maires du nord

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L’hebdo des municipales réalisé par les étudiants de PHR et les 2e années de l’École supérieure de journalisme de Lille Numéro 1/3 Vendredi 21 mars 2014 page 11 Hénin-Beaumont : l’hyper médiatisation Municipales J-2 Lambersart : Divorce de la droite page 7 Wasquehal : Une droite divisée, une gauche rassemblée pages 16-17 Seclin : Bernard Debreu, François-Xavier Cadart entament le match retour page 15 Hellemmes : Montée du FN et éclatement de la gauche pages 4-5 Wattrelos : À la Redoute les municipales ne font pas l’unanimité page 19

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Page 1: Maires Du Nord

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page 11

Hénin-Beaumont :l’hyper médiatisation

Municipales J-2Lambersart : Divorce de ladroite

page 7

Wasquehal :Une droitedivisée, unegaucherassemblée

pages 16-17

Seclin : BernardDebreu,François-XavierCadartentament lematch retour

page 15

Hellemmes :Montée du FNet éclatementde la gauche

pages 4-5

Wattrelos : À la Redoute lesmunicipales nefont pasl’unanimité

page 19

Page 2: Maires Du Nord

SOMMA IRE

2Maires du Nord Vendredi 21 mars 2014

• Identité - Qui prendra la mairie ? • Enquête - Insécurité et ras-le-bol :le FN en position de force. • Rupture - L’Union de la gaucheéclate.

Bonus

p.3 Hellemmes

p.6

p.7

p.10p.11

p.12p.13p.14p.16

p.19

• Constat - Le fatalisme perdure • Reconquête - Le PS prendra-t-il sarevanche ?

Calais

• Incompatible : Divorce à droite• Dossier : L’Eglise n’influence pasmais leur foi, oui !

Lambersart

• Dossier - Comment le PS gardela main mise sur les quartiers ? • Enjeux - À Lille, le suspense estailleurs

Lille

• Reportage - Hypermédiatisation,à qui la faute ?• Enquête - Une terre sinistrée, unechance pour le FN

Hénin-Beaumont

• Introuvable - Christian Vanneste, legrand absent• Enquête - Le bastion socialiste tombera-t-il à droite ?

Tourcoing

• Réponse - À qui profite la divisiondes listes ?• Fissure - Une gauche fragile et divisée

Roubaix

• Identité - Derrière le candidat, lescolistiers• Face à face - François-Xavier Cadart et Bernard Debreu : le matchretour

Seclin

• Division - 2014 : Bon cru pour l’op-pisition à Vignoble ?• Retrouvailles - Comme un parfumde gauche plurielle

Wasquehal

• En colère - “Les Redoutables” n’at-tendent pas les municipales• Starting-block - Cinq candidatspour reprendre la barre• Désunion - Politique et chomage,un mariage difficile

Wattrelos

p.22 • Décryptage -Pourquoi votremaire pour peut-il s’appeler Michel ?

Page 3: Maires Du Nord

L’ É VÉNEMENT

3Maires du Nord Vendredi 21 mars 2014

HELLEMMES

Qui prendra la mairie?Frédéric Marchand48 ansParti Socialiste - Hellemmes, la ville,la vie ensemble

Les enjeux de sa campagne :

• Urbanisme et qualité de vie• Solidarité à tous les âges de la vie et emploi• Vie collective et associativeLieu emblématique à Hellemmes selon lecandidat : la mairie aujourd’hui et demain leparc Nelson Mandela à la place de l’anciennefilature.

Gisèle Hubert65 ansMouvement citoyen -Les Gens d’Hellemmes ont besoin d’air

Les enjeux de sa campagne :

• Informer les Hellemmois sur les projets de laville• Plus de transparence, notamment à proposdu budget• Démocratie participativeLieu emblématique à Hellemmes selon lacandidate : les ateliers SNCF et la locomotive.

Roger Maly61 ansFront de gauche - Ensemble, écrivonsune nouvelle histoire

Les enjeux de sa campagne :

• Créer des logements à la place des frichesindustrielles, ouvrir des crèches et des classes• Réaliser les projets promis en 2001 et nonaboutis• Améliorer la sécurité et le droit à latranquilitéLieu emblématique à Hellemmes selon lecandidat : la place Hengès et son marché

Claude Pruvot63 ansEELV - L’écologie, Hellemmes en mieux

Les enjeux de sa campagne :

• Démocratie participative• Aider les personnes en précarité énergétique,améliorer leur consommation • Augmenter l’offre de commerces deproximitéLieu emblématique à Hellemmes selon lecandidat : les ateliers SNCF, le parc de lamairie, le village d’insertion des Roms.

Jean-Rémi Dumesnil63 ansFront national - Hellemmes bleu Marine

Les enjeux de sa campagne :

• Sécurité• Réimplanter des commerces de proximité• Attirer les grandes entreprises pour créer del’emploiLieu emblématique à Hellemmes selon lecandidat : « Il n’y en a plus. »

Caroline BoisardVannier55 ansUMP - Hellemmois,libérez-vous

Les enjeux de sa campagne :

• Sécurité• Chômage• FiscalitéLieu emblématique à Hellemmes selon lacandidate : la mairie

Résultats des élections municipales de 2008 à Helemmes

Second tour :

PS-PC

Mouvement citoyen «Les Gens d’Hellemmes»

UMP

Les Verts

Gilles Pargneaux51,20 %

24 %

14 %

10,80 %

Page 4: Maires Du Nord

HELLEMMES

Insécurité et ras-le-bol,le FN en position de force ?

Hellemmes, ville associée de Lille, est un bastion du PS depuis 1970. Pourtant, depuis une dizaine d’années, le FN s’installe doucement. Une tendance qui met d’accord tous les bords politiques de la ville

et qui inquiète : quel score vont-ils faire ?

«Le FN, c’est un vote hard core ». GeoffreyHelsen 25 ans, colistier de Roger Maly,candidat communiste, est formel. Le

FN est un vote de colère et de contestation. Etdepuis plusieurs mois, les Hellemmois ont de larancœur envers les politiques de la ville. Jouantsur le sentiment d’insécurité ambiant, le FN ad’ailleurs publié un communiqué de presse enjuin 2013 fustigeant les choix du maire Frédé-ric Marchand concernant la sécurité. «Le maired’Hellemmes a une conception toute person-nelle de la sécurité », disait-il. En ligne de mire, la construction d’un villaged’insertion sociale pour des familles roms. JackNannini, directeur de cabinet du maire, re-proche au parti frontiste de faire un amalgameentre ce village et les camps sauvages. «Après ledémantèlement du camp sauvage du Pavé du Moulin,entre Hellemmes et Villeneuve d’Ascq, nous avonschoisi cinq familles qui y étaient. Ces personnesétaient suivies depuis longtemps par nos services so-ciaux et leurs enfants scolarisés dans la commune.Elles sont maintenant installées dans des mobil homesen dur à proximité d’une salle de sport. On peut direque le projet est une réussite. » Jean-Rémy Dumesnil, candidat FN aux muni-cipales, n’est pas de cet avis : « Je n’ai pas vu moi-même d’incivilités de la part des Roms, mais on m’ena souvent rapporté. » La mairie concède que despoubelles sont parfois éventrées du côté du vil-lage, mais insiste sur le temps nécessaire à ces populationspour s’intégrer totalement.

Peu après, lemaire avait étépris à parti et cha-huté par des op-posants au projet.Edith Hénon, gé-rante du barMontparnasse,garde encore un

arrière gout amer : «Le maire est passé il n’y a pas si longtempsque ça au bar pour faire sa campagne électorale. Je peux vousdire qu’on s’est bien pris le chou ! Il a fait installer un local pourque les Roms puissent loger leur ferraille. Je n’ai rien contre cesgens là, ni contre le village d’insertion qu’ils ont mis en place.Par contre, ce que je ne comprends pas, c’est qu’il y ai tant deHellemmois obligés de dormir dans leur voitures ou dehors. Aulieu de ce local, il aurait pu faire construire des logements sociauxpour les habitants dans le besoin ! »Cependant, lorsqu’on interroge les membres du collectifde soutien des Roms d’Hellemmes, ceux-ci nous affirmentqu’il n’y a rien de tel. De plus, la ville est plutôt une bonneélève en terme de logements sociaux. Le taux exigé par laloi est de 20%, et celui de Hellemmes se situe à 22%.

Mais où est la police ?

Autre cheval de bataille côté FN, le manque d’effectifs« criant» de la police municipale à Hellemmes. «C’est vraique trois fonctionnaires de police, ce n’est pas suffisant. Mais onaura beau en rajouter, ça ne sera jamais assez. Nous avons desmédiateurs sociaux de l’organisme Citéo qui font des rondes danscertaines zones de la ville », explique Jack Nannini. S’il devient maire, Jean-Rémy Dumesnil compte bien fairechanger les choses. « Je suis Hellemmois depuis plus de 50 ans.Et dans ma jeunesse, le commissariat était tout le temps ouvert.Maintenant, pour porter plainte, il faut se lever de bonne heure.Rendez-vous compte, il n’est ouvert que trois jours dans la se-

maine, de 10h30 à 16h45 ! » D’autre part, le candidat fron-tiste souhaite demander un classement de la ville en zonede sécurité prioritaire (ZSP), augmenter le nombre d’ef-fectifs de policiers et « redonner à Hellemmes son autonomiepar rapport à Lille ».De nombreux habitants se plaignent également des ras-semblements de jeunes à la sortie du métro Hellemmes etsur la place Hentgès en plein centre ville. Vols de porta-bles, jets d’œufs et de cailloux, menaces et odeurs sus-pectes... Certains habitants ne ressentent cependant pas cette insé-curité. Marie-Noël Laverre, mère de famille hellemmoise,ne se sent pas en danger. «Cela fait plus de dix ans que j’ha-bite ici. On voit des jeunes qui traînent un peu partout mais ilsne m’ont jamais rien fait. Ma fille, qui est au collège, me raconteparfois que ses camarades se bagarrent mais ce n’est pas spéci-fique à Hellemmes. »Pour d’autres, la situation s’est beaucoup dégradée. « J’ha-bite près du cyber café dans le centre », raconte Sylvie Dhal-luin. « Il y a quelques temps, des jeunes le squattaient tout letemps. Quand je rentrais chez moi, je me faisais insulter, j’avaistoujours peur. Le gérant du café s’est même fait agresser et il alâché l’affaire. Maintenant il y a moins de problèmes, le nouveaupatron arrive mieux à gérer la situation. Mais je retrouve lesmêmes jeunes près du métro Hellemmes qui sont toujours aussipeu aimables. »

Par Camille RedoulèsRetrouvez l’intégralité de cet article sur le site Mairesdunord.fr

ON S’EST BIENPRIS LE CHOU !

QU’EST-CE QU’UNE ZSP ?La Zone de Sécurité Prioritaire a été créée par leministère de l’intérieur du gouvernement deJean-Marc Ayrault en 2012. Les zones et les villes classées ZSP peuvent bé-néficier de renforts de police ou de gendarmessupplémentaires.Ce sont les maires, avec l’aval des citoyens, quidoivent faire une demande au ministère de l’in-térieur pour accéder au classement ZSP. Les dossiers sont examinés et doivent répondre

à plusieurs critères : montée de l’insécurité etdéséquilibres sociaux-économiques constatés.Actuellement, 80 villes font parties de ce dispo-sitif. Pour le Nord, ce sont les quartiers de Moulins,Faubourg de Béthune et Lille Sud à Lille. A Rou-baix, les quartiers de Alma, Epeule, Cul-du-Four,Fresnoy, 3 ponts, Hommelet et Pile-Ste-Élizabeth.Pour Wattrelos, Mousserie, Laboureur, Crétinier.A Tourcoing, les quartiers de La Bourgogne,Croix-Rouge, Pont de Neuville, Pont Rompu, Viro-lois, Epidème et Marlière.

4Maires du Nord Vendredi 21 mars 2014

La sortie du métro Hellemmes, un espace peu agréable pour certains des habitants

Le FN àHellemmes : la stratégieEn 2001, le Front national s’était présentéaux municipales de la ville. Le parti, avecen tête Anne Coolzaet, obtenait 15,41%des votes. Un score très élevé pour cetteville PS. Il crée encore la surprise en ne seprésentant pas en 2008. Mais c’est pourmieux organiser les élections cantonales.Nouveau record, avec 22%, juste derrièrele maire Frédéric Marchand. Pour le PS et le Front de gauche, la mon-tée du FN, au niveau local et national esttrès inquiétante. « L’électorat du Front na-tional ne vote pas pour la tête de liste, ilss’en moquent. Ils votent pour le parti », in-siste Jack Nannini. Même constat pourGeoffrey Helsen. « Sans faire de campagne,sans affichage et sans porte-à-porte, ils ar-rivent à faire des scores élevés à Hel-lemmes, qui est pourtant une ville PS de-puis 40 ans. Il faut se méfier de leurcampagne de communication basée surMarine Le Pen. S’ils sont élus à Hellemmes,ils ne feront rien, leur programme est videde sens et d’idées… »

Page 5: Maires Du Nord

L’union de la

gaucheéclate

Les pirouettes électorales sont de mise en 2014 à Hellemmes. La campagne est truffée de

rebondissements, d’alliances improbables et deséparations en tout genre. L’union de la gauche,

instaurée depuis 1971, a pris fin.

Difficile de dire qui est àl’initiative de ce di-vorce puisque les avis

se contredisent. « Ils nous ont dit clai-rement “pas de liste commune àHellemmes si pas de liste communeà Lille”», souligne Roger Maly, leader communiste de «Ensemble,écrivons une autre histoire». «Sans celanous serions partis avec eux dès le pre-mier tour.» Le maire PS a sa propre version :«On s’est réunis pour parler d’une uniondès le premier tour mais lorsqu’ils ontvu que le Front de gauche partait seul àLille, ils ont trouvé logique de faire lamême chose à Hellemmes. J’aurais pré-féré qu’on parte ensemble. »Et pour le second tour ? « Il y a defortes chances que les communistes fas-

sent un retour au bercaille ! Si le FN estau second tour, il faudra constituer uneopposition républicaine », affirme Frédéric Marchand,tête de liste de Hel-lemmes, la ville, la vieensemble . «Les résultatsc’est mathématique, onfera des alliances selonles scores, on se mettraautour d’une table et ondiscutera. L’hégémoniesocialiste dure depuis longtemps maisavec la conjoncture nationale peu relui-sante, le bulletin PS n’est pas une évi-dence. Ce pourrait très bien être eux quise rallient derrière nous au second tour »,envisage Roger Maly.

Un divorce regrettable?

Ces remaniements de quasi der-nière minute ont beaucoup surpris.À commencer par les anciens

Au café Le Montparnasse, à Hellemmes, ilfait bon boire un verre en parlant des pro-chaines élections communales. Situé juste

en face de la station de métro Lezennes, ce « fiefcommuniste » soutient le candidat Roger Maly, dés-ormais tête de liste du Front de gauche, face auParti socialiste.« Je ne pense que du bien de cette séparation ! Il fautfaire tomber Marchand ! » lâche Edith Hénon, gérante du bar depuis 15 ans. Sur le coin ducomptoir, des tracts, ceux du Front de gauche évi-demment. «Notre ville on y tient ! » est le slogan dela liste de Roger Maly et la patronne du Montpar-nasse partage cet attachement. « Je suis cartée depuispeu au PCF parce que j’en ai eu assez de constater querien ne changeait à Hellemmes », annonce-t-elle enservant une bière puis un café aux clients assisprès du zinc. Sur un des murs, une photo de Roger Maly. Icitout le monde l’apprécie, et ce n’est pas DidierLefrancq, président de son comité de soutien, quidira le contraire. L’homme est à table, ce midi

c’est spaghetti bolognaise préparés avec amourpar Edith. «Moi je fais dans le relationnel, j’encourageles gens à voter pour Roger. C’est un homme bien,proche de la population, au contact et à l’écoute. Toutce qu’il peut faire, il le fait, si c’est réalisable. » «C’estDidier la star en photo avec Roger là-bas », taquine latenancière. «De toute façon, on vote surtout pour lebonhomme, c’est quelqu’un qui en veut et qui avance »,ajoute le petit bout de femme. Ici la confiancerègne, le divorce avec le Parti socialiste n’a pasgénéré de craintes parmi les camarades. «Les com-munistes restent communistes à vie. S’ils votaient pourRoger sur la liste commune, ils voteront pour lui sur laliste seule », déclare Didier Lefrancq en finissant sacopieuse assiette.

Nouveau souffle au PCF

D’une autre génération, Geoffrey Helsen, 25 ans,n’en pense pas moins : «Roger, c’est quelqu’un desnôtres. Il passe son temps sur le terrain à faire du porte-à-porte pour demander aux gens ce qu’ils aimeraient

changer à Hellemmes. Il fait l’effort de la démocratie ettente d’impliquer la population contrairement à Frédéric Marchand qui est bien éloigné des préoccupa-tions de tous les jours. » Le jeune assistant d’éduca-tion faisait partie des jeunesses communistes et ila rejoint la liste de Roger Maly pour les électionsde 2014, aller à la rencontre des gens est aussi sonquotidien : «On se partage les quartiers, moi je suis àLezennes. Ce que les gens nous disent, c’est qu’ils sonten colère, ils en ont marre des déceptions et des trahisonsdes autres partis. »Au Montparnasse il dit bonjour à tout le monde,ici c’est un peu chez lui puisqu’il habite l’appar-tement d’à côté. Barbe de quelques jours et triangle rouge sur l’encolure de sa veste, le jeunehomme croit en son parti : « Je pense qu’il y a possi-bilité d’être devant les socialistes au premier tour. Noussommes capables de crever l’abcès et de sortir la popu-lation de l’impasse. Nos troupes sont rajeunies et on estplus forts qu’avant. »

Le Montparnasse derrière Roger Maly

Par Charlotte ProvinRetrouvez l’intégralité de cet article sur le siteMairesdunord.fr

Par Charlotte ProvinRetrouvez l’intégralité de cet article sur le siteMairesdunord.fr

L’alliance entre socialistes et communistes a pris fin en 2014.

HELLEMMES

5Maires du Nord Vendredi 21 mars 2014

maires socialistes de Hellemmes, Ber-nard Derosier et Gilles Pargneaux.«Personnellement, je déplore qu’il n’y ait

pas de liste com-mune mais c’est lechoix des commu-nistes et je n’aipas à le désap-prouver. C’estjuste dommage.J’ai vécu de l’inté-rieur cette alliance

historique et ça se passait très bien entre socialistes et communistes », commenteBernard Derosier, ancien président duConseil Général du Nord. Le député européen Gilles Pargneauxest sur la même longueur d’onde :«C’est vraiment un grand regret cette sé-paration. Je n’ai pas bien compris cette vo-lonté d’être en concurrence au premier tour.Ça s’est pourtant toujours très très bienpassé avec les élus communistes. »En ce qui concerne l’arrivée de Nabil

El Haggar sur la liste socialiste, lesopinions des deux anciens édiles di-vergent. « Je trouve que sa venue est posi-tive, c’est le moyen de se réconcilier avec lesGens d’Hellemmes. Dommage qu’il soitseul mais c’est le leader. Frédéric Marchand m’avait consulté et mon avis aété favorable. L’opposition avec cette asso-ciation se fait de plus en plus artificielle aufil du temps », constate le premier se-crétaire de la fédération du Nord duParti socialiste. Pour Bernard Derosier, le ton est toutautre : « Je ne suis pas d’accord avec Marchand sur la venue de ce gourou àl’initiative des Gens d’Hellemmes. Il a prisla décision seul sans en référer aux ins-tances du PS et je pense qu’il a eu tort.Pour moi les Gens d’Hellemmes sont desadversaires politiques et qui plus est sansidéologie. Pendant dix ans El Haggar s’estviolemment opposé aux socialistes. »

C’EST UN GRANDREGRET CETTESÉPARATION.

Insécurité et ras-le-bol,le FN en position de force ?

Page 6: Maires Du Nord

CALA I S

Le fatalisme perdure

Le parti communiste prendra-t-il sa revanche ?

En 2008, Natacha Bouchart rempor-tait les municipales. Une premièrepour l’UMP dans cette ville conduitepar le parti communiste depuis trente-sept ans. Les 23 et 30 mars, elle tenterade se faire élire pour un deuxièmemandat, face à l’ancien maire commu-niste, Jacky Hénin. Pour sa deuxième participation à cetteélection, la maire UMP présente ànouveau une liste d’ouverture. En têtedes sondages depuis décembre, ses ten-tatives pour rendre la ville plus attrac-tive semblent avoir payé. Seuls bémols :les impôts locaux et le taux de chô-mage, l’un des plus élevés en France.

PS et PC partent séparés

Ce contexte social pourrait être favora-ble à Jacky Hénin, qui affirme avoirbaissé ce taux durant son mandat.Mais l’ancien maire, sanctionné en2008, devra se confronter à une nou-velle difficulté : c’est la première fois

que le PS se présente seul au premiertour. Avec Yann Capet en tête de liste,il est crédité de 18% des votes. Il pour-rait donc, comme Jacky Hénin et Na-tacha Bouchart, être présent audeuxième tour. Une situation qui don-

nerait lieu à une alliance entre le PS etle PC. Mais d’ici là, chacun tentera defaire pencher la balance en sa faveur.Quant à Françoise Millot, candidateLutte ouvrière, elle pourrait offrir sesvoix à la liste communiste.

Le poids du FN

Discrète, Françoise Vernalde, candi-date FN, pourrait elle aussi être de lapartie le 30 mars. Selon le même son-dage publié en décembre, elle pourraitobtenir 23% des voix. Le double duscore réalisé en 2008 par François Du-bout, radié depuis du FN. Pour cesélections, il se présente en deuxièmeposition sur une liste Divers droitemenée par Alexandre Van Kerkhove,ancien membre de l’UDI. Triangulaire ou quadrangulaire ? Ledeuxième tour des municipales devraiten tout cas surprendre. Jamais le FNn’a eu autant de poids dans cette villeau passé communiste. Une allianceentre communistes et socialistes pour-rait, de son côté, rendre la ville à lagauche, voire à Jacky Hénin.

AUDE DERAEDT

n remontant la rue Royale, les grandstrottoirs sont ornés de pots géants deplantes. Les commerçants de cette ruedevenue semi-piétonne ouvrent leur bou-tique. Quelques passants se dirigent versle marché, sur une place d’Armes àpeine rénovée. Au bas de la tour du

Guet, l’ancien parking a disparu. Sans pour autantressembler à un lieu de vie.Beaucoup de Calaisiens reconnaissent des change-ments cosmétiques qui pourraient profiter à l’imagede l’ex-première ville communiste de France. Maisils s’interrogent sur la capacité de Natacha Bouchartà lui rendre son dynamisme. Céline, 21 ans, en mon-tant dans un bus Balad’in : « Le look de la ville a changé,mais rien d’extravagant à part ça. » Même son de clochepour Willy, agent SNCF qui fait valoir au passagequ’avant Natacha Bouchart, « c’était la léthargie. Onpeut dire que visuellement, Calais a bien changé, mais surle fond, sur l’emploi, ça n’a pas bougé. »D’autres se sentent peu concernés par le lifting de laville. « Je redoute surtout la perspective des impôts avec lestravaux », lance une octogénaire. Les taxes d’habita-tion et taxes sur le foncier bâti ou non bâti ont toutesaugmenté depuis 2008. « Je suis venue de Maubeuge en1959 », poursuit-elle. «En comparaison, Calais était at-tractive. Les communistes sont restés tellement longtemps,je ne faisais plus attention à la longue. » Maintenant elleles regrette un peu.

« Calais est une ville morte »

Dans les allées du marché, les acheteurs sont pour laplupart retraités. Beaucoup apportent leur soutien àla maire sortante. L’une d’elle pousse un coup degueule à la vue du micro : « On s’est beaucoup occupéde social et très peu du tertiaire, estime cette anciennecommerçante. On a surtout eu un régime communistequi a tout loupé : le Louvre a été apporté sur un plateau,mais Hénin n’est même pas allé à la réunion. » La retrai-tée fait référence à ce 20 juillet 2004 où Jacky Héninétait absent de la délégation calaisienne. Boulogne-

Par Yohav Oremiatzki

6Maires du Nord Vendredi 21 mars 2014

Résultats des élections municipales de 2008 à CalaisSecond tour :

UMP

Parti Communiste Jacky Hénin

Nathalie Bouchard54,02 %33,44 %

Natacha Bouchart, la sénatrice-maire UMP de Calais, se présente à un deuxièmemandat le 23 mars. Simple parenthèse ou fin du règne de la gauche ? À Calais-nord, les habitants comparent deux façons de gérer leur ville, et semblentpour certains avoir déjà oublié les trente-sept ans de communisme.

E

La rue Royale, récemment réaménagée.

sur-Mer, Béthune, Amiens, Valencienne et Lensétaient alors en compétition pour l’attribution d’un« Louvre-bis ». Mais pour le maire de l’époque, leprojet était trop coûteux.« S’il avait laissé venir la copie du Louvre, ça aurait ramenédu monde », rebondit Monique, jeune retraitée, « maisle passé est trop lourd. Natacha Bouchart essaie de redyna-miser la ville, mais il faut surtout attirer des gens de l’exté-rieur. Tout ferme à Calais. Il n’y a plus d’Anglais commeavant. La maire aimerait rattraper le coche mais les entre-prises sont parties après l’ouverture du tunnel sous la

Manche. Calais est une ville morte. »Pour la plupart des passants, l’emploi est sur toutesles lèvres. Le taux de chômage, de 14% en 2008, estpassé à 17,7%. « Mme Bouchart avait promis beaucoupd’emplois », explique Hervé, 56 ans, employé sur lemarché, « mais avec la conjoncture, elle n’a pas pu tenir sespromesses. »

Page 7: Maires Du Nord

Daniel Poupeville :Pour vous et avec vousDaniel Poupeville présente une listepragmatique qu’il affiche sans éti-quette. Il a choisi la compétence plutôtque les opinions politiques pour consti-tuer son équipe. Les finances pourJacques Dutszyn, ancien chef de celluleà la chambre régionale des comptes; lesocial pour Jean-Marie Challouate, ex-éducateur spécialisé. La candidat meten avant la diversité de sa liste, qu’ilveut a l’image de la commune qu’ilconvoite. Il axe son programme surl’éducation, la sécurité et la réforme dela gestion des quartiers.

Jérôme Roussel :Lambersart autrementLe candidat PS a distillé ses projets decampagne au gré de son blog. Il l’ali-mente au rythme d’un article par jour,traitant les thèmes par ordre alphabé-tique. Bénéficiant du soutien du prési-dent du Conseil général Patrick Kanner,le candidat socialiste a axé son pro-gramme sur l’emploi et cherche à agirau sein d’une «commune attractive etsolidaire » selon ses propres termes. Ilfait de l’emploi et de l’éducation deuxdes thèmes forts de son projet.

Nicolas Bouche :Ambition pourLambersartCandidat sans étiquette, Nicolas Bouchene cache pas son passé centriste, maisveut rassembler au-delà des partis poli-tiques pour l’avenir de la commune. Saliste est composée de Lambersartoisaux profils divers, qu’il veut comme unereflet de la ville. Mettant en avant unprojet complet qui n’épargne aucunthème, il attaque ouvertement le mairesortant sur son train de vie et pointe dudoigt ses faiblesses concernant lescommerces de proximité, la fiscalité etl’environnement.

Marc-PhilippeDaubresse :LambersartpassionémentMalgré la concurrence acharnée etl’annonce de sa dernière candidature,le maire sortant marche en terrainconnu et a l’avantage de bien connaîtresa ville. Initiateur du système de vidéo-surveillance, il entend défendre sonprojet de lutte contre l’insécurité. Ilmise sur son expérience pour conduirede nouveau Lambersart dans ce nou-veau mandat. Marc-Philippe Daubresseanticipe aussi l’élection des conseillerscommunataires, qui seront élus pour lapremière fois en même temps que leconseil municipal.

Divorce à droite

Cette année, Marc-Philippe Daubresse doit faire face à un adversaire de taille :

son ancien adjoint à la sécurité, Yvon Cousin,qui a monté sa propre liste municipale

Lambersart, le cœur en plus.

ntre Marc-Philippe Daubresse etYvon Cousin, c’est vingt-cinq an-nées d’amitié qui ont été enter-rées lorsque l’ancien adjoint à lamairie a créé sa propre liste.«Les liens se sont distendus au fil desannées. Avant, il m’écoutait lorsquedes citoyens avaient des choses à re-dire sur sa politique. Et puis il a étéde moins en moins disponible et a dé-rivé vers une gouvernance autocra-tique », commente l’opposant.Avant d’entrer en campagne mu-

nicipale, le dialogue ne passait déjà plus entre les deuxhommes. Yvon Cousin accuse son adversaire d’avoir prisla « grosse tête » avec son statut de député. Cette rupture,il l’a vécue comme un réel « divorce ». Il regrette de ne pas avoir mené de campagne municipaledans les règles démocratiques, à la façon de MartineAubry et de ses opposants. Dès que Marc-Philippe Dau-bresse a appris que son adjoint se présentait contre lui, illui a retiré ses délégations. Si aujourd’hui il n’a plusqu’une place au conseil municipal, c’est parce que lemaire ne peut pas la lui enlever. «Cette politique ne meconvenait plus. Mais je regrette la façon dont ont tourné leschoses. Des conseillers municipaux m’ont suivi, exaspérés euxaussi par la politique de Daubresse. »Au début de la campagne, les deux hommes se serraientla main lorsqu’ils se croisaient, aujourd’hui, ils ne se sa-luent même plus. La tête de liste de 74 ans a également fait face à de nom-

breuses injures. «Que l’on me qualifie de vizir voulant prendrela place du vizir, passe encore, mais que l’on me traite de Pi-nocchio, c’est inacceptable ! »

Cumul des mandats

Lambersart, le cœur en plus, comme pour dénoncer unmanque d’investissement du maire sortant. Pour YvonCousin, on ne peut pas être à la fois maire et député. « Jesuis absolument contre le cumul des mandats. Un député tra-vaille au service de son pays. Un maire pour sa commune ! »Selon lui, il a passé beau-coup trop de temps àParis, négligeant sa pro-pre ville. « Il a été secrétaired’état, ministre délégué, ils’est vanté d’être le numérodeux de l’UMP. Et pendantce temps-là, c’est moi qui dirigeais Lambersart. »Pourtant, de nombreuses mesures ont été prises ne se-rait-ce qu’au niveau de la sécurité : installation des ca-méras, augmentation des effectifs de policiers munici-paux, et ce grâce à la place du maire sortant augouvernement. «Cet argent a été obtenu grâce à son statut dedéputé, il n’est pas censé ramener de l’argent pour sa commune,même si je m’en réjouis. Mais cet argent aurait pu servir auxquartiers nord de Marseille par exemple. »Yvon Cousin affirme que de nombreux Lambersartoisne supportent plus la politique de Marc-Philippe Dau-bresse. Pour l’ancien adjoint, une chose est sûre, ledeuxième tour se jouera entre le maire sortant et lui.

Tête de liste du rassemblementVraiment à gauche,Pierre-Yves Pira prône des valeurs abandon-nées selon lui par le Parti socialiste. Le candi-

dat veut un vrai esprit de gauche et affiche sa volontéd’une commune plus égalitaire. «Nous refusons d’aban-donner les valeurs de la gauche », indique le candidatpour expliquer la dénomination de sa liste. «D’autrespartis de gauche se sont rangés du côté de l’austérité, ce n’estpas en privant les gens que la situation va s’améliorer. »Ayant rassemblé 10% des suffrages en 2008, la listeVraiment à gauche campe sur ses positions anti-libé-rales. Ils espèrent l’arrivée d’un second élu au conseilpour épauler Pierre-Yves Pira dont les idées sur la dé-mocratie participative ou la gratuité des transportsn’ont pas fait mouche auprès du maire actuel. «Lescitoyens se désintéressent des élections car on les dépossèdedes affaires politiques », déplore-t-il : 44.49% des élec-

teurs ne s’étaient pas déplacés auxurnes au premier tour des munici-pales en 2008. «Comment voulez-vousdiriger une commune si vous ne consul-tez pas les habitants ? » Pour ces élec-tions, il les a lui-même interrogéspar le biais de questionnaires ou-verts et distribue des procurations pour inciter lesgens à voter.

Un projet local et social

Pierre-Yves Pira revient sur la politique sociale deMarc-Philippe Daubresse, qui selon lui a favorisé lesinégalités. «Nous voulons renouer le contact entre les quar-tiers, déclare Pierre-Yves Pira. Près de 600 familles vi-vent en dessous du seuil de pauvreté tandis que 213 paient

l’impôt sur la fortune… il faut réduire ce gouffre. »Plus de social, démocratie participative, des valeursrésolument de gauche dont il met en avant laconstance. «Nous n’avons jamais changé d’idée et nousne changerons pas », répète Pierre-Yves Pira, se référantimplicitement à la politique nationale, ou même aumaire sortant qui, élu en 1989, défendait des valeurscentristes.

ALEXANDRA ARDRI

Pour une gauche sansconcession

Résultats des élections municipales de 2008 à LambersartPremier tour :

UMP

PS Jérome Roussel

MoDemDaniel Pouppeville

PC Claudine Descamps

Marc-Philippe Daubresse

51,02 %

20,21 %

18,73 %

10,03 %

Yvon Cousin a créésa propre liste

Lambersart, le coeur en plus

LAMBERSART

7Maires du Nord Vendredi 21 Mars 2014

Par Chloé Dequeker

EUNE GOUVER-NANCE AUTO-CRATIQUE

Résultats des élections municipales de 2008 à LambersartPremier tour :

UMP

PS Jérome Roussel

MoDemDaniel Pouppeville

PC Claudine Descamps

Marc-Philippe Daubresse

51,02 %

20,21 %

18,73 %

10,03 %

Retrouvez l’article sur les enjeux des municipales à Lambersart sur le site internet : mairesdunord.fr

Page 8: Maires Du Nord

a chapelle Saint-Calixte fait salle comble.Personne n’est en retard, chacun s’installesur les bancs en bois clair. Il est 9 heuresà Lambersart et les fidèles s’apprêtent àprier. L’abbé Jean-François Bordarier estderrière son autel. Son étole violette,signe de pénitence, épouse sa longue aubeblanche. Entre chants et recueillements,l’assemblée, plutôt âgée, écoute pieuse-ment. Plus tard, les fidèles dessinent un signe decroix sur leur buste et religieusement quit-

tent la petite chapelle de cinquante mètres carrésnichée dans l’église, sous le Christ sur la croix.Les croyants se ruent vers la sortie. Marie-Jo-seph Marcant, 87 ans, prend le temps. La dameaux cheveux grisonnants explique : «On peut êtrede différents partis au sein d’une même église. »Chan-tal Chabant, 72 ans, le teint hâlé et le sourire auxlèvres, confie : « Je suis croyante un point c’est tout.Et puis le prêtre ne s’investit pas en politique. Je suisune grenouille de bénitier et je ne lui donne pas le droitde m’influencer ! »L’abbé Bordarier reprend: « Je n’influence pas lesfidèles mais j’espère que l’Évangile, oui. » Pour la per-sonne d’Église qu’il est, il faut cependant défen-dre des valeurs. «Quand des politiques disent qu’ilfaut foutre les étrangers dehors, c’est inacceptable ! Çava à l’encontre de nos croyances donc là, je le dis », rec-tifie l’abbé. Tous les fidèles s’éloignent. Il est9h25 et le parvis de l’église Saint-Calixte estvide.

Une gauche boudée par les ca-thos

Dans la chapelle, la veilleuse sur l’autel, sym-bole de vie, est éteinte. La dame qui a soufflé surla bougie se nomme Bernadette et a 79 ans. De-puis de nombreuses années, elle aide les famillesau moment des enterre-ments. «L’Église m’in-fluence un peu dans meschoix politiques. Je croisque Jésus-Christ a donnésa vie pour nous, donc ilfaut être disponible commelui et aider les autres. Ilfaut privilégier tout ce quiest pour le peuple. »Quand on lui demande pour quel candidat ellea voté aux élections présidentielles de 2012, lapetite dame ne répond pas. Un silence s’installe,regards gênés. Elle reprend : « Je suis pour les lo-gements sociaux par exemple, mais il y a dans lagauche, des choses qui me gênent. À droite il y’en amoins qui ne me plaisent pas. » De la petite salle, Bernadette se dirige vers la sa-cristie : «On n’a pas beaucoup de temps, il y a un en-terrement dans quinze minutes. Tout le monde s’af-faire. »Deux autres femmes préparent les cierges

et les hosties. « Je pense que ce n’est pas ma foi la plusimportante mais ma conviction. Quand on estcroyant, on a certaines idées », affirme GhislaineGarez, 67 ans. Depuis longtemps, elle s’occupede la préparation des funérailles à l’église Saint-Calixte. En face d’elle, Thérèse Dufermont, 79ans, supervise, entre autres, les chants dansl’église. La coupe impeccable, les cheveux courtset blonds laqués, elle renchérit : «À l’église on nousdit de voter car c’est un devoir. C’est nous qui influen-çons les élections par nos votes. » La préparatrice desfunérailles continue, plus sûre : «Quand on a unefoi catholique, il y a des choses qu’on ne peut pas ac-cepter. » Ghislaine Ganez commente : « Je n’ai rien contreles homosexuels, au contraire j’ai des amis qui le sont.Mais pas de là à leur autoriser le mariage. Le vrai ! »Thérèse Dufermont continue : « Il y avait déjà lePacs. Ça ne suffisait pas ?» Bernadette s‘expliqueà son tour : «Ce qui me dérange c’est qu’ils aient desenfants ! Non, normalement il devrait y avoir unemère et un père. » A cause de cette loi, les troisfemmes ne se sentent plus écoutées par lagauche en général et le Parti socialiste en parti-culier. Thérèse et Ghislaine s’accordent : «Oui, nous vo-terons à droite ! » Et se complaisent : «Mais nous nedirons pas de quelle droite il s’agira ! » Peut-on aider le peuple et voter à droite ? «Toutela droite n’est pas capitaliste. Jésus dit qu’il faut avoirle souci des plus pauvres. La vraie question est : Est-cequ’il vaut mieux soigner l’économie pour aider les gensou plutôt porter le souci des pauvres et de prendre auxriches pour donner aux plus démunis ? », répondl’abbé. La ville de Lambersart est marquée par un fortancrage politique à droite. Le maire sortant,Marc-Philippe Daubresse est entré en politiqueen 1983. D’abord dans le conseil municipal etdepuis 1988, en tant que maire de la ville. Et

cette droite sourit aux ca-tholiques de Lambersart.

Saint-Calixte a faitpeau neuve

Le maire a lancé la restaura-tion de l’église Saint-Calixteil y a un peu plus d’un an.Les peintures ont été refaites

et de nouvelles chaises ont été achetées. «Leschaises nous ont coûté 44 000 euros », informe l’abbéBordarier. Et le montant total des travaux avoi-sinerait les 300 000 euros. « J’ai contacté le mairepour qu’il nous vienne en aide. Les discussions ont dé-buté le 1er mai 2011, à la suite de l’approbation duconseil municipal. » En effet, des problèmes d’in-filtrations d’eau sont survenus, en plus des pein-tures défraichies et des fissures apparentes. «Lamunicipalité a réussi à répartir les dépenses du projetsur deux budgets pour que ce soit moins lourd », ex-

plique l’abbé lambersartois. Les travaux se sontterminés en juillet dernier, moins d’un an avantles élections municipales. En allumant la sono, quelques minutes avant lesfunérailles, Bernadette raconte : « Ils étaient obli-gés d’entretenir l’édifice religieux. C’était une pro-messe ! », déclare t-elle. Le maire de Lambersart arefusé de nous répondre. Dans tous les cas,l’abbé Bordarier refuse de croire à la manœuvrepolitique. « Si c’était vraiment le cas, j’aurais disnon ! »

L’Eglise ne les influence pas mais leur foi, oui !

Les électeurs lambersartois sont appelés à voter dimanche 23 marslors des élections municipales. Entre convictions politiques et la foi

religieuse, quel est l’argument qui influencera les catholiques?

Par Andréa Devulder

LAMBERSART

JE N’INFLUENCEPAS LES FIDÈLESMAIS J’ESPÈRE QUEL’ÉVANGILE, OUI

8Maires du Nord Vendredi 21 Mars 2014

À Saint-Calixte, les fidèles sont réunis.

L

Page 9: Maires Du Nord

Un appel à l’engagement politique

Les évêques de France ont publié en décembre 2013 : la Déclaration du conseil permanent de la confé-rence des Evêques de France à l’approche des élections municipales 2014. Un moyen de faire entendre lepoint de vue de l’Eglise sur la politique.

La société a un avis sur l’Église mais l’Église aussi en a un aussi sur la société. En décembre, plu-sieurs évêques de France ont écrit une déclaration pour rappeler la doctrine sociale de l’église.«L’Église a toujours donné son avis de façon très ouverte sur les politiques menées », commente l’abbé lam-bersartois Jean-François Bordarier. Cette lettre ouverte aux candidats est un message d’encoura-gement qui a « une dimension fraternelle » comme elle le stipule. Egalement, elle aborde des pro-blèmes sociétaux comme l’individualisme, la crise. «La déclaration présente la paroisse comme un« tissu communal » à part entière. «C’est un appel à l’engagement. Quand on est dans une collectivité, il n’ya pas d’intérêt particulier. Remettons en valeur les communes », affirme Bernard Podvin, porte parole dela conférence des évêques. Ce n’est pas la première fois que l’Église s’adresse à la population fran-çaise. «Les papes le font depuis un siècle », clame l’abbé Bordarier. Elle se veut être un message adresséaux jeunes comme aux plus âgés. «La politique, et a fortiori quand il s’agit d’élire un maire, est un exer-cice suprême de charité car ça demande de s’intéresser aux structures sociales et économiques d’un village oud’une ville », clame le Lambersartois. Le Pape François a d’ailleurs souligné dans son exhortationapostolique que « tout ce que nous faisons pour les autres a une dimension transcendante ». «Dans une dé-mocratie, les évêques sont dans leur plein droit dans l’espace public. Ils s’inquiètent de la montée du popu-lisme et le font donc savoir », souligne Bernard Podvin. La déclaration des évêques de France sur les élec-tions municipales entre alors dans le cadre d’une démocratie à dimension participative.

LAMBERSART

LES ÉGLISES, UN PATRIMOINE MUNICIPAL

En France, même s’il y a bien eu séparation de l’Étatet de l’Église par la loi de 1905, tous les bâtiments cul-turels qui existaient avant cette date sont devenus desbiens communaux. D’où l’obligation, pour les muni-cipalités, d’entretenir ces édifices religieux.Depuis la loi, c’est le Vatican ou de fervents catho-liques qui prennent en charge tous les nouveaux bâti-ments.Quand ce n’est pas le cas, beaucoup de ces monumentstombent en ruine et sont alors mis à la vente et rache-tés soit par des particuliers, soit par des promoteursimmobiliers.En revanche, l’entretien des églises reste du domainede la paroisse. Excepté s’il s’agit de gros travaux dus,par exemple, à des fuites d’eau ou une toiture abîmée.Là, c’est la municipalité qui est chargée de voter unbudget pour sa restauration. C’est ce qui s’est passé àLambersart.A Lambersart, les églises Saint-Calixte, Notre-Damede Fátima, du Saint-Sépulcre et le centre pastoralSaint-Gérard composent la paroisse catholique de laSainte Trinité. L’abbé Jean-François Bordarier en a laresponsabilité. La ville est également dotée de l’églisechrétienne évangélique Elim. Jean Pira en est la pas-teur.

9Maires du Nord Vendredi 21 Mars 2014

L’Eglise ne les influence pas mais leur foi, oui !

Page 10: Maires Du Nord

L I L L E

Comment le PS garde lamainmise sur les

quartiers

À Lille, le suspense est ailleursDepuis 1955, Lille compte deux cita-delles : celle de Vauban en bord deDeûle, et celle du PS sur le beffroi. Per-sonne n'ose douter que Martine Aubryva rempiler pour un troisième et (à l’encroire) dernier mandat. Avec 25 pointsd’avance dans les sondages, l’héritièrede Pierre Mauroy a pour elle sa carrurenationale, ses soutiens dans les quar-tiers et la vie associative, ainsi qu’unechronique absence de rivaux.

Une liste surprise

Si le sénateur UMP Jean-René Lecerfa opté pour le style offensif, on a sur-tout retenu à la mi-février, le brutal dé-barquage de son mentor Christian De-cocq, poussé vers la sortie par la jeunegarde : rue de Solférino, on prépare2020. Alors que la triangulaire se pré-cise, le FN d’Eric Dillies, à peine 5%en 2008, ambitionne de profiter ducontexte pour talonner l’UMP.Avec la première liste communiste de-

puis 1977, Lille compte pas moins dequatre listes à l’extrême-gauche. L’uned’elles pourrait bien se voir créditéed’un score surprise : l’Église de la Très-Sainte Consommation, la religion-ca-nular du comédien Alessandro Di Giu-seppe, a joué la carte de la farce et duhappening pour attirer l’attention.

Avec le même message développé aupremier degré, Hugo Vandamme pourle Front de gauche, Jan Pauwels pourle NPA et Nicole Baudrin pour Lutteouvrière risquent de se marcher sur lespieds. Les Verts de l’actuelle adjointe àla petite enfance Lise Daleux ne sontpas attendus au niveau habituel, et le

radical Jacques Mutez, adjoint luiaussi, a choisi le cavalier seul dans unsemi-anonymat.

La crainte de l’abstention

Qu’attendre dimanche ? Un chiffred’abstention d’abord. La hantise deMartine Aubry : que les quartiers po-pulaires de l’est et du sud, où le PS ré-colte entre 70 et 80 % des voix, bou-dent les urnes. Elle y a passé le plusclair de sa campagne, fuyant les mé-dias, multipliant les réunions de quar-tier. Mais cette campagne malgré toutbrève et sans suspense risque de ne pasaméliorer une participation régulière-ment famélique : l’apparent raz-de-marée de 2008 n’avait pas pu dissimu-ler qu’Aubry avait été réélue avec 28 %des inscrits… La barre des 50 % de vo-tants serait, dimanche, sa première vic-toire.

TIMOTHÉE VILARS

«Si j’avais le droit de vote, je voteraisMartine Aubry. De toute façon, j’enconnais pas d’autres », glisse unejeune Marocaine dans les rayons

de la médiathèque. Malgré les difficultés socialeschroniques au Faubourg – 24% de chômage, plus de40% des 15-24 ans non-scolarisés – le PS y enchaîneplébiscite sur plébiscite. « Les gens n’arrêtent pas de râlercontre la mairie, mais ils ont peur du changement », lâcheMichel Degouy, un des seuls conseillers d’oppositiondu quartier. Candidat du FN aux municipales, ÉricDillies tente une explication : «Les socialistes ont réussià convaincre tous ces malheureux qu’ils étaient les seuls às’occuper d’eux. »Tracts et porte-à-porte : malgré leur position confor-table, les socialistes continuent d’occuper le terrain.Durant l’entre-deux-tours des cantonales de 2011,crédité d’une belle avance, le candidat PS PatrickKanner envoie tout de même ses équipes éplucher lesregistres pour collecter les noms des abstentionnistes.Résultat : au soir du second tour, il remporte le bu-reau 812 avec 92% des voix !

Mobiliser les associations

Une pratique difficile à comprendre pour son oppo-sant UMP, François Kinget : « Dans quelle logique l’a-t-il fait ? Peut-être pour aller taper sur les doigts de ceux quine sont pas allés voter. » Latifa Kechemir, présidente PS

du conseil de quartier, assume : « On essaie de com-prendre le phénomène de l’abstention, c’est pour ça qu’oncible. »Dans cette lutte contre l’abstention, les socia-listes savent aussi mobiliser le tissu associatif. Ciblede l’opposition, le collectif « Votons ! », né en 2012,accompagne les habitants du quartier jusqu’aux bu-reaux de vote. À sa tête : Madani Oulkébir, directeurdu centre social et sympathisant socialiste. Mais leproblème est aussi celui de la dépendance financière.Une directrice d’association qui souhaite rester ano-nyme explique : «Aujourd’hui, si on faisait des chosescomplètement contraires à la politique de la municipalité,je ne suis pas sûre qu’on serait soutenu. »Une situation qui, selon le directeur de Sciences-PoLille, Pierre Mathiot, découle de « l’hyperactivismed’une minorité, intéressée à défendre le parti dominant au-quel elle est liée, par le métier et divers services rendus dontle logement.»

Une opposition atone

Dans les conseils de quartier, les voix discordantespeinent à émerger. Avec deux représentants de l’op-position sur 24 membres, le conseil avalise largementla politique de la mairie centrale. « Les conseils de quar-tier sont des relais du beffroi », attaque Gérard Demil,un des deux conseillers UMP. Ce qu’un responsablesocialiste nous confirme à sa façon : «Les décisionssont mises sur la table. Si les conseillers n’osent pas lescontester, c’est qu’ils pensent que les choses sont déjà faites.»Le problème réside dans la composition même duconseil : un tiers d’élus, un tiers de « forces vives » (no-tamment des dirigeants d’associations) et un tiers detirés au sort sur les listes électorales. Au bout ducompte, une écrasante majorité de socialistes. D’au-

tant plus que le bureau décide en amont de l’ordredu jour. La maire de quartier Latifa Kechemir dé-ment. Au conseil de quartier, « les appartenances poli-tiques sont gommées, jure-t-elle. Nous nous préoccuponsuniquement du quotidien des habitants. »

Par Yannick Sanchez et Lucas Valdenaire

1 0Maires du Nord Vendredi 21 mars 2014

Résultats des élections municipales de 2008 à LilleSecond tour :

PS UMPSébastien Huyghe

Martine Aubry66,56 %

33,44 %

Seul secteur où Martine Aubry a fait plus de 80% en 2008, le Faubourg de Béthune est totalement acquis à sa cause. Absencede militants de l’opposition et subventions aux associations sont les éléments caractéristiques du monopole socialiste.

L’espace Concorde au Faubourg de Béthune

Page 11: Maires Du Nord

HÉN IN -B EAUMONT

Hypermédiatisation,à qui la faute ?

Une terresinistrée, unechance pour le

Frontnational?

Hénin-Beaumont restera-t-elle à gauche en 2014 ? Le terri-toire sinistré du bassin minier pourrait basculer dans lesmains du Front national. Les favoris : Eugène Binaisse(DVG) et Steeve Briois (FN), selon les sondages récents. Présent sur les terres héninoises depuis les municipales de1995, Steeve Briois a eu des résultats exponentiels depuiscette date : il est passé de 12,07% des voix en 1995 à 28,83%en 2008, et 47,62 % au second tour en 2009, lors des élec-tions partielles. Pourquoi des élections partielles ? Car Gérard Dalongeville, maire PS de 2001 à 2009, a été im-pliqué dans une affaire de détournements de fonds publics.Condamné à trois ans de prison et cinq ans d’inéligibilité,il a fait appel de la décision de justice, un appel suspensifqui lui permet donc de se représenter aux élections de 2014,sans étiquette cette fois-ci. Depuis, le PS fait profil bas et ne présente pas de candidat,mais soutient officiellement Eugène Binaisse, maire d’Hénin-Beaumont depuis 2010 (Daniel Duquenne, sonprédécesseur, s’était retiré pour raisons de santé). Bilan mi-tigé pour le maire sortant : la fiscalité a augmenté entre2009 et 2013, une conséquence de l’affaire Dalongeville.

Division à gauche, droite républicaine absentePour rajouter des difficultés aux dissidences existantes,Georges Bouquillon (MRC), premier adjoint du maire sortant, a décidé de se présenter pour dénoncer le mandatd’Eugène Binaisse, une division qui pourrait profiter à l’extrême-droite. À Hénin, la droite républicaine a histori-quement du mal à s’imposer. Jean-Marc Legrand (DVD),insiste même sur sa non-appartenance à l’UMP. Il est restéplutôt discret avec une campagne tardive et peu d’interven-tions lors des débats.Les enjeux : la baisse des impôts et la volonté de booster lecommerce héninois. Avec plus de 18,3% de chômage, la re-conversion industrielle héninoise est un point important dela campagne. La fermeture des usines Métaleurop (2003) etSamsonite (2012) a laissé des milliers de personnes sans em-ploi. Face à un tissu électoral très particulier touché de pleinfouet par la crise et les affaires politico-financières, les can-didats devront relever le défi de réconcilier les Héninoisavec la politique.

MAGALI JUDITH

es fenêtres du bar Le Chanzy, onpeut voir une grande partie dumarché d’Hénin-Beaumont. Cevendredi matin, Eugène Bi-naisse, maire sortant de la villede 27 000 habitants, est attabléavec son équipe de campagne. À

un mètre de lui,dans les startingblocks, quelquesjournalistes boi-vent un café en at-tendant le départ.Il est 10h30, le can-didat socialiste en-tame son tour dumarché, suivi parles caméras et lesmicros. Depuis ledébut de la cam-pagne, le marchéd’Hénin-Beau-mont est un lieu in-contournable de lavie politique lo-cale. À quelques jours du premier tour, les ha-bitants ne s’étonnent plus de cette agitation.Ils n’en sont pas moins exaspérés : « Entre lescurieux et les journalistes, on s’en sort plus ! J’ai étébloquée une demi-heure au bout de la rue à causede ça. On en fait beaucoup trop », s’agace une pié-tonne. Une situation qui pousse même cer-tains habitués à se rendre plus tôt au marchéde façon à éviter la meute de médias dans lesallées.

“Ça ferait un putain de bonsujet que le FN passe”

Pour certains Héninois, ce qui se passe sur lemarché ne dit rien des vrais problèmes de laville. Mélissa*, 35 ans, a grandi à Hénin-Beaumont. Elle travaille aujourd'hui dans unestructure médico-sociale de la ville et n’hésitepas à parler d’une construction médiatiqueautour d’Hénin-Beaumont : « Ça ferait un pu-tain de bon sujet pour les journalistes que le FNpasse, ils auraient plein de sous à se faire. D’ailleurs

s’ils n’avaient pas été là, le FN n’aurait pas fait desscores pareils. Les journalistes sont paroles d’évan-giles pour les gens du bassin minier qui se retrou-vent tous les soirs devant leur télé. »Samuel Duhamel travaille pour M6 dans leNord-Pas de Calais. Pour lui, « les journalistesont un regard médiatique particulier à Hénin-

Beaumont. »Régulièrementprésent sur lemarché avecsa caméra, ilressent « trèsfortement » lemalaise deshabitants.«Notre simpleprésence indis-pose les gens, eton peut les com-prendre. Ce ras-le-bol doit nousinterroger surnos pratiques. »

“À Hénin, il y a des gens en co-lère et des désabusés”

Pour beaucoup d’habitants, Hénin-Beaumontn’est pas seulement la commune visée par leFN que l’on présente dans les médias. C’estavant tout une ville abandonnée par les diri-geants politiques qui s’y sont succédés. De-puis son centre médico-social, Mélissa perçoitla désillusion des Héninois vis-à-vis de la po-litique : « Il y a deux catégories de personnes àHénin-Beaumont : les gens en colère et les désabu-sés. »Anne, rencontrée sur le marché, a décidé dene plus ouvrir un journal ni regarder les in-formations à la télévision. « Les journalistesviennent sur le marché pendant que d'autres meu-rent de faim à Hénin. »Alors dimanche 23 mars,elle ne se rendra pas au bureau de vote, per-suadée que « [ses] problèmes n'intéressent ni lespolitiques, ni les journalistes. »

* Certains prénoms ont été modifiés

Résultats des élections municipales de 2008 à Hénin-BeaumontSecond tour :

Union de Gauche

FN Steeve Briois

Divers Gauche Daniel Duquenne

Gérard Dalongeville51,94 %

28,88 %

19,23 %

FN Steeve Briois

Divers Gauche Daniel Duquenne

Résultats des élections partielles de 2009 après la mise en cause de Gérard Dalongeville pour détournement de fonds.Second tour :

52,38 %7,62 %

Résultats des élections municipales de 2008 à Hénin-BeaumontSecond tour :

Union de Gauche

FN Steeve Briois

Divers Gauche Daniel Duquenne

Gérard Dalongeville51,94 %

28,88 %

19,23 %

FN Steeve Briois

Divers Gauche Daniel Duquenne

Résultats des élections partielles de 2009 après la mise en cause de Gérard Dalongeville pour détournement de fonds.Second tour :

52,38 %7,62 %

1 1Maires du Nord Vendredi 21 mars 2014

Sur le marché d’Hénin-Beaumont

Par Claire Digiacomi et Julia Dumont

Depuis les ennuis judiciaires de l’ancien maire Gérard Dalongevilleetla montée du Front national, Hénin-Beaumont est hyper médiatisée. Àchaque élection, les journalistes débarquent en masse dans ce qu’ilsconsidèrent comme un laboratoire à enjeux politiques.

D

Meute à Hénin-Beaumont

Page 12: Maires Du Nord

TOURCO ING

Christian Vanneste:le grand absent ?

Le bastion socialiste tombera-t-ilà droite ?

Le maire socialiste Michel-François Delannoy brigue undeuxième mandat dans une ville fortement touchée par lechômage. Face à lui, deux candidats de droite bien placésdans les sondages : Gérald Darmanin pour l’UMP et Jean-François Bloc pour le Front national.Vainqueur dès le premier tour en 2008, Michel-FrançoisDelannoy retrouvera-t-il le chemin de la mairie ? Oui, sil’on en croit le sondage Ifop publié le 2 mars dernier, qui lecrédite de 43 % des suffrages. Mais l’opposition au mairesocialiste actuel croit en ses chances. Gérald Darmanin, fi-gure montante de l’UMP et député du Nord depuis 2012,compte sur l’impopularité du président François Hollandepour marquer des points.

Une triangulaire PS, UMP, FN ?

Jean-François Bloc, le candidat FN souhaite s’inscrire dansla continuité de Marine Le Pen qui avait obtenu 21,28% lorsdu premier tour de la présidentielle en 2012.Une triangulaire semble se profiler entre le Parti socialiste,l’UMP et le Front national. D’autant que contrairement à2008, Michel-François Delannoy ne sera pas le seul candi-dat de gauche. Deux autres listes se sont invitées dans lacampagne. Celle de Oueb Leuchi, un candidat sans éti-quette avec une liste populaire, et celle de William Roger, lecandidat du Front de résistance populaire de gauche.

Chômage et emploi comme mots-clés

Avec un taux de chômage de 15,1% en 2012 dans cette an-cienne ville textile, l'emploi occupe un pan important de lacampagne. Surtout que chez les jeunes, le chiffre dépasseles 30%. Chômage donc, mais également pauvreté sont lesmots-clés des programmes. Aujourd'hui, 25% des habitantsvivent sous le seuil de pauvreté. Michel-François Delannoypromet de ne pas augmenter les impôts locaux tandis queGérald Darmanin prévoit de les baisser.Troisième ville de la région en terme de nombre d'habitants,Tourcoing attise les convoitises de la droite qui vise la com-munauté urbaine. Si Tourcoing bascule à droite et entraîned'autres villes de taille plus modeste dans son sillage, c'estbel et bien la communauté urbaine de Lille qui pourraitchanger de bord. Et au bout du compte, c'est la place deMartine Aubry à la tête de la LMCU qui se joue.

«Christian Vanneste ? Il ne se pré-sente pas dans le sud comme il nepeut pas ici ? » Dans le centre-

ville de Tourcoing, il faut s’y prendre à plu-sieurs reprises avant de trouver quelqu’un quiconnaisse Christian Vanneste. Surtout parmiles jeunes. « Je le voyais occasionnellement lorsqueje tenais un commerce », explique un habitant,«mais on ne le voit plus. »Christian Vanneste a disparu de la vie poli-tique locale depuis 2012 lorsqu’il se fait battreaux législatives par Gérald Darmanin, son an-cien directeur de campagneen 2008. L’UMP lui avait re-fusé l’investiture pour sespropos jugés homophobespar ses opposants. Il a dis-paru au même moment de lavie publique. Député, il serendait régulièrement dansles assemblées générales duclub de volley de Tourcoing(TLM) ou encore du chœurd’hommes «CrickSicks» ; sans mandat local,il n’apparaît plus publiquement.

Tentative d'alliance avec le FN

Alors, lorsqu’en 2014 il souhaite être présentaux municipales sur la liste de Jean-FrançoisBloc, le candidat du Front national, la ques-tion d’un retour à la vie politique locale sepose. « Je souhaitais d’abord généraliser la straté-gie politique menée par mon parti [le Rassemble-ment pour la France] dans le sud », se justifieChristian Vanneste. Avant d’admettre avoiraussi voulu « se réinvestir dans les dossiers tour-quennois ».Mais l’alliance entre le Front national et le

RPF ne s’est pas faite. « Ça nous paraissait déli-cat à cause des accusations concernant les proposhomophobes mais aussi des attaques contre GéraldDarmanin », explique Jean-François Bloc.Quelques articles dans des quotidiens locauxplus tard, Christian Vanneste est définitive-ment écarté de la campagne électorale.Après cet interlude médiatique « il apparaîtcomme un mauvais perdant », estime l’ancienmaire socialiste de Tourcoing, Jean-PierreBalduyck, qui a côtoyé Christian Vannestependant une vingtaine d’années. « Je me fichede Darmanin », se défend Christian Vanneste.« Je trouvais dommage de ne pas apporter mon ex-

périence à la ville. D’ailleursje reçois encore des coups de té-léphone de Tourquennois. »

Oublié de la po-pulation ?

Christian Vanneste a-t-ilencore un avenir à Tour-coing ? Pour Jean-PierreBalduyck, l’ancien député

UMP a une dimension nationale avec sesfonctions de président du RPF mais au pointde vue local « la page se tourne très vite dès qu’onquitte l’actualité politique ». Et l’ancien maired’ajouter : « Quand on frisotte les 70 ans, il vautmieux faire des livres. »Retour au centre-ville de Tourcoing où despassants partagent le même avis : « Il est fini.D’ailleurs il est de la même génération que Jean-Pierre Balduyck qui a passé la main il y a plusieursannées. » Mais pour un autre qui se dit ami deChristian Vanneste, « c’est une déception » qu’ilne puisse pas se présenter. « Je ne sais pas s’il estfini », résume un troisième. « Il peut rebondir, ill’a déjà fait. »

Résultats des élections municipales de 2008 à TourcoingPremier tour :

UMP Christian Vanneste

Centre MoDemMichel Van Tichelen Union Gauche

Michel-François Delannoy

FN Christian Baeckeroot

53,58 %30,71 %

8,46 %7,26 %

« QUAND ONFRISOTTE LES 70 ANS, IL VAUTMIEUX FAIREDES LIVRES. »

Par Valérie Xandry

1 2Maires du Nord Vendredi 21 mars 2014

Figure de l’UMP tourquennoise durant de nombreuses années, ChristianVanneste a disparu du paysage politique local après sa défaite auxlégislatives de 2012 face à Gérald Darmanin.

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ROUBA I X

1 3Maires du Nord Vendredi 21 mars 2014

ROUBA I X

Division des listes: qui est gagnant ?

Une gauche fragile et divisée C’est la première fois que Pierre Dubois, maire socia-liste sortant, mène une liste aux municipales. En 2012,l’ex-premier adjoint avait remplacé René Vandieren-donck, parti siéger au Sénat. Mais tout le monde n’apas apprécié le choix de cet homme de 71 ans de diri-ger la ville pendant encore un mandat. Résultat : lagauche se divise. Parmi les neuf autres listes, deux no-tamment sont pilotées par des dissidents PS, AndréRenard et Richard Olszewski. Et des listes citoyenneset d’extrême-gauche seront aussi présentes.

Un bastion de la gauche en danger ?

Aucun sondage n’est paru, mais cette querelle internepourrait profiter au candidat UMP Guillaume Delbar.En 2008, il figurait déjà sur la liste de droite et avaitobtenu 26.52% des voix au second tour.Contrairement à d’autres villes de la région, Roubaixn’est en revanche pas vraiment une cible pour le FN,qui y est traditionnellement plutôt faible (9% en 2008).Après deux défections, c’est finalement Jean-PierreLegrand qui a été choisi pour conduire la liste. Der-nier concurrent sérieux, la liste EELV (18% de voix audeuxième tour en 2008) et dont la tête de liste SlimaneTir en est déjà à sa troisième candidature.

Mais à Roubaix, celui qui devrait réaliser le meilleurscore, c’est l’abstention. 59% aux dernières munici-pales ou 50% aux législatives de 2012, la ville est l’unedes plus abstentionnistes du pays. Et malgré de multi-ples initiatives citoyennes pour inciter au vote, ce seracette année encore un indicateur à surveiller. L’emploi est aussi au coeur de la campagne. Le tauxde chômage s’élève à 28,9 %, contre 9,1% pour lamoyenne nationale, et la classe moyenne fuit la ville.Bilan : 46% des Roubaisiens vivent sous le seuil depauvreté, c'est-à-dire avec moins de 954 euros parmois.

LMCU en jeu

Et l’enjeu principal de l’élection roubaisienne, c’est lesort de la communauté urbaine. Si le PS perdait lacommune, c’est la tête de la Communauté urbaine deLille qui pourrait être menacée. Un risque que les res-ponsables socialistes ont constamment à l’esprit : Mar-tine Aubry a rendu visite début mars à Pierre Dubois,pour marquer son soutien mais aussi rappeler que lacommunauté urbaine avait investi plusieurs millionsd’euros pour la ville.

WENYAN HU ET SARATA DIABY

Les gagnants, la droite :

Roubaix est un bastion historique de la gauche. En2008, l’UMP s’était maintenu au second tour avec19% des voix. Pour Guillaume Delbar, le candidatde l’opposition, « la division à gauche est un signe d’échecde la majorité sortante ». Sans vouloir se prononcer surun possible avantage pour son parti, il convient quela situation est risible, « ça me fait doucement rire, cer-taines listes reprennent mes propositions ».Du coté de l'extrême-droite, en 2008, il y avait deuxlistes, une pour le Front national et une pour le MNRde Bruno Megret. Cette division n'avait pas empêchéle FN de se classer quatrième avec presque 9% desvoix. Cette année, la dynamique est différente. Jean-Pierre Legrand représente seul le Front national faceà une gauche en ordre dispersé. Il pourrait profiterde la montée en puissance du FN au niveau national

et d’une majorité occupée par des luttes internes.Pour José Arnoux, le directeur de campagne dePierre Dubois, « le FN devrait passer aisément le 10%»avant d'ajouter que « l'hypothèse d'une triangulaire estsur la table ».

Les perdants, la gauche :

À Roubaix, la majorité se déchire. Les Verts de Slimane Tir se présentent indépendants au premiertour comme à leur habitude. Cette particularité rou-baisienne risque de peser sur leur score. En 2008, ilss’étaient maintenus au deuxième tour mais la gauches’était rassemblée en trois listes. Cette année, il y enaura six. Pour José Arnous « plus l’offre électorale estvaste, plus la demande se ventile et se répartit » entre lesdifférents partis. Les écologistes auront du mal às’imposer dans une triangulaire.

À l’extrême-gauche aussi, il y a une dispersion. Pourla première fois, les communistes se présentent indé-pendamment au premier tour. Pour José Arnous,c’est dû « à l’émergence du Front de gauche » depuis2012. Une analyse qui doit être tempérée. Le conseilmunicipal sortant n’a pas réussi à rassembler son pro-pre camp. La prise de distance des communistes sem-ble logique. Si le Parti socialiste n’arrive pas à se pré-senter derrière un seul projet, alors fédérer d’autrespartis sera difficile.En 2008, la liste du NPA, la seul liste d’extrême-gauche avait fait 5%. Cette année, elles seront deux(Lutte ouvrière et Front de gauche) et devraient separtager cette frange de l’électorat. Roubaix a étémarquée cette année par le conflit social de la Re-doute et cette lutte pourrait quand même être un ter-reau favorable pour les deux candidats d’extrême-gauche.

Par Baptiste Garcin

Résultats des élections municipales de 2008 à RoubaixSecond tour :

Les Verts Slimane Tir

UMP Max-André Pick

Centre Gauche René Vandierendonck

55,43 %26,52 %

18,06 %

Tous les partis sont représentés àRoubaix, du FN à LO, des dissidents auxindépendants. En tout, ils sont dix àbriguer la mairie et avec six candidats,les listes de gauches sont sur-représentées. Autre particularité, lemaire sortant doit faire face à deuxdissidences, celle d'André Renard etcelle de Richard Olszewski, tous deuxissus du conseil municipal sortant. Maisà qui va profiter cette dispersion ?

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SECL IN

Derrière le candidat,le colistier…

On connait bien souvent les têtes de listes beaucoup moins les autres : les colistiers.Parmi les 33 de la liste d’opposition «Seclin plus loin », un visage dans l’ombre ducandidat, celui de Jacky Moronval…

a permanence ne rouvre qu’à16h mais Jacky Moronval necompte plus ses heures. Au QGde François–Xavier Cadart, can-didat aux municipales de Seclin,le secrétaire général de la cam-pagne est au garde à vous. Il fautdire que son rôle est plus questratégique. « Il y a parfois des cir-

cuits courts ou des circuits longs, mais au final, toutes les in-formations transitent par moi. »Ancien militaire, il s’in-vestit pour la première fois dans une campagne desmunicipales. La gestion des équipes, l’administratifou encore le traditionnel tractage sur le marché dulundi matin, Jacky l’assure :« il faut gérer, être costaudphysiquement et intellectuellement ». Pour ce nouvel en-gagement en politique, Jacky a choisi son camp, laliste Seclin plus loin. Fort de ses 32 ans de carrière

dans l’armée, cedéfi n’est pasanodin. «À la re-traite on prend letemps d’observerdavantage, onvoit plus dechoses, donc vous

savez, c’est comme quand on est dans le désert et qu’on aune unique bande FM à la radio, et que le technicien dé-bloque le poste pour capter d’autres ondes. » Un nouveau regard qui s’illustre aujourd’hui par soninvestissement en politique. « Je suis un gaulliste de fond.J’ai pu d’ailleurs rencontrer à trois reprises le Général. Unepremière fois dans ma jeunesse, une seconde fois à Verdunlors de commémorations, et enfin une troisième et dernièrefois. »De ses rencontres mais aussi de part sa carrièredans l’armée, Jacky garde cette volonté de faire pré-valoir l’intérêt général. Celui qui a nettoyé les côtesaprès le naufrage de l’Amoco Cadiz en mars 1978,ou encore est intervenu lors du crash d’Ermenonvillele 3 mars 1974, s’attache à de nombreux principespropres à sa corporation mais aussi à l’Homme. «Ser-vir d’abord et pas se servir comme ce qui se passe mainte-nant dans notre société. »

Trouver la meilleure des attaques

Jacky Moronval se lève, le chauffage du local semblerendre l’âme. Le radiateur peut être à bout, pas legenre du colistier. À quelques jours de l’élection, ledernier rush s’annonce. Pas de stress, chacun resteserein, sûr du travail accompli depuis six ans. Ce tra-vail, Jacky y a pris part peu après les précédentesélections municipales. «C’était sept ou huit mois aprèsl’élection du maire en 2008, par l’intermédiaire d’amis, toutdoucement, je me suis progressivement investi. J’ai eu denombreuses discussions avec François-Xavier. » S’enga-geait désormais pour le colistier et l’ensemble del’équipe, une période de réflexions et d’interrogationssur des thématiques seclinoises. «Un travail d’aiguil-lage, de pilotage, mon rôle était de m’assurer de la bonne ré-percussion des informations auprès de tous dans chacunedes commissions. » Une première phase s’est engagéeavec la mise en place de commissions propres àchaque thématique : urbanisme, éducation, sport…«Un véritable travail de fourmi. Par la suite, chaque projetdevait repasser au sein de la commission des finances pours’assurer que celui-ci était bien correct et viable pour les Se-clinois. »

Le programme est bouclé depuis longtemps. Pourautant, Jacky continue à gérer d’une main de fer sestroupes, enfin plutôt celle de son candidat. Tout fraî-chement imprimé, il déballe les listes qui vont bien-tôt être déposées en mairie pour le premier et uniquetour des élections municipales de 2014.

Action, réaction

Dans le local, on distingue les petits tas ordonnés deprospectus et tracts. Non loin de là, les K-Way® vio-let estampillés FDS, (Forces Démocrates pour Se-clin) attendent la dernière ligne droite du porte-à-porte. La rigueur transperce les lieux, mais aussi lespropos du retraité de 66 ans, « comme la plus célèbreroute des États-Unis ». Dans unecampagne, les contraintes et lesimpératifs sont importants maisJacky en a connu d’autres. Di-plomate, il garde toujours ce re-gard bienveillant et cette ferveurqui prend racine de par sonpassé, sa volonté de s’investir ouencore son attachement au Nord. « Je me souviensd’opérations, où on disposait d’une ration de survie pouronze jours. De la générosité d’agriculteurs qui nous invi-taient à manger à leurs tables et remplissaient nos gourdesde lait. »

«La démocratie avec un grand D»

Accepter ce rôle de secrétaire général de campagne, unhonneur pour le retraité et militaire. «La question de ladisponibilité est vraiment importante, c’est tout un suivi aufur et à mesure, et ça, tout au long de la campagne. » Parmiles dernières tâches qui occupent le secrétaire, les réu-nions de validation de bulletins de votes et les circu-laires administratives qui vont s’engouffrer dans lesboîtes aux lettres des Seclinois. On ne s’en doute pasforcément, mais les exigences sont nombreuses. « Il y aune charte bien particulière à respecter en terme d’impres-sion. Il ne faut pas associer les trois couleurs : bleu, blanc,

rouge, il y a aussi les dimensions à respecter... » Un travaild’orfèvre au service de la démocratie.La tête de liste fait irruption. Les deux hommes sesaluent chaleureusement. La casquette d’adminis-trateur de Jacky Moronval reprend le dessus. Le can-didat est passé hier midi sur France Bleu. Jacky, quin’a pas pu l’écouter, l’interroge. Pour expliquer ce po-sitionnement en faveur de l’avocat seclinois, le mili-taire fait preuve de pragmatisme. «C’est l’homme dansson ensemble. Au départ c’est un avocat défenseur, doncc’est quelqu’un qui par essence va vous défendre. C’est ladémocratie avec un grand D et le droit à l’information avecun grand I ». L’information une autre prérogative quilui est chère. Il cite d’ailleurs les noms d’HervéBourges ou encore de Jean-Marie Colombani qu’il a

côtoyé dans le cadre de sesfonctions. C’est au tour cette fois-ci, d’unejeune colistière de faire son en-trée, Stéphanie Dumetz.Lorsqu’on l’interroge sur le se-crétaire, cette avocate soulignela position centrale de Jacky. « Il

est en lien avec tout le monde, c’est en quelque sorte laplaque tournante de l’équipe. C’est important que chacunpuisse apporter sa pierre à l’édifice. »Un discours qui re-joint les propos de Jacky concernant la compositiond’une équipe plurielle. «Les sensibilités politiques, ondoit les mettre de côté, il faut être automatiquement tolé-rant. C’est le projet qui est porteur, on aime ou pas les gens,ce n’est pas l’essentiel, l’objectif c’est Seclin. Il faut menerune réflexion qui doit être économe et circulaire afin quetout le monde soit gagnant-gagnant. » Toujours sollicité, Jacky vient de recevoir un appelde l’un de ses colistiers. Il décide de laisser ses coor-données, pas de papier sous la main, mais un tractde la taille d’une carte téléphonique fera l’affaire. Audos du papier un slogan : «François-Xavier Cadart uncitoyen à votre écoute ». Jacky Moronval, François- Xa-vier Cadart, un colistier et un candidat sur la mêmelongueur d’onde.

Par Sandrine Cavé

Les deux colistiers s’affairent dans la permanence, prêts à distribuer les derniers tracts.

1 4Maires du Nord Vendredi 21 Mars 2014

LUN TRAVAILD’AIGUILLAGEET DE PILOTAGE”

IL FAUT ÊTREAUTOMATIQUEMENTTOLÉRANT”

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SECL IN

1 5Maires du Nord Vendredi 21Mars 2014

Le match retour

Pour 2017, Bernard Debreu a prévu d’aménager la gare actuelle deSeclin du centre ville en pôle d’échanges avec la création d’un par-king de 400 gratuits. Il veut aussi construire un échangeur sur l’A1 àTemplemars, commune voisine sur l’A1 «afin de désengorger l’échan-geur de Seclin, aujourd’hui saturé ». Egalement en projet : l’éventuelleréalisation avec LMCU d’un tramway qui partirait de la gare actuellede Seclin jusqu’à la Porte d’Arras de Lille en passant par Wattignies.Il soutient également le projet de réalisation d’une ligne RER Lens-Seclin-Lesquin-Lille parallèle à la ligne TGV.

Son objectif est de faire progresser la population de Seclin de 12 500à 15 000 habitants à moyen terme avec la construction de 600 loge-ments supplémentaires. Le devenir du site Lincrusta, dans le quartierBurgault à côté de la gare, actuellement en friche, suscite des contro-verses entre les deux rivaux et aussi au sein des Seclinois. Le mairesortant veut le réhabiliter avec la construction de 200 logements. Ence qui concerne l’avenir du site Delistar, située entre La Mouchon-nière et le centre-ville, il souhaite en faire un éco-quartier en y asso-ciant la population à l’issue d’une consultation.

Le maire sortant souhaite maintenir le prix des tickets de cantines quisont les plus bas de la métropole (entre 30 centimes d’euros et 1,66euro selon le quotient familial). Il prévoit également la création d’unenouvelle crèche pour 77 enfants et d’une halte-garderie. L’ancien hô-pital Marguerite de Flandre sera réhabilité en le transformant en unlieu culturel et touristique. Pour 2017, il veut créer un centre culturelcomposé d’une grande salle de spectacle et d’une médiathèque mul-timédia. Enfin, un nouveau centre équestre sera ouvert et une pisted’athlétisme, homologuée pour la compétition, sera construite dèscette année.

Le duel

2 candidats,

Bernard Debreu, PCF, 68 ans. Profession : agent de maîtrise SNCF, retraité Liste : Seclin ensemble

François-Xavier Cadart, sans étiquette, 31 ans.Profession : Avocat

Liste : Seclin plus loin

« Mieux circuler » on retrouve ce terme dans chacun des programmesdes deux candidats. En ce qui concerne la tête de liste « Seclin plusloin » François-Xavier Cadart se dit favorable à l’instauration d’unvéritable « nœud de transport ». Son ambition pour la gare pôled’échanges : « qu’elle soit positionnée au pied de la future gare RER de Se-clin qui reliera Lille au Bassin Minier, soit à l’intersection de la ligne TGV etde l’actuelle ligne TER».

« Mener une politique de logement raisonnée, offrir un véritable parcours del’habitat ou encore réunir les bailleurs sociaux pour travailler sur la réhabili-tation des logements indignes et insalubre », le candidat aux municipalesrevient en sept points sur ces questions. Concernant le projet Lin-crusta qui fait beaucoup parler, il souhaite « transformer cette fricheen zone verte dépolluante et y créer un pôle associatif. » Pour la fricheDélistar, le candidat souhaite mettre en place une « ruche d’entre-prises ».

Maison d’accueil d’artistes, lieu d’expositions ou encore restaurations,le candidat de l’opposition souhaite « aménager l’ancien hôpital en lieude production culturelle. » Il envisage également d’implanter une maisondes associations dans la mairie annexe. Sur le plan sportif, le candi-dat décline plusieurs propositions, telles que la réhabilitation du cen-tre équestre, l’implantation d’un pôle sportif autour de la piscine ouencore le regroupement de l’ensemble des terrains de football au stadeJorris.Sur la question de l’éducation, il désire poursuivre une poli-tique favorable aux familles, la création une halte-garderie et d’un re-lais d’Assistances maternelles (RAM).

Bastion communiste depuis 1945, Seclin a peu de chance de connaître l’alternance en2014. Les mêmes adversaires qu’en 2008 s’affrontent : Bernard Debreu, maire sortantcommuniste de Seclin depuis 2004, face à François-Xavier Cadart, son rival divers-droite.Les attentes, les projets et les ambitions des candidats, retour sur trois thématiques deleurs programmes.

«Prêt et serein. Au final ce sont lesSeclinois qui vont décider même s’ily a toujours des aléas ». En cam-pagne depuis janvier 2013, Fran-çois-Xavier Cadart l’affirme,son état d’esprit est différent quecelui affiché lors de sa premièrecampagne en 2008. Le candidatconduit une liste de rassemble-ment sans étiquette politique«Les forces démocrates de Seclin»intitulée « Seclin, plus loin ». Aquelques jours du premier tourdes élections municipales, la têtede liste de l’opposition est pres-sée d’arriver à l’échéance finale,sûr du travail accompli depuissix ans.

Bernard Debreu, maire commu-niste sortant depuis 2004, égale-ment vice-président de la com-munauté urbaine de Lilleconduit une liste baptisée « Seclinensemble ». Elle rassemble unelarge majorité de gauche compo-sée de communistes (PCF), so-cialistes (PS), écologistes(EELV) et sans étiquette. Il estentré en campagne le 18 janvier2014, le lendemain de son der-nier conseil municipal. Son pro-gramme s’inscrit dans la conti-nuité de son action. Selon lui,«c’est le travail fait depuis 10 ansqui comptera.»

Transports

LogementCadre de vie

EducationCultureLoisirsSport

Résultats des élections municipales de 2008 à SeclinPremier tour :

Union de Gauche Bernard Debreu

Divers Droite François-Xavier Cadart34,54 %

65,46 %

Par Nicolas Gaillard-Sandrine Cavé

1 siège

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es élections municipales à Wasque-hal n’ont jamais été aussi incer-taines. Gérard Vignoble, le maireactuel, est en place depuis 1977. Surles dix-sept élections auxquelles il s’estprésenté dans sa longue carrière, il estpassé seize fois dès le premier tour. Lessept listes d’oppositions qu’il a face àlui cette année ne l’inquiètent pas plusque ça. « Les autres listes, je m’en fiche. Ilsveulent juste être Khalife à la place du Khalife. Ce sont des Iznogoud ». La dé-

marche branlante, le bras droit replié, une voix gravequi chevrote légèrement, l’homme de soixante-neufans semble affaibli. Un AVC en 1999 et une throm-bose plus récemment n’ont pas eu raison de cet ani-mal politique. Un vieux de la vieille, une gueule, c’estune partie de l’Histoire de Wasquehal qui se repré-sente devant ses administrés.

L’incontournable aux deux visages

Wasquehal, c’est une ville de plus de 20 000 âmes.Située dans le Ferrain, au nord-est de la métropole,entre Lille et Roubaix. La ville a un riche passé dansle textile, la chimie, le verre ou encore le cuir.Comme une majeure partie des communes du NordPas de Calais, Wasquehal a subi la disparition de cesusines qui faisaient la richesse d’un territoire. Ce-pendant, la ville a su se redresser.Aujourd’hui, c’est une ville aux allures de village,avec un centre dynamique et des équipements spor-tifs, culturels et éducatifs qui ne manquent pas. S’éta-lant de l’orée du Golf au Capreau, la ville desserviepar le tram et le métro, se compose de sept quartiers,jouant la carte de la mixité sociale.« L’incontournable » comme le dit le slogan municipal,semble pour autant avoir un double visage, comme lerevers de la médaille pour certains politiques locauxet habitants.28 novembre 2013, un coup de massue vient fissurerla mairie. Gérard Vignoble est condamné à 18 moisde prison avec sursis, 30 000 € d’amende et trois ansd’inéligibilité pour détournement de fonds. Des fraisde carburants et de déplacements qui seraient sanslien avec ses fonctions pour un montant de 14 720 €et des frais de représentation et de restauration in-justifiés pour un montant de plus de 60 000 €. Il de-vait aussi s’expliquer sur desdéplacements avec ses voi-tures de fonction un peu par-tout en France, sans lienavec son mandat de maire.L’affaire est encore en courspuisque Gérard Vignoble afait appel du jugement. Le rapport de la chambre ré-gionale des comptes datant de fin 2011 est quant àlui sans appel : « la situation financière de la ville de Wasquehal est très préoccupante », dit la première phrasedu document.

« Le système Vignoble » commecheval de bataille

Copinage, clientélisme, « système Vignoble », chez lesopposants au maire sortant, les propos sont virulents. Et pourtant chacun se défend de vouloirfaire campagne là-dessus. Cependant la situation fi-nancière et les démêlés judiciaires du maire sont danstoutes les têtes, des candidats mais aussi des Was-quehaliens. Paradoxalement, les habitants ne sontpas aussi virulents que les adversaires politiques de

Gérard Vignoble.Peut-être aveuglés par 37 ans de mandat, beaucoupd’habitants n’ont connu qu’un seul maire. Les joursde marché, au pied de l’église et à deux pas du bas-tion qu’est l’hôtel de ville, les quelques habitants croi-sés sont partagés. Ici on peut entendre une habitantedire : « Bien sûr, ce qu’a fait le maire, ce n’est pas bien.Mais nous ne manquons de rien à Wasquehal ». Aquelques mètres, près du marchant de fleurs, unmonsieur rajoute « vous savez, ce n’est pas le premier à lefaire. Et puis il aurait pu détourner plus ». On dit souventque les électeurs sont amnésiques, et oublient sou-vent les affaires des candidats. Lors des élections lo-cales, c’est plus une affaire d’homme que de poli-tique. Et l’homme fort, c’est Gérard Vignoble.Toujours est-il que cette affaire de détournement defonds plane sur la tête du maire sortant comme uneépée de Damoclès. Comme on peut l’entendre dansla bouche de certains opposants : « Gérard est unhomme bien, Vignoble est un salaud ».

Critiques amères et acerbes

Par un beau mardi de mars, Stéphanie Ducret, can-didate de l’union du centre et de la droite, tête deliste de Wasquehal pour Tous fait du porte à porte. Ettrès vite, lors des brefs échanges avec les habitants,elle insiste sur l’affaire Vignoble. Bien qu’elle refuse,comme tous les autres candidats, de faire campagnelà dessus. Présente depuis vingt ans dans la vie po-litique de la commune, elle dit de Gérard Vignoblequ’il est son « père politique ». Et pourtant, au-jourd’hui, elle tire à boulets rouges sur ce dernier.Celle qui se présente comme « la première à avoir ditnon au maire par un soir de décembre 2004 », est aucœur de la bataille politique qui fait rage à Wasquehal. Comme un feuilleton à l’américaine, les attaques etles coups bas sont légions. Peut-être plus qu’ailleursvu le contexte politique de la ville. Tous contre Vignoble, oui, mais aussi tous les uns contre les au-tres.Et autant dire qu’il y a de l’eau dans le gaz entre cer-tains candidats, et c’est peu de le dire. Pour Stépha-nie Ducret, certaines candidatures sont peu crédi-bles. Directement visé, Claude Mortel, candidatcentriste, qui a voyagé sur plusieurs listes avant de selancer seul. D’abord proche de Didier Debels, qui

dirige la liste Wasque-hal Autrement, uneéquipe « hors des partispolitiques », il se rap-proche ensuite dumaire actuel, puis de laliste Wasquehal pour

Tous. Finalement il se lance seul dans la bataille.Celui qui se présente comme « l’opposant numéro un» de Vignoble se voit critiqué amèrement par la can-didate Ducret. La guerre du centre-droit fait rage.Par médias interposés ou via les réseaux sociaux, çaclashe à tout va.Et le moins qu’on puisse dire, c’est que Claude Mor-tel n’y va pas de mains mortes. Le 20 janvier, viatweets interposés avec un journaliste, il insinue queStéphanie Ducret aurait eu une liaison avec GérardVignoble. « Inacceptable » selon la candidate, qui serefuse à tous commentaires désobligeants enversson adversaire. Rien ni personne n’est épargné danscette campagne. La liste PS, rassemblant cinq au-tres partis de la gauche dont EELV, fait égalementface aux critiques. Et encore une fois, cela ne volepas très haut dans le débat politique. Moqueries sur

la couleur choisie par l’équipe du candidat (bleu tur-quoise – NDLR), attaque sur le tourisme électoral.De fait, Jérôme Dehaynin n’habite Wasquehal quedepuis le 21 juin 2013, « trop peu pour connaître la ville» selon Stéphanie Ducret. Réponse du tac au tac del’intéressé « Pour se présenter en 2008, il ne faut pas ha-biter à Mouvaux », commune limitrophe de Wasque-hal dans laquelle habitait alors Stéphanie Ducret.

« Du verre pilé dans la colle »

Difficile pour les Wasquehaliens d’y voir clair avecun tel contexte politique. C’est donc une campagneà deux vitesses à laquelle les habitants ont droit.D’une part, les présentations de liste, les réunionspubliques, le porte-à-porte et, de l’autre, une guerredes égos qui n’épargne personne ou presque. Lesprogrammes, qui devraient être, normalement, lecœur des élections, passeraient presque au secondplan. Regrettable pour les habitants, certains cla-ment leur ras-le-bol : « J’hésite à aller voter, avectoutes ces histoires ». Au-delà du contexte localtendu, l’aspect national et le « tous pourris » re-viennent également dans certaines bouches. L’at-titude des équipes des listes participe à cette dé-fiance. En se promenant dans la commune, force est deconstater que la guerre des affichages fait rage. « Une personne de mon équipe s’est blessée à la main endécollant des affiches, il y avait du verre pilé dans lacolle. Ca va trop loin », déplore le candidat Dehaynin.

2014 : Bon cru pour l’opposition à Vignoble ?

LAux mains de Gérard Vignoble depuis 1977, la mairie de Wasquehal

semble être un bastion imprenable. Sept listes d’opposition seprésentent cette année face à lui, une première. Le combat contre « le

système Vignoble » fait l’unanimité, mais en coulisse, l’opposition entrelistes fait rage, rendant l’issue du scrutin plus qu’incertaine.

Par Amaury Legrand

WASQUEHAL

Gérard est un homme bien,Vignoble est un salaud

1 6Maires du Nords Vendredi 21 mars 2014

Page 17: Maires Du Nord

Des casseroles et des élusGérard Vignoble n’est pas le premier maire mouillé dans les affaires à toujours bénéficier d’un fort sou-tien de ses administrés, loin de là. Ces vingt dernières années, les situations de ce type sont nombreuses.Voici quatre exemples emblématiques.

Jacques Mellick, député-maire de Béthune de 1977 à 1996, a été reconnu coupable de faux témoignagelors de l’affaire OM-Valenciennes, il a écopé d’un an de prison avec sursis et deux ans d’inéligibilité pouravoir empêché son ancienne assistante de témoigner. Il retrouve triomphalement son fauteuil de maireen 2002, dès le premier tour. Il n’a cependant pas été réélu en 2008.

Patrick Balkany, maire de Levallois-Perret de 1983 à 1995, est condamnépour avoir payé avec les fonds municipaux des employés chargés de s’oc-cuper de sa résidence secondaire. Après deux ans d’inéligibilité, il est rééludès le premier tour en 2002 dans sa commune dont il est toujours député-maire.

Alain Juppé, maire de Bordeaux de 1995 à 2004, année où il démissionneaprès avoir été condamné à quatorze mois de prison et un an d’inéligibi-lité en tant que secrétaire général du RPR. Il retrouve son fauteuil dès lepremier tour en 2006. Il est réélu toujours au premier tour en 2008.

François Bernardini, ex-socialiste, a été brièvement maire d’Istres de mars2001 à novembre 2002 avant d’être condamné à dix-huit mois de prisonavec sursis, cinq ans d’inéligibilité et 400 000 francs d’amende pour, entreautre, détournement de fonds et abus de biens sociaux. Il est réélu maired’Istres en 2008.

WASQUEHAL

Les candidats d’opposition dénoncent également lemaire, qui ne respecterait pas le code électoral surdeux points. En effet, il se servirait de ses employésmunicipaux pour décoller les affiches et recollercelle du maire sortant, ce qui est formellement in-terdit. Jean Meurisse, un des proches lieutenant dumaire s’en défend : « Il ne font pas ça pendant leur tempsde travail. Ils font ça sur leur temps personnel, on ne peutpas leur interdire de soutenir leur maire. Il était clair dèsle début qu’un employé qui collerait ou tracterait en ser-vice serait viré ». Deuxième infraction au code électoral, le non res-pect des panneaux officiels d’affichage. La place desaffiches sur les panneaux est tirée au sort, l’affichenuméro une devant alors être au plus près de l’en-trée du bureau de vote. Gérard Vignoble, en 8e po-sition, s’est visiblement arrangé pour changer decôté les affichages afin que son affiche soit la plusprès des entrées des bureaux de vote.Avec huit listes, peu probable que le maire sortantsoit élu dès le premier tour comme en 2008 (avec57,59% - NDLR). L’opposition au « système Vigno-ble » n’a jamais été aussi unanime et virulente, uneaubaine pour les listes d’opposition. Seulement,l’ambiance tendue entre les candidats contribue unpeu plus chaque jour à renforcer le maire sortant quifait sa campagne sereinement, avec la confianced’une assez large partie de ses administrés.

1 7Maires du Nord Vendredi 21 mars 2014

2014 : Bon cru pour l’opposition à Vignoble ?

LGéard Vignoble et ses peluchesEtla légende

alors !!

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WASQUEHAL

Comme un parfumde gauche plurielle

Pour battre Gérard Vignoble, le candidat socialiste, Jérôme Dehaynin, mise surl’union des forces de centre gauche. Toutefois, cette alliance préfère mettre enavant son programme face à une droite divisée plutôt que de s’attaquerdirectement au maire sortant.

érôme Dehaynin n’a que peu de temps pour souffler. Entre son tra-vail d’instituteur et les préparatifs de son local de campagne, il doitavoir les nerfs solides. «Avec le dépôt de notre liste et le début de la cam-pagne officielle, nous sommes un peu plus sereins », Jérôme Dehayninn’en est pas à son coup d’essai. Tête de liste à Lannoy, où il rési-dait aux municipales en 2001 et 2008, il est suppléant de Marjolaine Pierrat-Ferraille à Wasquehal aux législatives de 2012.

Si sa présence dans la commune reste récente, il défend sa légitimité. «Cesont d’abord les camarades socialistes wasquehaliens qui ont demandé à la fédé-ration du Nord que je sois leur candidat. Ce n’est pas un parachutage. » Wasquehalien, Jérôme Dehaynin ne l’est que depuis juin 2013, quand ila emménagé dans sa nouvelle maison. «C’était ma première promesse de cam-pagne. Je me suis engagé à m’installer à Wasquehal avant juillet 2013. Promessetenue ! », se félicite le candidat.

Gauche bleu turquoise

Au-delà du Parti socialiste, Jérôme Dehaynin a ratissé large pour unir lesforces de gauche dans la bataille des municipales. Sa liste Ensemble Wasquehal Durable regroupe six partis sous une couleur particulière, lebleu turquoise. Un bleu qui pourrait prêter à confusion, étant présent surd’autres listes. «Oui, mais nous, nous avons mis les logos des partis », rétorque

Jérôme Dehaynin, affichant savolonté de ne pas cacher sonappartenance politique auxélecteurs. En réunissant plu-sieurs tendances de centre-gauche dès le premier tour, desradicaux de gauche aux écolo-gistes en passant par le

Mouvement progressiste unitaire (MUP), Jérôme Dehaynin espère fairebloc face au maire sortant, l’indéboulonnable Gérard Vignoble. Seuleombre à cette unité, le Front de gauche, sous la houlette de Francis Provost, fera cavalier seul. « Nous sommes en bons rapports avec Francis Provost. Nous avons promis de nous rassembler au deuxième tour sous le nom decelui qui sera en tête à gauche », assure Jérôme Dehaynin.

Gagner sur un programme

Si l’idée de mettre un terme aux 37 ans de règne du maire sortant trottedans toutes les têtes, pas question pour le candidat socialiste de jouer lacarte de l’anti Vignoble à tout prix. La liste d’union de la gauche préfèreproposer des réformes du mode de gouvernance de la mairie, tout en cri-tiquant indirectement les méthodes de l’homme fort de Wasquehal. «Nousvoulons gérer notre ville de manière transparente et démocratique. Toutes nos dé-cisions seront publiées de manière à être vues par tous les citoyens », affirme BrunoMacou, du Rassemblement des Démocrates Républicains (RdDR). Autrepique lancée contre le maire sortant : la création d’une commission des fi-nances qui serait systématiquement gérée par l’opposition.

Autre priorité de la gauche unie: l’écologie. Bernard De Veylder, colistierEELV, prône un «ménagement » de la ville. « Il faut que nous puissions respireren créant de nouveaux espaces verts, en particulier le long du canal. Le V’Lille, au-

quel l’actuelle municipalité s’est toujours opposée, aura enfin sa place à Wasquehal .» Le logement, autre point majeur du programme, se veut lecontrepied du maire bâtisseur. «Notre objectif est de construire en priorité deslogements sociaux, et réhabiliter les bâtiments déjà existants, au moins 1500 du-rant le mandat, et 6000 d’ici 2050 », précise Jérôme Dehaynin. Quant auximpôts, éternelle épine dans le pied du Parti Socialiste, le candidat ne pro-met pas de miracle : «Nous sommes tous d’accord pour dire que les Wasqueha-liens payent trop d’impôts, il faut stopper les augmentations. Par contre ce seraitdémagogique de promettre de les baisser. Il est encore trop tôt pour cette éventua-lité ».

Les ténors socialistes en soutien

Le 20 janvier dernier, au dojo de Wasquehal, Jérôme Dehaynin pré-sentait ses vœux et la liste Ensemble Wasquehal Durable, fraichement fon-dée. Pour l’occasion, le candidat socialiste n’a pas lésiné sur les invitésde marque. Autour du député européen Gilles Pargneaux et du mairede Roubaix, Pierre Dubois, c’est la ministre de la Jeunesse et des SportsValérie Fourneyron qui a fait honneur de sa présence. Arborant uneécharpe bleu turquoise en guise de clin d’œil, elle a vanté les qualités ducandidat socialiste, avec citation de Sénèque à la clé : «Le vent est favo-rable pour celui qui sait où il va .» Jérôme Dehaynin connaît son cap, lamairie de Wasquehal. Face aux divisions de la droite, il espère devenirle challenger numéro un de Gérard Vignoble. «Le rassemblement c’estnous, et pas les autres ! » claironne–t-il. Pas sûr que cela suffise pour bat-tre un homme qui bénéficie encore d’une forte popularité chez les Wasquehaliens.

Par Kévin Lourenço

LE RASSEMBLEMENTC’EST NOUS, PAS LES AUTRES !

1 8Maires du Nord Vendredi 21 mars 2014

Résultats des élections municipales de 2008 à WasquehalPremier tour :

PC Francis Provost

Centre Gauche Didier Debels

Centre MoDem Gérard Vignoble

57,59 %30,17 %

12,24 %

J

37 ans de mandatureDepuis 1977, le vote en faveur de Gérard Vignoble est écrasant. Maire à32 ans, conseiller général, régional etenfin député, le CV du maire sortantaccumule les titres. Son étiquette poli-tique a, elle aussi , évolué avec letemps. Elu maire PS en 1977, GérardVignoble passe au MoDem pour lesmunicipales de 2008, et se présenteaujourd’hui comme candidat du partide Jean-Louis Borloo, sous l’égide del’UDI. Son investiture UDI lui vaut

aussi l’étiquette UMP pour ces élec-tions, à la suite d’un accord nationalentre les deux partis. En 2001 il ré-colte 77% des suffrages exprimés etmet fin au suspens dès le 1er tour. En2008, les électeurs réitèrent et se dis-pensent d’un second tour en réélisantle maire sortant avec presque 58% dessuffrages exprimés. L’éventualité d’undeuxième tour se profile, avec septlistes se présentant face au maire sor-tant.

Jérôme Dehaynin espère être le principal opposantà Gérard Vignoble

Page 19: Maires Du Nord

POTINS DECAMPAGNE

Le tweet de la semaineAlternanceWattrelos 2014Sandrine Deblock, le 18 mars“Agression de mes colistiers hier soir àdeux reprises par les colleurs du FrontNational. Sont-ils venus dans notrecommune pour semer la terreur ?J'en appelle au bon sens du candidatAckermann pour tenir ses colistiers.Nous ne céderons pas et n'accepteronsaucun accord avec laVIOLENCE.”

La phrase à retenirDominique Baert“Abaisser la taxe foncière, ce seraitfaire un cadeau à Pinault (La Redoute),pas aux habitants. C’est un faux débat :de l’attrape électeur !”

La photo qui fait jaserMais où est donc Roger Ackermann ?Fraîchement débarqué, RogerAckermann se fait discret. Pourtant, lavague Bleu Marine s’est déjà fait uneplace dans la ville, y compris sur lestaules d’un chantier, au contour Saint-Liévin. Un écart à la loi. Néanmoins, leparti frontiste n’est pas le seul àdéborder hors des emplacementsréservés à l’affichage.

La rumeur de campagneOnmarche sur la têteLe 10 février, les colistiers de SandrineDeblock auraient trouvé dans lequartier de La Martinoire des têtesd’animaux dans un dépôt sauvage. Lacandidate UMP tient pour responsablele maire. Dominique Baert, lui, parle“d’affabulateurs de première” enparlant de son opposante et son mari,Dominique Puelo qui a fait ladécouverte.

Les Redoutables sont en colère. Aprèsl’annonce le 9 janvier de la suppression de1178 postes à La Redoute, les réunions entre

syndicats et direction s’enchainent, sans toutefoisqu’un accord ne soit trouvé entre les deux parties.Régulièrement en blocage, les salariés de l’entreprisedu groupe Kering n’ont pas la tête aux électionsmunicipales. « Les politiques, ce n’est pas notre problème.Nous, notre problème c’est Pôle Emploi. Je ne sais pas siDominique Baert peut faire quelque chose. Mais si c’est lecas, il serait temps qu’il se bouge ! », peste Patrick, salariéà La Redoute depuis 37 ans. « Personne n’est venu nousvoir, on n’a aucun soutien de la ville ! » ajoute Farid,devant le portail de l’entreprise, où s’entassent lespalettes en feu.

En colère, certainssalariés expriment leurdécouragement vis-à-visde la politique. Unsentiment qui risqued’influer sur les votes

lors du premier tour des élections municipales qui sedéroule ce dimanche. Le refus du vote est présent dansles têtes de certains « Redoutables ». « Quand on voit ceque Hollande a fait pour Florange, on se demande ce que lescandidats aux municipales vont pouvoir faire pour nous »,explique Farid. « Sincèrement, je n’irai pas voter, ou alorsje mettrai “Non aux licenciements à La Redoute” dansl’urne ».

« Ce n’est pas eux qui vont perdreleur emploi »

La plupart des salariés présents sur le piquet de grèveont le sentiment d’être « délaissés » par la classepolitique. Un état d’esprit partagé puisque les salariésrefusent de servir une éventuelle cause politique. Carles grévistes entendent bien ne pas servir de vitrine àces candidats. Un avis que partage Carine Lotoi,déléguée syndicale CFDT. « Leur présence nous importepeu. Car étant en période électorale, on se sent parfois

utilisés ». Malgré tout, le maire apporterait régulière-ment une aide matérielle aux salariés en grève : cafés,sandwichs, tonnelles. C’est toujours bon à prendre.Fabrice Peeters, délégué syndical CGT, n’en demandepas plus. « Ce n’est pas eux qui vont perdre leur emploi. Onvoit bien que ces gens ne sont pas là pour nous », explique-t-il.« Les personnalités politiques parlent beaucoup pour nous eton aimerait qu’ils ne se positionnent pas par rapport à unmouvement auquel ils n’appartiennent pas ». L’enjeu estpourtant considérable pour la ville de Wattrelos, quipourrait y perdre gros en cas de licenciements massifs.

Les Redoutables n’attendentpas les municipales

La situation est tendue à La Redoute. Sur le site de La Martinoire, lessalariés sont sur le piquet de grève depuis plusieurs jours. À quelquesjours des élections municipales, l’enjeu est de taille.

Dominique Baert, vainqueur dès le premier tour en 2008, est dans le viseur descinq listes aux élections municipales. Le candidat, exclu du PS en 2012, afficheencore la rose du PS grâce à des colistiers toujours affiliés au parti. Il cumule parailleurs les fonctions de député de la 8e circonscription du Nord et de vice-président de Lille métropole Communauté Urbaine chargé des finances et desressources.Roger Ackermann sera le chef de fil du Rassemblement Bleu Marine. Débarquédans la ville il y a trois mois, le candidat FN n’est pas encore bien connu desWattrelosiens. Il est pourtant à la tête d’une liste de 43 noms, soutenue par leFront National. Il remplace Kevin Sorret au pied levé, ce dernier ayant renoncéfinalement à s’engager.Sandrine Deblock, figure de proue d’Alternance Wattrelos 2014, est soutenue parl’UMP. La candidate n’est pas partisane « des coups bas », mais de la discussion.Elle estime pourtant que les autres candidats sont « aboyeurs et inefficaces ». Trèscertainement à l’adresse du maire sortant, elle déclare comme ligne de conduite :« Servir et non se servir ». Une bien curieuse façon de ne pas tomber dans les taclespolitiques.Pour la première fois, plusieurs partis de gauche se désolidarisent de DominiqueBaert, le maire sortant. Wattrelos ouvertement à gauche, avec à sa tête ThierryCoulomb, rassemble le Parti de gauche, Europe Ecologie Les Verts et le Particommuniste français. Ils souhaitent mener une vraie politique de gauche au seinde la mairie. Eric Ritz, engagé dans leur campagne, dénonce le « bilan désastreux »

du maire, et assure qu’il y aura forcément un deuxième tour. Ces partis ontpourtant accompagné le maire dans sa politique jusqu’à maintenant. Lutteouvrière et le Nouveau parti anticapitaliste offrent également une alternative àl’extrême gauche.

Cinq candidats pour reprendrela barre

Par Pierre-Alexandre Aubry

Par Gautier Navet

IL SERAITTEMPSQU’IL SE BOUGE

W A T T R E L O S

1 9Maires du Nord Vendredi 21 mars 2014

Résultats des élections municipales de 2008 à WattrelosPremier tour :

PS

UMPMarc Florin

FN Sylvie Langlois

Centre

Dominique Baert

Extrême gauche Extrême gauche

Divers Gauche

68,73 %11,39 %

Mercredi matin, les salariés bloquaientl’entrée de l’entreprise

Page 20: Maires Du Nord

ardi, 14 h, le so leiltape fort au-dessus duParc d’activité duBeck, en périphérie deWattrelos. Au 1, alléedes Fabricants,l’agence Pôle Emploide la commune faitbelle figure. Inauguréeen octobre 2013, elleaccueille les deman-

deurs d’emploi deWattrelos et de Leers, la com-mune voisine. En ce début d’après-midi, lesvingt places que compte le parking visiteurs sontdéjà occupées. Les demandeurs d’emploiwattrelosiens s’amassent devant l’entrée et pa-tientent en attendant l’ouverture des portes.À deux semaines des élections municipales, lesaffiches et les tractages se multiplient dans laville. Mais l’engouement électoral n’est pas d’ac-tualité pour tout le monde. C’est le cas notam-ment de Laurence, 43 ans et Wattrelosienne« depuis toujours ». À la recherche d’un emploi sta-ble depuis son licenciement économique parl’entreprise de travaux publics et d’étanchéitéGriltex, elle avoue son manque d’intérêt pour lesélections à venir. « Pourtant, j’ai un bureau de votejuste en face de chez moi ! », s’exclame-t-elle,lunettes de soleil sur la tête. « Je ne pense pas quele prochain maire pourra faire quoi que ce soit pourl’emploi à Wattrelos. Toutes les entreprises ferment etpersonne n’agit. »Ancienne grande figure de l’industrie textile,cette commune limitrophe avec la Belgique aperdu de sa superbe depuis une vingtaine d’an-nées. Au vu des nombreux panneaux « à ven-dre », dispersés le long des trottoirs du centre-ville, la commune de 41 538 habitants peine à serelancer. Vient s’ajou-ter à cette morosité,l’épineuse questionconcernant l’avenir deLa Redoute, où 1 178postes sont en danger.Avec un taux de chô-mage qui culmine àplus de 17 % (la moyenne nationale est de -10,49%), la question de l’emploi est dans lestêtes de nombreux Wattrelosiens.

« De toute façon, ça ne changerarien »

Face à ces enjeux, six candidats se sont lancésdans le grand bain des élections municipales àWattrelos. Pour faire face au député-maire sor-tant Dominique Baert, la concurrence s’an-nonce rude. Large vainqueur en 2008 avec68,73% des voix obtenues dès le 1er tour, lemaire apparenté socialiste se présente pour unnouveau mandat. « Il y aura sûrement un secondtour cette fois-ci », affirme Muriel, 52 ans. Inscriteauprès de Pôle Emploi depuis maintenant unan, cette habitante de Wattrelos n’attend plusgrand chose de la politique. « Ça me saoule tout ça! », s’exclame-t-elle. Trouver un travail, c’est sapriorité, on passera pour les élections. Et tra-

vailler en Belgique ? « Mon mari l’a fait pendant 15ans. Mais moi, je ne serais pas prête à y aller, pas àmon âge. C’est bien pour les jeunes d’aller là-bas carils n’ont plus vraiment d’avenir à Wattrelos ». Quantà Geoffroy, 32 ans, il n’a pas hésité à opter pourcette option. En effet, ce cuisinier de professionest passé de l’autre côté de la frontière durantplusieurs années pour y exercer son métier.Wattrelosien depuis huit ans, il sait qu’il aura dumal à trouver un emploi ici. « Vivre ici c’est bien,mais y travailler, c’est plus difficile », explique-t-il.Geoffroy ira voter, c’est « une question d’éduca-tion ». Un pronostic ? « Ce sera plus compliqué pourDominique Baert cette année », juge le demandeurd’emploi.Parfois désabusés, certains chômeurs wattrelo-siens osent à peine jeter un œil à la campagne.C’est le cas de Julie, 24 ans, qui ne s’y intéresse« pas du tout ». « Je n’ai pas d’attentes particulièrespar rapport à ces élections. De toute façon, ça ne chan-gera rien ! ».

Une forme d’autocensure ?

Dans une situation professionnelle délicate, lacarte de demandeur d’emploi et la recherched’un travail prennent parfois le dessus sur lacarte électorale. « Dans le cas des demandeurs d’em-ploi, on peut parler d’un découragement, d’une fatiguepar rapport à la politique. C’est en partie lié au faitque ces personnes se trouvent dans une situation de né-cessité économique », observe Emmanuel Pierru,sociologue au Centre d’Etudes et de RecherchesAdministratives, politiques et Sociales (Ceraps)à l’Université de Lille 2 et chargé de rechercheau CNRS, spécialisé notamment dans le com-portement politique des chômeurs (voir enca-dré). « On est entre attitude d’indifférence systéma-

tique et scepticisme, avec parfoisle sentiment que le monde poli-tique ne fait rien pour eux ».Pourtant, la plupart des de-mandeurs d’emploi croisésdans la rue des Fabri cantsexpriment vivement cer-taines attentes. Outre la

question de l’emploi, de nombreux thèmes re-viennent dans la bouche de ces électeurs : insé-curité, propreté, logement... « Il y a une forte de-mande de protection de l’Etat de leur part. C’est làtout le paradoxe », confirme l’universitaire.

Le choix difficile du bulletin devote

Face à ces six candidats en lice, faire un choixn’est pas toujours évident. C’est le cas deThomas qui n’a pas encore défini quel bulletin ildéposera dans l’urne le dimanche 23 mars. À 22ans, ce jeune cuisinier a atterri sur « la case PôleEmploi » depuis quelques mois. Désintéressé parla campagne électorale, il explique avoir « regardévite fait » les quelques tracts reçus dans sa boîteaux lettres. Peu motivé par ces élections, il serendra tout de même dans un bureau de vote. «J’aimerais surtout savoir ce qu’ils peuvent apporterpour l’emploi ici, car cela manque vraiment de travail

pour les jeunes. Mais on ne sait pas vraiment si cesélections vont changer les choses. » Le vote deThomas sera « un vote de dernière minute. Ce seraplus en fonction du candidat que du parti », explique-t-il avant de rejoindre l’arrêt de bus de la ligne35, situé de l’autre côté de la rue des Fabricants.La volonté de changement est présente dans lestêtes de ces demandeurs d’emploi, même si laplupart expriment un certain désabusement vis-à-vis de la classe politique.

« On est citoyen à part entière »

Parfois indécis, souvent désintéressés, ces élec-teurs prennent parfois le parti du non-vote. Eneffet, l’abstention avait atteint des sommets lorsdes élections municipales de 2008, atteignant51,36 %, alors que la moyenne nationale étaitde 35,5 %. Une part du gâteau non négligeable,qui devrait s’avérer décisive dans le résultat finalde ces élections. Dans le contrepied de cette abs-tention, certains demandeurs d’emploi n’ont pashésité à franchir le pas en se présentant au seind’une liste pour ces élections municipales.Quatre d’entre elles comptent des personnes ensituation de demande d’emploi dans leurs rangsListe Anticapitaliste, Lutte Ouvrière, faire en-tendre le camp des travailleurs, Wattrelos BleuMarine et Avec vous, Wattrelos ouvertement àgauche ».

Politique et chômage

Entre indifférence, scepticisme et véritable volonté de changement, lerapport entre la politique et les demandeurs d’emploi reste fragile. AWattrelos, le Pôle Emploi ne désemplit pas depuis plusieurs années,et la campagne pour les élections municipales a bien du mal à fairel’unanimité chez les chômeurs.

Par Pierre-AlexandreAubry

W A T T R E L O S

VIVRE ICI C’EST BIEN,MAISYTRAVAILLER...

2 0Maires du Nord Vendredi 21 mars 2014

Carte d’électeur et carte de demandeur d’e

M

Page 21: Maires Du Nord

: un mariage difficile

emploi ne font pas toujours bon ménage

W A T T R E L O S

Au sein de cette dernière liste, alliance entreEELV et le Parti de gauche, on retrouve SylvieRitz, 49 ans. Inscrite à Pôle Emploi, elle travailleen intérim depuis quelques mois. Mais surtout,elle s’est récemment engagée en rejoignant laliste menée par Thierry Coulomb. Sa situationprofessionnelle, elle la voit comme un atout vis-à-vis desWattrelosiens. « Même si on est inactif, ona des interrogations, notamment pour nos enfants. Onest citoyen à part entière », explique-t-elle. « J’ai vécula même chose qu’eux et je sais que c’est difficile àWattrelos », ajoute la colistière. Elle remarque uneprise de distance des chômeurs avec les électionsmunicipales, mais espère redonner à ces gensl’envie de croire en la politique.Christophe Ligault, 48 ans, est également pré-sent au sein d’une équipe de campagne, celle dela Liste Anticapitaliste. Une première pour ce de-mandeur d’emploi wattrelosien. « Mon statut cor-respond plus ou moins à l’électorat de notre liste, cellequi défend les faibles ». Conscient de cette crise deconfiance que peuvent éprouver les demandeursd’emploi envers le monde politique, il reconnaîtune forme de « désamour » des chômeurs pour lapolitique. « Ils ont l’impression que personne ne faitrien pour eux. C’est pourquoi je pense qu’ils ne suiventpas vraiment la campagne. »

2 1Maires du Nord Vendredi 21 mars 2014

Trois questions à Emmanuel Pierru

Sociologue spécialisé sur la question du comportement politique des chômeurs

Comment peut-on qualifier le vote des chômeurs ?Il faut d’abord préciser que c’est une catégorie administrative très large. Aujourd’hui, le terme« chômeur » ne veut plus dire grand chose. Car qu’est ce qui sépare réellement une personne àtemps partiel ou en CDD d’un chômeur ?

Comment se manifeste ce vote dans le cas des élections municipales ?On peut remarquer une forme de non-vote chez les demandeurs d’emploi, qui se traduit parune abstention intermittente, voire systématique. Leur rapport à la politique est extrêmementdistant, quand ce n’est pas une pure exclusion électorale, en particulier les personnes concer-nées par une longue période de chômage. Mais pour les élections municipales, cet indifféren-tisme est un peu moins fort, car il s’agit d’un vote de proximité. La précarité est un amplifica-teur d’inégalité. On le ressent même chez les cadres au chômage, qui sont 10 % de moins àaller voter qu’un cadre en activité. Notre démocratie fonctionne de plus en plus à l’exclusionélectorale de la part des catégories les plus vulnérables. C’est une forme d’autocensure.

Peut-on s’attendre à un vote d’extrême droite de leur part ?L’idée que les chômeurs votent pour le Front National est un mythe. Le vote FN montre qu’àchaque élection, les électeurs d’extrême droite se renouvellent de moitié. Ce qui signifie que50 % d’entre eux ne voteront pas forcément pour ce parti aux prochaines élections

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I N SOL I T E

2 2Maires du Nord Vendredi 21 Mars 2014

Dans le Nord-Pas de Calais, moins de 12% des maires sont des femmes. Et parmi les têtes de liste auxprochaines municipales, la proportion est à peine plus élevée. À moins d’une semaine du scrutin, retouren infographies sur l’état de la parité dans la région.

Parité: pourquoi votremaire risque des’appeler Michel

Par Rémi Banet

Maires du Nord S.A

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