menhir - samain 2015

56
Page 1

Upload: menhir

Post on 23-Jul-2016

224 views

Category:

Documents


0 download

DESCRIPTION

 

TRANSCRIPT

Page 1: Menhir - Samain 2015

Page1

Page 2: Menhir - Samain 2015

Page2

Bonjour à tous pour notre édition du Menhir de Samain,

Voici notre quatrième et dernière édition de l’année 2015 !

J’espère que vous avez apprécié ces éditions et surtout vous êtes tous les bienvenus pour étoffer l'Echodes tribus avec vos annonces, vos témoignages, contribuer à la Plume du Barde avec photos, dessins,poésies, ainsi que les rubriques Je fabrique moi-même et Sites sacrés dans ma région.

Présentez nous vos Clairières, annoncez vos célébrations ou n’hésitez pas à laisser un message si vousêtes en recherche d’autres membres de l’Ordre dans votre région (envoyez moi vos contributions à

).

RedacteursTraductrices des textes anglais: DanySeignabou, Dominique Goedert, Laure-Alice Baud, Jody Mohammadioun etJoëlle Lapietra pour l'italien.Le Menhir : Annick JacqCélébrations : Jean-Jacques MeyfroidSymboles : Dominique PaquotNotre carte du ciel : MyrdhinDossier archéologie : Annick Jacq/ JodyMohammadiounLe Monde des plantes sauvages : Flo-rence LaporteFConte celtique et breton : JodyMohammadioun/Philippe le MaréchalMise en page et graphisme : Annick Jacq

Sommaire- Kerzhero (photo de couverture)- Touchstone : Bénédiction des animaux- Traduction : Afagddu (partie II)- Célébration de Samain- La Sombre- Notre ciel pour la fête de Samain- Dossier : Jean-Louis Brunaux et lesanciens celtes- Le Dartmoor- La Plume du Barde- La pie qui chante chez les Druides- Archéologie : Silos en Auvergne- Conte breton : Ar Rannou- Les secrets du monde végétal- Sites sacrés dans ma région : Les dol-mens de Changé- Les échos des Clairières- Les Clairières de l’OBOD

Page 3: Menhir - Samain 2015

Page3

Les alignements de Kerzhero

Classés Monuments Historiques en 1862, les 195mégalithes, situés sur la commune d’Erdeven (56),sont orientés est-ouest. Ces alignements font actuel-lement 200 m de long sur cinq rangées. Datés de-5 000 à -2 000 avant J.-C., on pouvait en compteralors 1130 sur 11 rangées, et l’ensemble devait faire2 km de long sur 65 m de large. La constructionde la voie ferrée Trinité-Étel au XIXe siècle a coupéles lignes de menhirs à l’ouest. Les blocs enlevésont été entassés sur le côté ouest. La partie occiden-tale (une dizaine de files au départ) a été recoupée

en 1877 par la R.D. 781, sans doute au niveau deson enceinte terminale. En 1884, Félix Gaillardsignalait à Erdeven 1 100 menhirs debout et 5 000couchés. A 80 mètres au nord de l’extrémité occi-dentale des alignements se dresse une file transver-sale de menhirs, orientée approximativementnord-sud. Elle comporte plusieurs menhirs de trèsgrande taille, les Géants de Kerzhero (la photo decouverture présente l'un d'eux), dont quelques-unsont été redressés par Félix Gaillard à la fin du XIXesiècle.

Page 4: Menhir - Samain 2015

Page4

Les Alignements de Kerzhero ont quelque chose de fascinant : moins fréquentés que les alignements deCarnac, ils ont conservé un certain mystère. Certaines pierres surprendront d’ailleurs par leur forme.

Page 5: Menhir - Samain 2015

Page5

Benedictions des animaux

Nous t’apportons la bénédiction du CerfLa bénédiction de la dualité – du masculin et dufémininDe la dignité, de la majesté et de la fiertéDe la douce grâce et de l'humilité.

Nous t’apportons la bénédiction du CerfLa sagesse de savoir quand il faut être indépendantet fort comme un cerf en équilibre avec la sagesse desavoir quand se fondre dans le troupeau pour laprotection et le soutien de la communauté.

Benediction du cerf

Nous t’apportons la bénédiction du CerfQue vous puissiez vous ouvrir à votre vulnérabilitéCar seul dans la vulnérabilité, vous trouverez laforce.Où vous pourrez apprendre à vous faire confianceEt à ne pas craindre la part de vous encore inconnue.

Page 6: Menhir - Samain 2015

Page6

Benediction du loup

Je t’apporte la bénédiction de la faim -Pas timide, ni affligé,

Pas « Je suis désolé de vous déranger, je vais attendre dans la file jusqu'à ce que vous ayez le temps »

Mais la faim, le besoin, le désirqui brûle dans vos intestins

qui rampe jusqu'à votre gorgepour goutter de vos crocs.

Pour le mystère, la magie, le rêve,de chasser le cerf blanc

que vous avez suivi toute votre vie,par les forêts, les cascades,

les foyers et les nuits sombres

Page 7: Menhir - Samain 2015

Page7

Benediction du cochon

Je suis abondanceEt abondance j’apporte.

J’apporte la richesse sur la terre,car la terre est généreuse,

et je suis généreux avec vous.

Je suis curieux,et j'apporte la curiosité,

Je veux découvrir toute les choses cachées,racines, graines, insectes et tous les autres petits animaux.

Je suis courageuxet j’apporte le courage.

Je défends ma vie, mes enfants et mon clan …. et ma nourriture bien sûr.

Page 8: Menhir - Samain 2015

Page8

L’Histoire d’Afagddu, 2eme partie

Quelque temps après, Creirwy et moi sommesréveillés par un rugissement. Torc n’est pas là. Pèrel’a appelé encore et encore. « », braille-t-il,« ». Même Mère appellele chien, mais sa voix se perd dans le vent. Notregouvernante nous habille, Creirwy et moi ; ellenous enjoint de ne pas rester au milieu et d’allerdans notre chambre. Creirwy prend sa tapisserie.Elle veut que je l’aide à choisir la bonne couleurpour les yeux du loup ; elle veut qu’ils brillent. «

», lui dis-je, «». « » mais je

suis déjà en train de descendre les escaliers de pierre.

Je me dirige vers l’Est du lac. Personne d’autre nesemble s’intéresser à cette zone marécageuse. Ilsprésument tous que Torc s’est enfui. Pourtant, àmes yeux, il est évident que Torc est un chienraisonnable. Il ne fuirait pas, juste comme ça, lachaleur d’un foyer, la venaison rôtie, l’attentionaffectueuse de mon père. Il est forcément coincéquelque part. Le marais est en train de geler et jedois briser la glace pour y avancer en pataugeant.J’appelle « » .

Un faible aboiement me répond. Je suis le son etil devient plus fort. Je marche à présent sur unterrain plus sec et Torc est proche. A la fin, il est là,pauvre Torc, trempé comme une soupe, transi,prisonnier d’une vigne des marais. La vigne acomme ligoté ses pattes avant et il me faut unmoment avant de les dégager ; il est clair que plusil a cherché à s’en débarrasser, plus la prise s’estresserrée. Une fois libéré, il lèche mon visage ets’ébroue en m’éclaboussant. Il tente de marchermais n’y arrive pas ; alors je le hisse sur mesépaules comme j’ai vu les hommes de Père le faireavec un sanglier mort. Je tiens fermement devantmoi les antérieures de Torc tandis que je patauge àtravers le lac et suis de nouveau la rive jusqu’auchâteau.

Quelques hommes sont revenus de leurs recher-ches découragés et peut-être un peu anxieux de lacolère de Père. Qui a laissé Torc s’échapper ?

Je pose doucement Torc au sol et quand Pèrearrive, le chien se hisse sur ses pattes et clopinedouloureusement vers lui. Père court vers sonchien : « ».

Cu s’avance : « », « », réplique Père mais, une fois

que je lui ai raconté toute l’histoire, il me regardebien en face pour la première fois : «

», dit-il en prenant Torc dansses bras et, d’une légère inclination de la tête, il mefait signe de le suivre.

A dater de ce jour, il y a de nombreuses soiréesagréables autour de l’âtre chaud, avec Père. Cunous raconte de vieilles histoires, et Torc pose satête sur mes pieds. Et puis, comme le temps se

Page 9: Menhir - Samain 2015

Page9

réchauffe, les hommes recommencent à parler deguerre. Je contemple les flammes qui racontentleurs histoires à elles et je sens la présence réconfor-tante de Torc. Ces discussions à propos de laguerre me déconcertent. Un soir, je dis à Père : « ».« », répond-il en mesouriant avec indulgence ; j’ai l’impression d’êtreun petit garçon très stupide. J’attends mon heureet, lorsque la température devient assez élevée pourque nous flânions à travers le jardin qui se bat poursurvivre après le long hiver, je demande : «

».Père hausse les épaules : «

» et lance un coup d’œil à Cu, qui opine.

lui dis-je en montrant du doigt le cielavec les nuages de début de printemps qui filentdoucement.

dit-il enme tapotant gentiment la tête.

Je fais une pause.

Cu dit :

Père se gratte pensivement la joue.

conti-nuais-je

Peu après, il est temps pour nous de retourner dansle Sud. Je ne vois aucune issue, alors je fais triste-ment mes adieux à Père, à Cu et à Torc.

dit Cu à Père tandisque nous nous serrons la main,

dit Père

Et nous les quittons, Mère sur Ecume Blanche etCreirwy et moi sur des chevaux que Père nous aofferts en cadeaux d’au revoir.

nous crie Père.

A la veille du cent-unième jour, nous nous retrou-vons au cottage près du lac. Gwion a un peu grandi,et Morda semble plus lent qu’il ne l’était, mais leurtâche est près d’être achevée. Je suis résigné à monsort. Gwion sort pour attiser le feu une dernièrefois. Puis, j’entends Mère hurler et nous couronsdehors. Gwion porte son pouce à la bouche.

- , crie Mère.

Le chaudron éclate en morceaux et déverse soncontenu dans le lac Bala ; le lac devient noir etexhale une odeur pestilentielle tandis que l’herbesous nos pieds tourne au brun, dévastée. Mères’élance vers Gwion mais il est maintenant doté depouvoirs et il se change en lièvre. J’ai envie d’ap-plaudir, mais Mère est sur ses talons, usant de sondon de change-forme pour se transformer en lévriernoir et le pourchasser. Et ils disparaissent.

Ne sachant que faire, nous retournons chez Père.

A tour de rôle nous laissons notre monture àMorda, qui est faible. Je me fais du souci pourGwion. Peut-il échapper à Mère ? Il a l’Awen àprésent, mais est-ce que c’est assez fort pour com-battre Mère ?

Page 10: Menhir - Samain 2015

Page10

Lorsque nous arrivons au château, Père et seshommes observent le lac sombre et fétide.

- dit-il etnous lui racontons ce qui s’est passé tandis qu’ilnous conduit à l’intérieur.

dit-il à Cu puis, setournant vers moi, il demande :

Je secoue la tête négativement.

continue Père, commenous retirons nos manteaux de voyage,

Il soupire profondément :

Cu entre.

dit-il.

Ses yeux vont de Père jusqu’à moi, puis de nouveauà Père.

demande-t-il

dit Père,

Cu sourit et m’ébouriffe les cheveux. Il embrasseCreirwy sur la joue :

dit-il.

Cette nuit et les jours qui suivent, ce ne sont quefêtes et réjouissances. Je n’ai jamais vu les hommesde Père si heureux. Puis le troisième jour, onentend un bruit de sabots aussi fort et fourni quele tonnerre, de l’autre côté du lac.

- s’exclame Père.

Et il sort dans la cour du château pour accueillirses voisins. Il tape sur l’épaule d’un vieil homme,

« » et tout le mondedanse.

Père vient vers moi et entoure mes épaules de sonbras :

-glousse-t-il.

Page 11: Menhir - Samain 2015

Page11

Samain

Samonios, ou Samhain, la fête des calendes d’hi-ver, le nouvel an Celtique, est une fête majeurepour les celtes. Elle durait en fait trois jours, l’équi-valent du 31 octobre, puis des 1 et 2 novembre. Cerythme de 3 est partout présent dans le mondeceltique. Durant ces trois jours de Samonios, leVoile du Temps est levé. A l’issue de cette période,nous retrouverons le monde ordinaire, mais dansun cycle nouveau qui durera jusqu’au prochainSamonios.

C’est la dernière fête de la Roue de l’année précé-dente, et la première de la nouvelle Roue. Il y a unemort, puis 3 jours hors du temps, et de nouveau,une nouvelle vie. C’est un temps de non temps.Lorsqu’on vit pleinement ce moment de l’année,rien ne peut être comme avant… puisqu’il n’y aplus d’avant ! Samonios est une sorte de « sas »entre deux vies, chaque année…

Samonios porte plusieurs noms : Samain, Sha-dowfest, Martinmas, Old Hallowmas, Fête desEsprits, Troisième récolte, Samhuinn, Fêtes desPommes et, sans oublier, All Hallow’s Eve (Veillede la Toussaint) qui, par déformation phonétique,deviendra… Halloween…

Samain signifie « réunion », « rassemblement ». Lesportes de l’autre monde, le « SIDH » des Celtes,vont s’ouvrir. C’est la fin de la période claire, etdonc le commencement de la période sombre. Lesdernières récoltes sont faites. On engrange la nour-riture, on ramène les troupeaux. On ne voit plus àla lumière du soleil mais à la lueur du feu du foyer.C’est un temps béni pour les anciens contes fami-liaux, chassés hélas de nos foyers par la télévision.

C’est la fête des Dieux, des Héros et des Hommes.Le Christianisme en fera la fête de tous les Saints,la Toussaint. C’est aussi la fête des morts, desdisparus, des ancêtres.

Le visage de la Terre, que nos Bardes appelaient le« Visage de la Déesse, » ou encore, le « Manteau deBrigitte », va se transformer. Le sol devient roux,jaune orangé, les couleurs ocre se mêlent aux vertsdes arbres à ramures persistantes. Les nuits s’allon-gent, l’air se rafraîchit de jours en jours, la sèvecontinue de descendre dans le tronc des arbres etdes tiges. Tout semble mourir… semble…seulementsemble…

Citons le regretté Christian Guyonvarc’h :

Page 12: Menhir - Samain 2015

Page12

Sur le plan symbolique et initiatique, Samonios estle moment de laisser ce qui ne sert plus, de nouspréparer à de nouveaux commencements. Nousacceptons la mort de tout ce qui est matériel. Nousrespectons ceux qui nous ont précédés, nos ancê-tres, nos disparus. Il était de coutume (et certains lefont toujours) de disposer une assiette supplémen-taire à la table du repas du soir du 31 octobre enmémoire de nos défunts. Ceux-ci venaient alorspartager le repas avec les vivants.

Une bougie laissée allumée toute la nuit est égale-ment une façon d’honorer la mémoire des dispa-rus. De nos jours, on allume une veilleuse sur lestombes au cimetière, ou on dépose le traditionnelchrysanthème sur le marbre du tombeau. Mais lesceltes savaient que l’esprit de leurs ancêtres n’étaitpas figé au fond d’une tombe, mais vivait sur unautre plan d’existence, tout auprès d’eux.

Samonios, c’est la mort apparente, la mort àsoi-même. Le passé est aboli. Seule compte mainte-nant la germination d’un nouveau cycle en soi.C’est le moment privilégié pour se remémorer toutce que nos aïeux ont pu nous apporter pour nousconstruire car, sans eux, nous n’existerions pas.Samonios n’est pas une fête triste, c’est une grandefête d’espérance, espoir de toute l’humanité, fête detous les hommes.

La période qui sépare Samonios du solstice d’hi-ver, Alban Arthan, est une période de « repos actif». Il fait froid, il fait sombre, mais au fond denous-mêmes la petite veilleuse est toujours alluméeet ne demande qu’à se réactiver. C’est un bonmoment pour se reposer, mais aussi pour élaborerses « plans d’action » pour toute cette année nouvel-le : résolutions personnelles, plan de traçage desfutures plantations du potager et du jardin, etc. Si

l’on considère une journée comme une année,Samonios c’est la période entre le coucher et mi-nuit, la période d’endormissement, la nuit de som-meil où les Déesse et les Dieux, les Fées ou lesAnges, chacun selon sa tradition, nous enseignentsouvent en nous présentant des « leçons » que nousvivront dans la journée.

Résumons Samonios par ce beau passage écrit parMarie des Bois :

Ioan

Page 13: Menhir - Samain 2015

Page13

Samain : la Sombre

Ce numéro du Menhir coïncide avec le « passagedu gué » entre période claire et période sombre.

Nous savons que la pensée celtique distinguaitdeux saisons, deux périodes « polaires » impri-mant leurs résonances dans le monde des phéno-mènes. Ici une période pour l’activité, là unepériode pour le repos ; ici une période lumineuse,là une période sombre. Ici la Vie, la croissance, làla décroissance et la Mort. A chacune de ces pério-des sont associées des mythes, des panthéons etdonc des usages et des rites.

Il m’a été proposé de développer le thème « laSombre ». À nouveau, puisque nous abordons lapériode sombre de l’année, le thème est bien choisi.La Sombre, c’est d’abord comme nous l’avons dit,la saison sombre qui mène à l’hiver. Il n’est qu’àconstater sous nos latitudes, le déclin du jour,l’arrivée du froid, l’endormissement progressif dela végétation et, d’une manière générale, le retourvers les dynamiques centripètes.

Le Druidisme est lié à la Terre, aux manifestationssensibles de la Vie, aux rythmes du Cosmos. C’estune religion païenne, vivante, vibrante. Aussi lors-que la Lumière décline, que le Soleil semble réduiresa course sur le champ de l’horizon, que la Natureelle-même semble se retirer en son sein, que l’abon-dance et le confort de l’été laissent la place auxdifficultés vitales, l’Homo religiosus a sans doute eubesoin de comprendre et de relier ce qu’il voyait àl’influence des Dieux.

Selon les régions, les dialectes, les divinités enrésonance avec cette période sombre ont été nom-mées de différentes manières. La Vieille , la Som-bre, la Cailleach (sorcière), Morrigan, Kerridwen,Beira : La Femme hiver, Fraue Holle sous le régimegermanique.

Il y a une précaution à prendre avant de continuerà explorer le mythe : c’est celle qui consiste àéliminer toute forme de sexisme, lorsque l’on fémi-nise la période sombre. Ce serait un contresens quede considérer que les Druides assimilent Hiver /Mal à Femme. D’une part parce que même si l’onparle de mauvaise saison, l’hiver ne se confond pasavec le « mal » et, d’autre part, parce que lesdivinités féminines expriment des fonctions essen-tielles liées à la Nature même du manifeste et quepar définition leur action à toujours du sens.

Ces réserves entendues, nous pouvons constaterqu’effectivement, dans les pratiques habituelles,nous désignons « la » sombre et non « le » sombre.Nous devrons donc explorer ce qu’est ce fémininévoqué ici.

Les divinités ou personnifications divines fémini-nes sont très souvent liées à l’expression manifestedu divin. C’est la nature en œuvre, dans ses œu-vres. Ce ne sont pas des divinités mineures, tout aucontraire. Ce sont des « Reines », des GrandesReines (Mor-rigan ), elles engendrent le Monde etl’accueillent dans la Tombe. Elles sont « psycho-pompes », passeuses, naviguant entre les Mondespour transporter les âmes ou en recevoir les messa-ges prophétiques.

Elles sont Mort et Vie, soit Mort/Vie si l’on admetqu’il n’y a pas de discontinuité entre ces deux états,mais bien une transition, un passage, une transfor-mation. Ce qui meurt ici, naît dans l’Autre Mondeou de l’Autre coté. Et ce qui meurt de l’Autre coté,naît ici. Ces divinités sont donc à la fois Mères etTombes.

Ce qui peut sembler paradoxal, nous laisseraitentendre qu’elles sont des divinités liées aux passa-

Page 14: Menhir - Samain 2015

Page14

ges, aux gués, aux changements d’apparence. Cecise retrouve dans certains mythes : ainsi Morriganse lave périodiquement aux Eaux d’une rivière, unpied sur chaque rive. On la retrouve aussi présentesous forme d’anguille dans le gué où se bat Cuchu-lain. Toujours ambivalente, elle est à la fois uneamoureuse jalouse, une protectrice, une séductriceou, au contraire, une ensorceleuse maléfique. Onla retrouve aussi sous la forme d’une lavandière,lavant un linge ensanglanté sur les berges d’unerivière. Le mythe concernant la Cailleach Beiraévoque cette image en écho. La vieille femme laveson plaid dans une rivière, et quand le plaid estdevenu blanc à force d’être frotté, la neige tombe etrecouvre le pays d’Ecosse.

Que peut-on dire de cela ? Laver quelque chose,c’est le débarrasser de ce qui est inutile, sale,encombrant, néfaste. Ainsi, une des premièresfonction de la « Sombre » serait de nous débarras-ser, de nous nettoyer de ce qui est inutile pourlaisser place à la virginité, à la page blanche del’hiver.

A nouveau le modèle naturel ne nous montre pasautre chose. La Nature se débarrasse des feuillesmortes de l’automne. Elle en nettoie les arbres, lesretourne vers la Terre où, là, elles vont se décompo-ser et se transformer en nourriture potentielle pourde nouvelles vies. L’hiver n’est pas cette mortdéfinitive, l’absence du projet de Vie, mais c’est leNadir du souffle, l’expiration naturelle des cycles deVie qui, dès lors, pourront renaître, comme l’inspi-ration naît après chaque expiration. Nous retrouve-rons ce rapport divinité / hiver dans le mythe deFraue Holle qui, dit-on, provoque la neige ensecouant (nettoyant) sa literie de plumes.

Premières interprétations, liées au cycle des sai-sons. Il en est d’autres liées au cycle de la Lumièreet dans ses rapports avec notre psychologie. Notrehorizon diurne est celui qui est balisé par la cons-cience dite « de veille ». La soir, la nuit, lorsquenous dormons, nous rêvons... parfois. Et nos rêvesnous parlent d’un autre Monde. Nous dirons qu’ilssont les messages d’un inconscient qui, dès lors,n’est plus absence de conscience mais consciencedifférente. Par analogie, ce monde du rêve nous estsouvent présenté comme obscur parce qu’il est lié

à la nuit et à l’absence d’expression maîtrisée quicaractérise l’espace diurne.

La « Sombre » est donc, aussi, la conscience noctur-ne, le monde du rêve, les forces ambigües maisfécondes de l’inconscient. Et d’une manière généra-le, toute forme de conscience intériorisée qui porte-rait non plus sur la réalisation d’objectifs temporels(l’avoir), mais sur la réalisation d’un Etre en Soi.

Les Morrigan, Bodb, Nemaid, Macha... sont desDivinités inquiétantes. Leurs noms évoquent lesbatailles, la mort, la guerre, la fin des choses. Ellesont corneilles (animaux charognards), frénésie etfureur . Mais l’étymologie nous dit aussi « GrandesReines », ou « Née de la Mer », Grande Plaine...Nous sommes à nouveau dans l’ambiguïté sousentendue par le nom. La Grande Plaine peut êtreun champ de Blé ou un champ de bataille. Macha,Marateresos, Mag Tured... Vie, Mort, toute chosenaît de la Terre, de la Grande Reine, toute vie s’ydéroule, puis tout y retourne.

Il y a une autre ambiguïté qui entoure la « Sombre». En effet, si elle est généralement représentée sousla forme d’une Femme mûre, si ce n’est d’uneVieille Femme, le mythe nous décrit aussi uneJeune Femme séduisante, sûre d’elle-même, amantepassionnée qui déteste que l’on se refuse à Elle.Cuchulain paiera cher son mépris à son égard. Dece point de vue-là elle peut être comprise commeune force instinctive, profonde, génésique qui,lorsqu’elle n’est pas entendue, est méprisée, rejetée,peut constituer un poison redoutable dans la vied’une personne.

Un autre aspect de la « Sombre » est Ceridwen.C’est une Divinité qui présente des aspects som-bres et qui, dans le mythe, se présente sous uneforme « courroucée » lorsqu’elle poursuit Gwyon,l’un et l’autre changeant de forme jusqu’à ce qu’El-le parvienne à le dévorer avant de lui donner unenouvelle naissance sous une autre forme. Se dérou-le ici un processus de transformationmort/renaissance qui révèle une dimension initiati-que. L’humble Gwyon, qui a reçu quelques gouttesdu breuvage d’inspiration, se transforme, meurt etrenaît pour devenir Taliesin. Ce mythe décline defaçon symbolique le processus de transformation

Page 15: Menhir - Samain 2015

Page15

que nous voyons se dérouler dans les cycles de laNature.

Nous pouvons considérer alors la « Sombre » sousson aspect d’initiatrice, celle qui pousse à la trans-formation et qui, dès lors que nous acceptons lepassage en son sein, nous amène à nous réaliser ouà réaliser une destinée. La « Sombre » est en lienavec le destin, la destinée, la prophétie.

Mère de toute chose elle en est aussi le sépulcre.Nous pourrions d’ailleurs rapprocher la triple Mor-rigan des trois Moires hélléniques. Elle accueille lavie, influe sur le destin, bienveillante ou féroceselon le respect qu’on lui accorde. Elle se nourritégalement de la Mort, substance d’une autre Vie.Maîtresse du destin elle prophétise. Et ce qu’elleprophétise n’est pas toujours du plus heureux.Mais peut être est-ce une façon de désigner labonne issue, la bonne attitude.

La « Sombre « est donc une figure ambigüe,complexe. Ce n’est pas la Reine des Fantômes,figure d’Halloween qui effraie les enfants, c’estavant tout la Mère Terrible et Bienveillante à la fois– Jeune et Vieille à la fois. La passeuse, l’initiatricequi nous aide et parfois nous pousse à accomplirnotre destin. Notre nature fait que nous n’évoluonsque sous la pression de la nécessité. La Sombre estlà pour nous aider à franchir le cap. Elle nous inviteà nous débarrasser de nos obstacles, de nos iner-ties, de nos illusions.

Ce « négatif » que nous projetons sur Elle peutaussi être traduit comme une façon bienveillante deconduire ses enfants vers leur accomplissement età faire germer les grains de potentiel.

La Grande Reine accompagne le passage de l’Etreau non Etre, mais accompagne aussi le chemininverse. Elle préside à la Mort, au retour auxOrigines, prélude à la re-naissance sous une formemeilleure. Elle est libératrice, aimante, dévorante,possessive. Paradoxale et puissante, puissante etparadoxale.

Page 16: Menhir - Samain 2015

Page16

Samain degres symboliquesPour une celebration le 31 Octobre 2015 a 19h

Le Soleil est à 7° en scorpion : Belen, le pied surune bêche, retournant la terre et faisant miroiter ausoleil un torque qu'il vient de déterrer .

° de fortune

La lune à 2° du cancer : Un chien bien nourridéfend un os contre deux efflanqués . Devant unhomme indécis, Eskia marche avec nonchalance :

° de possetion inerte

Mercure à 26° de la balance : Lug, revêtu d'unecôte de mailles, épée au poing, s'avance au secoursd'un homme seulement armé d'un bâton et quiveut combattre une tarasque rugissante :

° de victoire

Vénus à 20° de la vierge : Sirona contemple duhaut d'une haie vigneuse deux hommes en duel.

° de combat

Mars à 22° de la vierge : Une femme demie-nue,cheveux au vent danse en se penchant vers unepièce d'eau en sachant qu'Esus la regarde.

° d’art sensuel

Jupiter à 16° en vierge : Dans un beau cottage,Taranis fait sa vendange tardive le long de la façade.

° de satisfaction

Saturne à 3° du sagittaire : Bran, nimbé derayons fluidiques lui prolongeant les mains, étendles bras dans une geste de protection sur deuxgroupes antagonistes;

° de longanimite

Uranus à 17° du bélier : Borvo se promène dansun sentier des oghams à la mains. Passant entre lesbranches et les feuilles d'une aulnaie, les rayons dusoleil illuminent son visage.

° de passivite intelligente

Neptune à 7° des Poissons :. Manawyddan abLlîrtient à la main un beau poisson qu'il vient depêcher :

° de gastronomie

Pluton à 13° du capricorne : A côté d'une herse,Béli, debout, tient dans la main un serpent dresséqu'il excite et qui siffle avec fureur.

° d’esprit critique

Myrdhin

Page 17: Menhir - Samain 2015

Page17

Jean-Louis Brunauxet les anciens Celtes

Lorsqu’il commence à publier, à la fin du siècle

dernier, Jean-Louis Brunaux semble intéressant àplus d’un titre : il est à la fois archéologue ethistorien des Gaules ; en réalité, il est très peuquestion d’archéologie, dans ses livres. L’auteuradmet, d’ailleurs, que sa pratique de l’archéologieest seulement pour lui «

(…)»(1). Ce spécialiste des Gaulois, affectionné par lesmédia, raconte dans Les Celtes : Histoire d’unmythe une histoire qui, brusquement, ne ressembleplus du tout aux chapitres précédents.

Jusque-là, en effet, tout le monde semble d’accord

: les Gaulois font partie des Celtes. Comme l’expli-que Christian Goudineau :

Guerre des Gaules

(2)

Et jusqu’en 2005, Jean-Louis Brunaux, dont Gou-

dineau a été le directeur de thèse, paraît bien sur lamême longueur d’onde :

(3)

Dans Les Gaulois, sa carte de l’Europe celtique

inclut la Bretagne, l’Irlande et la Germanie jus-qu’au Danube. Même s’il peut, éventuellement,s’agacer qu’on délaisse le terme de Gaulois au profitde celui de Celtes, c’est le temps où Brunaux serange aux théories communément admises par sescollègues, historiens ou archéologues :

; c’est le temps où il vante par les linguis-

tes et se réfère même à Dumézil et à la recherche enmythologie comparée. Mais, si on lit entre leslignes, on distingue déjà des réserves :

(4)

A cette définition purement géographique du mot

Celtique et à une définition chronologique (engros : Hallstatt et le deuxième âge du fer), l’auteurajoute un questionnement obstiné et dérangeantsur les critères ethniques - ceux qu’on qualifie deCeltes appartiennent-ils vraiment à une mêmeethnie ? - mais rien qui fasse référence, comme onpourrait s’y attendre, à une « civilisation celtique ».

Puis, dans ses deux derniers ouvrages, coup de

théâtre ! Les Gaulois ne font soudain plus partiedes Celtes ; ce sont, affirme-t-il, les Celtes qui font

Page 18: Menhir - Samain 2015

Page18

partie des Gaulois, les seuls Celtes étant strictementles habitants de la Gaule Celtique, l’une des troisGaules que décrit César. Jean-Louis Brunaux estconscient que sa nouvelle position sur la questionl’isole :

(5)

Il s’appuie naturellement beaucoup sur les textes

grecs et latins qu’il cite tantôt à l’appui de sa thèse,tantôt - lorsqu‘il n’est pas d’accord avec eux - pouren disqualifier les auteurs les uns après les autres :ils sont, au choix, incompétents ou peu conscien-cieux, ils travaillent non pas de première mais dedeuxième ou troisième main, interprètent mal destextes antérieurs… Comme ceux qu’il critique ainsisont les mêmes qu’il citait précédemment à l’appuide ses thèses, le lecteur garde l’impression désagréa-ble qu’aucun témoignage n’étant fiable, ce n’étaitpeut-être pas la peine d’en citer autant.

Seuls s’en tirent avec les honneurs Poséidonios

d’Apamée et César. A ma connaissance, tout lemonde respecte le premier, qui a effectué un voyageen Gaule intérieure et témoigne donc d’une réalitéqu’il a directement observée. Le seul problème avecPoséidonios, c’est que ses ouvrages ont disparu etqu’il ne nous reste de lui que les fragments ou lesrésumés de son œuvre que mentionnent d’autresauteurs classiques. Ce qui est loin d’être insigni-fiant, pour autant… Quant à César, La Guerre desGaules est clairement un livre dont il est le héros,écrit à l’attention du Sénat : c’est un habile propa-gandiste. En outre, comme l’admet Jean-Louis Bru-naux, sa présence en Gaule n’a pas pour objet unemission d’étude, et les informations qu’il donnesur le pays sont probablement empruntées à ladescription de Poséidonios qui date déjà de plu-sieurs décennies. Par son manque d’objectivité etpar ce décalage temporel, le témoignage de Césarnous égare autant qu’il nous renseigne. Probable-ment inspiré de Poséidonios, son prologue n’estpas un modèle de clarté :

(6)

D’ailleurs, peut-on vraiment considérer commedigne de foi un homme qui prétend descendred’une déesse ?

L’histoire des Celtes commence avec une légende

de la fin du premier âge du fer que rapporteHésiode à propos des Hyperboréens (que les Grecsn’appellent pas encore Celtes) : vivant aux confinsoccidentaux, ils adoreraient un dieu surnommél’Apollon hyperboréen au sanctuaire duquel dejeunes vierges iraient porter des offrandes dans uneîle, ce dont Brunaux croit pouvoir déduire que,depuis le début, l’affaire est mal engagée, le mytheest au cœur de la Celtique comme le ver dans lefruit. Cependant, d’une part, il s’agit d’un récit grecet d’autre part, si l’on se souvient bien, les Grecs seprétendaient enfants de dieux et de héros ; quantà Rome, Enée fuyant Troie, Romulus et Remus…tout cela relativise largement l’argument !

Le géographe grec Ephore de Cymé décrit la Celti-

que comme occupant tout l’ouest, la Grèce étant aucentre du monde ; à l’est sont les Indiens, au Sudles Ethiopiens et au Nord, les Scythes : il y a, nousdit l’auteur, deux groupes d’historiens et de géogra-phes : ceux qui évoquent une vaste Celtique etceux qui se limitent aux Gaules, voire à la Gauleceltique. Brunaux dédaigne la première thèse quilui paraît erronée et orientée. D’après lui, la Celti-que aurait donc pour limites, au sud la Méditerra-née, à l’ouest l’Atlantique, à l’est le Rhône ou lesAlpes et, au nord… au nord, les choses se gâtent :Poséidonios reste flou, n’ayant pas poussé sonvoyage en Gaule intérieure plus loin que le Langue-doc et la vallée de la Garonne ; Strabon dit la Loire; César dit la Seine ; Pythéas pousse jusqu’àOuessant ; en effet, lors de son voyage, il remontebien la côte atlantique mais doit dériver vers l’île deWight et ne peut donc rien dire de la Manche (7).

Nombreux sont les auteurs dont les propos, quantà la limite Nord, sont imprécis : rares sont ceux quiont effectué le tour de la Celtique.

Page 19: Menhir - Samain 2015

Page19

Brunaux part, logiquement, d’une Celtique qui

commence au littoral méditerranéen lorsque lesPhocéens, qui fondent le comptoir de Massiliaautour de -600, rencontrent leurs premiers Celtespuis, passant en revue les auteurs classiques, dessi-ne et redessine convulsivement ce territoire à lafrontière septentrionale fluctuante. Il l’étend à laGaule entière car c’est ce que font plusieurs auteurslatins, y accepte les peuples dits mixtes, Celtibèresou Celto-Ligures, admet que des Gaulois Belgessont passés en Bretagne et que sur l’autre rive duRhin vivaient aussi des Belges puis, lorsqu’on croitavoir suivi l’évolution de ses positions, finit enresserrant, comme dans les toutes premières pages,la Celtique à la Gaule celtique qui, depuis queRome a conquis la Cisalpine et la Province transal-pine, lui semble bien se réduire à la seule Gaulecentrale. Car, d’après lui, c’est bien Rome quidonne ses limites à la Celtique et, en appelantGaulois ceux que les Grecs nommaient Celtes, c’estRome qui annonce la disparition des Celtes ! SiCaton utilise le terme Celtae - et cette forme, selonl’auteur,

(8), César ne mentionne qu’une foisces Celtae, et le terme, précise Brunaux

(9).

Ensuite, dans toute La Guerre des Gaules, il n’est

plus question de Celtes. C’est un test infailliblepour Jean-Louis Brunaux : ce que César n’écrit pasn’existe pas.

(10)

Les appellations diverses que leur donnent leursvoisins : Celtes, Gaulois, Galates, ajoutent à l’im-pression de confusion que ressent le lecteur, étour-di par tant de complexité. C’est l’effet souhaité. Enréalité, les Grecs les ont nommés Celtes (Keltoï).Les Romains, pour une raison assez opaque, ontdécidé de les appeler Gaulois (Galli) :

(11)

Puis, ils ont élargi l’appellation à l’ensemble des

Gaules. Du coup, lorsque les Grecs ont vu déferleren Macédoine, au Nord de la Grèce et jusqu’enAnatolie, des guerriers gaulois bien moins courtoisque les Celtes philhellènes auxquels ils étaientaccoutumés, ils les ont baptisés Galates, puis ontétendu l’usage de ce terme aux Gaulois, en alter-nance avec celui de Celtes ; il était logique que laGrèce, dont l’influence déclinait, aligne sa termino-logie sur celle de Rome, puissance montante. Pau-sanias écrit :

Ptolémée et Artemidore d’Ephèse qualifient ainsi

les Gaules dans leur ensemble de « Celto-Galatie »,alors que le sens de ce terme n’est pas forcémenttrès différent de celui de Gaule celtique. Brunauxinterprète la diversité de ces appellations comme lesigne que les Celtes doutaient de leur identité, cequi paraît tout à fait inapproprié, puisque c’étaitleurs voisins, grecs ou romains, qui les utilisaient.

L’auteur a aussi recours à la curieuse formule

- qui signifierait que lesGaulois ne sont pas des Celtes, ce qui ne corres-pond ni à l’opinion commune (les Gaulois sont desCeltes), ni à celle, particulière, de Brunaux (lesCeltes sont des Gaulois). C’est un procédé qui,sans doute, vise à épaissir le flou artistique dont ilsouhaite entourer son sujet.

Autres procédés qui confèrent une impression de

confusion, d’ambigüité et d’imprécision : les nom-breuses contradictions (non seulement d’un ouvra-ge à l’autre mais à l’intérieur de ce même livre : parexemple, lorsque les premiers autochtones se pré-sentent aux Phocéens comme « Celtes », Jean-Louis Brunaux traduit le terme par

(13) ou , mais, à la fin du livre, il donne

Page 20: Menhir - Samain 2015

Page20

à Celtique le sens de (14) ; demême, les Armoricains sont présentés tantôt com-me des Belges, tantôt comme des Celtes, tantôtcomme des Celtes côté Océan et des Belges côtéManche) ; les redites et les redondances (le mêmepassage de Tolkien est cité pas moins de quatre foisdans l’ouvrage et les trois parties composant laGaule selon Poséidonios ou César sont si souventénumérées que cela tourne à l’incantation) ; lesapproximations : dire que César est intervenu enGaule parce que LES Gaulois l’en ont prié, parexemple. DES gaulois (les Eduens, en l’occurrence)l’ont prié d’intervenir contre l’incursion helvète quiles menaçait. Ils ne l’ont pas prié d’envahir lesGaules ! Mais, pour Brunaux, il est très clair qu’àcette époque et depuis un moment, les Gaulesétaient mûres pour devenir romaines…

Il ne nie pas cependant la résistance générale

qu’opposent à Rome les Gaules (dont, bien sûr, lesEduens font partie !), ni même les révoltes inces-santes qui se succédent pendant l’occupation romai-ne :

(15) mais peut considérer ailleurs qu’il n’ya plus rien de gaulois dans ce qu’on nomme «gallo-romain » et énumérer, en les commentantavec complaisance, tous les bienfaits de la colonisa-tion romaine.

Il égratigne tous les chercheurs qu’il accuse demanquer de neutralité :

(16)

Il est pourtant difficile de considérer que Brunaux,

de son côté, est impartial, tant il apparaît prosternédevant le monde gréco-romain, agenouillé devantCésar, mais suis-je bien objective ? En tous cas, ilne manque pas de mauvaise foi :Si Strabon, «

» (17) « », c’est «

(18); pour ce faire, Strabon «

» (19).

Disons plus simplement que, sur ce point, Bru-naux n’est pas d’accord avec Strabon.

Lui qui parlait dans Les Druides des « » (20), déclare maintenant que

« »(21).

A propos de l’article de Françoise Le Roux (histo-rienne des religions) dans l’Histoire des religionsde la Pléiade, il déclare :«

» (22)

Cette mauvaise foi peut éventuellement s’assortird’un soupçon de paranoïa :

(23).

On se demande bien pour quels motifs Ephoreaurait tenté de nous induire en erreur...

Le ton du livre est, naturellement, polémique,

puisqu’il s’agit de descendre en flammes à peu prèstous les archéologues, historiens, linguistes et my-thologues de la seconde moitié du XXe siècle jus-qu’à nos jours. Mais il tourne parfois à l’aigre, etl’on se prend à regretter que l’auteur qui, aprèsavoir longtemps tenu le même discours que sesadversaires d’aujourd’hui, a radicalement changéd’avis, ne nous explique pas tout bonnement lesraisons de son revirement. Ce serait plus élégant,plus pédagogique et plus convaincant.

Le reproche principal que j’adresserais à Brunaux

c’est que, trop souvent, on cherche en vain d’où il

Page 21: Menhir - Samain 2015

Page21

tire ces informations qu’il présente comme irréfuta-bles ; sur quoi se base-t-il ? Sur des découvertesarchéologiques qui bouleverseraient l’état de nosconnaissances ? Pas du tout. Sur des textes classi-ques non exploités ? Pas davantage ! Sur sonintime conviction et sur l’intime relation qu’ilsemble entretenir avec les auteurs classiques et lespersonnages historiques de l’Antiquité : il peutnous expliquer leurs faits et gestes, leurs moindrespensées et arrière-pensées, leurs motivations secrè-tes, avec une aisance… surnaturelle ! Il a un senscertain du .

Le fait que l’Histoire me passionne ne fait pas de

moi une historienne, et je ne suis pas davantagespécialiste de l’archéologie ; mais je sais que nil’une ni l’autre ne sont des sciences exactes. Je n’aipas les compétences nécessaires pour juger de lapertinence des thèses très personnelles de Jean-Louis Brunaux. Qui sait ? Même s’il semble seulcontre tous aujourd’hui, il n’est pas impossible quedemain ce soit sa définition de la Celtique quil’emporte, du moins pour un temps. Georges Du-mézil, Françoise Leroux et Christian Guyonvarc’hsont morts ; Venceslas Kruta et Christian Goudi-neau ont plus de soixante-quinze ans. Et Brunaux,lui-même, ne doit pas être loin de la retraite… Peut-être que certaines conceptions qui ont prévaludepuis l’après-guerre et qui nous paraissent indiscu-tables parce que notre génération les a toujoursconnues vont évoluer (par exemple, ce rejet desnationalismes exacerbés qui a détourné les histo-riens de l’étude des Germains ou des Gaulois et lesa ouverts à l’Europe celtique dans son ensemble).

Les faiblesses que je pointe ne visent pas à décon-

seiller la lecture de ce livre de Jean-Louis Brunaux,ni des précédents, ni de celui qui vient de paraître: l’Univers des Gaulois, dont le texte n’apporterapas grand-chose à ceux qui ont lu Les Druides etLes Celtes mais qui est accompagné (enfin !) denombreuses illustrations. Il y a dans Les Celtesplusieurs points positifs. D’abord, l’ouvrage fournitune sérieuse bibliographie classique, ce qui est n’estpas à négliger. Il permet aussi de rappeler que laCeltique antique commence au littoral méditerra-néen alors que nombreux sont nos concitoyens quin’associent l’adjectif « celtique » qu’à la Bretagneet ignorent les sites d’Entremont ou de Roquepertu-

se près de Marseille, d’Ostrum (Hyères), de Glanon(Saint Rémy) etc.

Jean-Louis Brunaux souligne à juste titre que le faitde trouver quelques objets celtiques dans telle outelle région d’Europe centrale ne signifie pas pourautant que c’était une terre celtisée : il peut s’agird’échanges commerciaux ou de quelques épéeslaissées par des Gaulois venus guerroyer.

Il n’a pas tort non plus de noter que les auteursclassiques ont principalement parlé des Gaulois –et des Bretons - et que les spécificités qu’ils relèventdans les régions étudiées ne peuvent pas nécessaire-ment être étendues à tout le continent européen(procédé qui, pour l’auteur, revient à

) ; si l’onpense aux têtes coupées, à la royauté celtique, audruidisme, par exemple, rien n’atteste qu’ils aientexisté partout. Rien, non plus, ne vient prouver lecontraire.

De même, il est compréhensible que l’auteurs’interroge sur la méthode qui

(24), si elle neprend pas en compte le fait que ce sont des espacesgéographiques différents, des histoires distinctes etséparées par plusieurs siècles. Mais, Jean-LouisBrunaux pêche par excès inverse, lorsqu’il semblen’établir aucun lien entre le Lug gaulois et le Lughirlandais, entre l’Ogmios gaulois et l’Oghma irlan-dais… Dans Les Gaulois, il rappelait pourtant que,si cette mythologie gauloise qu’au début de notreère le philosophe Lucius Annaeus Cornutus ditaussi riche que la mythologie grecque est perduepour nous,

(25)

Je n’ai rien contre les empêcheurs de penser enrond. Mes objections portent surtout sur la métho-de. Le titre du livre est explicite : Les Celtes :Histoire d’un mythe. Partant de ce postulat, l’auteurva tenter une démonstration peu convaincante.D’abord il réduit la Celtique à une peau de chagrin.On ne peut s’empêcher de se demander pourquoi,

Page 22: Menhir - Samain 2015

Page22

durant deux cents pages, il pinaille ainsi sur lafrontière septentrionale. Peut-être parce que, siseule la Gaule celtique est celte, alors les Gauloisbelges ne sont pas celtes. Et les Germains, qui sontde la même famille que les Belges, non plus. Si l’onn’envisage pas de vagues celtiques successives de-puis le Bronze final sur la France, l’Espagne, l’An-gleterre… mais qu’on s’arrête aux mouvements deBelges vers la Bretagne aux IVe et IIIe siècles avantnotre ère (rapportés par César dans La Guerre desGaules), alors les Bretons ne sont pas celtes. Leslangues galloise, écossaise et irlandaise ne sont pasceltiques ; elles seraient plutôt « galatiques »,propose Brunaux : issues du gaulois. Et le bretonarmoricain, qui ne vient pas directement du gauloismais du cornique suite aux migrations des V-VIIesiècles, ne l’est sans doute pas non plus. Dans unfestival interceltique, Jean-Louis Brunaux ne voitprobablement que des imposteurs !

Les Cimbres et les Teutons, qu’il définissait com-me Celtes naguère, ne le sont plus dans ses der-niers ouvrages. Donc, le chaudron de Gundestrup,celtique dans Les Gaulois (26), ne l’est plus.Hallstatt est une civilisation du premier âge du fer,point ! Plus question de ceux que d’ordinaire onappelle - et que Jean-Louis Brunaux appelait il y aencore quelques années - « princes celtes » (27). LaTène, les Oppida ne sont plus celtiques et coetera.Cela fait du vide ! Mais ce n’est pas suffisant :l’enjeu est de déréaliser les Celtes. Voici un florilègedes « Celtes mythiques » selon Brunaux, bienreprésentatif des qualités revendiquées par l’auteur: objectivité, esprit rationnel, sens critique, rigueurscientifique :

(NDA : celle qu’indiquait Poséidonios,repris par César, Strabon… ; cette division surlaquelle Brunaux se base depuis le début du livrepour limiter la Celtique à la Gaule celtique !)

(28)

(29)

Autrement dit, non seulement les Grecs et lesRomains, dès l’instant où ils commencent à lesmentionner, ne cessent de mythifier les Celtes,mais les Celtes eux-mêmes, en se présentant com-me Celtes (donc approximativement, d’aprèsl’auteur, comme « partenaires » ou « commer-çants ») s’inscrivent déjà dans le mythe. Là, on doitconvenir qu’on est loin de l’Histoire ! On est passédans le registre fantastique ; on pourrait, ensuivant la même trame, décliner toute une collec-tion : Les Thraces, Les Scythes avec le mêmesous-titre : Histoire d’un mythe. Mais Brunaux n’aen tête que les Celtes, ces

(31),qui résistent à toute forme de rationalisation parcequ’ils satisfont notre besoin

(32)

On dirait que ne pas reconnaître la suprématie de

la civilisation gréco-latine est un péché d’orgueil,capital : l’équivalent du Non serviam biblique !Brunaux a clairement un problème avec les Celtes,qu’il finit pas dévoiler au cours de la seconde moitiédu livre, mais cela fera l’objet, si vous le voulezbien, d’un autre article !

Dominique Goedert

Page 23: Menhir - Samain 2015

Page23

Bibliographie sélective de Jean-Louis Brunaux

Guerre et religion en Gaule : essai d’anthropologie celtique (thèse HDR).- Errance, 2004

Nos ancêtre les Celtes et les Gaulois in la Nouvelle Revue de l’Histoire NRH No 21. Nov/Dec 2005

Les Gaulois - Belles Lettres, 2005. Abrégé G en notes

Les Druides : des philosophes chez les barbares - Seuil, 2006.-Abrégé D en notes

Faut-il dire Celtes ou Gaulois ? in Dossier « Gaulois, qui étais tu ? Pour la science No 61 Oct/Déc 2008

Une spiritualité inverse de celle des Romains in Telerama HS Les Gaulois : une passion magique, Oct 2011

Les Celtes : histoire d’un mythe. Belin, 2014 . Abrégé C en notes

L’univers spirituel des Gaulois : art, religion et philosophie. Archéologie nouvelle, 2015

La Gaule : une redécouverte. Documentation photographique. Histoire, Mai-Juin 2015

Notes

: C p.326 ; :Christian Goudineau in l’Histoire : les Gaulois : des barbares très civilisés. Décembre 2003

; :JLB in NRH No21,2005 ; : Pour la Science No61,2008 ; :C p.18 On parle d’Histoire quand celle-cis’accompagne de témoignages écrits. La Protohistoire est la période qui sépare la Préhistoire de l’Antiquité, pourdes peuples qui ne s’expriment pas eux-mêmes par écrit (par ex. les Celtes) mais sont mentionnés dans les textesd’autres peuples (grecs et romains). ; : C p.131 ; :C p.123 ; :C p.29 ; C p.34:; :C p.117 ;

:C p.120 ; :C p.133 ; :C p.98 ; :C p.162 ; : G p.54 ; :C p.172 ; : C p.143 ; :C

p.116 ; :C p.143 ; :D p.199 ; : C p.122 ; : C p. 278 ; :C p.145 ; :D p.93 ; :

G p.205 et 207 ; :G p.205 ; : NRH op.cit. ; :C p.157 ; :C p. 283 ; :C p.11 ; :C p.

284 ; :C p.333

Page 24: Menhir - Samain 2015

Page24

Dartmooroù les choses ne sont pas toujours ce qu’elles semblent être

Un peu de geographie...

Un “ ”, soit une lande, est un espace naturel déboisé, généralement en relief, qui n’est pas, ou quin’est plus, utilisable pour la culture. Sur ce terrain pauvre, seuls poussent de la bruyère, divers graminées,voire des ajoncs. Souvent sur socle granitique (c’est le cas de Dartmoor), la mince couche de terre qui lerecouvre est acide, trop acide pour la majorité des espèces végétales. Ils sont forcément peu peuplés, maisdes animaux de ferme, notamment les moutons, ainsi que les célèbres petits Dartmoor poneys dans lecas qui nous intéresse, qui vivent toute la belle saison en liberté, savent se contenter de ce qu’ils y trouventà paître. La grande Bretagne compte un nombre certain de ces espaces, dont Exmoor et ceux du Yorkshire.

Situé dans le comté de Devon, au sud-ouest de l’Angleterre, Dartmoor tire sonnom de la rivière Dart et de ses tributairesle East Dart et le West Dart qui se confon-dent à Dartmeet, d’où la rivière poursuitson cours au sud-est, quittant le moor pourfinir par se jeter dans la Manche à Dart-mouth.

Grâce à l’influence maritime, le climat deDartmoor est modéré et le secteur copieu-sement arrosé (jusqu’à 2000 mm par an).Surtout en hauteur on trouve des tourbiè-res où domine la sphaigne. En effet, la pluviosité, en conjonction avec un socle peu ou pas drainant, fontque l’eau stagne et se recouvre de végétation tout en donnant l’illusion d’être de la terre ferme. Aussi ceszones possèdent-elles la triste réputation d’engloutir humains et bestiaux égarés sans laisser de trace.

Certains jours, plongé dans le brouillard, voire des nuages bas, si l’on regarde au sud, vers Plymouth,on aperçoit au loin la mer qui étincelle sous un soleil radieux (suivant le même perspectif, à conditiond’être doté d’une vue vraiment, vraiment exceptionnelle, on devinerait en face les granites roses àPerros-Guirec).

Page 25: Menhir - Samain 2015

Page25

Dartmoor recouvre une superficie de 954 km². Le “tor” de HighWillhays, dans le nord de la zone, cumule à une altitude à 621 m.Ces “tors”, ou pitons de granite gris qui par places affleurent dansle paysage, sont une des caractéristiques notables de ce lieu. Deloin, on croirait deviner les tours et les bastions de quelquechâteau fort en ruines.

Ces terres présentent d’emblée un aspect âpre et inhospitalier,extra-terrestre même. Pourtant, celui ou celle amené à les aborder

ne tardera pas à céder à l’enchantement qu’ils dégagent, commeà leurs mystères et leurs beautés cachés. En somme, une natureaffranchie des entraves que les hommes s’obstinent à lui impo-ser. Il en a été ainsi pour les auteurs britanniques du romantis-me au sens large, recouvrant globalement les dernières décenniesdu 18° et la moitié du 19° siècle, et où la nature retrouvait saplace légitime après le rigorisme logique et philosophique desLumières. La nature – son caractère insaisissable – fuyant àl’instant même où on croit la tenir, a su retrouver la place qui luirevenait de droit, hors des règles et de toute contrainte deshommes et de l’inflexibilité de leur logiques échafaudés à plaisir.Ceux-là y ont trouvé un cadre qui convenait aux trames romanti-ques qui naissaient de leur inspiration, comme l’auraient faitsans doute aussi un Châteaubriand, un Rousseau, ou bien autressi le sort les avait fait naître outre-manche.

Prenons en exemple A. Conan Doyle, qui n’a pas hésité à lechoisir comme cadre pour un de ses plus célèbres enquêtes deSherlock Holmes, le Chien des Baskervilles, un manoir devenude nos jours un hôtel de charme sous le nom de Prince Hall, etl’allée d’arbres pluri-centenaires qui y conduit.

Puis de la prehistoire...

D’après les constructions qui nous sont restées, nous savons que Dartmoor a été largement occupédepuis le Néolithique final et durant tout l’âge du bronze. Ce sont, en outre les très nombreuxmonuments mégalithiques parsemant le paysage qui nous instruisent, et d’autres structures plus modes-tes, mais non moins intéressantes, ainsi que le mobilier associé. Tout comme en Bretagne, et pour lamême raison, les ossements ne résistent que très peu de temps à l’acidité du milieu, ainsi que sur touteune grande partie de l’Angleterre (exception faite de quelques corps momifiés préservés dans destourbières).

À cette époque, cette lande a dû présenter une allure bien autre que celle qu’on lui connaît aujourd’hui.Des systèmes de découpage du terrain en champs ou propriétés, matérialise par des murets, ou “reaves”attestent d’une agriculture florissante capable de nourrir une population relativement importante. Leurhabitat subsiste encore sous forme de fondations circulaires de tailles variables allant d’environ 2 à 10m, devant correspondre à des habitats individuels à collectifs (voire des structures à vocation autre que lelogement).

Page 26: Menhir - Samain 2015

Page26

Une autre industrie qui est avérée dès cette période et qui s’est poursuivi jusqu’au 18° siècle estl’extraction de l’étain. Le minerai de ce métal essentiel, la cassitérite, est présent dans divers endroits,déposé dans des veines hydrothermales. Extrait d’abord en surface, il a par la suite été recherché enprofondeur. Matière rare et très prisée, c’était une composante clef pour la fabrication du bronze, basede la technologie de l’époque faite de cuivre additionné d’étain à titre de durcisseur.

On dénombre actuellement à Dartmoor nonmoins de 15 cercles de pierres mégalithiques, oucromlechs, dont la plupart furent répertoriés de-puis bien longtemps. Or, cette année a été décou-vert un nouveau, le Sittaford stone cercle, large de34 m. La vocation rituelle du site semble avéréegrâce notamment aux traces de feu sous les pier-res, actuellement renversées. En outre, une data-tion au carbone 14 a pu être effectuée, livrant unedate de 2000 av. J.-C.

Merrivale – une histoire de decouverte et d’amour

C’est une chose de prendre connaissance d’un lieu, de savoir de quoi il est fait, physiquement et historiquement... et c’est bien autre chose quand il prend place dans votre vie, dont il change imperceptiblement le cours, tissant une trame d’imbrications dont les prolongements se ramifiant dans l’espace et

dans le temps restent insaisissables. Et le lieu devient un fond de scène, sefaisant la plupart de temps discret, mais parfois s’imposant à votre cons-cience à l’improviste, un rappel à l’ordre peut-être. Ce qui ne fut qu’unsymbole inscrit sur une carte pour signaler un point d’intérêt, un but verslequel le voyage tend, s’installe en fin de compte durablement.

Le site préhistorique de Merrivale, sous l’égide du English Heritage,organisme public indépendant chargé de la gestion du patrimoine histori-que d’Angleterre, se déploie en flanc de colline au-dessus du village dumême nom le long de la route B3357 reliant Tavistock, au pied de la landeà l’ouest, à Dartmeet, non loin de la frontière est de Dartmoor. Lors denotre première visite en 1993 et ignorant toutde la région, seul le sigle de l’administration aattiré mon attention sur ce lieu, mais de toutefaçon nous comptions nous héberger dans lesenvirons.

Par curiosité, nous avons voulu voir de quoi il s’agissait, d’autant plus qu’onvoyait des gens en contrebas qui déambulaient. Jouxtant la route est un petitparking et, derrière, un petit enclos bien carré aux murs en pierre hauts d’unpetit mètre avec un accès encadré côté route et un autre juste en face. Riend’emblée n’indique la fonction de cette construction. En ressortant, on setrouve devant un ru qui descend tranquillement la côte vers le village au fondde la vallée qui a donné son nom au site – son eau limpide et peu profondecourant sur un lit de pierres multicolores. Une petite passerelle permet de le

Page 27: Menhir - Samain 2015

Page27

franchir à pieds secs, mais personnellement, à la belle saison, je préfère me déchausser et suivre son coursles pieds nus.

L’essentiel du site se déploie plus bas et intègre le ru dans son milieu. Les structures présentes sontvariées. Il y a, en premier lieu, deux doubles alignements de pierres de taille généralement inférieure à1 m orientés est-ouest. L’écartement au sein de chaque alignement est de d’ordre du mètre. Le premier,

celui du nord, est long de 182 m, et celui du sud, plus long(263 m), s’étend plus loin sur la lande. Une pierre de chantmarque la limite de ces deux structures. Posé à mi-cheminenviron sur cette deuxième allée se trouve un , soit unestructure de pierres en coffre susceptible d’accueillir un corps enchien de fusil et dont la dalle de couverture a disparu. Ils’entoure d’un tumulus peu élevé bordé de pierres, couchées àprésent.

Plus au sud, dans un deuxième dont la dalle massive futbrisée par un cultivateur, furent trouvés un grattoir en silex et plusieurs éclats de même matière, ainsiqu’une pierre à affûter (le métal). Cette association des technologies nous interpelle, passant allègrementde l’âge de pierre à celui des métaux... De cette structure part vers le sud et perpendiculaire aux doublesallées, une rangée unique de pierres sur quelque 40 m. Encore plus à l’ouest on trouve un petit cromlechfait de 11 pierres et présentant un diamètre de 18 m.

Non loin de celui-ci se dresse un menhir haut de 3,8 m – en guise de point final en somme, ou de pointsur le “i”.

Situées entre cette succession de monuments et la route, les fondationsd’un important ensemble de constructions, quoiqu’arasés, restent bienvisibles. Elles datent de l’Âge du Bronze et ont dû sans aucun doute abriterles bâtisseurs, comme les utilisateurs de ce complexe ambitieux, aidéssûrement par les populations des terres environnantes.

Quand j’ai découvert ce site pour la première fois, je n’étais pas encoredans le Druidisme, ignorant même qu’il aurait survécu jusqu’à l’époquemoderne. En revanche, l’archéologie et des trouvailles personnelles localesm’avaient lancée résolument dans la recherche d’une spiritualité correspon-dant à ceux qui avaient créé et utilisé les pièces devenues miennes à présent.Mon couteau en silex (néolithique), trouvé au hasard d’une promenadeau-dessus de mon village, a sonné comme un appel venu de loin, de très

Page 28: Menhir - Samain 2015

Page28

loin, un talisman en quelque sorte. Selon toute vraisemblance, la dernière main à l’avoir touché était lamain de celui – ou de celle – qui l’utilisait, qui le conservait précieusement sur soi, qui peut-être mêmel’avait fabriqué.

Longtemps, et allant jusqu’au temps récents, le cou-teau était effectivement un objet très personnel, sou-vent un outil un peu à tout faire (et je ne parle pas descouteaux suis ses), et dont on ne se séparait jamais.Avec cette lame tendrement serrée dans la paume dema main, à sentir sa sur face soyeuse, presque tiède,je me suis mise de plus en plus à songer à cettepersonne dont j’étais, à son insu, l’héritière. Sonrebord bien tranchant soigneusement retouché parpetits éclats vaut bien nos couteaux en inox pour sontranchant. Et j’ai eu l’impression d’être de plus enplus reliée à cet inconnu, redevable même ; je voulaisaller à sa rencontre, entendu sur le plan spirituel, mais comment faire ?

Je me suis recueillie sur le site où il avait été trouvé et y ai trouvé bien d’autres silex, ainsi que des tessonsde terre cuite de même époque. C’était l’approche osmose. J’ai aussi tenté de me renseigner sur ce qu’onpouvait deviner sur les pratiques religieuses de l’époque, soit l’approche recherche. Et j’ai surtout lancéun appel, en disant que je voulais comprendre et respecter, et me laisser guider dans la bonne direction.Rassurez-vous, je n’ai ni entendu des voix, ni reçu des visions. Par contre, j’ai commencé “par hasard” à“tomber” sur des éléments, sur des lectures, qui m’ont amenée à mon orientation actuelle.

Quel rapport, me direz-vous, tout ceci peut-il avoir avec le site de Merrivale (comme d’ailleurs ceuxd’Avebury, de l’Uffington Horse, et bien d’autres) ? Et je vous répondrai sans hésiter “énormément”.Durant les années qui ont suivi, ce lieu est devenu un point de mire. Sur les dix ans qui ont suivi, nousy sommes revenus trois fois (1995, 1999, et 2003) – en chair et en os. Je l’ai connu au printemps et enété : sous le soleil de juillet, des jours où les nuages, chassés par le vent, dessinaient sur la lande desombres fuyantes, noyé dans le brouillard épais où difficilement on retrouve son chemin, même sous desgiboulées d’un printemps tardant à s’installer et où le vent âpre vous glace le visage.

Mais par l’esprit, je ne saurais les compter. Entre temps, j’ai “plaqué” sur le lieu – sur l’image que j’enconserve – des pratiques et des parcours bien personnels. Entre temps aussi, j’ai découvert le Paganismemoderne, m’en suis nourrie, et finalement, en 1997, ai choisi de rejoindre l’OBOD (choix que je n’aijamais regretté, vous vous en doutez).

Combien de fois ai-je franchi le ru en trois pas bien mesurés, sentant sous mes pieds le bord nord, lefond de l’eau, et le bord sud, pratique classique pour passer d’un monde vers l’autre. J’ai poursuivi monchemin au sud en remontant sur la colline en face pour rejoindre une route en terre qui la contourne etcontinue sans doute à monter. Celle-ci existe réellement, mais je n’ai pas eu l’occasion de la poursuivreloin dans le monde physique. Mais, dans ma vision, elle mène en hauteur vers un lieu creusépartiellement dans la roche, lieu à la fois de soutien et de questionnement, un vestibule de tri et desparcours à accomplir au-delà, selon les cas.

J’ai été aussi me recroqueviller dans le à rechercher conseil et réconfort dans le ventre de la terre,doucement bercée, mais ceci j’ai pu le faire aussi dans le monde physique quand le site était désert.

Page 29: Menhir - Samain 2015

Page29

Enfin l’occasion m’a été donnée de me réunir avec mes ancêtres, rangés la nuit en cercle sur la landeautour d’un grand feu. Je sais que j’y suis conviée pour en être acceptée. Il y en a de toutes les sortes (cequi est bien normal, tellement nos origines remontent loin et largement ramifiées). Je reconnaisforcément des Druides à leur habit et des chamans, mais aussi des guerriers (et des guerrières) de touteépoque, des artisans de tous métiers : meuniers, tisserands, forgerons, fermiers, matelots, de belles damesdu Moyen Âge, une femme simple berçant son enfant au sein... Je rentre dans le cercle et j’embrassechacun à son tour, je touche ses vêtements et je le regarde dans les yeux. Tout ceci se passe en silence, àpart le crépitement du feu, mais ce silence est lourd de sens, et le message passe sans la langue que je necomprendrais pas de toute façon. J’entends parfois une parole, que je ne comprends pas évidemment,mais c’est probablement le nom de la personne. L’important c’est qu’à chaque fois je me sens accueillie,acceptée et soutenue. En bouclant mon cercle, j’arrive enfin auprès d’une femme brune, toute petite ethabillée de peausseries. Elle est assise et me fait signe de m’approcher. Je me mets par terre et pose matête dans son giron. Elle sent la mousse, humide et agréable. Elle se met à me parler tout doucement,mais plutôt que des vocables, ce sont les sons susurrés de la forêt : bruissements des arbres, pas dans lesfeuilles sèches, lourdes gouttes de pluie, troncs que le vent fait craquer, sifflement des oiseaux. Et, bercéeainsi, je finit par m’en dormir.

La part de illusion dans l’aspect de ce site est la suivante, comme j’ai pu l’apprendre des personneslocales. Le quadrilatère par ou on rentre, qu’on aurait pu supposer être les restes d’un fanum (si on avaitété en Gaule) et où viennent paître des moutons, n’était autre chose que l’école du village en activitéjusqu’à la guerre. Et quant au ru, son cours avait été aménagé pour amener de l’eau potable jusqu’auvillage à partir d’une source vers le sommet de la colline (je crois comprendre qu’elle passe sous la routepour suivre son chemin en descendant la lande. J’imagine qu’il a dû être délicatement dirigé pour passersans dégâts entre les deux allées de pierre. Et moi qui avais cru que c’était l’artère central de ce sited’exception, (mais à présent il l’est devenu.)

Grimspound – ou faut-il faire confiance un che-min ?

On accède au site en empruntant depuis Postbridge la route B3212 vers Moreton hampstead pendantprès de 6,5 km jusqu’au carrefour de Challacombe Cross, où on tourne à droite en direction deWidecombe In The Moor. Au bout de 1,7 km se trouve une petite aire de stationnement aménagé surla droite et qui dessert le site (sachant qu’on conduit à gauche !). Un chemin piéton (réputé très clair,mais pas tant que ça –voir plus loin) monte en direction de Grimspound, qu’on perçoit depuis la route.

Fouillée au 19° siècle avec les moyens et les techniques del’époque, cette installation daté d’environ 1300 av. J.-C., soit duBronze moyen, recouvre une superficie de quelque 1,6 hectares etse trouve à une altitude de quelque 450 m. Le site, qui tire sonnom de Grim vraisemblablement du dieux Anglo-Saxon de laguerre, est enclos d’un mur quasi circulaire dont la largeur d’origi-ne est estimée à près de 3 m fait de blocs de granite avec unremplissage central de gravats. Primitivement, ce mur était coupépar une entrée unique au sud-est pavée de pierre plates et compor-tant des restes de marches. À une époque récente, deux autresouvertures en position globalement est et ouest ont été aménagéespar les ouvriers des mines d’étain pour disposer d’un chemin direct.

Page 30: Menhir - Samain 2015

Page30

Dans l’enceinte on identifie actuellement 24 huttes, toutesde forme circulaire ; certaines pourraient être des recons-tructions ou comporter des modifications apportées par lesarchéologues fin 19° siècle. Elles sont regroupées majoritai-rement dans le sud et dans le centre de l’enclos. On saitque dans le nord, le terrain était plus humide. Il estpossible aussi que les parties qui semblent inoccupées aientpu contenir des structures en bois, ne laissant plus de trace.Il a pu y avoir aussi des espaces cultivées et des enclos àbestiaux.

Lors de la fouille, treize des structures ont révélé deséléments indiquant qu’elles avaient été habitées : on ytrouvait notamment une pierre de foyer et des fosses pourla cuisson des aliments, ainsi qu’une estrade surélevéeayant pu servir de support à une literie. Deux des huttesétaient munies d’une entrée en “L” avec des murs paravents(sage précaution). Une analyse des cendres a permisd’établir que les habitants utilisaient comme combustiblesdu frêne, du chêne, du saule et de la tourbe. Quant aux

structures plus frustes, sans équipement, on peut supposer qu’elles avaient vocation de lieux de stockage.On remarque au sud-ouest, adossés à l’enceinte, des ébauches de structures plus grandes dont on devinedifficilement la fonction.

Il est certain que de nouvelles fouilles tirant profit des technologies de pointe en la matière viendraientsans aucun doute lever sérieusement le voile sur cette occupation humaine. L’archéologie, hélas, toujoursen quête d’un financement !

Ce n’est qu’en 2003 que j’ai eu connaissance de l’existence de ce site. On se doutait, et l’avenir en aapporté la preuve, que nos séjours en Angleterre allaient s’espacer pour le moins. La suite nous a donnéraison. Pour des raisons variées. C’était l’époque de Beltaine et on était logés près de Two Bridges, pastrès loin de Merrivale. Le temps s’était sérieusement dégradé. Nous nous sommes réveillés sous lesgiboulées portées par un vent fort. À ne pas mettre le nez dehors. Et pourtant, il le fallait bien, et lerestant aussi. Après un court adieu à Merrivale, ou même avec des cirés (des vrais, des Barbours anciencru) c’était difficilement praticable, nous avons repris la route vers le nord-est, par Postbridge, suivantl’itinéraire décrite plus haut. Nous sommes passés à côté d’un petit cercle à l’orée d’un bois, dans lequelles directions étaient encore décorées par des bouquets de Beltaine.

Nous avons fini par atteindre l’aire de parking. De loin, le site était visible, étalé en contrebas entre lesTors de Hookney, à l’ouest, et de Hameldown à l’est. Même si les giboulées avaient fini par passer enpluie, c’était une pluie glaciale portée par un vent qui ne l’était pas moins. Mais j’étais bien décidée à nepas me laisser abattre et, bien emmitouflée, j’ai fini par emprunter, seule, le chemin désigné. Il semblaitaller tout droit dans le sens voulu. Au départ et pendant un certain temps, j’apercevais le site au loin,mais peu à peu des arbres ont fini par cacher la vue. J’ai continué donc, en grimpant, faisant confianceau chemin et ne voyant toujours rien pour m’orienter. J’étais un peu surprise de constater qu’il virait peuà peu à gauche (alors que j’aurais pensé qu’il aurait dû aller à droite), mais il était hors de question dedéclarer forfait. Cependant, étant arrivée bien haut à la fin, j’ai dû me rendre à l’évidence que cechemin-là n’était décidément pas le bon (le réalisme prenant le pas sur l’entêtement). Il ne me restait plusqu’à renoncer et reprendre la direction de la voiture. Dépitée, j’ai donc fait volteface et, quelques pas plus

Page 31: Menhir - Samain 2015

Page31

loin, ô merveille, voici que j’aperçois ma destination étalée en flanc de colline, l’autre colline, celle dedroite. Éclairée, de surcroît d’un timide rayon de soleil frayant son chemin non sans mal entre les nuages.Faisant fi, dès lors, des chemins, j’en choisis le mien toute seule, et tout droit, vers le but de mes efforts.Bientôt, me voilà entrée par le porte du sud-ouest (pas celle d’origine, mais cela je l’ignorais) etdéambulant parmi les pierres, entrant dans certaines huttes, pour ressortir finalement par la porte dunord-est et suivre l’extérieur de l’enceinte, passant devant la porte d’origine pour rejoindre un chemin,sûrement un vrai cette fois-ci, qui me remettrait sur la route, ce qui fut fait en peu de temps.

Je m’interroge encore sur la morale de cette histoire, si tant est qu’elle en a une. Visiblement, tous leschemins, comme chacun sait, ne mènent pas (ou du moins plus) à Rome, encore heureux. Et ce quisemble être la voie de la facilité ne l’est pas forcément. Essayons peut-être “Per aspera ad astra”, cela meparaît pas mal, car les vrais buts doivent être mérités. Ceci dit, il faut persister certes, mais il arrive bienun moment où un changement de stratégie s’impose. Cher lecteur, je vous en laisse juge.

EQuand je me suis mise à traduire le poème de Nuinn ci-après, il y a bien des années, avec d’autres de

ses œuvres réunis dans un recueil et dont certains son venus illustrer les gwersi de l’Ordre, j’ai faisd’emblée le rapport avec Dartmoor. Ce va et vient entre les pierres, les éléments, les animaux, les énergiesfauves, ici présentés en plein soleil, en plein été, puis, enfin, le cycle arthurien, ne laissait planer aucundoute quant au lieu concerné. Ceci dit, et en raison de son titre, il est venu à propos illustrer le livretOBOD sur Glastonbury, un des hauts lieux de l’Ordre, et son célèbre Tor.

Page 32: Menhir - Samain 2015

Page32

Tors

La terre se fait air et le rocher, soleilpeau de la terre fleurie mauve et jaunesommets et sentiers à lions que la verdure cerne :sculptures du vent au-dessus de la lande, et la lisière épaissed’arbres trapus avec les ruisseaux se faufilant.

Nos promontoires sont toujours des bêtes accroupiesprotégeant les seins charnus de terre exubérante :tigres féroces du nord, chats sauvages du ventou éléphants de la tempête aux jambes multiples,doux chevaux vigilants reniflant la bourrasque,hauteurs rocheuses esquissant des créatures

La terre se fait air, par le vent fouettée

Et les ponettes que le vent engrosse,mettent bas des poulains chevelus.Des éléphants veillent dans les buttes rocheuses,des chats sauvages y feulent.Le tigre du nord et le lion couchantsrestent pourtant aux aguets …

Ils guettent le renouveau du tempsle retour d’Arthur, la forcequi explose de sa cachette et flagellela peau des impies : attente de la Lumière souveraineque nul n’éclaire, que l’homme n’a pas façonnée.

La roche s’étire cherchant le feu du soleilrécurée par le vent sans finétanchée à la racine par l’eau.Mais vient l’éclairqui sillonne d’est en ouestqui frappe où il veut.En vérité a-t-il détruit :mais où il a frappé le Graal s’est fait.

Page 33: Menhir - Samain 2015

Page33

Collines

Les collines sont creuses°.C’est la chute des rois.Moi, je vis dans la tranquillité.

Les pièces de brocard sont exposéesEt l’on voit les corps s’entrechoquer.Même les chevaux ne comprennent pas.Mais, ce sont les batailles d’alliance.

Déjà, le jour s’allonge et les pierres grandissent.Près du village, il y a des cassures d’opale.Le forgeron termine son chef d’œuvre.Une sphère de magie naturelleQui permet de voir au loin.

Écoute le bruissement des aiglesQui filent dans les airs.Écoute mon animal.Entre dans le Bois sacré.

° Damh the Bard

Page 34: Menhir - Samain 2015

Page34

Jour de Pluie

Jour de pluie !Pour le barde diplomate,la chasse aux Trollsà commencé…

La douceur des âmes-mies,est son refuge dans la beautéamène des bois et du petit sentier,délicatement emprunté.

L’âme se régénère et se réanime,L’Ère de la Paix et de la Clémenceest ouverte et dédoublée,comme jamais !

Sous l’écorce de Yamaet le lierre de Yami,fleurissent des coeurs,qui vibrent tous en choeur !

Chasseur,met une fleur à ton fusil,et dépose au bout du tronçon,ta machine à taillader !

Si tu veux voir haut,inutile de couper la branche,sur laquelle tu désires t’asseoir,et étant si avide de paysage !

Certes, ton horizon en sera dégagé,mais tu demeureras sur une souche balafrée,pareil à un mort-vivant et indigne d’empathie,pour notre Mère la Terre, que tu soulèvesà tes pieds !

Je connais ta valeur,nul besoin d’être un Narcisse,pour le voiret le ça voir !

Dépose ici les armes de la prédation,nourris-toi seulement du merveilleux don,d’ouvrir ton coeur à tous les êtres animéset inanimés, hors de ton rêve d’avenir…

Tu verras alors la ‘Fleur de ton Âme’,s’offrir à l’épanouissement printanier,là même, sous les gros nuages grisonnants,d’un jour de pluie, versant ses eaux bénies !

P.L.M~Saorsa Aum ∞  Barde Kaerijin

Page 35: Menhir - Samain 2015

Page35

Memoire oubliee

J’ai vu le soleil rouge, irradiant le désert.Et le scarabée bleu priant le Dieu solaire.

J’ai vu les grandes plaines, de neige immaculée.Et le loup blanc, la nuit, à la lune invoquer.

J’ai vu la source claire, jaillir du fond des temps,Et le saumon doré remonter le courant.

J’ai vu la forêt sombre, et les épais taillisTressaillir à l’appel du bel oiseau de nuit.

J’ai vu les grottes sombres, aux entrailles de la Terre,Où l’homme des premiers temps, esquisse la Déesse Mère.

J’ai vu les pierres levées, les dolmens érigés,Les tombeaux oubliés, les temples dévastés.

La mémoire a gravé les stèles de mon cœur,Les souvenirs enfouis, les moments de bonheur

Et mes yeux ont gardé les paroles de mes sœursLes prières, les sourires, et leurs joies et leurs peurs.

Page 36: Menhir - Samain 2015

Page36

Les Trois Pierres du bon heurt

Trois galets blancs,Ronds comme un œuf,Lisses et doux comme le sein d'une jeune fille...Trois pierres roulées dans le lit du temps, dans la vague des siècles ;Trois galets poncés au polissoir de la pensée...

L'un pour naître ;L'autre pour vivreEt le troisième pour mourir en dignité...

Trois pierres noiresArrondies par la paume millénaire des nuits ;L'une pour mourir en paix,L'autre pour vivre «noblement»,L'autre pour renaître en conscience d'être...

Trois galets, trois pierres,D'obscurité et de lumière,Frappées les unes contre les autres,Alternativement,Afin que de leurs heurts naisse, dans le cœur,l'entendement...

Le Bon FrappeurFait sonner, en son rythme, le Chant

Qui pervibre en accord avec le tambour de l'Univers...

Chant pour le soleil et pour la lune...Chant pour le ciel et pour la terre...

Chant pour la vie éclose comme une fleur...

Pour chaque chant offert,Une étincelle jaillit qui donne flammes à la vie....

Page 37: Menhir - Samain 2015

Page37

La Mere de Terre

La femme était assise au dessus de la TerreQui venait de sortir de son sexe brûlant.

Elle était pourtant jeune et pâle et solitaireOn voyait ses cheveux qui flottaient dans le vent.

La tête vers le bas et le dos arrondi Ses mains par les côtés tenant la sphère en place

Dans la pénombre douce et calme de la nuitElles tournaient ainsi toutes deux dans l’espace.

Je les voyais passer, silencieuses, paisibles,Ne sachant pourtant pas quel serait l’avenirMais goûtant le présent, le visage impassible,

Et la douceur du temps qui, comme un long soupirLes laissait enlacées encore quelques temps

Et vivre pleinement cette complicitéQui ne peut exister qu’entre mère et enfant.

Et moi de repartir... et elles de passer...

Page 38: Menhir - Samain 2015

Page38

Le temps qu'il fait

Quel temps fait-il chez vous ?Êtes-vous dans le doux ?

Dans la pluie ? Dans le vent ?Dans le chaud des amants ?

Êtes-vous dans le Nord ?Racontez-moi encore

Car, ça fait si longtemps...Ce silence surprend...

Quel temps fait-il chez vous ?Êtes-vous dans le doux ?Un temps d'obscurité ?Ou un temps de clarté ?Est-ce un moment béni ?Ou un temps de soucis

Où tout tourne à l'envers ?Êtes-vous en hiver ?

Pourquoi avez-vous froid ?Le feu ne prend-il pas ?Êtes-vous en danger ?À combien de degrésDe chute du bonheurS'arrête votre coeur ?

Quel temps fait-il ici ? (coeur)Avez-vous des ennuis ?

Vous voilà donc blessé.Vos ailes sont cassées

La tempête a fait rage...Il n'y a plus de pages

Où coucher vos sanglotsVos larmes dans les flots

Se sont toutes noyéesVos chimères... broyées...

Je vois mieux d'un seul coupLe temps qu'il fait chez vous

Vous êtes dans le noir.

Page 39: Menhir - Samain 2015

Page39

Je sais qu'il se fait tardMais il est temps encore...

Parlez-moi de la Mort.Qu'avez-vous donc perdu ?

Déposez votre mueCette peau de tristesse.

Bien sûr que le temps presseSuspendons-le pourtant !

Arrêtons le cadranLe temps de cette offrande.Nous sommes une bande

À vous accompagner...À vous encourager...

Voilà... tout doux... c'est ça...Maintenant venez-là !

Vous respirez encore ?Concentrez-vous plus fort

Ça palpite et ça batVous n'entendez donc pas ?

Le sang est de retour !Il a fait le grand tour

C'est vrai que par momentsIl a pris tout son temps !

Dites-lui !Dites-lui votre peur,

Votre colère, vos pleursCriez votre folie

L'angoisse de vos nuitsQui n'étaient pourtant là

Que pour guider vos pas...

Vous voilà plus légerTout nu, tout chaviré...

J'aperçois une étoileDans vos yeux et le voile

Se lève doucement...Serait-ce le bon temps ?On dirait que la roueA emporté la boue

Qui collait vos chevilles...Petit feu de brindilles !

Page 40: Menhir - Samain 2015

Page40

Le Sud à vos semelles ?Il vous pousse des ailes ???

Racontez-moi encoreRedites-le plus fort !

Racontez-moi encoreRedites-le... Plus Fort !!!

Quel temps fait-il chez vous ?Fait-il enfin plus doux ?Avez-vous les bons vents

Et les rires flottants ?

Page 41: Menhir - Samain 2015

Page41

Ma BretagneDe par ma mère, je suis Breton et fier de mes origines.

Terre si belle, pauvre Bretagne, qu’avons-nous fait de toi, toi qui est si belle quand fleuritles hortensias.

Souillée de toutes parts et de tous temps, ta faune s’en est allée, les pleures de l'océan, jen’entends plus que ça. Bretagne, ô ma Bretagne, pardonne-moi.

De tous temps, en long, en large, j’ai parcouru ta contrée si belle, mais sans jamais y con-naître tous tes recoins cachés.

Souvent je suis parti, mais toujours je suis revenu.

Pourtant, un jour, je m’en irai.

Sur la barque de l’Ankou, j’embarquerai, et vers l’île d'Avalon je naviguerai.

Là-bas, je retrouverai les époques ancestrales et j’y rencontrerai les vrais hommes d’antan.

Je retrouverai le temps d’où je viens, ce temps qui n’est qu’imagination, illusion, le tempshors du temps.

Il est loisible de renaître jadis comme dans l’avenir. Ce qui est sûr, c’est que l’on garde salignée, qui est une longue chaîne refermée sur elle-même.

Là-bas auprès des Bardes, j’apprendrai les chansons, les poèmes, le chant de l’Awen,

Auprès des Vates, je connaîtrai le chant des arbres, le Hoyo, je vénérerai les divinités,

Enfin, auprès des Druides, je découvrirai toute cette belle philosophie de la Mère-Terre.

Dans les plaines d’Avallon, j’irai offrir aux Dieux et Déesses le gui et l'hydromel sacré etépier dans le vent les prophéties étranges des Trépassés.

Ma leçon alors bien apprise, vers les hommes je reviendrai, et je leur chanterai une chan-son nouvelle, celle de l’espérance qu’ils ont oubliée.

Pour tout l’or du monde je ne quitterai ma Bretagne, ma douce et tendre région, même simon cœur bien souvent demeure malheureux.

Ainsi, ma Bretagne nous rendrons à ta terre la plus grande de ses richesses : de nouvellesgénérations d’hommes et de femmes qui reprendront leur héritage.

Bretagne, ô ma Bretagne, qu’avons-nous fait de toi ? Ton cœur est plein de larmes.…..Pardonne-moi......

Page 42: Menhir - Samain 2015

Page42

Roue de l’annee

Page 43: Menhir - Samain 2015

Page43

Les aventures de la pie qui chante chez le Druides

Ce récit est né d’un RAZ LE BOL qui portera, jele souhaite, des fruits de fécondité et de vitalitéappropriés. “

Episode numéro 1 : (il y aura une série… quipourrait faire l'objet d'un feuilleton en BD parexemple, et j'en appelle à vous tous, qui avezmaintes aventures du même cru à raconter.)

Chers amis et Aspirants à un druidisme franco-phone ouvert, chaleureux, et constructif…

Dans ce texte je vais tenter de résumer moncheminement dans le druidisme francophone horsOBOD. Et d’user d’un maximum de tact, maisaussi… de discernement et, s’il est possible, àtravers mes larmes, d’un brin d'humour, cettemanifestation de “La Politesse du Désespoir”.

Ma première rencontre avec le druidisme fut grâceà la rencontre avec la Clairière d'Orléans de l’épo-que. (il y a bien longtemps). Je participai pour lapremière fois au rituel du Solstice d'été.

Ce fut suite à ce rituel, rondement mené, et trèssérieusement construit, que je m’inscrivis au cours(après une deuxième visite, à Glastonbury, celle là,lors de la rencontre OBOD du solstice d’Hiver) ouj’eus le plaisir de rencontrer des personnes degrande qualité morale et d'une immense érudition,doublée d’une non moins immense modestie….

Je participai ensuite à un camp d’été de l’OBODAngleterre, ou, inquiets au début, les membres dema famille m'accompagnèrent … (la secte ?) pourrepartir une semaine après avec des étoiles dans lesyeux et un espoir retrouvé envers le genre humain.

Je contactai alors divers druides sur le sol français,persuadée de ne rencontrer, comme au sein del’OBOD anglophone* que joie du partage, del’échange d’enseignements, de l’entraide, et de laloyauté… au service de la Nature et de la Vie.

Je participai donc, durant plus de deux ans et demi,aux travaux d’une clairière très éloignée de chez moi(il n’y avait en effet RIEN par chez nous) ce quinous contraignait à parcourir 700 km pour chaquerituel…

APRES AVOIR RITUALISE AVEC, TENU LAMAIN, PROMIS FIDELITE ET AMITIE, PAR-TAGE AGAPES, FRATERNELLES ET CHAN-SONS,

, je me fis jeter dehors au bout de deuxans et demi sous un prétexte fallacieux, basé sur defausses accusations, pour lesquelles, malgré toutmon désir de réconciliation, je me heurtai au murde l’incompréhension et de rejet…

Mes excuses les plus plates, pour une faute que jen'avais pas commise, n’y furent même pas reçues.Je téléphonai aux uns, puis aux autres, j’envoyai unpetit mot gentil demandant une réponse, rien n’yfit.

J’en conclus que la première personne qui avaitréagi, très violemment et très émotionnellement,avait réussi à entrainer les autres

et en faisant les pires suppositionssur mon attitude.

Je rencontrai BIEN PLUS TARD le druide respon-sable de cette clairière avec qui j’eus à co-animer un

Page 44: Menhir - Samain 2015

Page44

mariage druidique,...

Certes il m’avait pour m’as-surer de son amitié, mais monta-t-il au créneaupour défendre ses valeurs, nos valeurs, celles destriades bardiques, qui pourtant, sont très claires àce sujet ?

Seul les Dieux le savent.

Me remettant encore en question quelque peusuite à cet incident, je me dis que, sans doute, jen'avais pas été assez diplomate.Et décidai donc de faire amende honorable enenvoyant un aspirant en druidisme de la régionvoisine avide de connaissances traditionnelles, faireun tour dans ladite clairière, en lui disant bien: disleur bien que tu viens de ma part...

Bien sur, même dix ans après, pas la moindreréponse... mais restons calmes : peut-être n’avait-ilpas transmis l’information ? Je lâchai donc l’affaire,continuant mon chemin… Pour recevoir deux ansaprès, ses larmes et son désarroi téléphoniques, carlui aussi sur des prétextes fallacieux équivalents, setrouva vertement congédié...

ALORS donc voilà:, et n’avais point eu assez de discernement

pour me dire en moi-même : et bien, ils sontbornés, très bornés tout de même, et surtout, ils neveulent QUE RESTER ENTRE EUX, à la manièred’un club de pêche, mais ils ne le disent pas, donc,je ne leur enverrai plus personne !

Mais surtout, surtout, dans mon désir de bien

faire, j’avais bêtement contribué à la cruelle décep-tion d’un autre aspirant...

La prochaine fois, je préviendrai. Point de médisan-ce, mais de la prudence. Beaucoup de prudence.

Et l’étude de la psychologie de base mesemble nécessaire à quiconque veut progresser enspiritualité….

Attention : que ce soit en druidisme, en wicca, ouen chamanisme, on trouve de belles lumières, desêtres sincères et ancrés dans une pratique construc-tive, respectueuse, écologique, mais aussi… beau-coup d’ombre, et d’ombres vraiment noires…beaucoup d’avidité… “Il y a les mages noirs, lesmages blancs, et les faux mages blancs”. Il y aGandalf et des Radagast, et il y a des Saroumanes…

C’est d’ailleurs pour pallier à ces difficultés qu’exis-te le cours d’OVATE de l’OBOD.

Je ne suis qu'un être humain avec ses défauts sansnul doute, une trop grande sensibilité, recherchantune fraternité, une cohésion, une pratique du biencommun, de l'avancement de la guérison des êtreset de la biosphère toute entière.

MAIS

Page 45: Menhir - Samain 2015

Page45

N’est ce pas ce à quoi, quelque part, nous aspironstous ? Sans nous tirer les uns les autres dans lespattes ? Ou bien ai-je placé la barre trop haut ?

Il ne sera ici question, ni de médire, ni de calom-nier, ni de trahir quiconque : simplement de poserà travers des exemples concrets au cours desquelsnous éviterons de salir quiconque, en ne citantaucun nom, aucun lieu, mais en faisant simple-ment le récit de nos aventures, les bases d’unenseignement de Communication Non Violente leplus lumineux possible. Je lance la bouteille à lamer…

A vos plumes, amis de cœur, pour le bien de tousles êtres.

AWEN

Page 46: Menhir - Samain 2015

Page46

Silos a grains en Auvergne

Les archéologues ont mis au jour sur le plateau deCorent, un site qui accueillait toute une batterie desilos à grain, conçus par les Arvernes, entre 750 et450 avant notre ère ou entre 150 et 50 avant notreère, quand l’oppidum occupait 50 hectares et ac-cueillait plusieurs milliers d’habitants.

«

relate Matthieu Poux, profes-seur d’archéologie à l’université Lyon II

».

Jamais, il n’aurait pensé alors faire une telle décou-verte ! Le sol où se situait le lac cache en son seinles vestiges d’un nombre, jamais encore observédans le monde celte, de silos à grain.

«

»

« », s’enthousiasme l’archéo-

logue. Creusées dans un environnement presquetotalement imperméable à l’eau et à l’air, les fossesétaient remplies à ras bord de grains de blé oud’orge, puis hermétiquement obturées. Une foisque la légère fermentation de céréales avait consom-mé ce qu’il restait d’oxygène, la conservation étaitgarantie plusieurs mois, voire plusieurs années.Des restes de charbon sur les bords des silossemblent indiquer que ceux-ci ont été stérilisés aufeu trois ou quatre fois afin d’être réutilisés.

Ces fouilles livrent de surcroît des révélationsétonnantes sur la façon dont les Gaulois étaientcapables de maîtriser leur environnement naturel.Les chercheurs se demandent en effet si ces der-niers n’avaient pas asséché volontairement le lacpour en utiliser le fond argileux.

Savoir si les grains emmagasinés dans les siloscorrespondent aux restes de galettes trouvés dansles cuisines de la ville gauloise : voilà le genred’énigme que l’équipe pluridisciplinaire espèrebien résoudre.

Page 47: Menhir - Samain 2015

Page47

Ar rannou - La serie du Druide et de l’enfant

DSelon La Villemarqué, les « quatre pierres à aigui-ser » que le poète armoricain lui prête se réduisentà une seule dans les traditions galloises, qui lesmettent au nombre des treize talismans dont Mer-lin fit présent aux Bretons. « Cette pierre, disent-elles, vint en héritage à Tudno Tedgled, fils deJud-Hael, chef armoricain. Il suffisait d’y passerlégèrement les épées des braves pour qu’elles cou-passent même l’acier ; mais, loin d’aiguiser cellesdes lâches, elle les réduisait en poussière. De plus,quiconque était blessé par la lame qu’elle avaitaiguisée mourait subitement.

Selon notre étude, ce sont les 4 Éléments symboli-sés par 4 pierres, 4 point cardinaux, 4 saisons, 4fêtes solaires et lunaires. Le quatre est le carré, maisaussi la croix. Le destin.

Qui sont les braves ? Les initiés qui vont devoircombattre ? Qui sont les héros qui vont posséderles épées magiques ?

Aiguiser les épées des braves peut-être pris commeaiguiser un esprit tranchant. Les 4 pierres devien-draient alors les 4 verbes de l’initié. « Le Bateleurnous livre ainsi les maîtres mots de tout initié :vouloir, oser, savoir, se taire. Tous ces élémentssont disposés sur une table couleur chair (comme

la chair de l’homme), dont le quatrième pied estinvisible. Le Bateleur, le magicien, qui exécute sontour, domine les trois pieds de la table, les trois*règnes du monde visible (animal, végétal, miné-ral), comme il domine ses forces spirituelles.

Dans les traditions galloises, Merlin fit présentd’une pierre qui aiguisait les épées des braves enune seule passe et réduisait en poussière celle deslâches.

D

DSelon La Villemarqué, les cinq zones de la terreétaient connues des anciens bardes, comme lestrois parties du monde. Un poème attribué à Talié-sin, et qui présente plusieurs points d’analogie avecle chant armoricain, offre la preuve de ce fait « Laterre, dit-il, a cinq zones et se divise en trois parties: la première est l’Asie ; la seconde, l’Afrique ; latroisième, l’Europe.

Selon notre étude, le symbole du Cinq représenteles cinq doigts, les cinq sens, le cinq est le nombrede l’homme. Mais aussi quatre éléments plusl’éther, le relieur, la cinquième essence (Quintes-sence). C’est aussi le pentagramme, l'étoile à 5branches.

Page 48: Menhir - Samain 2015

Page48

Zones terrestres : 5 continents, selon un poème deTaliésin, « La Terre se divise en 5 zones et se diviseen 3 parties : la première est l’Asie ; la seconde,l’Afrique ; la troisième l’Europe. »

Cinq âges : or/argent/cuivre/bronze/fer selon les« » d’Hésiode.

L’âge d’or :Quand les hommes et les dieux furent nés ensem-ble, d’abord les célestes habitants de l’Olympecréèrent l’âge d'or pour les mortels doués de laparole. Sous le règne de Saturne qui commandaitdans le ciel, les mortels vivaient comme les dieux,ils étaient libres d’inquiétudes, de travaux et desouffrances ; la cruelle vieillesse ne les affligeaitpoint ; leurs pieds et leurs mains conservaient sanscesse la même vigueur, et loin de tous les maux, ilsse réjouissaient au milieu des festins, riches enfruits délicieux et chers aux bienheureux Immor-tels. Ils mouraient comme enchaînés par un douxsommeil. Tous les biens naissaient autour d’eux. Laterre fertile produisait d’elle-même d’abondantstrésors ; libres et paisibles, ils partageaient leursrichesses avec une foule de vertueux amis. Quandla terre eut renfermé dans son sein cette premièregénération, ces hommes, appelés les génies terres-tres, devinrent les protecteurs et les gardiens tutélai-res des mortels : ils observent leurs bonnes ou leursmauvaises actions, et, enveloppés d’un nuage, par-courent toute la terre en répandant la richesse : telleest la royale prérogative qu’ils ont obtenue.

L’âge d’argent :Ensuite les habitants de l’Olympe produisirent uneseconde race bien inférieure à la première, l’âged’argent, qui ne ressemblait à l’âge d'or ni pour laforce du corps ni pour l’intelligence. Nourri par lessoins de sa mère, l’enfant, toujours inepte, croissait,durant cent ans, dans la maison natale. Parvenu auterme de la puberté et de l’adolescence, il ne vivaitqu’un petit nombre d’années, accablé de ces dou-leurs, triste fruit de sa stupidité, car alors les hom-mes ne pouvaient s’abstenir de l’injustice ; ils nevoulaient pas adorer les dieux ni leur offrir dessacrifices sur leurs pieux autels, comme doivent lefaire les mortels divisés par tribus. Bientôt Jupiter,fils de Saturne, les anéantit, courroucé de ce qu’ilsrefusaient leurs hommages aux dieux habitants del’Olympe. Quand la terre eut dans son sein renfer-mé leurs dépouilles, on les nomma les mortels

bienheureux ; ces génies terrestres n’occupent quele second rang, mais le respect accompagne aussileur mémoire.

L’âge d’airain :Le père des dieux créa une troisième générationd’hommes doués de la parole, l’âge d'airain, qui neressemblait en rien à l’âge d’argent.Robustes comme le frêne, ces hommes, violents etterribles, ne se plaisaient qu’aux injures et auxsanglants travaux de Mars ; ils ne se nourrissaientpas des fruits de la terre, et leur cœur impitoyableavait la dureté de l’acier. Leur force était immense,indomptable, et des bras invincibles s’allongeaientde leurs épaules sur leurs membres nerveux. Ilsportaient des armes d’airain ; l’airain composaitleurs maisons ; ils ne travaillaient que l'airain, carle fer noir n’existait pas encore. Égorgés par leurspropres mains, ils descendirent dans la ténébreusedemeure du froid Pluton sans laisser un nom aprèseux. Malgré leur force redoutable, la sombre Mortles saisit et ils quittèrent la brillante lumière dusoleil.

L’âge des Héros :Quand la terre eut aussi renfermé leur dépouilledans son sein, Jupiter, fils de Saturne, créa sur cetteterre fertile une quatrième race plus juste et plusvertueuse, la céleste race de ces Héros, que l’âgeprécédent nomma les demi-dieux dans l’immenseunivers. La guerre fatale et les combats meurtriersles moissonnèrent tous, les uns lorsque, devantThèbes aux sept portes, sur la terre de Cadmus, ilsse disputèrent les troupeaux d’Oedipe ; les autreslorsque, franchissant sur leurs navires la vasteétendue de la mer, armés pour Hélène aux beauxcheveux, ils parvinrent jusqu'à Troie, où la mort lesenveloppa de ses ombres. Le puissant fils de Satur-ne, leur donnant une nourriture et une demeuredifférentes de celles des autres hommes, les plaçaaux confins de la terre. Ces Héros fortunés,exempts de toute inquiétude, habitent les îles desbienheureux par delà l’océan aux gouffres pro-fonds, et trois fois par an la terre féconde leurprodigue des fruits brillants et délicieux.

L’âge de fer :Plût aux dieux que je ne vécusse pas au milieu dela cinquième génération ! Que ne suis-je mort avant! Que ne puis-je naître après ! C’est l’âge de fer qui

Page 49: Menhir - Samain 2015

Page49

règne maintenant. Les hommes ne cesseront ni detravailler et de souffrir pendant le jour ni de secorrompre pendant la nuit ; les dieux leur enver-ront de terribles calamités. Toutefois quelquesbiens se mêleront à tant de maux. Jupiter détruiracelte race d’hommes doués de la parole lorsquepresque dès leur naissance leurs cheveux blanchi-ront. Le père ne sera plus uni à son fils, ni le fils àson père, ni l’hôte à son hôte, ni l’ami à son ami ;le frère, comme auparavant, ne sera plus chéri deson frère ; les enfants mépriseront la vieillesse deleurs parents. Les cruels ! Ils les accableront d’inju-rieux reproches sans redouter la vengeance divine.Dans leur coupable brutalité, ils ne rendront pas àleurs pères les soins que leur enfance aura reçus :l’un ravagera la cité de l’autre ; on ne respectera nila foi des serments, ni la justice, ni la vertu ; onhonorera de préférence l’homme vicieux et insolent; l’équité et la pudeur ne seront plus en usage ; leméchant outragera le mortel vertueux par des dis-cours pleins d’astuce auxquels il joindra le parjure.L’Envie au visage odieux, ce monstre qui répand lacalomnie et se réjouit du mal, poursuivra sansrelâche les hommes infortunés. Alors, promptes àfuir la terre immense pour l’Olympe, la Pudeur etNémésis, enveloppant leurs corps gracieux de leursrobes blanches, s’envoleront vers les célestes tribuset abandonneront les humains ; il ne restera plusaux mortels que les chagrins dévorants, et leursmaux seront irrémédiables.

Les 5 Rochers sur notre sœur, pourraient représen-ter les 5 royaumes de l’Irlande.

D

D

Selon La Villemarqué, les jouaientun grand rôle dans la sorcellerie du moyen âge.Quiconque voulait faire tomber son ennemi enlangueur fabriquait une petite figure de cette espèceet la donnait à une jeune fille, qui la portait em-maillotée durant neuf mois dans son giron ; lesneuf mois révolus, un mauvais prêtre baptisaitl’enfant, à la clarté de la lune, dans l’eau couranted’un moulin. On lui écrivait au front le nom de lapersonne qu’on voulait faire mourir, au dos le mot

, et le sortilège ne manquait jamais d’opérer.Il fut pratiqué par le comte d’Étampes, aidé d’unmoine noir, contre le comte de Charolais, en 1463,et fait le sujet de plusieurs anciennes ballades bre-tonnes.

Selon notre étude, le symbole du Six représentel’hexagramme, le Sceau de Salomon.

Les statuettes de cire : les dagydes font référence àla magie. Ils jouaient un grand rôle dans la sorcelle-rie du moyen âge. Quiconque voulait faire tomberson ennemi en langueur fabriquait une figurine decette espèce, le donnait à une jeune fille qui laportait emmaillotée pendant 9 mois dans son gi-ron. Puis, un mauvais prêtre baptisait l’enfant à laclarté de la lune dans l’eau courante d’un moulin.On lui écrivait sur le front le nom de la personneque l’on voulait faire mourir et au dos le mot Bélial,et le sortilège ne manquait jamais d’aboutir.

Les 6 plantes seraient le sélage, la jusquiame, lesamolus, la verveine, le gui. Mais dans les poèmesCambriens, on nomme aussi la primevère et letrèfle à l’exclusion du gui, qui servait à d’autresusages. Le reste de cette série du six fait sans nuldoute référence à Taliésin.

D

DianannA suivre …

Page 50: Menhir - Samain 2015

Page50

Les secrets du Monde Vegetal ...

En effet, malgré leur apparence inanimée, lesplantes bougent constamment, se tournent, seplient, frémissent. Sur un rythme différent dunôtre, elles ne sont que mouvements et réagissentau monde qui les entoure, qu’il soit matériel ouénergétique…

On sait aujourd’hui que les plantes réagissent à lamusique. On peut également constater que lors-qu’une plante grimpante a besoin d’un tuteur, ellese dirige vers celui qui est le plus proche. Si l’onenlève le tuteur pour le déplacer en dehors ducontact de la plante, elle en retrouve le chemin enmoins d’une heure. De même, si l’on met desobstacles entre eux, elle les contournera et rejoindrason objectif.

A partir de 1966, des études confirmèrent à ceuxqui l’avaient pressenti depuis longtemps que lesplantes sont douées d’une perception extra senso-rielle. Tout commença avec Cleve Backster, spécia-liste américain des détections de mensonges, quitravaillait en collaboration avec la police et ensei-gnait sa technique à des agents du monde entier. Ileût un jour l’idée de brancher une électrode dudétecteur sur une feuille d’une de ses plantes, unedracena.

Un détecteur de mensonges est un appareil conçupour répondre à toute image mentale ou émotionen la transcrivant par une oscillation sur un graphi-que. Chez un être humain, les oscillations les plusfranches sont obtenues quand l’individu se sentmenacé dans son bien-être. Cleve Backster décide

d’appliquer le même principe sur sa plante, voiciquelques exemples des réactions qu’il a pu observerce jour : * Il ébouillante une feuille : faible réaction de laplante sur le graphique. * Il pense simplement à brûler une feuille avecdes électrodes : à l’instant même de la pensée, uneréaction importante apparaît sur le tracé ! * Il va chercher les allumettes et observe à sonretour une nouvelle réaction sur le tracé... * Il brûle la feuille : faible réaction. * Il fait semblant de vouloir en brûler une autre: aucune réaction.

A la suite de ces découvertes étonnantes, il installeun véritable laboratoire et multiplie ses expériencessur d’autres variétés de plantes : toutes semblaientréagir de la même manière, comme si elles dispo-saient d’une perception extra sensorielle. De plus,des réactions identiques ont été observées en utili-sant une feuille ou un simple morceau de celle-ci,voire même une feuille déchiquetée.

D’autres réactions furent observées par la suite : * Quand un chien ou une personne hostile entredans la pièce, la plante réagit... * La plante reconnaît parmi d’autres une person-ne qui lui a fait du mal précédemment ! * Les plantes de Cleve Backster réagissent à sesintentions et à ses pensées, qu’il se trouve dans lamême pièce, dans une pièce voisine ou dans la rue ! * Alors qu’il est en conférence à l’extérieur, unede ses plantes restée à domicile réagit au momentprécis où il projette sa photo...

Et si les plantes étaient dotées de perceptions extra-sensorielles...

Page 51: Menhir - Samain 2015

Page51

* A distance et quand il se trouve au milieu demilliers d’autres personnes, les plantes dont ils’occupe régulièrement réagissent à toutes ses émo-tions, à la seconde près. * Isolées dans des cages de Faraday, elles mêmesenfermées dans du plomb, les plantes réagissentexactement de la même façon...

Au fil de ses expériences, il en conclut que nonseulement les plantes peuvent souffrir et éprouverdes émotions, mais sont dotées de mémoire et decapacités télépathiques. De là à imaginer qu’ellespourraient absorber une partie des émotions quinous encombrent….

Et si la plante était, elle aussi, la meilleure amie del’homme ?

Tarte aux legumes etl’ortie

Ingrédients- Pâte brisée- 2 carottes- 2 poireaux- 1 saladier de têtes d’orties- 1 œuf- 1 grand verre de lait- 1 cuillère de crème fraîche ou crème de soja- Sel, noix de muscade, poivre. Gruyère râpé

Préparation·- Faire cuire les poireaux, les mixer·- Râper les carottes crues·- Mélanger avec l’œuf battu, le lait, la crème etles épices·- Verser dans la pâte étalée dans un moule àtarte·- Saupoudrer de gruyère râpé

CuissonFaire cuire à feu moyen environ 30 minutes

Puree l’OrtieIngrédients pour 4 personnes·- 6 grosses pommes de terre·- 1 saladier d'orties·- 2 cuillères à soupe de crème fraîche ou de soja·- Lait tiède (lait végétal possible)

Préparation·- Faire cuire les pommes de terre à la vapeur·- Prendre les jeunes pousses d'orties·- Les faire cuire dans de l’eau salée pendant 1/2heure·- Écraser les pommes de terre, rajouter la crème·- Égoutter et mixer les orties avec un peu de laitet les ajouter aux pommes de terre.·- Ajouter du lait jusqu'à ce que la purée soit ho-mogène

Page 52: Menhir - Samain 2015

Page52

Les Dolmens de Change

Invitation à tous ceux qui affectionnent les “grandes pierres”, correspondant je pense à un bon pour-centage des Carnutes et autres sympathisants—

Le projet très ambitieux de valorisation de ce site mégalithique comportant quatre monuments identi-fiés datant du Néolithique moyen, le plus important de l’Eure-&-Loir, vient d’être mené à bien. Pen-dant le weekend du 19 et 20 septembre, correspondant à la journée du patrimoine (et à l’équinoxe),notre association, le Comité d’Étude, de Documentation et de Sauvegarde de la Nature (CEDSN quej’ai l’honneur de présider), qui a piloté le projet et à qui la garde du site a été confié, a organisé la céré-monie d’ouverture publique du tout nouveau musée. Désormais, la visite du site et du musée sera orga-nisée sur demande. Les intéressés peuvent me contacter sur [email protected].

Rendez-vous sur notre site web à http://www.megalithesdechange.fr/ pour de plus amples informa-tions et une visite virtuelle du site.

Page 53: Menhir - Samain 2015

Page53

Triades

Trois choses qu’on ne saurait opposer :

la nature,la nécessité,

et la décomposition.

Dicton breton

Quand l’eau dégoutte de la corne du boeuf,Il est temps de semer le froment.

Dicts du Druide Cadoc

Avant de parler, considère :

Premièrement ce que tu dis.

Secondement pourquoi tu le dis.

Troisièmement à qui tu le dis.

Quatrièmement de qui tu le dis.

Cinquièmement ce qui résultera de ce que tu dis

Sixièmement quel bien proviendra de ce que tudis.

Septièmement qui écoute ce que tu dis.

Mets tes paroles sur le bout de ton doigt avant deles dire, et tourne-les de ces sept manières avant deles exprimer, et alors aucun mal ne viendra jamaisde tes paroles.

Les mots

Les mots peuvent-ils avoir des ailes ?

Peuvent-ils scintiller dans l'air comme despapillons ?

Peuvent-ils nous emporter, captifs, dans un autremonde ?

Peuvent-ils ouvrir les ultimes chambres secrètes denos âmes ?

Page 54: Menhir - Samain 2015

Page54

Pendant le camp international de l'OBOD, en Allemagne en 2015, la proposition de faire un inventairedes sites celtiques les plus importants de l' Europe continentale a été faite, puisque les Celtes vivaient danstoute l'Europe et pas seulement sur les îles britanniques.Dans les vieux monuments et objets il pourrait y avoir encore beaucoup de connaissances cachées…

Même si nous ne comprenons pas tout ce qui est dans les monuments, ils pourraient être unemerveilleuse destination pour les vacances, et peut-être y rencontrerions nous des membres de l'OBODcontinental ?

Le premier objectif est de faire une liste la plus longue possible. Suivra ensuite une élection des sites lesplus intéressants, importants, beaux ....Ces sites seront décrits plus substantiellement et seront inclus dans les cours comme héritage de latradition celtique européenne.

Alors s'il vous plaît envoyez nous vos contributions concernant vos sites préférés.

Sites sacres

Ne pas oublier

Nous offrons aux membres de Obod (édition française) la possibilité de placer un lien pour leur siteWeb sur le site international (continental) de OBOD intitulé: www.druiden.infoIl est pour les membres seulement et gratuit, si il est sur leur site, ils font également mention du lien verswww.druiden.info.

Si vous ne souhaitez pas mentionner ce lien, alors le coût publicitaire sera de 30 euros / an.Si, en revanche vous souhaitez mettre ce lien en place, voici l'adresse :http://www.druiden.info/linksubscription.html

Liens avec les membres OBOD francophones

Page 55: Menhir - Samain 2015

Page55

La Clairiere desCarnutes

Calendrier des célébrations

Samain aux Prés de Garnes(78)

Alban Arthan

aux Prés deGarnes (78)

Les Etoiles d’ArtioCalendrier des célébrations en Alsace :SamoniosAlban Arthan

Bugale Lou

Calendrier des célébrations

Samain

Gi nivelzh le

Le Souffle de l’OurseCalendrier des célébrations en forêt deMormal (59)

Samain

Alban Arthan

Page 56: Menhir - Samain 2015

Page56

Les Etoiles d’Artio Clairiere des Carnutes

Le Souffle de l’ourse Bugale Lou

Carnutes - Breizh