rapport de stage - jardins botaniques de singapour

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Rapport de stage après une période de deux mois passée au sein des Jardins Botaniques de Singapour

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It is written, Man’s first home was a garden

-Therefore,

whoever walks here is,for the moment,

home

ANONYMOUS.

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L’école nationale supérieurede la nature et du paysage de Blois

Etudiant 1ère année

Rapport de stage au sein des

Jardins Botaniques de Singapour

Période du 4 avril 2012au

29 mai 1012

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This internship report about the Singapore Botanic Gardens is developed in five main parts.

The first part is relating a personal experiment which is trying to find out the foundations of our mental landscape. By voluntary avoiding seeing any picture of the garden city before coming along, I was able to draw a few sketches only based on my personal life. When in Singapore I have then the opportunity to confront these mental images to the actual scenery.

The second part is devoted to the history of the country, from the first antic description of the island to the strong economic power of nowadays.

In the third part I am confronting this history of the country to the green scenery developed to the extent that Singapore is nicknamed the garden city. Stakeholders and major initiatives are presented in that part as well.

The fourth part is centred on the history of the Singapore Botanic gardens and how they are part of the country’s history. A particular attention is paid to the National Orchid Garden location of my internship.

Eventually, the fith part is describing the roll out of my internship and what I had the opportunity to learn. The structure of the garden is presented as well as basic orchid botanic knowledge. Then I am detailing my days at the laboratory and the National Orchid Garden’s nursery and within the National Orchid Garden itself. I present in that part the landscaping project for the to be Celebrity Orchid Garden. Some documents will describe my research and my proposals around a concept of an outside art gallery.

I hope this partial translation will help you to understand the illustrations of this internship report.I have drawn or designed these illustrations, except contrary indication.

Summary of the report

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LE PAYSAGE MENTALCes paysages qui nous sont propresJuste une question administrative

Au fil des nomsL’indépendance à contre-coeur

ExotismeLa terre presque fermeLes cultures du paysL’île sous la canopée

Depuis la colline du gouvernementUne nouvelle institutionUne histoire d’orchidées

OrganisationOrchidée ?In vitroIn carboIn situ

Sauf indication contraire, toutes les illustrations de ce rapport sont personnelles.

L’HISTOIRE D’UN PAYS

LA VILLE JARDIN

AU JARDIN DE LA VILLE JARDIN

ENSEIGNEMENT TROPICAL

P.1

P.11

P.37

P.16

P.26

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LE PAYSAGE MENTAL

Fiction du réel.

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N’êtes vous jamais allé au jardin ?Depuis l’arrivée du printemps, l’herbe y est plus verte.

Les muscaris continuent de ponctuer l’étendue du lac de leur teint violette.Le vieux chêne retrouve peu à peu sa ramure,

la tempête n’aura pas eu raison de lui cette année encore.Prenez le temps d’y aller, au jardin.

L’herbe y est plus verte et l’été approche à grands pas.

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Une image, une émotion, qui sait ?Peut-être même une photographie ?

Qu’importe,

Saisissez-vous en avant qu’elle ne soit emportée par le texte.Prenez le temps de la dessiner même.

Mais dans tous les cas n’ayez crainte : elle restera loin de la réalité.

Cette image vous appartient, elle est unique et le restera.Quelle chance vous avez, l’exclusivité sur ce lieu !

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Il est fait de tout, de tout ce que votre esprit aura trouvé pour constituer le décors.Souvenirs d’enfance, d’autres plus récents, l’arrivée des beaux jours…

Mais il est surtout fait de rien.Qui a-t-il derrière ce chêne ? La ville ? Un bocage ?

Ce muscaris est-il vraiment celui que vous avez trouvé l’autre jour entre deux pierres ?

Pourquoi voyez-vous les choses ainsi ?N’apercevez vous pas toute cette brume ?

Le lieu reste pourtant le votre, uniquement le votre.

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Ce texte, je vous l’écris à bord du RER, sur la ligne B pour être précis.

Je le termine avant d’arriver à Saint-Michel Notre-Dame, mon changement.

Ce texte je vous l’écris après avoir passé les premiers jours du printemps au potager du roi.

J’entends encore à mes oreilles le son des abeilles sauvages parmi les fruitiers.

Cette seconde image a plus de chance de vous être familière.

Elle est mon inspiration, elle est réelle.

Gare d’Austerlitz, 22h42.

J’attends maintenant mon train pour l’école.

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J’arrête à présent l’expérience et sa mise en abîme.

J’espère que vous saisissez son sens et la richesse qu’elle renferme.

Une richesse propre à chacun et intimement liée à notre histoire.

La description fait naître dans notre esprit des images recomposées qui

s’affirment au fil du discours.

Dans le cas d’une description fictive, sa représentation vous appartient

pour toujours.

Pour une description de l’existant, une confrontation avec le réel peut

l’emporter à tout moment.

A chaque lieu sa représentation.

Qu’elle soit réelle et palpable lorsque nous y sommes, ou bien mentale d’un souvenir ou d’une expérience en

devenir.

C’est cette dernière particularité que je cherche aujourd’hui à saisir.

Paysage de lignes

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Ces paysages qui nous sont propres

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Demain, je pars à Singapour.Aujourd’hui, je sais seulement qu’il y est interdit de détenir du chewing gum et que l’on surnomme la cité Etat « La ville jardin ».Cette ignorance volontaire est pour moi l’occasion d’expérimenter la notionde « paysage mental ».Le mien, dans un premier temps, en espérant pouvoir comprendre celui des autres après d’éventuels échanges.

Singapour, pays vierge de toute idée préconçue.Aucune image n’a filtré depuis octobre 2011.Singapour, une ville qui foisonne dans mon esprit et que je vais tenter de vous dépeindre à travers quelques croquis fais avant mon départ.

Avant que tout ne disparaisse.

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Une résidence privée comme il s’en construit beaucoup à Singapour.La vue depuis mon balcon avec piscine et terraains de tennis d’après

une description de mon hôte.

LE CONDOMINIUM

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L’échelle réelle est plus petite qu’attendue et les appartements moins standardisés que dans mon dessin. Je retrouve cependant mes palmiers aux abords de la piscine et du terrain de tennis mais pas de grande allée centrale. Le lieu est finalement plus confiné, j’apprendrai que la

place se fait rare sur l’île !

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La baie de Singapour et son architecture florissante. Les trois buildings surmontés d’un plateau est une superstructure aperçue dans une émission du même nom. La voie rapide est certainement tirée de la même émission, mais d’après mes souvenirs, celle-ci se trouve à Mumbai. Elle s’étend entre un centre dynamique aux visages multiples et la mer fréquentée par les touristes.

LA BAIE DE SINGAPOUR

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Je retrouve sans surprise le bâtiment phare du pays :le Marina Bay Sands. Le quartier d’affaires est cependant plus compact que dans mon imagination mais la voie rapide dessert bien l’arrière du site. La baie de la Marina s’est avérée être un réservoir d’eau douce, séparé de la mer par une digue, m’enlevant tout espoir d’y trouver du

sable et des touristes !

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Les jardins botaniques et leur végétation abondante autour d’un point d’eau. Composition à partir de bribes d’images que j’ai du voir malgré moi en cherchant des coordonnées sur le site internet des jardins. Une végétation abondante y serait influencée par le climat

tropical que je vais rencontrer pour la première fois.

LES JARDINS BOTANIQUES

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Aucun pont vraiment significatif dans les jardins à mon grand étonnement ! La végétation est en revanche bien présente et les fougères de l’Evolution Garden vous

enveloppent rapidement au détour d’une allée.

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Juste une question administrative

Juste une question administrative, ce qui n’est pas rien à Singapour. Ce stage débute un matin d’octobre. Assis à la table à manger de mon studio blésois, je regarde les informations en buvant mon café. Un repor-tage est alors diffusé sur un défilé de mode qui se tient dans une merveilleuse serre fraî-chement inaugurée. Je ne saisis pas tout de suite le nom du lieu, juste celui du pays : Sin-gapour. Après quelques recherches, je trouve l’objet de mon interrogation : Gardens by the Bay. Pourquoi ne pas y faire mon stage ? Je me rends alors compte que le jar-din n’est pas ouvert au public et que cette ouverture est prévue pour la fin juin 2012. Je postule tout de même, peut-être pourrais-je prendre part à la fin des travaux ! J’en profite également pour rechercher d’autres jardins aux alentours. Je trouve alors les jardins bota-niques de la ville auquel je m’empresse d’en-voyer un e-mail. Comment ces jardins ont-ils pu rester si longtemps absents des listes de l’école du paysage de Blois ? Quelques jours plus tard, mon professeur d’anglais m’ap-prend que plusieurs étudiants avaient tenté leur chance mais sans grand succès.

La raison ? Une secrétaire peu com-préhensive refusait de donner suite à toute postulation. Pour maximiser mes chances d’entrer en contact avec les jardins, je pars à la recherche d’adresses sur le net. Je tombe alors sur la liste complète des membres de la structure précisant fonction et coordonnées de chacun, je remercie aujourd’hui cette rigu-eur de l’administration singapourienne. J’en-voie quelques messages dont un s’adressant au directeur du jardin, le Dr Nigel Taylor, qui répondra favorablement à ma demande quelques jours plus tard. J’apprendrai par la suite que cet homme a longtemps dirigé les jardins botaniques royaux de Kew en Grande Bretagne et tient pour objectif celui stimuler les échanges de savoirs à l’échelle internatio-nale. Une bonne chose pour moi !

Tout n’était plus qu’une question administra-tive, une période de stress qui perdura jusqu’à l’obtention de ma convention de stage signée

par le jardin que j’obtins seulement à mon arrivée en Asie.

Le Flower Dome du futur Gardens by The Bay

lors d’une visite de chantier

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L’HISTOIRE D’UN PAYS

Après quelques jours passés à Singapour, je me suis rapidement rendu compte qu’il serait difficile de commencer ce rapport sans démêler le nœud d’histoire de la cité Etat qui, ne serait-ce que par cette

appellation, en dérouterait plus d’un.

Prenons le temps de revenir quelques siècles en arrière pour comprendre toute la singularité de cette île jeune et dynamique.

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Le Merlion

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Le géographe grec Claude Ptolémée serait le premier à décrire l’île dans un ouvrage daté du IIe siècle. Durant les périodes qui sui-virent, ses nombreux résidents baptisèrent ce bout de la péninsule malaise d’une multitude de noms, nous permettant aujourd’hui de nous la représenter à travers l’étude de sa to-ponymie. Au IIIe siècle, un émissaire chinois affirme cette position géographique en lui donnant le nom de Pu Luo Chang, dérivant du malais Pulau Ujong : « l’île à l’extrémité de la péninsule ». Les nombreux ports de la ré-gion, semblables à ceux de la Rome Antique (Emporium), lui valent quelques temps plus tard l’appellation de Temasek, « la ville sur l’eau ». L’histoire reprend lorsque l’île est le siège d’un royaume malais de la fin du XIIIe au début du XVe siècle. Le mythe veut que du-rant cette période, le prince Seri Teria Buana y aperçoive une créature ressemblant à un lion. Il s’empresse alors de changer le nom de son territoire de Sanskrit pour Singapura, « la ville du lion ». Bien qu’aujourd’hui, le seul lion de Singapour puisse être aperçu au zoo de

la cité, ce nom inspira le Merlion, l’emblème de la ville au corps semi-aquatique. Au début des années 1400, le prince est chassé de ses terres suite au débarquement d’une flotte sia-moise. Le commerce disparaît et la piraterie grandissante fait tomber l’île dans l’oubli.

Au fil des noms

Mappemonde de la Géographie de PtoléméeÉdition de Bâle de 1545

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Le Philip Jackson’s Plan de la ville de Singapour1828

Chinatown au XIXe siècle

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Ce n’est que le 28 janvier 1819 que l’histoire de Singapura reprend, lorsque le militaire et naturaliste britannique Sir Tho-mas Stamford Bingley Raffles pose le pied sur l’île. On sait peu de choses sur les raisons qui ont poussé son choix vers Singapour, si ce n’est une vision annonciatrice du potentiel offert par sa position stratégique. L’employé de la Compagnie des Indes Orientales (East India Company) souhaite alors y installer un comptoir colonial. Les terres appartenant à ce moment au sultan de Johor (actuelle péninsule de la Malaisie), des négociations pacifistes sont engagées avec son ministre. Après une semaine à parlementer, le britan-nique obtient les pleins droits sur ces terres et commence à planifier l’aménagement de son comptoir.

Le britannique confie les plans de la ville au colonel William Farquar en janvier 1919 avant de s’absenter durant huit mois. A son retour, il constate que les directives n’ont pas été appliquées. Raffles se tourne alors vers l’ingénieur des colonies Philip Jackson chargé du développement du territoire. A ses côtés, il met en œuvre le premier plan d’or-ganisation de la ville de Singapour en 1822. Celui-ci apparaît alors comme un moyen de séparer et d’organiser les différentes ethnies de l’île, suivant le précepte « diviser pour mieux régner ». C’est ainsi qu’apparaissent Chinatown et les quartiers indiens de Kam-pong Glam et Chulia Kampong. La ville se retrouve scindée en deux espaces bien dis-tincts. Le premier très organisé et aseptisé accueil le quartier colonial avec ses banques, ses hôtels, ses institutions et ses grands ma-gasins. Surpeuplés mais plus authentiques, les quartiers ethniques viennent eux contras-ter avec l’environnement des colons.

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Stamford Raffles

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Carte des établissements du détroitDétroit de Malacca - 1906

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Ce regain d’activité sur le territoire va de pair avec un retour aux activités com-merciales. De nombreux migrants affluent en masse dans la ville où toutes les mar-chandises transitent. En 1860, on recense 80 792 habitants dont 62% de Chinois et 8,5% d’Européens. Mais les conditions de vie sur l’île sont encore difficiles, la malaria et la pi-raterie perdurent dans une atmosphère char-gée de l’odeur fétide des marais. En 1867, Singapura devient colonie britannique au même titre que les établisse-ments du détroit (Straits Settlements) voisins : Penang et Malacca. Deux ans plus tard, l’ouverture du canal de Suez vient affirmer la position stratégique de l’île désormais au car-refour de l’Europe, du Japon et de la Chine. Singapura est prospère, elle dénombre en 1911 312 000 habitants répartis parmi 48 ethnies. Seule la crise de 1929 vient entacher cette ascension mais n’empêche pas l’année suivante d’attirer 250 000 coolies, travail-leurs agricoles venus majoritairement de Chine. Singapura apparaît déjà comme une cité chinoise dans un empire malais.

Un nouveau nom pour une nouvelle page plus sombre de son histoire. Après le massacre du 15 février 1942, l’île est renom-mée Syon-To, « la lumière de l’île du Sud », et ce durant les trois ans d’occupation japo-naise. Jusqu’à la capitulation de l’ennemi, les habitants de l’île sont persécutés par les forces de police qui commettent des atrocités sur 25 000 civils malais et 50 000 singapouriens. Lorsque sonne la fin de la guerre, le retour des anglais au gouvernement ne paraît pas légi-time et conduit à de nouvelles élections.

Timbre des établissements du détroit1868

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Le Premier ministre Lee Kuan Yew lors d’un rassemblement du People’s Action Party en 1984

Le drapeau de Singapour.Fraternité et égalité dans le rouge et pureté et vertu pour le blanc. Le croissant de lune incarne une jeune nation dans sa phase ascendante et les cinq étoiles les idéaux de la nation : démocratie, paix, progrès, justice et égalité.

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Contre toute attente, le Labour Front, parti de gauche dirigé par David Marshall, remporte les élections de 1955. Bien que ce-lui-ci soit parti plaider en Grande-Bretagne en faveur de l’autonomie de Singapour, les émeutes et l’instabilité politique naissante de 1956 vont encore une fois conduire à de nouvelles élections. Toujours à gauche, le People’s Action Party mené par Lee Kuan Yew prend le relais. A ce moment, Singapour appartient à la nouvelle fédération de Malaisie, depuis son entrée en 1963 voulue par Lee Kuan Yew. Cependant, les tensions raciales entre les malais - majoritaires sur la péninsule - et les chinois - majoritaires sur l’île - conduisent à un équilibre fragile entre les deux ethnies. En 1965, le premier ministre de la Malaisie Tunkun Abdul Rahman demande à Singa-pour de se séparer de la fédération. Contre son grès, Lee Kuan Yew se voit dans l’obli-gation d’enterrer son projet et déclare l’indé-pendance de la République de Singapour le 9 août de la même année.

Bouleversée par la guerre, débousso-lée par l’instabilité politique, Singapour est appauvrie et dévastée. De plus, l’absence de ressources naturelles exploitables sur le ter-ritoire la rend dépendante des pays voisins. Cependant, l’investissement sans relâche du premier ministre Lee Kuan Yew durant ses 31 ans à la tête du gouvernement, permet à la cité-Etat d’atteindre la prospérité écono-mique avant la fin de son mandat en 1990. Après avoir été dirigée par Goh Chok Tong qui tenta d’atténuer le côté paternaliste de son prédécesseur, Singapour est administrée depuis 2004 par Lee Hsien Tong, petit fils de Lee Kuan Yew. Bien que retiré depuis long-temps du gouvernement, le fondateur de la république inspire encore les grandes déci-sions de l’île. Aujourd’hui, 5 millions d’habi-tants cohabitent sur l’île parmi lesquels on dénombre 77% de Chinois, 14% de Malais et 8% d’Indiens ayant chacun leur langue offi-cielle reconnue ainsi que l’anglais partagé par chacun.

L’indépendance à contre-coeur

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LA VILLE JARDIN

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Si j’avais pris le temps de dessiner une rue de Singapour telle que je me l’imaginais avant mon arrivée, celle-ci aurait certainement été très

large et bordée de palmiers monotones...

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Dès ma sortie de l’aéro-port, je découvre une ville orga-nisée autour d’un impression-nant réseau d’autoroutes urbaines qui avoisinent fréquemment les quatre voies. Cependant, je prends très vite conscience de mon erreur d’appréciation quant à la qualité du paysage dans lequel se fondent ces axes de communi-cation. Aucun palmier à l’hori-zon, si ce n’est quelques feuilles que je distingue difficilement de la jungle qui me borde et me sur-plombe par endroits.

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Cette verdure, Singapour la doit autant à son emplacement géographique qu’à son histoire.

Singapour, la ville jardin. Une fois le trajet terminé, je commence à mesurer l’ampleur de cette appellation, dès lors

que l’on considère ce jardin dans toute sa « tropicalité ».

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Installée sur le premier degré nord de l’équateur, il règne de ce fait un climat de forêt tropicale humide sur la cité État. On y enregistre une température moyenne avoi-sinant les 30°C sur l’année pour une humi-dité de 82% presque constante. Aucune sai-son réellement marquée ne peut être relevée sauf peut être, les deux saisons des pluies. Une première mousson de décembre à mi-février est amenée par les vents du nord-est quelques temps avant la mousson du sud-est de juin à septembre. Entre ces deux périodes, vents et averses se font plus rares mais pas moins intenses pour autant. Pour l’année 2011, le service météorologique de Singapour dénombre 206 jours pluvieux et des précipitations s’élevant à 2940mm. Cela représente plus de quatre fois la pluviométrie annuelle enregistrée à Paris.

Exotisme

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Formation granitique de Bukit Timah comprenant la norite de GombakRoches d’origine volcanique

Formation sédimentaire de Jurong

Sédiments du quaternaire du vieil Alluvium

Formation alluviale récente de Kallang

Terres artificielles gagnées sur la mer

Les Jardins Botaniques de Singapour

Illustration réalisée d’après Encyclopedia of Coastal Science de Maurice L. Schwartz et sciencedirect

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D’une superficie de 699 km2, Singa-pour est également sept fois plus grande que la capitale française. Pulau Ujong, l’île prin-cipale, totalise avec ses 54 îles périphériques 193 km de côte. Outre les 2000 espèces végétales locales, 4.8 millions d’habitants y cohabitent, faisant de Singapour l’une des villes les plus densément peuplées au monde. Depuis les années 1960, le pays tente pour cette raison de gagner du terrain sur la mer et développe de ce fait de nombreuses terres ar-tificielles. Sa superficie était à l’époque de 581 km2 et l’on estime aujourd’hui qu’elle pour-rait encore croître de 100 km2 d’ici 2030. Le sable qu’elle achète à l’Indonésie lui permet également en le récoltant, de créer de nou-velles routes maritimes stratégiques dans les eaux peu profondes du détroit de Malacca. Sa géographie physique n’est pour-tant pas contraignante. A 164 mètres d’alti-tude, la colline de Bukit Timah d’origine mag-matique est le point culminant de Singapour. Au nord-est de l’île, les roches sédimentaires vallonnent une région majoritairement plate.

On estime que deux tiers de l’île sont consti-tués de roches sédimentaires et volcanique tandis que le tiers restant est majoritairement représenté par des sols résiduels formés par l’érosion des couches présentées sur la carte des principales formations géologiques ci-contre. Les jardins botaniques de Singapour prennent racine dans la formation volcanique acide de Bukit Timah formée au Trias. L’éro-sion de ce granit a été rapide et très étendue avec une profondeur moyenne de trente mètres due à une décomposition chimique accrue sous le climat tropical. Ce granit gris se compose de grains moyens à grossiers, de feldspaths crème à jaune pâle et de quartz fumé. Bien qu’ayant des procédés de forma-tions différents, la plupart des sols de Sin-gapour sont argileux. Par ailleurs, la stabilité de cet ensemble géologique est assurée par l’île de Sumatra, protégeant sismiquement la cité État en absorbant une grande partie des ondes.

La terre presque ferme

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Quant à l’histoire de la verdure de Singapour, elle commence bien avant que la plupart des pays ne s’intéressent à la leur. Dès son arrivée sur l’île, Stamford Raffles se re-trouve face à une jungle extrêmement dense, abritant plusieurs mangroves et des forêts côtières. Quelques coteaux à l’est sont encore peuplés de comestibles plantés durant l’an-cien régime (durian, pomélo, ramboutan…). Si l’on en croit les propos tenus par Henry Moore en 1969, on pouvait alors « entendre pousser dans le silence chaque feuille, chaque pousse de Singapour ». Passionné par les plantes, Raffles installe son jardin d’épices à Fort Canning. Sur la colline du gouvernement grandissent alors muscadiers (Myristica fragrans) et girofles (Syz ygium aromaticum) avant qu’il n’y cultive cacao, café, vanille et sucre.

Malgré la vocation commerciale de l’île, une grande partie reste boisée jusqu’au milieu du XIXe siècle. A cette période, on découvre qu’un polymère contenu dans la gutta-percha (gomme issue du latex des feuilles de Palaquium gutta) peut contribuer à l’isolation des câbles de sous-marin. Plusieurs plantations de cet arbre endémique son alors développées. Au début du XXe siècle, culti-ver l’hévéa (Hevea brasiliensis) devient plus lu-cratif. Son latex est récolté et transformé en caoutchouc pour l’industrie automobile (40% du territoire sont consacrés à sa culture en 1935). Dès 1934, l’agriculture se développe sur l’île, à nouveau stimulée par le commerce des épices très lucratif de l’époque. Le gin-gembre, la muscade et le poivre sont alors les denrées les plus convoitées.

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Les cultures du pays

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En 1864, la prolifération d’un colé-optère ravageur a décimé les cultures de noix de muscade. Pour des raisons économiques, les cultures de poivre et de gingembre se re-trouvent elles aussi abandonnées. A la fin des années 1890, de nombreuses terres délaissées apparaissent en frange urbaine. Les départs de feu fréquents dans ces friches conduisent à la plantation de Syz ygium grande en bordure de route, faisant office de pare-feu. Dans un même temps, on introduit dans ces friches des essences pour leur bois précieux : acajou (Swietenia macrophylla), teck (Tectona grandis) et eusideroxylon (Eusideroxylon zwageri). Face à l’importante déforestation de l’île, le gouvernement commande une enquête sur l’état du patrimoine boisé dans

les établissements du détroit. Chargé de cette étude et surintendant des jardins de Singa-pour, Nathaniel Cantley publie en 1886 un rapport débouchant sur la création de treize réserves forestières sur l’île (4 676 ha). Il est par ailleurs à l’origine du programme de plantation des arbres en 1881. Les grandes avenues plantées de-viennent une des caractéristiques majeures des quartiers d’affaires et de commerce. On plante fréquemment de l’angsana (Pterocar-pus indicus), mais la maladie du flétrissement (fusariose) qui survient en 1914 en décime beaucoup. Tant pour leur ombre que pour leur esthétisme, de nouvelles espèces sont introduites aux abords des routes durant les années 1920 et 1930 :

Arfeuilla arborescens – Hop tree

Andira inermis – Brown heart

Callerya atropurpurea – Purple millettia

Peltophorum pterocarpum – Yellow flame

Samanea saman – Rain treeDeux Samanea saman dans le domaine présidentiel de l’Istana

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Upper Seletar Reservoir

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C’est en 1960, lorsque le gouverne-ment se lance dans la construction d’une na-tion à grande échelle, que Lee Kuan Yew met tout en œuvre pour faire de Singapour une ville jardin. Il avait pour mission de rendre l’île plus verte avec le plus d’arbres possibles et dans un temps record, afin de fournir de l’ombre au passants et d’adoucir le « paysage de béton » (concretescape). Mais planter des arbres est également un moyen de retenir de l’eau douce sur le territoire. Elle est une res-source rare à Singapour, en témoignent les nombreux réservoirs et barrages que l’on y trouve aujourd’hui. Pour son approvision-nement, le pays a longtemps dépendu de la Malaisie. Pour des raisons économiques et politiques, Lee Kuan Yew décide donc d’amener Singapour vers son autosuffisance en eau. En densifiant la végétation de l’île, l’air ambiant se retrouve rafraîchit. Ainsi, les variations de pression atmosphérique plus fréquentes vont permettre condenser l’eau contenue dans l’air qui pourra par la suite être récoltée et stockée lors d’averses.

Classes de végétation

La relation entre la densité de végétation et les variations de température à la surface de l’île.

Cartes satellites obtenues respectivement en 1997 et 2002 par NParks.

Chaud

Froid

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Son choix se porte alors vers des arbres au développement rapide (instant trees) obtenus par greffe ou en jeune pousse :

Cerbera odollam – Pong pongErythrina variegata – Coral treePterocarpus indicus – Pashu PadaukSamanea saman – Rain tree

Avant de s’orienter vers des espèces remar-quables pour leur couleur.

Cassia fistula – Golden showerDelonix regia – Red flameLagerstroemia speciosa – Rose of IndiaPeltophorum pterocarpum – Yellow flame

Ou leur odeur.

Fragraea fragrans – TambusuGardenia carinata – GardeniaMichelia alba et champaca – Chempaka

Dans un même temps, de longues portions de route sont plantées de bougainvilliers aux teintes chatoyantes. On habille les murs et barrières de sécurité routière de lianes, pal-miers et divers buissons.

Page 55: Rapport de stage - Jardins Botaniques de Singapour

Les convictions de Lee Kuan Yew sont fortes. Il veut une ville où les prome-neurs se sentiraient bien, un exemple à suivre qui attirerait les investisseurs du monde entier. Miser sur la verdure d’un pays pour redynamiser son économie est un pari risqué, mais le premier ministre s’y engage à travers deux campagnes de plantation d’arbres : la Tree Planting Campaign de 1963 et la Garden

City Campaign de 1967. Entre 1971 et 1986, quatre campagnes de plantation d’arbres fruitiers sont également menées pour des écoles, des résidences d’habitations ou dans l’espace public pour un total de 67 000 sujets plantés (manguier, jacquier, ramboutan, ca-rambola). Chaque année depuis 1971, Singa-pour célèbre l’Annual Tree Planting day durant la première semaine de novembre.

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Le Premier ministre Lee Kuan Yew lors de l’Annual Tree Planting Day de 1980

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Né durant la fin des années 1980 au sein du Parks and Recreation Department (pré-décesseur de l’actuel NParks), le concept de Parc Connector Network est approuvé et mis en place en décembre 1991. Le système de Park Connector permet à la ville d’intégrer son pa-trimoine végétal luxuriant au paysage urbain (cityscape). Ainsi, les parcs et jardins sont ren-dus plus accessibles et l’utilisation du sol est optimisée à travers un espace plus construit. Sur le plan écologique, ce réseau favorise le développement de corridors par le biais d’une canopée continue d’espèces spécifiquement choisies. En créant de nouveaux espaces, ce projet joue également un rôle dans l’améliora-tion de la qualité de vie des habitants, favori-sant par exemple de nouvelles rencontres. Au-jourd’hui, le Park Connector Network apparait comme une des plus grosses clefs stratégiques dont dispose Singapour pour devenir au delà d’une ville jardin, une ville dans le jardin.

Singapour, une des villes où il ferait le plus bon vivre, et les vingt millions d’arbres plantés au cours de son histoire y sont certai-nement pour quelque chose. Pour le comité des parcs nationaux NParks, obtenir ce titre de « Ville dans le jardin » est aujourd’hui deve-nu une priorité. Toujours en développement, le Greenery Master Plan de Singapour (SGMP) permettra de définir une identité propre à chaque quartier de l’île par le biais d’associa-tions de plantes spécifiques. Le tout nouveau jardin botanique Gardens by the Bay (Les jardins de la baie) ouvrira également ses portes fin juin, après six ans de travaux colossaux. A travers l’ar-chitecture moderne de ses serres et de ses « arbres géants » (giant tree), mais aussi son mur végétal attendu comme le grand du monde, ce jardin espère attirer de nombreux touristes afin de partager avec eux cette passion qui unit le pays à sa nature.

L’île sous la canopée

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Écureuil Volant - Réserve naturelle de Bukit Timah Pulau Ubin

Hornbill - Jardins Botaniques de Singapour

Mur végétal - Gardens By The BayVaran malais - Macritchie réservoir

TreeTop Walk - Macritchie réservoir

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En vingt-et-un ans, le couvert végétal de l’île a augmenté de 11% pour atteindre les 47% en 2007 (sur 699 km2). Avec Rio de Janeiro, Singapour est la seule ville au monde disposant d’une surface aussi importante de forêt tropicale pri-maire. Dans la seule réserve naturelle de Bukit Timah et ses 164 hectares, on recense plus d’espèces d’arbres que dans la totalité du continent nord amé-ricain. Cette richesse du patrimoine végétal, NParks a pour mission de l’entretenir et l’améliorer au quotidien.

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AU JARDIN DE LA VILLE JARDIN

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Au fil du temps,des tâches de verdure apparaissent et s’écoulent.

Elles se dispersent avant de s’ancrer dans le sol.26

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Lithographie de la colline du gouvernement en 1840 laissant entrevoir le premier jardin botanique et expérimental du pays

Hoo Ah Kay Lawrence Niven

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Et qu’en est-il de ces jardins faisant l’objet ce rapport ? Pas de contenu sans le contenant, il est important de poser leur décor et leur genèse afin mieux les comprendre. Car les Jardins Botaniques de Singapour ont une histoire indissociable de celle de leur pays. Encore une fois, on retrouve Sir Stamford Raffles à l’origine de ce nouveau récit. En cultivant ses épices sur la colline du gouvernement, il crée le premier jardin bota-nique expérimental de l’île, bien que l’objectif initial était celui d’évaluer la rentabilité écono-mique des denrées en question. Il entretien de ce fait la coutume de développer des jardins botaniques sous les tropiques avec un style européen (à l’image du jardin botanique de Bogor ou de Calcutta). Trop coûteuse pour être entretenue, la parcelle de 23 hectares est abandonnée après sa mort en juillet 1826. Au delà de ce premier jardin botanique qu’il crée à Singapour, il est important de rappe-ler la contribution de Raffles aux études des environnements naturels de la région publiées dans l’ouvrage History of Java.

En mai 1836, la récente association pour l’agriculture et l’horticulture veut encou-rager le développement de ces secteurs sur l’île et parvient à obtenir du gouvernement, l’allocation d’une parcelle de 3 hectares aux pieds de Fort Canning. En 1859, c’est une parcelle de 23 hectares qu’elle est chargée de développer dans le quartier de Tanglin. Le terrain est alors propriété de Hoo Ah Kay, un puissant homme d’affaires. Lawrence Niven, qui s’occupe d’une culture de muscade voi-sine, se voit chargé de réfléchir à un moyen de transformer ce terrain en un jardin d’agré-ment. Pour attitrer plus de visiteurs dans ce lieu récréatif, on prévoit même l’installation d’une ménagerie. Cependant, les difficultés de financement rencontrées par les gérants du parc les conduisent à le confier au gouver-nement colonial de 1874.

Depuis la colline du gouvernement

Rafflesia arnoldiinommée en l’honneur de Stamford RafflesD’après une illustration de Walter Hood Fitch Nature and Art Vol.I - 1886

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Vanda Miss Joaquim ‘Agnes’

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Dès lors, le jardin s’oriente vers des recherches scientifiques comme l’étude taxo-nomique, mais également vers des recherches économiques, en témoignent les études sur l’introduction de nouvelles plantes et leur utilisation commerciale. Ainsi en 1877, vingt-trois semis d’hévéa (Hevea brasiliensis) sont envoyés des jardins botaniques royaux de Kew afin de développer l’industrie du caout-chouc locale. Onze des semis sont plantés dans le jardin, le reste est envoyé en Malaisie. D’après Sir Henry Nicholas Ridley, directeur des jardins de 1888 à 1912 et fervent défen-seur de ce commerce, ces semis seraient à l’origine des tous les hévéas que l’on retrouve en Asie.

Sous la direction de Ridley est égale-ment effectuée la toute première hybridation d’orchidée du pays par l’arménienne Miss Joaquim. En 1893, elle donne son nom à l’orchidée Vanda Miss Joaquim ‘Agnes’, peut de temps avant sa mort précoce à 23 ans. En 1981, la Vanda deviendra fleur nationale. Durant l’occupation japonaise, beau-coup de bâtiments sont détruits mais égale-ment une grande partie des cultures d’hévéa. Le jardin en ressort indemne, protégé par la volonté d’un général de l’armé passionné de botanique. Durant les années 1970 à 1980, les jardins développent leur vocation de ré-création en cherchant à répondre du mieux possible aux attentes des habitants.

Une nouvelle institution

Ridley aux côtés d’un des Hevea brasiliensis d’origine

Carte des jardins - 1866

Page 66: Rapport de stage - Jardins Botaniques de Singapour

La bibliothèque des jardins accessible au

public quotidiennement

Cyrtostachys rendale palmier qui a inspiré

le logo des jardinsLe jardin japonais et sa

collection de bonsaï

Page 67: Rapport de stage - Jardins Botaniques de Singapour

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En juin 1990, le jardin finit par être placé sous la tutelle du tout nouveau comité des parcs nationaux NParks, lui même rat-taché au gouvernement. Le Dr Chin See Chung, alors directeur du jardin, affirme vouloir maintenir sa vocation de recherche, d’éducation et de conservation, tout en met-tant sur pieds un nouveau programme. Dé-veloppé en trois phases de 1990 à 2005, ce programme met à disposition du public de nouveaux équipements et attractions (mai-son des cactus, jardin japonais, cascade, ca-dran solaire, etc…). Jones and Jones landscape architects, une grande agence américaine, est chargée de réaliser les plans de ces jardins que nous connaissons aujourd’hui. Ils regroupent actuellement au sein de leurs 63,7 hectares près de 2 700 espèces et hybrides, une collection de 650 000 planches d’herbier (conservées à l’Herbarium) ainsi que 2 200 ouvrages dans une bibliothèque pu-blique. Ils sont par ailleurs un des plus gros centres de recherche de la région en matière de biodiversité et taxonomie. De plus, ils sont les seuls jardins botaniques au monde à ouvrir tous les jours de cinq heures du matin à minuit et entièrement gratuitement (excep-té pour le jardin des orchidées). Une fois le nouveau Gardens by the Bay ouvert, leurs

objectifs seront plus conversationnistes, afin de préserver l’image des jardins de la ville jar-din, tout en préservant leur vocation initiale de recherche scientifique et de conservation végétale.

Résumé des dates clefs :

• Au milieu des années 1960, les Jardins bo-taniques de Singapour étaient la plus grosse institution en terme d’expertise et de fourni-ture pour les programmes de verdure

• En 1968 se créée dans le département des travaux publics la division Parks and Trees

• Pour mieux répondre à leurs objectifs com-muns, la division Parks and Trees est rattachée aux jardins botaniques en 1973

• Création du département Parks and Recreation qui prône une ville verte en 1975

• Nouveau rattachement du Parks and Recreation aux jardins botaniques en 1996 sous l’institution unique de NParks

Page 68: Rapport de stage - Jardins Botaniques de Singapour

On retrouve encore aujourd’hui la répartition en trois périmètres (cores) initiée par le plan de développement des jardins. Au sud, Tanglin Core révèle les débuts historiques du jardin. Une fois passée la Tanglin Gate (T), une des entrées principales du jardin, ou retrouve l’herbarium, la bibliothèque et les bureaux du Botany Center (1). Des établissement illustres du jardin sont installés non loin comme le Ridley Hall et le Holttum Hall en cours de restauration pour devenir respectivement une future salle de classe et le musée des jardins. Le magnifique Swan Lake (2) et son île aux palmiers ainsi que le Ginger Garden (3) appartiennent également au Tanglin Core.

T

1

2

310

11

12

0 100

PLAN DES JARDINS BOTANIQUES DE SINGAPOUR

N

200 250m

NOG

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Au nord, le Bukit Timah Core accueille les Eco Gardens (4 - jardins économiques et écologiques) qui rassemblent des plantes utiles pour l’homme (fruitiers, épices, arbres à noix, herbes…) autour de l’Eco Lake (5). On y retrouve également les plus récents Jacob Ballas Children’s Garden (6) et Climbing Plants Garden (7 - plantes grimpantes) ainsi que le Plant Ressource Center (8 - pépinière principale des jardins).Aujourd’hui, les plans d’un Foliage Garden (jardin des feuillages) sont à l’étude. La Bukit Timah Gate (BT) marque la fin de l’extension des jardins et de leurs 63,7 hectares actuels. Elle débouche sur la toute récente station de MRT Botanic Gardens de la Circle Line inaugurée en 2011 et perçue comme un moyen d’attirer un nouveau type de visiteurs plus dynamiques.

Le Central Core fut lui pensé comme le périmètre le plus touristique afin de connecter au mieux les deux extrémités du site. Il regroupe ses attractions principales comme l’Evolution Garden (9), la Palm Valley (10 - une des plus grandes collections de palmiers rares en Asie), le Symphony Lake et sa Shaw Fondation Stage (11) pour les représentations en plein air, les six hectares de forêt tropicale primaire (12 - conservée depuis les débuts des jardins) et le plus récent Healing Garden (13 - plantes médicinales). Prévu pour août 2012, le Fragrant Garden (jardin des parfums) prendra place à côté du Healing Garden. Le Central Core se raccorde par ailleurs au célèbre National Orchid Garden (NOG) à l’ouest. La Nassim Gate (N), dernière des trois entrées principales des jardins, donne accès à ce périmètre en traversant le quartier général de NParks et le centre d’accueil des visiteurs (14).

BT

N

MRT

4

4

5

6

7

8

914

13

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Le pluriel imposé au nom des lieux prend alors tout son sens. Preuve de l’attachement national, les singapou-riens parlent même du site comme « The Gardens », laissant entendre qu’ils sont les seuls et uniques. Il est question aujourd’hui d’étendre les jardins à travers une forêt voi-sine, ancienne propriété du sultan de Johor. Un agrandissement non loin du National Orchid Garden qui contribuera certaine-ment à une fréquentation accrue des lieux, d’ores et déjà considérés incontournables avec leurs trois étoiles au Guide Michelin. Après 36 ans passés à la tête des jardins botaniques royaux de Kew, le Dr Nigel Taylor dirige maintenant les Jardins Botaniques de Singapour depuis septembre 2011. Comme il l’a fait pour le j ardin londo-nien, il souhaite faire classer au patrimoine mondial de l’UNESCO celui de Singapour.

Page 71: Rapport de stage - Jardins Botaniques de Singapour

Swan Lake

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Une histoire d’orchidées

Page 73: Rapport de stage - Jardins Botaniques de Singapour

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Depuis la création du jardin en 1859, les orchidées ont toujours été liées à son his-toire. On cultive alors ces plantes de la fa-mille des Orchidacées, une des plus grandes du règne végétal, pour l’intérêt scientifique de cette diversité. Des plants sont échangés à l’international afin d’augmenter la collection du jardin. A son arrivée au jardin en 1888, Ridley cherche à développer cette collec-tion en terme de quantité et de qualité et fait construire une deuxième maison d’orchidées du jardin. Afin d’assurer la floraison continue des espèces exposées, on installe un pépi-nière où poussent 5000 orchidées. En 1912, le catalogue du jardin rédigé par J.W. Ander-son recense 1739 espèces végétales sur le site dont 276 orchidées et 261 fougères. A la suite de Ridley, d’autres grands noms peuvent être cités pour leur investis-sement dans le programme des orchidées à l’image de Richard Eric Holttum, M.R. Hen-derson ou plus récemment Tan Chay San. Directeur des jardins de 1954 à 1957, J.W. Purseglove poursuit le développement du

programme qui débouche sur la création de l’Enceinte des Orchidées (Orchid Enclosure) en 1955. Initiée sous la direction d’Hender-son, cette enceinte a pour but de donner à voir toute la beauté des orchidées uniques du jardin mais également de présenter leur mode de culture. Cette enceinte des orchi-dées prenait place sur l’actuel Ginger Garden.

L’enceinte des Orchidées dans les années 1970Lieu d’exposition supplémentaire pour les jardins.

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Le Holttum Hall à ses débuts en tant que laboratoire

Burkill Hall, école d’horticulture en 1972

Le Burkill Hall aujourd’hui

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La Reine d’Angleterre Elizabeth II - 1972

Le Président du Portugal Aníbal Cavaco Silva - 2012

Le Premier ministre d’Australie Julia Gillard - 2012

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Les orchidées deviennent peu à peu le symbole ambassadeur des jardins et, plus généralement, le symbole du pays. Il apparaît alors comme évident que la re-nommée de ces plantes puisse être utilisée à des fins politiques, dans le but d’entre-tenir de bons rapports avec les pays du monde entier. C’est le début des céré-monies de nomination des orchidées en l’honneur de dirigeants célèbres lors de leur déplacement dans la ville jardin. En 1956 est nommée la première VIP (Very Important Plant) Orchid d’après la femme du gouverneur de Singapour : Aranthera Anne Black. Le pays gagne ainsi en recon-naissance en tant que centre d’excellence pour la culture d’orchidées, allant jusqu’à accueillir la quatrième conférence mon-diale des orchidées en 1964.

Face à l’urbanisation croissante des années 1970 et 1980 et la destruction des habitats naturels engendrée par celle-ci, le programme des orchidées prend un accent différent. On construit une pre-mière serre tempérée en 1972 pour pro-téger les orchidées sauvages menacées. A cette époque, le jardin commence à par-tager son savoir-faire avec les éleveurs locaux afin de stimuler de nouvelles hybridations et augmenter la production de l’île. L’école d’horticulture d’orne-ment ouvre ses portes dans les locaux du Burkill Hall en réponse à la demande de formation importante de la population de 1972 et Singapour en vient à fournir la majeure partie des fleurs coupées du marché des orchidées. Fin 1970, début 1980, leur exploitation rapporte 13 à 16 millions de dollars singapouriens annuels à l’économie du pays (1SGD = 0,61€ actuellement). Le jardin poursuit conti-nue la culture d’hybrides pour leur inté-rêt ornemental, les festivals d’orchidées ou les cérémonies de nomination avec le soutien d’un laboratoire mis en place en 1970 (celui-ci était déjà installé dans le Holttum Hall depuis 1922).

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PLAN DU JARDIN NATIONAL DES ORCHIDÉES

N

0 25 50 100m

1

Palm Valley

12

11

13

Symphony Lake

10

9

8

3

2

4

6

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Arrivé en 1990, le Dr Tan Wee Kiat apporte un fervent soutien à l’envie de NParks de faire des Jardins Botaniques de Singapour, l’un des plus beaux lieux du genre sous les tropiques. Il entame alors le développement du National Orchid Garden dans le but de répondre à l’engouement du public d’une part, mais également de satisfaire la recherche scientifique tout en soulignant l’ancienne tradition des jardins de conservation et de culture de ces plantes. Le jardin prend place à côté de la Palm Valley et du Symphony Lake, un site choisi pour sa facilité d’accès au public et la possibilité d’y installer de nombreuses variétés. Avec ses deux hectares accessibles au public, il peut en effet accueillir presque trois fois plus de plantes que son prédécesseur, ce qui en fait la plus grande et la plus complète exposition permanente d’orchidées en Asie.

Dessiné par Mr Jun-ichi Inada sous les directives de NParks, le National Orchid Garden cherche à répondre aux attentes du public le plus large. Le projet du paysagiste japonais propose une organisation du site selon les quatre saisons à travers différents jeux de cou-leurs. On retrouve de ce fait la prédominance du jaune et du rose clair pour le printemps (1 - délimité par des orchidées jaunes sur le plan ci-contre), du rouge et du orange pour l’été (2), celle du violet pour l’automne (3) et enfin le blanc et le bleu clair pour la saison hivernale (4). Dans cette dernière partie du jardin se situe un accès à la pépinière d’orchi-dées (5) qui étend ses deux hectares non accessibles au publicsur la face nord-est (marqué du symbole sur le plan ci-contre).

Le jardin comprend une collection d’orchidées rares et indigènes rassemblées dans un environnement simulant une forêt tropicale : l’Orchidarium (6). Outre ce lieu particu-lièrement intéressant pour la communauté scientifique, les amoureux du jardin peuvent apprécier la mise en scène en terrasses des orchidées du jardin. Les horticulteurs ont eux un aperçu des plantes tropicales utilisées pour embellir l’exposition tandis que des pan-neaux informatifs sont destinés aux étudiants et autres curieux qui désirent en savoir plus en terme de biologie et de mode de culture.

Autour d’un aménagement « à l’anglaise », le jardin développe un VIP Orchid Garden (7) à côté du Burkill Hall (8) comme le prévoyaient ses objectifs. Il développe également la Tan Hoon Siang Misthouse (9 - Maison de la brume) et sa collection de cultivars rares présentés parmi des feuillages tropicaux remarquables et des éléments décoratifs de la région. En plus de cela, on ajoute au National Orchid Garden la collection de Bromélia-cées de Yuen-Peng McNeice (10) qui regroupe 20 000 plantes de la famille de l’ananas et porte le nom de sa généreuse donatrice depuis 1994. L’ensemble est rendu accessible et confortable pour tous, offrant des lieux d’ombre et de repos autour de scènes végé-tales privilégiées. L’entrée unique du jardin (11) se trouve dans sa partie sud, et donne sur l’Orchid Plaza (12).

En janvier 2004, on installe la Cool House (13), remplaçant les deux anciennes serres prenant place non loin du Botany Center. A travers l’installation de cette nouvelle serre tempérée, le jardin souhaitait pouvoir étudier les orchidées rares et difficilement culti-vables au même titre que les pays des régions tempérées qui disposent de serres tropicales. Avec ses 8 mètres de hauteur et 320 m2 disponibles, elle recréée le climat des montagnes subtropicales à plus de 1200m d’altitude. Le double vitrage teinté installé ne laisse passer que 66% de la lumière du soleil et un contrôle automatique de la température permet de la conserver entre 25 à 29°C le jour et 15 à 17°C la nuit. Dans une mise en scène recréant des paysages naturels et leurs torrents, troncs végétalisés et une brume occasionnelle, la Cool House du National Orchid Garden rassemble 300 espèces d’orchidées et 150 espèces de plantes des climats tempérés.

Page 78: Rapport de stage - Jardins Botaniques de Singapour

Orchid Plaza

National Orchid Garden

National Orchid Garden

Page 79: Rapport de stage - Jardins Botaniques de Singapour

En grand supporter des jardins, Lee Kuan Yew inaugure le National Orchid Garden en octobre 1995, au même moment que la nomination de l’orchidée Ascocenda ‘Kwa Geok Choo’ en l’honneur de sa femme. Lors de la 17ème conférence mondiale des orchidées de 2002, le National Orchid Garden reçoit le prix de la meilleure exposition « paysagée » et obtient une médaille d’or pour sa qualité.

VIP Orchid Garden

Page 80: Rapport de stage - Jardins Botaniques de Singapour

Cool House

Misthouse Cool House

Bromeliad Collection

Page 81: Rapport de stage - Jardins Botaniques de Singapour

Aujourd’hui, le National Orchid Garden est la seule attraction payante du jardin. Malgré les premières réticences qu’a connue l’instauration de cette taxe, les singapouriens l’ont vite acceptée, comprenant que celle-ci était essentielle dans le développement de cette attrac-tion très spéciale qui améliorerait l’expérience des visiteurs. Une attraction favorable à la réputation du pays, et tout particulièrement, celle de son jardin.

Bromeliad Colllection

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ENSEIGNEMENT TROPICAL

Page 83: Rapport de stage - Jardins Botaniques de Singapour

Une expérience au rythme du «Singapore Weather»

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Page 84: Rapport de stage - Jardins Botaniques de Singapour

Dr Nigel TaylorDirecteur

Jardins Botaniques de Singapour

Dr Wong Khoon MengDirecteur assistantResearch and Conservation

Dr YamChef de département

Research and Conservation

Alan TanDirecteur député

Horticulture, Exhibition and Events1.

2.a

3.

2.bSimon Tan

Chef de départementNational Orchid Garden

Jonathan LamManager

National Orchid Garden Display

Officier HorticoleNizam & Siew Sim

David LimManager

National Orchid Garden Nursery

Officier HorticoleAmanda

2 laborantins

TechnicienAddakan, Ali, Said & Wee

3 ouvriers sous contract12 ouvriers sous contract

Mui HwangManager

Orchid breeding& conservation biotechnologies

Branches supplémentaires

1.- Education, Development and Administration support- Singapore Garden Festival- Visitors management, Security and Operations

2.b- Bukit Timah & Central Core, Elango Chef de département- Tanglin Core, Gary Chef de département

2.a - Systematic research and Editorial team- Herbarium conservation team- Library

3.- Molecular biology

Page 85: Rapport de stage - Jardins Botaniques de Singapour

Initialement, il était prévu que je sois assigné chaque semaine à une nouvelle partie des jardins : Botany Center, Arboriculture, Evolution Garden… Cependant, dans le but d’obtenir une spécialisation dans un domaine que l’on peut difficilement étudier en Europe, j’ai fait part à Alan, le directeur adjoint, de mon intérêt pour les orchidées. Afin de répondre du mieux pos-sible à mes attentes, il me plaça l’essentiel de mon stage à la pépinière du National Orchid Garden aux côtés de David Lim, afin d’ap-prendre à connaître ces plantes particulières, les soins à leur apporter, mais également le fonc-tionnement de la pépinière en elle même et son rôle au sein du jardin. Une fois cette période ter-minée, j’ai passé une semaine au laboratoire des jardins où Mui Hwang m’a enseigné les diffé-rentes méthodes de propagation des orchidées. Enfin, deux semaines m’ont été accordées au sein du National Orchid Garden avec Simon Tan durant lesquelles j’ai pu clôturer cet enseigne-ment en prenant part à l’entretien tout autant qu’à l’élaboration de l’exposition des orchidées, notamment à travers un projet d’aménagement qui m’a été confié. Pour conserver un dévelop-pement cohérent retraçant la croissance des orchidées de la germination à leur utilisation in situ, je commencerai par présenter mon passage au sein du laboratoire.

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Organisation

Dr Nigel Taylor

Alan Tan

Page 86: Rapport de stage - Jardins Botaniques de Singapour

Orchidée ?

Avant de commencer à présenter mes différentes occupations au sein du départementdu National Orchid Garden, voici un petit rappel sur la famille des Orchidacées.

La famille des Orchidacées est la plus grande des plantes à fleurs à travers le monde.On estime en effet que 25 000 à 30 000 des plantes à fleurs sont des orchidées (soit 8%).

Au sein de cette famille, on peut observer de grandes variantes en terme de :

Forme Taille Couleur

Page 87: Rapport de stage - Jardins Botaniques de Singapour

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Au sein de cette famille, on fait par ailleurs une distinction entre deux groupes suivant leur structure végétative et leur mode de croissance :

Les orchidées monopodiales ont une tige unique dont l’apex a le potentiel de se développer indéfiniment. L’extrémité de la tige, où sont produites les feuilles, et le pied de la plante, d’où s’étendent les ra-cines, sont les seules parties de l’orchidée à se développer. On trouve fréquemment les orchidées monopodiales dans les régions

tropicales aux averses fréquentes.

A l’opposé, les orchidées sympodiales produisent de nouvelles pousses chaque année à partir d’un rhizome. Elles peuvent de fait avoir plusieurs tiges dont l’épaisseur leur per-met de stocker eau et nutriments tout comme le font leurs pseudobulbes. Contrairement aux monopodiales, chaque tige dispose d’une croissance limitée après laquelle une nouvelle

se développe à la base de la précédente.

Monopodiales Sympodiales

Page 88: Rapport de stage - Jardins Botaniques de Singapour

Sépale

Colonne

Sépale

Pollinie OperculeCavité stigmatiqueVers la tige

Ovaire

Pétale latéral

Label

Pétale latéral

Sépale

Page 89: Rapport de stage - Jardins Botaniques de Singapour

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L’organisation typique d’une fleur d’orchidée se fait autour de trois sépales généralement semblables de taille, de forme et de couleur. Avec ces sépales, on retrouve également trois pétales dont l’un se distingue clairement des deux latéraux : le label. Sa forme différente lui permet de tenir le rôle de plateforme d’atter-rissage pour les agents pollinisateurs. La plu-part du temps, les fleurs d’orchidées sont her-maphrodites, disposant d’un organe mâle et d’un organe femelle sur une même fleur. On les retrouve généralement rassemblés au sein d’une structure unique nommée la colonne.

La grande majorité des orchidées est pollinisée par des insectes, parfois par des oiseaux. Ces agents pollinisateurs voient la fleur d’orchi-dée comme une source de nourriture ou un compagnon potentiel. En se posant sur le la-bel, l’agent en question se frotte aux anthères collantes de l’orchidée dont il aura de grandes chances de déposer le pollen dans le stigmate d’une même espèce de plante.

La pollinie est petit globule contenant le pollen des orchidées. Cet ensemble se situe dans l’apex de la colonne, juste devant la cavité stigmatique de la fleur et se voit protégée de l’environnement externe par l’opercule, un module prévu pour se détacher facilement au contact d’un agent pollinisateur. Enfin, l’ovaire de la fleur d’orchidée relie sa colonne à la tige de la plante. La majorité des orchi-dées entame une rotation de la fleur à 180° quelques jours avant son ouverture. Ce pro-cédé appelé « résupination » permet au label de se retrouver dans la partie basse de la fleur et donne à l’ovaire son apparence vrillée.

Le pollen va alors germer dans le stigmate de la fleur d’une même orchidée ou sur un pied différent, et ses gamètes mâles seront transférés vers l’ovaire où sont situés les gamètes femelles. S’en suit la formation de graines, les plus petites et les plus nom-breuses du règne végétal, qui se dispersent par anémophile lorsque la gousse s’ouvre par déhiscence.

Page 90: Rapport de stage - Jardins Botaniques de Singapour

Une fois au sol, la graine d’orchidée ne peut germer qu’en présence d’un cham-pignon symbiotique spécifique. Les graines sont en effet trop petites pour pouvoir pré-lever les ressources énergétiques nécessaires à leur germination. Une fois le champignon pénétré dans la graine, il va la nourrir de ses propres sécrétions de nutriments provenant de la dégradation des glucides présents dans le sol. La graine est alors capable de protéger le champignon dont le mycélium s’installe dans les racines naissantes. On peut donc parler d’un champignon mycorhizien.

Page 91: Rapport de stage - Jardins Botaniques de Singapour

En milieu naturel, on distingue deux types d’orchidées, les orchidées terrestres et les orchidées épiphytes. Chacune a dévelop-pé différents mécanismes lui permettant de concurrencer les autres plantes dans de nom-breux habitats.

Par exemple, le vélamen (voile de cellules mortes à la surface des racines) est connu pour permettre à la plante de retenir l’eau durant les averses et de la restituer len-tement en période sèche telle une éponge. Ses teintes blanches-argentées lui permettent également de réfléchir la lumière du soleil, protégeant ainsi les racines des trop fortes températures.

Outre leur fonction nutritive, ces ra-cines vont par ailleurs permettre à la plante de se fixer solidement à tout support (roche, écorce…). Certaines orchidées épiphytes ont la particularité de développer des racines du même type que les orchidées terrestres, les leurs se parant de chevelu une fois pénétrées dans de la mousse ou dans le sol.

Enfin, pour réduire les pertes en eau, certaines orchidées épiphytes disposent de feuilles succulentes à la cuticule très épaisse qui recouvre les stromas. Celui-ci ne s’ouvre que durant la nuit pour effectuer les échanges gazeux indispensables à la plante, lorsque l’air est plus frais et humide. La distinction entre épiphytes et terrestres ne peut se limiter à l’observation du mode de croissance, particulièrement sous les tro-piques où l’on retrouve des orchidées ter-restres dans les arbres et certaines épiphytes sur des rochers.

Les vraies orchidées terrestres ne représentent que 25% de la totalité des es-pèces de la famille. Elles se répandent princi-palement dans des climats tempérés où elles disparaissent complètement à l’approche de l’hiver, ne gardant que quelques tubercules sous terre pour entamer un nouveau cycle de croissance au dégel. La survie des épiphytes est impossible dans ces conditions et inverse-ment, les orchidées terrestres perdront leurs feuilles durant la saison sèche pour protéger leurs réserves d’eau si elles sont introduites sous un climat tropical.

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In vitro

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Mui Hwang

Responsable de la culture des orchidées au laboratoire des jardins.

Je suis resté une semaine à ses cô-tés au cours de laquelle elle a pris le temps de me présenter les différentes méthodes de multiplication et modes de culture de ces plantes, tout en m’enseignant l’art du mouvement en laboratoire et toute la patience que ce

travail demande.

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Depuis 1922, le laboratoire assure la multiplication et l’élevage de jeunes plants pour les Jardins Botaniques de Singapour. Il est alors établit au sein de l’Holttum Hall et ne prend place dans les locaux du Botany Center qu’en 2006. Sa mission de produc-tion de nouveaux hybrides pour le National Orchid Garden et ses cérémonies de nomina-tion, mais également celle de multiplication des plantes difficilement cultivables pour le Plant Ressource Center lui confèrent un rôle majeur dans le bon fonctionnement des jar-dins. A l’échelle nationale, ce laboratoire est également impliqué dans le programme de conservation et de réintroductions d’espèces menacées ou éteintes sur le territoire en col-laboration avec la branche « Biodiversité » de NParks. Outre cette mission d’élevage, il assure une fonction commerciale pour les jardins en proposant des services de clonage d’orchidées pour les particuliers (pour de grosses quantités) et en destinant certaines de ses cultures à la vente. Dirigé par le Dr Yam, le laboratoire s’organise sur deux étages. Le rez-de-chaussée comprend une salle de préparation des solu-tions de cultures séparée d’une salle de trans-fert, d’une salle de mélange et d’une salle de culture par un sas de propreté. Excepté le sas

de propreté, ont peut observer l’ensemble de ces salles depuis l’extérieur. Le premier étage est occupé par le laboratoire de recherche moléculaire et sa banque de graines ainsi qu’une chambre d’acclimatation et une salle de culture pour les plantes ornementales. Pour assurer l’hybridation continue de nouvelles espèces, le Dr Yam travaille de pair avec d’autres éleveurs du National Orchid Garden que sont Simon Tan et David Lim, les seuls autorisés à effectuer des croisements. Régulièrement, les graines produites par les orchidées sont récoltées à la pépinière du National Orchid Garden et envoyées en culture au laboratoire. En contrepartie, le labora-toire fournit chaque mois à la pépinière une cinquantaine de ses fioles de cultures prêtes à êtres rempotées (environ vingt plants par fiole).

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Dans un environnement naturel, nous avons vu que les graines d’orchidées nécessitaient la présence d’un champignon pour entamer leur processus de germination. Au laboratoire, on parvient à cultiver les orchidées sans recourir à ce champignon propre à chaque espèce. Grâce à une solution de culture artificielle, on place la graine dans un environnement très riche aux ressources facilement assimilables qui lui per-met de se passer de champignon. Cependant, les plus grandes précautions sont de rigueur

pour assurer la stérilité de ce support.

Différentes solutions de cultures sont pré-parées au laboratoire répondant aux besoins spécifiques de chaque plante : orchidée, plante ornementale, stade de croissance… Je vais pour cette raison me limiter à la présentation et préparation de la solution la plus utilisée lors de la culture d’orchidées in vitro pour ses propriétés fertilisantes : la PCB (Potatoe Coco-nut Banana). Ce nom désigne les ingrédients rajoutés au fertilisant présent dans toutes les solutions du laboratoire : le VW Salt (Vacin & Went). Par ailleurs, cette recette est plus inté-ressante à détailler que d’autres solutions plus

sommaires.

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Pour préparer 7 litres de solution PCB, vous aurez besoin de :

• 700 ml de VW Salt

• 7 g de charbon actif (matériau absorbant, capable de retenir les sécrétions toxiques des orchidées)

• 700 ml de lait de coco (forte concentration en cytokinine utile pour la croissance)

• 700 g de pomme de terre

• 700 g de banane

• 70 g de poudre d’agar agar

• 100 ml de Sulfate de manganèse monohydraté - (MnSO4, H2O) à 0,84 g.L-1

• 100 ml de Diphosphate de potassium - (KH2PO) à 25 g.L-1

• 100 ml d’un mélange d’EDTA (acide à 3,724 g.L-1) et de Cristal de sulfate ferreux heptahydraté - (FeSO4, 7H2O) à 2,784 g.L-1

• 100 ml de Tricalcium de phosphate - (Ca3(PO4)2) à 20 g.L-1

• 100 ml de Sulfate de magnésium heptahydraté - (MgSO4, 7H2O) à 51,18 g.L-1

• 100 ml de Sulfate d’ammonium - ((NH4)2SO4) à 50 g.L-1

• 100 ml de Nitrate de potassium - (KNO3) à 52,5 g.L-1

une solution commerciale à préparer soi même pour de grosses quantités mais que l’on trouve également prête à l’utilisation en petite fiole. En laboratoire, on mélange ses différents composants à part égales :

Une fois votre préparation terminée, n’oubliez pas d’entreposer vos flasques sur une surface horizontale pour permettre à la solution de culture de se gélifier correctement.

NB : Ceci est le détail de la préparation de la solution de culture pour des orchidées majo-ritairement destinées à une exploitation horticole directe. Pour s’assurer du bon rendement et de la qualité de leur culture, à des fins commerciales ou scientifiques par exemple, les ingrédients et leurs concentrations peuvent varier.

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A l’aide d’une éprouvette graduée, commencez par préparer les 700 ml de VW Salt puis diluez le mélange obtenu avec de l’eau jusqu’à obtenir 1L de solution.

Diluez les 7 g de char-bon actif et les 70 g de poudre d’agar agar dans 1L d’eau puis mélangez l’ensemble de vos solu-tions et ajoutez 2L d’eau afin d’obtenir vos 7L de solution finale.

Diluez les 700 ml de lait de coco avec de l’eau jusqu’à obtenir 1L de solution.

Versez entre 2 et 3 cm de solution dans vos flasques étiquetées et refermez les sans tarder avec des feuilles d’alu-minium puis stérilisez l’ensemble à l’autoclave par un cycle à 121°C.

Passez les 700 g de banane au blender puis diluez la mixture obtenue avec de l’eau jusqu’à obtenir 1L de solution.

Laissez sur le feu une quinzaine de minutes après ébullition en prenant soin de remuer votre mélange régulière-ment.

Découpez en petits morceaux les 700 g de pomme de terre. Placez les morceaux obtenus dans un récipient gradué et compléter avec de l’eau jusqu’à obtenir 1L de solution.

Ajustez le pH de votre solution à 5.5 à l’aide d’acide chloridrique (HCl) pour le dimi-nuer ou d’hydroxide de sodium (NaOH) pour l’augmenter.

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La solution PCB précédemment détaillée est particulièrement utilisée pour la plantation ou la transplantation (que l’on ap-pellera ici « transfert ») de plantes ayant suf-fisamment développé leur appareil végétatif. Pour les sujets plus frêles ou pour le semis de graines, on utilisera une solution moins éla-borée : la VW75. Les quantité de VW Salt et d’agar agar qu’elle contient sont les mêmes que pour la PCB auxquelles on ajoute uni-quement 75 ml de lait de coco (pour 1L de solution). L’absence de charbon actif ex-plique sa couleur plus claire.

Vous aurez donc recours à la solution VW75 si vous souhaitez semer vos graines d’orchidées. Une fois les gousses matures récoltées sur votre plant, il est important de distinguer deux cas de figures impliquant deux procédures de stérilisation différentes : la gousse est hermétiquement refermée autour des graines ou la gousse est fendue et les graines au contact de l’environnement externe.

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Dans les deux cas de figure, le début de cette manipulation reste le même. Une fois vos instruments stérilisés installés dans votre hotte stérile nettoyée à l’alcool, vos mains lavées et votre blouse enfilée, lavez délicatement au savon neutre la paroi de la gousse à l’aide d’un pinceau. Notez que vos mains pourront être lavées aussi souvent que possible pour tout type de manipulation en laboratoire, à l’évier avec du savon ou à votre hotte avec de l’alcool pour plus d’efficacité.

Une fois installé à votre hotte, seules vos mains seront autorisées à pénétrer dans l’enceinte stérile. Merci de bien vouloir gar-der tous les membres de votre corps et toute effusion interne pouvant porter atteinte à la stérilisé de votre environnement de travail en dehors de la cabine. Prenez garde par ailleurs à éviter tout croisement de vos mains au des-sus des éléments stériles manipulés.

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Si la gousse est hermétiquement fermée

La gousse préalablement nettoyée au savon peut alors être placée quelques minutes dans de l’alcool à 95°. Cinq minutes suf-fisent pour cette gousse, la durée peut varier en fonction de sa taille et de sa forme.

Si la gousse est fendue

Sa stérilisation ne peut donc pas se faire directement par immersion dans l’alcool qui risquerait d’endommager les graines. Diluez alors 1 ml d’eau de javel dans 29 ml d’eau et homogénéisez correctement le mélange. Immergez la graine dans cette nouvelle solution et attendez de 5 à 10 mn pour que le processus de stérilisation opère.

Durant cette stérilisation, vous pouvez préparer un nouveau plan de travail encore plus sté-rile que celui de la hotte. Pliez les bords de deux feuilles d’aluminium superposées et passez les au bruleur à l’aide d’une pince brucelle (elle aussi préalablement passée au bruleur après

trempage dans l’alcool).

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Il est alors temps de récupérer votre gousse placée dans l’alcool ou dans l’eau de javel diluée et de la déposer sur votre feuille d’aluminium. Pratiquez une incision franche mais délicate sur toute la longueur de la gousse à l’aide d’un scalpel et ouvrez-la toujours avec vos instruments. Stérilisez le col d’une flasque contenant la solution VW75 avant et après avoir enlevé la protection en aluminium. Pla-cez celle-ci le plus loin de toute contamina-tion, entendez le fond de votre plan de tra-vail. Vous pouvez alors semer les graines sur le support de culture en plaçant la gousse au dessus du goulot et en les aidant éventuelle-ment à se détacher avec votre scalpel.

Refermez votre flasque avec son cou-vert d’aluminium passé au bruleur que vous entourerez d’un film de cellophane. Vous pouvez maintenant étiqueter, stocker votre flasque et vous armer de patience. La germi-nation peut aller de quelques jours pour le genre pour le genre Dendrobium à plusieurs mois pour les Vanda. Au cours de leur crois-sance en flasque, les orchidées cultivées subi-ront deux à trois transferts en moyenne au cours desquels elles seront amenées à changer de solution. Lorsque leur taille est jugée suf-fisante, les jeunes plants sont remis à la pépi-nière du National Orchid Garden.

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In carbo

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David Lim

Gérant des pépinières du National Orchid Garden.

Il est installé au sein de la pépinière du National Orchid Garden et chargé de la gestion des deux autres pépinières

d’orchidées du jardin.Je suis resté un mois à ses côtés durant lesquels ce spécialiste n’a cessé de m’enseigner la complexité de cette famille de plante à travers des travaux pratiques

ou à travers certains de ses cours.

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dues, ou encore installées dans des parterres pour les orchidées terrestres. David Lim est le gérant de cette pépinière au même titre que celle de Peirce Road et Pasir Panjang. Les plantes qu’il reçoit proviennent principalement du laboratoire mais également de pépinières commerciales ou d’échanges. Il est tenu d’assurer l’approvi-sionnement en orchidées du National Orchid Garden et ses cérémonies de nomination, mais il est également en charge d’effectuer différentes hybridations en collaboration avec le laboratoire (plusieurs plantes n’y étant stockées que pour leur multiplication). Seule une petite quantité des orchidées cultivée est destinée à être vendue à des pépinières com-merciales par NParks.

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Dès le début des travaux du National Orchid Garden en 1992, on développe en pa-rallèle ce qui deviendra sa pépinière princi-pale. D’une surface d’un hectare, elle prend place non loin de la Cool House et rassemble près de 50 000 plantes allant du jeune semis à la plante adulte. L’accès principal de la pépinière est situé sur Tyersall Road, une rue peu fréquentée en périphérie du jardin, et deux accès aux jardins sont par ailleurs pré-sents (le premier au niveau de la Palm Valley et le second la relie au National Orchid Gar-den). La pépinière rassemble deux bâtiments administratifs. L’un où se situe le bureau de David Lim, attenant au potting shed (hangar de mise en pot) tandis que l’autre est occupé par Simon Tan et son équipe du National Orchid Garden dans la partie haute de la pépi-nière. On retrouve également deux maisons d’ombre avoisinant les 1000 m2 (50x20m) dans lesquelles sont stockés en priorités les jeunes semis (l’intensité lumineuse y est ré-duite de 20%). Le site est divisé en six ensembles de gestion différents : les espèces naturelles, les jeunes semis et les aires A, B, C et D. Le stockage des orchidées se fait majoritaire-ment sur des bancs mais certaines orchidées comme le genre Vanda peuvent être suspen-

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Du fait de la proximité de la pépinière avec le laboratoire, c’est ici que son acclima-tés les jeunes semis en cultivés in vitro avant d’être mis en pot pour la première fois. Faute d’espace disponible, ces semis sont la plupart du temps redirigés vers les deux pépinières satellites le temps de leur croissance avant de revenir pour une éventuelle exposition. Ce problème d’espace questionne aujourd’hui quant au mode de culture des orchidées. Un système d’agriculture verticale va être mis à l’essai dans les prochains jours, il permet-trait d’optimiser l’espace en cultivant verti-calement les jeunes semis dans un premier temps. Ce système se présente sous forme de modules de 3 mètres que l’on peut em-piler jusqu’à 9 mètres (compter 9000 SGD par module). Les plantes y sont installées sur des étagères tournant autour d’un axe avec une révolution de huit heures. Ce système a fait ses preuves pour la culture de légumes et l’arrosage automatique qu’il propose serait par ailleurs un gain de temps dans la gestion des plantes de la pépinière. Cependant, son efficacité n’a pas encore été prouvée pour les orchidées, celles-ci appréciant luminosité et stabilité constantes. Peirce Road Depot Nursery

Pasir Panjang Nursery

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Pour la pépinière du National Orchid Garden, David Lim subordonne

1 Officier en Horticulture chargé de la partie administrative des trois pépinières

4 Techniciens en paysage chacun chargé d’un domaine particulier (jeunes pousses, plantes épiphytes, mise en pot…)

3 Ouvriers sous contrat chargés de la pulvérisation des engrais et pesticides ainsi que de l’entretien de la pépinière

Cette pulvérisation est effectuée quotidiennement de 7h00 à 8h30, parallèlement à celle du National Orchid Garden avant l’arrivée du public. Un périmètre de gestion différent est pulvéri-sée chaque jour d’un mélange incluant fertilisants, fongicides et plus récemment insecticides sous forme de poudre (les insecticides étaient longtemps vendus sous forme d’huile deman-dant une pulvérisation séparée). Les plantes cultivées étant amenées à entrer en contact avec le public, les pesticides utilisés sont de classe III, la plus inoffensive avant la lutte biologique. Le vendredi est consacré à la lutte contre les moustiques (très soutenue dans le pays) tandis

que le travail du week-end se limite à un arrosage matinal.

On relève plusieurs types de concentration (N.P.K) sont épandus selon les besoins de la plante :

10 10 10 respectivement pour la croissance de la plante, sa fructification, le développement de sa fibre et de ses racines. Réservé aux plants de 6 à 8 mois une fois par semaine.

21 21 21 une fois passés les 6 à 8 mois, une concentration plus forte toujours une fois par semaine

30 10 10 une fois par mois pour les jeunes plants

13 27 27 + ETM une fois par mois pour stimuler la mise à fleur et la fructification des plants adultes. Avec ce dosage, on cherche par ailleurs à consolider les tissus de la plante pour supporter le poids des fruits. Les éléments traces métalliques (ETM) comme le cuivre vont permettre de révéler la couleur des fleurs.

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Supports de culture :

Le charbon

du bois à moitié brûlé dont la combus-tion étouffée avec le l’eau lui confère une résistance accrue. On le préfère de ce fait à l’écorce de bois qui a également pour défaut sa capacité de rétention d’eau plus élevée.

L’écorce

d’arbre ou de fougère arborescente. Elle offre un support léger et poreux que l’on peut facilement suspendre pour les plantes épiphytes.

Le sol brûlé

sa stérilisation à haute température qui lui donne sa couleur rouge lui permet d’être utilisé pour la culture des orchi-dées terrestres

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De la flasque au pot commun :

Une fois réceptionnées, les flasques du laboratoire sont entreposées en extérieur pour une acclimatation d’une semaine minimum. Une fois cette période écoulée, il est alors possible de procéder au premier rempotage des jeunes semis.

Séparez les petites pousses des plus grosses. Ces der-nières seront placées par vingt ou trente dans un pot commun remplis à moitié de charbon préalablement lessivé à l’eau claire. Les plus petites en revanche pour-ront être disposées sur un lit de sphaigne ou de charbon fin dans un petit panier. Etiquetez et stockez !

Pour ce faire, commencez par sortir délicatement les orchidées des flasques de culture (il est préférable de s’aider d’un crochet). Une fois rincées et débarrassées de leur support de culture, plongez les une minute dans un fongicide liquide.

Le processus de croissance est beaucoup plus long une fois les orchidées arrivées à la pépinière. Les jeunes semis fraichement transplantés sont alors conservées dans une maison d’ombre jusqu’à ce qu’ils développent suffisam-ment leur appareil végétatif.

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En moyenne, ils resteront en pot commun pour une durée de trois mois. Après cela, on les trans-plante en petits pots par trois ou quatre maximum durant six mois. Ils obtiennent alors leur indé-pendance en pot unique pendant huit mois avant d’être transplantés en gros pot pour leur floraison.

Cette dernière mise en pot commence générale-ment par un nettoyage du système racinaire. On ne laisse au pied de cette monopodiale que trois racines qui lui suffiront dans la poursuite de sa croissance. L’incision au sécateur peut-être faite un peu en dessous de la troisième racine de sorte à fournir un support stable à la plante. On en pro-fite également pour retirer les éventuelles feuilles jaunes de la plante.

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Ici, on a choisi de présenter les orchidées par paires dans un pot en argile préalablement remplis de quelques morceaux de charbon. On insère des morceaux supplémentaires autour des pieds en s’assurant régulièrement de leur bon ancrage. Une couche de copeaux de bois peut ensuite être dispo-sée en surface pour ses propriétés de rétention en eau et d’aération ainsi que dans le but d’obtenir des finitions plus esthétiques si le pot est exposé.

Une fois cette transplantation terminée, les orchi-dées sont stockées dans la pépinière jusqu’à l’âge adulte. Il faudra encore attendre un minimum de huit mois avant la floraison du genre Dendrobium et parfois plus d’un an pour les Vanda. Les plante pour-ront alors être sélectionnées pour exposition dans le VIP Orchid Garden, le Celebrity Orchid Garden, l’Heritage Garden, la Misthouse, la Cool House ou encore un des nombreux massifs du National Orchid Garden. Une pépinière commerciale sous contrat est par ailleurs chargée d’assurer la fourniture et le renouvellement fréquent des orchidées de certaines parties du jar-din. Les changements de plantes exposées se font généralement le vendredi au matin pour un jardin resplendissant dès le début du week end.

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In situ

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Simon Tan

Chef du département National Orchid Garden.

Installé dans la pépinière du National Orchid Garden, il est chargé de

la gestion des pépinières et du National Orchid Garden en lui même.

Je suis resté un peu plus de deux semaines à ses côtés durant lesquelles Simon m’a permis de clôturer mon enseignement sur les orchidées en

étudiant leur utilisation in situ.

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Durant mes deux dernières semaines de stage, j’ai pu prendre part à l’élaboration autant qu’au main-tien de l’exposition d’orchidées du National Orchid Garden. Différentes tâches m’ont été confiées à commencer par l’entretien des massifs compre-nant du désherbage manuel, de l’éclaircissage ou encore de la taille de formation pour les arbustes. J’ai également participé à la décoration d’un stand pour la cérémonie de nomination en l’honneur du président portugais ainsi qu’à la disposition de nouvelles plantes dans la Misthouse chaque vendredi matin avant l’arrivée des touristes.

D’autre part, on m’a chargé de la plantation de quelques Rossioglossum grande dans la Cool House, une orchidée provenant des montagnes d’Amé-rique Centrale. L’objectif de la serre tempérée étant de recréer l’environnement naturel des végé-taux qu’elle expose, le plus grand soin est de rigu-eur lors de ce type de plantation pour simuler une croissance spontanée (disposition aléatoire tout en mettant les fleurs en valeur, utilisation de mousse et de sphaigne, dissimulation des fils d’attache…).

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Jonathan m’a éga-lement confié la réalisation de deux parterres d’orchi-dées. Il m’a laissé libre dans la disposition et l’installa-tion des rangs de tuteurs qui donneraient le futur mouvement de ces massifs et libre également de faire ma sélection en pépinière parmi les végétaux à utiliser. J’ai donc cherché une com-position équilibrée entre les tailles et stades de floraison de chaque plante afin de les exposer de façon homogène en continuelle floraison.

Pour réaliser ces deux massifs, Jonathan m’a remis la gestion de son équipe de deux jardi-niers. Pendant que j’orga-nisais les futurs massifs, ils étaient chargés de la récolte et de la mise en place des briques pour le drainage et des copeaux de bois en sur-face pour la protection des racines et le maintien de l’humidité. Après deux jours de travail, le massif de Mo-kara Chao Praya Beauty et celui de Mokara Chao Praya Dot Com étaient approu-vés par Simon et Jonathan.

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Pour terminer ce stage, Simon m’a offert l’opportunité de travailler sur le projet d’aménage-ment du nouveau Celibrity Orchid Garden du National Orchid Garden. A la différence du VIP Orchid Gar-den qui regroupe des orchidées nommées d’après des personnalités politiques, le Celibrity Garden ras-semble des orchidées nommées d’après des per-

sonnalités célèbres et/ou de renommée artistique (chanteurs, peintres, écrivains…). Aujourd’hui, il est prévu de créer une annexe du VIP Orchid Gar-den à l’endroit où s’établit l’actuel Celebrity Garden. Ce dernier sera alors déplacé à un autre emplace-ment du National Orchid Garden, emplacement que Simon me demande d’aménager.

L’actuel Celebrity Orchid Garden

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Cartes de localisation du nouvel emplacement

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3

1

Golden Cage

Emprisedusite

Forêt

N

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Le site en question se trouve en bordure sud du jardin, quelques mètres au dessus de l’en-trée des visiteurs. Il est bordé de deux massifs et s’adosse à un petit boisement non loin de la Golden Cage qui rassemble des orchidées riches en couleur. Aujourd’hui, cette parcelle quelque peu délaissée, comprenant deux grands troncs d’arbres partiellement recouverts d’orchidées est traversée par un chemin de terre n’apparaissant pas sur le plan du site. Depuis les deux allées qui la bordent, il est possible de voir l’ensemble de

son contenu, ce qui diminue l’intérêt que l’on peut trouver à la visiter. De plus, son implan-tation complexe à l’intersection de trois allées du jardin n’a pas été correctement traitée. Elle s’impose donc difficilement dans un parcours logique au sein du jardin. Pour finir, les deux troncs d’arbres morts laissés sur cette parcelle ne contribuent pas à une bonne compréhension de l’espace qu’elle occupe. Ces deux troncs donnant plus l’impression d’une continuité de la forêt dans le National Orchid Garden.

1 243

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Recherche d’une forme

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Durant la prise des mesures je n’ai vu personne s’aventurer sur cette parcelle, et ce n’était pas faute de fréquentation. Simon souhaite donc faire de ce lieu une scène d’ex-position pour les orchidées célèbres qui s’inscrit entièrement dans l’esprit et la logique du National Orchid Gar-den. Par ailleurs, ce jardin devra par-venir à concilier son côté moderne avec le dessin d’origine du site. Pour finir, Simon souhaite également trouver un nouveau moyen d’expo-ser ces orchidées aux visiteurs. Il m’a donc demandé de réfléchir à un nouveau moyen de les présenter et pourquoi pas, un nouveau système d’affichage qui s’éloignerait des clas-siques et vieillissants losanges infor-matifs du National Orchid Garden. Les contraintes de l’emprise du nouveau jardin sont celles des parcelles avoi-sinantes mais il reste possible de s’établir un peu plus dans la forêt, les orchidées appréciant la mi-ombre.

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Ce projet repose sur le concept d’une galerie d’art en extérieur. Ses limites redessinées pour s’inscrire dans le mouvement général du site, reprennent schématiquement la courbe de deux demi-cercles concentriques. Cette forme du demi-cercle est par la suite déclinée à l’inté-rieur même du jardin pour définir ses massifs et différentes alcôves. Chacune de ces quinze alcôves est destinée à exposer une orchidée cé-lèbre en pot ou en pleine terre et l’alcôve cen-trale est un écrin de verdure offert au public. Il se compose de deux bancs courbes et d’une fon-taine laissant échapper un filet d’eau vers la forêt permettant de révéler l’axe majeur du jardin. Au sol, des dalles carrées jointées de verdure pla-cent ce lieu à mi-chemin entre la spontanéité de la forêt et l’exposition artificielle du National Orchid Garden. Les deux troncs d’arbres morts ne sont pas conservés mais trois nouveaux arbres en pleine santé sont prévus aux endroits clefs de la parcelle. Un arbre pour chacune des entrées qui ont été reprofilées et s’inscrivent maintenant dans un parcours logique. Le troisième implanté sur l’axe, face à l’écrin des visiteurs. Pour finir, le massif nord joue un rôle d’écran depuis l’exté-rieur à l’aide d’une végétation haute et dense, at-tisant la curiosité des visiteurs quant au contenu du Celebrity Orchid Garden.

Avant mon départ, Simon s’est dit convaincu par ce projet qui pourrait être réalisé sans ses grandes lignes lors de la levée des fonds néces-saires. Mes derniers croquis furent consacrés à la recherche d’un nouveau moyen d’exposer les

orchidées célèbres du National Orchid Garden.

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Plus qu’une poignée de jours avant mon départ.Dans la nuit de jeudi soir prendra fin cette expérience humaine et professionnelle.

Plus qu’une poignée de jours avant que ce paysage ne commence à s’effacer.Dans l’obscurité des pistes, je quitterai Singapour comme que je l’ai rencontrée.

Le paysage mental de la ville jardin reprendra peu à peu ses droits dans mon esprit.Progressivement, il effacera les contours de ce décor jusqu’à rencontrer la résistance de mes souvenirs les plus forts.

Lieu de vie, lieu de travail et le chemin qui les séparent.La superposition d’images quotidiennes rend ces lieux moins vulnérables.

La photographie, barrière indiscutable contre le paysage mental.Il est pour lui impossible de pénétrer les limites intangibles de mes clichés.

Difficile d’apporter une conclusion à cette expérience parallèle dans laquelle je me suis lancé.Actuellement, je pense n’en être qu’à son introduction.

Deux mois à étudier la question et à échanger avec les intéressés.Je ne suis persuadé que d’une chose, c’est qu’elle à un sens.

Ces paysages que nous composons avant de les rencontrer découlent de notre vécu.Ils font appel à des éléments marquants de notre existence, issus de bons ou de mauvais souvenirs.

Le paysage mental oscille donc entre les idéaux et les craintes de chacun.Si l’on parvient à les identifier et les comprendre, alors peut-être serons-nous capables de façonner le paysage d’une façon nouvelle.

Page 132: Rapport de stage - Jardins Botaniques de Singapour

Be in the backstage of the gardens, Nasi Lemak, The quiet suburban d istr ict

of Hol land, Rot i Prata, These beaut ifu l meet ings, Laksa, Discovering

new orchids every day, Dumpl ing Noodles, Forget the a ir con and

imagine themselves in a cold country, This feel ing of cont inued safety,

Teh Hal ia, This MRT so clean and punctual , Fishbal l Noodles, These

buses beyond comprehension, Char Siew Hor Fun, These unident if iable

noises from nature, Recognize french people even before hear ing them

ta lk ing, Prawn Noodles, Be awakened by a thunderstorm at n ight and

fa l l asleep aga in, Teh Tarik , The unexpected blue electr ic l ightn ing of

the k ingf isher, These pictures just to compare its size to mine, Bao,

Feel ing the ag itat ion around you when the ra in is coming, These smal l

d iscussions with v isitors of the gardens, Kopi, Coexistence of a l l these

cu ltures, You want chi l i ?, Fresh a ir after a thunderstorm, Yes sure ! , The

Al ibaba grotto of Mustafa Center, Durian, Order a d ish at random in a

food court , Green mi lked tea with pearls, The ant i-terrorism videos of

the MRT, Glass Noodles, Eat for a pit tance, The endless cacophony of

cicadas, Wanton Noodles, These tr ips into the unknown, Relat iv ise the

sense of heavy ra in, These moments wait ing for the r ight one my eye into

the camera v iewf inder.

Time Capsule

Page 133: Rapport de stage - Jardins Botaniques de Singapour

Thank you la !First of all, I would like to thank you

Nigel Taylor, Director of the Singapore Botanic GardensFor his familiar accent and without whom this internship would not have been possible

And particularlyAlan Tan, Deputy Director

For Malaysia, Gardens by the Bay and all this trips when I was more a tourist than a student

Uncle David Lim, Manager of the nurseries of the National Orchid GardenFor his smile and pedagogy

Mui Hwang, Manager at the laboratoryFor this chilhood dream she allowed me to achieve in white lab coat

Simon Tan, Head of the Department National Orchid GardenFor his trust and education

Jonathan Lam, Manager at the National Orchid GardenFor the Chinese and Japanese gardens, Laksa and his human tree

Yves Barbeau, my host during these two months who made my life much easierFor these lunches and dinners, stories and memories, his bike and readings

&Jacqueline Ong, his partner

For the sweet potatoes with ginger and her advices to dry my clothes at Singapour

I also want to thank you Nizam for the begonias, Murphy for his patience and the snowing ball, Siew Sim for her green fingers and all that Simon has to ignore, Keith for the marimo,

Garry for his bad jokes, Ada for the trees, Lahiru for the herbarium, Elango for his availability,Wee for our morning bike races, Shamril for Sungei Bulloh and Amanda for her joie de vivre

And to anyone that I might forget,for their warm welcome and their involvement into this unforgettable internship.

Page 134: Rapport de stage - Jardins Botaniques de Singapour

Etre dans les coul isses des jard ins, Nasi Lemak, Le ca lme pavi l lonaire

de Hol land, Rot i Prata, Ces bel les rencontres, Laksa, Découvrir de nou-

vel les orchidées chaque jour, Dumpl ing Noodles, Oubl ier l’a i r condit ion-

né et s’imaginer dans un pays froid, Ce sent iment de sécurité constante,

Teh Hal ia, Ce MRT si propre et ponctuel , Fishbal l Noodles, Ces bus si

incompréhensibles, Char Siew Hor Fun, Ces bru its de la nature non iden-

t if iables, Reconnaître des français avant même de les entendre, Prawn

Noodles, Etre revei l lé par un gros orage en pleine nuit et se rendormir au

sec, Teh Tarik , L’écla ir bleu électr ique inattendu du mart in-pêcheur, Ces

photos juste pour comparer sa ta i l le à la mienne, Bao, Ressent ir l’ag ita-

t ion autour de soi à l’ approche d’une averse, Ces pet ites d iscussions avec

les v isiteurs, Kopi, La cohabitat ion de toutes ces cu ltures, vous voulez

du chi l i ? , L’a ir fra is au lendemain d’un orage, ou i bien sûr ! , La caverne

d’Al i Baba du Mustafa Center, Durian, Commander un plat au hasard

dans un food court , Green mi lked tea with pearls, Les v idéos ant i-ter-

ror isme du MRT, Glass Noodles, Manger pour une bouchée de pain, La

cacophonie incessante des ciga les, Wanton Noodles, Ces excursions en

terres inconnues, Relat iv iser la not ion de grosse averse, Ces moments à

attendre le bon l’œi l dans le v iseur.

Capsule temporelle

Page 135: Rapport de stage - Jardins Botaniques de Singapour

Tout d’abord, mes remerciements iront àNigel Taylor, Directeur des Jardins Botaniques de Singapour

Pour son accent familier et sans qui ce stage n’aurait pas été possible

Tout particulièrement àAlan Tan, Directeur député

Pour la Malaisie, Gardens by the Bay, et toutes ces sorties où j’étais plus touriste qu’étudiant

Mais aussi àUncle David Lim, Gérant des pépinières du National Orchid Garden

Pour son sourire et sa pédagogie

Je remercie égalementMui Hwang, Manager au laboratoire

Pour ce rêve d’enfant qu’elle m’a permis d’accomplir en blouse blanche

Ainsi queSimon Tan, Chef du département National Orchid Garden

Pour les responsabilités confiées et son enseignement

Tout commeJonathan Lam, Manager du National Orchid Garden

Pour les jardins chinois et japonais, le laska et son arbre humain

Sans oublierYves Barbeau, mon hôte durant ces deux mois qui m’a rendu la vie bien plus facile

Pour ces repas et ces dîners, les histoires et les souvenirs, son vélo et ses lectures

Tout autant queJacqueline Ong, sa conjointe

Pour les patates douces au gingembre et ses conseils pour faire sécher mon linge à Singapour

Je pense aussi à Nizam pour les bégonias, Keith pour la marimo, Ada pour les arbres,Siew Sim pour sa main verte et tout ce que Simon ne doit pas savoir, Elango pour sa disponibilité,

Murphy pour ses conseils et la boule de neige, Lahiru pour l’herbier, Wee pour les courses matinales, Shamril pour Sungei Bulloh et Amanda pour sa joie de vivre

Et à tout ceux que j’aurais pu oublier,pour leur accueil chaleureux et leur implication dans ce stage inoubliable.

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SITES WEB.

Géographie physique et climatologie :http://fr.wikipedia.org/wiki/Géographie_de_Singapour

Histoire des jardins :http://www.sbg.org.sg/aboutus/ourhistory.asphttp://infopedia.nl.sg/articles/SIP_545_2005-01-24.html

Pédologie :http://ehow.com/print/list_6634240_singapore-soil-types.html

OUVRAGES.

Bonnie TinsleyGardens of Perpetual Summer – Première éditionEdité en 2009 à Singapour par National Parks Board et Singapore Botanic Gardens

H. Rahardjoa, K.K. Aungb, E.C. Leongc & R.B. RezaurdCharacteristics of residual soils in Singapore as formed by weatheringPublié en 2004 par Engineering Geology

National Parks Board PublicationTrees of our Garden City – Seconde éditionEdité en 2009 à Singapour par Tee Swee Ping

Petit futéLe Petit Futé Malaisie 2012-2013 – Sixième éditionEdité en 2011 en France par les Nouvelles Editions de l’Université

Séverine Bascot & Amy VanSingapour Cartoville Gallimard – Edition mise à jourEdité en 2012 en France par Gallimard

Yam Tim WingOrchid of the Singapore Botanic Gardens – Troisième éditionEdité en 2007 à Singapour par National Parks Board et Singapore Botanic Gardens

Sources