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TERMINUS - اﻟﻤﺼﻄﻠﺤﺎت ﻣﺤﻄﺔJuin 2004 Numéro 6 1 Editorial 3 ﻭﻻﺩﺓ ﺴﻭﺍﺏ4 6 Domaine : Médias La caricature écrite ﺍﻟﻠﻐﺔ ﺇﺴﺘﻔﺯﺍﺯ ﻓﻲ8 Domaine : Médecine ﺍﻟﻤﺎﻀﻲ ﻗﺩﺍﺴﺔ: ﺴﻴﻑ ﺤﺩﻴﻥ ﺫﻭ11 Domaine : Militaire ﺍﻷﻨﺴﺏ ﺍﻋﺘﻤﺎﺩ ﻓﻲ13 Domaine : Manage- ment Effets bénéfiques ou pervers 14 Domaine : Psycho- motricité La terminologie : pour une communi- cation efficace 16 Nouveautés Parlez globish 18 19 20 21 22 23 Glanures Expressions québe- coises “Tu veux-tu?” Top words of the year 2003 Strange new words Traductions erronées Babel is back 24 Sites à découvrir 26 Courrier des lecteurs L’AGRESSION LINGUISTIQUE À COUPS DE GUILLEMETS Centre d’études et de recherches en terminologie arabe ﺍﻟﻌﺭﺒﻲ ﺍﻟﻤﺼﻁﻠﺢ ﻓﻲ ﻭﺍﻻﺒﺤﺎﺙ ﺍﻟﺩﺭﺍﺴﺎﺕ ﻤﺭﻜﺯJuin 2004 ﺤﺯﻴﺭﺍﻥ2004 Numéro 6 ﺍﻟﻌﺩﺩ ﺍﻟﺴﺎﺩTERMINUS ﺍﻟﻤﺼﻁﻠﺤﺎﺕ ﹼﺔ ﻤﺤﻁBouc émissaire ou escroc? Le traducteur mérite-t-il vraiment d’être la cible privilégiée de ceux qui considèrent son œuvre comme un acte de trahison ou une agression linguistique? Il est évident que toute activité humaine n’est jamais parfaite et que la traduction n’a jamais été louée ou critiquée à l’unanimité. Ce sentiment mitigé vis-à-vis des tra- ductions étant dû aux goûts linguistiques variés des destinataires, le tra- ducteur est conscient qu’il ne peut plaire à tout le monde. Il se résigne alors à faire de son mieux pour accomplir la mission qui lui est confiée : transmettre le message dans les meilleures conditions possibles. Cependant, sa mission devient plus contraignante quand il est appelé à traduire des textes spécialisés re- latifs à des nouveautés techno- scientifiques. Il ne suffit plus qu’il traduise le texte en veillant à utiliser la terminolo- gie appropriée, mais il est aussi appelé à faire preuve de créativité face à un néolo- gisme. Son degré d’intervention variera en passant de la passivité totale à l’engage- ment complet. Dans un premier temps, il aura recours à l’emprunt - en reproduisant le terme d’origine tel quel ou en le translit- térant - ou au calque. Dans un deuxième temps, il créera un terme conforme au sys- tème de la langue cible en justifiant ses choix au donneur d’ouvrage. Dans un troi- sième temps, il veillera à la diffusion du terme créé auprès des spécialistes du do- maine. Même au degré le plus inférieur de la passivité, le traducteur qui agresse la langue, c’est-à-dire qu’il lui fait mal et la dérange, ne le fait pas par pure insouciance «Les guillemets signifient: ‘‘Je sais que j’assassine la langue, mais je m’en lave les mains.’’ […] Quand il [le traducteur] met entre guillemets le mot lui- même ou sa pseudo-traduction, il commet une escroquerie intellectuelle. Les agences reproduisent le mot, le public le remarque; l’actualité le rend fréquent, personne ne songe à rectifier l’erreur; peu à peu, l’intrus hésitant, qui se couvrait de guillemets comme d’un voile pudique, devient le mot à la mode. Les guillemets disparaissent. […] Chaque semaine ou presque, nous sommes les victimes d’une nouvelle agression à coups de guillemets. » J.O. GRANDJOUAN, Les linguicides, Ed.Didier, Paris, 1971, pp.210-211. EDITORIAL

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TERMINUS - محطة المصطلحات Juin 2004

Numéro 6

1

Editorial

“سواب”والدة 3

4

6

Domaine : Médias

La caricature écrite

في إستفزاز اللغة

8

Domaine : Médecine

سيف : قداسة الماضي ذو حدين

11

Domaine : Militaire

في اعتماد األنسب

13

Domaine : Manage-ment

Effets bénéfiques ou pervers

14

Domaine : Psycho-motricité

La terminologie : pour une communi-cation efficace

16

Nouveautés

Parlez globish

18

19

20

21

22

23

Glanures

Expressions québe-coises

“Tu veux-tu?”

Top words of the year 2003

Strange new words

Traductions erronées

Babel is back

24 Sites à découvrir

26 Courrier des lecteurs

L’AGRESSION LINGUISTIQUE À COUPS DE GUILLEMETS

Centre d’études et de recherches en terminologie arabe

مركز الدراسات واالبحاث في المصطلح العربي

Juin 2004 2004حزيران Numéro 6 سالعدد الساد

TERMINUS محطة المصطلحات

Bouc émissaire ou escroc? Le traducteur mérite-t-il vraiment d’être la cible privilégiée de ceux qui considèrent son œuvre comme un acte de trahison ou une agression linguistique? Il est évident que toute activité humaine n’est jamais parfaite et que la traduction n’a jamais été louée ou critiquée à l’unanimité. Ce sentiment mitigé vis-à-vis des tra-ductions étant dû aux goûts linguistiques variés des destinataires, le tra-ducteur est conscient qu’il ne peut plaire à tout le monde. Il se résigne alors à faire de son mieux pour accomplir la mission qui lui est confiée : transmettre le message dans les meilleures conditions possibles.

Cependant, sa mission devient plus contraignante quand il est appelé à traduire des textes spécialisés re-latifs à des nouveautés techno-scientifiques. Il ne suffit plus qu’il traduise le texte en veillant à utiliser la terminolo-gie appropriée, mais il est aussi appelé à faire preuve de créativité face à un néolo-gisme. Son degré d’intervention variera en passant de la passivité totale à l’engage-ment complet. Dans un premier temps, il aura recours à l’emprunt - en reproduisant le terme d’origine tel quel ou en le translit-térant - ou au calque. Dans un deuxième temps, il créera un terme conforme au sys-tème de la langue cible en justifiant ses choix au donneur d’ouvrage. Dans un troi-sième temps, il veillera à la diffusion du terme créé auprès des spécialistes du do-maine.

Même au degré le plus inférieur de la passivité, le traducteur qui agresse la langue, c’est-à-dire qu’il lui fait mal et la dérange, ne le fait pas par pure insouciance

«Les guillemets signifient: ‘‘Je sais que j’assassine la langue, mais je m’en lave les mains.’’ […] Quand il [le traducteur] met entre guillemets le mot lui-même ou sa pseudo-traduction, il commet une escroquerie intellectuelle. Les agences reproduisent le mot, le public le remarque; l’actualité le rend fréquent, personne ne songe à rectifier l’erreur; peu à peu, l’intrus hésitant, qui se couvrait de guillemets comme d’un voile pudique, devient le mot à la mode. Les guillemets disparaissent. […] Chaque semaine ou presque, nous sommes les victimes d’une nouvelle agression à coups de guillemets. »

J.O. GRANDJOUAN, Les linguicides, Ed.Didier, Paris, 1971, pp.210-211.

EDITORIAL

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TERMINUS - محطة المصطلحات Juin 2004

Numéro 6 2

ou négligence. En effet, il est souvent contraint à prendre des décisions expéditives ou inadéqua-tes car , d’une part, le temps qui lui est accordé l’empêche de se payer le luxe de rechercher un néologisme correct et, d’autre part, le traducteur est souvent obligé de se plier aux exigences d’un usage établi qui s’impose à lui ipso facto. Par conséquent, il est tenu d’être à l’écoute des spécialis-tes qui souvent choisissent la solution de facilité en empruntant le néonyme d’origine tel quel. En effet, ceux-là ne partagent pas le point de vue des linguistes sur l’arbitraire du signe et considè-rent en général qu’entre les dénominations et les concepts qu’elles représentent, il existe un lien naturel à préserver.

Quoi qu’il en soit, que le néologisme proposé par le traducteur soit le fruit d’une décision hâtive ou d’une décision réfléchie, il n’en demeure pas moins que sa contribution doit être appré-ciée à sa juste valeur. Il a le mérite d’œuvrer en vue de combler les vides notionnels et lexicaux de sa langue. Le voile pudique des guillemets est sa manière personnelle d’exprimer son doute, de se distancer du terme qu’il propose et d’alerter le destinataire de la présence d’un intrus. J’appelle-rai cette attitude, quand elle est justifiée, de politesse intellectuelle « je sais que je vous choque et je m’en excuse ».

Ce plaidoyer pro domo ne vise pas à innocenter le traducteur mais à tenter de délimiter sa part de responsabilité dans les maux de la langue. Même s’il en est parfois l’agent causal, il ne peut être à lui seul la cible de tous les reproches. Les néologismes, quelle que soit leur source, su-bissent toujours un phénomène de décantation au cours duquel certains font surface et se diffu-sent alors que d’autres se déposent et sont jetés aux oubliettes.

« Quelle est l’attitude des professionnels à l’égard des néologismes? » Tel est le thème cen-tral de ce numéro de Terminus. Interrogés à bâtons rompus, les différents professionnels ont mis l’accent sur un aspect-clé de la question. Dans sa chronique, Henri Awaiss insiste sur l’impor-tance de l’autorité dans la diffusion et l’unification des termes en évoquant la naissance du terme "swap" en arabe. Dans la partie consacrée au domaine médiatique, Gaby Nasr considère les néo-logismes comme un moyen de défoulement, alors que Sabah Zouein les considère comme un moyen de provocation qui pousse la langue à se recréer. Dans la partie consacrée au domaine mé-dical, Ahmed Chafic El-Khatib insiste sur la nécessité d’adopter une position intermédiaire entre l’attitude extrêmiste des puristes et le laisser-aller des laxistes. Pour le domaine militaire, le géné-ral Nassib Eid met l’accent sur l’importance du choix des termes adéquats. Bénéfiques ou per-vers, les néologismes dans le domaine du management sont nécessaires pour marquer un renou-veau à condition qu’ils soient accompagnés d’un changement d’attitudes et de méthodes de tra-vail. En psychomotricité, l’expérience menée a montré l’importance des termes pour assurer une communication efficace entre spécialistes et surtout la nécessité d’introduire dans le cursus uni-versitaire des cours initiant les étudiants à la terminologie arabe de leur domaine de spécialité. Sous la rubrique nouveauté, nous découvrons une nouvelle pseudo-langue, le globish, alors que les glanures font état de la richesse des langues (expressions québécoises, néologismes du dialecte américain) et des problèmes résultant de la cohabitation des langues (traductions erronées et Ba-bel européen).

Quoique riches et variés, les articles de ce numéro six de Terminus n’ont pas épuisé le sujet des néologismes. Garants de la survie des langues, ces moteurs du changement sont des moyens de défense face aux agressions car ils sont le plus souvent absorbés par la langue qui les reçoit. Mais, pour que leur apport soit bénéfique, il est nécessaire de les répertorier, de les évaluer et, le cas échéant, d’en assurer la diffusion rapide avant que d’autres néologismes moins pertinents viennent s’implanter et pour cause : quelque part, un spécialiste, un traducteur ou un gourou de la communication les ont imposés à coups de guillemets !

Lina SADER FEGHALI

Chef de section - CERTA

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TERMINUS - محطة المصطلحات Juin 2004

Numéro 6 3

“سواب”والدة

قبل جلسة مجلس الوزراء، لم يخطر على بال أحد من المواطنين الحديـث

ثم حصل نوع من . ، وال هم كانوا سمعوا وعرفوا هذه المفردة الغريبة “ سواب” عن

السحر فقد تسللت المفردة إلى السياسيين، وصارت على ألسنتهم، وحقنت شرايينهم

وانتقلت عدوى المفردة إلى المواطنيـن . بمعدالت عالية من التوتـر بلغ حد العنف

عن طريق اإلعالميين فصارت شبكات المرئي والمسموع تفتتح بها وتختم بـهـا،

، ويستعملها “ سواب” وتصدرت عناوين الجرائد وصدورها، وصار جارنا ينظر في

بصيغها المتعددة، ويشتق منها أفعاال ومسميات، حتى أنه حاول أن يحشر علـمـه

مبروك، رزقنا بمفردة . وراء حروفها، محاوال أن يظهر مظهر العالم بخفايا األمور

. جديدة، حركوا المغلي وزينوه بالقلوبات، ولونوه بجوز الهند

أرأيتم أننا بحاجة إلى توحيد المصطلح ؟ لقد توحد فور أن طرحته السلطة،

ومن غير وعي أو هدف، لقن السياسيون المواطنين درسا شهيرا في المصطـلـح

واالصطالح، ولم يعرجوا على اإلصالح فكان لهم الفضل في والدة مفردة جديدة،

أرأيتم كيف أن االستعمال الناتج من حاجة يمد اللغـة . . . وفي توحيدها وفي تعميمها

بمفردات جديدة ؟ لعل السياسة من خالل انشغاالتها الكثيرة هي مصدر الـكـالم

. فتتخطى الكالم بكالم

هنري عويس

بيروت-مدير مدرسة الترجمة

Que veut dire "swap"?

C’est un terme technique anglo-américain désignant des opérations combinées d’achat et de vente (de l’anglais swap = échange). Il y a différents modes de swaps :

1– Crédits croisés. Opération faite entre banques centrales surtout et consistant à emprunter à une banque dans une monnaie et à lui prêter simultanément le même montant et à la même échéance dans une autre monnaie.

2– Swap entre une banque centrale et les banques commerciales du pays concerné, soit pour fournir des liquidités, soit pour les absorber.

3– Swap de dettes : cession temporaire ou conversion de dettes en actions ou autres titres de participation.

http://www.ubs.ch/f/about/bterms/content_s.html

Dans le cas du Liban, le swap consiste à échanger les dettes à court terme en dettes à long terme avec un taux d’intérêt plus favorable.

Note : "Swap" est plus fréquemment utilisé en français que "crédit croisé" et "échange financier".

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TERMINUS - محطة المصطلحات Juin 2004

Numéro 6 4

Domaine : Médias

Q : Vos chroniques sont truffées de néologismes, de jeux de mots, de métaphores et d’ expressions argotiques. Ce cocktail judicieux est-il le fruit d’une création spontanée ou d’un choix réfléchi?

Gaby Nasr : Il faut tout d’abord insister sur le fait que les chroniques ne sont pas des éditoriaux. Ce sont des "chroniques d’humeur à concept insolent". Autrement dit, c’est une caricature écrite car l’humour me donne la marge de manœuvre nécessaire pour exprimer mes idées en toute liberté. Par conséquent, ces idées n’expriment pas nécessairement l’opinion politique de la rédaction.

En effet, le Liban est un microcosme du monde arabe avec ses contradictions, son sous-développement et son incohérence à tous les niveaux. La querelle entre person-

nes ne laisse plus aucune place au débat d’idées. Mes chroni-ques ne sont qu’une réaction spontanée face à un événement déterminé pour mettre en évi-dence le ridicule en un temps T.

Q : Croyez-vous que des expres-sions telles que « cannibaliser le marché, boire jusqu’à l’hallali, être en retard d’un missile » ris-queraient d’intégrer la langue française un jour?

GN : Non, je ne prétends aucu-nement avoir l’intention d’enri-chir la langue française. J’opte pour l’expression imagée pour démystifier la classe politique. En effet, dans un pays "normal", les vedettes peuvent être des hommes de lettres, des artistes, des hommes d’affaires. Au Liban, seuls les politiciens

sont des stars. La société les valorise à tel point qu’ils deviennent des sortes d’"intouchables" qui n’ont de compte à rendre à personne. Ils en profitent. Par consé-quent, en leur attribuant des noms familiers (Bouboule, Mimile, Istiz Nabeuh, Btéghrinator, etc.), j’essaie de leur ôter cet halo qui ne leur sied pas.

Q : Quelle est la durée de vie de vos néologismes? Quel est celui que vous préférez et/ou celui que vous détestez?

GN: Créés par réflexe, ces néologismes apparais-sent et disparaissent au gré de mon humeur. J’en oublie certains alors que d’autres me reviennent à la mémoire.

Mes premières chroniques étaient scatologiques. J’ai fini par abandonner cette tendance.

Je trouve que Bouboule pour désigner le premier ministre actuel Hariri est un prénom réussi tout comme Sinistro (pour désigner l’ex-Premier Mi-nistre Sélim El-Hoss).

Cependant, il m’arrive très souvent de côtoyer les hommes politiques libanais. Quoique leurs pratiques politiques soient des plus douteuses, ils me semblent alors très agréables sur le plan per-sonnel . C’est à ce moment qu’il m’arrive de re-gretter mes propos et du coup, mon discours est neutralisé.

Q: Croyez-vous que vos chroniques sont traduisi-bles?

GN : Non, je ne le crois pas. Je ne pense pas qu’il soit possible d’exprimer mon humour en arabe. En effet, un de nos hommes politiques, m’ayant accusé de diffamation, a confié la traduction d’une de mes chroniques à deux personnes qui ont abandonné la partie au bout de deux jours de vains efforts.

Q : Croyez-vous que la compréhension de vos chroniques est facile? Quel est le profil de votre lecteur?

GN: Je croyais que mon lectorat se limitait à cel-les que l’on appelle « les tantes d’Achrafieh», donc à des dames de plus de 50 ans. A ma grande surprise et lors de la signature de mon dernier ouvrage, je me suis rendu compte que des jeunes s’intéressent également à mes écrits. Je sais aussi que les diplomates et des étrangers les lisent avec assiduité. Quand mes chroniques traitent d’un sujet à intérêt général, elles sont souvent citées

Monsieur Gaby NASR est secrétaire général de la rédaction à l’Orient-LeJour, le seul quotidien libanais d’expression française.

Il publie tous les vendredis des chroniques c o m m e n t a n t l e s événements sur le plan local, régional ou international.

Interdit de rire, son ouvrage publié aux Editions de l’Orient-Le Jour en novembre 2003, est son dernier recueil de chroniques.

La caricature écrite ou quand la langue devient un moyen de défoulement

Tous les vendredis matins, les lecteurs de L’Orient-LeJour attendent avec impatience les chroniques de Gaby Nasr. Des chroniques relatant une actualité, ô combien tragique, avec un humour pince-sans-rire. L’élément le plus frappant est surtout cette habilité à choisir les mots adéquats pour décrire des réalités et des faits parfois inexprimables. En lisant Gaby Nasr, nous avons l’impression que la caricature se dessine en mots. L’entrevue reproduite ci-dessous tente de percer le secret de ces mots (souvent des néologismes) d’une actualité bien de chez nous… et d’ailleurs. Un cocktail souvent explosif...

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TERMINUS - محطة المصطلحات Juin 2004

Numéro 6 5

ou reproduites intégralement dans les médias à l’étran-ger (Radio-Canada, Courrier International, etc.)

Q : Comment avez-vous acquis cette aisance dans l’ex-pression, à tel point que certains se doutent que vous ayez des origines françaises?

GN : J’ai été formé initialement chez les pères Jésuites. Je suis aussi bien francophile que francophone. De plus, l’acquisition de ce bagage lexical s’est faite grâce à la lecture.

Q : Est-ce que le recours à l’expression imagée et aux néologismes est une manière d’éviter les sévices de la cen-sure?

GN : Il n’y a pas de censure en réalité. Nous sommes par contre victimes de l’auto-censure qui est encore plus dif-ficile à gérer que la censure.

Q: Le néologisme autrefois considéré comme propre aux maniaques est devenu une réalité quotidienne. Les néolo-gismes nous envahissent de partout. Qu’en pensez-vous?

GN : La priorité étant désormais accordée à la rapidité de la communication, la langue subit des écorchures in-supportables. Il suffit de penser au style SMS. Il est dommage que la fonction expressive et esthétique de la langue soit ainsi malmenée.

Q: Quel est pour vous le français correct?

GN: Je suis de nature très perfectionniste. J’essaie à tout prix d’éviter les erreurs en veillant à me conformer aux règles de syntaxe les plus classiques. Même si je suis chargé de réviser les articles à publier dans l’Orient-Le Jour, j’ai recours à mes collègues quand il s’agit de mes propres chroniques. Enfin, je relis mes chroniques comme un lecteur et j’y recherche la fluidité dans l’ex-pression. Un journal se lit dans un fauteuil ou dans un lit : il doit répondre à toutes les exigences de la lisibilité.

Q : En tant que rédacteur de la page informatique dans l’OLJ, comment réagissez-vous face à l’hégémonie de l’anglais dans ce domaine?

GN: Je refuse le totalitarisme de l’anglais. Dans mes écrits, j’essaie de défendre la francophonie. J’utilise la terminologie française quand elle existe, et elle existe bel et bien. Je ne pratique pourtant pas l’ostracisme; à dé-faut de termes en français, j’ai recours à la terminologie anglaise. Toutefois, je ne comprends pas cette insistance à avoir recours à la langue anglaise quand on ne la maî-trise pas tout simplement parce que l’on traite un do-maine de pointe comme l’informatique.

Les fous du foot

Il y a eu la mode Jurassic Park, puis la Titanicmania, voici maintenant la Footfolie.

Ces jours de furie, ma mère ! Les télés branchées à tue-tête sur les vérandas, les dégaines vautrées en maillot de corps en train de s'empiffrer de pistaches arrosées de bière, les cris de gorge à chaque fois que le ballon rentre dans le filet, le commentaire débile du présentateur qui se croit obligé d'aboyer goooaaaalll ! " à chaque but, estimant sans doute que son public est trop taré pour comprendre…

Et puis, cette orgie de drapeaux ! Tu as sans doute remarqué cette propension qu'ont certains Libanais à vouloir toujours s'exciter pour une idée, un pays, un personnage… A se jeter dans des extravagances bruyantes jusqu'à dépasser l'idole elle-même au point d'en devenir franchement crétins. J'oubliais aussi cette furieuse tendance à exploiter le Mondial pour faire de la récupération politique. L'Iran a battu les Etats-Unis ? Qu'à cela ne tienne, il faut toujours qu'il y ait des ahuris tristounets qui tirent une mine flétrie, comme si leur vie en dépendait, ou des tordus hilares qui vont incendier la ville à coups de roquettes antichar. Les hooligans britanniques ou allemands peuvent aller se rhabiller…Sans compter les exégèses diplomatiques selon lesquelles le match était bidon et qu'il servait de prétexte à un rapprochement entre Washington et Téhéran. Le délire, quoi ! Si, comme on le prétend, le football est le sport des pauvres, la politique est leur luxe. Alors forcément, lorsque certains mélangent les deux, ils sont pauvres d'esprit…

Gaby NASR

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TERMINUS - محطة المصطلحات Juin 2004

Numéro 6 6

أما من جهة . المنقولة ذاتها في اللغة العربية، هذا من جهة توليد مصطلح في اللغة العربـيـة أخر عن أخرى، فال أت

كمقابـل " جماعتية" مثال اعتمدت لفظة . عندما أجده مناسبا في حين فضلت اإلبقاء عـلـى communalismeللفظة

pédagogieبيداغوجيا وديداكتيك كمقابلين للفـظـتـي . didactiqueو

هل النقل اللفظي عملية سهلة؟

النقل اللفظي ال يخلو من المشاكل ال مما ال شك فيه أن لكن هذا ال . V و ال Pسيما عند غياب بعض الحروف كال

يشكل عائقا مهما شرط أن نلتزم ببعض القواعد فال أحبـذ عندما يكون حـرف Gأبدا استعمال الجيم لنقل حرف

الغين أقرب إليه ناهيك عن استعمال النقاط الثالث تحـت . الباء والفاء وما إليها من أساليب غريبة

ما هو وقع المولدات على الجمهور؟ هل يكتب لـهـا االستمرارية عندما تنشر في الصحافة؟

يتجاوب القارئ إيجابيا مع أي لفظة إذ عنده قابلية علـى في صياغـة لجديدالتأقلم مع كل جديد شرط أن يأتي هذا ا

أعتقد أن المشكلة تطرح عندما تـقـع . سليمة وواضحة إذا كـان . مقاالتي بين يدي المصحح المكلف بالمراجعة

واسع اإلطالع ومنفتح الذهن يرحب بها لكن عندما يكون يرفضها ويقوم بتعريبـهـا المعرفة وقليل الرؤيةمحدود

أما استمرارية اللفظة الجديدة فهي بحاجة إلى . تعريبا بشعا . الوقت وإلى نضال حثيث

ال تبقى االكتشافات محصورة في المختبرات ومراكز األبحاث فعلى العالم أن ينقلها إلى غيره من العلماء في تقارير وكتب ومجالت

أما نقلها إلى الجمهور فيحصل عبر وسائل اإلعالم، وتقع هذه المسؤولية على الصحافي الذي يجد نفسـه أمـام . علمية متخصصة

عرضت السيدة صباح زوين كيفية تعاطي الصحافي مع هذا الواقع مـن . مفاهيم ومصطلحات جديدة عليه ترجمتها على أفضل وجه . خالل تجربتها الشخصية في جريدة النهار

علينا استفزاز اللغة لتحيا ألن الفكر يغني اللغة ال الكلمات

الصحافي في الصفوف األمامية بعد العالم عند ظـهـور ما هي ردة فعله؟ . اكتشاف أو مفهوم جديد

ال تأتي ردات فعل الصحافيين صحيحة دائما وأعـنـي بصحيحة أن يكون تفاعلهم مع الخبر مطابقا لما ينتظـره

عـلـى . القارئ عند قراءة خبر جديد حول اكتشاف مـا الصحافي في اعتقادي أن يكون واسع الثقافة ومطلعا على

بحسب تجـربـتـي . المفاهيم المتعلقة بالخبر الذي ينقله اللبنانية، الحظت أن الشخص الواحد يتناول المواضـيـع

. أن يكون في األساس ملما بهاغيرعلى اختالفها من

ما هي األساليب التي يؤثرها الصحافي وتلك الـتـي يتالفاها عند نقل المفاهيم وترجمة المصطلحات؟

األسلوب الذي يجب اعتماده هو عدم الوقوع في تصنـع ثقيلـة " ترجمة مصطلح ما، أي عدم محاولة اختراع كلمة

في اللغة العربية ال صلة لها بدقة المفهوم في اللغـة " الدمأواجه يوميا كصحافية وكمترجمة مشاكل عديدة . المصدر

حصر في إيجاد المصطلح بحد ذاته بل في التعبير عن تال بعض المفاهيم ال سيما المجردة منها في معناها الدقـيـق

علما أنني أعمل خاصة في مجاالت النـقـد األدبـي ( فالكاتب وال سيما الصحافي ) . والسينيمائي وعلم اإلجتماع

بحاجة إلى كلمة مقتضبة تفيد المعنى وغالبا ما نجد فـي القواميس مقابالت على شكل تحديدات أي جمل طويـلـة

لذلك أحبذ اإلبقاء على المصطلح األجنبـي . تفسر المعنى كما هو ونقله لفظا إلى اللغة العربية عند غياب المصطلح

ويهـدف . المصطلح المتداولتقصيرالمناسب أو في حال هذا األسلوب إلى استفزاز اللغة بانتظار أن تبتكر اللفظـة

الميدان الصحافي

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TERMINUS - محطة المصطلحات Juin 2004

Numéro 6 7

متى تكون المولدات أساليب تغني اللغة أو تفقرها؟

فـإهـمـال . فقرها في آن معا تاللغة و تغني إنها أساليب بـال يفقرها لفظي وعدم استعمال مواردها مخزون اللغة ال

إدخال األلفاظ األجنبية إليها في إغـنـاء بينما يساهم . شكوطريقة التفكير هي التي تغـنـي اللغة تفكير ألن تفكيرها . ليس صحيحافالعكس أما. اللغة

هل لكل صحيفة أسلوبها الخاص في التعاطي مع أي واقع جديد أم يتم اتباع مسار واحد تلتزم به الصحافة اللبنانية

والعربية؟

لغتها الصحافة اللبنانية والعربية مما ال شك فيه أن لكل من ففي جريدة النهار نحرص على الدقة ونعتـمـد . الخاصة

للـغـة باد في اللجوء إلى ألفاظ االنفتاح بمعنى أننا ال نترد أمـا . األجنبية عند الحاجة ال سيما عند نقل المختصـرات

ليها فهي تختلف بحسب ثقـافـة إاللغة المرجع التي نستند ). اإلنكليزيةوالفرنسية أ(المحرر

هل يعي الصحافي مدى تأثير المصطلحات التي يعتمدهـا أم أن عامل الوقت هو سيد الموقف؟

نتيجة تراكمات ي بنت الساعة لكنها تأتي عن قناعة قرارات . قديمة وتساؤالت عديدة

وما موقفك من قرارات مجامع اللغة العربية؟

عـن لم أعلم بوجودها إال منذ فترة وجيزة جدا وأتسـاءل . مدى فعالية قراراتها

ما مدى تأثر خياراتك على مستوى المصطلحات عـنـد كتابة النص الصحفي بقدرات القارئ العادي؟

أهتم بالقارئ كما أهتم بالنـص أمام كل كاتب قارئ لذلك . ال أم لكنني ال أتساءل دوما إذا كان القارئ سيفهم نصـي

على القارئ أن يبـذل وأخيرا و أسهر على دقة النص أوال . في فهم مقصديجهدا شخصيا

هل تعتمدين الطريقة نفسها في التعاطي مع األلـفـاظ عند كتابة النصوص الشعرية؟

فبقدرما أحبـذ . الشعر عالم آخر يختلف عن الصحافة اعتماد النقل اللفظي في المقاالت الصحافية بقدر مـا

. أرفض هذا األسلوب في الشعر

ما هي شروط الكتابة الصحافية الصحيحة؟

أوال، على الصحافي أن يتفادى الوقوع في الكليشيهات أي أن يستعمل األلفاظ في غير مكانها ويفرغها مـن

مـثـال " الجمالية" أو" الوجدانية" فلظتي . معناها األصلي . صارت مستهلكة إلى حد فقدت جوهرها

ثانيا، عليه عدم اإلصرار على اختراع ألفاظ تـكـون . عربية المظهر بل هجينة وال تفي المعنى المطلوب

الطرافـة ثالثا، عليه أن يبحث دائما عن االبداع بمعنى . )originalité(والخروج عن المألوف

رابعا، عليه اإلقالع عن استعمال األلفاظ خارج سياقها . الصحيح

خامسا، عليه أن يكون مثقفا وواسع االطالع وملـمـا . كتب فيهبميدان االختصاص الذي ي

سادسا، عليه أال يترجم المقاالت األجنبية بدون ذكـر . المؤلف فيجعلها من تأليفه الخاص

هل يمكن اعتبار الصحافة كمرجع موثوق؟ ما هـي مهمة الصحافة؟

ليست الصحافة مرجعا موثوقا لنقل الثقافة والعلـم إذ نقل الخبر والمعـلـومـات علىتقوم مهمتها الرئيسية

على كل طالب علم وثقافة أن يلجأ إلى . بطريقة سريعة ولي اإلعـالن ت لألسففالصحافة و . الكتب المتخصصة

أو بدون قـيـد " األولوية على حساب المقال الذي يبتر ." شرط

صباح زوين صحافية في جريدة النهـار .كما إنها شاعرة ومترجمة

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TERMINUS - محطة المصطلحات Juin 2004

Numéro 6 8

الميدان الطبي قداسة الماضي سيف ذو حدين: المصطلحات الطبية

إن المعجم الطبي العربي أوسع المعاجم العلمية العربية إذ نال عناية خاصة منذ أوائل النهضة الحديثـة مستندا إلى الكتب الطبية التي وضعـهـا الـعـرب

لكن من المؤسف أن . والمستعربون والتي وصلت إلينا الذخيرة اللغوية الضخمة لم تصل إلينا كاملة ومجملهـا

كلسان العرب والصحاح، ( اقتصر على المعاجم التراثية استبعدت كل األلفاظ من أصل غير وهي معاجم ، . ) إلخ

ومن هنا نالحظ أن قداسة الماضي سيـف ذو . عربي على اللغة، ألنها حرمـت ئاحدين إذ شكلت من جهة عب

من آالف األلفاظ العلمية المنتشرة والمعروفة، غير أنها في الحفاظ على كيان اللغـة ،ساهمت، من جهة أخرى

. األصلي وهذا واقع استثنائي لم تشهده أي لغة أخرى

ي حين بقيت آالف المصطلحات الطبـيـة وف القديمة مدفونة في المدونات التي لم يصل إلينا إال القليل

، لمن المؤسف أن نالحظ اليوم شبه غيـاب منها القليلالجامعات ومراكز األبحاث العربية عن مجال اإلبـداع العلمي الذي من شأنه أن يغني اللغة لتعكس بـدورهـا

ومما ال شك فيه أن الذخيرة . مستوى العلم في المجتمع اللغوية في حال تم إحياؤها قد تأتي بألفاظ مفيدة، غيـر أن الحرص على هذه الذخيرة ال يعني بـالضـرورة اعتماد موقف متزمت كموقف الصفاويين الذين أصروا

كتسمـيـة : على وضع مصطلحات عربية لكل مفهوم فالتعريب . األوكسيجين بالمصدئ والهيدروجين بالمميه

باالقتراض من اللغات األجنبية ضروري لـأللـفـاظ فهو ليس غريبا اليـوم . عالميةالالحضارية ذات الصيغة

وما مـن أخرىعلى العربية وال على أي لغة عالمية

نفبرك المصطلحات بدل أن نسهم في المشاركة ” حاجة أن لكن لهذا ) . 41؛ 1989الخطيب ( “ واإلبداع العلمي والتقاني

التعريب شروطه ال سيما نقل اللفظة األجنبية بحـسـب antrumتها األصلية، مثال يقال جيب هيغمور مقابل ئتهج

of Highmore ـ العالم ال في اسم هذا ghوال هايمور ألن الأمر واقع ال خيار لنا فيه ” فالتعريب . highتلفظ كما في

وفـي . . . أمام أسماء المركبات الكيماوية وأسماء العقاقير مجابهة أسماء النباتات والحيوانات وفصائلها وطوائفهـا

وفي معالجة المسميات الهندسـيـة . . . وأنواعها وأفرادها وكلها مستمرة في التدفق على العـالـم . . . واإللكترونيةبحيث أن ستين بالمئة ) 46؛ 1993الخطيب (“ ...الحضاري

من األلفاظ في لغات األمم المتقدمة هي مصطـلـحـات هذا ال يعني أن التعريب باالقتراض هـو لكن . علمية

. األسلوب الوحيد لتوليد المصطلحات في اللغة العربـيـة تحوي من وسائل القياس وأدواته ما ليس ” فاللغة العربية

ناهيك أن صـيـغ [ . . . ] له نظير في اللغات األخرى، فيها تزيد على مئة وست وخمسين االشتقاق من كل فعل

إضافة إلى مجاالت اللغة الفسيحة فـي أبـواب [ . . . ] الخطـيـب ( “ االستعارة والمجاز والتركيب واالقتراض

حل المعجمي أحمد شفيق الخطيب ضيفا على مدرسة الترجمة بيروت في أيار الماضي إللقاء مـحـاضـرة حـول . المصطلحات الطبية وكانت هذه مناسبة الستطالع رأيه حول واقع المعجم الطبي

المعجمي أحمد شفيق الخطيب رئيس دائرة المعاجم فـي هو عضو . العالم العربي معجميي ومن أبرز مكتبة لبنان

يعمل حاليا على مراجـعـة . في عدة مجامع للغة العربية جديـدة الذي سيصدر قريبا في طبعة قاموس حتي الطبي

. ومنقحة

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أما في ما يخص الرموز والمختصرات فمـا ) . 9؛ 1989من قاعدة تحظر استعمالها؛ ومثال على ذلـك شـيـوع

ـ RNA و DNAاستعمال لفظتي د ن أ و ر ن أ كمقابلين لأ 2هـ مركب كيماوي ك واعتماد رمز عربي خاص بكل

.H2O مقابل لـ

وماذا عن موقف المعجمي أحمد شفيق الخطيـب -ال من أنصار الترادف ” حيال الترادف والتوحيد؟ لست

فالواقع . وال من مؤيدي التشدد المطلق في قضية التوحيد اللغوي والعلمي يبدو لي أنه يضع المصطلحات عـلـى

المستـوى األول، هـو : اختالفها في مستويات ثالثة اللفظة كما يشرحها -المستوى اللغوي المعجمي المحض

والمستوى الثاني هو المستوى . المعجم؛ وهذا ال يد لنا فيه وهذا ينظر في أمره، فقد يكون الترادف . المفرداتي الشائع

وهميا فيرفض، أو صحيحا تفاضليا أو صحيحا شائـعـا فيقبل الراسخ الشائع منه، ويرادف المتفاضـالن -راسخا

وثـالـث . بأولوية األنسب، أو يقتصر على األنسب فقط حيث يعني المصطلـح -المستويات هو المصطلح المميز

. شيئا محددا يتجاوز معانيه المعجمية أو حتى الشائـعـة ) . 19-18؛1993الخطيب ( “ وهذا يتوجب توحيده دون تردد

فالترادف ظاهرة لغوية طبيعية على الجميع أن يتعـامـل فماذا يقال في علم الطبيب إذا لم يعرف أن ” معها بوعي

هو mumps هو النخاع أيضا، وأن النكاف marrowالنقي هـو الـدمـل، وأن abscessأبو كعيب، وأن الخراج

. ، إلـخ 1األنيورين الذي عربوه تيامين هو الفيتامين ب فهذه وأمثالها هي غالبا األلفاظ التي سيتعامل بها الطبيـب “ مع زبائنه وبيئته، وال يفترض فيه أن يتعلمها مـنـهـم

). 24؛ 1993الخطيب (

والالفت أن المعجم الطبي في اللغات الغربية كلها من دون استثناء يتميز بالجذور العلمية اليونانية والالتينية

من مداخله بحيث أن معرفـة % 75التي تؤلف ما يقارب هذه السوابق واللواصق واللواحق أساسية في تـعـرف

. المصطلحات المتداولة حاليا والمستحدثة مستقبال

اللغة العربية في صياغة المصطلحـات وقد اعتمدت المقابلة على ترجمة مكوناتها مع شيء من االجتهاد أي

بألم عصبـي أو neuralgiaعلى سبيل المثال ترجمة myocardium لكن هذه المـكـونـات . بعضل القلب

اليونانية والالتينية ال تخلو من التعقيدات ونذكر منهـا أوال، قد تتشابه هذه المكونات شكال وتختـلـف . أهمها الذي يحمـل ossaوجمعه os نجد مثال المكون . معنى

osكعظم الجبهة : معنى العظم في مصطلحات عديدة

frontale وعظم الورك os ischiumلكن ، os وجمعهoza فوهة الرحم أو أي os uteriيحمل أيضا معنى فوهة في

ثانـيـا، . أي عبر الفم per osفم كاستعماله في التعبير الخلط بين الجذر وغير الجذر كما هي الحـال فـي

وإدرار divergent و مباعد dimorphyازدواجية الشكل diفالمكون في اللفظة األولى . diuresisالبول أو اإلبالة

منفصل بمعنى dis وهو في الثانية doubleيعني إثنين apart فيما هو في الثالثة جزء من اللفظة اليونـانـيـة

diourein بمعنى التبويلurinate . أما الصعوبة الثالثـةالتي قد تعترض المترجم فهي عندما يقع على مكونيـن

المفهوم نفسـه واحد يوناني واآلخر التيني للداللة على وهما lingual والجذر الالتيني glossalكالجذر اليوناني . يدالن على اللسان

وال تقتصر المشاكل على هذه المكونات ألن ترجمة النصوص الطبية شأنها شأن غيـرهـا مـن الترجمات المتخصصة، تفترض دراية ومعرفة بحيـث ال يقع المعجمي أو المترجم في فخ االشتراك اللفظـي

appendicular skeletonفي اللغة المصدر كترجمة لفظة

يمكـن أن appendicularبهيكل زائدي علما أن صفة لكنها في هذه الحالـة appendixكون صفة مشتقة من ت

أي الطرف فيقال هنا limb بمعنى appendageصفة من . هيكل األطراف

ومن المؤسف القول إن المعاجم المتخصصـة عامة والطبية خاصة ترتكب أخطاء لغوية فتتم تأديـة

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المصطلحات موضع التطبيق العملي العلمي اليومي فـي مداوالت العلماء والمدرسين والدارسين ومناقشـاتـهـم

الخطيـب ( “ . ومختبراتهم وتنتشر في أوساطهم وبيئاتهم ). 47؛ 1993

عندما يشعر المتخصص بحاجة إلى توليـد لكن المصطلحات غالبا ما تأتي ألفاظه إما غير منـاسـبـة

ولعل دمج تعـلـيـم ” . لغويا طأللمفهوم المقصود أو خ الموضوع العلمي أو التقني للمتخرج في مهنـة، مـع تدريبه على العمل في الوقت ذاته كمصطلحي ومترجـم في حقل تخصصه جدير بأن تتبناه بعض جامعاتنا اليوم، بخاصة تلك التي تدرس المواد العلمية والتقانية بلـغـة أجنبية؛ فذلك سيعمل وال شك على جعل مصطلحاتـنـا متوافقة مع المفهوم العلمي للمصطلح ومتساوقـة فـي “ الوقت نفسه مع التراث اللغوي والمصطلحي العـربـي

). 14؛1989الخطيب (

خالصة القول، إن االستعمال هو الحكم وهـو أقوى من اللغة إذ أن شيوع مصطلح أو اختفاءه رهـن

ولو توفر لوسائل اإلعالم، والصـحـافـة ” . بمستخدميهبخاصة، أن تطعم بالمصطلحيين والعلماء فإنها ستكـون

وال مثل أفضل مـن -من أهم وسائل التوحيد وأفعلها المقتطف أيام ضم فريق العمل فيها يعقوب صـروف

“ . وفارس نمر وأنستاس الكرملي وشبلي الشـمـيـل ). 31؛1989الخطيب (

Mendel's lawsالمعدود خطأ فيصبح المثنى جمعا كما في

of inheritance فهي ليست قوانين مندل في الوراثة بلقانونا مندل، ويصبح المثنى مفـردا كـمـا فـي

hysterosalpingography تصوير الرحم والبوق وهمـا بوقان، ويصبح المفرد مثنى كما في متباين الرأسـيـن

ـ علما أنها لفظة تدل على مسخ أحادي iniopsكمقابل لكما وقـد غير مكتمل هماالرأس متباين الوجهين أحد

تصبح الصفة إسما أو تصبح اللفظة األوائلية اسم علـم وما إليها من أمثلة تضرب القواعـد الـلـغـويـة

إن هفوات المـعـاجـم . واالصطالحية عرض الحائط والكتب الطبية المترجمة ال تعد وال تحصى بحيث ال تأتي المقابالت دائما للداللة على المفهوم بـكـاملـه

برهاب األماكن بدال مـن claustrophobiaكترجمة ترجمتها برهاب األماكن المغلقة كما يأتي التعريب بنقل

بدورة كريب مـع Krebs cycleلفظي خاطئ كترجمة حزف السين وكأنها سين التملك بدال من دورة كريبس

. مع السين األصلية نسبة إلى السير هانز كريبس

ومن شأن كل هذه األخطاء أن تعرقل عملية لذلك على أي . نقل النصوص الطبية إلى اللغة العربية

ذي معرفة علمـيـة ” أن يكون ) أو مترجم ( مصطلحي موسوعية إلى جانب عالميته في موضوع اختصاصه، يتقن العربية واللغة األجنبية التي يعمل فيها بمستـوى

وقد توافر له اطالع واسع علـى الـتـراث -رفيع المصطلحي العربي القديم والحديث بخاصة، وكان لـه

الخطيـب ( “ بمنهجياته وتقنياته تمرس واستيعاب كافيان ). 22؛ 1989

أما مساهمة المعجمي في توحيد المصطلحات المعجم الجيد، في موضوع معيـن، ” فهي أساسية ألن

الذي يصدر مزامنا النتشار الموضوع المعين، يكون ذا مفعول توحيدي ظاهر في مصطـلـحـات ذلـك

لكن أي جـهـد ) . 46؛ 1993الخطيب ( “ . الموضوعيكون فاعال حقا ما لم تـوضـع هـذه ” توحيدي لن

المراجع

التقييس والتوحيد المصطلحيان في الوطـن ” . الخطيب، أحمد شفيق* ، من محاضرات ندوة التقييس والتوحيد المصطلحيين فـي “ العربي

. ص48، دائرة المعاجم، مكتبةلبنان، 1989النظرية والتطبيق، آذار

، مـن “ حول توحيد المصطلحات العلمية ” . الخطيب، أحمد شفيق * محاضرات مجمع اللغة العربية في مؤتمره الخمسين بالـقـاهـرة،

. ص54، دائرة المعاجم، مكتبة لبنان، 1993نيسان

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Numéro 6 11

في اعتماد األنسب: المصطلحات العسكرية الميدان العسكري

إن المصطلحات العسكرية، شأنـهـا شـأن مصطلحات ميادين االختصاص كلها، تعاني من بعض المشاكل التي تعيق التواصل بين القوات المسـلـحـة العربية مما قد يعثر تعاونها في المجاالت الثقـافـيـة

وقد تبلغ هذه المشاكل ذروتها عندما . ة والتدريبي تقنيةوال إال بلغة أجنبية، هذا من القادة العرب يتعذر التفاهم بين

من جهة أخرى، فعلى العسكري، كغيره مـن ا أم . جهةالمتخصصين، أن يتعاطى مع مفاهيم جديدة في حياتـه

وإن أحسن تصورها عجز عن إيجاد المصطلح مهنيةالوهنا تبدأ المشكلة ألن غالبا مـا . المناسب للداللة عليها

تنتشر الحلول الجزئية الضعيفة لغويا فيخلط الحـابـل . بالنابل وتعم فوضى اصطالحية من المستحيل مراقبتها

سـوى ولم تكن المعاجم العسكرية الموحـدة محاولة لجمع شمل هذه المصطلحات وتوحيد اللـغـة

لجنة توحيد المصـطـلـحـات سعتوقد . العسكريةالعسكرية للجيوش العربية إلى اعتماد اللغة الفصحـى

ب ومفضلة األلفاظ العربـيـة عرممتجنبة كل دخيل أو عـن غير أن هذه المعاجم عجـزت . البسيطة والسهلة

تأدية مهمتها كاملة ال سيما أن تاريخ نشرها يعود إلـى فما هي حال المصطلحات العسكرية بـرأي . الستينات

العميد نسيب عيد، الذي حاول وال يزال ترتيب أمـور البيت فانكب على وضع معجم للمصطلحات العسكرية؟

يعتبر العميد عيد أن محاوالت تـوحـيـد المصطلحات العسكرية لم تكن ناجحة تماما ألن الهدف

بل كان يرتكز األولي منها لم يكن توحيد المصطلحات على االعتقاد بأن معجم عسكري موحـد سوف يوحـد

وأدى التسرع في إنجاز . الجهد في زمن السلم والحرب - غالبا ما تكون غير متخصصة -مجامع العمل ضمن على السليقـة ارتكزت في غالبيتها خيارات إلى اعتماد

لم يكتب لبعض المصطلحات التـي وبالتالي، . اللغوية

اقترحتها اللجان االصطالحية االستمرارية كلـفـظـة كبديل عـن “ السوق” كبديل عن تكتيك ولفظة “ تعبئة”

لكن . المفهوم المقصود وها تناسباستراتيجية بسبب عدم ال بد من اإلشارة إلى واقع خاص في الميدان العسكري

صدور أمر باستعمـالـه يسهل انتشار المصطلح وهو يحمل العسكريين على تنفيذ األمر بدون أي تردد، لهذا

طانة محل لفظة أستون للداللة لفظة سبالسبب حلت مثال ). canon/barrel( السالح الناري ماسورةعلى

أما عن مدى تأثر المصطلحات العربية باللغات التركية واإلنكليزية والفرنسية واإليطالية، فاعتبر العميد

لم يبق أي أثر لها في اللغة العسكرية الحاليـة عيد أنه لكن . باستثناء بعض األلفاظ المستعملة في اللغة المحكية

اللـغـة التأثر تام من ناحية المفهوم والتصور من هذا الفرنسيـة أي الروسية ولغتي الحلف الشمالي األطلسي

في الميدان العسكري ألن المفاهيم المستجدة واإلنكليزية وعلى المتلقي، أي العـسـكـري في المطلق ستورد ت

. يعتمد المصطلح المناسبالعربي، أن

وضـع السؤال حول أسـالـيـب جوابا عن المصطلحات، لم يفضل العميد عيد أي أسلوب عـلـى آخر مشددا على ضرورة السهر على نقل المفـهـوم

وبـيـن بشكل صحيح واحترام العالقات القائمة بينـه أن على سبيل المثال، ال يعقـل . المصطلحات األخرى

ألن المسدس pistoletس للداللة على تستعمل لفظة مسد 6يعني مضاعف ست مرات وهو سالح يدوي يرمي

في حين أن revolverمرات وتقابله في الفرنسية لفظة ـ مرة و 14 مرات إلى 9الفرد يرمي من همـقـابل

pistolet .تـي لفظستخدام أضف إلى ذلك أنه ال يصلح االساحة التـي أو مهبط في الميدان العسكري ألن مطار

تحط عليها هي أو aéronefs الجويةتطير منها المراكب ال تصلح لفظة طـوافـة كما aérodromeالحقل الجوي

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ومن . ألنها وبكل بساطة ال تطوف للداللة على الهليكوبتر األخطاء الشائعة أيضا، أن تخلط المفاهيم فيما بينها بحيث تـنتهك التراتبية التي تندرج في إطارها؛ مثال ال يجـوز

تشكيل أكبر مـن ألنهالجيش من فرقة كالفيلق أن يعرف من األكبر إلـى أن التراتبيةإذ فرقة وأصغر من جيش

forcesالقوات المسلحة : األصغر تأتي على الشكل التالي

armées – الجيشarmée – الفيلقcorps- الفرقة division- - bataillonالكتيبـة – régiment الفوج -brigadeاللواء

. sectionالفصيلة – compagnieالسرية

في تـولـيـد المخزون اللغوي العربي وما دور هـذا المصطلحات العسكرية؟ يؤكد العميد عيد على أهمية

يبقى محصورا فـي إطـار استعماله علما أن المخزون -avantفالمقدمـة . قديماالممارسات العسكرية المعتمدة

garde ة بن والمجflanc-garde نـة موالميflanc-garde de

droite رة س والميflanc-garde de gauche لـى مثال ع خير أمـا . هذه األلفاظ التراثية التي صمدت عبر األزمـنـة

) quartier généralمقر عام ( األساليب األخرى كالترجمة استراتيـجـي ( والتعريب ) mise à jourتيويم ( واالشتقاق وهي صـفـة aérospatialفضاجوي ( والنحت) وتاكتيكي

، فكلها ممكنة شـرط ) تجمع الفضاء والجو في كيان واحد فال شيء محظور أو ممـنـوع . أن تفيد الغرض المنشود

أ للداللة على مساعد ر م: األلفاظ المختصرة كـ حتى .رئيس األركان مثال

أخيرا، وإن اتسمت المفاهيم العسكرية بصـفـة العالمية فهي ال تنشأ مستقلة عن محيطها الـثـقـافـي

ومهما كان . واالجتماعي الذي يضفي عليها طابعا خاصا األمر فعلى المتخصص أن يسهر على اختيار المقـابـل

. األنسب قبل أن يخضعه الختبار االستعمال

فاستعمال التشكيالت مثال بمعنى التعييـنـات " يفقد التشكيل وتشكيالت القتال معناها العملياتي ويميع مفهوم تعيين األفراد أو الوحدات للقيام

وفي التعبير العسكـري ... . بوظيفة أو بمهمة –السليم يكون اإلشراف غير المنـاظـرة

والمنـظـور –والمالحظات غير المشاهدات . . . والراصد غير المراقـب –غير المرصود

وتكون . ويكون اإليعاز أشد صرامة من األمر التوجيهات إلى المرؤوسين مباشرة فيما تكون

ويكون تـحـقـيـق . التعليمات لكل من ينفذ فيما يـكـون –االرتباط بين القوات الصديقة

االشتباك مع العدو، وال يجوز استعمال عبارة فك االرتباط عندما يكون المقصـود فـض

لغة الـقـيـادة العميد نسيب عيد، . " االشتباكمبادئ أساسية في تنظيم األركـان : والمراقبة

، مكتبة لبنان ناشرون، وحسن ممارسة السلطة . 2000بيروت،

تخرج العميد نسيب عيد من الـمـدرسـة الحربية في لبنان وتابع تدريبه العسكـري

والـواليـات وتحصيله العلمي في فرنسـا بعد أن شغل مناصب مرموقة في . المتحدة

الجيش اللبناني، هو اآلن متفرغ للتعلـيـم يعمل حاليا عـلـى . العسكري األكاديمي

وضع معجم للمصطلحات العسكرية مـن . 2005المتوقع صدوره في العام

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TERMINUS - محطة المصطلحات Juin 2004

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Domaine : Management Néologismes du management : effets bénéfiques ou pervers ?

Les maîtres du monde des affaires imposent leur langage et, par conséquent, il est impossible d’échapper aux appellations « made in the USA ». En effet, la recherche en management se fait soit aux Etats-Unis, soit dans les états scandinaves, donc en anglais. Ainsi, toute nouvelle théorie ou recette est affublée d’un nouveau terme. Snobisme ou fatalité, il est devenu presque impossible de diriger une équipe « sans pimenter son discours d’expressions fleurant bon la haute technologie et les méthodes américai-nes ».

Cependant, très souvent, il n’y a rien de nou-veau sous le soleil. Et c’est là que le bât blesse. « A quoi bon utiliser un mot tout neuf lorsqu’il n’y a que du déjà-vu sous l’emballage ? […] Authentique inno-vation pour certains, le benchmarking n’est pour d’au-tres qu’une pompeuse appellation du procédé consis-tant à garder un œil grand ouvert sur la concurrence. Et qu’est-ce que le reengineering sinon la remise à plat de toute l’organisation de l’entreprise ?[…] Et le consumer relationship management (en français « gestion de la relation client »), plus connu sous le nom de CRM ? Rien d’autre qu’un sigle rappelant que chaque client est unique et qu’il faut savoir lui fabri-quer un service sur mesure. Pas vraiment révolution-naire ! ».

Quoiqu’il en soit, l’utilisation de termes nova-teurs est parfois nécessaire pour faire passer l’idée de changement. Mais pourquoi cette exclusivité aux ter-mes anglais et pourquoi ne pas les traduire ? « Par exemple, la traduction d’empowerment en "délégation des responsabilités" anéantit la substance même de cette méthode. L’expression américaine va plus loin dans l’idée de la confiance accordée, de réel pouvoir donné à celui qui veut le prendre. Alors que la déléga-tion implique que l’on confie à l’autre ce que l’on n’a pas envie de faire soi-même. Les termes américains permettent également d’exprimer une notion com-plexe en un seul mot. Comme ce fameux benchmarking taxé de vulgaire pompage des idées du concurrent. A y regarder de plus près, la démarche imaginée outre-Atlantique se révèle bien plus élaborée. Elle consiste à comparer l’organisation de son entreprise dans un do-maine précis (la logistique, la gestion de trésorerie, la composition de la chaîne commerciale) avec celle d’une société pas nécessairement concurrente, mais connue par ses performances dans ledit domaine. Comment traduire tout cela en français sans sombrer dans le grotesque, quand on sait que certains tentent

encore d’imposer la ridicule "mercatique d’amont" à la place de marketing direct ? Autre exemple, la franco-phone gestion du savoir est une notion moins futée que le knowledge management, car elle implique qu’il va aussi falloir gérer l’ignorance des gens. »

Qu’ils soient en français ou en anglais, ces nouveaux mots du management peuvent avoir plu-sieurs effets pervers. D’abord, quand ils sont utilisés pour camoufler une mauvaise nouvelle car « un terme bien fumeux sert parfois à opacifier le débat et à sur-fer sur un problème sans chercher à le régler. […] Lorsqu’une usine ferme, un mot résume assez bien la situation, celui de … fermeture. » Autre effet pervers, quand ces néologismes ne sont pas compris de la même manière par tous. Ainsi, « l’empowerment peut être compris comme un encouragement à la prise d’initiative… mais aussi interprété comme un trans-fert abusif des responsabilités du manager vers ses subalternes. Mais une fois ce travail d’explication de texte accompli, tout est permis, jusqu’aux termes les plus baroques. Hewlett Packard a ainsi inventé le MBWA, le management by wandering around. L’idée ? Encourager le personnel à communiquer par les moyens les plus informels possibles, tels que le bavar-dage devant la machine à café ou l’organisation de goûters d’anniversaire et autres événements convi-viaux et sympathiques au bureau. » Enfin, dernier effet pervers de ces néologismes, c’est le fait d’user et d’abuser de ces américanismes en vogue, sans rien changer dans les faits. Ainsi, « remplacer le vocable vieillot "chef de personnel" par "directeur des ressour-ces humaines", socialement plus correct, a été une ca-tastrophe pour les entreprises qui se sont contentées de la nouvelle appellation, sans réfléchir à la notion même des ressources humaines ».

Même si certains vont jusqu’à prétendre que le domaine du management n’a connu aucun change-ment majeur depuis la nuit des temps, deux choses sont certaines : d’une part, l’homme a besoin de re-nouveau, donc tout néologisme est le bienvenu pour lui permettre de s’approprier une « vieille-nouvelle » idée. D’autre part, tout ce sabir d’initiés perd de sa valeur s’il est dénué de sens et d’émotions et surtout si l’évolution du vocabulaire a lieu sans qu’elle ne soit accompagnée de changement d’attitude et de métho-des de travail.

Sur le site de la revue L’Entreprise (www.l’entreprise.com), Frédéric Georges a publié une série d’ar-ticles sur la langue du management intitulée Do you Speak Management? Nous vous proposons ci-après une synthèse de ces commentaires sur le jargon du management.

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Numéro 6 14

C’est en 1960 que la psychomotricité gagne son autonomie et acquiert ses objectifs et moyens propres en tant que thérapie à mé-diation corporelle qui se veut d’établir un trait d’union entre le soma (corps) et le psy-ché (esprit). Se situant au carrefour de toutes les disciplines qui visent à réaliser la maîtrise du comportement (biologie, psychologie, psy-chanalyse, sociologie, neurologie, pédagogie, etc.), la psychomotricité a emprunté la plu-part des notions, tout en leur attribuant par-fois un nouveau sens plus adapté à ses objec-tifs. Puisque son champ d’action englobe trois aspects : éducation (apprentissage sco-laire), rééducation (troubles instrumentaux) et thérapie (troubles graves de la personnali-té), elle s’adresse à tous, sans limite d’âge, en vue de développer l’aspect communicatif du corps et en tentant d’appréhender le patient dans sa globalité.

La thérapie psychomotrice a toujours lieu dans le cadre d’une équipe pluridiscipli-naire où tout un chacun a son rôle spécifique à jouer. C’est lors d’un stage pré-professionnel dans une institution spécialisée que les étu-diants de l’Institut de Psychomotricité ont expérimenté une rupture de communication totale avec les autres membres de l’équipe, quand ils étaient appelés à dresser le bilan des enfants traités ou à rédiger un compte rendu en arabe. En effet, la majorité des institutions d’éducation spécialisée au Liban adoptent la langue arabe comme langue de travail, puis-

qu’elle est commune aux anglophones et aux francophones qui participent à la thérapie psychomotrice (neurologues, psychologues, psychiatres, orthophonistes, physiothérapeu-tes, éducateurs, parents, etc.). L’absence d’une terminologie arabe spécifique et appro-priée a en effet empêché les stagiaires d’ac-complir leur tâche convenablement. C’est suite à cette prise de conscience que Mlle Amira Tabsh, sous la direction de M. Kah-waji, a décidé de se lancer dans un grand chantier terminologique.

Premier obstacle à surmonter : la sé-lection des termes-clés. En effet, le domaine de la psychomotricité ne dispose pas d’une terminologie bien établie et c’est au niveau international que des efforts sont déployés pour l’unifier. Pour surmonter cet obstacle, cinq ouvrages de base ont constitué le corpus de référence. Le dépouillement des termes et des notions s’est fait en prenant en considé-ration la fréquence d’usage des termes dans la vie professionnelle. Afin d’éviter toute subjectivité, les termes sélectionnés ont été confrontés à la liste établie par une autre étudiante. Résultat : 107 termes ont été rete-nus. Heureuse coïncidence: les termes sélec-tionnés comprennent les 48 termes qui figu-rent dans l’avant-projet de l’Organisation Internationale de Psychomotricité et de Re-laxation (OIPR). Preuve inéluctable de la validité du dépouillement. Ensuite, une fois

Domaine : Psychomotricité

La terminologie : pour une communication efficace

Nouvelle science née au début du siècle dernier, la psychomotricité a fait son apparition à l’USJ comme cursus à l’Institut Libanais d’Éducateurs avant de devenir une formation à part entière en 2000 avec la création de l’Institut de Psychomotricité sous la direction de Mme Carla Matta Abi Zeid. Cette dernière, dès l’année 1996, a été consciente de l’importance d’élaborer une terminologie arabe de la psy-chomotricité et a fait appel au CERTA. Le projet de recherche n’ayant pu se réaliser, les besoins termino-logiques sont devenus de plus en plus pressants. Etudiants-stagiaires et diplômés font face à une dure ré-alité : hors du « cocon universitaire francophone », la pratique professionnelle exige l’usage de la langue arabe. Dépourvu du bagage lexical nécessaire, ils se trouvent dans l’incapacité de pouvoir communiquer efficacement. Ce sentiment de frustration a poussé une étudiante en 4ème année à l’Institut de Psychomo-tricité de l’USJ, Mlle Amira Tabsh, à choisir comme sujet pour sa note de recherche : L’adaptation d’une terminologie spécifique à la psychomotricité en arabe. Une expérience pionnière qui ne doit pas s’arrêter là.

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les notions bien définies, elles ont été divisées en trois parties :

* La première partie est celle des termes uni-voques pour lesquels un équivalent a été pro-posé par traduction du sens.

* La deuxième partie est celle des termes qui comportent différentes acceptions ou possi-bilités de traduction (dont les termes com-prenant des formants gréco-latins). Le choix de l’équivalent approprié a fait l’objet d’un questionnaire adressé à dix orthophonistes, dix psychologues, dix physiothérapeutes et trente psychomotriciennes (de l’Université Saint-Joseph et de l’Université Libanaise).

*La troisième partie est celle des termes com-plexes dont la traduction a découlé automa-tiquement des choix retenus dans la deuxième partie.

Les résultats du questionnaire ont montré l’importance de la recherche accom-plie puisque 83% des personnes interrogées ont estimé avoir des difficultés à communi-quer en arabe lors de l’exercice de leur pro-fession. Mais certaines réponses fournies étaient imprécises ou erronées puisque les personnes interrogées (à l’exception des psy-chomotriciennes, apparemment plus moti-vées, qui ont donné des suggestions valables) n’ont pas fourni l’effort nécessaire pour for-muler une proposition réfléchie. D’où la diffi-culté à obtenir un consensus et à justifier les choix en se basant sur le critère de la fré-quence de l’usage. Parfois, il s’est même avé-ré nécessaire de faire fi de l’opinion de la ma-jorité pour ne retenir que le terme le plus adéquat comme dans le cas de tonus muscu-laire, traduit par la majorité par توتر العضالت en référence au sens du mot grec tonos (tension) alors qu’en psychomotricité le to-nus désigne plutôt une activité permanente et involontaire variable dans son intensité d’où le choix de l’équivalent arabe النشاط pour éviter la connotation العضلي الدائم

péjorative du mot tension توتر en arabe.

Bien que les termes aient été choisis suite à la consultation de spécialistes dans le domaine, d’un linguiste, d’une traductrice et d’une terminologue, ils ne sont pas définitifs et nécessitent une révision à la lumière des résultats de leur mise à l’épreuve pratique.

Frustrante et fascinante à la fois, cette recherche1 n’est pour Amira Tabsh qu’un premier pas (et c’est celui qui compte) pour trouver une solution aux problèmes de communication quotidiens et pour faciliter la promotion de la psychomotricité dans le monde arabe. Pour ces spécialistes qui cher-chent par la mise en jeu entière du corps - ce support privilégié d’un langage compréhensi-ble à tous sans la médiation d’interprète - à réaliser des objectifs thérapeutiques, un long chemin reste à parcourir. Mais la voie en est désormais clairement tracée…

En conclusion, cette expérience mon-tre que la formation universitaire ne peut se faire sans prendre en considération les be-soins de la société. Elle n’est pas uniquement une accumulation de savoirs, mais elle est aussi et surtout l’acquisition d’un savoir-faire et surtout d’un savoir-être, c’est-à-dire d’une capacité à communiquer avec les mem-bres de la société en utilisant les moyens ap-propriés. L’expérience tentée à l’Institut de Psychomotricité constitue un exemple à sui-vre… 1Ce projet de recherche a été brillamment soutenu devant un jury franco-libanais en juin 2004.

“La maladie, c’est une

souffrance de vivre, qui vient

d’une communication erronée

avec le monde.”

Françoise DOLTO

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*D’abord, qu’est-ce que le globish ? C’est un mot forgé par téléscopage de «global» et «English». Le globish est le volapük du « village global », la langue universelle qui per-met de se comprendre de Mexico à Séoul, d’Us-huaia à Moscou. L’anglais, donc ? Pas tout à fait. Car que devient l’anglais lorsque la majo-rité de ceux qui le parlent ne sont pas anglo-phones ? Il se simplifie, se contente d’un voca-bulaire limité et sans nuances, use d’une syn-taxe standardisée et devient un outil de com-munication pratique, mais dénué d’ambiguïtés et de métaphores. Donc, pour parler globish, il faut renoncer tout simplement à la langue d’Oxford et utiliser une forme réduite d’anglo-ricain (encore un mot-valise formé par télésco-page d’anglais et américain), limitée à 1500 mots.

*Qui a inventé le globish ? C’est un français, Jean Paul Nerrière, diplômé de la prestigieuse École Centrale de Paris et ancien Commissaire de la Marine. Sa brillante carrière dans l’indus-trie l’a conduit aux postes de vice-président d’IBM Europe, puis de vice-président d’IBM USA en charge du marketing international. Il est auteur du livre Don’t Speak English; parlez globish (Éditions Eyrolles).

*Est-ce une langue ? Non, c’est un dialecte dé-rivé de l’anglais parlé par un Français quand il rencontre un Danois ou par un Néerlandais dis-cutant avec un Argentin. C’est un outil de com-munication mondial qui vise l’efficacité. On n’y cherche pas à impressionner son entourage par sa maîtrise des subtilités linguistiques mais à conclure des affaires. Donc le globish est géné-ralement aussi pauvre que suffisant aux échan-

ges qui ont lieu entre les non anglophones de naissance. D’où les difficultés que rencontrent les anglophones de souche à comprendre le glo-bish et aux globophones de se faire comprendre par les anglophones de naissance.

*Est-ce possible de parler en utilisant seulement 1500 mots ? Madame Henriette Walter, ensei-gnante d’anglais et de linguistique et membre du Conseil Supérieur de la langue française, a déclaré à ce propos : « On peut parler avec 1500 mots… Le globish, ça existe déjà, donc il faut le regarder objectivement, même si on n’a pas envie de s’en tenir là ». La transmission du message n’étant pas affectée, d’après elle, par des simplifications tolérables dans la langue et bien pratiques à l’usage.

*Dans quel contexte utilise-t-on le globish ? Le globish a un effet libérateur quand il s’agit d’entretenir une conversation utilitaire dans le cadre des affaires. C’est une sorte de « kit de survie linguistique » qui s’apprend vite et qui permet au cadre de communiquer avec ses col-lègues du monde entier sans devoir être néces-sairement bilingue.

*Où apprend-on le globish ? C’est une méthode que l’on apprend individuellement par le re-cours à l’ouvrage de Jean-Paul Nerrière. La méthode suivie s’oppose à toute tradition édu-cative : elle recommande une approche voisine de celle par laquelle toute personne a appris sa langue maternelle, en commençant par la pro-nonciation et en terminant par le vocabulaire et la grammaire.

*Celui qui ne parle pas l’anglais peut-il facile-ment apprendre le globish ? Curieusement,

Parlez globish!

Découverte d’une nouvelle “langue”en 10 questions

Parler anglais, c’est cool, c’est in, c’est top. Avec l’anglais qui s’impose comme langue des entreprises, nous avons comme l’impression qu’un nouvel espéranto voit le jour ; un an-glais aux formes multiples et incompatibles. Mais cette nouvelle « langue universelle », le glo-bish, ne prétend pas être une langue mais seulement un outil de communication. Trop beau pour être vrai car on du mal à croire que les 1 500 mots de vocabulaire ont permis au concep-teur du globish de faire carrière chez IBM… A vous d’en juger !

Nouveauté

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Le saviez-vous ?

Le fameux Patriot Act n’est pas un simple "acte patriotique" comme le laisserait croire l’expression. En effet, cette loi adoptée par le Congrès américain le 26 octobre 2001 est l’acronyme de « Provide Appropriate Tools Required to Intercept and Obstruct Terrorism » (procurer les outils appropriés pour déceler et contrer le terrorisme). « Cette loi accorde des pouvoirs exceptionnels à la police et aux services de renseignement, réduit le rôle de la défense et met en question l’habeas corpus, qui garantit les libertés individuelles. Cette loi autorise l’arrestation, la déportation et la mise à l’isolement de suspects – les autorités peuvent arrêter et retenir indéfiniment des étrangers. Elle supprime toute délégation judiciaire pour procéder à des perquisitions, à des écoutes téléphoniques ou au contrôle du courrier et des communications par Internet1. »

Puisque la traduction s’est avérée être le nerf de la guerre contre le terrorisme et dans la foulée du Patriot Act, un Centre National Virtuel de Traduction a été créé avec pour tâche de traiter les messages interceptés en langue étrangère.

1RAMONET, Ignacio. « Antiterrorisme » in Le Monde Diplomatique, nº600, mars 2004.

d’après les expériences de Jean-Paul Nerrière, les personnes qui considèrent mal parler anglais connaissent 80% de la liste des 1500 mots. Ceux qui disent ne pas parler anglais du tout en connaissent le tiers ou plus. Et ceux qui disent « je me débrouille » en connaissent entre 95 et 100%. Pourtant, la plupart se plaignent de mal s’exprimer. C’est que le vocabulaire n’est pas suffisant : la construction des phrases, même simples, est plus importante. « Mon baromètre, dit Jean-Paul Nerrière, est la capacité à traiter des entretiens à caractère professionnel : l’exi-gence y est mesurée par un étalon sans conces-sion, échec ou réussite, compréhension ou in-compréhension, embauche ou chômage… »

*Le globish est-il facilement compréhensible ? D’après les conseils de Jean-Paul Nerrière, le globiphone, soucieux avant tout d’être compris, doit répéter ses phrases deux fois. Il joint le geste à la parole et parle aussi avec les mains. En revanche, il évite l’humour, qui franchit ra-rement les frontières culturelles et fuit les for-mulations alambiquées comme les phrases in-terro-négatives. Conseils de bon sens, mais in-dispensables dès lors qu’on a enfin le culot de suivre le premier commandement du globi-phone : « Lorsque vous ne comprenez pas ce que vous dit un Américain ou un Écossais, in-terrompez-le et dites : “Could you please speak globish?” »

*Qui parle le globish ? Les globiphones dispo-sent d’un avantage sur les anglophones natifs : ils représentent 88% des habitants de la planète qui n’ont pas l’anglais comme langue mater-nelle.

*Parler globish, entraînerait-t-il la disparition des autres langues et la domination de la culture anglo-saxonne ? Si le globish venait à s’imposer partout, c’est l’anglais qui aurait gagné la ba-taille planétaire. Mais cette victoire entraîne-rait la perte de l’anglais qui gagnerait en exten-sion de couverture et perdrait en profondeur et en qualité. Une conversation en globish a peu de chances d’atteindre les subtilités d’une lan-gue nationale bien contrôlée. Ce n’est pas une langue de culture mais un ustensile d’échange planétaire. L’érudition, les conversations de

haute richesse, la transmission conceptuelle avancée, c’est le domaine des langues de culture (comme le français). Le globish se détache des repères culturels anglo-saxons ; il offre à ceux qui ne maîtrisent pas l’anglais l’occasion de se réapproprier une langue imposée par la mondia-lisation à des fins de communication.

Ces informations ont été recueillies à partir des deux sources suivantes :

SGHERRI, Marie-Sandrine. « Do you speak globish ? », in Le Point, n˚1650, 29 avril 2004, pp.44-45.

« Parlez Globish » in http://www.jpn-globish.com

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Voici une série d’expressions du terroir québecois

relevées par Rania MASSOUD, étudiante de l’ETIB :

• « C’est le caramel sur la crème glacée » = c’est le

comble (par analogie à « c’est la cerise sur le gâteau »

en Europe).

• « Aujourd’hui pour demain » à la place de « du

jour au lendemain ».

• « Venir de Saint-Glin-Glin des Meus-Meus » =

venir d’un coin reculé, peu civilisé.

• « Se sentir lousse » (Angl. Loose) = Être large

d’esprit.

• « Dans mon livre (à moi)… » = À mon avis,

d’après moi (calque de l’anglais « In my book »).

• « Ça parle au crisse ! (Christ) » = Exclamation

marquant la surprise, l’ahurissement.

• « Parler catholique » = Parler français, de manière

compréhensible.

• « Faire de la boulechitte » (Angl. Bullshit) =

Bâcler un travail, dire des foutaises.

• « Être le bon Dieu en patins à roulettes » = Être le

bon Dieu en personne.

Glanures

• Le Québécois ne s'étend pas en rentrant du boulot... >Y s'écrase après le job.

• Le Québécois n'utilise pas son ordinateur... >Y gosse dessus.

• Le Québécois ne touche à rien... >Y taponne.

• Le Québécois n'est pas sans emploi... >Y'est su'l B.S.

• Le Québécois ne te dit pas non... >Y t'envoie chier.

• Le Québécois ne se fâche jamais... >Y s'met en criss.

• Le Québécois n'est pas violent avec toi... >Y t'en câlisse une.

• Le Québécois ne réfléchit pas... >Y load.

• Le Québécois n'appelle pas chez toi... >Y call che' vous.

• Le Québécois ne manque pas son coup... >Y s'pète la yeule.

• Le Québécois ne vérifie pas... >Y check.

• Le Québécois n'embrasse pas sa copine... >Y french sa blonde.

• Le Québécois ne va pas dans une soirée prendre un verre... >Y va au party pour foirer. D'ailleurs, le Québécois ne s'enivre pas... >Y vire une brosse.

• Le Québécois ne prend pas une bière... >Y prend un six pack.

• Le lendemain, le Québécois n'a pas la gueule de bois... >Y r'lève d'une brosse.

• Le Québécois n'est pas fatigué... >Y'est vedge.

• Le Québécois n'a pas oublié son antisudorifique... >Y sent le swing.

• Le Québécois ne déteste jamais rien... >Y'haït ça.

• Le Québécois profite de la vie... >Y prend ça cool.

• Le Québécois va bien... >Y feel.

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Numéro 6 19

Témoignage

« Tu veux-tu ? » Lorsqu’on on a obtenu une licence en lan-gues vivantes de l’ETIB, on se dit que, ça y est, le monde nous est ouvert ! Je pensais que les traduc-trices et les traducteurs étaient des employés inter-nationaux. Nous sommes de cette race qui n’a pas besoin d’équivalence, ni d’attestation pour pouvoir travailler ou étudier à l’étranger. N’est-ce pas ?

Je le pensais aussi…

Mais, en fait, il existe une barrière bien plus importante entre nous, traducteurs, interprè-tes et terminologues libanais, et le reste du monde : la barrière linguistique. Notre point fort est une arme à double tranchant…

Je suis actuellement inscrite au pro-gramme de maîtrise en traduction à l’Université de Montréal (UdeM). Après avoir obtenu ma licence à l’ETIB, j’ai quitté le Liban avec ma famille afin de m’installer « définitivement » au Canada. Armée de mes trois langues (arabe, français et anglais) et de ma détermination, j’ai réussi mon année univer-sitaire mais non pas sans difficultés. En fait, j’ai toujours su que la maîtrise des langues ne suffisait pas à elle seule…Tout traducteur doit se doter d’un bagage cognitif extralinguistique qui est d’une très grande importance.

Ma première décision en m’inscrivant en maîtrise était de ne pas suivre le cours de traduc-tion juridique ni celui de la traduction médicale et pharmaceutique. En ce qui concerne le premier, je pense que je possède une connaissance très appro-fondie du système juridique libanais qui a été ins-piré du modèle français. J’ai senti que je ne pou-vais m’aventurer dans un domaine qui ne pouvait que me dérouter. Quant à la traduction médicale et pharmaceutique, j’ai choisi de ne pas suivre ce cours pour des raisons personnelles. Je connais bien mes limites et je n’ai jamais été passionnée par les sciences.

Mais malgré toutes mes précautions, je n’ai pu échapper à l’inévitable… la barrière linguisti-que et extralinguistique. Mon français est un fran-çais de France, ma culture générale n’est pas nord-américaine et mon accent n’est pas québécois.

Évidemment, les cours théoriques et la ter-minologie ne posaient pas de problèmes puisqu’ils requièrent de la recherche plus qu’autre chose. Mais pour être franche, je n’ai jamais imaginé

qu’un cours comme celui de la traduction commer-ciale pourrait représenter un défi pour moi. Je ne savais pas que « joint stock company » qui se tra-duit au Liban, comme en France, par « société par actions à responsabilité limitée » (SARL), devient une « société de capitaux » au Québec, une « compagnie à capital-actions » en Ontario, et une « société commerciale canadienne » dans le reste du Canada.

Je ne comprenais pas non plus l’impor-tance de la féminisation. Pour moi, si l’auteur (ou l’auteure) utilisait le pluriel, il (elle) incluait sûre-ment les deux sexes. Il m’a fallu du temps avant de prendre finalement conscience de cette réalité très nord-américaine qui exige une mention claire des deux sexes.

Un autre phénomène auquel je me suis in-téressée ici est celui de l’anglicisme. C’est le fait d’emprunter des mots et des expressions à la lan-gue anglaise alors que l’équivalent dans la langue d’arrivée (dans ce cas, c’est le français) existe. C’est le cas de « canceller un appel » (annuler), « disconnecter le téléphone (débrancher), « fermer la ligne » (pour raccrocher), et bien d’autres.

Au Québec, l’adjectif « épouvantable » veut dire « super » et le mot « froid » se dit « frette »… En fait, le langage familier (le « joual ») dans cette province canadienne a gardé le français archaïque qu’avaient importé les pre-miers colons francophones venus de l’Europe.

À part la barrière linguistique, c’est donc la barrière culturelle. Comme je l’ai déjà dit, mon français est un français « européen ». Ma culture générale est loin de ressembler à celle des Cana-diens et surtout à celle des Québécois. Je ne com-prends pas leur accent et leur humour ne me fait pas rire. Je peux donc laisser tomber le cours de sous-titrage…

En fin de compte, je peux dire que j’ai été chanceuse car j’ai eu la possibilité de travailler en groupe avec des Québécois et Québécoises « de sou-che » qui m’ont fait découvrir les particularités de leurs « manières de dire». Le français du Québec est inventif, amusant, savoureux… déroutant !

Rania MASSOUD

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Numéro 6 20

TOP WORDS OF THE YEAR 2003

This year’s choice was no exception. For example, the Most Unnecessary Word of the year. Many of us could compile a list of possibilities here. The ADS members came up with freedom, replacing “French” in phrases or compound nouns such as French fries and French kiss. This easily beats Ben-nifer, a blended noun describing the couple Ben Af-fleck and Jennifer Lopez. The Most Outrageous category nominations included torture lite, torture short of bodily harm, and useful idiot, a human shield for the enemy. But the winner, a word which fits its category perfectly, was cliterati, a collective noun for feminist or woman-oriented writers or opinion-leaders.

The word voted Least Likely To Succeed, that is, the word or phrase least likely to be here next year, was tomacco, a hybrid of tomato and to-bacco. Spider hole was voted Best Revival, a word or phrase brought back from the past (this, you may recall, was the American military term used in news reports for the hole in which Saddam Hussein was captured; it goes back at least to 1941). The word voted Most Likely to Succeed, that is, the word or phrase most likely to be here next year was SARS, Severe Acute Respiratory Syndrome. And the award for the word or phrase which least says what it means was given to pre-emptive self-defense, an attack made before a possible attack.

The Most Creative award required several rounds of voting to get the mood of the meeting clear. Among those suggested were the several terms that have been devised to refer to the new governor of California, Arnold Schwarzenegger, governator, gropenator, and gropenführer, variously referring to his part in the Terminator films, his ori-gins, and the allegations of sexual harassment that have been made against him. But the winner here

was freegan, a person, nominally vegan, who eats only what they can get for nothing. Still on food, the Most Useful category winner for a word or phrase which most fills a need for a new word was won by flexitarian, a vegetarian who occasionally eats meat.

And now (a drum roll, maestro, please) the Word (or Phrase) of the Year. This required three rounds of voting. But the final winner was metro-sexual, a fashion-conscious heterosexual male, or, as Mark Simpson put it, a man who “has clearly taken himself as his own love object”.

What, then, of 2004? It is hardly likely to be dull. It is, after all, the UN International Year of Rice and—in the UK—will be featuring the Be Nice To Nettles Week (actually the ten-day period from 19-28 May).

Glanures

Every year boasts its own vocabulary, a unique set of words and phrases that suddenly become culturally relevant. Not all the words are necessarily new. But they possess a fresh importance, given cur-rent events. Each year, the conference of the American Dialect Society(ADS) - which has been monitor-ing American parlance since 1889 - elects those words and phrases of the preceding year that seem note-worthy. Whilst not exactly frivolous, the voting is lighthearted, as one may tell from the categories and some of the selections.

WORT des JAHRES 2003

das alte Europa - Donald Rumsfeld's "old Europe" phrase became a badge of honor in Germany Agenda 2010 das - Chancellor Schröder's (SPD) label for his reform plans Reformstreit der - the fighting over "Agenda 2010"

SARS/Sars das - the worldwide disease outbreak (Severe Acute Respira-tory Syndrome) eingebettete Journalisten - imbedded journalists (in Iraq) Maut-Desaster das - failure of an autobahn toll/tax proposal.

Steuerbegunstigungsabbaugesetz das - legislation to end tax advantages Jahrtausendglut die - Europe's heat wave in the summer of 2003; rhymes with Jahrtausendflut, a 2002 Word of the Year referring to the devastating eastern German floods that year; the Swiss called the heat wave the Jahrtausensommer. googlen - to "google" (use a search engine) Alcopops pl. - sweet (soda-pop-like) alcoholic drinks

Satz des Jahres 2003 : Deutschland sucht den Superstar (DSDS) = Ger-many seeks the superstar (TV show)

http://german.about.com/library/blwortjahr.htm

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TERMINUS - محطة المصطلحات Juin 2004

Numéro 6 21

Before the final vote, Words of the Year were chosen in these eight categories:

Most Outrageous: wall humping, rubbing a thigh against a security card scanner to allow access without the inconvenience of removing the card from one's pocket. Other candidates: starter cas-tle, a dot-commer's first house, and McMansion, a big new home in incredibly bad taste.

Most Euphemistic: courtesy call, an uninvited call from a telemarketer. Other candidates: Su-preme Court justice, reflecting a disenchanted view of the presidential election, and kablokeys (see below).

Most Likely to Succeed: muggle. Other candi-dates: m-commerce, buying and selling over a cell phone, and WAP, Wireless Application Pro-tocol, a specification that enables wireless de-vices to connect with one another.

Most Useful: civil union, legal same-sex mar-riage. Other candidates: bricks-and-clicks, a tra-ditional business with a website, and c.u., to join a couple in civil union.

Most Creative: dot bomb. Other candidates: blobject, a product like the iMac with curvilinear design; dot snot, a young dot-com millionaire; megawatt laundering, interstate buying and sell-ing of electricity to avoid state price controls; Sore Loserman, respelling of Gore-Lieberman campaign poster, and Nader trader or Nader trai-tor, a supporter of Ralph Nader in a state with a close race between Gore and Bush who would vote for Gore in return for a Gore supporter in another state voting for Nader.

Most Unnecessary: sudden loss of wealth syn-drome which pretty well defines itself. Other candidates: scootermania, obsession with foot-powered scooters, and Floridate, spoil the order-liness of an election.

Least Likely to Succeed: kablokeys, a hard-to-pronounce and obscure word used in phrases like It scared the kablokeys out of me. Other candi-dates: subliminable, Saturday Night Live spoof of G.W. Bush pronunciation, and malaphrophe-sizing, predictions phrased in malapropisms.

Most of the candidates for Word of the Year have been around for some time but not particularly well known. Chad is a good exam-ple: Teletype operators used the term more than 50 years ago, but only with the Florida recount did the word become generally recognized. There are, however, some brand new words every year. The winner in the Brand-Spanking New cate-gory was unconcede, to rescind a concession, as Gore did on election night. Another candidate was cell yell, loud talking on a cell phone. Subse-quent sleuthing by ADS etymologists deter-mined that these words were in fact not brand new either.

Strange new words come out each year

[…] A year ago, conveying American 2002 preoc-cupation, the dialect society voted the still-elusive weapons of mass destruction as words of the year. Runners-up included the high-tech term blog (Web log, or Internet journal); the newly minted verb google (to rummage through the Web using the search engine Google); Amber alert (public announcement of a missing child); and the fanci-fully coined Iraqnophobia.

By way of comparison, in 2001, the word of the year was a somber, suitable number: 9-11. Year 2000 gave chad; in 1999 it was Y2K; and 1998 it was simply the letter e-, as in e-mail.

Words blossomed in 2003 outside the official pur-view of the dialect society, of course.

The popular TV program Queer Eye for the Straight Guy spawned a few interesting terms, such as zhuzhing, which means adjusting one's appearance -- hair, clothes, etc.

Then there is the product, which we used to call goop or styling gel for the hair. And in the great American tradition of making verbs out of adjec-tives and nouns, queer eyeing someone now means assessing a person's dress and overall look.

The world of hip-hop fashion refers to clothing that is so hot it'll be that way until the wearer is dead and buried.

Rap star Snoop Dogg started attaching the playful suffix -izzle to words before 2003, but last year we saw wider use of terms like televizzle and wait a minizzle.

And 2002's ubiquitous hip-hop term bling bling, or flashy jewelry, has been clipped simply to bling. Similarly, the United Kingdom slang word bril-liant, signifying something great, is now brill.

And while the verb google is so very 2002, the past year gave us google washing (when Google folk update their links), which inspires the google dance (when people listed on Google lobby to be-come listed higher on a page of the search engine's results).

"Give words their due as cultural objects," said Eric McKean, senior editor for U.S. dictionaries at Oxford University Press in New York. "It's good to remember the words of the year."

Excerpts from the Alfred Lubrano’s article, http://www.nineronline.com/vnews/display.v/ART/2004/01/14/40072dbb621f1, January 14, 2004.

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TERMINUS - محطة المصطلحات Juin 2004

Numéro 6 22

« […] Des anglophones nous prennent régulièrement à partie dans leur domaine de compétence. "En bon ingénieur pratiquant l'an-glais courant et technique depuis près de quarante ans, je vous signale que "nitrogen", que vous avez francisé hâtivement en "nitrogène" dans une chro-nique du Monde 2, se traduit par "azote"", écrit Dominique Janvier (courriel). Pour sa part, Jean-Paul Deville (Strasbourg) remarque que le mot anglais "silicon" veut dire "silicium" en français et non "silicone". "Quand Le Monde du 12 mars traduit "silicon hills" par "collines de silicone", il évoque peut-être les mamelles de Pa-mela Anderson, mais cela n'a rien à voir avec les technologies nouvelles de l'information basées sur l'industrie du silicium !"

Une transposition paresseuse de mots anglais en français conduit à des non-sens. "A propos de virus informatiques, Le Monde du 27 avril nous parle de "codes malicieux", remarque Jean-Marc Julia, d'Auriol (Bouches-du-Rhône). Or, ces programmes ne sont ni espiègles ni co-quins: ils sont seulement "malfaisants", et c'est le seul sens de l'anglais "malicious", comme on nous l'a appris à l'école."

Jean-Louis Fullsack (courriel) a lu pour sa part dans Le Monde du 15 avril qu'"en Corée du Sud, la démocratie digitale est en marche". Il proteste : "La démocratie à laquelle vous faites allusion n'est pas digitale, même si dans son exer-cice le rôle des doigts procède de "l'intelligence de la main". "Digital" est un anglicisme, abusive-ment utilisé à la place de l'adjectif bien français "numérique", qui désigne la nature de la technolo-gie utilisée pour coder et véhiculer l'information."

Il n'y avait aucune raison par ailleurs de titrer dans Le Monde du 2 avril : "Air France baisse de nombreux tarifs européens et domesti-ques". Comme l'écrit Daniel De Poli (courriel), "cet adjectif ne s'applique en français qu'à la mai-son (un animal domestique) et n'a pas le sens anglais d'intérieur : "a domestic market" est en

français un "marché intérieur" et non un marché domestique"!

Les faux amis se cachent partout. Quand le directeur de la production de Shell déclare à son président "I am sick and tired of lying", Le Monde du 29 avril traduit mot à mot : "Je suis malade et je suis las de mentir". Des lecteurs comme François Liger (courriel) se dé-clarent à leur tour "sick and tired", ce qui veut dire : j'en ai assez, j'en ai marre (de ces journa-listes qui feraient bien de consulter plus sou-vent un dictionnaire bilingue).

Même des expressions courantes, utili-sées dix fois par jour dans la presse anglo-saxonne, donnent lieu à des erreurs. "Votre arti-cle sur les néoconservateurs américains dans Le Monde daté 16-17 mai, nous parle de "décision dramatique" à prendre, remarque un lecteur de Courbevoie (Hauts-de-Seine), Jean Arnaud. Il s'agit probablement d'une (mauvaise) traduction de "dramatic decision", qui signifie "décision spectaculaire" ou "décision d'importance". Dans ce contexte, "dramatique" est un non-sens."

A force de coller à l'anglais, on finit par écrire n'importe quoi. Un lecteur de Figari (Corse), Jean-Pierre Bougère, s'étonne que dans les pages consacrées au Festival de Cannes des photos aient été accompagnées du mot "location" pour préciser le lieu où elles avaient été prises : "En français, "location" n'a qu'un seul sens : l'action de louer (une place au cinéma, un appartement, etc.). Après des mots comme ini-tier, supporter ou nominer, employés mal à propos et directement calqués sur leurs équivalents an-glais, va-t-on subir ce nouveau barbarisme ?" Heureusement, au bout de quelques jours, la correction a été faite et "location" a cédé la place à "lieu"[…] »

Les traductions erronées du Monde Dans la Chronique du médiateur de Robert Solé parue dans l’édition du 23 mai 2004, sous le titre “My tailor is poor”, l’auteur rapporte les erreurs de traduction commises dans les pages du quotidien le Monde. Des leçons à tirer à partir de ces extraits :

Glanures

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and based in Brussels and Dublin, yet govern-ments intent on defending national languages often regard them as costly nuisances. They probably deserve better. Even more than the European Union’s 20 official languages, they offer sparkling evidence of the region’s cul-tural diversity.

Excerpts from Alan Riding’s article « With 9 more lan-guages, EU’s Babel grows louder » published in the In-ternational Herald Tribune on Thursday, April 29, 2004.

Babel is back in Europe

25 nations and 20 languages: Some facts

With 10 new members adding nine languages to the European Union’s existing 11, Babel is back in the headlines. However, in Brussels, the problem of managing a ca-cophony of tongues is thought far less daunt-ing than having to silence any individual lan-guage. In the 25-nation bloc, the right of offi-cials and legislators to work in their own lan-guage is now enshrined as a democratic im-perative. Officials have been scrambling to find translators and interpreters able to work in the new languages. They estimate the number of documents requiring translation annually will grow by one million to 3.5 mil-lion. The number of language combinations for interpretation will also jump to 420 from 110, although in practice “relay languages” like English and French will serve as a bridge between less-spoken languages. As for the ex-tra expense, European officials respond that the Union’s linguistic services cost less than 1 percent of the total budget, or just 2 euros, or $2.40, per citizen per year – the equivalent of a cup of coffee.

On the other hand, a different – less legalistic and more intense – battle is also taking place over what languages European officials and politicians actually use to talk to each other and to reach a wider public. And here the outcome is different. In fact, for dec-ades, official Europe spoke in French. Now, with a fresh enlargement, English is increas-ingly preferred over French. The adoption of English as everyone’s second language is of course a global phenomenon.

Still a larger question looms over Europe’s minority languages, which are spo-ken by some 40 million people, about 8 per-cent of the region’s population. Some are flourishing (like the Catalan in Spain), while others are struggling to survive. In theory, they are protected by the European Bureau for Lesser Used Languages, created in 1982

“ One lesson offered by the Book of Genesis is that when “the whole earth was one language and of one speech,” things got done. Conversely, when the Lord disapproved of the grandiosity of the resulting Tower of Babel, His way of scattering those engaged in the project was to “confound their language, that they may not understand one another’s speech”.

Alan RIDING

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TERMINUS - محطة المصطلحات Juin 2004

Numéro 6 24

هي شبكة صحية طبية عربـيـة شبكة الرازي الطبية •تتضمن من جملة ما تتضمن مـقـاالت . هدفها تثقيفي

األمراض الشائعة، مكـونـات ( حول مواضيع متنوعة جسم اإلنسان، األجهزة المختلفة، مختـلـف أنـواع

-إنكليـزي ( باإلضافة إلى معجم طبي . ) األمراض، إلخ

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موقع عجيـب ليست المرة األولى التي نشير فيها إلى •وتكمن أهميـة . الذي يتضمن قواميس ومعاجم متعددة

هذا الموقع في محرك البحث الذي يتيح الـفـرصـة للمستخدم أن يبحث في عدة معاجم عربية عـريـقـة

المحيط، محيط المحيط، الوسيط، الغني، القـامـوس ( كما يتـضـمـن ) . المحيط، لسان العرب، نجعة الرائد مع تحديدات عربية ( الموقع معجما لمصطلحات األدب وقاموسا متـعـدد ) ومعادالت في الفرنسية واإلنكليزية

والوجيز في النـحـو ) عربي-إنكليزي-فرنسي( اللغات لـوحـة 150والصرف واإلمالء إلى جانب حوالي

. مصورةhttp://lexicons.ajeeb.com/Default.asp

قـامـوسـا نجد في دليل المواقع اإلماراتية الرسمي •) عـربـي -إنكليزي ( لمصطلحات الكمبيوتر واإلنترنت . يتضمن تحديدات باللغة العربية

http://www.uaezayed.com/uae42/uzayed.htm

• CRITER (Corpus du Réseau Interministériel de Termi-nologie), la base de données terminologiques de la délé-gation générale à la langue française, comprend l'ensem-ble des termes publiés au Journal Officiel par la Com-mission générale de terminologie et de néologie, soit près de 3000 termes français avec leur définition et leurs équivalents en langue étrangère. Cette base est destinée à tous ceux qui sont curieux de connaître de quelle fa-çon sont désignées en français les notions nouvelles qui ne cessent d'apparaître dans les sciences et les techni-ques. Elle intéressera outre le personnel de l'administra-tion française, les traducteurs et les terminologues. Elle couvre de très nombreux domaines techniques dans les secteurs de pointe de l'information et de la communica-tion (Internet, informatique), des sciences (chimie, ingé-nierie nucléaire, sciences et techniques spatiales), de l'industrie (automobile, pétrole), de l'économie, des fi-nances, de la santé, de la défense, de l'agriculture, des transports, etc.

http://www.culture.fr/culture/dglf/terminologie/La_base_de_donnees_CRITER.htm

• Quadri-rédacteur : Conçu par Pierre Lerat, ce diction-naire multilingue juridique a quatre principaux objec-tifs :

*Aide à la rédaction (en français) *Aide à la traduction (directionnelle, du français vers l ' a l l e m a n d , l ' a n g l a i s e t l ' i t a l i e n ) *Aide à une culture juridique européenne *Aide à la modernisation réciproque des langues juri-diques européennes.

http://www-lli.univ-paris13.fr/ressources/quadri/

• Dictionnaire d’Apprentissage du Français des Affaires (DAFA) : Le Dafa électronique est une réalisation du Groupe de recherche en lexicographie pédagogique (Grelep, Institut des langues vivantes de la K.U. Leu-ven, Belgique) en collaboration avec les éditions Didier. La nomenclature de 3.200 termes ne retient que des ter-mes économiques, ainsi que le vocabulaire des fluctua-tions et quelques termes du VGOS (vocabulaire général d'orientation scientifique : effet, indice, taux, etc.). La recherche peut se faire soit à partir de la forme canoni-que du terme, soit par joker, soit par domaine. Des fi-ches terminographiques (avec traductions vers différen-tes langues) ont été rédigées par des étudiants du DESS Traduction spécialisée et production de textes multilin-gues de l'Université Stendhal (Grenoble 3). http://www.projetdafa.net

Sites en français المواقع العربية Sites à découvrir

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Herramientas españolas

Porque lo prometido es deuda y porque dedicar en TERMINUS un rinconcito a las herramientas lingüísticas españolas se ha vuelto una costumbre útil y beneficiosa, no queremos faltar este año a nuestra cita terminológica. A continuación, traductores, terminólogos y profesionales de la lengua encontrarán nuevos recursos que, si bien poco numerosos, ofrecen una ayuda valiosa y un apoyo discreto pero fundamental.

La primera dirección que proponemos vale todo el oro negro del mundo para quién trata con la terminología del petróleo. Más valor tiene aún con la subida del crudo en los mercados mundiales.

http://www.imp.mx/petroleo/glosario/

A los que traducen textos meteorológicos, ofrecemos un útil de sorprendente claridad y asombrosa sencillez de uso. Se trata de un glosario que ofrece el servicio de meteorología de México, gracias al cual, términos como “niño”, “niebla de advección”, o “normales climatológicas” ya no tienen ningún secreto. http://smn.cna.gob.mx/met-info/indiceg.html

La última dirección que facilitamos no sirve solamente a traductores y terminólogos, sino también a todos los que encuentran el lenguaje de los internautas tan bárbaro como incompresible. Si nunca habéis comprendido que significa “FAQ”, “IRC”, “IP” o “Trojan Horse”, aquí tenéis la dirección más indicada para entenderlo todo.

http://www.geocities.com/Athens/2693/glosario.html

Pierre NAJM

• OneLook Dictionary Search:

This web site is a search engine for words and phrases: If you have a word for which you'd like a definition or translation, you will be quickly shuttled to the web-based dictionaries that define or translate that word. You can even find how to spell a word. Moreover, OneLook's reverse dictionary lets you describe a concept and get back a list of words and phrases related to that concept. Your descrip-tion can be a few words, a sentence, a ques-tion, or even just a single word. More than 5 million words in more than 900 online diction-aries are indexed by the OneLook search en-gine.

http://www.onelook.com

• Scientific, technical and medical acronyms: Hosted by Wiley Publishers site (Wiley Pub-lishers is a global publisher of print and elec-tronic products, specialized in scientific, tech-nical, and medical books and journals), this research engine available free on line gives you the opportunity to find over 100,000 sci-entific, technical and medical acronyms de-fined.

http://www3.interscience.wiley.com/stasa

• This database contains popular equivalents of medical terms in nine languages. The interest-ing part is that an English definition of each of the 1,830 medical terms is provided. Once the user has accessed the database, 3 different approaches are possible :

1– A Language-Specific Approach where the user can choose the working language and browse through either the list of technical and popular terms or the glossary.

2– A Concept-Oriented Approach where the user selects one of the 1830 terms (indexed alphabetically in English), in order to see all translations of that term.

3– A Speed Search for specific words where the user enters a word (or string) in a box and all occurrences of that word within the docu-ments of the applications are returned.

http://allserv.rug.ac.be/~rvdstich/eugloss/welcome.html

Sitios españoles English sites

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TERMINUS - محطة المصطلحات Juin 2004

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• Monsieur le Professeur Jean DELISLE– Directeur de l’Ecole de Traduction et d’Interpréta-tion - Université d’Ottawa : « Je viens de terminer la lecture du numéro 5 de Terminus. Je ne connaissais pas ce bulletin. Je le trouve très bien fait. J'ai beaucoup appris en le lisant. L'infor-matique en général et Internet en particulier m'intéressent beaucoup. Félicitations pour cette belle réalisation et continuez votre magnifique travail.»

• Monsieur Jian YANG Ph.D.– Chef du Projet BTML- Office québecois de la langue française, Gouvernement du Québec : «J'ai lu attentivement les articles de votre bulletin, et j'en ai don-né copie à notre bibliothèque aussi. La question soulevée concernant le rapport entre les outils sur papier versus sur support électronique est intéressante et même très philosophique. Person-nellement, au début de mes expériences d'Internet (94-97), j'ai eu pas mal d'illusions sur un avenir sans papier et sur un Internet démocratique. Maintenant, je suis comme retombé sur la terre (…) J'ai l'impression que les livres sur papier ne seront jamais éliminés par l ' é lectronique parce qu' i ls possèdent les propriétés de tous les Matériels qui, eux, ne disparaîtront jamais, alors que la réalité virtuelle ne saurait s'enraciner que si elle se transforme en une sorte de matériel... Mais mes idées sont très confuses encore là-dessus. C'est juste pour dire que Terminus a posé des questions très stimulantes qu’il est parfois très difficile d’y répon-dre. »

• Monsieur Michel ABS - Professeur à la FLSH—USJ: «Quel commentaire voudriez-vous plus que demander toutes les copies de Terminus? Je crois que cette publication devrait être semes-trielle avec une copie électronique largement diffusée. Moi je la trouve extrêmement utile et agréable.»

• Madame Sabah ZOUEIN - Journaliste au quotidien libanais An-Nahar : «C'est avec beaucoup d'enthousiasme que j'ai parcouru les pages de ce précieux Terminus; précieux grâce aux articles sérieux et instructifs qu'on y trouve, concernant la terminologie et la "science des mots" en général, science qui me passionne. En lisant le texte intéressant de Lina Sader Feghali, j'ai eu l'idée, en tombant sur le mot NAVIGUER qu'elle a utilisé, de lui suggérer le mot ABHARA en arabe qui pourrait peut-être remplacer le bizarre RAKMAJA qu'on est en train d'utiliser paraît-il pour désigner le SURFING anglais. Ou pourquoi pas et tout court : SARFAJA ( de "surfing"). N'a-t-on pas déjà adopté officiellement les mots : talfaza, talfana,bantalon, sinama, dimouqrattyya, ( sans rentrer dans les racines et détails de leur origine gréco-latine, origine qui nous est évidente),ou tawila (de l'italien TAVOLA, et du latin TABULA) et karaz (du français CERISE , du latin CERASUS, du grec KERASOS) et bien d’autres mots dont l'origine ne nous est pas évidente. Par ailleurs, je n'ai jamais pu comprendre et adopter le choix français ARROBE ou AROBASE pour @; je n'y vois pas le lien avec le "at" anglais. Le "at" est si sim-ple et pratique; mais à la rigueur je préfèrerais le "chez" aux autres deux mots qui sont plutôt longs et phonétiquement compliqués. Mais même ce "chez" sent la littérature française et ne s'adapterait pas facilement au langage de l'internet. Ceci dit, et au cas ou les Français insiste-raient, la langue française devrait alors trouver l'équivalent de tous les codes sans exception dans ce domaine-là et ne pas s’arrêter à "at-@". Pourquoi ne traduirait-on pas par exemple “internet" par "interfilet". Dans ce cas -là, les Français devraient changer le code international "www" par "FME" : "www" veut dire en anglais : World Wide Web ( dans ce sens- là, les Alle-mands n'auraient pas à changer les abréviations au cas où ils voudraient les germaniser car : world en allemand est Welt; wide c'est Weit, et web reste Web). Alors qu'en français, on de-vrait dire à ce moment -là : Filet pour le Monde Entier ou "FME". Quant à moi, je préfère garder les désignations anglo-saxonnes, lorsqu'elles sont difficiles à traduire; je préfère l’"étranger" au ridicule. »

Ecole de traducteurs et d’interprètes de Beyrouth - ETIB Campus des Sciences Humaines B.P. 17-5208, Mar Mikhaël, Beyrouth 1104 2020– LIBAN Tel : 961-1-611 456 (Poste 5618) Fax : 961-1-611 360 Courriel : [email protected]

Centre d’études et de recherches en terminologie arabe مركز الدراسات واالبحاث في المصطلح العربي

Courrier des lecteurs

Certa Rédaction : Lina SADER FEGHALI

Révision : Liliane KARAM

Nadine RIACHI