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LA REVUE LITTERAIRE

N° 14

Retrouvez tous les sommaires de La Revue littéraire sur

www.leoscheer.com/catalogue, et en format numérique.

© Éditions Léo Scheer, 2005

EAN numérique : 978-2-7561-0838-4

EAN livre papier : 9782915280876

ISSN 1766-9693

www.leoscheer.com

978-2-7561-0837-7

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Sacha Ramos

LE DERNIER HOMME

(œuvres complètes)

«Nous avons inventé le bonheur », disentles derniers hommes en clignant les yeux.

Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra

C’est le docteur Lamy qui m’a donné ce cahier orange.C’est le docteur Lamy qui m’a demandé d’y écrire toutce qui me passait par la tête. Le docteur Lamy a dit quecela pourrait peut-être débloquer quelque chose. Cen’est pas à moi que le docteur Lamy a dit que cela pour-rait peut-être débloquer quelque chose, c’est à ma mèrequ’il l’a dit. Puisqu’il refuse de me parler, a dit le docteurLamy à ma mère, essayons de le faire écrire. Cela pour-rait peut-être débloquer quelque chose. Ma mère arépondu que c’était une idée formidable formidable. Ledocteur Lamy a fait oui oui, et a expliqué à ma mère quel’écriture pouvait être un moyen pour m’extirper un tant

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soit peu de l’état d’isolement végétatif dans lequel je metrouve. Ma mère a répondu que c’était une idée formi-dable formidable. Le docteur Lamy a fait oui oui, et aajouté que l’on ne devait pas se revoir avant un mois,temps nécessaire à cette expérience pour porter quelquesfruits. Là, ma mère a fait sortir de nombreuses larmes deses yeux rouges, et le docteur Lamy l’a prise dans ses brasen murmurant courage courage. Ensuite ma mère a faitoui quatre fois en murmurant elle aussi, et nous sommessortis du cabinet. Moi, avec ce cahier orange sous le bras,et ma mère, avec ses yeux rouges, et l’air qu’elle ne sur-vivrait pas un mois sans voir le docteur Lamy, mon psy-chiatre.

*

Dans la voiture ma mère n’a rien dit. Et ses yeux rougesnon plus n’ont rien dit. Ils étaient juste rouges. Par lavitre j’ai vu deux longues grues jaunes qui montaientvers le ciel en tournant sur elles-mêmes. De retour à lamaison, je me suis assis dans la cuisine, et j’ai attendul’heure du dîner. Pendant que j’attendais l’heure dudîner, ma mère pleurait au téléphone avec Martine, sameilleure amie. Tout en pleurant, elle expliquait à sameilleure amie, Martine, que si Jean continuait à fairecomme si de rien n’était, il aurait son suicide sur laconscience. Puis, tout en continuant de pleurer sur letéléphone, m’a demandé de jeter des spaghettis dans lacasserole qui bouillait sur le feu. Je me suis donc levé dema chaise, j’ai pris une boîte de spaghettis dans le pla-card, je l’ai ouverte, et en versant les spaghettis dans lacasserole, en regardant tomber les longues tiges jaunes

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dans l’eau bouillante, j’ai immédiatement pensé auxdeux longues grues jaunes qui montaient vers le ciel entournant sur elles-mêmes. Ensuite, nous avons mangéles spaghettis. Autour de la table, il y avait ma mère avecses yeux rouges, il y avait aussi ma sœur Béatrice, quis’est fait elle-même un trou dans la bouche pour ymettre une boucle d’oreille, et il y avait mon père.Durant le repas, ni ma mère, ni ma sœur Béatrice, nimon père n’ont rien dit. Durant le repas, de longuesgrues jaunes tournaient sur elles-mêmes dans mabouche, en attendant que je les avale.

*

Il fait nuit. Je suis dans mon lit en attendant de m’en-dormir. Ma sœur Béatrice est dans sa chambre qui setrouve juste à côté de la mienne. Je ne sais pas précisé-ment ce qu’elle y fait, parce que je ne la vois pas. Maisj’entends des cris. Tous les soirs, dans sa chambre, masœur Béatrice met un disque. Tous les soirs le mêmedisque. Et c’est le disque d’un chanteur qui crie. En cemoment, ma sœur Béatrice crie en même temps que sonchanteur favori. Je ne comprends pas ce qu’ensemble ilscrient, car ils le crient en langue étrangère, et que je necomprends aucune langue étrangère en dehors de lamienne. Maintenant, ma sœur Béatrice parvient à crieraussi fort que son chanteur favori, ce qui fait dire à monpère, qui le dit en criant pour se faire entendre de masœur Béatrice : tu vas finir aussi taré que ton frère, la sur-dité en plus. Ce qui, à son tour, fait crier à ma mère : tonfils n’est pas un taré, il est particulier, si tu ne veux pasassumer un fils particulier, tu n’as qu’à foutre le camp. Si

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elle le voulait, ma sœur Béatrice pourrait très bien fairedes disques de cris comme son chanteur favori. Et monpère et ma mère aussi. Et maintenant, je dors.

*

Il fait jour. Je suis dans mon lit en attendant que mamère m’appelle pour le petit déjeuner.

*

J’ai pris mon petit déjeuner. Un grand bol de pétales demaïs dans du lait, un jus d’orange, orange comme lecahier que m’a donné le docteur Lamy, et une pilulemoitié rouge, moitié blanche. La pilule n’a aucun goût.Je ne sais pas ce qu’il y a dedans. Rien, peut-être. C’estce que le docteur Lamy donne à ma mère pour qu’elleme les donne, et que je les avale. Tout ce que je sais decette pilule que j’avale chaque matin, c’est ce que ledocteur Lamy, un jour, en a dit lui-même à ma mère :c’est nouveau, ça vient des États-Unis, ça fait desmiracles. Et ma mère a répondu formidable formidable.Et le docteur Lamy a fait oui oui.

*

Après le petit déjeuner, ma mère est entrée dans machambre pendant que je lisais, et m’a demandé si je n’ai-merais pas pratiquer un sport. Elle a expliqué que celame ferait beaucoup de bien, et me permettrait de ren-contrer d’autres garçons de mon âge. Depuis que je nevais plus à l’école, ma mère me pose cette question tous

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les matins. J’ai répondu que non, et j’ai ajouté que lamaison me suffisait bien. Alors ma mère m’a dit qu’elleétait très contente que je me sente bien à la maison, maisqu’un grand gaillard comme moi, et beau garçon avecça, avait certainement mieux à faire que de rester toutela journée entre les jupes de sa maman. J’ai répondu quela maison, et les picsous qu’elle m’achète chaquesemaine, me suffisaient bien. Ma mère a continué endisant que je pourrais au moins essayer de lire autrechose que des picsous, des Jules Verne par exemple. J’airépondu que je ne connaissais pas les Jules Verne, maisque les picsous me suffisaient bien. À ce moment de laconversation, ma mère s’est allumée une cigarette, etaprès avoir aspiré rapidement trois bouffées, elle m’ademandé si je ne voulais pas apprendre à me servir del’ordinateur de ma sœur Béatrice. Elle a expliqué que lesjeunes garçons introvertis dans mon genre faisaient desmerveilles avec les ordinateurs, et aussi qu’il y avait peut-être là un avenir pour moi, et que, tôt ou tard, il me fau-drait sérieusement penser à mon avenir, parce que,a-t-elle conclu, elle ne serait pas toujours là pour me pré-parer mes repas. J’ai répondu que lorsqu’elle ne seraitplus là, il y aurait toujours ma sœur Béatrice, ou monpère peut-être, pour me préparer mes repas. Là, ma mèrea fait sortir de nombreuses larmes de ses yeux rouges, etn’a plus rien dit de toute la journée. En regardant lesyeux rouges de ma mère et, juste sous ses yeux rouges, sapeau blanche, j’ai immédiatement pensé à la pilule moi-tié rouge, moitié blanche, que j’avale chaque matin.

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C’est l’après-midi. Il n’y a personne à la maison, saufmoi. Je suis allongé sur mon lit, en attendant que mamère rentre du kiosque à journaux, où elle est alléem’acheter le dernier numéro de picsou. J’espère que ledernier sera aussi bien que l’avant-dernier, tout en étantquasiment certain qu’il le sera.

*

Ma sœur crie, ma mère crie, mon père crie. Ils crienttous les trois presque en même temps. Ma sœur crie : jele flingue s’il abandonne encore une fois son slip plein demerde sur mon lit. Ma mère crie : tu es une idiote mapauvre, tu ne comprends rien, c’est sa manière à lui det’appeler au secours. Mon père crie : je t’en foutrai desappels au secours, c’est d’un grand coup de pied au culqu’il a besoin ton petit chéri. Ma sœur crie : c’est toi quine comprends rien, ma pauvre maman, il se fout denotre gueule. Mon père crie : ça pue, c’est une infection,c’est pas tenable, je vais bouffer ailleurs. Ma mère crie :c’est ça, déserte, déserte, déserteur, et tant que tu y es,emmène ton égoïste de fille avec toi. Ensuite, mon pèreet ma sœur Béatrice sortent de la maison, sans rien dire.

*

Maintenant, ma mère parle doucement à travers la portede ma chambre qui est fermée. Je suis allongé tout nusur mon lit, je ne me suis pas encore lavé. Je me laveraidemain. C’est l’intérieur des cuisses surtout qui est unpeu sale, pas le reste. D’après moi, l’odeur n’est pas aussiforte que mon père le dit. Ma mère parle doucement.

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Elle dit qu’il ne faut plus que je fasse ça. Elle dit quemon père et ma sœur Béatrice ne sont pas aussi sensiblesque moi, et qu’il leur est impossible de comprendre cegenre de gestes que je fais parfois. Elle dit qu’elle, ellepeut comprendre parce qu’elle est ma mère, et qu’unemère est faite pour comprendre son enfant. Elle ajouteque je ne dois pas m’inquiéter pour le dernier picsou,que c’est la faute du marchand de journaux qui n’enavait plus, et que, demain, c’est promis, elle me le trou-vera. Je réponds que je ne suis pas inquiet. Non, je nesuis pas inquiet.

*

C’est dimanche. Ma mère et mon père reçoiventMartine, la meilleure amie de ma mère, son mari Paul,et leur fille Julie, la meilleure amie de ma sœur Béatrice,pour le déjeuner. Je ne sais pas ce qu’ils disent, ou font,parce que je suis dans ma chambre, où je relis le derniernuméro de picsou que ma mère m’a, comme promis,rapporté hier soir. Le dernier picsou est pareil aux autrespicsous que j’ai déjà. J’en étais quasiment certain.Avant de repartir chez elle, avec son mari et sa fille,Martine, la meilleure amie de ma mère, est venue dansma chambre pour me dire au revoir. Elle s’est penchéesur mon lit pour m’embrasser les joues, et, par l’ouver-ture de son chemisier, j’ai regardé ses deux gros seins quitombaient de tout leur poids dans un soutien-gorge vert.En regardant ces deux gros seins verts, j’ai immédiate-ment pensé à un cageot de melons renversé.

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Pour mes quinze ans, ma mère m’a emmené une semaineà New York. Ma mère a une sœur qui habite New York.C’est la tante Louise. Tante Louise a un fils de mon âgequi s’appelle Tommy. Tommy est assez gros, et ne parlepas ma langue. Nous sommes rentrés de New York hiersoir, un peu fatigués par le voyage qui dure huit heures.Ce n’est pas la première fois que je vais à New York, maischaque fois que j’y vais, le cousin Tommy est plus grosque la fois précédente. À New York, les taxis sont jaunes,alors qu’ici, ils sont blancs.

*

Ce soir, à table, ma mère a dit à ma sœur Béatricequ’elle était une petite salope. Ma mère a dit à ma sœurBéatrice qu’elle était une petite salope, parce que masœur Béatrice a quatorze ans, et qu’elle est enceinte. Surce, ma sœur Béatrice a quitté la table en pleurant, et acouru s’enfermer dans sa chambre avec son chanteurfavori. Sur ce, mon père a quitté la table en criant quecette famille était une famille de dégénérés, puis il estsorti de la maison. Sur ce, ma mère, avec ses yeuxrouges, s’est mise à fumer de nombreuses cigarettes,sans rien dire, ni pleurer. Je suis resté dans la cuisineavec ma mère, à regarder la fumée de ses cigarettes mon-ter doucement vers le plafond. Je suis resté assez long-temps, mais sans réussir à savoir à quoi la fuméemontant vers le plafond me faisait penser. Et lorsque j’aicompris que je ne réussirais pas, je suis allé dans machambre, et je me suis couché.

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Ma sœur Béatrice n’est plus enceinte, mais elle a uneautre boucle d’oreille dans la bouche. Ça lui en fait deux.Ce matin, ma mère a expliqué à mon père que, pourchanger les idées à Béatrice après son opération, ellel’emmenait une petite semaine à New York, chez tanteLouise. Mon père a aussitôt demandé à ma mère si elleavait un amant à New York. Et ma mère a aussitôtrépondu qu’elle n’avait d’amant nulle part, mais deuxenfants qui traversaient des âges difficiles sans le soutiende leur père. À cela, mon père a demandé à ma mère si,à tout hasard, elle avait la moindre idée sur la prove-nance de l’argent qui lui permettait de balader ses gossesnévrosés au bout du monde. Ma mère n’a pas bien prisque je rie à cette dernière question de mon père, et a faitmine de me gifler. Mon père, lui, n’a pas bien pris que jerie plus encore en voyant ma mère faire mine de megifler, et m’a un peu poussé contre le réfrigérateur en medemandant de disparaître. Ensuite, je suis allé dans machambre, où, à l’instant même, je termine l’inventaire demes picsous magazines : 387 à ce jour.

*

Dans deux semaines, je dois rapporter au docteur Lamyce cahier orange qu’il m’a donné, avec tout ce que j’yaurai écrit. J’espère que cela lui plaira.

*

Ma mère et ma sœur Béatrice sont à New York. Depuisque ma mère et ma sœur Béatrice sont à New York, monpère appelle chaque soir Martine, la meilleure amie de

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ma mère. Depuis que ma mère et ma sœur Béatrice sontà New York, mon père sourit tout le temps.

*

Ma mère et ma sœur Béatrice rentrent demain de NewYork. Tant mieux, parce que je n’ai plus de picsou à lire,et que mon père dit qu’il refuse de m’acheter ces conne-ries. Ce matin, je me suis mis torse nu, et me suis enfoncéun couteau de cuisine dans le ventre, juste quelques cen-timètres, deux ou trois, pour voir si cela faisait mal. Celane fait pas très mal, mais fait perdre beaucoup de sang. Enregardant le sang couler lentement sur le ventre, j’aiimmédiatement pensé aux pétroliers qui provoquent desmarées noires. Ensuite, j’ai sonné chez la voisine, madamePicard. Madame Picard a ouvert sa porte, m’a regardé dehaut en bas, puis s’est mise à crier aussi fort que ma sœurBéatrice, son chanteur favori, mon père et ma mèreréunis, et m’a emmené aux urgences dans sa voiture extrê-mement rapide. Aux urgences, la lumière est blanche etm’a immédiatement fait penser aux parkings souterrains,aux supermarchés, aux boucheries, et aux poissonneries.Un infirmier m’a fait des points de suture. Neuf points.Cela non plus ne fait pas très mal, et m’a immédiatementfait penser à l’époque où ma mère faisait des sacs en cuirpour tout le quartier. Après, madame Picard m’a raccom-pagné à la maison. Sur le chemin, j’ai demandé à madamePicard si elle voulait bien m’acheter le dernier picsou, enajoutant que je m’arrangerais avec ma mère pour qu’ellesoit remboursée au plus vite. Elle a dit oui.

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À la maison, mon père m’a posé mille questions. Il m’aaussi caressé les cheveux, et serré trop fort dans ses bras.Maintenant, je suis dans mon lit, et je vais lire attentive-ment mon dernier numéro de picsou. Je crois que celame prendra une bonne partie de la nuit, car, cettesemaine, c’est un numéro double.

*

La première chose que ma mère a fait en rentrant deNew York a été de me demander, en pleurant, pourquoij’avais fait ça. J’ai répondu que je l’avais fait pour voir sicela faisait mal, et aussi, peut-être, parce que je n’avaisplus de picsou à lire. La seconde chose que ma mère afait en rentrant de New York a été de dire à mon père,en criant, qu’elle demandait le divorce. Ce à quoi monpère a répondu, en criant, qu’il ne serait pas nécessairede lui demander deux fois. La troisième et dernièrechose que ma mère a fait en rentrant de New York a étéde s’enfermer dans sa chambre deux jours de suite, sansjamais sortir, et sans jamais s’arrêter de pleurer. À NewYork, ma sœur Béatrice s’est teint les cheveux en rose, ets’est fait faire un trou dans le sourcil pour y mettre uneboucle d’oreille. Ça lui en fait trois.

*

Mon père ne vit plus à la maison. Ma mère a les yeuxrouges du matin au soir, et du soir au matin. Ma sœurBéatrice change de couleur de cheveux toutes les sixheures, en ce moment c’est bleu, et dort souvent chez sonami Éric. Ce matin, elle m’a demandé ce que cela me fai-

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sait que nos parents divorcent. Comme je ne trouvaisrien à répondre, je n’ai rien répondu. De son côté, elle aexpliqué que cela la rendait très triste, et la conduiraitinévitablement à la dépression nerveuse. Je lui aidemandé pourquoi, et elle a expliqué que tous les enfantsdont les parents divorcent deviennent très tristes, et trèsdépressifs, sauf, a-t-elle ajouté, les enfants qui, commemoi, ne sont pas des enfants mais des monstres. Alors, jelui ai demandé pourquoi j’étais un monstre. Et là, elle aexpliqué qu’un type de quinze ans qui ne fait rien d’autrede sa vie que de lire cette connerie de picsou, et de chierdans son froc, est forcément un monstre. J’ai ri, parceque en la regardant, j’ai immédiatement pensé à unebarbe à papa bleue à laquelle on aurait ajouté des bouclesd’oreilles, et des dents. Pour finir, ma sœur Béatrice estsortie de la cuisine en criant des choses en langue étran-gère, incompréhensibles pour moi.

*

Cet après-midi, Martine, la meilleure amie de ma mère,et ma mère se sont installées dans le salon, et ont beau-coup parlé en buvant beaucoup de thé. Elles ont com-mencé par beaucoup parler de leurs maris respectifs,dont elles n’ont cessé de répéter qu’ils ne valaient abso-lument pas grand-chose. Puis, ma mère a continué enparlant beaucoup de son divorce, et en parlant beaucoupaussi de ce qu’elle était convaincue que Jean, son mari,avait une maîtresse. De son côté, Martine, la meilleureamie de ma mère, a beaucoup insisté sur le fait que,selon elle, Jean, le mari de ma mère, ne s’intéressait passuffisamment aux femmes pour avoir une maîtresse en

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plus d’une épouse. Martine a dit ça cinq ou six fois desuite, en changeant seulement l’ordre des mots danslequel elle l’avait dit la première fois. Ce à quoi ma mèrea fait sortir de nombreuses larmes de ses yeux, et arépondu que, non seulement elle était sûre que Jean, sonmari, avait une maîtresse, mais qu’en plus, elle savait quecette maîtresse, c’était elle, Martine, sa meilleure amie.Sur ce, Martine a fait tomber sa tasse de thé sur le tapis,puis est devenue très pâle, et a fini par balbutierquelques mots que je n’ai pas saisis, mais qui m’ontimmédiatement fait penser qu’elle avait un bébé mortsous le nez à la place de la bouche. Ensuite, ma mère ademandé à Martine, sa meilleure amie, de disparaître, etde ne jamais plus réapparaître devant elle tant qu’elleserait vivante. Là, Martine, la meilleure amie de mamère, n’a rien répondu, et a disparu.

*

Ma mère est restée toute la soirée à pleurer sur le canapéen disant qu’elle était trop malheureuse, et qu’elle vou-lait mourir. J’ai regardé une partie de la soirée ma mèrepleurer en disant qu’elle était trop malheureuse, etqu’elle voulait mourir, puis j’ai eu faim, et suis allé dansla cuisine où j’ai préparé des pétales de maïs dans du lait.En regardant l’intérieur du bol où flottaient les pétalesde maïs dorés, j’ai immédiatement pensé au bébé mortque Martine, la meilleure amie de ma mère, avait à laplace de la bouche, et qu’en disparaissant, elle avaitoublié sur le canapé, à la place de ma mère. De nom-breux bébés morts flottaient à la surface du lait, et, enbuvant du thé, disaient qu’ils étaient trop malheureux et

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qu’ils voulaient mourir. Après, je suis allé au lit, j’ai écritça dans le cahier orange que m’a donné le docteur Lamy,et maintenant, je vais dormir.J’ai rallumé parce que je n’arrive pas à dormir.L’obscurité me fait immédiatement penser à la maréenoire, la marée noire me fait immédiatement penser aucouteau qui rentre dans le ventre, le couteau qui rentredans le ventre me fait immédiatement penser à lalumière blanche des supermarchés, la lumière blanchedes supermarchés me fait immédiatement penser auxbébés morts dans les cageots à melon, les cageots àmelon me font immédiatement penser au bol de laitbleu avec des boucles d’oreilles. Tout d’un coup, j’aienvie de vomir.

*

J’ai vomi tout ce qu’il y avait dans le ventre. Cela fait unpetit tas beige aux pieds de mon lit, qui m’a immédiate-ment fait penser à une rue en travaux. Maintenant, jecrois que je vais pouvoir dormir.

*

En me levant ce matin, j’ai trouvé ma mère allongée surle canapé inondé de sang, la gorge tranchée. Comme iln’y avait personne à la maison, je suis allé prévenir la voi-sine, madame Picard. Madame Picard a dit à son mari,monsieur Picard, de me tenir à l’œil, et a couru cheznous en robe de chambre. Monsieur Picard, lui, s’est faitdu café, et m’en a proposé une tasse que j’ai refusée. Enbuvant son café, monsieur Picard me regardait sans rien

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dire, avec l’air un peu de se demander ce que je faisais là.Peu après, la police est arrivée chez nous, trois voituresen tout, et peu après encore, deux policiers sont venusme chercher chez monsieur et madame Picard. Les deuxpoliciers m’ont fait monter dans une voiture extrême-ment rapide, et m’ont conduit chez le docteur Lamy quinous a reçus en chemise de nuit. Dans son salon, le doc-teur Lamy se penchait sur moi et me posait mille ques-tions. Il voulait savoir pourquoi j’avais les yeux blancscomme du lait, et les mains recouvertes de sang frais. Parl’ouverture de sa chemise de nuit transparente, me tom-baient sur les joues en me giflant ses gros seins gorgés depétrole doré. Ensuite, je me suis réveillé, et j’ai écrit çadans le cahier orange que m’a donné le docteur Lamy.C’est la première fois que je fais un rêve.

*

En vérité, je me suis levé tard. Et en me levant tard, j’aitrouvé mon père et ma sœur Béatrice dans la cuisine quipleuraient dans les bras l’un de l’autre. En me voyantarriver, mon père s’est détaché de ma sœur Béatrice, et aexpliqué, avec ses yeux rouges, que ma mère avait avaléde nombreux cachets durant la nuit, et que ma sœurBéatrice l’avait retrouvée totalement inanimée sur lecanapé en rentrant de chez son ami Éric. Mon père aajouté que ma mère avait fait une sorte de tentative desuicide, et que ma sœur Béatrice l’avait sauvée de jus-tesse en rentrant assez tôt de chez son ami Éric, et enappelant les pompiers qui l’avaient aussitôt emmenée.J’ai eu un peu de mal à ne pas rire, car j’ai immédiate-ment pensé au rêve que j’avais fait pendant la nuit, et

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qui est, à ce jour, mon premier rêve. Ensuite, mon pèrem’a demandé de retourner dans ma chambre, en expli-quant que si le téléphone sonnait, je devais absolumentrépondre, car ce serait probablement lui, mon père, ouma sœur Béatrice, qui m’appellerait pour me tenir aucourant de l’état de ma mère qui luttait courageusementsur un lit d’hôpital. Avant que je sorte de la cuisine, masœur Béatrice m’a demandé, en criant, si, vraiment, jen’avais rien entendu de tout ce bordel qui s’était passé.J’ai répondu non, et suis allé dans ma chambre où jefinis d’écrire ce qui vient d’arriver.Je crois que ma sœur Béatrice n’est pas rentrée aussi tôtque mon père le dit de chez son ami Éric, car, il y a cinqminutes de cela, mon père a téléphoné pour expliquer,en pleurant, que ma mère était morte sur le lit d’hôpitaloù elle avait courageusement lutté. L’enterrement auralieu demain, à seize heures.

*

À l’enterrement de ma mère, mon père, ma sœurBéatrice, Martine, la meilleure amie de ma mère, sonmari Paul, leur fille Julie, la meilleure amie de ma sœur,madame Picard, et même le docteur Lamy, qui a étéinvité, me regardaient tous un peu comme si j’avais moi-même enfilé un à un les cachets dans la bouche de mamère jusqu’à ce qu’elle en crève. Je crois que c’est surtoutdommage pour le docteur Lamy, parce que, si c’estcomme ça, je ne crois pas que je lui ferai lire tout ce quej’ai écrit dans le cahier orange qu’il m’a donné.

*

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C’est à partir du moment où ils ont mis le cercueil dema mère en terre que le sexe est devenu très dur dansmon slip. Si dur, qu’il me faisait du mal. Et mêmebeaucoup de mal. Tellement, que si j’avais eu sur moiun couteau de cuisine bien effilé, je me le serais tran-ché tout de suite. Des gens me serraient la main, m’em-brassaient, et, de mon côté, je ne pensais qu’à leurdemander s’ils n’avaient pas sur eux, par hasard, uncouteau de cuisine bien effilé. Mon père a dit quej’étais un peu trop pâle, et m’a donné de l’argent pourrentrer chez nous en taxi. Dans le taxi, le sexe a conti-nué à me faire beaucoup de mal, alors j’ai demandé auchauffeur de faire une halte au kiosque à journaux poury acheter le dernier numéro de picsou. Jusqu’à ce quel’on arrive devant la maison, j’ai appuyé le numéro depicsou fortement contre le sexe trop dur, en espérantque cela lui fasse du bien. J’appuyais aussi fort que jepouvais, mais cela n’arrivait à rien d’autre qu’à lerendre plus dur encore, et à faire courir des milliards defourmis sur tout le corps. Une fois à la maison, j’aiessayé de nombreuses choses pour que le sexe arrête deme faire du mal. Pour commencer, je me suis allongé àplat ventre pour l’aplatir le plus possible, mais c’étaitpire. Ensuite je me suis mis tout nu sous la douche gla-cée, mais c’était pire. Ensuite je me suis frappé forte-ment les cuisses et les mollets, mais c’était pire.Ensuite, je l’ai frappé fortement, lui, avec le numéro depicsou dont j’avais fait un tube, mais c’était pire. Puis,dans la cuisine, près du téléphone, il y avait un journaldans lequel je me souvenais d’avoir vu des femmesnues. J’ai cherché, et j’ai trouvé la page avec les femmesnues. C’était de petites vignettes qui disaient : appelle-

Sacha Ramos

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moi, et jouis sans rien dire. Alors, j’ai pris le combiné,et j’ai fait le premier numéro que j’avais sous les yeux.Là, une voix de femme a dit : si tu veux jouir pendantqu’il me décharge sur la bouche, appuie sur la touche1. Si tu veux jouir pendant que je me fais lécher lachatte par une lesbienne, appuie sur la touche 2. Si tuveux jouir pendant que je me fais défoncer le cul parun gros Noir, appuie sur la touche 3. Si tu veux jouirpendant que je me fais baiser par un chien, appuie surla touche 4. Je n’ai pas eu le temps d’appuyer suraucune touche, parce que, tout d’un coup, le sexe s’estmis à cracher du sperme sur le combiné. Cela m’a faittrès mal, comme si du feu courait partout sous la peau,et allait tout faire exploser. Et puis après, c’était pire.Non seulement le sexe était toujours trop dur, et mefaisait trop de mal, mais en plus je tremblais, je pleu-rais, et j’avais froid. Alors, j’ai pris le gros couteau aveclequel ma mère, lorsqu’elle était vivante, coupait lepoulet, et j’ai fait avec le sexe ce que ma mère faisaitavec le poulet. Je me suis immédiatement senti mieux,et après, je me suis évanoui.

*

Je me suis réveillé dans une chambre d’hôpital avec destuyaux dans les bras, et le docteur Lamy debout en facede moi dans sa blouse blanche. Le corps ne me faisait pasde mal. Je ne le sentais pas. Le docteur Lamy, lui, meregardait fixement en silence, avec l’air un peu de sedemander ce qu’il faisait là. Il est resté comme ça unassez long moment, puis il est sorti de la chambre. Avantde sortir, il a déposé sur la table de nuit le cahier orange

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Défense de la langue française. Membre de l’Associationdes Sciences du langage et de l’Académie Rabelais. PrixMontherlant de Littérature dramatique (1987) et S.Genevois du Meilleur Livre de cinéma (1988).

OLIVIER CAPPAROS, né en 1968 à Lyon, vit à Paris.Philosophe et compositeur, il produit régulièrement desémissions pour France Culture.

PIERRE JOURDE est né en 1955 à Créteil. Il est professeurà l’université Grenoble III. Il a publié divers essais litté-raires (notamment Empailler le toréador, Corti, 1999, LaLittérature sans estomac, L’Esprit des péninsules, 2002,et, avec Éric Naulleau, Le Jourde & Naulleau : précis delittérature du XXIe siècle, Mots et Cie, 2004), des romans(dernier paru : Pays perdu, L’Esprit des péninsules,2003), des livres en collaboration avec des artistes, dontun recueil de poèmes illustré par Kristian Desailly :Haïkus tout foutus (Voix d’encre, 2004).

LAURE MURAT, née en 1967, diplômée de l’EHESS, s’estspécialisée dans l’histoire culturelle. Elle a déjà publiéplusieurs livres dont La Maison du docteur Blanche(Lattès, 2001, rééd. Hachette «Pluriel », 2002), qui aobtenu le Goncourt de la biographie, et Passage del’Odéon : Sylvia Beach, Adrienne Monnier et la vie litté-raire à Paris dans l’entre-deux-guerres (Fayard, 2003, rééd.Gallimard, «Folio », à paraître en juin 2005). Elle tra-vaille actuellement aux définitions du sexe et du genreentre 1860 et 1930 pour un livre intitulé Le Troisièmesexe, à paraître chez Fayard en 2006, et partage sontemps entre Paris et les États-Unis.

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MALCOLM DE CHAZAL est né à l’Île Maurice en 1902 etmort en 1981. Philosophe, poète, peintre, chroniqueur,il est notamment l’auteur de Sens Plastique, publié enFrance en 1947 aux Éditions Gallimard (réédition dansla collection L’Imaginaire). Les Éditions Léo Scheer ontentrepris en 2004 de publier ses œuvres complètes. Troistomes sont déjà parus : Petrusmok et Sens Magique(2004), Poèmes – Apparadoxes (2005).

VINCENT ROY, né en 1968, est écrivain, éditeur et critiquelittéraire. Derniers livres parus : Gabriel Matzneff, l’exiléabsolu, Éditions Michalon, 2003, L’Instant désiré, nouvelles,Le Cherche Midi, 2004. Il publiera un premier roman enseptembre 2005 aux Éditions de La Table Ronde.

ÉRIC VUILLARD, 36 ans, est l’auteur du Chasseur (Édi-tions Michalon, 1999) et de Bois vert (Éditions LéoScheer, 2002).

ÉRIC MEUNIÉ, né en 1960 à Paris, est notamment l’au-teur de L’Enseignement du second degré (Créaphis, 1993)et de Confusion de peines (P.O.L., 2001).

JACQUES GOULET est né à Aurillac, mais il vit à Parisdepuis le temps où il y a fait ses études (philosophie, his-toire). Diabétique, il projette d’écrire sur son insulino-dépendance, un handicap certes, un état gênant, maisqui se révèle intéressant. Observer ce phénomène auxconfins de l’intime et du social sera, pense-t-il, une façond’appréhender certains faits culturels en partant de sonvécu. Cela lui permettra d’interroger son idiosyncrasie,de tenter de situer certains de ses comportements per-sonnels dans les mouvements de son époque.

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