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RÉGIONALES : PARLONS CONTENU ! La campagne des régionales est entrée dans sa phase ac- tive : nous ne sommes plus qu’à quelques semaines du premier tour. Et pourtant, on ne parle pas des idées que défendent les candidats. Classique, direz-vous : la politique devient de plus en plus une politique spectacle, une politique qui s’appuie sur la mé- diatisation plus que sur les idées. Et pourtant, il apparaît de plus en plus évident que notre monde est à un tournant. C’est aujourd’hui que nous choisissons : poursuivre sur une trajectoire qui nous conduit vers un désastre, tant environnemental que social et politique, ou au contraire chan- ger de modèle en prenant en compte les limites du monde et la nécessité de remettre plus de justice et d’équité dans nos sociétés. Les Régions sont un échelon essentiel dans la mise en place de la transition écologique. Nous sommes sans aucun doute les seuls, dans notre nou- velle région Bourgogne – Franche-Comté, à proposer un pro- gramme mettant en œuvre cette transition (1). D’abord autour de notre slogan de campagne - « Climat, Emploi, Solidarité, Agir pour la région » - et dans les documents que nous diffusons. Mais aussi parce que, même en campagne, nous continuons à agir dans les collectivités où nous avons des élus, dans les associations où nous sommes présents et aussi dans notre vie de tous les jours. Face aux stratégies médiatiques qui consistent, par exemple, à organiser un référendum pour l’unité à gauche, face aux querelles de la droite, face au refus de l’extrême droite d’af- fronter ses adversaires dans l’émission Des paroles et des actes, sur France 2, deux temps forts de la campagne vont nous mobili- ser : le meeting du 18 novembre à Besançon et celui du 30 no- vembre à Dijon. Et puis la campagne des écologistes, ce sera aussi la rencontre des habitants en porte à porte, sur les marchés, de- vant les gares, les cinémas ou les écoles. Avec un peu d’avance, certes, nous formulerons le vœu d’avoir plein d’énergie pour ce dernier mois de campagne. Soyons nombreux au meeting mercredi 18 novembre à 20 h au Kursaal, à Besançon (1) Voir le site de campagne : http:// lesecologistesbourgognefranchecomte.fr/ NOVEMBRE 2015 / n°212 / 1,70 € Corinne Tissier et Bernard Lachambre Cosecrétaires EÉLV Franche-Comté 33, Avenue Carnot

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La Feuille Verte n°212 - novembre 2015

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Page 1: FV novembre 2015

RÉGIONALES : PARLONS CONTENU !

La campagne des régionales est entrée dans sa phase ac-

tive : nous ne sommes plus qu’à quelques semaines du premier

tour. Et pourtant, on ne parle pas des idées que défendent les

candidats. Classique, direz-vous : la politique devient de plus en

plus une politique spectacle, une politique qui s’appuie sur la mé-

diatisation plus que sur les idées.

Et pourtant, il apparaît de plus en plus évident que notre

monde est à un tournant. C’est aujourd’hui que nous choisissons :

poursuivre sur une trajectoire qui nous conduit vers un désastre,

tant environnemental que social et politique, ou au contraire chan-

ger de modèle en prenant en compte les limites du monde et la

nécessité de remettre plus de justice et d’équité dans nos sociétés.

Les Régions sont un échelon essentiel dans la mise en place de la

transition écologique.

Nous sommes sans aucun doute les seuls, dans notre nou-

velle région Bourgogne – Franche-Comté, à proposer un pro-

gramme mettant en œuvre cette transition (1). D’abord autour de

notre slogan de campagne - « Climat, Emploi, Solidarité, Agir pour

la région » - et dans les documents que nous diffusons. Mais aussi

parce que, même en campagne, nous continuons à agir dans les

collectivités où nous avons des élus, dans les associations où nous

sommes présents et aussi dans notre vie de tous les jours.

Face aux stratégies médiatiques qui consistent, par

exemple, à organiser un référendum pour l’unité à gauche, face

aux querelles de la droite, face au refus de l’extrême droite d’af-

fronter ses adversaires dans l’émission Des paroles et des actes,

sur France 2, deux temps forts de la campagne vont nous mobili-

ser : le meeting du 18 novembre à Besançon et celui du 30 no-

vembre à Dijon. Et puis la campagne des écologistes, ce sera aussi

la rencontre des habitants en porte à porte, sur les marchés, de-

vant les gares, les cinémas ou les écoles.

Avec un peu d’avance, certes, nous formulerons le vœu

d’avoir plein d’énergie pour ce dernier mois de campagne.

Soyons nombreux au meeting

mercredi 18 novembre à 20 h

au Kursaal, à Besançon

(1) Voir le site de campagne : http://

lesecologistesbourgognefranchecomte.fr/

NOVEMBRE 2015 / n°212 / 1,70 €

Corinne Tissier

et Bernard Lachambre

Cosecrétaires EÉLV Franche-Comté

33, Avenue Carnot

Page 2: FV novembre 2015

TOUJOURS LÀ, LE PETIT CANARD. JUSQU'À QUAND ?...

Sommaire

2

P 1 : Edito

P 2 à 4 : Toujours là, le petit canard. Jusqu’à quand ?

P 5 à 6 : Marie-Dominique Robin à Besançon : l’importance

des territoires

P 6 : Où trouver EELV près chez soi ?

P 7 : Une proportionnelle avec prime majoritaire

P 8 : Régionales : Tout un programme…

P 9 10 : Philippe Meirieu, pour une formation émancipa-

trice

P 10 : La liste écolo pour les Régionales

P 11-12 : Pour le dimanche sans chasse

P 12 : Comment recevoir La Feuille Verte ?

P 13-14 : Crise migratoire : le paradigme de l’immobilité

P 15-16 : Science et écologie

P 17-18 : Sarajevo : # Jasammuzej !

P 19-20 : Petite chronique wallisienne (4)

P 21 : Bulletin d’adhésion

P 22 : Régionales toujours !

Il y a tout juste vingt ans - en novembre 1995, donc -

, un petit canard franc-comtois faisait son apparition

(enfin... pas dans les kiosques, faute de moyens). Son pre-

mier numéro, dont l'édito évoquait un « nouveau départ »,

traitait, en vrac, du Grand Canal Rhin-Rhône, d'une énième

panne de Superphénix, du bois énergie, d'une alerte à la

pollution à Paris, de Brice Lalonde demandant à adhérer à

l'UDF, de Saddam Hussein réélu avec 99,96 % des voix, du

très contesté projet de construction de l'immeuble Vauban

à Dole, de manifs contre les essais nucléaires chiraquiens

(décidément, il s'agit bien là d'un temps que les moins de

vingt ans ne peuvent pas connaître !), d'une journée d'ac-

tion des fonctionnaires, du renouvellement du CESR (1), de

la cimenterie de Rochefort (Jura) et de quelques autres bri-

coles. Un papier jaune beurre frais, une maquette un peu

tristounette (du noir, du gris, trois colonnes par page), un

aspect artisanal, hypersérieux, limite chiant, à peine bous-

culé par une demi-page de sarcasmes plus ou moins fins en

4e de couv'. Parmi les signataires des articles, on trouvait

Alain Fousseret, Marie-Agnès Chalumeaux, Éric Alauzet,

Antoinette Gillet, votre serviteur et une certaine Dominique

Voynet.

Vingt ans, le bel âge ?

Vingt ans plus tard, Alain Fousseret s'apprête à quit-

ter le Conseil régional, Éric Alauzet est député, Dominique

Voynet a choisi de voguer vers d'autres cieux (2)... Les si-

gnatures se sont faites plus rares, les articles plus longs,

on est passé de 8 pages à 20, 24, voire 28 ; la maquette a

bien changé, elle a pris des couleurs et la mise en pages

s'est aérée, « professionnalisée » ; dessins et photos se

sont glissés entre les lignes. Et faute de moyens (encore et

toujours), pas plus de vente en kiosques qu'en 1995.

Mais l'essentiel est ailleurs : cas rarissime dans la

presse militante et sans doute unique dans la presse

Verte, voire écolo au sens plus large, La Feuille Verte (car

c'est d'elle qu'il s'agit, vous l'aviez deviné), vingt ans

après, est toujours là. En 240 mois, elle aura connu 212

numéros (pas de parution en août, mais aussi quelques

« pannes »...). On n'en voudra pas, je pense, à ses anima-

teurs, d'éprouver à l'occasion de cet anniversaire quelque

satisfaction…

Pour en revenir à ce premier numéro, il est permis

de ressentir comme une impression de recommencement

- ou de bégaiement - à la lecture de ces quelques lignes

de son édito (3) : « Il n'est pas innocent [que cette Feuille

Verte] paraisse à un moment crucial de la jeune histoire

des Verts (comtois et autres). Qui pourrait réellement pré-

tendre que les deux ou trois dernières années nous ont

apporté beaucoup de satisfactions ? Résultats électoraux

globalement décevants, éparpillement du mouvement

écologiste, hémorragie de militants, désintérêt des mé-

dias, lassitude et découragement chez beaucoup de

« compagnons de route »... Et tout cela alors même que la

crise - écologique, économique, politique, culturelle -

Anniversaire

Page 3: FV novembre 2015

3

Page 4: FV novembre 2015

s'aggrave de jour en jour, portant l'exclusion, sous toutes

ses formes, à des niveaux de plus en plus insupportables et

faisant du même coup le lit de tous les extrémismes. » Il me

semble - mais suis-je particulièrement et exagérément pes-

simiste ? - qu'on pourrait aujourd'hui écrire exactement les

mêmes lignes…

Où sont passés les lecteurs ?

Est-ce à dire que rien n'a changé en vingt ans ? Je ne

me hasarderai pas à l'affirmer. En ce qui concerne La Feuille

Verte, en tout cas, quelque chose s'est indéniablement mo-

difié (outre les améliorations formelles évoquées plus

haut) : l'intérêt montré par les adhérents et militants Verts

(et aujourd'hui EÉLV) pour ce qui est et demeure, après

tout, leur organe régional (mais pas leur Pravda) me paraît

s'être fort émoussé. Le nombre de contributeurs s'est ré-

duit comme peau de chagrin (vérifiez : à deux ou trois ex-

ceptions près, ce sont toujours les mêmes signatures au bas

des articles), alors qu'on a sans cesse répété que notre

Feuille ne pouvait être que ce que ses lecteurs en faisaient.

Les réactions à la forme comme au contenu sont devenues

rarissimes (ils se sont sans doute lassés, ceux qui, régulière-

ment, m'incendiaient pour mes Émois). Pas de « Courrier

des lecteurs », faute de... courrier des lecteurs ! 30 % seu-

lement de réponses (dont celles des membres du Comité

de lecture !) au questionnaire proposé, voici trois ans, par

Pauline Jeannin aux participants aux Journées de l'Écologie,

à Chaux-des-Crotenay (4). Pas la moindre amorce (faute de

volontaires pour s'en charger) de mise en œuvre des sug-

gestions recueillies à cette occasion (5). Et pour couronner

le tout, diverses confidences et indiscrétions parvenues

jusque dans ma cambrousse m'incitent à penser que si La

Feuille Verte, grâce aux efforts de diffusion de certains

(merci Suzy, merci Gérard...), est plutôt bien accueillie par

les non-EÉLV (sympathisants plus ou moins proches), elle

ne suscite plus guère l'intérêt des adhérents et des mili-

tants.

Loin de moi l'idée de dénier à chacun le droit de

(ne pas) lire ce qu'il veut, y compris La Feuille Verte. Sim-

plement, vu l'investissement en temps (et aussi en fi-

nances !) que représente la publication de notre men-

suel, je voulais juste inviter EÉLV-FC, ses responsables

comme ses adhérents « de base », à réfléchir sérieuse-

ment à la pérennité de notre presse. Les vingt ans de

cette dernière doivent être l'occasion d'en finir avec les

paroles lénifiantes et les réaffirmations d'attachement

trop machinales pour être suivies d'effets concrets.

Oui ou non, La Feuille Verte a-t-elle un avenir ?

Et si oui, lequel ?

Gérard Roy

(1) Conseil économique et social régional.

(2) Bonjour le cliché !

(3) Édito que je signais alors en tant que Secrétaire régio-

nal... Merci de bien vouloir excuser cette autocitation...

(4) Cf. n°179, novembre 2012, pp. 2 à 4.

(5) Cf. n°180, décembre 2012, p. 3.

4

Un peu de Charlie Hebdo ?

Page 5: FV novembre 2015

5

Alternatiba

Marie-Monique Robin a été la marraine du festi-

val Alternatiba, qui s'est déroulé les 16, 17 et 18 octobre

à Besançon. Marie-Monique Robin, c'est la réalisatrice de

documentaires qui comptent pour la promotion des idées

écologistes, entre autres : Le Monde selon Monsanto

(2008), sur les manigances du fabricant de pesticides et

d'OGM, Les Moissons du futur (2012), sur les possibilités

de l'agroécologie, et Sacrée croissance ! (2014), qui nous

interroge sur le dogme de la croissance illimitée.

On marche vers l'effondrement…

C'est ce dernier film - Sacrée croissance ! - qui a été

projeté le vendredi soir à la Faculté des Lettres de Besan-

çon, devant un Amphi Donzelot plein à craquer. Les pre-

mières images du film montrent les chefs d'État du

monde - dans le désordre Bush, Mitterrand, Sarkozy, Hol-

lande, etc. - invoquer plus qu'évoquer le retour de la

croissance comme solution à tous les problèmes : les

déficits, le chômage… Puis des économistes expliquent,

démontrent que la croissance infinie dans un monde fini,

ce n'est pas possible.

Mais la réalisatrice a voulu qu'il y ait dans son film,

à côté des prises de position des économistes non libé-

raux, des expériences concrètes, sur l'agriculture urbaine

au Canada, sur les énergies renouvelables au Danemark,

sur l'indice de Bonheur National Brut au Bhoutan, etc.

Dans la discussion, elle revient avec des arguments plutôt

optimistes : « La mauvaise nouvelle, c'est qu'on marche

vers l'effondrement, c'est très sérieux. On n'a que dix ans

pour changer de cap. Mais la bonne nouvelle, c'est qu'on

sait ce qu'il faut faire pour l'éviter et les expériences que

j'ai filmées montrent que c'est possible. »

Les trente glorieuses de la démesure

Elle a un point de vue tranché sur ce qu'elle ap-

pelle « les trente glorieuses de la démesure ». Elle

ajoute : « La génération des 60-70 ans semble avoir une

certaine nostalgie de cette période de croissance,

mais on n'a pas payé les ressources à leur juste va-

leur. » Effectivement, durant ces trente années de

croissance démesurée, nous avons beaucoup gaspil-

lé, beaucoup émis de CO2 et nous sommes devenus

« addicts » à la consommation. Par contre, la nou-

velle génération semble avoir davantage intégré les

limites et s'engage plus volontiers dans l'économie

du partage, du covoiturage, etc.

La force du capitalisme a été de nous séduire

et, au fond, de nous déposséder de tout ce que nous

pouvions faire. La machine capitaliste est très puis-

sante et elle a inventé les deux moyens de nous

rendre dépendants : la publicité et le crédit à la con-

sommation. Or ce modèle de développement n'est

pas généralisable : il nous faudrait plusieurs pla-

nètes. Par exemple, il y a déjà 800 millions de voi-

tures dans le monde, on ne peut pas continuer.

La clé de la transition, ce sont les terri-

toires

Pour la réalisatrice de Sacrée croissance ! le

bon niveau de la transition, ce sont les territoires et

« il faut affirmer notre attachement à l'endroit où

nous vivons et on ne réussira la transition énergé-

tique que si on reprend l'initiative au niveau local ».

Elle ajoute que la transition a besoin des élus et elle

tance un instant la municipalité de Besançon pour

ne pas avoir soutenu Alternatiba. Dommage que les

élus EÉLV n'aient pas été là pour expliquer qu'ils

avaient pourtant tout fait pour convaincre le maire -

sans succès.

Parmi les moyens utilisés pour relocaliser l'ac-

tivité, Marie-Monique plaide pour les monnaies

locales. C'est un outil sociétal puissant pour créer du

lien, pour consommer local. Les monnaies

MARIE-MONIQUE ROBIN À BESANÇON : L'IMPORTANCE DES TERRITOIRES

Page 6: FV novembre 2015

6

« complémentaires », comme on les appelle aussi, c'est

pour échanger des biens et des services, pas pour spécu-

ler : les taux d'intérêt sont interdits.

Questionnée sur la COP 21, la cinéaste ne montre

pas beaucoup d'optimisme : « Parce qu'il n'y a aucun ac-

cord contraignant et qu'on va vers les 4 degrés de ré-

chauffement. » Mais Marie-Monique Robin, qui a rappelé

son origine paysanne, a tout de même une grosse dose de

pragmatisme et elle fait confiance aux initiatives ci-

toyennes qui peuvent encore changer le cours des événe-

ments. Les prochaines élections régionales sont pour nous

l'occasion de développer les solutions qui peuvent être

mises en œuvre en Bourgogne-Franche-Comté.

Gérard Mamet

Page 7: FV novembre 2015

7

Peut-être n'est-il pas inutile de rappeler

comment fonctionne le scrutin ?...

Les 100 Conseillers régionaux sont élus au scrutin

de liste proportionnel à deux tours, avec prime du quart

des sièges à la liste arrivée première (donc en Bourgogne

Franche-Comté ou BOFC : 25 sièges).

Les listes de candidats sont uniques pour l’ensemble de la

grande région (logo, nom de la liste et de la tête de liste

régionale) mais, sur chaque liste, les candidats sont re-

groupés par sections départementales.

Un seul tour de scrutin si une liste obtient la majorité ab-

solue des suffrages exprimés (50 % + 1 voix), cas très im-

probable.

Si le scrutin n’est pas acquis au premier tour :

- à moins de 5 % des voix, les listes sont définiti-

vement éliminées et ne peuvent participer au second

tour ;

- entre 5 et 10 % des voix, les listes ne peuvent

pas se maintenir seules au second tour, mais peuvent fu-

sionner avec des listes ayant obtenu plus de 10 % des

voix ;

- à 10 % et plus, les listes peuvent se maintenir au

second tour et/ou fusionner avec d’autres listes.

Comment les sièges sont-ils répartis ?

La liste arrivée en tête reçoit une prime de

25 sièges, qu'elle ait une majorité absolue ou relative.

Les 75 sièges restants sont répartis à la proportionnelle

entre toutes les listes présentes au second tour, en fonc-

tion de leur score régional (avec répartition des fractions

de sièges restants à la plus forte moyenne).

Au sein de chaque liste, les sièges sont répartis à la pro-

portionnelle entre les sections départementales, en fonc-

tion des suffrages exprimés obtenus par la liste dans

chaque département (avec répartition des fractions de

sièges restants à la plus forte moyenne).

Exemple :

Supposons une région à 3 départements, où 3

listes sont en lice pour le tour d’acquisition du scru-

tin.

Les listes obtiennent les nombres de voix suivants :

La liste A est gagnante et obtient 56 sièges :

- 25 sièges au titre de la prime majoritaire,

- 30 sièges à la proportionnelle,

- 1 siège à la plus forte moyenne (41000 / (30

+ 1) = 1322, supérieur aux moyennes des listes B

[31000 / (23 + 1) = 1291] et C [28000 / (21 + 1) =

1272]),.

Les sièges de la liste A sont répartis ainsi entre les

départements :

- dépt 01 : 19 sièges

- dépt 02 : 23 sièges

- dépt 03 : 13 sièges + 1 à la plus forte

moyenne (10000 / 14 = 714, supérieur à 700

[dépt 01] et 708 [dépt 02])

De la même manière, la liste B obtient

23 sièges à la proportionnelle, dont 10 sièges (dépt

01), 9 sièges (dépt 02), 4 sièges (dépt 03).

La liste C obtient 21 sièges à la proportion-

nelle, dont 8 sièges (dépt 01), 10 sièges (dépt 02),

3 sièges (dépt 03).

Jérôme Artaz

Militant bourguignon

Bourgogne-Franche-Comté : Élections Régionales 2015

UNE PROPORTIONNELLE AVEC PRIME MAJORITAIRE

Dépt / Liste A B C

1 14000 13000 11000

2 17000 12000 13000

3 10000 6000 4000

Total 41000 31000 28000

Page 8: FV novembre 2015

8

Je vous écris du fond du programme régional,

dont je commence à émerger. « Le pauvre », pensez-

vous. Meuh non, je n'ai pas de raison d'être plaint, c’est

fort intéressant. Il est vrai qu'il y a tout de même une

phase peu agréable, qui consiste à

chercher des aides pour la rédaction,

des personnes ressources qui sachent

un peu de quoi elles parlent. C'est

difficile, les volontaires sont rares et se

cachent. Nous avons tout de même

fini par y arriver avec 26 contributeurs.

Mais c'est vraiment bien

quand des propositions arrivent et

qu'il n'y a « plus qu'à » les mettre bout

à bout ! Et franchement intéressant

lorsque des idées se percutent. Quand

pour avancer, il devient impératif de se parler. Par

exemple, lorsqu'un forestier rencontre un féru d'éner-

gie, ça « frotte » un peu à propos des coupes de bois,

des risques de surexploitation, face

à celui qui demande que chaque

ressource puisse aider à se sortir

du nucléaire. Ou bien, lorsque le

forestier, encore lui, se dit que les

chasseurs, ce n'est pas si mal pour

se débarrasser des grands ongulés

qui mangent les jeunes pousses

d'arbre ; il trouve face à lui le dé-

fenseur de la condition animale,

qui refuse toute chasse. Que faire

dans ces cas ? Débattre, échanger des arguments, jus-

qu'à trouver un compromis. C'est tout l'intérêt d'un parti

politique : réussir à dégager des propositions qui con-

viennent au plus de monde possible.

En pratique, à l'heure où vous

lirez ces lignes, le programme sera dis-

ponible sur le site internet (1). Il ne sera

pas distribué sur papier. Donc, si vous

voyez de gros manques ou de grosses

bêtises, n'hésitez pas à réagir, il restera

modifiable. C'est à la fois un projet et un

programme, ne vous étonnez donc pas

de sa longueur. Et puis, question présen-

tation, ne vous attendez pas à lire un

roman ou une bande dessinée. C'est du

brut, donc de l'indigeste, uniquement

pour personnes motivées pour approfondir.

Benoit Cypriani

Membre de l’équipe de cam-

pagne pour les Régionales 2015

(1) http://lesecologistesbourgognefranchecomte.fr/

Régionales

TOUT UN PROGRAMME...

8 octobre 2015 à Besançon: Lutte contre la fraude fiscale

Eva Joly intervient sur ce thème

qui lui est cher.

Éric Alauzet, député de la

2e circonscription du Doubs,

explique son action à l’Assem-

blée contre la fraude fiscale.

Cécile Prudhomme, tête de liste

régionale, présente les intervenants.

Page 9: FV novembre 2015

9

Il n’est guère besoin de présenter Philippe

Meirieu, enseignant chercheur connu du grand public et

reconnu par ses pairs dans le domaine des sciences de

l’éducation. Ses travaux de recherche confinent à l’anthro-

pologie et puisent à des sources qui irriguent l’action poli-

tique qu’il conduit en faveur de la sauvegarde de l’envi-

ronnement et des valeurs qui sous-tendent cet engage-

ment.

Homme de parole et homme d’action tout à la

fois, Philippe Meirieu n’a de cesse de promouvoir l’Hu-

main et d’œuvrer à l’expansion des connaissances et à la

diffusion des savoirs, dont il est d’ailleurs lui-même l’un

des artisans.

Avec le talent qu’on lui connaît, il expose, il sug-

gère, il propose sans a priori et, à l’écart de tout secta-

risme, il aide le débat à éclore sans le polluer par des opi-

nions préconçues, il chemine patiemment avec ses inter-

locuteurs et ne manque pas de leur indiquer des voies

nouvelles.

Des lois qui portent l’empreinte de Guizot

Lors de sa conférence du 12 octobre à Dole (1), il a

abordé, devant une assemblée d’une soixantaine de per-

sonnes, la problématique de la formation, qui constitue

l’un des piliers majeurs autour desquels s’organisera né-

cessairement la société en gestation. Dans son propos

liminaire, il a fait un détour historique et signalé opportu-

nément que les grandes lois laïques, dites « lois Ferry »,

sous le régime desquelles l’école de la République est pla-

cée depuis les débuts de la troisième République, ont par-

tie liée avec le système centralisé mis en place dès les

années 1830 par le ministère Guizot. Ce système n’est pas

indemne de critiques, du fait d’un certain cloisonnement

entre les différents ordres d’éducation et de la centralisa-

tion idéologique qu’il comporte et dont les dispositifs de

formation portent encore la marque. Militant et homme

de gauche, Meirieu place le concept d’éducabilité

au cœur de sa réflexion et des réformes pédago-

giques dont il est l’inspirateur.

La formation continue tout au long de

la vie

Ses fonctions électives à la Région Rhône-

Alpes lui ont permis d’œuvrer à des avancées déci-

sives, en particulier dans le champ de la formation

continue tout au long de la vie. Les enjeux sont de

taille, compte tenu de l’importance du budget al-

loué aux dispositifs de formation. Meirieu consi-

dère comme impératif qu’EÉLV soit mieux

« identifié » sur cette question de la formation, à

propos de laquelle il s’interroge doublement :

- Quel monde allons-nous léguer à nos en-

fants ?

- Quels enfants allons-nous léguer au

monde ?

Ce double questionnement est la ma-

trice à partir de laquelle, dans un exposé éclairant,

Philippe MEIRIEU a mis en évidence trois axes es-

sentiels :

1. La formation tout au long de la vie est

inséparable de la conception d’une culture qui soit

source de convivialité et vecteur d’échanges et de

savoirs démultipliés (plus on échange les savoirs et

les savoir-faire, plus on crée : la culture est par

excellence une ressource que l’on peut consom-

mer sans modération).

Un pédagogue dans l’actualité

PHILIPPE MEIRIEU, POUR UNE FORMATION ÉMANCIPATRICE

Page 10: FV novembre 2015

10

2. La nécessité de l’émergence d’une solidarité au

service d’un mieux-être collectif.

3. L’urgence qu’il y a à dépasser une culture du

chiffre qui, sous une apparente modernité, transgresse les

valeurs qui fondent l’humanisme. « Dé-chiffrons » (en deux

mots) pour mieux « déchiffrer » (en un mot) l’humain.

Quatre possibilités

Dans le second temps de son exposé, Meirieu a

exploré quatre voies pour sortir de l’impasse dans laquelle

ont tendance à s’enliser aujourd’hui bon nombre de dispo-

sitifs de formation. Il s’agirait selon lui :

- de mieux gérer la « complexité » (avec, sur ce

thème, des emprunts à Edgar Morin) ;

- d’offrir de meilleures garanties d’équité (la subs-

titution d’une logique du coût à une logique du prix per-

mettrait de prendre en compte des paramètres qui soient

davantage en prise avec le réel) ;

- de s’extraire d’une logique de compétition et de

« rivalité » : l’offre de formation doit en effet être basée

non sur la concurrence, mais sur la complémentarité ;

- d’afficher des priorités pour s’extraire de

« l’imprévisibilité ». Ainsi, la seule région Rhône-Alpes

(désormais étendue à l’Auvergne) compte plus de cinq

cent mille demandeurs d’emploi. Pour être plus en adé-

quation avec l’effectivité des besoins, la formation de-

vrait donc prioritairement s’attacher aux publics défici-

taires plutôt que de concentrer l’offre sur les publics

culturellement les mieux dotés et professionnellement

les plus qualifiés, comme c’est la plupart du temps le cas

actuellement.

Rémy DAVID

(1) Dans le cadre de la campagne des régionales.

Liste régionale

Assemblée générale du 3 octobre 2015 à Dijon : validation des listes départementales.

Photo de groupe : beaucoup de candidats sont présents. Petit rappel : la liste commune Bourgogne Franche-

Comté doit comporter 116 noms.

Cécile Prudhomme est entourée par quelques unes des têtes de listes départementales : à droite Marie-Claire

Thomas, François Lotteau et Brigitte Monnet, à gauche Virginie Charrière et Philippe Hervieu.

Page 11: FV novembre 2015

Si j'en crois les statistiques de l'ONCF - Office natio-

nal de la Chasse et de la Faune sauvage (1) -, la formation

des chasseurs à la sécurité finit par porter ses fruits : de 39

accidents de chasse mortels lors de la saison 1999-2000, on

est passé à 14 en 2014-2015. (Entre les deux, il y a eu des

hauts et des bas, mais la tendance générale est à la baisse.)

Le nombre d'accidents, pendant cette dernière saison, s'est

élevé à 122, et l'ONCF souligne que 86 % ont touché des

chasseurs, contre 14 % (dont aucun mortel) touchant des

non-chasseurs.

Est-ce à dire qu'il faut se réjouir de ces

« progrès » ? Bien évidemment non. D'une part parce

qu'on trouve aussi des statistiques différentes. Par

exemple, la Buvette des Alpages (2) recense 17 morts, dont

un non-chasseur, et estime qu'au cours

des 20 dernières saisons de chasse en

France, il y a eu, selon les sources, entre

600 et 634 morts, soit 30 à 32 par mois.

Et d'autre part parce que, même en

baisse à peu près constante, le nombre

d'accidents causés par ce pithécanthro-

pique passe-temps reste absolument

inadmissible. Quant à la constatation

qu'il y a, finalement, assez peu de vic-

times parmi les non-chasseurs (encore

heureux qu'ils se flinguent surtout entre

eux !), elle tient essentiellement au fait

qu'en période de chasse (au minimum 5 ou 6 mois par an

selon les régions et selon le « gibier » !), soit on préfère ne

pas trop s'aventurer dans les coins où l'on risque de tomber

sur des maniaques de la gâchette, soit on le fait en s'habil-

lant de couleurs vives, en chantant, voire (j'en connais...) en

criant « Chasseurs, gros cons ! » (3).

Étudiant ou chevreuil ?

Et puis à l'heure où sont écrites ces lignes (le 15 oc-

tobre), l'actualité de la chasse vient rappeler que, dans ce

domaine comme dans tant d'autres, rien n'est jamais acquis

et que la relative amélioration de ces dernières années

risque bien (comme dans le cas des accidents de la route et

en partie pour les mêmes raisons : la lâcheté des politiques

face aux menaces des lobbys - chasseurs, automobilistes,

etc.) de n'avoir pas de suite. Si je n'ai pas fait d'erreur dans

mes relevés, on compte déjà, depuis le début de la saison

2015-2016, au moins 15 accidents (4) ayant blessé une

quinzaine de personnes (dont une entre la vie et la

mort) et en ayant tué 4 autres. Le cas le plus embléma-

tique est bien sûr celui de cet étudiant tué samedi 10

octobre, alors qu'il se promenait avec son amie dans la

chaîne de Belledonne (Isère), par un nemrod... qui l'avait

pris pour un chevreuil

Rappelons qu'un « mercredi sans chasse » avait

été institué sur tout le territoire français à la demande

d'une certaine Dominique Voynet, alors ministre de l'En-

vironnement du gouvernement Jospin, à travers l'article

24 de la loi chasse du 26 juillet 2000. Loi abrogée par

l'ineffable Roselyne Bachelot, en 2003, avec l'appui en-

thousiaste de la droite revenue au pouvoir, cependant

que s'abstenaient les toujours très courageux députés

socialistes (5)... Depuis, ce sont les

préfets qui peuvent décréter un « jour

sans chasse » dans leurs départements

respectifs... ce que la plupart se gar-

dent bien de faire !

Marre des nuisibles !

Il est tout simplement insuppor-

table que moins d'un million de chas-

seurs (1,5 % de la population), sous

prétexte qu'ils ont un fusil et une

grande gueule, imposent leur loi à tous

les autres usagers de la nature. À dé-

faut d'une interdiction complète de la

chasse et d'une éradication totale de cette nuisible en-

geance (on peut toujours rêver...), exigeons au moins

l'institution d'un « dimanche sans chasse » : six jours par

semaine pour les chasseurs, un seul pour les autres,

c'est sans doute encore trop demander ?! C'est cette

exigence qu'avaient portée, en 2012, les 300 000 signa-

taires d'une pétition remise - en vain, bien sûr - au mi-

nistère de l'Écologie. Un Collectif pour le dimanche sans

chasse, rassemblant quelque 450 associations de dé-

fense de la nature, de sports et de loisirs de plein air (6),

relance cet appel, qu'il faut massivement signer et faire

signer (7).

Comme le souligne l'ASPAS, « les Français (8) en

ont marre de la chasse, que ça se sache ».

Gérard Roy

11

En passant par la nature avec nos fusils

POUR LE DIMANCHE SANS CHASSE

Page 12: FV novembre 2015

12

(1) On ne dira jamais assez combien est insuppor-

table ce mariage de la carpe et du lapin. Même chose,

bien sûr, pour les divers musées de la Chasse et de la

Nature ou pour les « maisons » du même nom que les

fédérations de chasse ont pondues un peu partout.

(2) « L'actualité des brebis et de tout ce qui

tourne autour. »

(3) Mais on me dit que ce n'est pas forcément la

bonne méthode...

(4) Il faut garder à l'esprit que tous les accidents

de chasse ne sont pas déclarés à la gendarmerie ou à la

police.

(5) Un certain Yves Krattinger a même soutenu

cette abrogation ! Marrant comme on retrouve toujours

les mêmes noms dès qu'il y a une ânerie à faire (Planche-

des-Belles-Filles, etc.)

(6) ASPAS, RAC, etc.

(7) www.dimanche-sans-chasse.fr

(8) Du moins une grosse majorité d'entre eux.

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Page 13: FV novembre 2015

13

Ainsi, pendant que nos autorités acceptent d'ac-

cueillir un nombre limité de migrants, elles expulsent en

force ceux déjà présents sur le territoire, opérant ainsi un

tri des plus contestables entre les « bons » migrants et les

autres. Cette catégorisation dans les discours et les actes

traverse notre société. Facilitant ainsi une expression

xénophobe ou raciste qui s'affiche désormais sans com-

plexe, elle organise la suspicion autour de tout arrivant et

la prévention contre son installation durable dans notre

pays. Une politique migratoire peut elle se limiter à une

gestion de flux ?

Dix raisons pour ouvrir les frontières

François Gemenne, chercheur en sciences poli-

tiques, est venu le 30 septembre dernier à Besançon, à

l'invitation de Barbara Romagnan, pour parler de l'accueil

des réfugiés. Il est connu pour savoir avec force décons-

truire, lors de débats en direct, les arguments des repré-

sentants du FN sur leur thème phare et les laisser sans

voix face à des données factuelles qu'ils ne veulent pas

prendre en compte. Voici résumées dix raisons qu'il

avance pour ouvrir les frontières et les esprits, appréhen-

der un projet humaniste pour l'Europe, promouvoir le

vivre-ensemble et défendre le droit à la mobilité pour

tous.

1. Arrêter le massacre

Ouvrir les frontières, c’est avant tout permettre

aux gens de migrer dans des conditions sûres et dignes,

c’est vouloir mettre un terme à la tragédie qui se joue

actuellement aux frontières de l’Europe.

Fermer les frontières n’entraîne aucune baisse des

flux migratoires puisque la mobilité est par ailleurs une

réalité sociale valorisée. Cela ne fait que rendre les dé-

placements plus précaires, plus coûteux et plus dange-

reux, jusqu'à transformer aujourd'hui la Méditerranée

en cimetière.

2. Fermer les frontières ne sert à rien

Faire croire que la fermeture des frontières per-

mettra la maîtrise des flux migratoires est une illusion et

un mensonge électoraliste. La construction du mur entre

le Mexique et les États-Unis n’a nullement ralenti les flux

migratoires entre les deux pays.

3. Lutter contre les passeurs

La fermeture des frontières crée un business. Ou-

vrir les frontières, légaliser les mobilités de tous permet-

trait de mettre fin à ce trafic mafieux profitant de plus

en plus d’une économie de la prohibition.

4. Permettre la libre circulation

L’ouverture des frontières permettrait la circula-

tion des personnes, les mouvements d’allers et retours.

Beaucoup de migrants sont aujourd’hui coincés en

France, car ils n’osent plus en sortir de peur de ne plus

pouvoir y revenir ensuite.

5. Faire disparaître l'immigration illégale

Rendre toutes les migrations légales ferait de fac-

to disparaître l’immigration « clandestine ». Tout projet

migratoire étant légitime, l'ouverture permettrait aux

Paradoxes de la République

CRISE MIGRATOIRE : LE PARADIGME DE L'IMMOBILITÉ

À Besançon, alors que la ville est fière d'accueillir bientôt

60 réfugiés syriens, la Préfecture multiplie discrètement les OQTF

(Obligation à quitter le territoire français) et les « mesures d'éloi-

gnement », facilitées par le fait que le Kosovo a,

« opportunément », regagné la liste des « pays sûrs ».

Dans le même temps, la Commission des lois du Sénat a durci,

fin septembre, le dispositif dans un rapport désormais intitulé, de

façon non ambiguë, "Projet de loi portant diverses dispositions rela-

tives à la maîtrise de l’immigration", en cours d'examen depuis le 6 octobre dernier.

Page 14: FV novembre 2015

migrants de déployer leur plein potentiel économique

dans le pays d’accueil. Toutes les études montrent que la

contribution économique à leur pays de destination est

d’autant plus positive que leur situation y est sûre et

légale.

6. Permettre un progrès social

L’embauche des travailleurs étrangers en situa-

tion irrégulière dans les pays riches constitue un « dum-

ping social », l’équivalent d’une « délocalisation sur

place ». Les pires conditions sociales sont imposées à des

travailleurs sans droits. De plus, leur contribution écono-

mique est aussi dirigée vers leur pays d’origine et parti-

cipe au codéveloppement. Cet apport financier des mi-

grants par leurs transferts d’argent au pays est au moins

trois fois supérieur à l’ « aide au développement » offi-

cielle des pays industrialisés.

7. Faire des économies

Depuis 2007, deux milliards d’euros ont été dé-

volus à la gestion des frontières. Pour quel résultat ? La

suppression de Frontex et des politiques sécuritaires

ferait économiser plusieurs millions d’euros aux États de

l’Union, qui pourraient être réinvestis dans des projets

plus constructifs.

8. Reconnaître la mobilité comme un droit fonda-

mental

L’ouverture des frontières reconnaît la légitimité

de toute migration et le droit à la mobilité de chacun. Le

droit de quitter son pays est inscrit dans la Déclaration

universelle des Droits de l’Homme. Mais la fermeture

des frontières empêche de le mettre en œuvre.

9. Lutter contre les inégalités

Aujourd’hui, le destin des uns et des autres reste

avant tout déterminé par l’endroit où ils ou elles sont

nés. C’est la fermeture des frontières qui crée cette iné-

galité insupportable, ce privilège du lieu de naissance.

10. Réaffirmer l'humanisme comme projet

Se préoccuper d’une hypothétique identité sur

fond de nostalgie coloniale, n’est-ce pas refuser de voir

la société française telle qu’elle est aujourd'hui : plurielle

et en mouvement ?

L’Europe réalise que son idéal de croissance infi-

nie est fini. Ce n’est pas pour autant la crise : c’est une

autre croissance qui se dessine. Idem pour les migrants :

la crise à laquelle on assiste est celle de l’UE face à ce

changement de paradigme.

Sortir du « paradigme de l'immobilité »

Ceci dit, bien que toutes les politiques cherchant

à réduire l'immigration légale ou illégale soient restées

inefficaces depuis plus de 30 ans, on continue à brandir

l'immigration comme vecteur de crise.

Céder au sentiment d'invasion, pourtant contre-

dit par les chiffres, comme céder au sentiment d'insécu-

rité, c'est courir après un « droit à la sécurité » fantasmé,

qu'aucun législateur ne pourra établir en droit, sauf à

renoncer à l'espace démocratique qui nous reste à force

d'adopter toujours plus de mesures coercitives, alors que

c'est avant tout la peur de l'Autre qui est la plus grande

source d'insécurité.

Dans ce climat, il faut du courage politique pour

remettre en cause des idées toutes faites ou des modes

de représentations erronés, qu'il faut savoir contrer

comme le propose François Gemenne. Sans ce courage,

nous ne pourrons appréhender les causes qui obligent

des personnes à quitter leur pays.

En panne de projet et de réflexion sur le rôle des

frontières dans un espace mondialisé dont elle semble

avoir peur, tout en craignant une alternative au néolibé-

ralisme, la France cède à la facilité au lieu de percevoir

ces frontières autrement qu'à travers une logique ana-

chronique d'affrontement entre les Puissants. Aujour-

d'hui, les idées, les marchandises mais les êtres humains

aussi passent les frontières, car c'est un droit fondamen-

tal. En stigmatisant les étrangers, nous nous trompons

de cible et d'époque.

François Gemenne, précise : « Nous sommes

dans ce que j’appelle le paradigme de l’immobilité. La

classe politique française continue à penser que dans un

monde idéal, chacun resterait chez soi et n’éprouverait

pas le besoin ni l’envie d’émigrer. Elle n’a pas encore

accepté l’idée que la migration était à la fois un phéno-

mène structurel et un droit fondamental, qui traduit

aussi, d’une certaine façon, les inégalités du monde – et

permet, parfois, de les réduire un peu. Enfin, il y a l’im-

pact de la répétition comme prédiction créatrice : à force

de répéter partout que l’immigration est un problème,

elle devient un problème ».

Cette crise est donc bien politique.

Thierry Lebeaupin

CDDLE (Collectif de Défense

des Droits et Libertés des Étrangers)

14

Page 15: FV novembre 2015

1. De l'hydrogène naturel sous nos pieds

Depuis les années 70, on savait que de l'hydrogène

était émis au niveau des dorsales océaniques (1), mais

son exploitation est jugée trop difficile pour l'instant. Il y

a un peu plus de deux ans, des chercheurs de l'IFPEN (2)

ont annoncé que de l'hydrogène était émis aussi dans de

nombreux sites continentaux. Un tel site a été mis en

évidence, par exemple, en France, sur la faille du Coten-

tin, qui passe par Granville et la Pointe du Grouin. Dans

certaines structures circulaires, on a pu mesurer des flux

de plusieurs dizaines de milliers de mètres cubes d'hydro-

gène par jour. Cet hydrogène pourrait avoir pour origine

la dégradation, dans l'écorce terrestre, de certains miné-

raux contenant du fer (sidérite, pyroxènes, amphiboles,

mica…) sous l'action de l'eau et de la chaleur. (Pour la

Science n° 456, octobre 2015, pp. 36-43)

Commentaire : L'hydrogène utilisé actuellement

dans l'industrie est produit soit à partir d'hydrocarbures,

soit par l'électrolyse de l'eau. On pensait jusqu'ici que

l'hydrogène ne pouvait être qu'un support de stockage

de l'énergie. La bonne nouvelle est que ce pourrait être

aussi une énergie primaire, une énergie propre, puisque

la combustion de l'hydrogène ne donne que de l'eau. Les

gisements semblent bien répartis sur tous les continents.

Les émanations étant régulières, ce serait une énergie de

flux, donc durable. À l'inverse du gaz naturel qui, lui,

constitue une énergie de stock dont les gisements s'épui-

sent au fur et à mesure de leur exploitation. Mais ne

nous emballons pas : des études sont encore nécessaires

pour évaluer la possibilité de l'exploitation industrielle

de l'hydrogène naturel comme nouvelle source d'éner-

gie.

2. La fin programmée des glaciers

L'existence des glaciers est liée à l'équilibre entre

deux processus : l'accumulation de neige qui se trans-

forme en glace et la fonte de la neige et de la glace. La

ligne d'équilibre se situe aujourd'hui vers 3 100 m d'alti-

tude, mais elle s'élève de 6 m par an et pourrait at-

teindre 3 600 m d'ici à la fin du siècle. En France, le ré-

chauffement climatique pourrait donc les faire dispa-

raître, sauf sur le massif du Mont-Blanc, les Écrins et la

Vanoise. En dehors des calottes glaciaires de l'Arctique

et de l'Antarctique, les glaciers ont une surface un peu

supérieure à celle de la France et leur fonte pourrait

contribuer jusqu'à 35 % à la montée des eaux des

océans. Encore plus préoccupant : la contribution des

glaciers au débit des rivières pendant la saison sèche

peut atteindre 30 %. Leur disparition entraînerait donc

de graves perturbations des écosystèmes correspon-

dants. (La Recherche n° 504, octobre 2015, pp. 50-54)

Commentaire : Dans son rapport de 2013, le

GIEC (3) indique que le niveau moyen des eaux des

océans s'est élevé d'environ 20 cm entre 1900 et 2010 ;

le processus va continuer, et c'est dû en partie à la fonte

des glaciers continentaux. Mais la fonte des glaciers va

aussi perturber de manière très importante la régularité

du débit des rivières dans des massifs montagneux

15

Science et écologie

HYDROGÈNE NATUREL, FIN DES GLACIERS ET EXPERTS DES ABEILLES

La science pour éclairer les choix de l'écologie politique.

La réflexion politique pour développer la critique de la science.

Page 16: FV novembre 2015

16

comme la Cordillère des Andes et l'Himalaya. Il va en ré-

sulter de graves conséquences sur l'approvisionnement en

eau de certaines régions du globe, en particulier en Amé-

rique du sud, en Chine et en Inde.

3. Abeilles recherchent experts désespéré-

ment

Un inventaire de toutes les espèces d'abeilles pré-

sentes en Europe vient d'être réalisé dans le cadre de

deux programmes européens de recherche. 1 950 espèces

d'abeilles ont été recensées, dont 400 propres au conti-

nent européen (4). L'idée, c'est de pouvoir évaluer les

tendances (en déclin, stable ou en expansion) des diffé-

rentes populations. On sait que le réchauffement clima-

tique menace d'extinction certaines espèces. Or il n'y a en

Europe qu'une dizaine de taxonomistes (5) spécialisés

dans les abeilles. Les études sont donc très partielles et

elles ne permettent pas d'évaluer les évolutions et les

risques de disparition pour l'ensemble des espèces. (La

Recherche n° 504, octobre 2015, pp. 55-58)

Commentaire : Les abeilles sont essentielles à la

pollinisation de la grande majorité des plantes à fleurs.

Sans elles, la production de fruits et de graines serait limi-

tée ou même impossible. C'est toute la chaîne alimentaire

des écosystèmes qui serait perturbée par leur disparition,

et les animaux et l'homme seraient rapidement touchés.

Il est donc très important de pouvoir faire un état des

lieux de la biodiversité des abeilles pour conduire, dans

un second temps, des politiques efficaces de conserva-

tion de toutes les espèces. Pourtant la taxonomie est

typiquement un travail de recherche fondamentale qui

est en recul dans les programmes scientifiques actuels

en Europe. Il faudrait donc inverser la tendance.

Gérard Mamet

(1) Les dorsales océaniques sont les zones de

séparation des plaques tectoniques océaniques. Les

dorsales, sortes de chaînes de montagnes sous-marines,

sont parcourues par de longues fractures d'où émanent

des « fumeurs noirs », mélanges de gaz comprenant du

sulfure d'hydrogène et de l'hydrogène.

(2) Institut Français du Pétrole et des Énergies

Nouvelles.

(3) Groupe d'experts intergouvernemental sur

l'évolution du climat.

(4) Il y a environ 20 000 espèces d'abeilles dans

le monde, mais on a tendance à ne parler que de

l'abeille domestique : Apis mellifera. Et les espèces euro-

péennes représentent donc moins de 10 % du total.

(5) La taxonomie est une science – branche de la

biologie – qui a pour objet de décrire les êtres vivants et

de les classer en espèces, genres, familles, etc. D'abord

basée uniquement sur des observations empiriques, la

taxonomie moderne fait maintenant appel à la biologie

moléculaire et à la génétique

Europe Ecologie Les Verts de Franche-Comté

(33, Avenue Carnot 25000 Besançon)

Directeur de publication : Gérard Roy

Comité de lecture : Michel Boutanquoi, Gérard Mamet,

Gérard Roy, Suzy Antoine, Françoise Touzot

CPPAP: 0518 P 11003

Maquette : Corinne Salvi Mise en page : Suzy Antoine

Imprimé sur papier recyclé

Par les soins d’Europe Ecologie Les Verts de Franche-Comté

ISSN 1169-1190

Page 17: FV novembre 2015

Mobilisation citoyenne

SARAJEVO : #JASAMMUZEJ !

17

Pas de monnaie, mais... la Haggadah

La dernière fois que je suis allé dans cette ville, j'y

ai visité le Musée national de Bosnie-Herzégovine, ou-

vert en 1913, et ses collections archéologiques, ethno-

graphiques et d'histoire naturelle. Bon, l'ensemble avait

bien un petit côté vieillot et poussiéreux, et l'on subo-

dorait un fonctionnement un peu « artisanal » : la brave

dame qui tenait la caisse m'a laissé entrer gratuite-

ment... parce qu'elle n'avait pas la monnaie à me

rendre !... Mais d'une part, en Bosnie-Herzégovine, il

faut constamment garder à l'esprit (comment faire au-

trement, d'ailleurs, vu l'abondance des traces encore

visibles ?) qu'on est dans un pays non seulement très

pauvre, mais encore et surtout ravagé, de 1992 à 1995,

par une guerre interethnique (certes, il y aurait beau-

coup à dire sur les prétendues « ethnies » de l'ex-

Yougoslavie, mais là n'est pas mon propos) qui l'a laissé

exsangue ; et d'autre part, l'intérêt des collections du

Musée national était suffisamment indéniable pour

qu'on ne se formalise pas de ce qui, chez nous, aurait

passé pour du dilettantisme, voire de l'impéritie. Le

musée abrite, outre une bibliothèque de 250 000 ou-

vrages, plus de 4 millions d'objets venus de toute la Bos-

nie, dont une pièce unique, la Haggadah de Sarajevo,

un manuscrit hébraïque enluminé du 14e siècle prove-

nant sans doute du royaume d'Aragon et auquel est

réservée une salle spéciale.

En octobre 2012, sa subvention de fonctionne-

ment ayant été réduite de 60 % et son personnel ne

pouvant plus être payé, le Musée national de Bosnie a

tout simplement dû fermer ses portes (1). Symbolique-

ment, ses quelque 50 employés (ils étaient 120 avant

1992) ont alors cloué sur lesdites portes deux planches

de bois et déployé une banderole : « Muzej je zatvo-

ren » (Musée fermé). Je vous entends déjà, incrédules :

comment cela est-il possible ? La ou le ministre bosnien

de la Culture est-il encore plus nul que Fleur Pellerin ?

État croupion vs. nationalismes

Il faut savoir que les calamiteux accords de Day-

ton (décembre 1995), s'ils ont mis fin à la guerre, ont

non seulement accordé une sacrée prime aux agresseurs

bosno-serbes, soutenus par la Serbie de Milosevic, qui

ont obtenu 49 % du territoire bosnien, mais ont aussi

figé, fossilisé une situation politique aberrante. La place

me manque pour entrer dans le détail, et tel n'est d'ail-

leurs pas mon but : qu'il suffise de dire que dans la Bos-

nie post-Dayton, et en particulier à Sarajevo, autrefois

modèle de cohabitation harmonieuse (« la Jérusalem

des Balkans »), tout est fait pour enraciner, voire exacer-

ber les divisions ethniques (et même religieuses), pour

qu'on se sente avant tout bosniaque musulman, ou

serbe orthodoxe, ou croate catholique, mais surtout pas

bosnien, surtout pas citoyen de l'État de Bosnie, auquel

ne sont de toute façon conférés que des pouvoirs fort

Le monde est à feu et à sang (si vous avez cinq minutes, comptez donc sur un planisphère le nombre de pays où on ne

se cogne pas joyeusement sur la tronche) ; des centaines de milliers de réfugiés (avant, bien évidemment, des millions

d'autres) fuient la guerre, la dictature, la misère, les folies de moins en moins douces d'un climat déboussolé ; les 1 % les plus

riches posséderont en 2016 plus que les 99 % restants de la population mondiale ; le fanatisme religieux s'en donne à cœur

joie, de Kaboul à Palmyre et de Paris aux confins tchado-nigérians ; populistes et fascistes de tout poil bombent le torse et

voient venir à eux, plus « décomplexée » que jamais, une droite prétendument modérée ; un peu partout, la gauche est en

lambeaux, macronisée ici, mateorenzifiée là ; hébétée, pétrifiée, la communauté internationale - qui est tout sauf une com-

munauté - regarde Poutine recréer, goguenard et cynique, son empire soviétique à lui... Vous en voulez encore ?...

Non, on arrête, et on parle d'autre chose. Par exemple de Sarajevo. Avant de vous récrier, lisez plutôt ce qui suit.

Page 18: FV novembre 2015

limités. Du coup, personne ne se sent responsable ni de cet

État croupion, ni de ses symboles. Le domaine de la culture

(et donc, entre autres, des musées) relevant non de l'État

de Bosnie, mais des « entités » antagonistes affectées par

Dayton aux Serbes d'une part, aux Bosniaques et aux

Croates d'autre part, tous les « responsables » se fichent

donc comme d'une guigne du Musée national, emblème

d'une histoire et d'une mémoire communes, quand ils ne

font pas tout, même, pour dézinguer cette inadmissible

atteinte aux droits des nationalismes les plus obtus (2).

#jasammuzej

Mais j'en arrive - enfin - à la raison pour laquelle j'ai

voulu raconter cette lamentable histoire : le 15 septembre

dernier, le Musée national a rouvert ses portes à Sarajevo.

N'allez surtout pas croire que, soudainement touchées par

la grâce, les canailles qui « administrent », pour leur plus

grand profit financier, ce malheureux pays ont déversé sur

l'auguste bâtiment de l'avenue Zmaja od Bosne des mil-

lions de konvertibilna marka (3). En fait, ce sont les ci-

toyens eux-mêmes qui l'ont rouvert. Déjà, des dizaines

d'employés du Musée, bien que non payés pendant trois

ans, et même pour certains d'entre eux raillés, voire mena-

cés, ont mis un point d'honneur à venir tous les jours l'en-

tretenir et sauvegarder ses collections. Puis une associa-

tion, Akcija (Action), a vu le jour pour les soutenir et popu-

lariser leur résistance à travers une initiative citoyenne

baptisée « Ja sam muzej » (Je suis le musée). Dénonçant la

« honte » de ces trois ans de fermeture et la « mort lente »

qu'ils impliquent, des intellectuels, des artistes, de simples

citoyens occupent donc le musée, promettant d'y rester

tant qu'une solution durable n'aura pas été trouvée.

Et maintenant ? Un nouveau ministre des Affaires

civiles (4), plus « conciliant » que le précédent (un Bosno-

Serbe particulièrement peu soucieux d'unité nationale), a

déclaré vouloir chercher un financement ; idem pour la

Fédération de Bosnie-Herzégovine (l'une des « entités »

évoquées plus haut) et le canton de Sarajevo (l'un des dix

constituant ladite Fédération). Rien n'est définitivement

acquis, donc.

Il n'empêche. Dans un monde où les nouvelles

réconfortantes se comptent annuellement sur les doigts

d'un manchot et où la culture, livrée aux commerçants et

aux pipoles, constitue le dernier souci des responsables

politiques, cette mobilisation de citoyens pour un motif

culturel, qui plus est dans un pays rongé par le chômage, la

corruption, les haines ethniques et l'absence de perspec-

tives un tant soit peu porteuses d'espoir, m'a paru digne

d'être racontée. Ce sont de petits riens comme celui-là qui,

me semble-t-il, empêchent d'être totalement désabusé.

Gérard Roy

(1) Ce qu'il n'avait pas fait même au plus fort du siège

de Sarajevo par les soudards de Mladic et de Karadzic.

(2) S'il est le plus parlant, le cas du Musée national

n'est pas unique : six autres institutions culturelles sont

également laissées en déshérence, pour les mêmes rai-

sons !

(3) La Bosnie-Herzégovine a pour monnaie le mark

convertible, d'abord indexé sur le mark allemand, puis sur

l'euro.

(4) Ministère fourre-tout...

18

Page 19: FV novembre 2015

19

Une entrée récente dans la société de con-

sommation

Lorsqu'en mai 1942, les Américains débarquent à

Wallis en pleine guerre du Pacifique (voir La Feuille Verte

de septembre), les habitants vont découvrir ce que con-

sommer veut dire. Jusqu'alors, la plupart d'entre eux vi-

vaient de cultures vivrières, d'élevage et faisaient du troc

pour acquérir ce qu'ils ne pouvaient fabriquer eux-

mêmes. Plus d'un Wallisien, paraît-il, a utilisé les jolis

billets verts que leur offraient, contre un travail, les sol-

dats américains... pour se rouler une bonne cigarette !

Les boîtes de corned beef, les cannettes de Coca et

les bouteilles de whisky furent les premiers déchets non

organiques à grande échelle sur l'île.

Il faut attendre les années 60 pour qu'une écono-

mie monétaire s'installe vraiment sur l'archipel avec la

mise en place de services par l'administration et le déve-

loppement du salariat.

La télévision et ses pubs font leur entrée dans les

fale en 1984 seulement.

Mais les modes de vie ont évolué très rapidement

au cours des vingt dernières années et les déchets se sont

accumulés, constituant aujourd'hui une petite bombe à

retardement dont peu d'habitants semblent avoir cons-

cience.

Un triste état des lieux

Ici, c'est le Service de l'Environnement, placé sous

la responsabilité du Président de l'Assemblée Territo-

riale, qui gère les déchets, leur collecte et leur destruc-

tion dans un « casier » à ciel ouvert, conçu sans pro-

tection de la nappe phréatique et situé à quelques

centaines de mètres du bord de mer. Il s'agit du

Centre d'Enfouissement Technique (CET), grande dé-

charge fumante, puante et infestée de mouches,

comme il n'en n'existe plus guère que dans certains

territoires d'Outre-Mer, j'imagine…

Un début de tri commence à s'opérer - verre,

cannettes, bouteilles plastique -, mais les points de

dépôt existants ne sont pas connus des habitants (il

faut dire que certains sont soigneusement cachés !) et

ne sont pas vidés régulièrement. Batteries, huiles usa-

gées, piles, encombrants et déchets verts peuvent

aussi être amenés au CET, mais l'habitude est loin

d'être prise.

Plus grave : les déchets, et surtout les déchets

dangereux, s'accumulent. 150 tonnes de batteries,

100 000 litres d'huile sont stockés au CET et atten-

dent... des jours meilleurs ! Ils ne peuvent être retrai-

tés ni sur place, faute de moyens et de volume suffi-

sant à terme, ni ailleurs : la Convention de Bâle relative

au transport des déchets dangereux l'interdit. Nouméa

serait pourtant en mesure de retraiter tout cela...

De la Franche-Comté à Wallis-et-Futuna

PETITE CHRONIQUE WALLISIENNE (4)

Installée depuis mai 2015 sur l'archipel français plutôt méconnu de Wallis-et-Futuna, je propose aux lecteurs

de La Feuille Verte de découvrir avec moi quelques-uns des aspects de ces îles attachantes, souvent aux antipodes

(pas seulement géographiques) de nos réalités métropolitaines. Et pourtant il est frappant de constater qu'au-delà

des différences, ce sont bien les mêmes enjeux économiques, écologiques, culturels qui se posent ici et là-bas.

Petit focus ce mois-ci sur la question des déchets et de leur gestion à Wallis.

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Quelques espoirs :

Bref, tout reste à faire et beaucoup d'attentes repo-

sent sur un programme européen, INTEGRE (Initiative des

Territoires pour la Gestion Régionale de l'Environnement),

qui concerne quatre territoires français du Pacifique, dont

Wallis-et-Futuna. Des moyens supplémentaires entre 2013

et 2017 permettront – peut-être - d'avancer sur cette

question, mais aussi sur d'autres préoccupations pour l'en-

vironnement (qualité des eaux, protection du littoral).

Julie Petit, dynamique coordinatrice de ce pro-

gramme dans l'archipel, ne désespère pas et note

quelques avancées récentes :

- l’'acquisition d'une compacteuse, qui permet de

réduire le volume des cannettes et bouteilles plastique

pour en faciliter le transport quand une solution sera trou-

vée ;

- les initiatives des établissements scolaires pour

sensibiliser les jeunes à cette question ;

- les décisions prises à l'Assemblée Territoriale de

fermer le casier actuel et d'en ouvrir un autre,

étanche et construit à partir de matériaux locaux,

ainsi que d'ajouter des points d'apport volontaire

sur tout le territoire.

L'essentiel du travail me paraît la sensibilisation

des Wallisiens, jeunes et moins jeunes. Utiliser les

poubelles d'abord, trier puis recycler ensuite. Nous

avons d'ailleurs un allié inattendu dans cette néces-

saire prise de conscience : le pape François en per-

sonne (!) car son encyclique Laudato si’ sur l'écologie a

été reçue 5 sur 5 par quelques responsables de la

Direction de l'Enseignement Catholique (DEC), qui gère

ici tout l'enseignement primaire. Avec quelques amis

de l'Association culturelle Café Falé, nous allons profi-

ter de cette ouverture pour proposer des animations

en milieu scolaire.

À suivre…

Françoise Touzot

Régionales encore !

Le 10 octobre, Marie-Claire Thomas, tête de liste

pour la Haute-Saône, avec les opposants à la carrière

de Ternuay.

Brigitte Monnet, tête de liste pour le Jura, à

Dole, le 12 octobre, pour la conférence de

Philippe Meirieu.

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33, Avenue Carnot / 25000 Besançon / 03 81 81 06 66 / http://franchecomte.eelv.fr/

Régionales toujours !

Cécile Prudhomme, Emma Cosse, et

Jean Massé le 7 octobre dans

l’Yonne.

Jean Siron, tête de liste pour le Territoire-de-

Belfort, et Cécile Prudhomme, le 10 octobre à

Belfort à l’occasion des Biotonomes.

Cécile Prudhomme et Alain Fousseret, vice-

président des transports au Conseil régional,

lors de la manifestation pour le maintien de la

ligne Paris-Mulhouse à Vesoul le 10 octobre.

Cécile Prudhomme et Marie-Claire Thomas,

tête de liste pour la Haute-Saône, lors de

cette même manifestation.