traitements de la polyarthrite rhumatoïde après 10 ans d'évolution

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et était diagnostiquée depuis 5±4 ans. 71 % étaient en échec à au moins un traitement de fond. Le MTX ou une biothérapie avaient été arrêtés respectivement par 35.4 % et 9.2 % des patients. Après 9 mois de suivi, les monothérapies par DMARD étaient moins pres- crites (48.5 % vs 58.1 % à linclusion), au contraire des associations DMARD-antiTNF (29.7 % vs 17.9 %). Les traitements par antiTNF seul ou par une association de deux DMARDs sont restés stables, respectivement 7 % vs 8.8 % et 5.1 % vs 5 % à linclusion. Les patients dont la PR était très active ont reçu plus souvent une biothé- rapie : un antiTNF seul était prescrit à 8.9 % des DAS28 sévères (DAS>5.1) vs 2.7 % pour les DAS 3.2 et 7 % pour les DAS inter- médiaires. Il en est de même pour les patients à PR érosive (7.8 % vs 5.6 % pour les PR non érosives). Les PR érosives ont reçu plus sou- vent des associations antiTNF-DMARD que les PR non érosives (res- pectivement 35.5 % vs 17.4 %, p<0.0001). Les patients les plus jeu- nes recevaient des traitements plus offensifs : les moins de 65 ans recevaient plus dantiTNF et dassociation DMARD-antiTNF, et moins de DMARD seul que les plus de 65 ans, avec respectivement 7.4 % vs 6.3 %, 31.5 % vs 22.0 % et 46.2 % vs 55.9 %. Les traite- ments par AINS étaient diminués à 9 mois : 31.9 % vs 34.4 % à linverse des corticoïdes (58.7 % vs 57.8 %) et des traitements par antiTNF-DMARD avec ou sans corticoïdes (respectivement 16.9 % vs 11.1 % et 12.7 % vs 6.8 %). En revanche, le nombre de patients traités par DMARD seul avec ou sans corticoïdes a diminué durant le suivi (respectivement 28.5 % vs 33.7 % et 20 % vs 24.4 %). La sévérité de la PR, évaluée selon le DAS 28, a diminué pendant le suivi : la proportion de pts ayant un DAS 28 élevé (>5.1) est ainsi passée de 37.3 % à linclusion contre 17 % à 3 mois et 14.6 % à 6 ou 9 mois. Lévolution du DAS 28 à 9 mois était de 0.26 ± 1.08 pour les DAS faibles ( 3.2), -0.81 ± 1.06 pour les DAS modérés et -1.71 ± 1.41pour les DAS élevés (>5.1) (p<0.0001). Les données bio- logiques se sont améliorées, en majeure partie dès le troisième mois : la VS était de 29.5 ± 20.6, 24.1 ± 17.8, et 23.2 ± 18.3 mm/h à linclu- sion, 3 mois et 9 mois. De même, la CRP était de 20.3 ± 34.5, 13.5 ± 17.8 et 12.4 ± 16.8 mg/l à linclusion, 3 mois et 9 mois. Conclusion. En cas déchec du MTX, le rhumatologue introduit dans sa thérapeutique les biothérapies en association aux traitements conventionnels : les bénéfices sont cliniques et biologiques. Lu.38 Traitements de la polyarthrite rhumatoïde après 10 ans dévolution J. Morvan a , J.-M. Berthelot b , V. Devauchelle Pensec c , S. Jousse Joulin d , C. Le Henaff Bourhis e , S. Hoang f , J.-B. Thorel g , A. Martin h , P. Youinou i , A. Saraux d a Service de Rhumatologie - Médecine Interne, C.H.U. de la Cavale Blanche, Brest, France b Service de Rhumatologie, C.H.U. hôtel Dieu, Nantes, France c Rhumatologie, CHU de la Cavale Blanche, Brest, France d Service de Rhumatologie, C.H.U. de la Cavale Blanche, Brest, France e Service de Médecine 3, C.H. des Pays de Morlaix, Morlaix, France f Service de Rhumatologie, C.H. de Bretagne Atlantique, Vannes, France g Service de Rhumatologie, C.H. de Bretagne Sud, Lorient, France h Service de Rhumatologie, C.H.I., Saint-Brieuc, France i Laboratoire dImmunologie, C.H.U. de la Cavale Blanche, Brest, France Objectif. Etudier le traitement des patients présentant en 2007 un diagnostic de PR et dont les premiers symptômes sont apparus 10 ans auparavant. Patients et Méthodes. Le devenir de 164 patients présentant au minimum une articulation gonflée entre 1995 et 1997 et ayant été inclus dans une cohorte de rhumatisme débutants dans huit centres investigateurs jusquen 1999, puis pris en charge par un médecin de leur choix, a été obtenu en contactant les médecins en 2007. Le diagnostic clinique, le traitement en cours, et le nombre de sujets ayant dû recourir à la chirurgie pour une arthroplastie a été col- ligé en 2007. Résultats. En 2007, 57 patients présentent une PR. Cinquante- huit pourcents sont sous Méthotrexate, 12 % ont une association de traitements de fond classiques et 15,8 % ont une biothérapie. Ces der- nières ont été instaurées principalement chez des PR érosives, ayant dans 33 % des cas nécessitées une arthroplastie. Une patiente, pour laquelle le rhumatologue aurait souhaité instaurer une biothérapie, na aucun traitement de fond du fait dun cancer du sein. Seuls 48 des 57 patients présentant une PR en 2007 avaient déjà ce même diagnostic à 2 ans. Les neufs autres étaient en majorité consi- dérés comme ayant un rhumatisme indifférencié. Lévolution de leur traitement a été comparable à celle des 48 autres patients, à savoir renforcement du traitement de fond avec instauration de Méthotrexate pour cinq patients, et même dune biothérapie pour un patient. De la même façon, les patients pour lesquels le diagnostic de PR a finale- ment été récusé ont vu leur traitement salléger, exception faite des cas de rhumatisme psoriasique, traités de la même façon que les PR. Parmi les 57 patients suivis pour une PR en 2007, neuf (16 %) ont dû recourir à la chirurgie pour une arthroplastie. La chirurgie a concerné deux voire trois articulations pour six dentre eux avec un nombre total de 17 prothèses posées. Les articulations concernées étaient les hanches (n = 8), les genoux (n = 6), les épaules (n = 2) et larticulation tibio-tarsienne (n = 1). Parmi ces 9 patients, 6 avaient initialement des anticorps anti-CCP détectables. Aucun ne présentait de signes radiologiques évocateurs de PR initialement. Discussion. Du fait de labsence de suivi standardisé et donc dintervention du centre investigateur après les 2 premières années dévolution du rhumatisme, les données recueillies à 10 ans, en ter- mes de diagnostic et dadaptation thérapeutique notamment, reflètent totalement la prise en charge ambulatoire « réelle » de ces patients. Le traitement principal reste le Méthotrexate, auquel viennent sajouter le Léflunomide et les biothérapies, prescrites surtout dans les PR sévè- res. Conclusion. Lévolution des traitements de ces sujets a suivi lévolution des connaissances avec le Méthotrexate en position cen- trale. Les changements de diagnostics se sont accompagnés de chan- gements cohérents dans les thérapeutiques. Peu de patients ont sous biothérapie ou association thérapeutique après 10 ans. Lu.39 Evaluation à long terme dune démarche éducative rennaise intégrée aux soins chez les patients atteints de polyarthrite rhumatoïde F. Abourazzak a , D. Huchet b , R. LochZeimer c , N. Hajjaj-Hassouni a , G. Chalès b , A. Perdriger b a Rhumatologie, Hôpital El Ayachi, CHU de Rabat-Salé, Salé, Maroc b Rhumatologie, Hôpital Sud, CHU de Rennes, Rennes, France c Rééducation Physique, Hôpital Sud, CHU de Rennes, Rennes, France Introduction. Dans la prise en charge de la polyarthrite rhuma- toide (PR), plusieurs programmes éducatifs ont été proposés mais leur évaluation à long terme reste mal connue. Lobjectif de cette étude était de réaliser des journées éducatives et danalyser à 3 ans, leur influence sur lévolution de la PR. Patients et Méthodes. En juin 2002, nous avons crée une école de la polyarthrite sur 4 jours, par groupe de 4 ou 5 patients. La for- mation était pluridisciplinaire. Lévaluation a été réalisée à J0, à 6 mois et à 3 ans chez 33 PR « éduquées » et chez 38 PR témoins volontaires. Cette évaluation portait sur lactivité de la maladie (DAS 28), les connaissances sur la maladie (QCM) et sur léconomie Abstracts / Revue du Rhumatisme 74 (2007) 10391208 1056

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Page 1: Traitements de la polyarthrite rhumatoïde après 10 ans d'évolution

Abstracts / Revue du Rhumatisme 74 (2007) 1039–12081056

et était diagnostiquée depuis 5±4 ans. 71 % étaient en échec à aumoins un traitement de fond. Le MTX ou une biothérapie avaientété arrêtés respectivement par 35.4 % et 9.2 % des patients. Après9 mois de suivi, les monothérapies par DMARD étaient moins pres-crites (48.5 % vs 58.1 % à l’inclusion), au contraire des associationsDMARD-antiTNF (29.7 % vs 17.9 %). Les traitements par antiTNFseul ou par une association de deux DMARDs sont restés stables,respectivement 7 % vs 8.8 % et 5.1 % vs 5 % à l’inclusion. Lespatients dont la PR était très active ont reçu plus souvent une biothé-rapie : un antiTNF seul était prescrit à 8.9 % des DAS28 sévères(DAS>5.1) vs 2.7 % pour les DAS ≤ 3.2 et 7 % pour les DAS inter-médiaires. Il en est de même pour les patients à PR érosive (7.8 % vs5.6 % pour les PR non érosives). Les PR érosives ont reçu plus sou-vent des associations antiTNF-DMARD que les PR non érosives (res-pectivement 35.5 % vs 17.4 %, p<0.0001). Les patients les plus jeu-nes recevaient des traitements plus offensifs : les moins de 65 ansrecevaient plus d’antiTNF et d’association DMARD-antiTNF, etmoins de DMARD seul que les plus de 65 ans, avec respectivement7.4 % vs 6.3 %, 31.5 % vs 22.0 % et 46.2 % vs 55.9 %. Les traite-ments par AINS étaient diminués à 9 mois : 31.9 % vs 34.4 % àl’inverse des corticoïdes (58.7 % vs 57.8 %) et des traitements parantiTNF-DMARD avec ou sans corticoïdes (respectivement 16.9 %vs 11.1 % et 12.7 % vs 6.8 %). En revanche, le nombre de patientstraités par DMARD seul avec ou sans corticoïdes a diminué durantle suivi (respectivement 28.5 % vs 33.7 % et 20 % vs 24.4 %). Lasévérité de la PR, évaluée selon le DAS 28, a diminué pendant lesuivi : la proportion de pts ayant un DAS 28 élevé (>5.1) est ainsipassée de 37.3 % à l’inclusion contre 17 % à 3 mois et 14.6 % à 6ou 9 mois. L’évolution du DAS 28 à 9 mois était de 0.26 ± 1.08pour les DAS faibles ( ≤ 3.2), -0.81 ± 1.06 pour les DAS modérés et-1.71 ± 1.41pour les DAS élevés (>5.1) (p<0.0001). Les données bio-logiques se sont améliorées, en majeure partie dès le troisième mois :la VS était de 29.5 ± 20.6, 24.1 ± 17.8, et 23.2 ± 18.3 mm/h à l’inclu-sion, 3 mois et 9 mois. De même, la CRP était de 20.3 ± 34.5,13.5 ± 17.8 et 12.4 ± 16.8 mg/l à l’inclusion, 3 mois et 9 mois.

Conclusion. – En cas d’échec du MTX, le rhumatologue introduitdans sa thérapeutique les biothérapies en association aux traitementsconventionnels : les bénéfices sont cliniques et biologiques.

Lu.38Traitements de la polyarthrite rhumatoïde après 10 ansd’évolutionJ. Morvana, J.-M. Berthelotb, V. Devauchelle Pensecc,S. Jousse Joulind, C. Le Henaff Bourhise, S. Hoangf, J.-B. Thorelg,A. Martinh, P. Youinoui, A. Sarauxda Service de Rhumatologie - Médecine Interne, C.H.U. de la CavaleBlanche, Brest, Franceb Service de Rhumatologie, C.H.U. hôtel Dieu, Nantes, FrancecRhumatologie, CHU de la Cavale Blanche, Brest, Franced Service de Rhumatologie, C.H.U. de la Cavale Blanche, Brest,Francee Service de Médecine 3, C.H. des Pays de Morlaix, Morlaix, Francef Service de Rhumatologie, C.H. de Bretagne Atlantique, Vannes,Franceg Service de Rhumatologie, C.H. de Bretagne Sud, Lorient, Franceh Service de Rhumatologie, C.H.I., Saint-Brieuc, Francei Laboratoire d’Immunologie, C.H.U. de la Cavale Blanche, Brest,France

Objectif. – Etudier le traitement des patients présentant en 2007 undiagnostic de PR et dont les premiers symptômes sont apparus 10 ansauparavant.

Patients et Méthodes. – Le devenir de 164 patients présentant auminimum une articulation gonflée entre 1995 et 1997 et ayant étéinclus dans une cohorte de rhumatisme débutants dans huit centres

investigateurs jusqu’en 1999, puis pris en charge par un médecin deleur choix, a été obtenu en contactant les médecins en 2007.

Le diagnostic clinique, le traitement en cours, et le nombre desujets ayant dû recourir à la chirurgie pour une arthroplastie a été col-ligé en 2007.

Résultats. – En 2007, 57 patients présentent une PR. Cinquante-huit pourcents sont sous Méthotrexate, 12 % ont une association detraitements de fond classiques et 15,8 % ont une biothérapie. Ces der-nières ont été instaurées principalement chez des PR érosives, ayantdans 33 % des cas nécessitées une arthroplastie. Une patiente, pourlaquelle le rhumatologue aurait souhaité instaurer une biothérapie,n’a aucun traitement de fond du fait d’un cancer du sein.

Seuls 48 des 57 patients présentant une PR en 2007 avaient déjà cemême diagnostic à 2 ans. Les neufs autres étaient en majorité consi-dérés comme ayant un rhumatisme indifférencié. L’évolution de leurtraitement a été comparable à celle des 48 autres patients, à savoirrenforcement du traitement de fond avec instauration de Méthotrexatepour cinq patients, et même d’une biothérapie pour un patient. De lamême façon, les patients pour lesquels le diagnostic de PR a finale-ment été récusé ont vu leur traitement s’alléger, exception faite descas de rhumatisme psoriasique, traités de la même façon que les PR.

Parmi les 57 patients suivis pour une PR en 2007, neuf (16 %) ontdû recourir à la chirurgie pour une arthroplastie. La chirurgie aconcerné deux voire trois articulations pour six d’entre eux avec unnombre total de 17 prothèses posées. Les articulations concernéesétaient les hanches (n = 8), les genoux (n = 6), les épaules (n = 2) etl’articulation tibio-tarsienne (n = 1). Parmi ces 9 patients, 6 avaientinitialement des anticorps anti-CCP détectables. Aucun ne présentaitde signes radiologiques évocateurs de PR initialement.

Discussion. – Du fait de l’absence de suivi standardisé et doncd’intervention du centre investigateur après les 2 premières annéesd’évolution du rhumatisme, les données recueillies à 10 ans, en ter-mes de diagnostic et d’adaptation thérapeutique notamment, reflètenttotalement la prise en charge ambulatoire « réelle » de ces patients. Letraitement principal reste le Méthotrexate, auquel viennent s’ajouter leLéflunomide et les biothérapies, prescrites surtout dans les PR sévè-res.

Conclusion. – L’évolution des traitements de ces sujets a suivil’évolution des connaissances avec le Méthotrexate en position cen-trale. Les changements de diagnostics se sont accompagnés de chan-gements cohérents dans les thérapeutiques. Peu de patients ont sousbiothérapie ou association thérapeutique après 10 ans.

Lu.39Evaluation à long terme d’une démarche éducative rennaiseintégrée aux soins chez les patients atteints de polyarthriterhumatoïdeF. Abourazzaka, D. Huchetb, R. Loch’Zeimerc, N. Hajjaj-Hassounia,G. Chalèsb, A. PerdrigerbaRhumatologie, Hôpital El Ayachi, CHU de Rabat-Salé, Salé, MarocbRhumatologie, Hôpital Sud, CHU de Rennes, Rennes, FrancecRééducation Physique, Hôpital Sud, CHU de Rennes, Rennes,France

Introduction. – Dans la prise en charge de la polyarthrite rhuma-toide (PR), plusieurs programmes éducatifs ont été proposés mais leurévaluation à long terme reste mal connue. L’objectif de cette étudeétait de réaliser des journées éducatives et d’analyser à 3 ans, leurinfluence sur l’évolution de la PR.

Patients et Méthodes. – En juin 2002, nous avons crée une écolede la polyarthrite sur 4 jours, par groupe de 4 ou 5 patients. La for-mation était pluridisciplinaire. L’évaluation a été réalisée à J0, à6 mois et à 3 ans chez 33 PR « éduquées » et chez 38 PR témoinsvolontaires. Cette évaluation portait sur l’activité de la maladie(DAS 28), les connaissances sur la maladie (QCM) et sur l’économie