récit d’un partenariat institution-université pour...

Récit d’ un partenariat institution-université… I

L’objectif de cet article est de rendre compte d’une dynamique departenariat innovante entre l’Établissement public autonome communal(EPAC) Les Deux Séquoias de Bourdeilles (24) et les laboratoires dessciences de l’éducation des universités de Limoges (FRED - EA 6311) etde Rouen (CIRNEF - EA 7454). L’EPAC Les Deux Séquoias est uneinstitution regroupant un Établissement d’hébergement pour personnesâgées dépendantes (EHPAD), un Foyer occupationnel (FO) et desstudios, ainsi qu’un Foyer d’accueil médicalisé (FAM). L’EPAC est né en2014 de la fusion de ces services partageant une histoire, un projet, uneculture et un patrimoine commun. Il dispose d’une capacité totaled’accueil de 178 résidents. L’établissement est particulièrement sensibleaux problématiques liées au vieillissement des personnes en situation dehandicap, à la participation des résidents dans le fonctionnementinstitutionnel, ainsi qu’à la construction d’une culture professionnelle etd’une identité institutionnelle à la charnière des pratiques sanitaires,éducatives et sociales. Le partenariat entre l’EPAC et l’université repose sur l’articulation de troisprojets principaux : le premier concerne un travail de recueil de donnéesassocié à un dispositif de formation par la recherche visant à recueillir laparole des résidents lors de la restructuration du projet institutionnel. Lesecond concerne deux dispositifs d’intervention-recherche couplés à desmissions d’évaluation interne menées au sein du FAM et du FO del’EPAC. Le troisième concerne une intervention-recherche sur le thèmede la démocratie sanitaire financée par l’Agence régionale de santé (ARS)et portant sur l’ensemble de l’institution.

Récit d’un partenariat institution-université …

Récit d’un partenariat institution-université pour produire des connaissances partagées

Sébastien Ponnou, Maryan Lemoine, Nadège Bartkowiak,Nathacha Fougères et David Pala

II

Nous proposons de présenter ces dispositifs afin d’en discuter les enjeuxdu point de vue des pratiques professionnelles, des dynamiquesinstitutionnelles, de la formation et de la recherche, de manière à soutenirla possibilité et l’essor de partenariats vertueux et ambitieux entreinstitutions médicosociales et laboratoires universitaires.

Naissance du partenariat : le projet « Scènes de vie et paroles derésidents à Bourdeilles »Le partenariat EPAC-université est né d’une rencontre : des discussionset des échanges nourris entre des membres de la direction de l’EPAC LesDeux Séquoias et les enseignants-chercheurs de l’université de Limoges etRouen ont donné naissance à un désir de travail partagé, qui s’estcristallisé en 2015 lors d’un premier recueil de données intitulé « Scènesde vie et paroles de résidents à Bourdeilles ». Cette initiative, sollicitée parla direction, visait à recueillir la parole des résidents des différentes unitésde l’EPAC dans le cadre du processus de fusion engagé en 2014, et dansla perspective d’une refonte du projet institutionnel intégrant le point devue des personnes accueillies. Au-delà du caractère novateur de l’intentioninitiale, l’originalité du dispositif était de conjuguer ce recueil de donnéesà un processus de formation associant huit étudiants de la Faculté deslettres et des sciences humaines de Limoges inscrits dans le masterDiversité culture formation, avec la possibilité, après un premier semestrede formation aux méthodes qualitatives et quantitatives de recueil dedonnées en sciences de l’éducation, d’engager une démarched’investigation directe sur le terrain. Compte tenu des problématiquesdes publics accueillis à l’EPAC (troubles sévères de la communication,déficiences intellectuelles avec troubles associés, problématiques duvieillissement, démences), nous avons retenu une démarche de typeethnographique, in situ et in vivo, sous forme d’immersions croisées, enprivilégiant la prise de note systématique à partir d’observations et durecueil de discours. Nous avons ainsi réalisé un total de 75 immersions,500 heures cumulées de présence, et collecté via ce dispositif de recherchecollectif près de 150 pages d’observations croisées qui ont été exploitéesdans trois directions principales : elles ont d’abord permis d’appréhenderles représentations et les préoccupations des résidents concernant lestravaux, les déménagements et les multiples changements engendrés par

Récit d’ un partenariat institution-université… III

les remaniements institutionnels. Ces données ont par ailleurs étéréinvesties dans le cadre du projet institutionnel qu’elles ont contribué àstructurer. Elles ont enfin donné corps et lisibilité aux démarches departicipation des résidents au sein de leur mode d’accueil. Cettedémarche, qui a fait l’objet d’une restitution auprès des professionnels etdes résidents, a contribué à l’animation des dynamiques institutionnelleset à la mise au travail d’une identité professionnelle commune au momentde la restructuration globale des contours de l’établissement (Lemoine,Ponnou et al., 2015).

Les dispositifs d’intervention-recherche et d’évaluation interneUne deuxième collaboration s’est déployée en 2018, à la demande del’équipe de direction de l’EPAC qui souhaitait mobiliser des méthodesde recherche de terrain au service de l’évaluation interne du FAM et duFO. Partant de cette demande, les chercheurs ont alors construit undispositif centré sur la recherche de la connaissance partagée du sens despratiques et la spécificité des enjeux institutionnels, afin de produire untravail d’auto-évaluation, mais aussi de contribuer à la formation desprofessionnels. L’objectif était également de mettre à l’épreuve unenouvelle modalité d’évaluation des institutions médicosociales qui, touten cadrant avec les attentes de l’Agence nationale d’évaluation sociale etmédicosociale (ANESM, 2009 et 2012), se déplace des approchesstandardisées et managériales de l’intervention sociale pour prendre encompte et analyser les problématiques spécifiques des publics, les enjeuxprofessionnels et les dynamiques institutionnelles propres à ces services.À l’appui de leurs bagages praxéologiques et scientifiques, libres denégocier les contraintes liées à la commande institutionnelle, leschercheurs ont mobilisé des méthodes de terrain éprouvées en scienceshumaines et sociales afin d’observer et de problématiser les pratiquesprofessionnelles et de permettre aux acteurs de les appréhender selon unedémarche réflexive. Dans cette perspective, et afin de faciliter uneappropriation progressive du dispositif par les professionnels, ils ontstructuré l’évaluation selon un phasage précis, de telle sorte que ladémarche constitue à la fois un temps d’observation, de réflexion et detransformation des pratiques. Cette proposition a trouvé un écho trèsfavorable auprès des professionnels qui y ont vu une occasion de mettre


IV

en valeur la complexité et le sens de leur travail. Dans cette perspective,le dispositif visait l’enrôlement et l’implication des acteurs de l’institutionvia la création des conditions de confiance par une présence régulière etle déploiement d’espaces de paroles et de travail partagés, susceptiblesd’enrichir les démarches et réflexions de chacun. En favorisant les allerset venues entre les apports de terrain et les instances d’une part, leséclairages des chercheurs et les activités du quotidien d’autre part, l’idéeétait de permettre aux professionnels de participer au travail d’évaluationet de déployer conjointement une démarche de co-formation.Chaque dispositif d’évaluation s’est échelonné sur une période de trois àcinq mois, et s’est centré sur six thématiques principales, dégagées par ladirection de l’institution en amont de l’intervention des chercheurs. Laplupart de ces thématiques reprenaient les enjeux classiques des démarchesd’évaluation du secteur : 1/ La bientraitance. 2/ L’accès au soin. 3/ Lacommunication adaptée aux problématiques des résidents, et notammentaux troubles du spectre autistique et pathologies apparentées. 4/ Lemaintien des liens familiaux, sociaux et amicaux. 5/ L’ouverture surl’extérieur. 6/ Le projet personnalisé. Ces thématiques ont été mises autravail pour elles-mêmes, mais elles ont également servi de points d’entréeet d’angles de vue à partir desquels mettre en lumière les pratiques et lesenjeux spécifiques à l’institution. Ces entrées thématiques ont ainsipermis, sans viser l’exhaustivité, de produire une « cartographie » del’institution, de même que des présentations schématisées dynamiquesdes pratiques et des interactions professionnelles. Les dispositifs d’évaluation se sont articulés autour de cinq phasesprincipales :

Phase 1- Phase préparatoire et présentation Cette première phase consistait à enrôler les professionnels au sein d’undispositif dont ils devaient devenir les principaux acteurs. Elle a étéformalisée par un séminaire d’introduction qui a permis la mise en œuvredu calendrier et des modalités de travail.

Phase 2- Recueil et transmission des donnéesLa phase de recueil des données s’est fondée sur cinq types de méthodesou d’approches : 1/ Observations de terrain de typeethno/anthropologiques (Lahire, 1998 ; Laplantine, 2003, 2005 ; Guigue

Récit d’ un partenariat institution-université… V

[dir.] 2005 ; Copans, 2008). 2/ Entretiens informels sur site. 3/ Études decas ou de situations cliniques en travail social (Ponnou, 2016 ; Ponnou,2018). 4/ Analyse de contenu des Projets de Soin informatisés (PSI). 5/Revue de littérature. L’ensemble des informations ainsi obtenues ont étécroisées et synthétisées sous forme de dossiers comportant des hypothèseset des éléments de diagnostics. Nous avons remis ces dossiers auxprofessionnels qui ont pu interroger ces éléments individuellement etcollectivement, pour servir de base d’échange et d’élaboration lors desgroupes de travail à l’œuvre dans la troisième phase.

Phase 3- Groupes de travail Les données recueillies lors de la deuxième phase, problématisées ettransmises aux professionnels, ont fait l’objet d’un processus d’élaborationà travers la constitution de groupes de travail par thématique. Chaquegroupe avait pour fonction de produire des hypothèses ou despropositions de pratiques professionnelles susceptibles de contribuer àl’amélioration de la qualité du service. Au-delà de ces propositions et desobservations qui ont pu se faire jour dans les échanges, une prise de notesystématique a été réalisée afin de saisir les modes de production d’unsavoir professionnel sur les pratiques déployées, les enjeux formels etinformels traversant les modes de co-construction d’une clinique et d’uneculture institutionnelle.

Phase 4- Entretiens d’approfondissementÀ l’issue de la troisième phase, lorsque les chercheurs ont disposé desretours écrits des professionnels pour chaque thématique, ils ont procédéà un travail d’explicitation (Vermersch, 1996) et d’approfondissement viades entretiens individuels semi-directifs menés auprès des professionnelsinvestis dans l’institution. Ces temps d’entretien ont permisd’approfondir la connaissance, l’appréhension des démarches engagéespar les professionnels pour en favoriser la compréhension, partager etcristalliser les perspectives contribuant à l’élaboration desrecommandations mises en exergue dans le rapport d’évaluation.

Phase 5 - Restitution finaleLa cinquième phase de ce dispositif d’évaluation a été consacrée à lasynthèse des éléments de recherche, des discussions, à l’élaborationprogressive des préconisations mises en œuvre au fil du dispositif, enfin


VI

à la rédaction du rapport d’évaluation et à la restitution de l’ensemble deces éléments auprès des professionnels. Cette dernière phase a égalementpermis d’ouvrir des perspectives en termes de recherche et de méthodescomplémentaires, qui pourront être mises au profit de prochainesdémarches d’évaluation.

Déroulement du dispositif d’évaluation

Récit d’ un partenariat institution-université… VII

« Le Résident : par lui, pour lui, chez lui » Dans le fil des démarches engagées dans le cadre des dispositifsd’évaluation interne, et dans la poursuite des résultats obtenus lors duprojet « Scènes de vie et paroles de résidents à Bourdeilles », le partenariatentre l’EPAC et les universités de Limoges et de Rouen se poursuit àl’appui d’un dispositif d’intervention-recherche qui s’échelonnera sur lapériode 2018-2020 en réponse à un appel à projets sur le thème de ladémocratie sanitaire financé par l’ARS Nouvelle-Aquitaine. À l’appuid’une longue tradition concernant la consultation et la participation desrésidents aux projets et aux dimensions quotidiennes de la vieinstitutionnelle, la direction de l’EPAC a sollicité ses partenairesuniversitaires afin de co-construire un dispositif de recherche-interventionsusceptible de répondre aux enjeux d’innovation et au cahier des chargesposé par l’ARS. Ainsi le projet « Le résident : par lui, pour lui, chez lui »a été co-construit de manière à toucher trois objectifs principaux : 1/Favoriser l’expression la plus directe et la plus fidèle possible des résidents.2/ Amener les professionnels à prendre en considération les élémentsexprimés par les résidents dans leurs pratiques, adopter une démarcheréflexive, inventer sans cesse les dispositifs et les pratiques innovantessusceptibles de soutenir et d’améliorer la participation de chacun dansles différents aspects de la vie sociale et institutionnelle. 3/ Respecter lelieu de vie comme domicile et accepter que le résident puisse le modeleret l’envisager à sa manière. Chacun de ces axes a fait l’objet de démarches spécifiques, comprenantdes temps d’observation et d’intervention sur site, des espaces deformation, d’analyse de la pratique, d’animation de groupes de paroles,d’atelier d’appropriation ou de réinterprétation de la charte des résidents,ou de mise à disposition de moyens financiers à l’usage des résidents pourl’organisation de leurs vacances… Plus largement, ce projet vise àdévelopper la culture de la participation des résidents, la culture duprendre soin et du respect de la place de chacun dans le système quereprésente l’institution. À l’instar des précédentes interventions, il estcouplé à des dispositifs de recherche et de formation susceptibles deconcourir à la promotion de la démocratie sanitaire et des paradigmesassociés.


VIII

Enjeux professionnels et dynamiques institutionnellesDu point de vue institutionnel, le partenariat a permis d’initier unedynamique inédite qui a engendré des effets collatéraux vertueux qu’il estpossible de décliner selon quatre axes : 1/ Une base de travail légitime etincontestable. 2/ Un processus d’appropriation et de réflexivité. 3/ Ledroit à la différence dans les pratiques. 4/ Un rééquilibrage de la relationprofessionnel/résident.Premièrement, les démarches de recherche engagées ont permis de mettreen lumière des observations et données objectives sur les pratiques et lesdynamiques institutionnelles. Recueillies et présentées au sein du collectifchercheur, elles ont de fait acquis une forte légitimité auprès desprofessionnels dans la mesure où elles ont transcrit leurs préoccupationset leurs expériences, des scènes qu’ils ont eux-mêmes décrites et vécuesavec « leurs résidents ». La légitimité et la reconnaissance par lesprofessionnels des démarches engagées tiennent donc à l’objectivité desdonnées d’une part, et à leur ancrage sur le terrain d’autre part, loin desmodèles théoriques, des cas d’école, des anecdotes ou des références à cequi se passe dans d’autres établissements. Deuxièmement, à partir de cette légitimité acquise, le processusd’appropriation des réflexions menées par, pour et avec les professionnelsdésamorce les stratégies d’évitement ou de déni pour permettre à chacunde se centrer sur les aspects plus profonds et sensibles de sa pratique. Cetteprise de risque est rendue possible par les relations de confiance tisséesentre les intervenants et les professionnels aux premiers temps de chaquedispositif. Troisièmement, les méthodes utilisées et les réflexions menées ont ouvertun certain droit à la différence dans les pratiques professionnelles : ellesont permis un espace d’expression et d’écoute, et laissé la possibilité deposer une pratique construite en interne, localisée et contextualisée. Lesens produit à travers les démarches engagées a donné la possibilité derepenser et relativiser les normes et les pratiques, au-delà des référentielset des standards.Quatrièmement, le travail sur les données issues des différents dispositifsd’intervention-recherche a permis un certain rééquilibrage de la relationprofessionnel/résident. La parole des résidents a été mise au travail« comptant » : dans cette perspective ce n’est plus le savoir du

Récit d’ un partenariat institution-université… IX

professionnel soignant ou éducateur qui sert de porte d’entrée, mais leschoix, la position et le discours du résident considéré comme sujet, danssa globalité, dont il faut favoriser, valoriser la parole.

Enjeux de formationLes enjeux de formation du partenariat EPAC-Université se déclinentselon deux perspectives principales : la première concerne la formation desétudiants directement impliqués dans les dispositifs d’intervention-recherche, et pour lesquels ce type d’expérience, encadrée et accompagnéepar des enseignants-chercheurs, constitue souvent la première prise decontact avec un terrain de recherche et la possibilité de mettre en œuvreet d’éprouver les techniques d’observation et les méthodes présentées encours - sur le mode de la formation par la recherche. La présencepertinente des étudiants sur le terrain est rendue possible par troisconditions minimales : 1/ Le volontariat et l’implication des étudiants demaster dans le cadre du projet. Au-delà des enjeux académiques, ce désirde travail appelle une sensibilité et un intérêt manifeste pour lesproblématiques des publics de l’intervention sociale. 2/ Des apportsthéoriques et méthodologiques préalables concernant les approchesqualitatives et quantitatives en sciences humaines et sociales, dispenséesau semestre 1, dans la perspective d’un engagement sur le terrain ausemestre 2, ainsi que la poursuite d’un séminaire au fil de l’intervention.3/ La présence effective et la garantie des chercheurs pouvant servir deguide, de soutien, et assurant le suivi des tâches scientifiques,pédagogiques, l’éthique de la recherche et les démarches logistiquesnécessaires au déploiement des dispositifs, en lien avec les services del’université. Le deuxième aspect formatif concerne la co-formation des professionnelsqui sont devenus les co-producteurs d’un savoir issu de la pratique et misà l’épreuve des démarches réflexives déployées à travers les différentesétapes et instances en jeu dans le cadre des dispositifs d’intervention-recherche, déclinés à la façon d’une recherche-formation (Marcel, 1999).

Perspectives de rechercheEn termes de perspectives de recherche, la richesse du travail et la soliditédes liens engagés laissent augurer la poursuite du partenariat à compter


X

de projets de recherche co-portés concernant les problématiques duvieillissement, les pratiques alternatives à l’enfermement et l’ouverture deslieux d’accueil pour les personnes souffrant de la maladie d’Alzheimer etdes démences apparentées... D’autres projets peut-être, en fonction desoccasions et de la créativité de chacun des partenaires. De par leur extériorité, observant de multiples situations de travail etinvitant chacun à s’exprimer, les chercheurs se trouvent dans une situationdoublement singulière par rapport aux acteurs qu’ils accompagnent. ECHugues indique que « pour étudier correctement la division du travail, ilfaut, dans chaque système de travail, prendre en compte le point de vuede toutes les catégories de personnes qui y sont impliquées, que leurposition soit supérieure ou inférieure, qu’elles soient au centre ou à lapériphérie du système » (Hughes, 1997, p. 68). Au sein de chaquedispositif, les chercheurs ont accès à une diversité d’actions et à la pluralitédes discours, et sont en charge de proposer un cadre temporaired’interprétation et d’analyse pour poursuivre et approfondir la démarche.Ils agissent à l’articulation de la maïeutique et de l’élaboration de ce cadretemporaire, afin d’aider à situer les données les unes par rapport aux autrespour construire collectivement et de manière progressive un sens àl’ensemble. Ils agissent ainsi en « mosaïticiens », où pour filer la métaphorede Becker (1986), ils révisent au fil du cheminement le cadre etl’assemblage des données pour une compréhension plus fine et uneappropriation des objets. Ce concept de « mosaïticien » a trouvé dans lepartenariat entre l’EPAC et l’université un terreau propice à sonenracinement et à son déploiement. Il fait actuellement l’objet de travauxcomplémentaires qui aboutiront bientôt à des publications dédiées.

ConclusionL’expérience esquissée au fil de ces pages ne représente qu’une déclinaisondes multiples possibilités de partenariat entre les institutionsmédicosociales et l’université d’une part, les terrains de l’interventionsociale et la recherche d’autre part. Elle repose sur des valeurs partagées etdes principes clairement discutés entre les différents acteurs, la prise encompte des intérêts et des contraintes de chacun, au bénéfice desdynamiques professionnelles, institutionnelles, de formation et de

Récit d’ un partenariat institution-université… XI

recherche, et supposons-le in fine, au service d’un souci constant pour lespublics bénéficiaires de l’action sociale. Nous espérons que ce typed’initiative, qui à notre connaissance reste encore trop marginale, trouverade multiples échos au niveau national et pourquoi pas, à l’échelleeuropéenne.

Nadège Bartkowiak est directrice-adjointe de l’EPACLes Deux Séquoias, Bourdeilles.

Nathacha Fougères est chef de service, Foyer d’accueil médicaliséLes Deux Séquoias, Bourdeilles.

Maryan Lemoine est maître de conférences en sciences de l’éducationà l’université de Limoges (FRED - EA 6311).

David Pala est directeur de l’EPAC Les Deux Séquoias, Bourdeilles.

Sébastien Ponnou est maître de conférences en sciences de l’éducationà l’université de Rouen-Normandie (CIRNEF - EA 7454).

Bibliographie :ANESM, « La Conduite de l’évaluation interne dans les établissements et services visés »,2009, www.anesm.sante.gouv.fr, (consulté le 20/02/2017).ANESM, « L’Évaluation interne et externe : quel bilan ? », 2012,www.anesm.sante.gouv.fr, (consulté le 20/02/2017).Becker, Howard, « Biographie et mosaïque scientifique », in Actes de la recherche en sciencessociales, n° 62-63, L’Illusion biographique, 1986, pp. 105-110. Copans, Jean, L’Enquête et ses méthodes : l’enquête ethnologique de terrain, Paris, ArmandColin, 2008.Guigue, Michèle, « Les dynamiques de la familiarité dans la recherche », in Les Sciencesde l’éducation. Pour l’Ère nouvelle, n° 38 (1), La familiarité avec l’objet de recherche, 2005,pp. 93-108.Hughes, Everett, « Men and their work », in Le regard sociologique, Paris, MSHJ, 1996.Lahire, Bernard, « Décrire la réalité sociale ? Place et nature de la description ensociologie », in Reuter Yves, La Description: théories, recherches, formation, enseignement,Villeneuve D’Ascq, Presses Universitaire du Septentrion, 1998.Laplantine, François, De tout petits liens, Paris, Mille et une nuits, 2003.Laplantine François, La description ethnographique, Paris, Armand Colin, 2005.Lemoine, Maryan ; Ponnou, Sébastien et ali., « Scènes de vie et paroles de résidents àBourdeilles (24) », Recherche-Intervention dans le cadre de la fusion de deux institutionsmédico-sociales - Établissement d’Hébergement pour Personnes Agées Dépendantes


XII

(EHPAD) et Foyer Occupationnel (FO)/Foyer d’Accueil Médicalisé (FAM) », 2015. Marcel, Jean-François, « La démarche de Recherche-Formation : propositions pour untrait d’union entre la recherche et la formation dans le cadre de la formation continuedes enseignants », in Recherche & Formation, N° 32 (1), Formation continue des enseignants :les MAFPEN et après..., Paris, INRP, 1999, pp. 89-100.Ponnou, Sébastien, Le travail social à l’épreuve de la clinique psychanalytique, Paris,L’Harmattan, 2016.Ponnou, Sébastien, « Arguments en faveur d’une pratique fondée sur des données cliniquesen travail social (Clinical Based Practice in Social Work) », in Les Sciences de l’éducation.Pour l’Ère nouvelle, n° 50 (3), Faire école. Quelle complémentarité entre le monde enseignantet le monde socio-éducatif ?, 2017, pp. 83-100.Vermersch, Pierre, L’entretien d’explicitation, Paris, ESF, 1996.

récit d’un partenariat institution-université pour...

Documents