libres de coleur martinique 1665-1774

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1 Les libres de couleur à Basse-Pointe, au Macouba et au Prêcheur, de 1665 à 1774 Jessica Pierre-Louis, AIHP-GEODE (EA929) L’une des originalités des îles de la Caraïbe est la formation de structures sociales propres aux territoires colonisés d’Amérique, puisqu’il ne s’agit pas d’un schéma sociétal transplanté outre-Atlantique, mais bien de la création sur place d’un nouveau système avec ses caractéristiques et son fonctionnement propre. La Martinique illustre bien ce fait : l’île colonisée depuis 1635 par les Français constitue dès lors un enjeu économique fondé sur l’exploitation agricole au profit de la Métropole où Amérindiens, Européens et Africains forment une société créole avec ses hiérarchies propres. Dans le cadre de cette étude 1 , trois paroisses ont été retenues. Prêcheur, Basse-Pointe et Macouba constituent une continuité territoriale de l’extrême nord de la Martinique et comptent, de surcroît, parmi les paroisses ayant conservé les plus anciens registres paroissiaux de l’île. Le Prêcheur, situé sur la côte caraïbe, est un espace occupé par les hommes dès les débuts de la colonisation, il a pour voisin la dynamique ville de Saint-Pierre, aussi connaît-il des échanges relativement aisés avec la «capitale» économique de l’île. C’est de plus un emplacement stratégique important pour le contrôle du canal de la Dominique, d’où la présence de batteries de canons pour la défense de l’île. La Basse-Pointe et le Macouba sont situés sur la côte atlantique. De par leur positionnement géographique, le rapport de la population à l’espace est particulier. En effet, la mobilité des individus est freinée par le relief difficile. Si des chemins royaux existent bien, ils sont mal entretenus et rares sont ceux qui la traversent d’est en ouest. Aussi, le Macouba et Basse-Pointe sont difficiles d’accès que ce soit par la voie terrestre ou la voie maritime. Comme dans le reste de l’île, ces paroisses s’organisent autour des habitations et de leurs productions agricoles. Thibault de Chanvalon rappelle que dans les années 1750, les terres cultivées sont essentiellement des champs de canne à sucre bien que certains habitants installés plus à l’intérieur des terres produisent du café et du tabac. Le Macouba est alors connu pour sa production de tabac de qualité. Les habitations qui se sont développées le long du littoral, conformément à la planification dont elles ont fait l’objet, possèdent parfois leurs embarcadères privés. Dans ces paroisses, loin de l’effervescence des villes plus dynamiques telles que Fort-Royal et Saint-Pierre, les bourgs sont restreints et toujours proches de la campagne faisant de ces lieux l’espace de vie d’une population rurale. C’est dans cet espace rural, que nous avons souhaité étudier, à partir des registres paroissiaux, les libres de couleur et leurs descendants, pour mieux comprendre des comportements sociodémographiques complexes d’une partie du groupe. En effet, comme le 1 L’étude s’appuie essentiellement sur les registres paroissiaux (contenant les baptêmes, mariages et sépultures). AD de la Martinique, registres paroissiaux du Prêcheur, 1665-1816, 5mi19, de Basse-Pointe, 1666- 1809 5mi59 et 1mi 242, du Macouba, 1683-1847, 5mi170.

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Livres de cor na Martinica, 1665-1774. Alforria, família.

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1 Les libres de couleur Basse-Pointe, au Macouba et au Prcheur, de 1665 1774 Jessica Pierre-Louis,AIHP-GEODE (EA929) LunedesoriginalitsdeslesdelaCarabeestlaformationdestructuressociales propresauxterritoirescolonissdAmrique,puisquilnesagitpasdunschmasocital transplantoutre-Atlantique,maisbiendelacrationsurplacedunnouveausystmeavec sescaractristiquesetsonfonctionnementpropre.LaMartiniqueillustrebiencefait :lle colonisedepuis1635parlesFranaisconstituedslorsunenjeuconomiquefondsur lexploitationagricoleauprofitdelaMtropoleoAmrindiens,EuropensetAfricains forment une socit crole avec ses hirarchies propres.Dans le cadre decette tude1, trois paroisses ont t retenues. Prcheur, Basse-Pointe etMacoubaconstituentunecontinuitterritorialedelextrmenorddelaMartiniqueet comptent, de surcrot, parmi les paroisses ayant conserv les plus anciens registres paroissiaux delle.LePrcheur,situsurlactecarabe,estunespaceoccupparleshommesdsles dbuts de la colonisation, il a pour voisin la dynamique ville de Saint-Pierre, aussi connat-il deschangesrelativementaissaveclacapitaleconomiquedelle.Cestdeplusun emplacementstratgiqueimportantpourlecontrleducanaldelaDominique,dola prsence de batteries decanons pour la dfense de lle.La Basse-Pointe et le Macouba sont situssurlacteatlantique.Deparleurpositionnementgographique,lerapportdela population lespace est particulier. En effet, la mobilit des individus est freine par le relief difficile. Si des chemins royaux existent bien, ils sont mal entretenus et rares sont ceux qui la traversent dest en ouest. Aussi, le Macouba et Basse-Pointe sont difficiles daccs que ce soit parlavoieterrestreoulavoiemaritime.Commedanslerestedelle,cesparoisses sorganisentautourdeshabitationsetdeleursproductionsagricoles.ThibaultdeChanvalon rappellequedanslesannes1750,lesterrescultivessontessentiellementdeschampsde cannesucrebienquecertainshabitantsinstallspluslintrieurdesterresproduisentdu cafetdutabac.LeMacoubaestalorsconnupoursaproductiondetabacdequalit.Les habitationsquisesontdveloppeslelongdulittoral,conformmentlaplanificationdont elles ont fait lobjet, possdent parfois leurs embarcadres privs. Dans ces paroisses, loin de leffervescencedesvillesplusdynamiquestellesqueFort-RoyaletSaint-Pierre,lesbourgs sontrestreintsettoujoursprochesdelacampagnefaisantdeceslieuxlespacedeviedune population rurale. Cestdanscetespacerural,quenousavonssouhaittudier,partirdesregistres paroissiaux,leslibresdecouleuretleursdescendants,pourmieuxcomprendredes comportements sociodmographiques complexes dune partie dugroupe. En effet, comme le 1 Ltude sappuie essentiellement sur les registres paroissiaux (contenant les baptmes, mariages et spultures). AD de la Martinique, registres paroissiaux du rc!eur, 1""#$1%1", #mi1&, de 'asse$ointe, 1"""$1%(& #mi#& et 1mi )*), du Macouba, 1"%+$1%*,, #mi1,(. ) systmedelhabitationsurlequelreposelasocitmartiniquaiseseconoitcommeun systme bipolaire o, aux matres libres blancs sopposent les travailleurs esclaves noirs 2. Cependant ce schma de reprsentation de la socit est rapidement mis mal par les ralits delasocitcrole.LesBlancs,lesAmrindiensetlesNoirspartagentlemmeespacede vie, des liens se tissent, et une population mtisse voit le jour.LaclassificationpigmentairehabituellementrencontreauXVIIIesicledansles registres paroissiaux pour les libres de couleur comprend principalement ngre , cabre , multre , mtis , quarteron et mamelouque . Les fiches gnalogiques utilises et dont nous reparlerons plus aprs donnent lopportunit intressante dobserver lvolution de la mention des nuances de couleur au fil des gnrations. Or, dans une socit aux prjugs decouleurforts,onobservedesactesoledesservantnefaitplustatduneascendance noire,alorsquelagnalogie3lamontreetquebiensouventuneterminologieexistepour assigner une couleur lindividu libre. Ainsi Toinette est dite multresse , lun de ses fils, Jean,estdsign mestif ,lesenfantsdeJeandevraienttrequalifisde mestif oude quarteron ,pourtantcenestpaslecasdansleregistreparoissial.Nousavonsdcid dtudierces personnesqui ont un ascendant decouleur, mais dont la source officielle4 nen fait plus la mention, part, afin dobserver des comportements spcifiques prsupposs. Aussi pourlesdsignerdanscettetude,leterme assimils estemploy.Les assimils peuventainsisedfinircommedesdescendantslibresmtisssdAmrindiens,Noirset personnesdecouleur,dontlessourcesnvoquentpluslafiliationnon-blanche,cequi laisseraitsupposer,dumoinsdaprslessources,quecespersonnessontintgreset considreslgaldelapopulationblanche.Onnepeutvidemmentpasparlerdegroupe sociologique, car il nexiste ni autodsignation de ses membres ni dnomination de la part des autresgroupesdelasocitmartiniquaise.Maisles assimils semblentformerunesorte decatgorievolutiveauxfrontiresfluctuantesetmouvantesentreleslibresdecouleur reconnus et marqus par le prjug de couleur et la vraie population blanche ; ils sont ceux qui thoriquement ont franchi la ligne de couleur voque par Jean-Luc Bonniol5. Les tudes existantestraitentconjointementdesBlancsetdes assimils 6,cequifreinela comprhensiondesrelationssocialesentrelibresdecouleuretBlancs.Ilestdonc particulirementintressantdisolercesindividusdanslespoirdemieuxanalysercertaines ) 'onniol, -ean$Luc, La couleur comme malfice, une illustration de la gnalogie des Blancs et des Noirs, aris, Albin Mic!el, 1&&), p#*. + Les actes des registres paroissiaux ont t croiss et lis entre eux a.in de sui/re le parcours dindi/idus et de .amilles. * 0l peut sagir du registre de baptme, de mariage ou de spulture. # 'onniol, -ean$Luc, La couleur comme malfice, ...op.cit., p"*. " Les tra/aux uni/ersitaires en dmograp!ie ne posent gnralement pas la question de ces indi/idus 1 La/enaire, 2arine, 3tude dmographique de la paroisse de Sainte-Luce (175-1!1"#, Mmoire de ma4trise d!istoire, 5ni/ersit des Antilles et de la 6u7ane, sous la direction de M. 8en Lucien Abenon, 1&&*, 1)" p. Duquesna7, 0sabelle, Les aspects dmographiques d$une paroisse de la %artinique & la fin du '()))e si*cle, la paroisse du %ouillage & Saint-+ierre de 17,- & 17"., Mmoire de ma4trise d!istoire, 5ni/ersit des Antilles et de la 6u7ane, sous la direction de M. Abenon, 1&&), 1"%p, our les autres, le p!nom9ne est /oqu, mais pas prise en compte comme c!e: M. 3lisabet! dans son tude de la socit martiniquaise qui /oque ; la catgorie des blancs et assimils < sans plus de prcisions. 3lisabet!, Lo, La socit martiniquaise au/ '())e et '()))e si*cles 1,,0-17!", aris, 2art!ala, )((+, p+1. + stratgiesindividuellesoucollectivesdeslibresdecouleurpouraccderunepromotion sociale dans une socit au contrle social fort. DslafinduXVIIesicle,danscettesocitoprogressivementmergepuis prdomineleprjugdecouleur,unelgislationspcifiquesemetenplacelgarddes personnesdecouleurlibresounon.LeCodenoirdemars16857limitelespossibilitsde relationsentrelibresetesclavesquunfortrapportdemasculinitchezlescolonseuropens avait favoris dans les premires dcennies de la colonisation martiniquaise8. Il existe toujours des possibilits pour les matres daffranchir leurs esclaves, notamment leurs enfants mtisss, maiscelasefaitdansuncadrerglementaireplusstrict.Ainsi,lunedesproccupations rcurrentes est le contrle de laugmentation du groupe des libres de couleur. Plusieurs textes du Code de la Martinique tentent la fois de limiter les possibilits daffranchissement, mais aussi de vrifier lauthenticit et la valeur lgale des liberts accordes aux libres de couleur. Loctroi de la libert devient ainsi soumis au contrle administratif du gouverneur gnral et de lintendant des les en 17139. Il va sans dire quil nest pas du got de tous les matres devoir appliquer pareille restriction sur ce quils considrent comme leur proprit. Sen suivent, sans surprise, plusieurs textes pour la vrification des titres de libert ; cest ce que prconise lordonnance du 7 juillet 172010, celle du 1er septembre 176111 et encore celle du 29 dcembre 177412.Demme,en173613,uneautreordonnancevoquelecasdematresqui affranchissent des esclaves sans avoir dautorisation de ladministration. Nous trouvons trace deprocdsemploysparcertainsmatrespourtenterdelgaliserindirectement laffranchissementparlebiaisdesregistresparoissiaux.En174414,Gilles, mestif ,fils illgitimedAgathe multresse 15JeanVerrieretdeMichelDaroux,matrecharpentier, estbaptisBasse-Pointe,sansquesoitprcislobtentiondunaffranchissementpour , Les textes lgislati.s sur lesquels nous a/ons tra/aill sont tirs dune seconde dition du code de la Martinique ralis par Durand$Molard, sous$commissaire des colonies, c!arg des gre..es et arc!i/es, secrtaire principal de la pr.ecture de la Martinique, dapr9s arrt colonial en date du )( =an/ier 1%(,. 5ne note dans le troisi9me tome rappelle que ce premier rdacteur tant parti pour la >rance, lou/rage a t continu par M. Du.resne de ?aint$@ergues, prsident du tribunal de premi9re instance A la 'asse$Berre en 6uadeloupe. Lou/rage se dcompose en quatre tomes dits entre 1%(, et 1%11. @onsultable sur le site de la 'ibliot!9que nationale de >rance, une /ersion p!otocopie est aussi disponible aux Arc!i/es Dpartementales (AD) de la Martinique. %0l sagit de la proportion des !ommes sur lensemble de la population. C la Martinique, en 1""*, les .emmes de plus de 1) ans reprsentent seulement )1D de la population dapr9s 8gent, >rdric, la 1rance est ses escla2es, de la colonisation au/a3olitions (1,.-1!0!#, aris, 6rasset, p"(. & 'ibliot!9que nationale de >rance, Durand$Molard, 4ode de la %artinique (1,0.-1750#, arrt du @onseil d3tat du 8oi, concernant la libert des escla/es, )* octobre 1,1+, nE+*. 1( AD de la Martinique, 4ode de la %artinique (1,0.-1750#, ordonnance de MM. Les 6nral et 0ntendant, sur la 8emontrance du rocureur$gnral, qui prescrit la /ri.ication des titres de tous les gens de couleur qui se prtendent libres, , =uillet 1,)(, nE"1. 11 'ibliot!9que nationale de >rance, Durand$Molard, 4ode de la %artinique (1755-17,!#, ordonnance de MM. Les 6nral et 0ntendant, concernant la libert les a..ranc!is, 1er septembre 1,"1, nE)*1. 1) 'ibliot!9que nationale de >rance, Durand$Molard, 4ode de la %artinique (17,"-17!,#, ordonnance de MM. Les 6nral et 0ntendant, concernant la /ri.ication des titres de libert des a..ranc!is, )( dcembre 1,,*, nE*&1. 1+ AD de la Martinique, Durand$Molard, 4ode de la %artinique, (1,0.-1750#, ordonnance du 8oi concernant la..ranc!issement des escla/es des 4les .ranFaises de lAmrique, 1# =uin 1,+", nE1*). 1* AD de la Martinique, registre paroissial de 'asse$ointe, 1mi)*). Acte de 'aptme du * =uin 1,**. 1# 0l .aut ici comprendre quAgat!e appartient A -ean Gerrier. * lenfant.Ilestpossiblequedanscertainscaslecurnementionnesimplementpaslactede libert obtenu pour lenfant, mais il est probableque ce soit un moyen utilis daffranchir le nouveau-n,carlinverse,dansdautresparoisses,lecurprcisequelamreestesclave, mais que lenfant a bnfici de laffranchissement. Parailleurs,lestextesportentprogressivementatteintediffrentsaspectsdelavie deslibresdecouleur.Lebienconnuarticle59duCodenoirprvoyaitainsipourles affranchislesmmesdroits,privilges&immunitsdontjouissentlespersonnesnes libres ; voulons quils mritent une libert acquise, & quelle produise en eux, tant pour leurs personnes que pour leurs biens, les mmes effets que le bonheur de la libert naturelle cause nos autres sujets. 16 Pour autant, en 1720, plusieurs mesures voient le jour, et notamment un rglementlocaldatdu4juin172017quifixelesrglessomptuaires,dslors multres indiensetngresaffranchisoulibresdenaissancesdetoutsexepourronts'habillerdetoile blanche,gingacotonille,indiennesouautrestoffesquivalentesdepeudevaleur,avec pareilshabitsdessus,sanssoie,dorurenidentelle,moinsquecenesoittrs-basprix; pourcesderniers,chapeaux,chaussuresetcoiffuressimples,souslesmmespeinesqu'aux deux premiers articles , mme de perdre leur libert en cas de rcidive. Si des mesures sont prises tout au long du sicle, laprs-guerre de Sept Ans est particulirement riche. Alors que Choiseul,secrtairedtatdelamarineetdescolonies,travaillerenforcerlapuissancedu royaume et rendre florissant le commerce colonial, les textes touchant les libres de couleur portentsurleurcapacittravailler,quecesoitpourlegainfinancierpossiblelacl,le prestige social quils pourraientenretirer, ou lacrainte de la scurit des Blancs, mais aussi surladistinctionetlalimitationdeleurviesociale.Etquandilnesagitpasdetextes concernantspcifiquementleslibresdecouleur,ilssontencoredistingusdesBlancs(et parfois des esclaves) par les peines encourues, peines qui peuvent aller jusqu la perte de la libert : incapacit recevoir des donations des Blancs en 172618, paiement de la capitation en 173019 alors que les Blancs croles en sont exempts, interdiction de pratiquer la mdecine ou lachirurgieen176420,interdictionderassemblementen176521,interdictiondtreemploy 1" Le 4ode noir ou recueil des r*glements rendus 5usqu6& prsent concernant le gou2ernement, l6administration de la 5ustice, la police, la discipline et le commerce des N*gres dans les colonie, aris, c!e: rault, 1,", rdit par la socit d!istoire de la 6uadeloupe et la socit d!istoire de la Martinique, 1&%(, p#". 1, 'ibliot!9que nationale de >rance, Durand$Molard, 4ode de la %artinique, (1,0.-1750), r9glement local sur le luxe des escla/es, * =uin 1,)(, nE"(. 1% 'ibliot!9que nationale de >rance, Durand$Molard, 4ode de la %artinique, (1,0.-1750), dclaration du 8oi, en interprtation de ldit de 1"%# contre les escla/es, sur les donations .aites A des personnes de sang$ml et le recel descla/es, # ./rier 1,)", nE1(1. 1& 'ibliot!9que nationale de >rance, Durand$Molard, 4ode de la %artinique, (1,0.-1750), dclaration du 8oi, concernant la rgie et perception du droit de capitation aux 0sles et Berre$>erme du /ent de lAmrique (...), + octobre 1,+(, nE1),. )( 'ibliot!9que nationale de >rance, Durand$Molard, 4ode de la %artinique, (1755-17,!), ordonnance du 8oi, portant r9glement pour lexercice de la c!irurgie dans les di..rentes colonies .ranFaises dAmrique, +( a/ril 1,"*, nE)&+. )1 'ibliot!9que nationale de >rance, Durand$Molard, 4ode de la %artinique, (1755-17,!), ordonnance de MM. Les 6nral et 0ntendant, concernant les gens de couleur tant libres quescla/es, & ./rier 1,"#, nE+11. # danslesofficespublicsen176522,limitationdespossibilitsdaccsauxbancsdesglises 177123, sont quelques exemples parmi dautres. Pour autant, la volont manifeste de limiter ne signifiepasquelestextesaientunegrandeporte.Laritrationdecertainesmesurestend dailleurs supposer la non-application effective de certaines lois et rglements locaux. Enfin en177324,leprjugsemanifesteparuneordonnancetouchantlidentitdeslibresde couleur.Celle-cileurfaitdsormaisdfensedeporterdesnomsdeBlancs.En177425,une ordonnancecomplmentaire est publie pour obliger les libres de couleur changer de nom, silsportentlenomdunefamilleblanche.Cesdeuxdernierstextesayantpuinfluencerle contenu de nos sources, nous avons pris le parti de choisir 1774 comme borne de notre tude. Raressontleshistoriensquisesontessaysesquisserlescaractristiquesdela socitantillaiseavantlesannes175026.LouvragedeLolisabethoffrelavisionlaplus compltedelasocitmartiniquaisedAncienRgimeetconstitueunerfrenceessentielle pournotretravailenpermettantdeconfronternosrsultatsrespectifs.Parmilesautres travaux,onpeutaussireleverceuxdeLilianeChauleaudontltudedmographiquesurles paroissesdeCase-Pilote,duPrcheuretgalementdeBasse-Pointe(1685-1715)aservide supportnotrepropretude.EmileHayotsestquantlui,intressauxgensdecouleur libres du Fort-Royal de1679 1823. Cette recherche, cependant, souffre de son point fort une tude approfondie des libres de couleur travers les registres paroissiaux de Fort-royal ; cestcertesunespaceincontournablepourltudedeslibresdecouleur,maisilsagitdun espacespcifique :lurbain.Lanalysedelvolutionsocialedugrouperestesommaireet nabordequesuperficiellementlesdonnesdmographiques.Pourautant,destudes dmographiquesonttmenespourlaMartinique Sainte-Luce(1750-1819),Case-Pilote (1760-1848),Saint-Pierre(1763-1792)etleDiamant(1763-1794).Dautresrecherches ciblentplusspcifiquementleslibresdecouleur :AbelLouisnotammentlestudieSaint-Pierre (1770-1791) et la Martinique 1815 184827 ou bien encore Carolyn Pancaldi sur les Pierrotines de couleur de 1779 1800. Enfin certaines tudes, comme celle dEugne Revert, abordentlaquestionlesAmrindienslibresintgrslasocitcoloniale,maispasentant quobjet spcifique dtude. )) 'ibliot!9que nationale de >rance, Durand$Molard, 4ode de la %artinique, (1755-17,!), arrt du @onseil ?ou/erain, portant d.enses A tous gre..iers, notaires, procureur et !uissier demplo7er des gens de couleur pour le .ait de leur pro.ession, & mai 1,"#, nE+1". )+'ibliot!9que nationale de >rance, Durand$Molard, 4ode de la %artinique, (17,"-17!,) ordonnance de MM. Les 6nral et 0ntendant, +( a/ril 1,,1, nE**1, contenant une limitation des possibilits dacc9s aux bancs de l3glise pour les gens de couleur libres. )* 'ibliot!9que nationale de >rance, Durand$Molard, 4ode de la %artinique, (17,"-17!"), ordonnance de MM. Les 6nral et 0ntendant, .aisant d.ense aux gens de couleur de porter les noms des 'lancs, " =an/ier 1,,+, nE*,). )# AD de la Martinique, Durand$Molard, 4ode de la %artinique, (17,"-17!), ordonnance de MM. Les 6nral et 0ntendant, concernant les gens de couleur libres, qui prennent les noms des 'lancs, leurs anciens ma4tres et protecteurs, * mars 1,,*, nE*%*. )" our les r.rences des ou/rages sui/ants, /oir la bibliograp!ie en .in darticle. ), 0l a depuis la rdaction de cet article aussi soutenu une t!9se 1 Les li3res de couleur en %artinique des origines & 1!15 7 l$entre-deu/ d$un groupe social dans la tourmente coloniale, t!9se de doctorat dirig par M. Abenon et Mme 'got, 5A6, =uin )(11. %#%p. " Lesregistresparoissiaux,sourcesprivilgies,sontsouventlacunairesoumal conservs,etnepermettentpas,parexemple,dtablirdesfichesselonlamthodedeLouis Henrypourtudierlaconstitutiondesfamilles.Basse-Pointe,ilnyaquedesactesde naissance en 1666. Au Prcheur, il nya pas dacte de naissance de 1665 1670, il manque les spultures de 16751677, etc. Cest partirde 1686 que les sries sont plus compltes. Ainsimalgrunetudesurpresqueunsicle,lchantillonobtenuesttroprestreintpour fournirdesstatistiquesprcises ;ledegrdincertitudedesrsultatsproduitsavant1715est fort ;cestlaraisonquinousaincitetravaillerpartirde1686,entablissantdes moyennessurdespriodesde30ansquandcelataitpossible.Lesdonnesstatistiques fourniessontdoncavanttoutdestendancesquilseraitsouhaitable,terme,dtablirpour lensembledelle.Laquasi-totalitdelapopulationtantdeconfessioncatholique,les registres paroissiaux permettent de toucher presque toute la population libre martiniquaise du XVIIIe sicle. Il faut nanmoins exclure les Amrindiens, non convertis, qui vivent en marge delasocitcolonialeeuropennecesdernierssontprsentsdanslesdnombrements jusquen1694,avantdedisparatrepeupeudessources(seulslesAmrindiensconvertis sont donc prsents dans les registres paroissiaux) et quelques protestants. On trouve malgr toutdescasdabjurationpourpouvoirlgitimerunconcubinageouaumomentdundcs. Ainsi,lieMalbernard28,aprsabjurationdelhrsiedeCalvin,pouseMarie-Elisabeth en 1731 Basse-Pointe ; il lgitime cette occasion un enfant n de leur union. Nousavonsoprunrelevexhaustifentre1665et1774desactesdebaptme, mariage, spulture des paroisses et nous les avons tudis dans le but de raliser une base de donnesinformatique.29Cettebasepermetensuitederaliserdesgnalogiesselonle principeadaptdesfichesfamilialesdeLouisHenry30.Lesdonnescontenuesdansles actessontensuitecompltesparcellesdesrecensementsetterrier.31Quelque800actes concernentlecorpusdeslibresdecouleur,soitenvirons12%desactes32.Maisdescas dhomonymies,deschangementsdenomdurantlaviedunindividu,etsouventpourles libresdecouleurladsignationparunprnomunique,rendentlesrecoupements dinformations et le renseignement des fiches difficiles. De plus, les fiches familiales ont t penses pour le royaume de France, dans un contexte de stabilit sociale, o la lgitimit des unions et des naissances est la norme admise par la population dAncien Rgime. Or comme lanotammentsoulevMyriamCottias33,cesconditionsnesappliquentpaslaMartinique )% AD de la Martinique, registre paroissial de 'asse$ointe, 1mi)*). Acte de mariage du 1" =uillet 1,+1. )& La base contient en/iron ",(( actes. Hlle consiste en un tableur .orm dune ligne par acte et dune in.ormation par colonne.+( Les .ic!es recensent toutes les in.ormations sur la constitution de la cellule .amiliale A partir du mariage de deux indi/idus. De la sorte, on peut dterminer un corpus nominati. sur lequel tra/ailler. Ianmoins, /u les lacunes, elles ne permettent pas de raliser tous les calculs statistiques sou!aits. +1 AD de la Martinique, recensements nominati.s de 1""* et 1"%(, 1mi+*. Berrier (recensement des titres de concessions ou proprits) de 1",1, 1mi+*. 8ecensements gnraux de la Martinique de 1,1#, 1,1&, 1,+), 1,++, 1,+#, 1,+", 1,+%, 1,#1, 1,"*, 1,,) et 1,,+, #mi%&.+) Au total %)) actes sur les ",#, actes dpouills concernent des libres de couleur soit 1),)D des actes, dont *%% actes de baptme (1+,%D), 1)( actes de mariage (1+D), )1* actes de spulture (&,*D). ++ @ottias, M7riam, ; Brois$0lets de la Martinique au J0Je si9cle 1 essai dtude dune marginalit dmograp!ique rdric, 8scla2age, mtissage, li3ert, ...op cit., p 1*&. 1#$1& ans)($)* ans)#$)& ans+($+* ans+#$+& ans*($** ans*# ans et N.emmes assimiles 1& +% )& 1( ( # (.emmes libres de couleur #* ( )+ % ( % %!ommes assimils ( *( )( +( 1( ( (!ommes libres de couleur ( )+ #* )+ ( ( ((1()(+(*(#("(1* Pourcentagedecon=oints sac!antsigneraumariage,en.onctiondusexeetdup!not7pe, c!e:leslibresdecouleuretles;assimils