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MAFIA & CUCINA A FOOD TRIBUTE TO THE ITALIAN AMERICANS Ce serait insulte à l’intelligence que de sombrer dans des clichés lourdingues du type « à Naples, il y a la mafia et il y a la pizza » ou « l’Italie, c’est mafia et spaghetti ». Nous n’évoquerons donc ici que la réalité du rapport étroit entre bouffe et mafia au sein de la communauté italo-américaine de New York ; en d’autres mots de l’humour, de la douleur et des repas ! On vous parle ici d’une identité communautaire au sein de laquelle on sait parfaitement de quoi il retourne quand on s’entend dire : « Luca Brasi dort avec les pois- sons ». On vous parle d’une culture faite de pactes du silence, de res- pect et d’honneur, une culture dont l’héritage sicilien énonce que les femmes sont plus dangereuses que les coups de fusil, une culture qui veut qu’un homme qui ne passe pas de temps avec sa famille, ne soit pas vraiment un homme. « La table est le lieu de l’amici- zia, mais pas nécessairement de la confidenza. Les hommes d’honneur se retrouvent autour d’un banquet. On pactise, on négocie. On tue, aussi. » * Le rapprochement entre la sauce tomate et le sang des victimes est vite fait. Au-delà du sens artis- tique, quand un mafieux va bien, il fait la cuisine ; quand il va mal, il fait la cuisine. Même en prison ! Et s’il le faut, il uti- lise une lame de rasoir pour émin- cer finement l’ail… Avant un coup fourré, il fait un grand repas en sauce. Après un hold-up, il mange un steak pour reprendre des forces. Si l’opération est loupée, il se contente de gambas, c’est maigre et expiatoire. « Quand il y avait un problème interne à la famille, le plat de réflexion pour le résoudre était les lasagnes, dans d’autres cas c’étaient les calamars frits », raconte Joseph Iannuzzi, ex-membre d’une des cinq principales familles de la mafia italienne à New York, les Gambino, dans son livre, The Mafia Cookbook. Dans la tradition de la mafia ita- lienne, le clan, la famille, c’est ce qu’il y a de plus important. Et, comme la cuisine est une affaire de famille, c’est elle, la cuisine, que les nombreux films de mafia améri- cano-sicilienne mettent à l’honneur avec, comme toile de fond, Little Italy à Manhattan. C’est là que les premiers immigrants formant la future communauté italo-américaine se sont rassemblés pour replonger dans leurs valeurs fondatrices. Par-dessus tout, le gangster new- yorkais privilégie la cuisine de la maman. « Mamma nous a préparé à dîner » est la phrase magique qui fait régner l’ordre en quelques secondes. Mais si le mafieux orga- nise ses réunions autour de plats typiquement italiens, ses habitudes alimentaires s’imprègnent inévi- tablement de pastrami, de corned beef, de chili con carne, de cheese cake, de muffins, de bretzels ou de légumes au vinaigre. BBQ et peanut butter font partie de son quoti- dien. Le goût de l’Italie intègre en son sein les effluves de cinnamon. La famille comme noyau de base, le silence comme moyen de communica- tion, le territoire comme espace vital ; qu’en est-il aujourd’hui ? Aujourd’hui, du mythique quartier vert, blanc, rouge, ne demeure qu’un bout caractéristique sur Mulberry Street entre Broome Street et Canal Street. Chinatown a mangé le reste. Dans le dossier Spécial New York de l’Express sorti au mois d’octobre, aucune des 26 pages ne cite, ne fût- ce qu’une seule fois, la « Petite Italie ». Rien. Pas un mot. L’avant garde est à Bushwick, la bouffe et la fête sont à Koreatown, nouveau quartier coréen, nouvelle coque- luche de NYC. Et le territoire de la mafia ? On ne sait plus trop où… Il est vrai que la nouvelle géné- ration italo-américaine a déménagé. Elle voyage, s’exporte, se mélange. Elle vient d’arriver en France avec un dernier film tiré du roman de Tonino Benacquista, Malavita, qui raconte les aventures d’une famille de mafieux new-yorkaise contrainte de s’installer en Normandie (eh oui !) suite au repentir du père, dont la tête est mise à prix. Mais les familles Corleone, Tattaglia, Luciano ou Soprano de nos films préférés n’ont pas pour autant fini de se nourrir ni de faire parler d’elles, ce que nous allons vous démontrer… * Mafia & Cuisine, Clément Bosqué, Manger En- semble, Les Cahiers Européens de l’Imaginaire, CNRS Editions, mars 2013 GAZZETT ´ AL DENTE Mulberry Street à Little Italy (New-York) début 1900) GAZZETT’AL DENTE / page 1 GAZZETT’AL DENTE - TRIMESTRIEL - 4E TRIM 2013 - EDITEUR RESPONSABLE : MICHELE ROSA 85-87 RUE DU DOYENNE 1180 BRUXELLES - DÉPÔT 1099 BRUXELLES X - P914563 GAZZETTA N°12 - CONCENTRÉ D’HUMEURS ITALIENNES - INVERNO 2013 « La nourriture, c’est la famille, la tradition, la naissance, le mariage, la mort – la vie, quoi ! »

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Mafia & Cucina A food tribute to the Italian Americans L'identité italo-américaine à travers sa cuisine, ses films de gangsters, ses séries, sa musique

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MAFIA & CUCINA A FOOD TRIBUTE TO THE ITALIAN AMERICANS

Ce serait insulte à l’intelligence que de sombrer dans des clichés lourdingues du type « à Naples, il y a la mafia et il y a la pizza » ou « l’Italie, c’est mafia et spaghetti ». Nous n’évoquerons donc ici que la réalité du rapport étroit entre bouffe et mafia au sein de la communauté italo-américaine de New York ; en d’autres mots de l’humour, de la douleur et des repas !

On vous parle ici d’une identité communautaire au sein de laquelle on sait parfaitement de quoi il retourne quand on s’entend dire : « Luca Brasi dort avec les pois-sons ». On vous parle d’une culture faite de pactes du silence, de res-pect et d’honneur, une culture dont l’héritage sicilien énonce que les femmes sont plus dangereuses que les coups de fusil, une culture qui veut qu’un homme qui ne passe pas de temps avec sa famille, ne soit pas vraiment un homme.

« La table est le lieu de l’amici-zia, mais pas nécessairement de la confidenza. Les hommes d’honneur se retrouvent autour d’un banquet. On pactise, on négocie. On tue, aussi. » *

Le rapprochement entre la sauce tomate et le sang des victimes est vite fait. Au-delà du sens artis-tique, quand un mafieux va bien, il fait la cuisine ; quand il va mal, il fait la cuisine. Même en

prison ! Et s’il le faut, il uti-lise une lame de rasoir pour émin-cer finement l’ail… Avant un coup fourré, il fait un grand repas en

sauce. Après un hold-up, il mange un steak pour reprendre des forces. Si l’opération est loupée, il se contente de gambas, c’est maigre et expiatoire. « Quand il y avait un problème interne à la famille, le plat de réflexion pour le résoudre était les lasagnes, dans d’autres cas c’étaient les calamars frits », raconte Joseph Iannuzzi, ex-membre d’une des cinq principales familles de la mafia italienne à New York, les Gambino, dans son livre, The Mafia Cookbook.

Dans la tradition de la mafia ita-lienne, le clan, la famille, c’est ce qu’il y a de plus important. Et, comme la cuisine est une affaire de

famille, c’est elle, la cuisine, que les nombreux films de mafia améri-cano-sicilienne mettent à l’honneur avec, comme toile de fond, Little Italy à Manhattan. C’est là que les premiers immigrants formant la future communauté italo-américaine se sont rassemblés pour replonger dans leurs valeurs fondatrices.

Par-dessus tout, le gangster new-yorkais privilégie la cuisine de la maman. « Mamma nous a préparé à dîner » est la phrase magique

qui fait régner l’ordre en quelques secondes. Mais si le mafieux orga-nise ses réunions autour de plats typiquement italiens, ses habitudes alimentaires s’imprègnent inévi-tablement de pastrami, de corned beef, de chili con carne, de cheese cake, de muffins, de bretzels ou de légumes au vinaigre. BBQ et peanut butter font partie de son quoti-dien. Le goût de l’Italie intègre en son sein les effluves de cinnamon.

La famille comme noyau de base, le silence comme moyen de communica-tion, le territoire comme espace vital ; qu’en est-il aujourd’hui ?

Aujourd’hui, du mythique quartier vert, blanc, rouge, ne demeure qu’un bout caractéristique sur Mulberry Street entre Broome Street et Canal Street. Chinatown a mangé le reste. Dans le dossier Spécial New York de l’Express sorti au mois d’octobre, aucune des 26 pages ne cite, ne fût-ce qu’une seule fois, la « Petite Italie ». Rien. Pas un mot. L’avant garde est à Bushwick, la bouffe et la fête sont à Koreatown, nouveau quartier coréen, nouvelle coque-luche de NYC. Et le territoire de la mafia ? On ne sait plus trop où…

Il est vrai que la nouvelle géné-ration italo-américaine a déménagé. Elle voyage, s’exporte, se mélange. Elle vient d’arriver en France avec un dernier film tiré du roman de Tonino Benacquista, Malavita, qui

raconte les aventures d’une famille de mafieux new-yorkaise contrainte de s’installer en Normandie (eh oui !) suite au repentir du père, dont la tête est mise à prix. Mais les familles Corleone, Tattaglia, Luciano ou Soprano de nos films préférés n’ont pas pour autant fini de se nourrir ni de faire parler d’elles, ce que nous allons vous démontrer…

* Mafia & Cuisine, Clément Bosqué, Manger En-semble, Les Cahiers Européens de l’Imaginaire, CNRS Editions, mars 2013

GAZZETT AL DENTE

Mulberry Street à Little Italy (New-York) début 1900)

GAZZETT’AL DENTE / page 1

GAZZETT’AL DENTE - TRIMESTRIEL - 4E TRIM 2013 - EDITEUR RESPONSABLE : MICHELE ROSA 85-87 RUE DU DOYENNE 1180 BRUXELLES - DÉPÔT 1099 BRUXELLES X - P914563

G A Z Z E T T A N ° 1 2 - C O N C E N T R É D ’ H U M E U R S I T A L I E N N E S - I N V E R N O 2 0 1 3

« La nourriture, c’est la famille, la tradition, la naissance, le mariage, la mort – la vie, quoi ! »

ÊTRE GANGSTER, C’EST ENCORE MIEUX QU’ÊTRE PRESIDENT DES ETATS-UNIS ? Parmi nos films favoris, il y a indénia-blement « Les Affranchis ». Il y a un tel pouvoir de séduction dans ce film de Scorsese, guidé par la magie d’une voix off multiple, qu’on ne peut s’empêcher d’éprouver une sympathie naturelle à l’égard de son trio de mafieux, Henry Hill (Ray Liotta), Tommy DeVito (Joe Pesci) et Jimmy Conway (Robert De Niro). Aussi loin que je me souvienne, dit la voix off, j’ai toujours rêvé d’être un gangster. Respect, privilèges et argent facile. Au début, tout va pour le mieux, mais petit à petit, lentement, à cause de la drogue, tout va pourrir. Et là, le talent de Scorsese réside dans sa capacité à nous faire ressentir une certaine forme de nostalgie pour ce qui représentait cette mafia italienne d’avant, « rempart au rouleau compres-

seur de l’Amercian way of live » (Blog de Fabien Rothey Art&Connaissance), une mafia, qui, une nouvelle fois, connais-sait l’importance des règles familiales, de la table et de la bonne bouffe.  

Une scène de table symbolique

On se souvient de cette scène mémorable où Joe Pesci, alias Tommy, emmène ses compères chez sa mère au milieu de la nuit. C’est Catherine, la maman de Mar-tin Scorsese, qui joue le rôle de la mère de Joe Pesci. Elle est formidable. Elle insiste pour qu’ils s’installent confortablement à table tous les trois, peu importe l’heure, elle, assise à un coin de la table près de son fils. Elle leur a fait des ravioli, « deli-cious ! », demande à son fils comment

se fait-il qu’elle ne le voit plus et s’inquiète de savoir pourquoi Henry ne parle pas et ne mange pas beaucoup ; à ce moment, il y a un mouvement de la caméra à travers la fenêtre, vers l’extérieur, zoom sur le coffre de la voiture garée, dans laquelle gît un futur cadavre… Tout est dit.

L’IDENTITE ITALO-AMERICAINEà travers ses réalisateurs et ses films de gangsters

C’est à l’évidence le cinéma qui a été et demeure le meilleur promoteur de l’identité culturelle italo-américaine. Ce sont les réalisateurs italo-américains qui nous ont montré que le repas est un véritable rituel, combien la famille est importante, à quel point l’histoire de la mafia s’identifie à la cuisine sicilienne, comment certains mafieux mettent autant de soin à préparer un bon menu qu’un bon crime.

On dit que la cuisine ita-lienne d’Amérique du Nord tient à l’entêtement des immi-grants italiens à s’attacher à leurs habitudes alimentaires; on leur reproche du même coup d’avoir tellement influencé la culture dominante qu’ils auraient, eux, les Italiens, leur cuisine italienne et leurs pizzas, engendré le fast food… Pourtant, loin, très loin de tout ce que repré-sente la restauration rapide, le repas des Italiens est « di casa », toujours associé à la mamma et à la table comme moment de célébration. Chez les mafieux, cette célébration est un moyen de rendre visible sa puissance, parfois jusqu’à l’excès. Il faut dire que la mafia a un appétit vorace. Et quand on a le sentiment qu’une goutte de vin de l’Etna est aussi agréable qu’une goutte de sang de l’ennemi, c’est qu’on se trouve dans une scène de film.

Mais qui sont ces réalisa-teurs de films de gangs-ters qui ont influencé notre perception générale de la Mafia? Il suffit de dérou-ler le tapis rouge des grands noms du cinéma américain, is-sus des premières familles d’immigrés italiens, nés dans le Queens, le New Jersey, le Bronx des années 60, à Man-hattan ou ailleurs aux Etats-Unis. Parmi ceux-ci :

°Francis Ford Coppola, né dans le Michigan à Détroit, en 1939 ; sa famille est ori-ginaire de Bernalda dans la région de Basilicate au sud de l’Italie

°Martin Scorsese, né en 1942 dans le quartier de Queens à New York ; issu d’une fa-mille sicilienne catholique traditionnelle, il passe son enfance dans le quartier de Little Italy.

°Brian De Palma, né à Newark dans le New Jersey en 1940 ; son père est d’origine ita-lienne.

°Al Pacino, fils de parents italo-américains, né en 1940 dans le quartier de East Har-lem à Manhattan

°Robert De Niro, né à New York en 1943 ; son père était originaire de la région de Molise dans le sud de l’Ita-lie, sa mère était irlandaise

°David Chase (de son vrai nom David DeCesare) est italo-américain, originaire du New Jersey, né en 1945

Nous qui avons toujours eu un faible pour les ambiances de restaurants de type vitres teintées, sol en mosaïque, tables nappées et photos de Frank Sinatra, nous qui ai-mons l’argot quand il fait résonner les mots de la cui-

sine, eat alone, meat ea-ter, mortadella, autrement dit rapace, flic corrompu ou looser, nous nous sommes laissés embarquer dans les films de gangsters de ces réalisateurs. Ils nous en ont tellement imposé avec leurs scènes emblématiques que, quand on nous parle de mafia italienne en général, on ne peut s’empêcher d’avoir à l’esprit ces mafieux-là, ceux des films.

Et pourquoi tenons-nous par-ticulièrement à cet univers-là, celui des films italo-américains  ? Parce qu’il comporte un attachement pro-fond à la bonne cuisine, à la convivialité des repas, à la terre-patrie et à ses produits. Pour manger comme un Corleone, il faut commen-cer, dit-on, par se fournir en huile d’olive sicilienne… Alors que voulez-vous ? For-cément, on dit OUI.

Des livres qui cuisinent

le délit :À table avec la mafia

— 90 recettes italo-américaines

Philippe Di Folco et Claire Dixsaut

Agnès Vienot Editions, 2009

The Sopranos Family cookbook

— As compiled by Artie Bucco

Ecrit par Allen Rucker – Recettes par

Michele Scicolone Série créée

par David Chase Warner Books NY, 2002

Italianamerican — The Scorsese Family

Cookbook

Catherine Scorsese avec Georgia Downard Random House, 1996

The Mafia cookbook — Joseph Iannuzzi, alias

« Joe Dogs »

Simon & Schuster, 1993

La mafia se met à table — Histoires et recettes de

l’honorable société

Jacques Kermoal et Martine Bartolomei Actes Sud Cuisine,

1986

Et un restaurant qui ressuscite LITTLE ITALY :

PARM

Le nouveau venu de Rich Torrisi et Mario Carbone, bien connus déjà sur leur scène

nationale, catapultés comme ils l’ont été en un éclair grâce à leurs « riffs » gourmands sur de l’italo-américain

classique. Le décor du Parm est fait de

papier peint des années 50, néon et formica, tabourets

pivotants rouges. On mange et on emporte

un peu de tout. C’est comme on aime, à la fois Deli et dîner chaud. A tester :

les « baked ziti », le pain à l’ail

« deluxe » et les calamars frits… Quand l’enseigne du resto est allumée en vert, cela veut dire qu’il

y en a en stock !

248 Mulberry St www.parmnyc.com

page 2 / GAZZETT’AL DENTE

Photo : Les Affranchis © Olivier Père

LES FILMS Le Parrain, 1972 Réalisé par Francis Ford Coppola Film de gangsters Avec Marlon Brando, Al Pacino, James Caan, Robert Duvall, Richard S. Castellano

Le Parrain 2, 1974 Réalisé par Francis Ford Coppola avec Al Pacino, Robert De Niro, Robert Duvall

Le Parrain 3, 1990 Réalisé par Francis Ford Coppola avec Al Pacino, Andy Garcia, Eli Wallach, Sofia Coppola

Les Affranchis, 1990 Réalisé par Martin Scorsese Film de gangsters, drame, thriller, film noir Avec Robert De Niro, Ray Liotta, Joe Pesci, Paul Sorvino

Casino, 1995 Réalisé par Martin Scorsese

Drame, gangsters Avec Robert De Niro, Joe Pesci, Sharon Stone

Les Infiltrés, 2006 Réalisé par Martin Scorsese Policier Avec Leonardo DiCaprio, Matt Damon, Jack Nicholson

Donnie Brasco, 1997 Réalisé par Mike Newell Policier Avec Al Pacino, Johnny Depp, Michael Madsen

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Photo : Lendemain de fête difficile chez les Soprano : Joe Pantoliano, Steven van Zandt, Aida Turturro, Tony Sirico, Edie Falco, Drea De Matteo, Michael Imperioli, Dominic Chianese, James Gandolfini, Jamie-Lynn Sigler, Lorraine Bracco et Robert Iler © T.C.D / VISUAL Press)

Paroles de mafieux :Moi… Je dis toujours la

vérité et même quand je mens, c’est vrai

Al Pacino dans Scarface

Les grands cuisiniers, c’est des hommes 

Al Pacino (Michael Corleone)

dans le Parrain

L’amitié et l’argent, c’est l’huile et l’eau

Réplique du Parrain

Il y a trois façons de faire les choses dans ce casino :

la bonne façon, la mauvais façon et ma façon.

Réplique du film Casino

On obtient plus de choses en étant poli et armé qu’en

étant juste poli

Al Capone

Laisse le flingue et prend les canolli

Clemenza (Richard S. Castellano)

à Rocco Lampone (Tom Rosqui)

dans Le Parrain

Rocco vient d’exécuter

le chauffeur de Vito Corleone dans sa

voiture garée le long d’un champ.

Hé, viens ici, gamin, apprendre quelque chose.

On ne sait jamais, tu pourrais avoir à cuisiner

pour vingt mecs un jour…

Scène de cuisine emblématique du

Parrain

« Casting au corned beef » :

James Caan (Sonny Corleone dans Le Parrain) raconte…

Un matin, Francis nous a emmenés à Coney Island,

tous les quatre. Il y avait Marlon, Al, Bobby et moi.

On a fait des essais, on a tourné là, sur le quai. Ça a dû coûter à Francis quatre sandwichs au corned beef.

Le studio ne voulait pas entendre parler de nous.

Ils ont auditionné la terre entière. Ils ont dépensé

100.000 dollars en essais. Et au final, ils ont eu les quatre

sandwichs au corned beef. C’est tout ce que je dis… »

(Extrait du livre À table avec la

Mafia. Marlon, vous l’aurez reconnu,

c’est Brando, avec Al Pacino et Robert

Duvall)

DU FILM À LA SERIE TELE… LES SOPRANO, UN MONDE À PART« C’est l’histoire d’un mec en pleine crise de la quarantaine, dont le mariage bat de l’aile, qui a des problèmes de boulot et qui élève des adolescents dans la société actuelle. C’est la vie de Monsieur tout-le-monde. La seule différence, c’est que ce serait un mafieux qui dirige tout le nord du New Jersey. Et aussi, le fait qu’il voit une psy... » C’est de cette manière que la série télévisée a été présentée à HBO, point de départ d’un phénoménal succès, dont l’auteur même, David Chase, ne peut dire s’il s’agit d’un drame ou d’une comédie.

On aime cette série parce que, à sa façon de glamouriser la mafia, elle s’inscrit dans la foulée des meilleurs Scorsese. Comme un « courant culturel à part entière », elle fait honneur au père de famille/chef de clan, aux bons petits plats des épiceries italiennes, mais aussi largement au BBQ et à la bouffe américaine. Le personnage de Tony Soprano, chef de famille, serait large-ment inspiré de Vincent Palermo, boss dans le New Jersey. On raconte que les gangsters modernes eux-mêmes, ceux de la vraie vie, étaient fans de la série lors de son premier passage aux Etats-Unis. Où se situer entre capture du réel et construction de l’imaginaire ? C’est toute la question. Quoi qu’il en soit, on adore se laisser prendre au jeu !

GAZZETT’AL DENTE / page 3

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SUITE Les Incorruptibles, 1987 Réalisé par Brian De Palma Policier

Avec Kevin Costner, Sean Connery, Robert De Niro, Andy Garcia

Il était une fois dans le Bronx, 1993 Réalisé par Robert De Niro Comédie dramatique Avec Robert De Niro, Chazz Palminteri

Les Soprano, 1999 – 2007 Série télévisée dramatique américaine 6 saisons, 86 épisodes Créée par David Chase Avec James Gandolfini, Edie Falco, Lorraine Bracco

Et s’il fallait n’en retenir qu’un seul pour l’emporter sur une île déserte ? Sans hésitation :

Il était une fois en Amérique, 1984 Réalisé par Sergio Leone (outsider dans la catégorie, puisque Italien 100%, né à Rome) Drame, crime et romance Avec Robert De Niro, James Wood, Elizabeth McGovern, Joe Pesci

« C’est tellement bien les Soprano que si je devais choisir entre respirer ou regarder la série, je m’accorderais une pause… j’y penserais… puis

je regarderais un autre épisode. » — Saturday Night Show

Nos régions d’italiePRODOTTI & VINI LOCALI

Spécia- lité

Sirop Amarene FabriDes griottes au si-rop ? De quoi s’agit-il ? L’amarena est un sirop de cerises par-ticulièrement sucré, qui s’utilise comme

nappage pour de nom-breuses pâtisseries ou glaces… On vous le dit, nous, ça vaut le détour !

Spécialité

« Speck » peperoncinoCette sorte de jambon cru, fabriqué dans le Tyrol italien, est proche du lard, un peu plus épais, moins gras… Du lard au « petit poivron ». Il parait qu’il s’agit là d’une des plus anciennes épices au monde… Avec ses vertus médicinales et aphrodisiaques, on en redemande !

Spécialité

Minestrone della nonnaVoulez-vous venir manger ma soupe ? La soupe de la mamy, version ita-lienne ? Avec cette base de hari-cots et lentilles, vous voilà les maîtres en la matière. Et cette matière première vous est fournie

par une entreprise familiale qui, depuis trois générations, produit et emballe soigneusement les meil-leures saveurs artisanales de la grande tradition italienne.

page 4 / GAZZETT’AL DENTE

Valle d’Aosta

Veneto

Toscana

Marche

UmbriaAbruzzo

Lazio

Sardegna

Piemonte

Liguria

Emilia Romagna

Lombardia

Trentino Alto Adige

Friuli VeneziaGiulia

Spécialité

Olio Le CosteC’est juste une huile d’olive, mais qu’est-ce qu’elle a bon goût  ! Le Coste di Gradoli, on vous en a déjà beaucoup par-lé (notre Gazzett’Al Dente n° 5) avec Clé-mentine Bouveron et Gian-Marco Anto-nuzi. On vous a parlé de leur vin, mais pas de leur huile d’olive… La voici, c’est un nectar à avoir chez soi, assu-rément !

Spécialité

Lamoresca Malamente Vino Rosso U.V.C’est l’Azienda Agricola Lamoresca qui nous fournit ce vin naturel, mélange de vieilles vignes Nero d’Avola, et de cépages plus ré-cents, Frappato. Un truc bien de

Sicile, un vin dont on vous dira qu’il est atypique. Nous, on aime, et quand on aime, on ne compte pas… Les éloges !

Spécialité

Pomodoro San Marzano AfeltraOn se souvient de la mort de Don Cor-leone, alias Mar-lon Brando, dans les plants de tomates… Et bien, ces tomates-là devaient avoir le goût de celles-ci.

Si ce concentré de tomates est si bon, c’est parce qu’il a le goût des fruits qui poussent sous le climat méditerranéen. Afeltra est une usine de pâtes qui a décidé

de se lancer dans la tomate pour mettre à l’honneur cette spé-cialité locale, issue d’un sol particuliè-rement fertile. On a goûté, c’est trop bon !

Spécialité

Blu di Capra ai frutti di boscoAlors là, c’est une découverte ! Un fromage de la gamme des « Bleus », dont la saveur très particulière est ici mêlée à celle de diffé-rentes baies, mûres, framboises,

myrtilles et fraises, macérées avec des pétales de roses. Qui s’atten-dait à ça ? Vous goûterez, c’est une surprise pour le palais.

Spécialité

Fusilli La Terra e il Cielo Pourquoi les tester ? Parce que ce sont des pâtes avec du bon glu-ten. Parce qu’elles proviennent de la coopérative « La Ter-ra e il Cielo » qui, depuis 1980, a adopté une approche plus du-

rable de la culture et fait office de pion-nier en la matière. 30 ans d’excellence dans le domaine bio ! Et, par-dessus tout, parce que la forme des fusilli est le symbole graphique choisi par

notre petite sœur, Gaz-zetta, pour la « final touch » de son logo ! (Gazzetta, 12, rue de la Longue Haie à 150 Bruxelles)

GAZZETT’AL DENTE / page 5

Abruzzo

Molise

Campania

Puglia

Basilicata

Calabria

Sicilia

1/ La triste disparition de JAMES GANDOLFINI alias Tony Soprano

Il était attendu à Taormina pour participer à une table ronde dans le cadre du Festival du film. Il avait fait le détour par Rome, histoire de passer au Vatican et d’avaler quelques gnocchis… C’est là que subitement il s’est ef-fondré. Crise cardiaque. 51 ans. C’était le mercredi 19 juin 2013. Le tournage de la série s’était achevé en 2007. Certains ont vu une ironie du sort dans le fait que sa mort ressemblait de manière troublante au premier épisode de la série où son personnage tombe le nez dans le gazon, victime d’une crise d’angoisse. D’autres, comme nous, ne peuvent s’empêcher de repenser à ses propres mots à lui, James Gandolfini: « Je suis un désordre névrotique. Fondamentalement, je suis un Woody Allen de 117 kilos »…

2/ STROMAEIl est tellement formidable que tout le monde en parle… Et nous aussi.

Pourquoi ? Parce que sa musique club associée à des paroles de génie ne laisse personne indifférent ? Parce qu’il a détrôné Daft Punk au rayon des ventes en France, et le Grand Jojo en devenant la nouvelle voix des Diables Rouges ? Parce qu’il a reçu les éloges du New York Times ?

Avant tout, parce qu’il fréquentait le Caffè Al Dente à un moment où la folie médiatique ne l’avait pas encore envahi !

3/ LA MOSTRA DE VENISE

Grande première cette année ! Le Lion d’Or a été octroyé, pour la première fois, à un documentaire ;

Il s’intitule SACRO GRA. « GRA » pour Grande Raccordo Anulare ; c’est le périph’ de Rome, un peu comme notre ring, mais en autrement plus rock’n’roll. Le documentaire est consacré à ce périphérique romain, ou plutôt à ceux qui vivent dans ses alentours, y travaillent ou y passent leur quotidien, un urgen-tiste, un expert en palmiers, un pêcheur, des prostituées plus très jeunes, des nobles déchus... C’est Bernardo Bertolucci qui présidait cette année la Mostra, et qui, avec son jury, a donc récompensé le réa-lisateur Gianfranco Rosi, qui aura passé deux ans dans un van à sil-lonner cet axe routier complètement dément et bondé. A voir absolument!

4/ CHEESEC’était au mois de septembre dernier pour la neuvième année consécutive. Pendant 4 jours, Bra, petite ville au Sud de Turin, prend les allures d’une immense fromagerie à ciel ou-vert. « Cheese » est devenu l’événe-ment Slow Food incontournable. On y parle de ferments, de biodiversité laitière et fromagère, de lait cru, de terroir, de pâturages, de main-tien de l’élevage traditionnel et de bien-être animal… On teste, on sent, on hume, on goûte, on parti-cipe à des ateliers… C’est ce qui se fait de mieux en matière de fête du fromage !

cheese.slowfood.it

5/ L’ACTU FOOTLa prouesse de l’année, c’est l’AS Roma qui nous l’offre, « désormais à jamais dans la légende du football italien » !

10 succès en 10 matchs ; ça c’est au moment où nous écrivons, mais d’ici là en lisant ces lignes, vous aurez eu d’autres nouvelles. Vous imagi-nez la fierté de nos amis romains du Caffè Al Dente ! …

LU SUR LE BLOG FEUILLETON DE LIBERATION.frCeci fait écho à nos premières pages sur le rapport à la bouffe qu’entre-tiennent les Italo-américains des films de gangsters. Il est question ici des SOPRANO.

… les cinq fruits et légumes par jour n’ont jamais franchi la frontière du New Jersey, et Tony et sa clique se contrefoutent de leur cholestérol et de l’obésité de leurs gamins. Ici, on mange pour se convaincre qu’on appartient à une communauté, celle des italo-américains qui ne connaissent pourtant de l’Italie que Paolo Conte et quelques clichés transmis de géné-ration en génération. La plupart d’entre eux n’ont jamais mis les pieds sur la terre de leurs ancêtres, mais qu’à cela ne tienne : le repas de famille du dimanche est une institution, la pasta un rituel et les cafés Starbucks des voleurs sans scrupule ni respect pour le patrimoine gas-tronomique des Italiens. Les enfants et adolescents de la série affichent presque tous une bonne quinzaine de kilos superflus au compteur, et les hommes engraissent au fil des saisons sans que leurs femmes n’osent la moindre remarque; des femmes qui, à grand renfort de salle de sport, échappent quasi-miraculeusement aux ravages de la malbouffe, à l’exception notoire de Ginny Sack, l’épouse du boss new-yorkais.

Extrait d’un article publié en 2010 - La télé fait sa cuisine - Dans l’assiette de nos héros – par Amandine Prié

SI VOUS VOULEZ AVOIR UNE CHANCE D’APERCEVOIR AL PACINO A NEW YORK… mais aussi Rihanna, allez dîner dans un restaurant que nous aimons beaucoup et que nous vous recomman-dons, le DA SILVANO, à la frontière de West Village et de Soho. L’en-droit qui existe depuis 1975 est une véritable institution ; son chef-propriétaire, Silvano Marchetto, a

été un des premiers à initier les Américains à la cuisine typiquement toscane. Manger en terrasse est un pur bonheur !

Da Silvano Restaurant 260 6th Avenue www.dasilvano.com

THE LEMON ICE KING OF CORONAOn s’y rendrait rien que pour le nom… C’est à Corona dans le Queens et c’est un glacier d’exception. L’endroit a été fondé en 1944 par Nick Benfaremo dans ce quartier qui, lui aussi, a vu débarquer une grande communauté italienne. Ce glacier avec sa devanture façon « diner » est un phénomène de longue date, qui propose des glaces italiennes à base de fruits frais, dont La meilleure glace au citron selon le Daily News !

52-02 108th St Queens NY 11368 - sur facebook

page 6 / GAZZETT’AL DENTE

ZAPPING 2013RETOUR SUR…

1

Image 1 : Stromae © Street Generation

Image 2 : Affiche de Sacro Gra © comingsoon

2

L’ITALIE DES BRÈVES DE COMPTOIR.. et des adresses qu’on se refile confidentiellement

GAZZETT’AL DENTE / page 7

DJ SMALL PRÉSENTE

PIERO UMILIANI LA LEGGE DEI GANGSTERS (1969)

Alors bien sûr, il y avait la B.O du « Parrain » de Nino Rota ou celle du « Clan Des Siciliens » d’Ennio Morricone pour illustrer l’univers de la Mafia et du « Milieu » mais c’était trop facile : Un peu comme acheter sa sauce spaghetti toute faite au supermarché plutôt que de la faire soi-même…. c’est rapide mais ça manque de saveur. Revoici donc le compositeur Pierro Umiliani (déjà chroniqué ici pour « Svezia, Inferno e Paradiso » et son célèbre « Mah na’ mah na ») avec la B.O méconnue « La Legge dei Gangsters » - La Loi des Gangsters en français - de Siro Marcellini (1969).

L’intrigue du film est la suivante : Des truands participent à un casse qui tourne mal et l’un d’eux - Espo-sito - est blessé. Un long flash-back débute durant lequel Esposito se remémore son passé et nous fait découvrir celui de ses partenaires. L’un d’entre eux - joué par l’in-quiétant Klaus Kinsky - tente de récupérer l’argent pour lui seul et abat ses complices jusqu’à se retrouver face au seul survivant….

Cette B.O est l’une des très rares bandes sonores qui atteint un niveau de qualité digne des meilleurs albums jazz d’artistes reconnus (« Genova Piazza De Ferrari Dalle 2 Alle 7 » ou « La Legge dei Gangsters »). Elle contient aussi des morceaux fantas-tiquement romantiques comme « Epi-sodio » et surtout « Crepuscolo Sul Mare », qui mêle harpe, violons et violoncelles dans un tourbillon de cordes à vous faire oublier votre prénom : C’est d’ailleurs grâce à cet instrumental que cette œuvre a fait

l’objet d’une redécouverte méritée sur la B.O d’« Ocean’s Twelve » avec Georges Clooney et Brad Pitt. On vous aura prévenu : Nul n’est censé ignorer « La Loi Des Gangsters » et

toute contravention à cette règle sera sévèrement réprimée !

Photo : Pochette de « La legge dei gangsters » par Piero Umiliani © Piero Umiliani

LA NOSTRA RICETTA LA RECETTE  EN V.O. !VOICI, La recette de la sauce tomate et boulettes de la maman de Martin Scorsese telle qu’elle apparaît défilant dans le géné-rique de fin de son documentaire de 40 minutes Italianamerican en V.O.

C’est un docu jouissif pour qui a l’âme familiale, dans lequel nous partageons l’intimité de ses propres parents, Charles et Catherine, enfants d’immigrants arrivés de Sicile au début du 20ème siècle ; Les parents de Martin Scorsese figurent parmi les pre-miers vrais italo-américains. A voir cela, on se dit que Strip-tease chez nous n’a rien inven-té. Martin Scorsese nous donne la vérité d’un moment de canapé, de cuisine et de table chez les Scorsese, leur monde, mais aussi

leurs chamailleries, leurs photos de famille, leurs souvenirs et anecdotes locales, librement expo-sés devant la caméra de leur fils…

The Sauce :- Singe an onion & a pinch of garlic in oil

- Throw in a piece of veal, a piece of beef, some pork sausage & a lamb neck bone.

- Add a basil leaf.- When the meat is brown, take it out, & put it on a plate.

- Put in a can of tomato paste & some water.

- Pass a can of packed whole tomatoes through a blender & pour it in.

- Let it boil.- Add salt & pepper & e pinch of sugar.

- Let it cook for a while.- Throw the meat back in. - Cook for 1 hour

Now make the meatballs: - Put a slice of bread, witouth crust, 2 eggs, & a

drop of milk, into a bowl of ground veal & beef.

- Add salt, pepper, some cheese & a few spoons of sauce.

- Mix it with your hands.- Roll them up, throw them in.- Let it cook for another hour.

PRÉSENTE UN VIN DE LA BOTTE AVEC PATRICK BÖTTCHER« LUÍ 2010 »À la une, pour cette Gazzet-ta, LUÍ 2010, un Montepulciano d’Abruzzo de la Tenuta Terra-viva...

Vous avez dit... Montepulciano ? Alors un petit éclaircissement s’impose…

Oui, parce qu’ici, il s’agit bien d’une DOC où interviennent, d’une part, les Abruzzes en terme de région de production et, d’autre part, comme cépage, le Montepul-ciano une variété répandue en

Italie centrale et assez proche du Sangiovese. Et c’est bien là que les choses se corsent, car ce vin n’a évidemment strictement rien à voir avec la cité toscane de Montepulciano, cité qui, au passage, en a profité pour ano-blir une autre variété issue du Sangiovese, le Prugnolo Gentile, sous la très réputée DOCG « Vino Nobile di Montepulciano ».

Il s’agit donc là d’une confusion assez classique et qui a l’air de faire sourciller les vignerons

des deux aires de production, d’autant plus que les Toscans, fiers de leur historique éperon rocheux, n’hésitent pas à regar-der de très haut ce petit cou-sin éloigné qui s’est répandu en Marques et en Abruzzes.

Et la qualité souvent très hété-rogène du dit petit cousin ne fait rien pour aider, ce dernier pouvant donner des vins terri-blement durs, serrés, ou à l’in-verse, joyeusement dilués selon la moyenne ou mauvaise volonté du vigneron.

Cette situation génère au moins un avantage, celui de ne pas trop faire monter les prix, et du coup, quand on a affaire à un bon vin, on n’est pas loin d’être face à un super rapport qualité-prix !

Vous m’avez vu venir, ce LUÍ, là, il a tout pour plaire avec ses arômes fruités, épicés, finement chocolatés mais jamais surmû-ris ni alcooleux…. et en bouche, c’est « tutti cosi », avec une

grosse buvabilité bien tendue qui équilibre parfaitement une structure très charnue, presque sanguine s’appuyant solidement sur des tanins de caractère sans être austères ou asséchants pour autant.

Et, en plus, cerise sur le gâ-teau, si comme moi, vous êtes un adepte des Vins « Naturels », la contre-étiquette a tout pour vous mettre de bonne humeur : un vrai vin traditionnel totalement issu d’un travail respectueux des sols et d’une intervention minimale en cave, un vrai travail d’artisan comme le faisaient les anciens !

Certes, il y en a qui diront que tant de détails, cela casse un peu la poésie, mais moi, j’y vois plutôt comme un cri dans la nuit industrielle, un cri pour procla-mer son amour pour la pureté !

Bon, allez, les antipasti, les viandes grillées ou encore le Pecorino frétillent d’impatience de se marier à ce vin… buon appetito !

À table avec la MafiaSi la cuisine est bel et bien une affaire de famille, dans cette famille-ci, celle qui relève de l’univers des films de gangsters, on ne rigole pas de tout, on sait se tenir à carreau, on a le sens du respect et des codes d’hon-neur, et par-dessus tout, on apprécie la bonne bouffe et les bons petits plats de la mamma.

Dans ce livre, il y a la recette des lasagnes de la

famille Corleone, mais aus-si des plats siciliens, des plats préparés en prison, de la cuisine asiatique, de la bouffe de rue, des travers de porc ou de la fameuse char-lotte russe d’Il était une fois en Amérique… Vous vous souvenez du jeune Patsy, qui avait acheté cette délicieuse génoise 5 cents pour la donner à Peggy en échange de faveurs sexuelles… Comme elle prend son bain derrière la porte du palier, qu’elle le fait attendre et ne vient pas, il finit par craquer et dévorer, là, la charlotte, posée sur la marche du dessus, dont il a délicatement ouvert le paquet…

Dans ce livre au découpage original sous forme de me-nus extravagants, « Vieux Amis » ou « Situations Pé-rilleuses », on trouve aus-si des cocktails, comme la Pina Colada de Tony Montana (Scarface) ou le Martini de Sharon Stone (Casino), des recettes étonnantes comme celle du « Sauté de che-val façon insomniaque », clin d’œil à la terrible scène de la tête de cheval du Parrain, et des conseils en référence à de nombreux films, ou comment choisir ses ingrédients comme Vito Corleone, Marlon Brando, Catherine Scorsese…

À table avec la mafia90 recettes italo-américainesPhilippe Di Folco et Claire DixsautAgnès Vienot Editions, 2009

LU SUR CINEMIAM (Le goût du cinéma)… Dont l’auteur n’est autre que Claire Dixsaut.

FRANCIS COPPOLA CUISINE POUR NORTH BEACH

Lui qui a toujours mis la main à la pâte, comme en 1974, quand il avait cui-siné une soupe sur le pouce pour la foule des premiers spectateurs du Parrain, qui faisaient la file d’attente à l’extérieur du cinéma par un froid glacial de l’hiver new-yorkais… cuisine au-jourd’hui pour ce quartier de San Francisco, dans lequel il a installé sa maison de production, un quartier qui a connu les premiers immigrants Italiens au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Il a fondé, avec le poète Lawrence Ferlinghetti, un programme sous forme d’une nouvelle approche communautaire en faveur des sans-abri et, une fois par an, il cuisine en personne pour 500 convives. Congratulazioni amico !

ESPRIT DE CIRCONSTANCE

C’est bientôt Noël, courez à MILAN !

Si ça vous dit de changer de registre, de vous déguiser en Père Noël, et non en père mafieux, et de participer à une course-spectacle, 5km en rythme libre dans le centre-ville de Milan… L’événement se déroule pour la troisième année consécutive. C’est le 15 décembre à 10h30 et c’est à Milan, rendez-vous sur la Piazza Castello !

www.babborunning.it

COLO-PHON

Direction de la rédaction

Antoinette Van Ham

Coordination Hélène Wallemacq

Photographie Wine,

Food & Cinema

Production Caffè Al Dente

Design graphique Codefrisko

Illustrations Audrey Schayes

Rue du Doyenné 85, 87

1180 Bruxelles +32 (0)2 343 45 23

www.caffealdente.com

P L U S D ’ I N F O S A G E N D A S U R W W W . C A F F E A L D E N T E . C O M

CAFFÈ AL DENTE E ALTRE COSEINVERNO 2013

Une pâte fraîche, une tomate… que demande le peuple!

NOTE