jusqu À la guerre de 1939-1945, la commune comp

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Les dépendances de l’hôtel Romeyer. Alexandre Romeyer dans les années 1920. Il cumule tout à la fois les fonctions d’hôtelier, d’épicier et de buraliste. J USQUÀ LA GUERRE DE 1939-1945, LA COMMUNE COMP

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Page 1: JUSQU À LA GUERRE DE 1939-1945, LA COMMUNE COMP

Les dépendances de l’hôtel Romeyer.

Alexandre Romeyerdans les années 1920.Il cumule tout à la foisles fonctions d’hôtelier,d’épicier et de buraliste.

JUSQU’À LA GUERRE DE 1939-1945, LA COMMUNE COMP

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Au début du XXèmr siècle et jus-qu’à la guerre de 1939-1945, La Rivière, qui avait aux alen-

tours de quatre cents habitants, comp-tait une majorité de petits paysans etpossédait plus d’une vingtaine decommerçants et artisans. Aujour-d’hui, comme la plupart de nos com-munes rurales, transformées de plusen plus en village dortoir, La Rivièrea perdu toutes ses activités commer-ciales. Les cafés eux-mêmes, lieux deconvivialité par excellence, ont ferméles uns après les autres.Un village ne pouvait se passer d’uncharron et d’un maréchal-ferrant à uneépoque où tous les déplacements, tousles charrois, nécessitaient l’utilisationdes animaux de trait: chevaux ouboeufs. Automobiles, camions, trac-teurs ont pris peu à peu le relais.Alexandre Alleyron-Biron (C)(C)(C)(C)(C), char-ron et forgeron, Eugène Brosse (V)(V)(V)(V)(V)lui aussi forgeron, et Charles Vieux,successeur du maréchal-ferrant Prale(D)(D)(D)(D)(D), ont dû mettre, faute de clients, laclé sous la porte.

Des épiceries multiservices

Dans les épiceries on trouvait tout ceque les villageois pouvaient avoirbesoin dans leur vie quotidienne; cha-cune d’elles était un petit magasinmultiservices. Faisant face à l’église,Mlle Augustine Charnalet (L)(L)(L)(L)(L) exploi-tait un fonds d’épicerie et, très pieuse,s’occupait de l’entretien de l’église,sonnait les cloches, assurait le caté-chisme. Elle devait décéder en 1954,à l’hôpital, après s’être cassé le coldu fémur dans l’église.Tout à côté, sa belle soeur ClaireCharnalet (née Dumont) (M)(M)(M)(M)(M) coupaitles cheveux, rasait et taillait barbes etmoustaches, opérant sur le trottoirlorsque le temps le permettaitInstallée dans la grande rue du bourg,Félicie Gerboud était, elle, géranted’une succursale du «Casino» (W)(W)(W)(W)(W).C’est là que, plus tard, s’installaAndrée Borel-Faure dont le café-épi-cerie fut le dernier commerce en acti-vité au village.La porte de l’échoppe du cordonnierDherbeys dit «Beaubras» (S)(S)(S)(S)(S), céliba-

taire, un peu porté sur la bouteille,était toujours ouverte, histoire de nepas manquer le passage d’un compèreavec qui il pourrait partager le verrede l’amitié. Le galocher PaulAlleyron-Biron (B)(B)(B)(B)(B) était établi tout àcôté de son frère charron.Il faut dire que l’exploitation et le tra-vail du bois étaient une activité im-portante de la commune. Au Mou-lin, se trouvait la scierie Gerboud,remplacé plus tard par Bonneton. Ju-les Charnalet, à qui succéda Paul Ger-boud, pos-sédait, lui,une scierieau hameaude Ricau-dière.La besognene manquaitpas pour lesdeux me-nuisiers ins-tallés aubourg. Lemenuisier-é b é n i s t eDumont (O)(O)(O)(O)(O)-une longuetradition fa-miliale- fai-sait des cer-cueils surmesure, etsa femme,surnommée«Tabatière»car elle pri-sait et avaittoujours satabatière à lamain, tenait la cabine téléphonique.Sur le chemin de l’église, un autre me-nuisier Marceau Romeyer-Herban(N)(N)(N)(N)(N), célibataire, exerçait aussi ses ta-lents. Les frères Brosse (J)(J)(J)(J)(J) s’étaientspécialisés dans la fabrication de cu-ves en bois.Tout à côté, Joseph Murdinet (I)(I)(I)(I)(I), as-surait des liaisons régulières entre LaRivière et Tullins avec sa patache ti-rée par deux chevaux. C’est lui aussiqui transportait les jeunes filles, «lesfabricantes», employées d’une fabri-

que de Moirans.Dans les locaux de l’ancienne école(K)(K)(K)(K)(K), logeait la famille Meneyroud quipossédait le secret d’une pommadeparticulièrement efficace pour soignerles brûlures. Une couturière, MmeGriat (Q)(Q)(Q)(Q)(Q), un artisan maçon, LouisFontmorin (H)(H)(H)(H)(H), et Chatroux (A)(A)(A)(A)(A), unfabricant de couvertures piquées enlaine de mouton, complétaient la pa-noplie des artisans du bourg.Les cafés étaient nombreux : une di-zaine au total, éparpillés sur tout le

territoire communal. Près de l’Isère,au lieu-dit le Port, se trouvait le caféde Regoussin, «le Mile du port». «LeMile» était aussi cordier et tenait lebac à traille reliant la Rivière et Po-liénas, bac détruit durant la dernièreguerre. Le café restaurant Burel (ac-tuellement l’Escale) était installé aubord de la R.N. 532. En quittant laRN pour monter au village on trou-vait le café «chez Tonin», tenu parAntoine Gerboud, le frère du maireAristide Gerboud. Sa femme Juliette

Les commerçants et artisans de La Rivière vers 1930.

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TAIT UNE VINGTAINE DE COMMERÇANTS ET D’ARTISANS

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était, paraît-il, une excellente diseusede bonne aventure. C’était là le ren-dez-vous des chasseurs. L’établisse-ment possédait un piano mécaniquepour animer les soirées. Dans le vil-lage, les éternels assoiffés avaient lechoix entre plusieurs bistrots: à côté dulavoir, ceux de Chatroux (E)(E)(E)(E)(E) et deChanin (F)(F)(F)(F)(F), un peu plus loin, à l’angledu pont, celui de Clémentine Brosse(U)(U)(U)(U)(U), la femme du forgeron, dépositairedu Petit Dauphinois ou encore celuid’Henri Gerboud (X)(X)(X)(X)(X) qui tenait des jeuxde boules.

Deux hôtels au bourg

Et puis... n’oublions pas les deux hô-tels-restaurants du bourg qui pouvaientloger les voyageurs de passage et leursmontures. La population mâle de lacommune s’y retrouvait quelquefois,le dimanche en particulier, pour desagapes généralement fort arrosées.Alexandre Romeyer (T)(T)(T)(T)(T) cumulait lesfonctions de cafetier, d’hôtelier, d’épi-cier et de buraliste. L’hôtel Robert (P)(P)(P)(P)(P),devenu par la suite un café tenu parAimé Chanin, était établi à l’angle duchemin du cimetière.Tout à côté du café Chanin, une ensei-gne sur le fronton de la maison Dupart(G)(G)(G)(G)(G) rappelait qu’autrefois se tenait làun hôtel. On pouvait lire :»A l’étoile,bon logis, on loge à pied et à cheval,1787". En face, de l’autre côté de laroute, se trouvait l’écurie. L’hôtel ser-vait aussi de relais pour un service detransport de sel et d’anchois.La Rivière avait aussi son boulanger,Alexandre Brussiaud (R)(R)(R)(R)(R). Alexandre,originaire de Chatte, et sa femme Clo-tilde s’étaient installés au début du siè-cle à La Rivière après avoir tenu uneboulangerie à Saint Marcellin, rue deBeauvoir.Alexandre faisait des tournées en voi-ture à cheval, en traîneau, l’hiver, lors-que la neige était au rendez-vous. Con-naissant les besoins de ses clients, surchaque pain, avant le départ, il fixaitune étiquette indiquant le nom duclient, le poids et le prix du pain. En1919, très affecté par la mort de sonfils, âgé de 20 ans, il laissa son fonds,en gérance à un nommé Charnalet deSaint-Gervais. Au décès de celui-ci, ilreprit, durant quelques années, le fonds.Lorsqu’il s’arrêta définitivement, Re-plat, le boulanger de Cognin, assuraune tournée et un dépôt de pain fut éta-bli au café Chanin.

Le pont sur le ruisseau l’Echinard. A gauche, le café Brosse. Maison Brussiaud.le père Simian.

Le lavoir de la Grande rue.

La scierie Charnalet et Gerboud.

Mariage de la nièce avec Emile Meneyro

L’ancienne école où

UN CHARRON, UN MARÉCHAL-FERRANT, DES ÉPICERIES, UN COIFFE

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Au 1er plan, le marchand de chaussures,

Alexandre et Clotilde Brussiaud.

Le four et la galerie de la boulangerie Brussiaud.

La Grande rue.A droite,

le père Dumont,ébéniste.

e de Clémentine et Eugène Brosseoud en 1923.

logeait la famille Meneyroud.

UR, UN CORDONNIER, DES SCIERIES, DEUX MENUISIERS, UN MAÇON

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Le dimanche, les rues du villageétaient animées. Les habitants deshameaux venaient à la messe et enprofitaient pour faire quelques achats.Ce jour-là, Simian, un marchand dechaussures de Vinay, dressait sonéventaire le long du muret de la courde l’hôtel Romeyer et «Tintin»Bonneton, le boucher de la rue Vic-tor Hugo à Tullins, installait son étalsous la galerie de la maisonBrussiaud.S’étirant à l’écart de la RN 532, levillage était une oasis de calme cham-pêtre. La grande rue, peu fréquentéepar les voitures, était un espace de viepour les enfants qui y jouaient sanscrainte.A la belle saison, après le repas du

soir, on sortait sa chaise sur le trot-toir, devant sa porte, et l’on bavardaitavec les voisins en prenant le frais jus-qu’à une heure avancée.Les commerces certes ont disparumais le petit village de La Rivière n’arien perdu de son charme. Ses habi-tants qui travaillent le plus souvent àl’extérieur, en apprécient le calme.Les cris et les rires des enfants del’école (qui heureusement a pu êtreconservée) viennent seuls troubler lasérénité des lieux les jours de classe.S’il n’y a plus de café, les occasionsne manquent pas toutefois aux Riva-rains de se retrouver en de nombreu-ses occasions et de festoyer ensem-ble dans la pimpante et spacieuse salledes fêtes devenue lieu de rencontredes habitants de la commune.

La Grande rue, terrain de jeuxpour les enfants

L’hôtel Romeyer

Les habitants de la Grande rue posent pour la photo. Au 1er plan, à droite,Mme Dumont «Tabatière».

Le père Tom (Murdinet) avec ses béquilles

UN BOULANGER, DES CAFÉS, DEUX HÔTELS-RESTAURANTS

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Le père Tom (Murdinet)avec ses béquilles.