la forêt périlleuse ou les brigands de

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  • 8/19/2019 La Forêt Périlleuse Ou Les Brigands De

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    https://books.google.fr/books?id=3d5wnoXGiBAC&hl=frhttps://books.google.fr/books?id=3d5wnoXGiBAC&hl=fr

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    319‘ L A 358907

    FORÊT PÉRÎLLEUSEOU LES

    BRIGANDS DE LA CALABRE, ‘

    DRAME EN TROIS ACTES, EN PROSE.

    PAR J. M. LoA1sEL-TRÉôGATE.

    Représenté pour la première fois , s ur le Théâtrede l a Cité , à Paris , l e 18 Floréal de l 'an V’

    (I7 313i I797.)I

    A MARSEILLE;

    Chez J E AN M O S SY , Imprimeur-Libraire, à Ï àCanebière.

    . . |

    , 1 7 9 8 . ‘

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    PERSONNAGES. ACTEURS.

    COLISAN , jeune O ff i c i e rau s e r v i c edu Roide Napîes. Valcourt.

    CAMILLE , amante de Col i san . Julie.FRESCO , valet de Coli san . Delapo rte .LE CAPITAINE des voleurs. Tautain.MORGAN , Ê Guibert.BRISEMQNT

    voleurs. Dummlf.L'A RDPLNT . St-Âlartiu.Bandede v ô l e u r s .

    Ces 1 : 0 1 a m ‘d o i v e n tê t f e b i e nc o s t a u d s ;p a r c eq u ' i l ss o n triches , et cependarit avoir Pair épouvantab le ;moustaches ,

    barbes é p a i s s e s, r o u s s e s e tn o i r e s1ere‘, K

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    34 La Forêt Pärilleuse,‘F R E s C 0 , tirant du vin et de s mets de son panier;Depuis ce mat inque vous n 'avez rien p r i s (Au moins

    buvezpn coup.‘ C 0 L I S A N.Je n'ai ni faim , n i s o i f .

    F R E S G O.Tant pi s , mons ieu r, vous perdez un grand p la i s i r. '

    Quand après une marche pénible , on éprouve , â - laf o i s , un appétit violent e t une s o i f ardente , manger etboire , alors, es t un délice . , une jouissance l . . ( Ilmange et boi t avidement.) Pardon , monsieur , cbst maâ moi, peut-être , d'avoir des plaisirs , que me reproche , puisque vous ne l es partagez pas; ( tenantd 'une main un morceau de vola i l le f ro ide de l 'autre unverre de vin.) mais comment résis ter à lï,deur ( l e cesmots , a u parfum, au frémissement s i doux de cettel iqueur vermeille. ( I l boit et i l mange. ) Mon che rmaître , Ïai partagé vos pe ines , i e l e s partage encorebien sincèrement, mais i l faut y mettre un terme; l avie est trop courte pour en user autrement.

    c o L 1 . s A N ,Pouroublier mes peines, ‘ i lfaudvait en oublier Fobiet ;et tu voudrais que, perdant l e souven i r de Cumi l i el . . .

    ‘ . F ‘R r : s c o . .Camil leé t a i t une personneaccomplie, j ' e n conviens,

    pétrie dagrémens , bt i l l an te (lrstarit , enivrée pour vous ,du plus ardent. amour , prête à comhier votre bonheurpa r l e don ( le s a main ; tout en elle j u s t i f i a i t votreidolâtrie , lorsque elie vous fut en levée tout.àvcolrp , pa rlïévénement le plus extraordinaire; mai‘ . l ie la ‘ monsieur,voilà quatre jours que vous ,nvoyn,z ( l e s messages s ur

    ‘toutes les route‘ , que nous - mêmes nous ‘Ïiarcouronstous l e s pays cllalentour; voilà quatre iours entiers quevo s g é m i s s e i h e n sredemandent votre amante toute lanature , ennui indice encore , , n ' a pu vous rien appren( ‘ l r ede sa destinée.

    c , o L 1 s A N.O C a m i l l e l Camille un dest in cruel nous a r t - i l

    séparés pour iatnais .F R E S C O.

    Franchement, monsieur, j 'en a i peur.‘ C'0L1SAN.

    Lorsque tous doux portés sur les ailes ( l e l 'amour‘ ,nous a l l i o n s dans ce château , où devai t ‘ s e conclureno i re hymen , j ' é t a i s l o in ( l e penser. que ce jour , leplus ‘beau de ma vie , se t ransformerai t pour moi , en ‘un jour de d e u i l .

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    Drame.‘ . 5F R E S C O.‘

    Mais rndites-mtii donc encore , les c i r cons tances doçette sépara t ion ; car elle me paraît toujours inconcevable.

    C O L l 5 A N.Après t r o i s heures de marche , nous touchions au

    terme de notre vo age. Le jour étai t sur son ( l . i . c l i n ,l a . campagne paisible ; nous goû t ions , dans une conversation tendre et animée , les prémices ( l e notrebonheur , nous nous ar rangions pour mener une viodélicieuse , lorsque soudain Camille sai‘pnrçoi t qu'un.bracelet , formé de mes cheveu‘xet ( l e mon port ra i t ,s ' e s t échappé de so n b r a s . Cvttc perte parait l amigervivement ; j e l u i dis de m'attendre aux pieds d'un.arbre; j e m'empressede retourner sur mes pas. Lebracelet se retrouve , je revoie , t ransporté de joie ,près de l ' a r b r e o ù j ' a i l a i ss é l ' o b j e t( le ma t n i i t l r c s s c;mais , ô souveniraffreux plus d 'amante, plus dlèjiouse:Camille avai t disparu.

    F R E S C 0.Si j ' a v a i s été là, cola ne {m j ‘ o i n t a r r i v e ‘ .

    c o L I s A N.Est-ce un ravisseur l est-ce quelque bête cruelle?Ioutes mes co n je cture s s on thorribles.

    F R E . 5 C O1Votre malheur est bien grand , sans doute ; mais je

    vous l e répète , monsieur , i l faut en détourner votreesprit , l a raison l e conseil le , l ' e x i g e .

    C 0 i . i S A N.La raison P t u me proposes decouter la raisonl

    F R L5 C o .Oui, monsieur. ‘

    C 0 L I S A N.Ah.’ tu n 'as point Connu l ' amour.

    F R r ; s c o.Pardonnez-moi , je lai connu , dont bien me fâche;

    l ' amour , a i n s i qu'à vous , m' a causé de s peines assezcuisantcs; mais , bien convaincu présentement que l e

    chagrin opère les plus tri‘tes métamorphoses; quîl fait‘un ours d'un homme aimable,c t un e bêtcdunc hommed'esprit , quand i l veut s 'emparer de moi, monsieur,j e l u i r é ‘ i s t e, j c l e combats, ct j e i l i s toujours par e n .triompher.

    C 0 L I S A N , a vec un léger sourire.Et quels son t t e s moyens pour celal

    FRESCO.

    Un seul , immanquables, et à l a portée de tout l emonde, c'est lo vin.

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    6 La Ennft Priillsnse , ‘C O L l 5 A N.

    Fi F R E s c o .

    O ui , mons ieur, l e vin , buvez , croyez.moi , buvez‘ f o r t , , c t vous serez console. B l a i senn , que rdsolvonsnous .

    C 0 L I S A N.Je ne sa i s .

    F R . E S C O.Le soleil se couche , vous ne prétendez pas que , cette

    nuit ,nous ayons pour o in l ( l e .l i t , la voûte du rmamentC 0 L l 5 A N.

    Prenons un sent ier . l e premier venu.

    F R E s ç Q .Je n 'en vois point.‘C O L I S A N.

    Eh Ë bien marchons tout droit devan t nous.F R E S C O.

    Sans savoir oùlc o L l s A N.

    Sans s a v o i ro ù: nous,arriverons toujoursquelquep a r t . ‘F R F . S C O.

    Allons (lonc sur l a f o i du hazard , p u i s s e - t - i lnousconduire dans quelque bon gîte, sans acc ident et s a n smésavantnrc l ( I l s jknt quelques pas pour s o r t i r ; Frescos ' a r r ê t ee j ÿ i u y é .) Monsieur, iapporcoisplusieurs hommes.

    c o L l 5 A N.De quel côté l

    F R E S C O. l ‘Tout lâ.bas, â t r a v e r sces a r b r e s .Les distinguez-vousl

    C o L 1 s A N.Oui, j e les apperçois .

    F R E s C o.I l s s o n t armés . ä

    . c o L 1 s A N.P a r précaut ion , apparemment. Ce s o n t de s v o y a ge urs ;

    F R E S C 0.Des voyageursne vont point ainsi par bande. Regar

    dez i l s s o n t en grand nombre. Monsieur, évi tons leur

    rencontre .f c o 1 . 1 s A N.Tu seras donc touiours po l i ron l

    F R 1 5s c o. Ce ' n ' e s t point poltronerie , c ' e s t prudence. I l a r r i v e

    (Téiranges choses , dans les forêts ,‘quand on voyage ice l l e -c i , sur-tout ,‘ on y court mille dangers . millehasards , vous le savez _ , ‘ on nous en a prévenus surtoute l a route... Cachons nous . ‘

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    Drame. 7

    llc o L i s A N .

    I l a raison , ces gens peuven tbien être des malfaiteurs.F n E s c o .

    I l s approchent; j e vous en conjure, monsieur, nenous exposonsp a s .C O I . I 8 A N.

    Eh bien met tons -nousquelque part.F R E S C 0.

    Derrière ce feuillagelC 0 L I S A N.

    J'y consens, viens : de . l a ‘ nous pourrons voir sans

    être vus.

    '. |

    ( I l : se cachent du câ t e ‘opposéau rocher.)

    s c É N E 1 1 .BRISEMONT , LÏARDEN troupe de Voleurs.'

    BRIS EM o N T.Où e s t le Capitainel

    tanneur.

    P‘ Q

    I l nous suit.B R I S E M O N T.

    Vous n 'avez rencontré personnelL'A R D E N T.

    Pas même un piéton ; j amais les chemins ne furent‘s i déser ts .

    B R I S E. M O N T.Llcssieursles gen s de bien dev iennen t

    paresseuxcasaniers.L ‘A R D E ‘ .N T.

    O ui , depuis quelque temps , i l s ont de l a ‘se mettre en voyage. ‘

    ' B R I S E M O N T.Cependant , par nos f réquentes appar i t ions s ur les

    chemins , et par l e soin quenous prenonsd'y exécuter,‘( le temps en temps,‘ de petites scènes f o r t dramatiques,nous epargnons aux voyageurs la monotonie e t l es .ennuis de la route.

    IJARDEN T,

    \pe ine a .

    Assurément .B R 1 S E M o N ' 1 ' .

    ‘Au reste , c ' e s t notre première s o r t i e ;l a secondepeut-être sera plus heureuse. Voici l e Capitaine.

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    8 La Forêt p é r i l l e u s e;

    SCÈNEIIL .

    Les précädens, L E C A P ITAI N E des voleurs.'

    L E C A P I T A I N E.A-t-on des nouvel les de Crac , not re camarade, qui

    t l a sottise de se laisser prendre l'autre jourlB R I S E . M 0 N T.

    Oui , Capi t a ine , i l est jugé , condamné.L'A R D E N ‘ r .

    Et eiéeuté. . LE CAPITAINE. ’

    Dis q u ‘ i l a ni s a carrière: mourir l e s armesâ l amain , dans un l i t , ou sur l Ï ‘ chaffaud , c 'es t toujoursmourir; grands e t p e t i t s, fous e t sages , e t ceux qu'onnomme des brigands , n i s sen t pa r une (lestinee commune. Tous , ‘ l e sun s plutôt, l e s autres plus tard , s ' a nvont également nourrir la terre , ou servir de pâtureaux bêtes carnassieres; mais la issons ce di sco urs : où estMerganl H .

    B K I s E M o N ' 1 ' .

    I l nous a quitté pour une entreprise particulière.LE‘ CAPITAINE.Je le sai s ; mais i l devra i t être revenu. Camarades, i l

    y a , cette nui t , un beau coup à faire à deux lieuesde chemin de cet endroit . Nous al lons repartir. Sommes-gnous tous ic i l , , ‘

    BRI SEM ON T..oüi ; ‘Cap i t a ine , voic i tout not re monde , excepte‘.

    Mol-gag et l e s ( l e u ) ; hommes restés dans le souterrain , :Pour préparer l 3 souper. M .~ ‘ ‘LE CAPITAINE. '

    Fais-les ven i r: ce n'es t pas trop de l a troupe ‘touteentière, pour . le coup hardi que nous allons tenter.( ‘ Ï I j i l i t l e tour du théâtre , en observant . )

    l

    ‘ ‘ ( Brisemonts 'approchedu rocher , ' t I ' r e à I , u il i n quartierde roc; qui tourne avec effort sur un pivot , e t l a i s s e voirun e ouverture fermée paruneporte ; i l mct I a ‘ c l e f dansIa ‘serrure , qui ferme à t r o i s t o u r s ‘ . La porte s 'ouvre; i ldescend dans l e s o u t e r r a i n .

    SCÈNE 1%

    Les précédens excepté Brisemont.

    LE CA P t T A1N E , après avoirf a i t l e t o u r du t h é â t r e ‘ ;J entendsremuer l e feuillage , écoutons.( I l s écoutent.)

    Ç Vivement.)

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    1o L Forêt P é r i l l e u s e , ‘

    ‘ x

    SCÈNEVLLe: précédens, BRISEMONT , deux autres Voleurs.

    B R I s E M 0 N 1 , sortant du souterrain , avec lesdeux hommes q u ' i l a été chercher.

    Nous voic i , capi taine. ( I l oublie de fermer la porte ;i l . referme seu lementl e rocher.)

    . ' LECAPITÀINÊ.Quelle lenteur . . ( Après un s i l e n c e .) Camarades, i e

    vous mène à une entreprise qui demande des hommesd‘titerminés, je serai touiours à votre tête; mais s ' i l est

    armi vous de s cœurs lâches , qui tremblent ou quiliésitent de me seconder, je jure pa r toutes l e s p u i s s a nces de l 'enfer , qu'ils se ron t mes premières vict imes.Marchons . ‘( Ils délent au son de l ' o r c h e s t r e, q u i exécute un e marche‘de nuit .)

    SCÈNE VILCOLISAN,FRESCQ

    FRESCO.Oufl.. . Monsieur, n'est-ce pas trop t ô t quitter notre

    poste . . Juste c i e l l qubst-ce que nousv e n o n sde voir lCo l . 1 s A N.

    Une bande de voleurs .F F. E 5 C O.

    S ' i l s nous ava ien t apperçus , ce serait f a i t de noua.. “c o L 1 s A N.

    I l y a to ut l ieu de l e penser.‘ l F R E s c o.Quels épouvantables coquins l

    C 0 L l S A N.La nuit devient“noire , tu a s t a lanterne sourde

    .

    \ F R E s c O.Oqi,twmonsieur.

    i COLISAN.Fais du feu.

    F R E s c o. Vous avez r a i s o n .Tâchons de nous reconnaître dans

    ce l ieu dangereux. 1 I l pre nd da ns ses poches un briquetet un e lanterne sourde; i l allume un e bougie q u ' i l metdans sa lanterne. ) Quand on f a i t comme nous ( l e s coursesnocturnes , au milieu des bois . ce p e t i t meuble e s td'une grande u t i l i t é . Partons , monsieur. Les voleurssont a l lés p a r - l à, prenonsl e c ô t éo p p o s e ‘ .

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    Drame 9 . 1C O I . I S A N.

    Un moment. Donne-moi t a lumière. ( s'approchantdur o c h e r) l l y a sous nos pieds une cavernequi s e r t der e t r a i t eA c e s brigands.F R E S C 0.

    Cela n ' e s t pas douteux.C O I . I 8 A N.

    C ' e s t - l àqu'en es t Pouverture.l ’ R E. S C O.

    Eh oui, monsieur; mais éloignons-nous: on respirei c i un a i r homicide.

    C O 1 1 s A N , sans prendre garde d c a que d i t F r e s c a .Qui d i r a i t que ce rocher tourne sur un pivot. ( I l

    ébran le i e rocher . et l e fa i t tourner comme i l a vu faireà Brisemtnt. ) Fresco l Fresco i l s ont la i s s é laporteouverte. ‘

    F R E S C O.Que nous importe, c ' e s t t r o p long-tempsr e s t e rdans

    ce coupe-gorge. Allons nous-en .‘ C O L I S A N.

    Non , i l faut pénétrer dans ce repaire , observer parnos yeux ce q u ' i l renferme ; et après avoir l a i s s é i c iquelque marque qui puisse le faire reconnaî t re , vo le rdemain chez l e magistrat , l u i déclarer ce que nousaurons vu , e t contribuer , s ' i l s e peut , à purger l ePays d'un rassemblementqui l u i est s i funeste.

    F I l as C o , a v e c beaucoup d 'é tonnement . ‘Y pensez-vous, monsieur l vous voulez entrer dam

    cet te caverne f' C O L I S A N.

    Ouî , s a n s doute.F R E S C O.

    Ce dessein est plus que téméraire.C 0 L l S A N.

    Quand i l se présente une occas ion de rendre serviceà i a soc ié té , un honnête homme serait coupable de lala isser échapper.

    F R E S\C O.

    Mais c e s bandits n e peuvent-ils pas revenir , noussurprendre l

    COLISAN.Rassure-toi: j e n ' a i rien perdu de leur conversation;

    I l s von t à cieux lieues de cet endroi t. Personne n'estresté dans lo souterra in , entrons y tout de suite.

    F R E S C 0 , du tan l e plus suppliant.Mon Cher maître abandonnez un desse in s i funeste .

    B a

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    12' La Forêt Péril/eus: 3C O L l S A N.

    Si tu crains de me suivre , ( lemnure.. ' , F R a s c .o , très-édiant.

    Reste r seul en c0 l ieu IC O L I S A N.Tu en e s l e maître.F R E S C 0.

    Dieu m'en garde. Je suis a ‘ vous, j e vous a ime. J ' i r a i savec vous dans les entrailles ( le l a terre.

    C o L 1 s A N .Viens donc sans délibérer. Prens t a lanterne , et

    marche devant m o i .F n E s c o avec beaucoup dïffroi .

    Monsieur lC 0 L l 5 A N.

    Entre donc. F R E S C O.

    Non , monsieur ,,je s a i s trop ce que j e vous dois ,‘passez l e premier. ( Colisane n t r e .Fresco ,avant de s u i v r eson maître. ) Allons , puisque c ' e s t - l à not re tombeau.‘tâchons d ' y descendre avec résignation. ( I l s entrcnt e ti l s ‘ ref tnncnt le‘ rocher sur eux.

    \SCENE VIII.

    BRISEMONT,s euI.

    Quelle étourderie l J ' a i oublié de fermer l a porte ;‘mais auss i , c 'es t lafaute du Capitaine; i l nous a emmenés s i brusquement. Heurmlsement je m'en suisressouvenu avan t . que; nous f û s s i o n s bien l o i n , et j ' a i e

    cours réparer cet oubli. I l est v r a i qu'à moius que nousne soyonsvendus, on n ' i r a jamais trouver une portederrière ce rocher‘; mais l a c h o s e est poss ib le , et dansn o tre mét i e r i l n'es t pas de petites imprudences. (Ilouvre l: rocher ,fe.nne la por te à triple tour, et remet lerocher dans son prcniier é t a t . ) Bon , tout est en ordre.

    ‘A présent courons rejoindre l a troupe ; car s i je ,manquais i l 'expédition , , l e Capi t a ine , qui n'entend pasraillerie , ne répondrai t à mes excuses que pa r un

    coup de son. sabre tranchant , avec lequel î l vous‘ f a i tsauter une t ê t e d'homme a u s s i lestement qu'avec l emien, moi, j e f e r a i s voler une t ê t e de pavot.

    Fut nu PREMIER ACTE.

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    t 4 la Forêt Pärilleuse,‘C O L l S A B ‘ .

    Ce n ' e s t que pour t o i , mon cher Fresco , que [ofrémis du sort qui nous menace ; car. que m'importe ,à mo i , que ce s o i t ma douleur , ou l e Lr d'un brigand,qui achève ma destinée.

    F R . E S C O.I l me semble déjà voir ces hommes farouches, tomber

    sur nous comme des tygres en furie , nous déchirer,nous dévorer , peut-être ; oui, monsieur. nous dévorer.Beaucoup de ces brigands se nourr i s ‘en t de chair humaine . on me l ' a di t cent fois . J'ai vu l i -de t l ans degrandes broches , de gra ndes ch audi èreshouiliantes.Nous avons tous deux assez dembonpoint. S ' i l leur precnaît fantaisie de nous faire rôtir , ou de nous mettreau bleu comme des brochets .

    C 0 L l S A N.Calme t e s frayeurs.

    F R E S C O.Je ne le p u i s .

    C O L I S A NoSi tu avais du courage

    F R E . S C 0.A quoi nous s e r v i r a i t - i llC O L l S A N.

    A vendre chèrementnotre v i e . S i tu a v a i s au moinsl e courage du désespoir , nous aurions , en mourant le p l a i s i r de f a i r e mordre l a poussièreâ plusieurs de cesbrigands.

    F R Ê S C O.Belle consolat ion l Gardons-nousbien d ‘ i r r i t e rleur

    fureur par une v a i n e résistance. Croyez-moi , sub i s sonstranquillement le sort que nous ne pouvons éviter( Camille , qui es t renfermée dans Ie cachot, f a i t entendrades pla in tes et des mots inart iculés. Avec cf‘o i . ) Monsieur,nous ne sommes pas seuls i c i ( Colisanprêta l 'oreille.)Entendez-vous , monsieur l

    c 0 L t s A N.J 'entends des soupirs.

    F R .E s c o .Nous sommes perdus.‘ co L I s A N.Tais- to i , écoutons. . . Ce s o n t des sanglots , des cris

    ‘touffes, quelque victime , sans doute i ‘F R 1‘ :s c o , tremblant.

    C'est un malheureuxque l 'on expédie.. C 0 L L3 A N.

    Tâchons de découvrir.

    /

    .- ._. ,‘

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    Drame. 133, ‘R E S C o , éperdu de frayeur.‘

    Où allez-vous , monsieur IC O L I S A N.

    ( I l cherche , i l écoute. ) C'est de-lâ que partent legémissement) .( I l t i r e avecforce l e rideau qui cache lagrille. )

    SCÈNEIL

    ‘On a p p e r ç n i t .F i n t é r i e u rdu c a c h o t .Camille l a t i t e nue,‘les cheveux épars , es t as si se et appuyée, dans l 'attituddu désespoir , sur un e espèce de chaise longue. Unelampeb r û l e levant e l l e .

    COLISAN , FRESCO , CAMILLE.

    COLISAN. I0 ciell une femme

    CAMlLLE,Ievant Ia t É t t . ‘ .Que son de v o i x l .

    c o L I s A N.

    Madame , ne cra ignez r ien‘ , celui qui s ' o f f r e i vo sr e g a r d s . . .Dieu tout puissant c ' e s t Camille. ( I l c r i e . )Camille l

    cAMlLLE,avec un c r i .Col i san l ( Elle x ' e ' l a n c nà lagrille.)

    C O L I S A N.Ch ère a ma ntel ( I l prend s e s main: e t l e ; couvre d,

    Daiser: , à t r a v e r sl a g r i l l e . )FRESCO.

    3

    Camille ici. c o L 1s A N .

    ( I l ébranle l a g r i l l e d ' u n bras vigoureux. Vivement . )Ces barreaux de f e r . . . Ne peut.on l

    ‘ Fn E s c o .Vous voyezbien, monsxeur,que cette g r i l l e e s t f e r

    \ mée a la clef . .coLIsA N , avec force.

    I l faut l 'enfoncer, l a b r i s e r . N'y a- t - i l pas i c i quelqueinstrument? . .FREScO , ch erch an t dtsyeux ; i l apperçoit la clef pendu»

    au rocher. Vivement .Monsieur , cette clef, ‘ p e u t ä é t r e .

    C o L I s A N , vivement.Donne. ( ' I l met la clef dans la serrure. La grillv

    ‘ t ' o u v r e) .FÊESCO avec j o i e .

    Justement, c ' e s t la c le f . Quel bonheura

  • 8/19/2019 La Forêt Périlleuse Ou Les Brigands De

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    nô Ia Forêt Peÿillcusc,‘( Colisan ouvre la g r i l l e . Les deux‘ amans t omben t et

    dtmeurent un moment dans les bras l'un de Ïautre; 1 1 sviennentensuite sur l e devan t de I a scène.)

    C A l “ I L L E. O Colisanl Quoi c ' e s t vous.C 0 L l S A N.

    Oui. O ma bien a iméei toute mon ame e s t pénétré.de l inexprimablej o i e de vous r e v o i r .

    C A M I l . L E. ,O encha înementdes {ivénemensde l a v i elu . Et t o i

    aussi , Fresco, l e voilà F R E S C 0.

    Oui, madame , me voilà , et j 'en suis i n c o n s o l a b l e ,je ne vous l e cache p a s .C A M I L L E.

    Par quel hasard . . . Je tremble... Les brigands...C O L I S A N.

    S o n t p a r t i s .C A L I L L E.

    Je le sa is ; mais voici l l i e t i r e ., C 0 L I S A N.

    C I l s son t à une expéditionéloignée, j ' e n ai l a certitude.C A M 1 L L E . . Qui vous a co ndui t dan s cette affreuse demeure Z

    C O L X 8 A N. Une i n s p i r a t i o nde lamour. .

    . , ' ‘ F R E S C O. w ‘ Di tes pl utôt , monsieur , votre fatale cur ios i téylvous‘sommes bien parvenus jusqu'ici ; mais , hélas plusd'espoir d'en s o r t i r. Je ne s a i s quel demon jaloux denot re ruine , est venu refermer sur nous l a porte.(r. CAMILLE.

    I l me f a i t frissonner.r n E s c o . . ,

    — . I i e . c i e lnous rassemble pour nous procurer l a t r i s t edouceur de mourir tous l e s t r o i s de compagnie .

    c ‘ ‘ AM r L L E. j .. = ' I l ' n e s t que trop vrai , vous n'échappera point â la

    barbarie de mes r a v i s s e u r s . ‘ . COLISXÀN. ( 5

    Je crains peu le ,trépas , des alarmes plus cruellest roublen t mon cœur , en ce t r i s t e moment; Camille ,depuis quand êtes-vous au pouvoir de ‘ c e s brigands ‘. . cA‘MILLE. ‘u?

    Depuis l e jour de notre séparation. L . a C 0' L l S A N.

    Depuisquatre jours i Vous me f a i t e s f r é n l i r .. . Maiscomment

    \

    —, —-— -—— —‘, —Ï,

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    Drame. f7 ‘comment êtes-vous tombée dans leurs mainsl Par quellefaveur du ciel , ont-i ls conservé vo s jours , respecté votreinnocence .7Daiguez m'éclairc-ir , je veux tout savoi r ,s a t i s f a i t e sà ma ‘vive impat iencel

    C A M l L L E.A peine m'eûtes-vousquitté pour courir à l a recherche‘

    de mon bracelet , que plusieurs hommes s o r t i s d'unJbois vois in , s ' é lancen t s ur moi, et m'environnent. L'un‘deux me prend rudement par l a main , e t mbrdonndde l e suivrenUn c r i m'échappe, i l s me saisissent,nfentraînent malgré ma résis tance , et ‘me jet tent dansun charriot couvert . Eperdue , hors de moi-môme, p.’

    vée de l ' u sage de mes sens . , je ne sais n i par quelchemin i l s me condu i s i r en t , ni combien (lura mon.évanouissement .Revenue à moi-même , j e porte autourde moi des regards effrayés , e t j e me vois renfermée.dans ce cachot. Un bruit frappe mon o r e i l l e ; l e chef‘des brigands ; car c ' é t a i t l u i qui nfavait d i t de l esuivre a ‘ l ' e n t r é e du bois ) reparaît à , ‘ m avue. A s o n .aspect mon s a n g s e glace dans mes veines ; i l lâched'adoucir le son (le s a voix , et de Inbl î r i r ‘un ‘ v i s agemoins farouche; mais i l me déclare que j e l u i ‘ p l a i s, , ‘et q u ' i l faut que j e réponde â so n ardeur exécrable.‘Je prie la terre de nfengloutir. Calmez.vous, a - t - i l ‘ajouté, t o u t .brigand que j e suis, j e s a i s vivre avec les‘ .femmes. Vous êtes ma pr i sonnière 5 mais ne‘ veuxpo in t user brusquement de mes (lroitsÏsur vous : j evous l a i s s equelque tempspour rééchir à ce que j'attendsde votre compla i sance .Pense-tu , lui ai-jo dit , qi ie î ï e

    temps puisse diminuer l 'horreur que tu mînspires. Oui,j e l e crois , {n'en-il répliqué. Je l u i ai parleÿdnuirièsengagemens avec vous , de lliymen qui a l l a i t ,nous unir,I l faut y renoncer , m'a-t . i l dit; c e t . ‘amant . l e monde ,l a lumière du jour, tout es t perdu pour vous “vousne sortirez plus de cette retraite , conformez vo s sent imens {votre nouvel le destinée. Je l u i a i demandé lamort. Vous vivrez , m'a-t-i l répondu , et vous vivrezpour moi : j e vous donne quatre jours pour i ç p u sdéci:der. Quîijouterai-je ‘ âcet affreux r é c i t i C'est aujourd'huique le tlerme f a t a l e l î c p i r e ;maisdje crains peu les fureursd'un t e monstre . a mort ,inutilement...

    I

    I

    ‘ c o L 1 s A N.La mort l

    CAMÏLLLE; l a .Iîlle eût déjà termine mon sort‘lsi une vdis ièonso

    lente , pénétrant a u f o n d de mon.cacho t, ne ‘fut v e r t u s ? d

    J

    que j e nimplorerai pas

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    t8 w La Forêt Périlleusc;

    f r a p p e r .doucementmon ore i l l e . Ce f u t la nuit mêmede mon entrée dans ce lieu. Ientendis ces mots, prononcés dis t inc tement , à ‘ t r a v e r s ces barreaux: « Fille» aimable , espérez ; ‘Dieu vous regarde; i l protège9 Finnocence .a : L'impressionque me rent ces paroles,a calme' j u s q u ' i c i l ' e x c è sde mon désespoir; maishélasce n e f u t sans doute qu'une i l l u s i o n .Je n ' a i prolongéma vie que po uremporter ‘ au tombeau , l a do ul eur dede vous y entraîner avec moi .

    C O L I S Â N. . .k Cami l l e , ne désespéronspoint de l a bonté du cie l ;

    i l ‘ n e dispose‘ p a sde s événemens pourquïls soient l onä

    temps favorables au crime. Cherchonsdes moyens es o r t i r de ces l i e u x . .. FJR E s c o. .Desmoyensen es t - i l un s e u lZC ' e s tb i e n - l às e r e p a î t r e

    de chimères . .c ‘ oL t s A N.

    A quoi ces brigands s'occupent‘ils, ‘dans cette caverneC A M L L E.

    . Figurez-vous tout ce que l a perÿersité peut offrir deplus effrayant , e t vous n'aurez encore‘qu'une t r è s - f a i b l eidée de ce que j ' a ientrevu des mœurs de cette troupede s c e l é r a t s .La débauchee t l e meurtre font i c i leursplus doux amusemens. Quand l e s monst resmanquentde vict imes étrangères , c'est les uns' contre les autresq u ' i l s dirigent leur ‘ f u r e u r . . ‘

    C 0 L I S A N.

    Et leur chef

    . p c A M L L E . V. . 1 l e s t l e seul q u ' i l s o i t à l ' a b r i de leur ra ge s an gui -aire; i ls l e craignent , i l s ‘l e respectent.. c o l . 1 s A N .

    Savei-vouso ù i l s mettent l e s ‘c l e f s de leur retraite.. t ‘ :A M t L L É . ‘ .

    VLe chef , . q u i ne s ' e n rapporte q u ' à lu i de la s û r e t éde ces lieux‘, pendant l a nui t , l e s a toujours à sa ce in

    ture; i l m'en a prevenue lui-même. . 'c o L i s À N . .‘ M c f e s t .ce qu'il est bon de savoir. N' y a - t - i l pas i c i quel.que‘ endroit oùnous puissions nous t e n i r cachés, pourcette nuit seu lement?

    c A I L L E.Je ne; vois que ‘ceslrdcliers ñnelsoupçonrtant p o i n t

    quon.ai t ipu sintrodu1œ i c i , 1 l sne f e r o n tsûrementnulle r e c h e r c h e .. r . . .

    . . f

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    Drame.‘ . 19COL IS AK .

    Le chefdes vo leurs v i endravous v i s i t e rä so n retourc A M l L L E .

    Toujours , en arr ivant de ses courses nocturnes , i lme f a i t supporter s o n horrible vue.c o L r s A N .

    C'est cette nuit q u ' i l exige que vo us répo ndi ezà sepassionI

    cAMrLuE. ‘ ,. 'Cette nui t même. i

    ‘ C O L I S A N. i ‘ .

    Pardon. , s i j e vous f a i s toutes ‘ces quest ions ; ellessont nécessaires. Dites-moiencore, j e vousprie : Est-cei c ique ces brigands prennent l e u r s repasl

    “ CAMIL‘IQB. Non , c'est dans tme autre caverne , que j e l n ' a i pa s

    vue ; mais qui communique à c e l l e - c ipar 1 3 1 1 €de c e si s s u e s . , .

    c o t . 1.: A pJe conçois un‘desse in . Camil le, i l faut dissimuler;

    feindre de voir cet homme avec de s yeux moins prévenus;Vous f rémissez . je l e c o n ç o i s , l 'horreur quinspire unscélérat , est difcile àsurmonter; mais quel le i réso lutipn ne peut-on prendre contre. un ŒueFennemi t ’Faitesvous violence , vous ne pouvez l u i échapper qu'en letrompant. ‘ . ‘ ” .c'AMl‘LLE,aIanne'ç.' T l ‘.

    . lI; Expliquez-vous. L

    r,” CoLIssr}. “tuQuand le chef des . brigands r e p a r a î t r e, f a i t e s - l u iluaccueil plus atteur , sans affectation , ‘ sans contrainte‘.Donnez-lui à ‘connaître adroitement que , ‘ cédant ænnâ votre des t inée , v o us . s e rq a. s e ps i b l e à sa p a s s i o n ; etan de . le mien‘ persuader que‘ vous êtes sincèreîdeémandez-lui à ‘souper i c i ‘ t ê t e - â r t ê t e ‘ .Écoutez bien , , d;chère C a r r i i l l e :: 7 epuis v o t r e ‘perte, j ' a v a i smon existenceen e x é c r a t i o , n . ‘( ' Tirant mie p e t i t e b o î t e de sa poche.)La poudre que contient: cette botte , e s t un po i sontrès,actif, que j e portais sur moi , dans l e dessein deme donnenwla iq ior tpgsi ‘mes rbclærchês ne vous eäs len tpoint rendue â mongamourrlorsque vous serez à table et ‘que lé vin; aura‘ mis en bel le humeur votreaffreux“ c o n s i î v é “ ,s a i s i s s e zl ' i n s t a n to ù ” ' i' ne pourra vousappercevoir , e t j e t t e z c e t t e poudre dans sonverre; ' âpeine aura-t-il bu , que vous le verrez perdre le sen

    timent , et tomber à la renverse. ‘Né craignez rien,l ' e f f e t de l a poudre sera s i prompt, q u ' i lc r l f a u r apas l e ‘

    a...“

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    m La Forêt Përilleusc;

    . ( m“ .h

    temps ( Ta r r ê t e rsur vous quelque soupçon. Le chefmort.‘ et pendantque s a t roupe ne‘ songera qu'à senyvrvr dans l e fo n d de la caverne, nous prendrons l e s‘ c l e f s , et sortirons ( l e ce gouffre diniqui tés ,

    .C A M I L L E. .l Vous rnïe-frayezl puis- je me résoudre à causer l a mort.d'un.homme? ‘ . 5 . .

    c ‘ o t . 1 s A N.Eh cet homme e s t un monst res o u i l l é( le meurtres,

    ( lent l a tête est mise â prix; en purger l a terre, ‘des:remplir le vœux de la j u s t i c e,4e t c e l u i de l ' h u m a n i t é

    Ètt“ . 3m‘ .C.A‘M. 1 t . lnE .a ; , l a faiblesse ( l e mon sexe. . . . . ‘ . ‘

    .c.,o‘L 159A n , vivement: :4 -I l faut l a surmonter. Le péril est extrême ; votre

    . l ‘ . 01 i ;nep r,, , ma v i e , ‘ .l a vôtre , celle de mille, auifes ,âpäe iäyê t tg iépendentdevotre réso lu t ionaPrepezce tl e b oi te

    C A M I L L E. , . ,Donnez. Puisse leyciel vaincre ma t imidité, et affermir.

    ponbpas; J ‘‘en tendtum‘ b r u i t ‘sout‘duardnhte ciel l se, ' s o t p . t . , l e s ‘bpigands. . 3 ‘ . . . w rÿ

    : . . . ; ‘ W91 F R E‘S c o. ‘ ; . v , ‘ ï‘‘nnnqAllgns , nolreuheunçiästvenue... i .u.ï . . .. . . ; u . '‘ C 0 D l ( i ,A' Nrtvivemehtà Camilleu; .

    ‘ . u Ben regdansÿ ce lzaphon: (qoamillwreutre ; i l refermeÎa gril s uf ‘elle , à la c le f , tire le r ideau , . et va rumettre l a clef âgsanplace.) i Wienstgfresco , mettons-nousderrière ces rochers. l

    . ,F R..E S . 0.0‘Allez, monsieu,r. ï . p i l i ‘ s g u êces; nécessaire, â . vos g los

    auins : ‘mais enta, ïcotrraûfcet te c a î i f e r r i ä , fàilremarquémtnnïüachètre Ëluwsttre ï q ù e . ‘ c e l l e - ‘ l ä l r f ï l r o u æ f é imon‘ que, f i èh préféra, ‘ t _ r p u u 5 . u , : : . . b:orl 1 9 a en . f r : s‘ Cxbml .‘1‘S>AaN.. .lmsnenÿes leWn 95 Fi‘ä. ‘KMÎÏI‘rnurf iëidlatèrklarrière‘teneurs. n e s t :gareïprhlï ‘i sä ûë “ ê f o r ê t ‘ ,‘ d uc ô t égvmlsdvàc v l u i ' p . t i r ' b ù , e n t r è n il e} g v i f l ç i i r l s f ï l l l l k ‘‘

    o ‘ . t . lun äliutltwt ) u ‘ ‘ 4 ' - . 'm » .. .; ; ; wsæciävwËWJUP.‘ j ‘ lÙll-ïs mi‘ 5l eslf, 7 m1“: ah. mf u orp ,11‘ .

    .

    en ? Sëni“: l .

    ‘_ r n l | m

    “tangoesrmrtttiîswowMORGANJ.HBRÆËEMONT,« I l . . ‘ u: , ‘ mue.negvolmrn L e' . . l . . : ‘

    :4 ‘ . . 9;” . . m v‘ hui. m‘l 9' , “ l ‘ .I î î n g e r n o t , i i ï }r n t l g t )qusÇfzgiçai/igyme grosÿçudqf, qui est

    ce] e de [entre.gie . , q çqyerne.‘ Le Capitgainel 'attache à sa,ceinture. )1 ; ,

    q, n . . . _ , ‘ . . .J-cE ( ÎÂAÆ.rrr A 1 N11,

    |‘l'. ' - ‘ I jexpédi t ionùes t maag,uejeg. u . tu

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    Drame. 2y :B R I s F ; M o N ' 1 ' .

    C'est grand dommage. Un s i riche convoi lLE ÇAPITAINE.

    Le détachement de cavalerie qui l u i servait d'escorte , 'était te l lement ' sur ses gardes . s ' e s t déïendu avec tantde succès , quand nous l ' avons attaque que, s i j e démissûr de la dél i té de toute ma troupe , j e croira is qu'iles t parmi nous quelque t r a î t r e . .

    B R I S E M O N T.Il a fal lu toute ta présence d 'espr i t , pour nous tire:

    de ce mauvais pas.LE CAPITAINE.

    I l est v r a i que s i je nbusse oppose à leur mouvement ,une manœuvre plus prompie e t plus habi le , nous é t ionsenve loppes .

    M o R G A N .Ma f o i o ui 2 pas un seul n'eût échappé.

    LE CAR IT À INE . ‘Enn , i ls on t perdu la t r a c e ‘denos as . Nous v o i c i,

    lepéril est pa s sé ; n 'y pensons plus. Rfa ln tenun t, mesamis , ne songeons qu'à nous reposer.

    M 0 R G A N.Nous en avonsbesoin. , i

    LE CAPITAINE. E; çes six hommes que tu m'as amenés , comment s e

    s o n t - i l s 'co ndui ts da nsl 'actionI . ‘V ‘M o R G A ' N.

    A eux seuls i l s ont soutenu l e choc de quinze , c : tvaliers. ‘m' q“ n

    LE ch Ëgtîitue.I l s u i t ..Qu'avons-nou‘spour souper? tB R I s ‘ E . M .o N T .

    Un mouton, trois chevrcaux , et deux hures de s an‘g ier 'æ

    LE CAPITAINE. üQu'on l e s ïme t t e â l a hroche . I l y a du vi n I '

    . BRISËMONT. “aSix tonnesp l e i n e s .

    LE CAPITAINE.Bon.

    B R I S'E M O N T.Et ce tonneau do rhum, saisi ce matindans la forêt ,

    et qu'on vient d'amener.'. LE CAPITAINE.

    Allez , mes amis, fêter sa bienvenue; moi, en a t t endan tl e souper, j e v a i s entretenir ma belle a f l l i géc .

    r Les voleurs s o r t e n t .

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    ' 5 2 La Foret Péri/toast;‘SCENE I ' v.

    LE CAPITAINE, CAMILLE.. .LE CAPITAINE. I l va prendre l a c l e f pendue au rocher,t i r e l e rideau , ouvre la grille , et amène Cami l le s u r.

    1 c devant de la scène.Eh bien , l a bel le , vo s réflexions ont-el les ramené

    votre cœur indocile à des sent imensplus raisonnablesRépondez .

    s‘ , c A M 1L L E . Monsieurl

    LE CAPITAINE.C'est aujourd'hui l e terme de ma patience, vous vouson souvenez

    C A M L L E.Je l ' a i cent f o i s rappelle dans ma mémoire .

    LE CAPITAINE.I l faut vous décider.

    c AM I L L a .Sans d é l a i 2

    Le‘ CAPITAINE.Sans n ul d é l a i .. . ' c A M I r . I .e .

    Ne pouvez-vousdonc comprendre. que l a violencene peut rien sur l a volonté d'une femme l

    . ..L'E CAPITAINE.Que m'importe s a volonté , pourvu qu'elle f a s s e l a

    mienne l Allons, prenez votre p a r t i .. C A M L L E.

    Vous ê t e sp r e s s a n t . LE CAPITAINE.Pas t r o p . Depuis quatre jours que j e donne, i c i un

    exemple de modération . dont j e m'étonne moi-même,vous eussiez déjà payé de la vie les témoignages d'avers i o n que vous m'avez prodigués , s i les attrai ts dontvous êtes pourvue , n 'avaient f a i t sur moi une impressions ingu l iè re . Que ce so i t goût. caprice ou passion : cesen t iment , tout nouveau dans mon ame . a retenume juste vengeance; mais songez qu' el le n 'es t que suspendue.

    C A M L L E. rSi vous pouviez lire:‘dans mon cœur, vous n'auriez

    point à me punir de cette haineque vousme supposez.L a c A p.11‘ A INE , s u r p r i s ‘ .

    Vous n e me b a i s s e zp a sI l

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    , Drame. ‘ ' 2 3. . c A M l L L E .

    J ' a i é t é indignée , i e l 'avoue , de l a violence q u i .mentrainadans cette demeure , mais, quelque défavo

    rableque vous s o i t ce sent iment , i l s'en faut bien q u ' i lai l le jusqu'à l a haine..L E C A P I T A I N E.

    Serait-il vrai l ‘ c A M 1 L l . E .

    Non, j e ne vous hais point. I l ne m'appartient pas‘ ( l ejuger des motifs qui vo us o n t f a i t embrasserl e mét i e r péri l leux que vous exercez; mais votre exis tenceextraordinaire , Vous devez le sent ir vous-même , a dûsurprendre , effrayer même, d'abord , une jeune pers o n n e élevée dans des principes d ' innocence et devertu. ‘

    L E c A P r T A i N E ., Tinterfompant. 0h laissons l a vertu , ‘ c e mot-là n'entre po in t dansl e vocabulaire d'un chef de brigands. I l e s t v r a i quenous avons nos mœurs , nos coutumes particulières 3qu'elles vous ‘ a i e n te tonnée, j e ‘l e conçois 5 mais avant

    peu vous en jugerez plus favorablement. . C A M I L L E.Je commence à l e desirer.

    L E . CAPITAINE.I c i j'exerce un pouvoi r absolu; avec l e t i t r e de ma

    compagne , vous Pexercerez avec moi. Les r ichesses , l a .parure , le bon vin , ‘ l a bonne chère . des plaisirs s a n si l lusions , mais des p l a i s i r s s o l i d e s .Tout i c i vous composera un bonheur d'autant plus réel, que rien ne vousobligeant de cont ra indre vo s desirs , vous pourrez vousy l ivrer , franchement, librement , et avec toute l ' a rdeur dont vous êtes capable . Cho i s i s sezdonc , de commencer une vie vraiment fortunée , en comblant mesvœux sur-le-champ; ou,.par un refus obs t iné , de fairetomber sur vous l e plus cruel chât iment .

    C A M I L L E.Puisque ma destinée m'invi te à bann i r toute diss imu

    l a t i o n , sachez donc qu'en levant l e s yeux sur vous , ien ' a i remarqué dans votre personne , r ien qui dûtmäffermir dans mes regrets e t mon désespoir. Croyez,même qu'en observant mieux‘ les traits devotre visage ,i l m'a été impossiblede repousser une prévent ionfavorable , un intérêt...

    L E C A I ’ I T A I N E.A l a bonne heure , voilà un langage qui nous ré

    concilie.C A M I.L l . E.

    Il m'es t échappé, j e n e m' enrepens p a s .

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    a4 La Forêt Perilleuse,‘LE CAPITAINE.

    J 'avoue même que cet entretien ajoute à tout ce quevous m'avezi n s p i r e ‘ .Je vous a ime f o i de brigand

    c AM t L L E . . a

    Cette assurance es t attcuse; mais comment y croire,en songeant au t ra i tement rigoureux,que vous me faiteséprouver.

    LE CAPITAINE.De quoi vous plaignez.vous.‘

    C A M L L E.Depuis mon entrée (lus cette demeure , j ' h a b i t ece

    cachot , oi i vous n e venez qu'une f o i s par jour, l e‘ r e s t e‘du temps , j e s u i s seule . l i v r é eà mes ennuis ,av‘-z-vous d a i g n e ‘une seule f o i s madmettre à votretable f ‘ .

    LE CAPITAINE.Je mérite ce reproche , e t j ' e n demeure d'accord.

    Cependant , nattribuez ma rigueur qu'à vous.même.Vous devenez r a i sonnab le, eh bien , ma belle , dèsce moment vous êtes l i b r e en ce l i e u , e t nous allonssouper t ê t c - â - t ê t e .( s'approchant de Gentille.) Ah çà ,mais plus de résistance.

    c A M t L LE .Ne me s u i s - j ep a s expliquée a s s e zclairement2

    LE CAPITAINE.Dites -moi , je veux l 'entendre de votre bouche, que

    mon bonheurne s e r a point d i f f é r é .‘ CAMILLE

    Es t-ce pa r des paroles , qu'une femme l a i s s eremarquers a défa i t e l Soupons , d'abord , et ma conduite, j e vousprie de l e croire , vous fera connaî t re s i j a id'autre volouté que celle qu'il vous plaira de m'inspirer.

    LE CAPITAINE, avec transport .‘Vous mbnchantez , par de S I douces paroles. J'y

    consens , commençons par souper. La f r iponne s a i t déjàque l e vi n développe l e s caractères et que l a gaîté dela t a b l e encourageun amour timide.

    SCÈNE v.LE CAPITAINE , CAMILLE , BRISEMÔNT ,

    FRESCO, IJARDENT, deux autres Voleurs .

    B R . I s E M o N T , tenant Fresoo par l e c o l l e t .' C a p i t a i n e , voici un homme quo nous venons de

    t rouver caché dans un c o i n de l a caverne.

    . . LE GAPITAINËL

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    26 la Forêt Périlleuse, LE CAPITAINE.

    Notre ami, toi?F R . E 3 C O.

    Personne au monde ne vous cons idère , ne vous res

    pecte d'avantage. L E C A P I T A I N E.Tu s a i s donc qui nous sommesl

    / F R E S C O.Des braves tels que vous, messieurs, ne se c o n n a i s

    s e n t - i l spas à la mine l Quand j e penseau grandnombrede vos ennemis , à toutes les ruses, â tout l e couragequ'i l vous faut déployer pour leur échapper, je demeureconva incuque vous êtes de grands ommes; j e d i squ'on a tort, très-grand tort de vous troubler dansl'exercice d'une profession que vous f a i t e s s i glorieusement, e t vous connaissez trop les principes du droitpublic , l e s mœurs e t l e s l o i s , pour ne pas f a i r e g r a c e . .

    . L E c A P i T A l N E, F i n t e r r o n i p a n t .Tu nous attes‘ pour nous échir, mais c'est en vain.

    ( Il lève son sabre . ) ‘C A‘M I I . L l 5 , d'un ton suppliant.

    ‘Monsieur l ‘ v ‘ F R E S C 0‘

    Ne me tuez pas j e vous conjure, monsieur l e Capita ine , ne tuez pas ï l e plus a rden t“de vo s admirateurs.

    L E C A P I T A I N E, ba i s s an t I: sabre.Tu t iens donc fur ieusement‘ à l a v ie l

    Î .Fnt:sco. Je le c o n f e s s e , ce que je crains le plus aumonde ,des t de mourir. k L ‘ .

    r “ 4° ' B t t ' ‘ ' 1 i . s  E 1 M ' o ' r {r.‘Cefaquin estpourvu dîme‘ assez ämpleosë dedâchetë.‘ï . . i , ‘ ‘ I ’ R E O. . lOuiÿ-imonsîèûnla:vèîeur,‘c‘e'st'.mon'caraëtëre.

    LÏËËÇLAÎ t T Àlr s i l .I l n e mérite gueres. de tombersous‘ n o s coups.“ ’ ‘

    . FR131603337‘x ï l k l o i ï ‘ ,messieurs , ce setai tvous Ïiéähoäféräïwquede

    répandre un sang a u s s i abject que celtiwäiæqvotres e r

    v i t e u r .. u ; 7 : 1 r .

    T t a.

    .‘ s :

    .1ÿjwc‘ii‘ ÏMTËFLJ‘ B3:. H0‘) ' ‘) ,ÎCet homme n ' e s t pas dangereux‘ . z

    . ‘ ‘ r , ‘ . » F 4 ‘‘ G'Àhi’æb.3 'arIvN‘B- , ait ( i ,uJie, l e Pnä deumérnegrjnisu : v nm.Ï ' l ;

    cs“MMngLHIMBHi ‘ . .‘Laissez. l e vivre zpietsrous amands sa . grau». uk : . , . s , . 1 . e», et T A i N ‘ B r u i t : 7J y consens: en v o t r ef a v e u r s ,j e L uiaccgxdela v i e .

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    Drame. ‘ .27Lève-toi. ( Fresco s e l è v e . ) Mai s qu' enferons-nous ?

    B R 1 s F . M o N T.S i nous l e met tonsen liberté, i l peut indiquer notre

    retraite. F R E .s c o .Moi, t r a h i r de s hommes qui daignent me permettre

    de goûter encore l e p l a i s i r de l'existence , avec unegénérosité qui sera louée dans tous l e s s i è c l e s 5 ah Imessieurs, vous me f a i t e s injure

    B R I S E M 0 N T.Pour nous assurer de s a discrétion, gardons-leparmi

    nous; i l e s t jeune , v igoureux. Cap it aine ,exige de luiquelque service.

    L F . C A P I T A I N E.Tu a s raison. Quel e s t ton métier l s a i s - t u f a i r e l a

    cuisine ZF R E s c o.

    Vous me parlez de mon élément. C'est-là que j e suis‘ n héros.

    LE CAPITAINE.Eh b i e n . ij e t e garde à mon s e r v i c e, , t u f er asla cui

    aine, et tu nous s e r v i r a s .Comment t e nommes-tu.F R E . S C O.

    Je m'appel le l a Valeur. .BRlSEMONT,'riant.

    Son nom ne l e f e r a pas reconnaître.LE CAPITAINE.

    Brisemont, tu auras s o i n d'installer cet homme dansses nouvel les fonct ions : j e veux que, dès cette nui t ,i l nous serve à t a b l e .

    F R E s C 0 , sautant de joie.Ah monsieur l e Capitaine‘, que dbbl igat ionsl

    LE CAPITAINE.Songe à bien faire ton devoir ; car a l l a moindre faute ,

    nous f en v erri o n s c he rc he r c on di ti o ndans l ' a u t r emonde.Brisemont , f a i s mettre i c i une table , deux couverts;grande chère , et sur-tout ( l e s vins d e . toute espèce.Va -t-o n n ousf a i r e souperl

    B R I S E M. O. N T.Je pense que dans une heure , au plus tard ; mais

    j e cours f a i r e dépêcher n o s gens. (A Frerco.) Suis -moi ,l a Valeur , j e v a i s t e mettre en po ss es io n deton nouveau grade.

    \

    SCÈNE VI.LE CAPITAINE, CAMILLE.

    LE CAPÏTAINE.Eh bien, ma chamlante ,que dites.vous de ma mon D 2

    ‘‘kkvx-g/

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    .4 8 La Forêt périlleuse,‘dérat ion ? Cet homme vous doit l a vie; vous voyezquel e s t déjà votre empire; i l ne tiendra q u ' à vous dcn

    “user long-temps ;mais j ' ignore encore votre nom.Comment vous appellez-vous.

    CAMILLE.. .Çarnille. ,LE CAPITAINE.

    À Allons , belle Camillc , achew‘ezd'éclaircir ce f ron t‘qui ‘o ff r e e n co re que lque sL p e t i t snuages. Peut-être vous

    croyez-trous i c i dans une emeure étroite, ténébreuse,jdétrompez-vous : ce souterrain es t vas te , div i sé enÏplusieurs pièces. Dansl e f o n d , e t t in t ‘ grande s a l l e où‘ s e t ient ordinairement toute ma troupe. Plus l o in ,

    d'autres pièces nous se rven t de magasin; car nos tré.sors . s o n t immenses. Vous allez en juger par vous-rnême:“jeveux, a v a n t l e souper, vous faire voir n o tre h abi

    tat ion. Allons , donnez-moi l a main.. ( I l s sortent. )

    s c È N E v 1 I .Ç O L IS A N , s e montrant s ur la po in t e du rocher.‘ Tout s e dispose au gré de mes vœux.Dieude bonté 2

    f a i s éclater t a , justice l ’ I l rentre dans l e rocher.)

    NFIN DU SECOND Acre.

    A.C.TE'IIL..

    ' .

    La décoration‘ comme au second Acte. Pendant(entracte, o n illumine l a caverne ; o n apporteune table à deux couverts , r i chement servie.

    _——SCÈNE PREMIÈRE.

    Br i semontapporte panier plein ( le bouteilles , Fresco‘ ‘ nu; . ‘ a p p o r t e ld e s - ‘ p l a t s . ‘ lW.ÏeRIsEwMÇÏNT, FRESCOB R I S E M O N T , 3 après lavoir dépose‘ son panier dans un

    coin , parlant à Fresco.

    BŒETS.ÇA l à . (‘Fresoo poseles p l a t s s u r l a table.) BonsDoupp-moi çe v i n ; non , j e l ' i r a i prendre moirmâme.

    .4 . ‘A

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    Drame.‘ ' 2 9‘ ( I l va: prendre des bouteilles dan: l e panier , ctJes me]surla t a b l e . ) Je t e recommande , s ur toutes. c h o s e s ,

    d'être expéditif , . car l a l en teur est un déf aut gra ve ,Parmi nous..Alil v o i c i , “1p Capi ta ine .\ . .

    |SCENEIL ‘ ;BRISEMONT , FRESÇQ , LE CAPITAINE , CAMILLE.‘

    LE ï CAPITAINE, à part , à Brinmont;

    La troupe e s t - e l l eprête.’B R 1 s EM o N;r.Ouitelle n'at tend que l e s i g n a l .

    LE CAPITAINE. h ;Bon. ( A Camille. ) . Belle (Ïamillc, vo us ven ezdo

    parcouri r notre h a b i t a t i o n; ' e L l e n ' e s t pas , vous l evoyez , aussi affreuse que vous pouviez vous le persuader. Je vous a i montré ‘nos r ichesses , maintenant jeveux vous donner une idée de mon pouvoir‘( ‘ I l sônnedu c o r . Les. brigan ds v i en nen t,au bruit d'une musiqueterrible ; i l s f o n t un e marche , et se rangent ensuite‘ des‘deux côtés,du théâtre. La musiquecesse.

    SCÈNEJJLLes précédens , tous l e s Voleurs.‘

    LE CAPITAINE.Braves compagnons , vous m'avezdignement secondé

    dans tousmes travaux ; mais sans moi , ‘ j ' o s e le ( l i r e ,votre des t inée serait peu digne de votre couragewVousme devez v o s ta lens , votre opulence , et la ioyeusev i e que vous menez dans cet asyle ignoré de toute l at e r r e . Le commandement que vo us m' avezdéféré estdonc l a juste récompense de mes b i e n f a i t s .Jäittendsde vous 1m nouveau témoignage de votre soumission,ou plutôt de votre r econna i s sance .Jusqu'ici vous m'avezvu un grand nombre ( le femmes : , l e s unes m ' o n t ap—partenu pafla force , l e s autres m ' o n t prodigué leursa t t r a i t s . ‘Ne trouvant en elles que préjugés stupides ‘ ,ou l a plus r l a ê g o û t a n t ebassesse de caractère , je l e s a itoutes m‘éprisées et sacriées ensu i te à ma tranquili té;ce jeune objet , qui xe vos regards, m' in spi re dessen t imensplus élevés, et plus digne ( le votre chef. Jel 'at tache à mon, sort par des nœuds éternels ; mais e n ., l u i donnan t i so lenne l l en ten tl e ‘ t i t r e de ma compagne ,j e prétends , i î e x i g equ'elle partage avec moi l e pouvoi r

    j

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    (30 La Forêt P é r i l l e i z s e , ‘ïdon t vous m'avez revêtu. Jurez donc , non-seulement«de l a respecter à l ' é g a l de moi-même, mais de lui‘obéirsen toutes choses comme i votre che f . .

    TOUS LES vine/Uns.‘Nous l e jurons.

    v LE CAPITAINE.S i quelqu'un de vous, oubliant c e que lu i p r e s c r i t

    ma volonté se permettai t dbutrager Camille, soit pardes paroles , s o i tpa r des actions ; Frémissezdu sermentque j 'en f a i s l Je briserais sa tête con t re les rochers;j e dévorerais so n cœur , e t s o n corps déchiré par l ambeaux serait le festin que je servirais à celui d'entre

    vous qui o s e r a i t en murmurer. Vous soumet tez-vous‘ t o u s à ce chât imentZ

    TOUS LES VOLEURS.Oui.

    BRISEMONT.

    Vive l ' épouse de notre CapitaineTOU LES VÏJLE URS.

    Vive‘ l ' épouse de n otre Ca pi ta in e( Un emusiquep l u s t e r r i b l eencore que l a première , mfai t entendre. La musiquecesse.

    LE CAPITAINE.

    Camarades, j e s u i s s a t i s f a i tde cette nouvelle preuvede votre dévouement .J ' a i besoin d ' ê t r e s e u l . Allez sbraves amis , que l e r e s t e de la nuit , que l e jour dedemain soient consacré au repos e t à la j o i e . Grandfest in , grande orgie , débauche toute entière.

    (Les brigands d e j ï l e n tau son de l ' o r c h e s t r e .Fresco l ess u i t .

    \SCENE I V.

    LE CAPITAINE, CAMILLE.

    L E. C A P I T A I N E.Vous voyez, be l l e Camille , que rien ici ne borne

    mon autorité. Uascendant de mon caractère , l a terreurque mon. courage inspire , me donnent l e droit de vieet de mort s ur tous les hommes qui composent mat roupe. Mes vœux s o n t des o rdres , et mes vœux àpeine connus sont déjà s a t i s f a i t s .Telle sera votre destinée. Asseyons-nous. ( I l : se mettent à table. ) Prenonsd'abord un coup de ce v i n . ( I l lu i verse à b o i r e .) Buvez.

    . ( Elle b o i t . ) Comment l e trouvez-vousZ

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    Drdme. 3K

    ’ C A M L I . E.P a r f a i t . j

    LE CAPITAINE.Ces : É lu vin des Pyrénées ; i l me vient de chez un

    Commandeur é t a b l i dans ce canton.Toutes l e s abbayes ,tous les châteaux ci rco n vo i si n s re lèv en tde moi ; tousl e s riches de plus de vingt lieues à l a ‘ronde , son t mesvassaux et mes tributaires; i l s 1 o sont, j 'en conviens ,pa r l e droit de l a force ; mais n'est .ce pa s la loi duplus f o r t qui gouvernel e s t r o i s .‘ q u a r t sdu mondel

    C A M L L E.Vous avez raison. . . . .

    LE CAPITAINE. . .Prenez donc quelque chose. ( I l l u i s e r t à manger. )

    Nous ne buvons pas. Goûtez de c e . acon , c ' e s t duvin de Lacryma-Christi .( Elle b o i t . ) Quenr l i tes-vousZ

    C A M L L E. lC'es t du nectar.

    LE CAPITAINE;

    I l acquiert‘une p e r f e c t i o n .nouvelle parl'approbationque vous lui donnez.

    SCENE VLes précédens , F R E S ‘C O4

    Fresca apporte l e .ælasert.

    r . E, ou un” un. 4( j e . garçons ‘ a c q u i t t ea s s e zb i e n ‘de.s o n .e t r t p l e i .( Parlant

    ) , Fresco; Pas mal, monsieur f a Valeur; 1 e .crois quenous . serons contens dé ‘ t o n . s e r v i c e .Que f o n t .n o s :gens I , ' , . . .‘.s‘. ‘‘ , . , Fnrgtfco. , .Ils boivent à la santeide madame', et à b i e l l e de leurbrave Capitaine. Le tonneau ‘ d e rhumestéjà au; 1m15}

    quarts expédié. . I‘{Un î . .m. LE CAPLTJL.INE.Cela n u e , l ' a i tp l a i s i r5 maisi l Î f a u t ne, nous ‘ e ngotîons

    auss i . ( A Fresco. ) Va' dire‘ 3 risemont qu'il m'en.apporte deux. bouteilles. . . , . ‘ . T, q , . . . l ‘

    . F R E. SLC‘O,' u r‘ ‘ L ‘ ,

    Oui, monsieur l e Capitaine. '

    f . . . . . . ( l l i n r ip ï ‘ . .‘, . t , ,

    . .J

    q ‘ . . r‘‘ ‘,3 . q .

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    3a La Forêt Përîllcusc‘;. 1 '

    S C E N E. V l .

    a LEÆcAPifrAiNn, , c A n i 1 L . L . E . .:n‘, ‘1 '

    . LE CAPITAINE. .Mangezdonc, vous n e mangez p a s .

    4

    _ C A M L L E. ‘ ' : '

    ‘ Pardonnez-moi. ‘ _ . ' . , LE CAPITAINE. .‘ ‘

    Un second verre. ‘ , . .CAM ILLÊ . . ‘|u5 ?

    Volont iers . ‘ . l . 1 -ub‘ LE ‘CAPITAINE.

    .Je ‘ v o i sque n os goûts sympatiserontensemble . ( I lremplit l e s deux verres. ) Chantez-vousl

    C'a M I . ‘LE.Jamais.

    LE C'AP:I TA,l NE.Tant p i s , j 'aime l e chant , moi . Vous joueraumoir i s

    de quelque‘ instrument l . ‘ Lu. , .

    C A M 1 L L E .De l a guitare , quelquefois. ,L E . CAPITAINE.

    Oh bien , négalez-moid'un «pe t i ta i r ‘dwgäitare: j ' en ‘ .a i une i c i justement. ( I l ,s e l è v e pour l ' a l l e r chercher.)

    CAMlLl/E‘ ‘Dispensez-moi . , , . 1 , 3 ,

    _ . , . , . 1 ; , ' E ‘cyr i f r ra i t t sn . . ‘ n’ . ‘ïPoînt de ‘cointadictïon, je ‘‘ n e ‘ l e saimëpas ' ( “ ' I l ' 1 3 a ,

    prëdrêâ”gùl i e e ' r t . ' due ' dän ' s‘ u nc o i n . ‘Camille s a i s i t c e ‘n i d m i e r t l l i ï ô u r l r l e t t r è - l b ‘ p ä ü d r y i i l a n sl e ‘gobelefdùCapi ta ine;celui-ci qui l 'observe du ‘ c o i n? d s l ' g i l , ,s ' e n apperçoit.‘ Revenant savççr ï jcaguitare‘, à ' pq r l f ‘ . , ) ‘Elle a jettÿéwquelquechose Üânsll‘ v e r r ' e l d ‘ e t r ' a ü g e s 'soupçons . . I l l u i ,dish i lvïwgüit‘ e ’ ?‘ e tksewe i i t t zcà'tabIe.‘A ‘ p a r t .) E l l e ' aun des se in ‘perde t . l i s s i rgu lons . w Y “1“ ' J ' . '

    Ç A M L L E , aprës lutjqïrq fltcîttrçlcïlinstrumentï ,lÂvanfïqüéT e‘ c o n m ç l e n b e{souffrez quel îiÿvôus f a s s e

    uhefäpmlcne}. l “la . . : . i n E‘ . l .1 . E c A PITAtN l ; ‘gfrpiäemènt.“U rQuel reproche avez-vous?à‘ mehl‘airel ‘

    . c A M I L LE .Depuis:que? nous sommes à t a b l e , vous n ' a v e ‘ zpa s

    xencore bu a ma s a n t é .L E C A PI T AÏËÎÂE, séchement.

    Vous avez ra ison , 1e vatfréparer ma faute; mais i lme‘

    Hxtom n )

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    Drame:‘ 83'me vient un e penséequi ne peut manquerde vo usê t r eagréable , s i v o s sentimens pour moi , s o n t t e l s quevous l e témoignez. J ' a i oui dire que pour deux amansqui soupen t ensemble , c ' e s t un très-grand p l a i s i r dechanger de verre , de boire ainsi â l a san té l 'un deTautre : j 'en veux f a i r e l'expérience. ( Mettant son gobelet devan t Cami l l e . ) Vo i l à l e mien , donnez-moi levôtre. (Il l e prend rudement avec un e ironie cruelle.) Avotre san té , Camil le . ( Durement.) Prenez donc ceverre H és itez -v ous deboire après moi l Vous pâlissez,

    lvos m a i n s t remblent , qu'avez-vousl

    CAMILLE, éptrdue.Pardon : une indisposition soudaine.( Colisan paraît s u r l a pointe du r o c h e r .)

    I . E C A P I T A I N E.Je suis méant, j e vous l e déclarel

    CAMILLE, à part.Je vais succomber.

    L E C A P l T A l N E , d'une voix t e r r i b l e . ‘Buvez , buvez ce vin , je vous l'ordonne.

    ( Colisans e dispose à descendre.) 'C A M I L I . E.

    Juste c i e l lL E C A P I TA IN E , remet tant le verre sur la t a b l e . ‘

    Mais non , réservons-nous l e plaisir de l a confondre:fa i sons , sur quelquäutre, l ' e s s a i de ce breuvage.

    ( Colisan s e r e t i r e . )

    CÈNE V11.LE CAPITAINE, CAMILLE, BRISEMONT.

    L E C A P I T A I N E.C ' e s t Brisemont, d o i s - j e ] . . .Eh l lu i o u un a u t r e , ‘

    qu'importe l Brisemont. .B RI s E M O N T. I l apporte les deux bouteilles de rhum_

    Capi ta ine .LE CAPITAINE.

    Bois ce verre de vin.B R I S E M. 0 N T.

    Volon t i e r s . A t a san té , Capi ta ine .( A peine a - t - i l bu qu ' i l ‘ tombeà l a renverse , e t meurt

    dans des mouvemens c o n v u l s i f s .I l va tomberdans l acoul isse . )

    LE CAPITAINE.

    Voi là donc mes soupçonschangés en certitude. P e r u jdelhquïts-tu mis dans ce vin 2 Réponds-moi .E

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    34 La Forêt Périlleusc ;x c A M r r . L n.Je me meurs.

    l . I : C A P I T A I N E.

    C ' é t a i tdonc là l e prix que tu réservais à mes bontés.( I l t i r e son sabre, l a prend rudement par l e bras , et l atient renversée . ) Tu vas expienta t rahison.(Colisans ' é l an ce l ' ép éeà l a main, s e p r é c i p i t eentre Camillc

    e t l e Capitaine, q u ' i l é c a r t ed'un bras vigoureux.)

    L E C A P I T A l N E.

    Que v o i s - j el( I l r e v i e n tfurieux s u r C o l i s . a n, qui l e r e ç o i t avec I a

    même fureur; i l : sa battent. Le cliquetis des épées a t t i r eles brigands.)

    s c È N E V 1 1i .COLISAN, LE CAPITAINE, MORGAN, ses nouveaux

    compagnons , e t quelquäutres voleurs. Ces dernierssont en p e t i t nombre , ce q u ' i l faut bien observer.

    l I l : enve loppantCol i t an , et l e s a i s i s s e n t .On entra înai t

    corps de Br i semont . )I . E C A P I T A I N E.

    Camarades , cette femme a voulu at tcnter à l a vie de

    votre Capitaine. M O R G A N.

    Qubntands . i e LE CAPITAINE..

    Cet homme qui s ' e s t introduit i c i , je ne s a i s cornment , me paraît être son complice , qu'on le mèncdans le caveau des exécutions , et qu'il so i t fusillé.

    C A M l L L E , s e jettant aux pieds du Capitaine.Plongez mil le f o i s ce fer dans mon se in ; mais épargnez

    la vie de cet i nf ortun é qui n 'a d'autre tort que d'avoirvoulu défendre l a mienne .

    COLlSAN,avIcf0r€t.Camil le‘ , lève-toi , ne dégrade pas ton innocence

    jusqu'à i n i lorer l a c lémencede ce brigand. Te atterais

    tu d'atten r i r un t i g r e fLE CAPITAINL/Ah ah l i l s s e connaissent .

    C 0 L I S A N.i Oui, c ' e s t - l àmon amante , mon épouse: â quoj 5er.

    v i r a i t de feindre , quand rien ne peut nous s a u v e , -det a barbare fureur. Tu voulais unir son sort à to n affreuxdestin‘, associer l ' i nnocence au crime: va , monstre farouche , va dans les forêts , chercher une comÿagna

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    Drame. 35

    parmi les bêtes féroces , tes semblables, en a t t endan tque l a vengeancede s l o i s , qui t ô t ou tard a t t e i n t l e sscélérats, v i e n n eenn rattacher l e jour don t tu souillesla pureté par t a vie exécrable.

    L E C A P I T A I N E. Qu'on l'entraîne , et q u ' i l meure. Morgan, j e vous

    charge de l 'exécution , t o i et l e s s i x hommes enrôlésd ' h i e r dans ma compagnie? ce coup d ' e s s a inousmettraà portée de juger de leur capacité. Moi , pour bann i rl 'inquiétude que me causent l'apparition e t l e s desseinsde cet homme , je vais observer les dehors du souterrain.Qu'on l a i s s e i c i cette femme jusqu'à mon retour: j eveuxmême qu 'on l u i rende son amant, qu'on l e rapporteen ce lieu. (Avec une ironieféroce. ) Oui, beauté dèle, vous

    ‘allez revoi r l 'objet de votre amme , après , toutefois ,q u ' i l aura reçu l e prix de so n audace. ( Parlant aux . ‘voleurs.) Vous m'enten.dez. (Fausses o r t i e . )Ah l j ' o u b l i a i s .Cet homme , que j ' a ire tenu i c i pour nous servir, m.devien t aussi fort suspect.

    M 0 R G A N.C'était ma pensée.L E . C A P I T A I N E.

    I l est prudent de s'en défaire; mais auparavantj e veux:Tinterroger. Tu me Paménerasaprès l 'exécution.

    M o R .G A N.I l suit , Capi ta ine; t e s o rdre s s ero n t exécutés.

    (Le ‘Capitaine s o r t . )

    s c Ê N E I X . Les précédens, excepté L E C A P ITAI N E.

    c A M I L L E , t endant les bras à Colisan qu'on emmène . ‘Cher époux l

    C O l . I S A N.Cami l l e, imite mon eourrage: sachons mourir.(Elle s ' é l a n c edans s e s bras: on l e s s l äpa re .Morgan e.

    les s i x ‘ nouveaux voleurs delent d'un côté avec Col i san ,q u ' i l s emmenant .Les autres voleurs sortent parle côtéopposé.)

    S C E N E X.C A M L'L E, seule.

    I l s l ' e n t r a î n e u r . . . ‘De quelles horreurs s u i s . j eenvi ronnée l Le crime t r iomphant ‘ , ses mains fumantes du s a n g , l

    de l'homme de bien, du sangde mon époux l . . . O Dieupar quelle ac t ion de ma vie, ai-je mérité d'être plongéedans cet h o r r i b l eabîmede l î n f o r t u n e , lCcËisanl tu vas

    l

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    ' 3 6 la Forêt Përilleuse , ‘mourir', mourir sans moi l ( Avecun e force concentrée.)Non’ j e cours partager ton s u p p l i c e . . .(Elle c o u r téperduedans l e fond du théâtre. ) Son suppl ice l déjâ , peut-être...Une sueur froide... ( On en tend un efusillade dans l e f o n dde l a caverne. Avec un c r i concentré.) I l est ‘mor t

    ( Elle tombeévanouie.)

    s c È NE x I .( Les s ix nouveaux brigands apportent Colisan étendu

    s ur un brancard; i l es t couvert d' un e dra pe ri e couleur pourpre. I l s l e deposcnt dans l e fond , sur un e estrade , e tsortent. )

    {se ÊLNE x1 I .‘ ( Camille rev ien t à elle , se lève , et marche sur la scène . )

    CAMILLE,s eule .Mon esprit et mes yeux s on t co uverts d'un nuage . . .

    Où suis-je l ( avec e f f r o i; ) encore dans ce repaire ducrirne l . . . Quel spectacle l ( Elle approche, écarte l a dra

    perle d'une main t remblante , e t recule en jettant un c r id'horreur e t d l e f j r o i . Colisan qui , dans ce moment d o i têtre vu de ‘ t o u s l e s spectateurs . présente l a pâleur de lamort. Ses cheveux épars. tomben tsur son visage ; i l s sontsurmontés d'un l inge ensanglanté. Camil le revient près deson amant . Avec fermeté. ) Prenons l e courage de masituation . ayons la force de contempler cette image ,d 'en repaîlre mes yeux. Cher époux l tu goûtes à présentl e repos de l ' amort ; eh biennous l e goûieronsensemble.Non , restes ädorés , n ul le pui ss an ce dés orma isne peutnous désunir.

    ( Elle tombe sur Colisan , qu'elle embrasseavec force.Colisan se relève vivement , et la presse amoureusementdans ses bras. ) t

    C A .M I L L E.0 prodige l . . .

    C O I . I S A N.Camille , reprenez vos sens.

    C A M I l . L E.Sommes-nous réunis dans l e séjour des morts fou

    pa r un mizracle de l ' amour , mon ame a-t-elle rappel lel a t i enne

    C O L I S A N. \Ton a m a n tr e s p i r e .( . l ls ' é l a n c eà terreÿôte son bandeau,

    et après avoir regarde' s i personne ne vient , i l continue.)

    Calme tes esprits . , ô ma bien aimée l et écoute-moi :l

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    Drame.‘ 37Conduitdans un e a u t r e caverne moinsspacieuse quec e l l e - c i, on me f a i t mettre à genoux. L'un de s brigandsdestinés à me f a i r e périr , s 'approche de moi , e t enceignant mon front de ce bandeau sanglant, i l me dit,bas à l'oreille : 4 4Nous a l lons feindre de tirer s ur to i ,> >au bruit de s coup de f u s i l , tombe soudain sur la .> >terre , et garde Fatti tude immobile d'un homme ex» pi ré, jusqu'à ce qu'une v o i x viennent te dire: lève» t o i , et sors de ces l i e u x . v A ces mots i l a rejoints a troupe rangée derrière moi pour l'exécution. Leplomb meurtrier a s i l ésur ma t ê t e , sans me f a i r e doma l : j ' a i f a i t ce que cet homme m'a d i t ; soudain l 'onm'a e n l e v é , mis s ur ce brancard , et apporté dans cel i e u .

    . c A M 1 r . L z .Cet avis mystérieux me persuade que cette o i x est

    l a même qui , dans l e cachot , mïnvitai t à l 'espérance.Quelques - un s de ces brigands seraient i ls touchés denotre sort l . . . On vient , pren ds en co re , puisqu'on t el ' a prescrit, l a posture d'une vict ime suppliciée.

    ( CoIisa/i remet son bandeau , s 'élance sur I e brancard,et reprend sa première attitude. Cami l l e renter sur l u i ladraperies, ) ‘

    S C E N E X I I .

    LE CAPITAINE , CAMILLE , COLISAN , sur lebrancard. '

    u; CAPlTAINE , met tan t ses deux pistolets sur la table.Tout est calme autour de notre retraite , et r ien ne

    me fa i t présumer que nous soyons découverts, bannissons toutes alarmes. ( Apperrrvant l e brancard. Avec /o i e . )Ah , mes ordres s on t e xécutés ( Par lan t à Cami l le . )Eh bien. beauté sens ib l e , vous gardez l e siience,vousne me remerciez pa s de mes so in s généreux, moi quia i l a bonté de vous f a i r e jouir en co re de l a presencede votre amant , de vous ménager l a douceur d'êtreseule avec l u i . Le voilà , c e t : obje t s i cher Allez donclui parler de votre tendresse ; l u i prodiguer vos embrassemens , vo s t ransports ; i l est vrai qu 'ayant reçudouze balles de plomb dans l a cervelle , 1 l aura plusde pe ine â y répondre; ma i s Fi ma gi n ati o nd'une amantepassionnée.”

    c A M I L 1 . E.Va , meurtrier farouche , la i sse-moi mourir.

    L E CAPITA IEE aveçfureur.Tu mourras , sans doute , c'est bien mon i n t e n t i o n ;

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    3 8 La F orét Përilleusc ,mais avant, je veux jouir de tes tourmens , les rolonger par ma présence ; je prétends même... ( l l aprend rudementpar I e b r a s . ) Allons suis-moi.

    C A M L L E , se défendant.

    Monstreexécrable lr . e c A P 1 T A 1 N E , d'une v o i x t e r r i b l e .Suis-moi , t e dis-je.( Coliran s ' é l a n c elégérement, saute rur l es p i s t o l e t squo

    le Capi ta ine a mi s sur l a table , et l u i brûle la cervelle.Si les pistolets ratent, i l l e tue d'un coup de sabre, pourne pas manquer l ' e f f e t de cette rcéne. Cami l le, effrayée ,jette un c r i . )

    c o r . r s A N. ‘Rassurez-vous, ma chère C a m i l l e, ce br igand a f a i t beaucoup de mal, mais i l n ' e s t plus en é t a t d'en f a i r e à

    personne.C A M L L E.

    Et s e s compagnons . . . ( Un grand tumulte s e f a i t entendre dans l a c o u l i s s e .) Je l e s entends ; i l saccourent...I l faut donc subir not re affreuse dest inée.

    ( C o l i s a n l e s at tend dans l ' a t t i t u d e l a plus intrépidotenant d'une main Cami l l e , et de l'autre son épée. )

    SCÈNE XIV.Les précédens, M O R G A N.

    M O R G A N , accourant l e sabre à I a mai l .Où e s t l e Capitainel

    C 0 L1 s A N , tranquillement.Le voilà.

    M 0 R G A N.

    I l est mort lOui.

    COLISAN.

    MORG AN.Qui l ' a tué

    Moi lCOLISAN.

    M 0 R G A N , l u i tendant l e s bras.Viens , brave jeune homme l que je t 'embrasse.‘

    C 0 L l s A N , reculant.Que v o i s - j elM O R G A N.

    Vous ê t e s é tonné , j e l e c o n ç o i s . ‘( Allant pers lacoulisse du fond. ) ‘Venez , mes amis .

    ( Les s i x hommes amenés par Morgan , para i s sen t , tenantdeux âirigands enchaînés ; Fresco l e s suit l e sabre à l amain.

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    . Drame.‘ 39

    SCÈNE xv

    COLISAN , CAMILLE, MORGAN , l e s s i x hommes,‘deux brigands enchaînés , FRESCO.

    M 0 R G A N , parlant a ‘ s e s gens.Vous avez délivré l e monde de ce ramas de scélérats,

    qui en infestaicnt la surface; mais c 'es t à cet intrépidejeune homme q u ' é t a i t .réservé l 'honneur d ' a b a t t r e ‘leurc h e f . ( Montrantl e Capitainemort.) Le v o i l à .(A Colisan.)Votre surprise augmente : sachez donc que ni moi,ni ces s i x hommes , nous ne sommes po in t de s brigands.Révol tés des vols , des meurtres nombreux , commispar cette troupe d‘assassins , dont on n'avait pu s a i s i rl a trace , j ' a i résolu , moi , d'en purger l e pays. C'estde l ' aveu des Magistrats , que i ' a i tenté Pentrepr ise ;autorisé par eux à user , pour l e s détruire , de tous l e smoyens que me suggérerait mon zèle , je suis parvenu,s o us ce déguisement , à les jo indre , à mïntroduiro

    parmi eux, e t sur-tout à gagner l a conance ( le leurc h e f .Avantdcrien entreprendre, j ' a ivoulut i r e r de lu i l esecret de ces nombreux complices; ca r i l en avait partout. Je les connais : demain , i l s se ron t tous sous lapuissancede l a l o i . Hier , j ' a iamené, comme une recruede scélérats dignes de l a roue , ces six braves‘ , (Tuneprobité‘et d'une i n t r é p i d i t e ‘à toute épreuve. Notre dessein était däattendre l 'occasion de frapper ces brigands,et de les immoler avec sécurité ; aujourd'hui e l l e s ' e s sprésentée; tombés ivres morts , â la suite d'une orgie,et pa r l a violence du rhum q u ' i l s on t bu avec uneavidité qui tenait de l a fureur , nous n 'avonspas eu depeine à les f a i r e passer de l ' i v r e s s eau trépas. .

    C O L I S A N.I l s s o n t mortsl

    F R E S C O.Tous I

    M O R G A N.Tous, excepté ces deux chefs , qui résistaient encore

    â la force de s liqueurs q u ' i l s o n t bu, et que nous emmenons, pour que leur supplice serve dexemple à leurspareils.

    CAMILLE.O providence

    MORGAN.

    Ces brigands o n t tenté cette nuit d'enlever un richeconvoi destiné pour l'armée ; des: moi qui ai fai t

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    ' 4 6 . La Forêt p é r i l l e u s e;manquer l 'expédition,. c'est moi , madame , dont l a voix,

    Ÿintcrrompant le silence lugubre de votre prison , vouso l Ï r a i t l 'espérance d'une m ei l l eure de s ti n é e; c'est moi,enn , brave jeune homme , qui vous a i parlé dans lecaveau où‘ vous at tendiez l e trépas.

    C O L I S A N , Tembrasrant.O mon libérateur

    C A M L L E.

    Ah monsieur , comment nous acquitter j amais d'un.te l service i

    M O RG A N.Vous ne me devez rien, madame , j ' a if a i t mon de

    voir; j ' a i venge la socié té .C O L l S A N.

    Et t o i , Fresco , que faisait-tu pendant l 'action l Aton a i r martial , j e juge que tu as b ien secondé cesbraves gens .

    F R F . S C O.Je vous en réponds , monsieur. De l a pointe d'un

    rocher , où j e m'étais porté , j e l e s encouragea is .C 0 L l S A N.

    De la voixF R E 5 C O.

    . Non z des yeux e t du g e s t e . COLlSAN,riant.

    Cet exploit e s t digne de ton courage. Venez, chéreCamille , et vous , mes dignes amis, sor tons de ce thorrible l i eu , e t allons remercier le ciel d 'avo i r punile crime et sauvé l ' i nnocence .

    /

    Fi n du Troisième e t dernier Acte.