migot concerti
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8/18/2019 Migot concerti
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Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
Le Ménestrel (Paris. 1833)
http://gallica.bnf.fr/http://www.bnf.fr/
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8/18/2019 Migot concerti
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Le Ménestrel (Paris. 1833). 1833-1940.
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PRfX
H U L
1925)
Rappelons
que
le
délai
pour
le
dépôt
des manuscrits
expire
le
31
octobre
1925.
Hous
tenons
le
règlement
de
ce concours
à
la
iisposition
de
toute
personne
gui
nous
en
fera
la
iemande.
ANTONIO
SALIERJ
A
propos
du
Centenaire de
sa
mort
y
mai
1825)
quement
quitté,
on
gémissait
de
voir
le
répertoire
de
l Opéra
arrêté
au
Faîte de
son
essor.
Depuis
trois
ans,
on
s ingéniait
de
toutes
façons
pour
provoquer
le
retour
de
ce
maître
irascible,
mais
dont
on
ne
savait
encore
comment
se
passer.
Aux
propositions
du
ministre
auxquelles la
Reine n était
pas
étrangère),
aux
efforts
les
plus
flatteurs
du
Comité
de
l Opéra,
Gluck
répon-
dait évasivement,
presque
de
mauvaise humeur. Sou-
dain, le
Comité
est
saisi
d une
lettre
où
Gluck
propose
un
nouvel
opéra,
sous
le
titre
Hypermnestre
ou
les
Danaïdes;
et
le
bailli
du
Roullet,
son
adaptateur
fran-
çais,
multiplie,
avec
une
activité fébrile,
les
démarches
en
vue
d une
réponse
ferme
de
la Reine, du
Gouverne-
ment et
de
l Opéra.
Cette hâte
avait
ses
motifs. Pour l ouvrage,
poème
et
musique,
Gluck
demandait
20.000
livres
et
s engageait
à
l apporter
à
Paris,
en:
octobre. Mais,
entre
temps,
on
apprit qu il n en
avait écrit
que
les
deux
premiers
actes
et
qu un
de
ses
élèves
l avait
terminé
sous
sa
direction.
C était pendant
l été
de
1782.
En
janvier
1783,
on
com-
mence
à
eh
savoir davantage
:
Gluck
ne
viendra déci-
dément
pas,
et
l élève
qui
le représentera
s appelle
Salieri. Le Comité, peu
naïf, déclare
alors ne pouvoir
douter qu en
somme
l oeuvre
entière
fie
soit
de
la
main
de
cet
inconnu
;
que,
dans
ces
conditions,
il
ne
veut
pas
s engager
sans
entendre
la
partition,
et
qu en
tout
cas,
les
honoraires
ne
sauraient
rester
les
mêmes
pour
l élève
que pour
le maître.
.
Dans
cette
conjoncture
embarrassante,
c est
alors
l ambassadeur
d Autriche, c est
Mercy-Argenteau
qui
entre
en
scène.
Il
ne
craint
pas
de
certifier
termes
du
rapport
officiel
de
la
conversation
qu il
a
provoquée)
que
«
la
musique
des
deux
premiers
actes
est
de Gluck
et,que
celle du
troisième
a
été
faite
sous
sa
dictée
par
Salieri». Et,
cela étant,
on
convient
dé
fixer
«le
forfait
de
12.060
livres.pour
les
paroles
et
la
musique
».
Le
double
jeu
de
Gluck
ou
de
Salieri)
n échappe
pas
à
tout
le
monde,
on
le
pense
bien.
La
Harpe
déclare
que
«
si l ouvrage
réussit,
Gluck
aura
tout
fait;
s il
ne
réussit
pas,
if
sera
en
entier de
Salieri
:
rien
n est
mieux
arrangé
».
Personne,
toutefois,
ne;
semble
plus
douter,
désormais,
que
Gluck
n y
ait
vraiment
mis
du
sien.
Et
comment
en
serait-il
autrement?
Salieri
arrive
à
l im-
proviste
dès
janvier
1784
et
se
présente
au
Comité,
officiellement
en
«
en
demandant
acte
»)
comme «
fondé
delà
procuration
de
Gluck...
»
Et
les
répétitions
com-
mencent;
on
les
suit
avec,
ferveur,
dans,
le
monde
musical,
et
les
connaisseurs
déclarent
;
:
«
On
n a
remarqué
-aucune
disparate
qui
eût
pu
faire
connaître
la
;
différence
des
deux
manières,
ce
qui
doit
faire
supposer,
que
l élève,
est
digne
du maître.
»
Pour
achever,
le
jour
venu,
le
26,avril,
l affiche
et
lés
journaux
annoncent
a
les
Danaïdes,
tragédie
en
cinq
actes,
paroles
de
M.
XXX,
musique
de
MM.
le.
cheva-
lier
Gluck
et
Salieri
».•—
Enfin,
l oeuvre
est
jouée,
fait,
229
—
-
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6/18
LE
-•
MENESTREL
malgré
quelques
restrictions,
une
impression
d'autant
plus
profonde
que
le
spectacle
est
plus tragique...
et
les
critiques
formulent
encore
: «
Il
ne^
paraît
pas
que
le
public ait remarqué
aucune
disparate
dans la
composi-
tion,
ce
qui doit faire
supposer que
M.
Salieri
est
digne
des'associer
à
ce
grand homme...
»
Après
quoi,
six
réprésentations
ayant
déjà été
don-
nées
(les 26
et
3o
avril, 4,
7,
11
et
14
mai), Salieri
ayant
bien
et
dûment
touché
les
12.000
livres
conve-
nues,
le Journal de
Paris du
16;
mai insère
une
lettre
adressée
à
Du Roullet,
le 26
avril,
où
Gluck déclare
:
«
La
musique
des Danaïdes
est
entièrement
de M.
Sa-
lieri
et
je n'y ai
eu
d'autre
part
que
celle
des
conseils
qu'il
a
bien
voulu
prendre de moi
et
que
mon
estime
pour
lui
et
mon
peu
d'expérience
n'ont inspiré de
lui
donner.
»
Puis,
comme
cette
série
de
faux,
enfin dévoilés,
fait
plutôt
mauvais effet,
Salieri
apporte
au
même
journal
une
longue lettre, où il
proteste
que
la
déclaration
de;
Gluck
est
pour
lui
«
une
nouvelle faveur de
ce
grand
homme
»,
que
tout
ce
qu'il
y
a
de
bon dans
son
oeuvre
irie
doit
à
l'auteur
â'Iphigénie
et
qu'il aurait manqué
à
la reconnaissance s'il
n'avait associé
son
nom
au
sien
propre.
Et
le
tour
est
joué-.
Mais,
décidément, Salieri n'était
pas
fier
Car,
en
sommé,
en
dépit
de
ses
détracteurs,,
qui; s'étaient,
dès
lors, donné beau jeu,
les
Danaïdes
étaient
une
grande
oeuvre
et
le
succès
que
lui faisait
le
public, indifférent
aux
dessous de
cette
histoire, était
on
ne
peut
plus
légitime.
Plus
tard,
la
reprise
de
1817,
qui futplus éclatante
encore
(agrémentée
d'une
Baccha-
nale, de
Spontini),
lui valut; même l'honneur d'une
parodie
célèbre,
ce
qui
est
toujours la plus
notoire des
consécrations:
les
Petites
Danaïdes,
de
Gentil.
Oui,
;
l'oeuvre
est
l'une
des
plus
remarquables qui
aient
paru sur
la
scène
française
après
Gluck,
à
la fin
du
xvine
siècle. Il
est
facile
de
s'en
rendre
compte:
encore,
puisqu'elle
a
été
rééditée (dans
la
collection
Michaélis,
vers
1880). Je
ne
l'analyserai
pas,
mais la
plupart des
pages
mériteraient:
au
moins
une
exécution
de
concert.
L'Ouverture
d'abord, puis les
premières
scènes,
qui réconcilient
eh
apparence
Danaùs
et
Lyncéè,
puis,
surtout,
au
second
acte,
Iè
choeur des Danaïdes,
et
la
grande scène
entre
Danaùs
et
Hypermnestre...
«
Quand
tes
soeurs
ont
juré de servir-ma
vengeance
»,
et
l'air d'Hypermnestre
accablée.
Le troisième
acte
aussi
:
en
entier,
avec ses
danses
çharmantes;et
l'entrain
de
ses
-;
choeursj
et
surtout
l'air
superbe
d'Hypermnestre
:
«
M.onpèrë...,
mon
époux...
T^ieux
quel affreux
mar-
tyre
...
»
Enfin,
quelques
scènes
encore,
plus
terribles
:
ou
plus
passionnées,;
du
quatrième
et
du cinquième
acte
.;;
Un
avenir
-
brillant
s'ouvrait,
à
Paris,
pour
l'adroit
..
Vénitien,
car
tout
ce
qu'il eût proposé était
:
accepté
d'avance
et
sans
exameri.
Il n'eût
cependant
risqué
de
-
perdre
ces
avantages,
s'il n'avait
rencontré
un
aide
plus
puissant
encore
que
Gluck: Beaumarchais.
Entre
maints
livrets,
Salieri
avait
emporté
une
adaptation
dé
Corneille,
par
Gaillard,
les
Horaces;
joués
en
décem-
bre
1786,
à
la
Cour
puis
à
l'Opéra,
ce
fut-ce
que
nous
appelons
un
four
noir. Mais
Tarare,
donné
-le 8
juin
1787, fut
la
grande revanche.
C'est
encore
là
une
histoire mouvementée
et
amu-
sante
(comme
toutes
celles
que
mène
Beaumarchais)
et
qu'Adolphe
Jullien
a
contée
de façon qu'il
ne
soit plus
possible
d'y
revenir.
Beaumarchais
avaitd'abord
envoyé
à
Gluck
son
poème,
conçu
et
écrit
au
temps
des
Da-
naïdes
ex
au Mariage
de Figaro
[domles.premier
•
représentations coïncident
à
un
jour
près)
Ce
t
K
admiration
pour
lès chefs-d'oeuvre
de
Gluck
quip'
avait-persuadé
de s'essayer
dans
ce
genre
si
tieu/•'>
pour
lui,
ou, pour
mieux
dire
(car
on
l'a
dit
et
il
l'air-
lui-même),
de
«
réformer
le
mauvais
genre
de
spectacle
appelé
aujourd'hui
opéra
».
Et
Gluck,
naturellement
transmit
ce
nouveau
texte
à
Salieri.
Et
Tarare
éclo'
sur
la
scène
de
l'Opéra
après
des
années
d'attente
de
dis-
'
eussions,
de querelles
et,
d'enthousiasmes,Vaprès:
des
-
répétitions
publiques houleuses
et
des
.répétitions
prj.
vées
où retentissaient
«
des
applaudissements
à faire
tomber
la salle
»,
toutes
choses
éminemment
propres à
chauffer le
succès
par
avance
et
dont
l'émotion
fut
encore
entretenue,
longtemps
après,
par
l'habileté
de
Beaumarchais... Tarare fut
un
succès
de
curiosité
fré- l
nétique.
Tout
ce
qui pouvait piquer
cette
curiosité,
dans le
comique aussi
bien
que
dans
le
tragique
dans
la mise
en
scène
comme
dans
la danse,
se
trouvait
ici
rassemblé,
et
la
musique la relevait
sans
lui
nuire.:
Adolphe
Jullien
cite cette phrase
de Pitra :«
Ce
que
Beaumarchais
désirait,
c'est
une
musique
qui
n'en
fût
:
pas
».
Et
il ajoute:
«
Voilà, le.
mot
vrai
».
C'est
bien
ce
qui
résulte
de
toutes
lés
théories
exposées
dans
sa
pré-
face.
.
La partition
de Tarare
(dont
on
peut.se
rendre
compte
également, grâce
à
la
collection Michaëlis),
bien
que
très
sensiblement
inférieure
à
celle
des-Dandiies,
reste
cependant intéressante.
J'y
riote :-,l'Ouvertufe,.le
choeur des
Ombres,
au
prologue,
la
scène
d'Atar
et
de
.Tarare,;
au
premier
acte, et
.surtout
l'ait
d'Atar
;
«
Qu'as-tu
fait de
ton
mâle
courage?
» ;
au
second
acte
les airs
d'Arthénée
(le
grand-prêtre),
surtout
son
iiivo-.
cation
:
«
Ainsi
qu'une,abeille...
»,
qui
succède..ayec
grâce,
au
monologue dé
Tarare
::
«
De
ton
repaire,
affreux
vautour.
:..».;,puis,
au
^quatrième,
l'air
d'Astasie:
«
O
mort,
termine
nies douleurs
»
qui
est,
enfin,
du
meilleur
Salieri:;.et
encore,
lepetit
air
de
Spinetti:.«Je
partage
votre
détresse
;
enfin,
au
cinquième,
Pair
d'Atar
:
«
Fantôme vain,
idole
populaire
».
—:_
La
chanson
de
..
Calpigi
: «
Je
suis
né
natif de
Ferfare
»,
et
sônrefrain:
;
«
À-hi,
povero
Câlpigi
»
n'a
aucune
espèce;;de
Valeur,
mais
sa vogue
fut telle...
qu'on
ne-:
peut
.en
négliger
le
souvenir.
I;
- '.-.: ' .
:
;'..
;s;:;
--,..
Encore qu'un
peu
;éclipsé
par
Beaumarchais,.
Saberi
avait
eu
son;
succès
personnel; le;
soif
de
la
première
représentation
.:
il
fut
porte:
sur
la;.seèhe
par
:ses;inter-
prètes,
ce
qui
était
encore
sans
exerrïplej
.
,
;-
: :>
Mais^ee
n'est
pas.
lé dernier-souvenir,
qu'on
garda
de
-lui.
à
Paris.
Sur
ce
point
comme
survies
-wM
.
M.
Ad.:Jullien
est
a
consultera
il
çiteplusieurs-letw
inédites
de
Salieri
fort intéressantes.
Une
fois
dejioe,
Gluck,,
avant
de
mourir,
avait
repasse
à;:son;-eleve
poème
accepté:
par
lùLvC'étàit
une
cantate:;
religiÇ
,.
texte
français du
chevalier
Roger
:;feJkp«#
^.'
Et
une
fois
de
.piusj-iorsqù'MlMcutâ^nv.GpnWl
rituel
îe-'3.o
mars
1788,.l'annôncevqui
en
n*p||j
. -
tait
'que
la musique-
était
du,«
chevalier
AïWcK,
M. Salieri:
»
Onnesaura^.jamais:^i:
GIucM-ay^
^
:
part,
en
^/^^i^^ii^^:^^^^^
gloire
n'aurait
rien
à;
en
tirer^toût
soucidece
ge_:.
^
assez
superflu.. Une
autre::oeùyreV-tih
Opér^
;P0^.
._
chef
de la
Société des
Jinfants-d'i^llon,
Jarun^
;
tulé la
Princesse dé
Bàbjlone, ;fut
;ëricorev;
^m
-
Salieri,
et
:même>
un
insfàn^
à
frétât
de projet;
:'
_-.-'.' :
.;:;;>;-
-^/:--:::'-^x^
:'-M/:'-
o
-
8/18/2019 Migot concerti
7/18
LE
•MÉNESTREL
Revenons
cependant
un
peu
en
arrière,
en
suivant
le
maître
italien
dans
sa
patrie
d'adoption.
Lorsque
Salieri
était
rentré à
Vienne,
comble des
libéralités
de
l'Opéra
et
de la
Reine, son
premier
soin
avait
été
de
faire
traduire
les
Danaïdes
en
allemand (ce
faxDanaiis)
et
Tarare
en
italien
(Axur
re
d'Ormus, dès
1788).
La
partition
de
ce
dernier
ouvrage
(qu'on
enten-
dit
plus-tard
à
Paris,
en
1813) fut
en
même
temps
com-
plètement
remaniée,
comme
il
est
aisé de s'en
apercevoir
(elle
fut
éditée
par
Breitkopf).
Et
l'une
et
l'autre
rem-
portèrent
le
plus
grand
succès.
Salieri
avait,
à
Vienne,
et
auprès
de
l'Empereur,
une
situation
telle,
qu'en
bonne
foi
on
ne
peut
concevoir
l'espèce
d'affolement
que
lui
causa
la
venue
du
pauvre,
humble,
mais
génial
Mozart.
Il
était
arrivé
en
1766,
emmené
par
le maître
delà
chapelle
impériale
Gaasman
(lequel
avait été
à
Venise
faire
jouer
quelque
opéra
et
s'était
intéressé à
l'enfant)
;
et,
dès
1770,
il
avait
commencé
d'offrir
au
public
une
série
d'opéras-bouffes
qui
avaient
plu.
Si
bien, qu'à
la
mort
de
son
maître,
en.
1775, il
avait obtenu
cette
place
de
maître
de
la
chapelle
qu'il
devait
garder
cinquante
ans,
presque
jusqu'à
sa
mort.
Pour
approcher
de
Gluck,
il avait
fait
appel
à
son
compatriote
Calsabigi,
l'auteur
tfOrphée
et
dAlceste
(qui,
par
parenthèse, fut aussi
celui,
non
nommé,
de.
cette
Ipermnestra
devenue
les
Danaïdes).
Et
nous
l'avons
vu,
sous
l'égide
souveraine
de
Gluck,
conquérir
Paris
après
Vienne.
Il
eût
pu
se
fier
à
son
propre
talent,
sans
recourir
à
ces
basses
intri-
gues,
à
ces
ruses
sournoises
que
M.
Jullien
signale, soit
avec
les
administrateurs
de l'Opéra, soit
contre
les
musi-
ciens
français
tant
soit
peu
redoutables.
Mais le jeune
Mozart,
lorsqu'il lui
apparut
en
1781,
l'éblouit
tellement,
qu'il
en
arriva
à
craindre,
non
seu-
lement
pour
l'avenir
de
ses
oeuvres,
mais
pour sa
situa-
tion
même,
que
personne
ne
songeait
à
menacer.
Il
n'est,
dès
lors,
pas
de
petite
manoeuvre
qu'il
n'employât,
lui
étranger,
pour
empêcher
Mozart de
réussir
en
son
propre
pays.
Celui-ci
osait-il prélendre
à
l'éducation
musicale
d'une
princesse,
Salieri
faisait
préférer
un
maître
obscur.
Quelque
succès
personnel
était-il
à
pré-
TOhyil
mettait
tout
en
oeuvre
pour
l'atténuer
ou
même
empêcher
l'invitation
qui
l'eût
provoquée.
Mozart
avait-
il
écrit
un
air
pour
un
chanteur
qui désirait l'intercaler,
selon
l'usage,
dans
une
autre
pièce, Salieri prévenait
charitablement,
en
ami,
celui-ci,
que
l'Intendance de la
wur
désapprouverait
la
chose,
et
l'artiste, pris
depeur,
ne
s
apercevait
que trop
tard de
la
ruse
mensongère
dont il
pâtissait
et
Mozart
avec
lui. Si
tout
un
opéra
nouveau (comme
les
Noces
de
Figaro
ou
Cosi fan
tutte)
«trait
en
répétitions,
c'était
bien
pis
:
des
retards inac-
coutumés
surgissaient
on
ne
sait
comment,
ou
bien le
°™«
se
répandait
des
difficultés
décevantes
de
cette
bon
e'
1
fallait
1,autorité
de
l'Empereur même
L
•
C°Uper
court-
Encore
s'ingéniait-on,
le
succès
Cgls'
P°ur
l'empêcher
de
se
prolonger.
découS'U- eUX»Véllitien'
cePendant,
n'avait
garde
de
se
prit
V-lr''etMoza«,
dans
ses
lettres,
montre
assez
qu'il
de
recn1Vei^em le
ehanHe
sur
ses
compliments,
avant
Mais
p
aiU:e
sa
fcusseté
et
jusqu'à
ses
«calomnies);,
et
oh',/
VerUé'
U
faut
bien
que
Salieri
en
ait fait
tant,
PrémauP-0Uj
qu'on
I'ait
même
accusé
de k
mort
si
ree
de
Mozart.
La
question
ne
se pose pas
;
mais
qu'il
en
ait
été,
pour
sa
part,
une
cause
indirecte
il
n'est,
pas
excessif
de
lui
en
laisser
la
honte.
Mozart,
en
dépit
de
ses
succès,
en
dépit
du
soin
qu'il
prenait de
sauver
les
apparences,
dépérissait
de
misère
et
de
priva-
tions,
chacun
le
savait.
Tout
ce
que
Salieri
trouva
de
mieux
à
dire,
lorsqu'il
fut
enfin
débarrassé
de
lui,
c'estcet
aveu
cynique;. «Si
cet homme
avait vécu,
on
ne
nous
eût plus donné
bientôt
un
morceau
de
pain de
nos
ouvrages.
»
—Après
quoi,
pour
satisfaire
(si
vous
voulez)
sa
conscience,
il
eut
l'adresse
de
venir
ouvertement
en
aide
aux
fils
de
Mozart.
Encore
une
fois,
une
rivalité
loyale
eût dûpleinement
lui suffire...
N'avait-il
pas
tous
les
atouts
dans
son
jeu?
Tout
ce
qu'il
voulait,
à
Vienne,
il
l'avait.
Après
avoir
réussi
à
faire
du
Gluck,
il
s'était
essayé
à
faire du Mozart:
pour
contré-bal.ancer
les
trop
gênantesNo^\edi Figaro,
il
écrivit
certaine
Grotta
di Trofonio
qui,
en
1785,
remporta
un
succès
éclatant. Il
est
vrai
que
le
livret
était
si
sot
que,
traduit
par
Moline,
cet
Antre de
Trofonius
fut
refusé
à
Paris.
Mais la
musique en
est
encore consi-
dérée
comme
lé meilleur
ouvrage
de
Salieri
dans le
genre
bouffe,
et
elle
a
été gravée.
Si
nous
comptons
encore,
avant
et
après,
les
triomphes
remportés
par
Danaùs
et
par
Assur,
nous
renoncerons
à
chercher
comment
le
bien
rente
et
bien
portant
Salieri pouvait sérieusementavoir
peur que
Mozart
lui
ôtât le pain de la
bouche
Ii
semble,
pourtant,.
que
l'ombre de Mozart
passe
encore
à
travers
les
années
suivantes
de
sa
vie.
Dans
une
pétitionprésentée
presque
à
la
veille de
sa
mort,
Mozart
avait humblement demandé
une
place de
second
maître
de la chapelle,
en
suppléance
de
Salieri,
se
basant
sur ce
fait
que
celui-ci n'avait
jamais écrit
de
musique reli-
gieuse. Salieri
fit
rejeter
la
requête,
mais
peut-être,
à
la longue, le
fit-elle
réfléchir...
Après
une
douzaine
d'opéras
encore, un
zèle
nouveau
lui vint
soudain de
prouver
qu'il
n'avait
qu'à
vouloir
pour
écrire,
tout
comme
un
autre,
de la
musique
d'église.
Et
ce ne
furent
plus
que
messes,
motets,
pièces
liturgiques...
et,
pour
achever
(comme Mozart,
toujours),
un
Requiem
destiné
à
ses
propres
obsèques,
et
qui
fut
exécuté
pour
la
première fois
à
cette
occasion.
De
grands honneurs
lui
venaient,
en
même
temps,:
soit
de
Vienne,
où le
cinquantenaire-de
ses
débuts
en
cette
ville fut
solennellement
fêté,
soit
de Paris
d'où la
Légion
d'honneur
lui fut
envoyée
par
Louis
XVIII
et
la place
de
membre étranger par
l'Académie
des
Beaux-Arts.
On
le
considérait
comme
un
aimable
homme,
amusant,
gourmand,
spirituel,
obligeant
même,
et
tout
dévoue
aux
entreprises
musicales,
sociétés
ou
Conservatoires.
Il
fut dans les
meilleurs
termes
avec
Haydn
et
Beethoven
(qui
ne
le
gênaient
pas)
et
donna
même
des
leçons
à
ce
dernier,
comme
plus
tard
à
Schubert
et
à
Liszt...._
Des
leçons
de métier,
de
maniement
des
voix,
de
déchiffre-
ment
des
partitions
d'orchestre:
:
c'était,
chez-
lui
une
spécialité,
qu'il
possédait
comme
pas
un.
Il avait
à
peine
obtenu
sa
retraite
lorsqu'il
mourut,
le
7
mai
1825,
à
75
ans.
:
::
Henri
EE
CURZON.
NOTRE
SUPPLÉMENT
MUSICAL
(pour
les
seuls
abonnés à
la
musique)
Nos
abonnés
à
la
musique trouveront,
encartés
dans
ce
numéro,
Chanson
et'Moment
Musical,
d'Alexandre
Tcherepmne,
extraits
A'Episodes.
—
23l
—.
-
8/18/2019 Migot concerti
8/18
LE
«MÉNESTREL
LA
SEMAINE MUSICALE
Trianon-Lyrique.
—
Deuxième spectacle
Bériza
:
Jacob
che\
Labàn de KCECHLIN,
la
Fête de
la Bergère de
G.
MIGOT
et
la
Farce
du
Cuvier
de
Gabriel
DUPONT.
Nous
devons
à
Mme
Bériza
un
nouvel
et
séduisant
spectacle.
Après
Aucassin
et
Nicolette
de Le
Flem
et
les
Sept Chansons
dé
Malipiero, voici
que
Mme
Bériza
nous
offre la
Fête
de la
Bergère
de
G.
Migot
et
nous
révèle
enfin
cette
Farce
du
Cuvier
tant
attendue.
Ces
deux dernières productions
étaient accompagnées
de
Trois
Petits
Préludes-nonr orchestre
de
M. Dedieu-
Peters,
fort
bien
dirigés
par
M.
Siohan,
et
qui dénoncent
une
fine
et
riche
nature;
ainsi
que par
une
pastorale
biblique
en
un,acte,
paroles
et
musique de Charles
Koechlin,
qui, malgré
son
intérêt
technique, l'émotion
grave
et
l'effusion de certains
passages,
malgré,
surtout,
la
transparence
d'un
orchestré
où
dominent
les
timbres
purs,
a
paru
manquer
de l'indispensable
intérêt drama-
tique. Un
beau
et
sobre décor de
Maurice Denis
et
les
belles
voix
de
Mme de Gonitch
et
de M. Vidal
n'ont
pas
suffi
à
racheter
l'indigence
«
théâtrale
»
de Jacob
che^
Labàn.
-
-
-.'..;
La
Fête
de
la Bergère,
de
Georges
Migot,
a, par
contre,
rallié
tous
les
suffrages
par
l'originalité
d'un
ballet curieusement
conçu
par
J.
Lemiërre
et
l'agré-
ment
d'une
musique qui
ne
doit
rien
à
personne.
.
L'oeuvre
fut
écrite d'après
les
Trois
Epigramïnes
du
même
auteur,
dont
nous
connaissons
la réduction
pour
piano déjà publiée,
et
qui furent
joués
par
l'une de
nos.
grandes
associations
symphoniquès.
Avec
l'appoint
d'un
scénario
de
ballet,
elle prend
toute
sa
signification. Une
orchestration
vive
et
spirituelle
anime les fermés
des-
sins,
les libres
contrepoints des
lignes
souples. Des
réso-
nances
imprévues
et
:
dues
au
dispositif hardi
des
registres choisis
justifient,
à n'en
pas
douter,
les
perpé-
tuelles recherches
acoustiques
de G. Migot.
L'aérienneté
de
cette
musique
apparaît
vraiment:
rare,
en
dépit
de
sa
solidité
constructive.
Le
mouvement
pastoral
et
la fan-
taisie
finale
où
fusent
les sémillantesépinicies
desgrands
oiseaux
de
rêve
ont
particulièrement
plu:. Réglée
par
Mme
Chasles,
dans
un
décor
et
avec
les
costumes
de
Leleu-Bourgoin,
la Fête
de
la
Bergère
était dansée
par
l'exquise
Mme
Monna
Pàïva; obligeamment prêtée
par;
l'Opéra-Comique^
entourée
dé
MUes Germâ-irië
Merouze,
H. Sauvegarde
et
L.
Sauvegarde.
:V
La Farce
du
Cuvier
an
si
regretté
Gabriel
Dupont
fut
la joie de
la soirée. De
songer
que
l'auteur
est
mort,
sans
avoir
vu
jouer
à
Paris
ni
la Glu,
ni la
Farce,
m
Antar,
mais la seule Cabrera,
une
profonde
tristesse
nous
envahit
et
aussi
comme
une.honte.
Qu'un
çompo--
siteur
aussi français,
notre
second:
Bizet^
ait
été
à
ce
point
méconnu,
voilà
qui
nous
inciterait,
à
demander
des
comptes
aux
«
responsables
«...Les
plus grands
personnages
de
la
politique
se
..sont
vu
contrôler
par-
leurs
pairs,
et
d'aucuns
ont
comparu
devant
des
«
hautes
cours
»
pour
des
crimes
peut-être
moins
avérés
que
celui
qui fut commis
envers
un
musicien aussi
admi-
rable,
un
être aussi exquis
que
Gabriel
Dupont.
La
revanche qui
sonne
dès
aujourd'hui
ne
rendra
pas
au
«
petit Dupont
»
la vie
et
le
génie
que
la
mort
stupide
lui
vint
ravir
à l'aube
rouge
de la
dernière
guerre.
Mais,
ô
Paris
accueillant
à
tant
de fadaises
et
balivernes
natio-
nales
et
étrangères,
quelle
leçon
pour
toi
en
ce
jour où
la-Farce
dû
Cuvier,
qui
sous
la forme
d'un
fabliau
té
faisait
si joyeusement
rire
jadis,
te
revient
parée
d'une
musique éternellement
jeune
et
de
tradition
si
pure
L'initiative
de
Mme
Bériza
est
si
digne
d'éloges
que
je
ne
me
sens
pas
la- force
d'énoncer
quelques
critiques
Il
est
certain qu'à l'Opéra-Comique,'
où
la
Farce
du
Cuvier
a
désormais
sa
place
tout
indiquée,-
de
nouveaux
éléments
de
succès
ne
manqueraient
point,
tant
de
la
part
des
interprètes
que
de
celle
du
metteur
en
scène
Cependant
reconnaissons
le
gros
effort
tenté
et
la
réussite partielle
:
et
tout
d'abord
la
composition
si
magistrale
que
M. Georges
Petit
fit
du
rôle
de
Jacquinot.
Cette
merveilleuse
identification
de-
l'artiste
avec
son
personnage
—
voix,
diction
et
jeu
--nous
étonne
d'au-
tant,
plus
que, pour
nous,
il.
demeurait
jusqu'ici
le '
Pelléas
inégalé
depuis Jean
Périer,
Auprès de.lui,
Mme
Bériza
fut
une
truculente
et
spi-
rituelle
Perrinette,
de séduisante
voix
dans
la
scène
d'amour.
Mme
Ferriy
se
montra
majestueuse
à
souhait
dans
l'acariâtre belle-mère,
et
Mmes
Liera,
Biéry
et
Fon-
taine,firent
un
trio de
voix fraîches
et
plaisantes.
Les
choeurs
ne
manquèrent point
de
mordant,
en
â
fugue finale,
et
le chef
d'orchestre,
M. Georis,
obtint
un
gros
succès
personnel dans
l'ouverture
et
le
ravissant
-intermède.
Louons
lès
charmants décors
de Medgyés^
si
riants
—
en
regrettant
toutefois
que
le cuvier soit
si
petit...
ce
qui
rend
.incompréhensible
le
désespoir
de
Perrinette
«
y
»
précipitée.
Et
maintenant,
quand
.serons-nous
conviés
à
entendre
la
Farce
du Cuvier
à
l'Opéra-Comique?
.
: Henri.GoLLET.
La
Petite
Scène.
—
Le Retour
d'Ulysse
dans
sa
patrie,
opéra
de MONTEVERM,
harmonisé
et
orchestré
par
M. Vincent
d^IiroY,
livret de
Giacomo BADOARO,
tra:
duit
et
réduit
en
trois
actes
et
neuf
tableaux
par.
M. Xavier
DE
CorjRviLLÉ.
..
Louons
la
Petite
Scène
de
son
apostolat
en
fapr
d'oeuvres
oubliées, inconnues
ou
méconnues.
Ellle
vient
.
de
nous
présenter
un
enfant trouvé,
sans
état
eiVihi
la'
fin du
siècle dernier,
parmi les
manuscrits
de
la
biblio-
thèque de
Vienne.
L'aûthëncité
en'fut
établie
ily
a
une
:
vingtaine
d'années
par
le,Dr
Goldschmidt,
etTontiesau-
rait désormais
douter
que
le livret
du
signer
Giacpnio
Badoaro,
mis
en
musique par
Monteverdi,.ait
été
repré-
senté
pour
là première fois
à
Venise:;eri::i64i,:deux;MS
avant-la
mort
de
l'illustre
musicien.;-:
-.;'
If,,
]
.'--.'
C'est
un
drame construit d'après
lèsrëcifs;
de
-7'^fJ*
sée
et
donnant
lieu
à
une
musique
extrêmement
variée,
:«
passant
du
grave au
doux,
du^laisant
au
sévère»
avecune
vérité,
uae
sincérité
d'expfessiohextrêmement
frappantes
etdontrintérêt.nelanguitpoint.Que
Pénélope
s^larnejite,
;'
qu'Ulysse
s'élance
de la
tristesse
désespérée:à;l'^aIfâtion
joyeuse devant
là patrie;
retrouvée;
que;.
les;.prétendaii
s'accordent
en
de ténéhreusés.:.
machination)^ qu^
jeunes
coeurs'échangent
leursaveux-,
qu'un
goinfre
in
^
; pide
célèbreles-glôires
.de
layboùstifaille,0^^^
sage
Minerve
instruise
le
jeune
Télérhaque,-;dont
lajL^
:
filiale s'exhale
en:touchàntës
adji^àtions^pârtout^
^
teur est
saisi
par ce
sentiment'
de
-loyal âçcôro
textêetla
musique.
.'.
:::
>
ja
Ce
texte
:-—
insistonsry:
4^
a
hoifrie.
:
:nSW
.^
^
;
plume de M. de
Gourvillè;
ilionserye
bien#:.cou^.
naïve
trop souvent
voilée
-dans
lès^;
traductions^
^
exemple, lès
'pourceaux y
sont
simplement
'^S^:
cochons
(ces
vocables d'ailleurs,
che?ies:Grees,^
1 .y.,
—
232
—
-
8/18/2019 Migot concerti
9/18
LE
•MÉNESTREL
LA
SEMAINE
DRAMATIQUE
Odéoii.
—
Faust,
pièce
en
trois
actes et
seize
tableaux,
d'après
la
tragédie
de
GOETHE
(première
partie),
de
;
MM.
Louis
FOREST
et
Charles
ROBERT-DUMAS,
musique
de
M.
André
CADOU.
Les
auteurs
ont
serré
de
fort
près
dans
leur
adapta-
tion
en
vers
français,
le
texte
et
l'ordre
des
-scènes.
Quelques
changements,
comme
la
suppression
de
Wagner
dans
la
scène première,
ce
qui la
ramène
à
un
long
monologue du
Docteur
quand
l'esprit
delà
Terre
cesse
de
lui
donner
la
réplique.
Mais
là
présence
du
«
Famulus
«aurait-elle
préservé de
la
monotonie
cette
exposition
de
philosophie
pessimiste?
Les
vers
de
Goethe,
si
beaux
à
la
lecture, doivent
eux-mêmes
en
porter
avec
peine,
au
théâtre,
le
poids.
:.,
'Pour
la
soutenir,
il
faudrait
un
àcteùr
bien
extra-
ordinaire,
et
les
cris
trop pathétiques
de
M.
Rozet
n'y
ont
point
racheté
dans
la
traduction
de
MM.
Forest
et
Robert-Dumas
ce
qui
sans
doute
.
eut
péché dans
l'ori-
ginal. Par
ailleurs,
les
auteurs
nous
ont
rendu
fidèle-
ment
la
pensée
de Goethe,
sinon
sa
forme;
et
Gémier
a
remarquablement mis
en
valeur
le côté satirique de
Méphistophélès.
Son
rire
et
sa
mimique tiennent
en
équilibre
tout
l'idéalisme
et
tout
le
sensualismede
Faust,
tout
le
mysticisme
de Marguerite
et
des
Anges.
C'est
là
un
diable terriblement humain
et
qui
fait
d'autant
plus
peur
qu'on s'y
reconnaît
davantage
A
ce
grand-spectacle,
rendu
dans
son
fort
coloris de
moyen
âge,
la
musique de M.
Cadoun'ajoute,
en
dehors
de quelques
chansons
bienvenues,
que
d'immanquables
cymbales
aux
entrées
du
diable.
Unheureuxéchodumotif
de
l'Apprenti
Sorcier
y
fait
exception.
G.-L.
-GARNIÈR.
Comédie-Caumartin.
—'
ÎJn
Déjeuner
de
Soleil,
comédie
en
trois
actes
de M.
André
BIRABEAU .
«
Ce
que
je\sais
le
mieux,
c'est,
mon
commence-
ment
»,
pourraient dire
nos
auteurs
contemporains;
presque
tous
écrivent
un
premier
acte
délicieux
où
le
sujet
est
bien
posé,
les caractèreSj
lorsqu'il.y
en
a^
silhouettés d'amusante
manière;
au
second
les:
difficul-
tés
commencent,
on
les
résout
encore;
mais
le:
troi-
sième,
comme
les
sirènes,
de
.l'antiquité,desinitinpiscem.
Il
semble
que
l'auteur,
quand
il
a
trouvé
un
sujet, s'y
attelle
avec
enthousiasme
:
oh
:
les
beaux départs
dans
l'aube
alors
que
tout
embaume
et que
les
insectes,
montent
dans
l'air
en
même
temps que
le.jour,
et
puis
vient
le
grand
midi,
le
soleil
tape,
on
fait
effort,
ce
n'est
déjà
plus
l'entrain
allègre
du
matin
et
le
crépuscule
tombe,
il
faut
revenir,
c'est-à-dire
conclure,
les join-
tures
tirent, les
pieds
font
mal
:
on
prend le
chemin
le:
plus
court,'
on
se
hâte
d'arriver.
;
-.-:-.-
. -.
M.
Birabeau
a.suivi
cette
courbe
de
l'excursionniste,
mais
il
est
déjà
un
vieux
routier,
il.sait
habilement
masr
quer
la
fatigue
du
rétour,
il:conte
de
jolies
histoires
qui
font
oublier
que
l'auteur
est
las;
son
dialogue
reste
toujours:vif et
son
esprit
de
qualité.
-:
_
Pierre
Haguet,
jeune
homme
de
bonne
famille,
s'est
imprudemment
ruiné;
il
en.est
réduit
à
tenir
le
rôle de
«
figurant
»
non
point
au
théâtre,
mais
au
restaurant.
;
De
même
que
pour'
attirer
le
monde
dans
les
salles
de
spectacle
on
donne
quelques
billets
de
faveur,
pardon,
à
prix
réduits,
lés
tenanciers
de,
nos
lieux
de
fête
nour-
rissent «à
l'oeil
»
un
certain
nombre
de
gens
du
monde
ouent
aucune
idée
injurieuse) (r),
témoin
le
poète
Svagrus
qui
le
premier
entreprit
de chanter la
guerre
de
Troie-
Or
donc,
le
parasite
Iros
évoque
ces
pachy-
dermes,
en
répétant
à
maintes
reprises la première syl-
labe
de
leur
nom,
facétieux
procédé
qu'employèrent
aussi
Bach
dans
le
Défi
de
Phébus
et
du dieu Pan,
de
Mozart
dans
la
Flûte
enchantée.
Pénélope,
reine
avisée,
en
élisant
un
si
fidèle
librettiste,
n'a
certes
pas
commis
un
faux
choix
Lamennais
a
pu
justement
écrire
que
Monteverdifut
l'inventeur
d'une
musique
nouvelle.
Toute
convention
semble
abolie
pour
lui
et
remplacée
par
le naturel
le
plus
simple
et
le
plus éloquent
tout
ensemble. Dès
son
Ariane
de
trente-trois
années
antérieure
à
l'oeuvre
dont
nous
parlons,
«
son
récitatif
fut
jugé supérieur
à
celui
de
ses
rivaux
»,
nous
dit
le
Dictionnaire
historique
des
Musiciens,
et
cela,
sans
doute,
à
cause
de.
sa
souplesse
et
de
son
expressive
soumission
aux
paroles dont
il
renfor-
çait la
signification.
M.
Vincent
d'Indy
a
disposé
la
trame
(notez
que
je
n'ai
point dit
:
la
pâte) orchestrale
avec
le
soin, le
tact
et
le
goût
qu'on
pouvait
attendre d'un tel
maître.
Le
clavecin, la
harpe-luth
tenant
lieu
de
théorbe,
les vio-
lons,
altos, violoncelles
et
contrebasses
suffisent
aux
besoins
du
drame, alors
même
qu'il s'agit de
figurer
une
lutte,
voire
même
une
tempête.
L'interprétation,
vocale
est
fort
honorable.
Mme
Croiza
met
au
service de la
souveraine
d'Ithaque
la
précieuse valeur d'une
impec-
cable
diction
;
Mme
Charles
Seignot
prête
à
l'austère
Minerve
le
charme
d'une
voix
exquise; Mlle Jacqueline
Pianavia,
séduisante
soubrette,
—
je
veux
dire
:
sui-
vante
de
Pénélope,
—
justifie
les
transports
amoureux
du
coquebin
Eurimaque.
M.
Jean Maurier
personnifie
en
comédien
expert
le
prudent
Odysseus
;
M.
Jacques
Michot
campe
alertement
le
vicieux.Iros;
enfin
les
trois
prétendants,
Pisandre,
Amphinome-et
Antinous,
ont
trouvé de
remarquables
et
sûrs interprètes
en
MM.
de
la
Patellière,
Bertin
et
Hébert.
ixs
décors,
les
costumes,
la
mise
en
scène;témoignent
d'une
louable
ingéniosité.
Il
y
a
là, redisons-le,
un
effort
artistique
courageusement tenté
et
très
heureusement
réalisé.
Voilà
donc
un
premier
retour
d'Ulysse
dûment,
accompli
Et
maintenant^
qui
nous
rendra II Ritomo
aihssede
Jacopo
Melani,
joué
à
Pise
en
1689,
et
celui
ae
brancesco
Basili,
représenté
à
Florence
eh
1798?
Jais
combien
plus
intéressante
encore
serait,
une
resti-
itution_de
l'Ulisse
errante,
«
opéra
musicale
»
en
cinq
.
ctes,
hvret
du
même
Giacomo
Badoaro,
qui voulut
Çnner
une
suite
au
Ritorno,
narrant
«
les accidents
:
Pus
graves
»
échus
au
roi
subtil
de
retourèn
sa
patrie.
1
e
grand
maître
Claudio
MonteverdL
au
nomimmor-
anseetant
alié
entonnerauPrès
de
Dieu
la musique
des
ges
»;
celle
du
nouveau
drame
fut
confiée
au
signof
ncesco
iSacrati
et
l'oeuvre
exécutéeà Venise^n
1644.
assure
S°UV1?nt
maintenant
de
Sacrati,
dont
les
opéras,
maen'fiUn
chronicîueur5
«
appartiennent
à
un
genre-
vient
H
rrf
rempli
de'variété
»?
Et qui
aussi
:se
sou-
Gandi
A
de
Domeniço
Lalli,. d'Antonio
del
gardon
6t
1uel(lues
autres
encore?
Mais,
en somme,
MeCal
°USrdeplaindre
le
V6lâge
amant
de l'inconsola-
sentà
1?S°:
Claudio
Monteverdi
et
GabrielFaurésuffi-'
__/^surer
en
partage
une
enviable
.immortalité
(ijj
.
_...
René BRANCOUR.
«smple^qv ^®^''
1 n'én
va
pas
de
même,
chez
nous,
et,
par
c'smecetteDtiraoI1-que
dramatique
trouverait
dépourvu d'atti.
'-Quel
est
ce
M™
lntuempestive,
tombée
delà
plume
de
Voltaire
:
.
'.us.
cochon
qui
me
disait
tant
de
mal de
la
pièce ?».
-
8/18/2019 Migot concerti
10/18
LE
*
MENESTREL
décavés,
de
petites femmes
momentanément
sans
em-
ploi, destinés
à
boucher lés
trous
que
laisserait
une
clien-
tèle
clairsemée;
grâce à
eux
les
cochons de
payants
disent
en
sortant
: «
Voyez-vous,
ma
chère,
nous
avons
bien
fait
d'arriver
de bonne
heure,
nous
n'aurions
pas
trouvé
de place.
»
Et
cela se
répète
:
voilà
l'établisse-
ment
lancé.
Dans
un
des
restaurants
où il pratique
Pierre
Haguet
rencontre
une
jeune
femme,
Manon
Watteau.
Celle-ci
n'est
point
pauvre,
mais
elle
vient
d'être
subitement
abandonnée
par
son
amant.
Il
lui
faut
en
trouver
un
autre
qui subvienne
à
ses
besoins,
car
si
riche
soit
une
femme, il lui
manque
toujours
quelques
dizaines
de
mille
francs.
Un
hasard
lui
a
fait
surprendre la
situation
de Pierre Haguet,
elle l'engage,
elle
aussi,
comme
«
figurant-monsieur-sérieux
»,
ce
qui lui
permettra
d'en
trouver
plus facilement
un
vrai.
L'idée
est
amusante
et
paradoxale. Nous
sommes
à
l'aube.
Le
second
acte
nous
montre
Pierre
au
service de
Manon. Il tient très
exactement
un
rôle qui n'est
pas
sans
lui
occasionner
quelques
ennuis
(on
le croit
riche,
ses
amis
viennent,
le taper), il
en
est
d'autres
qui lui
sont
personnels
:
on
ne
vit
pas
impunément
toute
la
journée
auprès
d'une
jolie
femme
sans
se
laisser
prendre
à
ses
agréments,
mais
pour
rien
au
monde
Haguet
ne
céderait
à
la
tentation
:
d'un
peu
ridicule
son
rôle
deviendrait odieux
:
il
ne
mange
pas
de
ce
pain-là. Cela
serait
d'autant
plus
grave que
Manon
n'a
pas
été
non
plus
sans
être sensible
à
l'élégance,
à
la
gentille
insou-
ciance,
à
la
bohème
distinguée
de
Pierre.
Non
il
vaut
mieux qu'ils
se
séparent,
et
Haguet.
met
pour
ainsi dire
_lui-même
dans
les
bras
de
Manon
un
riche banquier
qui
la
désire;
il partira
en
voyage.
Nous voici
au
but
de
l'excursion, il fait plein midi, l'acte
a
bien tiré
un
peu
la
jambe par-ci
par-là,
comme
dans
la
scène
de
la
bonne
déjà
faite
tant
de fois-, il
y
a
cependant toujours
beau-
coup
d'entrain
et
de
bonne
humeur.
Mais
il
est
temps
de revenir; la
pièce
n'a
que
deux
actes;
il
en
faut
un
troisième
et
puis, vraiment,
nous ne
serons
pleinement
contents
de
M.
Birabeau
que
s'il
réunit
Pierre
et
Manon, Il
n'y
manque
point
et
c'est ici
qu'il
a
dû
user
de
toute
son
habileté
pournous
faire
accep-
terle dénouement.
Pierre
est
devenu
serveur,
il
opère
dans
une
soirée
que
donne
Manon
:
Manon
y
apprend
subitement qu'elle
est
ruinée par
le
banquier
son
pro-
tecteur.
Elle
est
pauvre,
rien
ne
la
sépare
plus de
Pierre,
ils vivront heureux
dans
une
mansarde;
mais
comme
il
y
a
un
Dieu
pour
les
amoureux,
il
se
trouve
que
Pierre
a
quelques
économies
qui
lui
permettront
d'acheter
un
fonds
de modiste
pour
Manon. Beaucoup
dé
convention, bien
des ficelles
dans
ce
troisième
acte,
mais
en
homme
malin,
très
malin, M. Birabeau
lui
a
donné
l'allure, le
style, l'atmosphère
d'un
conte
de
fée,
et
cela
passe
;
mais il était
temps
de
rentrer,'on
comp-
tait les
bornes
du
chemin.'
Ce
troisième
acte
n'a
pas
affaibli
le
succès
de
la
pièce
qui
a
été incontestable
et
du meilleur
aloi;
Mlle
Spinelly
est
une
délicieuse
Manon,
elle
est
natu-
relle,
émue juste
ce
qu'il
faut
:
c'est
d'un
goût parfait.
M.
Debucourt
a
montré
de l'aisance,
du
charme
et
du
tact
dans
le
rôle
délicat de
Pierre
Haguet.
Dans
des
rôles
secondaires,
tous
admirablement
tenus,
citons
MM.
Saturnin
Fabre, Morins,
Mmes
Ellen-Andrée,
Mal-
ber
et
J. Wells.
M. Rocher
a
eu,
cette
fois
encore,
la
main heureuse.
Pierre
D'ODVRAY.
CONCERTS
DIVERS
Société Nationale
(16
mai).
—
Cette
dernière
séance
de
la Société
Nationale
nous
réservait
une
agréable
surnri
Nous
nous
sommes
montrés
assez
sévères
les
uns
et
l''
autres
à
l'égard de
l'activité
tant
de
cette
Société
que
d'ail-
leurs
de
son
ancienne
adversaire,
la
S.
M.
I.,
pour
qu'un
hommage
soit
une
fois rendu
au
goût
de
son
jury.
Rejeié
au
début
du
programme,
un peu
comme
négligeable
le
Quatuor
en
fa
majeur de
M.
J.
Erb
—
musicien
stràs.bour-
geois
dont
je
ne
saurais dire s'il
est
jeune
ou
non
—n'en
est
pas
moins
une
oeuvre
qui
rompt
avec
le
courant
ordi-
naire
de
toutes
ces
«
premières
auditions
»
où
les
procédés
de
Franck, sinon
de Debussy,
se
trouvent
exploités
jusqu'à
faire croire à
un
désir de caricature.
Sans
doute
trouve-
rions-nous à
la
base
de
ce
quatuor
une
forte
influence
de
l'école de Brahms,
mais
il
est
des
cas
où
l'influence
de
n'importe quelle
école germanique (nous
l'avons
déjà
vu
pour
Honegger)
donne
une
impression
de
nouveauté
à
côté
d'une musique
toujours
encombrée
des
mêmes
neuvièmes
et
des mêmes
gammes par
tons.
Admirablement
exécuté
du
reste
par.MM.
Guilévitch,
Temerson,
Pasquier
et
Refuvielle,
le
Quatuor
de M. J.
Erb,
sans
être
d'une
musique
constamment
plaisante,
dénote
un
sens
polyphonique
très
vif. Chaque instrument
consenesa
voix
propre
et,
si à
une
poursuite
en canon
de
deux d'en-
tre
eux
les
deux
autres
viennent
adjoindre
leur bavardage,
l'oreille distingue le
parler de
chacun
et
se.
complaît à
cet
écartèlement
de
l'attention. Car,
il faut
bien
l'avouer,
depuis la Renaissance,
l'art
polyphonique
est
peu
à
peu
devenu la
propriété
exclusive de
la
musique
allemande;
ce
n'est
que
grâce,
à des
influences
d'outre-Rhin
que
parfois
ce
goût
nous
est
revenu
en
France.
Le
véritable
art
poly-
phonique
revêt
un
aspect
de
grisaille
et
d'étude
abstraite
qui
répugne
peut-être à
notre
sensualité
naturelle.
Peut-
être
même,
devant-le
bref
feu
de
paille
que
fut
le
contre-
point
polytonal
de
ces
dernières
années,
nous
pouvons
nous
demander
s'il
n'existe
pas
entre
la
polyphonie
germanique
et
notre
harmonie
occidentale
aussi.peu
d'affinités
qu
entre
cette
dernière
et
la
monodie
atonale
de
l'Orient.
La
Deuxième Sonate
pour
violon
et
piano
de
Marcella-
bey
est
d'une
écriture
très
correcte,
mais
elle
montré
1
ina-
nité,
en
certains
cas,
du
procédé
cyclique.
Pourqùoi.vou-
loir
conserver
d'un
mouvement
à
l'autre
là
souvenir
dun
thème
qui n'a
rien
en
lui-même
de
très
caractéristique-
A
ce
même
concert,
MUe
de
Valmalète
sut
donnera
/»
dine de
Debussy
une
délicieuse
fraîcheur
liquide
et
aus
Feux
d'artifice
leur
violence
elliptique
un.
tant
soit
peu
empruntée
par
Debussy
à Ravel
et
à
Strawinsky.
_
MM., René de
Çastéra
et
M.
G.
Dequin
firent
également
entendre
des
poèmes
sur
des
vers
de
Shakespeare
e
Pierre
Louys.
'
-C
AndmScHAEFFNER.^
La
Société
Moderne
d'Instruments
à
vent nous,
con-
via,
vendredi dernier, à
une
série
de
premières
au
toutes
fort
curieuses. Trop
rarement
on
entend
en
__.
des
concours
du.Conservatoire
la
clarinette,
le
cor,,
e
^
^
bois
ou
le basson
se
livrer
seuls
à
de
peUtt
exercice
^
virtuosité
qui
semblaient
jusqu'ici
réservés
à
la
W...'veu.
instruments
veulent
sortir
de la
foule
;
à
Jeur
tour
i
^
lent
avoir des succès de
prima
donna...
Ils,
n
ont
p.
,_-
et pour
leurs
excursions
ils
avaient pris
des
guides.- J.jM
mentes,
je
veux
dire
des:
auteurs.plein
:dé
science
H^.^
emmenèrent quelquefois dans
des.
ascensions
dangoi.lèurs;
mais dont ils
se
tirèrent
avec
aisance
grâce
àleursp..
j'entends
par
là
les
artistes:
qui les
maniaient.
.^r^fc.
Nous
eûmes
tout
d'abord
un
humoristique
l
^
-^..
M.
Julius
Rôntgen,
très
jovial,/très
facile,
mais
.p.^^
nouveau
d'effets.
La
Sonate
pour
cor
et
piano
^^^
cor
lin
a
deux
bien
jolis
mouvements::
dans
lé
pr^.^^ijrode
fait
une
sorte
de
canevas
sonore
sur
lequel:iep
,
•
^
ja
des
arabesques;
dans
le
second,
ï'andantè,le c°..Lns,
'
parole
et
dit
toute
la
mélancoliedes
soirs
dans
...-IV
-
—
4
—
-
8/18/2019 Migot concerti
11/18
LE
'MÉNESTREL
Une
Suite
charmante
de
M.
Paul
Pierné,
très fondue,
ur
flûte
hautbois,
clarinette,
cor
et
basson mit
une
fois
d°nlus
en
valeur
le
talent
de
ce
compositeur
fait
tout
dé
sincérité
de
simplicité
et
de
classicisme
au
meilleur
sens
du
mot.
Une
Sonate
pour
flûte
et
piano
de
M.
Tansman
dénote
l'influence
de
Ravel
sur
nos
jeunes
musiciens.
M
Tansman
l'a
pimentée de
sa
verve,
de sa
puissance
rythmique
et
de
son
allant.
Plusieurs
pièces
de
M.
Tche-
repnine
pourr
quatre cors
ont
montré
tout
le
parti qu'on
pouvait
tirer
de
ces
instruments
;
les
meilleures
sont
les
premières
-.Nocturne,
Ancienne
Chanson
et
la
Chasse,
puis
la
dernière,
le
Choral,
fort
bien
traitée. Choeur dansé
ex
Chant
populaire
auraient
voulu
un
peu
plus
de
gaieté. M.
Sama-
zeuilh,
grâce
à la
clarinette
de M.
Cahuzac, évoqua l'Espa-
ene
non
point
l'Espagne
des
castagnettes
mais celle
des
habaneras
rêveuses
qui,
dans
le
crépuscule, chantent
la
volupté
des
nuits
chaudes.
Enfin London
Sketches, suite
humoristique
inspirée à M.
Francis Casadesus
par
le
sou-
venir
d'un
policeman
de
Londres,
mit
en
joie
l'assistance
par
sa
joyeuse
polyphonie.
Félicitons les artisans
de
ce
con-
cert
:
MM.
Fleury,
Gaudard,
Cahuzac,
Dhérin-,
Entraigues,
.
Levasseur,
Catel
et
Blot,
ainsi
que
Mme
Fleury-Moncha-
blon.
P.
DE
L.
Récital
Francell.—:
De
retour
d'une
triomphale
tournée
au
Canada,
consacrée
pour une
large
part
à
une
active
et
intelligente
propagande
en
faveur
d'oeuvres récentes
de
musiciens
français, M.
Francell
a
donné,
le i5 mai,
à
la
salle Gaveau,
un
récital
dont
le
succès
a
été
considérable
et
qui.doit être
suivi,
le 25,
d'une seconde séance
compor-
tant
un programme assez
différent.
Nous
comptons
consacrer
un
compte
rendu
d'ensemble à
ces
deux
manifestations
artistiques.
Concert
Lucy VuiIIemin«Yves
Nat.
—
Mozart, Schu-
mann,
Fauré,
Debussy,
tels étaient
les
auteurs
choisis
par
l\m
Lucy
Vuillemin;
auteurs qui, mieux
que
personne,
ont
traduit
la
sensibilité,
la
tendresse
à la fois
souriante
et
mélancolique
de la
femme,
son
émoi
aux
manifestations
de
la
nature,
la
vie qu'elle
donne
à
la
forêt,
aux
arbres,
au
clair
de
lune,
atout
ce
qui l'entoure
car
elle
y
projette toujours
l'élan
de
son
coeur.
Voilà
ce
qu'avec
une
infinie
douceur
a
fait
comprendre
M™
Lucy
Vuillemin
par
sa
diction
remar-
quable,
d'une
émotion
volontairement
discrète
:
poètes
et
musiciens
y
trouvèrent
chacun
leur
compte
sans que
l'un
fut
jamais
sacrifié
à l'autre,
équilibre
fait
d'intelligence
et
de
goût.
^
M.
Yves
Nat.
qui
prêtait
son
concours
à.la
séance,
peut
être
classé
au
premier
rang
de
nos*
artistes
du
piano.
Ce
qui
faut
louer
chez
lui,
tout
d'abord,
c'est
sa
modestie,
qualité
vraiment
française
et
si
rare
aujourd'hui,
où le
puf-
me
et a
réclame
tiennent
trop
Souvent
lieu
détalent. J'ai
eu
naguère
l'occasion
de
dire
le
travail
de
reconstruction
uquel
^attachait
pour
chaque
oeuvre
M.
Yves
Nat. Nulle
irraosite.au
sens
où
l'on
entend généralement
ce
mot,
necarnsme,
sonorité
(et
Dieu
sait
qu'il n'en
est
pas
de plus
voC-qUe,,Celle
deM-
Yves
Nat)>
tout
est
subordonné à la
tSi
1MeJle=tuelle
de feire
vivre,
un
sentiment,
d'évoquer
.'
Pour«
i6
^er
Une
imPression.
Je
ne
prendrai point
rmnaTri^A
o
qui
cara«érise
M.
Yves
Nat les Pièces
étant
weS,-humann
dom
l'inspiration
lui
convenait,
pri
S
,?'mais
lrois
Pièces
:
les
Collines
d'Anaca-
cÔ£T/Sldeheh^^^Petrouchka
de Stravinsky.
-Hairedn
h '
?6
laissent
ici
aller
à
égrener
des
notes,
M.
Yves
N
t
f'a
samuser
d'un
pittoresque
de
pacotille,
bouffée
de
i
M
cfA
clm1uant>
i'
fait
monter
dans
une
lumière
ellP
,
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enchantée,.
elle
vibre
dans
la
'°ute
l'âme
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S°nS
divins>
comme
Pefrouchka
est
bateleurs
r
russe
qui
tourbillonne
au
milieu
des
N'avais-ie
'
exe.Gulanl:
disparaît,
et
l'oeuvre
resplendit.
rare?il
estvra-raiSOn
de
dire
que
PareiUe
modestie
était
régions
d'an
'
—^
P°ur
la
conquérir il
faut,
atteindre
des
nqui
ouvrent
à
bien
peu,/
Pierre
DE
LAPOMMERAYE.
:
Caméléon
(i
i
mars).—
Pour la
septième
séance
de
sa
section,
les
Lettres
et
les
Arts
suisses,
le Caméléon
avait
organisé
un
Festival
Adolphe.
Forter,
jeune
compositeur
déjà
connu
en
Suisse
et
en
Allemagne
et
venu
à
Paris
pour
prendre
contact
avec
les
compositeurs
français
parmi
les-
quels il admire
tout
particulièrement
Ravel.
De
son
oeuvre,
nous
avons
entendu quelques
pièces
de
musique
de
cham-
bre
et
de^iano.
d'une
facture
très
moderne,
encore que
tonale,
etune
suite
de
mélodies
populaires,
écrites
au con-
traire
avec
une
simplicité d'harmonie
toute
schubertienne.
L'une
et
l'autre
manière
révélant toujours
une
veine lyri-
que
et
rythmique
qui
ne
peut
appartenir qu'à
un
vrai
mu-
sicien.
En
tête
des
interprètes,
il
convient
de
nommer
M.
Ernest Lévy,
pianiste
d'une
rare
intelligence.
G.-L. G.
Concert
Jacques Février,(12
mai).
—
Un beau
pro-
gramme
réunissait
les
noms
de Fauré
(Sonate
en
la
majeur,
diverses
pièces
pour
piano
ou
pour
violon),
de
Chausson
(Poème)
et
de
Ravel
(Tombeau
de Couper
in).
La
technique
de M. Jacques
Février
est
irréprochable
;
son
jeu
est
des
plus nuancés
:
qu'un
peu
plus
de
fermeté vienne
s'adjoin-
dre
à
une
naturelle délicatesse,
et
nous
aurons en
M.
Jac-
ques
Février
un
parfait-interprète de
notre
musique
mo-
derne.
M1Ie
Yvonne
Astruc
exécuta
avec
la
souplesse
et
avec
•le
brio qu'on lui connaît
la
Sonate
de
Fauré
et
le
Poème
de
Chausson.
A.
S.
Société
Française
de Musicologie
(14
mai).
—
Après
une
intéressante
communicationde M.
Charles
Bouvet
concer-
nant
des
signatures
autographes de
Louis
et
de
Charles
Couperin,
—-
oncle
et
père
de
François
Couperin le
Grand,
eux-mêmes
excellents
clavecinistes,
élèves
de
ce
Cham-
bonnières dont
MM.
Brunold
et
Tessier
vont
nous
donner
une
édition
complète
des
oeuvres,
=—:-
M. G.
de
Saint-Foix
nous
entretint
de
quatre
sonates
en
quatuor
de
Sammartini,
ce
maître
de
Gluck
et
qui
eut
une.
influence
sur
Jean-Chré-
tien
Bach,
sur
Joseph
Haydn
et
sur
Mozart
lui-même.
Ces
Concertini
gravés à
Paris
vers
1745-46, donc
peu:
de
temps
après
les
Conversations
galantes
de
Louis-Gabriel
Guille-
main,
partagent
avec
celles-ci la
particularité
d'être
écrites
pour
une
flûte
traversière, deux
violons
et
un
violoncelle
:
ce
sont
donc
bien des
Quatuors,
parmi
les
premiers de
ce
genre
que nous
pratiquons
encore
aujourd'hui. Le
menuet
du
grand
Concertino
en
lit que
nous
entendîmes,
ainsi
que
le
mouvement
qui le
suit,
annonce
le
style
pétillant
de
Mozart.
Ajoutons
que
le
mouvement
final
est,
comme
dans
beaucoup
d'oeuvres
de
Beethoven,
constitué
par
une
forme
«
premier
mouvement
-»
—
indication
très
précieuse
pour
l'histoire
de la
sonate-symphonie.
.
-
::
En
fin de
séance
M.
André Tessier
signala
les
rappro-
chements
que
l'on
pouvait faire entre
VOrontée de
Lorén-
zano,
représentée
dans
le
domaine
de
Chantilly
lors
des
fêtes
de
1688,
et
VOrontea
italienne
du
Pâdre
Cesti
:
il
sem-
ble
que
le
livret
de
l'opéra
français,
qui
ne
répondait
déjà
plus'
au
type
fortement
racinien
de
l'opéra
lullyste,
ait
par-
tiellement
emprunté
au
livret
italien.
A.
S.
Concert
Perieniuter
(14
mai).
—
Soucieux
détendre
sa
culture
et
-de
perfectionner
encore
sa
technique,
bien
qu'elle
lui
eût
valu,
il
y
a
plusieurs
années
déjà,
la.plus
haute
récompense
que
décerne
le
Conservatoire,
M. Vlado
Perlemuter
n'avait
guère
reparu
au
concert
depuis
assez
longtemps:
aussi
attendait-on
la
séance
de
jeudi.avec