nabert sur manuscrits hamelin

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Presses Universitaires de France is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Les Études philosophiques. http://www.jstor.org LES MANUSCRITS D'HAMELIN A LA BIBLIOTHÈQUE VICTOR-COUSIN Author(s): Jean Nabert and O. Hamelin Source: Les Études philosophiques, Nouvelle Série, 12e Année, No. 2, Hamelin (Avril/Juin 1957), pp. 169-184 Published by: Presses Universitaires de France Stable URL: http://www.jstor.org/stable/20842262 Accessed: 09-06-2015 08:02 UTC Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at http://www.jstor.org/page/ info/about/policies/terms.jsp JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. This content downloaded from 129.199.59.249 on Tue, 09 Jun 2015 08:02:46 UTC All use subject to JSTOR Terms and Conditions

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Presses Universitaires de France is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Les Études philosophiques.

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LES MANUSCRITS D'HAMELIN A LA BIBLIOTHÈQUE VICTOR-COUSIN Author(s): Jean Nabert and O. Hamelin Source: Les Études philosophiques, Nouvelle Série, 12e Année, No. 2, Hamelin (Avril/Juin 1957),

pp. 169-184Published by: Presses Universitaires de FranceStable URL: http://www.jstor.org/stable/20842262Accessed: 09-06-2015 08:02 UTC

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Page 2: Nabert Sur Manuscrits Hamelin

LES MANUSCRITS D'HAMELIN A LA BIBLIOTH?QUE VICTOR-COUSIN

Dans la collection ? Les grands textes ? (Presses Universitaires de

France), M. Louis Millet vient de ramener l'attention sur Hamelin en publiant un excellent recueil de textes choisis. Le public philoso phique peut avoir quelque int?r?t ? conna?tre l'existence d'in?dits d'Hamelin. Ces manuscrits ont ?t? remis ? la Biblioth?que Victor Cousin ? la Sorbonne, par Ren? Le Senne, ancien ?l?ve d'Hamelin ? l'?cole normale sup?rieure (voir Bulletin de la Soci?t? fran?aise de Philosophie, mars-avril 1934, p. 53, o? Le Senne ?voque le souvenir de l'enseignement d'Hamelin). Il les tenait lui-m?me de L?on Robin ou

des h?ritiers de ce dernier. Mais c'est Durkheim qui, le premier, les recueillit ? la mort d'Hamelin (8 septembre 1907). Voici ce que Durkheim ?crit dans la pr?face au Syst?me de Descartes publi? par L. Robin en 1911, d'apr?s un cours profess? par Hamelin en 1903-1904, ? l'?cole normale : ?... D?s le lendemain de sa mort, nous nous sommes

pr?occup? de r?unir les notes qu'il avait pu laisser afin d'en faire

profiter le public philosophique. Parmi les ?tudes qu'il avait en cours, deux particuli?rement attir?rent notre attention. Nous donnons la

premi?re aujourd'hui. La seconde est un expos? syst?matique de la

philosophie d'Aristote. Nous esp?rons la publier plus tard, soit en tota

lit?, soit en partie ? (pr?face, p. iv). Durkheim ajoute en note : ?Nous

avons, en outre, publi? dans la Revue de m?taphysique et de morale

(mai-juin 1910), une traduction par Hamelin des Lettres d'?picure. ? Le Syst?me d'Aristote fut publi? par L?on Robin en 1920 (d'apr?s

des le?ons sur Alist?te profess?es ? l'?cole normale sup?rieure en 1904

1905). D?cid?e et pr?par?e en 1914, dit L. Robin, dans l'avant-propos, la publication du Syst?me d'Aristote fut retard?e par la guerre : ? Au

moment o? elle va enfin se faire, ajoute-t-il, ?l?ve d'Hamelin et de

Durkheim, je veux apporter ? la ch?re m?moire de ces deux ma?tres de ma jeunesse qu'a unis la plus noble et la plus confiante amiti?, le

pieux hommage d'une gratitude et d'un respect infinis. ?

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Page 3: Nabert Sur Manuscrits Hamelin

?70 LES ?TUDES PHILOSOPHIQUES

D?positaire de tous les papiers, lettres et in?dits d'Hamelin, L. Robin les a class?s avec un soin extr?me. C'est ? lui, il faut le dire

ici, que Ton doit leur conservation. Il a rassembl? les notes ?parses se rapportant ? l'Essai. Il a donn? un titre ? des notes (presque toutes sans date) concernant les questions philosophiques les plus diverses. Pour les lettres adress?es ? Hamelin et n'int?ressant que sa

vie priv?e, il a inscrit la mention : ? ? d?truire plus tard ?. Mais il a

rassembl? toutes celles dont il pensait qu'elles pourraient servir ?

l'intelligence de la philosophie d'Hamelin, ? l'histoire de sa pens?e, et sans doute aussi ? la connaissance de sa personnalit?. Il a souvent

indiqu? d'un mot l'int?r?t philosophique qu'elles pr?sentent. Hamelin

conservait lui-m?me les brouillons des lettres qu'il ?crivait et qui lui

paraissaient importantes soit pour sa carri?re de professeur soit pour la d?fense de ses id?es.

En outre, L. Robin a charg? P. Mouy de la publication du Syst?me de Renouvier (Paris, Vrin, 1927), d'apr?s un cours profess? par Hamelin

? la Sorbonne, 1906-1907. Pour la pr?paration de la deuxi?me ?dition de Essai en 1925, il

a confi? ces in?dits ? Darbon qui les a d?pouill?s pour identifier cer

taines allusions ou citations et faciliter ainsi la compr?hension de

l'Essai, ? cette uvre, ?crit Darbon, que les amis d'Hamelin jugent consid?rable et dont l'int?r?t, au heu de s'?puiser, nie fera peut-?tre que grandir ?.

Ces manuscrits ont ?t? ?galement donn?s en communication ?

Leslie-John Beck, pour la pr?paration de son livre : La m?thode syn

th?tique d'Hamelin (Paris, Aubier). Plus d'un fragment in?dit y est cit?. A ces manuscrits venant de L?on Robin, s'est ajout? un d?p?t de

M. Canguilhem qui a remis ? la Biblioth?que des le?ons d'Hamelin sur l'objet de la m?taphysique et sur la morale de Kant (46 feuillets) :

le?ons recueillies et transcrites par Oscar Auriac.

* *

La carri?re professorale d'Hamelin, et, pour une petite part, l'histoire de sa pens?e, sont inscrites dans les lettres dont Hamelin ?

conserv? le brouillon, et dans celles qui lui ?taient adress?es. Les lettres

de Marion, qui fut le ma?tre d'Hamelin au Lyc?e Henri-IV quand celui-ci

pr?parait le concours d'entr?e ? l'?cole normale, permettent de

pr?sumer de l'orientation du premier enseignement philosophique re?u par Hamelin. Apr?s les deux ?checs d'Hamelin ? ce concours

(on lit dans les bulletins des notes conserv?s par Hamelin : 91/4

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Page 4: Nabert Sur Manuscrits Hamelin

J. NABERT ? LES MANUSCRITS D H AMELEN 171

(sur 10) pour la dissertation philosophique, ? la premi?re tentative, et 9 (sur 10) ? la seconde tentative), Marion ?crit ? son ?l?ve : ? ... j'ai foi dans votre avenir philosophique ?. Il le presse de pr?parer rapide

ment l'agr?gation, il l'incite ? ne point craindre une nomination dans un coll?ge de province et lui donne en exemple Fabre, Boirac, Fouill?e,

Darlu, qui ont ? trim? dans des coll?ges infimes ?. Il ajoute

(19 ao?t 1878) : ? Le criticisme (1), autant et plus que toute autre phi

losophie est une doctrine digne d'?tre r?pandue et qui peut l'?tre.

Elle a notamment une morale d'une hauteur et d'une utilit? pratique tr?s favorables ? une exposition pour ainsi dire populaire. Eh bien, vous enseignerez cela d'une mani?re chaude, vivante, anim?e. ?

Les indications les plus anciennes sur les projets philosophiques d'Hamelin se trouvent dans le brouillon d'une lettre adress?e ?

A. Dumont, directeur de l'enseignement sup?rieur (juin 1884). Hamelin

est professeur au Lyc?e de Pau. Il vient d'?tre inspect? par Evellin

qui lui a promis son appui. Il sollicite une ma?trise de conf?rence dans

une facult? des lettres. Il parle de son go?t pour la philosophie ancienne : ? ... je l'ai cultiv?e avec passion toutes les fois que j'ai pu en trouver le loisir, et, malheureusement, l'enseignement secondaire

risque de me faire oublier le peu que je suis parvenu ? en apprendre. De vrai-je vous parler apr?s cela des esp?rances que je fonde sur mes

th?ses. Je compte en soumettre le sujet pendant les vacances au juge ment de la Facult? des Lettres... J'avais d'abord choisi comme sujet de la th?se latine l'?tude de la notion de substance et de cause chez les

sophistes, les acad?miciens et les sceptiques. Mais, quoi qu'en ait pu me dire M. Brochard, j'ai craint de n'avoir plus ? glaner apr?s lui, et

j'ai report? mes efforts sur la th?orie du jugement des ?coles cynique et m?garique... Quant ? la th?se fran?aise, elle m'occupe depuis long

temps d?j?. Je l'intitulerai sans doute : Les ?l?ments premiers de la

repr?sentation. La th?orie de la connaissance est toujours sujet neuf.

Je voudrais montrer que la Critique de K?nt n'a rien de commun avec

la psychologie, que l'?cole anglaise ne la connaissant pas la combat

? faux ; que le kantisme n'interdit pas de faire la gen?se empirique des

notions ; que la vraie question ? d?battre entre l'empirisme et ses

adversaires est celle de savoir s'il y a ou non des lois irr?ductibles

dans les choses ou dans les repr?sentations : car c'est tout un depuis Leibniz et Hume. Enfin, j'essayerai d'?claircir la question du passage de l'histoire ? la logique qui n'est que celle du nominalisme ou plus

( ) Il est ? peine besoin de rappeler que ce que Ton d?signait ? ce moment par ? criticisme ?

?tait la doctrine de Renouvier. Dans une lettre ? Hamelin (30-5-1899) Renouv?er parle de .? doctrine criticiste fran?aise

? je me permets ? pr?sent de lui donner ce nom ?..

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Page 5: Nabert Sur Manuscrits Hamelin

172 LES ?TUDES PHILOSOPHIQUES

profond?ment de la puissance et de l'acte : le kantisme m?me prend pour base la doctrine capitale de l'aristot?lisme... ?.

Dans une lettre de Bordeaux ? son ?l?ve Jacob, que Mlle Jacob a bien voulu nous communiquer, Hamelin m?dite sur les rapports de

l'un et du multiple, mais para?t encore tr?s ?loign? des positions de

Y Essai : ? ... Fichte et H?gel^e flattent, ? chaque instant d'?tre tout

autant que Kant les partisans r?solus de la philosophie synth?tique, et le fait est que leur dialectique ne veut pas ?tre une identification

absolue du divers. Sans doute, on peut se demander si, en fin de compte, ils ne sont pas oblig?s d'opter entre l'analytisme et le synth?tisme

empiriste ; mais je ne sais vraiment pas ? l'heure pr?sente comment il

faut r?pondre ? cette question au moins pour Hegel (car c'est ? peine si je commence ? me rendre compte de la pens?e de Fichte) et, dans tous

les cas, je crois que de doctrines dont le dernier mot est aussi incer

tain, il n'y aurait pas grand-chose ? tirer comme confirmation de l'ana

lytisme ; quand le probl?me se poserait sous sa forme la plus brutale, ou bien l'unit? pure avec une multiplicit? apparente qu'on ne saurait

expliquer ? ce titre m?me d'apparence sans se contredire, ou bien une

juxtaposition de qualit?s qu'on ne pourrait malheureusement com

prendre, il me semble qu'il faudrait encore admettre le second membre

de l'alternative, une pens?e limit?e fond?e sur la sensation valant

mieux qu'une pens?e qui se nie ? (8 janvier 1888). Apr?s cela, les manuscrits et lettres renseignent beaucoup plus sur

le degr? d'avancement mat?riel de Y Essai que sur l'histoire r?elle de

la pens?e d'Hamelin. Sur ce point, des cours recueillis par des ?tudiants

d'Hamelin, des lettres d'Hamelin jetteraient peut-?tre quelque lumi?re. Nous ne pouvons dire si l'examen attentif des notes (presque toutes sans date) laiss?es par Hamelin apporterait quelque certitude.

Toujours est-il que sur l'?laboration de YEssai vers 1898, une lettre

? Hamelin d'Aubin, un de ses anciens ?l?ves qui venait de lire YEssai,

apporte un renseignement ? j'en avais dans mes notes, ?crit Aubin, la premi?re moiti?, que vous nous dictiez autrefois ? Bordeaux en 1898 :

mes notes s'arr?taient au milieu du chapitre sur la causalit?. Hourticq qui est rest? une ann?e de plus ? la Facult? m'avait communiqu? les siennes qui allaient un peu plus loin. En recevant votre livre, j'ai donc lu d'abord la seconde moiti? ? (12 juin 1907).

Le renseignement est confirm? par un brouillon de lettre ? Liard

{du 24 d?cembre 1898) qui proposait ? Hamelin la suppl?ance de Bergson, malade et en cong?, ? l'?cole normale. Hamelin s'excuse de refuser cette nomination : ? ... Si j'avais eu de quoi vivre, j'aurais

moi-m?me demand? un cong? pendant l'une de ces cinq derni?res

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Page 6: Nabert Sur Manuscrits Hamelin

J. NABERT ? LES MANUSCRITS d'hAMBUN

ann?es pour essayer de raffermir ma sant?, et surtout pour consacrer

le peu de forces qui me restent ? sortir de la situation ridicule o? je me sens avec une th?se qui ne finit pas. Mes derni?res vacances, assez

heureusement commenc?es ont continu? lamentablement, et je suis

toujours en pr?sence de mes trois derniers chapitres ? ?crire. ?

En 1902 (19 octobre), en demandant au recteur Liard un poste

d'inspecteur de l'Acad?mie de Paris, Hamelin, entre autres motifs, donne celui-ci : ? ... La. derni?re ann?e, j'ai pass? presque tout mon

temps ? me d?battre entre les exigences professionnelles et le d?sir d'achever le dernier chapitre de ma terrible th?se. ? Renouvelant la m?me demande le 13 avril 1903, il ?crit ? Liard : ?... Le dernier cha

pitre de ma th?se arrive enfin ? maturit?. ? L'on sait qu'en octobre 1903, Hamelin accepte une nomination de ma?tre de conf?rences, ? l'?cole normale.

Peu avant la soutenance de ses th?ses (29 avril 1907), Hamelin

?crit ? un de ses anciens ?l?ves S?gu?la, qui l'avait aid? dans la correc

tion des ?preuves des deux volumes (26 f?vrier 1907) : ?... Le gros, celui qui veut compter, m'a bien souvent d??u et agac?. Il n'est pas ?

point, en pr?s de trente ans. Mais il faut se r?signer. Quant ? le d?fendre, f?t-il meilleur, j'en serais tout ? fait incapable. ? Et au m?me,

apr?s la soutenance, il ?crit (15 mai 1907) : ? Je ne sais ce que va ?tre le compte rendu de ma soutenance dans la Revue de m?taphysique ;

je crois toutefois pouvoir compter qu'il sera fait avec soin. Le principal danger, ? savoir que je fusse absolument muet, a ?t? ?vit?. Et d'autre

part, M. Brochard a su ?tre et faire qu'on ait ?t? pour moi plus que

parfait dans l'ensemble. Je devrais m?me avoir le courage de me

plaindre d'un peu d'exc?s dans sa bonne et rare ?miti?. ?

La Revue de m?taphysique, dans son suppl?ment au num?ro de

juillet 1907, donnait le compte rendu de la soutenance (p. 19, sqq.), et, dans ce m?me suppl?ment, une analyse sommaire de YEssai en

annon?ant ? une ?tude critique, sp?ciale et d?velopp?e ? : celle-l? m?me

que signait ?mile Chartier dans le num?ro de novembre de la m?me ann?e (pp. 797 sqq).

Plusieurs lettres d'amis et ?l?ves d'Hamelin, notamment une lettre de Jacob ? L. Robin attestent la tr?s vive ?motion que suscita chez eux la discussion qui opposa Boutroux et Hamelin.

Mais nul des premiers lecteurs ? qui Hamelin adresse sa th?se ne se m?prend sur la port?e de l' uvre. L. Robin a constitu? un petit dossier avec les lettres re?ues par Hamelin. En voici deux que nous

pouvons faire conna?tre gr?ce ? la bienveillante autorisation de

Mme Chartier et de Mme Weil-Brunschvicg.

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174 LES ?TUDES PHILOSOPHIQUES

Celle de Chartier du 28 mai 1907 :

? Monsieur, j'ai d'abord lu votre livre en courant ; je l'ai repris

ligne par ligne ; je suis bien loin d'avoir termin? cette lecture ; je suis

oblig? de la ralentir volontairement afin de mod?rer une admiration enthousiaste contre laquelle je dois r?agir. Tout bien r?fl?chi, je dois vous ?crire cela. Personne; que je sache, depuis le grand Lagneau, n'avait pu m?me tenter de remettre les id?es en ordre, et les gens ?

leur place. Je ne voudrais pas que vous attachiez de l'importance ? une

opinion, car vous n'avez m?me plus un pied sur ce degr?-l?. Il faut

pourtant que vous sachiez que votre livre a donn? une joie pure ?

quelqu'un. Je vous en prie, ne me r?pondez point. Vous ne pourriez ?viter de me faire quelque compliment, et de vous je n'en veux point parce que je n'en m?rite point, mais qu'il est bon d'admirer ! ?

Celle de L?on Brunschvicg du 7 mai 1907 :

? Je suis infiniment touch? que vous ayez bien voulu penser ?

m'envoyer votre livre et que vous y ayez inscrit le mot de sympathie. Vous ?tiez s?r d'?veiUer un ?cho profond. C'est ? l'?poque o? j'?tais ? l'?cole normale, o? vous aviez pour ?l?ves mes camarades d'agr? gation Foucault et Robin, que j'ai entendu parler d? l'enseignement que vous donniez ? Bordeaux en termes qui nous rendaient s?v?res

pour les ressources que nous trouvions ? Paris du c?t? de la direction

dogmatique ; et c'est ? ce moment que nous comptions sur le livre que vous pr?pariez pour nous consoler de n'avoir pas re?u votre enseigne ment. C'est dans ce sentiment d'?l?ve ? ma?tre que j'ai fait ma premi?re lecture h?tive parce qu'avide de votre travail, et ce sentiment me dis

pense de faire plus que de renouveler ma gratitude pour nous l'avoir

?crit, pour nous avoir livr? ce qu'il nous est de plus en plus rare de recevoir : une r?flexion solide et totale, ?prouv?e au contact des si?cles et ? son propre contact. Vous ne remettez pas au point seulement bien des probl?mes philosophiques : le temps, la qualit?, la sp?cification ; vous remettez au point la philosophie elle-m?me, et, nous ne nous en sommes que trop aper?us pendant les deux p?riodes d'agr?gation o?

j'ai eu le plaisir d'?tre ? vos c?t?s, c'est le plus grand service que vous

puissiez rendre aux g?n?rations actuelles. a Maintenant, je voudrais vous dire quelque chose de plus

personnel, le point o? porteront plus particuli?rement mes efforts

pour vous mieux comprendre ? mesure que je vous relirai, et suivre

jusqu'au bout votre relativisme. Je voudrais joindre mieux que je

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Page 8: Nabert Sur Manuscrits Hamelin

J. NABERT ? LES MANUSCRITS d'hAMEUN

ne Tai fait jusqu'ici, les deux aspects de la relation. Dans toute la

premi?re partie de votre ouvrage la relation est le contenu de la repr? sentation, et chaque type de relation d?finit un des ?l?ments de la

repr?sentation ; quand vous arrivez ? l? conscience, la relation devient

constitutive du fait m?me de la repr?sentation, de la synth?se du sujet et de l'objet. Or, vous voyez ce que je suis amen? ? me demander,

peut-?tre parce que je suis plus ficht?en que renouvi?riste. Est-ce que cette condition de la repr?sentation : moi, non-moi et synth?se ne serait

pas une condition g?n?rale qui devrait d?j? se trouver ? l'int?rieur de

chacun des ?l?ments qui pr?parent l'?v?nement de la conscience pro

prement dite ? Ainsi, corr?lativement au nombre pos?, il y aurait d?j? le num?rant, et l'inad?quation du iiombre pos? ? l'activit? qui le pose

expliquerait peut-?tre et le d?veloppement de la math?matique et le

passage au degr? sup?rieur. Peut-?tre aussi n'est-ce l? qu'une fa?on de dire autrement ce que vous avez dit, et je m'en convaincrai mieux

quand je vous aurai m?dit? davantage. Je voulais du moins, puisque vous avez bien voulu me compter parmi vos amis philosophiques vous

dire dans quel esprit j'allais m'attacher ? votre uvre.

? Veuillez agr?er... ?

Charles Andler ?crit ? Hamelin, le 30 avril 1907 :

? ... Je suis tr?s sensible, croyez-le bien, ? l'immense talent que votre ouvrage d?c?le, ? sa construction artiste, ? toute la musique de chambre d?licate et ? tenue s?v?re qu'il offre, l? m?me o? il ?chappe ? une pens?e attach?e au r?el. J'en aime beaucoup la po?sie m?me

alors, et aussi la sinc?rit? morale. ?

* * *

On sait qu'Hamelin fit longtemps partie du jury d'agr?gation de

philosophie. On lira sans doute avec int?r?t la lettre qu'il ?crivit ?

R?bier, directeur de l'enseignement secondaire, qui venait de l'appeler ? si?ger au jury (brouillon d'Hamelin du 16 mars 1896) : ? ... Vous

m'avez honor? de votre confiance et je ne voudrais pas la trahir.

Certes, j'ai le sentiment tr?s net que mon influence sera fort petite. Mais enfin il vaut mieux vous dire quelles dispositions j'apporterai dans l'accomplissement de ma t?che. Les dissertations et les le?ons dans lesquelles on ne sait ? quoi se prendre et dont tout l'?clat est d?

? un talent de prestidigitation et encore ? un talent tout verbal me

sont odieuses. Je partage donc votre sentiment sur ce point capital. 1 2

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176 LES ?TUDES PHILOSOPHIQUES

Mais peut-?tre n'ai-je pas les m?mes raisons que vous de juger ainsi, de sorte que, dans bien des cas, il pourrait m'arriver de donner une

bonne note qui ne serait pas la v?tre. Vous vous d?fiez quelque peu, ce me semble, des hardiesses de la pens?e. Elles me paraissent l?gitimes en principe, je n'en voudrais point limiter l'essor. Je demanderais

seulement qu'on e?t ime base. La vraie r?forme ? mes yeux n'est pas dans l'introduction soit au programme soit dans les exigences tacites du jury de beaucoup de psychologie et de sociologie. Ce sont choses dont je ne dis point de mal et auxquelles je ferai volontiers un large accueil. Seulement elks ont le malheur de ne pas ?tre de la philosophie et d'autre part de ne pas ?tre assez des sciences. Dans tous les temps, la philosophie a ?t? une r?flexion sur le savoir acquis et ime anticipa tion du savoir futur. Ce quii faudrait encourager ? tout prix chez les

professeurs de philosophie, c'est la culture scientifique. L'absence de cette culture est ce qu'il y a d'anormal et de vraiment pathologique chez eux. A chaque instant, j'en ai pour moi-m?me le sentiment aigu et douloureux. Au reste, je ne veux pas de mal ? l'?tude des auteurs. L'histoire n'est rien par elle-m?me. Mais puisqu'il n*y a pas de livre de

philosophie qui soit pour nous l'?quivalent d'Euclide, force est bien, au moins provisoirement, d'aller chercher la philosophie dans les auteurs... ?

* *

Nous indiquons entre crochets les manuscrits qui ne sont pas de la main d'Hamelin : not?s de cours prises par des auditeurs et des ?l?ves. Les cours d'Hamelin circulaient, et il est vraisemblable qu'Hamelin lui-m?me les communiquait ? quelques amis : Mme Rodier, belle-fille de Georges Rodier, nous a montr? un cours sur Fichte qui est la repro duction exacte du cours d'Hamelin sur Ficht?^La biblioth?que poss?de un important commentaire du De Fato qui est tout entier de la main de L. Robin et sur l'enveloppe duquel Robin a inscrit la mention :

commentaire d'Hamelin sur le De Fato. La plupart des notes manus crites d'Hamelin n'ont pas de date.

NOTES RELATIVES A C L'ESSAI ?

Premi?re r?daction d'une partie du premier chapitre de VEssai sous le titre : relation, quotit?, quantit? ; indication sommaire d'un

plan qui diff?re ?er celui de la r?daction d?finitive. Relation, th?se, antith?se, synth?se. Le probl?me de la synth?se ; temps et intempo

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Page 10: Nabert Sur Manuscrits Hamelin

J. NABERT ? LES MANUSCRITS D'hAMELIN I77

ralit? (1899) > pourquoi le probl?me de la synth?se ne se pose pas au mieux ? propos du jugement ; notes sur l'espace, sur la qualit?, sur

l'alt?ration, sur la sp?cification, sur la causaMt? (derni?res corrections de 1906), sur la causalit? m?canique proprement dite, sur la causalit?, la finalit?, la personnalit?. La finalit? (premi?re r?daction du d?velop pement B, et derni?res corrections de la main d'Hamelin : 1905) ; la

personnalit? ; obligation et formalisme ; intention et formalisme ; notes sur l'infini ; notes relatives ? la personnalit? en nous et en Dieu ; causalit? et conservation ; opposition absolue et principe de contradic tion ; la preuve ontologique et la synth?se totale ; la preuve ontolo

gique et le point de vue relativiste ; comment expliquer la connais sance et l'acte libre d'autrui ; l'entendement intuitif ; la causalit? et le

hasard.

NOTES SUR DES QUESTIONS DE PHILOSOPHIE

(Les titres donn?s ? ces notes sont tous de L?on Robin)

D?finition de la philosophie (4 feuillets). Vue g?n?rale sur l'induc tion. R?daction de l'article sur l'induction de Y Ann?e philosophique

(1899) avec des variantes assez abondantes. Le probl?me de l'induc

tion (4 f.). Part du raisonnement dans l'induction (4 f.). Notes sur l'uni

versel et le rationnel (apr?s 1901 ?). L'id?e d'essence et l'id?e de loi (3 f.). De la m?thode en philosophie (1 f.). Du mode d'existence des genres et des esp?ces (2 f.). Leperceptionnisme (1 f.). L'association ins?parable. Essai sur la psychologie des notions morales (1 f,). De la personnalit? divine (4 f.). Les faits et le savoir (1 f.). Note sur les programmes de philosophie et sur l'enseignement secondaire en g?n?ral. Note sur la folie chez l'enfant (3 f.). Qu'est-ce qu'un fait irr?ductible. Conscience et raison pure (4 f.). Th?ories allemandes contemporaines relatives ?

l'espace visuel. Le raisonnement par analogie. Sur la nature du moyen terme (3 f.). Le probl?me de la pr?vision (2 f.). La causalit? (interro

gation de personnes ?trang?res ? la philosophie, 1882 : 5 f.). De l'expli cation dans les sciences physiques (8 f.): L. Robin a rassembl? d'autres

notes dans un dossier avec la mention a a a. Autres notes sur diff?

rents sujets : Dieu et la libert? humaine. En quel sens Dieu est

un ma?tre.

?TUDES PHILOSOPH. 12

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178 ^ES ?TUDES PHILOSOPHIQUES

?TUDES CRITIQUES SUR LA MORALE DE KANT

Esquisse syst?matique de la morale de Kant (14 p.). La moralit? est-elle quelque chose d'original (16 p.). Les difficult?s du formalisme (9 p.). Comment faut-il sortir du formalisme (9 p.). La d?termination

des devoirs (10 p.). Id-? 35 ?? notes d'un auditeur.

LE?ONS DE MORALE

Importance des morales religieuses. Le juda?sme. Le christianisme. La morale des Sto?ciens. La morale de Spinoza. La morale de Kant.

L'utilitarisme de Stuart Mill. L'utilitarisme de Bentham. La morale de Darwin. La morale de Spencer.

Cours de morale (1883-1884 : 5 f.), programme du cours.

Histoire de la philosophie grecque 24 le?ons sur les ant?socratiques (manquent les le?ons XXI, XXII,

XXIII sur les sophistes, indication de Robin). Commentaires sur le M?non (cahier de 47 p.), notes sur le M?non

(8 feuillets). Th?orie d'?n?sid?m? sur la causalit? (traduction, d'apr?s Sextus Empiricus, Adversus mathematicos).

Manuscrit du cours sur Alist?te [manuscrit de Ch. Bianconi avec

notes manuscrites d'Hamelin pr?paratoires ? la r?daction du cours

(indications de Robin)]. Commentaires :

Aristote, Physique, livre VIII [2e r?daction, d'apr?s Delprat)]. Alist?te, les Analytiques post?rieurs (106 f.). [Aristote, M?taphysique K.] [Aristote, M?aphysique, notes sur les livres VII, Vili, XII.] [Anaximandre.]

[Di?g?ne Laerce, 1. X.] [De natura deorum, 1894.] La. Th?orie de Vintellect chez Aristote (123 p.) (1). [Commentaire sur le De Foto par Hamelin, 164 p., de la main de

L. Robin.] Notes sur Pyrrhon, sur la Nouvelle Acad?mie, sur l'?me du monde

chez Platon.

( ) A ?t? publi? par l'abb? Barbotin, Vrin.

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J. ABERT ? LES MANUSCRITS d'hAMELIN 179

histoire de la philosophie moderne

Neuf le?ons sur Fichte : L' uvre de Kant ; sur le concept de la th?orie du savoir ; le premier principe de la th?orie du savoir ; le deuxi?me principe de la th?orie du savoir ; le troisi?me principe de la th?orie du savoir, la m?thode synth?tique ; partie th?orique de la th?orie du savoir; partie th?orique de la th?orie du savoir (suite) ; la d?duction de la repr?sentation ; partie pratique de la th?orie du savoir. Note sur la conciliation entre les deux modes de la d?termination

r?ciproque (2e).

notes diverses

sur des questions d'histoire de la philosophie

Une th?orie du sens commun (th?orie de la certitude chez Lamennais) :

14 feuillets) ; sur Arnauld, Trait? des vraies et fausses id?es (2 f.) ; Rousseau, Discours sur l'in?galit? (8 f.) ; Cournot, Essai sur les fonde ments de nos connaissances (21 p.) ; Descartes, Les m?ditations (4 f.) ; Descartes moraliste (1 f.) ; Bordas-Desmoulin, Le cart?sianisme (6 f.) ; La th?orie de la certitude chez Spinoza (5 f.) ; Sur Vexplication historique du dogmatisme de Spinoza (1 f.) ; La th?orie des id?es inn?es chez Descartes,

Leibniz, Kant (2 f.) ; Les origines logiques de la m?thode de Descartes

(6 f.) ; Leibniz, Discours de m?taphysique (quelques feuillets) ; Leibniz, Sur la correspondance avec Clarke (quelques feuillets) ; Sur les principes de contradiction et de raison suffisante.

*

A ces manuscrits d'Hamelin se trouvent joints des manuscrits

qui sont ou paraissent ?tre des cours de Rodier ou de Robin, parti culi?rement une ?tude sur Platon (52 feuillets), avec une indication de

Robin : ? Rodier, de sa main ? ; un commentaire sur le Sophiste (de la

main de Robin) et sur le De anima (id.), et des notes d'?l?ve prises

d'apr?s des cours de Rodier : [Commentaire du livre VIII de la Physique

d'Aristote] [Le Phil?be]. Jean Nabert.

1 2 *

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8 LES ?TUDES PHILOSOPHIQUES

Voici un ?chantillon des notes auxquelles il vient d'?tre fait allu

sion (ce texte fait 3 petits feuillets) :

DE LA PERSONNALIT? DIVINE

De toutes les choses qu'on peut concevoir, etc., a dit Kant. Q?i conque aura souci des aspirations morales de l'humanit? s'int?ressera

donc ? la question de savoir s'il est possible de voir en Dieu ime bonne

volont?. Mais une bonne volont? ne peut r?sider qu'en une personne. De l? une grande question. Dieu est-il une personne ?

Tout a ?t? dit contre le syst?me qui nie explicitement la person nalit? divine. De tant de critiques du panth?isme, il y en a un petit nombre qui sont d?cisives et qu'il faut retenir. Les diverses esp?ces de panth?isme, si profond?ment qu'on croit pouvoir les distinguer, ont

toutes un fond commun : c'est le dogme de la substance ime, en d'autres

termes de la substance comme ?tre et non comme loi. Mais il faudrait

que le panth?isme prouv?t d?monstrativement l'existence de la subs

tance, et c'est ce qu'il n'a pas fait ? notre connaissance. Car Spinoza

postule la substance, et quant ? Spencer, ce panth?iste honteux, sa

pr?tendue d?monstration de l'absolu est pleine de paralogismes. Toute son argumentation revient ? dire que l'?tre pur est parce que nous avons l'id?e de l'?tre pur. Autant vaudrait dire que le n?ant...

M. Spencer ne songe pas ? se demander si notre notion de l'?tre n'est

pas compl?tement expliqu?e quand nous disons qu'elle ne contient

rien de plus que la repr?sentation de l'acte en g?n?ral par lequel nous

posons une relation quelconque comme donn?e ou pouvant l'?tre ?

quelque conscience : la substance est donc une hypoth?se, et si commode

pour le panth?isme qu'on est tent? d'y voir, avec un philosophe contem

porain, l'?nonc? d'une question transform? en r?ponse par un artifice de langage. Mais cette r?ponse hypoth?tique est-elle du moins accep table en elle-m?me ? En aucune fa?on. La substance, et le panth?isme a raison ici, c'est l'unit? pure. Alors comment tirer le monde, c'est-?-dire le multiple de cette unit? pure, et l'y faire rentrer ? Tu ne

comprendras jamais... (Partn.)... C'est pourtant l? le probl?me du

panth?isme. Mais pour le r?soudre, ou bien il introduit subrepticement le multiple dans l'un, et alors il ne donne pas la gen?se de l'un, il la

postule ; ou bien il identifie l'un et le multiple et ?rige la v?rit? simul tan?e des contradictions en loi des choses. Dans ce dernier cas, tout raisonnement devenant impossible, il n'y a plus qu'? laisser le pan th?isme s'ab?mer dans l'inintelligible.

Il y a un point tout particuli?rement int?ressant sur lequel ?clate

l'impuissance du panth?isme ? expliquer le multiple et le discontinu :

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j. NABERT ? LES MANUSCRITS d'hAMELIN i8i "

il s'agit du probl?me de l'erreur. Supposons que le monde se soit mis en

mouvement (c'est bien difficile) : c'est alors un th?or?me en marche :

chaque moment est ?quivalent ? un autre : les diverses affirmations

expriment toutes un c?t? des choses, et r?unies elles repr?sentent le monde d'une fa?on ad?quate. Mais alors qu'est-ce donc que l'erreur ?

C'est la v?rit? partielle : c'est le multiple qui est cause de tout le mal. Il s'?nonce des propositions contradictoires, elles sont ?galement l?gi times et vraies : toutes ont leurs motifs invincibles : toute afiirmation

est contredite par une afiirmation de valeur ?gale et contraire. C'est le

scepticisme. Faut-il maintenant parler du probl?me du mal, de la

libert? ni?e et tourn?e en ridicule, du remords trait? de folie ? Il y a l? une source d'arguments tr?s touchants pour la majorit? des hommes,

mais qui ne peuvent pas toucher les panth?istes : le panth?isme est un

syst?me exclusivement sp?culatif qui tient pour nulles et non avenues

les exigences de la pratique. Peut-?tre pourrait-on trouver que c'est une ?trange faiblesse pour un syst?me d'explication universelle d'?tre

r?duit ? nier le monde moral faute de pouvoir l'expliquer. Quoi qu'il en soit, laissons le panth?isme : il nous parait suffisamment r?fut?.

Il est plus int?ressant pour nous d'examiner les syst?mes qui croient

pouvoir unir dans une synth?se les attributs m?taphysiques et les

attributs moraux de Dieu, l'id?al de la raison sp?culative et l'id?al de

la raison pratique. Selon que les ?coles de philosophie ont port? de pr?f?rence leur

attention sur l'ontologie, la psychologie ou la morale, elles ont fait

pr?dominer dans leur conception de Dieu les attributs ontologiques, les

attributs intellectuels ou les attributs moraux. De l? : Dieu comme

?tre, Dieu comme une pens?e, Dieu comme une volont?. Dans chaque

syst?me, il s'agit de joindre la personnalit? aux attributs qu'on regarde comme les plus importants. Mais la m?taphysique n'abdiquant pas, il

s'agit d'atteindre en Dieu l'unit? la plus une qu'on peut : car l'objet constant des efforts de la m?taphysique dogmatique, c'est l'unit?.

- Le multiple n'est-il pas au fond rebelle ? la d?duction g?om?trique :

le multiple se constate et ne s'engendre pas par une dialectique de la

raison.

Examinons tour ? tour chacune des trois conceptions de Dieu que nous venons d'annoncer et voyons si elles r?ussissent ? nous donner

un Dieu vraiment personnel. Pour les ?coles qui cherchent en Dieu le principe de l'?tre, il y a

deux attributs qui dominent tous les autres : l'existence en soi et

l'existence par soi. A vrai dire, les ?coles les plus ontologiques parlent de la perfection divine : il y a l? une promesse trompeuse. On ne tarde

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l82 LES ?TUDES PHILOSOPHIQUES

pas ? r?duire la perfection ? la r?alit? : la quantit? d'?tre, voil? la mesure de la perfection. La perfection compl?te n'appartient-elle pas d?s lors, ?videmment, ? l'?tre qui est en soi et par soi ? Qu'est-ce donc

qu'?tre en soi ? Notre seul moyen d'atteindre la r?alit?, c'est de la

penser en quelque fa?on : car de ce qui n'est nullement pens?, il n'y a

rien ? dire. Toute sp?culation porte en derni?re analyse sur des concepts.

Qu'est-ce donc que le concept de l'?tre en soi ? C'est un concept qui ne

d?pend pas d'un autre concept. C'est donc un concept ind?finissable, car on ne peut pas le faire rentrer sous un autre et le distinguer d'un autre puisqu'on le ferait ainsi d?pendre de deux autres concepts ; c'est encore un concept inqualifiable car il n'est pas donn? sans doute dans une sensation particuli?re ? tel moment de la dur?e. Toute d?ter mination n'est-elle pas une n?gation ? Ainsi l'?tre en soi, c'est l'?tre

ind?termin?.

Nous ne pouvons pr?tendre ici ? assigner tous les caract?res qui constituent ime personne mais il y en a que nul ne contestera : c'est la conscience et la libert?. La conscience peut-elle exister au sein de l'?tre ind?termin? ? Mais o? prendrons-nous notre connaissance de la conscience ? Dans l'homme et non ailleurs. Sur cette d?claration on nous arr?te : croyez-vous, nous dit-on, qu'il ne puisse pas y avoir une

conscience faite sur un autre type que la conscience humaine et n'est-ce

pas un dogmatisme insolent d'?riger l'homme en mesure des choses et de Dieu m?me ?

L'objection est sp?cieuse, mais enfin nous ne pouvons songer ? affirmer l'existence que de ce qui est con?u par nous en quelque fa?on : et se cr?er l'id?e d'un monde enti?rement h?t?rog?ne ? ?elui o? nous vivons (ce monde m?me n'?tant en quelque fa?on con?u que gr?ce ? ce qu'il y a de positif dans l'id?e de monde et dans l'id?e de diff?rer d'ime chose r?ellement connue) c'est de gaiet? de c ur se condamner au scepticisme sans aucune raison. Renon?ons donc au projet de

penser une conscience enti?rement h?t?rog?ne ? la conscience humaine : ? la rigueur, nous ne saurions pas m?me ce que nous dirions en disant

que c'est une conscience. Prenons la conscience humaine et ?cartons-en seulement ce qui est, soit inutile ? la conception d'ime conscience en g?n?ral, soit trop imparfait pour ?tre assign? ? Dieu. La conscience

implique d'abord une dualit? fondamentale, celle du moi et du non moi (le non-moi possible) ; elle en implique d'autres encore, d'abord celle de la qualit? : un objet n'est pens? que comme identique et distinct. Et si nous prenions ime ? une les diverses cat?gories de la pens?e, nous verrions qu'elles impliquent toutes la plus pauvre d'entre elles : la

quantit?, c'est-?-dire l'un et le multiple.

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j. ABERT ? LES MANUSCRITS d'hAMEUN 183

Maintenant revenons ? l'?tre en soi. L'?tre en soi, c'est l'ind?ter min? : il ne peut donc ?tre multiple, car la multiplicit? est une d?ter mination : il ne peut ?tre deux comme moi et non-moi, il ne peut ?tre deux comme chose qualifi?e. Il ne peut ni penser, ni encore moins se

penser. L'unit? de l'?tre pensant n'est pas une unit? pure : c'est une

unit? de rapport, c'est une loi. Dieu comme ?tre pur ne saurait ?tre une personne. Faut-il remarquer qu'il ne peut se distinguer du

monde ?

Serons-nous plus heureux en partant de Dieu comme pens?e ? Les

?coles de m?taphysique veulent bien entendu ici encore atteindre ? l'unit?. Dieu sera donc pens?e pure, pens?e sans devenir : son intuition ne sera pas sensible, mais intellectuelle. Bien qu'un tel ?tre re?oive peut-?tre assez difficilement la conscience et ne la re?oive que mutil?e, ce qui fait surtout qu'il n'est pas une personne, c'est qu'il n'est pas libre. S'il fallait recourir ? l'histoire on citerait Leibniz : ses aveux sont

clairs : l'heureuse n?cessit? morale. Mais il est clair a priori qu'une

pens?e qui est tout ce qu'elle est d'un seul coup ne peut pas se faire.

Se faire, ce serait changer et s'affecter soi-m?me ? la fa?on d'un sujet capable de r?ceptivit?. N'?tant pas libre, le Dieu pens?e pure n'est pas une bonne volont?.

Ce n'est pas tout : il ne peut pas cr?er d'?tres libres, car ceux-ci

produisant du nouveau le modifieraient. Il ne pourrait m?me pas cr?er le monde tel qu'il est, m?me libert?

en moins, car ce monde dure et comment cr?er ce qu'on ne peut concevoir ?

Ainsi Dieu comme pens?e pure n'est pas une personne, parce qu'il n'est pas libre.

Reste la conception de Dieu comme volont? pure : cette conception m?rite toutes les sympathies, mais est-elle suffisante ? D'abord la volont? pure est-elle quelque chose d'intelligible : je suis ce que je veux ; mais comment d?terminer le ce que sans intelligence et sans passion ? =

= Sans valeur morale comme arbitraire = Moralement mauvais comme

auteur du mal. Sous une forme pol?mique nous avons institu? une discussion dont

le but ?tait tr?s positif. Notre but ?tait de montrer que le Dieu m?ta

physique est incompatible avec le Dieu moral : l'id?al de la raison

pure et l'id?al de la raison pratique ne peuvent ?tre unis en un m?me

?tre. Il faut opter. Sp?culativement le Dieu m?taphysique est une

source intarissable de difficult?s ; pratiquement il ne r?pond nulle

ment aux v ux de la conscience. Acceptons donc le Dieu moral.

Ce Dieu est comme nous un tissu de faits et de lois, il n'est pas

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84 LES ?TUDES PHILOSOPHIQUES

l'ind?termin?, il est le d?termin? par excellence ; si l'on peut l'appeler infini, c'est dans un sens tout m?taphorique. Il vaut mieux dire au

contraire qu'il est essentiellement le fini et l'achev? ; e e comme

disait heureusement la philosophie grecque. C'est ime vraie conscience, une vraie libert?. La conscience morale peut voir en lui son id?al

r?alis?, trouver en lui l'expression la plus haute du bon vouloir, on peut lui rendre gr?ce d'?tre ce qu'il est. Si ce Dieu tient ? l'homme, il en tient

du moins en ce qu'il y a de meilleur dans l'homme. Il est vraiment

parfait. Et enfin, ce qui ach?ve de le faire vraiment Dieu, c'est qu'il peut ?tre cr?ateur : plac? en face des possibles, il a d?pendu de lui

d'appeler ? l'?tre le meilleur de tous : celui qui contenait des agents libres.

O. Hamelin.

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