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JOURNAL DE L’EXPOSITION / 2006-2009 / Regards sur la ville : trois ans d’inventaire du patrimoine à Cherbourg-Octeville

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Page 1: Regards sur la ville : trois ans d’inventaire du ... · L’inventaire du patrimoine architecturaL et mobilier de la commune de cherbourg-octeville a débuté en avril 2006. Programmée

Journal de l’exposition

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6-20

09 / Regards sur la ville : trois ans

d’inventaire du patrimoine à

Cherbourg-Octeville

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L’inventaire du patrimoine architecturaL et mobilier de la commune de cherbourg-octeville a débuté en avril 2006. Programmée sur trois ans, cette étude s’est fixée deux objectifs principaux :

• analyser scientifiquement de quelle manière s’est effectué le développement de Cherbourg, des origines jusqu’au xxe siècle, en portant une attention particulière aux liens qui unissent la ville à ses deux ports, civil et militaire ;

• fournir à la Ville, grâce à un recensement systématique du patrimoine bâti, un outil de connaissance de son territoire susceptible d’accompagner la mise en place d’une aire de mise en valeur de l’architecture et du patrimoine 1.

Conduite par une équipe de chercheurs et de photographes, l’opération a privilégié cinq grands thèmes : la formation du tissu urbain, les édifices publics et leur collection d’objets, l’habitat, le port militaire, le port civil.

Conformément à la méthodologie de l’Inventaire général, le mobilier et les édifices appartenant à ces cinq grandes catégories ont fait l’objet, dans un premier temps, d’un recensement général. Ce travail d’identification, mené sur le terrain à l’aide d’une grille d’analyse permettant de fournir un minimum de renseignements sur l’implantation géographique, la datation, la forme et les matériaux de chaque bâtiment ou objet, a permis de créer des corpus au sein desquels ont été effectuées, dans un second temps, des sélections d’œuvres destinées à être étudiées. Trois critères de sélection ont alors prévalu au cours de cette seconde phase : l’appartenance à une typologie souvent rencontrée sur le terrain, la possession de qualités esthétiques hors du commun, l’intérêt historique.

2 399 édifices et 622 objets ont été recensés au terme de l’enquête ; 814 œuvres (365 édifices et 469 objets) ont été sélectionnées, étudiées et photographiées selon les critères énoncés plus haut. Leurs dossiers, riches de 5 142 images, viendront alimenter les bases de données Mérimée pour l’architecture et Palissy pour les objets, sur le site du ministère de la Culture et de la Communication (http://www.inventaire.culture.gouv.fr).

Grâce au partenariat établi avec la Communauté urbaine de Cherbourg (Système d’information géographique), un important corpus de cartes a pu également être constitué, permettant de localiser les édifices recensés et sélectionnés ainsi que toutes les informations recueillies à leur sujet en terme de typologie, de datation ou de matériaux.

p lacé sous l’autorité de la Région, l’Inventaire général du patrimoine

culturel est un service dont la mission est de recenser, étudier et faire connaître le patrimoine architectural et mobilier français. Les études conduites par ses équipes sont consultables au centre de documentation de l’Inventaire général (9, rue Vaubenard à Caen) ainsi que sur les bases Mérimée et Palissy, du ministère de la Culture et de la Communication (http://www.inventaire.culture.gouv.fr). Elles font également l’objet de publications dans les collections nationales (Parcours, Images et Cahiers du Patrimoine), disponibles en librairie ainsi qu’à la Région.

1 l nouvelle appellation donnée aux anciennes ZPPAUP (Zone de protection du patrimoine architectural urbain et paysager).

2 i Regards sur la ville : trois ans d'inventaire du patrimoine à Cherbourg-Octeville / journal de l'exposition

datation des édifices recensés et sélectionnés

Exemple de traitement graphique

Moyen Âge xvie-xviie xviiie xixe xxe

Nombre total d’édifices

Nombre d’édifices sélectionnés

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L’évolution de la voirie ainsi que la formation des différents quar-tiers ont constitué la matière principale de cette première partie.

à l’instar de bon nombre de cités médiévales, la ville de Cher-bourg s’est formée autour d’un château, comme l’indique encore de nos jours la disposition radioconcentrique de ses rues autour de l’espace occupé jadis par l’ancienne forteresse. Dotée, à partir de 1300, par philippe le Bel d’une enceinte ponctuée de tours, la ville demeure sous l’Ancien Régime une cité de taille très modeste, forte de quelques milliers d’habitants, dont la superficie ne dépasse guère une vingtaine d’hectares.

Privé par Louis XIV en 1692 de son château et de ses murailles, le bourg connaît néanmoins une croissance exceptionnelle entre 1780 et 1930 grâce à l’implantation d’un port militaire dont la construction, en dépit des avantages qu’elle octroie, fait peser sur la cité de nombreuses contraintes.

En effet, outre l’occupation d’une part non négligeable de l’es-pace par plusieurs de leurs installations, le port et ses fortifications génèrent, jusqu’à la fin du xixe siècle, des servitudes militaires qui hypothèquent longtemps la possibilité de bâtir dans certains quar-tiers, limitent la hauteur des bâtiments et influencent durablement la géographie de l’habitat. Il en est ainsi, à l’ouest de la ville, du quartier de la Bucaille dont l’aménagement au cours du xixe siècle ne se fait que par étapes progressives en fonction des dérogations exceptionnelles, baptisées alors polygones d’exception, que l’auto-rité militaire accorde aux habitants pour construire.

au début du xxe siècle cependant, le déclassement des forts et la montée en puissance du port de commerce réduisent l’emprise des constructions militaires et permettent à la ville d’entreprendre une première « reconquête » de son territoire. La destruction dans les années 1930 des bâtiments de l’ancien arsenal situés près de l’avant-port par la chambre de commerce, ou encore l’acquisition, à la même période, par la Ville du jardin de l’infanterie coloniale, symbolisent cette réappropriation civile de l’espace poursuivie après la guerre par la construction des grands ensembles : ZUP Divette puis ZUP de l’Amont-Quentin.

La formation du tissu urbainPlace de la République

Rue

F

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Quai

deCaligny

Rue de la Marine

Rue

Tour

Carrée

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Commerce

Place Centrale

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Rue GambettaRue des Tribunaux

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Maréchal

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La TrinitéTour Carrée

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Tour du Moulin

Porte Notre-Dame

Tour de l'Eglise

Bastion du Moulin

Porte de la Hague

Tour des Sarrasins

Tour de Gouberville

Bastion Saint-François

le château et l’ancienne enceinte urbaine. Tracé indicatif de l'enceinte du château. limite de l’enceinte urbaine Limite du château

graphique d’évolution de la population de cherbourg

journal de l'exposition / Regards sur la ville : trois ans d'inventaire du patrimoine à Cherbourg-Octeville i 3

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L’étude des édifices publics a porté sur tous les bâtiments dont la construction a été financée par la municipalité, le

département ou l’État : églises (jusqu’en 1905), cimetières, éta-blissements administratifs et judiciaires, espaces de loisirs, constructions à vocation commerciale et industrielle édifiées par la commune telles les halles de la place Centrale ou encore l’usine de distribution d’eau de la butte Fauconnière.

Construits majoritairement au xixe siècle, ces derniers illus-trent les efforts déployés par les édiles pour répondre aux besoins d’une ville en pleine croissance dont la population passe de 10 000 à plus de 40 000 habitants. Bâtis en grande partie grâce aux res-sources de l’octroi institué depuis 1801, la plupart des vingt-six édifices publics inaugurés au cours de cette période sont l’œuvre d’architectes municipaux dont les projets, entérinés une première fois par la commission municipale des travaux publics, sont ensuite validés par le Conseil national des Bâtiments civils. La complexité de cette procédure, à laquelle s’ajoutent les nombreux problèmes financiers que la ville connaît de manière récurrente, explique que

beaucoup d’entre eux soient le fruit de très longs chantiers, étendus sur plusieurs décennies. C’est le cas de l’ancien hospice napoléon III, dont la construction décidée par le décret impérial du 9 juin 1811 n’est achevée qu’en 1863 ou encore du théâtre municipal, projeté dès 1833 et inauguré une cinquantaine d’années plus tard, en 1882. L’ensemble de ces bâtiments, relativement épargné par les injures du temps, forme aujourd’hui un corpus d’une remarquable cohé-rence dont peu de villes de la Manche peuvent encore se prévaloir en raison des destructions de la seconde Guerre mondiale.

Conformément à l’esthétique de l’époque, la plupart adoptent un style éclectique inspiré tantôt par la tradition romane et gothi-que pour les édifices religieux, tantôt par les arts de la Renaissance et de l’époque classique pour les édifices civils. Bâti entre 1825 et 1829 par Louis le Sauvage, architecte municipal, le clocher-porche de l’église de la trinité est ainsi, avec la chapelle des Herbiers en Vendée réalisée par Macquet, l’un des premiers ouvrages de style néogothique en France. En 1856, la nouvelle église Saint-Clément est un long vaisseau de plan basilical, auquel l’architecte Geufroy ajoute un portique et une coupole d’inspiration palladienne. En 1882, le théâtre municipal est un édifice aux allures de palais ita-lien, coiffé d’un toit en pavillon à la manière des châteaux classiques français. Cet éclectisme perdure jusque dans l’entre-deux-guer-res, dans les grandes compositions décoratives de Michel-Adrien Servant à la chapelle de l’institut Saint-Paul ainsi qu’au chœur de l’église Saint-Clément en 1935 où les figures de Charles Roger de Gérigné, inspirées par la renaissance italienne, sont associées à un décor cloisonné d’inspiration médiévale dépourvu de perspective.

Plusieurs de ces édifices ont conservé enfin d’importantes collections d’objets créés majoritairement au xixe siècle, celle de l’église Notre-Dame-du-Vœu apparaissant comme la plus remar-quable tant en raison de la cohérence de son style que de la diver-sité de ses pièces.

Les édif ices publics et leur collection d’ objets

eglise notre-dame-du-vœu, par François-dominique geufroy, architecte municipal (1863). Proche dans sa conception de l’ancienne église Saint-Etienne de Caen, l’église Notre-Dame-du-Vœu est un bâtiment de style roman orné en façade d’une rose d’inspiration gothique.

chapelle de l’institut Saint-Paul, par rené levesque et michel-adrien Servant (1927). Construite en béton armé, dans un style assez archaïsant, la chapelle est ornée d’un cycle de dix tableaux consacré à la vie de saint Paul dont le style azuré associe, au goût pour la reconstitution archéologique, des influences symbolistes.

4 i Regards sur la ville : trois ans d'inventaire du patrimoine à Cherbourg-Octeville / journal de l'exposition

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Les édif ices publics et leur collection d’ objets

Michel-Adrien Servant (1885-1949)

Diplômé de l’école Estienne de Paris, Michel-Adrien Servant est un peintre-décorateur, dont la majeure partie de la carrière se déroule dans le Cotentin. Établi à Cherbourg à partir de 1912, il est l’auteur en cette ville de plusieurs grands décors, dont ceux de la chapelle de l’institut Saint-Paul entre 1922 et 1927 (dix toiles consacrées à la vie de saint Paul), du salon de la Rotonde à l’hôtel de ville en 1930 (quatre fresques relatant les grands épisodes de l’histoire de la ville) et de la salle des Corporations dans l’ancienne chambre de commerce au 38, rue François-La-Vieille en 1937 (huit bas-reliefs sur le thème des principales activités économiques du Cotentin). Il est aussi l’auteur, en-dehors de Cherbourg, de plusieurs grands chantiers dont la décoration de la salle des fêtes municipale et de la chapelle Saint-Joseph à Villedieu-les-Poêles ainsi que d’une série de décors pour le monastère Notre-Dame-de-Grâce à Bricquebec.

La Pentecôte, par charles rocher de gérigné. chœur de l’église Saint-clément. détail du saint Jean.

nom

hôtel de ville1, place de la république

lycée victor-grignard12, rue guillaume-Fouace

monument à la mémoire du duc de berry, place de la république

Prison 2, rue vastel

clocher-porche de l’église paroissiale de la trinité, 1, place de la trinité

halle au blé (disparue)rue vastel

Premier cimetièrechemin des aiguillons

Palais de justice15, rue des tribunaux

abattoirs (détruits)rue Javain

monument à la mémoire du comte de briqueville, place briqueville

hôtel de ville (aile secondaire) rue de la Paix

Presbytère de la trinité26, rue des moulins

Église paroissiale Saint-clémentrue du val-de-Saire

nom

Statue équestre de napoléon 1er

place napoléon

hôtel de ville – Salon de l’impératrice1, place de la république

Église paroissiale notre-dame-du-vœuplace notre-dame-du-vœu

hôpital Pasteurrue du val-de-Saire

usine des eaux de la Fauconnièrebutte Fauconnière

marchés couvertsplace centrale

bureau de l’octroi145, rue de la Polle

collège charcotparvis de la trinité

théâtreplace du général-de-gaulle

ancien hôtel des postes et des télégraphes, 28, rue gambetta

Jardin public175, avenue de Paris

Fontaine mouchelplace du général-de-gaulle

monument des soldats et marins morts aux colonies, rond-point leclerc

arCHiteCte

Ferrugeau (ingénieur des ponts et chaussées)

louis le sauvage(architecte de la ville)

louis le sauvage

louis le sauvage

louis le sauvage

louis le sauvage

louis le sauvage

louis le sauvage

louis le sauvage

david d’angers (sculpteur)

F.-D. Geufroy (architecte de la ville)

François-Dominique Geufroy

François-Dominique Geufroy

arCHiteCte

F.-D. Geufroy, Armand Le Véel (sculpteur)

François-Dominique Geufroy

François- Dominique Geufroy

François-Dominique Geufroy

Muller (ingénieur des ponts et chaussées)

François-Dominique Geufroy

François-Dominique Geufroy

François-Dominique Geufroy

Charles de lalande (arch. indépendant)

Gaston Drancey(architecte de la ville)

Gaston-Louis Gutelle (architecte de la ville)

Gaston-Louis Gutelle

Gaston-Louis Gutelle

date

1793

1808

1824

1824

1829

1833

1833

1840

1845

1850

1852

1853

1856

date

1858

1858

1859

1863

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1870

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1873

1882

1885

1886

1895

1896

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les constructions édilitaires à cherbourg au xixe siècle.

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menée quartier par quartier, l’étude de l’architecture privée a révélé un habitat construit, jusqu’au début du xixe

siècle, exclusivement à l’aide d’un schiste bleu vert, extrait des car-rières locales, associé au grés et à la pierre calcaire pour l’encadre-ment des ouvertures. Cette singularité de technique, où l’usage du bois et du chaume, si répandu en Normandie, demeure très rare, ne manque pas d’étonner les chroniqueurs de passage dès le xviiie siècle, tel Jean-Aymar Piganiol de la Force 1, auteur en 1753 d’une des premières descriptions géographiques de la ville.

Demeurée ainsi longtemps homogène, cette architecture connaît néanmoins une véritable révolution à partir du second Empire, lors de l’arrivée du chemin de fer et de l’achèvement des grands travaux du port militaire. De nouveaux matériaux font alors leur apparition tels la brique, utilisée aussi bien pour le gros-œuvre que pour l’encadrement des fenêtres et le granite, réservé aux fondations. Aux côtés des formes de résidences traditionnelles, immeubles de rapports et hôtels particuliers, trois types d’habitat inconnus jusqu’alors, s’affirment également, qui modifient d’une manière significative le paysage de Cherbourg : le pavillon, l’im-meuble haussmannien et les lotissements.

apparue en France au début du xixe siècle, la mode du pavillon s’inscrit dans un mouvement d’étalement de la ville dans l’espace. à Cherbourg comme ailleurs, cette architecture pavillonnaire se développe à la périphérie, à l’ouest dans le quartier dit de la Bucaille, au sud sur les hauteurs de l’ancienne chapelle Saint-Sauveur et de la butte Fauconnière, ainsi qu’à l’est, dans le quartier du Val-de-Saire, dont les terrains autrefois occupés par la grève sont progres-sivement asséchés. la plupart de ces maisons individuelles sont l’œuvre d’entrepreneurs qui n’ont pas laissé de nom. Néanmoins, à partir du dernier quart du xixe siècle, beaucoup d’entre elles sont l’œuvre d’architectes locaux qui prennent soin d’indiquer leur nom et qualités sur une plaque tels Gaston Drancey 2, rené levavasseur

ou encore René Levesque. Les commanditaires, dont les initiales figurent fréquemment sur le linteau de la porte d’entrée ou bien sur l’une des faces de la souche de cheminée, appartiennent à un univers relativement hétéroclite. la bourgeoisie libérale, commer-çants, notaires, avocats et médecins, forme le groupe le plus impor-tant aux côtés des officiers, sous-officiers, conducteurs de travaux, dessinateurs et ingénieurs de l’arsenal. Ces derniers, bien qu’ils soient plus souvent locataires que propriétaires en raison du carac-tère éphémère de leur présence, choisissent de bâtir dans la partie

occidentale de la ville, dans le quartier de la Bucaille, en raison de sa proximité avec le port militaire.

Popularisé dès la Monarchie de Juillet par les illustrations du Paris moderne de Louis-Marie Normand 3, l’immeuble parisien, baptisé plus tard haussmannien, avec sa haute façade en pierre de taille et ses deux niveaux de commerce, ne fait son apparition à Cherbourg qu’autour des années 1860. En 1864, l’immeuble construit au 9-11, rue du Commerce par deux importants mar-chands de nouveautés, Achille Noblet et Auguste Maréchaux, en est un des premiers exemples.

Bien que les premiers lotissements, sous forme d’immeubles

L’habitat

René Levesque (1873-1948)

Ingénieur de formation et élève de l’École centrale des Arts et Manufactures de Paris, René Levesque effectue la majorité de sa carrière dans le département de la Manche dont il est originaire. Il débute à Cherbourg en bâtissant en 1909, dans le quartier de la Bucaille, sa propre maison aux côtés de l’architecte Auguste Ménage au 7 bis, rue du Vice-Amiral-Lecannelier ainsi que la villa dite Pâquerette située au 125 bis, rue Émile-Zola. Il est l’auteur, après la Première Guerre mondiale, de la chapelle de l’institut Saint-Paul (1922), du lotissement du Docteur-Caré (1924) rue du Docteur-Caré ainsi que d’une intéressante demeure de style Art Déco en 1937 au 44, rue du Val-de-Saire.

immeubles rue au blé (xvie-xviie siècles).

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en série, apparaissent dès la première moitié du xixe siècle, leur généralisa-tion ne débute réellement que dans le dernier quart du xixe siècle. Leur créa-tion est alors encouragée par la loi Siegfried 4 votée le 30 novembre 1894, qui accorde des facilités de crédit aux Sociétés d’habitations à bon marché ainsi que de nombreuses exonérations fiscales sur la propriété. Réservés aux familles nombreuses travaillant à l’arsenal, ces derniers se développent plus particulièrement dans le quartier du Val-de-Saire, où perdurent d’importan-tes cités ouvrières impasse Paradis et impasse Milinaire.

le xxe siècle est marqué enfin par l’usage du béton, utilisé avec fortune, bien de que manière assez tardive, par plusieurs architectes locaux, tels René Levesque, René Levavasseur et René-Charles-Louis Drancey, ainsi que par le développement des grands ensembles bâtis avec le soutien du ministère de la Reconstruction sous la direction de l’architecte Paul Vimond.

1 l nouvelle description de la France, dans laquelle on voit le gouvernement général de ce royaume, celui de chaque province en particulier, et la description des villes, maisons royales, châteaux et monuments les plus remarquables. Paris, C. N. Poiron, 1753-1754. p. 436-456. 2 l Architecte municipal de 1879 à 1883, Gaston Drancey est l’auteur, à Cherbourg, entre 1875 et 1907, de très nombreux pavillons dont les trois maisons de la Butte-Fauconnière, au 8 et 6, rue du Roule et 4 bis, allée Marguerite, les maisons du 2, rue de Sébastopol et 41, rue de l’Alma près de la place du Général-Sarrail, ainsi que les demeures situées au 3, quai du Général-Lawton-Collins et 40, rue Aristide-Briand, dans le quartier du Val-de-Saire. 3 l Louis-Marie Normand. Paris moderne, ou Choix de maisons construites dans les nouveaux quartiers de la capitale et de ses environs. Paris, Normand aîné, 1843. 4 l Entrepreneur né à Mulhouse le 12 février 1837 et mort au Havre le 26 novembre 1922, Jules Siegfried fut ministre du Travail en 1894.

hôtel particulier 28, place napoléon, par François-dominique geufroy (1862). Cet hôtel, dont la façade s’inspire du style Louis XIII, est une des premières constructions civiles en brique et pierre.

maison 78, boulevard mendès-France (vers 1885). Bâtie à l’initiative d’un riche ferblantier, cette maison appartient à la catégorie des demeures de style éclectique que bon nombre de Cherbourgeois se plaisent alors à bâtir sur les hauteurs de la ville.

immeuble 22-24, rue au Fourdrey (1913). Cet édifice fait partie des quatre immeubles de style haussmannien qui se dressent encore dans le quartier commerçant de la ville entre la rue François-La-Vieille et la rue du Commerce.

maison 36 bis, rue victor-asselin, par rené

levavasseur (1932). Située au cœur du quartier de la Bucaille, cette villa de

style Art Déco a été bâtie pour l’entrepreneur d’origine

italienne sottile, personnalité longtemps associée aux

principaux grands chantiers de l’époque : gare maritime et

stade municipal.

graphique statistique des édifices privés, recensés et sélectionnés, par catégorie

journal de l'exposition / Regards sur la ville : trois ans d'inventaire du patrimoine à Cherbourg-Octeville i 7

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L’enquête sur le port militaire s’est attachée, en premier lieu, à l’étude de l’arsenal, puis à celle du système de mise en

défense de la place. Dernier établissement d’envergure construit au xixe siècle par la Marine, conçu pour prévenir un débarquement anglais sur les côtes normandes, le port de Cherbourg présente l’originalité d’avoir été bâti sur des terrains conquis entièrement sur la mer contrairement à ceux de Brest, Rochefort ou Toulon. Sa créa-tion, échelonnée sur plus d’un siècle, intervient à une époque où

la navigation et l’armement connaissent des mutations accélérées, ce dont témoignent le développement de la propulsion à vapeur, l’usage systématique du fer et de l’acier dans la construction navale ou encore l’apparition de nouvelles armes (torpille, obus chimique) aux portées de tirs désormais plus importantes.

Le port militaire

Fort de Querqueville1789

Fort de Chavagnac1867

Fort de l'Ouest1858

Fort de l'Est1858

Fort Central1858

Fort de l'Ile Pelée1785

Fort du Homet1785

Redoutedu Tôt1812

BassinNapoléon III

1858

BassinCharles X

1829

Avant-port1813

Cales deconstruction

1824

Digue du Large1853

Digue deQuerqueville

1896

Digue Collignon1894

Fort des Flamands1856

Fort du Roule1857

Redoutedes Couplets

1812

HôpitalMaritime

1867

Réservoir duCauchin

1863

Digue du Homet1914

Ancienne voieferrée

de l'Arsenal1868

CHERBOURG. Vue prise au-dessus du Port Militaire. lithographie par a. guesdon. imp. lemercier à Paris. musée thomas-henry. Creusé dans le roc schisteux de l’anse du Galet, l’arsenal est inclus dans une enceinte étendue sur près de 4 kilomètres, bâtie, entre 1840 et 1850, à l’aide des pierres extraites du creusement des différents bassins. Le parement des murs est en granite et la crête recouverte d’un talus en terre destiné à amortir le choc des projectiles.

bâtiment des subsistances, par brosselin, ingénieur des Ponts et chaussées (1863). Conçu pour abriter les stocks de vivres et de fournitures destinés aux troupes de terre et de mer, ce bâtiment, d’une longueur de 292 mètres, repose sur une série de 3500 pilotis établis à 8 mètres de profondeur.

Fort central, par Javain et bodsondenoir Fontaine, ingénieurs du génie (1858). Implanté selon le principe de la fortification éclatée à plus de 1 500 mètres des installations du port militaire, ce fort, ainsi que la plupart de ceux de la rade, est arasé et bétonné à la fin du xixe siècle pour faire face aux nouvelles capacités destructrices de l’obus chimique.

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Implantés tantôt autour de bassins creusés à même le roc de la baie, tantôt au cœur même de la cité, les installations portuaires de l’arsenal constituent de précieux témoignages sur l’histoire du patrimoine maritime dont peu de ports, hormis Rochefort, peuvent s’enorgueillir. En effet, bien que durement touché par les bombar-dements de la seconde Guerre mondiale, le port de Cherbourg a conservé plusieurs édifices dignes d’intérêt qui témoignent de la diversité de ses activités industrielles et militaires. les cales de construction de l’ingénieur Cachin, bâties sous le Premier Empire, le réservoir d’eau de la Divette, le bâtiment des subsistances, la caserne Proteau, parfait exemple des casernes à l’épreuve, ou encore l’hôpital de la Marine, unique survivant des hôpitaux de port du xixe siècle, depuis la disparition de Clermont-Tonnerre à Brest et de Saint-Mandrier à Toulon, en constituent les exemples les plus remarquables.

L’ensemble de ces ouvrages est alors défendu par un double sys-tème de fortifications qui subsiste encore de nos jours : une enceinte bastionnée, amputée aujourd’hui de trois bastions, et une suite de forts détachés établis tantôt en pleine mer tantôt sur les hauteurs de la ville, selon le principe de la fortification éclatée. Les forts à

la mer, dont le profil circulaire, destiné à limiter l’impact des tirs, reflète l’influence des théories du marquis de Montalembert, ont en grande partie survécu. à la fin du xixe siècle, leur bétonnage ainsi que la construction de deux nouvelles digues pour fermer la rade illustrent les efforts déployés par les ingénieurs pour s’adapter aux nouvelles capacités destructrices de l’obus chimique ainsi qu’aux menaces présentées par les navires torpilleurs. Les forts terrestres, organisés en une double ceinture, construits sous le premier empire puis dans la seconde moitié du xixe siècle, ont presque tous disparu à l’exception de quatre d’entre eux : le fort Sainte-Anne, la redoute des Couplets, le fort du Tôt (situés tous les trois sur la commune d’Équeurdreville) ainsi que le fort du Roule, transformé depuis 1954 en musée de la libération.

Fort de Querqueville1789

Fort de Chavagnac1867

Fort de l'Ouest1858

Fort de l'Est1858

Fort Central1858

Fort de l'Ile Pelée1785

Fort du Homet1785

Redoutedu Tôt1812

BassinNapoléon III

1858

BassinCharles X

1829

Avant-port1813

Cales deconstruction

1824

Digue du Large1853

Digue deQuerqueville

1896

Digue Collignon1894

Fort des Flamands1856

Fort du Roule1857

Redoutedes Couplets

1812

HôpitalMaritime

1867

Réservoir duCauchin

1863

Digue du Homet1914

Ancienne voieferrée

de l'Arsenal1868

Fort de Longlet1700

Bureaux du Génie1773

Résidence duPréfet maritime

1785

Centre d'hydraviation maritime1932

Immeubles Ruede l'Abbaye

1932

Caserne de l'Abbaye1785

HôpitalMaritime

1867

journal de l'exposition / Regards sur la ville : trois ans d'inventaire du patrimoine à Cherbourg-Octeville i 9

le port militaire.l’arsenal et ses établissements

Enceinte de l’arsenal – 1849

Les fortifications

Marc-René de Montalembert (1714-1800)

Né à Angoulême le 15 juillet 1714 Marc-René de Montalembert, officier de formation, est avec Louis Cormontaigne un des principaux théoriciens de la fortification au xviiie siècle. Convaincu de la nécessaire adaptation des fortifications aux progrès accomplis par l’artillerie, il préconise l’abandon du système bastionné à la Vauban au profit de forts au tracé circulaire, implantés à une forte distance du corps de place, dotés en sus de plusieurs niveaux de canons regroupés dans des casemates voûtées. Les forts de la rade de Cherbourg ainsi que le fort Boyard, commencé en 1837 à l’entrée de l’estuaire de la Charente, sont, en France, les seuls témoignages de l’influence de ce théoricien dont les recommandations ont surtout été prisées dans les pays d’Europe du Nord.

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L’étude du port civil a porté sur le port de commerce puis sur le port voyageurs. Le premier, établi sur un axe nord-sud,

comprend trois parties : un chenal, un avant-port et un bassin à flot protégé par une écluse. La circulation entre les deux rives est assurée par un pont-tournant plusieurs fois reconstruit, le dernier datant de 1958. Creusé au xviiie siècle par les ingénieurs militaires Hue de Caligny et Pierre de Caux dans le lit de la rivière Divette, sa

création favorise dès la fin de l’Ancien Régime le développement d’un nouveau quartier, le « Val-de-Saire », bâti à l’est de la ville sur des terrains autrefois occupés par la grève. L’hôtel Maurice, actuelle caisse d’épargne, ainsi que son voisin établi au 1, quai du Général-Lawton-Collins, édifiés tous deux autour de 1780, témoignent de ce premier effort d’urbanisation. L’absence de débouché fluvial, un arrière-pays peu industrialisé ainsi que la présence d’un port militaire dont les autorités sont longtemps réticentes à tout projet d’extension handicapent le développement de cet établissement au xixe siècle. Celui-ci n’en fait pas moins au cours de cette période l’objet de plusieurs aménagements dignes d’intérêt dont les exem-ples les plus remarquables sont la jetée-promenade de l’ingénieur Leroux, construite en 1831 pour éviter l’ensablement du chenal, ou encore la forme de radoub des ingénieurs Virla et Reibell.

Conçu pour l’accueil des plus grands navires transatlantiques, le second port s’affirme au xxe siècle lorsque Cherbourg devient, grâce à sa position géographique et à l’excellence de sa rade, l’un des prin-cipaux ports d’émigration à destination du Nouveau Monde. Des-siné par l’ingénieur des Ponts et Chaussées Paul Minard, il s’étend à l’est de la ville sur des terrains entièrement artificialisés et se dote d’équipements réalisés dans le style Art Déco : hôtel de voyageurs, construit en 1922 à l’initiative des compagnies maritimes pour per-mettre aux candidats à l’émigration d’accomplir toutes les formali-

tés sanitaires exigées par les autorités américaines, gare maritime, inaugurée en 1933, dont la création ne manque pas de renouveler profondément la physionomie du Val-de-Saire, rebaptisé un temps « quartier transatlantique ». Bombardé en 1944, l’ensemble de ces installations fait l’objet d’une importante reconstruction après la guerre dont la criée de l’épi, située en bordure de l’ancien avant-port, est un des exemples les plus réussis.

Le port civil

Forme de radoub, par nicolas virla et Félix Jean-baptiste Joseph reibell, ingénieurs des Ponts et chaussées (1846). Inspiré par les formes à l’anglaise, cet ouvrage, creusé directement dans le rocher à 4 mètres sous la côte,est séparé de la mer par une double porte métallique qui en assure l’étanchéité.

gare maritime transatlantique. Salle des pas perdus (1933). Restaurée en 1952 par René Levavasseur, associé aux décorateurs parisiens Gentil et Simon, la salle des pas perdus accueillait les bureaux des compagnies transatlantiques ainsi que plusieurs établissements de détente (bar, bibliothèque, salon).

criée municipale (1954). Témoin du renouveau de la pêche au chalut après la guerre, la nouvelle criée a été construite sur un épi maçonné où les pêcheurs avaient l’habitude de pratiquer la vente à l’air libre du produit de leur prise.

10 i Regards sur la ville : trois ans d'inventaire du patrimoine à Cherbourg-Octeville / journal de l'exposition

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René Levavasseur (1881-1962)

Originaire de Vire dans le Calvados, René Levavasseur est l’auteur à Cherbourg de nombreux édifices publics et privés. Diplômé de l’école des Beaux-Arts de Paris, il débute sa carrière, avant la Première Guerre mondiale, par la construction de plusieurs maisons et immeubles dans un style éclectique : maison Dubois au 53, rue Montebello (1909), maison Samson, au 23, rue François-La-Vieille (1911), immeuble Limousin au 31 de la même rue (1911). Lors de l’entre-deux-guerres, il devient l’un des principaux représentants du mouvement Art déco en Basse-Normandie en réalisant successivement le Magasin Ratti (1922), l’hôtel Atlantique (1922), la nouvelle gare maritime (1933) et la maison Sottile (1933) au 36 bis, rue Victor-Asselin, du nom d’un entrepreneur italien auquel il fut longtemps associé. Après la Libération, il consacre les dernières années de sa vie à la reconstruction de ses réalisations partiellement endommagées, comme la gare transatlantique, ainsi qu’à la réalisation de deux chantiers : le réaménagement intérieur de l’église Notre-Dame-du-Roule à Cherbourg et la construction de la chapelle du Bon-Sauveur à Picauville.

le port de commerce et le port voyageurs.

immeuble 51-53, rue albert-mahieu, par rené charles louis drancey (1927).Cet immeuble, implanté sur une parcelle très étroite, a été construit à l’initiative d’un herboriste du nom d’Aussant-Sanier. Il s’agit d’un des tous premiers édifices civils en béton construits à Cherbourg.

journal de l'exposition / Regards sur la ville : trois ans d'inventaire du patrimoine à Cherbourg-Octeville i 11

Bilan et perspectivesLe recensement et l’étude du patrimoine de la

ville de cherbourg-octeville ont fait apparaître un ensemble d’une grande diversité. le port militaire constitue sans nul doute, à l’échelle nationale, l’ensem-ble le plus remarquable. L’intérêt porté tout au long du xixe siècle par l’État à la réalisation de cet immense chan-tier, ainsi que l’ampleur de ses vestiges, dont certains, comme la digue du large, constituent de véritables prouesses techniques, militent en faveur d’une réflexion sur une protection future. à cet ensemble exceptionnel, succèdent les établissements du port de commerce, témoignages vivants de l’histoire de la navigation tran-satlantique, ainsi que certains édifices publics et privés dont la variété des styles intéresse plus particulièrement l’histoire de l’art local.

l’étude, dont le travail de terrain et de recherche est clos, va donner lieu à la publication en 2013 d’un ouvrage de synthèse consacré à l’histoire du développement de Cherbourg-Octeville, accompagnée, d’une seconde exposition réalisée à l’aide de documents anciens issus des collections publiques de la ville.

Port de commerce 1 Avant-port (1826) 2 Grande jetée (1826) 3 Bassin du Commerce (1831) 4 Forme de radoub (1846) 5 Écluse (1884) 6 Capitainerie (1885) 7 Criée municipale (1954) 8 Pont tournant (1958) 9 Halle aux poissons (1960)

Port voyageurs 10 Hôtel Atlantique (1922) 11 Digue des Flamands (1927) 12 Darse transatlantique (1932) 13 Quai de France (1932) 14 Gare maritime (1933) 15 Quai de Normandie (1939)

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gloSSaire deS termeS de l’exPoSition

Arsenal Établissement réservé à la construction et à l’entretien des navires de guerre ainsi qu’au cantonnement de la troupe.

Bastion Ouvrage bas de forme pentagonale, disposé en saillie entre deux courtines.

Bassin à flot Bassin fermé par une écluse, où l’eau de la mer est maintenue à une hauteur minimale afin d’éviter aux bateaux l’épreuve de l’échouage.

Boël terme d’origine scandinave désignant un passage reliant l’espace public à l’espace privé.

Cale de construction Plan incliné, maçonné et parfois couvert, sur lequel on construit les navires.

Casemate Abri voûté, équipé d’une fente de tir, destiné à recevoir un canon.

Caserne à l’épreuve Bâtiment militaire dont les murs et la toiture sont conçus pour mettre les soldats à l’abri des projectiles d’artillerie.

Chenal Canal formant l’entrée d’un port.

Éclectisme Mouvement artistique qui se caractérise par l’utilisation d’un répertoire ornemental emprunté à des styles différents.

Écluse Ouvrage hydraulique, formé essentiellement de portes munies de vannes, destiné à retenir ou à lâcher l’eau selon les besoins.

Épi Jetée intérieure d’un port dirigée dans un sens différent de la ligne générale.

Enceinte bastionnée Ouvrage défensif composé d’une succession de courtines et de bastions.

Forme de radoub Bassin utilisé pour l’entretien des navires.

Fort détaché Fort placé à une certaine distance de l’objectif qu’il protège.

Fortification éclatée Système de défense où la protection du corps de place est assurée par une ceinture de forts disposés de manière à ce que l’artillerie ennemie ne puisse pas atteindre l’objectif visé.

Jetée Ouvrage maritime destiné à protéger un port du mouvement des vagues ou de l’ensablement.

Obus chimique Obus de forme cylindrique, aux parois en acier très légères, contenant une forte charge d’explosifs, tiré avec précision par des canons ayant une portée de tir de 6 à 7 km.

Octroi Contributions indirectes que les municipalités étaient autorisées à établir et à percevoir sur les marchandises de consommation locale.

Mouvement moderne Courant de l’architecture apparu au xxe siècle caractérisé par un retour au décor minimal, aux lignes géométriques ainsi que par l’usage systématique de nouveaux matériaux, comme le béton.

Polygone d’exception Territoire situé à proximité d’un ouvrage défensif, libéré exceptionnellement des servitudes militaires.

Pont tournant Pont dont le tablier tourne de manière horizontale lors du passage des navires sur la voie d’eau.

Redoute Petit ouvrage défensif, de forme régulière, destiné à recevoir une batterie de canons. Contrairement au fort, la redoute ne possède pas de caserne.

Servitudes militaires Ensemble des contraintes qui pèsent sur les terrains situés aux voisinages des ouvrages militaires.

Torpille Engin chargé d’explosif, de forme oblongue, se déplaçant sous l'eau et destiné à la destruction de navires de surface ou de sous-marins.

texte : Stéphane ALLAVENA (Direction de l’inventaire général du patrimoine culturel, Région Basse-Normandie).

crédits photos : pascal CorBierre, Manuel de ruGY (direction de l’inventaire général du patrimoine culturel, Région Basse-Normandie), Marine nationale.

cartographie et graphiques : Stéphane ALLAVENA, Direction de l’inventaire général du patrimoine culturel, Région Basse-Normandie (sources), Denis LAISNÉ, Nadège LINO, Service d’information géographique, Communauté urbaine de Cherbourg, didier HÉBert, direction de l’inventaire général du patrimoine culturel (réalisation).

graphisme et impression : L'Ivre d'images, Caen.Siret 437 547 300 00024 - RCS Caen.

Imprimé en France sur papier recyclé.© 10/2010

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