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Reflets Sahéliens Publication trimestrielle du Comité Permanent Inter-Etats de Lutte contre la Sécheresse dans le Sahel Lutte contre la désertification... Lutte contre la désertification... ...c’est possible. ...c’est possible. N° 45 août-septembre-octobre 2006 ISSN 0650 8206

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RefletsSahéliens

Publication trimestrielle du Comité Permanent Inter-Etats de Lutte contre la Sécheresse dans le Sahel

Lutte contre la désertification...Lutte contre la désertification......c’est possible....c’est possible.

N° 45 août-septembre-octobre 2006ISSN 0650 8206

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Reflets Sahéliens N° 45 - août-septembre-octobre 2006 - Page 2

Reflets SahéliensTrimestriel d’information du CILSS

Numéro 45août-septembre-octobre 200603 BP 7049 Ouagadougou 03

Tél (2006) 50.37.41.25/26Fax : (226) 50.37.41.32Email : [email protected]

Site Web : www.cilssnet.org

Directeur de Publication

Musa S. MBENGASecrétaire Exécutif

Coordinateur

Issa Martin BIKIENGASecrétaire Exécutif Adjoint

Rédacteur en Chef

Harouna KINDOResponsable de l’Unité d’Appui au Management

en Communication-InformationDocumentation (UAM-CID)

Secrétaire de Rédaction

Emmanuel SANOU

Documentalistes

Marie Bibiane COMPAOREJeannette KOLANI

Maquette et PAO

Emmanuel SANOU

Tirage

1.000 exemplaires

Autorisation

N° 92/003/MAT/SG/DGTA/DELPAJdu 22 octobre 1993

Impression

Imprimerie ABCDTél: 70 23 85 35

RefletsSahéliens

S o m m a i r eEditorial ...................................................................................... 3

La désertification, un phénomène complexe ........................ 4

Etat de la désertification au Sahel ............................................... 5

La politique et les acquis du CILSS en matière dedésertification ................................................................................ 8

Gestion des ressources naturelles et sécurité alimentaire ......10

Rentabilité de la GRN : Les Etudes Sahel .................................. 10

Les Programmes opérationnels du CILSS en matière deLCD ................................................................................................ 14

CONTRIBUTION DU CILSS A L’ANNEE INTERNATIONALE DES DESERTS ET DE LA DESERTIFICATION

Brises vent dans la vallée de la Maggia en septembre 2004

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Non la désertification n'est pas une fatalité ! Non la désertificationn'est pas un phénomène irréversible ! Non nous ne devons pasbaisser les bras face à ce fléau !

Oui c'est possible de lutter contre la désertification, oui c'est possi-ble de régénérer les sols lessivés du Sahel, oui c'est possible de faire

reculer le phénomène de désertification.

Telle est la conviction du CILSS qui lutte contre ce fléau depuis plus de trois décennies. Lesinvestissements faits dans la GRN depuis une vingtaine d'années commencent à porter fruit etd'immenses étendues de terres dégradées sont en train d'être récupérées au Sahel. Des tech-niques simples comme le reboisement, les cordons pierreux, les demi lunes et les banquettesfavorisent une régénération relativement rapide du couvert végétal et les exemples sont légiondans l'espace sahélien. Dans de nombreuses régions les populations se sont appropriées cestechniques qui donnent des résultats au-delà de toute attente dans le domaine par exemple del'agriculture et de l'agroforesterie. Mais les interventions dans la Gestion des RessourcesNaturelles (GRN) sont onéreuses et nécessitent un effort soutenu et durable.

Il est réconfortant de constater que les Etats et la société civile (ONG, associations, groupe-ments de producteurs) ont pris conscience de l'importance de la GRN et s'investissent de plusen plus dans ce domaine. Les Etats en particulier ont fait d'énormes efforts ces dernièresannées, d'abord en se dotant chacun d'un Ministère chargé de l'environnement et de structurestechniques adéquates, mais également en dégageant des ressources financières pour la GRN.Toutes ces initiatives sont canalisées au niveau international par la Convention des NationsUnies sur la lutte contre la désertification qui accompagne les Etats et des structures régiona-les comme le CILSS dans la mise en œuvre de plans d'actions nationaux pour l'environnement(PAN). Ces PAN constituent des cadres où sont définies les priorités de chaque pays en matiè-re de préservation de l'environnement. Ils codifient et orientent également les activités et lesinterventions des différents acteurs pour éviter la dispersion des ressources et des compéten-ces nécessaires pour atteindre les objectifs que se sont fixés les pays.

Toutes les conditions sont donc maintenant réunies pour que nous renforcions les investisse-ments dans la GRN. Le CILSS qui est le catalyseur de tous les efforts des pays dans la luttepour la préservation de nos ressources naturelles accentuera son travail de plaidoyer pourmobiliser les ressources nécessaires à la restauration de l'écosystème sahélien.

Le CILSS poursuivra également la mise en œuvre sur le terrain des micro projets de lutte cont-re la désertification en collaboration avec les Etats et la société civile. Les réalisations entrepri-ses dans le cadre de ces projets contribuent fortement à faire prendre conscience aux popula-tions que la désertification est un phénomène réversible.

C'est à ce prix seulement que la bataille titanesque contre la désertification commencera à por-ter fruit.

Musa S. MBENGASecrétaire Exécutif du CILSS

E D I T O R I A L

C'EST POSSIBLE

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LLa notion de désertificationfait l'objet de compréhen-sions diverses aujourd'hui à

travers le monde. Ceci peut s'expli-quer par la complexité du phéno-mène à la fois naturel et d'ordreanthropique, mais aussi du faitque, la désertification en tant quephénomène "mondial " connaît desmanifestations différentes suivantles zones écologiques.

En dépit de cette diversité depoints de vue qui caractérise lanotion de désertification, la défini-tion qui est aujourd'hui reconnue etutilisée à l'échelle internationaleest celle contenue dans laConvention Internationale de Luttecontre la désertification (CCD) etadoptée par la CNUED en 1992 àRio de Janeiro. Le terme désertifi-cation désigne “la dégradation desterres dans les zones arides, semiarides et subhumides sèches parsuite de divers facteurs, parmi les-quels les variations climatiques etles activités humaines ". Une défi-nition à laquelle le CILSS adhèreentièrement en tant que partie pre-nante au processus d'élaborationet d'adoption de cette conventionen sa qualité d'organisme intergou-vernemental en charge de la luttecontre la sécheresse et la désertifi-cation mandaté par ses pays mem-bres sahéliens et la CEDEAO.

Par ailleurs, cette implication dansle processus d'élaboration de laCCD et son expertise en matièrede lutte contre la désertification ontpermis au CILSS de piloter le pro-cessus d'élaboration des plansd'action nationaux des différentspays de l'espace ouest-africain àtravers le Programme d’ActionSous-Régional de Lutte contre laDésertification en Afrique del’Ouest et au Tchad (PASR/AO),dont il assure le secrétariat tech-nique.

En cette qualité et au moment oùs'opère la mise en œuvre des der-niers PAN des pays (Guinée,Guinée-Bissau, Sierra Léone, etc.)

et l'opérationnalisation des PANpar leur traduction en programmeset projets concrets, il s'avèrenécessaire de rappeler et de préci-ser certains faits qui peuvent avoirdes impacts sur les stratégies delutte engagées par les différentspays.

En cela, il n'est jamais trop de rappeler que :

- Le phénomène est souvententendu comme un "processus "c'est-à-dire un phénomène naturelmarqué par des évolutions aboutis-sant à un résultat spécifique ou un" état " crée par la dégradation desterres.

Suivant que l'on entend la déserti-fication comme l'un ou l'autre, lesméthodes de lutte vont varier. Pourle Sahel, l'adoption d'une approcheintégrée s'impose pour prendre encompte à la fois les facteurs envi-ronnementaux et humains de ladésertification.

- La désertification peut être aussiréversible ou irréversible. Toutdépend de l'état de dégradationdes terres et la capacité de rési-lience de milieux. Ceci appelle despays sahéliens une vigilance dansl'utilisation des terres à traversleurs différents systèmes de pro-duction, dont beaucoup semblentincompatibles avec les capacitésde régénération des milieux qui lessupportent.

- Dans le contexte sahélien, ladésertification est indissociable dela dégradation des terres définiecomme " Toute forme de détériora-tion des sols, qui altère l'écosystè-

me ". De même, la lutte contre ladésertification (LCD) s'associe à laGestion durable des terres (GDT),qui dans le cadre de la CCDconsiste " à améliorer de manièredurable la productivité et l'efficien-ce des différentes formes de capi-taux (le capital naturel, le capitalsocial, le capital humain, le capitalécologique, le capital culturel, etc.).

- En tant que phénomène lié auxactions anthropiques (un état créépar la dégradation des terres), lesmanifestations de la désertificationvarient suivant les aires géogra-phiques . Elle touche principale-ment (i) les zones pastorales setraduisant par une dégradation dela végétation, une dégradation dessols et une diminution de la régé-nération des aquifères ; (ii) leszones de cultures pluviales avecdes manifestations physiques, chi-miques et biologiques et enfin (iii)les zones irriguées par les dégra-dations physiques et la salinisa-tion.

- La lutte contre la désertificationrequiert une synergie d'action et unpartenariat entre les différentsacteurs concernés à l'intérieur despays et entre pays, ainsi qu'unecoopération internationale. La sen-sibilisation et la participation despopulations restent somme touteles fondements de la réussite dansla lutte contre la désertification.Les pays de l'Afrique de l'Ouest etdu Sahel en particulier doiventfaire de la lutte contre la désertifi-cation/dégradation des terres unepriorité, car la terre demeure enco-re le premier facteur de production.

LA DESERTIFICATION, UN PHENOMENE COMPLEXE

Stade de dégradation Perte de productivité Caractérisation

Légère (10) - 15 % Facilement réversible en adaptant les pratiques agronomiques

Modérée 20-33% Réversible grâce à des changements améliorateurs à l'échelle de l'exploitation

Sévère 50-66 % Difficilement réversible, nécessite detravaux majeurs au coût élevé

Très sévère > 66 % Irréversible

Le tableau suivant donne les différents stades de désertification

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ETAT DE LA DESERTIFICATION AU SAHEL

LL'ensemble des pays sahéliens estconfronté à des problèmes envi-ronnementaux résultants et/ou

aggravés par l'effet conjugué de la péjo-ration climatique continue et l'augmen-tation de la pression humaine. Le Saheldoit ainsi faire face à deux problèmesmajeurs : une insécurité alimentairepersistante et une dégradation continuedes écosystèmes.

La préservation et la gestion durable denotre environnement est une préoccu-pation commune de tous nos Etats ets'est traduite par la signature de laConvention des Nations Unies sur lalutte contre la désertification et des aut-res conventions de la génération de Rioet beaucoup d'entre eux ont élaborédes plans d'action visant à améliorer laproductivité des terres, la réhabilitationdes sols et la gestion rationnelle desressources en eau. Cela requiert uneinformation actualisée, bien analysée ettraduite en indicateurs à même de four-nir les diverses tendances en matièred'environnement. C'est pour répondre àcette préoccupation que le CILSS adécidé de publier régulièrement unrecueil sur l'Etat de l'environnement auSahel visant les objectifs suivants :

- Permettre aux pays du Sahel d'a-voir une connaissance objective etquantifiée de l'état de leurs ressour-ces naturelles et de l'environne-ment, dans leurs pays respectifs etdans la sous-région.

- Mettre en place des activités pourmesurer les changements qualita-tifs et quantitatifs qui affectent lesdifférents écosystèmes majeurs dela sous-région.

- Créer les conditions matérielles etinstitutionnelles pour une réelleprise en compte des informationsdans les processus décisionnelsdes responsables de chaque pays.

Les informations produites dans cetarticle proviennent essentiellementdu dernier rapport sur l'état de l'en-vironnement publié par le CILSS en2003.

Principaux problèmes environne-mentaux au Sahel

Selon différentes sources les principauxproblèmes environnementaux du Sahelet de l'Afrique se présentent commesuit, dans le tableau ci-après.

Principaux problèmes soulevésselon les thèmes majeurs en

Afrique.

EAU

- Salinisation et pollution des nappes- Diminution de la pluviométrie- Diminution de la disponibilité des

ressources en eau (perturbation durégime hydrologique, appauvrisse-ment des nappes souterraines)

- Dégradation des zones humides- Ensablement des lacs et cours

d'eau- Disparition des mares permanentes

SOL

- Dégradation des terres (formationde glacis et de dunes de sable)

- Salinisation des sols- Baisse de la fertilité des sols- Erosions hydriques et éoliennes- Surexploitation des terres

VEGETATION

- Surexploitation des pâturages- Occupation des zones pastorales

par les agriculteurs- Déforestation, déboisement- Colonisation des milieux par des

d'espèces xériques et/ou peu utiles- Rémanence des feux de brousse

FAUNE ET FLORE

- Perte de la biodiversité- Dégradation et diminution des res-

sources fauniques et piscicoles

ZONES URBAINES

- Pollution atmosphérique- Pollution physico-chimique des

eaux et des sols- Pollution sonore- Accumulation des déchets ména-

gers- Développement de l'habitat sponta-

né insalubre- Ensablement des infrastructures- Faiblesse des systèmes d'évacua-

tion des eaux pluviales et usées

ZONES COTIERES

- Pollution marine- Dégradation du littoral.

Une péjoration continue des condi-tions climatiques

Une baisse tendancielle des précipita-tions

En comparant la pluviométrie moyennede la saison avec la pluviométrie annuel-le au Sahel, l'analyse montre un net défi-cit des cumuls pluviométriques depuis lesannées 1967 qui se maintient jusqu'à nosjours. Une description simple des fluctua-tions pluvio-climatiques dans le tempssuivant deux périodes de référence(1950 - 1967, considérée comme humideet 1968-1995, supposée période sèche)en fonction des séries climatologiquesdisponibles montre :

- Une diminution constante de la duréemoyenne de la saison des pluiesdans les pays du CILSS. Si les datesd'installation des pluies sont restéesstables dans l'ensemble (variation de15%), les dates de retrait sont enrevanche plus euatiques et ont sou-vent entraîné un nette réduction dunombre de jours pluvieux au Sahel(variation de 20% dans la zone bio-climatique soudanienne plus de 30%dans les régions bioclimatiquessahéliennes);

- Une baisse tendancielle des cumulspluviométriques pour toute la zoneCILSS, caractérisée par une variabi-lité plus importante pour la zone bio-climatique sahélienne;

- Un glissement des isohyètes vers lesud d'environ 100 km ;

- Une augmentation des températuresen surface.

Les ressources en eau : un amenuise-ment des ressources hydriques

L'eau, sous ses diverses formes tellesque les pluies et leur ruissellement, lescours d'eau et les plans d'eau, est un desprincipaux facteurs de transformation del'environnement et des paysages sahé-liens. Le régime des eaux de surface estun indicateur des fluctuations clima-tiques, en particulier du degré de séche-resse et de l'évolution de l'occupation dessols des bassins versants.

La conséquence directe du déficit pluvio-métrique observé au Sahel est une dimi-nution des débits des grands cours d'eausahéliens ainsi que la dégradation conti-nue des écosystèmes. Depuis lesannées 70, les débits ont diminué d'envi-ron 20 à 40 %. La baisse se traduit nonseulement sur le module annuel, maisaussi sur les extrêmes (débits de crue etd'étiage). La baisse du débit minimum estl'une des plus dommageables sur l'éco-système.

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La diminution des précipitations a eu etcontinue d'avoir des conséquences surles régimes d’écoulement des principauxcours d'eau permanents de la sous-région. À cause de l'effet cumulatif dedéficits pluviométriques, les niveaux desnappes phréatiques qui alimentent lesdifférents cours d'eau sont devenus plusbas, entraînant subséquemment la bais-se des écoulements des cours d'eau per-manents. Ainsi, même avec une bonneannée pluviométrique, les écoulementsrestent médiocres du fait de la baisse duniveau des nappes, dont l'inertie est plusgrande.

La sécheresse a également modifié l'étatde surface des bassins versants dans lamajeure partie du Sahel. La dégradationde l'écosystème et la diminution du cou-vert végétal entre autres, ont eu pourconséquence l'augmentation du coeffi-cient de ruissellement des sols.

Réduction des superficies des lacs etdes mares

Une forte réduction de la surface du lacTchad a été observée durant ces annéesde déficit. Le lac couvrait une superficied'environ 15 000 à 20 000 km2 dans lesannées 1967 à 1969. Pendant la périodesèche (1973 à 1997) la surface s'estréduite à moins de 10 000 km2. On assiste depuis deux ans à une amé-lioration de la situation. En effet, lesécoulements importants du Chari enre-gistrés en 1998 et ceux normaux de 1999ont entraîné l'inondation d'une partieimportante du nord du lac. Il y a plus de25 ans que cette situation n'avait pas étéobservée.

Un accroissement de la demande eneau

La demande en eau au Sahel est en fortecroissance depuis 1995. A titre d'exem-ple, les besoins totaux pour les usagesdomestiques, industriels et agricoles sontde l'ordre de 11,38 millions de m3. Pour2005, les prévisions étaient de 59millions de m3. L'utilisation des eaux desurface reste limitée en dépit de la diver-sité des cours et points d'eau. On estimedans la zone sahélo-soudanienne lepotentiel des terres irriguées à 33millions d'hectares, dont seulement 5,3millions d'hectares (soit 16 %) sont effec-tivement irriguées sur les 40 % des solsconsidérés comme aptes à l'irrigation.L'agriculture qui occupe une part impor-tante dans la croissance économique despays sahéliens a consommé en 1995près de 76 % des eaux globalement utili-sées, contre 17 % et 7 % respectivementpour les usages domestiques et indus-triels. L'accès à l'eau potable est enmoyenne de l'ordre de 40 % en zone

urbaine et de 64% en milieu rural, avecdes disparités selon les zones (Globalenvironment Outlook III for west Africa,1972-2002).

D'importants efforts déployés par lespays pour faire face

C'est pour pallier ces difficultés de maî-trise de l'eau que les barrages deManantali sur le fleuve Sénégal, deSelingue et de Markala sur le fleuveNiger, Bagré et Kompienga au BurkinaFaso ont été construits. Les barrageshydro-électriques ont permis la régulari-sation du débit des fleuves durant toutesaison.Ils ont ainsi permis de lever le principalhandicap à la culture irriguée dans cespays à savoir la disponibilité de l'eau enquantité et qualité suffisante au niveaudes stations de pompage. Ils ont ouvert lavoie à une intensification agricole avec lapossibilité offerte aux paysans de prati-quer désormais plusieurs productionsdans l'année.

Les ressources végétales

La végétation du Sahel est différenciéeselon un gradient nord-sud en fonctionde l'importance des précipitations. On yrencontre la steppe, la savane arbustive,la savane arborée et les forêts clairessèches de faible densité arborée.Quelques lambeaux de forêts sèchesdenses subsistent à l'extrême sud dequelques pays sahéliens, en zone clima-tique soudanienne. Les forêts occupentune place importante dans le développe-ment. En effet, au-delà de leurs fonctionsécologiques reconnues, les forêts assu-rent au plan économique, l'essentiel desbesoins énergétiques des populations.Elles fournissent également des servicesindispensables à la vie quotidienne : boisde construction, produits phytopharma-ceutiques, produits de cueillette, etc. Laforêt est, pour ces pays du Sahel où 80%de la population travaillent dans le sec-teur agricole, un des facteurs essentielsdu développement.

Partout au Sahel, cette couverture végé-tale se dégrade à un taux alarmant enfonction des aléas climatiques et de lapression liée aux besoins humains. Ceschangements ont de sérieuses implica-tions sur l'état de la couverture végétale.Au Sahel, la plupart des forêts classéesont vu leur superficie initiale réduite deplus de la moitié.

Les travaux de l'Agrhymet permettent demontrer le développement potentiel de lavégétation et dès lors de mettre en exer-gue les variations de la longueur du cyclede végétation ainsi que l'intensité deschangements de la végétation. Ces tra-

vaux concluent à :- une évolution de la durée de la saisonvégétative; Tendance à la diminution auSud ; Tendance à l'augmentation auNord.

- Evolution des dates d'émergence de lavégétation ; Tendance au démarrage pré-coce au Nord ; Tendance au démarragetardif au Sud.

Les ressources en terre

L'Afrique de l'Ouest, en particulier sa par-tie sahélienne, est une région en majori-té semi-aride à désertique (70 % des ter-res). L'état de dégradation des terresdans le monde est un sujet controversé.Les observations résultant de nombreu-ses études s'accordent à montrer partoutune amplification des phénomènes d'éro-sion hydrique et éolienne, la baisse de lafertilité chimique des sols, la salinisationdes terres.

En dehors de la sécheresse, les autrescauses de la dégradation des terres sontliées aux activités agricoles avec : laréduction des périodes de jachère, l'irri-gation mal gérée, le surpâturage et ledéboisement. La diminution des superfi-cies des terres cultivables par habitant,les pratiques de certaines cultures(coton, etc.) ainsi que le ramassage desrésidus de cultures participent davantageà la fragilisation des sols face à l'actionérosive du vent et de l'eau.

Il est difficile de trouver des estimationsexhaustives et partagées de la dégrada-tion des terres en Afrique de l'Ouest. Apartir des données du projet GLASOD(Global Assessment of Human-InducedSoil Degradation) (Oldeman et al. 1991),les experts indiquent que jusqu'à 65 %des terres agricoles africaines étaientdégradées (Scherr 1999), tandis quel'Atlas du PNUE sur la Désertification(PNUE 1997), qui s'appuie sur lesmêmes données, estimait que près de 30% du Sahel était touché par une dégra-dation des sols liée aux activités humai-nes. Dans certains pays comme leBurkina Faso par exemple, certaines étu-des (Somé et al, 1992) suggéraient quejusqu'à 75 % des terres souffraient d'unedégradation importante à très sévère.

En Afrique de l'Ouest, le processus dedégradation des terres est à la source deréponses socio-économiques variées. Acet égard, l'analyse sur quelquesséquences de la période de référencesèche (1965 - 1995) montre que les dés-équilibres se traduisent par la mise enoeuvre de nouvelles alternatives d'exploi-tation ajustées à chaque nouvelle situa-tion. Par exemple, les stratégies de miseen culture consistent souvent en une

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réponse mesurée à une situation éda-pho-climatique incertaine : adoption decultures rustiques à cycle court, déplace-ment des fronts de cultures vers leszones humides et inondables, etc.

Biodiversité et paysage

La sous-région Ouest Africaine renfermeune bonne richesse au plan de la biodi-versité : près de 50 000 espèces de plan-tes connues, 1.000 mammifères et 1.500oiseaux décrits. Leur préservation étaitessentiellement basée sur divers procé-dés traditionnels de conservation par lescommunautés.Les principales causes de la diminutionde la biodiversité au Sahel sont dues àl'action simultanée des modifications cli-matiques et des pressions anthropiquesexercées sur les ressources.Quelques Gouvernements des pays duSahel ont entrepris des démarches pourprotéger leurs espaces naturels et doncla diversité des espèces. Ces mesures ont consisté à créer desparcs naturels et des zones protégéespour les espèces d'animaux et de plantesmenacées. En outre, on a aménagé deszones "partiellement protégées", danslesquelles seules quelques formes d'ex-ploitation sont interdites, comme parexemple l'abattage ou l'ébranchage desarbres ainsi que la chasse. Environ 6%de la région du Sahel ont été déclarés

zone protégée ou partiellement protégée: 1%, c'est-à-dire 47000 km2, sont entiè-rement protégés et 5%, c'est-à-dire248000 km2, ne sont que partiellementprotégés.

2.6. Ressources marines

Parmi les pays sahéliens, cinq (le Cap-Vert, la Gambie, la Guinée-Bissau, laMauritanie et le Sénégal) ont des margesfrontalières avec l'océan Atlantique.Le littoral ouest africain recèle d'impor-tantes et diverses ressources naturellesavec des écosystèmes fortement produc-tifs qui assurent la protection et la stabili-sation du substratum physique, des fluxde gaz atmosphériques globaux, et ducycle nutritif. L'érosion côtière est considérée commeétant l'une des questions les plus crucia-les qui secouent actuellement la côte del'Afrique de l'ouest. Des taux d'érosion de23-30 m par an ont été enregistrés danscertains secteurs (Smith, Huq, Lenhart,Mata, Nemesova et Toure 1996).L'exploitation du sable et du gravier desestuaires, des plages, et du plateaucontinental contribue à l'accentuation del'érosion côtière.

Les zones urbaines

On estime pour toute l'Afrique de l'Ouestque 38 % de la population vit en zone

urbaine. Au Sahel, le Cap-Vert est lepays le plus urbanisé avec un taux de 62%, et le Burkina Faso, le moins urbaniséavec juste 18,5 % (UNCHS 2001a).

D'énormes quantités de déchets sontproduites quotidiennement dans les capi-tales comme Nouakchott, où 600 à 800tonnes d'ordures ménagères sont produi-tes chaque jour (UNCHS 2002). Cesordures sont généralement déposées surdes terrains vagues, ce qui contribue àaccroître la pollution atmosphérique etcelle des nappes souterraines.

La pollution, résultant d'un mauvais pro-cessus d'industrialisation, de la concen-tration de parcs automobiles vétustesdans les villes et des mauvaises condi-tions d'hygiène, est un risque de santépublique et un problème écologique dansbeaucoup de villes.

Risques et calamités au Sahel

La situation géographique du Sahelexpose la région à diverses calamitésnaturelles et/ou anthropiques. Les évè-nements les plus fréquents avecquelques exemples de catastrophes sur-venus ces dernières années sont donnésdans le tableau ci-après :

Tableau : Etendue et évolution des forêts

Forêt totale Forêts naturelles Plantations

Etendue (10³ ha) Variation an.(%) Etendue (10³ ha) Variation an. (%) Etendue (10³ ha) Variation an.(%)

Pays 1980 1995 1980/90 1990/95 1980 1995 1980/90 1990/95 1990 1990/95

Burkina Faso 4744 4271 -0.7 -0.7 4411 4251 0.7 0.7 20 8.2Gambie 106 91 -1.1 -0.9 94 90 1.1 0.9 1 0.0Mali 13208 11585 -0.8 -1.0 12140 11571 0.8 1.0 14 27.3Mauritanie 554 556 0.0 0.0 554 554 0.0 0.0 2 24.1Niger 2554 2562 0.0 0.0 2550 2550 0.0 0.0 12 10.3Sénégal 8072 7381 -0.6 -0.7 7517 7269 0.7 0.7 112 25.5

Source: Banque Africaine de Développement (2001-2002)

ConclusionLa présentation qui précède révèle bien que le Sahel dispose d'un potentiel en ressources naturelles riche et varié, mais qui àl'heure actuelle est fortement menacé. Plusieurs facteurs agissent de manière conjointe (directs, indirects, aggravants, etc.).Parmi ceux-ci, les plus importants sont les facteurs climatiques et les facteurs anthropiques. La pauvreté et la dégradation del'environnement entretiennent un cercle vicieux. Les populations, faute de moyens suffisants, ne peuvent pas prendre le soinqu'il faudrait à l'environnement, mais au contraire, surexploitent les ressources pour leur propre suivie. Dans ces conditions, lerenouvellement de ces ressources naturelles n'est plus garanti.

Néanmoins, des efforts sont menés au plan national, régional et même international pour inverser les tendances ou tout auplus, réhabiliter ce qui peut encore l'être à l'heure actuelle. Au niveau interne, des programmes et des projets de grandes enver-gures sont mis en œuvre par les autorités de ces pays, aidés en cela par les bailleurs de fonds. Ces efforts portent déjà desfruits au niveau local. En effet, des études récentes montrent que partout où des investissements ont été consenti dans la GRN,on a de nombreux signes d'espoir. En effet, une étude récente sur les tendances à long terme dans l'agriculture et l'environ-nement sur la partie nord du Plateau central au Burkina Faso (de 1980 à 2001) fait ressortir des changements remarquable-ment positifs qui semblent être principalement liés aux importants investissements consentis dans le domaine de la conserva-tion des eaux et des sols. Ces changements se traduisent par l'augmentation des rendements de céréales (de 50% à 60%) ;la présence de plus d'arbres sur les terres agricoles qu'il y a 10 ou 15 ans ; l'amélioration des niveaux de la nappe phréatiqueet diminution de l'émigration dans les villages etc. Au Niger des études similaires conduites dans le pays ont montré les mêmesrésultats positifs.

Illela Ouest (Niger) en 1984

Illela Ouest (Niger) en 2004

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Reflets Sahéliens N° 45 - août-septembre-octobre 2006 - Page 8

CCréé en 1973, au lendemain de dra-matiques épisodes de faminedans les pays sahéliens, le

Comité Inter-Etats de Lutte contre laSécheresse au Sahel (CILSS) est uneorganisation sous-régionale qui regrou-pe 9 Etats : Burkina Faso, Cap-Vert,Gambie, Guinée-Bissau, Mali,Mauritanie, Niger, Sénégal et Tchad. Sonmandat général est : " de s'investir dansla recherche de la sécurité alimentaire etdans la lutte contre les effets de lasécheresse et de la désertification pourun nouvel équilibre écologique ". A cetitre, le CILSS depuis sa création joue unrôle central dans la région sahélienne ence qui concerne l'amélioration de lasécurité alimentaire, la coordination despolitiques nationales en matière deLCD/GRN, de population et développe-ment et le renforcement de capacités.Ces domaines sont pris en charge defaçon coordonnée par les trois sites del'institution (Secrétariat Exécutif, Institutdu Sahel et le Centre Régional AGRHY-MET.

II - La politique du CILSS en matière de LCD

2.1. Les fondements

Issu d'une longue démarche consensuelleayant regroupé des représentants desacteurs concernés (les Etats, les sociétésciviles sahéliennes, les OIG et les partenai -res au développement), le Programmed'Action Sous-Régional de lutte contre ladésertification en Afrique de l'Ouest et auTchad (PASR/AO) constitue le référentield'orientation, d'arbitrage et de mise encohérence des actions de lutte contre ladésertification et les effets néfastes de lasécheresse en Afrique de l'Ouest et duTchad. Le CILSS en assure le secrétariattechnique. Le PASR/AO est complémentai -re des stratégies nationales (PAN/LCD) etcherche à assurer leur convergence.

Le but et les objectifs du PASR sont dedévelopper la coopération sous-régionaleen matière de gestion rationnelle des res-sources naturelles partagées et ou trans-frontalières en vue :

- D'assurer la sécurité alimentaire eténergétique des populations de lasous-région ainsi que la durabilité de lacroissance économique ;

- De jeter les bases d'un véritable déve-loppement durable et de lutter contre lapauvreté ;

- De prévenir et résoudre les conflits liésà l'accès et au contrôle des ressourcesnaturelles partagées et/ou transfronta-lières ;

- D'harmoniser, compléter et rendre plusefficaces les programmes d'actionnationaux de lutte contre la désertifica-tion.

Pour l'atteinte des objectifs du PASR-AO,trois axes d'intervention et huit (8) domai-nes prioritaires ont été retenus .

Les domaines et axes d'intervention priori-taires retenus prennent en compte :

- la gestion durable des ressourcesnaturelles;

- la maîtrise durable des contraintes etaléas en matière de gestion des res-sources naturelles.

- les mesures d'appui ou mesures d'ac-compagnement pour une bonne ges-tion des ressources naturelles.

Les huit (8) domaines d'intervention priori-taires sont :

(1) La gestion durable des ressourceshydrauliques partagées,

(2) La gestion des ressources végétales etanimales transfrontalières,

(3) La gestion durable des ressourcesénergétiques,

(4) La lutte contre les ennemis des cultu-res et des essences forestières,

(5) L'alerte précoce et l'atténuation deseffets de la sécheresse,

(6) La coopération scientifique et tech-nique,

(7) L'information, la formation et la com-munication,

(8) Le développement des échanges com-merciaux intrarégionaux des produitslocaux.

Le Cadre Stratégique de SécuritéAlimentaire (CSSA) du CILSS adopté en2000, constitue aussi le référentiel d'orien-tation et de coordination des interventionspour tous les acteurs impliqués dans larecherche de la sécurité alimentaire dans leSahel : les Etats, les sociétés civiles sahé-liennes, les OIG et les partenaires au déve-loppement. Il est complémentaire des stra-tégies nationales et cherche à assurer leurconvergence.

Le cadre stratégique a comme finalité de "créer les conditions d'une sécurité alimen-taire régionale durable et de réduire struc-turellement la pauvreté et les inégalitésdans le Sahel " et comme objectif " d'assu-rer l'accès de toutes les Sahéliennes et detous les Sahéliens, à tout moment, aux ali -ments nécessaires pour mener une viesaine et active à l'horizon 2015 ".

Cet objectif général se décline en cinqobjectifs spécifiques :

1. promouvoir une agriculture plus pro -ductive, plus diversifiée, durable etrégionalement mieux intégrée ;

2. développer les marchés nationaux etles rendre plus fluides et mieux inté-grés au niveau de la sous région ;

3. améliorer durablement les conditionsd'accès des groupes et zones vulnéra -bles à l'alimentation et aux servicessociaux de base ;

4. améliorer durablement les dispositifsde prévention et de gestion des crisesconjoncturelles en cohérence avec laconstruction de la sécurité alimentaire ;

5. renforcer les capacités des acteurs etassurer la promotion d'une bonne gou-vernance de la sécurité alimentaire.

Lors du sommet qui s'est tenu en janvier2004 à Nouakchott, les chefs d'Etat et deGouvernement des Etats membres duCILSS ont réaffirmé l'importance et lecaractère prioritaire de la lutte contre ladésertification dans la recherche de lasécurité alimentaire au Sahel. Dans ladirection des instructions reçues, le Conseildes Ministres du CILSS, au cours de sasession extraordinaire en juin 2004 a adop-té un nouvel organigramme du CILSS qui lestructure entre autres, en trois programmesRégionaux: (i) Sécurité Alimentaire, Luttecontre la désertification, Population etDéveloppement ; (ii) Accès aux marchés;(iii) Maîtrise de l'Eau.Egalement en exécution des instructionsdes chefs d'Etat et de Gouvernement, le

LA POLITIQUE ET LES ACQUIS DU CILSS EN MATIERE DE LUTTE CONTRE LA DESERTIFICATION

Nouveau jardin maraîcher des femmes à Batodi (Niger) (remontée locale de la nappe)

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Reflets Sahéliens N° 45 - août-septembre-octobre 2006 - Page 9

CILSS a élaboré un cadre stratégique2004-2008 et en tant que SecrétariatTechnique du PASR-AO, le CILSS vaconsacrer cette période à :

- accroître la compatibilité et la synergiedes actions de l'ensemble des acteursde la lutte contre la désertification, afinde consolider les bases de développe-ment durable de la région ;

- l'appui à l'animation des réseaux misen place pour le partage d'expérienceet la circulation de l'information sur lagestion des ressources partagées /transfrontalières ;

- la mise en œuvre et/ou la coordinationd'un certain nombre de projets déjàidentifiés (Azaouak et Cure Salée rete-nus dans le cadre du NEPAD);

- la réalisation d'études de faisabilité denouveaux projets transfrontaliers(notamment dans les domaines de lagestion intégrée des ressources eneaux, la promotion des énergies renou-velables et domestiques, la sauvegar-de de la biodiversité, le pastoralisme) ;

- organiser le forum sous régional sur l'é-tat de mise en œuvre du PASR ;

- élaborer les rapports sous-régionaux àsoumettre aux Conférences desParties.

III Les acquis du CILSS en matière deLCD/GRN

Le CILSS a une expérience de plus de 30ans dans les quatre domaines que sont lasécurité alimentaire, la coordination despolitiques nationales en matière deLCD/GRN, de population et développementet le renforcement de capacités. Pour le casspécifique de la LCD/GRN, les actions duCILSS et de ses partenaires au cours des30 années passées ont induit des change-ments dans les orientations, l'organisation,les moyens techniques et les résultats de lagestion des ressources naturelles au Sahel.Même si au plan physique les résultats dela GRN/LCD restent en deçà des espéran-ces, de bonnes bases ont été jetées. Lesacquis et expériences en matière deLCD/GRN qui seront exposés dans cettepartie concernent les interventions du sys-tème CILSS des six dernières années.

Au plan de l'appui institutionnel et à la for-mulation de politiques et stratégies.

Le CILSS a apporté des appuis techniqueset financiers aux pays membres dans leurspolitiques et stratégies de LCD/GRN. Cesappuis multiformes ont permis d'avoir lesacquis majeurs suivants :

a) Une évolution du rôle des Etats versdes fonctions d'orientation, d'appui, decontrôle et de régulation ;

b) Une adhésion générale des acteursaux principes de démocratisation et debonne gouvernance (décentralisation,déconcentration, responsabilisation ettransparence) ;

c) Un plus grand souci d'orientation et demise en cohérence des politiques,d'harmonisation des approches, desuivi et de capitalisation des expérien-ces à travers la mise en place demécanismes et de structures tels queles Organes Nationaux deCoordination de la CCD (le ConseilNational pour l'Environnement et ledéveloppement Durable (CONEDD) auBurkina Faso, le Conseil National pourl'Environnement et le DéveloppementDurable (CNEDD) au Niger, le Conseilsupérieur de l'environnement et desressources naturelles (CONSERE) auSénégal, le Comité sous-régional decoordination du programme d'actionsous-régional de lutte contre la déserti-fication en Afrique de l'Ouest (CSRC),aide à l'élaboration des rapports natio-naux et des rapports sous régionauxsur l'état de la LCD, etc.

d) L'existence de 13 Programmesd'Action Nationaux de Lutte contre laDésertification sur 17 pays (Afrique del'Ouest) ;

e) Elaboration et appui à la mise enŒuvre du Programme d'Action sousRégional de lutte contre la désertifica-tion en Afrique de l'Ouest (PASR/AO);

f) Une plus grande adaptabilité des paysà la mobilisation des ressources finan-cières complémentaires pour la miseen œuvre des PAN/LCD ;

g) Mise en œuvre des micro-projets deLCD/RP par les programmes

IREMLCD et le Fonds Italie-CILSS ;h) Validation technique et mise en œuvre

des stratégies nationales en énergiedomestique (SED) dans les paysCILSS grâce au PREDAS ;

i) Publications/capitalisation des expé-riences et bonnes pratiques en matièrede gestion des énergies domestiques

j) Mise en œuvre d'un projet de relancede la production et diffusion massivede foyers améliorés au Mali et auBurkina Faso (financement Pays Bas) ;

k) Une modification significative et dyna-mique des politiques et des législationsafin de créer un environnement plusfavorable à une gestion décentraliséeet participative des RN ;

Au plan de la formation et information

Le CILSS à travers le centre régional AGR-HYMET (CRA) a poursuivi la formation desspécialistes dans le domaine de la gestiondes ressources naturelles. Ces formations(continues et de longue durée) ont permisde doter les pays de compétences dansdivers domaines du développement. LeCRA a développé aussi au profit des paysdes outils d'aide à la décision dans ledomaine de la sécurité alimentaire et de lagestion des ressources naturelles. Depuissa création en 1974, 755 stagiaires sontsortis diplômés des différentes formationsdont 679 viennent des pays membres duCILSS.

Quant à l'INSAH, les recherches menéesau cours de ces dernières années à travers4 programmes thématiques régionaux enmatière de gestion de ressources naturel -les, ont produit d'importants acquis en ter-mes de résultats offrant des possibilités d'o-rientations de politiques agricoles et d'aideà la décision dans les investissements auSahel. On peut citer entre autres les recher-ches sur :

a) Les systèmes de production ;

b) Le palmier dattier ;

c) Le riz irrigué ;

d) Les contraintes agro-climatiques ;

e) Les techniques de conservation deseaux ;

f) Population et développement.

Au plan du renforcement du partenariatavec les autres OrganisationsInternationales ou Inter-Gouvernementales

Le CILSS a développé et noué des rap-

ports de collaboration avec des pays, sous

régions et organisations africaines. Au nom-

bre de ces institutions on peut citer notam-

ment : L'UEMOA, la CEDEAO, le PNUD, le

Mécanisme Mondial (MM), le Secrétariat de

la CCD, l'UMA, l'OSS, etc. Ces collabora -

tions portent sur l'harmonisation et sur la

mise en synergie des politiques et program-

mes dans les domaines de la LCD/GRN et

la sécurité alimentaire.Demi-lune (Burkina Faso)

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Reflets Sahéliens N° 45 - août-septembre-octobre 2006 - Page 10

LLes pays sahéliens sont confrontésdepuis les années 1970 aux défisde la sécheresse et de la désertifi-

cation dont les conséquences se réper-cutent sur le développement économiqueet social des populations. Mais malgré lesplus sombres prévisions sur les séche-resses récurrentes, il n'y a pas eu l'ef-fondrement écologique prédit. Quandbien même les écosystèmes en Afriquede l'Ouest et en particulier au Saheldemeurent fragiles et des indicationsobjectives montrent la dégradation del'environnement se poursuit à l'échellerégionale. Face à cette situation, desinitiatives ont été entreprises par lesEtats, les ONG et les populations en vuede lutter contre la sécheresse et la dégra-dation de l'environnement dans un soucid'amélioration des conditions de vie. Laplupart des pays ont entrepris des réfor-mes des lois et politiques qui influen-çaient les décisions en matière de ges-tion des ressources naturelles (la ges-tion des terroirs, les lois sur la décentra-lisation, les codes forestiers, etc.).

L'histoire de la lutte contre les effets de lasécheresse et la désertification dans lespays sahéliens a plus de 30 ans. Ces der-nières années, La GRN ne mobilise plusautant que pendant les périodes de crises.En effet, le discours d'alors a permis demobiliser d'énormes ressources financièresen faveur de la Gestion des RessourcesNaturelles. La préoccupation majeureaujourd'hui est de savoir si les énormesappuis financiers octroyés ont réellementatteints leurs cibles. En particulier, nous vou-lons nous assurer que ces investissementsont eu des impacts durables. Et les ques-tions que nous nous posons sont, (1) lesinvestissements en GRN sont-ils rentablesaujourd'hui ? (2) La GRN joue-t-elle un rôlemarginal ou a-t-elle un rôle capital au mêmetitre que l'Education et la Santé qui raflententre 70 et 80 % des budgets nationaux ? (3)Quel est l'échelle, les raisons, ou lesimpacts de tels investissements ?

1. Capitaliser les acquis des expériencesréussies dans la GRN : une préoccupa-tion de longue date

En 1987 et 1988, le CILSS avec l'appui de laGTZ faisait la revue des pratiques localesjugées réussies dans la lutte contre la séche-resse et la désertification. Les 21 études decas menées dans 5 pays ont été publiées en1989 (Rochette et al, 1989). Ce recueil d'ex-périences de terrain faisait d'une part lapreuve que des progrès ont été accomplisdans les années 80 dans la lutte contre ladésertification et d'autres parts, montrer quedes solutions techniques existent, parfoisbien maîtrisées à l'échelle locale par lespopulations qui ne demandaient qu'à êtresoutenues dans leurs efforts de lutte et d'a-daptation à la crise. En 1999, soit dix ans après Rochette, leCILSS, en collaboration avec l'USAID etl'UNSO, organisait à Koudougou, un atelier

régional sur les expériences de gestion desressources naturelles dans les pays duSahel. Cette consultation d'experts s'étaitfixée pour objectif de faire l'état des lieuxdes progrès accomplis dans le domaine dela GRN dans la sous région. Cet atelier qui apermis de capitaliser les acquis et les expé-riences pour assurer une plus grande effica-cité des investissements et d'apporter lapreuve que la poursuite du soutien aux pro-grammes de gestion des ressources naturel-les et de lutte contre la désertification estnon seulement souhaitable mais aussinécessaire.

Les études Sahel dans la même lancée/Pourquoi cette initiative ?

L'étude bilan sur les expériences réussiesen matière de Lutte contre la désertificationappelée de façon générique " Etudes Sahel" initiée en 2005, entre dans le cadre desréflexions engagées par le CILSS et sespartenaires (l'USAID, la GTZ, la CoopérationSuisse) sur l'avenir au Sahel de laConvention des Nations Unies sur la luttecontre la désertification (CCD) et sur com-ment susciter un regain d'intérêt pour lamobilisation des fonds pour sa mise enœuvre effective. L'initiative est née du cons-tat de la marginalisation de la GRN dans lescontributions à la lutte contre la pauvreté, lerenforcement de la bonne gouvernance.Cette situation résulte en partie : i) d'une fai-ble capitalisation des expériences réussies(iii) d'un manque d'indicateurs pertinents ; iii)de l'absence de comptabilité environnemen-tale dans les pays ; iv) d'insuffisance de com-munication.

Ces études visent à développer des argu-ments économiques en faveur de la GRN età montrer qu'investir dans la GRN est éco-nomiquement rentable, politiquement por-teur et socialement indispensable; 2.Ensuite, améliorer la communication sur lespotentialités de la GRN, sa contribution audéveloppement économique, à la lutte cont-re la pauvreté et à la bonne gouvernance; 3.Enfin, inspirer la mise en œuvre de la CCDet de tout cadre de politique nationale tou-chant le secteur rural.

L'objetctif final est de contribuer à la cons-truction d'une base de données sur les expé-riences réussies desquelles on peut tirer desleçons pour la formulation des politiques et laconception des programmes.

Il s'agit de revisiter les expériences positivesenregistrées au Sahel et en Afrique del'Ouest côtière depuis la fin des années 80dans le domaine de l'agriculture et de laGRN. Les expériences qui ont été retenuestouchent à divers domaines de la GRN :conservation des eaux et des sols, récupé-ration de terres dégradées, gestion de la fer-tilité du sol, gestion de l'élevage, régénéra-tion naturelle des terres et gestion décentra-lisée des ressources naturelles conduitespar les paysans etc.

2. Une étude pilote au Niger qui donnedes résultats encourageants

L'étude s'est déroulée dans la région deTahoua fortement touchée par les sécheres-ses des années 70 et 80, qui ont aggravé ladégradation de l'environnement (disparitionde la végétation, érosion hydrique et éolien-ne). Cette région a bénéficié depuis la findes années 1980 d'importants investisse-ments dans la réhabilitation des terresdégradées.

L'étude se base sur quatre villages ayant faitl'objet d'intervention de projets à vocationgestion des ressources naturelles. Il s'agit :1) du Projet Intégré Keita (PIK) ; 2) du pro-jet de développement rural de Tahoua(PDRT) ; 3) Le Programme SpécialNational/FIDA Phase I (PSNI). Tous ces pro-jets ont arrêté leurs activités depuis desannées déjà. Des interventions se poursui-vent dans la zone du PDRT sous une versionrévisée et orientée vers l'appui à la décen-tralisation et la lutte contre la pauvreté.

Les actions évaluées concernent les tech-niques mécanisées de CES combinéesquelque fois avec les techniques tradition-nelles de conservation des terres, commeles tassa (cuvettes de plantation ou zaï), lesdemi-lunes et les cordons de pierre.

Au total ces projets ont permis de réhabiliterla capacité productive des dizaines demilliers d'hectares de terres dégradées dansla région de Tahoua. Les résultats de cette étude pilote montrentglobalement que les interventions des diffé-rents projets GRN ont eu un impact positifsur : (i) l'environnement écologique, (ii) l'ac-croissement des disponibilités alimentaires,(iii) sur l'économique et social des popula-

RENTABILITE DE LA GRN : LES ETUDES SAHEL

Forte extension des culturesde contre saison dans le département

de Tahoua (Niger)

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Reflets Sahéliens N° 45 - août-septembre-octobre 2006 - Page 11

tions et d'une façon générale sur le bien-êtreet un relèvement du niveau de vie des popu-lations.

2.1 Les changements écologiques

Un reverdissement du Sahel

Les études montrent une régénération etune densification du couvert végétal qui s'ac-compagne de l'amélioration de la richessefloristique suite à l'apparition de nouvellesespèces.

L'amélioration du couvert ligneux résulte dela convergence de deux actions majeures :d'abord les actions d'enrichissement desparcs, la plantation des surfaces réhabili -tées- en particulier sur les plateaux- entre-pris par les différents projets à partir d'es-sences introduites (Eucalyptus camaldulen-sis, Prosopis juliflora, Prosopis chilensis) etde nombreux épineux.

Cette dynamique tient également de nou-veaux comportements paysans qui se sontmis systématiquement à favoriser la régéné-ration naturelle assistée sur leurs terres. Ilfaut signaler que ces nouvelles pratiques sesont accompagnées au niveau des terroirsd'une privatisation effective des ressourcesligneuses par les paysans et qui débouchesur un meilleur contrôle de leur usage.

Partout le phénomène de revégétalisationest spectaculaire et là où il n'existait pas d'ar-bres il y a 20 ans, de véritables formations sesont installées.* une réduction de l'érosion éolienne ethydrique grâce aux actions CES et desmilliers d'arbres plantés et entretenus dansle cadre des actions du projet. Le ruisselle-ment de surface bien que réduit se faitessentiellement dans les secteurs hors zoneaménagée.

Une remontée locale du niveau de lanappe phréatique en particulier sur les pla-teaux et cela en dépit d'une réduction signifi -cative des pluies selon les paysans. Dans undes villages étudiés, cette remontée a étéestimée avec les villageois à sept mètres deprofondeur. Il est probable que cette remon-tée soit liée aux activités de CES dans cevillage qui ont diminué le ruissellement etfavorisé l'infiltration. En même temps laremontée de la nappe pourrait aussi être liéeà une augmentation de la pluviométrie sur-tout après 1995. Cette remontée de la nappeautorise la pratique et l'extension des cultu-res de contre-saison grâce aux puisardscreusés par les paysans.

Une plus grande disponibilité en eau desurface.

Par le passé, il existait de nombreusesmares qui servaient principalement à l'abreu-vement du cheptel villageois. Mais progres-sivement, la plupart se sont comblées parensablement. Dans certains villages desretenues artificielles ont été crées et jouentun rôle considérable dans la gestion destroupeaux. Ailleurs, ces retenues artificiellesont été empoissonnées, procurant des reve-nus et intervenant dans l'amélioration desrégimes alimentaires.

Un début de reconstitution de la faune sau-vage. Depuis des décennies, la faune sau-vage a connu une diminution drastique, voireune disparition quasi-totale suite à la des-truction de son habitat. Le nombre et ladiversité de la faune restent dans l'ensemblefaibles. Toutefois, selon les paysans, unretour semble s'amorcer avec l'apparition delièvres, pintades sauvages, des écureuils,des rats, des chacals, des varans.

2.2 Les changements agronomiques

Vers une diversification des systèmes deproduction et une amélioration des rende-ments de cultures.

L'intervention des projets a créé une dyna-mique de récupération des terres en particu-lier celles des plateaux qui a accrue lesdisponibilités foncières villageoises durantles 20 dernières années. Les paysans affir-ment que les actions et activités de récupé-ration des terres ont permis d'agrandir lesdisponibilités foncières individuelles, en par-ticulier pour ceux qui se sont investis per-sonnellement.

Les systèmes de production s'intensifient etdeviennent de plus en complexes avec l'inté-gration des arbres dans les champs. Les fac-teurs d'intensification les plus perceptiblesen ce qui concerne les cultures pluviales serapportent à la gestion de l'eau et de la ferti-lité du sol. L'adoption des tassa par exempleen est une démonstration. Des stratégiesd'adaptation portant sur le matériel végétalsont également déployées par les paysanspour tenir compte de la résistance à lasécheresse ou pour une meilleure perfor-mance à la production.

Les activités d'agriculture et d'élevage sontde plus en plus intégrées dans les exploita-tions où des initiatives sont prises.L'alimentation du bétail avec les gousses delégumineuses ligneuses et des fruits d'autresarbres a favorisé la gestion des espècescomme Acacia tortilis, Acacia seyal où l'ex-pansion de certaines autres telles queAcacia albida, Piliostigma reticulata etc . Cephénomène favorise l'agroforesterie béné-fique pour la gestion de la fertilité des sols.

L'activité de réhabilitation des terres permetd'atténuer les déficits de production. De l'es-timation des paysans, la réhabilitation deschamps en tassa, cordons pierreux et fuméspermet des rendements de mil quatre foisplus élevés que ceux espérés d'un champordinaire. Des chiffres de productions recordde 1200 kg à l'hectare de mil furent enregis-trés sur des aménagements agricoles réali-sés par le projet Keita.

2.3. Les impacts socio-économiques

L'investissement dans la GRN a produit denombreux impacts sociaux et économiquesqui se répercutent sur toutes les couchessocio-professionnelles.

Un plus grand accès des femmes à laterre. Les femmes ont compris les enjeuxqui se développent autour du contrôle del'espace si bien qu'elles n'hésitent plus àinvestir dans l'achat de terres. Cela leur apermis d'avoir un pouvoir économique qu'el-les utilisent pour revendiquer certains droitsdont celui justement d'être propriétaire deterres

Un marché foncier florissant

Auparavant, les terres de plateau étaientpeu recherchées, sinon pour le fourrage.L'investissement dans la récupération de cesterres dégradées a précipité leur appropria-tion et a créé un vrai marché autour de cetteressource. Ce marché foncier très florissantqui s'est installé, fonctionne au détriment desplus pauvres et vulnérables. En effet, onassiste à une stratégie d'accumulation fon-cière au profit de ceux qui achètent et inves-tissent dans la récupération des espacesdégradés et qui alimentent une spéculationfoncière. En effet, suite à la demande en ter-res, certains paysans ont acheté des terresdégradées, récupéré celles-ci dans le but deles vendre. Ainsi, une parcelle achetée à50.000 F CFA a été revendue après récupé-ration à 150.000 F CFA deux années aprèssoit trois fois son prix d'achat.

Un autre type de conflits latents émane de larevendication des communautés d'éleveursqui voient dans la récupération des terres

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Reflets Sahéliens N° 45 - août-septembre-octobre 2006 - Page 12

une manière de confisquer leur droit sur desespaces qu'ils considèrent comme leurspâturages traditionnels.

Une amélioration des revenus des popu-lations rurales et la réduction de la pauv-reté rurale

A l'unanimité les paysans pensent que glo-balement leur niveau de pauvreté a diminué.La population rurale est ainsi moins vulnéra-ble aux effets de la sécheresse (et autresrisques externes) qu'avant le début desinvestissements dans la GRN.

Le petit commerce s'est développé danstous les villages. En particulier, les femmesdéveloppent à côté de l'agriculture, des acti-vités parallèles qui leur génèrent des reve-nus : vente de bois, plats cuisinés, beignets,etc. Toutefois, cela les responsabilise davan-tage dans la gestion des ménages.

La réhabilitation des terres à créé de petitsemplois ruraux. De l'avis des paysans, l'acti-vité de gestion des ressources naturelles aaccru la demande dune main-d'œuvre agri-cole et offert des opportunités de travail surplace. De nombreux paysans spécialisésdans les techniques de récupération des ter-res vendent leur service souvent hors deleur terroir, surtout que la demande se faitimportante notamment, dans l'aménagementdes terres récupérées. Le prix de la journéede travail varie 1.000 et 1.500 FCFA parouvrier et le travail s'étale pratiquement surtoute l'année.

De nombreuses activités artisanales ont étécréées pour accompagner les besoins deréhabilitation des terres: fabrication descharrues à traction asine, des pelles, pio-ches, marteaux, barre à mine et plusieursautres outils utilisés dans la récupération desterres.

La remontée de la nappe phréatique et laplus grande disponibilité des eaux de surfa-ce ont permis le développement des cultu-res de contre saison, contribuant à la diver-sification des cultures et générant des reve-nus.

L'exploitation des ressources végétales sedéveloppe telle la vente de fourrage ou debois de chauffe générant des revenus nonnégligeables pour les paysans.

Le niveau de vie de la population ruraleest plus élevé qu'il y a 20 ans

Les investissements dans la GRN et lesinfrastructures socio-économiques (puits,forages, écoles, centres de santé intégrés,marchés ruraux) sont à l'origine de change-ments sociaux qui touchent le bien-être despopulations :

- la nutrition de la population s'est nettementaméliorée en termes de qualité et diversitédes produits consommés ; la culture de cont-re saison a permis d'introduire de nouvellescultures telles que les légumes qui enrichis-sent l'alimentation des paysans ;- la disponibilité des produits dans les phar-macies villageoises et l'accès au centre de

soins ont permis l'amélioration de la santé dela population ; cela a pour conséquence, labaisse de la mortalité infantile ;- Le taux de scolarisation commence à êtreappréciable au niveau des villages contraire-ment aux années passées ; la sensibilisationa été d'un grand apport dans ce sens.- l'allégement de la corvée de bois et del'eau pour les femmes. Elle peuvent ainsi s'a-donner à d'autres activités génératrices derevenus.

2.4 Un renforcement et une dynamisationdes capacités organisationnelles despopulations

Les perspectives créées par la mise envaleur des terres dégradées ont donné auxvillageois de vrai raison de s'organiser, d'éta-blir des règlements d'intérieur et de suivreces règlements. Ce processus au niveau duvillage donne aux membres du village quiétait jadis marginalisés une occasion de par-ticiper dans les décisions qui ont les consé-quences importantes pour toutes des cou-ches socio-économiques du village.L'intervention des différents projets a ainsifavorisé le développement du mouvementassociatif et a renforcé les capacités organi-sationnelles des populations rurales en parti-culier pour les femmes qui ont compris qu'el-les devaient mieux s'organiser pour faireprendre en compte leurs préoccupations.

3. Des résultats d'ailleurs qui réconfortentle constat des études pilotes au Niger

Alors qu'on suppose généralement que l'en-vironnement dans la partie nord du plateaucentral du Burkina Faso ne cesse de sedégrader, une étude récente (Reij etThiombiano, 2003) a conclu à des change-ments remarquablement positifs qui sem-blent être principalement liés aux importantsinvestissements consentis dans le domainede la conservation des eaux et des sols.

L'étude qui a analysé les tendances à longterme dans l'agriculture et l'environnementsur la période de 1980 à 2001) a donné desrésultats impressionnants.

Les rendements de céréales ont augmentéde 50% à 60% ; il y a maintenant beaucoupplus d'arbres sur les terres agricoles qu'il y a10 ou 15 ans ; les paysans ont investi dansle secteur de l'élevage et ont commencé àchanger la gestion de leur élevage afin deproduire plus d'engrais pour fertiliser leurschamps ; les niveaux de la nappe phréatiquese sont améliorés par endroits et l'émigrationa sensiblement diminué.

Dans les villages où il y a eu des investisse-ments pour la conservation des sols et deseaux, les paysans perçoivent une diminutionappréciable de la pauvreté en milieu ruraldepuis le début des années 80. Dans lesvillages où il n'y a pas eu d'investissementsdans le domaine de la conservation deseaux et des sols, les tendances sont diffé-rentes et principalement négatives.

Les innovations paysannes au début desannées 80 se sont traduites par une amélio-ration de la technique traditionnelle de

conservation des eaux et des sols (le zaï), cequi a permis de récupérer des terres forte-ment dégradées. Plus tard, les paysansinnovateurs ont continué à intégrer l'agricul-ture, l'élevage et la foresterie dans leurs sys-tèmes de production et, ce faisant, ils don-nent la preuve qu'on peut développer dessystèmes plus productifs et plus durablesdans une région jugée marginale.

4. Pousser plus loin les investigations

Après l'étude pilote du Niger, une premièrephase des études terrain devait démarrer enjuillet 2005 et concerner quatre autres pays :Burkina Faso, Mali, Niger et Sénégal. Desateliers d'information ont été tenus au Nigeret au Burkina Faso en mai et juin 2005.Quant aux études terrain, seules les étudesdu Niger ont reçu un financement en 2005.

Le rapport produit par ce pays fera l'objetd'une restitution et d'une validation courantseptembre 2006.

Les études de cas légères seront bientôtentreprises au Mali au cours du deuxièmesemestre 2006 sur financement USAID.

Les réflexions méthodologiques se poursui-vent pour affiner l'approche méthodologiqueen particulier : Comment identifier et analy-ser les multiples impacts des investisse-ments dans la GRN et comment exprimerces impacts en termes monétaires afin depouvoir calculer la rentabilité économique deces investissements ?

4.2 Vers une comptabilité environnemen-tale

L'ambition affichée par le CILSS à travers les" Etudes Sahel " se situe dans la nécessitéde changer le discours afin de donner à laGRN la place qui lui sied dans le développe-ment durable de notre sous-région. Cesquestions sont d'une importance capitalepour nous tous et méritent des réponsesappropriées basées sur l'évidence de lacontribution de la GRN à la croissance éco-

Cultures de contre saison et cultures de décrue (Niger)

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Reflets Sahéliens N° 45 - août-septembre-octobre 2006 - Page 13

nomique, à la lutte contre la pauvreté, la gou-vernance locale. C'est pour cela que la sousrégion devrait réfléchir à l'élaboration d'uncadre stratégique de promotion de la GRNdevant en autre définir des indicateurs perti-nents pour une comptabilité environnemen-tale au Sahel et en Afrique de l'Ouest côtiè-re.

En effet, en lien avec la problématique dudéveloppement durable, la plupart des gou-vernements de la sous région se sont dotésd'un cadre stratégique de lutte contre la pau-vreté (CSLP) qui constitue dorénavant lecadre de référence qui guide l'action gouver-nementale dans sa stratégie de réduction dela pauvreté de manière durable.L'environnement considéré comme undomaine transversal et pris en compte dansles politiques sectorielles et contribue defaçon indéniable au développement durable.Le lien entre " Pauvreté et Environnement "est clairement établi. Malgré l'importance dusecteur de l'environnement les dispositifsactuels de suivi-évaluation du CSLP n'intèg-rent pas de façon tangible les indicateursenvironnementaux.

En vue d'une meilleure prise en compte desquestions environnementales dans les diffé-rentes évaluations économiques et financiè-res, le CILSS s'engage à appuyer les pays

membres du CILSS et de la CEDEAO dans :

" La mise en place d'une comptabilité envi-ronnementale permettant d'évaluer avecprécision la contribution de la GRN aux PIBnationaux et régional et de lui accorder uneplace de choix dans les Cadres Stratégiquesde Lutte contre la Pauvreté ;

" La structuration du dialogue intra et inter-Etats sur la GRN impliquant tous les acteurs

concernés (décideurs politiques, société civi-le, réseaux d'acteurs …) ;

" La mise en place d'un dispositif de suivi-évaluation environnemental;

" La mise en place d'une stratégie de com-munication appropriée, stratégie qui cible lemessage en fonction des catégories desacteurs en place.

Intégration agriculture-foresterie (Maradi-Niger)

LLes éléments fondamentaux de lasécurité alimentaire sont : la dispo-nibilité alimentaire et l'accessibilité

alimentaire. Les relations entre GRN etSA constituent le socle du développe-ment agricole durable. Les principalesressources de base indispensables à laproduction agricole sont les terres (typesde sols), l'eau (eau de surface, eau depluie, etc.).En effet pour produire, unexploitant agricole a besoin de terresdont la qualité lui permet de rentabiliserson investissement avec des niveaux derendements satisfaisants.

2. LES RELATIONS GRN ET SA

2.1. Influence de la disponibilité et de la ges-tion des Ressources Naturelles sur le niveaude Productivité et de production agricole

Dans le domaine de la sécurité alimentaire,la notion de disponibilité alimentaire concer-ne l'ensemble des ressources alimentairesproduites, en stock ou importées pour unepériode de référence. Parmi les les facteursaffectant cette composante il y'a : la mauvai-se pluviométrie, la dégradation des sols, l'u-tilisation insuffisante d'engrais minéraux etorganiques, le sous équipement des exploi-tations, la surexploitation des champs, le sur-pâturages, l'insuffisance de formations tech-niques etc.

Les systèmes fonciers (systèmes d'acquisi-tion et d'appropriation des terres) influencentde beaucoup la sécurité alimentaire des

populations. Les exploitants " sans terre " oupratiquant l'agriculture sur des terres margi-nalisées sont en insécurité alimentaire chro-nique les obligeant à vendre leur force detravail chez d'autres exploitants plus nantis.

Quant à la disponibilité de l'eau : elle estindispensable aussi à la production agricolecar l'exploitation judicieuse et intégrée desressources en eaux (de surface et souterrai-nes) peut contribuer significativement audéveloppement d'une agriculture durablepermettant de garantir durablement la sécu-rité alimentaire. Pour diminuer les effets deschangements climatiques sur la productionagricole au Sahel, la promotion de la maitri-se de l'eau semble être une nécessité.

2.2. Influence des techniques de productionagricole sur la disponibilité et la qualité desRessources Naturelles.

Pour garantir leur sécurité alimentaire, lespaysans utilisent des techniques de produc-tion agricole visant à maximiser leur produc-tion. Cependant, si les exploitants agricolesn'utilisent pas des techniques de productionadéquates et durables, ils vont contribuer àla dégradation des ressources naturelles,notamment les terres entrainant leur pertede qualité et dégradation.

Le surpâturage est aussi un des éléments dedégradation des pâturages (couvert végétal)avec la pratique de l'élevage de prestige.

2.3. Le cercle vicieux sahélienAu Sahel, il existe ce qu'on appelle le cerclevicieux sahélien : à savoir qu''insécurité ali-mentaire et dégradation des ressourcesnaturelles s'influencent mutuellement.

En effet : (i) en année de faibleproduction/insécurité alimentaire (duenotamment à la faiblesse pluviométrique) lespopulations se rabattent sur l'exploitationdes ressources naturelles (coupe abusive dubois, production de charbon) qui contribue àson tour à l'avancée de la désertification età plus de probabilité de sécheresse.

Pour briser ce cercle vicieux, le CILSS a misen place plusieurs programmes/projets(PREDAS, Maitrise de l'Eau,GRN/Pastoralisme, PREGEC, etc.) tendantà lutter contre la désertification et une ges-tion efficiente des ressources naturelles et àinstaurer une sécurité alimentaire durabledes populations sahéliennes.

Schémas des interrelations entre GRN et SA

GESTION DES RESSOURCES NATURELLES ET SECURITE ALIMENTAIRE

Qualité et dispo-nibilité des GRN

Niveau de dispo-nibilié alimentaire

Niveau de sécu-rité alimentairedes ménages

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Reflets Sahéliens N° 45 - août-septembre-octobre 2006 - Page 14

LE PROGRAMMELE PROGRAMMEREGIONAL SOLAIREREGIONAL SOLAIRE

(PRS)(PRS)

CC 'est un vaste programme ambitieux et nova -teur, lancé en 1986 par les Chefs d'Etatsmembres du CILSS réunis à Praia (Cap-

Vert). Il est financé par la Commission Européenne(8ème et 9ème FED). Le PRS s'est exécuté dans sapremière phase (PRS I) de 1990 à 1998. Il a donnédes résultats probants.

Le PRS II dont la convention de financement a étésignée le 11 mai 2001, s'exécutera jusqu'en fin sep-tembre 2009.

L'Objectif global du PRS est de contribuer à la luttecontre la dégradation du milieu par la promotion del'utilisation de l'énergie la plus abondante au Sahel etpermettre la reforestation villageoise ;

Ses Objectifs spécifiques sont les suivants :

- Contribuer à l'amélioration des conditions de vie etde santé des populations des zones rurales par unapprovisionnement durable en eau potable.- Améliorer l'accès à l'eau potable des populationsrurales par la création et l'exploitation des infras-tructures d'AEP dans des conditions de pérennité duservice d'eau potable.

Exécuté de 1990 à 1998 (Phase principale + conso-lidation), la phase I du Programme a permis de réali-ser pour un montant de 52 millions d'Euros:

- 610 systèmes de pompage pour l'Alimentation enEau Potable (AEP) dans des localités de 1000 à40O00 habitants ;- 16 systèmes de pompage pour l'irrigation ;- 649 systèmes communautaires (éclairage et réfri-gération) décomposés comme suit :- 158 frigos solaires installés dans les formationssanitaires pour la conservation des vaccins ;- 477 systèmes d'éclairage installés dans des centrescommunautaires (écoles, mosquées, centres d'al-phabétisation et de formation) et dans des maternités(lampes scialytiques) ; - 14 recharges de batteries.

Avec la seconde phase du programme financée àhauteur 79.206.541 Euros on escompte obtenir lesrésultats suivants :

- la mise en place d'un environnement (niveau natio-nal et régional) et de cadres d'organisation et de ges-tion locaux permettant le fonctionnement durabledes systèmes d'AEP et le développement du servicede l'eau en milieu rural;- la consolidation d'environ 210 systèmes d'AEP etde 280 systèmes ; - l'extension de la couverture, avec la réalisationd'environ 500 nouveaux systèmes d'AEP à moindrecoût d'exploitation dans les localités de 500 à 4000habitants;- le renforcement du secteur privé photovoltaïqueSahélien.

LES PROGRAMMES OPERATIONNELS DU CILSS EN MATIERE DE LCD

LE FONDS ITALIE/CILSS DE LUTTE CONTRE LA DESERTIFICALE FONDS ITALIE/CILSS DE LUTTE CONTRE LA DESERTIFICA --TION POUR LA REDUCTION DE LA PAUVRETE AU SAHEL TION POUR LA REDUCTION DE LA PAUVRETE AU SAHEL

(FONDS LCD RPS)(FONDS LCD RPS)

Le Fonds Italie-CILSS Lutte Contre laDésertification pour la Réduction de la Pauvretéau Sahel (LCD RPS) est une initiative qui s'ins-crit dans le cadre de l'action de l'Italie pour l'an-nulation de la dette des pays les plus pauvres etsa reconversion en programmes de lutte contrela pauvreté. C'est un Fonds Régional deDéveloppement Local d'environ 15,5 millionsd'Euros soit 10 milliards de FCFA sur quatreans, qui intervient dans 11 Zones à RisqueEnvironnemental et Social Élevé (ZARESE)situées dans quatre pays sahéliens, à savoir leBurkina Faso, le Mali, le Niger et le Sénégal. Samise en œuvre a commencé en 2005. En deuxans d’exécution, le Fonds a déjà financé dansles quatre pays près de 500 micro-projets pourun montant total d’environ 2,5 milliards deFCFA.

Les objectifs du Fonds s'articulent sur trois niveaux complémentaires :

Au niveau local : Le fonds encourage et réalise des investissements qui permettent d'améliorer les capacitésde production, de diversifier les productions et d'augmenter les revenus des familles rurales vulnérables.

Plusieurs types d'initiatives finançables ont de ce fait été retenus. Il s'agit :

1. De micro-projets relevant des domaines social et d'utilité publique qui s'adressent à l'ensemble de la com-munauté et favorisent les liens intercommunautaires. Ils comprennent entre autres des équipements, des infras -tructures et des actions socio-culturelles dans plusieurs secteurs d'intervention tels que la construction et l'as -sainissement des points d'eau, les infrastructures et équipements sanitaires, et de santé de base, la constructionet l'équipement des classes, les actions de désenclavement (création de pistes de desserte)….ils sont classésdans la composante Appui au Développement Communautaire (ADC) ;

2. De micro-projets socio-économiques qui s'adressent essentiellement à des groupements, quartiers, usagersd'un bas-fonds, éleveurs etc. ils comprennent principalement des activités agricoles et para agricoles généra-trices de revenus (amélioration de la production agricole, amélioration de la production animale et de la santéanimale, pêche, création de stocks de céréales, construction d'entrepôts, équipements de transformation et d'a-gro-alimentaire...). Ils sont classés dans la composante Appui au Développement Social (ADS) ;

3. De micro-projets de protection de l'environnement et d'aménagement du terroir : Ces projets consistentessentiellement en un certain nombre de réalisations visant à protéger les ressources naturelles du terroir, soitpar des actions de protection et de conservation, soit par des actions d'aménagement et de valorisation. Ils sontclassés dans la composante Appui à la Gestion des Ressources Naturelles (AGRN)

4. Des activités qui sont réalisées en vue de permettre aux porteurs de projets de développer une activité éco-nomique leur dégageant des ressources additionnelles. Ces projets, mis en œuvre par des groupements spéci-fiques solidaires, ou par des entrepreneurs individuels, appartiennent à l'économie privée. Ils sont classés dansla composante Appui aux Activités Génératrices de Revenus (AAGR).

5. De micro-projets et d'initiatives d'organisation et de formation fonctionnelles des structures locales de négo-ciation et de gestion des investissements. Ils sont classés dans la composante Renforcement des Capacités desCommunautés (RCC)

Les porteurs de projets et maîtres d'ouvrages sont les collectivités locales sahéliennes, les organisations pay-sannes, les associations de base et autres organisations villageoises. Elles sont chargées d'identifier, de prépa-rer et de réaliser les initiatives pouvant être financées par le Fonds.

Au niveau national : Le fonds renforce les capacités d'allocation des ressources publiques au niveau localainsi que les capacités nationales et locales d'identification, d'analyse et de suivi de la vulnérabilité sociale etenvironnementale ; l'ambition est d'améliorer les conditions socio-économiques des populations rurales vivantdans des "Zones A Risque Environnemental et Social Elevé " (ZARESE).

Au niveau sous-régional : Le Fonds garantit la cohérence entre les interventions dans les différents pays etsoutient l'analyse, la capitalisation et la dissémination des expériences entre les pays. Il renforce les capacitésdu CILSS dans le suivi et l'évaluation d'initiatives visant la réduction de la pauvreté et la promotion/diffusionde politiques et stratégies appropriées de lutte contre la pauvreté.

Diguette anti-érosive (Burkina Faso)

Pompe solaire (PRS I)

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Reflets Sahéliens N° 45 - août-septembre-octobre 2006 - Page 15

4.1. Objectif général

Rendre les acteurs publics, non-gouvernementaux et privés desEtats membres du CILSS en mesure d'organiser, de manière pro-fessionnelle et concertée, l'approvisionnement durable et l'utilisa-tion rationnelle des énergies domestiques dans une perspective deréduction de la pauvreté et de protection de l'environnement.

4.2. Financement

Le programme bénéficie d'un financement de la RépubliqueFédérale d'Allemagne de 900 millions de Fcfa et de l'UnionEuropéenne de 5.4 millions d'euros.

4.3. Axes d'interventions

Trois axes d'interventions sous-tendent le programme :

a.Aider les Etats membres du CILSS à concevoir, adopter etmettre en œuvre leur " plan énergie domestique de sortie dela crise de bois énergie " ;

b. Identifier, révéler, consolider et valoriser le savoir-faire sahé-lien dans le domaine des énergies domestiques (Réseau desprofessionnels sahéliens en énergies domestiques -PESED-)et construire une mémoire collective sur les énergies domes-tiques ;

c. Promouvoir la structuration des activités nationales de suiviécologique des ressources ligneuses.

4.4. Résultats attendus

a. la cohérence des politiques " énergies domestiques" est amé-liorée, un cadre de référence national en matière des énergiesdomestiques est adopté ;

b. un réseau des professionnels sahéliens en énergies domes-tiques est constitué et un Système d'InformationTechnologique sur l'Energie (SITE) pour la collecte et la miseà disposition de données est mis en place ;

c. les Etats membres du CILSS disposent d'une méthode simpleet normalisée de suivi écologique des ressources ligneuses.

4.5. Activités principales réalisées

Premier axe d'intervention

- L'adoption d'une méthodologie régionale pour l'élaboration desstratégies énergie domestique (SED) ;

- L'élaboration et la validation technique de SED dans six paysqui n'en possèdaient pas (Burkina Faso, Cap-Vert, Gambie,Guinée-Bissau, Mauritanie, Sénégal) et la mise dans le circuitd'adoption politique des-dites SED. Des plans d'actions sous-tendant ces stratégies sont en cours de préparation etdevraient aboutir à des programmes d'investissement dans cesecteur ;

- La réalisation d'études ciblées dans les 3 autres pays quidisposent déjà d'une SED (Niger, Mali et Tchad) afin d'amélio-rer la mise en œuvre de ces stratégies : enquêtes complé-mentaires de consommation de combustibles, études diversesdont celle qui, au Niger, a abouti à la création d'une Société decharbon minéral à usage domestique (SNCC-SA),…

- L'établissement et la consolidation de partenariat avec les pro-jets et programmes similaires dans la sous région en vue de

permettre aux pays concernés de tirer le meilleur profit de l'exis-tence de ces opportunités ;

- La formulation d'un projet de relance de foyers améliorés auSénégal, au Mali et au Burkina Faso financé par les Pays-Bas(850.000 euros), via la GTZ.

Deuxième axe d'intervention

- La construction du Site Web du Programme (www.cilss.bf/predas) et son alimentation en données nationales et régionales ;- L' organisation et la tenue de nombreuses rencontres d' intérêtrégional sur : la capitalisation de l' expérience sahélienne enmatière d' aménagement des forêts naturelles pour la productionde bois énergie, la capitalisation de l'expérience sahélienne enmatière de carbonisation améliorée, l'élaboration d'un protocole desuivi écologique, le choix d'un protocole régional de labellisa-tion/certification régional des équipements énergie domestique ;- L'organisation et la tenue de sessions de formation sur : le cadrelogique appliqué aux stratégies énergies domestiques, l'élabora-tion des projets et recherche de financement, le modèle d'intégra-tion des données énergies domestiques ;

- La publication de guides techniques sur : l'aménagement desforêts naturelles, la mise en place des marchés ruraux de boisénergie, la carbonisation amélioré, l'inventaire forestier simpli-fié ;

- La mise en oeuvre de deux projets interstitiels : une unité pilo-te d'agglo-briquetage au Mali et un test de diffusion de gazbutane au Niger ;

- L'organisation et la tenue du premier marché des énergiesrenouvelables au sahel et en Afrique de l'ouest " MERS/AO2006 " ;

- L'organisation de voyages d'études au profit des acteurs natio-naux.

Troisième axe d'intervention

- L'élaboration d'un protocole régional de suivi écologique desressources ligneuses disponibles autour des villes du Sahel ;

- Le recensement des sites outils et résultats de suivi écologiqueen cours ou passés dans les pays du CILSS afin de mettre cesinformations à la disposition des acteurs.

Sacs de charbon Kolokani (Mali)

LE PROGRAMME REGIONAL DE PROMOTION DES ENERGIES DOMESTIQUES LE PROGRAMME REGIONAL DE PROMOTION DES ENERGIES DOMESTIQUES ET ALTERNATIVES AU SAHEL (PREDAS)ET ALTERNATIVES AU SAHEL (PREDAS)

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Reflets Sahéliens N° 45 - août-septembre-octobre 2006 - Page 16

LE PROJET SUIVI DE LA VULNERABILITE AU SAHEL LE PROJET SUIVI DE LA VULNERABILITE AU SAHEL (SVS(SVS))

Ce projet est financé par la coopération italienne au Développement pour un montant de2.734.351.000 Euros. Il est exécuté depuis décembre 2002 par L'OrganisationMétéorologique Mondiale (OMM) en coopération avec le Centre Régional AGRHYMETet les composantes nationales (CNA) des pays membres du CILSS.

Objectif général

Le projet a pour objectif d'équiper la région du Sahel d'outils appropriés pour le suivi dela vulnérabilité dans le domaine de la sécurité alimentaire et de la gestion des ressour-ces naturelles afin d'assurer un développement durable. Il s'inscrit dans le processus deconsolidation des acquis du projet " Alerte Précoce et Prévision des productions agrico-les ", communément appelé AP3A.

Objectifs Spécifiques

Les objectifs spécifiques consistent à renforcer les dispositifs nationaux par :

- des systèmes d'alerte précoce fiables à différentes échelles pour prévenir les différentsniveaux de crise ;- des systèmes d'information intégrés d'appui à la gestion des ressources naturelles etagropastorales.

Résultats attendus

Les résultats attendus se résument ci-après :

- La production d'une information appro-priée à la prise de décision par uneplus grande interaction entre les servi-ces producteurs et utilisateurs finauxdans la prévention des crises ;

- La consolidation du cadre de référencepour l'identification des zones vulnéra-bles et la disponibilité d'indicateurspour l'évaluation du risque ;

- La mise en place de bases de donnéeshomogènes et standardisées prenanten compte les aspects socio-écono-miques ;

- L'utilisation des informations issues duprojet dans un contexte de développe-ment durable ;

- Le Renforcement des ServicesTechniques Nationaux qui sont lesacteurs techniques pour assurer lasécurité alimentaire des populationssahéliennes en particulier les groupesvulnérables en terme de sécurité ali-mentaire par rapport aux conditionssocio-économiques, biophysiquesstructurelles ou conjoncturelles. Ausahel on estime que la population tota-le vivant en dessous du seuil de lapauvreté est estimée à 25 millionsd'habitants (50%) ;

- La création d'un système d'informationpour le suivi de la vulnérabilité et lagestion des ressources naturelles pourun développement durable.

Axes d'activités

Les activités programmées sont répar-ties entre les axes suivants :

- La caractérisation de la région sahé-lienne afin d'identifier les zones lesplus vulnérables structurellement ;

- Le suivi de la campagne agricole à tra-vers le renforcement des capacitésdes services techniques nationaux àdétecter les conditions agropastoralesdéfavorables pouvant conduire à unimportant déficit alimentaire ;

- La prévention des crises alimentairespar la consolidation du système natio-nal/régional d'alerte précoce ;

- La réduction de la pauvreté en s'ap-puyant sur des méthodologies d'analy-se de la vulnérabilité et de suivi d'im-pacts des programmes ;

- Le suivi de l'environnement afin d'éva-luer l'impact des changements clima-tiques.

Demi-lunes (Burkina Faso)

La vallée de Badaguichiri (Niger)

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Reflets Sahéliens N° 45 - août-septembre-octobre 2006 - Page 17

APPUI A LA LUTTE ANTIACRIDIENNE AU SAHEL : Une approche régionale à travers le CILSS

Ce programme vise (i) à améliorer l'alerte précoce et (ii) assurer une meilleure gestion des moyensde lutte afin d'arrêter la recrudescence actuelle ayant touché tous les pays du CILSS et des paysdu Golfe de Guinée. Ensuite, il ambitionne de mettre en place par la formation, la vulgarisation, l'é-quipement, et la sensibilisation des dispositifs opérationnels de surveillance et de lutte capables demaintenir le criquet pèlerin sous contrôle de manière durable.

L'objectif général poursuivi par cette activité est de réduire l'impact économique des dégâts du rava-geur et de limiter les effets néfastes des opérations de lutte sur l'environnement. Il s'agit d'amélio-rer les méthodes de détection et de localisation des conditions propices au développement du cri-quet d'une part, et de renforcer les capacités des équipes nationales d'intervention et d'assurer lacoordination sous régionale, d'autre part.

OBJECTIFS SPECIFIQUES

Au niveau sous régional

- Renforcement du rôle du Comité sahélien des pesticides;- Amélioration du système de surveillance et de prévision;- Renforcement des formations de base et des formations continues en protection des végétaux;- Réhabilitation de la coordination sous régionale en matière de surveillance et de lutte;- Développement des activités de recherche appliquée sur le criquet pèlerin orientée vers l'amé-

lioration de la lutte préventive; et- Développement de la coopération avec le Maghreb.

Au niveau national

- Restauration et renforcement des capaci-tés des services nationaux de protectiondes végétaux en matière de surveillance etde lutte contre le criquet pèlerin ainsi qu'enmatière de contrôle de pesticides;

- Renforcement des capacités des auxiliairesdes services nationaux de protection desvégétaux (brigades villageoises, structuresde développement local, etc.) en sur -veillance et en techniques améliorées detraitement antiacridien;

- Renforcement des capacités de rechercheet de formation des centres de lutte anti-acridien et des universités dans les paysde la ligne de front;

- Promotion des méthodes de traitement uti-lisant de faibles quantités de pesticides etdes méthodes et/ou produits non chi-miques de lutte; et

- Renforcement de la coopération sousrégionale.

Il comporte les modules d'activités suivants

- Poursuite et renforcement de l'homologa-tion des pesticides au Sahel à travers leComité Sahélien des Pesticides (-CSP-dont l'OCLALAV est membre) et renforce-ment des capacités nationales en matièrede contrôle de qualité ; et

- Amélioration de l'alerte précoce par uneidentification et une localisation précisedes cibles acridiennes à l'effet d'utiliser defaibles quantités de pesticides dans l'op-tique de limiter les conséquences néfastesdes pesticides sur l'environnement.

RESULTATS ATTENDUS

R.1. Les systèmes de surveillance et de prévi-sion sont opérationnelles aux niveauxrégional et national et permettent de fairela lutte préventive;

R.2. Des techniciens et des ingénieurs sont for-més dans les domaines de la surveillanceet de la lutte contre le criquet pèlerin ;

R.3. Des auxiliaires (brigades villageoises,structures de développement local, militai-res, etc.) des SNPV sont formés aux diffé-rentes techniques de surveillance et detraitement antiacridiens ;

R.4. De nouvelles méthodes de lutte utilisantpeu d'insecticides et des méthodes ou pro-duits non-chimiques sont disponibles et uti-lisées dans la lutte contre le criquet pèlerin;

R.5. Le Sahel utilise de façon raisonnée et sûreles pesticides, en cas de nécessité; et

R.6. Les infestations du criquet pèlerin sont maî-trisées.

ACTIONS EN COURS

- Renforcement des capacités de six payspur l’utilisations météorologiques et satelli-taires pour la surveillance du criquet pèle-rin ;

- Equipement de ces pays en matériels infor-matiques ;

- Appui dans la recherche de solutions alter-natives aux pesticides.

Essains de criquets (Mauritanie)

Criquets morts après traitement (Mali)

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Reflets Sahéliens N° 45 - août-septembre-octobre 2006 - Page 18

LL 'Initiative Régionale Environnement Mondial et Lutte Contre laDésertification en Afrique sahélienne (IREM-LCD) est un programmemis en œuvre par le CILSS depuis 2001 qui subventionne des micro-

projets de lutte contre la désertification (LCD) portés par la société civile (asso-ciations villageoises, organisations paysannes, ONG, etc.). L'IREM-LCDcontribue ainsi à la mise en œuvre de la Convention des Nations Unies sur lalutte Contre la Désertification (CCD).

Il repose sur la conviction que la société civile sahélienne peut entreprendre desactions locales de lutte contre la désertification, et que ces actions peuventavoir un impact à la base pour la réduction de la désertification et de la pauv-reté. L'IREM-LCD est financé par le Fonds Français pour l'EnvironnementMondial (FFEM) et le Ministère français des Affaires Etrangères (MAE) pourun montant global de trois millions trois cents mille (3 300 000) euros dontdeux millions cinq cent mille (2 500 000) exclusivement réservés à la mise enœuvre de projets concrets de terrain pilotés par la société civile.

Pour bénéficier des fonds de l'IREM-LCD, la société civile (ONG, associationslocales, organisations communautaires de base) des Etats membres du CILSSmonte des documents de projet. L'adéquation de ces micro-projets avec lespolitiques et priorités nationales de mise en œuvre de la CCD est vérifiée auniveau national et les projets sont transférés au CILSS par les Etats. Les pro-jets sont examinés au CILSS par une cellule technique qui appuie les candidatspour renforcer leurs propositions de projet sur les plans techniques, financierset rédactionnels. Les projets reçus sont ensuite soumis à un comité de sélectiond'experts basé à Paris qui décide de l'octroi ou non de subventions de l'IREM-LCD pouvant atteindre cent mille (100 000) euros. Les projets doivent s'ap-puyer sur un cofinancement d'au moins 50%.

Au 31 août 2006, 30 micro-projets sont mis en œuvre dans l'ensemble des Etatsmembres du CILSS pour plus de deux millions d'Euros (1.375.000.000 FCFA).Ils concernent :

- Des investissements dans la lutte contre la désertification

Les projets dans ce domaine ont permis aux communautés villageoises d'ac-quérir du matériel et des services pouvant permettre l'aménagement de leur ter-roir contre les effets de la sécheresse afin d'amorcer une gestion durable de leurenvironnement.

- Le renforcement des capacités à la base pour la lutte contre la désertifica-tion

Ces projets visent à la durabilité des actions de lutte contre la désertification.Des actions de formation des bénéficiaires leur permettent d'acquérir des com-pétences techniques pour l'aménagement de terres dégradées ou pour la gestiondurable des espaces menacés par les pressions démographiques et climatiques.Environ 3 000 personnes ont bénéficié à ce jour de formations liées au contex-te local des projets.

Confection de demi-lunes (Burkina Faso)

L'INITIATIVE REGIONALE ENVIRONNEMENT MONL'INITIATIVE REGIONALE ENVIRONNEMENT MON --DIAL ET LA LUTTE CONTRE LA DESERTIFICATIONDIAL ET LA LUTTE CONTRE LA DESERTIFICATION

(IREM-LCD)(IREM-LCD)

LL a préoccupation majeure des pays sahéliens ces dernièresdécennies demeure la lutte contre la dégradation des terres et lapauvreté des populations. Ce souci les a conduits à proposer,

défendre et faire adopter, à l'issue de la Conférence de Rio en 1992,une convention des nations-unies de lutte contre la désertification(CCD).

Des stratégies de communication ont été élaborées pour accompagnerl'élaboration et l'application des programmes d'action nationaux de luttecontre la désertification (PAN/LCD) dans les pays du CILSS. On cons-tate cependant dans les textes que la communication est presqueessentiellement perçue et présentée dans sa seule dimension instru-mentale : faire connaître la Convention, les organismes de coordinationnationaux, les mesures envisagées, diffuser des messages aux popu-lations autour des stratégies de lutte contre la désertification.

Dans la recherche d'une mise en œuvre efficiente de la CCD adoptéeen 1994, le CILSS a initié un projet dénommé " projet de communica-tion participative (PCP) " avec l'appui technique et financier du CRDI. Ils'agissait pour le CILSS de trouver une solution aux lacunes rencon-trées dans l'élaboration et la mise en œuvre des (PAN/LCD), à savoir lafaible participation des communautés. En l'absence d'approche appro-priée, le projet s'est donné comme objectif l'élaboration et l'expérimen-tation de stratégies de communication participative pour le développe-ment (CPD) en appui à des actions locales de lutte contre la désertifi-cation. Commencé en 2000, ce projet a couvert deux pays (Tchad etBurkina Faso) dans la 1ère phase (2000-2002).

Une table ronde régionale organisée à Bobo (Burkina) en mai 2002 aclos le projet. Elle a regroupé les autorités du CILSS, les représentantsdes Etats membres, les ONG, etc.

Après l'analyse et la validation des résultats, la table ronde a, entre aut-res, recommandé que la méthodologie soit diffusée et mise à la dispo-sition de l'ensemble des pays du CILSS dans le cadre de la mise enœuvre des PAN/LCD.

C'est ainsi que le CILSS a élaboré et soumis une 2ème phase au CRDIqui a lui octroyé une subvention pour une durée de trois ans (2004-2007). L'objectif de cette phase consiste à mettre la CPD à la disposi-tion des Etats et à faciliter son intégration dans les programmes duCILSS.

Au cours de cette 2ème phase, en plus des pays pilotes (Burkina etTchad), deux nouveaux pays sont couverts par le projet à savoir laGambie et la Mauritanie.S'agissant des programmes du CILSS, le PCP appuie l'IREM/LCD enMauritanie et le Fonds Italie/CILSS au Burkina dans l'exécution de leursactivités.

L'appui porte sur la formation des agents de terrain : l'initiation à l'iden-tification des problèmes de communication, la conception et la planifi-cation d'activités de communication pour accompagner les réalisationsphysiques, le renforcement des capacités des agents dans le domainede l'animation…

LA COMMUNICATION ET LA LUTTELA COMMUNICATION ET LA LUTTECONTRE LA DESERTIFICATIONCONTRE LA DESERTIFICATION

Séance de diagnostic dans le village de Béguembré (Zarese du Zondoma Burkina Faso)

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CC'est un projet financé par la Commission Européennedans le cade des efforts consentis par la com-munauté internationale pour l'atteinte

des Objectifs du Millénaire deDéveloppement (OMD) au Sahel en par-ticulier l'OMD 1 et de l'OMD7.

Il est conjointement exécuté parl'Institut Supérieur Technique duPortugal, le Centre RégionalAGRHYMET (CRA) et d'autrespartenaires techniques euro-péens.

Il comprend à la fois des activitésde recherche scientifique et desactivités de renforcement descapacités du CRA afin de permettreà ce dernier d'étendre ses activitésaux domaines des politiques énergé-tiques et de la réduction de la pauvreté.

Les principaux axes d'intervention du projet sont :

- Analyse des cadres institutionnels des politiques éner-gétiques ;

- Développement d'outils de politique énergétique ;

- Dialogue entre les décideurs politiques et les acteurs dessecteurs de l'énergie et de l'environnement;

- Renforcement des capacités institutionnelles etscientifiques ;

-Diffusion de l'information.

Les activités à conduire suivant cesdifférents axes d'intervention sont :

-Un inventaire des principauxintervenants dans le domaine del'énergie ;

- Une évaluation des poli-tiques énergétiques actuelles auSahel ;

- Une évaluation des sources d'é-nergies potentielles ;

- L'élaboration d'un manuel décrivant lecadre approprié pour le développement de

systèmes énergétiques durables dans lespays sahéliens;

- Le renforcement des capacités du Centre Régional AGR-HYMET à traiter les questions relatives à l'énergie ;

- La mise en place d'un mécanisme de facilitation de la cir-culation de l'information scientifique et politique relative àl'énergie et de diffusion des résultats scientifiques du pro-jet.

Femme au champ à Leba (Burkina faso

Grenier typique de mil au Sahel

Récolte d’arachides à Louga (Sénégal)

PROJET IE4SAHEL PROJET IE4SAHEL "ENERGIE POUR LA REDUCTION DE LA PAUVRETE""ENERGIE POUR LA REDUCTION DE LA PAUVRETE"

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