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Structures interlocutoires A. Trognon GRC/Université de Nancy 2 L'objet du présent travail est d'expliciter un cadre théorique susceptible de permettre l'étude de ces objets macroscopiques que sont les séquences interlocutoires. Définie informellement, une séquence interlocutoire ou "conversation" désigne une suite d'énoncés émise par des locuteurs diffé- rents ; suite synonyme de "parole échangée, (ou) de rencontre où l'on parle" (Goffman 1987. 2 7 ; Kerbrat-Orecchioni 1990, 113 et ss ; Holdcroft 1992 ; pour ne citer que quelques auteurs). Dans sa définition même, une séquence interlocutoire est un composé d'énoncés : il en va de celle-ci vis-à-vis de ceux-là comme d'une molécule vis-à-vis des atomes qui la forment Quelles sont les relations qui organisent ce composé pour qu'il constitue une séquence interlocutoire, gouvernées par quels prin- cipes ? Telle est la question que le cadre proposé est chargé d'aider à ré- soudre. Elle entretient un rapport assez étroit avec le problème qu'abor- dent Reboul et Moeschler ici même puisque la problématique que je sug- gérerai revient à analyser la séquence interlocutoire comme un fait émer- gent 1 selon Searle (1995) et qu'eux-mêmes développent des arguments (à mon avis fort convaincants) en faveur de la thèse que le discours est un fait de ce type. Cependant, je me situerai en deçà de ces considérations. Ma problématique est épistémoiogiquement neutre, elle n'entraîne de ma part aucun engagement en faveur ou à rencontre de la thèse précédente. Après avoir circonscrit les contraintes que doit satisfaire n'importe quel cadre théorique susceptible de décrire des séquences interlocutoires, je présenterai la trame de celui que je propose puis je l'utiliserai comme ressource afin d'en décrire une.

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Structures interlocutoires

A. Trognon GRC/Université de Nancy 2

L'objet du présent travail est d'expliciter un cadre théorique susceptible de permettre l'étude de ces objets macroscopiques que sont les séquences interlocutoires.

Définie informellement, une séquence interlocutoire ou "conversation" désigne une suite d'énoncés émise par des locuteurs diffé­rents ; suite synonyme de "parole échangée, (ou) de rencontre où l'on parle" (Goffman 1987. 27 ; Kerbrat-Orecchioni 1990, 113 et ss ; Holdcroft 1992 ; pour ne citer que quelques auteurs). Dans sa définition même, une séquence interlocutoire est un composé d'énoncés : il en va de celle-ci vis-à-vis de ceux-là comme d'une molécule vis-à-vis des atomes qui la forment Quelles sont les relations qui organisent ce composé pour qu'il constitue une séquence interlocutoire, gouvernées par quels prin­cipes ? Telle est la question que le cadre proposé est chargé d'aider à ré­soudre. Elle entretient un rapport assez étroit avec le problème qu'abor­dent Reboul et Moeschler ici même puisque la problématique que je sug­gérerai revient à analyser la séquence interlocutoire comme un fait émer­gent 1 selon Searle (1995) et qu'eux-mêmes développent des arguments (à mon avis fort convaincants) en faveur de la thèse que le discours est un fait de ce type. Cependant, je me situerai en deçà de ces considérations. Ma problématique est épistémoiogiquement neutre, elle n'entraîne de ma part aucun engagement en faveur ou à rencontre de la thèse précédente.

Après avoir circonscrit les contraintes que doit satisfaire n'importe quel cadre théorique susceptible de décrire des séquences interlocutoires, je présenterai la trame de celui que je propose puis je l'utiliserai comme ressource afin d'en décrire une.

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1. Les contraintes auxquelles doit satisfaire un cadre d'analyse des séquences interlocutoires

Un tel cadre doit selon nous satisfaire deux types de contraintes.

1.1. Contraintes de type théorique Des programmes théoriques existent depuis plus de vingt ans, avec des résultats importants (Kerbrat-Orecchioni 1990. 1992). L'Analyse Conversationnelle (Levinson 1983 : Héritage 1990), la théorie des structures hiérarchiques et fonctionnelles (Roulet et al. 1985 ; Moeschler 1989), la théorie de Labov et Fanshel (1977) sont, sinon les plus importants, du moins ceux qui ont eu le plus d'impact en analyse des conversations. Bien que ces programmes divergent tant théoriquement qu'épistémologiquement, bien qu'ils soient le plus souvent des programmes partiels, leurs divergences sont peut-être plus apparentes que réelles car leurs résultats se recoupent largement. Cela ne signifie d'ailleurs pas qu'ils soient identiques et transposables directement d'un programme dans un autre. Je dirai plutôt que c'est la prise en considération de leur(s) dénominateur(s) commun(s) et de leurs différences qui témoignent de la surdétermination de l'objet dont ils livrent les propriétés. Nonobstant, s'il est approprié, un cadre d'analyse devrait permettre de retrouver les résultats les plus essentiels obtenus dans les programmes précédents, ou du moins aboutir à des modèles qui leur soient compatibles.

1.2. Contraintes de type empirique

Etudier ces objets macroscopiques que sont les séquences interlocutoires, c'est en restituer les propriétés. Ces propriétés peuvent être situées sur trois plans.

Le premier est le plan des effets conversationnels. C'est évidemment sur ce plan qu'émergent l'identité psycho-sociale (Kerbrat-Orecchioni 1992 ; Ghiglione et Trognon 1993. 238-240 ; Burger 1994 ; Trognon et Larme 1994, 119-121). les relations de rôles étudiées en ethnométhodologie et plus généralement les rapports sociaux (Kerbrat-Orecchioni 1992 ; Trognon 1994). les actions faites ensemble (Trognon et Grusenmeyer 1995), enfin ce que l'on nomme en psychologie cognitive

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et en intelligence artificielle, la cognition distribuée. C'est également sur ce plan qu'il faut situer l'intercompréhension conversationnelle (Trognon et Brassac 1992: Trognon et Ghiglione 1993; Brassac et Trognon 1995). Ainsi, les "pensées" et les actions qui émergent dans toute conversation appartiennent à ce plan, qu'il s'agisse de "pensées" (ou d'actions) individuelles (Trognon 1993), conjointes ou encore communes (Trognon et Grusenmeyer 1995). Le plan des effets conversationnels est par conséquent le principal domaine de référence du programme interactionniste en psychologie (Trognon 1991 ; Trognon 1992 ; Perret-Clermont, Schubauer-Leoni et Trognon 1992).

Le second plan est celui des types conversationnels, types que Vanderveken définit ainsi (1992, 53): "la plupart des discours entre locuteurs sont plus structurés (qu'une conversation informelle ; A. T.) et ont un but conversationnel antécédent qui est propre à leur type. Il est plutôt rare que l'on parle et converse juste pour parler et converser. En général, une certaine intentionnalité collective est fixée d'avance. Et les locuteurs veulent tenir une conversation leur permettant de parvenir après un certain temps à un certain but discursif commun". Certes, la question reste ouverte de savoir si ces buts sont des propriétés intrinsèques des conversations. Searle (1992) et Goffman (1987), quoique de façon plus nuancée, ne le pensent pas. au contraire de Dascal (1992) ou de Holdcroft (1992) par exemple. Mais à mon point de vue, la question précédente est une question empirique qu'il n'y a pas lieu de vouloir trancher a priori : personne ne nierait qu'existe un ensemble important de conversations qui, tels les débats (Trognon et Larme 1994) ou les négociations, tendent vers la réalisation de buts conversationnels précis et relativement distincts les uns des autres et c'est avant tout cela qui importe.

Le troisième plan est celui des structures conversationnelles. Tout comme une phrase constitue une structure de constituants, une conversa­tion est fondamentalement une structure dénonciations. Etudier une conversation (ou une séquence conversationnelle), c'est donc lui associer une structure, c'est-à-dire le système des relations que tissent les énoncia-tions qui s'y succèdent. Comme une conversation s'organise au fur et à mesure de ses énonciations sucessives (Héritage 1990; Roulet 1992 ; Trognon 1994), c'est d'une théorie dynamique, du processus conversa-

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tionnel dont nous avons besoin. Seule une théorie de ce type, une théorie qui les engendre est à même de capter l'imprévisibilité, l'irréversibilité et la constructibilité (Trognon et Brassac 1992) des conversations, bref le fait que l'ensemble des conversations soit, tout comme l'ensemble des phrases, potentiellement infini. Comme une conversation s'organise pro­gressivement en unités de rangs différents (Roulet et al. 1985 : Moeschler 1985 ; Moeschler 1989), que sa structure résultante est, comme l'ont bien montré les travaux genevois, à la fois linéaire et hiérarchique, nous avons besoin d'une théorie récursive (Moeschler 1989), à même par conséquent de restituer le fait qu'une conversation, tout comme une phrase, est vir­tuellement sans fin.

Des trois plans que nous venons de définir, le troisième est certai­nement le plus fondamental, car il circonscrit une sorte de syntaxe des conversations. C'est donc à partir de ce plan que devraient d'une manière ou d'une autre pouvoir être engendrés les effets des conversations et les types de conversation. Tout projet d'investigation des conversations doit donc s'intéresser prioritairement aux structures conversationnelles, qu'il s'agisse de circonscrire un type de conversation, en répondant par exemple à des questions comme qu'est-ce qu'une conversation tutorielle ? Qu'est-ce qu'une psychothérapie ? Etc. Ou bien qu'il s'agisse tout sim­plement d'en décrire une.

2. Un cadre d'analyse

Le cadre d'analyse que nous nous proposons d'exposer consiste en une utilisation originale de la théorie des actes de langage. L'idée est d'associer au niveau structural des conversations non pas l'acte de langage, mais la fonction en laquelle il consiste ; à savoir : l'application d'un ensemble de conditions de réussite et de non défectuosité sur un contenu propositionnel. En passant ainsi à un grain d'analyse plus fin que celui des actes de langage, on espère les réhabiliter en théorie de la conversation et dépasser ainsi la contradiction selon laquelle "il n'existe à ce jour à ma connaissance aucune théorie conversationnelle qui fasse l'économie de la notion d'acte de langage (entendue au sens large)" (Kerbrat-Orecchioni 1995, 7) alors qu'on prétend depuis une quinzaine

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d'années que la notion d'acte de langage n'est pas pertinente en théorie conversationnelle.

2.1. Les critiques de l'utilisation de la théorie des actes de langage dans l'analyse des conversations

Au regard de notre propos, deux ensembles de critiques complémentaires ont été formulées, souvent par le même auteur, à rencontre de l'utilisation de la théorie des actes de langage en théorie conversationnelle.

Le premier ensemble concerne les contraintes que devrait respecter une théorie des actes de langage qui serait adéquate à l'étude des conversations. Par exemple, selon Levinson (1983), une théorie des actes de langage adéquate à l'étude de la conversation devrait vérifier les quatre hypothèses suivantes (Trognon et Brassac 1988 ; Moeschler et Reboul 1994 pour des présentations) : (i) il existe des unités atomiques, les actes de langage, accomplies au moyen de la parole ; (ii) les productions langagières sont segmentables en unités élémentaires et chaque unité élémentaire correspond à un acte de langage ; (iii) il existe une procédure d'assignation des unités élémentaires aux actes de langage, du moins une fonction reliant l'ensemble des productions élémentaires possibles à l'ensemble des actes de langage possibles ; (iv) les séquences conversationnelles sont gouvernées par un ensemble de règles de mise en séquence travaillant sur les types d'actes de langage. Il faudrait déjà prouver qu'une théorie des actes de langage adéquate à l'étude de la conversation doit nécessairement vérifier ces hypothèses. C'est loin d'être sûr, comme le soulignent Moeschler et Reboul (1994. 489 et ss). De plus, contrairement à ce que soutient Levinson. même certaines hypothèses ci-dessus sont pleinement vérifiées en conversation. Ainsi, concernant l'hypothèse (iii), les auteurs précédents objectent avec juste raison à Levinson qu'une procédure bien spécifiée d'assignation de la valeur illocutoire existe dans la conversation, selon laquelle (principe d'interprétation dialogique) "l'interprétation d'un constituant (...) est un fait dialogique et le résultat de l'enchaînement dialogique auquel il donne lieu" (491). Cette thèse, très largement admise, a d'ailleurs été également affirmée en Analyse Conversationnelle (par exemple : Levinson 1983 ;

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Héritage 1990. cf Trognon 1994). Encore reste-t-il à savoir si cette procédure d'assignation proprement conversationnelle prend les actes de langage pour arguments. La réponse de Searle est, on le sait (Searle 1992), négative. Pour lui, il existe bien une classe d'actes de langage entretenant des relations systématiques à l'intérieur des conversations. Cette classe comprend deux groupes de directifs, les questions et les requêtes d'accomplir un acte de langage : "The dialogic séquence of initial utterance and subséquent response is internally related in the sensé lhat the aim of the first speech act is only achieved if it elicits an appropriate speech act in response" (1992, 10). Elle comprend également ce que j'appellerais les actes de langage dialogiques (offres, propositions, invitations, paris) dont l'accomplissement requiert une participation effective de l'auditeur, en ce sens, par exemple, que la promesse que comporte une offre n'est effective qu'à la condition que l'auditeur l'ait explicitement acceptée. C'est cependant une classe fort restreinte, de sorte que "traditional speech act theory will not go very far in giving us sequencing rules for discourse" (1992, 11). Mais, ici encore, comme l'a bien montré Dascal (1992), tout dépend de la conception que l'on se fait des actes de langage et de la conversation. En tout cas, nous avons pu établir que cette procédure d'assignation reposait manifestement sur les propriétés des actes de langage que capte la théorie du même nom (Trognon et Brassac 1992 ; Ghiglione et Trognon 1993 ; Brassac et Trognon 1995 ; Trognon 1994 , Trognon 1995) et que notre version de la théorie des actes de langage la disculpait de quelques uns des péchés que lui reconnaissait Dorothea Frank (1981), par exemple son inaptitude à rendre compte du dynamisme de la conversation, c'est-à-dire du fait que ses composants soient des objets processuels et localement indéterminés.

Les critiques du second ensemble (Levinson 1981. 1983 ; plus gé­néralement l'Analyse Conversationnelle ; Labov et Fanshel 1977 ; Moeschler 1990) insistent plutôt sur l'inutilité de recourir à la théorie des actes de langage pour étudier les conversations tout en proposant des théories alternatives. La théorie de l'organisation préférentielle des pré-requêtes est un exemple d'une telle théorie alternative. Encore que, selon nous, elle constitue simplement un modèle des lois régissant la défectuo­sité (et donc la satisfaction) des requêtes (Trognon et Brassac 1992, 92-97). Labov et Fanshel écrivent selon un point de vue analogue que (1977. 58-59) "les actions qui sont cruciales dans l'établissement de la cohérence

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de la séquentialité conversationnelle ne sont pas des actes de langage comme les requêtes ou les assertions, mais des défis, des défenses et des retraites". Sauf que dans leur théorie, les actions n'en sont pas moins dé­rivées interprétativement à partir des actes illocutoires et selon des règles d'interprétation auxquelles la théorie des actes de langage est susceptible de donner une formulation (plus ?) rigoureuse, au moins pour certaines d'entre elles. Ainsi en va-t-il, par exemple, de la "règle" de suspension d'une requête. D'après cette règle, "si Ll demande à L2 d'accomplir une action X et si L2 répond par : (...) une requête d'information ou une as­sertion négative concernant l'une ou l'autre des pré-conditions de satis­faction d'une requête, Ll interprète cette réponse comme suspendant provisoirement la requête jusqu'à ce que l'information soit fournie ou l'assertion négative contredite". Ces pré-conditions sont : que l'action doit être accomplie et ne le serait pas indépendamment de la requête, que L2 est apte à l'accomplir, qu'il est dans l'obligation ou a le désir de le faire et que Ll est en droit d'en exiger l'accomplissement. Or, (i) ces pré­conditions paraissent relever des conditions de réussite non défectueuse des directifs. (ii) en vertu des lois de la logique illocutoire, leur mise en question entraîne la défectuosité du directif initiatif (ainsi analogue à la suspension du directif), donc sa non satisfaction (par contraposition de l'implication reliant la satisfaction à la réussite et à la non défectuosité d'un directif). (iii) de sorte qu'il n'y a pas lieu de formuler une "règle" de suspension des requêtes, cette "règle" n'étant qu'une simple conséquence des relations générales reliant les propriétés des actes de langage. La po­sition adoptée par Moeschler est plus radicale encore lorsqu'il écrit par exemple à propos de l'analyse de certaines séquences que "l'interprétation d'une intervention (...) ne fait pas intervenir de principes interprétatifs spécifiquement liés à l'organisation séquentielle et conversationnelle. (Que) c'est en fait un processus séquentiel, de nature contextuel et infé-renticl, qui n'est a priori pas contraint par le statut catégoriel ou fonc­tionnel de l'unité de discours traité" (1990, 10). Mais il faudrait encore démontrer qu'en se passant de ces principes, on peut encore capter les principales propriétés conversationnelles. Pour les exemples qu'il a lui-même étudiés, c'est en tout cas loin d'être évident (Trognon 1994).

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2.2. Pourquoi les actes de langage ?

a) Statut de l'acte de langage en tant qu'unité élémentaire de la conversation

Puisqu'une conversation élabore un rapport au monde (au monde interactionnel et au monde tout court), c'est-à-dire engendre une structure de contenus informatifs-représentationnels, bref de l'intentionnalité et puisque celle-ci émerge progressivement au cours d'une séquence d'énonciations (Roulet 1992), les composants d'une conversation doivent d'une manière ou d'une autre "réfléchir" de l'intentionnalité.

C'est là, selon nous, la raison principale qui milite en faveur du choix de l'acte de langage comme composant de base d'une conversation. En effet, dans sa définition la plus rigoureuse, un acte de langage est l'application d'une force sur un contenu propositionnel ; c'est ce pour­quoi, d'ailleurs, on les représente (du moins les actes de langage élémen­taires) par la formule F(P), laquelle signifie qu'en accomplissant un acte de langage, le locuteur, d'une part représente un état de choses et d'autre part vise la mise en correspondance de cette représentation avec le monde.

Bien entendu, le fait de recourir à l'acte de langage ne nous engage pas sur une théorie particulière des actes de langage : a priori n'importe quelle théorie ferait l'affaire (celle de Sperber et Wilson 1989. aussi bien que celle de Searle 1982), pour autant qu'elle propose une théorie des énonciations restituant leur intentionnalité. Le choix entre telle ou telle théorie des actes de langage est une question empirique.

b) Quelles relations ?

Il nous faut maintenant disposer d'une théorie des relations entretenues par les actes de langage successifs d'une conversation. Afin de pouvoir aborder la conversation comme une structure de forces et de contenus propositionnels, cette théorie devrait articuler les forces et les contenus propositioonels des illocutions. Elle devrait également pouvoir s'intégrer dans une théorie des structures hiérarchiques de la conversation.

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- L'articulation des forces et des contenus propositionneIs des illocutions

La sémantique générale (Vanderveken 1988, 1990) constitue un point de départ approprié. En effet, c'est une théorie qui intègre une théorie de la force (logique illocutoire : Searle et Vanderveken 1985) et une théorie du contenu propositionncl des actes de langage (Vanderveken 1988, 1990). Partant, c'est une théorie logique de la satisfaction ei de la réussite des actes de langage et par conséquent une théorie des relations inter-illocutoircs ayant pour domaine ces deux propriétés (Brassac et Trognon 1995). Nous ne pouvons pas dans cet article exposer dans le détail cette théorie (voir Brassac et Trognon 1990, pour une présentation). Aussi nous contenterons-nous ici de rappeler les définitions de la réussite et de la satisfaction d'un acte de langage.

"On dit qu'un acte de discours de la forme Fi.pj est accompli dans un contexte dénonciation selon une interprétation si et seulement si. dans ce contexte, selon cette interprétation, 1 ) le locuteur accomplit le but illocutoire de la force F sur le contenu propositionncl p avec le mode d'accomplissement de F, et p satisfait les conditions sur le contenu propositions! de F dans ce contexte et si 2) le locuteur, en outre, présuppose les propositions E(i. p) déterminées par les conditions préparatoires E de F, et 3) exprime également avec le degré de puissance de F les états mentaux de la forme m(p) ayant les modes m appartenant aux conditions de sincérité de F' (Vanderveken 1988, 131 ).

Les conditions précédentes sont des conditions nécessaires et suffisantes de réussite non défectueuse d'un acte de langage. Un acte de langage peut cependant être réussi sans que ses conditions préparatoires ou ses conditions de sincérité soient satisfaites. Dans ce cas, on dit qu'il est réussi défectueusement. Un locuteur qui donne un ordre présuppose nécessairement que son interlocuteur possède les moyens d'obéir. Il arrive cependant qu'il n'en soit rien et que l'interlocuteur ne puisse pas obéir bien qu'il ait parfaitement compris que le locuteur lui donnait un ordre et qu'il désire sincèrement lui obéir. L'ordre est alors réussi, mais défectueusement.

Un acte de langage est satisfait si et seulement si 1) son contenu propositionncl est vrai et si 2) il l'est "suivant la direction d'ajustement propre à son but illocutoire" (Vanderveken 1988, 134). La seconde condition est très importante car elle oppose en sémantique générale la satisfaction des actes assertifs. qui dépend du monde et non des interlocu­teurs, à la satisfaction des directifs et des commissifs, plus restrictive,

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puisque ces actes sont satisfaits si et seulement si leurs contenus proposi-tionnels sont vrais en raison de leurs accomplissements.

Un certain nombre de lois logiques relient la satisfaction, la réussite et la non défectuosité d'une illocution ou de plusieurs (Vanderveken 1988, 1990). L'implication vériconditionnelle de succès, selon laquelle un acte de langage à direction d'ajustement monde-mots satisfait est réussi illustre l'une de ces lois, qui intervient de manière cruciale dans la production de l'intercompréhension conversationnelle (Trognon et Brassac 1992 ; Ghiglione et Trognon 1993 ; Brassac et Trognon 1994). Un autre exemple est la loi selon laquelle la non satisfaction d'une condition prépa­ratoire d'une il locution entraîne sa défectuosité (Trognon et Larrue 1994 ; Trognon 1993).

- Les relations hiérarchiques

C'est dans les travaux genevois qu'on trouve la meilleure formulation des relations hiérarchiques qu'une conversation tisse entre ses composants (Ghiglione et Trognon 1993, 206-212). Ces règles qui "traduisent" formellement que la conversation est fonctionnellement une négociation (Roulet 1992) peuvent être formulées de la manière suivante (Moeschler 1989, 230-231), où E symbolise un échange, I une intervention, A un acte de langage et où S symbolise un composant subordonné et D un composant directeur :

E —> n(T), où n est supérieur ou égal à 2 I—><(E/I/A)S) (I/A)D

La théorie des relations hiérarchiques pose cependant un certain nombre de problèmes (Kerbrat-Orecchioni 1990, 242). Le plus fonda­mental théoriquement et empiriquement (lorsqu'il s'agit de décrire une conversation) est que cette théorie n'est pas assortie d'une procédure gé­nérale d'assignation des composants directeurs ou subordonnés ; autre­ment dit que cette assignation n'est pas en général théoriquement motivée (en dépit du fait qu'elle soit le plus souvent intuitivement satisfaisante). Le problème se pose certes de façon moins aiguë quand l'enchaînement est introduit par un connecteur (Roulet et al. 1985, chap. 2 ; Moeschler 1989). Cependant les connecteurs ne sont pas des éléments nécessaires à l'enchaînement, de nombreux enchaînements n'en contiennent pas, sans être pour autant incompréhensibles ou incohérents et lorsqu'ils existent

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les enchaînements qu'ils contribuent à tisser sont loin de présenter cette belle régularité qui permettrait de s'appuyer sur eux les yeux fermés. Le fonctionnement conversationnel du connecteur "parce que" constitue une excellente illustration de ces problèmes (Trognon 1994).

- L'intégration des relations hiérarchiques et des propriétés des illorutions

Une certaine analogie existe cependant entre l'interprétation fonctionnelle des règles précédentes et la théorie des propriétés des actes illocutoires. Par exemple, les notions de complétude interactive et de complétude in-teractionnelle (Roulet 1985, 1992) d'un acte de langage ou d'une inter­vention semblent au premier abord des notions très proches de celles, respectivement, de réussite non défectueuse et de satisfaction d'une illo-cution élémentaire ou complexe.

Cependant, il faudrait examiner cette correspondance plus systéma­tiquement, de manière à voir si les notions mises en rapport recouvrent ou non les mêmes phénomènes.

3. Une illustration1

La séquence qui va eue examinée maintenant constitue une interaction de tutelle. Cartron et Winnykamen (1995) définissent ces situations par trois propriétés. Premièrement, ce sont des situations dans lesquelles les parte­naires sont pleinement engagés, où. comme l'écrivent les auteurs précé­dents, "l'enrôlement des deux partenaires constitue une condition néces­saire" (1995, 142). Deuxièmement, ce sont des situations dissymétriques, où la dissymétrie concerne l'expertise respective des partenaires (un en­seignant par rapport à un élève par exemple) et où, en revanche, une dis-symétrie de statut ou de pouvoir n'est nullement nécessaire. Troisièmement, les objectifs des partenaires sont complémentaires : ap­prendre pour le novice, faire apprendre pour le tuteur un savoir "qui se ramène à la réduction de la différence (de la dissymétrie) sur le savoir ou

1 Le dialogue dont cette séquence est extraite appartient à un ensemble de dialogues produits au Laboratoire de Psychologie du Travail de l'Université de Toulouse-Le-Mirail. Ds sont actuellement en cours d'analyse au sein d'un groupe (ûEDIC) dirigé par Pierre Palan au CNAM.

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le savoir-faire qui est l'enjeu de leurs échanges" (ibidem, 142) ; "les in­terventions d'un des deux partenaires (l'expert ou tuteur) permett(a)nt à l'autre (le novice, ou "tutoré") de progresser dans la résolution du pro­blème" (ibidem, 142).

En l'occurence, un novice apprend à se servir d'un traitement de texte (Word 3 sur Macintosh) et dans la séquence ci-dessous à effacer un mot dans un texte. La présente interaction a ceci de particulier dans le plan expérimental auquel elle appartient que le novice est seul devant son écran. Le tuteur ne pouvant pas percevoir de lui-même les actions du no­vice, il les appréhende indirectement grâce à des indices en provenance de la situation (par exemple les "tilts" de l'ordinateur en cas de fausse ma­noeuvre ; les interjections du novice, etc.) et aux informations que le novice lui transmet verbalement.

N1 Alors j'efface "SOCIETE" E2 Ouais N3 Mince ça marche pas E4 Est-ce que tu as ton curseur place là où il faut ï N5a Ah non. NSb alors je remonte E6 Tu prends ta souris, tu le fais avec (a souris

ru cliques devant le *E" de "SOCIETE' et ton curseur va apparaître

Cette séquence, qui consiste pour le novice et l'expert en l'élaboration d'une condition nécessaire d'une action du premier, sera d'abord décrite d'un point de vue illocutoire, ensuite d'un point de vue hiérarchique, enfin d'un point de vue fonctionnel.

3.1. L'organisation illocutoire-proposttionnelle de la séquence

La séquence peut être segmentée en deux périodes. La première, (NI, E2, N3), signale l'échec d'une tentative d'effacer le mot SOCrETE. La se­conde, (E4. N5a. NSb, E6), revient à identifier l'action correctrice dont la satisfaction conditionne l'opération d'effacement. Prenons ces deux pé­riodes successivement.

NI peut s'entendre littéralement comme une assertion décrivant l'action que le novice est en train de faire (p) et non littéralement comme une offre ou plus simplement un commissif que nous noterons C(p), C

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désignant la force commissive et p le contenu propositionnel sur lequel elle s'applique, à savoir : effacer SOCIETE. E2 se comprend soit comme un back channel soit comme une acceptation de l'offre. N3. enfin, est une illocution complexe formée d'un expressif {mince) et d'une assertion de la non satisfaction de l'action d'effacer SOCIETE, notée non-sC(p).

L'action correctrice (q) dont la satisfaction est nécessaire à l'effa­cement du mot SOCIETE est déduite par le novice (N5b) puis par l'ex­pert (E6) à l'issue d'un échange question-réponse (E4. N5a) constituant également une explication de l'état de choses rapporté en N3. Cette dé­duction peut s'analyser grâce au tableau suivant :

NI

E2

N3

E4

N5a

N5b

E6

N

C(p)

non-sC(p)

non-q

C(q)

E

Accord

q v non-q ?

D(g')

Raisonnement de N

non-q -> non-sC(p) par contraposition sC(p) -> q sC(p) -> sFCq)

C(p)->C(q)

Le raisonnement qui pourrait être celui du novice à la suite de N5a quand en réponse à E4 il décide (N5b) d'ajuster la position du curseur {alors je remonte) après avoir admis qu'elle n'était pas correcte est restitué dans la quatrième colonne. Si le placement incorrect du curseur est une cause de l'échec de l'action d'effacer SOCIETE, alors la réussite de celte action (i.e. la satisfaction de NI. soit sC(p)) implique que le curseur soit bien placé (q). Cette implication engage le novice à faire en sorte qu'il en soit ainsi ; elle l'engage donc à satisfaire (sC(q)) un acte (C(q)) dont le contenu propositionnel serait que le curseur soit bien placé. Par conséquent, d'un point de vue illocutoire, s'engager à effacer

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SOCIETE implique de s'engager à placer correctement le curseur, soit C(p) —> C(q). C(q) fonctionnant ainsi comme une condition préparatoire de C(p) que le novice et l'expert auront élaborée au cours de leur conversation. Le novice, ayant avancé C(p) en NI. n'a alors plus qu'à déduire C(q).

(N3, E4) est au coeur de l'organisation illocutoire-propositionnelle de cette séquence. Comment ces deux illocutions s'articulent-elles ? Et pourquoi, d'ailleurs, devraient-elles s'articuler ? Nous pourrions imagi­ner ici une sorte de règle accomodée à la façon de Labov et Fanshel (1977). Cette règle, propre aux situations tutorielles, stipulerait que lors­qu'un novice asserte le non accomplissement d'un état de choses qu'il est censé réaliser, l'expert interprète cette assertion comme une demande d'explication ou comme une requête d'aide. Il semble cependant qu'il n'y ait pas lieu de recourir ici à une telle règle. N3 peut se comprendre litté­ralement comme une assertion de non satisfaction de NI et non littérale­ment comme une demande d'information ou une requête d'aide. Mais en tant que rapport social de deux personnes qui ont une tâche à accomplir ensemble (faire en sorte que le novice efface le mot), la relation tutorielle surdétermine les énonciations, tant au niveau de leur production qu'à ce­lui de leur interprétation. Si N joue effectivement son rôle de novice, il ne peut guère vouloir communiquer seulement une description d'un état de choses, ou, si telle est son intention, il ne pourrait accomplir l'acte qui la réalise sans se douter que l'expert ne s'arrêtera pas à une interprétation littérale de N3 mais y verra l'accomplissement d'une communication plus complexe. La réciproque vaut pour l'expert interprétant N3 et - ou produisant E4. Pour rester sur cette illocution, l'expert intentionné probablement de communiquer une explication et - ou de fournir de l'aide au novice ; ou du moins il ne peut pas ne pas soupçonner que le novice s'appropriera ainsi E4. E4 est donc une illocution coopérative au seas de Grice (1979) car elle correspond "à ce qui est exigé" d'un expert digne de ce nom. "au stade atteint" par l'interaction, "par le but ou la direction acceptée" de la relation tutorielle *dî.ns laquelle (il) est engagé". E4 est également pertinente au sens de Sperber et Wilson (1989), la question implicitant une réponse ("tu n'as pas ton curseur placé là où il faut"), une explication (selon laquelle le mauvais placement du curseur est une cause du fait que SOCIETE n'est pas effacé et que le novice n'est pas oarvenu à accomplir cette action qu'il se proposait de faire), une

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injonction de positionner correctement le curseur, etc. Du coup, le rapport de E4 à N3 se trouve intersubjectivemcnt établi comme la relation d'une demande d'aide (ou d'explication) à l'action qui la satisfait (Dascal 1992 ; Trognon et Brassac 1992 ; Ghiglione et Trognon 1993).

3.2. L'organisation hiérarchique de la séquence

Compte tenu de l'analyse qui précède, la structure hiérarchique de la séquence se présenterait de la manière suivante :

N1 E2 N3 E4 N5a N5b E6

:C(p)

: non-sC(p) (q ou non-q) non-q

:C(q) D(q')

Cette structure présente l'avantage de définir N5b comme un composant subordonné à NI, c'est-à-dire que N5b y est présentée comme une condition préparatoire de NI.

3.3. L'organisation illocutoire-propositionnelle de la séquence et le type de conversation qu'elle contribue à réaliser

La relation tutorielle émerge ou s'accomplit dans la structure interlocu­toire de deux manières.

Tout d'abord, elle émerge au travers de la distribution sur les inter­locuteurs des types d'actes illocutoires à contenus propositionnels équiva­lents : les commissifs littéraux ou non sont pour le novice ; les directifs littéraux ou non sont pour l'expert. "Placer le curseur là où il faut", "remonter", "prendre la souris (...) cliquer devant le E de SOCIETE" sont en effet des descriptions équivalentes de la même action, sauf qu'elles gagnent en précision au fur et à mesure du déroulement de la séquence. Mais E4 est une injonction indirecte de placer le curseur là où il faut, N5b (je remonte) un commissif indirect et E6 (tu prends ta souris, tu le fais avec ta souris, tu cliques devant de E de SOCIETE) un directif. Par

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conséquent, si les illocutions E4, N5b et E6 convergent sur leurs contenus proposiùonnels, elles divergent quant à leurs forces. C'est notamment grâce à ce phénomène que s'accomplit la relation tutorielle et en particu­lier la dissymétrie qui la caractérise.

Mais la relation tutorielle s'accomplit également au travers des en­chaînements inter-illocuioires. Ainsi en est-il, par exemple, du rapport entre N3 et E4. En accomplissant E4, l'expert "prend" N3 comme une demande (Dascal 1992), parce qu'il satisfait une interprétation de N3 en tant que demande (Trognon et Brassac 1992 ; Ghiglione et Trognon 1992 ; Brassac et Trognon 1995). En prenant N3 comme une demande, l'expert accomplit son rôle d'expert. En enchaînant conformément à cette prise de rôle, le novice la confirme et assume un rôle complémentaire, de novice, s'il ne l'a pas déjà fait avant, au moment de N3. Ce faisant, le no­vice et l'expert accomplissent, chacun pour leur part, la relation tuto­rielle, d'ailleurs jusque dans certains de ses traits les plus saillants : l'ex­pert ne donnant pas la réponse (le curseur n'est pas correctement placé), mais questionnant le novice pour qu'il la formule "de lui-même".

4. Conclusion

L'idée que nous avons voulu défendre dans cet article est que toute conversation est une structure de forces et de contenus proposiùonnels. Nous pensons en effet, contrairement à Pierre Attal (1995, 51), que c'est uniquement en tenant compte de ce double aspect, et pas uniquement des forces, qu'on sera susceptible de rendre compte des conversations et de progresser dans l'élaboration de leur syntaxe (Kerbrat-Orecchioni 1990, 1995). Encore faudra-t-il s'entendre sur cette notion dont l'emploi n'est pas toujours homogène chez les mêmes auteurs (Trognon et Brassac 1988, 1992 et Kerbrat-Orecchioni 1995 : 7-8).

Dans la mesure où un acte de langage est l'application d'une force sur un contenu propositionnel, on se demandera peut-être pourquoi je n'écris pas qu'une conversation est une structure d'actes de langage. Mais, précisément, c'est ce grain-là d'analyse qui ne convient pas à l'étude des séquences interlocutoires.

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