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Hurt John Smith Extrait du Guitare Classique @ NET http://www.guitareclassique.net Hurt John Smith - Le salon des guitaristes - Date de mise en ligne : mercredi 12 novembre 2008 Guitare Classique @ NET Copyright © Guitare Classique @ NET Page 1/4

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Hurt John Smith

Extrait du Guitare Classique @ NET

http://www.guitareclassique.net

Hurt John Smith- Le salon des guitaristes -

Date de mise en ligne : mercredi 12 novembre 2008

Guitare Classique @ NET

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Hurt John Smith

Né le 8 Mars 1892, à Teoc, Caroll County, Mississippi, USA, John Smith Hurt fait partie d'une famille de dix enfantsvivant des maigres revenus de la ferme dont le père est métayer.

Arrivé à Avalon (petit bourg d'une centaine d'âme où John Hurt passa quasiment toute sa vie) en 1902, les raresloisirs y étaient les soirées animées par des musiciens itinérants où des musiciens locaux tels William Henry Carson(musicien que cite John Hurt comme influence, mais dont nous ne savons rien), les "songsters" au répertoire vaste ethétéroclite : ballades, ragtimes, spirituals, coon songs, reels, airs mexicains ou irlandais, chants de travail, etc. Lessongsters étaient de véritables juke-box vivants, à une époque où les disques et la radio n'existaient pas et dans uncoin où ils mirent sûrement très longtemps à arriver.

C'est à neuf ans qu'il se voit offrir une guitare par sa mère. Alternant le travail sur la ferme familiale, sur les fermesvoisines ou les chantiers ferroviaires, John Hurt se forge au fil des années un style de guitare unique, basée sur latechnique du finger-picking, reprenant pêle-mêle les différents airs qu'il entend et les adaptant à son instrument et àsa voix. Sa réputation de chanteur et conteur va grandissante dans les environs et il est appelé à animer des fêteschez les noirs et les blancs, seul ou en groupe. Il pratique aussi ce qu'il appelle les "sérénades" : lui et un amis'installent près d'une maison, à minuit ou plus tard, et jouent de la musique Parfois ils sont invités à entrer dans lamaison pour y continuer la sérénade !

Après un premier mariage suivi d'un divorce, John Hurt se marie en 1927 avec Jessie, qui restera sa compagneaimée jusqu'à la fin de ses jours et lui donna 14 enfants.

A partir de 1923, son voisin Willie Narmour, un violoniste blanc, fait souvent appel à lui pour remplacer sonpartenaire habituel, le guitariste Shell Smith, pour animer des "Square Dance". John Hurt abandonne dans ces cas làsa technique finger-picking pour assurer la rythmique et s'adapter au style hillbilly (country-music)..

Les sessions d'enregistrement de 1928

En 1928, Willie Narmour remporta un concours de violon et Tommy Rockwell (des disques Okeh), venant le chercherpour l'enregistrer lui demanda si il ne connaissait pas d'autres bons musiciens de "vieille musique" Le violoniste luiindiqua John Hurt et, après une courte audition, Tommy Rockwell fut enthousiasmé et emmena celui-ci à Memphispour enregistrer. Le 14 Février 1928, John Hurt enregistra huit titres, dont deux sortirent en 78 Tours (les six autresn'ont jamais été retrouvés). C'est à cette occasion que John Smith Hurt devint, à son insu, Mississippi John Hurt !

Le disque, distribué dans le circuit des Race Records (disques bons marchés à destination des noirs-américains) neremporta aucun succès mais Rockwell était persuadé que sa "découverte" pouvait faire vendre des disques, alors ille fit venir à New-York ce coup-ci, pour deux nouvelles séances d'enregistrement où John Hurt enregistra quatretitres le 21 Décembre 1928 puis huit autres le 28 Décembre 1928 (un de ces enregistrement a également disparu) .C'est pendant la première séance que la rencontre improbable eût lieu avec Lonnie Johnson qui lui donna quelquesconseils, notamment de jouer plus grave son "Candy Man" ! Ensuite, et malheureusement sans enregistrement, JohnHurt à la guitare et Lonnie Johnson au piano jouèrent quelques morceaux.

John Hurt fut bien sûr époustouflé par le studio d'enregistrement et la "grande ville", mais il n'eût qu'une hâte :retourner à Avalon, retrouver sa terre et sa femme Jessie.

Le retour à l'anonymat

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Les 78 tours de Mississippi John Hurt enregistrés à New York n'eurent pas plus de succès que le premier il ne s'envendit que quelques centaines d'exemplaires. Pourquoi ? Sans doutes parce que déjà, en 1929, les chansonsqu'interprète John Hurt sont "démodées" Le public noir-américain demande de la nouveauté, du blues tel que celuide Lonnie Johnson, ou Tommy Johnson, Blind Boy Fuller, Big Bill Broonzy, Tampa Red, Leroy Carr, or MississippiJohn Hurt représente déjà un style ancien (même si il avait encore un public) Peut-être qu'avec le temps le succèsserait venu, mais la crise de Septembre 1929 vit s'écrouler le marché du disque, et en premier lieu celui des RaceRecords, le public noir (le plus pauvre) étant le premier touché par la récession.

Il est même quasiment certain que, sans la crise, John Hurt aurait continué sa carrière discographique, car on saitque le titre "Richland Woman Blues" enregistré en 1963 avait en fait été appris par John Hurt en 1929, à la demandede William Meyers qui devait l'enregistrer sur son propre label Il est probable que ce titre (au thème et à la musiquebien éloigné du blues !) soit une composition de William Meyers, et que le projet capota en raison de la crise.

La carrière discographique de John Hurt à peine amorcée stoppa nette, mais ça ne l'affecta pas plus que ça et ilcontinua à sa vie de paysan et père de famille, tout en continuant à être le songster attitré de la région d' Avalon,Carollton et Greenwood, sans doute auréolé d'avoir enregistré des disques à New York.

La (re)-découverte

En 1963, soit 35 ans après les sessions de 1928 et alors que tout le monde croyait mort le songster, deux jeunespassionnés (Tom Hawskins et Mike Stewart), écoutèrent attentivement "Avalon Blues" où John Hurt chante lesbienfaits de son village ("Avalon my home town, always on my mind, Pretty mama's in Avalon, want me there all thetime") et découvrirent sur un vieil atlas de 1878 un minuscule point nommé Avalon, quelque part entre Greenwood etGrenada. C'est là que, suffoqués, ils retrouvèrent John Hurt en train de cultiver son lopin de terre ! Leur bonheur futtotal quand ils apprirent qu'il n'avait jamais cessé de jouer de la guitare, et John Hurt ne crut pas un mot de ce qu'ilsdisaient quand ils lui racontèrent que ses enregistrements de 1928 remportaient un énorme succès et qu'il étaitl'idole de toute une bande de yankees ! La vie de John Hurt n'avait quasiment pas changé depuis 35 ans, mais cen'est pas lui qui avait disparu, ce sont les autres qui l'avaient oublié

C'est ainsi que quelques jours plus tard, Mississippi John Hurt se retrouva en train de jouer de la guitare dans lesclubs folks de Washington et que Tom Hoskins enregistra 39 chansons de John Hurt pour son label créé pourl'occasion (Piedmont). La nouvelle se répandit dans les médias : on avait retrouvé Mississippi John Hurt !!!

Il donna son premier grand concert à 69 ans, en Juillet 1963, au Newport Folk Festival. Le succès vint aussitôt et unmois plus tard il triomphait au Philadelphia Folk Festival. Il devint rapidement un héros "culturel", la coqueluche desfestivals folks, le grand-père de tous les apprentis guitaristes qui buvaient ses paroles et s'imprégnaient de son jeude guitare !

Le triomphe

Après la fameuse séance d'enregistrement en Mars 1963 puis le festival de Philadelphia, Mississippi John Hurtcontinua pendant trois ans à enregistrer de nombreux disques et à se produire devant un public de blancs quil'adulaient. Parmi ces jeunes fans, on trouve des musiciens tels que Taj Mahal, Bob Dylan, Rory Block, StefanGrossman .

Non seulement ils trouvèrent un guitariste et chanteur hors pair qui n'avait jamais cessé de perpétuer la tradition dessongsters du début du siècle, mais en plus ils découvraient un homme à la sagesse et à la philosophie toute pleinede bon sens terrien, de gentillesse et d'humour. Les anecdotes sur cette époque sont légions et montrent

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l'étonnement des jeunes blancs face au patriarche noir, autant que celui du petit paysan d'Avalon face auxintellectuels de la Côte Est des Etats-Unis

Les revenus de ses disques et concerts, ainsi que son contrat de résidant de l' Ontario Place Coffehouse luipermirent de s'acheter une maison à Grenada (près d' Avalon, bien sûr) et il quitta New York pour s'y installer. Aprèsun dernier voyage à New York pour une séance qui lui fut assez pénible (les gens se battaient presque dans lestudio pour contrôler l'enregistrement), il y mourut dans son lit, le 2 Novembre 1966.

Influence directe ou indirecte, Mississippi John Hurt a marqué le mouvement folk et blues des années 60 et il estencore souvent cité comme référence par des musiciens ne l'ayant jamais connu. Pourtant il n'a jamais vraiment faitd'émules revendiquant son style à 100% son influence est pourtant énorme, sous-jacente ou plus évidente.

Ces renseignements ont été extraits

http://www.gazettegreenwood.net/an2001/n35/numero35bis.htm#mjh

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