Une petite bête « pas si

bête » que ca !!

Un vieux marin vivant près des côtes du Chili racontait à ses petits enfants qui l’écoutaient, très captivés, une bien étrange histoire. Ce vieux loup des mers avait suivi de si près l’expédition Ultima Patagonia, qu’il était capable d’en raconter les moindres détails… Oui, les moindres détails car il avait participé à l’expédition :

« Mes chers petits-enfants, ce n’est plus le cas aujourd’hui, mais en 2014, il existait encore des îles inconnues et donc protégées. De nos jours en 2045, la Patagonie est tellement touristique ! C’était magique cette équipe partie à la découverte d’une île nommée l’Ile de Diego de Almagro. Elle n’avait jamais été visitée par aucun être humain ! Je peux vous dire qu’un vieux marin comme moi s’y connaissait en lieux inexplorés. J’étais fier d’être à la barre du « METALQUI ».

Sur cette île c’était l’été et pourtant la pluie ne cessait de tomber. Un vent puissant soufflait sans arrêt. Un véritable exploit d’accoster, même pour un marin téméraire ! Quel bonheur de se poser sur la terre ferme et de choisir une belle plaine d’herbe et de roches, près d’une rivière. A l’horizon, des montagnes et une forêt traversée par une sublime cascade. Ce paysage nous faisait espérer de belles découvertes, nous l’avons d’ailleurs baptisé «  le port de l’avenir ».

Installer la cabane en rondins de bois à la lisière de la forêt en minimisant l’impact sur le milieu de vie : c’était notre priorité. Nous avons monté la cabane progressivement pendant que les équipes commençaient les recherches. Que l’ambiance du groupe était chaleureuse ! Tout le monde était volontaire.

La faune et la flore étaient riches. Nous avons rencontré plusieurs espèces d’oiseaux : albatros, pétrelles… Alors que je m’occupais du bateau, je surpris un renard poursuivre un marra : une belle rencontre.

Mes amis explorateurs étaient, eux, très impatients de découvrir de nouvelles espèces. Les spéléologues scrutaient les gouffres depuis trois jours déjà, lorsque survint un problème.

Le 18 Janvier, Pierre qui faisait partie de l’équipe de recherche, s’est blessé durant l’exploration dans un gouffre à une demi-heure du camp avancé prénommé « Francochileno ».

Une prise rocheuse cassa, Pierre fit une chute de cinq mètres et se fractura la jambe. Il fut sorti par ses coéquipiers et évacué en quatre heures jusqu’au camp avancé, où il passa la nuit. Le lendemain matin, une équipe le brancarda jusqu’à la côte. Cette interminable progression dura dix heures. Pierre fut ensuite hélitreuillé pour être soigné. J’ai eu beaucoup de peine pour lui mais je savais qu’il était maintenant entre de bonnes mains.

Cet accident inexplicable avait perturbé notre équipe : y’aurait-il des esprits qui voulaient empêcher de découvrir les secrets de cette île ? Malgré cela, nous avions poursuivi l’aventure et à notre grande surprise, de jour en jour, nous avions découvert des plantes inconnues et des espèces animales.

Sur l’île, nous avions trouvé aussi de nombreuses grottes aux murs peints il y a très longtemps par des êtres humains. Serait-ce des Indiens  Kaweskars dont on parlait beaucoup mais dont on ne connaissait pas grand-chose ? Comment étaient-ils arrivés là ? Et pourquoi n’y avait-il plus personne maintenant ? Peut-être avaient-ils fait naufrage près de là et ils n’avaient pas pu survivre sur cette île au climat rude et difficile ?

Au cours de la soirée qui a suivi l’accident de Pierre, un animal quelque peu étrange a causé des problèmes à notre équipe. Cet animal n’était pas connu, et n’avait jamais été répertorié dans la liste des nouvelles espèces. Il avait l’air d’être un mammifère, il avait une longue queue fourchue et poilue, des yeux globuleux, un poil bien lisse et imposant, et de petites dents pointues. Ses pattes étaient dotées de petites griffes et de coussinets, il pouvait monter aux arbres grâce à sa queue, il pouvait aussi s’agripper aux grosses roches grâce à ses petites griffes. Peut-être pouvait-il nager ? Personne ne le savait.

L’équipe de chercheurs était très surprise de se retrouver face à ce nouveau spécimen. Ne sachant pas comment réagir, ils ne bougeaient plus d’un poil. La petite bête tournait en rond et sautait partout. Elle s’approchait tout doucement et reniflait les sacs à dos. Tout à coup, elle vola un des sacs et s’éloigna. Elle se mit sur ses deux pattes arrière et secoua le sac, pour narguer les chercheurs. La petite bête restait sur ses gardes, et voulait jouer avec les explorateurs. Elle se remit sur ses quatre pattes, prit le sac dans sa bouche et se mit à courir de plus belle, elle passa entre les jambes de deux explorateurs, elle les regarda rapidement et se mit à sauter dans un arbre.

L’équipe se posta sous la branche où la bête était installée. Certains avaient eu la présence d’esprit de prendre caméra et appareil photos ; d’autres avaient pris leurs carnets de croquis. Cet animal était très malin, il relevait le sac lorsqu’une des deux personnes allaient presque le toucher. L’animal poussa un petit cri, descendit de l’arbre, sauta deux fois sur ces pattes arrière. Au bout d’une vingtaine de minutes à se moquer des chercheurs, la petite bête s’approcha de Pierre, elle lui rendit le sac, et poussa un autre petit cri en sautillant. Toute l’équipe se regarda et se mit à rire. Cette petite bête n’était pas si bête que ça. Une chercheuse avait pris des photos, et avait l’intention d’étudier cette espèce pour la rajouter à la liste des nouveaux animaux. Pour ma part, je m’étais contenté d’admirer cette petite créature espiègle et passionnante.

Occupé aux tâches matérielles du camp, je me questionnais sur la présence des esprits des indiens Kaweskar. J’avais trouvé un vieil objet et je savais qu’il appartenait à cette tribu. Sans aucun doute, elle vivait en parfaite harmonie avec la nature.

Notre équipe fut félicitée par le chef de l’expédition Bernard Tourte. Nous avions découvert une nouvelle petite bête « pas si bête que ça » et approfondi les recherches sur les indiens Kaweskar. Plus que tout, nous sommes repartis avec nos têtes pleines d’images, de souvenirs et de fierté.

Retenez mes enfants qu’il ne faut jamais être sûr de soi et toujours se méfier du chat qui dort, le chat étant l’île de Diego de Almagro… Protégez votre Terre et conservez au mieux ses richesses. »

Le vieux marin avait raconté cette histoire avec émotion, l’aventure avait été si merveilleuse qu’il en était ému. Ses petits-enfants avaient été touchés et garderaient en mémoire ce récit émouvant.