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Octobre 2014 ENSA Paris la Villette Encadré par Louis Guedj Architecte tuteur Catherine Guillot Candidat Ludovic Legrand HABILITATION À LA MAITRISE D’ŒUVRE EN SON NOM PROPRE L’ARCHITECTE ET LA MAÎTRISE D’OEUVRE URBAINE

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L'architecte et la maîtrise d'oeuvre urbaine. Un mémoire d'HMONP

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Page 1: HMONP Mémoire Ludovic Legrand

Octobre 2014ENSA Paris la VilletteEncadré par Louis GuedjArchitecte tuteur Catherine GuillotCandidat Ludovic Legrand

HABILITATION à LA MAITRISE D’ŒUVREEN SON NOM PROPRE

L’ARCHITECTE ET LA

MAÎTRISE D’OEUVRE URBAINE

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Page 4: HMONP Mémoire Ludovic Legrand

Octobre 2014École Nationale Supérieure d’Architecture de Paris la VilletteEncadré par Louis Guedj / Directeur d’études

Structure d’accueil Diagram architectes urbanistesArchitecte tuteur Catherine GuillotAdresse : 73, rue Vergniaud - 75013 ParisTéléphone : 01 53 62 07 30 / courriel : [email protected] en situation professionnelle du 01.11.2013 au 30.05.2014Soutenance le 06.11.2014

Candidat Ludovic Legrand

Page 5: HMONP Mémoire Ludovic Legrand

«  Ce qui donne sens et

signification, qui sauve, si l’on peut

dire, l’architecture, c’est l’articulation

et le dessin de l’espace urbain, des

espaces ouverts et publics  ; et d’un

point de vue plus pragmatique,

que c’est le dessin des espaces

publics et ouverts qui doit poser des

interrogations, des problèmes et des

contraintes aux objets d’architecture,

et non le contraire. »

Extrait du texte Villes sans objet : La forme de la ville contemporaine, Bernardo Secchi, Sept 2008

Page 6: HMONP Mémoire Ludovic Legrand

Liste des abréviations

ANRU : Agence Nationale pour le Rénovation Urbaine

A.V.P : Avant Projet

B.E : Bureau d’Études

B.P.U : Bordereau de Prix Unitaires

C.C.T.P : Cahier des Clauses Techniques Particulières

D.E.C.V : Direction de l’Environnement et du Cadre de Vie

d.m.o : Direction de Maîtrise d’Ouvrage

G.P.V : Grand Projet de Ville

M.O.A : Maîtrise d’Ouvrage

M.O.E : Maîtrise d’Oeuvre

O.P.C.U : Ordonancement Pilotage Coordination Urbaine

P.M.R : Personne à Mobilité Réduite

P.P.R.I : Plan de Protection des Risques Innondation

P.P.R.T : Plan de Protection des Risques Technologiques

S.A.R.L : Société A Responsabilité Limité

S.C.M : Société Civile de Moyens

S.P.L.A : Société Publique Locale d’Aménagement

V.R.D : Voirie Réseaux Divers

Accord-Cadre : Un accord-cadre est type de contrat régissant les marchés à passer au cours d’une période sur la base d’un accord de rémunération par type de prestation ou de fourniture.

Ils sont particulièrement adaptés quand les contours d’un projets sont flous et que peuvent apparaitre des missions dites «subsé-quentes».

Page 7: HMONP Mémoire Ludovic Legrand

Partie I

Pourquoi la maîtrise d’œuvre urbaine ? 6

Extension des missions de l’architecte 7

Qu’est-ce que la maîtrise d’œuvre urbaine ? 8

Qu’est-ce que l’intérêt public ? 10

Le Paris du XIXème siècle : l’émergence d’une maîtrise d’œuvre urbaine 12

La maîtrise d’œuvre urbaine dans les 30 glorieuses 15

La D.D.E et l’espace public 18

Le code des marchés publics et la loi MOP 18

Qui est responsable de l’intérêt public ? 20

Partie II : Étude de Cas du projet d’aménagement des espaces de la « grande

transversale Ouest/Est » du quartier du Chemin Vert.

Plusieurs contrats pour un projet 24

Responsabilité publique 25

Intérêt public, vision utilitariste 27

Structure de l’équipe de maîtrise d’œuvre 27

Passation des marchés de maîtrise d’œuvre et de travaux et influence sur le projet 28

Rôle de l’architecte comme « manager » du projet urbain. 29

Partie III : Projet professionnel

Après demain 32

Demain 33

Aujourd’hui 34

Remerciements

Bibliographie

Page 8: HMONP Mémoire Ludovic Legrand

6

Pourquoi la maîtrise d’œuvre urbaine ?

Après un Baccalauréat spécialisé en arts appliqués, motivé par la

richesse et la liberté qu’offrait la conception d’espaces, je me suis

dirigé vers des études d’architecture intérieure aux arts décoratifs de

Paris. Si l’approche sensible et conceptuelle de l’espace, ainsi que

l’ouverture à de multiples disciplines et savoir-faire furent formateurs.

J’étais convaincu que la légitimité du concepteur d’espace se situait

davantage dans sa capacité à construire une dialectique entre espace

intérieur et extérieur ou public et privé que dans le déploiement d’une

créativité formelle sans autre fin que la satisfaction du demandeur.

Les études d’architecture m’ont attiré pour cette raison, car elles

abordent la discipline sans en réduire la complexité intrinsèque.

Produit de la tension entre des intérêts particuliers et l’intérêt général.

Au fil des studios, mon envie de comprendre les deux extrémités de

cette tension m’a conduit à élargir mes préoccupations à l’urbanisme.

Ce questionnement a d’ailleurs abouti à un projet de fin d’études dans

lequel je m’interrogeais sur la capacité d’une infrastructure publique

lourde comme le tramway 7 à métamorphoser une situation péri-

urbaine mono-fonctionelle (un hypermarché et son parking) en situation

urbaine plus équilibrée. Le projet reposant sur une complémentarité

entre les intérêts commerciaux et l’intérêt public matérialisé par des

équipements et un espace public.

C’est cette recherche d’équilibre entre acceptation et approche

volontariste qui intéressa Catherine Guillot et Refki Chelly, co-gérants

de l’agence Diagram. Ces derniers, actifs dans les domaines de

l’architecture et l’urbanisme me proposèrent un poste de chargé de

projet, sur les études urbaines et territoriales et par la suite, sur les

projets de maîtrise d’œuvre urbaine de l’agence.

C’est dans cette dernière et au cours de deux ans que j’ai découvert

l’inertie des processus de conception de la ville, composés d’études

pré-opérationnelles, de faisabilité, de programmation, d’impact, etc.

destinées à informer la décision politique dans l’espoir que l’intention

initiale ne se perde pas dans la succession d’échéances politiques.

Sans faire référence à la multiplicité des parties prenantes au projet,

prestataires intellectuels de l’espace, économie, environnement,

société civile, responsables des services techniques, financeurs, etc.

Ainsi, j’ai d’abord été impliqué dans des études urbaines et schémas

directeurs. Habitué par l’école à des études multi-scalaires laissant

toujours supposé que le fruit de notre réflexion pourrait suffire à

déclencher la mise en œuvre du projet. Il était à ce moment-là difficile

Page 9: HMONP Mémoire Ludovic Legrand

7

pour moi d’appréhender la limite opérationnelle ou prescriptive du

projet. J’apprenais alors le devoir de conseil de l’architecte mais aussi

la limite de celui-ci à partir du moment où il se trouve dans une posture

de prestataire intellectuel et non de maître d’œuvre. A l’inverse, je

travaillais quelques mois plus tard sur un projet de ZAC à Caen et sur

des projets de maîtrise d’œuvre d’espaces publics. J’apprenais à ce

moment-là à traduire une intention générale en détail de nivellement

du sol. L’importance du nivellement dans la définition de l’assise des

espaces publics mais aussi la responsabilité d’un travail ayant pour

finalité une concrétisation physique.

Cette évolution dans les types de missions et les échelles d’intervention

a aiguisé ma conscience de la transversalité du regard de l’architecte,

et, la variation de leurs portées opérationnelles m’ont permis de saisir

la différence de responsabilité qu’impliquaient chaque catégorie de

mission.

Bien que ces activités soient de nature différentes en terme

d’opérationnalité, elles me paraissent maintenant complémentaires et

renforçant la spécificité du regard de l’architecte.

La maîtrise d’œuvre urbaine est donc, pour moi un sujet qui permet de

parler de l’extension des missions de l’architecte, de la manière dont

il valorise ses compétences et sa culture face à d’autres professions

non moins légitime que lui en matière de maîtrise d’œuvre urbaine.

Extension des missions de l’architecte

L’architecture en tant que profession réglementée fait l’objet d’une

protection particulière permettant de réserver l’exercice de cette

activité à des professionnels habilités, compétents et répondant d’un

code de déontologie  : les architectes. Dès lors, même si d’autres

professionnels sont capables de concevoir un bâtiment, seuls les

architectes peuvent en être les maîtres d’oeuvres déclarés. Cette

situation est le fruit de l’intervention de la loi (loi sur l’architecture et

sur la maîtrise d’ouvrage publique) et nous voyons aujourd’hui se

fissurer l’ouvrage de l’État qui ne parvient plus à maîtriser les mesures

dérogatoires à la loi MOP et les montages des industriels du bâtiment

qui parviennent à réduire l’autorité de l’architecte. D’autre part, la

maîtrise d’œuvre urbaine semble aux antipodes de cette configuration.

Cette activité ne fait l’objet d’aucune régulation (excepté le code des

marchés publics et dans certains cas, la loi sur la maîtrise d’ouvrage

publique) en faveur d’une profession réglementée. En conséquence, il

s’agit d’un marché « ouvert » aux architectes et aux autres professions

revendiquant des compétences en aménagement.

Plan au 1:10000 du schéma directeur du Corridor Est pour l’agglomération Maubeuge Val de Sambre

Plan au 1:200 du plan des aménagements du secteur centre commercial à Notre-Dame de Gravenchon

Page 10: HMONP Mémoire Ludovic Legrand

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Il y a donc une concurrence de fait entre plusieurs corps professionnels ;

ingénieurs, des paysagistes, des urbanistes, des économiques,

des environnementalistes, etc. Il s’agit donc d’un environnement

concurrentiel dans lequel il ne convient pas uniquement de s’interroger

sur ces qualités en tant qu’architecte mais sur l’intérêt même d’être

architecte pour répondre à une demande.

Cette situation, attise mon intérêt car, si elle représente une fragilité

pour la profession des architectes héritière d’une tradition de

désintéressement et de service de l’intérêt général n’ayant pas

favorisé le développement d’une culture entrepreneuriale forte. La

maîtrise d’œuvre urbaine représente néanmoins un territoire neutre

où les architectes ont la possibilité de définir leur double identité

d’architectes et d’entrepreneurs en réfléchissant à leur culture fondée

sur l’intérêt général, la responsabilité et une déontologie particulière.

Enfin, cette activité non réglementée et ouverte à des cultures

professionnelles variées (architectes, urbanistes, ingénieurs,

paysagistes) interroge également et très profondément les savoir-faire

et les méthodologies de conception de la ville. Mais si les pratiques

restent mouvantes et à définir, le cadre, plus rigide nécessite lui aussi

d’être précisé notamment sous la pression de forces comme la

nécessité d’accomplir la transition énergétique, le désir d’intégrer la

société civile aux processus de fabrication de la ville, la modification

du rôle des collectivités, etc.

Ce mémoire sera donc conduit par ces trois thématiques ;

D’une part, l’usage de la culture professionnelle de l’architecte et

de ses savoir-faire spécifiques dans le cadre de la maîtrise d’œuvre

urbaine.

D’autre part, le positionnement en concurrence, partenariat ou

intégration des autres professions dans ce domaine.

Et enfin, la contribution permanente à la réinvention du cadre de la

maîtrise d’œuvre urbaine en fonction des grandes préoccupations

émergentes et à partir de la critique de l’organisation actuelle de ce

cadre.

Qu’est-ce que la maîtrise d’œuvre urbaine ?

Avec une définition termes à termes de l’expression « maîtrise d’œuvre

urbaine  » on obtient une signification composée de «maîtrise» qui

suppose l’exercice d’un contrôle sur une «œuvre» elle-même définie

comme une série d’actions orientées vers une fin (petit robert 2012).

Page 11: HMONP Mémoire Ludovic Legrand

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Ces deux termes associés expriment donc l’idée du contrôle d’une

série d’actions, en d’autres termes d’un processus orienté vers la

concrétisation d’un projet.

L’expression « maîtrise d’œuvre urbaine » désigne donc un processus

traversant différentes phases de la conception à la mise en œuvre

d’un projet urbain. Il participe d’une tradition intellectuelle française qui

considère la ville comme un objet de conception au même titre qu’un

édifice ou qu’un meuble. La différence se situe dans les instruments

de production de la ville qui, du fait de leur complexité varient selon les

lieux, les époques et la culture urbaine. Ainsi, aujourd’hui cohabitent

des conceptions de la ville polarisées par l’immobilier, le paysage,

l’espace public, ou encore sur l’intelligence technologique développée.

Cette activité, selon la manière de l’approcher sollicitera donc différents

outils projectuels, réglementaires, financiers et politiques. Le maître

d’œuvre urbain devra donc être capable de faire le lien entre des

intentions politiques, économiques et sociales et amorcer un projet

tangible qui mettra en lien cet ensemble de contrainte et intégrera les

changements internes ou externes au projet survenant dans le temps

de sa mise en œuvre. Le maître d’œuvre urbain est donc le lien entre le

projet en gestation et un résultat spatial, il est donc responsable de la

définition d’un cadre de faisabilité et les conditions de la construction

des bâtiments et espaces publics qui composeront le projet urbain

(alignement, nivellement, hauteur, volumétries, densités, matériaux,

programmation, etc.) sans avoir la responsabilité de construire.

C’est cet aspect qui distingue la maîtrise d’œuvre urbaine et la maîtrise

d’œuvre de construction des espaces publics qui est une mission

régulièrement imbriquée dans la précédente.

Enfin, la maîtrise d’œuvre urbaine semble être une activité encore

insuffisamment définie, entre autres, elle ne bénéficie pas de définition

légale. C’est probablement la raison qui lui vaut d’être assimilé en

décomposition des éléments de missions à la maîtrise d’œuvre

architecturale. Cette indéfinition, ne doit pas être prise pour argent

comptant, bien au contraire, elle doit stimuler tous les acteurs

concernés par cette question à proposer des définitions, modes

opératoires, composition des missions à l’image de la MIQCP qui,

dans sa publication sur la maîtrise d’œuvre urbaine en fait la définition

suivante «démarche intellectuelle aboutissant à un projet partagé et

des modes opératoires crédibles de mise en œuvre». Une définition

ouverte qui tend à exprimer la singularité de la maîtrise d’œuvre

urbaine vis-à-vis de la maîtrise d’œuvre architecturale.

Page 12: HMONP Mémoire Ludovic Legrand

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Qu’est-ce que l’intérêt public ?

L’expression «  intérêt public  » désigne un ensemble de valeurs et

d’objectifs qui sont partagés par l’ensemble de membres d’une

société. Cette notion décrit donc une finalité de l’État sans en fixer le

contenu exact.1

Si cette notion est explicitement convoquée dès les premières lignes

de la loi sur l’architecture de 19772, elle n’est pas directement utilisée

pour définir les missions de la maîtrise d’œuvre urbaine. Ainsi nous

supposerons sans user d’une métonymie abusive que ce qui vaut

pour l’architecture, vaut aussi pour la maîtrise d’œuvre urbaine.

A la différence que la loi sur l’architecture précise en quoi l’architecture

est d’intérêt public et qu’il nous revient donc d’adapter les critères à

la maîtrise d’œuvre urbaine. Cela invite à une réflexion critique sur la

notion d’intérêt public qui peut faire l’objet d’ambiguïtés.

Il existe par exemple, deux grandes approches de l’intérêt public  ;

celle dite «  volontariste  » à laquelle s’oppose une conception dite

« utilitariste »1. La conception volontariste suppose un intérêt commun

surplombant tous les intérêts individuels alors que la conception

utilitariste considère l’intérêt de chacun pris individuellement.

Le problème principal qui résulte de cette opposition est la difficulté à

reconnaître la légitimité d’une interprétation sur l’autre. Ainsi, l’architecte

– maître d’œuvre urbain se retrouve souvent dans des situations

ou les approches «  utilitaristes  » se superposent aux injonctions

« volontaristes » comme ce fut le cas à plusieurs reprises au cours

de mon expérience chez Diagram. La situation la plus caricaturale

à cet égard s’est présentée durant la préparation des études de

projet en phase de maîtrise d’œuvre des espaces publics à Notre-

Dame de Gravenchon. Il s’agissait alors, dans le but de revaloriser

les espaces urbains du centre-ville de redessiner une avenue aux

altimétries fortement irrégulières. Le projet est approuvé par la

mairie et l’aménageur, à condition que le projet prévoie l’accessibilité

P.M.R de l’ensemble des locaux commerciaux dont les bâtiments

sont pourtant voués à démolition. Afin de ne pas se mettre à dos le

moindre commerçant, l’aménageur reporte ainsi ses problèmes de

phasage d’opérations « tiroirs » sur l’équipe de maîtrise d’œuvre qui

doit maintenant concevoir, des ouvrages provisoires coûteux (rampes

1 Réflexions sur l’intérêt général, rapport public du conseil d’état : http://www.conseil-etat.fr/Decisions-Avis-Publications/Etudes-Publications/Rapports-Etudes/Reflexions-sur-l-interet-general-Rapport-public-1999

2 L’architecture est une expression de la culture. La création architecturale, la qualité des constructions, leur insertion harmonieuse dans le milieu environnant, le respect des paysages naturels ou urbains ainsi que du patrimoine sont d’intérêt public.

Page 13: HMONP Mémoire Ludovic Legrand

11

et murets de soutènements) pour permettre l’accès des personnes

handicapées aux commerces qui n’étaient déjà pas aux normes.

Ainsi, la protection de l’intérêt d’une somme de personnes (les

commerçants) est protégé au dépends d’aménagements plus chers,

de travaux en deux fois et des reprises d’études.

Sans dévaluer l’importance du respect des intérêts de chacun,

on assiste parfois à des situations où les intérêts de quelques-

uns vont infléchir un aménagement urbain pourtant destiné à une

« communauté » bien plus large.

Néanmoins, on peut à l’heure où l’intérêt public soutenu par les

politiques semble parfois se résumer à l’intérêt de chacun. Myopie qui

revient à rapporter tous les critères de l’intérêt public sur une échelle

économique et immédiate. A l’image de l’exemple où la protection

de l’activité des commerçants du centre-ville de Notre-Dame de

Gravenchon devient une cause supérieure au soutien d’un projet

urbain. On peut donc constater une crise de confiance dans l’action

publique et même dans la notion même d’intérêt public au sens

volontariste.

De mon point de vue, une telle crise est absolument nécessaire et

devrait même être l’occasion de deux changements majeurs.

Le premier concerne la mise au centre de l’intérêt public de la cause

environnementale. En adaptant les outils pour qu’elle soit mise en

œuvre dans ses dimensions techniques autant que culturelles et

sociales.

La seconde concerne l’intégration de manière profonde de la société

civile. Cela implique une révision très profonde de la position des

politiques dans le projet urbain et surtout des tendances à déléguer à

des sociétés privées. 

Si le premier de ces deux enjeux à quelques chances d’aboutir y

compris au niveau légal, je crains que l’élaboration de la ville avec les

citoyens ne soit quelque chose de très lointain encore et qu’il ne faille

aborder cet objectif sous d’autres angles.

Plan du secteur du centre commercial à Notre-Dame de Gravenchon, en haut la rue et son interface avec les bâtiments existants.En bas, le projet en phase 2 (après construction des immeubles de logement)

Page 14: HMONP Mémoire Ludovic Legrand

12

Le Paris du XIXème siècle  : l’émergence d’une maîtrise d’œuvre

urbaine

La période des grands travaux de Paris sous la direction du préfet

Haussmann constitue la première période où la fabrication de l’espace

public et de la ville présente un souci de qualité dans son détail et sa

généralité. C’est aussi l’époque où la municipalité s’attache à lier une

recherche esthétique de magnificence et un projet de modernisation

et d’assainissement de l’espace urbain.

Imbrication des échelles, du flux au pas.

L’intervention des services d’Haussmann se fait à deux échelles. D’une

part, il s’occupe de dessiner la rue selon les critères hygiénistes et de

confort élaborés par les ingénieurs des ponts et chaussées dans les

années 1830 ; d’autre part, il envisage la ville comme un ensemble qui

doit « fonctionner » c’est-à-dire permettre de relier des points éloignés

avec des déplacements efficaces. Cette approche de la ville sous

deux échelles emboitées renvoie au rôle du maître d’œuvre urbain

dont les prescriptions sont à définir relativement à une analyse d’un

ensemble plus large. La ville est « mise en ordre » et doit devenir un

outil productif  : Haussmann utilise l’argument de «  l’investissement

productif ». Pour lui, connecter les quartiers et hiérarchiser les voies

permet aux entrepreneurs, inventeurs et financiers de la ville de ne

plus être entravés par l’inertie des rues inconfortables, dangereuses,

insalubres et congestionnées. La ville est pensée comme un support

de l’économie productive.

Cette conception de l’emboitement des échelles et des enjeux à la

fois stratégiques et opérationnels est tout à fait nouvelle à l’époque

et donne les clefs d’une manière de concevoir la ville encore valable

aujourd’hui.

La structuration des services de la ville pour une conception unifiée de

l’espace urbain.

Une des premières actions menées par Haussmann concerne la

réorganisation des services sous un seul nom le « service des grands

travaux  » lui-même distribué dans un service des promenades et

plantations dirigé par Adolphe Alphand et un service des Eaux et

égouts dirigé par Eugène Belgrand qui auront sous leurs ordre une

centaine d’ingénieurs3. Ces services se répartissent la conception des

réseaux, des jardins, des matériaux de voirie ou du nivellement de la

voirie. Cette coordination permettra à ces services de produire une

voie et un espace d’une conception unifiée en plan et en coupe. La

3 Dans La fabrication des rues de Paris au XIXè siècle, Cahier de la recherche urbaine

Coupe type d’une rue, montrant le profil de voie, les réseaux et le mobilier urbain. Extrait de Promenades de Paris, Adolphe Alphand

Plan du projet de Paris incluant les percements et le réseau de parcs et jardins. Extrait de Prome-nades de Paris, Adolphe Alphand

Page 15: HMONP Mémoire Ludovic Legrand

13

réunion de ces services permettra de tenir une cohérence dans l’action

de modernisation et surtout de capitaliser un savoir-faire important et

une capacité d’innovation.

En effet, les techniques de nivellements, les profils de voies (et leur

coupe complétée par les réseaux d’adduction d’eau potable, de

gaz et d’assainissement), les principes de nettoyage de la rue, la

généralisation d’un vocabulaire de mobilier urbain et des trottoirs

seront les moyens essentiels de la modernisation de l’espace public

et de l’intégration de la notion de confort de l’espace public.

La rue est alors envisagée comme un objet technique et la ville comme

une machine. Si cette conception accorde une place décisive aux

ingénieurs, elle promeut une pensée systémique des organes de la

ville. L’organisation des services de conception de l’espace urbain

révèle donc la prise en compte d’un problème considéré comme

rationnel et sa résolution par l’accomplissement d’une synthèse des

contraintes.

Il suffit de lire la liste de compétences sollicitées pour un marché de

maîtrise d’œuvre architecturale ou urbaine pour constater que la

maîtrise d’ouvrage d’aujourd’hui est héritière de cette vision rationaliste

de l’espace urbain.

L’intérêt public du point de vue hygiéniste

Nous avons vu plus haut le caractère fluctuant de la notion d’intérêt

public. A cette époque, il était urgent de réduire les causes de mortalités

liées à l’insalubrité des quartiers. L’action publique urbaine a donc

été dirigée vers l’assainissement et l’aération des vieux quartiers. Ces

exigences nécessitaient la percée de nouvelles rues, de changement

des gabarits des rues et la démolition d’un grand nombre d’immeubles.

Par ailleurs, ces importants travaux s’accompagnaient des réseaux

d’adduction d’eau potable et d’évacuation des eaux usées. Innovation

urbanistique et technique fonctionnait alors ensemble au service de

l’intérêt public.

Bien que cette expression n’appartienne pas au programme énoncé par

Napoléon III au préfet Haussmann, il s’agit bien de l’accomplissement

de l’intérêt public par le biais de l’urbanisme.

Cohérence, embellissement et sécurité

L’autre motivation de la mise en chantier des rues de Paris résidait dans

la volonté d’embellir la ville et de lui donner davantage de cohérence et

d’unité. Parallèlement, cela servait un objectif de maintien du pouvoir

Plan, Coupe et éléments de mobilier du boulevard Richard Lenoir. Extrait de Promenades de Paris, Adolphe Alphand

Page 16: HMONP Mémoire Ludovic Legrand

14

par le contrôle de l’espace public. Ainsi, on retrouve la nécessité, à

défaut de respecter un paysage, de le constituer permettant de s’y

orienter et de lui donner un caractère. On peut également entendre

ces éléments comme relevant de l’intérêt public.

L’approche financière des grands travaux

Le financement des travaux était réalisé par un montage dans lequel

la ville empruntait de l’argent aux banques qu’elle remboursait en

cédant les terrains avec les droits à construire. Ces terrains faisaient

l’objet d’expropriation avec indemnisation et subissaient une plus-

value après l’engagement des travaux d’élargissement. La banque

récupérait alors une grosse partie de l’argent prêté et pouvait construire

un immeuble soumis au respect de règles fixées par les services de

la ville et respectant les prescriptions de gabarit. Le règlement tient

en dix articles4 qui fixent les conditions d’expropriation, alignement,

nivellement, raccordement à l’égout, permis de bâtir, ravalement

décennal, gabarit et les frais de premier pavage. Véritable outil

d’urbanisme opérationnel ce document faisait office de contrat entre

propriétaires, services de la ville et entrepreneurs.

Ces deux aspects montrent le caractère décisif des procédures

opérationnelles dans la fabrication de la ville. Elle installe la vocation

d’ordonnateur de la puissance publique qui doit encadrer les activités

des personnes de droit privé. On constate que de nos jours, ces

préoccupations ont toujours la même acuité, la subordination du

privé au public est toujours une chose difficile à imposer. Malgré

les reproches qu’on peut leur faire, notamment sur la monotonie

d’une ville largement érigée grâce aux principes d’une spéculation

immobilière importante, les grands travaux d’Haussmann parviennent

à développer une logique efficace de modernisation profonde de la

ville.

Le bon usage de l’argent public

Depuis 1839, la ville a dissociée la fourniture de pierre des entreprises

de travaux. Cette opération permet à la ville de maîtriser l’évolution

des prix. Ainsi, elle fournit aux entrepreneurs les matériaux nécessaires

à leurs travaux. Cette disposition relève d’une attitude de protection

et de dépense raisonnée de l’argent public. Nous retrouverons cette

préoccupation plus tard.

4 Texte du décret d’application de la loi du 26 Mars 1852 relatif aux rues de Paris consultable : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6481897r/f5.image

Page 17: HMONP Mémoire Ludovic Legrand

15

Le rôle de l’architecte dans la planification urbaine des services

d’Haussmann

L’administration Haussmannienne dominée par les ingénieurs accorde

tout de même une place aux architectes, ils sont employés au service

des plans de Paris, en effet, leur tâche est de tracer les nouvelles voies et

leur nivellement. Leurs plans définissaient également le lotissement des

terrains en bordure des nouvelles voies. Ainsi, l’architecte Deschamps

avait en charge le dessin et la forme des parcelles constructibles ainsi

que le tracé des rues. La fonction de ces architectes était de mettre

en œuvre la géométrie du plan de Paris. Les architectes s’employaient

également à définir les rapports de hauteur des bâtiments avec la

largeur des rues.

L’architecte dans les services de Haussmann n’est maître d’œuvre

urbain qu’au titre d’une conception géométrique de l’espace,

sa principale compétence est encore sa maîtrise du dessin de la

conception géométrique et sa connaissance des nécessités en

surface et en géométrie de parcelle pour édifier.

Le départ d’Haussmann laissera un grand chantier à poursuivre, des

services municipaux restructurés et un savoir-faire de l’espace public

et de la voirie détenu par un corps professionnel légitime dans la

plupart des travaux d’aménagement de la ville; celui des ingénieurs

des ponts et chaussés. Ce modèle initié à Paris se diffusera en France

et dans certaines villes étrangères.

La maîtrise d’œuvre urbaine dans les 30 glorieuses

Les années d’après-guerre nécessitent une vaste reconstruction

des pays, en France, la formule du grand ensemble se développe

rapidement  ; Elle permet de reloger massivement les citoyens sous

une forme rationnelle et rapide à mettre en œuvre. Les théories se

succèdent pour tenter de former une pensée capable de produire une

ville humaine et efficace.

La région parisienne aura également besoin de se renouveler et

d’augmenter sa capacité d’accueil en modernisant d’anciens secteurs.

Les quantités qui sont appelées à être construites engendrent de

nouveaux quartiers. Se pose alors la question de leur organisation.

Un personnage fait son apparition dans les années 60 et deviendra le

représentant d’un « urbanisme vertical » substituant à la ségrégation

horizontale des fonctions recommandé par la charte d’Athènes une

ségrégation verticale. Inventant ses propres outils méthodologiques

de programmation et de composition. Le quartier des Olympiades, Paris 13

Superposition du tracé de percement de l’avenue de l’Opéra et du parcellaire existant

Page 18: HMONP Mémoire Ludovic Legrand

16

De nouveaux outils méthodologiques et opérationnels

Michel Holley est architecte, il travaille au début de sa carrière aux cotés

de Raymond Lopez et développe très rapidement une expérience des

projets de quartiers comme la ZUP (Zone d’urbanisation prioritaire)

du Val Fourré à Mantes-la-Jolie ou encore le quartier du Front de

Seine. Dans ces années de forte confiance et de grands besoins,

Holley observe que l’importance des opérations qui lui sont confiées

est en décalage avec la légèreté avec laquelle les programmes

sont composés. En effet, l’époque ne connaît pas l’existence de

programmistes urbains ou de compétences équivalentes chez les

maîtres d’ouvrage. C’est donc à l’architecte d’évaluer les compléments

programmatiques à apporter aux commandes souvent lapidaires.

Pour ce faire, Michel Holley développera un outil nommé

« l’Urbanigramme », un outil synthétique qui permet de visualiser les

relations entre l’emprise au sol, le nombre de niveaux, la quantification

des programmes complémentaires (écoles, parkings, commerces…)

et les densités générées.

Cette recherche témoigne d’une aptitude à comprendre une situation

d’un type nouveau et à s’adapter à un certain manque méthodologique

de la part des commanditaires sans pour autant abandonner une

recherche de qualité.

L’autre outil de Michel Holley est le plan d’ordonnancement, ce

dernier permet d’exprimer des intentions de compositions entre les

pleins et les vides suffisamment abstraites pour rester ouvertes. Cet

outil est indispensable pour assumer sa fonction d’architecte en chef

notamment du secteur Italie (entre la place et la porte) à Paris. En effet,

le plan d’ordonnancement permet de laisser des intentions claires aux

financeurs et des lignes directrices sans pour autant figer un projet

avec un plan masse, qui à ce niveau d’études peut être considéré

comme très hypothétique.

Outils adéquat au type de procédure qu’est la ZAC ; faisant intervenir

des acteurs publics et privés. Il est un document assez robuste pour

encaisser les annulations et des changements d’orientations.

Par ces différents outils, Michel Holley s’efforcera de développer des

outils transmissibles permettant de comprendre et d’exploiter les

interactions entre les données quantitatives et des critères qualitatifs.

Il contribue ainsi à la définition des outils et méthodologies attachées

au développement d’une discipline encore peu définie.

Urbanigramme développé par Michel Holley

Plan d’ordonancement et sa légende

Page 19: HMONP Mémoire Ludovic Legrand

17

L’invention de la ZAC comme procédure de financement de la ville

La ZAC (Zone d’aménagement concerté) est mise au point en 1967.

Sa première mise en œuvre sera l’opération d’aménagement des

Olympiades succédant aux études du secteur Italie. La ZAC permet

contrairement à la ZUP qui la précède, de lancer des opérations

d’aménagement de quartiers en faisant entrer des acteurs privés dans

le montage financier. Pour la ZAC des Olympiades, il s’agit d’un accord

sur plan masse dans lequel le promoteur s’engage à réaliser le projet

décrit contre un apport en équipement ou en terrain de la part de la

puissance publique. Dans ce cas, la participation de la ville consiste

à autoriser le propriétaire du terrain –la Sncf- à construire la parcelle.

Ce dernier, satisfait d’avoir l’opportunité de rentabiliser sa parcelle

par un projet lucratif, accepte des conditions d’équipements et de

construction de logements sociaux. Cette opération, très coûteuse

(puisque la S.N.C.F posait comme conditions à la construction

du terrain la préservation de la gare et la création d’espaces de

stockage en vue de redévelopper cette gare pour l’acheminement de

marchandises dans Paris) n’aurait sans doute pas pu voir le jour sans

le partenariat entre la ville (qui a des besoins en logements) et l’acteur

privé (qui souhaite rentabiliser un site) sans cette procédure assez

souple. Néanmoins, on peut contester la procédure dans la mesure

où la force des intérêts privés ne permet pas toujours de mener le

projet à terme, le financeur se réservant la possibilité de « remettre à

plus tard » les besoins en équipements. On peut notamment citer la

piscine qui ne vit jamais le jour.

La mise en œuvre d’un urbanisme architectural et la dissociation avec

l’espace public

Bien loin des méthodes et « traditions » développées par Haussmann,

l’urbanisme vertical de Michel Holley n’est plus un urbanisme d’espace

public et de structure de la ville. Il est un urbanisme de programmation

en couches et de modulation de l’échelle d’un programme trop

lourd pour ne pas faire l’objet de stratagèmes de diminution de

l’effet de masse. Là où les architectes s’inséraient dans une trame

sous Haussmann se soumettant à des règles de banalisation de

l’architecture au profit de l’espace public, l’architecte qu’est Michel

Holley compose les masses tout en exhibant leur modernité. Il crée

l’urbanisme parisien qui satisfait les besoins d’une époque mais le

fait au dépend du caractère public de l’espace. En effet, même si cet

urbanisme génère des surfaces de dalles importantes ouvertes aux

usages des piétons qui y sont protégés du flux automobile, il reste

malgré tout un espace privé d’usage public. Sa situation en toiture

Coupe sur le principe de la dalle des Olympiades

Plan masse du quartier des Olympiades, Paris 13

Page 20: HMONP Mémoire Ludovic Legrand

18

d’un complexe logistique, son caractère bâti, sa nature privé et la

rupture avec l’espace public de la ville et le sol naturel opèrent une

ségrégation des usagers de cet espace, limitant ainsi le caractère

public de l’espace.

La D.D.E et l’espace public

Parallèlement à cette période où les architectes prennent la

responsabilité de construire à la fois quartiers et espace public liés

des ZAC, les services de la D.D.E (Direction départementale de

l’équipement) successeurs du service des Ponts et chaussées

occupent parmi d’autres des fonctions de maîtres d’oeuvres d’un

grand nombre d’aménagements publics.

Les trente glorieuses sont les années d’investissements très

importants dans la politique d’infrastructures de l’État français. Le

pays a besoin de construire et moderniser son réseau routier, ainsi le

ministère de l’équipement a besoin de structures localisées au niveau

des département relayant les décisions d’intérêt publiques prises au

niveau « central ». Les D.D.E seront les instruments de cette politique,

ainsi ils exécuteront en tant que maîtres d’oeuvres l’ensemble des

aménagements routiers nationaux et départementaux. En bordure

de ces missions, ils auront également la mission de répondre aux

commandes directes des communes nécessitant des aménagements

d’espaces publics ou de voirie.

Issue du service des ponts et chaussées c’est donc une vision

technicienne de l’aménagement qui est à l’œuvre. Cette dernière,

dépositaire de l’intérêt public par nature (émanation ministérielle)

prouve son efficacité et sa compétence technique. De plus, il est

une garantie de qualité d’exécution et bénéficie de la meilleure des

assurances ; celle de l’État. 

Pourtant, un constat s’impose sur la banalisation des paysages

urbains de nombreuses communes. La culture technique n’est pas

forcément sensible à la recherche d’identité dont de nombreuses

communes éprouvent le besoin après les trente glorieuses et l’euphorie

de la modernité. Alors que la désindustrialisation du pays s’engage,

les communes vont tenter de retenir les populations, valoriser leur

paysage urbain et réorienter leur économie vers le tourisme. Ces

changements économiques et culturels se dérouleront sur un fond

d’intégration européenne qui dans les années 2000 exigera l’ouverture

à la concurrence des marchés d’aménagements urbain.

Page 21: HMONP Mémoire Ludovic Legrand

19

Le code des marchés publics et la loi MOP

Après avoir évoqué deux étapes importantes de la distribution des

rôles et organisations de la maîtrise d’œuvre urbaine française,

étudions à présent le mode d’organisation effectif aujourd’hui.

La maîtrise d’œuvre urbaine est aujourd’hui soumise au code des

marchés publics mais seule les missions de construction d’espaces

publics (aussi appelés les travaux d’infrastructure) sont soumis à la loi

sur la maîtrise d’ouvrage publique. En rupture avec les exemples de

l’urbanisme parisien du XIXème siècle et le fonctionnement des D.D.E,

une de ses caractéristiques est qu’elle prévoit la dissociation de la

maîtrise d’œuvre et la maîtrise d’ouvrage.

Elle institue également des règles de mise en concurrence et des

seuils à partir desquels les concours anonymes sont imposés. L’esprit

de la loi est de garantir une efficacité de la commande publique

et une impartialité censée laisser des chances égales à chaque

maître d’œuvre et assurer les meilleures prestations au prix le plus

avantageux. La loi sur la maîtrise d’ouvrage publique est donc en un

certain sens une protection de l’intérêt général en se prémunissant

contre des attributions « de complaisance » puisqu’anonymes et en

garantissant une qualité de prestation simultanément à une utilisation

raisonnée de l’argent public. Enfin, la loi MOP assure une certaine

normalisation du processus de maîtrise d’œuvre avec des éléments

de missions clairement identifiés et définis.

A ce titre, la maîtrise d’œuvre urbaine est dans une situation hybride,

puisqu’au sens de la loi MOP elle n’est pas vouée à réaliser un

ouvrage. La maîtrise d’œuvre urbaine de type conduite d’opération

d’aménagement comme une ZAC n’est donc pas encadrée de la

même manière, et même si elle bénéficie d’une maîtrise d’ouvrage

et de maîtres d’oeuvres, elle correspond, au regard de la MOP à une

prestation intellectuelle.

Cela a plusieurs conséquences  ; sur les modes de passation des

marchés, sur l’univers concurrentiel, le mode de rémunération, la

définition des éléments de missions et enfin sur la responsabilité.

En effet, la maîtrise d’œuvre d’un projet urbain même relevant du

seuil le plus élevé (≥207 000 € pour les collectivités territoriales)

ne sera pas soumis à une obligation de concours contrairement à

un marché de maîtrise d’œuvre d’architecture ou d’infrastructure.

L’exclusion de la maîtrise d’œuvre urbaine de la loi MOP permet

également à n’importe quel groupe professionnel lié aux questions

d’aménagement de prétendre exécuter un marché de maîtrise d’œuvre

Page 22: HMONP Mémoire Ludovic Legrand

20

urbaine (paysagistes, ingénieurs, urbanistes, maîtres d’œuvre non-

architectes, etc.). En termes de rémunération, celle-ci ne peut pas

être calculée sur le montant des travaux puisqu’ils ne seront pas sous

la responsabilité de l’équipe de maîtrise d’œuvre du projet urbain.

Le mode de rémunération tient donc compte du temps à passer

sur l’étude. Enfin, l’ambiguïté réside dans le fait que les missions

de maîtrise d’œuvre urbaine ne bénéficient pas d’une définition des

éléments de mission aussi précis que ceux donnés par la MOP car

la définition du projet urbain et sa coordination ne font pas appel

aux mêmes configurations que la maîtrise d’œuvre architecturale.

Cependant, les missions de maîtrise d’œuvre urbaine sont souvent

définies sur la base des missions de la loi MOP. Ainsi il n’est pas rare

de retrouver les éléments A.V.P, PRO, A..C.T, D.E.T dans une mission

d’urbaniste coordonnateur de ZAC.

La maîtrise d’œuvre urbaine est donc un marché particulièrement

concurrentiel qui n’est pas figé dans un processus normalisé, cette

particularité par rapport à l’architecture peut être vue comme une force

mais aussi comme une faiblesse. En effet, les architectes n’y sont pas

avantagés par la loi mais bénéficient indéniablement d’avantages en

termes de maîtrise des méthodologies et outils de projet, nécessaires

à l’exécution de missions de maîtrise d’œuvre urbaine.

La maîtrise d’œuvre urbaine reflète donc un aspect projectuel très

stimulant, celui de pouvoir développer une autre méthodologie, ou

plutôt de pouvoir l’enrichir en fonction de situations urbaines ou

de programme invariablement spécifique et singulier. A l’image de

l’urbanigramme développé par Michel Holley dans son effort de définir

des méthodes d’urbanisme opérationnel.

Par ailleurs on peut envisager que l’émergence de l’intégration de

la société civile et du développement durable dans le projet urbain

aboutissent un jour à des processus radicalement différents de

définition du projets que ceux qui servent aujourd’hui régulièrement de

base aux marchés de maîtrise d’œuvre urbaine. En effet, la définition

du projet par «  augmentation scalaire  » de la représentation n’est

probablement plus très pertinente au regard des deux grands facteurs

de changements évoqués plus haut.

On rappellera la définition de la MIQCP qui reste à ce titre assez

ouverte quant au rôle qui incombe à la maîtrise d’œuvre urbaine.

«Démarche intellectuelle aboutissant à un projet partagé et des modes

opératoires crédibles de mise en œuvre»

Page 23: HMONP Mémoire Ludovic Legrand

21

Qui est responsable de l’intérêt public ?

Nous avons vu précédemment les contributions respectives des

grands travaux d’Haussmann, de l’urbanisme vertical, des services

de la D.D.E et les clarifications qu’y à introduit le code des marchés

publics et la loi sur la maîtrise d’ouvrage publique. Ces éléments nous

ont montrés des approches contrastées des modes de production de

la ville et de son espace, mettant en avant plan tour à tour ingénieurs,

politiques, financiers et architectes.

L’encadrement de la maîtrise d’œuvre urbaine est toujours allée vers

une exposition de plus en plus importante au marché et de moins en

moins d’intégration des compétences au sein de la puissance publique.

Ces choix imposés par un système économique et juridique ont un

effet bénéfique en termes de diversité des approches et de liberté

de conception mais ces avancées sur les plans méthodologiques

et culturels peut cacher des limites à la mise en œuvre de projets

confrontés à l’inertie et aux segmentations des responsabilités

politiques. En effet, toutes les périodes où la puissance publique

intervenait directement, la responsabilité politique était confondue

avec la responsabilité culturelle et juridique. Aujourd’hui, alors que

les responsabilités juridique et décennale pèsent sur une équipe de

maîtrise d’œuvre, la responsabilité politique semble se diluer. Or, sans

la responsabilité collective (chacun la sienne) les chances d’un projet

urbain de s’illustrer dans par sa qualité sont minimes.

Ma mise en situation professionnelle ne m’a pas permis de concevoir

un projet urbain sans avoir en perspective la maîtrise d’œuvre de ses

espaces publics. C’est peut-être pour cette raison que je perçois

aujourd’hui la conception de l’espace public non pas comme un

« plus » ou comme une mission de paysagiste ou d’ingénieur mais

bien comme une mission d’architecte par laquelle on accède au

sentiment de responsabilité.

Cette épreuve me aussi bénéfique à la pratique de la maîtrise d’œuvre

urbaine que l’est le suivi de chantier par rapport à la conception

architecturale. Acte par lequel on prend conscience des difficultés,

des obstacles et du réel de la mise en œuvre.

Acte qui nous imprime la mesure de la conception mais surtout de ce

qu’elle implique.

Page 24: HMONP Mémoire Ludovic Legrand

22

Réaménagement de la transversale Est-Ouest du Quartier du Chemin Vert à Caen

Maîtrise d’ouvrage : Ville de Caen

Maîtrise d’œuvre : Ingé-Infra B.E V.R.D - Mandataire

Diagram architectes urbanistes - co-traitant

Surface : 5 Hectares

Budget : 535 000 € 1ére tranche

Année : 2013 - 2014

Livraison : Septembre 2014

Lieu : Quartier du Chemin vert, Caen (Calvados)

Page 25: HMONP Mémoire Ludovic Legrand

23

Étude de Cas du projet d’aménagement des espaces de la

« grande transversale Ouest/Est » du quartier du Chemin Vert à

Caen.

Le quartier du Chemin Vert est situé au Nord-ouest de Caen. Le quartier

regroupe avec 9000 habitants, 10% de la population caennaise1

et souffre d’une mauvaise image, en partie due aux ensembles de

logements sociaux collectifs dans la partie Nord. Le quartier fait l’objet

d’un projet de développement territorial avec un volet de créations

rénovations d’équipements et un volet de rénovation d’espaces

publics. Une équipe d’architectes-urbanistes avait travaillé sur un

schéma directeur d’espaces publics ainsi qu’un cahier de prescription

urbaines portant sur l’ensemble du périmètre. Cette étude n’ayant

pas été jugée satisfaisante, la ville de Caen a ainsi effectué une

nouvelle consultation destiné à fixer un parti d’aménagement des

espaces publics et à les réaliser. L’agence Diagram en co-traitance

avec une B.E V.R.D a obtenu cette mission en Novembre 2012 sur

la proposition de étudier le rôle des espaces publics en fonction de

plusieurs grandes hypothèses concernant des espaces situés entre la

rue de Champagne et la rocade mais aussi en fonction des hypothèses

de restructuration du groupe scolaire Authie Nord et du devenir de

l’espace laissé par la fermeture du collège Jacquard respectivement à

l’extrémité Ouest et au Sud du site.

Le secteur d’étude est composé de huit tours de 12 et 14 étages.

Orientées Nord-Est / Sud-Ouest, assemblées par couple sur les

côtés adjacents de parkings enterrés. La rue du Chemin Vert est

perpendiculaire à cette disposition linéaire et rejoins la rocade de

Caen située à l’arrière en séparant quatre tour en partie Est et quatre

en partie Ouest. Cette phase d’étude s’applique à l’ensemble de la

séquence des huit tours. Le travail consiste à envisager les possibilités

de densification du foncier libéré et des partis d’aménagements

Rapidement, la mission prend la forme d’un projet définit par des

« invariants » faisant l’objet d’un consensus avec la maîtrise d’ouvrage

et d’un ensemble de secteurs sur lesquels nous projetons plusieurs

scénarios d’évolutions, lorsqu’ils ne sont pas programmés ou plusieurs

partis d’implantation lorsque le programme à venir est connu. Le parti

d’aménagement se fonde sur une altérité première entre un espace

calme de promenade caractérisé par l’épaisseur et la qualité végétale

existante et des espaces récréatifs, différenciés et minéraux aux

pieds des tours. Ces deux univers seront reliés par des connexions

diagonales représentant les raccourcis entre ces différents espaces.

1 Article dans l’hebdomadaire tendance ouest http://www.tendanceouest.com/actualite-28772-chemin-vert-un-second-souffle.html

Situation du quartier du Chemin Vert au Nord-Ouest de la ville de Caen

Le quartier se compose de 4 couples de tours réu-nies autour d’un parking souterrain, l’ensemble est coupé en son centre par la rue du Chemin Vert.

Page 26: HMONP Mémoire Ludovic Legrand

24

Enfin, le long de la promenade seront installés quelques «  salons

d’extérieurs » permettant d’accueillir des « usages de convivialité ».

Cette première étude de diagnostic et de programmation a permis

de mettre en exergue la complémentarité d’usages entre les espaces

publics de la ville et les espaces non plantés induits au-dessus des

parkings souterrains.

Le regard de l’architecte a permis de définir un parti d’aménagement

reposant sur les contraintes physiques de la présence de parking

souterrains. Cette approche intéressa le bailleur social Caen Habitat

qui nous fit part de la problématique d’accessibilité P.M.R de ses

bâtiments et de la mise aux normes de sécurité incendie des parkings.

Il envisage alors un appel d’offres de faisabilité sur ces questions

susceptibles de modifier le caractère des espaces vacants en surface.

Plusieurs contrats pour un projet

L’étude urbaine terminée, l’équipe débute la mission de maîtrise

d’oeuvre de la rénovation des espaces publics de la transversale Est –

Ouest du quartier du Chemin Vert en vue d’un lancement des travaux

début 2014 pour une réouverture du site au public au début de l’été

2014.

Parallèlement, l’agence Diagram répond avec le même B.E V.R.D

également à l’appel d’offres du bailleur social Caen Habitat. La

mission se limite à une étude de faisabilité sur la mise en accessibilité

pour les personnes à mobilité réduite des halls d’immeubles, la mise

aux normes de sécurité incendie des parkings souterrain ainsi que

la valorisation des espaces se stationnements souterrains qui ne se

louent pas assez bien.

Les deux missions de projet d’espace public pour la ville de Caen

et étude de faisabilité pour Caen Habitat se superposent dans les

échéances et dans l’espace. Catherine Guillot (co-gérante de Diagram

architectes) envisage de faire deux rendus à partir du même travail

afin d’aller plus loin dans la définition du projet d’ensemble et de

rentabiliser le temps d’études.

Ce genre de situation « d’emboitement » des commandes permet de

mettre en valeurs d’une part les capacités de l’architecte à aborder un

même projet et de mêmes enjeux sous plusieurs angles ou plusieurs

échelles. Prouvant ainsi sa capacité de synthèse, son sens de l’intérêt

public et surtout une grande flexibilité intellectuelle. Celle-ci lui permet

de faire le lien entre des orientations générales d’aménagement (étude

urbaine qui conclut à la nécessité d’optimiser le foncier à l’arrière afin

Page 27: HMONP Mémoire Ludovic Legrand

25

de donner une valeur de centralité à la transversale E-O) un projet

d’espace public (proposant de révéler le potentiel des pieds de tours

en en faisant une aire dynamique et récréative offerte aux enfants) et

enfin un projet de mise aux normes et valorisation des parkings et

halls par la création de rampe d’accès aux halls et de nouvelles sorties

venant stimuler les usages en surface et apporter de la lumière en

sous-sol.

L’architecte peut aussi profiter de ce genre de missions qui à priori

ne concernent que marginalement des questions d’espaces pour

développer une expertise dans des domaines non architecturaux ou

urbains mais ayant un impact spatial. La mise aux normes diverses

des espaces et le travail sur les équipements techniques semblent

à ce titre particulièrement porteurs. De plus, c’est aussi un moyen

parfaitement légitime puisque l’architecte y exerce simplement son

devoir de conseil et sa contribution à la qualité des espaces urbains

et paysagers.

Bien que séduisante, elle comporte certains risques, en effet, de

nombreux «  points de contact  » avec un même maître d’ouvrage

implique une dépendance qui peut compliquer la tâche en cas de

désaccord avec celui-ci. Dans le cas de la mission avec Caen Habitat,

ces derniers se sont permis d’ajouter des éléments à évaluer en

faisabilité en plus de ce qui était convenu au marché. La situation

du maître d’œuvre devient alors délicate, s’il se braque, les autres

missions ou les deux parties sont liés peuvent subir des tensions, s’il

accepte, le maître d’ouvrage ne se privera pas d’en profiter à nouveau.

C’est dans ce genre de cas que l’architecte doit faire preuve de tact

et d’autorité afin de pointer qu’il peut faire certaines choses à titre

exceptionnel.

Responsabilité publique

Les différentes présentations de l’étude urbaine se sont faites à l’aide

de documents et schémas, les idées du projet étaient énoncées par

Catherine Guillot que j’accompagnais à l’hôtel de ville de Caen. Le

public est alors composé d’élus (Adjoint à l’urbanisme à minima),

directeurs des services concernés, techniciens des mêmes services

et personnalités invités comme des représentants de Caen Habitat. De

multiples questions sont alors abordées, concernant les dimensions

sociales, les usages, les projets de transports, etc. que l’architecte –

urbaniste conciliant accepte de questionner et de représenter afin de

nourrir un débat et un avancement itératif dans les projets de ville.

C’est son rôle. Par ailleurs, cette souplesse vis à vis du cœur de mission

Le croquis de la directrice de l’urbanisme de Caen sollicite un plan définition clairement des limites fon-cières par des haies, abandon d’un espace ouvert caractérisant les quartiers sociaux à un espace «résidentiel» simplifiant les questions d’entretien et se référant à un autre imaginaire urbain.

Proposition Diagram, le projet cherche à valoriser les qualités de l’existant et notamment la perméa-bilité d’espaces soumis à des statuts fonciers différents. De plus, le projet imagine des espaces publics graphiques qui évoquent les expérimenta-tions des années 70 à la directrice de l’urbanisme.

Page 28: HMONP Mémoire Ludovic Legrand

26

semble toujours appréciée. Néanmoins, ces grandes réunions ne

permettent pas toujours de faire avancer le projet de manière sûre. En

effet, la notion de maîtrise d’ouvrage suppose une autorité de gestion

et de direction qui ne peut pas être assumée par plusieurs personnes

au risque que les désaccords internes ne se répercutent sur une

maîtrise d’œuvre qui devient alors l’instrument d’un jeu politique très

pénalisant pour la qualité d’un projet.

Ce fut le cas sur le projet du quartier Chemin Vert, le service de

l’urbanisme avait des réserves sur certains aspects du projet porté

par l’agence Diagram, les principes développés avaient fait l’objet de

plusieurs présentations et faisaient l’objet d’un consensus avec les

élus et techniciens. A l’origine de ce désaccord se trouve la proposition

de l’agence d’inciter au développement des usages sur les surfaces

situées au-dessus des parkings. Cette proposition ne convient pas à la

direction du service de l’urbanisme qui souhaite éliminer toutes formes

évocatrices d’une quelconque expérimentation qui se détacheraient

d’une ambiance urbaine banalisée. Celles-ci auraient une connotation

« quartier social ». Il convient donc selon elle de définir une spatialité

de « ville classique » en marquant le statut du foncier de limites claires.

Malgré l’expression de cette requête hors du comité, Catherine

Guillot proposera plusieurs alternatives au traitement de ses dalles

pour neutraliser la critique et remettre au débat les choix concernant

cet espace. Les alternatives seront présentées sur le traitement

graphique des pieds de tours mais Catherine Guillot ne céda pas à

la « résidentialisation » qui représentait une négation de l’analyse des

qualités du quartier ayant fait l’objet de plusieurs présentations.

Face à l’inertie et la difficulté à prendre des décisions en comités,

les maîtrises d’ouvrages sont parfois tentées de revenir sur des

décisions que l’on pensait prises où des principes admis depuis

le début de l’étude. Le projet passe parfois très proche d’un

déshabillage d’ambitions. A défaut d’un leader parmi les politiques

ou les techniciens, il appartient au maître d’œuvre de rappeler les

enjeux de la commande et de ne pas plier sur son devoir de conseil.

En revanche il lui appartient d’être critique sur le projet et de ne pas

se braquer sur des aspects non fondamentaux, en l’occurrence ; les

propositions d’aménagement des dalles pouvaient variées et servir

d’autres usages, prendre d’autres formes mais le parti général du

projet était d’exploiter le potentiel spatial de l’interpénétration des

espaces publics et privés en clarifiant leurs limites mais en éliminant

pas ce qui fonde cette structure spatiale au profit d’une approche

dogmatique.

Page 29: HMONP Mémoire Ludovic Legrand

27

Intérêt public, vision utilitariste

Fin Novembre, arrivé au terme des études d’avant-projet (A.V.P) la ville

de Caen souhaitait organiser une « présentation – concertation ». Deux

jours répartis sur deux semaines, un stand était installé dans un centre

commercial de quartier afin de présenter le projet aux habitants du

quartier et de les inviter à proposer leurs améliorations, ou au contraire

affirmer leur opposition au projet.

Alors que les études d’avant-projet sont terminées et que le projet

est tenu par un calendrier (électoral  ?) de mise en chantier en

Décembre 2013 (livrable au printemps 2014…) une telle réunion ne

peut être vue comme autre chose qu’une séance de communication

du projet dans laquelle on soumet quelques détails à l’appréciation

des habitants. En l’occurrence, le contenu mobilier des espaces dits

« salons d’extérieur » n’avait pas encore été affermi. La réunion portait

en conséquence sur quelques aspects tels que le nombre de tables,

d’assises et la possibilité ou non d’y organiser un barbecue.

Alors que la première séance fut plutôt encourageante, les habitants

se montrant favorables à ces aménagements, la seconde réunion le

fut moins. En effet, les quelques personnes qui émirent des doutes sur

le bon entretien des installations de barbecue remportèrent la partie.

Bien sûr, on peut se demander si ces installations étaient vraiment

au service de l’intérêt public et bien nécessaire, mais on peut aussi

pousser plus loin et se demander si les conditions étaient bien réunies

pour réaliser une réunion publique porteuse d’envies communes. Je

crois que, réalisée de cette manière, la mobilisation des habitants

ne peut que conduire à des envies contradictoires et finalement à

déshabiller un projet de tout caractère « volontariste » appliquant ainsi

une formule inversée de celui-ci du type : « l’intérêt d’un seul élimine

la proposition pour le collectif. » Je regrette le caractère caricatural de

cet exercice pourtant fondé et précieux mais qui ne peut pas être fait

à moitié. J’espère avoir ultérieurement la possibilité de participer à de

vrais processus de concertation avec ce que cela suppose de temps

pour pratiquer l’itération.

Structure de l’équipe de maîtrise d’œuvre

Le projet d’aménagement des espaces publics de la transversale Est-

Ouest sous l’encadrement du B.E V.R.D mandataire a également été

l’occasion d’observer les divergences entre l’approche du projet de

l’agence Diagram et celle du bureau d’études.

En effet, si le fait de travailler avec un urbaniste en co-traitance engage

mandataire et co-traitant aux mêmes responsabilités juridiques, les

Page 30: HMONP Mémoire Ludovic Legrand

28

deux co-traitants n’abordent pas les éléments de missions de la

même manière. Sur le contrat, par exemple, figurent un certain nombre

d’éléments que n’a pas produit le bureau d’études dont le C.C.T.P

cahier des clauses techniques particulières. Le travail du bureau

d’études V.R.D, travaillant chaque élément de mission à minima

s’ajoutant à des revirements au sein de la maîtrise d’ouvrage entraina

une importante perte de temps sur le chantier et des problèmes qui

auraient pu être évité avec un bon suivi des éléments de mission.

Passation des marchés de maîtrise d’œuvre et de travaux et influence

sur le projet

La difficulté à mener cette mission à bien est aussi liée à une série de

changements des conditions du projet et de son exécution émanant

de la maîtrise d’ouvrage. Celle-ci, au dépôt du dossier d’avant-projet

informe qu’elle souhaiterait voir la livraison des espaces publics avant

les élections municipales. Face à notre réalisme, celle-ci nous assure

que l’échéance sera atteignable si elle mobilise des entreprises de

travaux liés par accord-cadre à la ville. L’équipe de maîtrise d’œuvre

n’a pas su être assez perspicace pour anticiper les déboires qui

l’attendaient.

En effet, nous avons compris que plus tard que l’entreprise de travaux

principale était détentrice d’un accord-cadre pour l’entretien de la

voirie, et non-familière de la mise en œuvre d’espaces publics. De

plus, en l’absence de C.C.T.P, l’entreprise de travaux était tout à

fait légitime de ne prendre aucune disposition particulière quant aux

engins utilisés. En effet, le parti d’aménagement du projet proposait

pour raisons économiques de ne refaire que les quelques dalles de

bétons qui étaient fendues. Et, pour les nouvelles séquences, de

mettre en œuvre une fabrication par dalles (environ 3 X 1,5 m) avec

deux types de finitions désactivé, avec gros granulat. Cette exigence

(coûteuse) sur l’aspect et le format des dalles était liée à la recherche

d’insertion dans l’environnement existant et à la mise en valeur des

aménagements déjà réalisés. Ainsi, le C.C.T.P. aurait permis d’exiger

de l’entreprise un mode opératoire adapté à l’objectif de préservation

d’un maximum de dalles permettant la conservation du niveau de

qualité souhaité.

Or, il n’en fut rien et l’entreprise utilisa tous ses engins roulants sur

la promenade en béton et en fissurant environ 500 m², alourdissant

d’autant le budget du projet en cours de chantier.

Un autre « incident » vint perturber considérablement l’économie du

projet ainsi que son périmètre. L’accord-cadre liant l’entreprise et

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la ville arrivant à terme en Mars, il fallut évidemment, pour ne pas

pénaliser le déroulement du chantier renouveler l’entreprise. Hors le

renouvellement d’un accord-cadre est l’occasion d’actualiser des prix

unitaires. C’est comme ça que le budget du chantier augmenta de

90.000€ à mi-parcours. Le poste ayant subi la plus forte inflation était

des barrières empêchant l’accès au site qui étaient en location au

mètre linéaire/jour.

A ce moment du projet, seuls les terrassements et les bordures avaient

été posés. L’essentiel de la qualité matérielle du projet résidait dans le

travail sur les finitions de béton. Cette prestation, sous-traitée à une

entreprise spécialisée dans les bétons failli être réduite au minimum si

l’agence Diagram ne s’était pas mobilisée pour trouver des solutions

autres que la réduction extrême de tous les facteurs de qualité dans

le projet.

Dans cette situation, le rôle du bureau d’études fut à double tranchant,

prétextant prendre ses responsabilités de mandataire, il proposait

le déshabillage du projet. Le rôle de l’agence Diagram a été de

convaincre le maître d’ouvrage et le bureau d’études V.R.D. qu’il était

plus souhaitable de tronquer un quart de la surface de béton et de

la remplacer par du stabilisé que réduire la qualité pour réaliser sur

l’ensemble du site un projet amoindri.

Les deux jours succédant à cette visite de chantier furent entièrement

dédiées à l’équilibrage du budget. Les principales économies ont été

réalisées en oubliant quelques pièces de mobilier urbain prévu, en

réduisant l’épaisseur du béton de 18 cm à 12 cm et enfin en sortant

de l’enveloppe de travaux la réalisation de l’amorce d’une voirie

qui ne pourra de toute manière aboutir qu’après la réalisation de la

requalification du site du collège Jacquard.

Rôle de l’architecte comme « manager » du projet urbain.

Cette étude de cas me parait révélatrice de la valeur ajoutée d’un

architecte en matière de maîtrise d’œuvre urbaine.

En premier lieu, sa formation et sa sensibilité sont orientées vers la

manipulation de l’espace et l’articulation de celui-ci avec les usages.

Ce que démontre le parti d’aménagement de Diagram qui envisageait

une caractérisation des espaces en fonction de leurs emplacements

et de leurs potentiels de flux, tranquillité et d’activité.

Ensuite, sa compétence technique de la construction d’édifices lui

permet une grande perspicacité dans ses interventions. Il peut donc

anticiper les contraintes des édifices à proximité ou des ouvrages

La réduction successive du périmètre d’études :En haut : en phase d’étude urbaineEn dessous : En phase d’A.V.P (cumul A.V.P + étude de faisabilité accessibilité tours et parkings)Avant-dernière ligne : Au début de la phase chantierDernière ligne : En fin de phase chantier (déduction des abords de la tour molière pour des raisons de phasage et de la voie nouvelle pour raisons d’économies)

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30

en souterrains. Tel qu’illustré par le projet de Chemin vert avec les

parkings susceptibles de ne pas supporter de surcharge importante.

Enfin, je pense que l’approche synthétique et unitaire de l’espace est

à créditer à l’architecte qui, contrairement à l’ingénieur V.R.D et au

paysagiste n’aborde pas le projet en spécialiste d’un type particulier

d’objets. En l’occurrence, il ne se limite pas à se charger des interfaces

avec les bâtiments. Sa culture professionnelle se mue entièrement sur

un objet différent à concevoir : la ville et son espace.

Cette approche unitaire de l’espace répond au caractère profondément

interdépendant de la conception spatiale. En effet, celle-ci ne permet

pas d’isoler les parties et le «tout». On peut notamment penser aux

multiples occasions de conflits entre un arbre (et ses racines), des

réseaux, le nivellement, les usages permis et les bâtiments à proximité,

tous ces éléments qui doivent être pensé ensemble pour produire une

ville «qui marche».

A cette culture de la synthèse répond une culture de la responsabilité

inscrite dans la loi et dans la pratique, celle-ci est renforcée par le

rapport que l’architecte entretien entre la théorie et la pratique et entre

le détail et la généralité. Chaque aspect renseignant l’autre et donnant

à l’architecte une vision suffisamment pénétrante pour assumer

la responsabilité. C’est l’idée que je défends dans ce mémoire en

exprimant l’intérêt de construire des espaces publics en parallèle de

travaux sans maîtrise d’œuvre comme les études urbaines, schémas

directeurs ou encore les plans-guide.

Mais ce portrait des capacités de l’architecte à endosser les

responsabilités de la maîtrise d’œuvre urbaine ne serait pas tout à fait

juste si je n’essayais pas d’y voir quelques failles.

À ce titre, l’étude de cas en présente deux qui sont directement

imputable à l’architecte et qui présentent les limites de l’adéquation

entre la culture professionnelle de l’architecte et les exigences de la

maîtrise d’œuvre urbaine.

La première concerne ses compétences dans les processus de

concertation, comme nous l’avons vu, la concertation est une des

tendances de fond des marchés de maîtrise d’œuvre, et celle-ci est

particulièrement judicieuse dans le cas de projets urbains et d’espaces

publics. Mais la concertation est une approche qui bouleverse

radicalement les processus de projets et l’organisation des études de

maîtrise d’œuvre, elle ne peut pas être une option que l’on ajoute ou

enlève à un projet, elle doit être pleinement intégré à un processus qui

ne se contente pas de considérer le citoyen comme un client, mais

Page 33: HMONP Mémoire Ludovic Legrand

31

comme un acteur. Cela impliquerait une démarche plus claire de la

part des maîtres d’ouvrage mais aussi aux architectes urbanistes de

développer de nouvelles compétences et une nouvelle délimitation

des responsabilités.

La seconde trouve sa source dans la question foncière qui s’est

posée à un moment du projet. Alors que le télescopage des missions

d’études urbaine, de maîtrise d’œuvre des espaces publics et d’étude

de faisabilité de mise aux normes des halls et parkings permettait de

concevoir un projet unique répartit sur plusieurs emprises, la réalité

des questions triviales de gestion, d’entretien et de phasage ont

pénalisé le projet tel qu’il était conçu.

En effet, alors que le projet prévoyait de vastes aires de jeux aux pieds

des tours et une promenade calme et arborée, l’incertitude de la

réalisation du projet suspendu aux financements du bailleur social a

permis à la ville de Caen d’exiger une aire de jeux sur la transversale.

Dès lors, l’équilibre du projet est compromis et il sera condamné a

présenter au mieux des redondances, au pire une mise à nue de ses

intentions.

Je pense donc que la connaissance du droit du sol et des modes

opératoires qui y sont associés font parti des compétences de

l’architecte à renforcer dans le cas de la maîtrise d’œuvre urbaine.

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Projet professionnel

Ce mémoire a mis en évidence les qualités de l’architecte dans les missions

de conception urbaine. Ces dernières reposent sur l’esprit de synthèse qui

lui confère un rôle de lien entre le domaine politique et du technique mais

aussi entre les différents intervenants.

De plus, nous avons fait apparaître le caractère « ouvert » des marchés de

maîtrise d’œuvre urbaine dont les processus de travail sont en évolution.

En témoigne les listes d’expertises sollicitées par les maîtres d’ouvrage et

les nombreux formats de missions qui sont développées pour obtenir des

réponses à des questions complexes par nature. Ces équipes «à rallonge»

supposent des configurations du partage des responsabilités qui indiquent

une certaine liberté dans l’organisation des équipes et les méthodes de

travail proposées. Malheureusement, les membres des groupements ne

sont pas toujours structurellement en capacité de travailler en synergie. Car

ce travail suppose un investissement considérable.

Par ailleurs, les groupements de maîtrise d’œuvre ont souvent tendance à

se répartir un travail bien cloisonné mais aussi de partager les rôles entre

« créatifs dessinateurs » et ceux qui évaluent la faisabilité technique et

économique d’un projet. Or, comme nous l’avons vu à plusieurs reprises la

qualité de la ville et de ses espaces relèvent de la faculté des concepteurs à

travailler en synergie. L’aboutissement de ce travail est un espace manifestant

une certaine unité.

A ce premier constat méthodologique s’ajoute un constat conjoncturel. En

effet, une des grandes évolutions en cours dans la nature des commandes

est celle liée à l’approche environnementale et à la transition énergétique,

thématiques complémentaires présentant des facettes techniques,

technologiques, biologiques, environnementales, sociales, économiques,

etc. On peut anticiper que celles-ci impliquent un grand nombre de

répercutions spatiales sur l’espace architectural et urbain qui ne sont pas

encore bien appréhendées et qui nécessiterons une collaboration accrue

entre les différents acteurs de la maîtrise d’œuvre. On peut supposer que

cela entraînera de nouvelles configurations d’équipes et des responsabilités

a l’intérieur de nouvelles géométries contractuelles.

Après demain - Une approche transdisciplinaire de la maîtrise d’œuvre

urbaine.

Mon objectif à moyen/long terme est donc fondé sur ces observations. Ce

que j’ai constaté dans les annonces de marchés de maîtrise d’œuvre urbaine

et autres marchés «collatéraux» au cours de mes veilles chez Diagram c’est

que ces marchés ont tendance à se «transdisciplinairiser».

Page 35: HMONP Mémoire Ludovic Legrand

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J’en déduis que ces marchés ne pourront pas être abordés avec pertinence

s’il ne s’opère pas de synthèse entre les disciplines. Cela définit une condition

sine qua none pour exercer : savoir travailler avec les autres, surtout ceux

qui ne font pas les mêmes choses que moi.

Par conséquent, il n’est pas nécessaire attendre que l’architecte soit

nécessaire dans une équipe de maîtrise d’œuvre urbaine pour y participer;

selon moi, il ne faut pas se contenter des études qui attendent un «projet

architectural ou urbain» mais pratiquer l’exercice transdisciplinaire sur un

plus grand nombre de sujets de l’espace sans écarter ceux qui ne semblent

pas appeler un « projet ».

Pour moi, former des équipes de maîtrise d’œuvre transdisciplinaires, répond

non seulement à l’enjeu d’améliorer la qualité des projets mais procède de

la conviction que l’approche transdisciplinaire est le pilier d’une conception

durable et pertinente de l’espace.

Demain - Apprendre des autres disciplines

Pour atteindre cet objectif de moyen-long terme, j’envisage deux grands

axes de travail.

Le premier concerne le développement de compétences servant cette idée.

Car celle-ci demande en effet de développer des savoir-faire spécifiquement

liés au travail transdisciplinaire. Il s’agit peut-être de s’engager dans une

formation complémentaire par exemple en génie urbain, gestion urbaine, droit

du sol, montage d’opération... Permettant d’avoir des doubles compétences

à mettre à profit dans le dialogue disciplinaire et méthodologique.

L’autre axe consiste à poursuivre une pratique en agence et d’orienter mon

parcours en fonction de ce projet de long terme. Tout en nourrissant des

relations avec des personnes aux motivations similaires.

Expérimenter des partenariats sur de petits projets, répondre à des

appels à idées en constituant une méthodologie. J’envisage également

d’expérimenter une approche transdisciplinaire par la réponse à des appels

d’offres.

Quelles que soient les trajectoires, je souhaite persévérer dans l’approche

multi-scalaires sur des sujets de très grande échelle qui ne supposent pas

de maîtrise d’œuvre, des projets de maîtrise d’œuvre urbaine d’échelle

moyenne et de la conception d’espaces publics dont je considère les

complémentarités comme une richesse.

Enfin, si mon expérience ne m’en a pas donné l’occasion, j’aimerai beaucoup

aborder la maîtrise d’œuvre architecturale, sur de petits projets de manière a

appréhender progressivement les spécificités et enjeux de cette activité. Elle

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est, de surcroît un domaine très nourrissant avec lequel la conception de la

ville est en constante interaction.

Aujourd’hui - Observer et apprendre

Alors que mon expérience au sein de l’agence Diagram a pris fin en Juillet

2014, j’ai rapidement trouvé un poste dans une agence d’une douzaine de

personnes spécialisées en maîtrise d’œuvre urbaine, et d’infrastructure de

transports. Je suis actuellement chargé d’un projet de bus à haut niveau de

service à Lens. Cet emploi s’inscrit dans un projet qui consiste à continuer

à apprendre les savoir-faire de la maîtrise d’œuvre urbaine et de travailler

progressivement sur des projets plus importants.

J’envisage aussi de poursuivre l’observation des modes d’exercices et la

gestion de la structure professionnelle mais aussi des relations entretenues

avec les partenaires, tout cela dans le but de me développer une culture «

managériale » de l’agence d’architecture.

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Remerciements

Écrire un mémoire est un travail qui demande beaucoup de temps de

préparation et de formulation des idées, il demande aussi une immersion

importante dans son sujet, conditions difficiles à réunir lorsqu’on commence

un activité professionnelle comme c’est le cas de tous les candidats à

l’H.M.O.N.P. Ce travail doit donc beaucoup à l’environnement dans lequel il

est pensé.

Je tiens donc à remercier Catherine Guillot et Refki Chelly pour leur accueil,

leur patience et leurs explications, et au delà pour ce qu’ils m’ont appris au

quotidien pendant deux années.

Louis Guedj pour ses conseils judicieux, la régularité de son suivi et la

perspicacité de son regard.

Jean-Luc Malgat, D.D.T Maine et Loire pour son aimable réponse à mes

questions.

Les enseignants et professionnels qui sont venus dispenser leurs cours avec

passion au sein de l’ENSA Paris La Villette, nous préparant à des réalités

difficiles tout en transmettant énergie et courage dans leurs exposés.

Sylvie Ly, pour sa relecture patiente et ses multiples suggestions.

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Éléments bibliographiques et webographiques

A propos de la maîtrise d’œuvre urbaine

CABANIEU, Jacques. Les contrats de maîtrise d’oeuvre urbaine [en ligne]. Guide méthodologique. La Défense : MIQCP, 2007, 105 p. Disponible sur : http://www.archi.fr/MIQCP/article.php3?id_article=321 (Consulté le 16 avril 2014)

CABANIEU, Jacques. Les espaces publics urbains [en ligne]. Guide méthodologique. La Défense : MIQCP, 2001, 176 p. Disponible sur : http://www.archi.fr/MIQCP/article.php3?id_article=79 (Consulté le 10 mai 2014)

A propos de l’intérêt public

Conseil d’État et la juridiction administrative. Réflexions sur l’intérêt général. [en ligne] (Publication le 30 novembre 1998) Disponible sur : http://www.conseil-etat.fr/Decisions-Avis-Publications/Etudes-Publications/Rapports-Etudes/Reflexions-sur-l-interet-general-Rapport-public-1999 (Consulté le 16 avril 2014)

A propos de la loi MOP

CABANIEU, Jacques. Procédures de passation des marchés de maîtrise d’oeuvre. Paris : ENSAPLV. HMONP Cours, 2014, 106 p.

A propos du Paris XIX siècle

ALPHAND, Charles Adolphe. Les promenades de Paris. Histoire, description des embellissements, dépenses de création et d’entretien des bois de Boulogne et de Vincennes, Champs-Elysées, parcs, squares, boulevards, places plantées : étude sur l’art des jardins et arboretums, 2 vol. (texte recueil des planches), Paris : J. Rothschild, 270 p.

DEJAMME JEAN. Application aux villes du décret du 26 mars 1852 sur les rues de Paris ; [en ligne]. Journal officiel, 1887. Disponible sur : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6481897r/f5.image (consulté le 21/07/2014)

LANDEAU, Bernard, La fabrication des rues de Paris au XIXe siècle, un territoire d’innovation technique et politique, Les annales de la recherche urbaine,1992 : n°57, p. 23-44

A propos de la D.D.E

Entretien téléphonique avec Monsieur Jean-Luc MALGAT, Chef de service construction, habitat, ville de la D.D.T Maine-et-Loire, réalisé le 28 août 2014

A propos de l’urbanisme vertical

HOLLEY, Michel. Urbanisme vertical & autres souvenirs, Paris : Somogy éditions d’art, 2012, 143 p.