro-péen, adoptée le 30 janvier 2002par le Comité des ministres duConseil de l’Europe).Elle a réuni plus de 100 participantsde 36 États membres et Étatsobservateurs du Conseil de l’Europe.Des représentants du Comité desMinistres, de l’Assemblée parle-mentaire, du Congrès des PouvoirsLocaux et Régionaux de l’Europe(CPLRE) ainsi que de la Banque dedéveloppement du Conseil del’Europe (CEB) étaient égalementprésents.La Conférence ministérielle avaitpour but de passer en revue lesmesures prises en application desPrincipes directeurs pour le déve-loppement territorial durable duContinent européen, de promou-voir la coopération transnationaleet interrégionale à l’aide de projetsde développement. Elle a ainsi réflé-chi aux moyens de promouvoir etmettre en œuvre les Principes direc-teurs en mettant en place des dis-positions juridiques et des politiquesefficaces ainsi que des stratégiesnovatrices en matière de planifica-tion et d’aménagement du terri-toire. Le thème général «Mettre en œuvreles Stratégies et perspectives pourledéveloppement durable du Conti-nent européen» était traité dans lecadre des trois sessions suivantes: – l’Europe dans le Monde et l’inté-

gration du Continent;– mise en œuvre des principes pour

le développement territorialdurable;

– coopération transeuropéenne.Les Ministres responsables de l’amé-nagement du territoire et Chefs dedélégations ont:

– adopté la Déclaration ministériellede Ljubljana relative à la dimen-sion territoriale du développe-ment durable;

– adopté la Résolution n° 1 surles partenariats publics-privésconcernant les politiques de déve-loppement territorial;

– adopté la Résolution n°2 relativeà la formation des autorités res-ponsables du développement ter-ritorial durable ;

– adopté la Résolution n°3 concer-nant la prévention des inonda-tions et une meilleure coordina-tion de toutes activités destinéesà minimiser les risques et lesconséquences des crues désas-treuses ;

– approuvé la Résolution n°4 rela-tive au mandat du Comité deshauts fonctionnaires de la CEMATet de son Bureau en décidant dela transmettre au Comité desMinistres pour adoption;

– adopté la Résolution n°5 relativeà l’organisation de la 14e Sessionde la Conférence européenne desMinistres responsables de l’amé-nagement du territoire ;

– pris note du Guide européen d’ob-servation du patrimoine rural –CEMAT tel qu’adopté par leComité des hauts fonctionnairesde la CEMAT à Budapest (Hongrie)le 28 mars 2003;

– pris note du travail accompli envue du développement territorialdurable du bassin de la rivièreTisza/Tissa qui s’est traduit par:– la signature de l’Initiative sur

le développement territorialdurable du bassin de la rivièreTisza/ Tissa par les ministresresponsables de l’Aménage-ment du territoire de la Hongrie,de la République slovaque, dela Roumanie, de Serbie-Monté-négro et de l’Ukraine; et

– l’adoption de la Déclaration surla coopération concernant lebassin de la rivière Tisza/ Tissapar ces mêmes États le 16 sep-tembre 2003.

À la fin de la Conférence, M. PauloTaveira de Sousa, Secrétaire d’Étatde l’Aménagement du territoire duministère des Villes, de l’Aména-gement du territoire et de l’Envi-ronnement du Portugal a prononcéun discours invitant la 14e Sessionde la CEMAT à se tenir au Portugalen 2006.

Conférence ministérielleUn programme de coopérationdécentralisée

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Le Réseau européendu patrimoine (Herein)Herein est le réseau d’administrationspubliques responsables du patrimoinecoopérant dans le cadre du Conseil del’Europe. Herein s’appuie sur un réseaude correspondants nationaux dans les32 pays participants actuellement auxactivités.

Le réseau humain utilise les technologiesde l’information et de la communica-tion pour un travail coopératif et distri-bué. Ce système d’information permetnotamment: – la publication et la mise à jour des rap-

ports sur les politiques du patrimoineet du thésaurus, d’une sélection deliens Internet, d’une rubrique d’ac-tualités directement par les corres-pondants;

– l’hébergement d’expositions virtuelleset de forums thématiques;

– un accès multilingue aux informations.

Le site Internet du réseau www.euro-pean-heritage.net donne ainsi accès auxéléments suivants:– les rapports nationaux sur les poli-

tiques du patrimoine de 25 pays euro-péens;

– le thésaurus multilingue (10 langueseuropéennes), propose un systèmeterminologique relatif aux politiquesnationales du patrimoine. Cet instru-ment est destiné à aider l’utilisateur dusite à naviguer dans les différents rap-ports nationaux mis en ligne. Grâce àson vocabulaire normalisé et à sesnotes explicatives associées à chaqueterme, il permet d’accéder pour unmême concept à des expériences oupolitiques nationales dont les diffé-rentes appellations, les différentesmises en œuvre ou structures admi-nistratives spécifiques à chaque pays,traduisent la diversité culturelle euro-péenne. Il offre en outre à l’utilisateurun outil terminologique lui permettantde mieux appréhender les différentsconcepts rencontrés à la lecture d’unrapport et ainsi d’élargir ou d’affinersa connaissance du sujet par le jeu desliens hiérarchiques et relationnelsentre termes.

– l’exposition virtuelle «Les voyagesextraordinaires: la route de la soie»

conçue par l’association «Patrimoineet Modernité» et la société Griffon avecle concours du ministère français dela Culture et du Conseil de l’Europesera bientôt mise en ligne sur le site.

La 5e Conférence ministérielle «Unenvironnement pour l’Europe» s’esttenue à Kiev en mai 2003. Les ministreset les chefs de délégation ont adoptéun paragraphe sur la biodiversité, dansla déclaration ministérielle, par lequelils reconnaissent le rôle de la Stratégiepaneuropéenne de la diversité biolo-gique et paysagère (PEBLDS) dans lamise en œuvre de la Convention sur ladiversité biologique des Nations Uniesdans la région paneuropéenne. Ils ontégalement adopté la Résolution sur labiodiversité, soumise par le Conseil pourla Stratégie, et se sont engagés àatteindre les objectifs de la PEBDLS pourmettre un terme à l’appauvrissementde la biodiversité d’ici 2010, grâce àdes efforts nationaux et à la coopéra-tion régionale.

Le Groupe d’experts sur le patrimoinegéologique s’est réuni pour la premièrefois à Strasbourg le 13 septembre 2002.Il a souligné l’existence de nombreusesinitiatives européennes en faveur de lapréservation géologique, insistant surla nécessité de les soutenir pour éviterde devoir créer de nouveaux instru-ments. Lors de sa deuxième réunion le15 septembre 2003, le groupe a décidéd’élaborer un projet de recommanda-tion sur la conservation du patrimoinegéologique et des régions présentantun intérêt géologique particulier. Ce pro-jet de recommandation, lorsqu’il seraadopté par le Comité pour les activitésdu Conseil de l’Europe dans le domainede la diversité biologique et paysagère,sera transmis au Comité des Ministresdu Conseil de l’Europe pour adoptionéventuelle puis, le cas échéant, aux Etatsmembres qui devront l’appliquercomme il convient.

Le Diplôme européen des espaces protégésPar décision du Comité des Ministres,le 28 mai 2003, le Diplôme européendes espaces protégés a été accordé à3 nouvelles zones protégées récom-

pensant non seulement la qualité dessites sur le plan biologique, paysager etgéologique mais aussi celle de la ges-tion qui y est pratiquée:– le parc national de Thayatal en

Autriche;– la réserve naturelle de Matsalu en

Estonie;– les phénomènes volcaniques de la

Péninsule de Tihany en Hongrie.

La Convention de BerneLa Convention de Berne a enregistré en2003 des progrès importants dans lesdomaines suivants:

Conservation des grandscarnivores Plus particulièrement dans les Alpes etles Carpates la Convention vise à pro-mouvoir une gestion coordonnée et har-monieuse de ces espèces dans les dif-férents pays concernés. Plusieursréunions et ateliers ont été organiséssur ce thème notamment à Brasov enRoumanie. Elles ont donné lieu à l’éla-boration de recommandations et plansd’action. Un accord a en outre été signéentre les autorités centrales et régio-nales de l’Espagne chargées de laconservation du lynx ibérique (Lynx par-dinus), l’une des espèces les plus mena-cées en Europe et élément essentiel dupatrimoine naturel européen.

Protection des oiseaux Cinq nouveaux plans d’action ont étépréparés pour les oiseaux les plus mena-cés ainsi que des projets de recom-mandation visant à atténuer les nui-sances liées aux lignes électriques et àl’énergie éolienne.

Solution des problèmesrencontrés dans l’applicationde la ConventionSuite à des plaintes d’ONG portant surles projets de constuction du barraged’Odelouca en Algarve et de l’autorouteVia Baltica sur le territoire polonais, desvisites sur les lieux ont été organiséesau Portugal et en Pologne par les auto-rités gouvernementales concernées.Elles avaient pour objectif d’analyserles conséquences prévisibles de ces pro-jets sur les espèces et habitats d’im-portance européenne et d’aider les auto-

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rités à trouver, en accord avec tous lesinterlocuteurs, les solutions les plusappropriées permettant de concilier lesenjeux écologiques et socio-écono-miques.

La nature et le paysage de nos mers et de nos littoraux:un atout économique et social pour l’Europe

Les mers et les zones côtières qui entou-rent l’espace européen représententun atout économique et social trèsimportant pour l’Europe. La richessedes mers et des littoraux européenss’exprime dans leur diversité biolo-gique, dans la variété de leurs paysages,dans l’importance économique des res-sources de pêche, de l’économie destransports, des loisirs et du tourisme.Il s’agit donc d’un domaine où les poli-tiques de conservation et de protectionde l’environnement revêtent une trèsgrande importance car elles permet-tent de sauvegarder le socle sur lequels’appuie un important développementéconomique.

Le Conseil de l’Europe considère qu’unepolitique concertée et dynamique dedéveloppement durable de l’espacecôtier et marin est donc nécessaire pourpréserver des écosystèmes et desespèces vivant en milieu marin et côtier,afin de sauvegarder les atouts écono-miques et sociaux que représentent cesespaces pour les pays européens concer-nés. Dans ce cadre, la création de zonesmarines protégées plus nombreusesreprésente un outil essentiel pour laconservation de la biodiversité marineet pour soutenir les communautéslocales qui vivent des activités écono-miques liées à la mer et aux zonescôtières.

C’est pourquoi le Conseil de l’Europe aréuni des représentants de toutes lesinitiatives importantes menées dans ce domaine à Dubrovnik les 16 et 17 octobre 2003, en coopération avecles autorités de la Croatie, à l’occasiond’un Symposium international organisédans le cadre de ses activités en matièred’environnement et de création deréseaux écologiques.

Le Symposium a débouché sur un pro-gramme de soutien à la création dedavantage de zones protégées marines– ainsi que le réclamait le Sommet mon-dial sur le développement durable deJohannesburg, en septembre 2002.

Les travaux du Symposium deDubrovnik ont notamment lancé l’idéed’une plate-forme de dialogue pourdévelopper des synergies en faveur dela préservation de l’environnementmarin et côtier et entraîner plus d’ac-tions et de concertation entre les gou-vernements, en coopération avec lesinitiatives et instruments existants. Unmécanisme de concertation et de suivirégulier des différentes initiatives encours est ainsi proposé qui tiendracompte des problèmes généraux auniveau paneuropéen. Il se concentre enparticulier sur les recommandationsrelatives à des zones géographiques spé-cifiques: Méditerranée et mer Noire,océan Atlantique et mer du Nord, merCaspienne.

2003, Année internationale de l’eau douce L’Assemblée générale des Nations Uniesa proclamé l’année 2003 «Année inter-nationale de l’eau douce» rappelant ainsique les décisions prises notamment ausommet de Johannesburg en matièred’eau doivent être mises en œuvre.Effectivement, améliorer la prise deconscience de l’importance de cette res-source et de l’enjeu vital que représen-tent son utilisation, sa gestion et sa pro-tection est un défi que doivent relevertous les gouvernements, organisationsnationales et internationales, ainsi quela société civile et les acteurs écono-miques du secteur privé. Alors, touteune année durant, ces acteurs ce sontrencontrés sur cette plate-forme «Année2003» pour promouvoir les activités etprogrammes en cours et engager denouvelles initiatives aux niveaux inter-national, européen, national et local.

Que ce soit dans le cadre des activitésliées à l’agriculture, à l’aménagement duterritoire, à l’environnement ou encoreaux responsabilités des collectivités ter-ritoriales, les questions liées à la ges-tion des ressources en eau sont au cœur

des préoccupations du Conseil del’Europe et de son Assemblée parle-mentaire.

L’Assemblée parlementaire ne pouvaitmanquer ce rendez-vous. La Com-mission de l’environnement, de l’agri-culture et des questions territoriales del’Assemblée parlementaire du Conseilde l’Europe a donc crée une sous-com-mission ad hoc pour l’Année interna-tionale de l’eau douce 2003 chargée desuivre activement un certain nombred’initiatives, de participer à des événe-ments et de préparer un rapport sur lesnécessaires gestion et coordination auniveau européen des questions et ini-tiatives concernant l’eau (Rapporteur:M. Velikov, Bulgarie) qui sera présentéà l’Assemblée parlementaire durant lepremier semestre 2004.

De plus, parce que l’eau ne s’arrête pasaux frontières et faisant suite à une pro-position de résolution sur la «Nécessitéd’un soutien européen à la protectionet à la préservation des lacs de Dojran,Prespa et Ohrid», la sous-commission aorganisé un colloque sur la gestion desbassins de lacs et rivières transfrontaliersà Ohrid, en «ex-République yougoslavede Macédoine». La Commission de l’en-vironnement, de l’agriculture et desquestions territoriales a décidé de sepencher plus en détail sur la questiondes bassins versants et des lacs trans-frontières car ce thème peut servir defondement à une coopération renouve-lée entre les États membres aux niveauxnational, régional et local. Un rapportsur cette question (rapporteur M. Toshev,Bulgarie) sera également présenté àl’Assemblée parlementaire durant le pre-mier semestre 2004.

La chasse et ses effets surl’environnement dans les paysde l’Europe centrale et de l’estPlusieurs pays de l’Europe centrale et del’est ont entrepris, ces dernières années,de libéraliser leur cadre législatif et régle-mentaire en matière de chasse, en vuede promouvoir la chasse commercialeet d’attirer les chasseurs étrangers.La promotion de la chasse commercialepeut être une source importante de reve-nus et contribuer au développement

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des infrastructures dans ces pays. Unechasse bien contrôlée constitue un élé-ment non négligeable qui contribue aumaintien de l’équilibre biologique, touten répondant aux intérêts d’une partimportante de la société.Une libéralisation démesurée de lachasse peut cependant avoir un effetdommageable pour la faune sauvage.L’Assemblée parlementaire du Conseilde l’Europe craint tout spécialementque la prolifération de la chasse com-merciale ne mette en péril l’équilibrebiologique et qu’elle ne nuise, à longterme, à l’environnementSuite à une initiative des parlementairesde Roumanie, elle a donc décidé d’étu-dier le sujet d’une manière approfon-die, pour élaborer un rapport avec desrecommandations concrètes qui serontadressées au Comité des Ministres, afind’harmoniser la législation des Etatsmembres dans le domaine de la chasse,tout en veillant à protéger la diversitébiologique et la nature sauvage, patri-moine naturel commun des Européens,et de subordonner les intérêts écono-miques et commerciaux au besoin d’as-surer un développement durable.La Commission de l’environnement, del’agriculture et des questions territo-riales, chargée de l’élaboration du rap-port, a organisé une audition parle-mentaire au Centre européen de laJeunesse de Budapest, en décembre2003, qui a réuni des représentants d’or-ganisations nationales et internationaleset des parlementaires des pays membresdu Conseil de l’Europe; les informationsdécoulant de cette audition constitue-ront la base du futur rapport.

«L’Europe: d’une rue à l’Autre» Une trentaine d’écoles dans plus de20 pays européens participent depuis2001 à ce projet pilote du Conseil del’Europe pour enfants de 9-11 ans. Unemultitude d’activités sont proposées,grâce à un livret pédagogique spécifiqueen sept langues (anglais, français, alle-mand, espagnol, italien, russe, suédois),autour d’une rue dans l’environnementimmédiat. Il permet de travailler le pro-gramme scolaire avec une approche depédagogie active et aller vers «l’ Autre»pour arriver à une meilleure compré-hension mutuelle et prendre conscience

de la dimension européenne de leurenvironnement, de la diversité cultu-relle de l’Europe et des aspects multi etinterculturels du patrimoine commun.Dans cette optique de rapprochementdes peuples en Europe, le projet s’ins-crit dans une des missions fondamen-tales du Conseil de l’Europe et peutconstituer un facteur privilégié de tolé-rance, de citoyenneté, de paix et de pré-vention des conflits.Le projet a aussi pour objectif d’inciterles enfants à réfléchir à l’environnement

bâti et aux interactions entre ses habi-tants et à apprendre à évaluer l’influenceque les individus peuvent avoir sur l’ap-parence et l’esthétique de leurs lieux devie et à réfléchir à la façon dont leschoses pourraient évoluer à l’avenir. Lesaspects internationaux, y compris untravail créatif commun, sont dévelop-pés et une évaluation est en cours.http://www.culture.coe/eral

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Agences na t iona les e t Po in t s f

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AlbanieEnvironmental Protectionand Preservation CommitteeMinistry of Health andEnvironmental ProtectionRruga «Bajram Curri»AL-TIRANAFax 355-42 652 [email protected]

AllemagneMrs Helga INDEN-HEINRICHDeutscher Naturschutzring eVAm Michaelshof 8-10D-53177 BONN Fax 49-228 35 90 [email protected]

AndorreMme Natalia ROVIRAMinisteri de Medi AmbientEDF del Governc/Prat de la Creu 62-64AND-ANDORRA LA VELLAFax 376 869 [email protected]

ArménieEn cours de nomination

AutricheM. Michael KHÜNVerbindungsstelleder Bundesländer beimAmt der NiederösterreichischenLandesregierungSchenkenstrasse 4A-1014 WIEN Fax 43-1 535 60 [email protected]

AzerbaïdjanEn cours de nomination

BelgiqueRégion flamande:M. De Heer Koen DE SMETAMINAL-Afd. NatuurGraaf de Ferraris-gebouwKon. Albert II-laan 20 – Bus 8B-1000 BRUSSELFax 32-2 553 76 [email protected]

Région wallonne:M. Jacques STEINMinistère de la Région WallonneDGRNE – Direction de la NatureAvenue Prince de Liège 15B-5100 JAMBES (Namur)Fax 32-81 33 58 [email protected]

Région bruxelloise:Mme NAULAERSInstitut bruxellois pourla gestion de l’environnementGulledelle 100B-1200 BRUXELLESFax: 32-2 775 7621

Bosnie-HerzégovineEn cours de nomination

BulgarieMrs Elizaveta MATVEEVAVitosha Nature ParkMinistry of Environment and Water22 Bul. Maria LuizaBG-1000 SOFIAFax: 359-2 988 56 [email protected]

ChypreMr Antonis L. ANTONIOUEnvironmental ServiceMinistry of Agriculture, NaturalResources and EnvironmentCY-1411 NICOSIA Fax 357-2 77 49 45

CroatieMinistry for Environment andPhysical PlanningRepublica Austrija 20HR-10000 ZAGREBFax 385-1 537 [email protected]

DanemarkMs Lotte BARFOD National Forest and NatureAgencyMinistry of the EnvironmentHaraldsgade 53DK-2100 COPENHAGEN ØFax 45-39 27 98 [email protected]

EspagneMme Carmen CASAL FORNOSMinisterio de Medio AmbienteSecretaria General TécnicaCentro de DocumentaciónambientalDespacho BS 09Plaza San Juan de la Cruz s/nE-28071 [email protected]

EstonieMr Kalju KUKKMinistry of the Environment24 ToompuiesteeEE-0100 TALLINNFax 372-62 62 [email protected]

Fédération de RussieDr Nina DOBRYNINAInternational RelationsDepartmentMinistry of Natural ResourcesB. Grusinskaya str. 4/6123812 MOSKAUFax 7-095 943 0013/951 [email protected]

FinlandeMs Anne BRAXMinistry of the EnvironmentP O Box 35FIN-00023 HELSINKI Fax 358-9 160 39323

FranceMme Marie-Aurore MALNOURYDirection de la Nature et desPaysagesMinistère de l’Environnement etdu Développement durable20 avenue de SégurF-75302 PARIS 07 SPFax 33-1 42 19 25 [email protected]

GéorgieMme Maka TSERETELIEnvironmental PolicyDepartmentMinistry of the Environment andNatural Resources Protection68a Kostava St.380015 TBILISIFax: 995-32 333 [email protected]

GrèceMr Donald MATTHEWS Hellenic Society for NatureProtection 24 Nikis StreetGR-105 57 ATHENSFax 30-1 32 25 [email protected]

HongrieMrs Louise LAKOSDepartment of EuropeanIntegration and InternationalRelationsMinistry for Environment andRegional Policy P O Box 351 H-1394 BUDAPEST Fax 36-1 201 28 [email protected]

IrlandeMrs Mary MOORENational Parks & WildlifeDún ScéineHarcourt LaneIRL-DUBLIN 2Fax 353 1 6788 [email protected]

IslandeMr Sigurdur Á. THRÁINSSONMinistry for the EnvironmentVonarstraeti 4 ISL-150 REYKJAVIKFax 354-562 42 [email protected]

ItalieGian Luigi FERRETIMinistère des Ressourcesagricoles et forestièresVia XX Settembre, 20I – 00187 RomeFax 39 06 46 65 30 [email protected]

LettonieSkaidrite RUSKULENature History MuseumK. Barona 4LV-1050 RIGAFax. +371 [email protected]

«L’ex-Républiqueyougoslavede Macédoine»Mr Aleksandar NASTOVOffice of the National Agency«Naturopa»Ministry of EnvironmentDresdenska Street 52MK-91 000 SKOPJEFax: 389-91 366 [email protected]

LiechtensteinM. Alexander HAURILiechtensteinische Gesellschaftfür UmweltschutzIm Bretscha 22FL-9494 SchaanFax: +423 232 52 [email protected]

LituanieDr Danielius PIVORIUNASLand Use Planning DepartmentLandscape DivisionMinistry of EnvironmentJaksto g-ve 4/9LT-2694 VILNIUSFax 370 2 22 08 [email protected]

LuxembourgM. Jean-Paul FELTGENMinistère de l’Environnement18 Montée de la Pétrusse L-2918 LUXEMBOURGFax 352-478 [email protected]

MalteMr John GRECHMinistry for the EnvironmentM-FLORIANAFax 356-23 99 05

MoldovaMr Grigore BARACMediu AmbiantMinistry of Ecology,Construction and TerritorialdevelopmentMD 2005 CHISINAUFax 373-2 23 71 57E-mail: en cours

Mr Alecu RENITSAEcological Movement ofMoldovaRepublican PeriodicalPublication Nature13 S. Lazo Str.2004 CHISINAUFax 373-2 23 71 [email protected]

NorvègeMs Sylvi OFSTAD SAMSTAGMinistry of Environment Myntgaten 2 P O Box 8013 DEP N-0030 OSLO Fax 47-22 24 95 [email protected]

Pays-BasDrs Peter W. BOS Ministry of Agriculture, NatureConservation and FisheriesDivision for InternationalNature Management AffairsP O Box 20401 NL-2500 EK’s GRAVENHAGEFax 31-70 378 [email protected]

PologneMr Marcin HERBSTNational Foundation forEnvironmental Protection Ciol⁄ka 13 (l.p)PL-01 445 VARSOVIEFax 48-22 656 [email protected]

PortugalProf. Helena FREITASLiga para a Protecçãoda NaturezaEstrada do Calhariz de Benfica 187P-1500-124 LISBOAFax 351-21 778 [email protected]

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Pour recevoir Naturopaou pour obtenir toutautre renseignement

sur le Conseil de l’Europe,veuillez contacter

l’Agence nationale ou lePoint focal de votre pays

(voir liste ci-contre).

BelarusMr Vladimir F. LOGINOVInstitute for Nature ResourcesExploitation and EcologyStaroborysovkyi trakt 10220023 MINSKFax 375-172 64 24 13

États-UnisUS Fish and Wildlife ServiceDepartment of the InteriorWASHINGTON DC 20240Fax 1-703 358 2849

IsraëlInternational AffairsMinistry of the EnvironmentP O Box 3403395464 JERUSALEMFax 972-2 653 5934

MonacoM. Patrick VAN KLAVERENConseiller technique duMinistre Plénipotentiaire chargéde la CoopérationInternationalepour l’Environnementet le DéveloppementVilla Girasole16 boulevard de SuisseMC-98000 MONACOFax 377-93 50 95 [email protected]

P o i n t f o c a lMonacoDirection des AffairesCulturelles4 Bd des MoulinsMC-98000 MONACOFax +377 93 50 66 94

CORRESPONDANTS

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République tchèqueDr Bohumil KU∏ERAAgency for Nature andLandscape Conservation4-6 Kali∂nickáCZ-130 23 PRAGUE 3Fax 422-697 [email protected]

RoumanieMrs Adriana BAZDirectorate of Nature andBiological Diversity Conservation Ministry of Waters, Forestry andEnvironmental ProtectionBd Libertatii 12, Sector 5RO-70542 BUCURESTIFax 40-1 41 00 [email protected]

Royaume-UniMr John ANGELLDepartment for Environment,Food & Rural Affairs Kite Zone 1/10Temple Quay House2, The SquareTemple QuayGB-BRISTOL BS1 6EBFax 44-117 372 [email protected]

Saint-MarinMr Paolo RONDELLIDipartimento TerritorioAmbiente ed Agricultura,Contrada Omerelli 43RSM-47890 San MarinoFax: 378-0549 [email protected]@libero.it

Serbie-MonténégroEn cours de nomination

SlovaquieMs Zuzana JURICKOVADepartment of Nature andLandscape ProtectionMinistry of the EnvironmentNám. π. ∑túra 1SK-812 35 BRATISLAVA Fax 421-7 5956 20 [email protected]

SlovénieMs Helena VODUSEKMinistry of Environment andSpatial PlanningDunajska cesta 48SI-1000 LJUBLJANAFax 386-61 178 [email protected]

SuèdeMrs Mona N’DURETerrestrial Environment SectionSwedish EnvironmentalProtection Agency Blekholmsterassen 36S-106 48 STOCKHOLM [email protected]

SuisseMme Marie GARNIERPro NaturaWartenbergstrasse 22CH-4052 BÂLE Fax 41-61 317 91 [email protected]

TurquieDr Osman TASKINTurkish Association forthe Conservation of Nature and Natural Resources Menekse sokak 29/4 TR-06440 KIZILAY-ANKARA Fax 90-312 417 95 [email protected]

UkraineDr Tetiana HARDASHUKGreen UkraineNational Ecological CentreP O Box 89/7, 39 Predslavynska St252150 KYIVFax 38-044 269 9925

P o i n t s F o c a u xAlbanieMme Arlinda KONDICultural Heritage DepartmentMinistry of Culture, Youth and SportsBoul. «Deshoret e Kombit» No. 1AL-TIRANAFax +355 4 22 82 [email protected]

BelgiqueM. Edgard GOEDLEVENAfdeling Monumenten enLandschappenMinisterie van de VlaamseGemeenschapKoning Albert II-laan 20B-1000 BRUSSELFax +32 2 553 80 [email protected]

Mme Jocelyne BALLENSDivision de l’aménagementet de l’urbanismeDgatlp-mrwRue des Brigades d’Irlande 1B-5100 [email protected]

ChypreM. Michael KYRIAKIDESTown Planning OfficerMinistry of InteriorDepartment of Town Planningand HousingSeveris Avenue1454 NICOSIAFax +357 22 [email protected]

EspagneMme Margarita ORTEGAChef de DivisionUnité de développementterritorialMinistère de l’environnementPlaza de San Juan de la Cruz, s/nE-28071 MADRIDFax +34 91 597 59 [email protected]

Fédération de RussieM. Alexander FROLOVHead of Central Board ofArchitecture and UrbanDevelopmentGovernment of Moscow RegionStoleshnikov Lane 7103031 MOSCOWFax +7 095 229 [email protected]

FranceMme Orane PROISY Bureau des actions européenneset internationalesDirection de l’architectureet du patrimoine8, rue VivienneF-75002 PARISFax +33 1 40 15 33 [email protected]

HongrieMme Gabriella SZABO-PAPWesselényi utca 20-22H-1077 BUDAPESTFax +36 361 484 [email protected]

LettonieM. J. DAMBISHead of inspectionMinistry of Culture19 M.Plis stLV-1050 RIGAFax +371 [email protected]

PortugalCentro de culturaRua Antonio Maria Cardoso 68P-1249-101 LISBOAFax +351 213 428 [email protected]

République TchèqueM. Petr LEPESKAStaromestske namesti 6CZ-110 15 PRAHA 1Fax +420 2 575 323 [email protected]

RoumanieMs Ana BARCAInspecteur des monumentsDépartement des MonumentsHistoriques Ministère de la CulturePiata Presel Libere ar. 1 – Secteur 1RO-71341 BUCARESTFax +40 1 224 28 89

M. Serban NADEJDEChef de la Section«Aménagement du territoire»Institut National Urbanproiect53-55 Rue Nicolae Filipescu –Secteur 2RO-BUCARESTFax +40 1 211 49 [email protected]

SlovaquieM. Jaroslav LIPTAYSenior AdviserMinistry of CultureNam SNP 33813 31 BRATISLAVAFax +421 2 593 914 [email protected]

SuisseM. Armand MONNEYDélégué aux affairesinternationales Office fédéral du développementterritorialPalais fédéral NordKochergasse 10CH-3003 BERNEFax +41 31 322 53 [email protected]

focaux du Réseau Naturopa

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ISSN 0250-7102

Conseil de l’EuropeDirection de la culture

et du patrimoine culturel et naturelService du patrimoine culturel et naturel

Division de l’aménagement du territoire et du paysageF-67075 Strasbourg CedexFax: 33-(0)3 88 41 37 51

Web: http://www.nature.coe.intCréé en 1949, le Conseil de l’Europe est une organisation

intergouvernementale qui travaille à l’édification d’une Europe unie,fondée sur la liberté, la démocratie, les droits de l’homme et l’état de droit. Rassemblant aujourd’hui 45 Etats membres, l’Organisation constitueune plate-forme privilégiée pour la coopération internationale dans denombreux domaines – éducation, culture, sport, jeunesse, questions

sociales et économiques, santé – dont ceux de l’aménagementdu territoire et du patrimoine culturel, naturel et paysager.

La revue Naturopa, publiée depuis 1968 a pour but de mieuxsensibiliser les citoyens européens et les décideurs à l’importance

du développement durable du territoire européen par la priseen compte de ce patrimoine.

De 1968 à 2000, Naturopa a eu pour objectif de promouvoirla conservation de la nature et la gestion durable des ressources

naturelles et de développer une approche pluridisciplinairedes questions environnementales. En 2001, Naturopa a élargi

sa thématique au patrimoine culturel et paysager dans une perspective de développement territorial durable.

Naturopa paraît deux fois par an dans les deux langues officiellesde l’Organisation: l’anglais et le français.

Pour vous abonner à Naturopa, veuillez contacter l’Agence nationaleou le Point focal de votre pays (voir adresses en pages 34-35).

Thème du prochain numéro: Les 25 ans de la Convention de Berne