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Les villages constituent les lieux à partir desquels se déploie l’horizon des hommes et des femmes du Sahel. Lieux d’ancrage et lieux insérés dans des réseaux sociaux, les villages sont des espaces ouverts, pour lesquels la question de la limite renvoie à la fois à l’identité et à l’altérité. La question de la frontière passe d’abord par cette entité qu’est le village, là où se construit le rapport à l’autre et à l’espace. Dans l’étendue de l’espace sahélien, les villages sont les éléments principaux du paysage humain. Entourés de terres, sur lesquelles les traces de l’activité agricole disparaissent pendant la saison sèche, ils se présentent comme les seuls repères immédiats d’une présence humaine. Entre les villages, le regard se perd, désorienté par l’absence de signes qui renseigneraient sur les fonctions et les modes d’appropriation de l’espace. Rien n’indique la limite des terres, tout est ouvert. Toutefois, l’impression d’un espace vide, laisse place à la compréhension d’un espace plein, pratiqué et représenté. En effet, les villages sont anciens, et ils ont toujours été insérés dans une succession d’espaces politiques, depuis les « pays » pré-coloniaux (jaamane), jusqu’aux arrondissements créés à l’indépendance. Certes, toutes les frontières ne sont pas visibles et ne reposent pas sur une matérialisation propre. Et toutes les frontières ne sont pas liées à des discontinuités spatiales. Le constat ici est que la notion de frontière ne répond pas aux fonctions qui lui sont généralement dévolues. Le binôme frontière-territoire politique fonctionne autrement. L’idée selon laquelle territoire et frontière sont associés pour permettre l’exercice d’un pouvoir et asseoir sa légitimité est caduque. Ainsi, l’organisation spatiale des jamaane se caractérise par trois traits principaux, qui relèvent directement du rapport à l’espace des sociétés africaines. Le premier concerne la polarisation de l’espace, dans la mesure où le pouvoir est exercé à partir d’un centre et s’étend à une périphérie reliée de façon souple, ce qui va à l’encontre d’une homogénéisation spatiale (caractéristique de l’État moderne). Le second se rapporte à la forme des limites entre les royaumes. Moins qu’un tracé linéaire, celles-ci peuvent correspondre à des espaces tampons, aux allégeances fluides et parfois vides de populations. Le dépeuplement de ces zones s’explique en partie par les nombreux conflits qui ont lieu entre les divers royaumes, cet état d’insécurité limitant la dispersion des populations [Sautter, 1982, p. 48]. Enfin, l’absence de contiguïté spatiale représente le dernier trait de la configuration territoriale des royaumes. Composés de plusieurs villages, ils étaient fondés avant tout sur la continuité sociale, établie par les alliances tissées entre plusieurs clans. Aujourd’hui, l’importance de la proximité sociale perdure, malgré les distances qui peuvent séparer une localité de son village d’origine, et brouille la figure de la limite, car le lien prévaut sur le lieu. Dès lors, la mobilité des hommes et l’accès aux ressources ne sont pas encadrés par des limites. La dispersion est une stratégie, elle s’impose comme une ressource [Tarrius, 2000 et 2002]. Par exemple, la recherche de nouvelles terres de culture est la principale raison de l’essaimage des villages en hameaux de culture qui peuvent devenir des nouveaux villages, suivant certaines conditions. Les rivalités entre lignages ou les conflits au sein de lignages s’articulent souvent, même si cette cause n’est pas avouée directement, avec la recherche de terres et l’implantation d’un hameau. Ainsi, « la recherche de terres est la raison d’être du village de culture, mais (…) ce sont souvent des hommes engagés dans des litiges qui réalisent cette nécessité objective » [Pollet et Winter, 1971, p.153]. De leur côté, les chasseurs qui ont l’habitude de parcourir la brousse savent repérer les bonnes terres. Ainsi, une fois de retour dans leur village, ils demandent au chef l’autorisation de s’installer, après avoir conclu sur place un « pacte avec les forces de la nature, avec les génies » [entretien, 2001] sans lequel toute tentative de mise en culture est vaine. « La terre est une propriété collective : le véritable propriétaire est le groupe du lignage fondateur du village. L’origine de cette propriété serait religieuse. Pour pouvoir s’installer définitivement dans un nouveau site choisi, le groupe (premier venu) établit un contrat d’occupation du lieu et des domaines environnants avec les génies qui sont les vrais maîtres de ces endroits. Par la suite, il devient le gérant de ce contrat avec les génies, le dépositaire des objets occultes pour la fécondation de ces domaines et le gardien des lieux sacrés. Le représentant du lignage fondateur du village est généralement le chef de terre même si la propriété revient à tout le lignage. De par sa primauté dans le village le lignage fondateur est celui qui acquiert le pouvoir spirituel et c’est celui qui désigne le chef de village qui est généralement le plus vieux. C’est le chef de village (chef de terre) qui attribuait des nouvelles terres aux exploitants, tout en avisant les conseillers du village qui sont les représentants des grandes familles du village » [GTZ, 1996]. Si la nouvelle implantation s’avère stable d’autres familles y emménagent, qu’elles soient parentes ou alliées dans le village d’origine, ou quelles soient issues d’un autre village que celui du fondateur. Ce dernier demande alors des terres au maître de la terre compétent et les partage entre les chefs de familles [Pollet et Winter, 1971]. Pour autant, l’éloignement dans l’espace d’une partie d’un lignage ou d’une famille entière à partir du village d’origine, ne signifie pas la rupture des liens sociaux et familiaux et le sentiment d’une appartenance commune demeure. En même temps, ces hameaux peuvent intégrer des populations venues d’autres localités, reproduisant ainsi le schéma d’installation et d’attribution des terres qui distingue les fondateurs et les derniers arrivants. Selon les cas, l’influence du village-mère sur ces villages de culture devenus autonomes s’exerce avec force, notamment quand ils sont implantés sur le même terroir. Si des litiges fonciers surviennent, leur règlement revient au village-mère, dont le chef de terre garde une influence sur ces anciens villages de culture. Un lien organique unit ces localités. La communauté villageoise étend ainsi ses pseudopodes et les espaces de vie des habitants forment des territoires réticulaires sans limites, des territoires mobiles. Non que les limites n’existent pas entre les espaces villageois, au contraire elles sont bien connues, mais elles sont davantage vécues par les populations comme des lignes de contact et d’ouverture, plutôt que des lignes de rupture et de cloisonnement. Ces villages n’en finissent donc pas de déployer leur horizon au-delà de leur périmètre foncier propre, et la question se pose de savoir comment cet espace « en plus », de nature discontinue, est partie prenante dans la délimitation communale ,y compris les espaces sociaux discontinus issus de la migration internationale.

Sources: Stéphanie Lima, La frontière « impossible »? Espace mobile, frontière et territoire, Le cas de la Région de Kayes (Mali), p 5; revue Espaces populations société, 2005.