helvetas partenaires no. 218 décembre 2014

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N o 218 / décembre 2014 MAGAZINE PARTENAIRES FOCUS assez équitable? Débat sur le Fairtrade PIONNIÈRES les «Bananenfrauen» ont changé le monde du commerce CHANCE? en Afghanistan, après le retrait des troupes étrangères CONCOURS deux nuits à gagner à l’hôtel Rhätia St. Antönien (GR) BONNE RÉCOLTE AU BANGLADESH

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FOCUS assez équitable? Débat sur le Fairtrade +++ PIONNIÈRES les «Bananenfrauen» ont changé le monde du commerce +++ CHANCE? en Afghanistan, après le retrait des troupes étrangères +++ CONCOURS deux nuits à gagner à l’hôtel Rhätia St. Antönien (GR)

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No 218 / décembre 2014

MAGAZINEPARTENAIRES

FOCUS assez équitable? Débat sur le Fairtrade PIONNIÈRES les «Bananenfrauen» ont changé le monde du commerceCHANCE? en Afghanistan, après le retrait des troupes étrangèresCONCOURS deux nuits à gagner à l’hôtel Rhätia St. Antönien (GR)

BONNE RÉCOLTEAU BANGLADESH

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SOMMAIRE2

SOMMAIRE

HELVETAS – Agir pour un monde meilleur

VISION Nous voulons un monde dans lequel toutes les personnes vivent dignement et en sécurité, de façon autonome et responsable face à l’environnement.

MISSION Nous nous engageons dans des pays en développement pour les personnes et les communautés qui veulent améliorer activement

leurs conditions de vie.

PERSPECTIVESDétente ..................................................................................04EN CLAIRJuste acheter ou acheter juste ...........................................05REPORTAGEMinorités marginalisées au Bangladesh ................................ 06FOCUS «ASSEZ ÉQUITABLE? DÉBAT SUR LE FAIRTRADE»Le commerce équitable doit-il se développer en qualité ou en quantité? Discussion .................................................. 12 Commentaire de l’invité: Robin Cornelius, CEO de Switcher AG ............................................................ 14Pionnière: Ursula Brunner, une «Bananenfrau» ........... 15 Chance: de nouveaux labels facilitent l’engagement des entreprises dans le Fairtrade ....................................... 16En savoir plus ........................................................................ 18 ÉVÉNEMENTSSur l’Alpe: un paysan des Andes en visite en Suisse ....... 19 Retrait et réveil: quel avenir en Afghanistan? .................. 20SUISSECINEMA SUD: retour sur la tournée 2014 .................... 22Créer des liens: avec Circle for Change ............................. 23Christmas Midnight Run: courir pour la solidarité! ...... 24ACTUALITÉSMétéo du développement .....................................................26Les lauréats du Clip Award 2014 Helvetas .........................26Pétition pour protéger le climat ........................................27Happy Fountains et Journée mondiale de l'eau 2015: projet pour les écoles ......................................27Agenda .....................................................................................27Une «semaine fun-raising» et des actions spectaculaires! 28Do it: comment réaliser les bonnes résolutions de Nouvel-An .....................................................................28Impressum ..............................................................................28 Boutique Helvetas au Marché de Noël solidaire ................29 à LausanneConcours: deux nuits à gagner à l’hôtel Rhätia à St. Antönien (GR) ...............................................................29COMMERCE ÉQUITABLEFair sur toute la ligne: une visite auprès de couturières en Tchéquie ....................30

Page de couverture: Simon B. Opladen

EnsemblePage

06REPORTAGE

FOCUS

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15Cette année-là, les premières bananes

équitables arrivaient du Nicaragua dans des magasins en Suisse. Pour atteindre

ce but, des pionnières comme Ursula Brunner se sont battues pendant des

années avec persévérance et inventivité.

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Éditorial

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HELVETAS Swiss Intercooperation 7-9, ch. de Balexert1219 ChâtelaineTél. +41 (0)21 804 58 00Fax +41 (0)21 804 58 [email protected] 10-1133-7

Au bord du gouffre Enfant, lors d’une randonnée sur l’Alpstein alors que nous atteignions le restaurant d’alpage, j’ai demandé à mes parents, à la fois déçue et sur-prise, pourquoi le sommet de la mon-tagne n'entrait pas dans le restau-rant. Les enfants imaginent ainsi les paysages de montagne: à gauche et à droite des pentes abruptes et, au-dessus, une crête sans guère de place pour s’y tenir. J’ai repensé à cette image au Bangladesh, car les versants très raides des Chitta-gong Hill Tracts y ressemblent. Ces pentes escarpées ne sont toutefois pas des sentiers de randonnée, mais des surfaces cultivables. Les minori-tés ethniques Jumma les exploitent. Les rares bandes de terre de leur région d’origine ont été enseve-lies sous l’eau d’un barrage ou font l’objet de litiges entre colonisateurs. Délogés et poursuivis au cours des dernières décennies, les Jumma se battent aujourd’hui encore contre leur exclusion politique, économique et sociale. C’est donc une joie d’au-tant plus grande de faire la connais-sance de paysans comme Hla Kyo et sa femme Suinang, qui construisent leur avenir et celui de leurs enfants.

Susanne Strässle, rédactrice de «Partenaires»

[email protected]

ÉVÉNEMENT

Le retrait des troupes d’Afghanis-tan a été en grande partie effectué. Quels sont les risques, quelles sont les chances pour les projets d’Helvetas?

Page

12

Page

20

Labels Fairtrade ou relations commer-ciales personnali-sées – qu’est-ce qui est le plus profitable aux paysans dans le Sud? Discussion entre Nadja Lang de Max Havelaar, Adrian Wiedmer de gebana et Tobias Meier d’Helvetas Fairtrade.

«Aujourd’hui déjà, des producteurs du Sud prennent part à une marque au Nord»

Adrian Wiedmer, gebana

Nouveau départ

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4PERSPECTIVES

Devant un mur d’escalade artificiel, à demi caché par une poubelle, un homme à Zurich (en haut) fait un somme sur une banquette spécialement aménagée. Il a enlevé ses chaussures. Il est en Suisse et il dort, détendu. L’homme étendu, ou plutôt suspendu, entre les montants en acier (en bas) se repose aussi. La photo a été prise deux ans plus tôt au Mali. Ce jeune homme est pieds nus et il n’est pas vraiment détendu. Les montants en acier n’ont pas été construits pour les siestes. Cet homme vient de participer à la manifestation qui s’est tenue dans le stade contre les combattants islamistes, qui veulent imposer leur loi dans le nord de son pays. –HBU

DÉTENTE?

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de durabilité, comme l’a décidé le Parle-ment de l’UE en début d’année.

Et cela doit devenir une évidence: les multinationales ayant leur siège en Suisse doivent s’engager à appliquer les droits sociaux dans toutes leurs suc-cursales et fi liales. Par exemple dans le commerce des ressources minières, où les consortiums se soucient jusqu’ici comme d’une guigne d’équité sociale.

C’est à nous, consommateurs et électeurs, que revient d’exiger auprès des responsables de la politique et de l’économie l’application des normes sociales et écologiques. Nous en avons les moyens lors de nos achats, dans les restaurants et par les urnes.

Melchior Lengsfeld, directeur d'HELVETAS Swiss Intercooperation et représentant Helvetas dans le conseil de fondation de Max Havelaar (Suisse).

EN CLAIR

Personne ne veut consommer des pro-duits provenant de l’exploitation des enfants ou de conditions de travail abu-sives. Mais la consommation équitable est loin d’aller de soi.

Il y a plus de 40 ans que les «Bananenfrauen» et les Magasins du Monde ont commencé à sensibiliser les consommateurs au Fairtrade comme al-ternative aux injustices structurelles du commerce mondial, permettant ainsi à des milliers de paysans d’améliorer leur revenu. Depuis, le commerce équitable est aussi apparu chez les grands distri-buteurs. La pression des consomma-teurs a poussé des entreprises telles que Migros et Coop, 750 établissements de restauration et récemment même des

harddiscounters comme Aldi, à propo-ser dans leur assortiment des produits Fairtrade.

En Suisse, la vente de marchan-dises portant le label Fairtrade de Max Havelaar atteint aujourd’hui 430 mil-lions de francs par an. Dans le seul contexte de Max Havelaar et Fairtrade International, 1,4 million de familles de paysans bénéfi cient de prix plus élevés et plus stables ainsi que d’équipements collectifs mis en place grâce à la prime Fairtrade. L’histoire d’un succès im-pressionnant.

Les paysans qui profi tent du marché équitable sont cependant encore une petite minorité à l’échelle mondiale. Pour changer les choses, l’industrie ali-mentaire doit pouvoir accéder au mar-ché équitable avec des articles contenant aussi des ingrédients de production conventionnelle. Max Havelaar a déve-loppé de nouveaux outils à cet eff et (lire en p. 16). Qu’un mélange de café contienne 50 ou 100% de grains Fair-trade n’est pas décisif à ce stade, aussi longtemps que les consommateurs sont informés de manière transparente et

restaurants et par les urnes.

que le produit off re un revenu plus élevé aux paysans Fairtrade. Le problème du commerce équitable ne tient pas en pre-mier lieu aux standards. Le problème est que nous considérons toujours comme normal de consommer des produits de production inéquitable.

Les organisations du marché équitable s’eff orcent d’ancrer plus large-ment des standards de base et des condi-tions commerciales équitables. En tant qu’avocats du Fairtrade, nous devons aussi tenir compte des besoins des entre-prises tels que les délais de livraison et la qualité. Des exigences maximalistes ne font toutefois pas avancer les choses, car les sociétés se tourneront vers des labels moins exigeants – et de moindre utilité aux familles paysannes dans le Sud.

La politique a un rôle à jouer dans le Fairtrade. Pour l’approvisionnement public, la Confédération, les cantons et les communes – les plus grands ache-teurs de marchandises et de services – doivent intégrer des critères d’équité et

JUSTE ACHETER - ACHETER JUSTE

«La politique a un rôle à jouer dans le Fairtrade»

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La teinture naturelle exige de très bonnes connaissances et beaucoup d’attention: des expertes de la coopérative à l’œuvre.

EN MARGE

Les champs de Suinang et Hla Kyo sont incroyablement abrupts. Le terrain plat est rare et convoité dans les Chittagong Hill Tracts.

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Les minorités du sud-est montagneux du Bangladesh sont dans une situation difficile. Autre-fois poursuivies, elles sont aujourd'hui économiquement marginalisées. Mais Hla Kyo Ching et son épouse Suinang ne se laissent pas décourager.

Par Susanne Strässle (texte) et Simon B. Opladen (photos)Soudain des bruits de bottes se font entendre dans le para-dis. Elles sont portées par une demi-douzaine de soldats en tenue de camouflage sombre, des jeunes Bangladais élancés, le visage grave, des armes sur l’épaule. «Que faites-vous ici? Qu’est-ce que vous cherchez?»

Agitation au paradisLe prétendu paradis s’appelle Tumbo Para. Ici, de grands palmiers chatouillent le ciel clair, des maisons en bambou se dressent entre les bosquets ombrageux. Des petits enfants jouent sur la terre battue, les plus grands, vêtus de leur uni-forme bleu et blanc, rentrent de l’école par l’étroit pont du village. Des racines de curcuma sèchent au soleil devant une maison; dans la cour du cloître bouddhiste, un paysan brasse

La teinture naturelle exige de très bonnes connaissances et beaucoup d’attention: des expertes de la coopérative à l’œuvre.

EN MARGE

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8REPORTAGEREPORTAGE

le riz étalé en faisant de larges mouvements. Les femmes vont au fleuve pour s’y baigner.

L’arrivée des policiers militaires rappelle que ce soi-di-sant paradis est une zone de sécurité, la fragile frontière ben-galie avec la Birmanie, longtemps théâtre d’une guérilla sans merci. Pendant des décennies, cette terre des minorités vivant ici était une zone réglementée. Aujourd’hui encore, les étran-gers ne peuvent y pénétrer que munis d’un laissez-passer.

Les hommes en uniforme exigent nos autorisations de séjour et une explication. Puis ils dégainent… leurs téléphones por-tables. Ils prennent des photos, veulent poser avec des étran-gers avant de repartir.

«Aujourd’hui, ils nous laissent en paix», dit Hla Kyo Ching, qui nous guide à travers son village. Le jeune pay-san, âgé de trente ans, ne s’est pas laissé déstabiliser par ce petit incident. Les contrôles sont son lot quotidien. «Lorsque

Le couple veut que ses enfants réussissent leur chemin.

Suinang et Hla Kyo partagent les tâches ménagères.

Devant le nouveau dépôt, les paysans pèsent la récolte.

Tumbo Para est un paradis – avec des parts d'ombre politiques.

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9REPORTAGE

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j’étais petit, l’armée a même frappé des gens au village», ra-conte-t-il.

Les minorités Jumma, qui peuplent les contrées mon-tagneuses des Chittagong Hill Tracts, ne se sentent pas encore vraiment chez elles au Bangladesh. Chacune des plus de dix ethnies a sa propre culture et sa propre langue. Elles ont toute-fois en commun une plus grande ressemblance avec des popu-lations birmanes que bengalies. Que leur région d’origine ait été adjugée au Pakistan oriental lors de la scission de l’Inde dans les années 1950, puis au Bangladesh en 1971, semble être une erreur. Elles vivent une situation difficile, dans un État où il ne devrait officiellement pas y avoir de minorités.

«Il y a quelques années, nous pouvions à peine nous déplacer librement, dit Hla Kyo, qui appartient à la culture des Marma. Il nous fallait à chaque fois une autorisation, même pour apporter nos récoltes au marché.» Hla Kyo ne souhaite pourtant pas critiquer la situation actuelle, qui s’est améliorée. Le combat politique s’est en grande partie transformé en une lutte pour les droits fonciers et la survie économique.

Obtenir ensemble des prix forts Aujourd’hui, la terre manque aux familles paysannes pour la culture traditionnelle sur brûlis (jumma), mais grâce à l’ini-tiative d’Helvetas, Hla Kyo et les autres paysannes et paysans du village ont appris comment préserver en permanence la fertilité de leurs champs. Ils apprennent à fabriquer le lisier, les engrais et à utiliser peu d’insecticides. Ils découvrent com-ment éviter l’érosion par un labourage adapté ou grâce au ter-rassement, comment protéger les semences et aussi quelles variétés productives il convient de cultiver.

Mais en priorité, les paysans de Tumbo Para ont appris que l’union fait la force. 89 ménages du village ont formé un groupe de producteurs. Cela porte ses fruits. À l’entrée du village, une lourde balance mécanique est suspendue sous un vieil arbre majestueux. Juste derrière, le toit de tôle ondulée d’une hutte miroite au soleil: c’est le nouveau centre de ramas-sage où les paysans entreposent provisoirement leurs récoltes.

L’époque est révolue où Hla Kyo allait au marché avec ses corbeilles chargées sur transporteur et où il espérait – sou-vent en vain – vendre un maximum de curcuma, gingembre, patates et bananes. «On essayait de nous extorquer les mar-chandises à un prix dérisoire. Et le soir nous rentrions avec peu d’argent.» Aujourd’hui les paysans tiennent le couteau par le manche. Un intermédiaire du village, qu’ils ont désigné, surveille les prix et négocie avec les grossistes de la ville. Ces derniers paient bien mieux et sont même disposés, pour une quantité importante, à faire le long trajet jusqu’à Tumbo Para.

Hla Kyo fait le compte: avant, il recevait environ 250 Taka (CHF 2.95) pour 40 kilos de tubercules taro, aujourd’hui les grossistes lui donnent 850 Taka (CHF 10.30). Et grâce à la culture améliorée, ses récoltes ont doublé. Ce qui se traduit par un gain presque six fois supérieur, sans perte de temps au marché.

«Nous nous sommes cachés dans la jungle pendant deux ans»

Kalachan Chakma, 62 ans, a dû fuir de nuit dans les bois avec femme et enfants lorsque son village a été attaqué par l’armée.

Le regard de Kalachan Chakma semble toujours se perdre au loin. Mais il veut raconter son histoire. Même si elle est épouvantable. Elle commence le jour où la vie qu’il avait menée pendant 36 ans a pris fin.C’était en 1988, le Bangladesh était gouverné par un ré-gime militaire qui opprimait les minorités des Chittagong Hill Tracts. Un lac artificiel construit en 1960 avait déjà fait 100 000 déplacés. Et le gouvernement commença à établir systématiquement toujours plus de paysans bengalis dans les villages indigènes. Une guérilla régionalement mobili-sée, garante des droits des minorités, était donc en conflit depuis 1973 avec les forces gouvernementales. Jusqu’à ce soir fatal où il y eut un affrontement et des morts, éga-lement du côté de l’armée. D’où le geste de représailles dans le village de Kalachan Chakma.«Ils sont arrivés à 22h30 et ont tout de suite ouvert le feu, ils ont tiré sur les hommes, les femmes, les enfants. Il y a eu 72 morts. J’ai dû fuir précipitamment avec ma femme et mes trois enfants – le plus jeune était encore un bébé – dans la jungle. Nous avons vécu deux ans dans la forêt. Ceux qui étaient pris étaient enfermés et torturés. L’armée continuait à tirer des missiles dans la forêt, là où elle sup-posait que se trouvaient des fugitifs. Le pire, c’est quand mon cadet est tombé malade. Nous ne pouvions même pas aller chez le médecin.»Après deux ans, le gouvernement a garanti un retour sans danger des réfugiés. Après de longues hésitations, la fa-mille s’est décidée. Mais leur maison avait été détruite. Ils se sont donc installés dans le village de sa femme, où ils ont dû se battre pour survivre les premières années. Au-jourd’hui, ses filles sont mariées. Son fils Shantilala, âgé de 34 ans, est assistant au collège des agriculteurs et il est lui-même paysan. Mais Kalachan Chakma se fait du souci: «Dans le village voisin, des colons ont occupé les terres. Le sol ici nous suffit à peine. Si les colons viennent, nous ne répondons plus de rien.»

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10REPORTAGE

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À l’intérieur du centre de ramassage, des affiches écrites à la main sont placardées: un plan du village avec tous les ménages associés, le numéro de téléphone des commerçants, les prix actuels du marché et une liste des personnes qui ont contracté un microcrédit pour des semences ou des moyens auxiliaires. Grâce au groupe, les familles ont bénéficié de l’aide d’insti-tutions locales de microfinance. Hla Kyo a lui aussi fait deux petits emprunts qu’il a déjà remboursés, comme le révèle l’affiche.

Il y a aussi une mystérieuse liste qui répartit toutes les familles dans des groupes, de A à D, de riches à pauvres. Les gens sont-ils mis au pilori? «Au contraire», dit Umme Habiba, responsable de projet d’Helvetas. L’équipe de projet a établi cette liste pour que les habitants saisissent la dynamique du village. Bon nombre d’entre eux ont progressé grâce à la nou-velle initiative. Mais pourquoi la catégorie A est-elle vide? «Nous ne pensons pas qu’une personne aussi riche habiterait dans notre village», explique Hla Kyo.

Lui et son épouse Suinang, âgée de 28 ans, ne sont allés que quelques an-nées à l’école. «Nous étions très pauvres», confie-t-il. Il était l’aîné d’une fratrie de sept. Ce qui représentait une grande responsabilité et beaucoup de travail. «Ce fut une enfance difficile», avoue Hla Kyo. Tous deux aimeraient faire autrement. «Deux enfants, c’est suffisant», disent la mère et le père, indépendamment l’un de l’autre. Leur fille Pining U, sept ans, est en deuxième année et le petit Ukio Sai a un an et demi. «Les enfants doivent aller loin. C’est pour cela que nous travaillons», ajoute Suinang. Et tous deux travaillent main dans la main. «Mon mari sait même cuisiner», révèle-t-elle. Dans les Chittagong Hill Tracts, les rôles des genres ne sont

pas établis de façon patriarcale. Ce qui se voit aussi lorsque Hla Kyo change sans hésiter le pantalon du petit Ukio Sai, qui vient de se mouiller. Ou lorsque Hla Kyo et Suinang vont chercher de l’eau et lavent la vaisselle ensemble. Il n’est donc pas étonnant que tous deux évoquent leur mariage d’amour. «Nous avons passé toute notre vie au village, l’amour a eu tout le temps de grandir.»

Mais assez parlé, Hla Kyo jette un régime de bananes sur son épaule, puis un sac de pommes de terre et les porte au centre de ramassage. «Où poussent vos fruits? Nous aimerions voir votre champ.» – «C’est impossible», répond Hla Kyo.

Champ avec risque de chuteTôt le lendemain matin. Pendant trois quarts d’heure, nous avons gravi des pentes escarpées au pas de course, pataugé pieds nus dans le lit d’un ruisseau qui se transforme en fleuve à la mousson, nous nous sommes retenus à des plantes, avons escaladé des monticules de bambous roussis, cherchant tou-

jours à suivre l’allure de Hla Kyo et de Suinang, qui avancent à un rythme sou-tenu, tongs aux pieds et chargés d’outils.

Le soir précédent, Hla Kyo avait catégorique-ment rejeté notre demande – «trop loin, trop pentu,

trop dur» – mais avait fini par accepter, devant notre insis-tance.

Nous sommes hors d’haleine lorsque Hla Kyo s’arrête brusquement. Suinang s’éponge le front.

«Comment arrive-t-on à vos champs?»«Nous y sommes», dit Suinang.Nous sommes sur une crête dans un paysage monta-

gneux, comme dans un dessin d’enfant: en haut, à peine assez

Hla Kyo a construit le four, et Suinang dit que son mari pourrait aussi cuisiner. Hla Kyo s’occupe tendrement de Ukio Say.

«Il y a quelques années, nous pouvions à peine nous déplacer librement» Hla Kyo Ching, paysan de montagne

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11REPORTAGE

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11Le jeune couple a déjà pu bâtir une maison en pierres.

En 1997, la guérilla dans les Chittagong Hills Tracts a pris fin avec un accord de paix. Pourquoi les minorités ont-elles encore et toujours be-soin de soutien?

L’accord a mis fin aux effusions de sang. Mais à ce jour, il n’est pas encore appliqué, les gens souffrent sur le plan social, politique, économique. Les droits fonciers traditionnels n’ont pas été reconnus. Nous voulons donc soutenir les personnes dans les déli-cates et difficiles questions foncières. Au niveau local, il y a des points positifs.

Quels sont ces points?

Les gens doivent savoir que l’on peut exiger des droits fon-ciers et faire enregistrer la terre. De plus, il serait possible d’utiliser les forêts communales. Le lobbying peut inciter les autorités locales à rendre les droits fonciers et à stop-per la colonisation des terres. Nous pouvons également négocier avec les représentants du village afin qu’ils attri-buent la terre aux plus pauvres. Seule la terre leur confère une certaine sécurité.

Vous avez visité des projets d’Helvetas semblables au Népal. Qu’y avez-vous appris?

Nous avons fondé des conseils de développement du vil-lage à l’image de ceux du Népal. Il s’agit chez nous d’or-ganes informels, mais avec les mêmes objectifs sociaux.

questions à Jatan Kumar Devan, de l’organisation partenaire locale Green Hill3

de place pour se tenir debout, et le précipice des deux côtés.La pente que Hla Kyo indique est si raide que seule la fenaison y serait imaginable en Suisse. Hla Kyo a reçu cette terre de son père. Presque 20 000 mètres carrés, ce qui semble énorme pour un paysan pauvre. Mais en arrivant, on voit que cette terre ne représente pas une richesse mais une corvée.

Les champs plats sont rares dans les Chittagong Hill Tracts. Et c’est seulement sur les pentes abruptes que les Jumma ne sont pas opprimés par les colons bengalis: ces der-niers délaissent les plaines peuplées pour ces régions, appuyés par l’armée et le gouvernement dont la politique agressive de colonisation ignore les droits fonciers traditionnels des mino-rités (voir encadré p. 9).

Il faut un peu de temps avant de comprendre: chacun des versants de ces montagnes abruptes est une terre agricole. De chaque côté de la vallée, d’autres familles travaillent les champs, on entend leurs voix au loin. Peu à peu, le regard dis-tingue des plantes cultivées dans la végétation apparemment sauvage. Hla Kyo nous aide: cette herbe est du gingembre, plus loin il a planté du curcuma, des patates et des tubercules taro. On voit un arbre dont on peut manger les fines feuilles et les haricots. Hla Kyo indique un régime de bananes encore sur sa branche. «C’est le plus beau. Dès le début, je l’ai des-tiné au cloître bouddhiste. Pour une bonne récolte.» Plus loin prospère son dernier investissement: la papaye. C’est dans des cours que Hla Kyo et Suinang ont appris à diversifier leur culture.

Puis ils se mettent tous deux à casser la terre avec des râteaux afin de la préparer pour les semis. Ils doivent prendre garde à ne pas tomber lorsqu’ils soulèvent leurs outils.

Avec son visage mince et sérieux et ses petites rides au coin des yeux, Hla Kyo passerait pour un instituteur. Mais il est un paysan, corps et âme. Et prospère, de surcroît. Sa famille s’est déjà hissée dans la colonne B de la liste du centre de ramas-sage. Il n’aime pas s’en vanter. Mais lorsqu’on aborde le sujet, il dit avec modestie et conviction: «Nous vivons bien mieux que nos parents. Rares sont les jeunes gens à pouvoir dire qu’ils possèdent une maison telle que la nôtre.» La nouvelle maison est construite avec des briques de ciment et recouverte d’un toit de tôle ondulée. Hla Kyo l’a bâtie de ses propres mains. Il a même installé l’électricité. Et fabriqué à la cuisine le four en argile et sa cheminée. Bientôt, il enduira la maison de chaux et installera des cadres de fenêtres, qu'il veut orner de sculp-tures.Traduit de l’allemand par Elena Vannotti

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12FOCUS

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FOCUS «Assez équitable? Débat sur le Fairtrade»

QUEL VRAI COMMERCE ÉQUITABLE?

Modérateur: Mike WeibelSi j’achète du café Fairtrade au maga-sin bio, chez Claro ou au supermarché, il coûte quelques francs de plus que le café classique. Quelle part de ce sup-plément touche le producteur de café?Adrian Wiedmer, gebana: Assez peu, car le traitement, l’emballage et la com-mercialisation se font au Nord. Le calcul est plus avantageux pour une banane. Comme consommateur, j’éprouve un sentiment d’impuissance à l’idée que jusqu’à 90% de ce surcoût n’aboutira pas chez le producteur.

Nadja Lang, Max Havelaar (Suisse): La vraie question est de savoir ce qui se passe pour le producteur lorsque j’achète du Fairtrade. Pour une banane équitable, les cultivateurs touchent 50% de plus que pour une banane à bas prix. Pour les bas revenus du Sud, la diffé-rence est énorme. Ce qui compte, c’est que le Fairtrade offre bien plus aux pro-ducteurs qu’un prix correct.

Selon une étude récente, le Fairtrade li-bère les producteurs de la misère mais ne leur garantit pas un revenu mini-mum. Un documentaire a présenté il y a peu les conditions de travail précaires dans les plantations Fairtrade. En tant que consommateur de Fairtrade, j’at-tends pourtant des effets plus positifs sur les conditions de vie.Tobias Meier, Helvetas Fairtrade: Nous ré-alisons un nouveau modèle économique

dans un environnement très complexe. Il a des aspects négatifs mais il s’agit d’un processus continu. Il faut s’attaquer aux failles sans pour autant remettre chaque fois le système en question.

Nadja Lang: Dans cet exemple, des gens pauvres engagent plus pauvres qu’eux comme journaliers. Nous sommes conscients du problème des saisonniers et cherchons à le résoudre depuis long-temps. L’impact du Fairtrade dépend beaucoup de la quantité: lorsqu’une coopérative ne peut écouler que 3% de sa récolte via les créneaux du Fairtrade, l’effet est forcément moindre. D’où l’importance de notre programme de

«sourcing» mis sur pied début 2014: si nous pouvons certifier les différents composants tels que le cacao, le sucre ou le coton sans avoir à certifier le produit final (lire en p. 16), alors les producteurs peuvent vendre des quantités bien plus grandes à des conditions équitables. Pour les paysans, seule la quantité ven-due compte – peu importe qu’au final, un chocolat contienne 15 ou 20% de cacao Fairtrade.

L’histoire du commerce équitable a commencé il y a 40 ans. Au cours de cette période, sommes-nous parvenus à transférer la valeur ajoutée dans les pays en développement pour que les producteurs, qui livrent la matière première au commerce équitable, par-ticipent aussi à la transformation?Tobias Meier: C’est largement le cas pour les articles artisanaux du Fairshop d’Helvetas. Dans d’autres domaines c’est très difficile. Depuis le début de notre engagement pour la culture du coton en Afrique de l’Ouest il y a 15 ans, nous cherchons en vain à encourager l’indus-trie du textile à investir sur place. À cela s’ajoute le fait que nos exigences quant à la qualité du traitement du coton bio sont grandes pour qu’au final, un prix plus élevé soit justifié.

Adrian Wiedmer: Pour des raisons pra-tiques, nous ne pouvons pas torréfier le café en Amérique centrale ni fondre le chocolat en Afrique. Dans certains pays, on se confronte aux obstacles techniques du commerce, au manque de capital, au

Celui qui achète des produits Fairtrade veut contribuer à des relations commerciales Nord-Sud plus équitables. Mais le label Fairtrade tient-il ses promesses? Les voies du commerce alternatif sont-elles plus utiles aux petits agriculteurs du Sud? Faut-il donner davantage de poids au Fairtrade? Discussion sur le commerce équitable.

Nadja Lang, directrice de Max Havelaar (Suisse).

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13FOCUS

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QUEL VRAI COMMERCE ÉQUITABLE?

manque de connaissances, etc. Mais nous persévérons. Au Burkina Faso par exemple, nos partenaires ne vendent plus de noix brutes à l’Inde, mais des noix transformées, ce qui a généré beau-coup de places de travail.

Nadja Lang: De nombreux exemples montrent que la création de valeur ajou-tée locale est possible. Il fut un temps où une coopérative de paysans en Équateur ne récoltait que les bananes, alors qu’au-

Fairtrade connaît ainsi une forte crois-sance dans les économies émergentes et toujours plus de plantations se font homologuer au Sud. Sur le plan de la politique de développement, il faut ce-pendant offrir un accès au marché à plus de pays pauvres et de petits paysans.

Nadja Lang: L’objectif de Max Havelaar est de créer un marché mondial plus juste, afin que les petits agriculteurs et travailleurs puissent prendre leur vie en main. Cette revendication concerne autant les pays en développement pauvres que les pays émergents, où les différences de revenus sont souvent très grandes. Et cela s’applique aussi bien aux petits agriculteurs qu’aux travail-leurs des plantations.

Les conditions nécessaires à une cer-tification manquent pourtant souvent aux pays pauvres.Tobias Meier: Nous pouvons créer des partenariats sans avoir tout de suite à les certifier. Chez Helvetas, nous avons notre propre «code of business prac-tice» pour l’artisanat. Claro soutient de tels processus avec son fonds de produc-teurs. gebana procède de façon simi-laire. C’est précisément sur le marché alternatif que nous pourrions avancer d’un grand pas avec le soutien de Max Havelaar.

Certes le marché équitable est une réussite, surtout en Suisse. Mais la part de marché est de l’ordre de 1 à 2%.Tobias Meier: Le Fairtrade a gagné en crédibilité avec les prestataires de niche tels qu’Helvetas Fairshop, Claro ou gebana. Mais aujourd’hui, chaque commerçant doit s’interroger sur la provenance des articles qu'il vend et sur leurs conditions de production. Si la sensibilisation au Fairtrade fait que des multinationales se tournent aussi vers des pratiques commerciales équi-tables, cela peut avoir un grand impact. Plus la part du marché du Fairtrade augmente, plus l’effet sera grand pour les producteurs.

jourd’hui elle couvre toute la chaîne jusqu’au port pour l’exportation. Elle a commencé par investir une partie de la prime Fairtrade dans des stations de lavage et d’emballage et fini par exporter elle-même. Une grande partie des primes Fairtrade est investie dans la production et le traitement, car les producteurs sont de plus en plus conscients que la qualité génère davantage de valeur.

Réussit-on à accueillir de nouveaux groupes de producteurs dans le sys-tème du Fairtrade?Adrian Wiedmer: La tendance actuelle est de rendre équitables les chaînes de valeur ajoutée conventionnelles. Le

Comment se développe le marché équitable?Nadja Lang: Il y a 10 ans, lorsque j’ai débuté chez Max Havelaar, les négo-ciations avaient pour but de placer un à deux produits dans les rayons. À pré-sent, nous parlons déjà de généraliser le Fairtrade et de grands détaillants modi-fient des assortiments entiers. Le fait que toujours plus de multinationales s’engagent pour le commerce équitable est une évolution prometteuse.

Adrian Wiedmer: Le label Fairtrade de Max Havelaar s’inscrit dans les échanges commerciaux classiques; mais d’autres critères s’appliquent à la production. Or, la répartition des tâches est telle que nous perdons la vue d’ensemble de l’impact ou ne l’évaluons pas suffisam-ment à long terme. Des sociétés comme gebana vont plus loin: nous avons des contacts réels, investissons sur place et cherchons à améliorer la qualité avec les producteurs. Malgré le risque, nombre de clients de gebana sont partants pour investir de l’argent sous forme de prêts dans de tels projets. Aujourd'hui déjà, des producteurs du Sud prennent part à une marque du Nord. Il règne une at-

Tobias Meier, directeur d’Helvetas Fairtrade.

Adrian Wiedmer, directeur de gebana.

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mosphère de renouveau dans le marché alternatif. Je peux imaginer que paysans et consommateurs formeront des fi-lières d’ici à 50 ans – sans importateurs, exportateurs, commercialisation ni cer-tification.

Nadja Lang: Il est faux de dire que le Fairtrade ne fait qu’imposer des exi-gences à la production. L’organisation démocratique des associations de pro-ducteurs, mais aussi les exigences impo-sées au commerce tels que le prix mini-mum et les relations à long terme, sont des éléments importants qui n’existent pas dans le commerce conventionnel. Nous, les différents acteurs du marché équitable, devrions réfléchir aux dé-marches à entreprendre ensemble pour obtenir le maximum, plutôt que de nous critiquer mutuellement. Notre présence à tous est essentielle.

Tobias Meier: Il y a en effet quantité de grands et de petits commerçants dont l’engagement ne va pas jusqu’à vouloir connaître personnellement tous les pro-ducteurs. Pour eux, le label de qualité tel que celui de Max Havelaar est une bonne solution. Les vrais partenariats que le marché alternatif propose, avec ou sans label Max Havelaar, peuvent cependant avoir valeur d’exemple pour les acteurs de premier plan.

De l’importance de la traçabilité

Avant de lancer un produit sur le marché, une entreprise responsable devrait pouvoir répondre à trois ques-tions: Quelle est son utilité? Com-ment est-il fabriqué? Où est-il fabri-qué? Les entreprises qui indiquent l’utilité, les conditions et lieu de pro-duction partagent des informations essentielles avec leurs clients. Elles les mettent en condition pour utiliser leur pouvoir d’achat intelligemment.

Malheureusement, l’évolution va plu-tôt dans le sens inverse. Au sein de l’UE, les entreprises ne sont parfois même plus obligées d’indiquer la provenance d’un produit. Si on me demandait mon avis, j’interdirais la vente de produits qui ne fournissent pas de réponses détaillées aux trois questions citées plus haut – comme on interdit aux voitures de circuler sans plaque d’immatriculation.

En 2006, j’ai lancé www.respect-code.org, avec Switcher comme pre-mier client. Cette plateforme permet de retracer les différentes étapes de la fabrication d’un produit. Les raisons sont évidentes: la transparence justi-fie ses propres activités. À la question de savoir si le «Fair Trade» doit créer des chaînes d’approvisionnement spécifiques ou s’il peut utiliser les canaux traditionnels existants, ma ré-ponse est que les chaînes existantes sont tout à fait compétentes, à la condition qu’une traçabilité totale et accessible à tous soit mise en place. Aujourd’hui plus de 40 millions de produits possèdent un respect-code.

Robin Cornelius, fondateur de Switcher SA

Commentaire de l’invité

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Adrian Wiedmer est directeur de gebana AG. La société commerciale gebana (dérivée de «GErechte BANAnen») est née du mouvement pionnier des femmes-bananes en 1998 (lire en p. 15). gebana AG commercialise aux grossistes et aux exporta-teurs des produits équitables issus de pays en dé-veloppement et travaille directement et en étroite collaboration avec les producteurs. Les maisons gebana au Sud sont certifiées Max Havelaar. www.gebana.com

Nadja Lang est directrice de la fondation Max Havelaar (Suisse). L’organisation à but non lucratif a été fondée en 1992 avec l’objectif de permettre à un large public d’accéder à des produits équitables et issus d’une culture durable. Max Havelaar est membre de Fairtrade International. Grâce au commerce équitable, elle améliore les conditions de travail des petits paysans et des travailleurs des plantations dans les pays en développement et émergents. Helvetas est l’une des associations fon-datrices et responsables de Max Havelaar. www.maxhavelaar.ch.

Tobias Meier est directeur d’Helvetas Fairtrade. Helvetas s’engage depuis 1977 pour des relations commerciales équitables et travaille en étroite collaboration avec des organisations de produc-teurs. Helvetas Fairtrade vend des produits dans le magasin HELVETAS FAIRSHOP, mais collabore aussi avec des partenaires du secteur privé. Dans le cadre des projets Helvetas et des prestations de conseil, elle favorise la création de coopérations Fairtrade avec des multinationales et des grands distributeurs.www.fairshop.helvetas.ch

Mikel Weibel est conseiller en communication indépendant avec une longue expérience journa-listique.

Traduit de l’allemand par Stephanie Zutter

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Par Kathrin KrämerCe qui étonne Ursula Brunner dans sa propre histoire, c’est tout ce qu’une per-sonne peut faire démarrer. «L’argent et le pouvoir peuvent faciliter les choses. Mais le point central du changement est l’engagement de chacun.» Lorsque cette petite dame de 89 ans parle, ses yeux vifs ne vous quittent pas. Tout commence avec le film «Bananera Libertad», réalisé en 1971 par le cinéaste Peter von Gunten sur demande d’Helvetas, qui dévoile la misère des familles travaillant dans les plantations d’Amérique centrale. Ur-sula, qui voit le film en 1973 lors d’une réunion de femmes de sa paroisse, est bouleversée. Et lorsque Migros baisse de 15 centimes le prix des bananes qui

s’élève à CHF 1.50 le kilo, une chose

est claire pour ces femmes: il faut agir. Mais Migros ne se laisse pas con-vaincre et re-

fuse d’investir dans des projets

de développement le montant libéré par

la dépréciation du dollar. Les femmes lancent alors un appel demandant que, pour chaque kilo de bananes acheté, 15 centimes soient rétrocédés à Migros. «Lorsque des messieurs de la Migros, en colère, nous ont reçues, ils se tenaient devant deux tables recouvertes de bul-letins de versement», raconte Ursula en riant.

Faute d’accord, d’autres actions vont suivre. Des petits magasins re-prennent l’idée de percevoir et de faire don d’un supplément facultatif de 15 centimes par kilo de bananes. À Frauen-

UNE FEMME PIONNIÈREElle voulait simplement distribuer des bananes sur la Kirchplatz à Frauenfeld. Treize ans plus tard, les magasins suisses vendent les premières bananes produites de manière équitable au Nicaragua. Ursula Brunner, pionnière du Fairtrade, évoque une vie trépidante.

feld, les femmes distribuent 600 kilos de bananes en demandant: «Pourquoi ces fruits sont-ils si bon marché alors que les travailleurs des plantations sont si pauvres?» Les réactions sont mitigées. «Certains nous disaient de rentrer chez nous auprès de nos maris et de nos en-fants.» Mais Ursula s’enflamme. Avec l’idée d’importer des bananes équi-tables en Suisse, elle se rend en 1976 au Guatemala où l’Union des pays expor-tateurs de bananes, nouvellement fon-dée, envisage un marché sans passer par des entreprises transnationales. Ce n’est que trois jours après le début de la confé-rence qu’Ursula ose s’y montrer. Armée de quelques bribes d’espagnol, elle tend une main tremblante au président de l’Union. Mais les délégués sont enchan-tés par les idées de la Thurgovienne. «Par chance, ils ne parlaient que de ba-nanes et nous nous sommes compris!» dit Ursula en éclatant d’un rire si fort et contagieux, que le soulagement ressenti à l’époque réapparaît sur son visage.

Des séjours annuels en Amé-rique centrale suivent et finalement les épiceries suisses vendent des bananes «fair» du Nicaragua en 1986, puis celles du Costa Rica en 1994. Pour cela, celles qui ont été appelées les «Bananen-

frauen» ont fondé la «Communauté de travail pour un commerce de bananes plus juste – gebana». Avec l’apparition en 1998 des premières bananes labé-lisées Max Havelaar sur les rayons de Migros et de Coop, l’engagement de gebana pour les bananes trouve son épilogue. L’association devient alors la société gebana AG, spécialisée dans le commerce de gros et l’envoi de produits équitables venant de pays en développe-ment. Ursula Brunner, qui a longtemps siégé au comité central d’Helvetas, est toujours sollicitée par des personnes souhaitant apporter plus de justice aux gens et à l’environnement. Désormais cette mère de famille de sept enfants, sans titre académique, ne souffre plus des rires que son engagement a souvent suscités. On lui répétait souvent: «Si tu n’y comprends rien, tu ferais mieux de te taire.» Mais difficile d’imaginer une Ursula Brunner silencieuse.

Kathrin Krämer est collaboratrice pour la com-munication chez Helvetas

Traduit de l’allemand par Stephanie Zutter

Ursula Brunner, une pionnière du Fairtrade.

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Premières bananes équitables dans les magasins Volg: en 1994, Ursula Brunner visite une filiale avec des producteurs du Costa Rica.

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Par Hanspeter BundiL’idée du commerce équitable est la suivante: les consommateurs du Nord paient pour des biens provenant du Sud un prix qui n’est pas déterminé par les fluctuations du marché ou la spécula-tion, mais par le travail nécessaire à la fabrication du produit. Le cultivateur de coton, la couturière de pyjamas ou de ballons de foot, la planteuse de bananes et le cueilleur de café doivent tous pou-voir vivre dignement du fruit de leur travail, participer à la construction de leur société et de leur pays, avoir le droit de s’organiser.

Les premiers activistes du com-merce équitable sont intervenus dans les secteurs où ils pouvaient directement contrôler les conditions de travail et de salaire. Dans les pays du tiers-monde, comme on les appelait alors, il s’agissait presqu’exclusivement de la vente de ma-tières premières: bananes, café, cacao, ou encore thé. Le choix était limité dans les années 1970 et 1980, mais le chiffre d’affaires augmentait annuellement d’un pourcentage substantiel.

Bien agir et le faire savoirLe commerce équitable faisait et fait toujours face à un système commercial mondial qui spécule avec n’importe quel bien agricole, allant des produits de base comme le maïs aux denrées comme le cacao. «Investir dans l’huile de palme pour un rendement allant jusqu’à 9% par an», peut-on lire sur le site d’un prestataire allemand de ser-vices financiers. L’annonce éclaire un système qui pollue l’environnement et verse de bas salaires dans le Sud, tout

NOUVELLES RECETTES

De nouveaux labels de Max Havelaar facilitent l’accès des entreprises de transformation et des détaillants au commerce équitable. Mais un biscuit est-il équitable si un seul de ses nombreux ingrédients provient du commerce équitable?

en conservant les grands profits dans le Nord.

Le commerce équitable est en-core loin de transformer radicalement ce système. «Ce n’est que lorsqu’un produit précis atteint une part de mar-ché de 5% que le commerce équitable est considéré comme un partenaire ou un concurrent à prendre au sérieux, du point de vue des autres acteurs commer-

ciaux», estime Tobias Meier, responsable Helvetas Fairtrade.

Pour atteindre cet objectif, le commerce Fairtrade doit attirer davan-tage d’entreprises de transformation et d’organisations de détaillants. En règle

générale, celles-ci ne suivent que si elles peuvent présenter leur propre argu-mentation du commerce équitable aux clients. Certaines le tentent en créant leur label. Comme leur crédibilité est restreinte, de nombreux producteurs et détaillants cherchent à nouer des liens avec des organisations indépendantes comme Max Havelaar, et retournent dès le départ à la question centrale: quand un produit est-il équitable?

La réponse est facile en ce qui concerne le café du Pérou ou le miel du Guatemala: ils viennent de grands groupes de familles paysannes qui re-çoivent des prix corrects et stables pour leurs produits. Leurs coopératives uti-lisent la prime Fairtrade pour les écoles, l’approvisionnement en eau ou l’électri-cité, soit des installations qui profitent à tous. La traçabilité est garantie. «Une banane portant un label Fairtrade a été cueillie par un agriculteur certifié Fair-trade», lit-on sur le site de Max Havelaar.

Des biscuits équitables?Pour la plupart des produits dispo-

simple

Dans le quotidien industriel, il est courant que même le chocolat pur soit fabriqué à partir de différents cacaos.

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Le nouveau label se présente ainsi pour chaque différent produit: cacao, sucre ou coton

nibles en Suisse, la question se com-plique. En effet, ces produits com-portent de nombreux ingrédients dont seuls certains sont certifiés équitables. Par exemple pour les biscuits truf-fés en forme de cœur, que l’entreprise familiale Trubschacher fabrique sous la marque Kambly, le cacao provient du commerce équitable tandis que la farine, le sucre et le lait viennent de Suisse. Si ce «Swiss Made» et la trans-formation de produits régionaux sont certes à encourager, la part de choco-lat de ces biscuits est trop faible pour qu’ils aient droit au label Fairtrade.

Dans le quotidien industriel – pour citer celui des fabricants de douceurs – il est courant que même le chocolat pur soit fabriqué à partir de différents cacaos issues de plusieurs filières commerciales diverses. Pour

que le commerce équitable trouve sa place dans de tels produits mixtes, Max Havelaar a créé au début de 2014 le label «Fairtrade Cocoa Program». Il préco-nise un engagement au niveau d’une seule matière première comme le cacao, le sucre ou le coton.

Pour pouvoir inscrire ce label sur les emballages de ses biscuits truf-fés, l’entreprise Kambly doit acheter au moins toute la quantité de cacao néces-saire à leur fabrication. Elle peut ensuite utiliser ce cacao librement dans d’autres de ses produits en fonction du goût et du processus de fabrication. Cela peut être pour l’enrobage, les éclats de chocolat des sablés ou justement pour les biscuits truffés en forme de cœur.

Le programme Fairtrade pour le cacao se base donc sur le bilan de masse d’un produit, ce qui a pour avantage de diversifier les possibilités de vente des articles équitables. L’inconvénient est que le client achetant du chocolat certifié «Fairtrade Cocoa Program» consomme potentiellement aussi du cacao du commerce conventionnel. Mais il a la garantie que le fabricant a acheté une grand quantité –préci-sément définie – de cacao équitable. Cette garantie est valable également pour les programmes de Max Havelaar pour le sucre et le coton.

Souvent, les familles de petits paysans ne peuvent vendre qu’une par-tie de leur récolte à des conditions équi-

tables: les nouveaux programmes ont été créés pour qu’elles puissent avoir davantage de débouchés, indépendam-ment du fait que le cacao, le sucre ou le coton soient utilisés dans un produit portant le nouveau ou l’ancien label Max Havelaar.

Ces nouveaux labels sont contro-versés. Selon leurs détracteurs, le prin-cipe du commerce équitable serait dilué. Pour les consommatrices et consomma-teurs, ce serait émotionnellement plus difficile encore de comprendre l’origine des produits. De plus, cela permettrait aux sous-traitants d’améliorer leur

Chaque biscuit est composé de plusieurs ingrédients – un défi pour la certification Fairtrade.

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image à bon compte. Tobias Meier qui, outre sa fonction chez Helvetas, siège au comité de l’organisation faîtière Swiss Fair Trade, prend ce débat avec calme et défend une vision pragmatique: «Il m’importe peu que Claro utilise une certaine quantité de cacao pour un pur chocolat équitable ou qu’un grand groupe de sucreries achète la même quantité de cacao équitable qui sera mélangé dans toute sa gamme de pro-duits. Ce qui compte, c’est qu’un maxi-mum de familles paysannes puissent obtenir de meilleurs prix pour leur travail et que les primes Fairtrade per-mettent de réaliser autant d’infrastruc-tures communautaires que possible.»

Traduit de l’allemand par Claudia Gämperle

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Livres et dossiers

Liens

Film et Audio

EN SAVOIR PLUSSur le thème du focus «Assez équitable? Débat sur le Fairtrade»

Le tour du monde équitableÉric St-Pierre, 2010, éd. de l’Homme

CHF 46.20 Le photo-reporter Éric St-Pierre a suivi des filières du commerce équitable dans 15 pays sur trois continents. Il a rencontré des artisans au Bangladesh, des cultivateurs de café en Éthiopie ou encore des producteurs de coton au Mali et il s’est intéressé à la trans-formation de chaque produit. Un livre qui révèle les défis du commerce solidaire et va à la rencontre des femmes et des hommes qui bâtissent un monde plus juste.

Quel commerce équitable pour demain?Collectif, éd. Charles Leopold Meyer 2009Cet ouvrage invite à découvrir les mul-tiples visages d’un mouvement qui cherche à retrouver l’humain derrière le consommateur, la communauté derrière le producteur et à redéfinir le lien social et politique. Réflexions sur les enjeux que le commerce équitable soulève, sur un commerce international plus juste et les possibilités d’un marché alternatif fondé sur d’autres valeurs.Télécharger gratuitement sur www.eclm.fr/ouvrage-335.html Vers un commerce équitable à deux vitesses?Association romande des Magasins du Monde, magazine Ex Aequo, septembre 2014 Questions et défis du mouvement du commerce équitable. Comment aug-menter la part des produits équitables dans le commerce international avec l’exigence de plus d’équité?À télécharger sur www.mdm.ch ou demander un exemplaire gratuit au 021 661 27 03, ou par courriel à [email protected]

Fairtrade, un business comme les autres ? Dossier de la Fédération romande des consommateurs, 2014Entre la nécessité de faire décoller les ventes et la volonté de conserver ses valeurs citoyennes, le Fairtrade est à la croisée des chemins et l’enquête de la FRC permet d’en savoir plus. À télécharger gratuitement sur www.frc.ch/fairtrade

Blood in the Mobile – du sang dans nos portablesFrank Piasecki Poulsen, documentaire, Danemark 2010, 58 min.La guerre civile meurtrière en RDC a été financée par le com-merce illégal de minerais, entre autres un métal rare qui entre dans la composition de nos portables. Le cinéaste Frank Poulsen s’est rendu en RDC et a enquêté pour découvrir que des enfants, sous le contrôle de groupes armés, extraient à mains nues le minerai radioactif dans la plus grande mine du Kivu.Sur Arte: www.arte.tv.com → recherche → blood in the mobileSur YouTube: www.youtube.com/user/bloodinthemobile

FairphoneFairphone est une coopérative néerlandaise, créatrice d’un smartphone portant le même nom: le Fairphone, dont la conception et la production ont été pensé pour intégrer des contraintes environnementales et de commerce équitable.Emission sur la radio suisse romande, juin 2013 www.rts.ch → info → sciences.tech → Fairphone

www.fairshop.helvetas.ch Des idées de cadeaux venant de tous les coins du monde, proposés par HELVETAS FAIR-SHOP. Si nous recevons vos commandes jusqu'au 16.12. (colis B), et 21.12.(colis A), les colis arriveront à temps pour Noël!

www.youtube.com/user/ClipAward2012/videos Sur le ca-nal d’Helvetas, les clips vidéos tournés dans le cadre de notre concours Clip Award 2012 ont été réalisés sur le thème «No Fair – No Deal!»

www.maxhavelaar.ch/fr/cuisine/cuisiner-equitable Nous cuisinons équitable! Sur le site de Max Havelaar, vous trou-vez des recettes avec des produits du commerce équitable et concoctées par de grands chefs.

www.fairtradetown.ch La campagne internationale a démarré en Suisse. Les villes et les communes suisses peuvent briguer la distinction et devenir Swiss Fair Trade Town. Les particuliers, les commerces, les restaurants, les hôtels, les entreprises et les institutions, les pouvoirs publics peuvent s’inscrire sur la plateforme en ligne. Toutes les informations utiles se trouvent sur le site de la campagne.

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n° 47 - septembre 2014exaequjournal des Magasins du Monde

Vie du mouvementVoyage au Piémont

DossierUne évolution controversée

Le point de vue des paysles moins avancés

Au-delà d’un prix équitable

Voix des producteursDeux nouveaux partenaires

apicoles du Guatemala :CIPAC et COPIASURO

Le produitOromo : le café

équilibré et équitable

Vers un commerce équitable à

deux vitesses ?

Photo: Fabio Sagliocca, claro fair trade

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ÉVÉNEMENT

Par Hanspeter BundiLe matin, en traversant le lac des Quatre-Cantons en bateau à vapeur, il a vu la Suisse sous ses plus beaux atours. Mais à présent, sous une pluie battante, il écoute une alpagiste réciter la béné-diction de l’alpage dans le val Maderan.Ici, tout est si différent de chez lui. Les prairies et les champs d’un vert intense, les forêts étendues, la pluie qui tombe toute l’année, la mécanisation de l’agri-culture même dans les petites exploita-tions. Miguel Ortega, petit paysan de l’aride altiplano bolivien, observe tout d’un œil très attentif et note ce qui pour-rait lui être utile, chez lui à 4200 mètres d’altitude.

Les lecteurs et lectrices de Parte-naires connaissent déjà Don Miguel. En mai dernier, un reportage était consacré à ce paysan yapuchiri qui est aux petits soins pour sa terre, qui connaît les tra-ditions et aussi les techniques modernes et qui transmet ce savoir à ses collègues.

En juin, Helvetas a invité Don Miguel en Suisse. Lors de l’assemblée générale d’Helvetas et d’un colloque sur l’Année Internationale de l’agricul-ture familiale, Don Miguel a évoqué la vie familiale dans sa petite exploitation, et ce projet des familles paysannes qui adaptent leur manière de travailler aux changements climatiques pour préve-nir les catastrophes. Il a aussi parlé du succès éclatant qu’il a obtenu avec le traitement biologique de son champ de pommes de terre, auparavant détruit par la grêle.

En cette soirée pluvieuse sur l’alpe de Butzli, ce n’est pas de pro-duction biologique qu’il s’agit, ni de la fabrication d’engrais aux herbes ou de fertilisants minéraux, mais d’un accès spirituel à la réalité. Miguel ôte son cha-peau lorsque Raphaela Brand, alpagiste à temps partiel et collaboratrice du SECO, fait résonner dans la vallée la bénédic-

Le paysan bolivien Don Miguel Ortega a visité la Suisse sur l’invitation d’Helvetas. Il pose un regard perspicace sur les similitudes et les différences entre le quotidien dans les Alpes et dans les Andes.

tion de l’alpage. Elle lui a été transmise par sa mère, qui l’a probablement elle aussi reçue de ses parents. Don Miguel se fait traduire chaque mot et approuve de la tête. Les thèmes sont les mêmes que dans les processions et les cérémonies sa-crificielles de l’altiplano: l’invocation des saints, la santé du bétail, la prière pour la protection de la foudre, de la grêle et des pluies diluviennes.

Cette dévotion et cet attache-ment à la Pachamama, la Terre Mère,

n’empêche pas Don Miguel de se confronter à la technique et au savoir scientifique. Son carnet de notes et sa caméra regorgent de témoignages de la Suisse si bien organisée: l’installation de traite automatique dans une grande exploitation, les enchevêtrements des voies ferrées à la gare de Zurich, un élevage intensif de poulets comptant des milliers de poules pondeuses, des cultures productives et des animaux bien nourris.

Ce sont les témoignages d’un monde paysan plus riche et mieux proté-gé que les petites exploitations de l’aride altiplano. Les bonnes années, celles-ci nourrissent une famille, mais lorsque la récolte est mauvaise, toute une région peut être précipitée dans le besoin. Don Miguel n’est-il pas jaloux d’entendre et de voir tout cela? «Pourquoi le serais-je?, répond-il, les familles paysannes suisses ont bien aménagé leur vie. Nous sommes en train d’améliorer notre pro-duction. Dans la vie, nous avons chacun nos propres avantages et nos propres défis.»

Traduit de l’allemand par Claudia Gämperle

Miguel Ortega sur l'alpe Butzli: traite des chèvres.

L’alpagiste Raphaela Brand et Miguel Ortega discutent de leurs expériences de traite.

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DES ANDES AUX ALPES

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ÉVÉNEMENT

Par Hanspeter Bundi«L’Afghanistan est un État», affirme Kaspar Grossenbacher, contredisant ainsi l’image d’un pays totalement désintégré. «L’État central a réalisé des choses admirables dans les domaines de la santé et de la formation. En dix ans, il n’a toutefois pas réussi à établir un mo-nopole étatique de la violence, à conte-nir la corruption endémique et à gagner la confiance des citoyens. C’est pourquoi il a un problème de légitimation».

L’Afghanistan est l’un des pays les plus pauvres du monde, situé au 169e rang de l’indice de développement hu-main des Nations Unies. Helvetas y mène des projets depuis 2002. L’Afghanistan est l’un des pays d’engagement majeurs

PERSPECTIVES EN AFGHANISTANVu de l’Occident, l’Afghanistan est un État en déroute, sans structures ni autorités capables de fonctionner. C’est aussi le pays des talibans fondamentalistes et des milices privées et pillardes des seigneurs de la guerre. La coopération au développement y est-elle encore possible après le départ des forces de combat étrangères? Helvetas y restera-t-elle? Qu’en est-il de la sécurité des collaborateurs?

d’Helvetas, qui y consacre un budget de près de 7 millions de francs, dont dont un peu plus de 5 millions de la DDC, pour la sécurité alimentaire, la protection contre l’érosion, l’éducation et l’eau potable.

Promouvoir la communautéKaspar Grossenbacher, coordinateur de programme pour l’Afghanistan de-puis 2004, connaît bien ce pays pour s’y être rendu régulièrement et en avoir parlé lors de nombreux débats. Il a par exemple participé à l’étonnante histoire des boulangeries communautaires dans la vallée de Kahmard au centre du pays, où les hommes devaient arpenter les collines désertiques pendant des jours pour ramasser du bois pour les fours à

pain de leur maison. Les boulangeries ont été aménagées dans 37 villages, elles fonctionnent au charbon provenant d’une mine locale. La coupe des der-niers arbustes sur les versants fragiles des montagnes a été freinée, et les fours communautaires sont devenus un point de rencontre apprécié des femmes tra-ditionnellement confinées à la maison.

Lorsqu’une entreprise chinoise a repris la mine locale et s’est mise à exporter le charbon vers le Pakistan, les fours communautaires ont été mis à l’arrêt. Mais la population a protesté, si bien que les autorités locales ont de nou-veau autorisé les habitants de la région à s’approvisionner en charbon à la mine. Les boulangeries communautaires ont ainsi pu reprendre leur activité. Pour

Renforcer le sens de la collectivité est important, par exemple en prenant des initiatives au niveau local pour lutter contre l'érosion.

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Kaspar Grossenbacher, cet exemple est aussi un signal qui plaide en faveur de la coopération au développement en Afghanistan.

Cependant le retrait en cours du gros des troupes étrangères crée une insécurité nouvelle. Plus de 100 000 em-plois liés aux installations militaires sont perdus. Du point de vue économique, le pays va au-devant d’une période dif-ficile. La lutte longue et acharnée pour les élections présidentielles donne clai-rement à penser que le combat pour le pouvoir et le contrôle de l’État central va se poursuivre. Et que le pays peut en tout temps se retrouver à nouveau paralysé.

Autonomie pour les villagesKaspar Grossenbacher voit une oppor-tunité dans ce bouleversement. «Une période d’après conflit est aussi une période de renouveau. C’est le moment propice pour investir dans les infras-tructures sociales et favoriser le déve-loppement.» Grâce à son bon ancrage dans la population, Helvetas est par-

ticulièrement bien placée pour saisir cette opportunité. «En Afghanistan, il est essentiel que les citoyens s’engagent dans des projets communs, non seule-ment pour construire des puits ou des routes, mais aussi pour investir l’espace public et participer aux décisions.»

Le gouvernement central est pra-tiquement absent dans les campagnes, si bien que les conseils villageois, élus en bonne et due forme, sont largement autonomes. Ils sont les partenaires principaux d’Helvetas. Ce sont eux qui négocient de larges compromis et une confortable marge de manœuvre avec les talibans.

Cependant, après le départ des armées étrangères, il est possible que des groupes de résistance armés réappa-raissent dans des endroits où ils ne sont actuellement ni actifs ni visibles. Les responsables de projets d’Helvetas ne perdent pas de vue la question de la sé-curité, ni l’évolution locale et régionale. L’ancrage dans la population est décisif pour la sécurité des collaborateurs.

Au fil des ans, Helvetas a réussi à constituer un capital de «confiance, d’expérience, de reconnaissance et d’ac-ceptation», peut-on lire dans la stratégie en Afghanistan pour la période 2013-2016. La population, les autorités villa-geoises et même les chefs tribaux locaux acceptent et apprécient le travail d’Hel-vetas, avant tout parce que c’est une orga-nisation impartiale. On peut donc partir du principe que les gens «continueront à défendre leur vision du développement face (…) aux forces radicales (…)».

Des projets de formation des jeunes femmes et des enseignantes doivent se poursuivre.

«Une période d’après conflit est aussi une période de renouveau»

Kaspar Grossenbacher, coordinateur du programme en Afghanistan

Les limites du tolérableAu cas où la situation politique actuelle devait dégénérer en guerre civile, les ONG comme Helvetas se concentre-raient sur l’aide d’urgence. La coopéra-tion au développement ne serait alors possible que dans des cas exceptionnels, précise la stratégie. Qu’est-ce qui pour-rait conduire Helvetas à quitter l’Afgha-nistan? Kaspar Grossenbacher cite des situations qui franchiraient les limites du tolérable: «Si nous étions contraints à

L’engagement suissese poursuit À ce jour, aucune des grandes orga-nisations de développement n’a an-noncé qu’elle quitterait l’Afghanistan après le retrait des troupes occiden-tales. Les ONG suisses présentes sur place ont aussi l’intention de rester. L'Afghanistan et le Pakistan forment une région prioritaire pour la DDC, et l’Afghanistan est l’un des princi-paux pays partenaires d'Helvetas, qui y travaille étroitement avec la DDC. Les organisations civiles exigent des bailleurs de fonds internationaux qu’ils tiennent les promesses faites à la conférence de Tokyo sur l’Afghanistan en 2012. Les ministres des pays par-ticipants, dont la Suisse, ont promis de mettre à disposition seize milliards de dollars pour le développement de l’Afghanistan.

fournir une protection à des rebelles ou à un seigneur de la guerre. Si la marge de manœuvre de la population pour les projets de développement devenait trop ténue. Et naturellement, si la vie de nos collaborateurs était en danger.» Mais Kaspar Grossenbacher suppose, ou es-père, que dans ce cas la population sera prévenue. La majorité des femmes et des hommes de ce pays en ont assez de la violence et ne sont pas prêts à renoncer aux libertés nouvellement acquises.

Traduit de l’allemand par Claudia Gämperle

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Par Marie Schaffer-WylerIls étaient trois cet été à sillonner à vélo la Suisse romande avec le CINEMA SUD d’Helvetas, le cinéma open-air itinérant qui projette les films grâce à l’énergie solaire.

Durant les mois de juillet et août, Sabine Beer, Lucas Girardet et Claude Marthaler ont parcouru envi-ron 1000 kilomètres à vélo, pour relier Sion à Genève en passant par 13 autres villes de Suisse romande, transportant tout le matériel du CINEMA SUD dans des charrettes pesant jusqu’à 50 kilos. Se relayant en équipes de deux, ils ont non seulement transporté le matériel et projeté les films, mais en ont aussi fait la promotion, répondu aux médias, fait un reportage photos en alimentant le blog et les réseaux sociaux.

Les cyclistes-projectionnistes ont installé le CINEMA SUD dans 15 lieux et projeté 3, 4 ou 5 films par étape. Ils ont ainsi assuré un total de 52 repré-sentions, dont 20 ont eu lieu à l’abri en raison de la pluie insistante!

Malgré un été très pluvieux et froid, les spectatrices et spectateurs

LA TOURNÉE DE CINEMA SUD 2014

Partis de Vevey en empruntant la route de la Corniche, Sabine Beer et Lucas Girardet arrivent à Épalinges.

Claude Marthaler est heureux de retrouver le parc de Milan de l'étape lausannoise.

Aux Bains des Pâquis à Genève: un décor digne du plus grand cinéma!

n’ont pas manqué de venir découvrir nos films, sélectionnés par les membres du groupe régional vaudois d’Helvetas, qui ont remporté un grand succès. En doudoune, sous des couvertures et avec des thermos de thé chaud, le cinéma en plein air à peine estival est devenu une expérience exceptionnelle. Le bouche à oreille a fait son effet et la bonne hu-meur a été de mise!

Nous vous donnons d’ores et déjà rendez-vous pour une nouvelle tournée de CINEMA SUD en été 2015!

Marie-Schaffer Wyler est chargée des événements en Suisse romande.

Merci!

Nous remercions chaleureusement les partenaires qui ont apporté leur précieux soutien à la tournée du CINEMA SUD:Loterie Romande, Fédération Ge-nevoise de Coopération, Banque Alternative Suisse, Solstis, Viteos, ERS Sion, Videsa, Le Courrier, Les Bains de Pâquis, ainsi que les villes de Bulle, Epalinges, Lausanne, Neuchâtel, Nyon, Porrentruy, Rolle, Vevey et Sion.

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LA TOURNÉE DE CINEMA SUD 2014 AU PREMIER RANG

Par Frédéric BaldiniEn début d’été, le bureau romand d’Hel-vetas a convié les membres du Circle for Change ainsi que les donatrices et dona-teurs habitant la région de Montreux, à découvrir la source du Maralley. Ils ont été 35 à profiter de la visite exclusive de cette source, captée à 180 mètres au cœur du rocher de Glion. Elle alimente notamment les fontaines publiques et les foyers du beau quartier des Planches. L’histoire veut que des personnes soient venues s’installer dans les hauts de Montreux à cause de l’eau qu’ils y ont trouvée. Les membres du Circle for Change ont pu écouter M. Michel Au-bry, président de la Société des Eaux du Maralley, relater l’histoire de cette eau, gérée et distribuée de façon locale et autonome depuis 1616, approvisionnant quelque cinq cents ménages de la vieille

Les membres romands du Circle for Change sont invités au moins deux fois par année à des événements exclusifs leur donnant accès à des informations de première main sur les projets et le travail d’Helvetas.

ville. Coordinateur des programmes d’Helvetas en Amérique latine et Haï-ti, Eric Chevallier a tracé les parallèles entre la gestion de la source du Maral-ley et le travail réalisé par Helvetas en Haïti dans le domaine de l’eau. La prise en charge par les communautés locales du système d’approvisionnement en eau potable est en effet au cœur du travail d’Helvetas. Les présentations, qui ont été données à l’Église Saint-Vincent, ont été suivies par la visite de la source elle-même, jaillissant au cœur de la roche et accessible par un court tunnel creusé à la pioche. La visite s’est conclue avec un apéritif offert gracieusement par La Société des Eaux du Maralley. Les membres du Circle for Change béné-ficient de nombreux avantages. Ils se voient notamment proposer deux fois par année de tels événements autour du travail et des projets d’Helvetas.

Des membres du Circle for Change écoutent Erich Chevallier, coordinateur de programme, faire le lien avec l'eau en Haïti.

La solidarité n’est pas un vain mot pour les membres de Circle for Change, qui savent qu’un monde meilleur est possible. Concrète-ment, chacun d’entre eux s’engage pour un développement autonome des personnes et des communautés défavorisées en Afrique, en Asie et en Amérique latine, en apportant un soutien important. Pour favoriser un accès équitable à l’eau, à la terre et à aux produits alimentaires, et pour une gestion durable des ressources natu-relles. Ainsi les membres de Circle for Change investissent dans l’avenir en appuyant des projets de développe-ment durables. Votre soutien à Circle for Change per-met une vie plus digne et plus sûre dans des pays pauvres. En versant une contribution annuelle minimale de 500 francs, vous entrez dans le cercle des donateurs importants. En qualité de membre de Circle for Change:… vous avez accès aux informations spécialisées et aux compétences professionnelles des collaborateurs d’Helvetas.… vous exercez une influence sur les décisions d’Helvetas en utilisant votre droit de parole et de vote comme membre… vous agissez concrètement en ver-sant une contribution décisive… vous restez informé en lien avec la personne de contact:

Vous trouverez plus d’informations en ligne sur www.helvetas.ch/circleforchangeEt en Suisse romande, en prenant contact avec Frédéric Baldini, Circle for Change, 021 804 58 10 ou courriel: [email protected]

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Par Frédéric BaldiniCourir pour offrir de l’eau potable? L’idée peut paraître farfelue. Pourtant, c’est bien ce que le partenariat entre Hel-vetas et la Midnight Christmas Run vous permet de faire. En vous inscrivant sur la plateforme life-changer.ch, vous pou-vez nous aider à collecter suffisamment de fonds pour atteindre notre objectif de l’année 2014: de l’eau potable pour 6000 enfants. Simplement en quelques clics, vous lancez votre action de collecte de dons, créez votre page personnelle et faites savoir que vous êtes désormais un coureur solidaire!

Plutôt que de courir après les cadeaux, courez pour changer des vies! À l’heure de la frénésie du shopping de Noël, Helvetas vous offre la possibilité de courir après autre chose que des idées de cadeaux. Grâce au partenariat entre Helvetas et la Midnight Christmas Run de Lausanne, vous pouvez courir pour offrir de l’eau à des écoliers au Bénin.

Comment cela fonctionne-t-il? Lors de votre inscription sur life-chan-ger.ch, vous devez vous fixer un objectif à atteindre. À combien d’enfants vou-lez-vous offrir de l’eau? À 5, 10, 15, plus? Sachez qu’avec seulement 30 francs ré-coltés, vous offrez de l’eau à un écolier au Bénin.

Avant le défi sportif proprement dit, le coureur solidaire doit relever le défi le plus important: trouver des spon-sors prêts à le soutenir dans son pari fou. Où les trouver? Autour de vous: vos amis, vos collègues, votre famille. Parlez-en, partagez le lien de votre page

personnelle créée sur life-changer.ch. L’expérience montre que les proches sont rapidement séduits par l’idée. Parfois, d’autres se laissent tenter par l’expérience et participent également à la course. Les sponsors peuvent s’enga-ger à donner un certain montant par kilomètre couru ou simplement une contribution pour vous motiver à arri-ver au bout de cette course, conviviale et festive, qui vous fera battre les pavés de Lausanne. Les dons sont versés directe-ment sur le site life-changer.ch, où vous pouvez suivre à tout moment les progrès effectués. Enfin, le coureur solidaire se

SOUS LES PAVÉS, LA SOLIDARITÉ

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Rejoignez l’équipe de coureurs solidaires Helvetas et changez des vies! En participant, vous offrez de l’eau potable à des enfants au Bénin. Plus d’informations sur www. life-changer.ch

N'oubliez pas de vous inscrire aussi sur www.midnightrun.ch: s’inscrire seulement sur life-changer.ch ne permet pas de participer à la course.

Courez pour changer des vies!

La Midnight Christmas Run a lieu à Lausanne le 13 décembre 2014. Elle est ouverte à tous, dès 8 ans pour les enfants. Elle peut se courir en famille, déguisés ou non, avec des amis, avec des col-lègues. Ouverture des stands à 18h00. Dernière course à 23h.

verra remettre un cadeau de la part d’Helvetas pour le remercier de son en-gagement. Au stand Helvetas, vous rece-vrez aussi de quoi reprendre des forces.

La tradition de courses spon-sorisées vient d’Allemagne et des pays anglo-saxons, où la pratique est très répandue. Les Anglais appellent un cou-reur solidaire un «charity runner». Mais la plateforme life-changer peut très bien être utilisée à diverses occasions: un an-niversaire, un mariage, ou un autre pari aussi fou que la Midnight Christmas Run. Il est possible d’aider autrement ceux qui en ont vraiment besoin.

En tous les cas, je suis avec plai-sir à votre disposition pour vous aider à lancer votre action. N’hésitez pas à me contacter pour toute question, pour des conseils ou simplement pour donner votre avis sur cette action. Et merci de vous inscrire directement sur le site de la course: www.midnightrun.ch.

Frédéric Baldini est chargé de fundraising privé pour Helvetas. Pour le contacter: [email protected], tél. 021 804 58 10.

Sur le pont Bessières: l'arrivée, place de la Riponne, est proche!

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Promotion de la femme

Dans l’économie afri-caine, les femmes jouent un rôle se-condaire. Elles ont un accès réduit aux crédits et aux opportunités de promotion et elles obtiennent rarement des contrats de travail fixes. Mais une position renfor-cée de la femme serait profitable à l’économie. En Afrique, l’égalité des genres pourrait augmenter le rende-ment de la production agricole de 20 à 30%. La Commission de l’Union africaine et l’ONU ont donc décidé de renforcer activement la place de la femme. –KCA

Maladie des pauvres

Il est frappant de con-stater que l’épidémie due au virus Ebola touche durement les populations pauvres. Au Liberia autrefois déchiré par la guerre civile, où le virus a déjà fait des milliers de morts, on compte 51 mé-decins pour 4 millions d’habitants. Le manque d’infrastructures médicales, la pauvreté et le chaos entraînent une propagation fulgurante de la maladie. –KCA

Prix trop bas du cacao

Selon la Déclaration de Berne, même les géants de l’industrie ont admis que le prix du cacao était trop bas lors de la Conférence mondiale sur le cacao en 2014 à Amsterdam. Ce dernier est lié aux coûts de production, à la quantité et à la qualité des récoltes, mais aussi au revenu des familles de cultivateurs de cacao. Un prix adé-quat et stable est le fondement d’un salaire suffisant pour vivre. L’industrie n’a cependant pas proposé de solu-tions concrètes. –KCA

Remise des prix de Clip Award 2014 HelvetasMétéo dudéveloppement

Lors du festival de courts métrages shnit à Berne, les films sélec-tionnés parmi 46 clips vidéos ont reçu les prix du jury et du public.

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«La créativité avec laquelle les cinéastes ont traité la question l’alimentation mon-diale, le thème 2014, est impressionnante.» – «Les réalisations montrent une multi-tude de manières d’aborder le problème.» – «Le niveau est élevé.» Voilà comment les membres du jury ont présenté les courts métrages du concours 2014.

Début octobre, les meilleurs fi lms ont été projetés et récompensés dans le cadre du festival de courts mé-trages shnit à Berne. Patrick Rohr, por-tant une tenue princière du Bénin (pour en connaître la raison, lire en page 28), a animé la soirée et a remis les prix du Clip Award Helvetas.Recevant le troi-sième prix, Jerôme Blum déplace Super Mario dans le jeu informatique «Super Hunger Games». Le fi lm de Pierre Lip-puner, «Th e Simple Solution», obtient le deuxième prix: la chute du scénario, qui veut que l’on envoie des denrées en Afrique, dit bien que cette solution n’est ni simple ni bonne.

Le clip «Perspective», réalisé par Jean-Chris Oberholzer, 18 ans, reçoit le premier prix du jury de même que celui

du public! Ce fi lm nous confronte aux excès de la société de consommation: dérouté, un jeune garçon d’un pays du Sud regarde comment, dans un pays industrialisé, des denrées encore comes-tibles sont jetées sans états d’âme.

Jean-Chris Oberholzer et l’équipe de son fi lm ont voulu secouer l’indiff érence dans leur vidéo. «Réfl échir à ce thème m’a apporté un changement personnel. J’ai constaté que je mangeais plus que ce qui m’était nécessaire. Et j’ai d’ailleurs déjà perdu quelques kilos comme eff et secondaire», dévoile le lau-réat, qui partira en 2015 au Kirghizistan pour tourner un documentaire. –SMI

Les clips sont à découvrir sur www.clipaward.ch

Sponsors des prix:

Les lauréat-es du Clip Award 2014 avec leurs trophées. L'animateur de télévision Patrick Rohr (3e place depuis droite) a porté une tenue princière du Bénin toute la soirée.

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Le clip gagnant le 1er prix: «Perspective»

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Signez la pétition:Pour une politique climatique équitable!

Inondations au Pakistan, sécheresses toujours plus grandes au Sahel, glisse-ments de terrain dans les montagnes suisses – partout les effets du chan-gement climatique se font sentir. Mais les régions les plus pauvres sont les plus touchées, bien qu’elles y aient le moins contribué. L’Alliance clima-tique, qui réunit plusieurs organisations suisses – dont Helvetas – a lancé une pétition en septembre à l’occasion de la conférence de l’ONU sur le climat: elle demande que la Suisse s’engage davan-tage dans la politique internationale pour le climat. Pour lutter contre les causes du changement climatique en réduisant ses émissions de CO2, la Suisse doit exclusivement utiliser d’ici à 2050 des ressources renouvelables pour son ap-provisionnement énergétique. Pour pou-voir affronter et s’adapter aux effets du climat, la Suisse doit apporter son sou-tien financier aux pays les plus fortement concernés. Car ce n’est qu’avec une

juste contribution des pays industria-lisés, dont les émissions de CO2 sont élevées, que la protection du climat sera réalisable à l’échelle mondiale. –KCA

Signer la pétition maintenant: www.helvetas.ch/petition

Agenda

11.-13.12Marché de Noël solidaireHelvetas et autres associations de la FEDEVACO (lire en p. 29)Centre socioculturel Pôle Sud, av J.-J. Mercier 3 (à côté du métro Flon), Lausannewww.helvetas.ch www.fedevaco.ch → actualités

13.12Christmas Midnight RunCourse solidaire au coeur de Lausanne(lire en page 24)www.midnightrun.ch

Happy Fountains – des écoles créatives pour la Journée mondiale de l’eau 2015

Fountains», Helvetas remet à l’honneur les fontaines, longtemps seules sources d’accès à l’eau dans nos localités. Elles nous rappellent que dans les pays du Sud, on ne parle pas de potabilité mais de quantité, de proximité et de salubrité.

L’action «Happy Fountains» vise à sensibiliser les écoliers de Suisse romande à la question de l’eau dans le monde. Elle se déroulera dans le cadre de la prochaine Journée mondiale de l’eau. Dès maintenant, elle invite les classes à créer un événement public autour de fontaines le vendredi 20 mars 2015. De la décoration d’une fontaine à une exposition retraçant son histoire, de dessins à la création de textes: tous les moyens seront bons pour révéler son originalité et sa particularité! «Happy Fountains» s’adresse à tous les ensei-gnante-s de l’école obligatoire, primaire et secondaire. Dans le cadre de la pré-paration du projet, Helvetas se déplace

volontiers pour offrir une animation aux classes participantes. –EDE

Prenez contact par e-mail avec la res-ponsable du projet: [email protected], ou avec stephanie. [email protected], assistante.Plus d’informations et inscriptions jusqu’à fin janvier 2015 sur www.helvetas.ch/happyfountains

SAINTE DORIS,DEVENEZ LA PATRONNE DU CLIMAT

Fontaine, je boirais bien de ton eau… On ne les remarque presque plus et pourtant elles sont toujours présentes. Si elles ont perdu leur fonction pre-mière, elles continuent d’embellir et de faire la fierté de nos villes. Avec «Happy

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En septembre, sur notre plateforme en ligne «Life-Changer», nous avons invité à lancer une action personnelle «Fun-Raising» dans le but de réunir, pendant

Actions amusantes pour la «semaine fun-raising»

Do it yourself

Résolutions de Nouvel-An: les réaliser avec life-changer.ch

Les bonnes résolutions de Nouvel-An sont souvent plus vite oubliées que les excès du 1er janvier! Peut-être simple-ment faute de bonne méthode. Quelques encouragements amicaux sont éven-tuellement nécessaires. Et le tout doit apporter plus de plaisir.

Si vous avez décidé d’arrêter de fumer, d’intensifi er des activités sportives, de manger moins de viande, d’apprendre enfi n à danser ou courir un marathon: faîtes-le savoir à vos proches et invitez-les à vous soutenir. De votre côté, restez attentif et communiquez votre enthousiasme! Ainsi vous faites du bien non seulement à vous-même mais aussi à des écoliers qui pourront avoir de l’eau potable en Afrique.

Réaliser de bonnes résolutions? C’est possible avec la nouvelle plateforme d’Helvetas life-changer.ch, sur laquelle vous lancez gratuitement votre action et invitez vos proches à la soutenir. Sur votre page, en mots et en images, vous faites connaître le défi que vous voulez relever, en informant ensuite sur vos progrès. Et vous recevez des encourage-ments et des dons, qui bénéfi cient à des écolières et écoliers au Bénin.

Si vous devez augmenter la pres-sion pour que votre résolution soit prise au sérieux, inversez les rôles et faites la promesse: si vos sponsors atteignent l’objectif fi xé, engagez-vous à tenir votre défi ! –SUS

Quelle résolution voulez-vous réaliser? Menez votre action personnelle sur life-changer.ch

fi xe devant une caméra, et l’animateur Patrick Rohr à faire vivre la remise des prix Clip Award d’Helvetas en portant une tenue princière du Bénin (lire p. 26);

une semaine, des fonds pour off rir de l’eau à des écoles au Bénin. Ainsi Bar-bara a invité à un brunch dominical toutes les personnes qui soutiennent son action. Susan a promis de sauter toute habillée dans la fontaine de son village si le montant fi xé de sa collecte était atteint. Des personnalités connues ont mené des actions «funny» et pro-mis de relever des défi s: le conseiller national Bastien Girod s’est engagé à battre son record de tractions à la barre

Impressum No 218/décembre2014 Journal des membres et donateurs d’Helvetas, 54e année. Paraît quatre fois par an (mars, mai, août, décembre) en français et en allemand. Abonnement annuel CHF 30, inclus dans la cotisation des membres. Editeur HELVETAS Swiss Intercooperation, Weinbergstrasse 22a, Postfach, 8021 Zurich, tél. 044 368 65 00, fax 044 368 65 80, e-mail: [email protected], Homepage: www.helvetas.ch CP 80-3130-4 Zurich Bureau Suisse romande, 7-9, ch. de Balexert, 1219 Châtelaine, tél. 021 804 58 00, fax 021 804 58 01, e-mail: [email protected] Uffi cio Svizzera italiana, Via San Gottardo 67, 6828 Balerna, tél./fax 091 683 17 10, e-mail: [email protected] Rédaction: Susanne Strässle (SUS) Collaboration fi xe: Hanspeter Bundi (HBU) Ont collaboré à ce numéro: Frédéric Baldini, Robin Cornelius, Eugénie Deriaz (EDE), Peter Haberstich (PHA), Kathrin Krämer (KCA), Melchior Lengsfeld, Tobias Meier, Simon Ming (SMI), Marie-Schaff er-Wyler, Mike Weibel Rédaction images/Production: Andrea Peterhans Edition française: Catherine Rollandin (CRO) Graphisme: Spinas Civil Voices Zurich Mise en page: Grafi kWerk Zurich Correction: Textmania, Zurich Litho et impression: Imprimerie Kyburz Dielsdorf Papier: Cyclus Print, 100% Recycling

l’écrivaine Milena Moser veut organiser un atelier d’écriture, et le chef Ivo Adam a convié à un cours de cuisine. Et lors de la course populaire de Greifensee, nos coureurs et coureuses solidaires, sou-tenus par Energie Uster, ont pu réunir plus de 20 000 francs pour off rir de l’eau à des enfants au Bénin. –PHA

Les actions sont à découvrir sur www.helvetas.ch/funraising

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Concours

Répondez aux questions en lien avec le ce numéro de «Partenaires» et ga-gnez deux nuits à l’Hôtel Rhätia, à St. Antönien.

1) Quel est le titre du clip gagnant le premier prix du Clip Award 2014 d’Helvetas?

2) Dans quel pays sont cousues les parures de lit Fairtrade d’Helvetas?

3) Pour quel produit Fartrade s'est engagée Ursula Brunner?

Envoyez vos réponses par poste à Helvetas, «Concours», case postale, 8021 Zurich, ou par courriel (avec votre adresse complète) à [email protected]. Délai d’envoi: 31 dé- cembre 2014. Aucune correspondance ne sera échangée au sujet du concours. Tout recours juridique et paiement en espèces sont exclus. Les collaborateurs d’Helvetas ne peuvent pas participer. Les adresses dans notre fichier peuvent être utilisées pour l’envoi d’informations sur Helvetas, les annulations étant possibles en tout temps. Les adresses ne sont pas transmises à des tiers. Le ga-gnant du concours du Partenaires n°217 est Georges Auberson, à Nürensdorf.

Le prix sponsorisé: deux nuits pour deux personnes en chambre double avec petit-déjeuner à l’Hôtel Rhätia, St. Antönien.

Hôtel Rhätia – profitez de la nature!L’hôtel Rhätia attire immédiatement le regard: typique du style du Prättigau, discrètement rénové, dans un cadre magnifique. Mais ce n’est pas unique-ment l’ancienneté de l’auberge, dont la partie la plus vénérable date d’il y a 300 ans, qui est remarquable, mais aussi ses exploitants. Regula Strobel et Hubert Zurkinden, théologiens à l’ori-gine, gèrent le Rhätia depuis 2010. En se lançant dans l’hôtellerie, le couple a totalement changé d’orientation pour les dix dernières années d’activité pro-fessionnelle. Mais à les entendre, la différence entre la théologie et la gas-tronomie est minime. Dans les deux domaines, ils ont à cœur d’offrir un espace pour les contacts, et le repas revêt aussi une grande importance.Le couple aimerait surtout attirer des gens proches de la nature et a créé une oasis de paix pittoresque avec des chambres rustiques. La carte pro-pose des plats copieux, avec ou sans viande. Les œufs, les produits laitiers et le Röteli (liqueur de cerise des Grisons) sont achetés aux paysans locaux; la viande, les légumes et le vin – si possible bio – proviennent des régions voisines. Ce qui ancre le Rhä-thia dans la région à bien des égards.

Hôtel Rhätia, 7246 St. Antönien, tél. 081 332 13 61, www.hotel-rhaetia.ch

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Helvetas au Marché de Noël solidaire

Pour la 8e année consécutive, les asso-ciations de la région lausannoise sont réunies au centre socioculturel Pôle Sud dans le quartier du Flon, pour faire vivre un marché de Noël solidaire de cadeaux du monde. Helvetas Fairshop y est pré-sente, proposant ses nombreux articles, qui feront autant de cadeaux. Bien sûr les produits soutiennent des produc-teurs dans des pays du Sud. C’est dans

une ambiance conviviale, où s’entre-mêlent les parfums de mets à savourer, que le Marché de Noël solidaire ouvre ses portes du jeudi 11 au samedi 13 décembre. –CROHoraires et infos en ligne sur www.helvetas.ch

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30COMMERCE ÉQUITABLE

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PARTENARIAT POUR LA JUSTICELa visite d’une ancienne usine textile au Wurtemberg et un voyage en Tchéquie démontrent de manière frappante combien la globalisation peut être équitable.

Par Tobias Meier

Les bâtiments de la société Elmer & Zweifel à Bempflingen incarnent 160 ans d’histoire industrielle. L’aventure com-mence dans le canton de Glaris avec une petite entreprise de tissage de coton, qui, dans ce canton industriel prospère, n’a pas accès à l’énergie hydraulique néces-saire à son développement. Deux cou-sins de la famille fondatrice trouvent un site approprié dans la région très pauvre du Wurtemberg. La nouvelle usine est florissante jusque dans les années 1990, puis la production de textile n’est plus rentable en Allemagne. Roland Stelzer, gérant et copropriétaire de l’entreprise, cherche un moyen de faire produire ses textiles en Europe de l’Est.

Le site Internet d’Elmer & Zwei-fel annonce: «Cotonea se veut profitable pour tous: les clients, les cultivateurs de coton, les personnes dans la production et l’administration, et nous, les proprié-taires, ainsi que l’environnement.» Ce sont là plus que de bonnes paroles. La ligne équitable et biologique Cotonea

achète depuis des années le coton bio d’un projet Fairtrade en Ouganda et celui d’un projet d’Helvetas au Kirghi-zistan. Le traitement du coton doit lui aussi être exemplaire sur le plan social.

Les efforts de Roland Stelzer pour une production équitable sont à l’origine de l’étroite collaboration entre Helvetas Fairtrade et Cotonea. Les tex-tiles d’intérieur vendus au Fairshop sont également fabriqués par Elmer & Zweifel. Sur invitation de Roland Stel-zer, je visite avec Markus Brauchli, notre conseiller pour le coton bio au Kirghi-zistan, le siège principal de l’entreprise au Wurtemberg. Dans les anciens bâti-ments de Bempflingen, on n’entend plus le bruit des fuseaux, et le crépitement des métiers à tisser s’est tu. Seuls l’admi-nistration et un vaste magasin de vente de linge de maison s’y trouvent encore. Une situation que l’on observe aussi dans d’autres branches. L’administra-tion, le marketing et le développement restent sur l’ancien site et la production est délocalisée.

Durant le voyage dans l’est de la Tchéquie, Roland Stelzer nous raconte

comment en 1993, quatre ans après la chute du mur, il a trouvé une usine désaffectée près de la frontière polo-naise dans la ville de Náchod, à 150 km à l’est de Prague. Les machines à tisser de Bempflingen y ont été montées. Un bel exemple de globalisation concrète, profitable à tous ceux qui y sont impli-qués lorsqu’elle est portée par un souci d’équité.

L’atelier de tissage se trouve dans un grand complexe où l’on entend ré-sonner les 18 machines de Sulzer Win-terthur. L’ambiance y est spontanée et gaie. Durant notre visite, les 13 ma-chines fonctionnent sans interruption ni panne, ce qui montre que le travail y est effectué de manière sérieuse et pré-cise. Depuis un an, le bâtiment abrite aussi un atelier de couture. En effet, lorsque Roland Steizer a appris que l’un de ses fournisseurs avait licencié toutes ses couturières et proposé de les réen-gager pour un salaire bien inférieur, il a créé un espace dans ses locaux de tissage pour installer son propre atelier de cou-ture et a engagé toutes les femmes à de meilleures conditions.

Ilona Štepánská est l’une des couturières de l’entreprise textile gérée de façon fair.

Des paysannes comme Damira Osmonalieva fournissent le coton bio du Kirghizistan.

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Plusieurs possibilités s’offrent à vous pour commander:

Par Internetwww.fairshop.helvetas.ch

Par téléphone021 804 58 00

Par fax021 804 58 01

COMMERCE ÉQUITABLE

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Couette 4 saisons en coton bio «Bianca»Couette 4 saisons avec garnissage 100% coton bio. Enveloppe kbA 100% coton bio ultra fi n. Lavable à 40 °C. La couette garde son gonfl ant grâce au piquage à écailles. Le coton est issu du projet Hel-vetas au Kirghizistan.TSBG4 160x200 cm Fr. 339.–TSBG5 200x210 cm Fr. 398.–

sable/rouge foncéTSAD131 50x70 cm Fr. 34.–TSAD132 65x65 cm Fr. 39.–TSAD133 65x100 cm Fr 44.–TSAD134 160x200 cm Fr. 169.–

Oreillers en coton bioOreiller avec garnissage de boucles de laine de mouton (mérinos) provenant d’Allemagne. Enveloppe en satin ultra-fi n et avec un non-tissé, tous deux en 100% coton bio issu du projet d’Helve-tas au Kirghizistan. Piquage à carreaux,

zippé. Pour le lavage, le garnis-sage peut être retiré facilement grâce à la housse séparée. Gar-nissage non lavable.TSBK1 50x70 cm Fr. 99.–TSBK2 65x65 cm Fr. 129.–TSBK3 65x100 cm Fr. 169.–

blanc/sableTSAD001 50x70 cm Fr. 34.–TSAD002 65x65 cm Fr 39.–TSAD003 65x100 cm Fr. 44.–TSAD004 160x200 cm Fr. 169.–

Parure de lit «Tandem»Un classique confortable et chaud. Parure de lit réversible: une face douillette et chaude de qualité beaver (fi nement gratté) de haute qualité, l’autre face en satin de coton. Rayures tissées de 8 cm. Fermeture à boutons en corozo

Sac en coton bio«Fair Inside»Joli sac en coton bio, avec bandoulière adaptable.100 % coton bio du Kirghizistan. 36 x 39 cm.TAAE Fr. 12.–

Eva Svoboda explique son entreprise à To-bias Meier, Stefan Lemke et Roland Stelzer.

HELVETAS FAIRSHOP

Dans le village voisin de Mezimesti, nous rendons visite à un sous-traitant, une petite entreprise de confection qui assemble les textiles pour l’emballage. Eva Svoboda dirige son entreprise à la manière des anciennes patronnes. Elle verse des salaires justes et s’occupe de chacune de ses collaboratrices. Il lui ar-rive ainsi de visiter une malade pour lui préparer son lit et une tasse de thé. Elle est très fi ère de la marque de fabrique Cotonea sur laquelle fi gure l’histoire de chaque textile.

Markus Brauchli, notre conseil-ler pour le coton, est rayonnant. «Je suis impressionné par la façon dont Roland Stelzer s’engage pour que les paysans perçoivent un prix correct pour leur coton», dit-il. Il n’a encore jamais vu un entrepreneur qui fait le voyage au Kir-ghizistan, qui écoute les paysans et les paysannes et assure ainsi de manière constante l’écoulement du coton.

Je suis moi aussi impressionné et me sens renforcé dans mon objectif de bientôt faire fi gurer sur tous les articles du Fairshop une marque de fabrique simi-laire, mentionnant l’histoire de chaque textile, du champ de coton jusqu’à la confection. La visite à Náchod a confi rmé que Cotonea et Helvetas tirent à la même corde. Pour un monde équitable, dans lequel tous ceux qui travaillent à un pro-duit sont correctement traités.

Tobias Meier est directeur d'Helvetas Fairtrade.

Traduit de l’allemand par Stephanie Zutter

Page 32: Helvetas Partenaires No. 218 décembre 2014

Offrir un cadeau de Noël précieux et faire le bonheur de deux personnes.

Pour 100 francs, vous offrez à une personne aimée un carnet de notes, accompagné d’un certificat de cadeau, et deux enfants dans le Sud bénéficieront de fournitures scolaires pour préparer un avenir meilleur.

fairshop.helvetas.ch/écoles.html

Pour 50 francs, vous offrez à un proche des amandes enrobées de chocolat crémeux du commerce équitable, accompagnées d’un certificat de cadeau, et une famille de petits paysans disposera de plants de ca-caoyers pour assurer leur existence.

fairshop.helvetas.ch/cacao.html

Pour 70 francs, vous offrez à un-e ami-e le verre élégant Solola (1,5 dl), en l’accompagnant d’un certificat de cadeau, et une personne dans le Sud obtiendra un accès durable à l’eau potable.

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Pour Noël, offrez des cadeaux vraiment précieux. Pour commander: fairshop.helvetas.ch/don-cadeau.html ou par téléphone au +41 21 804 58 00

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