magazine terre de vins n9

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1 EDITO Terre de vins, magazine bimestriel Internet : www.terredevins.com Email : [email protected] Entreprise éditrice Editions Périodiques du Midi Société en Nom Collectif Siège Social Rue du Mas de Grille – 34438 Saint-Jean-de-Védas cedex. Tel : 04 67 07 67 07 Co-gérants Société du Journal Midi Libre représentée par Joël Canis et Alain Plombat Associés Société Anonyme de Presse et d’Edition du Sud Ouest (SAPESO) Société du Journal Midi Libre Directeur de la publication : Alain Plombat Directeur délégué Rodolphe Wartel ([email protected]) Rédacteur en chef Sylvie Tonnaire ([email protected]) Conseillers éditoriaux Michel Bettane ([email protected]) et Thierry Desseauve ([email protected]) Evénementiel, communication, partenariats Patricia Moureuille ([email protected]) Publicité Régie Sud Ouest publicité. Direction commerciale : Hervé Courregelongue (hcourre- [email protected]): 05 35 31 28 26 Languedoc-Roussillon, Ardèche, Drôme, Vaucluse : responsable commercial : Bernard Ger ([email protected]) : 06 85 61 11 16 Paris et Champagne : La Régie du vin, 22 rue Chauchat, 75009 Paris. 01 48 01 90 10. Correction Service technique Sud Ouest PAO et photogravure Service technique Sud Ouest Création graphique Emmanuel Batifoulier/Blue press Impression Litografia Roses SA, Energia 11-27, Poligon La Post, 08850 Gava (Espagne). Abonnements, service lecteurs, vente des anciens numéros 04 3000 6000 (N° non surtaxé), du lundi au vendredi de 8h à 17 h et le samedi de 8h30 à 12h. Prix de l’abonnement (6 n°+ 1 hors-série) en France : 29 € TTC Ventes en kiosque France : Messageries lyonnaises de presse. Tel : 04 74 82 14 14. Réassort points de vente, Boost media, Denis Rozes 06 43 73 16 37. [email protected] Sud Ouest : Service des ventes, 05 35 31 34 65 Languedoc : Jean-Christophe Clidi, 04 67 07 66 81 ; réassort points de vente, Thierry Nazon, 04 67 07 67 59 N° Commission paritaire : 0709 K 79707. N° ISSN : 1296-9893. Dépôt légal : à parution Tous droits de reproduction réservés La reproduction, même partielle, des articles et illustrations de Terre de vins est interdite. Terre de vins décline toute responsabilité pour les documents non sollicités qui lui sont confiés. Les manuscrits, insérés ou non, ne sont pas rendus. L’abus d’alcool est dangereux pour la santé. Le vin doit être consommé avec modération. A l’heure où vous lisez ces lignes, cinq architectes de renommée internationale auront été - ou seront sur le point d’être - nominés pour dessiner le plus am- bitieux projet de vulgarisation que le monde du vin ait ja- mais connu : le centre culturel et touristique du vin. Certes, un nom comme celui-là fait un peu peur… C’est un code, provisoire, qui laissera place, dès cette année 2011, à une marque, un emblème, un étendard. Où ça ? A Bordeaux, la cité où, comme le susurrait le facétieux Chat de Geluck dans l’une de nos récentes rubriques, «le vin a donné son nom à la ville.» Annoncé par Alain Juppé lors de son deuxième mandat à la tête de la mairie de Bordeaux, le « CCTV » ouvrira en 2014 sur les bords de la Garonne sur un site de plus de 10 000 mètres carrés. Budget : 46 millions d’euros hors taxe finan- cés, entre autres, par les Fonds européens, les collectivités lo- cales, la ville de Bordeaux, le Conseil interprofessionnel du vin, le Chambre de commerce et d’industrie… mais aussi des mécènes attendus à hauteur de 5 à 10 millions d’euros. Car le nouveau Ministre de la Défense, peu connu pour ban- queter et passer son temps sur les caves en ligne, entend d’abord offrir à Bordeaux un signe architectural, comme le sont le Guggenheim de Bilbao ou le musée du quai Branly à Paris... Et si le CCTV ne coûtera pas les 260 millions du Musée des Confluences à Lyon, « je ne veux pas d’un musée riquiqui avec trois barriques et trois pressoirs », a insisté le maire. Dans un contexte difficile pour la viticulture française, c’est toute la civilisation du vin qui doit donc s’y retrouver. Car au-delà de l’enjeu touristique pour Bordeaux, récemment classée au patrimoine mondial de l’Unesco – qui espère se- reinement pour ce futur lieu 425 000 visiteurs par an quand ses musées en accueillent 400 000 – l’enjeu est de taille. Enjeu social: il faudra d’abord convaincre les plus proches alliés - les vignerons - notamment ceux des appellations bor- deaux et bordeaux supérieur, dont nous parlons dans ce nu- méro (pages 43 à 55), ceux-là même sur lesquels le millésime 2009 n’a pas eu d’effet sur les commandes, et qui vendent deux bouteilles au prix d’une place de cinéma. Enjeu géo- politique ensuite : dans une France du vin où la qualité ne cesse de progresser, où dans les terroirs du Languedoc, de Loire, d’Alsace ou de Bourgogne, les producteurs se sont transformés en artisans joailliers, Bordeaux est-elle vraiment la capitale ? Et comment Bordeaux pourra t-elle fédérer Reims, Beaune, Saumur, Tain-l’Hermitage, Rasteau ou le Pic Saint Loup ? Enjeu scientifique enfin : la ville a créé une ma- gnifique fête populaire biannuelle – « Bordeaux Fête le vin » ; elle veut aujourd’hui promouvoir une géode de la connaissance de la vigne et du vin. Dans une France où l’oe- notourisme se développe chaque année, où les salons de dé- gustations comme le Grand Tasting, ce 11 dé- cembre, font le plein, le « CCTV » représente une ouverture salvatrice du vignoble vers le grand pu- blic. 2011 donne au- jourd’hui de façon visible son coup d’envoi, en at- tendant son ouverture. Nous sommes tous impa- tients. RODOLPHE WARTEL Une vitrine en marche

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Magazine Terre de Vins Janvier - Février 2011

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Page 1: Magazine Terre de Vins n9

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EDITO

Terre de vins, magazine bimestrielInternet : www.terredevins.com

Email : [email protected]

Entreprise éditrice

Editions Périodiques du MidiSociété en Nom Collectif

Siège Social

Rue du Mas de Grille – 34438 Saint-Jean-de-Védas cedex.Tel : 04 67 07 67 07

Co-gérants

Société du Journal Midi Libre représentée par Joël Caniset Alain Plombat

Associés

Société Anonyme de Presse et d’Edition du Sud Ouest(SAPESO)

Société du Journal Midi Libre

Directeur de la publication : Alain Plombat

Directeur délégué

Rodolphe Wartel ([email protected])Rédacteur en chef 

Sylvie Tonnaire ([email protected])Conseillers éditoriaux

Michel Bettane ([email protected]) et ThierryDesseauve ([email protected])

Evénementiel, communication, partenariats

Patricia Moureuille ([email protected])

Publicité

Régie Sud Ouest publicité.Direction commerciale : Hervé Courregelongue (hcourre-

[email protected]): 05 35 31 28 26Languedoc-Roussillon, Ardèche, Drôme, Vaucluse :

responsable commercial : Bernard Ger([email protected]) : 06 85 61 11 16

Paris et Champagne : La Régie du vin, 22 rue Chauchat,75009 Paris. 01 48 01 90 10.

Correction

Service technique Sud Ouest

PAO et photogravure

Service technique Sud Ouest

Création graphique

Emmanuel Batifoulier/Blue press

Impression

Litografia Roses SA, Energia 11-27, Poligon La Post,08850 Gava (Espagne).

Abonnements, service lecteurs, vente des anciens

numéros

04 3000 6000 (N° non surtaxé), du lundi au vendredide 8h à 17 h et le samedi de 8h30 à 12h.

Prix de l’abonnement(6 n°+ 1 hors-série) en France : 29 € TTC

Ventes en kiosque

France : Messageries lyonnaises de presse.Tel : 04 74 82 14 14.

Réassort points de vente, Boost media, Denis Rozes 0643 73 16 37. [email protected]

Sud Ouest : Service des ventes, 05 35 31 34 65Languedoc : Jean-Christophe Clidi, 04 67 07 66 81 ;

réassort points de vente, Thierry Nazon, 04 67 07 67 59

N° Commission paritaire : 0709 K 79707. N° ISSN : 1296-9893.

Dépôt légal : à parution

Tous droits de reproduction réservés

La reproduction, même partielle, des articles et illustrationsde Terre de vins est interdite. Terre de vins décline toute

responsabilité pour les documents non sollicités qui luisont confiés. Les manuscrits, insérés ou non,

ne sont pas rendus.L’abus d’alcool est dangereux pour la santé. Le vin doit

être consommé avec modération.

A l’heure où vous lisez ces lignes, cinq architectes derenommée internationale auront été - ou seront surle point d’être - nominés pour dessiner le plus am-

bitieux projet de vulgarisation que le monde du vin ait ja-mais connu : le centre culturel et touristique du vin. Certes,un nom comme celui-là fait un peu peur… C’est un code,provisoire, qui laissera place, dès cette année 2011, à unemarque, un emblème, un étendard. Où ça ? A Bordeaux, lacité où, comme le susurrait le facétieux Chat de Geluck dansl’une de nos récentes rubriques, «le vin a donné son nom àla ville.»

Annoncé par Alain Juppé lors de son deuxième mandat à latête de la mairie de Bordeaux, le « CCTV » ouvrira en 2014sur les bords de la Garonne sur un site de plus de 10 000mètres carrés. Budget : 46 millions d’euros hors taxe finan-cés, entre autres, par les Fonds européens, les collectivités lo-cales, la ville de Bordeaux, le Conseil interprofessionnel duvin, le Chambre de commerce et d’industrie… mais aussides mécènes attendus à hauteur de 5 à 10 millions d’euros.Car le nouveau Ministre de la Défense, peu connu pour ban-queter et passer son temps sur les caves en ligne, entendd’abord offrir à Bordeaux un signe architectural, comme lesont le Guggenheim de Bilbao ou le musée du quai Branlyà Paris... Et si le CCTV ne coûtera pas les 260 millions duMusée des Confluences à Lyon, « je ne veux pas d’un muséeriquiqui avec trois barriques et trois pressoirs », a insisté lemaire.

Dans un contexte difficile pour la viticulture française, c’esttoute la civilisation du vin qui doit donc s’y retrouver. Carau-delà de l’enjeu touristique pour Bordeaux, récemmentclassée au patrimoine mondial de l’Unesco – qui espère se-

reinement pour ce futur lieu 425 000 visiteurs par an quandses musées en accueillent 400 000 – l’enjeu est de taille.Enjeu social: il faudra d’abord convaincre les plus prochesalliés - les vignerons - notamment ceux des appellations bor-deaux et bordeaux supérieur, dont nous parlons dans ce nu-méro (pages 43 à 55), ceux-là même sur lesquels le millésime2009 n’a pas eu d’effet sur les commandes, et qui vendentdeux bouteilles au prix d’une place de cinéma. Enjeu géo-politique ensuite : dans une France du vin où la qualité necesse de progresser, où dans les terroirs du Languedoc, deLoire, d’Alsace ou de Bourgogne, les producteurs se sonttransformés en artisans joailliers, Bordeaux est-elle vraimentla capitale ? Et comment Bordeaux pourra t-elle fédérerReims, Beaune, Saumur, Tain-l’Hermitage, Rasteau ou le PicSaint Loup ? Enjeu scientifique enfin : la ville a créé une ma-gnifique fête populaire biannuelle – « Bordeaux Fête levin » ; elle veut aujourd’hui promouvoir une géode de laconnaissance de la vigne et du vin. Dans une France où l’oe-notourisme se développe chaque année, où les salons de dé-gustations comme leGrand Tasting, ce 11 dé-cembre, font le plein, le« CCTV » représente uneouverture salvatrice duvignoble vers le grand pu-blic. 2011 donne au-jourd’hui de façon visibleson coup d’envoi, en at-tendant son ouverture.Nous sommes tous impa-tients.

RODOLPHE WARTEL

Une vitrine en marche

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l’essentiel de l’actuIMAGES

Ces photos ont été prises par des amateurs et déposées sur la pagefan de vitijob sur facebook (www.facebook.com/vitijob.net). Ungrand bravo à Emilie Porcher qui a décroché le plus de « J’aime »,pour ce cliché sur lequel on distingue les milliers de petites baies,passées de la vigne au chai (photo du bas du milieu). Nous, à« Terre de vins », on a surtout adoré cette image très décalée auxcouleurs saturées (signée de Claudia Gomez Bruna) : l’ouvrier yressemble davantage à un pompier américain ! À noter égalementles photos d’Emeric Teyssou (l’insecte) et de Quentin Heller(l’homme dans le chai).

Ça bouge !Bordeaux : Le Groupe Taillan a procédé au rachat du Château Broustet (2e cruclassé en 1855 de Barsac-Sauternes). Château Broustet intègre ainsi le pôle Vignoblesde Terroirs, qui compte désormais 13 propriétés en Bordelais.Le château Chenu Lafitte, situé à Bourg (Haute Gironde), a été racheté par unhomme d’affaires chinois. Lafitte (avec deux « t »), un nom qui fait rêver le paysdu Soleil levant. Le riche investisseur a choisi cette propriété pour l’offrir à son filsde 20 ans.Provence : Bernard Magrez, déjà propriétaire d’une trentaine de châteaux, dont lecélèbre Pape Clément, compte dans son portefeuille une nouvelle propriété : leClos des Muraires, en Provence. Quelque 12 hectares situés au pied du massif desMaures, dans le Var.Loire : La maison Ackerman confirme son leadership dans le domaine des effer-vescents de Val de Loire avec le rachat de la maison Monmousseau. Grâce à cetteopération, Ackerman compte notamment développer ses activités œnotouristiques.

Ils nous ont quittésFigure emblématique de la Champagne, Bernard de Nonancourtfut le président fondateur du groupe Laurent-Perrier. Au cours des50 années qu’il a passées à la tête de l’entreprise familiale, Bernardde Nonancourt a bâti la prospérité et la notoriété du groupe com-posé des maisons de Castellane, Salon et Delamotte. Dès 1949, ilprit les rênes de Laurent-Perrier, parvenant rapidement à hisser lamarque au troisième rang en valeur. Il est décédé le 29 octobre2010, à l’âge de 90 ans.Marcel Lapierre s’est éteint le 11 octobre dernier à Villié-Morgon(Rhône), où il était né soixante ans plus tôt. Vigneron atypique duBeaujolais, Marcel Lapierre a marqué le Morgon (l’une des dix ap-pellations du Beaujolais) de son empreinte. On gardera le souvenird’un grand défenseur des modes de culture et de vinification res-pectueux des cycles naturels de la vigne.

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C’est une vue du château tel que vous ne le reverrez plus. Château Palmer, propriété des héritiers de lamaison de négoce Malher-Besse et de la maison Sichel , a entamé sa mue. Huit millions d’euros ont étéinvestis pour, durant deux ans, «adapter l’outil, le rationaliser et améliorer l’identité du village», dixitThomas Duroux, directeur général de ce deuxième grand cru au classement de 1855, dont l’aura tutoie

celle des premiers. Toute l’accessibilité sera notamment réorganisée, avec réaménagement paysager et modificationde l’entrée. Objectif : maintenir en permanence cette « perception de la qualité » propre à Palmer. Une excellencequi fait rêver, jusqu’au bout du monde. Un exemple ? Dans quelques jours, le directeur du développement, Bernardde Laage, doit en effet se rendre à Macao pour reboucher 600 bouteilles, millésimes 1966 et 1970, d’un richissimecollectionneur passionné de… Palmer.

CIEL MON CHÂTEAU MARGAUXPhoto X

Palmervillage‘‘

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On les surnomme les « néovignerons ». Qui sont-ils ? Des hommes et des femmes qui, sans at-tache dans le milieu viticole, deviennent accrosà leurs ceps et à leurs jus. Anciens cadres dans la

distribution alimentaire, dirigeants d’usine, brasseurs, den-tistes, journalistes, cadres de France Télécom… « En vingtans, j’ai vu de nombreux corps de métier défiler, dit Michel Vey-rier, à la tête de Vignobles et Investissements, agence spécialiséedans la transaction de domaines viticoles. Le vin fait rêver, d’oùson attrait. » Certains plaquent tout, du jour au lendemainou presque, pour être vignerons à temps plein. D’autres, for-tune faite dans le commerce ou l’industrie, investissent dansl’acquisition d’un domaine en continuant leur activité pro-fessionnelle. Avec à terme, le projet de s’installer à demeure,de se lâcher des deux mains. Projet de vie, placement, capi-talisation… la vigne est, et reste, une valeur refuge.Aucun vignoble n’y échappe. Le Val de Loire parce qu’il està deux heures de la capitale. Bordeaux pour le mythe. La

Provence pour le style de vie, le Languedoc pour l’espace. LaBourgogne fait des envieux, mais les offres sont rares. Encoulisses, ces nouveaux venus font parfois sourire. Aventuriersbling-bling ? « Les deux tiers des projets sont portés par des gensbesogneux, détrompe Michel Veyrier. Ils savent où ils vont.Mieux, ils ont des compétences professionnelles qu’ils font valoirdans leur nouveau métier. » Les commerciaux d’origine saventvendre, construire des réseaux de distribution, exporter, « mar-queter » leurs vins… L’apport est parfois plus surprenant.Ancienne journaliste, Catherine Bernard confie : « Je sais oùaller chercher l’information, je n’ai pas peur de dire “je ne saispas”. Cela aide à avancer plus vite et mieux. »Tous s’accordent,ils puisent dans leurs acquis d’origine pour conduire leursexploitations. Reste que l’accès à la propriété a un coût.Comptez un budget de 2 millions d’euros minimum dont70 % d’apport personnel pour une vingtaine d’hectares, bâ-tisse et chais compris. 1 million d’euros pour 4 à 10 hectares.Ceux qui n’ont pas la somme en poche, et ils sont légion,édifient leur patrimoine… petit à petit.

ILS NE SONT PAS DE LIGNÉE VIGNERONNE. POURTANT, UN JOUR DANS LEUR VIE, ILS ONT FAIT LE GRAND SAUT. VIGNERON, C’EST LEUR NOUVEAU JOB. QUEL QUE SOITLEUR PARCOURS D’ORIGINE, ILS UTILISENT LEURS ACQUIS PROFESSIONNELS POUR EXERCER CE MÉTIER PARTICULIER, AUX MULTIPLES FACETTES

Par Chantal Sarrazin, illustration Michel Tolmer, photographies Luc Jennepin, Armelle Drouin, Claude Petit,Pierre Coudouy et Denis Bomer, adresses en page carnet

Rêvesde vins

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TRIBU LES NÉOVIGNERONS

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LANGUEDOC (34)CATHERINE BERNARD, LA TERRIENNE

47 ans, 2 enfants, brevet professionnel agricole, option viti-œno

« 1999, moi, la Nantaise d’origine, je débarque à Montpellier sans rien connaître de cette ville, ni de cette région, le Languedoc. Tout m’était étranger, lesoleil, la culture… jusqu’à la langue ! J’ignorais même que l’on y produisait du vin. C’est pourtant, grâce à lui, que j’ai compris cette région, en achetant etgoûtant régulièrement des bouteilles. À l’époque, j’étais correspondante de « Libération » et « La Tribune ». J’avais débuté ma carrière de journaliste à Paris,j’ai voulu m’installer en province. L’idée de cultiver la terre me trottait dans la tête, mais je ne me l’autorisais pas. Un jour, je n’ai plus pu écrire un article. Ilfallait cela pour que je me jette à l’eau. Pendant un an, tous les vendredis matin, je suis allée travailler chez un vigneron. Quand je me suis sentie prête, j’aipréparé un brevet professionnel agricole viti-œno. J’ai ensuite racheté 3 hectares en AOC Languedoc dont un seul planté, en empruntant à la banque. Enfin !J’avais hâte d’aller les cultiver et de voir ce qu’elles allaient donner. Sans cave où vinifier, j’ai trouvé un hébergement chez un autre vigneron. En trois ans, j’aidéménagé quatre fois ! Aujourd’hui, je partage les chais d’Anne Donnadieu, une vigneronne qui a repris l’exploitation familiale. Tout est dans un potcommun, le pressoir, l’égrappoir, le chariot élévateur… et les soucis ! C’est une réponse au manque d’argent de nos petites structures. Je fais des vins à mongoût, à contre-courant des canons languedociens : des rouges uniquement avec de la fraîcheur, de l’acidité, de la franchise et de la rectitude. Autre pan de maphilosophie, je ne produis que ce que je sais vendre. Et j’ai repris la plume, “Dans les vignes, chroniques d’une reconversion”, sort en février aux éditions duRouergue. »

Mes préférences : le muscadet de Marc Peynaud Miss Terre, je l’associe à l’enfance, la mer, les paysages, les couleurs de ma terre natale.

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INTERVIEW FRÉDÉRIC LODÉON

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La musique et le vin sont-ils faits pour s’entendre ?Nous avons posé la question à un virtuose, leseul violoncelliste français à avoir obtenu, à cejour, le prestigieux prix Rostropovitch : Frédéric

Lodéon. Celui qui anime chaque jour sur France Interl’émission « Carrefour de Lodéon », est un passionné debordeaux qui apprécie les chemins de traverse. De la Bour-gogne au Beaujolais. Du domaine de Torracia en Corseau vin de Cassis. Rencontre avec cet homme gourmandet volubile, méticuleux et précis, à Paris, à la Brasserie desOndes, à deux pas de la Maison de la Radio. À notretable, Brahms, Bach, Haydn, Mozart et les souvenirs dedélicieux nectars : Maucaillou, Figeac, Haut-Bailly, Tal-bot… Musique !

On a l’habitude de dire que la musique et le vinforment un accord divin. Partagez-vous cette idée ?

Pour moi, c’est un jeu de mots. Parce que la musique estune chose qui peut se pratiquer sobrement. On n’est pasobligé de boire du vin pour apprécier la musique. Mais ily a beaucoup de compositeurs qui ont apprécié le vin. Levin est quelque chose d’essentiel. Avant sa mort, les der-niers mots de Brahms ont été, après un verre de vin blancdu Rhin probablement : « Oui, c’est beau. » Il n’a pas dit« c’est bon », il a dit « c’est beau ». Ce n’est pas un com-mentaire gustatif, ce n’est pas quelque chose de sensuel.On est dans la métaphysique. Pour lui, le goût du vin,c’est quelque chose de beau, qui apporte la vie. Cettephrase est frappante.

Parmi les grands compositeurs, qui d’autre aimait le vin ?

Jean-Sébastien Bach, qui était une usine intellectuelle, quia écrit tant d’œuvres, qui a fait vingt enfants, avait des

VIRTUOSE DU VIOLONCELLE, LE CRÉATEUR ET ANIMATEUR DE L’ÉMISSION DE MUSIQUECLASSIQUE SUR FRANCE INTER «�CARREFOUR DE LODÉON�» A LA PASSION DU VIN.�UN POINT COMMUN AVEC LES GRANDS COMPOSITEURS. MAIS PEUT-ON DIRE QUEMUSIQUE ET VIN FORMENT UN ACCORD DIVIN�? ÉLÉMENTS DE RÉPONSE AVEC BACH,BRAHMS, VERDI ET LES AUTRES…

Par Jefferson Desport, photographies�Vincent Isoré (agence Aperçu)

BONNESondes

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SAGA SAINT-ÉMILION

le souffle de laLes DESPAGNE

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C’EST L’UNE DES RARES FAMILLES DE SAINT-ÉMILIONENRACINÉES DEPUIS PLUSIEURS SIÈCLES. LESDESPAGNE VONT FÊTER LEUR 200e MILLÉSIME EN 2012, À LA SANTÉ DE LA PLANÈTE TERRE

Par Christian Seguin, photographies Alain Benoît/Studio Deepixle souffle de la terreDESPAGNE

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PORTRAIT BORDEAUX

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«C’est une grande responsabilité que d’acquérirune propriété en perdition et de vouloir luiredonner ses lettres de noblesse. » Alfredo Ruiz,Mexicain francophone et francophile, a

sauté dans le grand bain de la vigne en 2005 en achetantFonchereau, une ferme de 50 hectares avec chapelle et pi-geonnier dont l’histoire remonte au XVIe siècle. Il est fierd’habiter une maison « avec un tel passé historique », qui a ap-partenu à Gilles Messier de Geneste, président du Parlementde Bordeaux, et qui a vu séjourner, entre autres personnagesillustres, le philosophe Michel de Montaigne, comme le révèlel’imposant travail de recherche de Carole Ratier (universitéBordeaux 3) sur la correspondance de Mme Duplessy avecsa fille, Mme de Cursol.« Le poids historique, j’en ai pris connaissance une fois installé àFonchereau », aime à répéter Alfredo Ruiz. Son aventure bor-delaise à lui, c’est d’abord une histoire d’amour, celle ducoup de foudre d’un Mexicain pour cette région et pour ledomaine de Fonchereau, à Montussan (33). Rien ne prédes-tinait pourtant Alfredo Ruiz à acquérir cette belle propriété,classée en Bordeaux supérieur.C’est en 2006 qu’il quitte son pays pour la France, avec sonépouse Esther et leurs deux enfants, Gilberto, 14 ans et Ma-ria-Carlota, 12 ans. Juriste de formation, il fut consul duMexique à Paris puis vice-ministre des Finances du gouver-nement mexicain, en charge de la défense des consommateurs.

C’est d’ailleurs un changement de pouvoir au Mexique qui adéterminé son choix : « Quand Vicente Fox a été élu présidentdu Mexique, j’ai dû quitter l’administration. Avec ma femme,nous avons décidé de partir pour la France. » Même si sa for-mation était aux antipodes du monde vitivinicole, AlfredoRuiz est devenu « un viticulteur à part entière ».

La devise républicaineIl se trouve aujourd’hui à la tête d’une entreprise de 12salariés et produit 150 000 bouteilles par an pour un chiffred’affaires de 1 million d’euros, répartis entre la France (60 %)et le Mexique (40 %). Alfredo, qui a investi avec des amismexicains, confie ne plus perdre d’argent après quatre ansd’activité. « L’investissement de départ représentait environ4 millions d’euros. Nous avons atteint un point d’équilibre fi-nancier. » Il fait sienne cette formule répandue : « Il y a ceuxqui s’investissent et ceux qui investissent. » Il aime à dire qu’ilremplit ces deux conditions, en satisfaisant une passion et enfaisant avec des amis mexicains un investissement patrimonial.L’ambition secrète d’Alfredo Ruiz ? Faire que le bordeauxsupérieur ne soit plus considéré comme un vin de secondezone. « Bordeaux supérieur n’a aucun sens au Mexique et àl’étranger. Pire, c’est même négatif. Il faut appliquer au vin ladevise républicaine française : “Liberté, Égalité, Fraternité”,c’est-à-dire liberté de planter, égalité de l’étiquette, fraternitédans le métier.

D’UNE ÉNERGIE EXUBÉRANTE, ALFREDO RUIZ, 46 ANS, NE CACHE PAS SA FIERTÉ D’ÊTRE LE SEUL SUD-AMÉRICAIN À DIRIGER UN DOMAINE DANS LE BORDELAIS. L’EX-VICE-MINISTREDES FINANCES DU GOUVERNEMENT MEXICAIN VOUE UNE PASSION TOTALE À LA FRANCE, À BORDEAUX, ET AU VIN

Reportage Freddy Thomelin, photographies Nicolas Tucat, adresses en page carnet

Alfredo Ruiz

Le Mexicaindes bordeaux

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Chaque année, le microcosme bordelais défraie la chronique au

début de l’été, au moment de la commercialisation des primeurs.

Entamée au tournant du siècle, la hausse continuelle des prix de

sortie a propulsé les domaines-stars à des sommets aujourd’hui

inatteignables pour la plupart des consommateurs. Pourtant, la réalité du

marché bordelais ne se reflète pas dans cette dérive inflationniste, et une

bouteille de vin de Gironde sur deux est vendue sous l’étiquette Bordeaux ou

Bordeaux Supérieur. Les producteurs de ces vins-là ne regardent pas le lointain

Orient avec des yeux de Chimène, et la dure loi de la concurrence leur impose

de ne pas dépasser certains prix sous peine de se voir bannis du marché français,

l’un de leurs principaux débouchés. Pour le plus grand bonheur des

consommateurs, qui ont l’occasion de savourer pour des budgets

particulièrement raisonnables ce qui fait depuis très longtemps le succès des

vins de la région : du fruit, de la chair, de la sveltesse, le tout ponctué par une

fraîcheur et un équilibre naturels qui en font les compagnons spontanés d’une

cuisine simple et traditionnelle, des casse-croûtes aux préparations mijotées.

Notre première sélection permet ainsi de faire le point sur les bonnes affaires

du moment, ces vins ayant dans l’ensemble peu de perspectives de garde,

autant en profiter maintenant. Notre second dossier ouvre une porte

différente, celle des vins de caves coopératives, et plus particulièrement ceux

produits en Languedoc et en Roussillon. Sensible, le sujet l’est par les volumes

produits et par le niveau régulièrement insuffisant voire médiocre des

différentes cuvées, conséquence d’une prise de conscience inachevée de

l’évolution des marchés et des consommateurs, mais aussi du manque

d’ambition de certains vinificateurs, qui se contentent de se fondre dans

l’uniformité sans saveur de la masse plutôt que d’affirmer fièrement un cépage

et un terroir, bref, une identité. Les vins qui figurent dans notre seconde

sélection ont franchi ce pas, on aurait souhaité qu’ils soient plus nombreux.

Michel Bettane et Thierry Desseauve

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B E T T A N ED E S S E A U V E

L A S E L E C T I O N

&

SommaireLA SÉLECTION

Les bordeauxdes gens normaux

> pages 44 à 55

LE PALMARÈS DU GRAND JURY

Rouges des coopératives duLanguedoc et du Roussillon :

peut mieux faire. > pages 56 à 63

Nos 10 meilleurs rapports qualité-prix

> page 55

TALENTS

Pouilly-Fuissé, des premierscrus dignes de ce nom

> pages 64 à 66

ICÔNES

Denis Dubourdieu, les septvies de Dédé-la-science

> page 67

Un bordeaux, s’il vous plait

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Les bordeauxdes gens normaux

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Rouges des coopérativesdu Languedoc et du Roussillon

Peut mieux faire

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La coopération du sud de la France aurait-elle sacrifié sesambitions sur l’autel d’un satisfecit a minima ? 70 % desvins du Languedoc et du Roussillon sont élaborés par unecave coopérative, une proportion très élevée qui devrait aller

de pair avec un niveau de qualité moyen irréprochable. Certainescaves, comme la plupart de celles figurant dans notre palmarès, l’ontcompris. Pour d’autres, on est encore loin du compte. La dégustation a rassemblé trente-sept échantillons, rouges exclusive-ment, sur les millésimes 2009, 2008 et 2007 (un seul 2005). Manquede finesse, de personnalité, d’ambition, absence de référence au ter-roir, nos dégustateurs ont été déçus par la qualité d’ensemble deséchantillons présentés. Familiers de ces vins qu’ils goûtent à longueurd’année, ils n’ont pas retrouvé la marque des terroirs de calcaires, degranites ou de schistes qui font la richesse de ces appellations (Cor-bières, Saint-Chinian, Collioure, Côtes du Roussillon, Languedoc) oude ces vins de pays. L’objectif latent de la part des producteurs d’allervers toujours plus de concentration, y compris au travers de l’élevage,a exalté les matières et uniformisé les palettes aromatiques au détri-ment de la finesse et de l’élégance. Pourtant, Languedoc comme Rous-sillon sont capables de produire de grands vins qui portent « la gueulede l’endroit ». Les raisins, ramassés à maturité et dans un bon état sani-taire, auraient du refléter davantage leurs origines. Les caves qui ontsu gérer la matière première et la technique sont celles qui s’en sortentle mieux. Reste que les adeptes de vins puissants, qui ne recherchent pas néces-sairement de repères d’origine mais plutôt un goût facilement identi-fiable, pour des cuisines simples, voire aux accents exotiques ou épicés,s’en contenteront. D’autant que certains vins ne dépassent pas la barredes cinq euros : ce sont eux que l’on ciblera en priorité. Voici donc lesvingt meilleures cuvées qui ressortent de cette confrontation, de moinsde trois euros à vingt-quatre euros.

Tous les vins dégustés et l'intégralité des notations sont disponibles surwww.terredevins.com

LES VINS DU LANGUEDOC ET DU ROUSSILLON I NOTRE PALMARÈS

57

L E J U R Y

L E S I N V I T É S

L A S É L E C T I O N

Michel Bettane et Thierry Desseauve sont les

auteurs du Grand Guide des Vins de France et

conseillers éditoriaux de Terre de Vins. Dégustateurs

depuis plus de vingt-cinq ans, leur expertise pointue

est reconnue dans tous les vignobles. Fins

connaisseurs du Bordelais, leur expertise est très

pointue sur la région des Graves.

Alain Chameyrat est l'un des dégustateurs phare

du Grand Guide des Vins de France. En dégustateur

chevronné, il passe plusieurs mois par an sur place à

la recherche des meilleurs vins et vignerons.

Véronique Raisin est une journaliste spécialisée

en vins. Voyageuse infatigable, elle parcourt les

vignobles du monde entier.

Sylvie Tonnaire est rédactrice en chef de Terre

de Vins. Observatrice privilégiée de l’évolution

des vignobles du sud de la France, cette fine

gastronome ne manque jamais de glisser un accord

sur chaque vin qu’elle goûte.

Egmont Labadie fait partie de la jeune génération

des dégustateurs. Journaliste pour Terre de Vins,

passionné des accords mets et vins, il publiera en

janvier un guide des meilleurs bistrots de Paris, son

deuxième ouvrage après les Zinzins du Zinc.

Pascal Émond est un homme de médias et de vins.

Responsable du site TF1 News et de LCI Radio, il ne

rate aucune occasion de s’exercer le palais lorsque le

temps le lui permet.

Guy Charneau est photographe et dégustateur pour

Le Grand Guide des Vins de France. Conjuguant la

bonne humeur à l’expertise, il est venu nous prêter

main forte pour cette dégustation.

Ce palmarès a été établi à partir d’une sélection de

la Confédération des Coopératives Vinicoles de

France (CCVF), complétée de quelques caves

mentionnées dans le Grand Guide des Vins de

France. Chaque producteur a fourni une cuvée de

son choix, en rouge exclusivement, qu’il jugeait la

plus représentative de son appellation et de sa

gamme, sans impératif de millésime. Seule

contrainte : que les bouteilles dégustées soient

toutes disponibles à la vente. Tous les vins ont été

dégustés à l’aveugle. La note est la moyenne

arithmétique des notes des dégustateurs.

PRÈS D’UNE BOUTEILLE DE VIN SUR DEUX EN

FRANCE EST PRODUITE PAR UNE CAVE

COOPÉRATIVE, UNE SUR QUATRE PAR UNE

COOPÉRATIVE DU LANGUEDOC ET DU

ROUSSILLON. NOUS AVONS DONC SONDÉ CET

IMMENSE VIVIER DE PRODUCTION. LE VERDICT

EST CLAIR : PEUT MIEUX FAIRE !

Thierry Desseauve et Véronique Raisin I photos Fabrice Leseigneur

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TALENTS I BOURGOGNE

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Pouilly-Fuissé

Des premiers crusdignes de ce nom

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GRAVES I ICÔNES

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Thierry Desseauve I photographie Mathieu Garçon

Bien que consacrant son existence auvin, et à celui de Bordeaux en par-ticulier, Denis Dubourdieu donnel’impression de vouloir tant explo-

rer toutes les facettes de cet univers qu’onpense immanquablement qu’il faudrait trois

ou quatre vies pour satisfaire l’appétit d’untel homme. Il y a le Dubourdieu universi-taire, indiscutable manitou du très réputéInstitut d’Œnologie de Bordeaux. Dès lesannées quatre-vingts, il révolutionna laconception et la pratique des vins blancs de

Bordeaux : ces réflexions et ces synthèsesont aujourd’hui fait le tour du monde,notamment parce que le professeur qu’il estn’a cessé de mettre en pratique ses théoriesen matière viticole ou de vinifications dansde grands crus bordelais qu’il conseille, etégalement dans la vallée du Rhône ou enItalie. Il a été un spécialiste des vins blancspar le choix d’un début de carrière univer-sitaire autant que par atavisme familial,puisque les racines de Denis Dubourdieusont sauternaises. Cette facette intime de cefringant sexagénaire surgit de l’ombrelorsqu’il succéda à son père à la tête du crude Sauternes Doisy-Daëne, pour y réaliserun vin liquoreux d’une pureté d’expressionéblouissante, tant dans la cuvée classique dudomaine que dans la bien nommée l’Extra-vagant, un sauternes de grandes années debotrytis, d’une richesse effectivement horsnormes. Car Dubourdieu est aussi vignerondepuis plus de trente ans, dans sa propriétéde Reynon, où il produit bordeaux blancset rouges d’un parfait équilibre et, en facede la Garonne, dans les Graves où il estdevenu l’un des producteurs de référence.La région ne s’est toujours pas remise de saséparation d’avec les crus huppés de Pessac-Léognan. Il est aujourd’hui l’un des rares àdémontrer millésime après millésime l’in-contestable potentiel des vins des Graves, auHaura comme au Clos Floridène. En rougecomme en blanc, car cet insatiable hommedu vin ne s’est évidemment pas arrêté auxblancs. Dans le minuscule aréopage desconsultants vedettes de Bordeaux, il estcelui qui illustre le mieux ce que l’on pour-rait appeler le classicisme bordelais : nettetédes arômes, usage subtil du bois, sveltessede la constitution, polissage du tanin, fraî-cheur des finales. Le travail ainsi réalisédans les propriétés des familles Castéja(Batailley et Lynch-Moussas à Pauillac,Trottevieille à Saint-Émilion, Domaine del’Église à Pomerol, entre autres) et Frey (LaLagune en Haut-Médoc mais aussi Jabou-let à l’Hermitage et dans plusieurs crus dela vallée du Rhône) démontre dans chaquecuvée ce style qui cache sous une sagesseapparente un caractère pur et intense. Cer-tains lui reprochent le caractère péremptoirede ceux qui savent. De fait, c’est plutôt deceux qui, connaissant un peu leur sujet, selassent parfois d’entendre les fats pérorer surtout et n’importe quoi.

Château Reynon21, route de Cardan33410 Beguey05 56 62 96 51

Denis Dubourdieu

Les sept vies de Dédé-la-science

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ESCAPADE VAUCLUSE

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dans la courdes crus

Rasteau

ENTRE ORANGE ET VAISON-LA-ROMAINE, AU CŒUR DE LA VALLÉE DU RHÔNE, RASTEAU VIENT D’ACCÉDER AU STATUT TANT CONVOITÉ DE CRU DES CÔTES DU RHÔNE.

UNE RÉCOMPENSE AMPLEMENT MÉRITÉE POUR CE VILLAGE VIGNERON OÙ COHABITENT VINS SECS ET DOUX SOUS LE MÊME TOIT

Par Sylvie Reboul, photographies Emmanuel Perrin

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ESCAPADE JURA

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ESCAPADE JURA

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ÉVELYNE ET PASCAL CLAIRET

apôtres de la « buVabilité »

« L’idée, c’est la buvabilité, la digestibilité, voire, il est vrai lorsqu’on pousse un peu plus loin, la “bourrabilité”. On n’a pas chaptalisé depuis 2001, on ne veut plus,on préfère attendre la maturité. On n’ajoute presque pas de soufre ou pas du tout, ça dépend du vin, du millésime. » De plus, Pascal Clairet cultive aujourd’hui sesvignes en biodynamie, une conduite viticole qui lui a permis de prendre confiance dans son végétal, son vignoble, jusqu’à le travailler avec des doses trèsfaibles de cuivre. En quelques années sur ce domaine de 7 ha qui existe depuis plus de 15 ans, les vins sont devenus plus opulents, plus ouverts, plus tendusaussi, plus précis et plus équilibrés. Pascal ne regrette pas un seul instant sa conversion en biodynamie, ses vins le confortent comme le Trousseau des Corvées2009, sombre au nez de cerise confite, d’épices, la bouche gourmande, suave, au goût de fraise noire, tendu à souhait, sur fond minéral et d’une longueur sur-prenante sur les épices et les fruits. (10,50 €)Domaine de la Tournelle, 5, Petite Place 39600 Arbois03�84�66�25�76 - www.domainedelatournelle.com

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CUISINE HAUTE-GARONNE

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