lumina vitae l’utilisation du verre dans le décor pariétal des … · 2014-12-01 · lumina...
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Lumina vitae.
L’utilisation du verre dans le décor pariétal
des églises à l’Antiquité Tardive : l’apport de l’archéométrie
Elisabetta Neri (post-doc, Labex RESMED, recrutée le 1.09.2012)
Lumina vitae, expression tirée d’Ennode, désigne les mosaïques pariétales en verre, et évoque la
propriété du verre de refléter la lumière et de rappeler la vie au-delà de la mort. Le programme est
ciblé sur l’étude technique des mosaïques pariétales in situ, des fragments des mosaïques (fig. 1),
des tesselles (fig. 2) en verre et à feuille d’or des édifices de l’Antiquité tardive et du mobilier à
relier avec leur production (galettes (fig. 3), chutes de tailles, déchets de production). Ces pièces
sont étudiées en relation avec leur contexte pour restituer, dans la mesure du possible, la
décoration originelle. En outre elles sont caractérisées à travers les analyses physico-chimiques
(SEM/EDS, PIXE/PIGE) des matériaux (fig. 4) pour déterminer les problématiques
d’approvisionnement, la localisation des ateliers de production des matériaux et ceux des
mosaïstes, les savoir-faire et leur origine ; et encore pour préciser la chronologie des mosaïques et
pour reconstruire la dynamique d’un chantier et l’investissement du commanditaire. Cela permet
d’une part de mieux connaître l’entreprise économique, les liens politiques, les rapports culturels,
les rôles des artisans et des évergètes, nécessaires pour mettre en œuvre une décoration en
mosaïque, d’autre part d’étudier le sens religieux et social de cette précieuse décoration qui connait
une diffusion remarquable dans les églises paléochrétiennes, à l’aide aussi des sources littéraires et
épigraphiques.
Ma première année de post-doc m’a permis de nouer des contacts, faire connaitre mes recherches
et intégrer dans mon programme l’étude des pièces qui proviennent des sites des missions de
l’UMR 8167 et des autres laboratoires (notamment l’UMR 5608, UMR 7299). Les sites actuellement
concernées sont situés dans le sud-ouest de la France (Séviac, Montmaurin, Rodez, Arles), en Italie
(Milan, Véron, Naples, Cimitile), en Albanie (Lin, Byllis, Durres, Elbasan, Butrint, Arapaj) dans
l’aire Syro-palestinienne (Mt. Nébo, Jérusalem, mont des Oliviers, Bethlehem, mosquée de Damas),
en Turquie (Hiérapolis, Mar Gabriel). Cette extension géographique importante permettra de
comparer les techniques des matériaux et de mise en œuvre dans les deux parties du bassin
méditerranéen pour évaluer l’autonomie ou la dépendance de l’Occident par rapport à l’Orient.
Si d’un côté les rapports avec les archéomètres italiens se sont renforcés, d'un autre côté de nouveaux programmes ont été mis en place, notamment en collaboration avec le
C2RMF (Centre de restauration de Musée de France).
Parmi les résultats scientifique plus intéressants que mon post-doc a permis de développer, je
signale l’enquête sur les tesselles à feuilles d’or (fig. 5) -caractérisées d’un feuille d’or coincée entre
deux couche de verre- pour vérifier si les feuilles étaient tirées des monnaies, comme suggéré par
les recettes médiévales et par le système de circulation de l’or à l’Antiquité tardive. Grace aux
analyses menées, on constate que la composition des feuilles sont les mêmes que celles
de monnaies et varient dans la même chronologie (fig. 6 et 7).
A partir de cela, de nombreuses perspectives s’ouvrent : d’un côté un critère de datation
des tesselles, du verre et de sa technique; de l’autre la possibilité d’établir le nombre des
monnaies employées et d’évaluer l’investissement ; par ailleurs de faire des considérations
sur l’organisation de l’industrie qui produisait ces matériaux, dont certains matières brutes
ont le monopole de l’Etat. A partir du IVe s., avec la diffusion du fond d’or dans la mosaïque,
cela pose en outre le problème économique de l’immobilisation de l’or, contraire à une économie
centrée sur la monnaie d’or.
J’ai reçu plusieurs invitation à séminaires et congrès1. Mon approche a suscité l’intérêt d’un
programme européen sur les peintures et la mosaïque pilotés par A.M. Guimier Sorbets (MAE,
Université Paris-Ouest la Défense) et Demetrios Michaelides (Université de Nicosia, Chypre)
auxquels j’ai collaboré en intervenant dans des trainings2. Sur le sujet j’ai publié quelques articles3,
notamment un dans le Journal Archaeological Science (revue de range A), et j’ai en cours la
publication de ma thèse dans la Bibliothèque d’Antiquité Tardive. J’ai publiée aussi certains
articles en dehors du programme de recherche, mais qui touchent les problématiques du Labex4.
J’ai effectué nombreuses missions dans le sud-ouest dans le cadre des collaboration avec Danièle
Foy et Marie Thérèse Marty ; sur le site de l’ancienne cathédrale et au Musée d’Arles dans le cadre
d’une collaboration avec Véronique Blanc Bijon ; à Hiérapolis, dans le cadre d’une collaboration
avec Francesco D’Andria sur la basilique de l’Apôtre Philippe. Des autres sont prévues pendant les
prochains mois (fig. 8).
1 Communications: XIIe Colloque de l’AIEMA (Venise, 11-15 septembre 2012), titre de la relation: Lacerti musivi e tessere
dal battistero di S. Giovanni alle Fonti a Milano (V-VI sec.): riflessioni sulle tecniche e sui materiali (poster, avec M. Verità) sur
invitation de Catherine Balmelle.
Journée doctorale en archéologie (ED Paris IV, INHA, 25 janvier 2012), titre de la relation : Les matériaux de la mosaïque
pariétale à l’Antiquité Tardive : le cas de la production des tesselles à feuille d’or, sur invitation de François Baratte. Giornata di
studio (Università di Padova, 15 aprile 2013): Tecniche esecutive e botteghe musive in età romana, titre de la relation: Le tessere
vitree del mosaico tardoantico : produzione, commercio, riuso, riciclo. Quale contributo alla comprensione del cantiere musivo?, sur
invitation de Francesca Ghedini. Seminaires: 6 décembre 2012 : Università Cattolica del Sacro Cuore de Milan sur
invitation de Silvia Lusuardi Siena : L’archeologia della produzione : definizione, metodi, esempi
26 février 2013 : Université Paris IV, La Sorbonne sur invitation de Jean-Claude Cheynet et Béatrice Caseau :
Considérations sur les matériaux en verre dans la mosaïque pariétale : possibles réponses archéométriques à des problématiques
historiques et archéologiques
5 mars 2013 : Université Paris I Panthéon-Sorbonne sur invitation de Sulamith Brodbeck et Dominique Pieri : Les ateliers
des mosaïstes : quelles informations d’après les matériaux et les techniques de la mosaïque pariétale ?
23 mars 2013 : LAMOP sur invitation de Paul Benoit et Danielle Arribet-Deroin : Ouvriers et ateliers errants. L’itinérance dans
le monde des producteurs
8 avril 2013 : Université Paris IV, La Sorbonne sur invitation de François Baratte :
Les tesselles à feuille d’or (I-IXe s.): recherches archéologiques, perspectives analytiques, aspects économiques et sociaux
19 juin 2013 : De l’or dans la mosaïque. Centre Camille Jullian (UMR 7299 Université Aix-Marseille) dans le cadre du
programme Atri-OR (20 juin 2013) sur invitation de Véronique Blanc Bijon et Philippe Jockey 2Narnia programme: Mosaics in the field. Issues of iconography, material selection and preservation (Archaeological Research
Unit, University of Cyprus Nicosia, 11-14 October 2012), titre de la relation: Considerations on the glass mosaic materials: an
archaeological-archaeometric approach. Some examples from Milan, sur invitation de Demetrios Michaelides. Narnia
programme : Interior decoration in the Eastern Mediterranean during Hellenistic and Roman times. Mosaics, paintings,
iconography, materials, techniques and conservation (Université de Paris Ouest, Nanterre, 22-25 mai 2013), titre de la
relation : Gold leaf tesserae from 1st to 9th century mosaics: archeological researches and analytical perspectives, sur invitation de
Anne-Marie Guimier-Sorbets. 3 Parus: Produrre tessere d’oro: bordi di piastra, ricettari, analisi archeometriche, Atti del XVIII Colloquio AISCOM, Roma 2013,
p. 491-505 (avec M. Verità).Glass and metal analyses of gold leaf tesserae from 1st to 9th century mosaics. A contribution to
technological and chronological knowledge, “Journal of Archeological Science” (avec M. Verità), p. 4596-4606. Sous presse
:Glass mosaic tesserae from the 5-6th century Baptistery of San Giovanni alle Fonti, Milan, Italy. Analytical investigations, in New
Light on Old Glass: Recent Research on Byzantine Glass and Mosaics (British Museum Research Publication), ed. L. James et
C. Entwistle (avec M. Verità et A. Conventi) Soumis et acceptés :Lacerti musivi e tessere dal battistero di S. Giovanni alle Fonti a
Milano (V-VI sec.): riflessioni sulle tecniche e sui materiali, Actes du XIIe Colloque de l’AIEMA (Venise, 11-15 septembre 2012) 4 Paru: La basilica portiana e S. Vittore al Corpo: un punto di vista archeologico, « Studia ambrosiana », 7, p. 167-212 (avec S.
Lusuardi Siena). Rendus : Le chiese di Ambrogio a Milano: ambito topografico ed evoluzione costruttiva dal punto di vista
archeologico, in La mémoire italienne d’Ambroise : controverses religieuses, conflits politiques et luttes sociales (Ve-XVe siècle), dir. S.
Gioanni et P. Boucheron (avec S. Lusuardi Siena et P. Greppi). Les cloches: construction, sens, perception d'un son. Quelques
réflexions à partir des restes archéologiques des fours à cloches, « Cahiers de civilisation médiévale » (en dehors du programme
de recherche).
Fig. 1 Hiérapolis de Phrygie, Fragments appartements à un visage et à un épaule d’une figure.
Suggestion de restitution avec la sur position des fragments au clipeus de la Panagia Kanakaria
(Chypre)
Fig. 2, Montmaurin, tesselles bleu opaques
Fig. 3a, Venise, galette allongée (‘lingua’) à feuille d’or.
Fig. 3b, Séviac, fragments de galette en verre rouge.
Fig. 4, Observation d’une lame mince d’une tesselle en verre rouge : a. observation au microscope
binoculaire (300X), b. au SEM, préliminaire à l’analyse chimique.
Fig. 5, a. Lame mince d’une tesselle à feuille d’or (300X); b. feuille d’or (200X)
Fig. 6, Corrélation entre âge et teneurs en or dans les monnaies (cercles) et dans les feuille de
tesselles (rombes) (voir Neri-Verità 2013)
Fig. 7, Rapport cuivreVSargent dans les monnaies (cercles noir), dans les bijoux (cercles blancs),
dans les tesselles (rombes) (voir Neri-Verità 2013)
Fig. 8, Hiérapolis de Phrygie (Turquie), l’église de la tombe de l’Apôtre Philippe