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PATRIMOINE NATUREL DE BOURGOGNE N°10 - ANNÉE 2006 - ISSN 1240-1609 LES MILIEUX NATURELS FORESTIERS DE BOURGOGNE Actes des Rencontres Régionales Septembre 2004

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Page 1: LESMILIEUXNATURELS FORESTIERSDEBOURGOGNEDompierre-les-Ormes - Septembre 2004. Animation de la table ronde : Philippe Devis - Directeur de l’OREB Secrétariat de rédaction : Cécile

PATRIMOINE NATUREL DE BOURGOGNE

N°10 - ANNÉE 2006 - ISSN 1240-1609

LES MILIEUX NATURELSFORESTIERS DE BOURGOGNE

Actes des Rencontres RégionalesSeptembre 2004

Page 2: LESMILIEUXNATURELS FORESTIERSDEBOURGOGNEDompierre-les-Ormes - Septembre 2004. Animation de la table ronde : Philippe Devis - Directeur de l’OREB Secrétariat de rédaction : Cécile

Alcalinité : capacité d’une eau de neutraliser les acidesAPPB : Arrêté Préfectoral de Protection de Biotope.Biodiversité : la diversité biologique ou biodiversité, représente l'ensembledes espèces vivantes présentes sur la Terre (plantes, animaux, micro-orga-nismes, etc.), les communautés formées par ces espèces et les habitats danslesquels elles vivent.Biomasse : masse de matière organique constituant l’ensemble des orga-nismes vivants (animaux et végétaux) dans un écosystème.Chablis : arbre ou ensemble d’arbres renversés, déracinés ou cassés. Desévénements climatiques (vent, neige, givre...) sont généralement à l’originedu chablis.Coupe de régénération : coupe consistant à enlever un certain nombre d'arbrespour provoquer l'apparition d'une régénération naturelle du peuplement.Éco-certification : l'éco-certification atteste du respect de critères de qualitéde gestion des ressources naturelles et de l'environnement. L'éco-certifica-tion fonctionne sur le volontariat des entreprises soucieuses d'afficher unebonne image écologique. Pour le consommateur, la partie visible de l'éco-certification est l'apposition sur le produit fini d'un éco-label reconnucomme une garantie de qualité de gestion.Édaphique : relatif au sol.Essences : synonyme d’espèces pour les arbres qui jouent un rôle important.Equienne : se dit d’un peuplement dont les arbres ont tous le même âge.Futaie : peuplement forestier composé d’arbres issus de semis ou de plants.Ces arbres sont généralement destinés à la production de bois d’œuvre.La futaie est dite régulière quand les arbres ont le même âge.Futaie irrégulière : peuplement auquel est appliqué un traitement irrégulier ;de ce fait les arbres ont des dimensions variées et le peuplement est engénéral d’âges différents.Futaie jardinée : peuplement forestier composé d’un mélange d’arbres detous âges.Héliophile : se dit d’une espèce qui ne peut se développer complètementqu’en pleine lumière.Hydromorphe (sol) : formé sous l’influence d’un excès d’eau.Ilot de sénescence : arbres isolés ou groupes d'arbres que l'on laissevieillir, par choix et dans un but écologique, jusqu'à leur mort naturelle etleur détérioration complète.Ilot de vieillissement : arbres isolés ou groupes d'arbres que l'on laissevieillir, par choix et dans un but écologique, afin de permettre le dévelop-pement d'une diversité biologique que la gestion sylvicole traditionnelle aquasiment fait disparaître (cavités, champignons, branches sèches, etc). Lesarbres choisis dépasseront ainsi de plusieurs dizaines d'années leur "âgenormal d'exploitabilité", tout en conservant leurs qualités commerciales.Irrégularisation : terme employé dans ce document pour désigner unetechnique sylvicole qui a pour conséquence la diversité, à l'échelle d'uneparcelle forestière ou d'un groupe de parcelles contiguës, de la hauteur etdu couvert de la végétation, tout en conservant un objectif de productionde bois. On emploie plus souvent le terme de "futaie irrégulière".

Mardelle : petite mare formée par un processus de gel, gonflement du sol,érosion puis dégel.Merrain : bois de chêne fendu en planches servant essentiellement à lafabrication des barriques ou des fûts.Mono-oligophage : qui se nourrit d’une seule ou de très peu d’espèces.Muscinale : qui est composé de mousses.Naturalité : impact plus ou moins important de l’homme sur un milieunaturel.Nécromasse : masse de matière organique morte présente dans un écosys-tème. Terme opposé à celui de biomasse qui désigne la masse de matièreorganique constituant encore des organismes vivants.Phytosociologie : branche de l’écologie ayant pour objet la description etl’analyse des groupements végétaux, visant à définir des associations véga-tales et à étudier leur évolution dans le temps.Polyphage : désigne ou qualifie tout organisme se nourrisant d'alimentsvariés.Révolution : durée qui sépare deux régénérations successives d’un solforestier..RB : Réserve Biologique.RBD : Réserve Biologique Dirigée.RBI : Réserve Biologique Intégrale.Régénération : mode de reproduction d'un peuplement forestier. Elle peutêtre naturelle, à partir des graines ou rejets issus des arbres en place, ou arti-ficielles par semis ou plantations.Sciaphile : se dit d’une espèce qui exige ou tolère un éclairement faible(opposé à héliophile).Saproxylique : se dit d’un organisme qui dégrade les matières dures dubois et permet ainsi la transformation des matières ligneuses en humus.Scolytes : petit insecte xylophage (mangeur de bois) de l’ordre des coléo-ptères.Séries : ensemble de parcelles gérées de manière identique.Sénescence : phase finale de la vie de l'arbre.Sub- : préfixe utilisé dans le sens de «presque», «pas tout à fait».Sylvigénèse : ensemble des phases constituant le cycle de développementde la forêt.Taillis : peuplement issu de rejets de souches ou de drageons.Taillis - sous - futaie : peuplement forestier constitué d’un taillis régulier,surmonté par une futaie irrégulière d’âges variés.Taxons : unité de base de la systématique (classification). ²a peut être uneespèce, un genre...TDENS : Taxe Départementale sur les Espaces Naturels Sensibles. Cettetaxe, d’un taux compris entre 0 et 2%, est prélevée sur les permis deconstruire au profit des espaces naturels. Elle est une compétence facultativedes Conseils Généraux.La politique des espaces naturels sensibles a pour objectif de concilier lapréservation de sites naturels remarquables et leur ouverture au public.

� GILG, O. 2004. Forêts à caractère naturel : caractéristiques, conser-vation et suivi. Montpellier, ATEN, 96 pages.� RNF (Mosse F.). 2005. A la découverte des Réserves Naturelles deFrance. Paris, Nathan, 392 p.� Gilg, O. 2003. La fragmentation des paysages forestiers : un pro-blème pour la conservation de la biodiversité. In : Vallauri, D., Ed.Livre Blanc sur la protection des forêts naturelles en France. Paris: Tec& Doc Lavoisier, pp. 87-94.� Gilg, O.; Garrigue, J.; Pont, B.; Schwoehrer, C., and Despert, Y. 2005. Laconservation et l'étude du bois mort dans les réserves naturelles deFrance. In : Vallauri, D.; André, J.; Dodelin, B.; Eynard-Machet, R., andRambaud, D., Ed. Bois mort et à cavités. Une clé pour des forêtsvivantes. Paris : Tec & Doc Lavoisier, pp. 315-324.� JACAMON, M.; BRUNAUD A.; BUGNON F. 1983. Arbres et forêts deBourgogne. SAEP, Nathan, 142 p.� Vallauri, D., (coord.) : 2003. Livre blanc sur la protection des forêtsnaturelles en France. Coord. WWF France, Edit.TEC & DOC, 261 p.� Genot, J.-C.. 2003. Quelle éthique pour la forêt ? Editions Sud,Aix-en-Provence, 192p.� OTTO H.J., 1998. Écologie forestière. Institut pour le développementforestier, Paris, 397 p.� Vallauri, D. 2001. Si la forêt s'écroule... Quelle gestion forestièrefrançaise après les tempêtes. Revue Forestière Française, LIV (1) : pp 43-54.

� Linglois Nathalie, 2003. Suivi interannuel et modélisation de la com-position chimique des eaux d'écoulement en relation avec les occu-pations du sol. Cas du basssin versant du Cousin (Morvan). Thèse deDoctorat de l’Université de Bourgogne, École Doctorale “Image etModélisation des Objets Naturels“, 105 p. + annexes.� Ranger J., Andreux F., Dambrine E., 2005 - Le fonctionnement des solsforestiers, Chapitre 4. In : Sols et Environnement (M.-C. Girard, C.Walter, J.-C. Rémy, J. Berthelin, J.-L. Morel, Eds). Dunod, Sciences Sup, Paris,ISBN 2 10 005520 8, pp. 82-104.� LACLOS (de) E., ONF, 2003. L’arbre autrement. Programme LIFE Nature«Forêts et habitats associés de la Bourgogne calcaire», 8 fiches micro-habitats.� OREB, 1999. Quelles contributions des forêts bourguignonnes a undéveloppement durable ? Dossier technique, 75p.� GOBAT J.M., ARAGNO M., MATTHEY W., 2003. Le sol vivant. Pressespolytechniques et universitaires romandes 2ème édition, Lausanne, 568 p.� SCHNITZLER - LENOBLE A., 2002. Écologie des forêts naturellesd’Europe. Biodiversité, sylvigénèse, valeur patrimoniale des forêtsprimaires. Lavoisier, éditions Tec & Doc, Paris, 271 p.� DAJOZ R., 1998. Les insectes et la forêt. Lavoisier, technique & docu-mentation, Paris, 594 p.� LACLOS (de) E., 2004. Les Scolytes de Bourgogne. Société d’HistoireNaturelle d’Autun, 240 p.

GLOSSAIRE DES TERMES TECHNIQUES ET ABRÉVIATIONS EMPLOYÉS

ORIENTATIONS BIBLIOGRAPHIQUES

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SOMMAIRE

Avant proposPar Pierre Martinerie (Vice - Président du Conseil Général de Saône - et - LoireCommission environnement)

�� SITUATION ACTUELLE AU NIVEAU NATIONAL ETSPECIFICITE DE LA BOURGOGNEpar Daniel Robert (Direction Régionale de l’Agriculture et de la Forêt)

�� LES GRANDS TYPES FORESTIERSpar Pierre Agou (Conservatoire des Sites Naturels Bourguignons)

�� LES ENJEUX ECONOMIQUES, ECOLOGIQUES ET SOCIAUX�� LES ENJEUX ECONOMIQUES - EXEMPLE DE LA FORET DOMANIALE DECHATILLONpar Suzy Madelaine (Office national des forêts)�� L’EVOLUTION DE LA GESTION FORESTIEREpar Gilles Gespereau (Centre Régional de la Propriété Forestière)�� L’IMPACT DE LA GESTION SUR LA BIODIVERSITEpar Bernard Frochot (Professeur émérite de l’Université de Bourgogne)�� LA PROTECTION DE L’EAU ET DES SOLSpar Francis Andreux (Université de Bourgogne)�� LE PARTAGE DE L’ESPACEpar Michel Beaucaire (Comité Régional Olympique et Sportif)et Christophe Ferney (Parc naturel régional du Morvan)

�� QUELS OUTILS EFFICACES POUR LA PRISE EN COMPTE DELA BIODIVERSITE FORESTIERE?�� LES CADRES NATIONAUX ET REGIONAUX ET LA LOI D’ORIENTATIONFORESTIERE

par Daniel Robert (Direction Régionale de l’Agriculture et de la Forêt)�� LES ESPACES PROTEGESLes Réserves Naturelles - Olivier Gilg (Réserves Naturelle de France) Les Réserves Biologiques Forestières - Nicolas Drapier (ONF)Natura 2000 - Christophe Poupard / Laurent Germain (DIREN Bourgogne)

�� LE ROLE DES COLLECTIVITESLa Taxe Départementale sur les Espaces Naturels Sensibles et lesactions sur le Mont Préneleypar Stéphane Lebreton (Conseil Général de la Nièvre)Les outils mis en place par le Conseil régional, les contratsBourgogne Nature - Marie Thomas (Conseil régional de Bourgogne)

�� LES APPROCHES CONCERTEESLa certification forestière - Renaud Abord de Chatillon (ABCF)La charte forestière - Anne Catherine Loisier (PnrM - Commission forêt) etOlivier Thiebaut (PnrM)

�� UN EXEMPLE EUROPEEN : LA GESTION EXEMPLAIRE D’UNE FORETpar M. Sinner (Directeur du Parc National de Bavière)

ConclusionPar Alain Cordier (Vice - Président de la commission environnement,développement durable et énergie - Agriculture et Forêt au Conseil régionalde Bourgogne)

PATRIMOINE NATUREL DEBOURGOGNEN°10 - ANNÉE 2006

ISSN 1240-1609

r evue publ iée par le :CONSERVATOIREDES SITES NATURELSBOURGUIGNONS

Chemin du Moulin des Etangs - 21600 FenayTél. : 03 80 79 25 99 - Fax : 03 80 79 25 95espacesnaturelsbourgogne@wanadoo.frwww.sitesnaturelsbourgogne.asso.fr

Auteurs :Renaud Abord de Chatillon, PierreAgou, Francis Andreux, Michel

Beaucaire, Alain Cordier, Philippe Devis,Nicolas Drapier, Christophe Ferney,Bernard Frochot, Laurent Germain,

Olivier Gilg, Gilles Gespereau, StéphaneLebreton, Anne Catherine Loisier, SuzyMadelaine, Pierre Martinerie, Christophe

Poupard, Daniel Robert, M. Sinner,Olivier Thiebaut, Marie Thomas. d'après les communications des

Rencontres Régionales sur le PatrimoineNaturel de Bourgogne

Dompierre - les -Ormes - Septembre 2004.

Animation de la table ronde :Philippe Devis - Directeur de l’OREB

Secrétariat de rédaction :Cécile Andriot

Mise en page / Dessins :Olivier Girard

Crédit photos :En couverture (hêtraie sèche) :

P. Juillard - ONFpp 2-3 : H. Hontang - CSNBpp 4-6-33 : O. Girard - CSNB

p8-9 : S. Cauxpp 9bd-11 : P. Juillard - ONFpp 10-16 : A. Chiffaut - CSNB

p 12 : Centre Régional de la PropriétéForestière

p 15 : C. Andriot - CSNBp 19 : B. Boisson

pp 20-21 : N. Drapierpp 22-23 : DIREN Bourgogne

pp 24-25 : Conseil Général de la Nièvrep 26 : G. Nauche - CSNB

p 27 : H. Pomponne - ONFpp 29-30 : Parc naturel régional du Morvan

pp 31-32 : Parc National de Bavière

Tous les schémas ont été fournispar les intervenants

Maquette :Alain Chiffaut

Photogravure : Temps réelImpression : VIDONNE - SEMCO

Reproduction autorisée en citant la source

Dépôt légal : 1er trimestre 2006

p. 2

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esdames, Messieurs, Chers amis,

C’est avec grand plaisir que j’ai l’honneur de vous souhaiter au nom du Président du Conseil Général de Saône - et -Loire, Christophe Sirugue, la bienvenue dans les locaux de la Galerie Européenne de la Forêt et du Bois à l’occasiondes Xe Rencontres Régionales sur le Patrimoine Naturel de Bourgogne.

C’est également avec plaisir que nous accueillons le déroulement des travaux du Conservatoire des Sites NaturelsBourguignons dont la qualité est reconnue. L’attachement de cet organisme aux questions de développementdurable n’est également plus à démontrer.

Si j’ai tenu à être parmi vous aujourd’hui, c’est d’abord car l’occasion m’est offerte, grâce à ce colloque consacréaux milieux naturels forestiers, d’apprendre en écoutant celles et ceux qui sont des spécialistes reconnus del’environnement.

Vous le savez, la majorité départementale a fait de cette question une priorité politique. Je veux ici soulignercombien le Conservatoire, en contribuant à alimenter et améliorer notre réflexion, à parfaire notre connaissance dudépartement et à mieux gérer les espaces naturels sensibles est un partenaire indispensable sur lequel nous nousappuyons. C’est pourquoi au nom du Président du Conseil Général, je souhaite vous assurer du soutien total denotre collectivité dans l’action que vous menez au quotidien en faveur de l’environnement sur nos territoires.

Je suis venu à ces Rencontres Régionales avec quelques attentes et aussi quelques espoirs.

En ma qualité de citoyen, j’attends de ces Rencontres Régionales des réponses à des questions qui nous préoccupenttous. Je veux parler par exemple de la biodiversité.

En ma qualité d’élu local, je souhaite également mieux connaître les enjeux économiques autour du développementde la filière bois et notamment de la possible création d’emplois.

Enfin, en tant que Vice -Président, en charge de l’Environnement, j’ai la volonté d’améliorer ma connaissance decertains sujets afin de définir le plus justement la ligne politique sur laquelle nous travaillons, notamment dans ledomaine de la même filière bois, mais aussi de l’entretien des espaces naturels. Enfin, l’incidence en terme d’amé-nagement du territoire, qui est une autre des priorités du Conseil Général me préoccupe tout autant.

Comme chacun le sait, les forêts du Morvan devraient atteindre leur plénitude très bientôt et contribuer à augmenterla production de bois dans notre département. Dès lors, il nous faudra répondre à plusieurs interrogations : commentgérer avec efficacité l’augmentation du trafic routier ? Comment développer les implications économiques liées àcette production ?

Il s’agit là d’enjeux importants pour notre département et sur lesquels nous devons réfléchir. Ma mission est demieux appréhender ces problématiques afin que le Conseil Général puisse y répondre de manière satisfaisante.

Permettez moi, pour terminer, de remercier le Conservatoire des Sites Naturels Bourguignons pour son invitationmais aussi chacune et chacun d’entre vous pour sa présence sans oublier le personnel de la Galerie pour sonaccueil chaleureux et de vous souhaiter à tous des échanges fructueux.

Je vous remercie.

Pierre MARTINERIEVice - Président du Conseil Général de Saône-et -Loire

Chargé de l’environnement

M

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Forêt de Montmain (71)

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Conservatoire des Sites Naturels Bourguignons - Patrimoine Naturel de Bourgogne - n° 10 - 2006

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N France, les espaces boisés (forêt,peupleraie, bosquets) occupent prèsde 30 % du territoire national. La forêt

proprement dite en occupe 27%. Jusqu’à lafin du XVIIIe siècle le défrichement agri-cole et les besoins énergétiques ont provo-qué la réduction de ces milieux. Mais l’exoderural, les deux guerres du XXe siècle et l’in-tensification des pratiques agricoles ontentraîné peu à peu une nouvelle extensiondes espaces boisés.Grâce aux efforts des propriétaires et del’administration forestière ces milieux sontpassés de 11 millions d’hectares en 1950 àplus de 16 millions aujourd’hui.

La forêt française

Les espaces forestiers sont peu étendusdans le nord et dans l’ouest du pays, ilsoccupent en revanche une place importantedans le sud - ouest et les massifs monta-gneux. Ils dépassent même 50% dans cer-tains départements comme les Vosges, lesLandes, le Jura...

En ce début de XXIe siècle la forêt participeau développement rural, elle est sourced’activités qui assurent de nombreuxemplois. En effet, la filière bois en Francereprésente environ 500 000 emplois. D’autrepart, la forêt joue aussi un rôle majeur dansla lutte contre le changement climatique enstockant le carbone atmosphérique.

Onze millions d’hectares appartiennent àdes propriétaires privés mais la forêt privéeest très morcelée puisque les deux tiers despropriétaires possèdent moins d’un hectare.L’État et les collectivités locales possèdentenviron 4 millions d’hectares.Toutes les forêts « publiques » sont dotéesd’un aménagement forestier. Les forêts pri-vées de plus de 25 hectares, d’un seultenant, doivent réaliser un Plan Simple deGestion pour assurer une gestion durable dece patrimoine. La loi forestière du 9 juillet2001 abaisse le seuil obligatoire du PlanSimple de Gestion à une surface compriseentre 10 et 25 ha. Plus de 100 000 propriétéspourraient donc être concernées.

Les forêts françaises sont peuplées de 136espèces d’arbres forestiers dont 24 couvrentplus de 500 000 ha.C’est un bon indicateur de la diversitébiologique.On les classe en deux groupes :- les feuillus dominent largement et occu-pent plus de 63% de la forêt- les résineux représentent 5 millions d’hec-tares.

Le volume moyen de bois sur pied enFrance est de 142 m3 par hectare, il est plusfaible dans les régions méditerranéennes etdans l’ouest en raison de la pauvreté dessols et des conditions climatiques défavo-rables. En revanche il est plus élevé enAlsace, Lorraine, Franche -Comté qui sontdes régions de tradition forestière où la pro-duction de bois est la plus forte.

La forêt bourguignonne

La Bourgogne est une grande région avecun caractère rural très marqué. Son relief estcontrasté : du massif du Morvan aux plainessédimentaires du Bassin parisien au nord,aux effondrements de la Bresse ou de laplaine de Saône à l’est en passant par lesplateaux calcaires du Châtillonnais et del’Avallonnais.Ce relief associé à des conditions clima-tiques aussi très contrastées (continentales,océaniques, méditerranéennes) ont donnénaissance à des sols extrêmement variésdont la plupart sont propices à la forêt.

La diversité bourguignonne

En effet, la Bourgogne est très boisée, elleoccupe même le 5e rang au niveau national,elle est très largement dominée par lesfeuillus (83 %) et occupe avec le chêne lepremier rang national en surface et en volumesur pied.On trouve également en Bourgogne duhêtre sur les plateaux calcaires, du peuplierdans les vallées alluviales et d’autres

essences de feuillus (frêne, merisier, érables,fruitiers divers, aulne, charme).

Les conifères représentent 166 000 hectares.Les pins sylvestres et noirs sont abondantsdans le nord de la Bourgogne, le Douglas,le Sapin et l’Épicéa sont eux largementreprésentés dans le Morvan et dans leClunisois. La Bourgogne est désormais lapremière région française pour la surface despeuplements de Douglas (55 000 hectares).

Un rôle de production important

Avec plus de 133 millions de m3 de bois surpied, dont la moitié en chêne et une pro-duction de bois de plus de 6 millions de m3

par an, la Bourgogne assure sa vocation derégion productrice de bois.

La richesse et la diversité de la faune et dela flore et la présence de nombreusesespèces rares et protégées doivent nousinciter à préserver non seulement lesespèces mais aussi les milieux dans lesquelselles vivent.

• Daniel ROBERTChef du service régional Forêt et BoisDirection Régionale de l’Agriculture

et de la Forêt de Bourgogne

UNE FRANCE PEU BOISÉE AU NORD ET À L'OUESTTaux de boisement : 29,7%

SCEES - Teruti, année 2003

40 à 65% (21 départements)

30 à 40% (21 départements)

20 à 30% (28 départements)

5 à 20% (26 départements)

Situation actuelle au niveau nationalet spécificité de la Bourgogne

E

� Le ravin d’Antheuil (21)

Une France peu boisée au nord et à l’ouestTaux de boisement : 29,7%

VOLUME DE BOIS SUR PIED : IMPORTANT À L'ESTVolume en milliers de m3

Inventaire forestier national, années 1985 à 2001

200 à 260 (8 départements)

170 à 200 (11 départements)

125 à 175 (47 départements)

40 à 125 (30 départements)

Volume de bois sur pied : important à l’est.Volume en milliers de m3

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LES GRANDS TYPES FORESTIERS

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Conservatoire des Sites Naturels Bourguignons - Patrimoine Naturel de Bourgogne - n° 10 - 2006

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• Excès d’eau : dynamique bloquée auxaulnes et aux saules.• Sols superficiels et climat peu arrosé :dynamique bloquée au stade de la chênaie.• Sols mobiles (éboulis) : dynamique blo-quée aux érables, aux frênes et aux tilleuls.

La dynamique n’est pas uniquement pro-gressive et à l’état naturel, un groupementforestier a une évolution cyclique régie pardes mécanismes naturels comme les chablis.

La notion d'habitat doit donc être précisée.Un habitat forestier est un ensemble desuperficie variable, aux conditions écolo-giques homogènes, constitué d’un cortègevégétal. Ce cortège est structuré en strates,de structures très hétérogènes constituéesd’une mosaïque de phases, où s’imbriquentdes zones de régénération, de développe-ment et de dégénérescence.

Cependant, il existe un facteur essentiel quimodifie cette dynamique et cette structura-tion : l’Homme. La gestion forestière interfèresur la dynamique soit :

• Volontairement par le choix d’une essenceobjectif post - pionnière ou non sociale quis'accompagne dans ce cas, de l'éliminationd’espèces indésirables.• Par voie de conséquence comme c'est lecas avec la gestion en taillis à courte révo-lution qui élimine certaines espèces commele hêtre.La gestion forestière interfère également surles facteurs écologiques et on peut citer :• Le tassement des sols fragiles (limons).• La remontée de nappe dans les peuple-ments hydromorphes par coupe de grandesuperficie.

En synthèse, les grands types d’habitatsforestiers bourguignons seront donc ici pré-sentés en lien avec les facteurs écologiqueslocaux et quelle que soit leur phase dedynamique.

Diversité des habitats forestiers

Cela suppose donc qu’on pourra effective-ment rencontrer des hêtraies... sans hêtres.La hêtraie étant l'habitat tel que défini au-dessus.

La diversité des habitats forestiers bourgui-gnons est le résultat de la diversité physiquede la Bourgogne.Les différents habitats forestiers seront doncliés aux trois facteurs généraux principaux :la géologie, le relief et le climat. Ils se décli-neront ensuite selon trois facteurs locauxessentiels : le sol, l'exposition et l'alimenta-tion en eau.

Le climat

En ce qui concerne le climat, la Bourgogneest le point de rencontre des 4 climats fran-çais. Nettement sous influence océanique àl'ouest du Morvan, le nord - est de laBourgogne (le Châtillonais en Côte -d'Or) estlargement continentalisé. Au sud et à la faveurdu fossé Bressan, les influences méditerra-néennes remontent le long de la côte calcaireet se font ressentir jusqu'au nord de Dijon.Enfin, bien que faiblement caractérisé, lesquelques points hauts du Morvan (Préneley,Haut - Folin et Mont Beuvray) subissent unecertaine influence montagnarde.

Définir d’abord un habitat

Un habitat est une surface de taille variable,homogène dans ses conditions écologiques(topographie, climat, sous - sol, sol, alimen-tation en eau…), composé d’un cortèged’espèces végétales ayant toutes leur propreécologie et organisées en un ensemble destrates (muscinale, herbacée, arbustive etarborescente).

Selon cette définition l'arbre n'est doncqu’une constituante de l’habitat forestier.

Cet habitat forestier ne représente que leterme théorique de l’évolution de la végéta-tion... Plus ou moins rapidement, toute sur-face nue se voit colonisée par une succes-sion de différents habitats parmi lesquels ondistingue des pelouses (pelouses pionnièressur sols superficiels puis pelouses plusdenses sur sols développés), des ourlets,des stades arbustifs, des pré - bois puis laforêt.

Même si la forêt, constitue dans la majoritédes cas, sous nos climats, le stade terminalde cette dynamique de colonisation, ce staden'est pas figé dans le temps et possède sapropre dynamique. Dans un premier tempss'installent des espèces dites pionnières(saules, peupliers, bouleaux…), ces der-nières sont peu à peu remplacées par despost - pionnières (frênes, érables, tilleuls,charmes, ormes, chênes…) qui elles-mêmelaisseront la place aux espèces de matura-tion : hêtres, sapins, houx…

Cependant, là encore, cette dynamiquethéorique sous - entend la présence deconditions écologiques favorables. Il existede nombreux cas où cette succession restebloquée et n'aboutit pas aux hêtraies. Desfacteurs trop contraignants bloquent cettedynamique sur une des phases. Les facteursles plus courants sont :

LES GRANDS TYPES FORESTIERS

LES GRANDS TYPES FORESTIERS

� Feuille de chêne

Influence océanique

Influence méridionale

Influence continentale

Chevauchement des influences continentales et océaniques

Chevauchement des influences méridionales et continentales

Influence submontagnarde

Vin gea n nes

OurceSeine

Arman

on

Serein

Ouche

Tille

Sane

Doub s

Sei

lle

Grsne

Dheune

Arrou

x

Bourbince

Ar

conce

LoireArron

A llier

Nivre

Yonne

Cure

Sens

Auxerre

Montbard

Avallon

ClamecyCosne-sur-Loire

Nevers

Château-Chinon

Autun

Beaune

Chalon-sur-Saône

Louhans

Mâcon

Charolles

Dijon

AubeHaute-Marne

Haute-Saône

Jura

Ain

Rhône

Loire

Allier

Cher

Loiret

Carte des influences climatiques

Évolution vers le stade forestier

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La géologie

Du point de vue de la géologie, même si larégion est dominée par les plateaux cal-caires, notre massif central cristallin qu'est leMorvan et ses annexes constitue un élémentmajeur de la diversité Bourguignonne. Entreces deux types de roches principales, serencontrent des secteurs dominés par lesmarnes et les argiles (Bresse, Auxois,Bazois), les argiles et les sables (Puisaye,Sologne bourbonnaise) sans oublier la craiedu nord de l'Yonne.

Conservatoire des Sites Naturels Bourguignons - Patrimoine Naturel de Bourgogne - n° 10 - 2006

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LES GRANDS TYPES FORESTIERS

Chênaie pédonculéehydromorphe à molinie

Boulaie pubescenteà sphaignes

Aulnaie / frênaie alluviale Hêtraie collinéenneacidophile atlantique à Houx

Chênaie sessifloreacidophile

Hêtraie submontagnardeacidophile atlantique à Houx

Hêtraie neutrophileà jacinthe

Le système acide : exemple d’une vallée dans le Morvan

Saulaie basse

Saulaie blanche

Frênaie / ormaie

Chênaie / frênaie / ormaie

Saulaie/peupleraie

Le système alluvial : exemple de la vallée de la Loire

Érablaieà scolopendres

Hêtraiecalcicole froide

Aulnaie / frênaie

Chênaie pédonculée / frênaie

Hêtraie neutrophile à AspérulesHêtraie calcicole thermophile

Tillaie sèche à seslérie

Chênaie / charmaie

Hêtraie neutrophileà Aspérules

Chênaie pubescente

Le système calcaire : exemple d’une combe de la côte viticole

Carte géologique de Bourgogne

Argiles

et sab

les

Craie

Argiles

et sab

les

Plateaux calcaires

Dépressionmarneuse

MarnesSocleancienArgiles

et sables

Dans le détail, voici trois séquences bourguignonnes :une séquence calcaire, une séquence acide et une séquence alluviale.

La Grande Pivoine apprécie les sols calcaires etles boisements clairs (clairières et lisières dechênaies - charmaies ou chênaies pubescentes).Elle est présente dans le Châtillonnais et sur laCôte dijonnaise.

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Conservatoire des Sites Naturels Bourguignons - Patrimoine Naturel de Bourgogne - n° 10 - 2006

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LES GRANDS TYPES FORESTIERS

Une forte valeur patrimoniale

Parmi l'ensemble des habitats bourgui-gnons, de nombreux possèdent une fortevaleur patrimoniale. Si l'on se réfère à laDirective "Habitats" qui dans sa premièreannexe dresse la liste des habitats d'intérêteuropéen, sont alors considérés commed’intérêt patrimonial à l’échelle de l'UnionEuropéenne :

• Toutes les hêtraies

• Les chênaies pédonculées édaphiquesnon franchement acidophiles à :Primevère bleuée, Scille à deux feuilles,Stellaire holostée, Aconit tue - loup, Laîchefausse brize, Laîche des montagnes, Paturinde Chaix

• Les Chênaies pédonculées acidophiles

hydromorphes à :Molinie, Peucédan de France

• Toutes les tillaies, érablaies et frênaies surblocs ou éboulis

• Tous les boisements alluviaux sauf lesSaulaies basses : Aulnaie / Frênaie, Saulaieshautes, Frênaie / Erablaies, Chênaie / Frênaie /Ormaie

• Les boulaies pubescentes tourbeuses àsphaignes

Pour conclure…

La diversité des habitats forestiers est bien lereflet de la richesse patrimoniale de laBourgogne. Cela se traduit par une forterichesse spécifique de la faune et de la floresur un territoire relativement réduit. Parmicet ensemble, les habitats de la Bourgognecalcaire sont, au niveau national, un remar-quable exemple dans toutes ces compo-santes : Chênaie pubescente, hêtraie sèche,forêts de ravin, chênaie de fond de combe.Ils constituent bien souvent un exemple deréférence au niveau national.

• Pierre AGOUResponsable du service scientifique

Conservatoire des SitesNaturels Bourguignons

En réponse à cette diversité de facteurs phy-sique, la Bourgogne compte environ 52associations phytosociologiques (52 habitatsélémentaires).La classification phytosociologique s’est for-tement positionnée sur la dynamique dessystèmes forestiers.

1 - Phase pionnière bloquée par excèsd'eau :L’ensemble des saulaies, aulnaies, boulaiesmarécageuses et aulnaie, frênaie, saulaie,peupleraie alluviales

2 - Phase secondaire bloquée par :• Une forte alimentation en eau :L’ensemble des chênaies pédonculées éda-phiques.• Des sols mobiles (blocs, éboulis) :Les Tillaies, érablaies, frênaies• Des sols superficiels et séchards :Les chênaies pubescentes et mixtes

3 - Phase mixte secondaire / tertiaire :Les chênaies à hêtres

4 - Phase terminale :Les hêtraies

Hêtraie sèche de la Vallée du Rhoin (21)

On trouve le Lycopode faux - genévrier dans lesaulnaies - boulaies marécageuses du Morvan.

La Gagée jaune est une espèce de chênaiesfraîches. Elle est très rare dans notre région.

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LES ENJEUX ECONOMIQUES

ECOLOGIQUES ET SOCIAUX

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concernée par une future Zone deProtection Spéciale. • Certaines zones de la forêt ont un impactpaysager fort, qui est à prendre en compte. • Cette forêt est également un vaste territoirede chasse (10 lots de chasse dont 2 pour lachasse à courre soit environ 300 chasseurs).Il est impératif de maintenir un équilibresylvocynégétique pour une pression de lachasse raisonnée.

L’aménagement 2002 - 2021de la forêt domaniale de

Châtillon : une forêt à vocationmultifonctionnelle

Sur 6 000 ha environ, le traitement choisi estla poursuite de la conversion en futaie régu-lière, avec comme objectif principal la pro-duction de hêtre et de chêne de qualité.Une seconde partie de la forêt sera convertieen futaie irrégulière, soit 2 600 ha, pour laproduction et la protection des milieux etdes paysages.

Une fonction de production

La récolte de bois prévue est d’environ24000 m3 par an. Cette diminution par rap-port à l’aménagement précédent, malgré unesylviculture plus dynamique, s’expliqueessentiellement par les dégâts dûs à la tem-pête de 1999 et l’important effort de régé-nération déjà pratiqué.

Une fonction de protection

Une série d’intérêt écologique particuliersera créée sur 240 ha pour la conservationdes milieux et des espèces remarquables.

Cette série comprendra une RéserveBiologique Intégrale de 75 ha de hêtraiesèche à Laîche blanche et une RéserveBiologique Dirigée de 150 ha (Cf p20-21). D’autres mesures seront prises sur l’ensemblede la forêt afin de préserver et d’améliorer labiodiversité, comme par exemple la créationd’îlots de vieillissement.

Une fonction sociale

En ce qui concerne l’aspect social, et plusparticulièrement le paysage, le traitement enfutaie irrégulière dans les zones les plussensibles permettra de mieux prendre encompte ces préoccupations. Différents projetsd’accueil du public sont également à l’étude.

• Suzy MADELAINEResponsable développement agence

de Haute Côte - d’OrOffice National des Forêts

Conservatoire des Sites Naturels Bourguignons - Patrimoine Naturel de Bourgogne - n° 10 - 2006

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LES ENJEUX ECONOMIQUES,ECOLOGIQUES ET SOCIAUX

Contexte local : la filière boisdans le Pays Châtillonnais

Le Châtillonnais est une zone fortement boiséeavec 45 % de son territoire couvert par la forêt.Cette forêt est composée principalement detaillis - sous - futaie de hêtres et de chênes.La filière bois y est très développée, ellereprésente environ 700 emplois pour 80entreprises (soit 10 % environ du nombretotal d’emplois générés dans leChâtillonnais).

Les enjeux économiques de laforêt domaniale de Châtillon

La forêt domaniale de Châtillon située aucœur du Châtillonnais constitue un importantmassif de 8 895 ha. • La récolte de bois a été de 29 000 m3 paran sur les 24 dernières années (dont 58% dehêtre et 26% de chêne), ce qui représente3,26 m3 par hectare et par an. Le boisd’œuvre est absorbé essentiellement par lesscieries locales, ainsi que par l’usine dedéroulage de hêtre de Châtillon. Des fabri-cants de merrain locaux achètent une partiedu bois d’œuvre de chêne. Les taillis, houp-piers et petites futaies sont absorbés en boisde chauffage par des habitants locaux, et pardes exploitants de bois de trituration. • La tempête de décembre 1999 a causé desdégâts importants sur la forêt : environ 8années de récoltes sont tombées à terre.

Les enjeux écologiques etsociaux de la forêt domaniale

de Châtillon

• La grande richesse écologique de la forêt,aulnaies-frênaies, tiliaies-érablières, hêtraiesèche à Laîche blanche, marais tufeux, laprésence d’espèces telles que le Sabot deVénus, la Ligulaire de Sibérie, la Pivoinecoralline, l’Écrevisse à pieds blancs nécessitede pratiquer une gestion compatible avec lapréservation et l’amélioration de ce patri-moine naturel. La forêt domaniale deChâtillon est intégrée pour une grande partieau réseau Natura 2000. Elle est également

La filière bois dans le Châtillonnais

LES ENJEUXECONOMIQUESEXEMPLE DE LA FORET

DOMANIALE DE CHATILLON

Type d’entreprise Nombre Nombre d‘emplois

Scieries, entreprises de déroulage 26 508

Exploitants forestiers 23 45

ETF, Travaux forestiers lourds 23 46

Transport de bois 3 5

Pépinières et travaux de plantation 2 102

Carbonisation 2 35

Deuxième transformation 2 9

ONF 85

Total 835

� Forêt du Châtillonnais (21)

Chênaie pédonculée en forêt domanialede Châtillon (Côte - d’Or)

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Un peu d’histoire...

De l’époque gallo - romaine jusqu’à la fin duXIXe siècle, la forêt a été sans cesse défri-chée et surexploitée pour satisfaire lesbesoins humains en bois de chauffage, maisaussi pour le pâturage puis plus tard pourles besoins industriels. Au début du XIXe

siècle, la forêt ne couvre plus que 12% duterritoire français.

Le Renouveau

Après la seconde guerre mondiale, une poli-tique nationale se met en place avec la créa-tion du Fonds Forestier National destiné àaccroître la production de bois d’œuvre derésineux puis de feuillus.La loi Pisani de 1963 crée les « CentresRégionaux de la Propriété Forestière » chargésdu développement de la forêt privée avecpour objectif l’amélioration des forêts pourla production de bois d’œuvre.

La politique forestière française, jusque dansles années 1990, était donc basée sur l’amé-lioration de la quantité et de la qualité des boisafin de satisfaire la demande des marchés.

L’évolution de la gestion

La prise de conscience, depuis les années1990, de la diversité biologique des milieuxet de leur fragilité, associée à une demandesociétale de production d’aménités de plusen plus forte ont accéléré l’évolution de lagestion forestière. Tout en continuant d’af-firmer sa vocation première de production,celle - ci s’est alors traduite par de nouvellespratiques comme : • l’irrégularisation des peuplements feuilluset résineux, • le mélange d’essences, • le maintien d’essences d’accompagnement,• l’encouragement à la culture des essencesexistantes adaptées au sol et au climat.

L’exemple du Morvan

Rappel historique

Jusqu’à la fin du XIXe siècle, l’économieforestière du Morvan, comme celle de laFrance, était basée sur la production de boisde chauffage. Cette surexploitation desforêts appauvrissait les sols et les peuple-ments. Les premiers changements se sontopérés à la fin du XIXe siècle lorsque lahouille a remplacé le bois comme sourced’énergie. Les conséquences furent unexode rural massif et un abandon progressifdes terres agricoles qui furent alors reboi-sées en résineux, épicéas puis douglas.

La gestion forestière appliquéedans le Morvan

Cette gestion est marquée tout d’abord parla volonté de mettre en valeur la ressourcerésineuse par la vulgarisation des éclaircieset de l’élagage. De plus, dès 1985, uneaction de promotion des feuillus est mise enplace, elle sera accentuée en 1997 par lacréation d’un référentiel de terrain, base dela vulgarisation actuelle. Parallèlement, une réflexion sur la ges-tion des peuplements résineux est menéepour développer les pratiques de régéné-ration naturelle, d’irrégularisation ouencore de mélange d’essences...

Les nouvelles orientations de la loi forestièreont accéléré le mouvement d’évolution dela gestion déjà entrepris dans les années1990. La période des grandes transforma-tions est révolue, la gestion forestières’oriente maintenant vers des techniquesplus « douces » associant production et bio-diversité : amélioration des peuplementsexistants, irrégularisation, régénérationnaturelle… Cette évolution se traduit, pour le Morvan,dans les fiches actions proposées dans lecadre de la charte forestière de territoire(Cf p 29-30).

• Gilles GUESPEREAUPrésident du Centre Régional

de la Propriété Forestière de Bourgogne

Conservatoire des Sites Naturels Bourguignons - Patrimoine Naturel de Bourgogne - n° 10 - 2006

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L’EVOLUTIONDE LA GESTIONFORESTIERE

LES ENJEUX ECONOMIQUES,ECOLOGIQUES ET SOCIAUX

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lièrement important pour beaucoup d’in-sectes (notamment les coléoptères), pourdivers champignons, pour de nombreuxoiseaux (qui dépendent des écorces, dubois mort ou des cavités : pics, grimpe-reaux, mésanges…).En ce qui concerne les oiseaux, prenonscomme exemple les parties des chênaiespédonculées de la plaine de Saône qui sonttraitées en futaie régulière (Cf Schéma). Audébut de la révolution, juste après la der-nière coupe de régénération, on observeune explosion d’oiseaux nicheurs nou-veaux, qui se succèdent rapidement(Bergeronnette grise, puis Bruant jaune, ros-signol, fauvettes,…). Cette phase pionnièreassez courte est suivie d’une chute du peu-plement d’oiseaux, qui s’appauvrit et sebanalise à la fois dans les perchis dès l’âgede 20 ou 30 ans de la futaie. Ensuite, le peu-plement des espèces de la vieille forêt sereconstitue lentement, et se stabilise au-delàd’un siècle et demi. Globalement, la com-position du peuplement ornithologiquechange ainsi presque complètement au coursd’une révolution : très peu d’espèces peuventhabiter aussi bien la très jeune futaie que lespeuplements mûrs, la plupart montrant desexigences très précises quant au stade dedéveloppement de la succession forestière. Ce schéma est largement généralisable àd’autres types forestiers, et s’applique aussiaux plantations de Douglas du Morvan ouaux peupleraies.On peut schématiser cette conclusion encomparant la croissance de la forêt à celled’une population animale ou végétale :d’abord exponentielle, elle se heurte rapi-dement à la résistance du milieu, la concur-rence s'installe, puis elle ralentit jusqu’àdevenir nulle dans les très vieux peuple-ments. Entre les stades pionniers et ceux dela forêt âgée s’intercale une période assezlongue, pauvre en espèces et marquée parune certaine banalité. C’est donc aumoment où la forêt croît le moins, quand lesarbres sont très jeunes ou très vieux, qu’elledevient plus tolérante pour les autres

espèces et plus intéressante pourla biodiversité.Les protecteurs de la nature

soulignent, à juste titre,l’intérêt de ces stades

extrêmes pour labiodiversité…

ce sont justement ceux où la croissance desarbres est la plus faible, et les forestierscherchent logiquement à réduire leur durée.Il semble donc normal que des discussionss’engagent pour établir des compromis etpromouvoir des modes de gestion conci-liant nature et rentabilité.

Organisation spatiale des peuplements

La biodiversité ne peut s’évaluer qu’à uneéchelle bien déterminée. En forêt, il existeune certaine diversité au niveau de la par-celle : elle sera très forte en futaie jardinéeou irrégulière mais évidemment faible enfutaie régulière. Mais on trouve aussi unediversité entre parcelles d’un mêmeensemble forestier : au contraire de la pré-cédente, cette diversité est très forte dans lespeuplements équiennes et faible ou nulleen futaie jardinée ou irrégulière. On peutencore considérer un troisième niveau debiodiversité : entre séries ou forêts, qui peutcompenser en partie la monotonie de cer-tains peuplements équiennes.

Les interventions humaines

Les interventions en forêt sont souventjugées défavorables à la biodiversité ou àcertains de ses aspects (élimination de lavégétation au sol, simplification desessences…). Dans certains cas au contraireelles sont favorables (éclaircies dans despeuplements équiennes denses…), dans lamesure où elles favorisent les espèces pion-nières. Quoiqu’il en soit, la fréquence et l’in-tensité des interventions du forestier agis-sent aussi bien sur la diversité végétale quesur celle des animaux. On sait que les taillis - sous - futaies sontextrêmement riches en biodiversité or c’estjustement dans ces milieux que l’on inter-vient le moins, seulement tous les 25 ans ou40 ans. Le temps de passage en futaie régu-lière est plus réduit, mais reste souvent del’ordre de la dizaine d’années. Dans tous lescas, les interventions du forestier sur lemilieu restent beaucoup moins fréquentes,et souvent moins intenses, que celles del’agriculteur ce qui peut aider à comprendreun constat général : le maintien d’une fortebiodiversité en forêt et sa disparition plus oumoins complète dans beaucoup de plainesagricoles.

• Bernard FROCHOTProfesseur émérite

de l’Université de Bourgogne

Conservatoire des Sites Naturels Bourguignons - Patrimoine Naturel de Bourgogne - n° 10 - 2006

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Les animaux, ainsi que les plantes, dépen-dent fortement, mais à des degrés et dans dessens divers selon les espèces, de plusieurscaractères importants de la forêt.

La composition spécifiquedu peuplement végétal

L’identité spécifique des arbres dominantsdu peuplement, mais aussi celle des arbresassociés et de toutes les autres espèces, jus-qu’aux plantes herbacées, est une détermi-nante importante de la biodiversité. En effet,certains animaux dépendent d’espècesvégétales précises (notamment des insectesmono ou oligophages), d’autres dépendentfortement de la composition globale dupeuplement végétal (végétariens poly-phages, comme le cerf ou l’écureuil parexemple), d’autres en dépendent modéré-ment (comme beaucoup d’oiseaux insecti-vores), d’autres très peu (renard, éper-vier…). Les arbres principaux influencentaussi le peuplement végétal : leur influencepeut être complètement dominante, commecelle des sapins de Douglas ou des épicéasqui, gérés en peuplement serré, consommentpratiquement toute la lumière disponible ouau contraire relativement tolérante, commecelle des peupliers, dont le feuillage clairlaisse prospérer un sous - étage important.

L’âge des peuplements arborescents

Mais l’âge de la forêt est aussi un facteuressentiel à la biodiversité. En effet, levieillissement des peuplements est particu-

EtourneauPicsSiterelle + grimpereauParidés (Mésanges...)Sylviidés (Pouillots, roitelets...)DiversTurdidés (Rougegorges, rossignols...)Fringillidés (Bruants, fauvettes...)

Quantité et diversité des oiseaux nichant dansla futaie régulière (forêts de Chêne pédonculéde la plaine de Saône - Ferry et Frochot - 1970)

L’IMPACT DE LAGESTION SUR

LA BIODIVERSITE

LES ENJEUX ECONOMIQUES,ECOLOGIQUES ET SOCIAUX

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Les cycles et les équilibresbio géochimiques en forêt

Il existe une dynamique sol - eau qui estpropre au système forestier et qui se répète aufil des saisons : on parle de cycles bio-géo -chimiques au cours desquels se produisentde nombreux échanges, de nutrimentsnotamment, à la fois entre les fractionsliquides et solides d’un sol et hors du sol.Ces échanges, qui se font principalementvia les plantes et les micro - organismes dusol, sont dans un fonctionnement normaléquilibré, c’est - à - dire que tout ce qui entredoit être égal à tout ce qui sort.

Les causes de rupturede ces équilibres

Cet équilibre peut être rompu par descauses naturelles souvent réversibles : parexemple lors des années très humides, unapport d’eau supplémentaire va diluer lasolution du sol ce qui peut entraîner desmodifications de transfert des nutrimentslors de l’absorption racinaire par les plantes.Parfois, la suppression, l’interruption brutaleou temporaire d’un certain nombre de fac-teurs perturbent ces cycles : la sécheressepeut diminuer, voire arrêter le retour desnutriments au sol, via les litières, et remettreen question les échanges nutritionnels entrele solide et l’eau et par conséquent provo-quer lors du cycle biologique suivant, desdifficultés de réabsorption de nutriments.

Comment diagnostiquer et quantifierces différents fonctionnements etdysfonctionnements des cycles?

Nous possédons des indicateurs de qualitédes sols. Le terme de qualité des sols, paranalogie au terme de qualité des eaux, définitles capacités du sol à assumer ces fonctionsde production biologique et de protectionenvironnementale. Les indicateurs sontsimples : • le pH et le pouvoir tampon, c’est - à - direla capacité du sol à neutraliser les excèsd’acidité ou d’alcalinité.• la teneur en cations (nutritifs, protons,

aluminium) échangeables (mobiles vers dessolutions et /ou organismes).• la teneur en matière organique du sol etla part relative du carbone et de l’azote(rapport C/N).

Pour la phase aqueuse on retrouve lesmêmes indicateurs auxquels s’ajoutent desanions organiques solubles, qui proviennentdu métabolisme, et les anions minéraux(chlorure, nitrate, sulfate, bicarbonate).

Ces grands indicateurs chimiques sont liés àdes indicateurs biologiques comme : • les abondances de litière végétale, defaune et de micro - flore.• les vitesses de décomposition de la matièreorganique.

Exemple du Morvan : variationde la composition des sols

Dans cette étude, réalisée en relation avec laforêt privée, nous avons travaillé sur les ton-nages de litières de douglas comparés avecceux du taillis - sous - futaie de hêtres envi-ronnant. On a constaté que sous les dou-glasaies d’environ 25 ans, on avait des resti-tutions de litières fines moindres que cellesmesurées sous la forêt de feuillus. Ces resti-tutions étaient d’autant plus faibles que lepeuplement était fermé. Au niveau qualitatifsur ces mêmes litières on a remarqué aussique l’azote évoluait exactement comme le

carbone. L’indice biologique, rapport carbonesur azote, était sensiblement constant, cequi signifie que les caractéristiques clima-tiques du lieu prennent le pas sur la naturede la végétation.Pour le sol solide, nous avons étudié avecl’INRA en forêt de Breuil Chenue, le stockagede carbone dans la partie supérieure dusol : nous avons alors constaté que le taillis -sous - futaie de référence stocke le plus,mais est rattrapé par des peuplementsd’épicéas plus jeunes, de chênes et en der-nier par le hêtre et le douglas. Il n’y a doncpas de classement en fonction de la naturede la végétation : feuillus ou résineux.

Exemple du Morvan : variationde la composition des eaux

Nous avons travaillé sur la composition ennutriments des solutions de quatre petitsbassins versants du Morvan, deux fortementenrésinés et deux qui sont feuillus oumixtes. On a constaté au niveau desconcentrations moyennes de nutriments,qu’il y a toujours plus de nutrimentssolubles dans les bassins sous feuillus quedans les bassins sous résineux : est - ce àdire que les forêts de feuillus « salissent »davantage les ruisseaux que les forêts derésineux ? Pourtant, ce n’est pas seulementune question de quantité mais c’est aussiune question de nature. En effet, dans unsecond suivi dans ces mêmes petits bassinsversants, on a analysé l’alcalinité, à savoir lebicarbonate qui a la capacité de neutraliserl’acidité existante. On s’aperçoit que sousles feuillus la concentration en bicarbonateest plus élevée que sous les résineux, ce quisignifie que la capacité des résineux àcontrebalancer les effets de l’acidité seramoindre. Ce résultat sera d’autant plus sen-sible que les milieux géologiques serontpauvres et que le sol n’assumera pas sonrôle de tampon.

• Francis ANDREUXProfesseur à l’Université de Bourgogne

Conservatoire des Sites Naturels Bourguignons - Patrimoine Naturel de Bourgogne - n° 10 - 2006

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LA PROTECTION DE L’EAUET DES SOLS

LES ENJEUX ECONOMIQUES,ECOLOGIQUES ET SOCIAUX

Liti reset humus

Absorptionracinaire Solution du sol Sol min ral

Plantes

RochesR serves min rales

Milieuaquatique

Le cycle de l’eau et le cycle des nutriments sontétroitement imbriqués

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- PDIPR, Plan Départemental des Itinérairesde Promenade et de Randonnée. Ces itiné-raires s’appliquent sur les chemins ruraux,ils s’adressent aux randonneurs, ils ne sontpas accessibles aux loisirs motorisés. Denombreux itinéraires sont déjà mis en placeen Bourgogne. Le financement peut se fairedans le cadre de la Taxe Départementale surles Espaces Naturels Sensibles.- PDIRM, Plan Départemental d’Itinérairesde Randonnée Motorisée. Ce plan n’a étéappliqué par aucun département en France !

- PDESI, Plan Départemental pour lesEspaces, Sites et Itinéraires. Il s’agit d’éta-blir un plan départemental pour tous lessports par exemple l’escalade, la spéléo-logie dans les milieux naturels. Seuls troisdépartements en France ont établi ce plande façon expérimentale.

• Michel BEAUCAIREPrésident de la commission sport natureComité Régional Olympique et Sportif

Conservatoire des Sites Naturels Bourguignons - Patrimoine Naturel de Bourgogne - n° 10 - 2006

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Un peu d’histoire et de sociologie

Jusqu’au milieu du XXe siècle, la forêt a étéle domaine presque exclusif des forestiers etdes riverains, avec peu à peu des incursionsde citadins ou de sportifs. Cependant, ilexistait bien une culture, pas toujours écrite,mais au moins orale entre voisins et géné-rations concernant ce qui était souhaitable,autorisé ou toléré de faire en forêt.

Le développement des villes, marqué par unretour à la campagne de néo - ruraux, amodifié profondément cette situation avecdes aspirations nouvelles notamment celled’une nature accessible à tous : l’air, l’eau, laforêt deviendraient des biens communsdont on aurait le droit de bénéficier sansmodération.

Le développement des moyens de transportindividuels mécanisés et motorisés a induitdes nouveaux modes de fréquentation (nonprévus par les lois ni les conventions anté-rieures) : VTT, 4 x 4, moto verte, quad, tou-risme équestre… qui aspirent à bénéficierde la même mansuétude que celle dont pro-fitent les piétons depuis des siècles et àdéfaut essaient de se glisser dans les itiné-raires entretenus pour d’autres usages.

La législationet ses nouvelles contraintes

La gestion de la forêt n’est donc pas unesimple affaire locale, pour cela il faut revenirau droit et plus précisément au droit à lapropriété : l’espace forestier n’appartientpas à tout le monde, il y a toujours un pro-priétaire que ce soit l’État, les collectivitéslocales ou des personnes privées. Le pro-blème c’est qu’il existe de nombreux textesqui vont s’appliquer (droit à la propriété,droit d’aller et venir, droit de l’environne-ment...) auxquels s’ajoutent les usages detolérances. Nous avons donc à notre dispo-sition des textes pas toujours bien saisis ni dupublic ni des responsables des collectivitéslocales ou des associations. Conscient deces problèmes, le législateur a confié auxdépartements la gestion de la fréquentationsportive et touristique avec trois plans :

LE PARTAGEDE L’ESPACE

LES ENJEUX ECONOMIQUES,ECOLOGIQUES ET SOCIAUX

Depuis 4 à 5 ans, des professionnels pro-posant des activités de loisirs motorisés sesont installés au sein du Parc naturel régionaldu Morvan. Ces activités, en plus d’êtredes menaces pour les milieux naturels, ontentrainé des conflits d’usages allant mêmejusqu’à des dépôts de plaintes. Face à ceconstat le Parc a souhaité, avec l’appui desa charte, réunir tous les acteurs et lesprestataires de loisirs motorisés pour réflé-chir ensemble à des solutions. De ces ren-contres ont émergé des codes de bonneconduite qui ont pour but de sensibiliserles utilisateurs autour de 3 pratiques : lesmotos, les 4 x 4 et le quad.Ce code rappelle tout d’abord la réglemen-tation en vigueur et décline 4 articles sur :• le respect de la sécurité• le respect de l’environnement• le respect des autres usagers• le respect de la propriété.

Après un an d’utilisation, nous sommesaujourd’hui dans une phase d’évaluation, ilsemble nécessaire afin de renforcer l’effica-cité de ces codes de les diffuser plus large-ment encore (15 000 exemplaires serontdistribués), d’insister davantage sur lalégislation et d’inclure des aspects péda-gogiques en expliquant plus clairementles dégats causés à l’environnement parde « mauvais comportements ».Expérience reprise dans le projet de lanouvelle charte du Parc, la démarcheCode de bonne conduite est un exercicede médiation, de pédagogie, de partagede l’espace entre tous dans le respect desressources environnementales, naturelles,économiques et de la passion des uns etdes autres pour leurs différentes activités.

• Christophe FERNEYResponsable du pôle tourisme et promotion

Parc naturel régional du Morvan

Exemple de la charte de bonne conduite des loisirs motorisésmise en place par le Parc naturel régional du Morvan.

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DES OUTILS POUR LA PRISE EN COMPTE

DE LA BIODIVERSITE FORESTIERE

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mettre en place des dispositifs réglemen-taires permettant d’assurer la durabilité de lagestion de ses forêts.

Les OrientationsRégionales Forestières

La politique forestière est définie, coordon-née, mise en œuvre, évaluée au niveaunational par un conseil supérieur de la forêtet déclinée au niveau régional dans desOrientations Régionales Forestières qui tien-nent compte des particularités géopolitiqueslocales.

En Bourgogne, les Orientations RégionalesForestières sont construites sur les 6 prin-cipes de gestion durable énoncés à la confé-rence d'Helsinki. Elles comprennent un cha-pitre sur le maintien de la richesse et de ladiversité biologique des milieux et un autresur le rôle social, culturel et de protectionde la forêt.

Des documents d’application de ces orien-tations servent de guides à la rédaction desdocuments d’aménagement ou de gestiondes forêts : • les directives régionales d’aménagementpour les forêts domaniales,• les schémas régionaux d’aménagementpour les forêts communales ou les forêtsdes établissements publics,• les schémas régionaux de gestion sylvicolepour les forêts privées.

Ces documents sont rédigés pour chacunedes grandes zones forestières deBourgogne. Les aménagements forestierspour la forêt publique et les Plans Simplesde Gestion pour les forêts privées doiventêtre conformes aux directives ou aux sché-mas dont ils dépendent. Une fois approuvés,ils constituent une garantie de gestiondurable.Pour les forêts privées, non soumises à l’obli-gation de Plan Simple de Gestion, l’adhésionà un code des bonnes pratiques sylvicolesrédigé par le Centre Régional de la PropriétéForestière et approuvé par le préfet derégion, confère à la forêt une présomptionde garantie de gestion durable conforme àla loi de juillet 2001.

Des aides financières

Les grandes orientations de politique fores-tière sont accompagnées d’aides financièreset incitatives pour les mettre en place.

Pour les investissements forestiers produc-tifs, on recommande aux propriétaires pourfavoriser la biodiversité : • le maintien d’une partie du peuplementexistant et de certains espaces ouverts,• la création de bouquets d’essencesdiverses.Ces travaux sont aidés au même taux queles travaux de production.Le boisement de zones humides ou depelouses sèches doit faire l’objet d’uneexpertise et tout projet concourant à la des-truction de ces milieux n’est pas encouragépar des aides publiques.

On constate, parallèlement à la mise enplace de ces dispositifs tendant à concrétiserles engagements de la France, une tendancede plus en plus affirmée des propriétairespublics et privés à vouloir gérer leur espaceforestier selon des principes de sylviculturedouce et de futaie irrégulière ou continue. Ces principes qui évitent les traumatismescomme les coupes rases ou la monocultured’essence favorisent le mélange d’essences,l’étagement des âges, la biodiversité et sem-blent former des peuplements plus naturelset peut - être plus aptes à résister à des phé-nomènes climatiques de forte intensité.

Des aides forestières existent pour la réali-sation d’opérations n’ayant pas un caractèreou un objectif de production. Le champd’application de ces aides est relativementlarge.Au plan régional, seules les aides en faveurdes mesures suivantes ont été retenues : • la protection de la ressource en eau et desols (réhabilitation de forêts alluviales),• la préservation minérale des sols forestiersacidifiés seulement à titre expérimental,• la préservation ou restauration de la bio-diversité (création d’îlots de vieillissement),• l’accueil du public.

• Daniel ROBERTChef du service régional Forêt et BoisDirection Régionale de l’Agriculture

et de la Forêt de Bourgogne

Conservatoire des Sites Naturels Bourguignons - Patrimoine Naturel de Bourgogne - n° 10 - 2006

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Historique

Au VIIIe et VIe siècles av. J.-C., la forêt cou-vrait 80% de l’espace. Exploitée pour diversusages et besoins, elle a fortement diminuépour ne représenter plus que 12% au débutdu XIXe siècle. Peu à peu, elle a reconquisdu terrain et elle occupe aujourd’hui enBourgogne près de 30 % du territoire.

Le taillis et le taillis - sous - futaie, régimesqui ont longtemps été appliqués parce qu’ilsfournissaient les bois dont on avait besoincèdent le pas durant le XXe siècle à la futaie,plus appropriée à la production de bois,bois d’œuvre en particulier. Cette futaie estobtenue par conversion des peuplementsen feuillus, lorsqu’ils s’y prêtent, ou partransformation par la voie de la substitutiondes essences. Ainsi, après la guerre, le FondsForestier National a encouragé la plantationde résineux déficitaires en France.

Evolution de la forêtet des mentalités

Les traitements successifs de la forêt ne pro-voquaient pas de réactions même lorsqu’ilsappauvrissaient ou enlaidissaient les pay-sages. L’exploitation faisait partie du travailquotidien d’une population essentiellementrurale.Mais l’exode rural et les guerres ont accéléréla désertification des campagnes et contri-bué aux boisements des terres agricoles lesplus difficiles à cultiver. La population deplus en plus citadine va s’interroger sur cer-taines méthodes de sylviculture parfois radi-cales voire brutales.On bascule très rapidement dans la secondepartie du XXe siècle d’une vision de la forêtproductrice de bois à une vision de la forêt,milieu naturel, lieu de détente...

Les années 1990 resteront marquées par laprise de conscience de la fragilité des éco-systèmes terrestres et les pertes irréversiblesde biodiversité. La France s’est engagée dans le cadre de laConférence des Nations Unies pourl'Environnement - Rio de Janeiro - 1992 etdans le cadre des conférences ministériellespour la protection des forêts en Europe à

DES OUTILS POUR LA PRISE EN COMPTEDE LA BIODIVERSITE FORESTIERE

LES CADRES NATIONAUX ET REGIONAUXET LA LOI D’ORIENTATION FORESTIERE

� Chablis en forêt de Citeaux (21)

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Leur rôle

L'objet d'une Réserve Naturelle est de pro-téger les milieux naturels remarquables oumenacés et donc la faune, la flore, le sol, leseaux, les minéraux et les fossiles, sur terre,sous terre ou en mer, en France métropoli-taine ou en Outre -mer.

Leurs statuts

L'initiative du classement en RéserveNaturelle revient à l'État, à la Région ou à laCollectivité territoriale de Corse.L’autorité administrative confie localementla gestion à un organisme.

Des missions très diverses pourles organismes gestionnaires :

• la surveillance et l'application de la régle-mentation, • le suivi scientifique et l'évaluation dupatrimoine naturel,• la conception et la mise en œuvre du plande gestion,• l'information et l'accueil du public.

Le réseau

• Le réseau des Réserves Naturelles deFrance (Réserves Naturelles Nationales,Réserves Naturelles Régionales, RéservesNaturelles de Corse) représente plus de 300sites soit environ 540 000 ha protégés.• 2/3 des Réserves Naturelles ont deshabitats forestiers.• En Bourgogne, il existe 4 RéservesNaturelles Nationales.• On compte parmi les 157 RéservesNaturelles Nationales de France, 60 qui abri-tent des forêts à « caractère naturel ». Il s’agitde forêts qui n’ont pas été exploitées depuis50 ans ou plus et où l’on retrouve unnombre important de vieux arbres et grosarbres morts. Dans le réseau des réserves,nous sommes très attentifs à ces forêts trèsrares et très précieuses qui ne représententplus en France que quelques dizaines demilliers d’hectares. C’est dans ces forêts quel’on trouve souvent les plus grands enjeuxen terme de biodiversité.

Les Réserves Naturelles forestières se situentpour la plupart dans des régions de mon-tagne ou dans des régions de grands fleuvesoù les enjeux économiques sont moindres.Il s’agit souvent de forêts improductives, dif-ficiles d’accès. Dans l’ouest de la France, oùles forêts de plaine sont plus productives, ily a beaucoup moins de Réserves Naturelles.

Biodiversité et naturalité :concepts antinomiquesou complémentaires ?

Lorsque l’on parle de préserver la biodiver-sité, on entend sauvegarder tous les taxonsde notre planète. Cela doit se décliner loca-lement, par zone biogéographique, car c’està cette échelle spatiale que l’on rencontreles génotypes et taxons endémiques. La pré-servation de la biodiversité, ce n’est pas pré-server un maximum d’espèces sur une par-celle ou une commune.La naturalité vise à favoriser les équilibresnaturels en limitant les perturbations anthro-piques. Dans la plupart des RéservesNaturelles, l’exploitation forestière se pour-suit. Augmenter la naturalité c’est donc sim-plement limiter l’impact de l’homme pourpermettre le maintien d’un plus grandnombre d’espèces menacées, notammentsaproxyliques.

L’application des deux concepts vise à unemême finalité, seule l’approche est différente : • la biodiversité mesure la diversité destaxons.• la naturalité mesure directement l’impactde l’homme.

Pour mieux comprendre, il faut se référer auschéma de sylvigénèse. Lorsqu’une forêtévolue en partant d’une régénération, qu’ellesoit naturelle ou non, la biomasse commenceà augmenter. Arrive ensuite une phase opti-male et pour finir une phase de sénescence

Conservatoire des Sites Naturels Bourguignons - Patrimoine Naturel de Bourgogne - n° 10 - 2006

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DES OUTILS POUR LA PRISE EN COMPTEDE LA BIODIVERSITE FORESTIERE

On dénombre plus de Réserves NaturellesNationales forestières dans l’Est de la France,dans les régions où les forêts sont moinsproductives ou difficiles d’accès.

LES ESPACES PROTEGES

LES RESERVES NATURELLES

Modèle de sylvigénèse pour une hêtraie sapinière.La flèche verticale rouge indique la date d’exploitation. Toute la partie du cycle se trouvant plus à

droite (et les espèces qui y sont associées) est donc absente dans les forêts exploitées.

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Les véritables enjeuxécologiques ?

Le véritable enjeu de conservation des forêtsest donc d’essayer de conserver les phasesde sénescence et de déclin qui sont richesen bois morts et en gros arbres, seuls lieuxd’habitats pour quantité d’espèces trèsmenacées.

Comment atteindre ces objectifs ?

Il faut pour cela protéger rapidement lesdernières forêts à caractère naturel. Mais ilfaut aussi augmenter la représentativité detous les habitats forestiers encore absentsdu réseau des Réserves Naturelles Intégraleset de celui des Réserves BiologiquesIntégrales de l’ONF.

Augmenter le degré de naturalitédes forêts exploitées

• au sein des Réserves Naturelles bienentendu mais également à l’extérieur duréseau ;• en adaptant une gestion sylvicole plusproche aussi de la dynamique naturelle.

Dans nos régions, cela se traduirait notam-ment par :• des unités de régénération de petite taille(quelques ares),• une augmentation de la biomasse totale,• une augmentation du nombre de grosarbres (Cet objectif pourrait être partielle-ment atteint en Bourgogne par la mise enplace d’îlots de vieillissement),• une augmentation de la nécromasse quel’on retrouve dans les phases âgées de la syl-vigénèse : - par l’établissement de réserves intégrales oupar la mise en place d’îlots de sénéscence, - par la conservation d’un volume de boismort plus importants dans les forêt exploi-tées.

C’est en comparant, pour un même habitat,ces deux types de gestion (forêts naturelleset forêts exploitées) que l’on aura lesmeilleurs outils pour appréhender l’aveniret la préservation de biodiversité.

� Olivier GILGChargé de missions scientifiques

Réserves Naturelles de France

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DES OUTILS POUR LA PRISE EN COMPTEDE LA BIODIVERSITE FORESTIERE

puis de déclin, dernière phase au cours delaquelle les arbres meurent naturellement.Ce sont ces phases qui sont très rares dansles forêt exploitées. Ces phases sont richesen bois morts et accueillent un grandnombre d’espèces saproxyliques qui viventaux dépens du bois mort. Une exploitationtraditionnelle intervient logiquement avantque les arbres ne meurent et qu’ils ne per-dent toute valeur économique. On notedonc dans ces forêts exploitées des lacunesau niveau de la biodiversité des espèces deces derniers stades de vieillissement.

Comment mesurer la naturalité ?

Comme pour la biodiversité, il n’existe pas deméthode universelle. Mesurer la naturalitéc’est mesurer l’« écart » entre la naturalitéactuelle et la naturalité potentielle maximale.

Exemple de la RN du Massif duGrand Ventron dans les Vosges

Dans cette Réserve Naturelle, on distinguetrès nettement les forêts à caractère naturelqui abritent de nombreux arbres morts degros diamètres, des forêts exploitées compo-sées essentiellement d’arbres vivants.Paradoxalement, on retrouve aussi dans cesforêts exploitées de nombreux arbres mortsmais de petit diamètre. En effet, ces arbresmeurent durant la phase d’accroissementlorsque la sélection opère.Augmenter le nombre d’arbres morts dansles forêts exploitées ne suffit donc pas pouraugmenter la naturalité. Il faut parler devolume plus que de nombre.

On a constaté aussi, dans cette même forêtsur les parties non exploitées, une augmen-tation régulière de la biomasse jusqu’à desdiamètres de plus d’un mètre. Dans lesforêts exploitées cette augmentation de labiomasse s’arrête à des diamètres de 50 ou60 cm, ce qui correspond aux diamètres desarbres exploités. En ce qui concerne le boismort, on a dans les forêts naturelles uneaugmentation régulière des volumes de boismort alors que dans les forêt exploitées, onn’en trouve presque plus car ces bois sontexploités avant qu’ils ne perdent leur valeur.On peut mesurer ces écarts. Dans cetteréserve, on a 65% seulement de la biomassequi peut potentiellement se rencontrer dansles forêt naturelles. En ce qui concerne les boismorts on a seulement 13% des potentialitésnaturelles, ce qui est beaucoup plus préoc-cupant.

Diversité lichénique (avec notamment en haut Lobaria pulmonaria) dans une forêt à caractère naturel du réseau des Réserves

Naturelles de France.

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Origine et caractéristiques du statut

Le concept des Réserves Biologiquesremonte aux années 1950, avec la créationdes premières réserves en forêt deFontainebleau. Il s’est développé dans lesannées 1970 - 1980 puis de manière plusimportante dans les années 1990 (120 RBexistaient déjà en 1995). Cette décennie fut,en effet, marquée par une évolution sen-sible du contexte sociétal et politique, avecl'apparition du concept de prise en comptede la biodiversité dans la politique forestièrenationale en 1993.

Les Réserves Biologiques sont créées pararrêté interministériel (environnement etagriculture), pour une durée illimitée, aprèsavis du Conseil National de la Protection dela Nature (CNPN). Le statut peut s'appliquer àtoutes les forêts relevant du Régime forestier :domaniales, communales, autres forêts decollectivités.

Corollaire de ce régime juridique particulier,la gestion des Réserves biologiques estconfiée à l'Office national des forêts, tout enétant soumise, le cas échéant, à l'approba-tion des collectivités propriétaires des forêtsconcernées. Mais la gestion des RB est par-ticipative : une commission consultativeassiste l'ONF au niveau régional, et descomités consultatifs sont impliqués à unniveau plus local dans la gestion d'une ouplusieurs RB. Scientifiques et naturalistes,mais également collectivités et usagers,composent ces instances. Grâce à elles, lesRB prennent aussi une place croissante dansles politiques départementales ou régio-nales d'espaces protégés.

Prise en compte de labiodiversité dans la gestion

des forêts publiques :place des Réserves biologiques

Dans les forêts gérées par l'ONF, l'aména-giste (qui élabore le document de gestionqu'est l'aménagement forestier) et le ges-tionnaire de terrain disposent d’une gammediversifiée d'outils de prise en compte de ladiversité biologique :

• Mesures de gestion courante, applicables(à des niveaux divers en fonction desenjeux) à tous les espaces gérés : maintienou amélioration de la diversité des essences,conservation d'arbres à cavités, d'arbresmorts, d'îlots de vieillissement…

• Zonages particuliers déterminés dans lecadre de l'aménagement : - sites d’intérêt écologique particulier, ponc-tuels, comme par exemple une mare intra-forestière au cœur d'une parcelle de pro-duction (la gestion n'est pas globalementremise en cause, mais des mesures particu-lières sont prises pour la préservation de lamare) ;- séries d'intérêt écologique particulier, pourdes parcelles forestières au sein desquellesla conservation d'un patrimoine naturelremarquable devient l'objectif prépondérantde la gestion (la production et l'exploitationde bois restent compatibles, mais lui sontsubordonnées) ;- enfin, création de Réserves biologiquespour un échantillon choisi parmi les plusremarquables des séries d'intérêt écologique(démarche très qualitative et sélective, dontla cohérence est contrôlée par le CNPN).

Ces différents outils constituent les fonde-ments de la prise en compte de la biodiver-sité au sein d'une gestion forestière multi-fonctionnelle, qui peut concilier au seind'un même massif l'ensemble des fonctionséconomiques et sociales de la forêt : pro-duction de bois, accueil du public, protec-tion du patrimoine naturel... Les Réservesbiologiques font partie intégrante de ce dis-positif global.

Les Réserves biologiquesdirigées (RBD)

L’objectif des Réserves biologiques dirigéesest la préservation de milieux ou d’espècesremarquables. Les critères de création deRBD reposent à la fois sur un intérêt patri-monial très fort et sur le besoin actuel oupotentiel d’une gestion conservatoire spéci-fique : on réserve le statut à des espacesemblématiques, qui vont requérir des effortsparticuliers. On veille également, le caséchéant, à la complémentarité (et non à la

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DES OUTILS POUR LA PRISE EN COMPTEDE LA BIODIVERSITE FORESTIERE

LES RESERVES BIOLOGIQUESFORESTIERES

UN STATUT DE PROTECTION POUR

LES FORETS RELEVANT DU REGIME FORESTIER

RBD en cours

RBD existantes

Les Réserves Biologiques Dirigées se situent sur-tout dans l’est de la France (Alsace) et enMontagne, elles rejoignent ainsi la localisationdes Réserves Naturelles.

La future RBI du Vernay,en forêt domaniale d’Anost (71)

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simple superposition) de différents statutsappliqués à un même espace : ainsi crée-t-on,par exemple, des RB dans des sites particu-lièrement remarquables au sein de Parcsnaturels régionaux.

Les Réserves biologiquesintégrales (RBI)

Dans les RBI, la forêt est laissée à sa libreévolution (aucune exploitation, sauf l'élimi-nation d'essences non indigènes).Les objectifs de ces réserves sont :• la meilleure connaissance des processusdynamiques naturels (ainsi, plusieurs RBIont été créées suite aux tempêtes de 1999,comme témoins des processus de reconsti-tution spontanée des peuplements) ;• l'augmentation de la naturalité forestièreet de la biodiversité qui lui est associée(faune et flore dépendant des vieux arbreset des bois morts).

Depuis 1998, de façon méthodique, unréseau national de RBI est en cours deconstitution, représentatif de la diversité destypes d’habitats forestiers présents enFrance. Une surface minimale a été définiepour ces réserves : 50 ha en plaine, 100 haen montagne.

• Nicolas DRAPIERResponsable du réseau des Réserves

Direction Générale de l’Office National des Forêts

DES OUTILS POUR LA PRISE EN COMPTEDE LA BIODIVERSITE FORESTIERE

Auxerre

Nevers

Mâcon

DijonCOTE-D'OR

YONNE

SAONE-ET-LOIRE

NIEVRE

RB intégrales

RB dirigées

Bligny-sur-OucheBois de Ruère

GlenneGorges de la Canche

AnostL e Vernay

Is-sur-TilleCombe Quinquendolle

Châtillon-sur-Seine

en cours de création

existantes

Cîteaux

LugnySèchebouteille

MoloyCombe de Bellefontaine

Localisation des réserves biologiques en Bourgogne (fin 2004).

En Bourgogne

Du Morvan aux côtes calcaires et à la plaine de la Saône, sept Réserves biolo-giques existent actuellement en Bourgogne : forêt de ravins dans les gorges de laCanche, hêtraies sèches à Sabot de Vénus dans le Châtillonnais, chênaies de plai-ne et leur riche faune d'oiseaux et d'insectes à Cîteaux…

Trois RBI sont en cours de création, une dans une hêtraie morvandelle (Anost) etdeux en forêts des plateaux calcaires (Bligny - sur - Ouche et Châtilllon - sur - Seine).En forêt domaniale de Châtilllon - sur - Seine également, une RBD va bientôt êtremise en place sur des marais alcalins à la flore exceptionnelle.

La Combe Quinquendolle (RBD à Is-sur-Tille,21) : hêtraie froide et forêts de ravin, chênaiepubescente, végétation des bords de falaises.

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Un espace protégé ?

Le réseau Natura 2000 est un outil au servicede la biodiversité. C’est aussi un engage-ment de chaque état membre, au sein del’Europe, pour préserver l’ensemble de labiodiversité et la transmettre aux généra-tions futures. La France a choisi d’assurer la préservationde ses sites par la voie contractuelle. Cen’est pas la voie la plus rapide ni la plussimple, mais elle a pour ambition d’impli-quer les acteurs locaux pour gage d’uneefficacité à long terme.

1 - De quoi parle - t - on ?

Le premier travail est de définir ce que l’onveut protéger de cette biodiversité euro-péenne. Au niveau local, des tris ont étéfaits pour sélectionner :

• des sites à retenir dans chaque région. • les habitats et les espèces définis commed’intérêt communautaire. Il existe deuxtextes fondateurs : la Directive Habitatfaune - flore annexes I et II et la DirectiveOiseaux. Ces documents définissent la listedes espèces et des habitats particulièrementremarquables ou menacés de la biodiversitéeuropéenne.• des habitats encore en bon état de conser-vation ainsi que des habitats potentiels maismodifiés. Nous avons, en Bourgogne, dans le réseauNatura 2000 des habitats complètementmodifiés. Pour ce qui concerne la forêt on

Conservatoire des Sites Naturels Bourguignons - Patrimoine Naturel de Bourgogne - n° 10 - 2006

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DES OUTILS POUR LA PRISE EN COMPTEDE LA BIODIVERSITE FORESTIERE

s’intéresse d’avantage à la notion de station :on parle par exemple de stations de hêtraiesoù l’on a une Douglassaie. Nous sommessur des habitats d’intérêt communautairepotentiels. L’objet de ces directives est deconserver ou de restaurer ces habitats en bonétat de conservation.

Il existe deux niveaux de responsabilité pourmaintenir ces habitats en bon état deconservation :• tout d’abord au niveau national, ce travaila notamment conclu au relatif bon état deconservation des forêts bourguignonnes(hêtraie - chênaies du Morvan, hêtraies desplateaux calcaires) qui ne justifient donc pasen priorité des mesures…• puis sur chaque site Natura2000, une ana-lyse a lieu pour déterminer, en fonction del’état du site, les mesures à proposer.

Une méthode bourguignonne

Afin de vérifier le bon état de conservationd’un site, l’ONF et le Parc naturel régional duMorvan ont développé une méthode qui sebase sur des critères liés aux habitats euxmêmes : • composition dentrologique (des arbres).• capacité de régénération naturelle.Ils se sont appuyés aussi sur des critères bio-logiques : • strate herbacée.• strate arbustive.• nécromasse.• vieillissement des populations.• mélange d’essences.

Ils se sont attachés à ne sélectionner que descritères retenus dans les cahiers d’habitats. Apartir de ces critères, ils ont défini des seuilsadaptés pour chaque habitat et des indicesagrégés, comme la biodiversité, auxquels ilsont ajouté l’ancienneté de la forêt.Cette méthode est relativement simple àmettre en place et validée par le Conseilscientifique régional du patrimoine naturel.On espère qu’elle sera un bon outil pourévaluer l’état de conservation de nos forêts.Cette approche progressive et scientifiqueconstitue une des principales difficultés dudispositif. Mais pourtant, in fine, le choixdes mesures dépendra de l’analyse entrel’état de conservation requis et celui constaté.

En Bourgogne, les sites forestiers du réseauNatura 2000 sont peu étendus en surfacemais le choix a été fait de les associer àd’autres habitats d’intérêt communautairecomme des mares, des vallées, des étangs.

Quelques chiffres bourguignons

• Les sites Natura 2000 relevant de ladirective «Habitats» représentent 54 472 ha,soit 1,72 % de la surface régionale. • Les surfaces en forêts sont de21 000 ha, soit 2,2% des forêts bourgui-gnonnes sont inscrites au réseau Natura2000.• Cela représente 5 060 ha en forêt doma-niale, 7 440 ha en forêt bénéficiant durégime forestier et 8 500 ha en forêt privée.• 37 sites sont plus ou moins concernés,avec, comme exemples emblématiques,les forêts du nord dijonnais : Châtillon,Moloy, Val Suzon, les forêts du Morvan

(Oussière, Haut-Folin, Mont Préneley,Mont Beuvray) ou quelques échantillons desforêts de Puisaye ou des côtes calcaires. • 10 habitats d’intérêt communautaireforestiers sont concernés, auxquels il fautajouter les espèces fréquentant les milieuxforestiers préservés.• A ces chiffres concernant la directive«Habitats», il faut ajouter les sites relevantde la directive «Oiseaux» et qui comportentune forte dimension forestière : massifsforestiers de Châtillon, Jugny et Citeaux,Côtes et Arrière - Côtes de Dijon et deBeaune et dans une moindre mesure, lessites de Loire, de l’Allier et du Doubs.

NATURA 2000

Visite du site Natura 2000 FR2600988 :hêtraies montagnardes et tourbières du Haut-Morvan

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Dans les autres cas, il a été mis en place uncontrat Natura 2000 spécifique qui permetde prendre en charge le surcoût éventuel liéà une gestion en faveur des milieux et desespèces d’intérêt communautaire.Ce contrat est réservé aux habitats etespèces en mauvais état au niveau nationalce qui est assez rare en Bourgogne.

D’autres politiques peuvent tout à fait veniren appui : • celles des collectivités avec les EspacesNaturels Sensibles des Conseils Générauxde la Nièvre et de Saône - et - Loire .• les contrats Bourgogne nature du Conseilrégional de Bourgogne. • ou encore des systèmes d’écocertificationou les aides des agences de l’eau.

Bien entendu, il est également indispen-sable qu’une véritable cohérence des poli-tiques publiques soit mise en place autourdu réseau Natura 2000.

La charte Natura 2000 est un nouvel outilcontractuel qui est en train de se mettre enplace. Elle aurait l’avantage d’être plus faci-lement généralisable, en échange d’engage-ments plus limités et pourrait s’articuler avecune exonération d’impôts fonciers ou desgaranties de gestion durable des forêts.

Enfin, la communication et la sensibilisationsur Natura 2000 sont essentielles pour toucherles propriétaires volontaires.

3 – Une affaire d’État ?

L’implication des acteurs dans ce dispositifest aussi déterminante que les outils dont ondispose. Le fait que le dispositif Natura 2000ait été si peu partagé est à la source de la

plupart des blocages et incompréhensionsqui ont jalonné ce dossier. On est encoreloin d’une politique partagée qui reste pour-tant indispensable à sa réussite, notammentsi on veut rester sur un système basé sur lecontractuel. Pourtant, Natura 2000 n’est pas qu’une affaired’État, il s’agit avant tout de l’engagementde la France vis - à - vis de l’UnionEuropéenne et pas seulement de l’État et deses compétences. Il s’avère que si l’un des maillons estdéfaillant (propriétaires, usagers, scienti-fiques, structure animatrice, administra-tions...), le système ne fonctionnera pas.

On notera que la démarche participatived’élaboration de documents d’objectifs asso-cie les représentants des ces catégories. Uneffort doit être conduit aussi envers le grandpublic pour le sensibiliser à son patrimoinenaturel et pour que la préservation de cetenvironnement ne soit plus que l’affaire despécialistes.

ConclusionS’il n’est pas possible aujourd’hui de conclureà l’efficacité totale du dispositif, il est quandmême notable de constater qu’en dix ans,on est passé de moins de 2% du territoirenational protégé à presque 10 %. Petit àpetit, le système se construit. Il est loind’être complet ou opérationnel mais il nefaut pas oublier qu’il est jeune et que laFrance est très en avance sur cette question.

La Bourgogne est riche de son patrimoineculturel mais elle est riche aussi de sonpatrimoine naturel : il faut inciter le public àle découvrir ensemble et à le préserver.

Un rendez - vous est fixé aux états membrestous les 6 ans pour évaluer l’état de ce patri-moine à sauvegarder et la concrétisation deleurs engagements. La prochaine rencontreest fixée en 2006, il serait dommage que laFrance arrive devant ses partenaires sansavoir rempli ses engagements.

• Christophe POUPARDAdjoint à la Directrice de la Direction

Régionale de l’Environnement deBourgogne

• Laurent GERMAINResponsable de la cellule patrimoinenaturel à la Direction Régionale de

l’Environnement de Bourgogne

Conservatoire des Sites Naturels Bourguignons - Patrimoine Naturel de Bourgogne - n° 10 - 2006

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2 - Avec quels outils ?

Une fois le travail scientifique réalisé, il faut,pour chaque site, déterminer les mesuresadaptées en s’appuyant sur les outils et lesmoyens existants :

• Les cahiers d’habitats : ils définissent lesexigences de chaque habitat, par exempleen terme de présence d’espèces, de modesde gestion. Ils sont très utiles pour les rédac-teurs des documents d’objectifs.• Le document d’objectifs : il est élaborélocalement au sein d’un comité de pilotagequi rassemble les acteurs locaux, un opéra-teur technique et scientifique. Ce documentprévoit les objectifs à 6 ans et le degré depriorité des mesures. Il s’agit de la traductionconcrète du dispositif Natura 2000 en France.• Un opérateur technique et scientifiquecapable de mettre en place les mesures.• Une structure animatrice qui coordonnel’application des mesures sur le site.• Les contrats entre le préfet et le proprié-taire.Ces contrats n’ont pas engendré de nou-veaux outils, on s’est appuyé d’abord sur lesdispositifs existants : contrats d’agriculturedurable (CAD), aides aux investissementsforestiers. Ces deux aides étant déjà co -financées par l’Union Européenne, elles ontété adaptées pour répondre aux objectifs deconservation des sites Natura 2000, ellessont également affectées en priorité sur deszones Natura 2000.

DES OUTILS POUR LA PRISE EN COMPTEDE LA BIODIVERSITE FORESTIERE

Quelques exemples de mesures issuesdu document d’objectifs du site

«Milieux forestiers, pelouses et maraisdes massifs de Forêts de Moloy, la

Bonière et Lamargelle

• traitements irréguliers des versants enfaveur des chauves - souris• exploitation d’un peuplement de rési-neux en faveur d’un habitat associé• mise en place d’îlots de vieillissement(dans le cadre du programme life «Forêtset habitats associés de la Bourgognecalcaire»)

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En terme d’espaces naturels, la Nièvre estun département très diversifié avec degrandes entités que sont les Val de Loire etd’Allier à l’Ouest, les coteaux calcaires auNord et le Morvan à l’Est. C’est aussi undépartement très forestier avec 33,5 % desurface boisée, le Morvan en étant le sym-bole.

Taxe Départementale desEspaces Naturels Sensibles

La politique des espaces naturels sensiblesest une compétence facultative des ConseilsGénéraux. La Saône - et - Loire et la Nièvresont les seuls départements bourguignons àl'avoir mise en place. Elle a pour objectifsde concilier la préservation de sites naturelsremarquables et leur ouverture au public.Elle est alimentée par la Taxe Départementaledes Espaces Naturels Sensibles (TDENS),prélevée sur les permis de construire (avecun taux de 1% dans les deux départements).Le département de la Nièvre a connu deuxétapes principales dans la mise en place dela TDENS : • de 1994 à 2000, trois sites ont été identi-fiés comme pouvant bénéficier de cettetaxe : ce sont le Bec d’Allier, l’Etang de Vauxet le Mont Préneley.• la deuxième étape a consisté en la réali-sation d’un inventaire des sites potentiels,38 sites ont donc été identifiés avec unepriorité aux sites sur lesquels s’exprimaientune volonté locale forte.

Présentation du site

Au sein du Morvan, le site du Mont Préneleyet des sources de l'Yonne est un site excep-tionnel et emblématique. Deuxième sommetde Bourgogne, le Mont Préneley est aussil'un des trois derniers bastions de la hêtraiemontagnarde du Haut Morvan. Du point devue hydrologique, le Mont Préneley se trouvesur la ligne de partage des eaux : l'une deses pentes (à l’ouest et au sud) alimente le

bassin de la Loire, tandis qu’au Nord et àl’Est, il alimente le bassin de l’Yonne et doncde la Seine.Depuis des siècles, les hommes s’y sontintéressés, un sanctuaire gallo - romain ad’ailleurs été retrouvé aux abords dessources de l’Yonne. En 1992, un Arrêté Préfectoral de Protectionde Biotope a été signé protégeant ainsi lapartie tourbeuse ; en outre, le site a été classéau titre des paysages et plus récemment pro-posé pour intégrer le réseau Natura 2000.

Des modalités de gestion adaptées

Le Mont Préneley regroupe 14 habitats d’in-térêt communautaires dont 4 sont priori-taires. La butte est totalement forestière avecdes parties résineuses qui ne sont pas d’in-térêt communautaire et des hêtraies quireprésentent plus de 60% du mont.

Le secteur des sources de l’Yonne se com-pose de trois grandes zones : • des prairies humides sur la source.• un secteur de forêt tourbeuse avec uneaulnaie tourbeuse.• une tourbière active.

Le Conseil Général a réalisé l'acquisition duMont Préneley et des sources de l'Yonne endécembre 1999. Conformément aux orientations de sa poli-tique, les objectifs affichés sont la préserva-tion des milieux naturels du site et sonouverture au public. En outre, le Conseil Général souhaitait queson intervention ait lieu dans la transparenceet la concertation notamment pour la ges-tion forestière.

Cette volonté s'est traduite par la mise enplace d'un comité de pilotage conforté parl'appui technique du Parc naturel régionaldu Morvan. Au - delà des échanges d'infor-mations et de points de vue, le comité depilotage a aussi un rôle d'aide à la décisionpour le maître d'ouvrage.

Deux études ont été lancées en 2003 : • une pour la mise en place du plan de ges-tion.• une pour la mise en place du plan d’in-terprétation.

Les enjeux identifiés sur le massif forestieront été de deux ordres : • Le premier concerne les peuplements dehêtres qu'il convient de maintenir et lerééquilibrage de ces peuplements. En effet,la gestion ancienne en taillis - sous - futaie aprovoqué un déséquilibre entre les classesd'âge en faveur du bois moyen ce quientraîne une quasi - absence de régénérationnaturelle.

Conservatoire des Sites Naturels Bourguignons - Patrimoine Naturel de Bourgogne - n° 10 - 2006

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LE ROLE DES COLLECTIVITES

DES OUTILS POUR LA PRISE EN COMPTEDE LA BIODIVERSITE FORESTIERE

La tourbière des Lamberts au pied du MontPréneley

LA TAXE DEPARTEMENTALE SUR LES ESPACES NATURELSSENSIBLES ET LES ACTIONS SUR LE MONT PRENELEY

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fères, lors des éclaircies normales du peu-plement, en organisant un peuplement parbouquet de hêtres au sein des parcelles rési-neuses. • Enfin, dans le jeune peuplement d'épicéasjouxtant la ferme des Maurins, le comité depilotage s'est orienté vers un retour à laprairie initiale. Ce vœu est également exprimédans le cahier de recommandations du siteclassé. Il peut toutefois se heurter à la possi-bilité de trouver un exploitant intéressé parl'utilisation de ces prairies.

Les orientations étant établies, la gestionforestière sur la partie boisée a été confiéeà l'ONF, tandis que le Parc naturel régionaldu Morvan est gestionnaire de la tourbière.

Sensibilisation du public

En terme d’ouverture au public, on s’orientevers la mise en place d’un sentier de décou-verte en boucle qui permettra de découvrirles aspects naturels et patrimoniaux du site,des visites guidées seront aussi proposéesau public.Le comité de pilotage, transformé en comitéde suivi, va poursuivre son rôle (suivre lamise en œuvre du plan de gestion et duplan d’interprétation) en tant que lieud'échanges et de validation auprès duConseil Général de la Nièvre.

• Stéphane LEBRETONChef du service des espaces naturels

Conseil Général de la Nièvre

Conservatoire des Sites Naturels Bourguignons - Patrimoine Naturel de Bourgogne - n° 10 - 2006

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• Le second enjeu se situe sur les planta-tions résineuses d'âges différents qu'ilconvient de reconvertir en hêtraie tout enrespectant les modalités d'intervention pré-conisées dans le cahier de recommanda-tions du site classé.

Aidé par le comité de pilotage, le ConseilGénéral a pris les orientations suivantes :

• Le principe général est celui d'une gestiondurable de la forêt, assortie d'une améliora-tion de la biodiversité. • Le second principe : le rôle démonstratifde la gestion du site dans le cadre plusgénéral de la gestion forestière dans leMorvan a été affirmé. Plus précisément, ilest prévu d'orienter la gestion des peuple-ments de hêtres vers l'irrégularisation.Parallèlement, la régénération naturelle deshêtres sera privilégiée. Si l'échec de larégénération est avéré, la plantation seraenvisagée avec des hêtres morvandiaux.Une gestion de la nécromasse permanentesera établie, avec le marquage et la répartitionde bois morts ou sénescents sur le site.

Pour ce qui concerne les plantations de rési-neux, trois cas se présentent :

• Dans les vieilles sapinières, il a été convenuque la régénération du hêtre serait encouragéeau détriment des semis naturels de conifères.• Dans les perchis de 15 à 30 ans, on pro-cédera à une substitution par tiers des coni-

DES OUTILS POUR LA PRISE EN COMPTEDE LA BIODIVERSITE FORESTIERE

La hêtraie du Mont Préneley

L'orage de juillet 2001 a créé des trouées dansla hêtraie du Mont Préneley : une opportunitépour la biodiversité !

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Les contrats Bourgogne Nature

Les contrats Bourgogne Nature s’inscriventdans la politique nature et paysage duConseil régional de Bourgogne. La protec-tion, la mise en valeur et la gestion desespaces naturels remarquables de Bourgognepassent par la réglementation, mais aussipar des actions de restauration, d’entretienet d’ouverture maîtrisée au public.

Dans cette optique, la Région souhaiteencourager le développement de projetsrelatifs à des sites à haute valeur patrimo-niale susceptibles de participer au maintiende la biodiversité.

Le contrat « Bourgogne Nature » d’une duréede 3 à 5 ans, a pour objet essentiel de main-tenir la biodiversité en soutenant desdémarches locales de gestion conservatoireet de mise en valeur des milieux naturelsremarquables d’intérêt régional. Il doits’appuyer sur une réflexion globale d’amé-nagement et aboutir à un plan de gestionpluriannuel. C’est un programme qui se décompose entrois phases :

� Analyse du site et élaboration du plan degestion pour :• une meilleure connaissance des espècesfaune et flore• une meilleure connaissance du fonction-nement du site• une identification des menaces pesant surl’habitat naturel

• l’élaboration de techniques de gestion etde restauration adaptées au site

Cette démarche doit faire apparaître lesmodalités de restauration et d’entretien fai-sant appel à des techniques de gestionadaptées au site.

� Travaux de restaurationLes travaux de restauration doivent per-mettre aux espèces ou aux habitats visés parles mesures de protection, de retrouver desconditions optimales de maintien ou dedéveloppement pérenne.

� Mise en place des outils pour l’accueil dupublic• mise en œuvre d’équipements s’intégrantdans le site (sentiers d’interprétation…)• valorisation des équipements pour favori-ser le suivi et l’entretien• documents d’information avec la créationde plaquettes, dépliants...

Une procédure simple

Les contrats Bourgogne Nature ont pourvocation de maintenir la biodiversité, devaloriser les intérêts écologiques et touris-tiques du site et enfin de contribuer audéveloppement d’un tourisme vert enBourgogne. Ils sont, d’autre part, porteursde développement local et doivent s’intégrerdans une démarche de concertation.Les sites concernés par l’opération, sontobligatoirement recensés en tout ou partieau sein de l’inventaire ZNIEFF.Les bénéficiaires de l’aide (communes,groupements de communes, départements,associations et établissements publics à

caractère industriel et commercial) doiventjustifier de la maîtrise foncière du site ou deconventions avec le propriétaire l’autorisantà intervenir sur le site.

Un outil financier

Le soutien financier de la Région s’élèveainsi à 60 000 euros maximum par site, àrépartir sur les trois phases dans le cadred’un contrat de 5 ans maximum :

• jusqu’à 80 % pour les études et l’élabora-tion du plan de gestion, • jusqu’à 50 % pour les travaux de restau-ration • et jusqu’à 50% pour la sensibilisation dupublic et la réalisation de documents decommunication.

La préservation de la biodiversité forestièrede Bourgogne est fortement concernée parce dispositif. En effet, sur les 47 contrats engagés actuel-lement 26 sont concernés en partie ou tota-lement par des problématiques forestières.32% des contrats sont axés spécifiquementsur ce type de milieu.

Les milieux forestiers sont donc les mieuxreprésentés dans ce dispositif. Les 47 contrats sont répartis de manièrehomogène sur le territoire bourguignon.

Conservatoire des Sites Naturels Bourguignons - Patrimoine Naturel de Bourgogne - n° 10 - 2006

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DES OUTILS POUR LA PRISE EN COMPTEDE LA BIODIVERSITE FORESTIERE

Milieux forestiersPelouses calcairesMarais et tourbièresPrairies

Cours d'eauÉtangsLandes

Répartition des contrats Bourgogne Nature par type de milieux.

Bois tourbeux au Vallon de la Biche (89)

LES OUTILS MIS EN PLACEPAR LE CONSEIL REGIONAL

DE BOURGOGNE

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Ce site abrite un réseau important de mardelles qui sont des éléments très intéressants dupatrimoine forestier bourguignon. Les objectifs de ce projet de restauration étaient : • de privilégier la diversité des situations écologiques de l’ensemble des complexes par desactions de coupes ou d’enlèvement de bois morts.• de définir un protocole de suivi pour établir le degré de sensibilité de ce type de milieu.

De plus, des études hydrauliques ont été effectuées afin de mieux comprendre le fonction-nement du milieu et un plan d’interprétation a permis l’ouverture de ce site au public. Cetexemple est donc très intéressant car il regroupe un volet expertises mais aussi réhabilitation.Financièrement, le Conseil régional est intervenu à hauteur de 16230 euros pour l’ensembledu projet ce qui représente 50% du budget global.

Conservatoire des Sites Naturels Bourguignons - Patrimoine Naturel de Bourgogne - n° 10 - 2006

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C’est un site à dominante forestière avecdes plantations de pins noirs d’Autriche etune forêt de chênes pubescents associés àla présence de pelouses calcaires. De nom-breuses espèces végétales et animales(notamment entomofaune) rares ou à carac-tère patrimonial ont été recensées sur cesite. Cependant, il y avait sur ce secteur unedynamique forestière qui conduisait peu àpeu à une banalisation des milieux naturels.

Face à ce constat, un contrat BourgogneNature a été signé en juillet 2001, il a per-mis la réalisation d’études préalables auplan de gestion en 2002, des travaux derestauration et des actions de sensibilisationen 2003.

Les objectifs de préservation des habitatsconcernaient le maintien de certainespelouses en espaces ouverts, des opérationssylvicoles classiques avec des éclaircies per-mettant de retrouver un peuplement defeuillus et enfin la conservation d’un certainnombre de pins (peu rentables économique-ment) mais qui permettent de préserver lespossibilités d’accueil pour les insectes quileur sont inféodés.

Les actions concrètes sur le terrain ont doncconcerné : • le maintien de certaines zones ouvertes.• l’éclaircissement du peuplement de pinslors des coupes afin de favoriser la stabilitédes arbres et favoriser le développementd’espèces de lumière.• et la mise en valeur du site avec la diffu-sion d’une plaquette d’information sur le siteet la création d’un sentier de découverte.

• Marie THOMASChargée de mission «Nature, paysage

et éducation à l’environnement»Conseil régional de Bourgogne

DES OUTILS POUR LA PRISE EN COMPTEDE LA BIODIVERSITE FORESTIERE

Marais deGisy les Nobles

Bois de la Biche

Forêt domanialede Premery

Forêt communale de Premery

ChamontCôte Chalonnaise

Pelouses calcicolesdu Mâconnais

Côte de BeauneCôte de Beaune

Forêt de ravinde la source de l'Ignon

Massifs de Moloy,La Bonière et Lamargelle

Milieux forestiersdu Châtillonnais

Milieux forestiersdu Châtillonnais

Côte Chalonnaise

Hêtraie montagnardedu Haut Morvan

Bois des Ferriers

Landes et prairieshumides de Puisaye

Forêt communalede Coulanges la Vineuse

Yonne Cure

Côteaux de la Cureet de l'Yonne

0 20 km

É tang de Marvy

Côte Mâconnaise

Contrats Bourgogne Nature des sites forestiers à haute

valeur patrimoniale

DEUX EXEMPLESEN FORET DOMANIALES

Forêt communale deCoulanges la Vineuse

dans le département de l’Yonne

Forêts communale et domanialede Prémery

dans le département de la Nièvre

Aménagement d’un sentier sur la forêt de Premery.

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L'Association Bourguignonne de CertificationForestière (ABCF) est l'entité régionale PEFC(Programme de reconnaissance des certifi-cations forestières) chargée de la mise enœuvre en Bourgogne de la certification dela gestion forestière durable. L’ABCF regroupe tous les acteurs de la filièreforêt - bois régionale ainsi que les usagers dela forêt. Par ailleurs, tous les propriétairesforestiers bourguignons, publics ou privés,peuvent demander la certification de leurforêt.

Avec la destruction de la forêt tropicale, despréoccupations sur l'origine des bois sontapparues. Le concept de gestion durable estné en 1992 suite au sommet de la terre à Riode Janeiro au Brésil.

Pour garantir au consommateur que le boisqu'il achète est issu de forêts gérées dura-blement, des systèmes de certification ontété mis en place. Le premier système, FSC(Forest Stewardship Council), a été créé en1994 par des ONG environnementales.

Comme il est apparu difficilement appli-cable à la propriété forestière européennetrès morcelée, le système PEFC a été élaboréà l'initiative des forestiers de 6 pays euro-péens. Il est fondé sur les 6 principes degestion forestière durable établis lors desconférences internationales d'Helsinki(1993) et de Lisbonne (1998) :

• conservation et amélioration appropriéedes ressources forestières• maintien de la santé et de la vitalité desécosystèmes forestiers• maintien et encouragement des fonctionsde productions des forêts• maintien, conservation et améliorationappropriée de la diversité biologique dansles écosystèmes forestiers• maintien et amélioration appropriée desfonctions de protection par la gestion desforêts (particulièrement des sols et deseaux)• maintien des autres fonctions socio-éco-nomiques

PEFC est l’un des systèmes de certificationforestière, il en existe beaucoup d’autres(les plus importants sont SFI, FSC, CSA etATFS).

Il faut cependant noter que la filière bois estla seule qui soit certifiée développementdurable.Les différentes associations, au niveau natio-nal ou régional, chargées de mettre enœuvre la certification sont toutes consti-tuées de 3 collèges : • le collège des producteurs représentantles forestiers• le collège des transformateurs• le collège des consommateurs et utilisa-teurs du bois et de la forêt dont font partie,entre autres, des associations de protectionde la nature. Toutes les décisions font l'objet d'unconsensus entre ces 3 collèges.

Après le réalisation d'un état des lieux desforêts bourguignonnes, les membres del'ABCF ont participé à la rédaction de lapolitique de qualité de la gestion forestièredurable en Bourgogne. Cette politique estconstituée de 15 axes d'amélioration avecdes objectifs à 5 ans sur lesquels se sontengagés les membres de l'ABCF, notammentle CRPF (Centre Régional de la PropriétéForestière) et l'ONF (Office national desforêts).

De la même manière, un cahier des chargesdu propriétaire forestier bourguignon certi-fié en 15 engagements et une charte de qua-lité des travaux forestiers de Bourgogne ontété rédigés et permettent aux propriétairesforestiers privés et publics et aux entreprisesde travaux ou d'exploitation forestière des'engager dans la certification et donc dansune démarche de qualité.

En France, 3,4 millions d'hectares de forêtssont certifiés et plus de 500 entreprises.

En Bourgogne, plus de 750 propriétaires,représentant près de 30% de la superficieforestière bourguignonne, se sont engagésdans cette démarche de certification. Nousavons environ une trentaine d’entreprisescertifiées. Pour la Bourgogne la certificationest un atout car la filière bois représentebeaucoup d’emplois.

• Renaud ABORD DE CHATILLONPrésident de l’Association Bourguignonne

de la Certification Forestière

Conservatoire des Sites Naturels Bourguignons - Patrimoine Naturel de Bourgogne - n° 10 - 2006

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DES OUTILS POUR LA PRISE EN COMPTEDE LA BIODIVERSITE FORESTIERE

LES APPROCHES CONCERTEES

LA CERTIFICATION FORESTIERE

Forêts des collectivités

Forêts privées

Forêts domaniales

Au 31 décembre 2005

Panneaux

En France(Total : 3 450 814 ha)

44 entreprises certifiéesen Bourgogne

En Bourgogne(324 220 ha certifiés)

1136089

1522872

100704ha

791 853

91637ha131879ha

Une gestion forestière durable en Bourgogne

Forêts des collectivités

Forêts privées

Forêts domaniales

Au 31 décembre 2005

Panneaux

En France(Total : 3 450 814 ha)

44 entreprises certifiéesen Bourgogne

En Bourgogne(324 220 ha certifiés)

1136089

1522872

100704ha

791 853

91637ha131879ha

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du rôle social qu’elle joue ou encore desressources importantes qu’elle génère enterme de production de bois, d’emplois...

La charte forestière

La charte forestière du Morvan est un outilde concertation créé par la Loi d’OrientationForestière de juillet 2001. Elle s’applique surun territoire spécifique autour de probléma-tiques forestières et avec une logique parte-nariale qui doit aboutir à la réalisation d’ac-tions pluriannuelles.Il existe 45 chartes forestières de territoireen France qui concernent 1 million d’hec-tares de forêt. La charte forestière du Morvan possède uneoriginalité, c’est l’une des plus grandes enterme de surface.

Mise en place de la charte

C’est une démarche volontaire à l’initiativede la commission forêt du Parc naturelrégional du Morvan mais la réflexion s’estfaite conjointement avec les services de l’État,les organismes de la forêt et du bois, lesassociations environnementales et les usagers.

Deux axes stratégiques d’intervention ontété retenus afin de favoriser et pérenniserles pratiques de gestion durable sur le massifdu Morvan :- Garantir la satisfaction des demandesenvironnementales et sociales.- Renforcer la compétitivité de la filière deproduction, de récolte, de transformation et

de valorisation des produits forestiers.Il n’existe pas de priorité entre ces deuxaxes, ils sont étroitement liés et doivent êtremenés de front.

Elaboration et concertations

La phase d’élaboration de la charte forestière,initiée en novembre 2002, s’appuie sur desmoyens humains et financiers particuliersavec la réalisation d’un audit du patrimoineforestier du Morvan. Suite à ce diagnostic,basé sur une enquête auprès de 70 profes-sionnels de l’espace forestier et des mairesdes communes du Parc, quatre thèmes deréflexion ont ainsi été dégagés :

- La transformation et la valorisation desbois du Morvan.- Les pratiques sylvicoles favorables à l’en-vironnement.- La valorisation économique des feuillus.- La communication, la formation et la sen-sibilisation.

Des ateliers de travail organisés autour deces thèmes ont regroupé partenaires etintervenants de l’espace forestier duMorvan. La réflexion s’est déroulée entreavril et juin 2003. Pour chaque atelier, unéquilibre de la représentation des parte-naires (usagers, producteurs, élus, écolo-gistes, propriétaires...) a été recherché. Lesateliers étaient destinés à débattre des pro-blèmes, à les analyser pour aboutir à despropositions d’actions. Un rapporteur paratelier a été désigné pour assurer la trans-versalité des réflexions et une cohérencedans les thèmes des débats. Chaque proposition s’est traduite par desfiches - action, résultat d’un consensusrédactionnel de l’ensemble du groupe detravail.

Les ateliers ont permis de s’accorder sur lanécessité d’aboutir à un consensus pourl’avenir de la forêt morvandelle.

La rédaction du document de programma-tion de la charte forestière a été conduit parun consortium composé d’un expert fores-tier et d’un consultant en environnement.

Les deux axes retenus par la charte forestièredu Morvan sont intimement liés et indisso-ciables : il est, en effet, indispensable derépondre aux attentes environnementales etsociales, tout en assurant une valorisationde l’activité forestière. Le travail des ateliers a révélé une forte

Conservatoire des Sites Naturels Bourguignons - Patrimoine Naturel de Bourgogne - n° 10 - 2006

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Le Parc naturel régional du Morvan

Le Parc naturel régional du Morvan a étécréé en 1970 à cheval sur les 4 départe-ments de la Bourgogne. Il regroupe 106communes adhérentes, 8 villes portes et unecommune associée, celle d’Uchon. En surfacecela représente 290 000 ha dont environ48% de surface forestière.

La forêt morvandelle est multi - fonctionnelleau travers des paysages, de l’environnement(avec des milieux sensibles à préserver),

DES OUTILS POUR LA PRISE EN COMPTEDE LA BIODIVERSITE FORESTIERE

LA CHARTE FORESTIERE

Châtillonen - Bazois

Corbigny

Avallon

Liernais

Arnay - le - Duc

AutunMoulins Engilbert

Saint - Honoréles - Bains

75 à 100 %50 à 75 %25 à 50 %0 à 25 %

La mise en place d’un kit de franchissement permet une pratique sylvicole plus respectueuse descours d’eaux.

Taux de boisement du Morvan

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imbrication des thèmes et a nécessité uneformulation en quatre objectifs transversauxet complémentaires :

- Améliorer la connaissance du territoire etdes problématiques forestières.- Encourager les pratiques sylvicoles favo-rables à l’environnement et au paysage.- Développer les activités de récolte, detransformation et de valorisation des bois.- Informer, former, sensibiliser les acteurs etles usagers de la forêt morvandelle.

Signature et animation

La charte forestière de territoire a été signéele 9 janvier 2004 entre le syndicat mixte duParc naturel régional du Morvan qui est lemaître d’ouvrage et les représentants despropriétaires (ONF, COFOR 21, COFOR 58,Forêt privée). Son territoire d’application aété officiellement reconnu par l’arrêté pré-fectoral du 15 avril 2004. La charte estsignée pour une durée de 3 ans (2004 -

2006) et permet une programmation desactions sur chacune de ces années, avecune possibilité de reconduction.Le programme d’action décline 37 actionsen faveur de la forêt, réparties en 16 fiches -action. L’animation et la coordination sont assuréespar la structure opératrice, le Parc naturelrégional du Morvan, en collaboration trèsétroite avec les partenaires institutionnels,techniques, professionnels et associatifs etbien sûr avec la commission forêt du Parc.

En terme d’animation, il serait souhaitablede créer un centre de ressource de la forêtmorvandelle qui permettrait de pérenniserle dialogue et l’échange, d’animer et demettre en œuvre la charte mais aussi d’ob-server à long terme l’évolution de la forêt etles pratiques qui s’y déroulent.Une fois les financements acquis et lesconventions d’applications signées, lesactions programmées ont démarré selon uncalendrier défini par les porteurs de projets.

Financièrement, le budget global est d’envi-ron 300 000 euros par an sur 3 ans avec dif-férentes sources de financements (Conseilrégional, État, Conseils généraux, Agencede l’eau Seine -Normandie, Fondation deFrance, Leader +, autofinancements).

Les aspects liés à l'emploi et à la formationsont importants puisque la charte forestièreprévoit de favoriser la création et la diversi-fication d’emplois : en amont de la filièrepour les sylviculteurs et entrepreneurs detravaux forestiers, en aval pour les transfor-mateurs et utilisateurs du matériau bois.

Enfin, l'information, la formation et la sensi-bilisation constituent une priorité qui doitpermettre de valoriser la filière, et par voiede conséquence générer de l’activité sup-plémentaire dans les domaines de la com-munication, des loisirs et du tourisme.

• Anne Catherine LOISIERVice-Présidente du Parc naturel

régional du Morvanet Présidente de la commission forêt

• Olivier THIEBAUTResponsable du pôle gestion de l’espace

Parc naturel régional du Morvan

La charte est disponible en téléchargement sur lesite du parc : www.parcdumorvan.orgContact : Carole Zakin, animatrice de la charteforestière

Conservatoire des Sites Naturels Bourguignons - Patrimoine Naturel de Bourgogne - n° 10 - 2006

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DES OUTILS POUR LA PRISE EN COMPTEDE LA BIODIVERSITE FORESTIERE

Des objectifs et des exemples d’actions

• Améliorer la connaissance du territoireet des problématiques forestières.- constituer une base de données sur labibliographie existante et les parcellesexpérimentales en place- approfondir la connaissance avec unréférentiel sur la production et la qualitédes feuillus du morvan• Encourager les pratiques sylvicoles favo-rables à l’environnement et au paysage.- développer des itinéraires sylvicoles surla place des feuillus dans les résineux,l’irrégularisation de peuplements résineuxéquiennes, la mise en place d’îlots devieillissement, la régénération naturelle deDouglas, la valorisation forestière d’unefriche agricole...

- mettre en place des systèmes de fran-chissements, temporaires et permanentsde cours d’eau• Développer les activités de récolte, detransformation et de valorisation des bois.- soutenir les entreprises de travaux fores-tiers et de transformation- développer la production de plaquettesforestières issues de la forêt- valoriser le châtaignier et les hôtesméconnus de nos sous - bois• Informer, former, sensibiliser les acteurset les usagers de la forêt morvandelle.- sensibiliser les acteurs à la gestiondurable des forêts- création d’outils pédagogiques d’éduca-tion sur la forêt morvandelle

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La surface du Parc national de la forêt bava-roise est de 24 400 ha. 40 % de sa surfaceest accessible au public mais sous certainesconditions, notamment une interdiction for-melle de divaguer en dehors des sentiersaménagés. A ces sentiers s’ajoute aussi unréseau de 330 km de chemins de randonnéepédestre et 180 km de circuits pour les VTTet les cavaliers.

Composition du Parc

Les peuplements dominants sont leshêtraies - sapinières - pessières. Il existequelques arbres d’une hauteur supérieure à50 m et avec un diamètre de plus de 1,70 mqui montrent bien l’intérêt et la splendeurde ces forêts mixtes. La présence d’un climat plus froid, au -dessusde 1 100 m et dans les combes, a permisdans ces zones une colonisation par desépicéas naturels. Un réseau de petites per-turbations créent aussi la dynamique de laforêt avec des petits chablis.

L’attaque de scolyteset ses conséquences

La nature est également confrontée à desperturbations plus importantes comme lesdégâts dus à la neige, les attaques de scolytesou de grand gibier. En effet, le scolyte aattaqué environ 3 850 ha de forêt d’Épicéasce qui peut être considéré comme unecatastrophe car nos considérations sontessentiellement économiques.Pourtant, avec un peu de recul on peutobserver que suite à cette attaque, des vieuxarbres sont morts, des aiguilles et des petitsmorceaux de bois sont tombés par terre. Lespics ont écorcé les arbres à la recherche denourriture et à la base de l’arbre s’est entassé

de plus en plus de matièreorganique. Cette biomasses’est enrichie par desexcréments de scolytes.Les conditions clima-tiques ont donc per-mis d’une part uneprolifération des sco-lytes et d’autre partégalement une florai-son plus importante

et la production de graines d’Épicéas. Lanature évite ainsi que de tels événementssoient inutiles sur le plan écologique.

L’apport élevé d’éléments nutritifs et le fortpouvoir de fertilisation par les excrémentsdes scolytes entraînent une végétationabondante qui couvre le sol et qui nebloque pas la régénération naturelle. Ceciapporte de plus une litière rapidement assi-milable et très riche en protéines et qui vadonc contribuer à l’amélioration de l’humusdans la forêt.

En fonction de la station, des espèces rarescomme l’aconit se sont installées. Le mélangede bois morts comme espace de vie pour lesinsectes et les espèces floristiques favorisentune biodiversité très élevée. Rapidement, l’Épicéa regagne son territoirepar régénération naturelle en profitantd’une meilleure disposition de l’eau, de lachaleur et de l’apport d’humus au pied desvieux arbres.

Une nouvelle forêt

La nouvelle forêt qui se développe alors nes’organise pas de manière homogène, onobserve des structures beaucoup plus irré-gulières avec une régénération par parquetet une plus grande diversité d’espèces.

Dans la forêt, le scolyte est un élément vitalpour la conservation de l’Épicéa. Il apportepar la mort des Épicéas suffisamment de

Conservatoire des Sites Naturels Bourguignons - Patrimoine Naturel de Bourgogne - n° 10 - 2006

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Le Parc national de Bavière

Le Parc national de la forêt bavaroise estlocalisé à l’extrémité Est de la Bavière et àproximité immédiate de la frontière de larépublique Tchèque. Il se situe en zone demoyenne montagne avec une altitudevariant entre 650 et 1 450 m.

Il constitue avec le Parc national Sumava laplus grande zone protégée au cœur del’Europe soit environ 90 000 ha.Le territoire du parc est inséré dans leréseau Natura 2 000 au titre de la directive«Habitats » et de la directive «Oiseaux ».

DES OUTILS POUR LA PRISE EN COMPTEDE LA BIODIVERSITE FORESTIERE

UN EXEMPLE EUROPEEN :LA GESTION EXEMPLAIRE D’UNE FORET

AllemagneLuxembourg

Suisse

Italie

NationalparkBayerischer Wald

SlovenieCroatie

Autriche

Républiquetchèque

Pologne

Slovaquie

Hongrie

France

Belgique

Pays bas

Zone centralesans interventionshumaines avec l'objectifde laisser évoluer la naturelibrement République Tchèque

Allemagne

Zone d'interventionpermanente pourla protection des forêtsenvironnantes

Zone de récréationintense avec centred'information et parcd'animaux

Zone de développement

Frontière

Seules quelques zones sont ouvertes au public.Des animations y sont proposées.

Le zonage du Parc national de Bavière est trèsdifférent de ce que l’on connaît en France

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lumière, de chaleur et de l’humus pour queles espèces héliophiles comme l’épicéapuissent supporter la concurrence d’espècessciaphiles comme le hêtre ou le sapin. Là oùle houppier est trop développé les espècessciaphiles dominent.

Le développement de la régénération estrépertorié par des inventaires tous les deuxans, sur des placettes permanentes faisant200 x 200 m et chaque point de relevéreprésente une surface de 500 m2.

La forêt ne doit pas être résumée à desconsidérations économiques car son déve-loppement naturel amène non seulementune diversité nouvelle mais lui redonne aussiune hétérogénéité sur le plan des couleurs,des formes. Par exemple, les formes de cassure desarbres sont très différentes d’un arbre àl’autre et montrent une variété aussi impor-tante que les empreintes digitales. Les espèces floristiques, les oiseaux et leschampignons profitent très largement decette nouvelle naturalité.

Communiquer - Sensibiliserau plus grand nombre

Un des grands objectifs du Parc national estde transmettre cette naturalité et cetterichesse patrimoniale aux visiteurs. Lepublic ciblé est prioritairement les enfants etles scolaires.

Le projet « Arche de verre » construit encommun avec le Parc national Sumavareprésente, avec cette image de verre, la fra-gilité de la forêt et permet aussi d’expliquerles objectifs et les missions des Parcs natio-naux.

Des gîtes très particuliers (dans les arbres,couverts d’un tapis de pelouses, sur descaillebotis) ont été créés pour accueillir desscolaires mais aussi des familles.

Une des attractions du Parc est la visite dela maison de la lumière qui symbolise l’ap-port de l’énergie solaire pour le développe-ment de la forêt. Les différentes vitres etcoloration montrent bien aussi la diversitéde couleurs et de forme de la forêt.

Le Parc national construit actuellement undeuxième centre d’information, « la maisonde la diversité », qui explique dans uncontexte plus global et mondial le rôle duParc national dans la préservation de lanaturalité de ces forêts.

Deux millions de personnes visitent chaqueannée le parc, il est donc nécessaire de maî-triser la fréquentation et d’apporter uneinformation ciblée et spécifique au traverspar exemple de panneaux d’informations.Ces outils de communication visent à unemeilleure connaissance de ce patrimoinenaturel pour assurer une sensibilisation desvisiteurs.

• M. SINNERDirecteur du Parc National de Bavière

Traduction de Nathalie Lamande - DIREN Bourgogne

www.nationalpark-bayerischer-wald.de

Conservatoire des Sites Naturels Bourguignons - Patrimoine Naturel de Bourgogne - n° 10 - 2006

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DES OUTILS POUR LA PRISE EN COMPTEDE LA BIODIVERSITE FORESTIERE

Le scolyte a attaqué environ 3850 ha de forêt d’Épicéa. La mort de vieux arbres a contribué enpartie à l’enrichissement des matières organiques du sol. L’Épicea profite de ces conditions pourregagner rapidement son territoire.

Le Parc offre des possibilités d’hébergementdans des gîtes très particuliers.

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ES travaux de cette journée ont été d’une grande qualité scientifique et technique. Je remercie les organisateursde donner, en conclusion, la parole à un élu qui est confronté régulièrement aux concerts d’exigences diversesqu’engendre la forêt. En effet, les conflits au sujet des forêts ne datent pas d’hier, les problèmes de pâture dans

les forêts, le problème du ramassage du bois de chauffage, le problème des chasses seigneuriales... remplissent desmètres linéaires d’archives... Je voudrais justement aujourd’hui mettre en lumière un certain nombre d’orientations qui sont celles de la Région ouqui me sont tout à fait personnelles et que je revendique en insistant sur le fait qu’il faut toujours concilier au mieuxdans nos forêts les aspects économiques, sociaux et environnementaux.

D’un point de vue économique, conforter la filière bois est quelque chose qui tient particulièrement à cœur au Conseilrégional car cette filière représente dans la région environ 20 000 emplois. Je citerai cependant deux points sur les-quels nous avons encore à progresser : • le développement du bois énergie : même si le plan bois soutenu par le Conseil régional fonctionne bien, notrerégion n’a vu s’installer que quelques centaines de chaufferies. Le Conseil régional a lancé en 2005 un nouveau pro-gramme de développement des énergies renouvelables qui fait la part belle au bois.• le deuxième aspect qui me frappe c’est la faible utilisation des structures bois dans les bâtiments. Seul le manqued’information peut expliquer ce comportement car ces structures sont techniquement compatibles avec tout un systèmede haute qualité environnementale que ce soit par exemple en terme d’isolation. Le Conseil régional a mis en placeune commission « haute qualité environnementale » afin de travailler au développement de ces techniques.

Le deuxième point que j’aborderai concerne la préservation de l’environnement. La gestion des forêts doit contribueraussi à la protection de la ressource en eau, à la protection des sols qui sont des objectifs d’intérêt général. Il existeun document très synthétique sur l’état de l’environnement en Bourgogne et qui évoque l’accélération de l’acidifica-tion des sols sensibles par modification du couvert végétal en citant bien entendu l’enrésinement. Il est clair que l’en-résinement ne doit plus aujourd’hui progresser. La gestion écologique des forêts n’a pas qu’un intérêt pour l’environ-nement, elle est aussi devenu un argument de vente, une exigence de la distribution et cela à l’échelle mondiale. Le Conseil régional agira donc dans la concertation pour améliorer ces interventions dans le sens du développementdurable. Le contrat de plan 2000 / 2006 prévoit que le financement de repeuplements se fasse sur des essences variéesainsi que sur des futaies irrégulières.

Le troisième élément est le lien entre la forêt et la qualité de la vie. Nous sommes tous attachés à nos forêts bourgui-gnonnes mais cette contribution des milieux forestiers à la qualité de la vie se double d’une intervention économiqueévidente : le tourisme qui est très important notamment en terme d’emploi pour la région. La Bourgogne se doit d’êtreattractive, nos belles forêts et nos paysages préservés y contribuent. Il faut permettre un maximum d’usages libres et non polluants de la forêt, il faut être aussi tolérants sur les demandeset rechercher la concertation et le compromis. Cependant, je trouve que toutes les activités n’ont pas le même impact,il y a des usages qui ne gênent personne et d’autres qui privent de liberté tous les autres. Il faudrait éviter le déve-loppement de ces grandes chasses avec ses avis menaçants placardés sur les chemins « attention tir à balles » ou éviterle vrombissement des sports mécaniques au sein des massifs forestiers.

Enfin, le dernier point que je souhaite évoquer est la protection de la biodiversité. On part d’un dispositif de protec-tion qui est à mon avis insuffisant en Bourgogne, Natura 2000 est dimensionné de façon assez faible, le pourcentagede surface préservée n’est pas assez significatif et le dispositif de réserves est sans doute insuffisant.

Je voudrais ici saluer le rôle des associations de défense de l’environnement qui nous alertent régulièrement sur la fra-gilité des milieux naturels et en particulier forestiers. Parmi ces associations, le Conservatoire des Sites NaturelsBourguignons joue un rôle capital pour la préservation et la gestion de nos sites les plus précieux et il peut être assuréde notre soutien et de notre appui.

Il nous faut retrouver le respect absolu de nos ressources naturelles essentielles (terre, forêt, rivière...) que nos loin-tains ancêtres sacralisaient car ils avaient bien conscience d’en dépendre fortement. Or je pense qu’aujourd’hui nousen dépendons tout aussi fortement malgré notre degré de civilisation.

Conclusion de Monsieur Alain CORDIERVice-Président de la Commission Environnement, Développement durable et énergie

Agriculture et Forêt au Conseil Régional de Bourgogne

L

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Patrimoine Naturel de Bourgogne n° 4LE BOCAGE

EN BOURGOGNE

Patrimoine Naturel de Bourgogne n° 5LES TOURBIÈRESEN BOURGOGNE

Patrimoine Naturel de Bourgogne n° 1LES MILIEUX NATURELS

DE BOURGOGNE

Patrimoine Naturel de Bourgogne n° 2LA LOIRE ET L’ALLIER EN BOURGOGNE

Patrimoine Naturel de Bourgogne n° 3LES PELOUSES CALCAIRES

EN BOURGOGNE

Patrimoine Naturel de Bourgogne n° 6LES PLANS D’EAUEN BOURGOGNE

Patrimoine Naturel de Bourgogne n° 7GUIDE DES ESPECES PROTEGEES

EN BOURGOGNE

Document réalisé par :

Patrimoine Naturel de Bourgogne n° 8L’ACCUEIL DU PUBLIC

DANS LES SITES REMARQUABLESDE BOURGOGNE

Avec le soutien de :

Patrimoine Naturel de Bourgogne n° 9LES PRAIRIES NATURELLES

DE BOURGOGNE