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DOCUMENT DE TRAVAIL SUR LE GNIE RURAL ET ALIMENTAIRE

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Guide de formulation dune stratgie de mcanisation agricoleEtude de cas: stratgie nationale de la mcanisation agricole au Mali

DOCUMENT DE TRAVAIL SUR LE GNIE RURAL ET ALIMENTAIRE

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Guide de formulation dune stratgie de mcanisation agricoleEtude de cas: stratgie nationale de la mcanisation agricole au Mali

Elabor par Pr. Karim Houmy Consultant de la FAO

ORGANISATION DES NATIONS UNIES POUR LALIMENTATION ET LAGRICULTURE Rome, 2008

La srie de Documents de travail sur le gnie rural et alimentaire cherche diffuser les rsultats des travaux en cours pour encourager les changes dides et dexperiences lis au gnie rural et alimentaire au sein des systmes agro-alimentaires. La srie a pour objectif de rendre les rsultats publics aussi rapidement que possible mme si leur prsentation est plus simple. Les tudes portent les noms des auteurs et peuvent donc tre utilises et cites. Les rsultats, interprtations et conclusions sont sous la responsabilit des auteurs.

Les appellations employes dans ce produit dinformation et la prsentation des donnes qui y figurent nimpliquent de la part de lOrganisation des Nations Unies pour lalimentation et lagriculture aucune prise de position quant au statut juridique ou au stade de dveloppement des pays, territoires, villes ou zones ou de leurs autorits, ni quant au trac de leurs frontires ou limites. Tous droits rservs. Les informations contenues dans ce produit dinformation peuvent tre reproduites ou diffuses des fins ducatives et non commerciales sans autorisation pralable du dtenteur des droits dauteur condition que la source des informations soit clairement indique. Ces informations ne peuvent toutefois pas tre reproduites pour la revente ou dautres fins commerciales sans lautorisation crite du dtenteur des droits dauteur. Les demandes dautorisation devront tre adresses au Chef de la Sous-division des politiques et de lappui en matire de publications lectroniques, Division de la communication, FAO, Viale delle Terme di Caracalla, 00153 Rome, Italie ou, par courrier lectronique, [email protected] FAO 2008

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Table des matires

Remerciements Avant propos Abrviations Introduction 1. Stratgie de mcanisation agricole : concept et finalit1. Introduction 2. Dfinition de la mcanisation agricole2.1. La mcanisation manuelle 2.2. La mcanisation animale 2.3. La mcanisation motorise

vi vii viii ix 11 11 2 2

3. Dfinition de la stratgie de mcanisation agricole 4. Cadre de formulation dune stratgie de mcanisation agricole 5. Principes de base : Approches pluridisciplinaire et participative 6. Finalit dune stratgie de mcanisation agricole6.1. Un agriculteur suffisamment quip 6.2. Un secteur priv dynamique 6.3. Un Etat en mesure de crer un environnement institutionnel et conomique favorable au dveloppement de la mcanisation agricole

2 3 3 44 6

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2. Processus et outils de formulation dune stratgie de mcanisation agricole1. Introduction 2. Modalits organisationnelles2.1. 2.2. 2.3. 2.4. 2.5. Dsigner un coordinateur du projet Procder une analyse des concernes Crer un comit de pilotage Constituer lquipe du projet Dfinir les diffrentes phases dun projet de formulation de SMA

1111 1111 12 12 13 13

3. Collecte dinformations3.1. Revue documentaire 3.2. Sortie sur le terrain 3.3 Analyse des informations

1515 16 17

4. Organisation dateliers participatifs4.1. La visualisation 4.2. Le travail dquipe 4.3. Rle du Modrateur

1718 19 20

3. Analyse de la situation actuelle de la mcanisation agricole1. Introduction 2. Etude prliminaire

2121 21

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2.1. Donnes gnrales sur le pays 2.2. Systmes de production et mcanisation agricole : demande de mcanisation agricole 2.3. Offre de la mcanisation agricole : le secteur priv du machinisme agricole 2.4. Appui institutionnel : rle de lEtat

21 24 25 26

3. Diagnostic participatif : Analyse des problmes3.1. Principes gnraux 3.2. Comment procder une analyse des problmes ? 3.3. Etude de cas : Stratgie de mcanisation agricole au Mali

2727 28 28

4. Formulation de la stratgie de mcanisation agricole et mise en oeuvre1. Introduction 2. Elments danalyse de la stratgie2.2. Evolution de lconomie nationale 2.2. Evolution des systmes de production agricole 2.3. Choix et valuation des besoins en quipements agricoles

3131 3131 32 32

3. Atelier participatif : Analyse des objectifs3.1. Principes gnraux 3.2. Procdures 3.3. Etude de cas : Stratgie de mcanisation agricole au Mali

3535 35 36

4. Formulation de la stratgie : analyse des alternatives4.1. Principe 4.2. Etude de cas : Stratgie de mcanisation agricole au Mali

3636 37

5. Formulation de la stratgie : plan daction5.1. Comment laborer un plan daction ? 5.2. Etude de cas : Stratgie de mcanisation agricole au Mali

3838 39

6. Mise en uvre dune stratgie de mcanisation agricole : laboration dun plan dopration6.1. Quest-ce quun plan dopration? 6.2. Comment construire un plan dopration ? 6.3. Diffrentes tapes de la construction dun plan dopration

4041 41 42

7. Suivi et valuation

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Bibliographie Annexes

45 47

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Liste des tableaux1. Critres danalyse des concerns 2. Exemple de plan de travail dun projet de stratgie de mcanisation agricole 12 14

Annexes 1. Plan daction pour la mise en uvre de la stratgie de mcanisation agricole au Mali 2. Modle de plan doprations

50 50

Liste des figures1. 2. 3. 4. Droulement dun atelier participatif : visualisation Reprsentation schmatique de larbre des problmes Reprsentation schmatique de larbre des objectifs Cycle complet dune stratgie de mcanisation agricole 18 27 35 43

Annexes1. 2. 3. 4. 5. 6. Larbre Larbre Larbre Larbre Larbre Larbre des des des des des des problmes : demande de mcanisation agricole problmes : offre de mcanisation agricole problmes : appui institutionnel objectifs : demande de mcanisation agricole objectifs : offre de mcanisation agricole objectifs : appui institutionnel 47 47 48 48 49 49

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Remerciements

Le prsent guide a t ralis grce de multiples collaborations. Quil me soit ici permis de remercier : M. J. Ashburner, fonctionnaire principale du Gnie Rural, Bureau Rgional pour lAfrique de la FAO, Accra, Ghana pour lappui prcieux et les conseils quil a apports tout le long de ce travail. MM L. J. Clarke, J.Kienzle et T. Friedrich de AGST pour les informations fournies et particulirement les revus bibliographiques qui ont mises ma disposition. Mme L. DAquilio (AGST) pour son aide dans le travail de ldition lectronique du document. Toutes les personnes ayant contribues de loin ou de prt llaboration de ce guide et plus particulirement Aguinaldo Lisboa Ramos, Reprsentant de la FAO du Mali, et les cadres du Ministre de dveloppement rural et de lenvironnement malien.

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Avant proposLa mcanisation agricole a jou et continue jouer encore un rle prpondrant dans le dveloppement du secteur agricole. Cependant, particulirement dans les pays en voie de dveloppement, des contraintes ont beaucoup jou quant la conduite dune mcanisation agricole cohrente et accessible aux paysans, surtout les plus dmunis. Cette situation sexplique par plusieurs raisons parmi lesquelles il y a lieu de citer labsence dune vision au niveau national en matire de mcanisation agricole. Conscient de ce problme, la FAO, par lintermdiaire de lAGST, ne cesse, depuis une vingtaine dannes, dapporter son soutien aux pays demandeurs pour llaboration des stratgies nationales de mcanisation agricole. Ceci a permis de capitaliser une exprience notable en la matire et a donn naissance la publication dune srie douvrages et darticles. Actuellement, nous assistons de nouvelles exigences en matire du dveloppement rural o la dimension humaine constitue llment fondamental. Ceci se traduit par une relle implication de tous les acteurs concerns toutes les tapes des projets, de la formulation jusqu la mise en oeuvre et le suivi et lvaluation. Cest dans cet esprit que le prsent guide a t publi intgrant de nouveaux outils sinspirant en grande partie des mthodes dveloppes actuellement par certaines organisations de coopration internationale et bailleurs de fond. Ces outils offrent lavantage de dvelopper la communication entre les diffrents partenaires concerns et permettent galement de standardiser les approches adoptes dans les projets de dveloppement en milieu rural. Le prsent document constitue une rfrence trs apprciable et il est destin aux dcideurs, aux responsables et aux experts impliqus dans les projets de formulation de stratgie de mcanisation agricole.

Josef Kienzle Spcialiste du gnie agricole et des agro-industries Service des technologies dingnierie agricole et alimentaire Division des infrastructures rurales et des agro-industries

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AbrviationsBNDA CEDEAO FAO MARP MDRE ONG OP PIB PIPO PPO SMA SWOT Zopp Banque Nationale de Dveloppement Agricole (Mali) Communaut Douanire et Economique de lAfrique de lOuest Organisation des Nations unies pour lAgriculture et lAlimentation Mthodes actives de la recherche participative Ministre de dveloppement rural et de lenvironnement (Mali) Organisation non gouvernementale Organisations professionnelles Produit Intrieur Brut Planification des interventions par objectif Planification des projets par objectif Stratgie de mcanisation agricole Strengths, weaknesses, opportunities and threats (Forces, faiblesses, opportunits et menaces) Ziel orientirete project planing (planification du projet par objectif)

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IntroductionLune des proccupations majeures de la plupart des pays en voie de dveloppement actuellement, il y a lieu de citer les problmes auxquels est confronte la population rurale. En effet combattre la famine, le chmage, les maladies sont autant de dfis auxquels doivent faire face ses pays dans les annes venir. Ceci ne peut se faire que par un dveloppement harmonieux du milieu rural Ainsi le secteur agricole constitue un pilier fondamental du dveloppement rural. Il est reconnu que laugmentation de la production agricole est un prcurseur essentiel permettant le passage dune agriculture de subsistance celle commerciale, synonyme damlioration des revenus des agriculteurs et de leur niveau de vie. Par ailleurs, le dveloppement agricole est un secteur cl pour une entre russie de certains pays en voie de dveloppement dans la mondialisation. Cette nouvelle dimension nous oblige des engagements dterminants dans le domaine de la comptitivit et du dveloppement des marchs, tant externes quinternes. Lamlioration de la production agricole ne peut tre garantie que par ladoption des facteurs de production dont il faut citer la mcanisation. En effet il est trs difficile dimaginer actuellement un secteur agricole dvelopp sans quipements. Malgr que le rendement des cultures dpende de multiples facteurs, la mcanisation agricole constitue llment le plus important. Plusieurs tudes travers le monde ont dmontr le rle de la technologie sur le rendement des cultures. Par exemple lutilisation des charrues en acier pour les sols lourds a permis une nette amlioration des rendements des prairies aux Etats Unies dans les annes 1840 (Gifford, 1993). Dans la zone Office du Niger (Mali) le motoculteur a permis datteindre des objectifs de production de riz de 6 t/ha contre 3 4 t/ha sans motoculteur (Stratgie de Mcanisation agricole au Mali, 2002). La mcanisation agricole a permis galement lagriculteur dintervenir en temps opportun profitant des conditions favorables du dveloppement des cultures et par consquent une amlioration des rendements. Les quipements permettent galement une extension des superficies agricoles. Dans de nombreux pays o la terre ne fait pas dfaut, une mcanisation base uniquement sur lnergie humaine constitue un srieux handicape lextension des terres cultives. Sans apport extrieur dnergie en agriculture, une famille se limitant uniquement lemploi des outils main ne peut pas dpasser 2 ha /jour (Gifford, 1993). Ainsi le recours dautres types dnergies telles que la traction animale ou lnergie mcanique, quand cest possible, prsente le plus souvent lune des solutions envisages. Le rle de la mcanisation agricole ne se limite pas uniquement la production et la productivit agricole, mais il se trouve galement lier dautres secteurs importants. Dans plusieurs pays, la mcanisation agricole a t le prcurseur de dveloppement dautres secteurs et notamment celui de lindustrie. Ceci a cr un dynamisme au niveau de lemploi o une partie de la main duvre rural sest reconvertie dans dautres secteurs. Lorsquon parle de la mcanisation on pense aussi lenvironnement. Il est vrai que lemploi des quipements agricoles peut tre une cause de mauvaises gestions des ressources naturelles sils sont mal utiliss. Plusieurs exemples peuvent tre mentionns parmi lesquels on peut citer les problmes drosion, de fertilit du sol, de nivellement des sols dans les primtres irrigus, de compactage des sols Cependant, on sait maintenant que lon ne peut sattaquer aux problmes poss par

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la restauration des sols quen responsabilisant les usagers. Plusieurs solutions peuvent tre envisages et qui ont fait leur preuve dans des rgions africaines dont il y a lieu de citer principalement la fertilisation minrale, lintroduction des sols fourragres, les rotations culturales, la construction des tables pour la stabulation des animaux (fabrication du fumier)Ces solutions ncessitent un niveau dquipement lev et une matrise des techniques agricoles. Ainsi des outils de travail du sol adapts chaque type du sol, des charrettes pour le transport du fumier, des botteleuses des fourrages et des animaux puissants pour assurer des travaux des sols profonds sont des moyens indispensables pour une meilleure conservation du sol. La mcanisation agricole peut tre profitable tous les membres de la socit y compris les femmes et les enfants. Ces derniers jouent souvent un rle trs important dans les travaux agricoles. Dans certains pays, plus de 80% de la main duvre des travaux agricoles est issue des femmes. En Asie, par exemple, les programmes de mcanisation introduits comme partie intgrante des projets dirrigation ont provoqu des changements dans lorganisation du travail agricole, remplaant souvent la main doeuvre fminine par une main doeuvre masculine. Rien quau Bangladesh, les estimations montrent que la mcanisation a supprim entre 3,5 et 5 millions de journes de travail/an ralises par des femmes (FAO, 1994). La mcanisation des oprations post-culturales peut offrir des avantages certains, vitant, la femme surtout, des travaux lourds et dimportantes pertes de temps, qui pourraient tre consacres des travaux plus productifs. Dans les pays avancs, la mcanisation agricole a connu au fil du temps de grandes mutations technologiques et avait le grand mrite davoir un impact positif sur lconomie des pays. Malheureusement, dans les pays en voie de dveloppement, plusieurs problmes persistent encore et la mcanisation agricole na pas jou le rle qui lui est escompt. Plusieurs pays ont connu une vritable course la mcanisation de lagriculture, les investissements en matriels agricoles se chiffraient des normes budgets, les matriels venaient de tous les azimuts, tout est bon pourvu que les agriculteurs, les services publics et les socits dEtat squipent. Trs vite des stocks importants de matriels agricoles inadapts se sont constitus, la plupart des temps ltat neuf, mais inutilisables ou anormalement uss. Ces expriences ont montr que la vision ainsi que les connaissances en matire de mcanisation agricole sont limites. Actuellement, ces pays connaissent des mutations profondes aussi bien politiques quconomiques. Mais quels choix doivent-ils faire et quels instruments et moyens doivent-ils mettre en uvre pour une meilleure valorisation des acquis de la mcanisation agricole ? Les rponses ces questions ne peuvent avoir lieu que dans le cadre dune vision globale travers une stratgie nationale de la mcanisation agricole. La FAO, depuis une vingtaine dannes, a men de nombreux projets en Afrique, en Asie et en Amrique latine permettant dappuyer les pays demandeurs laborer leur propre stratgie de mcanisation agricole. Lapproche a volu sous linfluence des changements oprs dans les philosophies de dveloppement des pays membres et des bailleurs de fonds. Ainsi si au dpart les tudes se basaient sur les mthodes des conomies planifies, la fin des annes 80 les approches sont devenues plus souples. Par ailleurs on sest rendu compte galement quun projet de stratgie de mcanisation agricole est laffaire de tout le monde et par consquent une approche participative et pluridisciplinaire savre ncessaire. Ceci a amen les experts en stratgie de mcanisation agricole adopter des outils de communication volus et des mcanismes de coordination et de concertation se traduisant par une mobilisation massive de tous les acteurs concerns.

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A partir de ces considrations, il a t jug ncessaire de capitaliser toutes les expriences passes dans un but dlaborer un guide pratique sur llaboration des stratgies de mcanisation agricole. Ce guide prsente une approche simple et souple afin dorienter les responsables et les experts oprant dans ce domaine. Il est constitu de quatre chapitres : Le premier chapitre est consacr aux dfinitions et aux concepts. Il a pour objectif de standardiser la terminologue couramment employ en mcanisation agricole et de dfinir la philosophie derrire llaboration dune stratgie de mcanisation agricole. Le deuxime chapitre est consacr aux modalits pratiques pour mener un projet de stratgie de mcanisation agricole. Il sagit dune prsentation des dispositions et des mcanismes qui doivent tre dvelopps dans ce type de projet. Il traite les outils mthodologiques permettant de respecter aussi bien la pluridisciplinarit que lapproche participative. Le troisime chapitre est consacr la phase danalyse de la situation actuelle de la mcanisation agricole. Ainsi partir des outils dvelopps dans le deuxime chapitre, il met laccent sur lessentiel des informations collecter et gnrer. Il prsente la manire de mener un diagnostic participatif. Enfin le quatrime chapitre a pour objectif de prsenter la manire de mener une phase de formulation de la stratgie. Egalement partir des outils dvelopps dans le deuxime chapitre, il prsente les lments essentiels dvelopper et prsente les techniques de mise en oeuvre.

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Chapitre 1

Stratgie de mcanisation agricole : concept et finalit

1. INTRODUCTION Depuis une vingtaine dannes, la FAO par lintermdiaire de son service AGST a acquis une exprience trs apprciable en matire dlaboration des stratgies de mcanisation agricole. Ainsi les mthodes de travail ont pu tre adaptes en fonction des mutations quont connues les pays en voie de dveloppement. Au dpart les stratgies taient formules dans des cadres politiques prdtermins bass sur des mthodes des conomies planifies. Lapproche tait du haut vers le bas : le gouvernement dfinissait les politiques dans lesquelles les acteurs des stratgies devaient tre uniquement des excutants. La mthode de travail se basait uniquement sur la collecte dinformations relatives au secteur. A la fin des annes 1980, les changements politiques survenus ont permis de revoir les approches dans un cadre plus concert o les acteurs des stratgies sont devenus des vrais partenaires. Ainsi ces acteurs se sont intresss au contexte des politiques de dveloppement en veillant ce que la mcanisation agricole soit bien intgr au processus dun dveloppement intgr et durable. Ces changements ont permis le dveloppement de nouveaux concepts assez pertinents permettant aux responsables et aux experts dunifier leur vision en matire de formulation de stratgie de mcanisation agricole. Ainsi, travers le prsent chapitre, nous nous proposons de clarifier les concepts dvelopps au cours de ces dernires annes en se basant sur la littrature disponible et sur des expriences menes par la FAO travers le monde. 2. DFINITION DE LA MCANISATION AGRICOLE La signification de la mcanisation agricole a souvent constitu un point de confusion. En effet, mcaniser cest gnralement synonyme de modernisme et de machines sophistiques : tracteurs, moissonneuse -batteuse Alors quon ralit la mcanisation agricole est un terme plus large et englobe tout le matriel agricole utilisant les diffrentes formes dnergie humaine, animale et motorise. Lessentiel dans la mcanisation est ce que la technologie employe soit adapte aux utilisateurs. La mcanisation agricole au sens large, peut tre dfinie comme tout le matriel agricole employ des fins agricoles : Que ce soit lextrieur de la ferme et dans ce cas elle comprend tous les travaux damnagement et de production partir des travaux du sol jusqu la rcolte. Que ce soit lintrieur de la ferme et concerne toute la technologie pour la production animale et les oprations de transformation primaire des produits agricoles.

La mcanisation agricole comprend la fabrication, la distribution et les rparations des machines agricoles. Selon les sources dnergie on peut distinguer trois formes de mcanisation :2.1. La mcanisation manuelle Elle correspond lutilisation de la force musculaire de lhomme moyennant des outils trs simples. Actuellement elle constitue le niveau de mcanisation le plus rpandu dans les petites exploitations des pays en voie de dveloppement. Lnergie et les outils disponibles limitent souvent lutilisateur lagriculture de subsistance. Elle comprend toute une panoplie doutils tels que les machettes et des houes conues de manire simple et fabriques localement. Ces outils sont faciles rparer, entretenir, fabriquer et utiliser.

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Guide de formulation dune stratgie de mcanisation agricole

Ils offrent galement lavantage quils soient accepts socialement et restent trs bons marchs. Cependant ils ncessitent une utilisation excessive de la main duvre, ils posent un problme de pnibilit et enfin ils ne permettent demblaver des grandes superficies. Concernant limportance des outils manuels dans les pays en voie de dveloppement, malheureusement il nexiste pas de chiffres assez rcents, cependant on estime que cette forme de mcanisation se dveloppe de plus en plus en Afrique alors quelle diminue en Asie.2.2. La mcanisation animale Elle correspond lemploi de lnergie animale dans les travaux agricoles la place de la force humaine. Le type et la race danimaux de trait, pouvant tre utiliss, dpendent des conditions propres la rgion. Ils peuvent tre des bufs, des buffles, des chevaux, des nes des mulets et des chameaux. Ainsi lemploi danimaux localement adapts est fortement conseill compte tenu de leur capacit de shabituer au climat et de leur rsistance, dans certaines mesures, aux maladies et parasites locaux. Cette forme de mcanisation a connu une volution non ngligeable au cours du temps. Ainsi si les premiers outils taient plus destins aux travaux du sol, lvolution technologique a permis de concevoir dautres matriels tels que les semoirs traction animale, les faucheusesCeci a permis par rapport la mcanisation manuelle de gagner au niveau des temps de travaux et du confort, demployer moins de main duvre et davoir la possibilit de cultiver des superficies plus grandes. Le taux de travail effectu par la traction animale varie beaucoup et peut tre de 5 20 fois plus lev que loutillage manuel, en particulier pour les labours. Lutilisation des animaux de trait procure des gains conomiques bien au-del de lexploitation. La traction animale demande peu ou pas de devises, largent investi dans la traction animale circule lintrieur des zones rurales, contribuant ainsi revitaliser les conomies locales. Les btes de charge et les charrettes facilitent la commercialisation des produits, stimulent le commerce local. Les animaux peuvent galement constituer un moyen de transport local important entre les exploitations et les routes, compltant ainsi les systmes de transport motoriss par la route. 2.3. La mcanisation motorise Elle reprsente le niveau de mcanisation le plus leve et plus forte intensit du capital et implique de fortes dpenses aussi bien au niveau de lacquisition quau niveau du fonctionnement. Il sagit de machines dont les principales sources dnergie sont des moteurs combustion thermique, lectrique et parfois dautres sources dnergie telles que les nergies renouvelables. Que ce soit avec des moteurs stationnaires ou des moteurs mouvants cette tape a connu le dveloppement dun matriel assez sophistiqu permettant lagriculteur de cultiver plus de superficies, demployer moins de main duvre et de travailler dans des conditions trs confortables. Ces dernires annes, avec le dveloppement technologique quont connu les autres secteurs, la mcanisation a pris de nouvelles formes encore plus sophistiques telles que la robotisation, lagriculture de prcision. 3. DFINITION DE LA STRATGIE DE MCANISATION AGRICOLE Jusqu prsent plusieurs auteurs se sont intresss aux concepts et aux principes de base pour la dfinition de la stratgie de mcanisation agricole (Clarke, 1997; C. Bishop, 1997; Rijk, 1998). Dune manire gnrale on peut considrer que le terme stratgie est dfini comme un processus pour passer dune situation donne ressentie comme insatisfaisante une situation future considre comme une amlioration. Elle a pour finalit de crer un environnement adquat dans lequel les agriculteurs et les utilisateurs finaux pourront choisir les quipements rpondant leurs besoins dans des filires durables dapprovisionnement et dappui (C. Bishop, 1997). Une stratgie de mcanisation agricole signifie galement la manire dont les politiques sont ralises, elle doit assoire un calendrier de raliser une politique ou un niveau dactivits ncessaires. Elle doit crer un environnement institutionnel et de march dans lequel un niveau appropri de mcanisation agricole durable peut tre atteint dans le secteur agricole. Elle se propose dassocier autour dun projet commun lensemble des acteurs intervenant dans la mcanisation agricole, quil sagisse de ceux qui reprsentent des corps lus de la nation ou bien qui manent des syndicats, instances et partis politiques, de ceux du secteur public et de celui du priv,

Chapitre 1 - Stratgie de mcanisation agricole: concept et finalit

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de ceux qui oprent dans le domaine financier, professionnel ou le domaine associatif. Ce projet commun serait celui dune stratgie qui exprimerait les finalits et les objectifs de la mcanisation. Une SMA ncessite tout dabord la connaissance de la situation actuelle, la dfinition des objectifs atteindre en fixant une situation future et enfin elle a pour rsultats finaux la proposition dun plan daction. Elle est traduite sur le terrain grce des programmes et de projets. Ces derniers peuvent dboucher sur les activits concertes comprenant des moyens aussi bien humaine que financier. Les programmes sont des descriptions trs larges des actions mener et des objectifs atteindre alors que les projets sont des descriptions dtailles des actions spcifiques conduire.4. CADRE DE FORMULATION DUNE STRATGIE DE MCANISATION AGRICOLE La russite dune stratgie de mcanisation agricole est lie plusieurs facteurs dont il y a lieu de citer le contexte global ainsi que les orientations politiques du pays; elle exige galement quun certain nombre de conditions pralables soient runies. Tout dabord une stratgie de mcanisation agricole doit maner dun besoin rel exprim par une volont politique. Ainsi un consensus sur un projet de stratgie de mcanisation agricole est un imprative pour garantir ladhsion de tous les partenaires sa mise en uvre. Une SMA doit tre prpare selon les objectifs nationaux de dveloppement court, moyen et long terme et doit sinscrire dans le cadre des grandes orientations politiques du pays. Elle ne constitue quune parmi dautres stratgies dveloppes visant atteindre les objectifs de la politique des gouvernements. La problmatique de la mcanisation agricole est lie aux problmes du monde rural qui constituent actuellement lune des proccupations majeures des diffrents hommes politiques, dcideurs et responsables des pays en voie de dveloppement. En effet, ses pays se trouvent confronter plusieurs dfis court et moyen terme et qui peuvent tre rsums comme suit :

la pauvret ; la fragilit de la scurit alimentaire, fortement lie aux alas climatiques et la forte croissance dmographique et un niveau lev de la malnutrition; laccs insuffisant des populations aux services sociaux de base (sant, eau potable, ducation); le faible taux dalphabtisation des adultes; laggravation du sous-emploi/chmage et lexode rural; lenclavement des zones de production et de manque dinfrastructure et dquipement collectif. Face ces problmes, un dveloppement harmonieux du monde rural des pays en voie de dveloppement savre indispensable, Ainsi la mcanisation agricole constitue lun des outils mieux valoriser compte tenu de son impact sur la production agricole, lamlioration des revenus, la rsorption du chmage. Llaboration dune stratgie de mcanisation agricole devra tenir compte galement du niveau davancement des autres secteurs. Bien que certains arguments plaident pour commencer par la stratgie de mcanisation agricole ; celle-ci peut tre srieusement handicape par les faiblesses des autres secteurs de lconomie. Par exemple les stratgies de dveloppement de linfrastructure de base constituent un lment crucial pour dveloppement de la mcanisation agricole. Egalement des reformes entreprises ces dernires annes par certains pays telles que le dsengagement de ltat, la dcentralisation permettent galement de favoriser le dveloppement de la mcanisation agricole. Ceci nous amne penser quune stratgie de mcanisation ne peut pas tre dissocie des autres secteurs du dveloppement dun pays, Il est certes li au dveloppement du secteur rural mais la mcanisation se trouve galement inhrent aux autres secteurs tels que lindustrie, les finances ...5. PRINCIPES DE BASE : APPROCHES PLURIDISCIPLINAIRE ET PARTICIPATIVE Au cours de llaboration dune stratgie de mcanisation agricole il y a lieu de prendre en considration deux principes essentiels. Le premier principe est la pluridisciplinarit. En effet lagriculture dune manire gnrale et la mcanisation en particulier restent des secteurs assez complexes et ce par limbrication de plusieurs domaines qui sont trs htrognes. Par ailleurs, la mcanisation agricole traite des aspects lis un milieu difficile contrler (sol, cultures, homme).

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Guide de formulation dune stratgie de mcanisation agricole

Lexprience a montr que la mcanisation ne peut pas tre cerne dune manire cloisonne sans se proccuper des autres secteurs. Llaboration et la mise en uvre dune stratgie de mcanisation agricole nincombent pas uniquement aux seuls aspects techniques, mais la participation des agronomes, des conomistes et des sociologues est aussi importante Le deuxime principe est lapproche participative. Prise au sens large, la notion dapproche participative dsigne une mthode de dveloppement permettant tous les acteurs concerns de jouer un rle dterminant dans le processus de conception, de mise en uvre des actions de dveloppement et dans les activits de suivi et dvaluation. . La formulation de la stratgie de mcanisation agricole ncessite la coopration de plusieurs catgories dacteurs. Ainsi suite au constat dchecs des stratgies menes par le pass, o lapproche tait plus descendante, actuellement, il est reconnu que lintgration de la dimension humaine est considre comme primordiale. Elle vient en appui aux nouvelles orientations politiques en faveur du dsengagement de lEtat et de la privatisation. Ainsi la participation de tous les acteurs toutes les phases de cette stratgie doit dboucher sur des rsultats plus concrets et constitue une garantie apprciable la russite et la durabilit des projets identifis. Ainsi la dfinition et la caractrisation de ces acteurs savrent ncessaires. Au cours du processus dlaboration dune stratgie de mcanisation agricole, plusieurs mcanismes et outils doivent entrepris pour limplication de tous les acteurs concerns. Premirement par un organe appel le comit de pilotage (voir chapitre 2) qui aura la tche de suivre le projet tout le long de ses phases. En deuxime lieu, lorganisation dateliers participatifs o lensemble des acteurs concerns se met autour dune mme table pour llaboration de la stratgie de mcanisation agricole. Cette manire de faire nous impose dadopter des techniques de communication plus adaptes.6. FINALIT DUNE STRATGIE DE MCANISATION AGRICOLE Dans tout processus de formulation de la stratgie, il convient de tenir compte du rle que doivent jouer tous les acteurs concerns. Ces acteurs, peuvent tre runis en trois grands groupes :

Les utilisateurs finaux des quipements agricoles reprsents essentiellement par les agriculteurs. Ils reprsentent la demande de mcanisation agricole. Le secteur priv de la filire machinisme agricole reprsent par les fabricants, les importateurs, les fournisseurs et les rparateurs. Ils reprsentent loffre de mcanisation agricole. LEtat reprsent par les dpartements ministriels, les partenaires au dveloppement, les ONG, Ils reprsentent lappui institutionnel Les besoins fondamentaux pour le dveloppement durable du secteur de machinisme agricole sont la prsence dune liaison trs forte entre ces diffrents acteurs. Chaque groupe reprsente certaines spcificits marques par un rle et par des intrts diffrents. Dans le cas o un de ces acteurs narriverait pas rentabiliser ses actions, tout le secteur sera ngativement affect. Une situation idale suppose tout dabord que lagriculteur est suffisamment quip en matriel agricole adapt son exploitation. Cependant il ne faut perdre de vu que cet agriculteur ne va pas investir dans les quipements sans perspective daugmentation de revenu. Il doit tre en mesure de valoriser les acquis de la mcanisation agricole. Une situation idale suppose galement que le secteur priv du machinisme agricole est trs dynamique et arrive rpondre aux besoins des utilisateurs. Aussi ce secteur priv ne sera viable que si ses activits sont rentables. A partir de ces lments, on dduit le rle que doit jouer lEtat. Ce dernier, avec un minimum dintervention, doit tre en mesure de crer un environnement institutionnel et conomique favorable au dveloppement de la mcanisation agricole. Ainsi afin de bien saisir ce systme, nous nous proposons dapprofondir davantage lanalyse en prcisant quelles sont les exigences pour chaque catgorie dacteur.6.1. Un agriculteur suffisamment quip Lagriculteur, llment principal, constitue la premire cible prendre en considration dans une SMA. Il dispose galement dune stratgie individuelle lui permettant de choisir et de dcider les options de production mener. Cette stratgie prend en considration tous les lments de base tels que ses

Chapitre 1 - Stratgie de mcanisation agricole: concept et finalit

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capacits financires, sa trsorerie, les cots et les prix de production, le risque dintervention compte tenu des incertitudes ainsi que dautres lments qui sont souvent trs difficiles apprhender. Par consquent une stratgie ne peut tre judicieuse que si lagriculteur est en mesure de gnrer, dune manire durable, un revenu lui permettant dinvestir dans divers domaines dont on cite les facteurs de productions et plus particulirement les quipements agricoles. Pour cela cet acteur doit disposer du savoir-faire ncessaire, davoir les quipements requis et de qualit et doprer dans des conditions physiques, climatiques et de march favorables.Un paysan disposant dun savoir faire adquat Malgr que le paysan des pays en voie de dveloppement dispose dun savoir faire traditionnel qui est accumul avec le temps, son accs aux nouvelles connaissances techniques de production reste limit. Dautant plus que son niveau dinstruction reste relativement faible et une grande partie de la population rurale est analphabte. Il est reconnu que le faible niveau de matrise des paquets techniques est lune des causes principales de la mauvaise qualit des travaux agricoles et du non-respect de certaines normes techniques, qui peuvent garantir des rendements agricoles trs importants. Concernant les quipements agricoles, leur rentabilit peut tre remise en cause sils ne sont pas bien utiliss ; au contraire, parfois des effets ngatifs sur lenvironnement et particulirement sur le sol peuvent tre engendrs. Diverses enqutes menes ont montr que la faible matrise et la mconnaissance de la mcanisation agricole constituent une entrave lamlioration de la productivit des systmes de production agricole. Le paysan doit donc tre dot du faire savoir ncessaire en tenant compte de ses capacits dassimilation. Ce faire savoir doit tre adapt en fonction de lvolution technologique du secteur agricole. Il doit concerner galement les problmes de protection de lenvironnement ainsi que les moyens de lutte. Un autre problme qui est soulev par le paysan est le manque dinformations sur les performances du matriel agricole et plus particulirement celui motoris. En effet les donnes sur les performances des quipements agricoles font dfaut. Le paysan doit avoir des rfrentiels sur le matriel agricole lui permettant de faire le choix appropri. Laccs aux quipements agricoles est une question de financement mais aussi une question de disponibilit Lacquisition du matriel agricole dpend souvent des possibilits de financement de lagriculteur. Se faire une ide sur la capacit du paiement de lagriculteur reste trs dlicat dfinir. Par ailleurs des donnes prcises sur le systme de gestion et la comptabilit des exploitations agricoles font souvent dfauts. Toutefois, on estime que les exploitations agricoles et particulirement celles de petites tailles et situes dans les zones pratiquant des cultures vivrires arrivent difficilement se doter des moyens de production compte tenu de leur faible revenu. On estime galement que les prix de vente des quipements agricoles sont relativement levs par rapport au pouvoir dachat des paysans. La ncessit dquiper les exploitations agricoles nous impose de bien tudier le systme de financement des quipements agricoles. Ce systme doit tre en mesure doffrir des crdits adapts aux paysans. Il faut donc que le paysan ait accs un systme de crdit en prenant en considration ses capacits de financement, sa trsorerie, son systme de production Une diversification des sources de revenu serait un moyen trs apprciable pour amliorer les capacits de financement du paysan. Disposer des quipements agricoles signifie galement que des structures dapprovisionnement sont disponibles et proches des paysans. Actuellement, les rseaux des forgerons, les reprsentations des firmes trangres, les structures de maintenance et de services aprs vente sont concentrs le plus souvent dans les zones proches des grandes concentrations. Cela contribue loigner davantage un grand nombre dutilisateurs du rseau de distribution. Dans cette chane dutilisation du matriel agricole, on cite galement les entreprises de prestation de service. Cette catgorie dentreprise, fait de plus en plus son apparition dans certains pays. La majorit des agriculteurs quips louent le service de leur matriel quand ils ont fini de raliser leurs travaux avant les dlais prvus. Ils pratiquent principalement le labour et le transport des produits agricoles. La prestation de service peut donc rsoudre les problmes de certaines catgories de paysans lui permettant davoir accs au matriel pour subvenir leurs besoins.

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Guide de formulation dune stratgie de mcanisation agricole

Il ne suffit pas davoir des quipements agricoles pour produire plus, mais il faut que ce matriel soit de bonne qualit. Plusieurs exemples dchec dintroduction dquipements agricoles due des mauvaises qualits ont t constats travers le monde. Les problmes des dcortiqueuses du riz prsentant des taux de briseur assez importants sont un exemple qui mrite dtre cit (Stratgie de mcanisation agricole au Mali, 2002). Par consquent il faut que le paysan soit dot de matriel de qualit permettant de mieux valoriser les diffrentes oprations agricoles.Oprer dans un environnement de production favorable En effet les systmes de production agricole sont en continuelle menace par plusieurs facteurs assez diversifis. Les alas climatiques svissent la production des zones pluviales en fonctions des annes. Avec la scheresse ces dernires annes, on observe une tendance un climat plus aride, caractris par une diminution globale des pluies utiles. Ainsi la politique actuelle damnagement de nouveaux primtres irrigus semble apporter une solution pour certains pays. Malheureusement de tel investissement ne peut tre rentable qui si la mise en valeur agricole permet des productions agricoles leves. Dans ce cas, la mcanisation agricole doit tre valorise au maximum de son potentiel. La dgradation de lenvironnement et surtout les problmes de fertilit du sol constitue lun des problmes que connat actuellement certaines pays en raison dune intensification exagre. Ainsi, des mesures doivent tre prises pour attnuer ces problmes et pour sensibiliser davantage les paysans. Le rgime foncier constitue galement une entrave la production. Des dcisions politiques et courageuses doivent tre prises pour rsoudre ce problme de manire encourager les paysans investir davantage et produire plus. Il est prouv partout o la mcanisation a connu un essor, que les problmes fonciers constituent de nouvelles contraintes. En effet, le rgime foncier dtermine les conditions daccs aux ressources naturelles notamment de la terre. Le problme foncier, peut avoir des consquences prjudiciables sur la production, du coup sur les actions de mcanisation. Enfin, le revenu du paysan dpend galement des filires de commercialisation des produits agricoles qui doivent tre prives et bien organises. Les paysans doivent tre informs sur les marchs de commercialisation des produits agricoles leur permettant de prdire les prix de leur production et de trouver des acheteurs. Il est vrai que pour certaines cultures, la marge nette reste assez acceptable, pour dautres elle est drisoire. Parmi les mesures qui peuvent amliorer le systme de commercialisation il y a lieu de citer le rle des associations qui peut tre dterminant dans la restructuration de la production et de la commercialisation. Ces associations auront dvelopper un pouvoir ngociateur face aux diffrents partenaires surtout que le secteur agricole reste caractris par la dominance de la micro exploitation. 6.2. Un secteur priv dynamique La SMA se focalise galement sur le secteur priv pour quil soit en mesure doffrir aux paysans les quipements ncessaires ainsi que le service adquat et dune manire durable. Il est constitu des fabricants, des importateurs, des distributeurs et des rparateurs. Il reprsente loffre de la mcanisation agricole. Si le dynamisme de ce secteur dpend de la demande et par consquent de lagriculteur, dautres facteurs intrinsques semblent tre galement importants. Dans de nombreux pays ce dynamisme tait plus artificiel dans la mesure o lEtat garantissait une partie de leur march en soccupant des activits de commercialisation. Cependant avec le dsengagement, le march sest fortement rduit amenant ainsi certains privs fermer ou diversifier leurs activits. Le faible march du matriel agricole dans les pays en voie de dveloppement, rend galement la tche difficile aux distributeurs de dvelopper leurs structures au niveau de toutes les rgions du pays. Ajoutons cela dautres problmes tels que :

la diversit des marques, le taux de change des monnaies trangres et, les dlais de livraison qui sont assez longs pour le matriel import.

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Le secteur priv doit disposer de la qualification ncessaire en vu dassurer un travail de qualit, dtre dot des moyens essentiels et oprer dans un environnement de comptition o ses diffrentes activits pourrant devenir rentable sans souffrir dune concurrence dloyale.Etre dot dune technicit de haut niveau Si de gros efforts ont t dploys dans de nombreux pays en matire de formation des fabricants, des insuffisances sont encore notes et qui affectent malheureusement la qualit des quipements fabriqus. Ceci sobserve particulirement pour les machines ncessitant plus de prcision telles que les batteuses poste fixe, les dcortiqueuses, les semoirs.

En plus des aspects techniques, le secteur du machinisme agricole requiert galement une base solide en marketing et en gestion. Il lui incombe galement de promouvoir son matriel et de mener des campagnes de diffusion et de marketing. Ceci ne peut que stimuler davantage la demande et jouer un vrai rle dans lintroduction de nouvelles technologies. La technicit des oprateurs chargs des oprations dentretien et de rparation du matriel agricole constitue galement un lment important. Ainsi le recyclage est ncessaire pour permettre ces techniciens de sadapter lvolution technologique du matriel agricole. Le secteur priv doit tre galement en mesure de conseiller les paysans sur lutilisation des machines agricoles. Comme cest le cas des paysans, le secteur priv du machinisme agricole doit tre dot dinformations lui permettant de sadapter aux volutions technologiques. Des informations sur des marchs au niveau rgional seraient dune grande utilit pour permettre ce secteur dtendre ses activits dautres pays avoisinants.Avoir accs aux quipements de fabrication et la matire premire Particulirement pour les fabricants, les outils de fabrication et les infrastructures de base sont indispensables. Souvent dans les villages isols, on est confront aux problmes de manque dlectricit ce qui augmente les charges de fabrication. De mme, ces fabricants doivent avoir un accs facile une matire premire de qualit. Le financement des facteurs de production joue galement un rle important dans le dynamisme du secteur priv. Dans certains pays, comme cest le cas des agriculteurs, les problmes daccumulation des crdits impays constituent une contrainte de taille pour la promotion du secteur priv. Ainsi la ncessit dassainir le portefeuille des crdits impays semble tre une condition la mise en place dun systme financier dcentralis et linstauration dune nouvelle plate forme de collaboration entre les oprateurs pour assurer une couverture durable de leurs besoins de financement. Un environnement de fiscalit favorable Plusieurs expriences ont montr que les entreprises des quipements agricoles ne sont pas traites de la mme manire par les services fiscaux. Les entreprises publiques bnficient dallgements fiscaux auxquels les entreprises prives nont accs que plus difficilement ou bien pas du tout. Les entreprises artisanales, sont par contre pnalises par leur faible productivit, limpossibilit de soumissionner sur les marchs publics et par le cot de leur matire premire, du fait de droits de douanes particulirement levs. Dans la plupart des pays, la fiscalit douanire actuelle pnalise lourdement les constructions locales par rapport aux importations dquipements finis. Les importations et les exportations du matriel agricole doivent se faire dans un cadre douanier assez encourageant. De mme une rduction de taxes sur la matire premire et les quipements de fabrication est ncessaire. Des organisations fortes Le dveloppement du mouvement associatif au niveau du secteur priv du machinisme agricole se peroit de plus en plus ces dernires annes dans certains pays en voie de dveloppement. Plusieurs associations se sont cres et particulirement par les fabricants du matriel agricole. Malheureusement beaucoup defforts sont encore dployer pour que ses organisations jouent leur vrai rle et constituent des interlocuteurs vis vis des partenaires en matire dapprovisionnement et de commercialisation. Au niveau organisationnel il y a lieu dvoquer galement le secteur informel. Ce dernier constitue

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un vrai problme pour le dveloppement de la mcanisation agricole dans de nombreux pays. Bien que des statistiques prcises sur la production de ce secteur soient difficiles obtenir, le secteur informel reprsente une part trs importante. Le prix relativement bas des machines fabriques se fait au dtriment de la qualit. Par consquent lorganisation de ce secteur est un impratif permettant de gagner au niveau de la qualit et de mieux organiser ce secteur pour que la concurrence soit plus loyale.6.3. Un Etat en mesure de crer un environnement institutionnel et conomique favorable au dveloppement de la mcanisation agricole Si dans certains pays lEtat sest occup des oprations de commercialisation et de fabrication du matriel agricole ainsi que des autres facteurs de production, actuellement on est unanime que ces oprations sont plus du ressort du secteur priv. En effet lEat ne doit pas donc se charger des activits que le secteur priv peut prendre en charge mais cela ne signifie nullement un retrait total ou un abandon comme cest le cas actuellement dans certains pays. Par contre, un dploiement des actions pour mieux assurer ses fonctions savre ncessaire. Afin de parvenir dvelopper les conditions ncessaires pour que le paysan soit suffisamment quip et que le secteur priv soit trs dynamique (voir paragraphes prcdents), lEtat doit sorganiser et avoir une vision claire sur la manire de dvelopper ce secteur. Ainsi, une bonne stratgie de mcanisation labore autour de laccroissement du taux dquipement des agriculteurs pourrait tre non seulement une source de croissance de lconomie nationale, mais aussi damlioration de certains indicateurs socio-conomiques tels que la scurit alimentaire et le revenu des agriculteurs et le niveau de vie du monde rural de faon globale. Le dveloppement du secteur priv du machinisme agricole peut contribuer la rduction des importations, lamlioration de la balance commerciale du pays et la cration de la valeur ajoute et demplois locaux source dentr fiscale et de redistribution de la richesse dans le pays. Le dveloppement de ce secteur permet galement dassurer un service de qualit et de proximit. LEtat doit crer un environnement favorable au dveloppement de la mcanisation agricole, donner les orientations adquates et soutenir leur mise en uvre par des dispositions institutionnelles, des incitations et des moyens appropris. Il doit renforcer ses structures dappui, dvelopper un arsenal juridique souple et dynamique et opter pour une politique relative au dveloppement des infrastructures de base. Renforcement des fonctions dappui Le renforcement des fonctions dappui en matire de mcanisation agricole est indispensable la modernisation de lagriculture puisquil permettrait aux agriculteurs davoir accs aux diffrents services en matire de formation et dinformation susceptibles dinfluer sur les stratgies et les dcisions de production. Dans de nombreux pays parmi les problmes constats il y a lieu de citer le conflit de responsabilits entre ministres et intra ministre sur le volet mcanisation agricole. Il en rsulte un problme de coordination portant prjudice lintgration des activits dans le temps et dans lespace. Par ailleurs, on rencontre au sein du ministre de lagriculture (ou de dveloppement rural) une division ou un service de la mcanisation agricole. Malheureusement le plus souvent ces services ne disposent pas des moyens humain et matriel pour mener bien leur mission. Un service gouvernemental charg de la mcanisation agricole pourrait avoir entre autres, les fonctions de :

- planification et dorientation avec le dveloppement dun systme de collecte et danalyse des donnes, la conception des programmes et lidentification et la formulation des projets de mcanisation agricole, - coordination intra et inter ministriel avec les universits, les banques, les centres de recherches et les autorits rgionales et locales. Pour que la mcanisation se dveloppe en harmonie avec lvolution du monde rural, il est indispensable que la population puisse bnficie dun flux dinformations sur les changements qui peuvent permettre le progrs. Cest pourquoi la recherche, la formation et la vulgarisation sont des

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facteurs essentiels que lEtat doit renforcer. Cependant ces facteurs ne doivent concerner uniquement les aspects techniques de la mcanisation agricole mais doivent considrer galement les interactions avec les autres facteurs de production agricole, conomiques sociaux et extra agricole. Pour cela la recherche et la vulgarisation doivent tre planifi avec soin pour pouvoir jouer un rle important dans le cadre de projets et de programmes. Ainsi le recyclage des ressources humaines ncessite des comptences techniques assez qualifies capables dencadrer les paysans et le secteur priv du machinisme agricole et de rpondre aux besoins du pays en matire de rfrentielles techniques. Ainsi laccent doit tre mis sur la formation des chercheurs, des formateurs, des ingnieurs, des techniciens avec des formations pratiques axes sur les problmes locaux. LEtat doit veiller galement assurer un systme de suivi et dvaluation pour les diffrents programmes de mcanisation agricole. Cette fonction, qui est une activit de gestion, doit permettre de suivre continuellement ce qui se passe dans les programmes mens afin de pouvoir les grer en consquence. Une meilleure connaissance de limpact dune activit donne ainsi que lidentification des besoins des acteurs dune filire ncessitent des donnes fiables de faon permanente.Un systme dincitation rationnel Compte tenu du rle que joue le secteur agricole dans lconomie national dans la plupart des pays en voie de dveloppement, lEtat doit lancer des mesures incitatives permettant dencourager lacquisition du matriel agricole. Ces mesures, qui doivent tre bien tudis au pralable, doivent permettre de rguler les prix du matriel agricole ainsi que les services dappui du secteur priv. Les tarifs douaniers sur les quipements de fabrication, sur la matire premire et sur les pices de rechange pnalisent souvent la fabrication locale par rapport aux produits finis et pnalisent galement les travaux dentretien et de rparation. Agir sur la fiscalit est lune des solutions entreprise par certaines pays pour encourager la fabrication locale. Ainsi lEtat doit promulguer des tarifs douaniers assez cohrents et doit concerner tous les facteurs de production pour viter que lon encourage plus un facteur au dtriment de lautre. Comme un systme de taxation dirig peut tre utilis pour dcourager les paysans utiliser certains outils susceptibles de porter prjudice lenvironnement. La diffrence de fiscalit entre le secteur informel et le secteur formel cre des barrires la croissance et la spcialisation des entreprises de fabrication, de rparation et de distribution des quipements. La fiscalit interne doit tre homognise et ne pas favorise un secteur par rapport un autre. Un systme de crdit adapt Dans de nombreux pays en voie de dveloppement, lun des problmes curiaux des exploitants aujourdhui est la crise de lendettement. Le problme est complexe et trouve son origine dans la politique du crdit adopte auparavant. Dans certains pays, il sexplique aussi par lchec de la phase de transition entre le crdit gouvernemental et le crdit priv. Le retrait de lEtat des activits de crdit a laiss un vide, provoquant du coup une dsorganisation. Pour faire face aux besoins des producteurs ruraux, des formes de systmes financiers dcentraliss ont vu le jour. Ainsi le dveloppement du micro crdit travers lpargne rurale connat de plus en plus de lessor, mais reste limit au regard des besoins en crdit des populations (absence de crdits moyen et long terme, faible couverture gographique, cot lev des structures dappui). Cest pourquoi les nombreuses tudes, rflexions et expriences montrent en dfinitive que la promotion dun crdit rural susceptible de soutenir le dveloppement durable du secteur rural, reste un dfi majeur relever. Les politiques de crdit influent pour une grande partie linvestissement en matriel agricole. Elles doivent tenir compte de la capacit de financement, de la trsorerie des paysans, des calendriers agricoles. Des tudes doivent tre menes, selon le contexte local, pour justifier loctroi de crdit en tenant compte du type dexploitation, du systme des cultures ainsi que les autres facteurs lis au financement. La politique des crdits ne doit pas se limiter uniquement aux paysans mais elle doit concerner tout le secteur priv avec toutes ses composantes y compris les entreprises de prestation de service. De mme la politique des crdits ne doit pas tre oriente de manire favoriser un facteur par rapport lautre.

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Par exemple pour le paysan, il nest pas judicieux daccorder le crdit pour lacquisition du matriel agricole et le refuser pour lachat des autres facteurs de production tels que les semences et les engrais. Le systme de crdit doit tre diversifi et adapt en fonction des rgions. Des expriences ont fait leur preuve dans certains pays doivent tre testes et values. Par ailleurs mme si le systme bancaire est libralis dans certains pays, lintervention de lEtat reste primordiale et particulirement en dveloppant des systmes de garantie surtout quactuellement on assiste une perte de confiance de la part des banques en raison des crdits impays. Des mesures strictes doivent tre instaures et un suivi rigoureux doit tre men pour garantir un taux de recouvrement lev.La sauvegarde de lenvironnement, une responsabilit partage Les importantes ressources naturelles, qui constituent la base productive du secteur du dveloppement rural, sont lheure actuelle fortement menaces par la progression de la dgradation et du processus de dsertification, qui se manifeste des degrs divers selon les pays. Cette forte dgradation rsulte dun ensemble complexe de facteurs climatiques (scheresses rcurrentes, forte irrgularit spatiotemporelle des pluies utiles,) et de facteurs anthropiques mettre en liaison avec laugmentation des besoins des populations; dfrichements anarchiques pour le bois de chauffe et persistance de systmes de production extensifs et non adapts aux conditions du milieu, etc. Lensemble de ces facteurs a conduit une fragilisation importante des cosystmes naturels et une rupture en de nombreux endroits entre ressources et exploitation/mise en valeur. Limportance dune meilleure gestion de lenvironnement nest plus dmontrer. Cette meilleure gestion constitue une condition de durabilit de lactivit agricole. On sait maintenant que lon ne peut sattaquer aux problmes poss par la restauration des sols quen responsabilisant les usagers. La situation foncire constitue lune des principales contraintes pour une responsabilisation accrue des usagers ainsi que la mise en uvre de disciplines caractre collectif. Lamlioration des infrastructures de base est une ncessit Laugmentation des activits conomiques est fortement dpendante du niveau de ralisation des infrastructures rurales (amnagements hydro-agricoles, pistes, marchs) et la politique nationale dans ce domaine influe sur la mcanisation agricole de diverses manires. Les amnagements hydro-agricoles incitent gnralement le recours aux moyens mcaniques. Linvestissement dans ses infrastructures ne peut tre rentable qui si les mthodes de productions agricoles sont optimales ncessitant gnralement des facteurs de productions plus performants. Dans de nombreux pays il est noter lexistence de contraintes majeures lies lenclavement des zones de production (insuffisance du rseau routier et de pistes rurales), linexistence dun parc automobile adapt pour le transport des produits et des intrants et au manque notoire des infrastructures et quipements collectifs de stockage et de conditionnement. A ces facteurs, on peut ajouter linsuffisance et la mauvaise gestion des marchs et leur localisation souvent inadquate. Le dveloppement des rseaux routiers savre trs important pour le dveloppement rural certes mais galement pour le dveloppement de la mcanisation agricole en facilitant la commercialisation des quipements agricoles ainsi que les autres services daccompagnement. Pour la mcanisation base sur la traction animale, les marchs des animaux de trait, les services vtrinaires, les fournisseurs daliments sont des structures ncessaires. Egalement pour la mcanisation base sur la traction mcanique, les stations de carburant, les ateliers de rparation et de maintenance constituent des lments de soutiens indispensables. Au niveau des infrastructures, llectrification constitue galement un lment important. Aussi bien pour la fabrication au niveau du village quau niveau dautres activits ncessitant de lnergie telles que le pompage, les transformations, lemploi de llectricit reste trs pratique et moins onreux.

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Chapitre 2

Processus et outils de formulation dune stratgie de mcanisation agricole

1. INTRODUCTION Face aux exigences actuelles en matire de projet de dveloppement, les outils habituels dtudes ne sont plus adquats. Un projet de formulation de SMA nchappe cette rgle compte tenu des diffrentes approches adoptes et plus particulirement celles participative et pluridisciplinaire. Ces dernires dcennies, nous assistons au dveloppement de toute une panoplie de techniques permettant aux responsables de projets de dveloppement de rationaliser leurs actions tout en respectant un certain nombre de rgles ncessaires pour leur russite. Ces techniques permettent, tout dabord de gnrer les informations dune manire structure, de travailler par tapes successives et de dvelopper la communication entre les partenaires des projets dans toutes ses tapes, de la formulation des stratgies jusqu la mise en uvre et au suivi. Elles permettent galement de standardiser les mthodes de travail et par consquent un moyen de dialogue entre les partenaires. Zopp, PPO, PIPO, SWOT sont autant de mthodes que lon rencontre actuellement mais le principe de base reste le mme. Elles ont t dveloppes par plusieurs cooprations internationales suite un besoin rel au niveau de la conduite des projets de dveloppement. Elles offrent lavantage dtre souple et peuvent tre adaptes selon la problmatique pose. Cependant leur application nest pas un objectif en soi et leur russite se trouve lie plusieurs facteurs tels que la qualit des participants, lexactitude des donnes disponibles, lengagement des reprsentants des acteurs concerns Ladoption de ces mthodes dans des projets de SMA nest pas un fait nouveau. Plusieurs expriences ont t menes jusqu prsent parmi lesquelles ont peut citer celles dUganda (Sentongo et al , 1996), celles du Kenya (Muchiri, 1996), celles du Zimbabwe (Moyo, 1996) et celles du Mali (Stratgie de mcanisation agricole au Mali, 2002). Ces mthodes exigent un mode dorganisation particulier avec des mcanismes de coordination et une phase prparatoire de collecte dinformations. Ainsi le prsent chapitre se propose de prsenter les modalits pratiques de mener un projet de formulation dune SMA en dveloppant les techniques de conduite de manire tre le plus rationnel possible. 2. MODALITS ORGANISATIONNELLES Lors de la conduite dun projet de SMA, il y a lieu de prparer toutes les conditions ncessaires pour assurer un travail de qualit. Ainsi un mode dorganisation particulier doit tre instaur surtout quun tel projet se droule dans une priode assez courte. Ainsi en plus de la logistique, plusieurs dispositifs doivent tre pris. 2.1. Dsigner un coordinateur du projet La formulation de la SMA est souvent du ressort du ministre en charge du secteur agricole ou du milieu rural. Selon les pays certains ont cre des structures charges de la politique de mcanisation agricole. Par ailleurs des expriences ont montr que les universits et dautres structures techniques ne sont pas appropries compte tenu que leur vision est purement technique et ne peuvent pas garantir la mise en uvre. Ainsi il serait souhaitable, partir de cette structure charge de la mcanisation, de designer un coordinateur national. Ce coordinateur joue un rle trs important dans la russite de ces projets. Il doit avoir une riche exprience en mcanisation agricole lchelle du pays et il doit jouer un rle trs important dans la gestion quotidienne du projet. Il aura pour tche essentielle de coordonner

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Guide de formulation dune stratgie de mcanisation agricole

toutes les actions du projet et constituera la pice angulaire entre les diffrents partenaires et acteurs impliqus dans la stratgie. Son apport technique est aussi important en matire dinformations lui permettant de jouer un grand rle au niveau de lorientation de lquipe du projet. Le coordinateur national constituera galement linterlocuteur du Ministre charg du projet auprs de la FAO. Son rle ne va pas se limiter uniquement la phase de la formulation de la stratgie mais galement il aura pour tche dassurer la transition vers la phase de la mise en uvre.2.2. Procder une analyse des concernes La SMA traite des questions complexes ncessitant la coopration de plusieurs personnes. Elle exige la participation de nombreuses acteurs et organisations ceux dont on traite les problmes, les agents de dveloppement et les responsables. Leur intrt, leur potentialit, leurs dfauts et autres caractristiques sont prendre en considration dans la conception et les progrs des projets. Il a t souvent le cas o des groupes importants nont pas assez t pris en compte lors de llaboration des stratgies, ce qui a caus des ennuis pendant la mise en uvre. Voil pourquoi il est habituellement utile et indispensable de dfinir tout dabord les diffrents acteurs concerns. Ceci peut tre ralis grce une technique appele analyse des concerns. Cette technique consiste dans un premier temps dfinir des catgories dacteurs et dtudier leur lien avec la mcanisation agricole. Des critres de catgorisation doivent tre adopts. La dfinition des concerns va permettre de dfinir les partenaires du projet qui seront sollicits diffrentes phases soit dans le cadre dun comit de pilotage soit dans les ateliers participatifs (voir plus loin).

La procdure danalyse des concerns est assez ouverte. Dune manire gnrale on distingue deux phases : La phase de collecte dinformations sur les concerns et leurs caractristiques, La phase danalyse de chaque groupe, individuellement. Le degr de dtail exig lors de ces phases dpend de la quantit dinformations disponibles. Ainsi il serait intressant dans le cadre dun atelier participatif, que lon appelle atelier de dmarrage du projet, de procder cette opration. Les tapes ci-aprs sont suivre : Etape 1 Runir tous les groupes, les organisations et les personnes lis la mcanisation agricole Etape 2 les classer Etape 3 Enumrer brivement leurs caractristiques Etapes 4 analyser leurs problmes et leurs attentes, leur intrt, leur faiblesse et leur potentialit (Tab.1).2.3. Crer un comit de pilotage Lanalyse des concerns va permettre de dfinir un comit de pilotage qui est constitu des reprsentants des oprateurs impliqus dans la mcanisation agricole appartenant aux milieux agricoles, industriels et institutionnel. Ce comit reprsente une instance dorientation et du suivi du projet de SMA et a pour objectifs :

de discuter des aspects politiques dans un but doffrir les orientations du projet, de discuter les aspects relatifs au cadre du projet dans le but de fournir les orientations de la mise en uvre du projet, et dapprouver le plan de travail et la mthodologie adopte et dvaluer lavancement du projet. Ces activits doivent tre rgulires dans le cadre de runions organises selon le programme du

TABLEAU 1. Critres danalyse des concernsConcerns Groupe 1 Groupe 2 Groupe 3 . Problmes/besoins Attentes intrt Faiblesse contrainte Potentialit Consquence pour la stratgie

Chapitre 2 - Processus et outils de formulation dune stratgie de mcanisation agricole

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projet. Le comit de pilotage au mme titre que le coordinateur national peut jouer un rle vital dans la phase de mise en oeuvre de la stratgie.2.4. Constituer lquipe du projet La formulation dune SMA ncessite la constitution dune quipe pluridisciplinaire dote de comptence et dexprience en la matire. Ainsi selon le contexte du projet, diffrents profils de consultants peuvent tre recruts. Par ailleurs le nombre ainsi que les priodes de recrutement reste trs variable selon le contexte, comme ils peuvent varier dune phase lautre. Concernant les profils des consultants, ils peuvent tre raisonns selon les cas, de faon couvrir tous les aspects inhrents la mcanisation agricole. Mais dune manire gnrale, on peut considrer que ces profils doivent correspondre aux trois grands domaines qui sont la demande de mcanisation agricole, loffre de la mcanisation agricole et lappui institutionnel.

Au niveau de la demande de mcanisation agricole on peut rencontrer principalement les profils dagronome et d agro conomiste, Au niveau de loffre de la mcanisation agricole on peut rencontrer principalement lingnieur en gnie rural (en machinisme agricole) et lagro conomiste Au niveau de lappui institutionnel on peut rencontrer un spcialiste en appui institutionnel et un juriste. Parmi ces profils, le sociologue peut tre galement utile et peut toucher tous les domaines prcits. Cette quipe de consultant doit tre supervise par le coordinateur national et un chef de mission qui doit avoir une vision trs large sur les projets de mcanisation agricole et avoir une exprience en matire de formulation de stratgies. Dans le cadre de recrutement des consultants, des termes de rfrences doivent tre labores comprenant essentiellement les tches suivantes : La collecte et lanalyse des informations, relevant de leur domaine daction, sur la base dune note mthodologique tablis au pralable. Cette note mthodologique doit se baser en grande partie sur les lments danalyse prsents dans ce guide. Participer aux diffrents ateliers organiss dans la phase de diagnostic et dans la phase de formulation de la stratgie. Ce rle est double : en tant que personne ressource et en tant que rapporteur des informations gnres. Concernant le chef de mission, son rle se rsume essentiellement dans les tches suivantes : Encadrer et orienter les consultants dans leurs travaux respectifs par rapport la mthodologie adopte, Organiser et conduire les ateliers et les diffrentes rencontres relatifs au projet, Elaborer les rapports de synthse de la stratgie, Participer aux activits de diffusion des rsultats de la stratgie.2.5. Dfinir les diffrentes phases dun projet de formulation de SMA Le droulement dun projet de SMA doit seffectuer en tapes successives. On peut distinguer essentiellement 3 phases :

Une phase de diagnostic qui a pour objectif danalyser la situation actuelle de la mcanisation agricole au niveau du pays. Une phase de formulation de la stratgie avec le plan daction qui a pour objectif de proposer des programmes et des projets mener sur le court et le moyen terme. Une phase appele prparation de la mise en uvre de la stratgie ayant pour objectif dassurer une transition entre le projet de la stratgie et la mise en oeuvre. Au niveau des deux premires phases, le travail ralis seffectue essentiellement selon deux activits essentielles. La premire activit consiste raliser un travail intellectuel labor par des consultants sur la base de collecte de donnes, dinterview et dobservation. La deuxime activit consiste effectuer un travail participatif dans le cadre dateliers. La programmation de chaque activit diffre selon

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Annee Novembre 29 5 12 19 26 3 10 17 24 31 7 14 21 28 4 11 18 25 4 11 18 25 1 8 15 22 Dcembre Janvier Fvrier Mars Avril

2001

2002

Mois 22

Octobre

Lundi

8

15

CONSULTANTS : 1s 1 mois 1 mois 2 mois 6 semaines 2 mois 6 semaines 2 mois Novembre Decembre Janvier Fevrier Mars 1 mois Avril 1 mois 1 mois 2 sem 1s 2 sem MA 1s 1s 2 sem MA 1s 1s

RAF - Appui Technique

2 sem

Consultant Int - Stratgie

Consultant CTPD

Cons Nat - Mec Agric

Cons Nat - Appui Institution

Cons Nat - Agronomie

Cons Nat - Juridique et Organisat.

Cons Nat - Economie Agric

Mois

Octobre

ACTIVITES 6 sem 2 sem 2 sem 1s 2 sem

Realisation du Diagnostic

Brouillon du Diagnostic

Mise au point du Diagnostic

Brouillon de la Stratgie

Finalisation de la Stratgie

Brouillon du Plan dActions

Rapport Final - Diagnostic/Stratgie/Plan

Terminal Statement Novembre Dcembre Janvier Fvrier Mars Avril

Mois

Octobre

TABLEAU 2 Exemple de plan de travail dun projet de stratgie de mcanisation agricole

ATELIERS et REUNIONS

Reunion de lancement

Atelier - Diagnostic

Atelier Stratgie et Plan

Atelier Presentation Resultats Novembre Dcembre Janvier Fvrier Mars Avril

Mois

Octobre

EVENEMMENTS NATIONAUX

Guide de formulation dune stratgie de mcanisation agricole

CAN 2002

19 janvier au 10 fevrier (le Final)

Chapitre 2 - Processus et outils de formulation dune stratgie de mcanisation agricole

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quon est dans la phase de diagnostic ou dans la phase de formulation de la stratgie. Ainsi cette combinaison entre le travail des consultants et le travail des acteurs concerns dans le cadre dateliers participatifs constitue une richesse trs apprciable dans llaboration de la stratgie. Enfin concernant la phase de la prparation de la mise en oeuvre elle consiste mener des activits de promotion des rsultats du projet par lintermdiaire des exposs et des contacts avec les diffrentes institutions aussi bien Etatiques que trangres. Un projet de SMA doit donc tre men selon un plan de travail clair et tabli au pralable. Un exemple de ce plan est repris dans le tableau 2. Il doit dfinir les diffrentes phases du projet en prcisant ce qui suit : Les priodes correspondant aux diffrentes activits du projet, Les priodes ainsi que la dure correspondant au recrutement des consultants, Les priodes dorganisation des diffrents vnements de projet tels que les ateliers et les runions. Llaboration de ce plan de travail doit tenir compte de la disponibilit des diffrents acteurs du projet. Par exemple il est trs difficile dinviter les paysans assister des ateliers pendant les priodes de pleines activits agricoles. Il y a lieu galement de tenir compte des diffrents vnements au niveau national (ftes, activits politiques) qui risquent de perturber parfois le bon droulement des activits dun tel projet. Il est trs difficile de dfinir avec exactitude la dure quil faut pour mener un projet de SMA. Cette dure peut varier dun pays lautre et dpend de la disponibilit des diffrents partenaires et de la disponibilit des donnes. Cependant dune manire gnrale, on estime que cette dure doit tre de lordre dune anne.3. COLLECTE DINFORMATIONS 3.1. Revue documentaire Au cours dun projet de formulation de SMA, la collecte dinformations est une activit qui seffectue tout le long du projet : - Au niveau de la phase de diagnostic et dans ce cas les informations sont de genre caractriser la situation actuelle, didentifier les problmes et les potentialits du pays en matire de mcanisation agricole, - Au niveau de la phase de formulation de la stratgie et dans ce cas les informations sont en rapport avec les dcisions prendre et la dtermination des besoins en mcanisation agricole par rapport lvolution du pays et donc la dfinition des scnarii futurs, - Au niveau de la phase de prparations de la mise en uvre et dans ce cas les informations collectes sont surtout en rapport avec les moyens de financement et lidentification des acteurs de mise en uvre. Les informations obtenues par la revue documentaire sont appeles donnes secondaires dans la mesure o elles sont collectes partir des sources dinformations disponibles. Donc il ne sagit pas de mener des travaux denqutes approfondies ou des essais pour gnrer les informations. Lexprience a montr que dans la majorit des cas, les informations disponibles au niveau du pays sont suffisantes pour mener un tel projet. La collecte et lanalyse de ces informations sont effectues par les consultants du projet (voir paragraphe prcdent). Ces consultants sont amens, selon la note mthodologique, procder la collecte de toutes les informations disponibles. Cependant la collecte de linformation nest pertinente que dans la mesure o elle permet damliorer lanalyse des ralits et la prise de dcision pour des projets futurs. Ceci illustre toute limportance articuler un systme de collecte de linformation des proccupations concrtes et dfinir des objets clairs permettant dorienter le travail pratique autour des informations ncessaires et utiles. Ceci est dautant plus important que dans une approche pluridisciplinaire, le risque est toujours grand que des approfondissements quelquefois personnels de certains consultants dtourne le processus de son axe essentiel. Le chapitre 4 et 5 donnent les lments ncessaires pour guider cette recherche.

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Par ailleurs, il est trs difficile de trouver toutes les informations ncessaires partir dune seule source et par consquent lquipe du projet doit dans un premier temps faire un inventaire de toutes les structures et les documents disposant dinformations. Ce premier inventaire va permettre par la suite dlargir davantage les sources pour tre le plus exhaustif possible. Les sources dinformation possibles sont : Les services techniques des diffrents ministres, Les organisations internationales, Les ONG, Les fabricants et importateurs de matriels agricoles, qui tiennent autant que peu des statistiques sur leurs activits. La collecte dinformations doit se faire au niveau central mais galement au niveau rgional. En effet certaines structures de la rgion disposent dinformations assez intressantes sur la mcanisation agricole. Il sagit le plus souvent de structures indpendantes qui nont pas de reprsentations au niveau central (des ONG, des associations professionnelles, des structures qui relvent du secteur priv). Les donnes sont souvent contenues dans des documents qui peuvent tre officielles ou internes : Rapports statistiques, programmes des projets, Articles de recherches, rapport dautres projets, des cartes de diffrents types Parmi les problmes qui se posent souvent lquipe du projet on cite galement la fiabilit des informations acquises. En effet faute de moyens, les enqutes menes dans les pays en voie de dveloppement restent toujours superficielles et leur fiabilit est souvent remise en cause. Par consquent un effort particulier doit tre men pour vrifier cette fiabilit avec des recoupements et des comparaisons de diffrentes sources quand cest possible.3.2. Sortie sur le terrain Pour approfondir davantage les informations collectes et vrifier les donnes disponibles, un autre moyen consiste mener des interviews et procder des observations sur le terrain. Cette activit doit tre prpare au pralable dans le cadre dun programme dfinissant litinraire raliser ainsi que les informations collecter. Les zones visiter seront choisies sur la base dun chantillonnage reprsentatif du pays en considrant les diffrents systmes de production agricole. Le travail sur le terrain doit permettre deffectuer un diagnostic exploratoire bas sur des outils simples et efficaces. Ces outils peuvent sinspirer des mthodes actives de la recherche participative (MARP). Ils ont le mrite dtre efficace dans la mesure o ils permettent davoir le maximum dinformations en un minimum de temps. Deux types dactivits sont mener : Les observations directes et les interviews semi structures. Lobservation directe est un outil qui permet lquipe du projet de se faire une ide relle sur certains aspects qui peuvent tre observs. En effet, ses aspects sont diverses et peuvent concerner :

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Ltat du matriel dans les exploitations agricoles (type de matriel, systme dentretien) et son utilisation sur les champs (conditions de travail, technicit des oprateurs), Les procds de fabrication du matriel agricole (technicit des fabricants, matriel de fabrication, personnel), Etat des ateliers de rparation (technicit des rparateurs, matriel de rparation, personnel), Fournisseurs du matriel agricole (Technicit du personnel, infrastructure, gestion des pices de rechange.), Ecole de formation (infrastructures, personnel, programmes). Afin davoir des informations qui sont difficiles obtenir partir des observations, on utilise des interviews semi directifs. Ces interviews sont employer avec diffrents types dacteurs parmi eux on peut citer les agriculteurs, les fabricants, les fournisseurs, les banquiers. Cependant lquipe du projet doit avoir les qualifications ncessaires pour effectuer cette activit. Tout le monde peut poser des questions, mais la manire de le faire affecte considrablement la qualit de linformation reue. A la place des questions formelles, on recommande demployer les interviews semi directifs bases sur llaboration dun guide rpertoriant les axes essentiels sur lesquels porterons

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les interviews. Ce guide est revu au fur et mesure que certains axes sont couverts. Pour chaque interview, il sagira de voir les aspects qui devront tre couverts, et den dcider avant le dmarrage de linterview. Une fois quun point particulier est entrain dtre discut avec la personne interviewe, les rponses fournies soulvent chaque fois dautres questions quil faudra poser pour approfondir la comprhension du sujet discut. Les mots cls suivants doivent tre bien gard lesprit car elle permette denclencher des questions dapprofondissement : Qui ? Quoi ? Pourquoi ? Quand ? Ou ? Comment ? Au cours de ces interviews, on recommande dviter les erreurs suivantes : Question ferme : Les interviews deviennent mois riches si on pose des questions qui induisent des rponses du genre oui ou non, Questions orientes : des questions orientes amnent prjuger de la rponse. Ce genre de question biaise la rponse fournie, Les prsomptions implicites : une question contenant une prsomption implicite, peut facilement confondre linterview, Les questions vagues : des questions vagues peuvent tre interprtes diffremment, Les units de mesure : elles doivent tre comprises et utilises par les interviews.3.3 Analyse des informations Aprs avoir collect toutes les donnes ncessaires, un travail danalyse savre indispensable. Ceci ncessite une certaine organisation de manire rendre les informations plus comprhensibles et plus accessibles. Ainsi il est souvent recommand de compiler ces informations autour de trois grands points essentiels : demande de mcanisation agricole, offre de mcanisation agricole et appui institutionnel. Cette analyse aboutir des enseignements permettant dune part didentifier les problmes que connat la mcanisation agricole dans le pays et dautres part les solutions envisager dans le cadre dune SMA. Les lments danalyse peuvent sinspirer des chapitres 4 et 5 qui donnent la nature des informations et le type denseignements obtenir dans le cadre dune formulation de SMA. Cependant ce travail danalyse est le plus souvent influenc par les ides du groupe de consultants charg de ltude. Cest pourquoi pour impliquer tous les acteurs cette rflexion, un autre outil savre indispensable qui consiste cette fois-ci organiser des ateliers participatifs. 4. ORGANISATION DATELIERS PARTICIPATIFS Par rapport aux outils classiques de collecte de donnes et dun travail intellectuel de consultants, un atelier participatif, par effet du groupe, a le mrite de mener une rflexion commune avec le maximum dinformations dans un cadre concert. Ainsi les rsultats obtenus sont le fruit de travail de tous les participants, constitus par tous les acteurs concerns. Cependant la russite dun tel atelier est lie plusieurs facteurs notamment la manire de sa conduite. En effet lexprience a montr que frquemment un atelier peut ne pas atteindre ses objectifs sil est mal men. Parmi les erreurs que lon rencontre le plus souvent on cite : monopolisation de la parole par un nombre de participants limit; absence de fil conducteur pour mener les discussions, absence de discipline de travail Pour remdier ces problmes, plusieurs mthodes de conduite datelier ont t dveloppes ces dernires annes. Ces mthodes, assez souples, adoptent des outils danalyse et de planification assez performants. Elles permettent aux diffrents participants dexprimer leur opinion, dapporter leur exprience et aussi dunifier leur vision. Ces mthodes exigent lexcution de diverses tches sous la conduite dun expert appel modrateur dont le rle consiste assurer le bon droulement des runions. Chaque participant indique son point de vue sur une carte qui est ensuite affiche sur un tableau afin de pouvoir bien visualiser lopinion du participant. Tous les participants discutent collectivement et analysent le point de vue considr en adoptant une approche dquipe. Ces mthodes sont de plus en plus utilises dans les projets de dveloppement rural. Elles

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FIGURE 1

Droulement dun atelier participatif : visualisation

Participants

Modrateur

Carte de visualisation

permettent duniformiser non seulement le processus de rflexion mais aussi la coopration entre les parties concernes. Ceci ne signifie pas que ces mthodes doivent tre toujours appliques de faon rigoureuse mais une adaptation doit tre effectue selon les informations disponibles, la tche accomplir et les acteurs concerns. Par ailleurs si ces mthodes sont les plus souvent employes pour des projets de dveloppement rgionaux dont lanalyse est plus spcifique, au niveau de la formulation de la SMA lanalyse reste plutt dordre global et concerne le niveau national. Dans un projet de SMA lutilisation de ces mthodes permet : Deffectuer un diagnostic participatif avec lanalyse des problmes (voir chapitre3). Dans ce cas, latelier est programmer aprs le travail des consultants. Ces derniers offriront par le biais de leurs travaux de collecte dinformation et danalyse un support au droulement de latelier. Formuler la SMA par lanalyse des objectifs et lapproche des alternatives (voir chapitre 4). Dans ce cas, latelier est programmer au cours de la phase dlaboration de la SMA, Elaborer des plans dopration pour la mise en uvre des projets proposs dans le cadre de la stratgie, Dvelopper les outils ncessaires pour le suivi et lvaluation. Ces mthodes se reposent sur les lments suivants :4.1. La visualisation Cest une technique qui consiste, avec des cartes de retenir par crit les contributions des participants et de fixer les rsultats de la discussion (Fig.1). Elle permet un enregistrement par crit de toutes les tapes du droulement de latelier. La visualisation reste indispensable dans des ateliers sur les SMA compte tenu de la complexit du sujet et du nombre de participants qui est gnralement leve. Les avantages de la visualisation sont nombreux dont on cite essentiellement :

Les opinions et les ides des participants ne se perdent pas, une ide note montre aux participants que le message a t reu et dupliqu, Uniquement lessentiel est visualis et les informations sont donc concentres, Des informations et des contributions htrognes deviennent plus facilement comprhensibles avec des supports visuels ; les risques de mauvaises interprtations sont minimes, Ltape prcise de discussion est toujours apparente et sa direction vidente, ceci peut aider les personnes qui rejoignent le groupe tardivement,

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Dans le cas o les participants viennent des cultures diffrentes et reprsentent des niveaux de hirarchie diffrents, la visualisation accrot lanonymat des opinions ce qui rend les discussions dlicates plus faciles, Les participants peuvent facilement distinguer entre les ides qui on un rapport avec le sujet et celles qui sont personnelles, Nanmoins la visualisation ne sadapte gnralement qu des personnes qui savent lire et crire. Ainsi pour permettre aux analphabtes de participer activement, des arrangements peuvent tre prvus selon le contexte de latelier. A ce propos, des techniques bases sur la reprsentation des ides par des dessins et des symboles ont t adoptes. La visualisation est une technique qui consiste tout dabord de faire un effort de synthse de manire ce quune ide soit formule de la manire la plus concise possible dans une carte qui sera par la suite affiche dans un tableau et visible pour tous les participants. Cette carte mentale est une technique, qui sert structurer des ides, des informations et des problmes de complexits diffrentes. La technique est facile apprendre et appliquer et finalement elle donne un aperu visible de ce qui est discut. La visualisation est une technique qui ncessite lutilisation de matriaux comprenant des tableaux sur lesquels on peut fixer des cartes de plusieurs couleurs et de dimensions suffisamment grandes pour assurer la lisibilit de lcriture. Pour russir la visualisation, il y lieu de respecter certaines rgles qui sont : Soyez positif et indiquez vous-mme votre ide ou avis sur la carte, Une carte, une ide ! Rdigez de manire concrte, concise et claire, Indiquez seulement les faits et vitez les gnralisations et les considrations abstraites, Pour retirer une carte affiche sur le tableau, il est ncessaire dobtenir laccord consensuel des participants, Ne demandez pas qui a exprim lavis ou lide en question, Evitez les discussi