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Conservation Départementale du Patrimoine . décembre 2015 . n°36 La rubrique DES PATRIMOINES de Savoie

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Conser vation dépar tementale du patr imoine . décembre 2015 . n°36

La rubriqueD E S PA T R I M O I N E S de Savo ie

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Le torrent Morel, travaux de restauration,1896-1907, Bellecombe-en-Tarentaise,Aigueblanche.

Crédit photographiqueOdile Rebouillat / CDP (couverture)MJO (pages 4 et 5)Archives départementales de la Savoie et photothèqueMusée Savoisien (pages 6 et 7)CDP Florence Lelong et D. R. (pages 8 et 9)CDP Jean-François Laurenceau (pages 10 et 11)CDP Jérôme Durand (pages 12 et 13)CDP Clément Mani (pages 14 et 15)Service du Patrimoine Culturel, Département de l’Isère et CDPJérôme Durand (pages 16 et17)Alice Lauga, ASADAC Territoires et CDP (pages 18 et 19)CDP Jean-François Laurenceau et Valérie Brébant (pages 20 et 21)Claudia Defrasne et Emilie Chalmin (pages 22 et 23)Laurent D’Agostino et Cécile Randon (pages 24 et 25)Pascal Lemaître © Région Rhône-Alpes, IGPC, Éric Dessert © Région Rhône-Alpes, IGPC © Ville de Lyon, Caroline Gui-baud © Région Rhône-Alpes, IGPC © PNR Bauges (page 26)Denys Harreau © Région Rhône-Alpes, IGPC, Ville d’Aix-les-Bains, Éric Dessert © Région Rhône-Alpes, IGPC © Ville d’Aix-les-Bains © PNR Bauges (page 27)S. Santon, Collection particulière M.-A. Podevin, CDP ClaraBérelle et Odile Rebouillat (pages 28 et 29)Guy Desgrandchamps (pages 30 et 31)Dep74 F. Colomban et S. Mahfoudi (pages 32 et 33)Dominique Leclerc (page 34)

Création graphique de la maquette Emmanuelle MellierExécution et mise en page Fanette Mellier et Marion Pannier

éditorialLa rubrique 36

Direction des Archives, du Patrimoine et des MuséesJEAN LUQUET, Directeur

Conservation départementaledu patrimoine de la SavoiePHILIPPE RAFFAELLI, conservateur en chef du patrimoineJEAN-FRANÇOIS LAURENCEAU, attaché de conservationCLÉMENT MANI, attaché de conservationSOPHIE CARETTE, assistante de conservationVINCIANE NÉEL, assistante de conservationODILE REBOUILLAT, rédacteur principalLAURENCE CONIL, rédacteurVALÉRIE BRÉBANT, secrétaireMARIE-ANGÈLE GUILLIEN, agent d’accueil

CLARA BÉRELLE, chargée de mission Inventaire APSJÉRÔME DURAND, chargé de mission Réseau des muséeset maisons thématiques de Savoie

Conseil départemental de la SavoieConservation départementale du PatrimoineHôtel du département, CS 3180273018 Chambéry cedexTél. (00-33-4) 04 79 70 63 60E-mail [email protected]

Dépôt légal 4e trimestre 2015Tirage 2800 exemplairesISSN 1288-1635

ont collaboré à ce numéro n Elsa BELLE, chercheur, Service régional de l’Inventaire du patrimoine culturel, Direction de la Culture, Région Rhône-Alpes, 04 26 73 57 41, [email protected] Clara BÉRELLEn Sophie CARETTE n Anne CAYOL-GERIN, responsable du service patrimoine culturel,Conseil départemental de l'Isère – Direction de la Culture et du Patrimoine, 04 76 00 31 21, [email protected] n Sophie CHAMPDAVOINE,conservateur-restaurateur, ARC-Nucléart-CEA Grenoble, 04 38 78 31 79, [email protected] n Corinne CHORIER, Responsable descollections, Direction des affaires culturelles (DGAEDT), 04 50 33 23 28, [email protected] n Sylvie CLAUS, directrice-adjointedes Archives départementales de la Savoie, 04 79 70 87 73, [email protected] n Frédéric COLOMBAN, Direction des affaires culturelles(DGAEDT), [email protected] n Laurent D’AGOSTINO, historien, chargé d’étude, [email protected] n Claudia DEFRASNE, post-doctorante Fyssen, Departament de Prehistoria, Historia Antiga i Arqueologia – SERP, Universitat de Barcelona,chercheur associé au LaMPEA – UMR 7269, MMSH, Aix-en-Provence, [email protected] n Guy DESGRANDCHAMPS, architecte dupatrimoine, 04 50 94 64 17, [email protected] n Cécile DUPRÉ, Direction des affaires culturelles (DGAEDT)n Jérôme DURANDn Louis-Jean GACHET, conservateur général honoraire, Conseil exécutif d’ICOM-France, 06 30 73 13 30, [email protected] Claire GRANGÉ, Directrice de la Maison des Jeux olympiques d’hiver, Albertville, 04 79 37 75 71, [email protected] n Marie-Anne GUÉRIN, Directrice du Musée savoisien, Conservateur du patrimoine, 04 79 33 44 48, [email protected] n Caroline GUIBAUD, conservateur du patrimoine, Service régional de l’Inventaire du patrimoine culturel, Direction de la Culture, Région Rhône-Alpes, 04 26 73 57 42, [email protected] n Bergamote HÉBRARD, responsable Service Musée de Rumilly, 04 50 64 64 18,[email protected] n Pierre-Antoine LANDEL, enseignant-chercheur, Institut de Géographie Alpine / PACTE (UMR CNRS5194) Université Joseph Fourier, [email protected] n Alice LAUGA, consultante tourisme-culture, ASADAC MDP Territoires,04 79 68 53 13, [email protected] n Florence LELONG, conservateur-restaurateur, ARC-Nucléart-CEA Grenoble, 04 38 78 31 79,[email protected] n Clément MANIn Jean-François LAURENCEAU n Vinciane NÉEL n Emeline POUYET, docteur en physique des matériaux,vacataire ARC-Nucléart, 04 38 78 31 79, [email protected], European Synchroton Radiation Facility Grenoble n Philippe RAFFAELLIn Cécile RANDON, archéologue n Odile REBOUILLATn Philippe VERGAIN, chef du service régional de l’Inventaire du patrimoine culturel, Servicerégional de l’Inventaire du patrimoine culturel, Direction de la Culture, Région Rhône-Alpes, [email protected].

En ce début 2016, les 20 ans de la Conservationdépartementale du patrimoine de la Savoie offrentl’occasion de souligner auprès des lecteurs de LaRubrique les enjeux des politiques en faveur dupatrimoine historique définies par l’Assembléedépartementale et qui se traduisent dans les nom-breux projets dans lesquels ce service a étéimpliqué, soit directement en maîtrise d’ouvrage,soit en appui technique et financier auprès descollectivités et des différents territoires.Le patrimoine alpin et savoyard est un lien culturelessentiel entre passé, présent et avenir. Par ses par-ticularités et ses spécificités historiques, sa richesseet sa diversité territoriale entre Avant-Pays, grandslacs, Combe de Savoie, vallées alpines, cols et mon-tagnes, conurbations, bourgs et villages, stations,il contribue à la qualité de vie et à l’attractivité despays de Savoie, participe à la transmission inter-générationnelle, à la solidarité entre Savoyards etnouveaux habitants. Le patrimoine mobilise unepart significative de la vie associative, des acteursculturels, institutionnels et économiques du terri-toire autour de projets, d’actions de sauvegarde,de valorisation, d’animation culturelle, d’aména-gements « structurants », ou encore de produitsde tourisme culturel.Protection, conservation et restauration de Monu-ments historiques, immeubles, meubles et sitesou édifices du Patrimoine rural non protégé (PRNP),programmes d’études scientifiques et derecherches en archéologie, histoire, histoire de l’art,ethnologie, actions d’inventaire de l’Assembléedes pays de Savoie, expositions, médiation cultu-relle et ateliers pédagogiques, publications, créa-tion ou réaménagement de musées, de centresd’interprétation ou de maisons thématiques, mise

en réseau territoriale… Autant de projets qui sontdes opportunités pour ouvrir à la pluralité parte-nariale et aux projets partagés les équipements decommunes ou d’intercommunalités, l’animationdes Villes et pays d’art et d’histoire, les actions desparcs naturels régionaux ou du Parc national de laVanoise, la promotion des sites palafittiques label-lisés au Patrimoine mondial de l’Unesco ou le déve-loppement de projets transfrontaliers avec la Suisseet l’Italie.Le champ des patrimoines en Savoie s’avère vaste ;l’intérêt du public et des associations s’est forte-ment renouvelé depuis les années 90 après le lan-cement de programmes de valorisation du patri-moine baroque ou du patrimoine fortifié dansl’émulation des Jeux olympiques d’hiver de 1992.De nombreuses initiatives locales ont été depuissoutenues par le Département de la Savoie. Il s’estagi de répondre aux préoccupations mémoriellesde la société contemporaine en quête de sens cul-turel, au défi de la muséification du territoire, à lamultiplication de structures muséographiques etde produits de tourisme culturel, tout ceci sans gal-vauder l’offre patrimoniale. Afin de garantir aupublic sa qualité et sa pertinence, sauvegarde etvalorisation du patrimoine s’inscrivent désormaisdans le développement durable et la diversificationéconomique d’un territoire fortement marqué parle tourisme mais aussi dans de nouvelles perspec-tives culturelles.La connaissance et la protection du patrimoinesavoyard sont plus que jamais un préalable indis-pensable à sa valorisation culturelle, à la médiationet à la diffusion des savoirs, au développementd’offres culturelles et touristiques adaptées auxmutations de la société. Le patrimoine participe ainsi significativement àla vie des territoires. Favoriser la diffusion desconnaissances, faciliter l’accès à la Culture pourtous – nous parlons désormais de droits culturels,diversifier l’enrichissement culturel par l’appropria-tion et la transmission du patrimoine commun,poursuivre cet engagement même en temps decrise financière et d’interrogations sur l’avenir,autant d’actions qui construisent l’avenir de nosterritoires et renforcent les solidarités citoyennesnécessaires à l’épanouissement de la démocratie.

Hervé GaymardPrésident du Conseil départemental

de la Savoie

La rubrique des patrimoines de Savoie est téléchargeable surwww.savoie.fr

Directeur de la publicationHERVÉ GAYMARD

Rédacteur en chefPHILIPPE RAFFAELLI

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Projets muséographiques développés ou accompagnés dans les territoires musée d’archéologie à Sollières-Sardières (1999), tail-landerie Busillet à marthod (1999), le grand filon àSaint-georges-d’hurtières (2000), espace patrimoinede tignes (2000), musée gallo-romain « les potiersde portout » à Chanaz (2001), musée de l’ours descavernes à entremont-le-vieux (2002), garage del’électrobus au villard du planay (1997), Centre d’in-terprétation du patrimoine fortifié, redoute marie-thérèse, forts de l’esseillon (2002-2007), muséobar-musée de la frontière à modane (2006), arche d’oé àaussois (2006), espace alu à Saint-michel-de-mau-rienne (2007), Chartreuse-maison du patrimoined’aillon-le-Jeune, pNrmB (2008), rénovation du muséede la pyramide du mont-Cenis à lanslebourg (2009).

Actions de sauvegarde, d’inventaire, de restauration et de valorisation • Compétence pour l’instruction et le suivi de l’actionSauvegarde du patrimoine monumental de la Savoiedepuis 1995 (dispositif départemental pour la conser-vation-restauration des monuments historiques etdu patrimoine rural non protégé créé en 1993) • programme de valorisation du patrimoine fortifiéen Savoie, partenariat avec la faCim, Pierres-fortes deSavoie, 1995-1997 ; la valorisation du patrimoine for-tifié alpin, interreg ii, 1998-2001• Création du Répertoire départemental (objets mobi-liers), 1998• Création de La rubrique des patrimoines de Savoie,revue départementale semestrielle, 1998• inventaire du patrimoine bâti autour du lac duBourget, projet grand-lac, 2000-2003• réhabilitation du fort de ronce, commune de lans-lebourg-mont-Cenis, interreg ii avec le concours del’état, centre d’interprétation in-situ, 2000-2008• parc archéologique des lozes à aussois, 2001(programme d’inventaire des gravures rupestres deSavoie, 1987-2001)• écoutes patrimoniales, inventaire grand-lac, 2001Sentinelles des Alpes – Sentinelle delle Alpi, réhabilitationet valorisation du patrimoine fortifié des alpes franco-italiennes, interreg iii, partenariat avec mission déve-loppement prospective, 2002-2007• Alpis Graia, archéologie sans frontières au col du Petit-Saint-Bernard, programme franco-italien interreg iii,2000-2006 / 2007-2013• Création du réseau des musées & maisons théma-tiques de Savoie, 2004, Entrelacs rassembleaujourd’hui 28 établissements dans le département• programme patrimoine rural non protégé (prNp),partenariat avec le Stap, le CaUe de la Savoie, et lafondation du patrimoine lancé en 2004• Création des Itinéraires remarquables, sites, monu-ments et personnages célèbres, (ir), manifestationannée du patrimoine, 2004 : 11 itinéraires en Savoie ;

un nouvel itinéraire thématique sur le patrimoineminier et métallurgique est en projet • restauration des toitures de l’abbaye d’hautecombe,partenariat avec l’état et la fondation d’hautecombe,lancé en 2004 (en cours)• restauration de la grange batelière, 2004-2007 :aménagement d’un espace d’exposition temporaire• aménagement du site archéologique du rocher duChâteau à Bessans, 2005• inventaire du patrimoine hydraulique et thermaldes pays de Savoie, assemblée des pays de Savoie,partenariat avec la région rhône-alpes, lancé en 2008(en cours)• dépôt de fouilles départemental, partenariat avecl’état, draC rhône-alpes, Service régional de l’ar-chéologie, 2008• réaménagement du site historique de Saint Chris-tophe-la-grotte et aménagement du sentier autourde la préhistoire « sur la piste d’azil et magda » 2008Patrimoines en Chemin et Traditions actuelles, coopé-ration transfrontalière avec la région autonome valléed’aoste, le département de la haute-Savoie, le réseauempreintes 74 et l’écomusée paysalp, 2009-2012• aménagement et valorisation du col du petit-Saint-Bernard et de ses vestiges, Séez (2014).

Valorisation du Château des ducs de Savoielancée en 1999-2003• rénovation des salles de l’ancienne Chambre descomptes en espace d’exposition, 2008• rénovation de la Sainte-Chapelle, 1994-2012, restau-ration des grandes verrières, 1998-2002, rénovationintérieure, 2009-2012, restauration de l’orgue, 2013• aménagement de la tour trésorerie en espace demédiation, 2014-2015• ouverture et animation du château lors des Journéeseuropéennes du patrimoine, visites et expositions thé-matiques, depuis 2003.

Expositions départementales• Édouard Payot, photographe pictorialiste, salles dela Chambre des comptes, 1996• L’extraordinaire aventure de Benoît de Boigne auxIndes, salles de la Chambre des comptes, 1996 • Henri Dimier, dessins-peintures (1899-1986), sallesde la Chambre des comptes, 1996• Les Bronziers de Peisey à peisey-Nancroix, 1997 • Prosper Dunant, paysages de Savoie (1790-1878),manifestation « de paysages en paysages », araC,salles de la Chambre des comptes, 1997• Henri de Maistre, compagnon des ateliers d’art sacré,peintre de la réalité poétique (1891-1953), manifesta-tion maistre, une destinée européenne, adS, 1997-1998 • Du Tokaïdo au Mont-Cenis, dialogues pittoresques enzig-zag, musée olympique de lausanne et maisondes Jeux olympiques d’hiver, albertville, 1998

• Les Dufour, peintres du baroque en Maurienne, 2000-2003, programme de restauration, 1999-2002• expositions arts plastiques, salle des pas perdus,Château des ducs de Savoie (2001-2006)• Rupestres, la représentation humaine dans les gravuresrupestres de Savoie, manifestation « portrait », araC,salles de la Chambre des comptes, 2001• Histoires d’écriture, écritures d’histoire, salles de laChambre des comptes, 2001• La montagne fortifiée, année internationale de lamontagne, redoute marie-thérèse, avrieux, 2002Fonds François Montaz, photographies, salle des pasperdus, Château des ducs de Savoie 2005• Sainte-Chapelle-Sancta Capella, Château des ducsde Savoie, 2005-2012• Le château, la Savoie, dix siècles d’histoire, centre d’in-terprétation du château des ducs de Savoie, salles dela Chambre des comptes, 2009• Le château, la Savoie, 1860, 150e anniversaire de laréunion de la Savoie à la france, salles de la Chambredes comptes, 2010• Le château, la Savoie, collections, patrimoines et ter-ritoires, salles de la Chambre des comptes, 2011• Sculptures médiévales de Savoie, un patrimoine sau-vegardé, avec le concours des communes de Savoie,manifestation internationale Des saints et des hommes,l’image des saints à la fin du Moyen Âge dans les Alpes,salles de la Chambre des comptes, 2012• Roches de mémoire, 5 000 ans d’art rupestre dans lesAlpes, grange batelière de l’abbaye d’hautecombe,2013• Ça coule de source, le patrimoine hydraulique des Paysde Savoie, apS, en partenariat avec la direction desaffaires culturelles de haute-Savoie, 2013• Hautes en couleurs, fresques médiévales des chapellesde Savoie, avec le concours des communes de Savoie,salles de la Chambre des comptes, 2013 • Un travail d’orfèvres, trésors des églises de Savoie, avecle concours des communes de Savoie, 2014• Le Médaillier de Savoie, dix siècles d’histoire, salles dela Chambre des comptes, 2015• Archéologues d’eau douce, grange batelière de l’ab-baye d’hautecombe, manifestation autour du labelpatrimoine mondial de l’humanité de l’UNeSCo, 2015.

L’équipe de la Conservation départementale du patrimoine

vingt ans au service des territoiresdepuis vingt ans, la Conservation départementale du patrimoine de la Savoie met en œuvre, développe, accompagne nombrede projets patrimoniaux au cœur des territoires au service de la population confortant l’idée d’une Culture partagée. Créé parl’assemblée départementale en 1995, le service s’inscrit dans une continuité d’actions en faveur du patrimoine culturel. il doitaujourd’hui relever les défis de la mutation territoriale et sociétale, en s’appuyant sur ses partenaires dans les territoires et surune transversalité renforcée avec les archives départementales de la Savoie, le musée savoisien, la direction du développementartistique et culturel, fort de ses compétences et de son bilan.

ACtuALitéSPAtRiMoinE

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E t l’exposition commence avec l’affiche, quimontre un dessin crée par plonk et replonk, humo-ristes Suisses, qui s’amusent à manipuler les lieuxcommuns attribués aux alpes, ainsi en est-il del’ivresse des sommets, véritable euphorie qui faitvoir un mirage en forme de femme boule de neige,réincarnée dans un cheval. et qu’en est-il de la mer-veilleuse invention du téléphérique… à crémail-lère ! les sports d’hiver ne sont pas en reste avecl’épreuve de patinage artistique équestre, puisquec’est le cheval, chaussé de patins, qui fait les figures.les alpinistes, à l’instar de l’effet Zeigarnik1, n’ontjamais fini d’atteindre le sommet.edgar grospiron, celui qui sculpte les bosses et des-sine la pente, dans son texte intitulé Olympe, tientà rappeler l’essentiel de cette montagne : « Ce n’estpas une montagne que nous avons conquis, c’estnous-mêmes, disait le premier à avoir foulé le toitdu monde. il faut dire que le toit du monde est unbeau défi. plus tu montes, moins il y a d’air et plusil y a d’ivresse. tutoyer le sommet, c’est tutoyer lamort. le sommet n’est pas un lieu de vie. on lefoule puis on redescend se mettre à l’abri. parceque la montagne ne nous amuse pas, elle nousdéfie. mais l’aventure est stimulante, elle consisteà faire corps avec la nature ». le philosophe alain arvin-Bérod relève toutesses ambiguïtés : « Contrairement à une idéereçue, la montagne n’est jamais totalementachevée, ni dévoilée ni explorée en totalité.la montagne échappe ainsi à l’enfermementdes définitions. pourquoi ? parce qu’elle

bouge sans cesse ! oui, les mon-tagnes vagabondent au gré

des éléments, naturels etculturels, sérieux et

humoristiques. Neserait-ce que le

mont Blanc

qui grandit ou se rapetisse au fil des ans ou encorela mer de glace, dont le port se déplace selon lesmarées… humaines sans oublier l’everest et sespolars littéraires ! d’aucuns diront, comme toutclerc bien calibré par les états-majors, qu’elles sesont arrêtées depuis qu’elles ont été cartogra-phiées : la belle affaire. La carte n’est pas le territoireet la montagne non plus : elle le dépasse et l’en-globe. elle le définit, lui confère sa culture tout enétant son centre ». l’exposition entraîne vers des univers inattendus,subjectifs et décalés : celui des sportifs, des grim-peurs ou des riders, celui de l’imagination des créa-teurs, photographes, architectes, des écrivains quisavent donner un sens aux différentes dimensionsde la montagne.l’une de ces dimensions est de fantasmer sur lesformes de la montagne, et le Cervin, mythe del’alpe à lui tout seul, se prête particulièrement àtoutes les transformations : il peut, tour à tour, êtreun gentil dalmatien ou devenir lisse et brillantcomme un building de verre. dernier « 4000 »vierge des alpes, il incarne l’inaccessible et marquel’histoire de l’alpinisme moderne, puisque sonascension le 14 juillet 1865 2, est à la fois tragiqueet glorieuse, comme l’illustrent les deux gravuresparallèles de gustave doré. et puis, c’est aussi la montagne de l’enfance, celledu jeu primitif ou l’on grimpe au sens propre, celled’antoine le ménestrel, qui fait de sa vie un chemind’escalade et une expression artistique ou celle dulégendaire patrick edlinger. gilles Chappaz rapporteses propos : « Je grimpe pour me sentir en har-monie avec moi-même et en communion avec lanature. Je fais corps avec elle. C’est une forme d’ex-pression éthique et esthétique par laquelle je peuxme réaliser, parce que je recherche la liberté totaledu corps et de l’esprit ».et si on jouait avec la montagne ? Car les mon-tagnes du monde sont représentées dans les jeuxde société qui mettent en scène un décor romancéde montagne, allant de l’everest au mont fuji, sansoublier l’incontournable mont Blanc, mais où lesobstacles sont bien réels : crevasses, vallées à tra-verser, parois à gravir. Ces poursuites sinueuses desjeux de l’oie prennent le sens d’un parcours initia-tique où le joueur doit triompher des difficultéspour atteindre le sommet à l’image d’une cordée.d’ailleurs, les différents comités d’organisation desJeux olympiques d’hiver ne sont pas en reste d’ima-

imagine ta montagne!exposition à la Maison des Jeux olympiques d’hiver

la montagne, mais quelle montagne ? quelle est cette montagne qui nous entoure,au milieu de laquelle nous vivons ? dans notre imagination, la montagne tient uneplace à part, elle a une symbolique particulière. elle n’est pas seulement un lieucaractéristique, c’est un espace organisé selon la diagonale ou pire la verticale. Sasilhouette géante lui donne une dimension humaine. l’exposition « imagine tamontagne » propose différentes pistes, tantôt humoristiques, tantôt philosophiques,tantôt poétiques, tantôt ludiques pour nous interroger sur ce que nous ressentonsface à la montagne, comment nous nous approprions la montagne.

ACtuALitéS RéSEAu EntRELACS

L’ivresse des sommets, création plonk et replonk, Suisse.

Le mont Everest, jeu de parcours en troisdimensions, etats-Unis, 1955. Collection museoNazionale della montagna, italie (inv. 51).

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notes1. du nom de la psychologue russe, Bluma Zeigarnik(1901-1988), qui démontre qu’une action interrompue, àcause de la tension qu’elle contient, est toujours mieuxmémorisée qu’une tâche achevée.2. par l’anglais edward Whymper, le guide Chamoniardmichel Croz, le révérend hudson, le jeune douglas r.hadow, lord francis douglas, tous trois anglais et le guideSuisse peter taugwalder qui vient avec son fils qui portele même prénom. Une avalanche à la descente emportequatre des sept hommes de la cordée, ne laissant que troissurvivants, Whymper et les taugwalder, père et fils. 3. Cité par alain arvin-Bérod, dans le texte qu’il a écritpour l’exposition « l’effet Zeigarnik a encore frappé ».andré pitte (1943-2006) était le fondateur de la revuel’alpe, après avoir été éditeur et avoir travaillé sur un inven-taire du patrimoine rural.

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gination pour inventer le jeu du slalom avec la mas-cotte Schuss en 1968, un jeu de mémoire en 1992ou le jeu officiel de turin 2006. Ces merveilleusesboîtes de jeux, dont certaines datent du début duXXe siècle, proviennent, en grande partie, de lasuperbe collection du museo Nazionale della mon-tagna. Cette montagne qui fascine tant les hommes,« magique et dangereuse, maternelle et heureuse,toute l’ambiguïté est là ! » selon andré pitte 3, quelleplace réserve-t-elle aux femmes ? mais celle d’unebelle évolution ! depuis les paysannes figées dansleurs costumes traditionnels, en passant par lesjeunes séductrices de la Belle époque qui font lacouverture des magazines de mode, les femmess’émancipent et révolutionnent la vision de l’ama-zone, mais une amazone blanche voltigeant dansun nuage de neige sur une luge stylisée ! Car ellesse livrent à tous les sports d’hiver et de montagneavec succès, dessinant de nouvelles voies.les photographes contemplent la montagne pouren rendre ses lumières mystérieuses, ses formessuggestives, son univers minéral ou ses doucespentes habitées. Car l’homme n’a cessé d’y cher-cher refuge et ressourcement. Comment construireet inventer son abri : le chalet d’alpage désormaismythifié et revisité à la mode citadine, le centre deski créateur de vie sociale ou le refuge salutaire desalpinistes et randonneurs ? la montagne est tou-jours à inventer…

Les auteursCette exposition est une création originale, spé-cialement conçue et réalisée par un groupe d’au-teurs, réunis par la maison des J.o. au sein d’uncomité scientifique :– alain arvin-Bérod, historien du sport et de l’olym-pisme, philosophe– aldo audisio, directeur du museo Nazionale dellamontagna (turin, italie). – yves Ballu, auteur, historien de l’alpinisme et duski. – gilles Chappaz, créateur de magazines dédiés àla montagne et au ski, journaliste, réalisateur defilms– edgar grospiron, champion olympique des Jeuxde 1992, membre de la commission de coordina-tion des Jeux olympiques d’hiver de 2018 (Cio)– Jean-françois lyon-Caen, architecte, enseignantchercheur à l’école d’architecture de grenoble,équipe architecture-paysage-montagne.– Jean-luc traïni, photographe, journalisteremerciements à tous ceux qui ont prêté images,objets, films ainsi qu’au département de la Savoie,aux communes sites olympiques de 1992 et auCNoSf pour leur soutien.

imagine une nouvelle Maison des Jeux olympiques d’hiver !et pourquoi ne pas réfléchir à un pôle d’excellence,de chaque côté des alpes, sur l’olympisme, la mon-tagne et les sports d’hiver ? en effet, de nouvellesperspectives s’ouvrent pour la maison des Jeuxolympiques. des opportunités de développement dans lecadre du programme européen de coopé-ration alCotra sont à l’étude afin demonter un partenariat avec le museoNazionale della montagna (turin, italie).Ces deux musées de territoires qui ontorganisé les Jeux olympiques d’hiver, sontspécialisés dans la connaissance de lamontagne et des sports d’hiver. les projetsd’actions en commun valoriseraient par-ticulièrement le patrimoine olympique dessports d’hiver dans l’arc alpin, en lien avecle musée olympique (lausanne, Suisse).dans l’idée d’un rapprochement avec lesfédérations sportives de montagne (Clubalpin français, ffCam) et de sports d’hiver(ffS…), la maison des J.o. pourrait être unvéritable pôle montagne pour la Savoie

ainsi qu’un centre de ressources pour la présenta-tion de ces cultures alpines et olympiques en lienavec les communes qui étaient sites olympiquesdes J.o. de 1992.ainsi de part et d’autre des alpes, grâce au parte-nariat avec le museo Nazionale della montagna,qui mène depuis longtemps une action pointuede collecte du patrimoine et de médiation cultu-relle, l’attractivité de ces territoires de montagneserait renforcée, en alliant, à la pratique sportive,le volet de l’histoire et de la formation.

Claire Grangé

imagine ta montagnedu 10 février 2015 au 10 novembre 2016Maison des Jeux olympiques albertville (centre-ville) 11 rue pargoud – 73200 albertvilletél. 04 79 37 75 71maisonjeuxolympiques@wanadoo.frwww.maisonjeuxolympiques-albertville.org

ouvert de 10h à 12h et de 14h à 18h, sauf jours fériés, dimanche et lundi matinJuillet et août de 10h à 13h et de 14h à 19het dimanche et jours fériés de 14h à 19h

Exposition

Le golf hors-piste, création de plonk et replonk, Suisse.

affichette, le Cervin façon «101 dalmatians» de Stephen herek, USa, 1996. Collection museo Nazionale della montagna, italie.

Ne pas perdre la boule, tout est là !,Couverture de la vie parisienne, france, 28 novembre 1925, george léonnec. Collection museo Nazionale della montagna, italie.

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une opération de numérisation de grande envergureles archives départementales de la Savoie et lemusée Savoisien se sont associés pour inventorieret numériser l’ensemble de leurs collections decartes postales. Ce projet s’inscrit à la fois dans lapolitique de diffusion en ligne des fonds desarchives et dans celle du chantier des collectionsdu musée. il a concerné plus de 23 000 cartes pos-tales : 8 200 pour le premier service et 14 900 pourle second. Ces documents représentent principa-lement des paysages des deux départementssavoyards, mais également des monuments, desévénements particuliers, des costumes savoyards,des activités sportives et de loisir, des chasseursalpins ou encore secondairement des vues d’autresterritoires. la complémentarité de ces deux fondset la collaboration entre les deux services de ladirection des archives, du patrimoine et desmusées du Conseil départemental de la Savoie jus-tifiaient pleinement ce projet collectif.le traitement a commencé par l’inventaire des deuxfonds, mené par la société fontaine & fils, à partird’une grille d’analyse établie conjointement par lesarchives et le musée, de manière à pouvoir pré-senter des informations normalisées et donc à faci-liter les recherches ultérieures. Cet inventaire et lescartes postales ont ensuite été confiés à l’entreprisepicturae qui a numérisé l’ensemble, recto verso.

aucun tri n’a été effectué au préalable. Certainescartes peuvent donc se trouver en plusieurs exem-plaires mais sans être identiques pour autant : unexemplaire aura été utilisé et comportera une cor-respondance, un autre non, un autre encore porteraune simple annotation. l’image est toujours lamême mais le document est chaque fois différent.Ce travail permettra d’élargir la diffusion de cesfonds à travers leur mise en ligne, mais aussi d’enfavoriser la conservation en limitant la consultationet la manipulation des originaux. avant leur numé-risation, ils constituaient l’un des fonds les plusconsultés parmi les collections du musée et il y afort à parier que ce projet permettra de le faireconnaître encore plus largement.

« La grande tournée ! 20 000 cartes postales pour 5 facteurs » : deux spectacles et une installationpour faire connaître cette opération d’inventaireet de numérisation, le musée Savoisien et lesarchives départementales ont fait appel à la Cie ladroguerie moderne théâtre. S’appuyant sur le fondnumérisé des cartes postales, ces artistes ont crééà cet effet un spectacle intitulé « la grandetournée ! 20 000 cartes postales pour 5 facteurs ».deux sessions complémentaires de ce spectacle,l’une le 28 novembre 2015 et l’autre le 30 janvier2016, inviteront le public à participer en couchantquelques mots sur le dos de cartes postales…

plus de 20000 cartespostales numérisées !

le Musée Savoisien et les Archivesdépartementales inventorient,numérisent et valorisent leurs collections de cartes postales

la Savoie – Costume de tarentaise.CoSt-130.

la Savoie pittoresque – l'abbaye d’hautecombe- la tour du phare et le lac du Bourget. ad073_2fi 777

Chalet-refuge du Col de l'iseran (2770m).ad073_2fi 6016.

institution Nationale de Sourds-muets, Cogninprès Chambéry (Savoie) – atelier des tailleurs.ad073_2fi 7007.

roselend (Savoie), alt. 1.475 m. Construction du barrage. vue d'ensemble, au loin le Col du pré. 73034-209.

ACtuALitéS ARChiVES DéPARtEMEntALES & MuSéE SAVoiSiEn

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les incroyables bureaux postaux de ces 5 facteursde la S.r.e.p (Service rapproché d’échanges et deparoles) pourront se visiter dans l’installation miseen place dans le cloître du musée Savoisien du 28novembre 2015 au 30 janvier 2016.

« Ma Savoie en cartes postales » : un concours de création de cartes postalesenfin dans la perspective de garder un lien avec lepublic scolaire, un dernier volet de valorisation descollections de cartes postales s’adresse aux élèvesdes collèges et lycées de Savoie. en parallèle à l’ins-tallation artistique dans le cloître du musée Savoi-sien, le concours « ma Savoie en carte postale » (28novembre 2015 au 15 avril 2016) sera l’occasionde porter un regard décalé sur une pratique cul-turelle indissociable du plaisir du voyage. le thèmedu concours va jouer sur un paradoxe : alors quela communication électronique envahit notre quo-tidien, que les messages instantanés se sont trèsvite substitués à l’art épistolaire, les participantsseront invités à remettre à l’honneur la carte pos-tale illustrée. les élèves s’appuieront sur un corpusde cartes postales anciennes que les touristes nemanquaient pas d’envoyer en souvenir de leur pas-sage en Savoie. les candidats seront jugés sur leur

créativité et leur talent rédactionnel et leur capacitéà renouveler le genre par la création des deux facesd’une carte postale. au recto l’illustration proposera une vision contem-poraine de la Savoie ; un texte d’accompagnementau verso devra trouver les mots justes pour inviterle destinataire à découvrir les atouts du territoire.Ce sont à la fois la créativité artistique tout autantque l’originalité du contenu rédactionnel qui serontjugés. les enseignants seront invités à proposer lethème du concours comme sujet d’un travail inter-disciplinaire (arts plastiques et littérature parexemple) en s’appuyant sur un dossier pédago-gique et en venant découvrir les collections decartes postales lors d’une rencontre au muséeSavoisien. le concours sera jugé par des profes-sionnels dans les domaines de la création gra-phique, du tourisme, des archives et des musées.la remise des prix aux trois lauréats de chaquecatégorie (collège et lycée) se fera lors de la fêtede la musique au musée Savoisien. Une expositiondu 21 juin au 17 juillet dans les espaces d’accueildu musée valorisera l’ensemble des travaux descréations des élèves.règlement du concours à retrouver sur le site dumusée Savoisien : www.musee-savoisien.fr

une collection de cartes postales : pourquoi, comment et jusqu’où ?dans le cadre de leur programme de conférencesde découverte des fonds, les archives départemen-tales proposeront au printemps prochain une pré-sentation de cette collection de cartes postales.l’idée est de présenter la manière dont la collectiona été constituée – pour autant qu’on le sache – etde transmettre les connaissances qu’archivistes etdocumentalistes ont développées et acquises entravaillant sur cette collection. il s’agira égalementd’aller plus loin qu’une simple présentation en envi-sageant l’utilisation qui peut être faite de ces docu-ments. Non pas d’un point de vue créatif, historiqueou illustratif car chacun s’approprie aisément cesupport mais d’un point de vue réglementaire. lacarte postale est en effet un document iconogra-phique et une création artistique dont la réutilisa-tion est encadrée par des droits très précis. l’ob-jectif de la conférence ne sera pas de présenter unprécis de droit mais de donner des pistes pour nepas se fourvoyer. À suivre aux archives départe-mentales de la Savoie au printemps prochain.www.savoie-archives.fr

Sylvie ClausMarie-Anne Guérin

Spectacles « La grande tournée » Samedi 28 novembre et dimanche 30 janvierà 15h

installation artistique « Les incroyables bureaux des facteurs » du 28 novembre au 30 janvierdans le cloître du musée du musée Savoisienentrée libre

Infos pratiques

Chasseurs alpins – au repos. ad073_2fi 6141. epierre (Savoie) – Societe Universelle d'explosifs,usine hydro-electrique de la Corbière, sortie des ouvriers. 73109-12.

le marche a Saint-Jean-de-maurienne. 73248-18.

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Pour localiser les « brocarts appliqués » dansla polychromie des sculptures et recueillir unmaximum de données formelles à leur sujet, unelarge couverture photographique a été réalisée insitu. les clichés ont été pris sous différents éclai-rages : artificiel rasant [fig. a] et ultraviolet, afind’accentuer les légers reliefs à l’origine des décorsqui n’étaient pas toujours perceptibles. Cetteméthodologie a permis de localiser 13 vêtementsrépartis sur les 8 sculptures présentant des « bro-carts appliqués ». Néanmoins, 5 œuvres seulementconservent des surfaces assez étendues pour envi-sager la mise en évidence de 6 décors en « brocartsappliqués ». retravaillés avec un logiciel de traite-ment d’images (photoshop™), les clichés photo-graphiques pertinents ont servi de base à l’élabo-ration de relevés dont le tracé reprend les lignesde force de chacun de ces 6 décors. les schémas obtenus ont été soumis à l’expertised’un botaniste2 qui a permis de différencier lesmotifs qui peuvent être rapprochés d’espèces bota-niques reconnues, de ceux qui sont uniquementornementaux. il a aussi mis en place un vocabulairerigoureux, utilisé pour décrire les motifs végétauxobservés. trois types de motifs ont ainsi pu êtrerapprochés d’espèces végétales existantes. deux motifs du type chardon3 ont été identifiés.l’un est situé sur la robe de la sainte femme, diteà la guimpe, de la Mise au Tombeau de lémenc,l’autre, sur la robe de la Vierge à l’Enfant du Bourgetdu lac. les critères botaniques retenus pour cettecaractérisation sont la présence de bractées nom-breuses, de feuilles dentelées, d’une fleur renfléeet d’un toupet sommital composée de plusieursparties, les corolles dépassant les bractées [fig. b]. deux motifs du type grenade4 ont aussi été carac-térisés : l’un sur la tunique du Saint Jean évangélistede oulx et l’autre, sur celle du saint Jean de la Mise

au Tombeau de lémenc. les critères botaniquesretenus les différenciant du chardon sont : un fruitcirculaire et le vestige d’un calice formant une cou-ronne bien visible en continuité avec la partiesituée en-dessous. Un motif de grande feuille surla robe de la sainte madeleine de la Vierge de Pitiéde Saint offenge-dessus est plus difficile à carac-tériser. avec sa pointe marquée en forme delosange, sa nervure centrale et ses ramificationssecondaires, il pourrait s’agir d’une feuille de peu-plier noir ou, plus probablement d’une forme cor-diforme dérivée de la feuille de lierre5.enfin, le décor de « brocarts appliqués » sur le pour-point du Saint Roch de Barberaz semble composéde motifs ornementaux complexes, répartis suivantune symétrie axiale. Ce décor est difficilementlisible mais ne semble pas répondre à des critèresbotaniques6.Chardon et grenade sont les motifs les plus repré-sentés dans le groupe d’œuvres étudié (2 foischacun) et ils sont communs dans la productionartistique de la fin du moyen Âge [fig. c].

Néanmoins, au tournant des Xve et Xvie siècles, ilsprennent souvent des formes stylisées. dans cecontexte de production artistique, appliquer unmotif de chardon ou de grenade nettement iden-tifiable sur 4 figures sculptées pourrait résulter d’unchoix guidé par la portée symbolique de ces motifs,en lien avec l’iconographique des œuvres. prenonsà titre d’exemple, les deux motifs identifiés sur deuxdes figures de lémenc. ils transcrivent à eux seulsles thématiques religieuses inhérentes à l’icono-graphie de la Mise au tombeau. le chardon, imagede la douleur du Christ et de la vierge, évoque lapassion ; la grenade : symbole de Jésus, d’amouret d’immortalité, la résurrection. Cette lecture sym-bolique fonctionne aussi à l’échelle de chacunedes figures : le motif de chardon, répété sur la robede la sainte femme peut évoquer la vertu protégéepar les piquants de la plante. la grenade en semissur la tunique du saint Jean évoque la commu-nauté des croyants et la prêtrise car cette baie portedes fruits riches sous sa peau dure.

identification de décors en brocarts appliqués dans la polychromie de sculptures rattachées à l’ancien duché de Savoie

le présent article complète notre étude des matériaux mis en œuvre lors de la réali-sation de « brocarts appliqués » observés dans la polychromie d’un petit groupede sculptures rattachées à l’aire de production chambérienne des années 1480-1530 1.les décors en léger relief, imitant de riches textiles, sont conservés à l’état fragmen-taire sur les 8 sculptures savoyardes considérées. dissimulés parfois sous des repeints,ils sont donc difficilement lisibles à l’œil nu. la mise en place d’un protocole permet-tant de faciliter leur lecture était un préalable nécessaire à leur étude. les motifsdéfinis par cette méthodologie, majoritairement végétaux, ont été soumis à uneexpertise botanique qui nous a aidé à les identifier. la symbolique de chaque motifet décor a été confrontée à l’iconographie des œuvres pour appuyer cette premièreidentification. la finalité de cette étude est d’établir si des spécificités caractérisentles motifs de « brocarts appliqués » de ce petit groupe chambérien.

Jaquelin de montluçon, Retable des Antonins,vers 1480, Savoie (détail de l’ange de l’annonciation).

Mise au tombeau, crypte de l’église Saint-pierrede lémenc, Chambéry.

AntiquitéS & obJEtS D’ARt

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pour chacune des œuvres de notre corpus cham-bérien, cette lecture symbolique des motifs de gre-nade, de chardon ou de feuille de lierre fonctionneà la fois à l’échelle du personnage qui porte le motifet à l’échelle de l’iconographie générale de l’œuvre. Concernant les motifs ornementaux en « brocartsappliqués » formant des décors complexes : le tex-tile précieux imité sur le pourpoint du Saint Rochde Barberaz, rappelle aux croyants l’origine socialede ce fils d’un riche marchand car il est proche deceux que pouvaient porter les riches notables à lafin du moyen Âge. de la même manière, la luxu-riance du décor apparenté à un textile bordé surla robe de la magdeleine de la Vierge de Pitié desaint offenge-dessus évoque sa condition de cour-tisane aux yeux des fidèles. le protocole de lecture a permis d’identifier desmotifs et décors en « brocarts appliqués » majori-tairement végétaux sur cinq des œuvres sculptéesdu groupe étudié. les motifs du chardon et de lagrenade y sont prépondérants. Certainementchoisis pour leur portée symbolique, les motifsidentifiés reflètent une parfaite connaissance duvocabulaire ornemental de la part des polychro-

meurs et/ou des commanditaires. répandus dansla production artistique, ils étaient aisément iden-tifiables par les croyants et contribuaient à leurconnaissance des figures bibliques et à leur éléva-tion spirituelle. Une forte imprégnation religieuseet didactique ressort de cette étude des motifs de« brocarts appliqués » et serait à mettre en relationavec les commanditaires et la destination de cesœuvres. Sur la base du protocole établi dans cet article, uneétude du corpus de « brocarts appliqués », élargieà l’échelle de la production artistique de l’ancienduché de Savoie permettrait de savoir si les ten-dances constatées sont caractéristiques des poly-chromies des sculptures chambériennes ou pluslargement de la production savoyarde.Une dernière phase d’étude sur ce premier grouped’œuvres sculptées chambérien mettra enfin enregard le savoir-faire technique requis et mis enœuvre par les polychromeurs avec les productionset commandes textiles contemporaines.

F. Lelong, S. Champdavoine, M. Lefèvre, S. Peurichard, E. Pouyet, C. Terpent

fig. a – Mise au tombeau, crypte de l’église Saint-pierre de lémenc, Chambéry. motif en « brocartappliqué » répété sur la robe de la sainte femme,dite à la guimpe, vu en lumière naturelle, aprèstraitement informatique de l’image et aprèsrelevé de la partie centrale du motif.

fig. b – identification botanique du motif en « brocart appliqué » du type chardon, répétésur l’ensemble de la robe de la sainte femme,dite à la guimpe, de la Mise au Tombeaude lémenc.

fig. c – exemples de motif du type chardonreprésentés sur d’autres supports que la sculpture : Tapis, fin Xve-Xvie s., soie et fil d’or,italie ou espagne (détail). moma, N.-y., USa. N° :46.109.26 / mantegna, Chambre des épouses, 1474,peinture murale, mantou, palais ducal (détail de la pièce de tissus, ou de cuir, tendue en arrière-plan).

notes1. f. lelong, S. Champdavoine, e. pouyet ; t. guiblain :« Caractérisation de décors dits “brocarts appliqués” dansla polychromie de sculptures, datées des années 1480-1530, rattachées à l’ancien duché de Savoie », La rubriquedes patrimoines de la Savoie, juillet 2015, pp. 24, 25.2. m. lefèvre, chargé des collections au muséum d’histoirenaturelle de grenoble.3. m. lefèvre : « Chardons de la famille des astéracées(Cynara sp., Carduus sp., Cirsium sp. principalement), dontfait partie l’artichaut ». 4. m. lefèvre : « hypothèse : grenade (Punica granatum,famille des lythracées) bien que stylisé et portant desfeuilles crénelées pour les deux motifs alors que les feuillesde grenadier sont entières ».5. m. lefèvre : « peuplier noir (Populus nigra) / feuille delierre grimpant (Hedera helix) ou lierre de colchide (Hederacolchica). »6. des motifs de rubans plats ou ornés d’une frise de petitslosanges, de rubans noués, de palmes, de zones délimitéesrenfermant des petits cercles ont été mis en évidence surce vêtement.

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AntiquitéS Et obJEtS D’ARt

C’est en préparant l’exposition Un travail

d’Orfèvres qu’est apparue la singularité de la pré-

sence de pièces d’orfèvrerie d’origine bavaroise

dans les trésors des églises de Tarentaise. La répar-

tition géographique de ces objets, Monuments his-

toriques, est remarquable par son homogénéité et

concerne une aire restreinte aux communes de

Bellentre, Bourg-Saint-Maurice, Champagny-en-

Vanoise, Landry, Montgirod, Peisey-Nancroix et

Saint-Nicolas-la-Chapelle. Ces objets témoignent

d’échanges commerciaux et plus particulièrement

des flux migratoires des Savoyards, engagés dès la

fin du Moyen Âge, vers « les Allemagnes » au cours

des XVIe et XVIIe siècles. Une proximité qui, au-delà

du rayonnement d’Augsbourg comme centre de

foi catholique, pourrait trouver sa source dès le

XVe siècle, lorsque des concessions pour l’exploi-

tation du plomb argentifère de Tarentaise sont

données à des citoyens de Nuremberg par la

duchesse Yolande de Savoie.

Cette émigration marchande, étudiée et attestée

par de nombreux historiens, poussée par la pres-

sion fiscale, les difficultés locales, la pauvreté,

témoigne d’une dynamique de cooptation par les

familles et les clans villageois. Chaque territoire

d’origine ayant ses lieux d’accueil de prédilection,

des pièces d’orfèvrerie bavaroise en Savoie

quelques communes nourrissent une émigration

suivie vers Augsbourg et ses environs où plusieurs

migrants réussirent et s’installèrent définitivement.

Ainsi, d’après l’abbé Savarin « en 1685, Jean-Fran-

çois Cléaz, marchand et bourgeois d’Augsbourg,

émigré de Montchavin de Bellentre, offrit un remar-

quable ostensoir vermeil orné de pierreries et

émaux historiés. Son cousin André, établi à Ratis-

bonne, envoya un riche calice ; Charles, son frère, la

grande croix de procession et Antoine, un autre

frère marchand et bourgeois de Vienne, un tableau

peint sur cuivre, deux calices, des burettes avec

plateau en argent et une sonnette d’argent ».

Poinçons d’Augsbourg, grand centre germanique de production d’orfèvrerie.

Marque au 4.Plat de quête, importation germanique, XVIe siècle, «Josué et Caleb portant la grappe de raisin», objet mobilier classé Monument historique en 1905, Montagny.

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(Jean-François Cléaz, marié à Marie Oswaldin, mort

à Augsbourg en 1693, fut d’abord ramoneur, puis

marchand, puis fournisseur des armées impériales

de l’archiduc d’Autriche Léopold 1er).

Sous le pied de cet ostensoir, classé Monument his-

torique, un ex-dono gravé : « Je Jean-François Cléaz,

du Revers de Bellentre, de présent bourgeois

d’Augsbourg, fais présent de cette custode à Mon-

seigneur Saint André de Bellentre, mon bon patron

-1685 ».

Treize objets sont actuellement répertoriés par la

Conservation des Antiquités et objets d’art de la

Savoie, cinq calices, un ciboire, deux croix de pro-

cession, deux ostensoirs, une navette, un reliquaire,

un plateau et ses burettes, parmi lesquels un calice

et sa patène en alliage d’argent doré portent la

mention « Glaude Blam Margareta sa fema bour-

geois de Straubin 1591 ». Ceux-ci présentent une

unité stylistique propre à l’orfèvrerie bavaroise et

constituent les rares témoignages subsistant d’une

importante activité commerciale et culturelle

éteinte au cours du XVIIIe siècle.

Certains portent ciselé un monogramme de cor-

poration de marchands au chiffre 4 stylisé assorti

de sigles et d’initiales. Ceux-ci auraient leur origine

en Allemagne et se retrouvent sur les linteaux de

portes des maisons de marchands en Savoie ainsi

que sur les plombs qui scellaient les balles de mar-

chandises du commerce transfrontalier, dont plu-

sieurs ont été retrouvés en Tarentaise.

Proche d’Augsbourg, centre de production réputé

pour son orfèvrerie, la communauté des batteurs

de laiton de Nuremberg a largement diffusé sa pro-

duction de plats à offrandes ou plats de com -

munion aux XVe et XVIe siècles, avant que leur usage

ne soit progressivement abandonné par la liturgie.

Quatre sont connus en Savoie, à décor de godrons,

de motifs circulaires poinçonnés ou estampés d’ins-

criptions en vieil allemand et portant un motif

biblique en leur centre. Josué et Caleb portant la

grappe de raisin ou le jardin d’Eden étant des

scènes couramment représentées.

Si ce bref tour d’horizon a permis l’émergence d’un

corpus d’objets issus des relations commerciales

entre la Savoie et la Bavière des XVIe et XVIIe siècles,

peut-être permettra-t-il aussi d’apporter un éclai-

rage à la question de la construction des identités

et des cultures en Europe?

Jean-François Laurenceau

Remerciements à Jean Delavest pour ses recher cheset travaux de documentation.

• Dechavassine Marcel, L’émigration savoyarde dans

les pays de langue allemande.

• Devos Roger, Grosperrin Bernard, La Savoie de la

Réforme à la Révolution française.

• Guichonnet Paul, L’émigration alpine vers les pays

de langue allemande, 1948.

• Maistre Gilbert, L’émigration marchande savoyarde.

• Plassiard, L’émigration tarine en Bavière au XVIIe

siècle, 1968.

• Abbé Savarin, Notice historique sur le prieuré de Bel-

lentre, 1868.

• Rosenberg Marc, Der goldschmiede merkezeichen,

Frankfurt, 1922.

Bibliographie

Ostensoir produit à Augsbourg, XVIIe siècle, maître-orfèvre Georg Reischli,objet mobilier classé Monument historiqueen 1905, Bellentre.

Hausmarken : exemples de marques de maisons de marchands.

« ~1650 le present galise et une custodie a offert e presenté pour l’honneur de dieu a leglise parroscialle de la Chapelle le sieuranserme Jarre marchand et bourgeoisd’augsbourg qui prie messuers les sindics et les procureurs della dicte eglise presans et a venir de les avoir en recommandation affinquils ne soient esgarez ou transpotes a lieurs »

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Le programmeUn format semblable aux précédentes rencontresa été adopté. les séances plénières (cycles deconférences, restitutions, …) et les ateliers au cœurdes territoires ont mis en perspective les expé-riences savoyardes avec celles d’autres territoiresalpin, voire européens. la problématisation desdébats était assurée par pierre-antoine landel,ingénieur en agriculture spécialisé en économiedu développement territorial à l’Université de gre-noble alpes (Umr paCte).

Des ateliers participatifs sur les territoiresdu projet culturel, dont naît l’idée de musée ou decentre d’interprétation, jusqu’à l’interface muséo-graphique et à l’offre de visite destinée aux publics,le fonctionnement des structures des territoiresappelle leur concept initial à évoluer au gré desréalités territoriales et des attentes des publics. 4ateliers, en groupe de 30 personnes, ont été pro-posés :

• les forts de l’esseillon : développer un projet cul-turel et touristique pour un site monumental• itinérance d’un patrimoine industriel : « mines,patrimoine minier et métallurgie », un itinéraireremarquable thématique • axima-la plagne : innovation, intégration. quelprojet culturel pour une ville-station ?• patrimoine et territoire, valorisation et mise enréseau des acteurs d’un parc naturel régionalpour croiser les regards, les expertises pluridisci-plinaires (scientifique, culturelle, touristique, …)et les compétences indispensables à la réussited’un projet, l’animation de ces ateliers a été confiéeà Savoie Vivante – Centre d’initiative permanent pourl’environnement (CIPE) Une approche participativefondée sur la co-construction et une trame métho-dologique commune ont été proposées. danschaque atelier, un rapporteur jouait un rôle d’ob-

servateur pour en préparer la restitution. par res-pect de la diversité des intervenants, aucun cadreméthodologique n’était fixé pour la réalisation dessynthèses.

Capitaliser les échangesla question de la capitalisation des échanges etles expérimentations d’animation participativedont le réseau Entrelacs a été le théâtre pendantces trois journées, interrogent les objectifs et lesmoyens d’accompagnement des projets des terri-toires. depuis sa création en 1995, la Conservationdépartementale du patrimoine de la Savoie inscritses actions au cœur des enjeux territoriaux. À tra-vers le réseau Entrelacs, elle déploie une expertiseet un conseil ayant pour but d’accompagner lesstructures muséales en favorisant l’émergence deprojets culturels vecteurs d’authenticité et d’his-toricité pour le développement d’actions qualita-tives. la mise en réseau fait apparaître de nouvellesformes de solidarités territoriales, de partages d’ex-périences et de compétences que le départementde la Savoie soutient et développe.

Jérôme Durand

les 3es Rencontres du patrimoine alpinles patrimoines enjeu du territoire, mutation & transmission

dans le prolongement des précédentes Rencontres duPatrimoine Alpin d’aymavilles (novembre 2009) et dethonon-les-Bains (juin 2011), un troisième volet de cesrencontres transfrontalières a été organisé par la Conser-vation départementale du patrimoine de la Savoie les14, 15 et 16 octobre au Château des ducs de Savoie, àChambéry et dans le département avec le concours dequatre structures partenaires du réseau Entrelacs, muséeset maisons thématiques de Savoie. Ces journées ont étéproposées par l’assemblée des pays de Savoie avec pourobjectif de poursuivre et d’enrichir le dialogue entre lesacteurs du patrimoine alpin et les porteurs de projetsculturels et touristiques. elles ont réuni 270 participants.

3ES REnContRES Du PAtRiMoinE ALPin

• pierre-antoine landel (Université de grenoblealpes, Umr paCte), « La place du patrimoinedans la décentralisation »

• louis-Jean gachet (Conservateur général hono-raire – Conseil exécutif d’iCom-france), « Le muséehors ses murs». évolution des réflexions conduitesau sein des conférences générales de l’iCom.

• anne Cayol-gerin (responsable du Service patri-moine Culturel – département de l’isère), « Ledépartement : une échelle pertinente pourtraiter du patrimoine ? »

• philippe raffaelli (Conservateur en chef – Conser-vation départementale du patrimoine de laSavoie), « La fabrique du patrimoine en Savoie »

• Cécile dupré (Conservatrice en chef, directriceadjointe – direction des affaires Culturelles dudépartement de la haute-Savoie), « Développe-ment de deux sites patrimoniaux en vallée duGiffre ».

• Sandrine vuillermet (médiatrice – musée Savoi-sien), « Les noëls de bessans : une traditionvivante ».

• frédéric meyer (professeur des Universités – Uni-versité Savoie mont-Blanc), « Le Master Métiersdu patrimoine de l’université de Savoie Mont-blanc : quelles spécificités ? »

• eric genolet (Conservateur – association valai-sanne des musées), « Les musées du Valais. étatdes lieux et perspectives ».

• françoise gohy (directrice de musées et Sociétéen Wallonie), « Stratégie, évaluation et ouvertureau changement dans le secteur muséal wallon».

• muriel faure (directrice de la grande traverséedes alpes), « De la mise en tourisme du patri-moine alpin : marketing et storytelling ».

• Saverio favre, directeur du Bureau régional pourl’ethnologie et la linguistique – région autonomevallée d’aoste, Claire roset, direction des affairesculturelles – Conseil départemental de la haute-Savoie, dominique Carliez, réseau empreintes 74,« Les défis des acteurs du patrimoine alpin.temps forts des rencontres et des débats orga-nisés entre 2008 et 2015 dans le cadre de lacoopération engagée entre la haute-Savoie, laSavoie et la Vallée d’Aoste. »

Les intervenants

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Patrimoine et construction de territoirede même que les monuments l’ont été pour laconstruction de la Nation, les patrimoines sontaujourd’hui mobilisés pour la construction des ter-ritoires. Ces derniers se fabriquent au quotidienpour apporter des réponses concrètes aux ques-tions posées par la mondialisation des échanges.le patrimoine devient une métonymie du territoire,en ce sens que l’un ne peut exister sans l’autre. lesdeux processus de territorialisation et de patrimo-nialisation peuvent être menés en parallèle. aprèsavoir résulté d’un processus de désignation parl’état, le patrimoine est reconnu par des groupessociaux différenciés comme un bien commun,contribuant à la construction de leur identité. il ya là l’origine d’une profonde transformation qui aconduit à mobiliser le patrimoine dans trois direc-tions : la construction des territoires, leur dévelop-pement, et leurs relations avec d’autres territoires. la construction des territoires mobilise plusieurséléments. leurs localisations particulières leurconfèrent des caractéristiques naturelles. les pro-cessus d’appropriation mobilisent des dénomina-tions, des aires d’extension et des limites. des pra-tiques résultent d’une mise en relation des lieuxqui le composent, mobilisant des pôles et desréseaux. enfin les acteurs des territoires sont por-teurs d’une mémoire, matérialisée par un héritagematériel et immatériel, issu de son histoire longuefaite de continuités, de crises, de transitions, d’in-novations.

le patrimoine résulte d’un processus de transmis-sion et de sélection, opéré par les acteurs des ter-ritoires. il va être situé au cœur de l’identité collec-tive qui va à la fois rassembler les habitants etacteurs, en même temps qu’il les distingue de ceuxd’autres territoires. le paysage va en constituerune des formes les plus courantes, d’autres élé-ments tels que les patrimoines bâtis, les savoir-faire, les chemins et passages, les fêtes et foires, leslangues, vont en être des marqueurs mobilisés augré des projets.

Patrimoine et développement des territoires Ces éléments patrimoniaux vont pouvoir êtremobilisés comme des ressources au service dudéveloppement du territoire. ils vont parfois êtredirectement mobilisés comme des biens mar-chands insérés dans des programmes de visites oud’autres usages associés (hébergement, restaura-tion, logement, services, lieux de création et d’ex-position etc.). plus souvent, ils sont mobilisés dansdes logiques d’attraction territoriale. ils contribuentà différencier les territoires pour accompagner soitla constitution d’espaces résidentiels dotés d’amé-nités attractives, soit des destinations touristiques,intégrés dans un emboîtement de destinations aucœur desquelles on trouvera la destination france,construite à partir de sa richesse patrimoniale. le patrimoine peut aussi mobiliser comme desbiens non marchands dans des projets éducatifs,mais aussi sociaux, au travers de leur capacité à

tisser du lien social, à renforcer les processus « d’in-clusion » sociale. Cette approche ne doit bien évi-demment pas exclure d’autres possibilités de mobi-lisation des patrimoines, dans des logiquessectaires qui peuvent au contraire aboutir à desprocessus d’exclusion.

Vers la ressource patrimoniale la ressource territoriale est révélée à partir deregards extérieurs, capables de souligner des res-sources latentes et non valorisées, porteuses dequalités spécifiques car localisées. elle est mobiliséepour assurer la différenciation des territoires dansl’espace. pour sa part, la ressource patrimoniale estrévélée, transmise et sélectionnée par un collectifsocial. elle est au temps ce que la ressource terri-toriale est à l’espace. elle est mobilisée dans lespériodes de mutation des territoires pour leur per-mettre de se construire une durabilité. le patri-moine assure l’ancrage du projet à un territoire etpermet de faire émerger des capacités singulières. Nous proposons l’idée que le patrimoine ne s’op-pose pas au changement. il se joue au contrairedans ces processus des innovations qui sont ame-nées à se généraliser. en faisant de l’association,du partage et de la coopération son moteur, lepatrimoine s’oppose au modèle de la compétition.il n’est plus seulement le support d’activités de loi-sirs, mais la base de nouvelles solidarités essen-tielles, porteuses des innovations sociales qui semultiplient sur les territoires.

Des questionnements partagés Cette posture mérite d’être soumise à la discussion.les rencontres du patrimoine de 2015 ont permisde la mettre à l’épreuve des témoignages d’acteursengagés dans l’action patrimoniale. ils onttémoigné des mutations en cours, et les ont illus-trées par des nombreux exemples. ils témoignentde l’élargissement continu des patrimoines mobi-lisés et de la diversification des acteurs impliqués.au travers de quatre ateliers de terrain, ils ont puétudier la mobilisation des patrimoines dans denouveaux projets, dont plusieurs participaient auxtransitions en cours, tant au niveau économie etsocial, qu’au niveau environnemental et climatique. au travers de la coopération entre les deux Savoie,mais aussi avec le val d’aoste, ils ont pu témoignerde la capacité des patrimoines à relier des terri-toires. ils sont porteurs de nouveaux types de liens,insérés dans la construction de projets répondantà de nouvelles attentes de création et d’innovationssociales. ils sont porteurs d’opportunités de sens,dans des espaces fragmentés par la complexitédes procédures territorialisées.

Pierre-Antoine Landel

vers un nouveau tournant patrimonial ? la société s’interroge de plus en plus librement sur l’intérêt de considérer encore le patrimoine comme sacré. en mai 2014, lequotidien Le Monde titrait : « intouchable, le patrimoine ? » pour relater la suspension du projet de restructuration de la Sama-ritaine, au nom du respect de la régularité de la rue de rivoli. l’architecte Christian de portzamparc réagissait à cette décisionen affirmant : « Nous ne pouvons respecter le passé qu’en le rendant vivant et pour cela en l’adaptant ici et là à notre modede vie ». au début de l’année 2015, l’écrivain erik orsenna souhaitait à son pays « qu’il ose enfin demander au passé de neplus l’aveugler ». la mobilisation permanente de la mémoire atténuerait-elle la capacité à imaginer un monde différent, àconstruire de nouveaux rapports sociaux et à les mettre au service de profondes transformations. Ces questions ont été aucœur des 3es rencontres du patrimoine alpin.

rencontres du patrimoine alpin : conférencesaux archives départementales de la Savoie.

rencontres du patrimoine alpin : bilantransfrontalier et restitution des ateliers-projets à l’université de Savoie mont-Blanc.

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aNimateUr de l’atelier David Chabanol, Savoie Vivante CIPEeXpert référeNt Pierre Antoine Landel,professeur d’universitérapporteUr de l’atelier

Florence Fombonne Rouvier,directrice du CAUE de la Savoiehôte Muriel Theate, Maison du tourisme ValléeAime-La-Plagne

L’objectif affiché de la journée devait permettrede :– croiser les regards ;– apporter des éléments de réponse aux besoinsidentifiés sur les sites ;élaborer une méthodologie adaptée « sur mesure »à chaque objet ;– s’interroger sur les projets culturels d’une com-mune support de station.avant de rentrer dans le vif de sujet et de l’atelier,le groupe a effectué une visite sensible du site dela Basilique Saint-martin, lui permettant de cernerle caractère historique d’aime-aXima, qui fut capi-tale régionale de la province des alpes graies àl’époque gallo-romaine, avant de disparaître pourmieux renaître sous la forme d’un centre religieux.elle prend ensuite le qualificatif de bourg centre, etse révèle au fil du temps comme un lieu de passage,

assistant depuis le début des années soixante audéplacement progressif de son centre et centresd’intérêt vers les stations de la plagne. Cette première approche a pu permettent augroupe de voir apparaître ce territoire commeayant subi au cours des siècles de profondes muta-tions identitaires, socle d’un patrimoine bâti trèsriche et disparate, laissant assez peu de place à l’im-matériel et à l’environnement naturel et agricole.au regard de l’accélération des déplacements etcentres d’intérêt, la commune tend à être ramenéeà la simple qualification de « corridor » servant seu-lement de débouché aux stations… et perdantainsi progressivement toute capacité de valorisa-tion de son riche passé. il s’agissait donc dans lecadre de cet atelier de révéler les forces et faiblessesde la commune d’un point de vue patrimonial. la méthodologie alors mise en place pourrépondre au problème posé s’est articulée autourde trois temps forts, se répartissant tout au longde la journée.dans un premier temps, l’animateur a cherché àfaire s’exprimer individuellement l’ensemble desparticipants à l’issue du retour de visite sur la basede la problématique suivante : Comment faire ressentir au public tant local que tou-ristique (et de passage), le passé historique d’une villerésolument tournée vers l’avenir ?les discussions engagées ont mis en avant que lephénomène de patrimonialisation permet dedégager une identité, une ressource et qu’il est pri-mordial de retrouver du sens en faisant le lien avecles habitants sans toujours attendre d’avoir 1 000ans ! pour aime, l’un des enjeux sera d’aboutir à larecherche d’une vision centrale et faisant le lien etrapport à l’économie qui de l’image de compétitiontend aujourd’hui vers la coopération où le patri-moine à un vrai rôle à jouer, garant de valeurssûres…Sur la base de ces échanges, chaque participant aainsi pu exprimer ses ressentis, et dégager collé-gialement les trois thèmes prioritaires de réflexionde l’après-midi sur le principe du « Café dumonde » correspondant aux thèmes suivants :

thème 1 : comment transmettre le patrimoine à tous les publics ? SUr le plaN toUriStiqUe renforcer le lien entrele village et la station : aller à la rencontre desskieurs, mais pas que… là où ils sont, via des visuelscaractéristiques (tel le support de forfait de ski) etdes animations.

atelier des territoiresAXIMA-La Plagne un projet patrimoine, valorisation urbaine et liaison station de sports d’hiver

les participants à l’atelier-projet au pied de la basilique Saint-martin.

animation de l’atelier-projet par Savoie vivante.

3ES REnContRES Du PAtRiMoinE ALPin

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À deStiNatioN de la popUlatioN loCale• implication de tous les habitants toutes généra-tions confondues ,• recueillir leur regard sur ce qui est déjà identifiécomme patrimoine ;• questionner leur mémoire et l’appel au vécu pouridentifier un autre patrimoine (l’immatériel).Ces points développés permettent de penser defaçon différente les événements existants (fête desalpages à la plagne, fête de la tulipe à aime…), etd’envisager de travailler avec d’autres structuresen impliquant toutes les activités présentes sur leterritoire.ainsi de nouvelles idées pour des publics spéci-fiques apparaissent telles la réalisation de mallettespédagogiques pour les scolaires et des proposi-tions pour les personnes en situation de handicap.des approches transversales sont également évo-quées comme l’ouverture sur l’itinéraire des che-mins antiques ; favoriser, fluidifier la mobilité despersonnes via une offre cohérente et attractive enmatière de transports collectifs et délocaliser parl’image aime vers les stations, et inversement.

thème 2 : comment donner à voir les patrimoines visibles et invisibles ?la Basilique Saint-martin, lieu central d’identitéet/ou d’interprétation doit-elle être vue commeun patrimoine exclusif et avec quelles activités cul-turelles ?C’est plus largement posé une question plus glo-bale pour aime débouchant sur la propositiond’une identité avec retour à une situation ances-trale en contrepoint de l’image de lieu de passage.pour y parvenir, au-delà de la dynamique existanteil semble alors incontournable d’aller vers :

UNe véritaBle appropriatioN patrimoNiale• Un service culture et patrimoine dédié et sensi-biliser le personnel municipal dans son ensemble, • favoriser une interprétation, un décryptage dupaysage,• organiser un concours photo au niveau localouvrant le regard des habitants sur leur patrimoine,renforcer le lien avec la montagne.

UN travail SUr leS SigNalétiqUeS• informations touristiques (signalétique routière,entrée de ville, parcours et lieux de visite) ;• assurer un repérage de la ville antique via desmarquages au sol, un traitement différencié ;• réfléchir à un logo fort pour aime ;• valoriser des parcours, circuits thématiques ;• améliorer l’information concernant la Basiliqueavec un traitement particulier des panneaux inté-rieurs et extérieurs ;• trouver une continuité pour les panneaux denoms de rue ;• S’intéresser aux abords et cheminements des lieuxde visite afin de leur donner une dimension sup-plémentaire et les rendre plus accueillants.Ces propositions apparaissent alors comme desdéfis pouvant être relevés par la collectivité afinde rendre visible l’invisible en mettant en avanttous les bâtiments, les collections, les savoir-faire,l’agriculture, les ressources du territoire… en s’ap-puyant sur des réalités argumentées.

thème 3 : comment consolider les connaissances et choisir celles que l’on veut montrer ? l’état des lieux des connaissances est posé commeune interrogation : «pour qui ?», poussant à consti-tuer un groupe de travail pour se lancer dans l’ac-tion avec : élus, habitants, associations, financeurs,spécialistes… et avec le plus grand nombre,orienter les choix issus de priorités mais dont lesthèmes peuvent être évolutifs tout en prenant letemps de la restitution, du partage avec la popu-lation.l’ensemble des points soulevés renvoie à des défisliés à certaines conditions telles le portage poli-tique et l’appropriation par le politique et lesacteurs, faisant également le lien avec le phéno-mène d’appropriation, de connaissance générantle respect. l’attache à porter à l’intérêt des témoi-gnages, de la mémoire liée aux usages des lieux,leur évolution, met en avant l’importance à donnerau vécu, ce qui permet de porter un regard inté-ressant sur la place de chacun par rapport au patri-moine et tenter de dépoussiérer la vision que l’ons’en fait.le troisième temps de la journée a ensuite étédonné à la phase d’interrogation individuelle per-mettant à chaque participant d’exprimer en unmot, une phrase son ressenti débouchant sur nosprécieuses découvertes, ce qui permet en conclu-sion de parler d’intelligence collective en retenantqu’au travers de l’intérêt de l’échange, le bien par-tagé est mis en avant tout en n’oubliant pas deprendre en compte la culture, la nature, l’environ-nement…l’intérêt de la démarche a été de permettre l‘expres-sion de tous, respecter la parole de chacun mêmesi l’on peut noter certaines frustrations par rapportà la perte de richesse de certains points dès lorsqu’on les synthétise. de plus, la diversité des publicsest venue enrichir le débat, les échanges et apermis aux plus jeunes d’insuffler un certain dyna-misme.

globalement, il y a eu un intérêt pour l’ensembledes participants à travailler collectivement, sousla forme d’échange pour mûrir le projet rappelantl’importance de la réflexion et du travail en amont.pour les partenaires locaux, ce temps d’échangeet de partage a été très fructueux et pour mme lemaire, il s’est agit d’une belle rencontre, vivifiante,très enrichissante, lui ayant permis de sortir de sonquotidien.

Florence Fombonne Rouvier

travail participatif en cours d’atelier.

Une des tables rondes de l’atelier-projet.

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aNimateUr de l’atelier Aurélie Le Meur, Savoie Vivante CIPEeXpert référeNt Ariane Requin, consultante patrimoinerapporteUr de l’atelier Anne Cayol-Gerin, responsable du service du Patrimoine Culturel,Département de l’Isèrehôte Jérôme Durand, chargé de mission, Conservation départementaledu Patrimoine de la Savoie

La diversité des profils et des attentes des par-ticipants a certainement contribué au bouillonne-ment des échanges. le lieu lui-même, l’anciennechartreuse de Saint-hugon, a développé une acti-vité d’extraction et de travail du fer de part etd’autre du Bens. l’institut Karma-ling, implantédepuis 1979, projette d’ouvrir d’un centre d’inter-prétation valorisant un héritage minier et hydrau-lique autant que spirituel. l’atelier se fonde sur l’ébauche d’un projet, portépar la Conservation du patrimoine de Savoie, ausein de l’opération « itinéraires remarquables »portée depuis 2004. onze parcours couvrent l’en-semble du département sur le même principe :une liste de lieux proches et susceptibles d’être vusen une journée par un visiteur individuel motorisé.des supports mobiles (livret de présentation,cartes, relais internet) et fixes (signalétique in situdont logo ir) constituent les outils de support. lenouvel itinéraire serait lui avant tout thématique,

ouvert à différentes mobilités (voiture, moto, vélo,pédestre), sans caractère journalier et accessiblepar plusieurs niveaux de contenu à un large publicindividuel. aux outils existants s’ajouterait unaspect touristique numérique, notamment par lerecours à la base Sitra, référence de tous les officesdu tourisme rhônalpins. il s’agit d’une expérimen-tation susceptible d’être reproduite sur d’autresthèmes, modifiée ou stoppée. le sujet – les mines de fer et de plomb argentifère–s’articulerait sur Belledonne en s’appuyant sur leréseau des Chemins du fer, les hurtières et lesBauges avec la route du fer historique, le grandfilon et aillon, l’oisans et la tarentaise. les autresmines et carrières ont été volontairement misesde côté pour l’instant, vu leur diversité de nature,de situation et de support de médiation existant.il n’est pas prévu d’inventaire systématique maisplutôt de partir des initiatives locales existantes,tant en Savoie qu’en isère. en résonance, le réseau

atelier des territoires Chartreuse de Saint-Hugonitinérance d’un patrimoine industriel : mines, patrimoine minier et métallurgie

[ci-dessous] le four à griller destiné à préparer le minerai, label « patrimoine en isère », Saint-pierre-d'allevard (cliché département isère).

[ci-contre] le tacot desservant les usinessidérurgiques à allevard (cliché musée dauphinois-département isère).

3ES REnContRES Du PAtRiMoinE ALPin

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du fer en Belledonne, déjà transdépartemental etimpliqué dans la préfiguration du futur parc Naturelrégional de Belledonne présente les actionsmenées : expositions de photos de mines, réfectiond’un four à griller, colloque, tournage de films dansles usines en activité présentés sur des bornes inter-actives dans les musées… Sept sentiers théma-tiques ont été créés, avec dépliants associés et bali-sages par totems portant une petite Bd explicative.les projets comprennent notamment un « sentiersonore », un site internet, la formation des guideset la mise en place d’un conseil scientifique.les participants mettent sur le gril le projet d’iti-néraire et y discernent différentes faiblesses : éloi-gnement matériel, parcellisation sans chef de fileet portage du financement, limites du bénévolat,pluralité des acteurs et des attentes, difficultésd’accès (marche d’approche, intérieur impossible…). ils dégagent aussi les forces principales (un réseauassociatif très engagé, un pNr en définition, l’an-crage local) dont certaines sont ambivalentes (offreexistante, deux départements). différents enjeuxsont ainsi mis en exergue. l’intervention d’unexpert en médiation met en lumière l’importancedu choix des mots, par exemple sur le titre géné-rique du projet. elle montre que la diversité despublics (niveaux, attentes) s’incarne bien dansl’exemple des familles et souligne le paradoxe dudésir du visiteur de choisir son parcours à la carte,tout en étant le plus possible accompagné. enfinelle s’interroge sur les « portes d’entrées » qui per-mettent de savoir que l’offre existe et d’avoir enviede venir. trois enjeux majeurs sont alors débattus avec enregard les actions possibles. d’abord quel fil direc-teur donne du sens entre les sites ? C’est un patri-moine industriel en pays de montagne, entre fil defer et fil de l’eau. au moins depuis le Xve siècle, il arecours à quatre éléments (eau, bois, air, roche)catalysés par l’humain. on peut envisager ainsi desentrées plus locales, telles que la mémoire familiale,la vie des anciens là où l’on vit toujours, mais aussides entrées plus extérieures (techniques, histoire...).

il y a en effet interdépendance au sein d’un ensem -ble sociotechnique de l’économie alpine. les lienssont aussi mythologiques (vulcain, durandal…). Second enjeu : le patrimoine pour qui et donc avecquels outils ? Catégoriser par âge et position devie (actif, retraité…) et croiser avec l’origine géo-graphique locale ou non paraît pertinent dansl’idée de créer un confort d’usage pour tous. l’idéed’un élément phare par site permettrait de pro-poser autour une galaxie des possibles. la façonde raconter peut être très libre, une fois qu’on aposé les fondamentaux. le recours aux languesétrangères avec validation de la qualité de la tra-duction, la fourniture sur place de matériel (casque,protection pluie) sont des atouts. la visite sur placereste fondamentale, avec du numérique pour l’inac-cessible (mais pas du « tout smartphone » tropcontraignant) et le site internet pour préparer àl’amont (cartographie dynamique). il faut bien dis-tinguer les outils de communication et ceux demédiation, à valider par les ceux « qui savent ». lebouche-à-oreille et le rôle d’habitant-conseil voirehabitant-prescripteur sont précieux. Créer une Bdsur chaque site, proposer de l’expérimentation etde la manipulation, offrir un cahier de visite consti-tuent des outils plébiscités.

quelles attentes et quelles actions aux différenteséchelles ? pour ce troisième enjeu, le niveau localattend une aide (à la visibilité, au développementtouristique…) et une appropriation ; il lui faut doncdéfinir ses interlocuteurs, assurer la pérennité au-delà du vieillissement de ses troupes, animer dansla longue durée. au niveau du massif ou du terri-toire, le souhait d’unifier sans uniformiser, d’avoirun interlocuteur unique et efficace, de se forgerune identité nécessite d’impliquer largement lespopulations, de trouver le porte-parole pertinent,d’identifier les liens et les points communs. auniveau départemental, à l’attente de créer du lienet de la cohérence entre acteurs peut répondre leconseil scientifique, l’initiative d’animations, l’ac-compagnement en clarifiant le rôle de chacun.

À l’échelle bi-départementale, la coordination etla coopération entre les deux conservations dupatrimoine peuvent créer du lien et répondre à unbesoin de trouver des porteurs fiables et de définirles entités d’intervention. au-delà, il est nécessairede ne pas oublier la région qui a des outils d’inter-vention, l’état voire l’Union européenne du fait ducaractère transfrontalier du patrimoine alpin oumême l’Unesco !

Anne Cayol-Gerinl’atelier-projet accueilli à la Chartreuse de Saint-hugon, institut Karma-ling.

Site archéologique de Brandes, huez (cliché patrimoine Culturel – département isère).

restitution de la fonderie royale d'allemont (dessin p.-y. Carron – patrimoine Culturel -département isère).

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L ’économie du massif des Bauges repose surdeux piliers, l’agriculture et le tourisme, grâce à lavalorisation de son patrimoine culturel et naturel,remarquablement bien préservé.le parc naturel des Bauges (pnr) a été créé en1995. une de ses missions principales consiste àaméliorer les connaissances des patrimoines et àles valoriser, en informant la population locale etles visiteurs. pour cela, il organise ou soutient desévénements culturels, et finance les associationssouhaitant restaurer et préserver le patrimoine nonprotégé. le parc gère également deux maisons thé-matiques, têtes de réseaux de l’offre de découvertedu territoire : la maison faune flore et la maisondu patrimoine dans la Chartreuse d’Aillon.Cette dernière met en relief la richesse culturelledu massif des Bauges : activités agricoles, migra-tions saisonnières, architecture, travail du bois etindustrie du fer, qui composent la variété du patri-moine local d’hier et d’aujourd’hui. la visite à tra-vers des panneaux explicatifs, maquettes, vitrineset outils multimédias permet de découvrir la vieéconomique et sociale du territoire.les Bauges sont un territoire vivant et riche, quece soit au niveau associatif ou de l’artisanat, avecde nombreux acteurs porteurs de valeurs et d’ac-tions. parallèlement, il existe un certain nombre deréseaux, mais aucun ne couvre l’intégralité du ter-ritoire. ils ne permettent pas d’avoir une approcheglobale ni de développer une synergie entre la cul-ture, le patrimoine et le tourisme. l’enjeu pour le parc, dans l’optique d’une réorga-nisation stratégique plus large, est à la fois de

mieux faire connaître une offre pour laquelleaucune mise en tourisme véritable n’a été réaliséeet d’articuler ce développement avec la politiquedes sept offices de tourisme présents sur le terri-toire.la question de la mise en réseau est complexe maisfondamentale pour des territoires à vocation tou-ristique forte, mais dont l’offre est éclatée sur unemultitude de sites de taille modeste. pour autant,la question de l’intérêt d’un réseau doit être poséecar les difficultés à surmonter sont nombreuses,qu’elles soient culturelles ou économiques.

Retour d’expérienceÀ ce titre, le retour d’expérience de françoise Gohy,directrice d’une structure regroupant 150 sites cul-turels en Wallonie, illustre parfaitement les atoutsmais aussi les écueils possibles d’une mise enréseau. musées et Société en Wallonie (mSW) est une asso-ciation fondée en 1998, qui promeut les 150 insti-tutions muséales membres à travers un réseau quia quatre objectifs principaux :– fédérer les membres mais aussi les acteurs de lavie économique, sociale et culturelle ;– représenter, informer, défendre ses membres etinfluer sur les institutions ;

– faire progresser, professionnaliser ;– faire connaître.le réseau peut permettre la mise en tourisme àcondition de respecter un certain nombre d’étapeset règles. l’exemple de la valorisation de la voieromaine Bavay-tongeren a permis de détailler lesétapes clés de ce long processus : établir les enjeux,les objectifs à long terme, identifier les publicscibles prioritaires et secondaires et mettre enœuvre une promotion / commercialisation efficaceen s’appuyant sur les partenaires institutionnelsmais aussi locaux (hébergeurs, restaurateurs, pres-tataires de services).de fait, la principale difficulté d’une mise en réseauconsiste à faire partager un langage, des objectifset une gouvernance entre des acteurs qui évoluentdans des sphères socio-économiques distinctes. pour surmonter ces barrières culturelles, un certainnombre de solutions existent, visant à faire de ladiversité une force :– mettre en place un coordinateur légitime pourl’ensemble des membres ;– accepter de perdre certains partenaires dans laphase de mise en place ;– garder l’échange comme objectif premier, la pro-motion touristique ne pouvant pas être une fin en soi ;

atelier des territoiresChartreuse d’Aillonvalorisation et mise en réseau des acteurs d’un parc naturel régional

en s’appuyant sur l’expérience de françoise Gohy, directrice de musées et Sociétéen Wallonie, pourquoi et comment développer un réseau pour l’ensemble desacteurs du patrimoine naturel et culturel du massif des Bauges ?

Visite de la Chartreuse d’Aillon, porte du parc naturel régional du massif des Bauges.

3ES RENCONTRES DU PATRIMOINE ALPIN

AnimAteur de l’Atelier Rémy Serain, Savoie Vivante CIPEexpert référent Françoise Gohy, directrice de Musées et Société en WallonierApporteur de l’Atelier Alice Lauga, ASADAC Territoireshôte Marion Margaux et Silvia Ala, Parc Naturel Régional du Massif des Bauges

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– évaluer régulièrement le réseau pour coller auxattentes des publics.au-delà de cette présentation très schématique,françoise gohy insiste sur le fondement de toutemise en réseau : la nécessité de mettre les compé-tences individuelles au service de tous. pour cela,il convient de :– faire du réseau un lieu d’échange et pas unique-ment un centre de ressources ; – demander une contrepartie financière aux mem-bres, afin de s’assurer de leur implication et de leurmotivation.À partir de ce retour d’expérience, le groupe de tra-vail s’est mis à l’œuvre afin d’établir l’opportunitéd’une mise en réseau des acteurs de l’offre cultu-relle et patrimoniale à l’échelle des Bauges.

Les enjeux d’une mise en réseautrois enjeux ont été dégagés puis développés àtravers plusieurs temps d’échanges.

1. poUrqUoi travailler eNSemBle SUr le maSSifdeS BaUgeS ?– pour valoriser la diversité des acteurs, qu’ils soientculturels, patrimoniaux ou économiques et montercollectivement en compétence ;– pour établir un maillage solide, multiple et com-plémentaire du territoire : échanger, partager, créerdes liens et passerelles pour donner au visiteur lesclés du territoire ;– pour faire du sur-mesure en fonction des besoinsdes acteurs et des outils en place : accompagne-ment en matière d’innovation, de création, de pro-duction, développement d’un projet commun deterritoire…– pour créer une coresponsabilité essentiellementmorale autour de la préservation des patrimoines.

2. CommeNt travailler eNSemBle et péreNNiSerUNe dyNamiqUe ?Une mise en réseau implique un travail préalabled’identification des valeurs et des spécificités dumassif. C’est le socle commun autour duquel pour-ront se fédérer les acteurs et une étape nécessairepour définir la stratégie de développement. maisfédérer, mutualiser autour de thématiques claireset partagées ne suffit pas. il faut également décloi-sonner les différentes sphères économiques, asso-ciative et institutionnelle pour susciter une dyna-mique à l’échelle du territoire. pour ce faire, onpourra s’appuyer sur le rôle de catalyseur du pNr.pour pérenniser cette dynamique, il faut partir del’envie de donner. Ce don peut prendre différentesformes mais il est nécessaire pour que les acteursse sentent impliqués. il faut alors mettre en placeun arbitrage pour assurer une répartition équitabledes apports.

la pérennisation passe également par la présenced’une personne qui anime et suscite des rencon-tres. là encore, le pNr paraît légitime pour assurerces fonctions.étant lancée cette dynamique avec son coordina-teur, il faut des règles avec, en tout premier lieu, laviabilité économique durable des actions. enfin, il faut anticiper l’évaluation pour évoluer etpour garantir la qualité du réseau et de la dyna-mique d’acteurs.

3. ideNtifier le pUBliC CiBle l’ensemble des acteurs des patrimoines des Baugesdoit être impliqué. il convient également d’appro-cher les acteurs économiques pouvant faire le lienavec l’offre culturelle et patrimoniale (hébergeurs,restaurateurs…). l’expérience de françoise gohymontre les difficultés de rassembler des acteursaussi différents, mais l’intérêt et la pérennité duréseau nécessitent de surmonter cet obstacle.parallèlement, le travail du réseau sera égalementd’identifier le ou les clientèles cibles : touristes,populations locales, scolaires et d’en décliner lesstratégies adéquates.

le travail réalisé autour de l’atelier sur l’opportunitéd’une mise en réseau des acteurs du patrimoineculturel et naturel du massif des Bauges a synthé-tisé les étapes et l’intérêt d’une mise en réseau.Un sentiment de frustration était également per-ceptible de ne pouvoir profiter de l’ensemble desexpériences et compétences et de la dynamiqueinitiée, faute de temps. ainsi plusieurs points, n’ontpu être abordés : est-il toujours pertinent de créerun réseau ? Comment intégrer le travail d’un réseauà une dynamique de territoire quand les échellesde projets ne sont pas les mêmes ?

Alice Lauga

l’atelier-projet en pleine séance de travail à la Chartreuse d’aillon.

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L’histoire, qu’elle soit géologique ou sociétale,dépose ses sédiments au fil du temps, et il n’est pasrare de constater combien, parfois, un même sitepeut relever des deux lectures. la barrière de l’es-seillon constitue justement un de ces cas remar-quables, celui d’un imposant verrou glaciairecontraignant l’arc dans une gorge vertigineuse,situation pouvant à elle seule retenir l’intérêt degénérations de géologues, si au début du XiXe

siècle, les stratégies politiques et militaires euro-péennes n’avaient subitement investi cette confi-guration morphologique idéale pour y dressersubitement un des plus formidables monumentsd’architecture militaire. rappelons sommairement les faits. À la faveur duCongrès de vienne (1814-1815), le royaume depiémont-Sardaigne recouvre ses états et se soucieimmédiatement de protéger ses arrières et trèsprécisément sa capitale turin, par rapport à lafrance. même si l’actuelle Savoie peut être alorsconsidérée comme un glacis, il convient decontrôler catégoriquement l’accès au mont-Ceniset au val de Suse. les ingénieurs militaires de lamaison de Savoie vont alors réaliser un systèmedéfensif établi selon les conceptions d’un généralfrançais, le marquis marc rené de montalembert(1714-1800), appareil fortifié reposant sur

l’abandon du système bastionné à la vauban, etdonnant toute sa place à l’artillerie, du moins selonses meilleures performances techniques fin Xviiie.le dispositif de l’esseillon, érigé de 1817 à 1833,comprend cinq ouvrages principaux, tousdénommés en référence à la maison de Savoie,Charles-albert (jamais achevé), marie-Christine,Charles-félix, victor-emmanuel et marie-thérèse. on connaît la suite. Comme dans le cas de la plu-part des dispositifs de défense stratégique, l’histoiren’offrira pas à ces forts l’occasion de démontrer leurefficacité. quelques décennies après leur mise enservice, le rattachement de 1860 et l’avènementde l’Unité italienne signeront définitivement leureffacement de la scène, ces murs imposants, enprincipe voués à la destruction par le traité deturin, n’offrant plus guère d’utilité que celle decasernements inconfortables. Un siècle plus tard,l’armée y renonce définitivement, livrant inexora-blement le site au délabrement, au pillage, à laruine, mais cela sans compter que le courant d’ex-tension exponentielle du champ patrimonial n’allait

atelier des territoires Forts de l’Esseillondévelopper un projet culturel et touristique pour un site monumental

aNimateUr de l’atelier Catry Ploquin, Savoie Vivante CIPEeXpert référeNt Philippe Raffaelli, Conservation départementale du Patrimoine de la Savoie et Karine Mandray, Agence TouristiqueDépartementalerapporteUr de l’atelier Louis-Jean Gachet,Conseil exécutif ICOM Francehôte Anne Roussy, responsable de la Redoute Marie-Thérèse,commune d’Avrieux

les forts sardes de l’esseillon, aussois et avrieux,un site monumental d’envergure transfontalièreen vallée de maurienne.

3ES REnContRES Du PAtRiMoinE ALPin

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pas ignorer les ouvrages fortifiés pour lesquels desmilitants et des associations se mobilisaient dès ledébut des années 70, notamment au sein del’union associative nationale rempart.Sous l’impulsion de l’association des amis des fortsde l’esseillon, les ouvrages sont acquis par les com-munes d’avrieux (redoute marie-thérèse) et d’aus-sois (tous les autres) entre 1975 et 1989, et dès1988, l’ensemble est inscrit au premier programmepluriannuel « grands sites » du département de laSavoie. les protections au titre des monumentshistoriques s’échelonnent de 1983 à 1991, et marie-Christine, premier fort à bénéficier d’une restaura-tion, ouvre au public en 1987 en devenant la 5e

porte du parc national de la vanoise. les grandstravaux de réhabilitation se succèdent alors (réfec-tion spectaculaire des toitures de victor-emmanuel,réhabilitation de la redoute marie-thérèse, sallesbasses, etc.) avec le concours de l’état et du dépar-tement.aujourd’hui, cet ensemble considérable, dont leparcours pédestre complet, grâce au franchisse-ment de l’arc par le pont du diable, peut offrir auxdifférents publics une très attrayante expériencephysique et culturelle d’appropriation, est d’oreset déjà plébiscité par un grand nombre de visiteurs,si l’on en juge par l’occupation des différents par-

kings périphériques à la belle saison. Cependant,si l’intérêt pour un tel site touche désormais deplus en plus d’amateurs, largement au-delà descercles d’initiés militant pour les sauvegardes patri-moniales et passionnés d’histoire, cet ensembleappelle assurément maintenant une stratégie demise en valeur correspondant à son caractèreexceptionnel. et précisément, l’atelier organisé le15 octobre 2015 à avrieux, dans la redoute marie-thérèse, dans le cadre des 3es Rencontres du patri-moine alpin, à l’initiative de la Conservation dépar-tementale du patrimoine de la Savoie, avait pourambition de réunir des professionnels, pour cer-tains impliqués sur l’ensemble du site, pour d’autresdécouvreurs de la configuration, afin de brosserun état des lieux et de stimuler les réflexions croi-sées sur l’enclenchement d’un processus de miseen valeur beaucoup plus significatif. Certes, il n’estpas possible de rendre compte ici, même briève-ment, de la richesse des échanges, des confronta-tions d’analyses, et des idées avancées, maisquelques grandes remarques peuvent être néan-moins relayées. ainsi, alors que les forts de l’esseillon disposentmaintenant, depuis 2007, d’un Centre d’interpréta-tion du patrimoine fortifié (redoute marie-thérèse,commune d’avrieux, accessible toute l’année) cequi n’est pas négligeable, ils ne bénéficient cepen-dant pas encore d’un plan général rationnel devisite. il faut tenir compte du fait que l’on peut éga-lement accéder au site par le haut (communed’aussois) et dans ce cas, avec l’inconvénient actuelde ne disposer des clés d’interprétation qu’après

avoir parcouru en descente la totalité de l’ouvrage,et sans indications très significatives (excepté lesupport de la Promenade Savoyarde de Découvertemise en place par l’office de tourisme avec leconcours de l’atd) jusqu’à l’arrivée à la redoute.Un tel plan de visite, souhaitable, ne peut naturel-lement être établi qu’à partir d’un inventaire com-plet en amont des informations à dispenser auxvisiteurs, mais aussi des différentes stations d’ob-servation à proposer tout au long du parcours, enenvisageant au choix, déambulation complète, ousynthétique et rapide, ainsi que des itinéraires thé-matiques partiels, le tout appuyé sur des supportsde guidage.par ailleurs, les potentialités du site dépassent lar-gement sa stricte mise en situation d’interprétationpatrimoniale. les volumes considérables qui serontdégagés au terme des campagnes de restaurationqui ne manqueront pas de se poursuivre au fil dutemps, interrogent sur leur dévolution finale :espaces d’exposition, de muséographie perma-nente, volumes réservés au spectacle vivant(musique, théâtre, danse, etc.) ? aucune voie nesemblerait a priori devoir être écartée, sur le plande la réflexion créative du moins. de plus, indé-pendamment des aménagements techniquesd’adaptation qui seraient rendus nécessaires selonles options retenues, les espaces bruts d’architec-ture militaire constituent en eux-mêmes de formi-dables machines à rêver offrant des possibilitésd’exploitation artistique presque sans limites (artsplastiques, déambulations littéraires et poétiques,espaces de tournage…). Sans oublier pour autant, comme le font justementremarquer les représentants des deux communes,aussois et avrieux se partageant la propriété dusite, que la charge budgétaire est lourde, et quede multiples domaines de responsabilité les impli-quent au quotidien, notamment sur le plan de lasécurité des visiteurs. il serait regrettable qu’un sited’une telle envergure patrimoniale et plus large-ment culturelle, à l’échelle de la maurienne, de laSavoie, et même de l’arc alpin dans son ensemble,ne bénéficie pas d’un projet global, établi dans leplus grand esprit de concertation et de créativité,projet qui permettrait aux différents acteurs et ins-titutions concernés, d’organiser leur action et dela projeter dans le temps.

Louis-Jean Gachet

l’atelier-projet de l’esseillon à la redoute marie-thérèse, avrieux.

visite par les participants à l’atelier-projet de la redoute marie-thérèse, avrieux.

le verrou des forts sardes de l’esseillon, une architecture adaptée à la montagne. vue sur la redoute marie-thérèse au premierplan.

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intérêt scientifique du site les peintures ont été étudiées en 1975 par g. Nehlqui en a fait l’unique relevé publié à ce jour(gerSar, g. Nehl 1976). Cependant la révolutionnumérique met aujourd’hui à notre disposition desoutils performants permettant la réalisation derelevés plus précis, complets et objectifs, sanscontact avec la surface rocheuse. l’application deces techniques au rocher du Château apparaissaitprometteuse tout en étant un préalable indispen-sable à une analyse plus approfondie du site, inté-grant notamment l’étude des matières colorantes. de 1997 à 2003, des sondages ont été réalisés sousla direction d’e. thirault, livrant des niveaux archéo-logiques attribués au Néolithique moyen et auNéolithique final. la découverte de matières colo-rantes dans des niveaux de la culture des Vasi aBocca Quadrata (vBq, 4500-4000 av. notre ère) (thi-rault 2008) a motivé l’étude de la composition desmatières colorantes. Cette coexistence de colorantsen stratigraphie et de peintures rupestres estexceptionnelle et susceptible ici de contribuer audébat sur l’insertion chronologique de ces vestiges

iconographiques. en effet, les peintures de Bessanss’inscrivent dans un phénomène plus large répartisur les départements du var, du vaucluse, desBouches-du-rhône, de la drôme, des alpes-de-haute-provence et de l’ardèche, étudié depuis1985 par p. hameau. Une centaine d’abris à pein-tures schématiques est aujourd’hui connue dansle quart sud-est de la france et le piémont italien.mais leur attribution chronologique fait toujoursdébat puisqu’à ce jour, rien ne permet de les daterde manière absolue. Seule une superposition d’unegravure de poignard type remedello sur des rami-formes peints à l’abri des oullas (2 390 m., Saint-paul-sur-Ubaye, alpes de haute-provence) permetde placer certaines d’entre elles au moins dans unepériode antérieure à la première moitié du iiie mil-lénaire av. notre ère. les peintures schématiquesdes abris provençaux sont quant à elles attribuéesaux ive-iiie millénaires av. notre ère à partir du maté-riel découvert dans certains abris (hameau 2012,p. 57). les conditions sont donc réunies, au rocherdu Château, pour tenter d’apporter de nouveauxéléments à cette réflexion.

les peintures rupestres du Rocher du Château à Bessansnouvelles techniques, nouveau regard

le site du rocher du Château (1 750 m,Bessans, Savoie) se situe en amont de laplaine alluviale de Bessans en rive droitede l’arc. verrou glaciaire de serpentinite,il présente une imposante falaise d’unecentaine de mètres de haut et d’environ300 m de long majoritairement orientéeau sud-est [fig. 1]. il s’agit de l’un des dix sites à peinturesrupestres des alpes occidentales attri-buées au Néolithique. des figures sché-matiques ainsi qu’un groupe de cerfs serépartissent sur 80 mètres de paroienviron. l’article présente ici les résultatsd’une campagne archéologique réaliséeen septembre 2015.

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fig. 1 – aperçu du rocher du Château depuis le sud et vue de la falaise de serpentinite.

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Le relevé corrigé et complétéUne couverture photographique de la paroi asso-ciée à des vues rapprochées des peintures ont étéréalisées. les clichés ont ensuite été traités avec legreffon dStretch® du logiciel ImageJ®. dStretch®permet de faire apparaître à l’écran des peinturestrès mal conservées et devenues presque invisiblesà l’œil nu. le relevé de chacune des peintures aensuite été produit sous photoshop® à partir destraitements dStretch®. les pixels composant lesfigurations ont été sélectionnés, recolorés etreplacés sur le cliché d’origine.les figures du relevé publié en 1976 ont ainsi étécorrigées [fig. 2] ou complétées et de nouvellespeintures ont été identifiées : une tache oblongueet des figures en grilles blanchâtres [fig. 4]. mais,sur le panneau des cerfs qui a fait la renommée dusite, ce sont quatre nouveaux animaux qui ont ainsiété identifiés portant leur nombre à 12 [fig. 3]. laprésence de figures anchoriformes, de figures enflèches, de ponctuations mais également le rap-prochement stylistique entre les cerfs de Bessanset un bouquetin du site des eissartènes (le val, var)invite à envisager des liens entre le rocher du Châ-teau et le corpus de peintures schématiques pro-vençal [fig. 5]. Ceci est d’autant plus intéressantque les peintures de Bessans pourraient avoir étél’œuvre de groupes vBq venus du versant italien.

S’ajoutent à ces nouvelles peintures deux plagesde cupules à proximité du panneau des cerfs ainsiqu’un grand nombre d’inscriptions du XiXe s.

une diversité des matières colorantesl’étude de la composition des matières colorantes,toujours en cours, est réalisée par e. Chalmin(edytem, Université Savoie mont Blanc). desmacrophotographies des peintures ont permisd’envisager, à partir de leur couleur, la présenced’au moins trois matières colorantes différentessur la paroi. Cependant, leur très mauvaise conser-vation n’a pas permis d’accéder in situ à leur com-position en fluorescence des rayons X. l’analyse aumicroscope électronique à balayage des colorantsdécouverts en stratigraphie lors des sondages d’e.thirault a en revanche révélé des matériaux biendifférents et semble indiquer des sources d’appro-visionnement variées. il est possible de distinguerdes matériaux très bien cristallisés et à l’aspectmétallique, pulvérulents et très colorants, contras-tant avec des petits nodules bien compacts [fig.6].l’ensemble de ces fragments présente des niveauxd’oxydation en surface plus ou moins avancés indi-quant la présence en forte quantité de fer sousforme d’oxyde. la présence d’une phase apatitiquedoit être confirmée et nécessite d’en comprendrel’origine (présence naturelle dans les matières colo-rantes ou en relation avec une éventuelle matièreosseuse). Cette phase pourra peut-être êtreemployée à la comparaison entre les pigmentsdécouverts dans les niveaux vBq à ceux employéssur la paroi.

les nouveaux outils utilisés sont à l’origine à la foisd’un inventaire plus complet, autorisant unecontextualisation plus précise des peintures rupes-tres du rocher du Château, ainsi que de donnéesarchéométriques sur les matières colorantes. Uneanalyse en spectrométrie raman des peintures, àmême d’identifier la nature des composés aussibien minéraux qu’organiques, ainsi que des micro-prélèvements sont prévus pour 2016. ils permet-tront de statuer sur les liens entre matières colo-rantes découvertes en stratigraphie et matériauxpréservés sur la paroi, voire de proposer dessources d’approvisionnement potentielles.

Claudia Defrasne et Émilie Chalmin

[ci-contre] fig. 2 – exemple de l'apport du plug-in dStretch® à la lecture des peintures.les figures en flèches étaient jusqu'alors restéesincomprises. photos et dao : C. defrasne.

• hameau p., 2002, Passage, transformation etart schématique : l’exemple des peintures néoli-thiques du sud de la France, British archaeolo-gical reports 1044.• hameau p., 2012, geste graphique et techni-cité : l’exemple des peintures néolithiques,Anthropologie et Sociétés, vol. 36, n° 3, p. 57-75• Nehl, g. 1976. peintures rupestres de haute-maurienne (Bessans, Savoie). Bulletin du GERSARn°3, 71-76.• thirault, e. 2008. le site néolithique de Bes-sans / le Château et ses peintures rupestres. 2°Congresso Internazionale « Ricerche paletnolo-giche nelle Alpi occidentali » & 3° Incontro « Arterupestre alpina », Pinerolo, 17-19 oct. 2003.

Bibliographie

fig. 3 – traitements dStretch® faisant apparaître de nouvelles figures de cerfs, ici en noir. photos et traitement C. defrasne.

fig. 4 – relevé de deux des figures en grilleinédites. photos et dao C. defrasne.

fig. 5 – Comparaison entre le relevé du cerf pef7 de Bessans et unbouquetin du site des eissartènes (le val, var). le style des deux figures est relativement semblable et toutes deux sont associées à des figuresschématiques. photo et traitement C. defrasne.

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Pour le visiteur de passage à rumilly, l’archi-tecture et l’urbanisation ne sont pas aisées à com-prendre. le regard attentif peut déceler ici et là desvestiges anciens (linteau de porte, montant defenêtre) laissant supposer un développementmédiéval de la ville. Cette impression est renforcéedans la ville basse, autour de l’actuelle place del’hôtel de ville, par la persistance d’un parcellaireen bandes : des façades sur rue étroites et soignées,des façades arrières ouvrant sur des jardins don-nant souvent sur un cours d’eau.pour mettre au jour des éléments nouveaux surl’histoire de la ville et nourrir le propos de l’expo-sition 2016 Instantané 1416, Rumilly au Moyen Âge,le musée municipal Notre histoire a commandéen 2014 une double enquête archéologique et his-torique. Centrée sur les remparts et le château,aujourd’hui disparu, les objectifs de cette étudeétaient, d’une part, d’approfondir la connaissancedes archives, et, d’autre part, de recenser et docu-menter les vestiges conservés.le site naturel, un plateau entouré d’escarpementsrocheux à la confluence de deux rivières, offrait lesconditions pour développer une fortification facileà défendre. Si quelques traces d’une présenceromaine à rumilly sont soupçonnées, c’est essen-tiellement aux comtes de genève qu’est dû le déve-loppement de la ville à partir du Xiie et du Xiiie siècleautour du château comtal. le site était au cœurd’un territoire privilégié pour attirer une popula-tion. entouré de riches terres cultivables, il permet-

tait de contrôler efficacement le principal itinéraireroutier entre Chambéry et genève, passant paralbens. forte de ces atouts, rumilly a obtenu aucours du Xiiie siècle une charte de franchises, per-mettant à ses habitants de se placer sous la pro-tection du comte, mais aussi de gagner une cer-taine autonomie. place commerciale, avec sonmarché et ses foires annuelles, industrieuse avecses moulins, ses fours et ses battoirs, rumilly a pro-gressivement développé les institutions qui ontfait d’elle une ville dont la population atteignaitenviron 1 500 habitants au début du Xve siècle.pour comprendre les évolutions du château et desfortifications l’étude des archives est fructueuse.les archives départementales de Savoie et dehaute-Savoie conservent, en effet, des documentsparticulièrement riches et peu étudiés. Cescomptes de châtellenie offrent une lecture des tra-vaux réalisés sur les bâtiments à la fin du moyenÂge et au début de l’époque moderne à travers lacomptabilité annuelle tenue par les officiers ducomte de genève puis du duc de Savoie. rédigésen latin, ils se présentent sous la forme de peauxde bovins tannées et découpées en bandes d’en-viron 30 cm de largeur et de 60 à 80 cm de lon-gueur. Cousues entre elles puis assemblées en rou-leaux pouvant rassembler de 15 à 35 peaux, cesdocuments singuliers atteignent dans certains casprès de 20 m de longueur [fig. 1 et 2]. pour rumilly,il existe deux séries de comptes, la première estconservée aux archives départementales de haute-

à la recherche des remparts de Rumilly

au moyen Âge, rumilly était défendue par un château et d’importantes fortifications construites par les comtes de genève.démolies au début du Xviie siècle, ces fortifications ont laissé des traces parfois ténues dans la ville. la préparation de lafuture exposition du musée Notre histoire de rumilly en 2016 en vue du 600e anniversaire du duché de Savoie a été l’occasionde lancer une enquête au cœur de la ville pour déceler les vestiges de ses remparts.

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fig. 1 – Compte de la châtellenie de rumilly de1394-1395, archives départementales de haute-Savoie, Sa 18014.

la ville de rumilly au milieu du Xviie siècled'après le Theatrum Sabaudiae. les fortificationsmédiévales de la ville et le château (à gauche del'image) ne sont déjà plus que ruines.document musée de rumilly.

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Savoie. elle représente 66 rouleaux couvrant lesannées 1325-1414. la seconde est conservée auxarchives départementales de Savoie et réunit 125rouleaux sur la période 1417-1533. au total, ce sontdonc 191 comptes qui documentent 208 annéesde la vie économique de la châtellenie de rumilly !l’étude réalisée en 2015 a permis d’explorer ce fondsexceptionnel. en raison des objectifs, l’attention aété principalement portée sur les mentions des tra-vaux menés sur le château à travers la rubrique des« opera castri ». en l’absence de vestiges et de repré-sentations fiables il est impossible de restituer fidè-lement l’architecture du château. Cependant lescomptes de châtellenie offrent des mentions desbâtiments qui le composent : la tour de quatreétages, le logis seigneurial de trois niveaux, la galeriecouverte flanquant le logis… Ces documents pré-cisent également les pièces qui composent les édi-fices, donnant ainsi à voir en partie l’organisation

de la résidence seigneuriale, comprenant deuxgrandes salles d’honneur dans le logis ainsi que lachambre et la bouteillerie du comte situées dansla tour maîtresse… la comptabilité offre en outre des informationsinédites sur les constructions destinées à assurerla défense de la ville : hangars pour les machinesde siège, dans l’enceinte du château et dans la ville(vraisemblablement dans le quartier de montpelat).au niveau des actuelles places d’armes et rue desremparts, les dépenses révèlent dès 1353 la struc-ture de la double enceinte qui comportait un rem-part maçonné, un fossé et des « terreaux » (levéesde terre). Ces éléments témoignent de l’importancedes fortifications et de la résidence comtale puisducale dans le paysage urbain de rumilly aumoyen Âge. démolis après 1630, à l’issue du siègede la ville par l’armée du roi de france, ces monu-ments ont disparu, même si la topographie de cer-tains quartiers, notamment les bords de la Néphaz,évoque encore la présence des remparts [fig. 3]. l’enquête menée sur le terrain [fig. 4] a mis à contri-bution les habitants qui ont ouvert leurs portespour les visites des cours et des caves d’immeubles.elle a permis d’évaluer 70 parcelles et de recenserdes vestiges aujourd’hui peu perceptibles, carnoyés dans le bâti urbain. Néanmoins, leur exis-tence témoigne du potentiel archéologique indé-niable de certains quartiers, malgré les remanie-ments ou les constructions postérieures, et permetde restituer partiellement le tracé des remparts ausud et à l’ouest de la ville [fig. 5]. À l’est, le long duChéran, la construction de la voie ferrée a large-ment perturbé les terrains à partir du XiXe siècle.Si des fortifications étaient venues renforcer ladéfense naturelle des falaises bordant le Chéran ilserait aujourd’hui très délicat d’en retrouver desvestiges.

Cette enquête a permis de compléter l’étude réa-lisée en 1984 par françois demotz sur les comptesde châtellenie de 1325 à 1349, et de croiser sourcesécrites et informations archéologiques. À ce stade,de nombreux documents d’archives restent à étu-dier, notamment dans la série couvrant la période1450-1533, qui n’a pas pu être dépouillée. parallè-lement, une importante campagne de numérisa-tion a été entreprise par les archives départemen-tales de Savoie. la série qui concerne rumilly estaujourd’hui disponible, facilitant aux chercheursl’accès aux documents. Ces recherches ont conforté et renouvelé certainesconnaissances sur les phases initiales du dévelop-pement urbain de rumilly. il reste un importantpotentiel à exploiter pour mieux cerner la richessede l’histoire de la ville.

Laurent D’Agostino, Bergamote Hebrard et Cécile Randon

fig. 5 – hypothèse de restitution desfortifications de rumilly, d’après la mappe sarde. dao l. d’agostino.

fig. 2 – introduction du compte de 1347 rendupar pierre de Chatillon, châtelain de rumilly.archives départementales de haute-Savoie, Sa 17970.

fig. 3 – vestiges du rempart de rumilly le long de la Néphaz.

fig. 4 – Zone étudiée allant de l’emplacement du château au nord à la place d’armes au sud.dao C. randon.

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L’inventaire général, Région Rhône-Alpesl’inventaire général du patrimoine culturel estchargé, selon la formule consacrée depuis 1964,« de recenser, d’étudier et de faire connaître » lepatrimoine. la démarche repose principalementsur l’enquête de terrain - portant sur les édifices,le mobilier et l’organisation de l’espace – et sur desrecherches documentaires. À partir des donnéesainsi collectées, analysées et mises en forme,l’inventaire général produit, conserve et dif-fuse de la connaissance sur tous les types depatrimoine in situ, leur architecture, leur his-toire, leurs relations mutuelles et leursliens avec les territoires concernés. Cetteconnaissance est restituée sous formede dossiers d’œuvres associant cartes,textes, dessins et photographies, accessibles surinternet.l’inventaire général de la région rhône-alpesconduit actuellement plusieurs opérations, enconcertation avec d’autres directions régionalesen interne, et/ou en collaboration avec différentspartenaires extérieurs. Ces études scientifiques,topographiques et/ou thématiques, s’inscriventdans des thèmes de recherche nationale initiés etportés par le ministère de la Culture et de la Com-munication et/ou dans les domaines des politiquesrégionales :– inventaire du patrimoine des communes de lyonet d’aix-les-Bains, en partenariat avec les villes ; – inventaire des lycées publics et de leur mobilier ;– inventaire des parcs naturels régionaux (pNr) desBauges et des Baronnies provençales, en partena-riat avec les pNr ;– inventaire du patrimoine industriel ;– inventaire du patrimoine hydraulique des dépar-tements de la Savoie et de la haute-Savoie, en par-tenariat avec l’assemblée des pays de Savoie et lesdeux départements ;– inventaire des refuges alpins, en partenariat avecl’école nationale supérieure d’architecture de gre-noble ;

– travaux sur l’architecture du XXe siècle et sur lepatrimoine funéraire. À travers les différentes études menées et les par-tenaires qui les accompagnent, le service de l’in-ventaire général est très présent sur le départementde la Savoie.À moyen terme, trois grandes opérations de valo-risation du travail conduit par le service et/ou sespartenaires sont prévues : – en 2016, une exposition sur les héritages indus-triels, au siège de la région rhône-alpes à lyon,– en 2017, un ouvrage sur les refuges des alpesissu d’une recherche menée par l’école nationalesupérieure d’architecture de grenoble,– en 2018, un ouvrage sur aix-les-Bains.

l’Inventaire généralau service de la connaissance des territoires

au sein de la direction Culture de larégion, le service régional de l’inventairegénéral participe à une connaissancerenouvelée des éléments du patrimoineculturel. il contribue donc à une meil-leure prise en compte du patrimoine tantdans les politiques publiques de larégion que dans un développementdurable des territoires. À partir deconnaissances actualisées par les opéra-tions menées en partenariat ou seul, eten relation avec les associations patri-moniales et les conservations départe-mentales du patrimoine, l’inventairegénéral contribue à enrichir la documen-tation pour la planification urbaine, larecherche scientifique, la valorisationpédagogique ou les projets de protec-tion des patrimoines.la mise à disposition de données fiables,harmonisées et structurées contribueainsi aussi bien à la formation du citoyende demain qu’au développement écono-mique des territoires notamment par letourisme culturel.

inVEntAiRE

ancienne prison Saint-paul, lyon.

galvanomètre de thomson, collection scientifique du lycée Champollion, grenoble.

Chalets de l’aulp de Seythenex, Seythenex.

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L’inventaire général à Aix-les-bainsl’inventaire général travaille sur la commune d’aix-les-Bains depuis plusieurs années, en partenariatavec la ville, par l’intermédiaire du service desarchives municipales. dès son origine, l’étude s’estinscrite dans le cadre de la recherche nationale surl’architecture de villégiature, fédérant des opéra-tions menées par des services d’inventaire généraldans d’autres régions, sur des stations thermales,balnéaires, de sports d’hiver ou bien des recherchessur les villégiatures de bords de ville et de chasse.entre 2004 et 2013, l’opération s’est déroulée selonune démarche topographique et exhaustive por-tant sur trois secteurs de la ville, baptisés Centreville, plaine de marlioz et quartier de la gare, cor-respondant au cœur urbain ancien et à l’extensionde la commune au XiXe siècle. parallèlement, desétudes ponctuelles, situées en dehors de ces sec-teurs, ont été réalisées. elles portaient sur des édi-fices et des aménagements importants, tels queles deux ports situés sur les rives aixoises du lac duBourget ou sur les palaces rossignoli implantéssur les coteaux de la ville. les recherches sur le bâtiactuel, sur les édifices disparus ainsi que sur lesréorganisations viaires et urbaines ont abouti àune connaissance fine de ces secteurs et des prin-cipaux édifices liés à l’architecture de villégiatureet au thermalisme. Sur internet, une visite virtuelledes anciens thermes nationaux, nourrie de com-mentaires historiques, architecturaux et d’icono-graphie ancienne, permet de découvrir et d’ac-céder à ce fleuron du patrimoine aixois, fermé aupublic depuis 2012. la conduite d’un inventaire,permettant de mieux connaître et d’identifier lepatrimoine de la commune, a également plaidé enfaveur de l’obtention par aix-les-Bains, en 2014, dulabel ville d’art et d’histoire.entre 2013 et 2015, la démarche adoptée reposaitsur une méthode sélective s’intéressant à des édi-fices repérés sur le terrain en 2006 et signalés dansle plan local d’Urbanisme (plU). les critères quiont présidé à cette sélection sont multiples. il peuts’agir de bâtiments jugés importants dans l’histoiredu développement d’une commune, tels que lesécoles, l’hôpital, ou des fermes situées dans lesanciens hameaux ruraux de la commune, pour laplupart désormais enserrés dans le tissu urbain.d’autres édifices, villas, hôtels, équipements spor-tifs, ont été sélectionnés comme témoins de l’his-toire et de l’architecture de villégiature caractéris-tiques de la ville thermale. enfin, plusieurs

bâtiments ont été retenus pour préserver la com-position urbaine à laquelle ils concourent au seind’une même rue.depuis 2015, les thèmes et les objets étudiés parl’inventaire s’inscrivent dans la perspective d’unepublication prévue en 2018 sur la villégiature à aix,et plus précisément sur les liens entre la ville ther-male, ses rives et la station du revard. en 2015,l’étude s’est donc concentrée sur l’histoire de l’amé-nagement et de l’urbanisation des bords de lac.l’ensemble des bâtiments et des équipements,récents ou anciens, présents ou disparus, ainsi queles projets d’urbanisation non aboutis, ont faitl’objet de recherches qui permettent aujourd’huide proposer une lecture plus précise de l’évolutiondu paysage bâti des bords du lac. À côté de leurmise en forme dans des dossiers d’œuvres acces-sibles sur internet, ces travaux ont été présentéssous la forme d’une exposition et d’un catalogueintitulés « aix côté lac ». des visites guidées sursite étaient assurées par l’office du tourisme et desanimations scolaires proposées par la bibliothèquelamartine. en 2016, il est prévu d’adopter unedémarche similaire sur l’histoire et les formes dela station du revard.

Elsa Belle et Philippe Vergain

Site de diffusion de l’inventaire général,Région Rhône-Alpeswww.patrimoine.rhonealpes.fr

Visite virtuelle des anciens thermes www.aixlesbains.fr/var/aixinter/static/archives-virtuelle/

Catalogue de l’expositionlagrange Joël, Belle elsa, L’aménagement des bords du lac jusqu’à la fin du XXe siècle. aix-les-Bains : Société d’art et d’histoire,2015. (coll. art et mémoire, n° 85).

Pour en savoir plus

ancienne villa, aix-les-Bains.

digue-promenade-boulevard du lac, aix-les-Bains.

le revard : piste de ski et ancienne gare du téléphérique.

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un secteur regroupant les trois thématiquesdu patrimoine hydrauliquedénivelés importants et cours d’eau abondantscaractérisent ce nouveau secteur situé à l’entréede la tarentaise. Cette configuration particulière-ment propice à l’exploitation de la force de l’eaujustifie la présence de plus de 200 sites hydrau-liques répartis sur les quatorze communes2 quecompte la zone étudiée.Chaque site repéré a fait l’objet de recherches docu-mentaires et d’une visite de terrain généralementmenée avec des élus, des associations ou des pro-priétaires. les fiches historiques sont en cours derédaction3.l’un des aspects les plus remarquables de ce sec-teur est de combiner tous les types d’édifices étu-diés dans le cadre de la mission d’inventaire dupatrimoine hydraulique4 :

Le patrimoine artisanalComme tous les bassins-versants des pays deSavoie, celui de l’isère moyenne compte de nom-breux moulins à farine et moulins à huile. Selonleur lieu d’implantation, ces édifices n’existent plus,sont à l’état de vestiges ou ont été restaurés. onpeut notamment citer l’exemple du moulin à huiled’aigueblanche ouvert au public depuis 2012 5. lesscieries sont également bien représentées dans lesecteur de l’isère moyenne en raison de l’abon-dance des forêts qui couvrent les pentes de lavallée. on trouve aussi beaucoup de sites hydrau-liques liés au travail du métal (forges, martinets,ateliers, etc.) dont certains comme les fonderiesde doucy n’ont pas encore livré tous leurs secrets…

Le patrimoine industrielle potentiel énergétique du bassin-versant del’isère moyenne a favorisé dès le milieu du XiXe

siècle l’implantation d’édifices industriels. Certainsd’entre eux comme ceux d’arbine (commune dela Bâthie) ont remplacé d’anciens sites artisanaux,d’autres sont venus s’implanter ex-nihilo (usines deNotre-dame-de-Briançon à la léchère, entreprisetivoly à tours-en-Savoie, etc.). le développementdes axes de communication et celui de l’hydroélec-

tricité ont démultiplié le phénomène industriel. leterritoire compte toujours aujourd’hui un grandnombre d’industries et de nombreuses centralesavec des infrastructures de pointe (centrales de laBâthie et de la Coche) et d’autres de plus petitesdimensions, exploitées par des entreprises indé-pendantes ou des particuliers (centrales de tours-en-Savoie, de Saint-paul-sur-isère, de Nâves, etc.).

Le patrimoine thermalle secteur de l’isère moyenne offre un aperçu com-plet des thématiques de la mission d’inventaire dupatrimoine hydraulique puisque même la dimen-sion thérapeutique de l’eau est représentée avecla présence de la station thermale de la léchère.établie à la fin du XiXe siècle, elle a été moderniséeau cours du temps pour améliorer l’accueil descuristes mais plusieurs éléments d’origine sont tou-jours en place.

Le moulin Aspord aux Avanchers : exemple de restauration d’un édificehydrauliqueparmi les communes étudiées dans le secteur del’isère moyenne, les avanchers font partie de cellesqui comptent le plus de sites hydrauliques avec aumoins vingt éléments identifiés. des visites de ter-rain ont été réalisées sur plusieurs jours en colla-boration avec Serge Santon, propriétaire d’uneancienne scierie et membre de l’association dupatrimoine de la commune.

point d’étape sur le patrimoine hydraulique du bassin-versant de l’Isèremoyenne

après l’étude du bassin-versant de l’isère inférieure et duval gelon1, la mission d’inventaire du patrimoine hydrauliquecontinue sa remontée le long de l’isère. Cette année, letronçon allant d’albertville à moutiers, désigné sous le nomde « bassin-versant de l’isère moyenne », a été le terraind’investigation de l’inventaire.

PAtRiMoinEhyDRAuLiquE

découverte d’un moulin en ruine.

[ci-dessous] le barrage d’aigueblanche. Collection particulière m.-a. podevin.

[à droite] les thermes de la léchère, 2015.

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Une première analyse permet d’identifier plusieursensembles intéressants formés par des successionsde plusieurs sites hydrauliques comme au Cornetoù l’un des édifices vient d’être restauré.En empruntant un chemin en pente, depuis laroute départementale 95 au hameau de Cornet,vous atteignez le torrent du Morel. Juste avant,vous découvrez une clairière au milieu de laquellese trouve le seul édifice subsistant sur un ensemblede sept : le moulin Aspord.

Quelques éléments d’histoire et d’architectureUn moulin appartenant à une bourgeoise de Moû-tiers est visible sur la mappe sarde de 1732 (parcelle5042). Vers 1820, une scierie est ajoutée au bâti-ment. Le 10 octobre 1860, les propriétaires, Jean-Marie Aspord (demeurant à Doucy), Pierre-Françoiset Jean-Marie Vorger demandent le maintien enactivité de leur établissement auprès du servicedes Ponts et Chaussées. L’autorisation est accordéepar arrêté préfectoral du 7 décembre 1865. Le bâti-ment est visible sur le premier cadastre français1885 au lieu-dit « Les moulins » (Section D, feuille2, parcelles 311 et 314). A priori, le moulin-scieriecesse de fonctionner au cours de la première moitiédu XXe siècle mais il est remis clandestinement enactivité pendant la seconde guerre mondiale enraison de sa situation d’isolement.

Cet édifice qui combinait deux fonctions (le sciageet la meunerie) a été conçu de manière assez simpleen utilisant la pente pour éviter les escaliers com-pliqués tout en offrant trois niveaux, dont un pourl’approvisionnement en bois et en grain. La lon-gueur du bâtiment permettait de scier de longuesplanches et de travailler à l’abri. Des ouvertures judi-cieuses ont été aménagées dans le bardage poursurveiller le fonctionnement de l’installation. Laventilation naturelle et l’éclairage indirect se fai-saient par la sous-face de la toiture. Les sections debois qui composent la charpente sont brutes et detaille identique car le remplacement d’une piècedevait pouvoir se faire sans retarder la tâche. Tellement rapiécé au fil du temps, le moulin-scieries’en trouvait réellement fragilisé.

Les travaux de restaurationDès son acquisition par la commune en 2012, cemoulin en péril et menaçant de s’effondrer a faitl’objet d’un projet de restauration.Les premiers travaux d’urgence entrepris au coursde l’été 2012, ont consisté à débroussailler les alen-tours et à l’élaguer plusieurs arbres trop prochesdu bâtiment avant qu’ils n’écrasent davantage letoit en cas de chute.En 2014, une fois le projet de restauration rédigéet le plan de financement mis en place, les travauxont pu commencer par l’intervention d’un élagueurpour le déboisement et l’aménagement desabords, puis d’un maçon pour la reprise de la partieeffondrée du bâtiment et enfin d’un charpentieret d’un couvreur. Plusieurs pièces essentielles du

moulin (roues à aubes, transmissions et méca-nismes) ont également été sauvées de la ruine.Après cette première phase de restauration réussie,se pose maintenant la question de la valorisationdu moulin Aspord. Sa situation à la croisée des che-mins ruraux et sentiers de montagne permettraitfacilement sa découverte par un large public. Savisite pourrait potentiellement être intégrée dansun ensemble d’autres sites d’intérêt patrimonialdans le même secteur, tels que le musée de 40Planes, l’espace patrimonial du Chef-lieu, la froma-gerie du Meiller et les cascades du Morel. Tous ceslieux de visite étant desservis par « les sentiers duMorel ».L’association du patrimoine de la commune desAvanchers qui s’est intéressée à l’histoire du moulinAspord, pourrait porter la suite des tâches à menertelles que la reconstruction du canal d’arrivée d’eauet celle de la scie.

Odile Rebouillat et Clara Bérelle

Avant et après restauration, le moulin Aspord,Les Avanchers.

La roue à aubes de la minoterie.La lame de scie battante.

Notes1. Voir « Lancement de l’inventaire du patrimoine hydrau-lique dans le secteur Isère inférieure-Val Gelon », Larubrique des patrimoines de Savoie, juillet 2014, n° 33, p. 19.2. Albertville, Aigueblanche, Bonneval, Cevins, Esserts-Blay, Feissons-sur-Isere, La Bâthie, La Lechère, Le Bois, LesAvanchers-Valmorel, Rognaix, Saint-Oyen, Saint-Paul-sur-Isère, Tours-en Savoie. 3. Elles seront diffusées sur le site internet de l’inventairegénéral du patrimoine culturel de la Région : www.patri-moine.rhonealpes.fr4. Initiée par l’Assemblée des Pays de Savoie, l’inventairedu patrimoine hydraulique est une étude thématique bidépartementale de « l’eau apprivoisée » qui a pour objectifd’identifier les structures et les infrastructures artisanales,industrielles et thermales utilisant les potentiels énergé-tiques et thérapeutiques.5. Voir La Rubrique des patrimoines de Savoie, décembre2014, n°34, p.30-31.

La commune des Avanchers a pu bénéficierd’une aide financière dans le cadre de la Sau-vegarde du Patrimoine monumental du Dépar-tement de la Savoie, au titre du dispositif duPatrimoine rural non protégé (PRNP) pour larestauration du moulin Aspord à hauteur de36 % du coût des travaux pris en compte pourles 2 tranches de travaux.

Une réhabilitation PRNP

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La réalisation de cette passerelle est l’aboutis-sement d’une démarche engagée lors du diag-nostic général effectué pour l’aménagement dusite cistercien de l’abbaye d’aulps en 1999-2000, àla demande de la Communauté de communes dela vallée d’aulps (aujourd’hui Communauté decommunes du haut-Chablais).il avait alors été envisagé de relier le site et le par-king situé le long du cimetière communal de Saint-Jean d’aulps, au moyen d’un cheminement acces-sible aux personnes handicapées, en franchissantle torrent du Clénant. pour des raisons diverses, cette phase de travauxa dû être différée et n’a pu être livrée qu’au prin-temps 2014 1.l’étude du tracé de cette liaison s’appuie sur unensemble d’intentions qui ont trait à l’accessibilité,l’économie et l’attention portée à la topographiedu site :

– le cheminement s’inscrit au plus près des courbesde niveau de la rive nord du lit du torrent en limi-tant les terrassements, la longueur de traversée etle tirant d’air (six mètres) ; – la recherche d’un point de franchissement qui,tout à la fois, valorise la perception des vestiges del’abbatiale cistercienne, tient compte du profil entravers du lit du Clénant et conserve au maximumle couvert végétal (après analyse des risques avecl’oNf) ;– la passerelle repose sur un appui intermédiairequi diminue la portée, un léger angle infléchissantle parcours de façon à l’articuler visuellement avecl’entrée du domaine de découverte de la valléed’aulps et l’ancienne porterie, rejoignant ainsi lesdispositifs initiaux d’accès au site.l’ouvrage se caractérise par une recherche de sim-plicité du dessin et de facilité de mise en œuvre.Ceci s’appuie sur l’observation des passerelles tech-niques, chenaux, conduites hydrauliques, goulotteset autres ouvrages habituels aux franchissementsou passages en site de montagne. Une forme de

rigueur et de sobre précision, a été recherchée,déclinant ainsi des principes déjà mis en œuvresur le site au cours des précédentes campagnesde travaux 2, ceci dans le but de laisser leur pri-mauté aux vestiges de l’abbaye cistercienne.deux culées en béton brut ont été fondées sur cha-cune des rives. elles permettent des appuis netset précis, dessinés en fonction des pentes dechaque rive.deux poutres en bois lamellé collé servent à la foisde garde-corps et de supports de franchissementde la portée (env. 30 m) avec un appui intermé-diaire (soient 20 m et 10 m). Un plancher en cail-lebotis métallique permet de voir l’eau sous sespieds et reste facilement accessible en toute saison. le décalage en hauteur de la poutre située à l’avalpermet d’installer sur celle-ci un garde-corps métal-lique qui dégage la vue latérale sur le torrent et laferme cistercienne, profitant aux enfants et auxpersonnes en fauteuil roulant qui bénéficient ainside cette ouverture visuelle.

la passerelle d’accès au Domaine de découvertede la vallée d’Aulps

ARChitECtuRE

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les poutres sont peintes en gris, le béton est laisséapparent et les éléments métalliques sont en aciergalvanisé.la passerelle suit une pente régulière de 3,8 %, lesprofils de l’ensemble du cheminement ne dépas-sant pas 4 %, de façon à proposer ainsi un parcoursd’accès très doux.le chemin est réalisé en remblais-déblais, les seulsmatériaux apportés étant la couche de fondationet de surfaçage.telle est la description factuelle du travail mis enœuvre.mais il est d’autres lectures possibles de ce projet,sur lesquelles il peut être intéressant de revenirrapidement. le mot passerelle dérive tardivement(XiXe s.) du verbe passer (au sens initial de traverser)et désigne à l’origine un ouvrage destiné à la cir-culation des personnes.Si les accès à l’abbaye ont évolué avec le temps,l’archéologie a montré que l’ancienne porteriemédiévale était proche de l’entrée actuelle. on saitaussi que la voie communale qui longe l’abbatialeest plus élevée que la voie d’accès originelle, cequi modifie les perceptions, les relations avec lesite, les élévations, ce que confirme l’iconographieancienne. aujourd’hui, le cheminement créé entrele parking et le domaine de découverte obéit àdes raisons de notre temps. en ce sens, il est neufen regard de l’histoire du lieu.pourtant, le parcours, la déclinaison des notionsde chemin, de traversée des personnes, la hauteurà laquelle on découvre les lieux, c’est-à-dire aumême niveau que l’ancienne porterie, une certainefrontalité retrouvée, tout cela renoue avec descaractéristiques anciennes du site et de sonapproche.

Un chemin et une passerelle relient les deux rivesdu torrent, là où il n’y avait rien. Ce sont ces don-nées simples et nouvelles ; en ce sens, c’est la mani-festation du présent qui fait parler la diversité dupassé.3

entre le parking et l’entrée, la distance est faible,environ deux cents mètres à parcourir à pied, etpratiquement à plat. mais cette distance est suffi-sante pour engager le principe d’une promenade,d’un moment différent ; un autre rythme s’inter-pose ainsi entre la voiture et la visite. Ce qui permetd’articuler les différentes données du lieu, les ves-tiges que l’on découvre progressivement, puis defaçon orientée puisque la portée principale de lapasserelle s’aligne strictement sur le portail de l’ab-batiale, la ferme enfin, par laquelle les visiteursaccèdent au site cistercien.C’est aussi l’occasion d’enrichir l’approche (ou leretour) par les ambiances propres au franchisse-ment du torrent du Clénant : les musiques de l’eauqui court, les lumières qui dansent sous les fron-daisons conservées, les ruines en contre-jour, lesodeurs du sous-bois, et bien d’autres couleursencore si mouvantes en fonction de l’infinie variétédes saisons.la passerelle offre ainsi l’expérience sans cesserenouvelée d’une traversée…

Guy Desgrandchamps

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1 Poutre BLC classe 4 section 200 x 1300 mm teinte RAL 7010

2 Couvertine acier laqué, débord 20 mm, RAL 7010

3 HEA 100 mm acier galvanisé, chevillé dans poutre bois et cornières 50 x 50 x 5 mm pour contreventement

4 Caillebotis ep. 25 mm acier galvanisé, maille 19 x 19 mm

5 Garde-corps métalliques acier galvanisé, L = 130 cm, posés bout à bout Lisse horizontales et lames verticales fer plat ep.10 mm Fers ronds Ø 21 mm Ossature soudée sur fer-plat acier galvanisé 140 x 8 mm

0 20 40 60 80 100cm

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notes1. maîtrise d’ouvrage : Communauté de communes de lavallée d’aulps ; architecte du patrimoine g. desgrandchamps, collab. J.dupanloup architecte d.e. ; B.e. Structures : eSBa ; génie civil – gros-œuvre : entr. Bassani ; passerelle : entr. germain environnement ; Cheminement : régie CCva.2. l’ancienne ferme de l’abbaye a été réhabilitée (2004-2007) en domaine de découverte de la vallée d’aulps,ouvert au public depuis juillet 2007. plusieurs interventionsont été réalisées sur le site prolongeant le diagnosticengagé en 1999-2000. Cf. La Rubrique des patrimoines deSavoie, juillet 2013, n° 31, pp. 16-17 : la restitution de l’em-placement du cloître de l’abbaye d’aulps.3. Je reprends les mots de l’architecte norvégien Sverrefehn (1924-2009).

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M ichel aubry a divisé le pavillon néoclas-sique, qui date de la fin du XiXe siècle, en plusieursambiances dont les trois pièces principales (petitsalon, grand salon et salle à manger) proposaienttrois confrontations singulières. les services desCollections et mémoire et Citoyenneté du dépar-tement de la haute-Savoie ont affiné pour lui leslistes d’objets et d’œuvres qui pouvaient être pré-sentés sous certaines conditions de conservationet de sécurité.ainsi, dès le seuil du bâtiment, le visiteur est(ac)cueilli par un mur d’accordéons, précisémentordonnés par époques. Ces instruments sont issusde la collection ethnographique du départementautrefois rassemblée par le musicien Jean-marcJacquier. les matières clinquantes apportent d’en-trée de jeu une atmosphère de fête à l’exposition.en outre, le fait de placer des instruments demusique populaires à l’entrée souligne aussi le faitque michel aubry ne hiérarchise pas les auteurs et

leurs œuvres : pour lui, chaque objet, chaqueœuvre témoigne de son époque, de son concep-teur. Chacun doit être regardé avec la même curio-sité bienveillante.l’ambiance se fait plus pesante dans le petit salonattenant. l’une des plus belles œuvres de notrecollection beaux-arts (constituée par le baronChastel), y est présentée : une version du Massacredes Saints Innocents de pieter Brueghel le Jeune,peint en 1621. il fait directement face à un tableauplus jeune de presque 400 ans réalisé par l’artisteminimaliste allemand imi Knoebel. il s’agit d’ungrand format, monochrome noir, entièrementlacéré, provenant des collections du mamco. desobjets sous vitrines complètent cette atmosphèredéjà chargée : neuf pistolets et fusils utilisés lorsdu second conflit mondial2 font face à une séried’ostensoirs, réceptacles du « corps du Christ » etde reliquaires3 flamboyants, destinés à contenirdes restes humains. le face-à-face Brueghel /

la Pierre de Folie les collections départementales de la Haute-Savoieaux haras d’Annecy

dans le cadre du projet transfrontalier éChoS qui réunissait l’école Supérieure d’artde l’agglomération d’annecy et le mamco1 de genève, la conservation départe-mentale leur a proposé de monter une exposition mettant en valeur les collectionsdépartementales de la haute-Savoie. Suite à la visite des réserves par ChristianBernard, directeur du mamco et de Stéphane Sauzedde directeur de l’éSaaa, lesouhait de mettre en lumière ces collections sur le site des haras d’annecy a vu lejour en un temps record. la nécessité de faire appel à un regard artistique extérieurs’est rapidement imposée au vu de la diversité des collections présentes dans lesréserves du Conservatoire d’art et d’histoire à annecy. le mamco, en la personnede paul Bernard, conservateur, a proposé ce défi de croiser les collections du mamcoet du département à michel aubry, artiste plasticien érudit, afin de les présenterdans le pavillon du directeur des anciens haras d’annecy, début juillet 2015.

CoLLECtionSDéPARtEMEntALES

imi Knoebel et pieter Brueghel le Jeune dans le petit salon.

détail du tableau de pieter Brueghel le Jeune (Le massacre des Saints Innocents, huile surpanneau, 1621).

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Knoebel souligne la beauté sombre de chaquetableau tandis que les objets renvoient à la signi-fication du Massacre autour de la religion et de laviolence.dans le grand salon, au centre, des sièges et unetable issus de la collection ethnographique dudépartement (conservée au musée de fessy) sontentourés d’objets produits industriellement : desjouets d’enfants en plastique transformés par l’ar-tiste californien Jim Shaw4. Ces objets produitspour la consommation de masse ont subi des pro-jections de peinture multicolore et sont systéma-tiquement troués pour les transformer en masques.autour de ce simulacre de salle à manger, destableaux anciens occupent les murs. trois huilessur panneau de bois de très belle facture, produitsde l’école hollandaise du Xviie siècle et une toiled’italie du Nord du Xvie siècle5 représentent tourà tour deux scènes de charlatanisme – une extrac-tion de la pierre de folie et un mireur d’urine–, uncheval manifestement hors de son état normal etquatre personnages cocasses, édentés et parfaite-ment heureux d’éplucher un navet. le petit tableaude l’extraction de la pierre de folie (sujet courantdans la hollande du Xviie siècle) a donné le titre del’exposition et ouvre de multiples interprétationssur le sens que michel aubry a voulu donner à cetteinstallation.en pénétrant dans la dernière pièce (la salle àmanger), on remarque d’abord l’imposant « lit-tronc », création de la new-yorkaise amy o’Neill6.Cette souche complète d’une espèce de pinautochtone du michigan (white pine tree), patiem-ment polie, équipée d’un grand coussin forme unlit accueillant. Cette œuvre conservée au mamcoest confrontée à dix sculptures en bronze ou enplâtre du sculpteur évariste Jonchère qui réalisaune partie de sa carrière dans les colonies fran-çaises. Ce thème du colonialisme et du post-colo-nialisme est particulièrement cher à michel aubryqui enseigne à l’école supérieure des Beaux-artsde Nantes métropole. face à ces œuvres acadé-miques à la finition parfaite se dressent de sympa-thiques apôtres, hauts en couleur, sculptés parandré poirson, un autodidacte haut-savoyard. Cetteversion populaire de la Cène n’avait encore jamaisété exposée.

Citons pour terminer quelques œuvres pleinesd’humour, qui viennent ponctuer les face-à-facede chacune des salles. Un petit jeu de massacreallège l’atmosphère lourde de la première salle,tandis qu’une une facétieuse vache folle7 amusele visiteur du grand salon. enfin, deux œuvres ducollectif présence panchounette, issues des collec-tions du mamco, Concrete music 8 (un parpainghabillé d’un manche de guitare) et un masque afri-cain sur lequel sont collés des timbres intituléEsclaves affranchis nous rappellent combien l’artcontemporain, comme l’art populaire, se joue descodes de l’académisme et réinterroge les signifi-cations de l’art.

« la pierre de folie » a rencontré son public pen-dant une quinzaine de jours, montrant les richescollections de deux institutions qui n’avaientjusqu’alors jamais collaboré. la sélection de michelaubry a permis de révéler les collections départe-mentales jusqu’alors restées en réserves et de lesplacer en regard d’œuvres contemporaines.

Cécile DupréFrédéric Colomban

lapin transformé par Jim Shaw.

face-à-face entre un bronze d’évariste Jonchère(Savi Vannah, jeune laotienne, 1933) et un apôtreen bois polychrome, sculpté par andré poirson(1997).

Esclave affranchi, présence panchounette.

notes1. musée d’art moderne et contemporain.2. Collection départementale – fonds Seconde guerremondiale (service mémoire et Citoyenneté).3. objets des collections départementales (fonds reli-gieux).4. Collections du mamco.5. Collection départementale (Beaux-arts / fonds Chastel)6. Shrine Bed (2007) ; collections du mamco.7. Collection départementale (ethnographie / Collectionlacroix).8. Concrete = béton.

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Le premier éditorial de La rubrique des patri-moines de Savoie paraissait en avril 1998, fruit d’uneréflexion fructueuse sous le titre « des patrimoinespour demain ». réfléchir au patrimoine interrogeimmanquablement l’avenir soulignait alors le pré-sident du Conseil général, michel Barnier. Cet « arrêtsur image » proposé par La rubrique introduisaitau questionnement sur le sens de la démarche depatrimonialisation et au rapport de notre sociétéavec le temps vécu et la mémoire. plus encore,cette nouvelle revue semestrielle départementaleaspirait à mieux informer sur les projets et les poli-tiques en faveur du patrimoine, à diffuser l’actualitédes connaissances et de la recherche, des actionsde sauvegarde et de valorisation auprès du pluslarge public, à enrichir la diversité de penser etd’agir de chacun. trente-six numéros et six hors-série plus tard, de nombreux courriers de lecteursassidus attestent l’intérêt porté aux patrimoinesdes territoires et à la Culture décentralisée. Cet outil

de communication et de visibilité de l’action dépar-tementale répondait aussi à l’exigence de qualitéattendue qui fut tenue par l’opportunité d’une ren-contre avec emmanuelle mellier, co-fondatricedes éditions Comp’act. après une première colla-boration pour la réalisation du catalogue Terresparu en 1994 1, entre emmanuelle et ivan Cadenne,commissaire général de « terres de rhône-alpes »,le concept original de La rubrique dut beaucoupaux discussions à bâtons rompus avec dominiquerichard, alors Conseiller culturel, chef de serviceet l’équipe de la Conservation départementaleautour de la place de la Culture et de l’édition pourcombattre l’uniformisation de la pensée etretrouver le sens des choses. Sans oublier un savoir-faire professionnel exigeant pour l’élaborationd’une ligne graphique correspondant à une phi-losophie de publication de qualité où forme et fonds’harmoniseraient. au fil semestriel des mises enpage successives et d’autres travaux de conceptiongraphique qui furent confiés à emmanuelle mellieraprès appels d’offres et mise en concurrence, cedialogue fut poursuivi et s’enrichit d’une véritablecomplicité professionnelle et d’une amitié sincèreavec Manu après que j’eus repris la responsabilitéde la rédaction de La rubrique en décembre 2000.Nous avions nos petits rituels d’atelier pour cette« fabrique du patrimoine » et un goût avéré pourla recherche de la couverture idéale, l’équilibre dela mise en page, le peaufinage du détail, la relancedes auteurs – sans qui cette revue ne pouvait etne pourrait exister– le choix capital des illustrationssuivi de recherches pour obtenir le cliché en bonnedéfinition, les séances de lecture et de relecturedes textes pour traquer la mauvaise tournure et lacoquille ; la dextérité de Manu pour la mise enœuvre des articles m’épatait toujours, entre quinzecoups de fil, d’autres travaux urgents en cours, lavenue de visiteurs impromptus sur des dossiers enattente de réponses immédiates. C’est avec bonnehumeur que Manu affrontait les strates multiplesde corrections et de retouches, sur tel passage, telsous-titre ou item, tel cliché à recadrer pour obtenirin-fine l’indispensable Bat dans les délais impartis,

le tout égrené de pertinentes digressions philoso-phiques sur l’existence, la nouvelle Civilisation infor-matique ou de commentaires sur l’actualité cultu-relle. de cette fabrique artisanale et high-tech,procédait une ardente obligation de qualité pourtenir cette rubrique des instants de l’histoire et deses patrimoines afin de l’offrir à la curiosité et à laréflexion du lecteur. le fil ténu du patrimoine cul-turel dans une société en mutation demeure ; nousinterroge sur la permanence et la rémanence, latranscendance et l’immanence, paré pour de nou-veaux projets. « tout ce m’estoit a avenir, S’estavenu. que sont mi ami devenu »2.

Philippe Raffaelli

DéDiCACE

manu à l’atelier du Cicero, printemps 2012.

à Manu

N° 1 de La Rubrique, avril 1998.

notes1. Terres, photographies Jacqueline Salmon, textes Jean-pierre Spilmont, éditions Comp’act, Seyssel-sur-rhône,avril 1994, 204 p ; manifestation «terres de rhône-alpes »,promue par l’association rhône-alpes des Conservateurs :ce livre est « la trace durable des expositions présentéespar quinze musées de rhône-alpes ».2. Complainte de ruteboeuf (vers 1230-1285).

Emmanuelle Mellier (1958-2015) a commencésa vie professionnelle en exerçant plusieursfonctions dans le domaine de l’édition (correc-tion, rédaction, coordination, mise en page...). elle a fondé, en 1986 à Seyssel, les éditionsComp’act, avec henri poncet et annette Col-liot-thélène. au sein de cette maison d’éditionlittéraire exigeante, elle a créé un atelier demise en page et de conception visuelle inté-grant toutes les innovations technologiquesde la chaîne graphique. Son mari Jean-luc mellier a rejoint l’équipe à la fin des années1980 pour y gérer l’atelier d’imprimerie.l’installation des éditions Comp’act à Cham-béry en 1994 lui a permis de développer sonactivité de création graphique pour des com-manditaires variés de toute la région rhône-alpes.lors de la fermeture de Comp’act en 2006,emmanuelle mellier a fondé avec son mari l’ate-lier le Cicero, installé rue Croix d’or. Ce petitatelier de graphisme a travaillé pour nombred’acteurs culturels de la région, en produisantlivres, affiches, scénographie d’expositions etoutils de communication. le professionnalismeet l’expérience d’emmanuelle mellier, alliés àses qualités humaines ont gagné la fidélité denombreux commanditaires culturels et institu-tionnels tels que le Conseil général de la Savoie,la ville de Chambéry, la Société savoisienned’histoire et d’archéologie, la fondation facim,le théâtre de vienne, les CaUe de Savoie ethaute-Savoie…

Fanette Mellier

Biographie

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trésors d’architecture au cœur du Parc national de la Vanoisepar Marie-Pierre Bazan et Cristina Catinca Iancovescu, éd. Glénat, 2015, ISBN 2344011439, 25 €l’inventaire du patrimoine bâtitraditionnel d’alpage, réalisédans le cœur du parc nationalde la vanoise entre 2010 et 2013, a permis de mieuxconnaître un patrimoineexceptionnel. Cet ouvrage enest la restitution pour le grandpublic. dessins, textes ettémoignages proposent deséléments de compréhension de cette architecture sansarchitecte, liée àl’agropastoralisme d’altitude,paraît parfaite tant sur le planesthétique que sur le planutilitaire, car chaque volume estpensé en fonction de sonutilisation. il s’intègreparfaitement au paysage enfond de vallon le plus souvent,et les matériaux de fabricationsont ceux que fournit lamontagne, bois et pierre.longtemps préservé desévolutions, ce patrimoine estaujourd’hui menacé par le reculdes pratiques agropastoralestraditionnelles qui le laisse sansentretien.Ce livre, en apportant deséléments de compréhensionpermettra sans doute deprendre conscience de sonintérêt et d’apporter lesréponses qui permettront de lesauvegarder, tout en respectantsa spécificité.

Peisey-nancroix. Le plomb et l’argent. histoired’un grand site miniereuropéen, XViiie-XiXe sièclespar Patrick Givelet, Sociétéd’Histoire et d’Archéologied’Aime, 2015,ISBN 2-907984-52-7, 25 €patrick givelet, membre de la Société d’histoire etd’archéologie d’aime (Shaa)travaille depuis de nombreusesannées sur la thématique desmines de peisey-Nancroix et adéjà largement écrit sur le sujet. Ce dernier ouvrage offre une restitution exhaustive del’ensemble de ses recherches.

Une première partie en guised’introduction relate laformation géologique du filonde plomb argentifère, et explique les techniquesd’extraction et de traitementminier. puis l’ouvrage suit la chronologie de la mine entresa découverte en 1712 et safermeture en 1866 : histoire de l’extraction à proprementparler, de la transformation surplace, ainsi que de la créationde l’école des mines pendant la période napoléonienne,continué sous la restaurationsarde. la mine fut gérée tantôtsous concession privée, tantôten régie publique. À la foismine et usine, sa fonderie a produit des milliers de kilosd’argent et de tonnes de plombpour la monnaie, l’armée,l’industrie privée. elle aura attirédes centaines d’ouvriers dutyrol, du piémont, de franche-Comté, d’angleterre,d’allemagne, procuré descentaines d’emplois à plusieursgénérations de peiserots,hommes et femmes, formé denombreux ingénieurs. elle aurapeut-être aussi proposé auxhabitants de peisey et desvillages environnants, issustraditionnellement du systèmeagropastoral patriarcal, denouveaux modes de travail et de vie, les préparant auxmigrations urbaines de ladeuxième moitié du XiXe siècle.

La mine d’anthracite des Chapelles-Montgirodpar Robert Durand, Sociétéd’Histoire et d’Archéologied’Aime, 2015, ISBN 978-2-907984-53-5, 10 €Un nouvel apport à la connaissance des mines de Savoie, édité à l’initiative de la Société d’histoire etd’archéologie d’aime. l’auteur,robert durand, spéléologue,passionné par la prospectionsouterraine, a commis plusieursouvrages sur les richesses dontregorge le sous-sol de Savoie,notamment un atlas des grottesde Savoie et une histoire desmines et carrières souterraines en Savoie. Ce nouvel ouvragerestitue le fruit de sesrecherches sur la mined’anthracite des Chapelles à montgirod, en rive droite de la vallée de tarentaise, dansle massif du Beaufortain.exploitée de 1907 à 1962,

on y extrayait un charboncommun dans les alpes dunord. Sa production totale a étéde 600 000 tonnes et, à sonapogée, elle a compté jusqu’à130 mineurs. Sa particularitéréside dans le fait que lecharbon extrait était d’aborddescendu en wagonnet, puisemmené par les airs jusqu’engare de landry. Cet ouvragecomporte de nombreuxdocuments d’époque et fait la part belle aux témoignagesdes mineurs.

Rois et mécènes. La Cour de Savoie et les formes du rococo. turin, 1730-1750.Collectif, SilvanaEditoriale /Musées de Chambéry, 2015, ISBN 9788836630776, 25 €l’exposition Rois & Mécènes – La cour de Savoie et les formes du rococo (Turin, 1730-1750) quis’est déroulée du 3 avril au 24août 2015 au musée des Beaux-arts de Chambéry, a mis enlumière 90 œuvres provenantdes collections du palazzomadama de turin et desmusées de Chambéry pourillustrer le rôle de protecteursdes arts joué par les ducs de Savoie au Xviiie siècle,notamment Charles-emmanueliii, prince de piémont, duc de Savoie et roi de Sardaigne.autour de 1730, des artistesd’origines diverses rejoignentturin pour s’engager dans la décoration des résidencesroyales et dans les projetsd’embellissement de la ville,devenue depuis 1563 unecapitale dans le jeu de lagrande politique européenne.la conduite de ce chantier est confiée à l’architecte de la maison de Savoie, le sicilien filippo Juvarra quicrée le discours, les thèmes etl’iconographie de la décorationarchitecturale. il est directementimpliqué dans le choix desartistes intervenant dans les différents chantiers commeles peintres, les sculpteurs, les orfèvres, les ébénistes quicollaborent à la décoration des espaces et donnent forme à la naissance du goût pour la légèreté de l’ornement et la sensibilité du style rocaille.

L’émigration des Savoyards aux XiXe et XXe siècles Paul Guichonnet, in L’Histoire enSavoie n° 29, Société Savoisienned’Histoire et d’Archéologie, 2015,ISBN 978-2-85092-032-5, 19 €le présent ouvrage réunit lesprincipaux articles publiés parle professeur paul guichonnet,historien éminent de la Savoie,sur l’émigration savoyarde auxXiXe et au début du XXe siècles.ils dressent un tableau nuancéd’une émigration qui a permisd’échapper à la pauvreté liée àla surpopulation, se livrant,définitivement outemporairement, l’été ou l’hiver,à mille et un métiers. elle sutbâtir un réseau d’entraide,entretenant par là les solidaritéstraditionnelles du village.phénomène massif, l’émigrationsavoyarde s’orienta au XiXe

siècle principalement vers lafrance, construisantprogressivement unrapprochement de cœur et de nécessité annonçant le rattachement plébiscité par les Savoyards en 1860 ! 

naître et mourir en Savoie,anciennes et nouvellesenquêtes sur les rites de passage de tarentaise et de Mauriennepar Stéphane Henriquet, in Mémoire et documents n° CXVIII, Société Savoisienned’Histoire et d’Archéologie, 2015, ISBN 978-2-85092-031-8, 19 €Naître et mourir en Savoiepropose un inventaire des ritesliés à la naissance et à la mortdans les vallées de maurienneet tarentaise.le XiXe siècle voit l’effacementprogressif des mœurs etcoutumes traditionnellesdevant la pensée rationnelleattachée aux progrès dessciences. Un systèmeimmémorial de représentationsde l’existence disparaissait ainsi,incompatible avec lamodernité. toutefois, jusqu’auxannées 1960 au moins,

certaines croyances et certainespratiques ont résisté,renseignant les premièresenquêtes ethnologiques.reprenant les travaux d’arnoldvan gennep, et s’appuyant surune considérable enquêteorale, réalisée depuis plus de vingt ans en tarentaise et en maurienne, c’estl’ancienne société savoyardequi émerge au fil de la lecture,non dans ses traditions figées,mais dans sa capacité à mettreen ordre, et à conjurer souvent,les angoisses des Savoyardsdevant l’apparition et la disparition des êtres chers.

Carnet macôtais n° 1par Michel Villien-Gros, 2015,ISBN 978-2-9545892-5-1, 20 €Ce 1er numéro d’une nouvellerevue dédiée à l’histoiremâcotaise rassemble différentsarticles écrits par michel villien-gros, certains parus dans le bulletin municipal, d’autresinédits. il propose égalementun roman historique pensé et écrit partiellement en patois,ce qui en fait une œuvrecontemporaine d’expressionvernaculaire assez originale !Un retour aux sources demacôt, avant que la ruée versl’or blanc et la création de lastation de ski de la plagne nebouleversent les coutumestraditionnelles !

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notes de lecture

notES DE LECtuRE

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n actualités patrimoine 3n actualités réseau entrelacs 4 à 5n archives départementales et musée Savoisien 6 & 7 n antiquités et objets d’art 8 à 11 n dossier – 3es rencontres du patrimoine alpin 12 à 21n archéologie 22 à 25n inventaire 26 à 29n architecture 30 & 31n Collections départementales 32 & 33n dédicace 34n livres 35