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Sur la piste de

Maud GrahamCHRYSTINE BROUILLET MARIE-ÈVE SÉVIGNY

PROMENADES & GOURMANDISES

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Sur la piste de

Maud GrahamCHRYSTINE BROUILLET MARIE-ÈVE SÉVIGNY

PROMENADES & GOURMANDISES

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À l’idée des pommes de terre bien dorées, Maud Graham saliva ; pourquoi avait-elle toujours faim ? Alain soutenait qu’il adorait qu’elle soit aussi gourmande, mais ce n’était pas lui qui devait sans cesse combattre la tentation de vider un sac de chips ou de croquer dans une barre de chocolat noir. Car, bien sûr, ce n’était pas d’une carotte ou d’une pomme dont elle avait envie, mais de choses grasses, trop salées ou très sucrées, croquantes ou moelleuses.

lA ChAsse est ouverte

elle se revoyait, jeune constable, patrouillant les saules, Québec, limoilou ou saint-roch. C’était la meilleure école et une excellente manière de connaître sa ville. Après des années à Québec, elle avait sa géographie en mémoire, ses recoins, ses ruelles sombres, ses secrets, ses boisés trop touffus, ses entrepôts et ses stationnements à l’abandon, ses terrains vagues où on pouvait abandonner un cadavre.

lA ChAsse est ouverte

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Elle prend son café noir, mais préfère le thé vert. Folle de

la pizza au point d’en désirer au saut du lit, elle ferait des

bassesses pour des pailles au fromage, sans dédaigner les

chips au vinaigre. Elle sert du jarret de veau à son chat

Léo, partage avec lui la passion du thon. Choisir entre le

champagne et le dry martini la met au supplice. Elle s’ap-

pelle Maud Graham. Aussi gourmande que mauvaise cuisi-

nière (elle s’améliorera avec le temps), « le pire air bête de

Québec » est la détective préférée des lecteurs québécois

depuis un quart de siècle. Eh oui, déjà.

Nous aimerions tous vieillir aussi bien que Biscuit. Depuis

sa première apparition publique (Préférez-vous les ice-

bergs ?, 1988), celle qui se sent décliner (Saccages, 2013)

est pourtant à peine passée, en vingt-cinq ans, de la mûre

trentaine à la jeune cinquantaine. Cette lenteur du sablier

n’est que justice envers une enquêtrice à laquelle le métier

impose une course effrénée contre la montre. Mais qu’elle

fasse son âge ou pas, Graham se bonifie avec les années

et mérite amplement son anniversaire.

La femme aunom de biscuit

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La mère du roman noir

Gourmande, bougonneuse, empathique, rêveuse, paranoïaque,

maternelle, « féministe enragée », Maud Graham, Québécoise de

sang irlandais, s’est illustrée sur la scène judiciaire, et romanesque,

pour la première fois il y a vingt-cinq ans. Elle a ouvert la porte à

la plupart des personnages de romans policiers qui sont apparus

au cours des années.

Le quart de siècle de Biscuit coïncide avec celui du polar québé-

cois moderne. Au moment d’écrire ces lignes, le genre est fort bien

représenté dans nos librairies, et il occupe souvent la place d’hon-

neur des vitrines. Festivals courus, prix prestigieux, adaptations

cinématographiques… Et surtout une vaste galerie de person-

nages, originaux et détraqués, que le public a pris en amitié, atten-

dant fidèlement la prochaine aventure de Daniel Duval (Jacques

Côté), Antoine Gravel (Geneviève Lefebvre), Victor Lessard (Martin

Michaud), Kate McDougall (Johanne Seymour), Jérôme Marceau

(Jacques Savoie), Max O’Brien (Mario Bolduc), André Surprenant

(Jean Lemieux)… Aujourd’hui, les lecteurs guettent la nouvelle

enquête du détective qu’ils ont adopté : tel est le legs de Maud

Graham. Une fidélisation du lectorat qui, il n’y a pas si longtemps,

devait lorgner vers les thrillers américains pour se sustenter.

Car cette sémillante communauté rouge et noire n’existait pas

quand Chrystine Brouillet remporta le Prix Robert-Cliche pour

Chère voisine (1982). Et même s’il faut saluer l’immense travail de

l’équipe de Jean Pettigrew (éditions Alire, revue Alibis) pour faire

éclore ce prétendu « genre mineur », reste que Maud Graham est

chez nous la doyenne des enquêteurs de papier.

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des Livres à La promenade… au Livre de promenades

Depuis quelques années, j’anime La Promenade des écrivains,

organisme dédié à la promotion du patrimoine littéraire de Québec

par des visites guidées dans la capitale. Rues, ruelles, parcs,

monuments, escaliers, impasses, enseignes : dès qu’un lieu se

trouve décrit par un écrivain d’ici ou d’ailleurs, d’hier ou d’au-

jourd’hui, nous nous arrêtons devant celui-ci pour lire le texte qui

représente cette fascinante cité imaginaire. Parmi les dix parcours

littéraires de notre programmation, l’un des premiers fut consacré

à l’univers romanesque de Chrystine Brouillet.

Cette promenade explore les venelles meurtrières et gourmandes

de Biscuit, des Plaines au fleuve, des quais aux faubourgs, là où les

cimetières côtoient les épiceries fines, et les terrasses de restau-

rants, les scènes de crime. Mais Brouillet a le meurtre prolifique —

c’est un euphémisme de le souligner —, ne cessant d’étendre pour

son enquêtrice le territoire des tartares et des assassinats : Haute

et Basse-Ville, centre et banlieue, capitale, métropole, campagnes

profondes…

Très vite, les lecteurs qui nous avaient réclamé le premier parcours

ne tardèrent pas à en demander davantage — allant jusqu’à nous

questionner sur « la date de parution du livre de promenades »,

comme si celui-ci ne pouvait qu’advenir. Pas trop le choix d’obtem-

pérer quand on a le fusil sur la tempe…

Les voici donc, ces huit promenades qui permettront une plongée

dans l’univers de la détective la plus célèbre du Québec. La plus

gourmande aussi !

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GRAHAM ET SA VILLE

De Maigret à Adamsberg, en passant par Erlendur ou Wallander,

ils sont nombreux, les inspecteurs de police, à préférer « rentrer

à pied » pour s’aérer l’esprit. Maud Graham ne fait pas exception.

Et quand vient le temps de courir les magasins de Québec, elle

dédaigne les centres commerciaux au profit des boutiques, « fai[t]

ses courses rue Cartier, [va] fréquemment à l’Épicerie Européenne

dans Saint-Jean-Baptiste, s’arrêt[e] dans la côte de la Fabrique

chez Simons », ce qui lui permet un contact plus direct avec sa ville.

Car même si nous la retrouverons quelquefois à Montréal, ville

d’adoption de son amoureux Alain Gagnon, Québec demeure son

port d’attache, lieu de travail et d’amitiés de longue date, et elle s’y

ancre solidement. Comme elle ne fait jamais rien à moitié, elle s’est

donné la mission de « garder le fort, sa ville », telle une Jeanne

d’Arc moderne.

Bref, elle voudrait couver Québec tout entière — mais, polar

oblige, elle doit souvent faire face à l’échec, bouleversée par des

scènes de crime. Ne lui reste plus que la culpabilité de n’avoir pas

pu prévenir, l’amertume de participer à un système de justice trop

laxiste, la ténacité de mettre aux fers la racaille de son territoire.

Quand elle parcourait les rues de Québec, elle avait l’impression de saisir toute la beauté et toutes les failles de sa ville, d’en connaître l’intime essence, d’entendre son cœur battre, d’être celle qui était désignée pour la protéger. L’impression était toujours fugitive ; elle repen-sait aux affaires non résolues et se moquait d’elle-même. Non, elle n’était pas si douée pour empêcher qu’on vole, qu’on fraude, qu’on viole, qu’on tue dans sa ville.

SANS PARDON

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UNE VILLE EN MUTATION

L’un des clichés sur Québec ayant particulièrement la couenne dure

est celui de la vieille capitale à l’urbanisme immuable. Il suffit de lire

la série Maud Graham selon l’ordre de publication des romans pour

constater que rien n’est plus faux. En 1988, comme en témoigne

Préférez-vous les icebergs ?, le Vieux-Québec est encore un quartier

abordable, et plusieurs comédiens abritent leur vie de bohême dans

des logements qui se vendent aujourd’hui à des prix astronomiques

aux Américains. Et un lecteur du second millénaire ne peut que

soupirer de soulagement à la pensée que les entraves des grandes

artères — héritage d’un maire à la bétonneuse lyrique — ont été effa-

cées, même si, dans le roman, elles désespèrent toujours Graham :

Au moment d’écrire un roman, Chrystine Brouillet s’amuse à re-

présenter les lieux qu’elle prend soin de visiter en cours de rédac-

tion, et ses voisins de table la verront souvent, une fourchette à la

Au moment d’écrire un roman, Chrystine Brouillet s’amuse à re

Graham […] marcha bravement jusqu’au boulevard Dufferin, véritable couloir de froid ; nulle part ailleurs dans la ville il ne ventait autant, sauf sur le campus uni-versitaire, et il était impossible de traverser le boulevard rapidement, un système de feux aberrant permettait à peine aux piétons de franchir le quart du boulevard. Les handicapés et les personnes âgées ne devaient jamais l’emprunter. De l’autre côté, Graham s’arrêta pour contempler la ville : les édifices les plus hauts par-: les édifices les plus hauts par-: les édifices les plus hauts parvenaient à se frayer une place entre les multiples boule-vards échangeurs qui s’empilaient comme s’ils voulaient mener au ciel plutôt qu’à Chicoutimi ou Montréal. Les routes de béton défigureraient-elles la ville ?

PRÉFÉREZ-VOUS LES ICEBERGS ?

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bouche, noter dans un carnet le plat qui la ravit, la pointe d’épice

qu’elle croit avoir décelée, l’ambiance qui réconfortera sa détec-

tive des horreurs de son métier.

Lire une enquête de Graham en tenant compte de l’année de la

parution du roman offre ainsi un voyage dans le temps, au gré

des enseignes qui disparaissent (Laurentien, Chantauteuil, Ballon

Rouge à Québec, Area et Il Sole à Montréal), apparaissent (Chez

L’Autre, Espace MC Chef, Portus Calle), disparaissent, comme au-

tant de battements de cœur de villes à la vitalité indéniable.

MARCHER FAIT GROSSIR

Chez Brouillet, les scènes de crime côtoient les adresses gour-

mandes — au grand dam de Maud Graham, dont les sorties en ville

menacent le tour de taille.

N’en déplaise à Biscuit, combattre l’invasion des calories est une

cause perdue : l’ami Grégoire peaufine son personnage d’anti-

adolescent au point de lui remplir son frigo plutôt que de le lui

vider, Alain copie les recettes des restaurants pour les réinventer

à sa sauce, tandis que Rouaix, son coéquipier, dégaine la pince à

Elle suivait un régime depuis un mois. C’était une raison supplémentaire pour ne voir Alain que les fins de semaine. Comment pouvait-elle respecter son régime avec un amoureux qui l’invitait dans ses restaurants favoris ? Elle n’avait évidemment pas révélé au légiste qu’elle voulait maigrir. Il affirmait qu’il l’aimait avec ses rondeurs, pour ses rondeurs. Mais elle en doutait.

LES FIANCÉES DE L’ENFER

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barbecue plus vite que son ombre. Quant à Léa, l’amie de toujours,

elle lui rend rarement visite sans son « fameux quatre-quarts ».

Bref, comme le lui dira Grégoire, autant renoncer à la vertu et sau-

ter à pieds joints dans les bacchanales.

Une grande partie de ce livre est donc consacrée à la cuisine.

Chrystine elle-même s’attelle aux fourneaux, tantôt avec le tablier

des chefs de certains restaurants, tantôt avec celui de Grégoire,

Alain ou Léa, pour offrir les recettes que l’on retrouve dans ses

romans. Même des tueurs mettent la main à la pâte, n’est-ce pas

merveilleux ?

Nous espérons que les promenades de Maud Graham, en réunis-

sant les lieux réels et imaginaires pour le plaisir des sens et de

l’esprit, sauront vous donner envie de marcher dans ces villes

appétissantes, et de déguster les textes de vos errances. Après tout,

comme le disait l’imposant Dumas, ventru à tous égards, nul besoin

de choisir, « la vie entière est l’heureux domaine de la gourmandise ».

Nous vous souhaitons une agréable lecture, de belles promenades,

un bon appétit.

— Tu ne seras jamais sage, Biscuit, fais-toi à l’idée. Alain est sage, pas toi.

SANS PARDON

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L’écriture pérégrine : les pays de Chrystine

ée à Québec, Chrystine y a ressenti l’appel

de l’écriture, qui allait l’emporter très loin,

jusqu’à Paris. Treize ans durant, la ville de

Colette, de Hugo et de Zola lui apprendra

plusieurs facettes du métier : celles des débuts, petits bou-

lots mal payés, celles des rencontres déterminantes, celles

des choix. Naissent les premiers romans de la série Maud

Graham, plusieurs livres pour la jeunesse, ainsi que la

fameuse trilogie historique, Marie Laflamme (1990-1994).

C’est donc une écrivaine confirmée qui rentre s’installer à

Montréal en 1998, sans que sa célèbre détective quitte sa

capitale natale. Du Quartier Latin au Plateau-Mont-Royal,

en passant par les quais de la Seine, elle a consenti à nous

raconter son parcours d’écriture — excellent prétexte au

verre de Sauvignon.

N

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Chrystine, quand as-tu commencé à écrire ?À douze ans. J’étudiais au Collège Notre-Dame-de-Bellevue. Je lisais sans arrêt. J’étais amoureuse de mon professeur de français, M. Houde. À ce moment-là, j’ai dit : « Je vais être écrivain. » La décision s’est prise tôt, dans une inconscience totale et absolue. Je pense d’ailleurs que ça en prend un peu pour sou-haiter être écrivain : c’est tellement abstrait.

Tu habitais en banlieue, à Loretteville.Oui, j’ai beaucoup pris l’autobus dans ma vie ! (Rires) Je me souviens des premières fois où j’allais seule dans « la grande ville de Québec ». Je trouvais qu’il y avait un vent de liberté, c’était très excitant.

Après le secondaire, je me suis retrouvée dans le Quartier Latin. Je travaillais comme serveuse au café Chez Temporel et j’étudiais au cégep, au Petit Séminaire de Québec.

Ah, le Petit Séminaire ! Quels souvenirs t’a-t-il laissés ?La beauté des lieux. Les grands escaliers en bois verni, l’odeur, l’épaisseur des murs… C’est un privi-lège d’avoir étudié dans un lieu aussi magnifique, de traverser la cour… C’était formidable, très roma-nesque. Et c’était très agréable d’être jeune dans l’Histoire : on ressentait le poids des années, on était en révolte contre les « vieilleries », mais en même temps on les aimait.

On étudiait dans un très beau quartier. Quand on est au Séminaire, on va se promener sur les Remparts, c’est magnifique… (Ce qui était moins marrant, c’était d’aller faire le cours d’éducation physique dans le petit Parc Montmorency. On était en short et on se trouvait ridicule… J’ai de très mauvais souve-nirs de ça ! Orgueil mal placé, mais je m’en souviens quand même très bien !) J’ai adoré cet endroit et mes professeurs.

D’ailleurs, dans tes romans, Léa Boyer, la meilleure amie de Maud, enseigne le français au Petit Séminaire.Ce n’est pas une cachette : Léa, c’est mon amie Es-ther Boyer. On s’est connues à treize ans à Notre-Dame-de-Bellevue, et on est encore très proches.

Dans Les fiancées de l’enfer, Léa est très présente pour ses élèves…Il y a des profs qui aiment vraiment leur métier, ils ne peuvent pas être indifférents à leurs élèves. Es-ther est comme ça. Elle s’intéresse sincèrement à ce que vivent les jeunes. Elle a beaucoup d’humour. Très novatrice, elle fait des activités parascolaires, du théâtre, elle part en voyage avec eux… Il n’y a pas une année au Salon du livre où un de ses élèves ne vient pas me voir pour me parler d’elle.

Dans le roman, cette implication de Léa la pousse à se mêler de l’enquête, ce qui inquiétera beaucoup Maud.C’est la dernière fois que je m’inspire de quelqu’un que j’aime pour un personnage. Je ne peux rien faire avec lui, j’ai trop peur qu’il lui arrive quelque chose. Dans Les fiancées de l’enfer, j’ai été terriblement mal à l’aise, même si c’était de la pure superstition. Je suis contente d’avoir créé Léa, heureuse qu’elle soit l’amie de Maud. Comme Léa n’a pas connu de si-tuation trop dramatique dans sa vie, elle est là pour rassurer Maud. Plus jamais je ne ferai cela.

À la fin de tes études collégiales, Maud Graham n’est pas encore un fantasme. Tu ignores même que tu écriras du roman policier.J’ai vraiment commencé à écrire pendant mes études en littérature française à l’Université Laval. J’ai présenté un projet d’étudiant au professeur Denis Saint-Jacques : c’était l’écriture d’un roman policier, Chère voisine. Il m’a suggéré de le proposer au prix Robert-Cliche et tout s’est enchaîné…

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À l’époque où tu remportes ce prix pour Chère Voisine (1982), personne n’écrit de roman policier au Québec. Pourquoi avoir choisi ce genre littéraire ?À vingt-deux, vingt-trois ans, on est toujours tenté de raconter nos histoires amoureuses, qui sont sans au-cun intérêt ! Pour fuir la tentation autobiographique, j’ai décidé de faire du roman policier, n’ayant jamais tué personne. (Rires) En fait, l’autobiographie nous rattrape toujours. Dans Chère voisine, Louise est serveuse et j’étais serveuse au Temporel. Elle adore les chats, j’adore les chats. Elle est quelqu’un d’assez intolérant et je pense partager cette impatience…

Et Louise habite le Quartier Latin, comme toi au moment de sa création.Mes premiers romans se passaient à Québec parce que c’était ma ville, c’était ce que je connaissais. Quand j’ai quitté Québec pour vivre à Paris, j’ai tout de même placé l’intrigue à Québec. Je n’aurais pu parler de Paris qu’en touriste. J’ai fini par parler de Paris, mais beaucoup plus tard.

Ce Quartier Latin a beaucoup changé depuis les années quatre-vingt. Parle-nous de l’âge d’or que tu as connu.Oui, j’ai eu la chance de louer des appartements en ruine, très mal chauffés ! (Rires) J’habitais rue Sainte-Monique, près de la rue des Remparts. Avant cela, j’ai aussi habité rue Garneau, un appartement assez minable. Je suis entrée par hasard comme serveuse au Temporel. J’ai cherché un logement près de mon lieu de travail. J’avais les horaires du matin, même si je me couchais très tard…

C’était le temps où le Vieux-Québec avait une vie de quartier, où abondaient encore les commerces de proximité.L’ambiance que j’ai connue était moins touristique. Il y avait moins de magasins huppés. Mais on avait de belles boutiques. Holt Renfrew, c’était le magasin

chic. Simons, mes personnages continuent d’y aller. Et Graham aime autant que moi la fontaine [de Tourny] que M. Simons a offerte à la ville.

Et les cafés ?Ils étaient moins sophistiqués. Quand Chez Tempo-rel a ouvert, c’était à la bonne franquette. Avec le temps, ça s’est raffiné. Même chose pour tous les cafés de Québec. J’ai vu l’ouverture du Café Krieghoff, du Hobbit, du Petit Coin Latin, du Cochon Dingue…

N’empêche, c’était un autre univers. Peut-être qu’on était moins bousculés, qu’on prenait plus le temps de refaire le monde. Et j’ai eu la chance de vivre une vie de quartier. Tout le monde se connaissait. Les gens qui travaillaient dans les bars, je leur servais le café au Temporel, le matin. J’allais ensuite dans les restos… Il y avait une espèce de circuit, on se pro-menait d’une place à l’autre. On traînait au Chantau-teuil, puis à l’Après Onze. On allait manger un croû-ton à un endroit ou un autre…

J’ai vraiment profité du temps où je vivais dans le Quartier Latin. Ce furent de très belles années. J’ai eu des histoires d’amour catastrophiques (rires), mais c’était tout de même très charmant.

À la fin de leurs études, les jeunes font souvent le saut vers « la grande ville ». Plutôt que de t’installer à Mont- réal, tu t’envoles vers Paris, où tu vivras treize ans. Ce n’est pas banal.J’y suis allée parce que j’étais alors la seule à écrire du roman policier au Québec, et que j’avais envie de rencontrer des gens qui faisaient la même chose que moi. Ça a été extrêmement agréable, difficile et formateur. Je vivais de ma plume, mais très mal. Je raconte souvent que, aujourd’hui, j’aime encore les pâtes, mais c’est parce que j’ajoute de la sauce – et c’est vraiment meilleur ! Du sel et du poivre, ça fait un temps (rires). C’était mon choix : je voulais être à Paris, je ne gagnais pas beaucoup d’argent.

J’ai toujours vécu d’un travail d’écriture : j’ai fait des reportages pour un supermarché, un roman

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érotique sous pseudonyme. C’était quand même de l’écriture pour moi. Tout ce qu’on écrit nous est utile. C’est très instructif d’aborder des genres lit-téraires différents, même quand ils découlent d’une commande de l’éditeur. Mes années parisiennes et les rencontres que j’y ai faites ont beaucoup compté.

Ton décor parisien avait des airs de famille avec ta ville natale.C’est vrai. Paris, pour moi, est une ville extrêmement romantique. J’y trouvais des repères historiques ou ornementaux : une statue, un mur, une affiche… Dans des villes cartésiennes comme Montréal ou New York, je ne peux jamais savoir où je suis. Ça fait des années que je vis à Montréal et je me sens encore larguée. Une ville comme Paris ou Québec, ça monte, ça descend… Je m’y retrouve très facilement.

Quitter Paris après treize ans a dû être tout un arrachement…J’en ai pris mon parti : je serai une perpétuelle insatisfaite. Quand je suis au Québec, je m’ennuie de la France, et vice versa. Lorsque j’étais à Paris, je n’avais pas le confort que je connais à Montréal. J’avais le choix entre acheter un deux pièces là-bas ou une maison avec un jardin ici. Et puis mes parents vieillissaient. Cela s’est fait dans cet esprit-là. Mais je retourne à Paris régulièrement et il n’est pas dit que je n’y revivrai pas un jour.

Étonnamment, tes romans aussi rentrent au pays. Après avoir publié Préférez-vous les icebergs ? (1988) et la trilogie Marie Laflamme chez Denoël, tu choisis de publier Le Collectionneur (1995) aux éditions de la courte échelle. Je ne pouvais pas continuer à publier Graham en France, parce que Denoël avait abandonné sa col-lection « Sueurs froides ». À ce moment-là, Bertrand Gauthier, l’éditeur de la courte échelle, a montré de l’intérêt. C’était une question de circonstances.

Et pourquoi revenir à Graham après ce hiatus de sept ans ?Parce que j’aime le roman policier. J’aimais ce per-sonnage. Quand j’ai créé Graham, il y avait une chose que j’espérais réussir : inventer un personnage qui nous ressemble. J’en avais assez des rousses pul-peuses et des blondes évaporées, clichés qu’on retrouvait beaucoup dans les romans policiers de l’époque. Ça m’énervait. Je me suis dit : « Maud Graham est une femme ordinaire qui exerce un métier hors de l’ordinaire. » C’est un personnage qui a plu rapidement, j’ai été très chanceuse.

Je voulais que Maud continue d’exister, je m’entends bien avec elle. Les gens pensent que Maud, c’est moi : pas du tout. Ce n’est pas mon alter ego. On n’a pas le même caractère. On partage le même point de vue sur ce qui se passe dans la société, mais je ne suis pas elle, elle n’est pas moi. Je suis plus intransigeante qu’elle. Elle ne tuera pas ses voisins bruyants. Moi… je pourrais. (Rires)

Maintenant que tu habites à Montréal, n’es-tu jamais tentée de faire déména-ger Maud à l’autre bout de l’autoroute 20 ?Oui… Mais il faudrait que je déménage Rouaix, Gré-goire, Maxime, Michel Joubert, Léa… Ils vivent tous à Québec. Il n’y a qu’Alain qui soit à Montréal, et il ne peut pas travailler ailleurs, puisque le Laboratoire de sciences judiciaires est installé là. Il n’est pas exclu que je déplace provisoirement Maud à Montréal : dans les faits, des enquêteurs peuvent être « prêtés ».

Plusieurs Maud Graham ont été écrits pendant que j’habitais à Paris. Je ne pouvais pas parler de Mont- réal à ce moment-là parce que je ne connaissais pas assez la ville. J’ai mis des années avant de par-ler de Paris, et c’est la même chose pour Montréal. J’ai besoin de temps. Je n’ai jamais parlé d’une ville comme une touriste. Pour que ce soit crédible, on doit connaître la géographie des rues, voir où les personnages vont évoluer. Je n’aurais pas été à l’aise d’installer Maud à Montréal. Maintenant, ce serait possible.

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Quel rapport l’art de la table entretient-il avec les intrigues de tes romans ? Il n’y a pas de lien direct entre mes intrigues et les scènes gourmandes dans mes romans, car la nour-riture n’a jamais vraiment servi de thème. Mais les scènes qui se déroulent autour d’une table servent souvent, pour mes personnages, à faire le point sur une enquête ou à se rassurer. Et à « recharger leurs batteries » dans ces moments d’amitié et de partage. Graham, Rouaix, Joubert, Provencher se réconfortent mutuellement et souvent, parce qu’ils sont plus détendus, ils arrivent à considérer l’en-quête sous un autre angle.

Tes scènes de table demandent-elles beaucoup de recherche et de préparation ?La recherche et la préparation des scènes gour-mandes se font surtout en fonction des saisons, de ce que l’on mange alors dans la vie quotidienne, ou encore selon l’événement. Soit je fouille dans mon recueil personnel de recettes, soit je m’inspire des quelque cinq cents livres de cuisine qu’il y a chez moi... Ça me prend beaucoup de temps... trop... je me laisse facilement aller à « l’écriture buissonnière » et, sous prétexte de chercher une recette intéressante, je potasse, je feuillette, je trie ou j’essaie même un plat plutôt que de rester devant l’écran de mon ordi-nateur.

Quels écrivains t’ont marquée par leurs pages gastronomiques ?L’auteure qui intègre le mieux, selon moi, les scènes gourmandes, est Donna Leon qui, en créant le per-sonnage du commissaire Brunetti, nous balade dans Venise d’un bistrot à un café, du marché du Rialto aux glaces qu’on achète dans le Dorsoduro. On suit Brunetti partout avec plaisir, on savoure les crevettes grillées ou un tiramisu au même titre que l’intrigue. Jean-Claude Izo a pour sa part créé un personnage qui me déprime et je me fous un peu des enquêtes qu’il mène, mais ce qu’il mange et boit m’intéresse : impossible de ne pas ouvrir une bou-teille de rosé en lisant ces romans qui se déroulent à Marseille. Une odeur de pistou flotte dans l’air...

Et enfin, Michèle Barrière, avec les aventures de la famille Savoizy, nous plonge directement dans des intrigues où la gastronomie a un rôle très important à jouer. Et quelle bonne idée de nous donner toutes les recettes à la fin de chaque ouvrage !

À l’origine, Maud s’alimente mal et elle est très mauvaise cuisinière. Gré-goire et Alain changeront ses habitudes.Maud mange mieux depuis l’arrivée d’Alain, Grégoire et Maxime dans sa vie. Elle a découvert le plaisir de partager un bon repas alors qu’auparavant elle se nourrissait distraitement. C’est devenu sa manière de réunir ceux qu’elle aime auprès d’elle. C’est aussi le truc qu’elle a trouvé pour aider Grégoire, pour le valoriser à ses propres yeux, afin qu’il se tourne vers un univers plus sain que celui dans lequel il a long-temps évolué. Et pour Grégoire, c’est une façon de ne pas bannir tout son passé : il tient de son père ses talents culinaires.

Il faut tout de même reconnaître que le caractère de Maud Graham s’est beaucoup adouci avec les années. À ses débuts, ses collègues la trouvaient insupportable.Maud a toujours été impatiente. Mais elle sait tout de même prendre son temps pour mener une enquête ou interroger un témoin. Et elle est très tolérante pour ses proches.

On a l’impression qu’elle est contente que tu lui écrives des enquêtes, tant elle s’ennuyait avant.Oui, pauvre Maud ! Comme elle s’ennuyait avant de faire ce métier ! Maud a eu une adolescence ordi-naire, incolore et fade, et ensuite une relation amou-reuse décevante. Elle pouvait bien être de mauvaise humeur ! Mais, de roman en roman, elle s’adoucit, goûte davantage les bons moments. Hormis le fait qu’elle vieillisse et qu’elle déteste ça, ça va plutôt bien dans sa vie.

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Elle voyait le territoire où elle enquêtait comme un immense damier où chacun devait faire sa part pour protéger son lot, l’embellir, en faire un lieu de vie agréable. Malgré les autoroutes en béton, les lampadaires, les centres commerciaux, elle décri-vait sa ville telle une courtepointe où chaque quar-vait sa ville telle une courtepointe où chaque quar-vait sa ville telle une courtepointe où chaque quartier avait sa personnalité, ses joies, ses peines et ses secrets. Le mal, bien sûr, tirait souvent sa force de ces secrets, mais si les habitants les dénonçaient, on avançait un peu vers la lumière.

SANS PARDON

Il lui arrivait souvent de rejoindre Grégoire et d’arpenter la terrasse Dufferin en sa compagnie, de monter jusqu’aux Plaines et de les traverser en bavardant avant de continuer jusqu’à la rue Cartier pour boire un verre au Jules et Jim.

SOINS INTENSIFS

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En marche!Les Promenades

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Boulevard Champlain

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Fleuve Saint-LaurentBoulevard Laurier

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Promenade 1 27 MÉFIEZ-VOUS DES PLAINES De l’avenue Wilfrid-Laurier à la terrasse Dufferin

Promenade 2 71 LE TRAVERSIER DE MAUD ET GRÉGOIRE

La traverse Québec-Lévis

Promenade 3 87 MEURTRES À VÉLO

La promenade Samuel-De Champlain

Promenade 4 127 LES FLÂNERIES D’UN LÉGISTE HÉDONISTE (MONTRÉAL)

Le Plateau-Mont-Royal

Promenade 5 155 DÉSIRS D’EXOTISME

Le Vieux-Port de Québec

Promenade 6 199 LA NOSTALGIE DES VIEUX MURS

Le Quartier Latin

Promenade 7 229 FILATURES

Le faubourg Saint-Jean-Baptiste

Promenade 8 267 BRUNCH DANS LE QUARTIER FLAMBANT

Le faubourg Saint-Roch

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la neige agrandissait le parc des Champs- de-Bataille, qui s’étendait, s’étirait, franchissait les grilles noires qui le ceinturaient. Au loin, le musée semblait blotti sur lui-même, endormi pour l’après-midi. Il sortirait de sa torpeur quand les lumières de Noël s’allumeraient.

soINs INteNsIFs

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De l’avenue Wilfrid-Laurier à la terrasse Dufferin

méfiez-vous des Plaines

1Promenade

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Rue D’Auteuil

Avenue Honoré-M

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Rue Sainte-Anne

Rue de Buade

Parc des Gouverneurs

3

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Fleuve Saint-Laurent

Coin des rues Wilfrid-Laurier et TachéTour Martello 2Le ConcordeL’hôtel du Parlement Galerie d’art inuit Parc des GouverneursLe funiculaireBibliothèque de l’Assemblée NationaleL’ancien palais de justiceTerrasse DufferinChâteau Frontenac

45

123

67ABCD

De l’avenue Wilfrid-Laurier a la terrasse Dufferin

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Notre premier circuit nous entraîne sur la crête du Cap

Diamant, à la rencontre du personnage de Maud Graham,

qui arpente le cœur touristique de Québec, des Plaines

d’Abraham à la terrasse Dufferin.

La colline parlementaire est le théâtre d’un curieux chassé-

croisé, où les sobres costumes des fonctionnaires se

mêlent aux chapeaux Tilley des visiteurs de toutes ori-

gines. Les bars-terrasses de la Grande Allée font place, à

l’intérieur des fortifications, aux trattorias de la rue Saint-

Louis, jusqu’à l’incontournable château Frontenac, l’hôtel

le plus photographié au monde. Quartier sécuritaire s’il en

est un — sauf chez Chrystine Brouillet, où le sang coule

en abondance. Car si les Plaines offrent de jour leurs cent

hectares de verdure à la flânerie des calèches, des familles

et des amoureux, la romancière en fait un coupe-gorge

nocturne où violeurs, pédophiles et assassins guettent

leurs victimes, au grand dam de sa détective.

Charmée par le panorama grandiose du fleuve, transie

par le vent, Graham voit ses humeurs changer au gré des

scènes romantiques ou criminelles qu’elle croise dans

cette ville qu’elle s’est donné pour mission de protéger.

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etape COIN DES RUES WILFRID-LAURIER ET TACHÉ

Élodie Cartier a-t-elle été tuée par un inconnu ou par

quelqu’un de son entourage ? La comédienne, qui interpré-

tait l’un des rôles-titres de la pièce Damnée Manon, sacrée

Sandra (Michel Tremblay), était pressentie pour jouer dans

Nouvelle-France, une superproduction cinématographique

— ce qui n’était pas sans susciter la jalousie chez certaines

actrices. Mais l’étranglement n’est pas le type de meurtre

privilégié par les femmes… Maud Graham enquête sur cet

assassinat qui, malheureusement, n’est que le premier du

roman. Cela ne lui adoucira certainement pas le caractère.

Car tenons-le-nous pour dit : l’inspectrice a une humeur de

phacochère. Est-ce son sang irlandais ? Sa rupture amou-

reuse ? Le fait d’être la seule femme inspectrice dans la

centrale de police du parc Victoria ? Allez savoir. Solitaire,

ombrageuse, Maud Graham est « le pire air bête du Québec »

(LE COLLECTIONNEUR).

Nous retrouvons ainsi notre rousse préférée sur la scène

de crime, au coin des avenues Wilfrid-Laurier et Taché, tout

près de la sinistre tour Martello (VOIR PAGE 38). Rouaix et elle

y rejoignent Alain Gagnon, le jeune et beau médecin légiste,

qui leur livre ses observations initiales : Élodie Cartier a lutté

avant d’être assommée, on l’a étranglée avec un bas de soie,

on lui a coupé les cheveux pour lui en emplir la bouche, avant

de lui maculer la figure de boue.

« C’est horrible, nous a confié Pierre Trudel, mourir

étranglée. » On sait que l’actrice Élodie Cartier, vingt-

neuf ans, a été assaillie sur les Plaines d’Abraham, hier

soir, alors qu’elle se rendait à son domicile, rue Laurier.

Ce n’est pas la première fois que le parc des Champs-

de-Bataille est le théâtre d’événements dramatiques. La

proximité de la Grande Allée, très animée, n’a pas, hélas,

inquiété le meurtrier. La colonie artistique est en deuil.

PRÉFÉREZ-VOUS LES ICEBERGS ?

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Parfum d’encre 160, rue Saint-Viateur Est, bureau 404 Montréal (Québec) H2T 1A8

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Auteures : Marie-Ève Sévigny et Chrystine Brouillet Photographe : Renaud Philippe

© 2014 Parfum d’encre (Québec)

Photos d’archives : pages 38, 45, 48, 54, 62, 64, 68, 104, 107, 111, 120, 167, 204, 206, 207, 222, 240, 242, 295 et 297

© Les Archives du Photographe, Collection Jocelyn Paquet Photos de Rome, Istanbul, Persée de Cellini, ulu, pastel de nata et illustrations : © Shutterstock.com Photos de Paris : © Michel Leclerc Photo d’Anna Magnani : © Neftali / Shutterstock.com Photo de L’Échaudé : © L’Échaudé

Parfum d’encre reconnaît l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada pour ses activités d’édition. Parfum d’encre reçoit l’appui du gouvernement du Québec par l’intermédiaire de la SODEC.

Parfum d’encre bénéficie également du Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres — Gestion SODEC du gouvernement du Québec.

Données de catalogage disponibles sur le site de Bibliothèque et Archives nationales du Québec

Brouillet, Chrystine Sur la piste de Maud Graham : promenades et gourmandises ISBN 978-2-924251-05-8 (version imprimée) ISBN 978-2-924251-07-2 (PDF) ISBN 978-2-924251-06-5 (ePub)

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