la vie des français aux xvii et xviii siècles · 2012. 11. 22. · les xvii eet xviii siècles...

22
La vie des Français aux XVII e et XVIII e siècles Hélène BERLAN 47

Upload: others

Post on 25-Feb-2021

6 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

Page 1: La vie des Français aux XVII et XVIII siècles · 2012. 11. 22. · Les XVII eet XVIII siècles représentent une période où l'intolérance religieuse, les épidémies, les guerres,

La vie des Françaisaux XVIIe et XVIIIe sièclesHélène BERLAN

47

PRIX : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .15 €ISSN : . . . . . . . . . . . .1630-0408ISBN : 978-2-86626-316-4RÉF : . . . . . . . . . . . .340QA057

La vie des Français aux XVIIe et XVIIIe siècles

Les XVIIe et XVIIIe siècles représentent une période où l'intolérance religieuse, les épidémies, les guerres, les disettes,le poids écrasant des impôts… participent au quotidien desFrançais. Pourtant, à la même époque, l'internationalisation des échanges, le développement urbain, les progrès de l'hygièneet de la médecine, l'émergence de la notion de droits del'Homme poussent la France vers une ère nouvelle. Durant ces deux siècles, entre fin de la monarchie et ouverture à lamodernité, la vie des Français sera durablement transformée.

En répondant à 99 questions, cet ouvrage s'attache à proposerune analyse vivante de l'Ancien Régime, illustrée par de nombreux documents complémentaires. Dans la lignée de l'École des Annales, il apporte un éclairage passionnant sur cette période qui, par ses contradictions et ses conflits, contientles germes de notre société contemporaine.

Hélène BERLAN, maître de conférence d’Histoire,Université Paul Valéry, Montpellier.

La

vie

des

Fran

çais

aux

XV

IIeet

XV

IIIe

sièc

les

47

99 Q France 17_18 couv.qxd 24/04/2008 16:45 Page 1

Page 2: La vie des Français aux XVII et XVIII siècles · 2012. 11. 22. · Les XVII eet XVIII siècles représentent une période où l'intolérance religieuse, les épidémies, les guerres,

© 2008 CRDP académie de MontpellierCentre régional de documentation pédagogiqueAllée de la Citadelle — 34064 MONTPELLIER CEDEX 2Tous droits de reproduction et d’adaptation réservés pour tous pays.

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant, aux termes de son article L. 122-5, d’une partque « les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinéesà une utilisation collective » et, d’autre part, que « les analyses et les courtes citations justifiées parle caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information de l’œuvre à laquelleelles sont incorporées », « toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite sans leconsentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (article L. 122-4).Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, sans autorisation de l’éditeurou du Centre français de l’exploitation du droit de copie, constituerait donc une contrefaçon, c’est-à-dire un délit: « La contrefaçon en France d’ouvrages publiés en France ou à l’étranger est punie de deuxans d’emprisonnement et de 150000 € d’amende. » (articles L. 335-2 et L. 335-3).

Centre pilote de la collectionCRDP académie de Montpellier

Directeur de collectionClaude Llena

99QFr1718_debut.qxd 24/04/2008 16:49 Page 2

© CRDP académie de Montpellier

Page 3: La vie des Français aux XVII et XVIII siècles · 2012. 11. 22. · Les XVII eet XVIII siècles représentent une période où l'intolérance religieuse, les épidémies, les guerres,

La vie des Français aux XVIIe et XVIIIe sièclesHélène BERLAN

99QFr1718_debut.qxd 24/04/2008 16:49 Page 3

© CRDP académie de Montpellier

Page 4: La vie des Français aux XVII et XVIII siècles · 2012. 11. 22. · Les XVII eet XVIII siècles représentent une période où l'intolérance religieuse, les épidémies, les guerres,

1

2

3

4

5

6

7

8

9

10

11

12

13

14

15

16

17

18

19

20

21

22

23

24

La vie, la mortComment connaît-on la démographie de l’Ancien Régime ?Quels sont les fléaux auxquels sont confrontés les Français ?Peut-on parler de crises démographiques au XVIIIe siècle ?Qu’est-ce qu’une crise de subsistance ?Comment la population française évolue-t-elle au XVIIIe siècle ?Pourquoi la peste est-elle un fléau ?Qu’est-ce que la petite vérole ?Qui soigne la population sous l’Ancien Régime ?Comment fonctionnent les hôpitaux ?Qu’est-ce que la Société Royale de Médecine ?Pourquoi, sous l’Ancien Régime, les enfants mouraient-ils en si grand nombre ?Comment se caractérise la famille dans la France des XVIIe et XVIIIe siècles ?

Les hommes et leur cadre de vie Quelle est la situation de la paysannerie sous l’Ancien Régime ?Quelles sont les caractéristiques de la bourgeoisie aux XVIIe et XVIIIe siècles ?Que signifie être «noble» dans la France de l’Ancien Régime ?Quelle est la nature de la mobilité des Français ?À la campagne, comment les Français sont-ils logés ?En ville, comment les Français sont-ils logés ?Quelles sont les principales caractéristiques des villes ?Comment se présente le paysage urbain au XVIIe siècle ?Comment se présente le paysage urbain au XVIIIe siècle ?Quelle est la réalité quotidienne d’une capitale provinciale comme Bordeauxau XVIIIe siècle ?Comment se présente la capitale au Siècle des Lumières ?Comment sont organisés les artisans sous l’Ancien Régime ?

Sommaire

99QFr1718_debut.qxd 24/04/2008 16:49 Page 4

© CRDP académie de Montpellier

Page 5: La vie des Français aux XVII et XVIII siècles · 2012. 11. 22. · Les XVII eet XVIII siècles représentent une période où l'intolérance religieuse, les épidémies, les guerres,

Qu’est-ce qu’une municipalité et comment fonctionne-t-elle ?Quels sont les problèmes rencontrés par les Français dans les villes ?Qu’est-ce que le «grand renfermement des pauvres» ?Qu’est-ce qu’une entrée royale ?Quelle est la symbolique du château de Versailles au temps du Grand Roi ?

Les grands secteurs d’activités dominantsQuelles sont les productions agricoles dans la France des XVIIe et XVIIIe siècles ?Que sont les compagnies de commerce et comment fonctionnent-elles au XVIIe siècle ?Qu’est-ce-que le mercantilisme et le colbertisme ?Qu’est-ce qu’une manufacture au XVIIe siècle ?Quels sont les secteurs d’activité de l’économie française au XVIIIe siècle ?Qu’est-ce qui favorise les échanges en France au XVIIIe siècle ?Qu’est-ce que le système de Law?Qui sont les physiocrates ?Quelles sont les caractéristiques du commerce colonial dans la France du XVIIIe siècle ?Comment fonctionne une plantation à Saint-Domingue au XVIIIe siècle ?Comment sont traités les esclaves au XVIIIe siècle ?Qu’apporte le XVIIIe siècle au port de Bordeaux ?Peut-on parler d’une agriculture moderne en France à la veille de la Révolution ?Quelle est la place de la France dans le monde à la veille de la Révolution ?

Croyances religieuses et organisationPourquoi le XVIIe siècle est-il appelé le «siècle des saints» ?Quelles sont les nouvelles missions de l’évêque dans la Réforme catholique du XVIIe siècle?Où forme-t-on les hommes de Dieu sous l’Ancien Régime ?Comment le renouveau catholique se manifeste-t-il en France au XVIIe siècle ?Quelle est l’originalité des missions de Michel Le Nobletz en Bretagne ?Quelles sont les formes de la piété et de la dévotion catholique ?Quelle est l’activité missionnaire en France sous l’Ancien Régime ?Quelle est la vie quotidienne des curés de campagne au XVIIIe siècle ?Quel document permet de mesurer l’engagement religieux des Français ?Qui est Vincent de Paul ?Au XVIIIe siècle en France peut-on parler d’un catholicisme triomphant ?

25

26

27

28

29

30

31

32

33

34

35

36

37

38

39

40

41

42

43

44

45

46

47

48

49

50

51

52

53

54

La vie des Français aux XVIIe et XVIIIe siècles

99QFr1718_debut.qxd 24/04/2008 16:49 Page 5

© CRDP académie de Montpellier

Page 6: La vie des Français aux XVII et XVIII siècles · 2012. 11. 22. · Les XVII eet XVIII siècles représentent une période où l'intolérance religieuse, les épidémies, les guerres,

En France au XVIIIe siècle peut-on parler de déchristianisation ?Comment une communauté protestante est-elle organisée ?Qu’est ce que la révocation de l’Édit de Nantes ?Qu’est-ce que le Refuge ?Comment les réfugiés protestants sont-ils accueillis en Brandebourg en 1685 ?Qu’est-ce que le Désert ?Quel rôle l’intendant a-t-il joué au moment des troubles religieux en Languedoc ?

Le roi, ses représentants et la contestationQui applique les ordres du roi en province ?Qu’est-ce qu’un parlement sous l’Ancien Régime ?Qu’est-ce qu’un intendant en France sous l’Ancien Régime ?Quelles sont les fonctions des états provinciaux ?Quel est le pouvoir financier du roi sous l’Ancien Régime ?Quels sont les impôts payés par les Français ?Quelles sont les révoltes du monde rural aux XVIIe et XVIIIe siècles ?Qu’est-ce que la Fronde ?Pourquoi et comment la noblesse d’épée s’est-elle opposée à son souverainau XVIIe siècle ?Comment s’organise la vie de cour sous le Roi Soleil ?Comment le château de Versailles est-il devenu le temple du «Roi de Guerre» ?Quels sont les freins à la monarchie absolue ?En quoi le système de gouvernement mis en place par Philippe d’Orléans est-il original?Quelles sont les caractéristiques de l’opposition parlementaire du milieu du XVIIIe siècleà la veille de la Révolution ?Comment les Français ont-ils eu «la parole» en 1789 ?Quel est l’état de la France en 1789 ?

Éducation, culture et sociabilitésEn quoi consiste l’enseignement élémentaire en France aux XVIIe et XVIIIe siècles ?Qu’est-ce qu’un collège dans la France des XVIIe et XVIIIe siècles ?Quel type de pédagogie applique-t-on en France aux XVIIe et XVIIIe siècles ?Comment les Oratoriens ont-ils rénové l’enseignement secondaire ?Quelle éducation pour les filles sous l’Ancien Régime ?

55

56

57

58

59

60

61

62

63

64

65

66

67

68

69

70

71

72

73

74

75

76

77

78

79

80

81

82

99QFr1718_debut.qxd 24/04/2008 16:49 Page 6

© CRDP académie de Montpellier

Page 7: La vie des Français aux XVII et XVIII siècles · 2012. 11. 22. · Les XVII eet XVIII siècles représentent une période où l'intolérance religieuse, les épidémies, les guerres,

La vie des Français aux XVIIe et XVIIIe siècles

Quelle éducation est dispensée pour le prince et la noblesse aux XVIIe et XVIIIe siècles ?Quel enseignement supérieur dispense-t-on en France aux XVIIe et XVIIIe siècles ?Qu’est ce que la vie étudiante sous l’Ancien Régime ? L’exemple des étudiants en médecine de Montpellier.Qu’est-ce que le métier de colporteur dans la France d’Ancien Régime ?Qu’est-ce que la Bibliothèque bleue ?Qui sont les lecteurs et que lit-on dans les villes aux XVIIe et XVIIIe siècles ?Qu’est-ce qui caractérise le style Régence ?Qui fait la mode en France et quelles en sont les principales tendances ?Quels vêtements les Français portent-ils sous l’Ancien Régime ?Quels sont les principaux lieux de sociabilité savante en France aux XVIIe et XVIIIe siècles ?Qu'est-ce qu'un cabinet de curiosités ?Quelles sont les caractéristiques de la sociabilité villageoise aux XVIIe et XVIIIe siècles ?Que sont le carnaval et le charivari ?Quelles sont les fêtes du peuple français sous l'Ancien Régime ?Qu'est-ce qu'un pénitent ?Qu'est-ce qu'un franc-maçon ?Que représente l'Encyclopédie en France au XVIIIe siècle ?

83

84

85

86

87

88

89

90

91

92

93

94

95

96

97

98

99

Glossaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . page 206

99QFr1718_debut.qxd 24/04/2008 16:49 Page 7

© CRDP académie de Montpellier

Page 8: La vie des Français aux XVII et XVIII siècles · 2012. 11. 22. · Les XVII eet XVIII siècles représentent une période où l'intolérance religieuse, les épidémies, les guerres,

Comment connaît-on la démographie de l’Ancien Régime?

La démographie des XVIIe et XVIIIe siècles est connue grâce à une source :les registres paroissiaux. Ces documents, disponibles en plus grandnombre depuis le XVIe siècle, sont des registres ou des cahiers sur lesquelsle prêtre consigne les différents actes : baptêmes, mariages et sépultures ;ils sont considérés comme les actes d’état civil de l’Ancien Régime.

Sur les registres seront mentionnés lesbaptêmes, les mariages et les sépulturessans que l’on puisse laisser un seul blanc.À la fin de chaque acte devront figurerles signatures du père, des parrains etmarraines pour les baptisés, ou des épouxet de leurs témoins pour les nouveauxmariés, ainsi que celle du prêtre. Lesregistres devront être tenus en doubleexemplaire, le registre qui contient lessignatures restant dans le cadre de laparoisse et le double étant déposé augreffe, comme précédemment. Ce n’estqu’en avril 1736 qu’une déclaration estexclusivement consacrée aux registresparoissiaux. Sur chaque registre, sur celuiqui reste à la cure comme sur celui quiest transmis au greffe, devront figurer lessignatures. Dix ans plus tard, des registresséparés seront obligatoires. En 1714, leparlement de Paris stipule que doiventêtre mentionnés les âges des enfantsdécédés. Cette nouvelle dispositionpermet notamment aux historiens demieux appréhender la mortalité infantile.

On peut dire que les registres parois-siaux sont assez bien tenus dès le milieudu XVIIe siècle et qu’ils sont des outils trèsfiables dès le XVIIIe siècle. Mais les1

Pour en savoir plus…C’est l’ordonnance de Villers-Cotterêts*,

en août 1539, qui officialise la tenue desregistres paroissiaux catholiques. Le prêtreest obligé de mentionner les baptêmes etles sépultures des seules personnes ayantété pourvues de bénéfices. Néanmoinsl’enregistrement des sépultures avait déjàété fait, sans que celui-ci ait eu un carac-tère d’obligation dans certains diocèsesavant d’être généralisé en 1579.Malheureusement, même si la volontépolitique existe à partir de 1539, lesregistres ne sont pas tenus de manièreirréprochable et ne peuvent pas fournirune documentation complète pour leshistoriens. En mai 1579, une nouvelleordonnance, celle de Blois, complètecelle de Villers-Cotterêts ; elle stipuleque soient également mentionnés lesmariages sur les registres que les curés, enfin d’année, sont tenus d’apporter augreffe du bailliage ou de la sénéchaussée.Là encore, la nouvelle disposition n’estpas appliquée de manière systématique,comme en témoignent les nombreuxrappels émanant soit des autorités ecclésia-stiques, soit des autorités monarchiques.En avril 1667, une nouvelle ordonnanceprécise de nouvelles recommandations.

99QFr1718.qxd 24/04/2008 16:51 Page 2

© CRDP académie de Montpellier

Page 9: La vie des Français aux XVII et XVIII siècles · 2012. 11. 22. · Les XVII eet XVIII siècles représentent une période où l'intolérance religieuse, les épidémies, les guerres,

381catholiques ne constituent pas la tota-

lité de la population française. C’est laraison pour laquelle lorsque l’on souhaitefaire des recherches exhaustives ou plusspécifiques, on pourra se reporter auxregistres protestants par exemple ; ceux-ci sont tenus officiellement depuis lesynode national de 1559 (enregistrementdes mariages et des baptêmes) et de 1584pour les sépultures. Il est plus difficile de faire des recherches démographiquesaprès la révocation de l’Édit de Nantes en1685, en théorie, les « Nouveaux Conver-tis » sont tenus d’être mentionnés sur lesregistres catholiques, dans la pratique, lesinhumations étaient souvent clandes-tines.

Les historiens ont pris conscience decette richesse documentaire dès le débutdes années 1950 et ont entrepris, aprèsles premières remarques enthousiastesde Pierre Goubert, de s’intéresser à cettesource. L’exploitation en est maintenantbien connue notamment dans le cadre demonographies rurales ou urbaines. Cestravaux, lancés dans les années soixante,ont fait une large place aux études démographiques, par exemple les thèsesde Jean-Claude Perrot pour Caen ou deMaurice Garden pour Lyon. Désormais,la démographie française est bien connueet on dispose notamment de la vastesynthèse de Jacques Dupâquier.

Le travail consiste à opérer des relevésdans les registres, à tracer des courbes enmettant par exemple en relation la courbedes baptêmes avec celle des sépulturespour aboutir à des graphiques. On peutalors déterminer ce que l’on appelle des« clochers de mortalité » (François

Lebrun), c’est-à-dire, le moment où lacourbe des sépultures va dépasser demanière importante celle des baptêmes.Pour les sépultures, l’âge des décédésétant mentionné, surtout au XVIIIe siècle,il est alors possible de préciser quelstypes de population ont pu être touchés :adultes, enfants ou vieillards. Ces courbesdémographiques sont des indicateurs,mais les historiens doivent mettre enrelation les registres paroissiaux avecd’autres types de sources, archivesconsulaires, archives notariales, mercu-riales, archives médicales pour déter-miner quelles ont pu être les causes deces brusques poussées de mortalité.

Une autre source est utilisée pourdéterminer la démographie sous l’AncienRégime, il s’agit des dénombrements,mais ils ne sont que partiels et ponctuels.Ainsi vers 1630, des commissaires sontchargés de mentionner le nombre defeux par paroisses. S’il existe des recense-ments fiables pour les colonies auXVIIe siècle, il faut attendre l’impulsionde Vauban en 1686 (Méthode générale etfacile pour faire le dénombrement despeuples) ; ainsi, en 1688, la Franche-Comté est dénombrée selon cette méth-ode. Mais ce n’est qu’au cours de la péri-ode révolutionnaire que de véritablesoutils « statistiques » sont mis au point.

Pour aller plus loin…# DUPÂQUIER (Jacques), Histoire de la popula-

tion française, Paris, coll. « Quadrige »,PUF, 1988-1989, 4 vol.

# FLEURY (Michel), HENRY (Louis), Nouveaumanuel de dépouillement et d’exploitationde l’état civil ancien, 3e éd., Paris, INED,1985.

La

vie,

la

mor

t

La vie des Français aux XVIIe et XVIIIe siècles

99QFr1718.qxd 24/04/2008 16:51 Page 3

© CRDP académie de Montpellier

Page 10: La vie des Français aux XVII et XVIII siècles · 2012. 11. 22. · Les XVII eet XVIII siècles représentent une période où l'intolérance religieuse, les épidémies, les guerres,

27

Qu’est-ce que le « grand renfermement des pauvres » ?

Au XVIIe siècle, l’image du pauvre évolue dans la société.Celui-ci n’est plus considéré comme le corps souffrant de Jésus-Christ, mais comme un danger social ; à ce titre, il doit être écarté. Les indigents valides seront donc enfermés dans des structures appelées Hôpitaux Généraux pour y travailler tout en recevant une instruction religieuse. Cette politique, mise en place dès le début du XVIIe siècle dans quelques villes de province, échoue à la fin du siècle.

la multiplication des exercices de piété etde favoriser le travail soit à l’intérieur debâtiments soit à l’extérieur. En 1622, s’ou-vre à Lyon l’hôpital Notre Dame de laCharité. À la suite de Lyon, un certainnombre de villes de province créent desstructures identiques avant que la capi-tale n’inaugure en 1656 l’Hôpital Général.Cette création tardive est cependant trèsimportante, elle regroupe plusieurs éta-blissements (La Pitié, La Salpétrière,Bicêtre, Le Refuge, Scipion, ou la Maisonde la Savonnerie pour ne citer que les prin-cipaux) lesquels sont gérés par 26 direc-teurs. Dans cet Hôpital Général, lespauvres valides des deux sexes sontemployés à des ouvrages de manufacture.À partir de 1662, les Hôpitaux Générauxqui se créent en province vont imiter lemodèle parisien.

Comment peut-on expliquer cettemodification de la perception du pauvredans la société française au début duXVIIe siècle ? Un premier élément d’ex-plication est à rechercher dans les efforts

Pour en savoir plus…Au XVIe siècle, l’institution qui avait en

charge le traitement de la pauvreté enFrance était le Bureau des Pauvres. Cettestructure, alimentée par des taxes, assurela distribution des secours (Caisse desaumônes générales) mais, à la fin duXVIe siècle, confronté à la multiplicationdes crises, le système s’effondre et lesBureaux des Pauvres sont dans l’incapacitéde soulager la misère.

Au XVIIe siècle, ce qui change est leregard que l’on porte sur le pauvre, onva dorénavant distinguer celui qui estdigne de recevoir les secours du paresseux,nuisible à la société. C’est à Lyon que la politique du « grand renfermement des pauvres » fait ses premiers pas.Néanmoins, on ne peut réellement utilisercette expression, selon Jean-Pierre Gutton,qu’à partir du milieu du XVIIIe siècle, période au cours de laquelle le pouvoircrée des dépôts de mendicité. Le pauvreest perçu comme un danger social, voirecomme un criminel, il faut donc favoriserle changement. L’idée est d’évangéliser par

99QFr1718.qxd 24/04/2008 16:51 Page 54

© CRDP académie de Montpellier

Page 11: La vie des Français aux XVII et XVIII siècles · 2012. 11. 22. · Les XVII eet XVIII siècles représentent une période où l'intolérance religieuse, les épidémies, les guerres,

38

27

que font à la fois la monarchie et les villespour lutter contre la criminalité et essayerde développer la propreté comme entémoigne la multiplication des règle-ments à cet effet. La répression contre levagabondage est parfois terrible : lesgalères pour les hommes et la déporta-tion dans les colonies pour les femmesprostituées. Cette politique trouve unécho avec les théories économiquesmercantilistes du XVIIe siècle : il fautéviter que les espèces monétaires sortentdu royaume, l’assistance implique desdépenses, les pauvres valides doiventdonc être mis au travail pour contribuerà accroître la richesse nationale par letravail qu’ils fourniront dans les ateliersdes Hôpitaux Généraux. Mais c’est l’argument religieux qui a été décisif. Ils’agit d’une véritable politique de chris-tianisation lancée par les représentantsde la Compagnie du Saint Sacrement ;ceux-ci fourniront jusqu’à l’arrivée aupouvoir de Mazarin le personnel dedirection de l’Hôpital Général de Paris.

La journée de « l’enfermé » est ryth-mée par le travail et la prière. À Lyon, lespauvres travaillent la soie et fabriquentdes bas de laine tout en recevant une solideinstruction religieuse et en se pliant à denombreux exercices de piété : prière,assistance à la messe ainsi que commu-nion fréquente et confession. La désobéis-sance à ces principes est sévèrement puniepar des châtiments corporels.

Cette politique aboutit cependant à unéchec total, car elle a rencontré princi-palement deux types d’opposition. Lepremier vient des acteurs de la Réformecatholique qui dénoncent cette politique

de répression à l’égard des pauvres. Cesont ceux qui sont restés fidèles à laconception traditionnelle du pauvre,corps souffrant de Jésus-Christ: il est poureux impensable de les enfermer. À l’initiative de Vincent de Paul, desCompagnies et Confréries de Charité sont créées, sous le patronage de damesqui partagent leur temps entre leursactivités mondaines et leurs actions auprèsdes plus démunis secourus à leur domi-cile. Elles apportent de la nourriture, desmédicaments et des vêtements. À partirde 1633, la création des filles de laCharité auxiliaires complète le disposi-tif, ces sœurs grises se dévouent auprèsdes malades dans les Hôtel-Dieu. Ledeuxième obstacle à l’enfermement despauvres vient des milieux populaires quisont solidaires de ceux qui sont enfermés,car ils risquent un jour peut-être de subirle même sort. Pour venir au secours desvictimes de l’enfermement qui déstruc-ture et sépare les familles, ils multiplientles bagarres contre les archers de l’HôpitalGénéral.

Au XVIIIe siècle, les Hôpitaux Générauxne sont utilisés que de manière ponctuellepour enfermer les mendiants, mais lesrésistances de la part des populations sonttoujours aussi importantes tandis que lesformes classiques de l’assistance et de lacharité sont toujours pratiquées.

Pour aller plus loin…# GUTTON (Jean-Pierre), La Société et les pau-

vres dans la Généralité de Lyon, Paris,1971.

Les

hom

mes

et

leu

rs c

adre

s de

vie

La vie des Français aux XVIIe et XVIIIe siècles

99QFr1718.qxd 24/04/2008 16:51 Page 55

© CRDP académie de Montpellier

Page 12: La vie des Français aux XVII et XVIII siècles · 2012. 11. 22. · Les XVII eet XVIII siècles représentent une période où l'intolérance religieuse, les épidémies, les guerres,

58

Qu’est-ce que le Refuge ?

Le Refuge est l’accueil que proposèrent un certain nombre d’Étatsd’Europe aux Huguenots qui avaient refusé d’abjurer leur foi lorsquel’Édit de Fontainebleau, qui révoque l’Édit de Nantes, entra en vigueur en octobre 1685.

Les trois premiers États qui accueillentles émigrés sont l’Angleterre, la Hollandeet les Cantons suisses. Ensuite, ils sedisperseront dans l’ensemble du monde.Les études menées sur la ville deNeuchâtel montrent que les départs deFrance ont débuté bien avant laRévocation. On y a enregistré les premiersréfugiés en 1662. Cette année-là, ils sonttrès peu nombreux. Ils représententquelques centaines de personnes en 1684et près de 1000 en 1685. Si l’on examineles origines géographiques des réfugiés qui ont choisi Londres, on constate qu’ilsproviennent en majorité de Normandie,de Picardie et d’Île de France. À partirde l’Angleterre, certains réfugiés choisirontl’Irlande avant de se diriger in fine versle Nouveau Monde. Le Refuge fonc-tionne des années 1660 jusque dans lesannées 1730 et on estime qu’au cours decette période, ce sont près de 200000personnes qui ont quitté le royaume, soitenviron 1 % de la population totale ; lesréfugiés se sont dirigés dans des propor-tions à peu près identiques vers lesCantons suisses, vers l’Angleterre et versles Provinces-Unies.

Certains Huguenots ont été accueillisà « bras ouverts », comme en Brandebourgpar l’électeur Frédéric-Guillaume à partirdu 29 octobre 1685 ( 59). Il leur

Pour en savoir plus…À partir de la promulgation de l’Édit

de Fontainebleau (octobre 1685) quirévoque l’Édit de Nantes, il est interditaux Protestants de quitter le royaume.Certains cependant refusent obstiné-ment de se convertir et ces « opiniâtresde la foi » décident de fuir, d’émigrer.Dans un premier temps, les Cantonssuisses vont constituer la première étape(plaque tournante du Refuge), ensuite,ils se dirigent vers les Provinces-Unies, leSaint Empire ou les îles britanniques.

On remarque que ceux qui décidentde s’exiler sont en majorité originaires des provinces nord-est du royaume. Ilsreprésentent 40 % des partants, contre5 % pour les provinces du Midi de laFrance (Languedoc et Provence). Là où les communautés sont implantées de manière diffuse dans l’espace, lesProtestants ont préféré partir, entraînantparfois la disparition totale des commu-nautés comme dans les provinces deNormandie ou de Picardie. Ce n’est pasle cas dans les diocèses du Languedocoriental comme Nîmes, Alès ou Uzès oùles communautés sont denses avecproportionnellement peu de candidats àl’émigration. Ces communautés, essen-tiellement composées de paysans pauvresqui n’ont pas les moyens financiers pourpartir, freinent aussi la vague migratoire.

99QFr1718.qxd 24/04/2008 16:51 Page 116

© CRDP académie de Montpellier

Page 13: La vie des Français aux XVII et XVIII siècles · 2012. 11. 22. · Les XVII eet XVIII siècles représentent une période où l'intolérance religieuse, les épidémies, les guerres,

38

58

indique la ville dans laquelle ils doiventse rendre, Francfort-sur-le-Main, pourensuite être pris en charge, il leur offrede l’argent et des vivres ainsi que toutesles commodités pour s’installer dans sesÉtats. Il insiste et prend des dispositionsavantageuses pour ceux qui apportentavec eux la richesse de leur savoir-faire.S’ils sont manufacturiers, ils bénéficierontde tous les privilèges et pour ceux qui sontpaysans, la terre leur sera donnée et ilsseront assistés avant la première récolte.Il n’oublie pas non plus ceux qui sont issus de la noblesse, lesquels retrouventen Brandebourg les mêmes honneurs etdignités que dans leur pays d’origine.

D’autres ont eu des difficultés et onterré avant de se fixer définitivement.

En France, le départ des Huguenots alongtemps entretenu l’idée qu’ils avaientemporté avec eux l’essentiel de la capa-cité industrieuse du royaume, cela étantperçu comme une véritable catastrophe.Les défenseurs des théories mercantilistessont responsables de la diffusion de cetteidée. En réalité, d’après les travaux récents,la capacité industrielle du royaume n’apas été entamée, car les Catholiques etles Nouveaux Convertis ont repris lesmanufactures à leur compte ce qui apermis de poursuivre l’essentiel des acti-vités économiques.

Enfin, le Refuge a créé en Europe unediaspora huguenote qui a favorisé leséchanges économiques. C’est de cet avan-tage qu’a bénéficié notamment auXVIIIe siècle le port de Bordeaux. Dans lespays où ils ont été accueillis, les réfugiésont participé à l’essor économique. EnAngleterre, ils ont apporté leur savoir faire

dans les manufactures de papier, de soieou dans l’industrie de l’horlogerie, parexemple. On ne doit pas non plus négli-ger les apports culturels, les Huguenotsfrançais en exil ont fait bénéficier laFrance de la connaissance des auteursanglais ou allemands par les nombreusestraductions dont ils furent les auteurs.

Pour aller plus loin…# BIRNSTIEL (Eckart), BERNAT (Chrystel),

La Diaspora des Huguenots. Les réfugiésprotestants de France et leur dispersiondans le monde, Paris, H. Champion, 2001.

# MAGDELAINE (Michelle), THADDEN (Rudolf Von),Le Refuge huguenot, Paris, Armand Colin,1985.

Cro

yan

ces

reli

gieu

ses

et o

rgan

isat

ion

La vie des Français aux XVIIe et XVIIIe siècles

La croix huguenote portée en signe dereconnaissance est composée de troiséléments principaux :– la croix et ses 8 pointes symbolisent les

béatitudes,– les 4 quatre cœurs renvoient aux

souffrances du Christ,– la colombe symbolise le Saint-Esprit.

99QFr1718.qxd 24/04/2008 16:51 Page 117

© CRDP académie de Montpellier

Page 14: La vie des Français aux XVII et XVIII siècles · 2012. 11. 22. · Les XVII eet XVIII siècles représentent une période où l'intolérance religieuse, les épidémies, les guerres,

88

Qui sont les lecteurs et que lit-on dans les villesaux XVIIe et XVIIIe siècles ?

Sous l’Ancien Régime, les citadins ont à leur disposition de multiplesaccès à la lecture, soit qu’ils possèdent le livre soit qu’ils aient accèsà des structures qui, sous des formes variées, prêtent le livre.

Ainsi, le livre est deux fois moins fréquentchez les artisans que chez les gentil-shommes. Un autre critère discriminantest le niveau de fortune des individus :dans les catégories populaires l’ouvrageest rare alors qu’au sein de la noblesse lesbibliothèques fournies sont courantes.

On peut esquisser un portrait type deslecteurs et de leurs lectures. Au sein duclergé citadin (chanoines, abbés et prêtres)on trouve mention d’ouvrages dans untiers des inventaires. Ce sont des ouvragesreligieux (on sait quels énormes effortsont été faits pour diffuser les principauxaspects de la Réforme catholique), maisqui sont de prix modique : ils n’excèdentpas deux livres. On trouve aussi, desouvrages d’histoire en proportion équi-valente à ceux de théologie.

La noblesse est d’une certaine manièrescindée en deux, d’un côté la noblessed’épée pour laquelle il y a très peu d’ou-vrages mentionnés dans les inventaires,on peut parfois parler de désert culturel,et de l’autre la noblesse de robe chez quiles bibliothèques sont bien fournies.L’éventail des lectures de cette noblesseest caractérisé par deux aspects : il existeune tradition de lecture où l’on retrouveles ouvrages de droit, de religion et d’his-toire puis, une évolution apparaît avec la

Pour en savoir plus…L’étude des pratiques de lecture est

rendue possible grâce à l’analyse desinventaires après décès qui mentionnentl’existence de bibliothèques. Leur étudea mis en lumière les principales carac-téristiques des lectures des citadins. S’ilexiste peu d’analyses générales, enrevanche, on possède pour un certainnombre de villes des éléments qui permet-tent mises en perspective et comparaisons.Dans plus d’un tiers des inventaires deprovince, on note l’existence d’ouvrages,mais cette proportion est moins impor-tante dans la capitale, où pour la mêmepériode, à savoir le milieu du XVIIIe siècle,un peu plus de 20 % des inventairesmentionnent des livres. Cela peut signi-fier que les Parisiens sont peut-être moinsbien alphabétisés que les habitants desautres villes du royaume. Mais il fautsignaler que le livre n’est pas le seulélément qui permet de se rendre comptede l’intérêt que les gens portent à l’écrit,les lecteurs de la capitale sont friands deces placards et libelles. On se souvient del’engouement des Parisiens au momentde la Fronde lorsqu’ils lisaient lesMazarinades.

D’une manière générale, en ville, lapossession du livre est conditionnée parl’appartenance socioprofessionnelle.

99QFr1718.qxd 24/04/2008 16:51 Page 176

© CRDP académie de Montpellier

Page 15: La vie des Français aux XVII et XVIII siècles · 2012. 11. 22. · Les XVII eet XVIII siècles représentent une période où l'intolérance religieuse, les épidémies, les guerres,

38

88

diminution des ouvrages religieux vers lemilieu du XVIIIe siècle et une présencemarquée des Belles lettres supplantantl’histoire. L’analyse des bibliothèques des18 Fermiers Généraux de la deuxièmemoitié du Siècle des Lumières confirmeles éléments précédemment évoqués, lesBelles Lettres représentent 32 % destitres, l’histoire 30 %; le droit 7 % et leslivres religieux seulement 6 %. On noteun intérêt non négligeable pour lessciences et les arts avec 25 % des titres.

Les bibliothèques des bourgeoisreprésentent deux tendances : la premièreest incarnée par la bourgeoisie du savoir(avocats, médecins, chirurgiens) avecune ouverture vers l’histoire et les sciencesen général, tandis que les bibliothèquesde la bourgeoisie marchande et négociantequi représentent la seconde tendancesont, presque exclusivement, constituéesd’ouvrages utiles (livres de commerce,manuels de comptabilité, ouvrages dedroit ou almanachs). La seule nouveauté,dans la seconde moitié du XVIIIe siècle,est l’intérêt porté dans cette bourgeoisiecommerçante aux récits de voyage. Ceciest, peut-être, le résultat de l’activitééconomique intense qui a permis à ceshommes de se mettre en relationscommerciales avec bon nombre de paysétrangers.

Dans les milieux populaires, quand lesinventaires existent, ils sont presquetoujours constitués d’ouvrages de dévo-tion. Lorsque les gens ne possèdent pasd’ouvrages, cela ne signifie pas toujoursqu’ils ne savent pas lire, mais souvent qu’illeur est impossible de se procurer l’objetlivre. Dans la deuxième moitié du

XVIIIe siècle, les bibliothèques des prin-cipales villes offrent des possibilités de lecture. Dans la capitale, vers 1789,on dénombre 18 bibliothèques et lesvilles de province sont également bienpourvues, on en compte, par exemple,deux à Toulouse. À partir de 1770, leslibraires ouvrent fréquemment à côté de leur boutique des cabinets de lecture,et dans celui d’Abraham Mazel àMontpellier, on peut découvrir dès 1775des romans, des récits de voyage, maisaussi des livres prohibés qu’il se procureà Neuchâtel, Lausanne ou Genève. Cescabinets de lecture offrent aux curieux les meilleures gazettes* d’Europe et, pourun abonnement modique, tous peuventsatisfaire leur curiosité. Pour ceux qui ontencore peu de moyens, les livres sontdisponibles à la location pour la journéechez des loueurs dans la capitale à la veille de la Révolution comme le décrit Louis-Sébastien Mercier dans son Tableaude Paris.

Pour aller plus loin…# BOURDIEU (Pierre), CHARTIER (Roger), « La lec-

ture : une pratique culturelle », Pratiques dela lecture, Marseille, Rivages, 1985,p. 218-239.

# CHARTIER (Roger), Lectures et lecteurs dans laFrance d’Ancien Régime, Paris, Seuil, 1987.

# JOLLY (Claude), Les Bibliothèques sousl’Ancien Régime, 1530-1789, Paris,Promodis, 1988.

# MORNET (Daniel), « Les enseignements desbibliothèques privées, 1750-1780 », Revued’histoire littéraire de la France, 1910,p. 449-496.

# TRENARD (Louis), « Les bibliothèques au XVIIIe

siècle », Histoire du livre, 1987, n° 55-56.

Édu

cati

on,

cult

ure

et

soci

abil

ités

La vie des Français aux XVIIe et XVIIIe siècles

99QFr1718.qxd 24/04/2008 16:51 Page 177

© CRDP académie de Montpellier

Page 16: La vie des Français aux XVII et XVIII siècles · 2012. 11. 22. · Les XVII eet XVIII siècles représentent une période où l'intolérance religieuse, les épidémies, les guerres,

206

Glossaire

Académie : assemblée de gens de lettres, de savants et/ou d’artistes reconnus parleurs pairs. Les académiciens ont pour mission de veiller aux usages dans leurs dis-ciplines respectives et de publier des ouvrages tels que des dictionnaires, des gram-maires, etc. Jusqu’au milieu du XVIIIe siècle les académies sont des lieux de sociabi-lité à la mode, les villes rivalisent entre elles : Toulouse possède cinq académies etMontpellier n’en a qu’une. Au milieu du Siècle des Lumières elles sont concurren-cées par les loges maçonniques.Consistoire : pour chaque Église il y a un consistoire composé de personnes qui enauront la conduite : les Pasteurs et les Anciens. Les diacres participent également àla composition du consistoire et plus largement au gouvernement de l’Église ; ilspeuvent être envoyés aux synodes et colloques. Le rôle du consistoire est de veillerà la bonne marche de la communauté et de réprimer les écarts. Ils tiennent alorsune assemblée. Les membres du consistoire prononcent des admonitions pourremettre les fidèles dans le rang.Contrôleur Général des Finances : il dirigeait les finances, l’agriculture, l’industrie,le commerce, les ponts et chaussées et une partie de l’administration intérieure.Corporation : groupement de toutes les personnes qui exercent la même profession.Ce terme désigne ainsi les communautés de métiers des différents ordres qui avaientété instituées dans les villes françaises depuis le Moyen Âge.Ex-voto : abréviation de la formule latine ex voto suscepto qui signifie « suivant levœu fait ». Se dit de tableaux, de figures ou d’objets qu’on suspend dans les chapel-les à la suite d’un vœu, ou en mémoire d’une grâce obtenue. Par extension, le termedésigne également un objet ou inscription placé dans un lieu de culte, une église ouun lieu de pèlerinage.Fabrique : nom par lequel on désignait l’ensemble des personnes nommées officiel-lement pour administrer les biens d’une paroisse.Ferme Générale : officiellement constituée en 1726, c’est une compagnie de finan-ciers à laquelle étaient affermés les traites et presque tous les impôts indirects (gabelle,tabac, etc.). La Ferme Générale avait son siège à Paris et employait dans ses bureauxprès de 700 personnes. La direction de la Compagnie était assurée collégialementpar les fermiers généraux. Les services locaux comptaient jusqu’à 42 directions pro-vinciales. Plusieurs milliers d’employés y exerçaient dans deux branches d’activité :– les bureaux qui assuraient la vérification ;

99QFr1718_fin.qxd 24/04/2008 17:09 Page 206

© CRDP académie de Montpellier

Page 17: La vie des Français aux XVII et XVIII siècles · 2012. 11. 22. · Les XVII eet XVIII siècles représentent une période où l'intolérance religieuse, les épidémies, les guerres,

La vie des Français aux XVIIe et XVIIIe siècles 207

– la perception des impôts et les brigades qui réprimaient la contrebande.Frérèdes, frérèches ou communautés taisibles : groupement formé par des serfsvivant au même « pain et pot » pour éviter, lors du décès de l’un d’eux, de payer auseigneur le droit de main-morte. On appelait parçonnier le membre d’une com-munauté taisible. Cette dernière, encore appelée « parçonnerie » ou « communau-té familiale », ou « frérèche » quand elle ne regroupe que des frères et sœurs, est unmode d’exploitation agricole collective autrefois très répandu dans le centre de laFrance.Gazette : le titre de gazette a été donné à diverses publications. Les plus célèbres,outre celle de Théophraste Renaudot, sont les journaux ou pamphlets publiés pardes réfugiés français à Amsterdam et à Leyde pendant les XVIIe et XVIIIe siècles.Après la révocation de l’Édit de Nantes, les gazettes européennes sont là pour critiquer Louis XIV et pour donner des nouvelles des émigrés. Sous le règne deLouis XV, les journaux clandestins de toute nature eurent une très grande vogue,malgré la guerre qui leur était faite par la police.Guerre couverte : la guerre de Trente ans est qualifiée de guerre couverte car laFrance se prépare au conflit tout en soutenant ses alliés avant de rentrer elle mêmeen guerre à partir de 1635.Inoculation : introduction, dans un organisme, d’un germe vivant, d’un virus, par-ticulièrement celui de la variole. Il s’agissait d’introduire dans un corps sain, à l’ai-de d’une lancette (instrument de chirurgie), ce qui est prélevé sur un bouton d’unepersonne atteinte de petite vérole. Quelque temps plus tard, le corps fabrique natu-rellement des anticorps. Ce procédé, originaire de l’Empire Ottoman, a été intro-duit en Europe par Lady Montague. La France n’adhère que tardivement à ce typed’expérimentation et ce n’est qu’au XIXe siècle que la vaccination jennerienne éra-dique en Europe la petite vérole.Lieutenant général de police : magistrat qui dirigeait la police à Paris et dans lesprincipales villes du royaume de France.Matrones : les accouchements étaient assistés par des femmes appelées matrones.En France, dans les registres paroissiaux, on rencontrait également le terme de« sage-femme » pour désigner la matrone. Dans la seconde moitié du XVIIIe siècle,les matrones doivent suivre des cours d’obstétrique et en Languedoc, par exemple,ce sont les états provinciaux qui ont veillé à ce que le plus grand nombre de matro-

99QFr1718_fin.qxd 24/04/2008 17:09 Page 207

© CRDP académie de Montpellier

Page 18: La vie des Français aux XVII et XVIII siècles · 2012. 11. 22. · Les XVII eet XVIII siècles représentent une période où l'intolérance religieuse, les épidémies, les guerres,

208

nes puisse assister à ces enseignements. Les archives de l’intendance mentionnentd’ailleurs une enquête de 1786 où pour chaque subdélégation sont consignés lespatronymes des matrones et leur communauté d’origine ayant suivi les fameuxcours de Madame du Coudray.Négociants : ce sont des personnes qui font du commerce en gros. Le milieu desnégociants est souvent constitué par des clans familiaux dans lesquels les parentsprivilégient pour leurs enfants une formation basée sur les voyages. Si au XVIIe siè-cle, la formation se fait largement à la boutique et lors de nombreux voyages enrevanche, au XVIIIe siècle, les fils de négociants reçoivent une culture classique et fré-quentent les collèges. Être négociant est le signe d’une certaine aisance financièremais aussi celui d’une reconnaissance sociale. Au XVIIIe siècle, on en retrouve danstous les ports de France. Certains ont réalisé sur quelques générations des fortunescolossales comme c’est le cas dans les ports de Nantes ou de Bordeaux.Notaire : sa fonction essentielle est de recevoir les actes auxquels les parties veulentdonner le caractère d’authenticité. Dans la France du sud, pays de droit écrit, lerecours au notaire est quasi systématique pour les actes importants de la vie :contrats de mariage et testaments par exemple et ce quelle que soit la conditionsociale des personnes.Ordonnance de Villers-Cotterêts (août 1539) : il s’agit d’un document signé àVillers-Cotterêts entre le 10 et le 15 août 1539 par le roi de France François Ier.Composée de 192 articles, elle porte réforme de la juridiction ecclésiastique, réduitcertaines prérogatives des villes et rend obligatoire la tenue des registres de baptê-mes. C’est à partir de cette ordonnance que l’on peut parler de la tenue d’un « étatcivil en France ». Elle est surtout connue pour être l’acte fondateur de la primautéet de l’exclusivité du français dans les documents relatifs à la vie publique.Paix d’Alès : la paix d’Alès, ou édit de grâce d’Alès, fut promulguée par le roi LouisXIII le 28 juin 1629. La signature de l’édit intervient après la reddition dela Rochelle, dernière place de sûreté protestante en France, après un siège de plusd’un an qui s’achève en 1628. En 1629, Louis XIII assiège Alès, alors haut lieu dela résistance protestante, qui capitule après neuf jours. L’édit commande en outrela démolition immédiate de toutes les forteresses protestantes.Régime démographique : ancien et nouveau régimes démographiques.Ancien régime démographique : dans les sociétés anciennes, les taux de natalité etde mortalité sont élevés, cela se concrétise par un accroissement naturel limité.

99QFr1718_fin.qxd 24/04/2008 17:09 Page 208

© CRDP académie de Montpellier

Page 19: La vie des Français aux XVII et XVIII siècles · 2012. 11. 22. · Les XVII eet XVIII siècles représentent une période où l'intolérance religieuse, les épidémies, les guerres,

La vie des Français aux XVIIe et XVIIIe siècles 209

Nouveau régime démographique : dans les sociétés modernes ou contemporaines,les taux de natalité et de mortalité sont faibles et l’accroissement naturel de la popu-lation est également limité.Sacristain : personne chargée d’aider le prêtre. Il sonne les cloches et peut égale-ment servir d’enfant de chœur lors de la messe quotidienne.Thériaque : c’est un contrepoison fabriqué à partir d’un ensemble de produitsextraits du monde minéral, végétal et/ou animal. Ce médicament est connu pourses vertus contre la peste en particulier et ce jusqu’à la fin de l’Ancien Régime. Ontrouve dans sa composition des ingrédients assez fantaisistes comme la corne debœuf par exemple, mais c’est surtout la présence d’opium qui lui confère ses vertusapaisantes. De nombreuses thériaques avec des « recettes » différentes ont été fabri-quées mais une des plus célèbres est celle de Montpellier.Traite négrière (Code noir) : trafic d’esclaves sur les côtes d’Afrique régi par le Codenoir qui est un recueil d’une soixantaine d’articles promulgués en 1685 sous lerègne de Louis XIV. Il rassemble toutes les dispositions régissant la vie des esclavesnoirs dans les colonies françaises des Antilles (en 1685), de Guyane (à partir de1704) et de l’île Bourbon (en 1723). Il a servi de modèle à d’autres règlements uti-lisés dans d’autres colonies européennes.

99QFr1718_fin.qxd 24/04/2008 17:09 Page 209

© CRDP académie de Montpellier

Page 20: La vie des Français aux XVII et XVIII siècles · 2012. 11. 22. · Les XVII eet XVIII siècles représentent une période où l'intolérance religieuse, les épidémies, les guerres,

La vie des Français aux XVIIe et XVIIIe siècles 211

Parus dans « 99 questions sur… »

Notre planète Terre dans l'Univers Les droits des femmesLa France sous l'OccupationLa défenseL'Union européenne à l'heure de l'élargissement Les relations internationales de 1945 à 1989Le MaghrebLa Révolution française La Méditerranée au XIIe siècle L'Afrique noire La Mésopotamie

Pour commanderConsulter la librairie de l'éducation en ligne http://www.sceren.com

99QFr1718_fin.qxd 24/04/2008 17:09 Page 211

© CRDP académie de Montpellier

Page 21: La vie des Français aux XVII et XVIII siècles · 2012. 11. 22. · Les XVII eet XVIII siècles représentent une période où l'intolérance religieuse, les épidémies, les guerres,

PRIX : 15 €ISSN: 1630-0408

ISBN: 978-2-86626-316-4RÉF : 340QA057

Achevé d’imprimer mai 2008Maraval Imprimeurs (Hérault)

Dépôt légal mai 2008Directeur du CRDP de l’académie de Montpellier : J.-M. PUSLECKI

99QFr1718_fin.qxd 24/04/2008 17:09 Page 212

© CRDP académie de Montpellier

Page 22: La vie des Français aux XVII et XVIII siècles · 2012. 11. 22. · Les XVII eet XVIII siècles représentent une période où l'intolérance religieuse, les épidémies, les guerres,

La vie des Françaisaux XVIIe et XVIIIe sièclesHélène BERLAN

47

PRIX : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .15 €ISSN : . . . . . . . . . . . .1630-0408ISBN : 978-2-86626-316-4RÉF : . . . . . . . . . . . .340QA057

La vie des Français aux XVIIe et XVIIIe siècles

Les XVIIe et XVIIIe siècles représentent une période où l'intolérance religieuse, les épidémies, les guerres, les disettes,le poids écrasant des impôts… participent au quotidien desFrançais. Pourtant, à la même époque, l'internationalisation des échanges, le développement urbain, les progrès de l'hygièneet de la médecine, l'émergence de la notion de droits del'Homme poussent la France vers une ère nouvelle. Durant ces deux siècles, entre fin de la monarchie et ouverture à lamodernité, la vie des Français sera durablement transformée.

En répondant à 99 questions, cet ouvrage s'attache à proposerune analyse vivante de l'Ancien Régime, illustrée par de nombreux documents complémentaires. Dans la lignée de l'École des Annales, il apporte un éclairage passionnant sur cette période qui, par ses contradictions et ses conflits, contientles germes de notre société contemporaine.

Hélène BERLAN, maître de conférence d’Histoire,Université Paul Valéry, Montpellier.

La

vie

des

Fran

çais

aux

XV

IIeet

XV

IIIe

sièc

les

47

99 Q France 17_18 couv.qxd 24/04/2008 16:45 Page 1