fv juin 2015.pdf
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J 180
Dans six mois, deux vnements vont nous mobili-
ser : les lections rgionales des 6 et 13 dcembre et la
COP 21, au dbut du mme mois, Paris.
La nouvelle grande rgion Bourgogne Franche-Comt
est prte pour les rgionales : nos adhrents ont massive-
ment vot pour une stratgie d'autonomie puis ont choisi leur
tte de liste, Ccile Prudhomme. La rflexion sur le pro-
gramme et la constitution des listes dpartementales sont
bien engages.
Aux niveaux national comme rgional, des initiatives
fleurissent autour de la COP 21. Au cours du dernier Conseil
fdral, la campagne Je sauve le climat a t lance (1).
Pour les cologistes, la conjonction de ces deux vne-
ments doit tre une formidable occasion de faire avancer nos
propositions, de valoriser l'action de nos lus, de montrer la
mobilisation sur le terrain des militants et des associations,
bref de montrer que l'espoir est possible.
Pour les cologistes, c'est un double dfi. Le drgle-
ment climatique n'est plus contest mais reste encore
quelque chose d'abstrait pour la majorit de nos conci-
toyens ; il faudra donc montrer comment, concrtement,
toutes les chelles (de l'individu la plante), la transition est
possible, et qu'elle est porteuse d'un nouveau souffle pour
notre modle social surann. Il nous faudra aussi convaincre
que les cologistes sont les seuls avoir un projet cohrent,
qu'ils sont les plus mme de le mettre en uvre, en un mot
qu'il vaut toujours mieux choisir l'original (nous) la copie
(tous les partis qui verdissent plus ou moins leurs pro-
grammes sans pour autant remettre en cause le mythe d'une
croissance ternelle).
Avec les ONG de l'environnement, les lus, nos candi-
dats aux Rgionales runis autour de Ccile, avec tous les
militants cologistes, favorisons pour le climat la mobilisation
citoyenne la plus large possible !
(1) http://jesauveleclimat.org
JUIN 2015 / n208 / 1,70
Corinne Tissier
et Bernard Lachambre
Cosecrtaires EELV
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CHARLIE... ET NOUS
Sommaire
2
P 1 : Edito
P 2 : Charlie et nous
P 3 : Rpondre la demande dcologie
P 4 : Conseil fdral des 9 et 10 mai 2015
P 5 : Pierre et Vacances : Center parcs
P 7 : Rforme du collge
P 9 : Sant au travail
P 11 : Science et cologie
P 12 : Comment recevoir La Feuille Verte?
P 13 : demandeurs dasile : bilans 2014
P 15 : Les humains sont des migrants
P 17 : Bulletin dadhsion
P 18 : Les Jeunes cologistes en mai
Vous l'avez sans doute remarqu : depuis
quelques numros, votre Feuille Verte ne publie plus de
dessins de Charlie Hebdo. L'explication est simple et n'a
videmment rien voir avec quelque fcherie ou d-
saccord que ce soit.
Depuis de longues annes,
nous avions l'autorisation de
l'quipe de Charlie de reproduire
des dessins, condition bien sr
d'en indiquer la provenance et de
rappeler ladite autorisation.
(Reconnaissons que nous avons,
pendant un certain temps, oubli
de respecter cette obligation si-
non lgale, du moins morale).
Depuis les tragiques vnements de janvier der-
nier, la situation a chang au sein du journal satirique,
et l'une des membres de la rdaction nous a fait sa-
voir que les nouveaux propritaires de Charlie (entre
autres, la famille de Charb) ne suivraient peut-tre
pas les mmes rgles et que nous
devions donc redemander aux di-
vers dessinateurs leur permission
de publier leurs dessins. Ce que
nous avons fait.
Tous n'ont pas encore rpon-
du, mais d'ores et dj, Riss et Gros
nous ont donn leur autorisation,
ce dont nous les remercions.
partir de ce numro de juin, vous
retrouverez donc dans La Feuille
Verte des dessins de ces deux piliers de Charlie, en
attendant esprons-le que nous puissions en pu-
blier d'autres.
Le CLFV
Dessins
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3
Rpondre la demande dcologie
DONNONS-NOUS LES MOYENS !
D'abord, un grand merci tous ceux et celles qui
m'ont permis dtre la tte de liste d'ELV aux Rgionales
de dcembre 2015. Merci dautant plus qu'en me choisis-
sant, vous avez t acteurs de la vitalit dmocratique de
notre parti, qui dfend le renouvellement et la parit.
Bref, chez ELV, nous sommes capables de traduire en
actes nos discours. On le dit, on le fait et on avance !
Saisissons cette occasion
pour aller convaincre les lecteurs
quil faut changer de modle de
socit, que lon doit consommer
autrement, produire diffremment,
lutter contre les grands projets inu-
tiles, et que nous, cologistes, qui
dfendons depuis si longtemps ces
ides, sommes une alternative cr-
dible.
Utilisons cette campagne
des rgionales pour par-
ler du sommet mondial sur les changements clima-
tiques, et utilisons cette COP 21 pour dfendre les ques-
tions de socit sur lesquelles nous avons raison depuis
40 ans. Le changement climatique est luvre et les
modifications sont aujourdhui visibles par tous. On a
dj gagn 1C depuis les annes 70, soit l'quiva-
lent d'une diminution de 150 mtres d'altitude, ce qui
fait que lenneigement en moyenne montagne a dimi-
nu, que les picas ont pratiquement disparu du Haut-
Doubs, que les vendanges ont lieu 2 3 semaines en
avance, que les moissons se font plus tt durant lt,
que les fruits sont prts pour les confitures beaucoup
plus tt dans lanne, etc., etc. Les tempratures ac-
tuelles Besanon ou Dijon sont celles qui prvalaient
Bourg-en-Bresse ou Mcon il y a 30 ans. Tous ces
exemples trs concrets doivent nous servir pour mon-
trer que nous sommes bien ancrs dans le rel et au
fait du vcu des citoyens, notamment ceux des terri-
toires ruraux.
Une de nos priorits dans cette campagne
devra porter, justement, sur ces territoires ruraux, o
nous ne sommes pas encore suffisamment compris et
considrs, pour lesquels nous avons pourtant des solu-
tions en matire demploi, dagriculture, de dveloppe-
ment du numrique, etc.
Nos autres priorits seront entre autres la dfense
des besoins fondamentaux pour
tous les citoyens, en luttant
contre la prcarit nergtique,
pour une nourriture saine acces-
sible tous, des transports de
proximit qui maillent le terri-
toire et enfin le maintien dun
service au public sur toute la
grande rgion. Pour cela, ap-
puyons nous sur la transition
cologique.
Ensemble, concentrons-nous sur une cam-
pagne de terrain, qui nous permette de rencontrer et
de rveiller la conscience cologiste des
Bourguicomtois .
Cest parti : nous avons six mois pour crer lv-
nement. Nous serons au rendez-vous, chacun aura sa
place, chacun pourra apporter sa pierre, mme mo-
deste, l'difice. Faisons-nous plaisir et... haut les
curs !
Ccile Prudhomme
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4
Conseil fdral des 9 et 10 mai 2015
DCALAGES ET MAJORITS
Lors des runions du Conseil fdral d'ELV, je
suis toujours, mme aprs toutes ces annes, surpris des
dcalages.
Dcalage positif entre limage dincohrence re-
laye par les mdias sur notre mouvement et la plutt
bonne cohsion interne qui sexprime lors des votes : il y
a toujours quelques motions votes lunanimit et g-
nralement, les majorits sont assez larges.
Dcalage ngatif entre la qualit des changes en
atelier ou en petits groupes et lindigence dun grand
nombre dinterventions en tribune. Merci ceux et celles
qui font leffort de prparer leur intervention et de pro-
duire des arguments : en ce sens, la premire interven-
tion devant les conseillers (ires) fdraux (rales) de
notre dsormais tte de liste burgondo-comtoise aux
Rgionales fut plutt un exemple suivre.
Un des sujets abord ce CF tait le projet de loi
sur le renseignement. Les dbats se sont organiss sur la
base dun texte intitul Loi renseignement : un blanc-
seing liberticide . Ce texte, adopt une large majorit
malgr les interventions tristement truculentes (je me
pique de placer un petit oxymore de temps en temps) de
Jean Desessard, invite nos snateurs et -trices rester en
cohrence avec la position du parti.
Impossible cependant de faire limpasse sur le
vote de nos dput(e)s lAssemble nationale, qui, sur
ce projet de loi, se sont diviss. Pour la premire fois, les
coprsidents du groupe ELV, Franois de Rugy et Barbara
Pompili, nont pas suivi la position majoritaire (au bout du
compte : 11 contre, 5 pour et 2 abstentions). Sur le fond,
le rapport de certains et certaines parlementaires (ouf !
un terme unisexe !) avec le parti ELV devient de plus en
plus problmatique et les ples explications de vote don-
nes par de Rugy (qui a nanmoins fait leffort de sadres-
ser notre noble Assemble fdrale) ny changent
rien. Le dernier mot sur ce sujet revient peut tre
une autre dpute, Danielle Auroi, qui a conclu son
intervention en disant : Si je suis dpute, cest aus-
si parce que mon parti ma dsigne. Sans tomber
dans une logique de mandat impratif, il nest pas
exagr de rappeler, toujours les mmes certains et
certaines, qui les a fait roi ou reines
Lautre grande affaire du week-end tait
llection de nos ttes de listes rgionales pour les
lections de dcembre. Nous tions amens nous
prononcer sur 3 scnarios ; de manire un peu sur-
prenante, le vote fut acquis ds le premier tour avec
une majorit de plus de 60 % des suffrages exprims
(et chez ELV, les votes blancs sont compts). Pour
notre Franche-Bourgogne, Ccile Prudhomme est
dsormais promue au rang de grande leader
(leadeuse ?) charismatique. Plus srieusement, elle
saura, grce aux qualits que nous lui connaissons,
impulser une campagne vivante, crative et dyna-
mique et rassembler les militants z'et militantes de
notre grande rgion.
Ce week-end fut galement celui du lance-
ment de notre campagne Je sauve le climat en
prvision de la prochaine COP 21 Paris. Cette cam-
pagne sera europenne (#parismoment), nationale
(#jesauveleclimat) et surprenante grce la cam-
pagne spcifique des Jeunes cologistes ( Chaud
devant ).
Dautres motions ont galement t tudies
et adoptes : sur la dfense et la rnovation des ser-
vices publics, le droit de vote des trangers, la condi-
tion animale, etc.
Ce parti est beaucoup plus rsilient que dau-
cun(e)s le croient ou le souhaitent ; nous sommes au
travail, prsents et dtermins faire vivre lcologie
politique.
Philippe Chatelain
(toujours pas dsabus !)
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5
Pierre et Vacances, Center parcs
MANIFESTE (1)
Dans le cadre de latelier Stratgies de dvelop-
pement local, voici notre rflexion issue de la lecture de
l'tude de rversibilit (mars 2015). Nous sommes au-
del des donnes et impacts conomiques, sociaux, co-
logiques, mais bien sur la philosophie qui prside au
projet de Center Parcs.
La lecture attentive du chapitre Environnement
actuel et prospective claire ce qui sous-tend le projet :
une idologie, selon laquelle Pierre et Vacances saffirme
comme sauveur du Jura. Autrement dit, la religion de la
possibilit, ici et maintenant, dachat du bonheur parfait,
et mieux encore du paradis perdu.
Le tourisme industriel qui se substituerait la
ploucquerie rurale des Jurassiens est proprement
suffisante et scandaleuse. Dune part, elle nie les spcifi-
cits de la vie simple et naturelle des Jurassiens, dautre
part, elle sarticule sur les lois conomiques de loffre et
de la demande, cruellement destructrices du bien com-
mun.
Le loisir marchandise est un dogme qui orga-
nise industriellement la vie prive des personnes.
Exemples :
- le cur du village, temple de la consom-
mation permanente ;
- la recherche effrne du plaisir obliga-
toire ;
- lAquamundo, cathdrale des croyances
hdonistes ;
- la nature, domestique, sans risque et
sans danger, lusage de chacun.
Pourquoi cette prtention, cette posture du
sauveur ? Pourquoi nous imposer une nouvelle cul-
ture ? Nous, Jurassiens, de quoi sommes-nous me-
nacs ?
QUELLE VISION DU MONDE ?
la demande de la socit Pierre et Vacances et des collectivits porteuses du projet (Conseil
dpartemental du Jura, Conseil rgional de Franche-Comt, communaut de communes du Comt de
Grimont, commune de Poligny), un dbat public national se droule en ce moment sur le projet de Cen-
ter Parcs Poligny.
L'association Pic noir, cre en mars 2014, se positionne comme force de protestation contre ce projet.
Un gros travail a t fait par les adhrents, au nombre de 600 environ ce jour. L'une des tches con-
siste se prparer intervenir au sein du dbat public, ce qui occupe normment les volontaires.
Au sein du Pic, nous mettons nombre d'objections au projet, qui interroge en matire d'utilisation de l'argent public, de
sous-emploi, de consquences sur l'environnement et de bouleversement de la vie quotidienne des habitants du territoire. Ce-
pendant, nous savons que Pierre et Vacances aura les rponses techniques pour amliorer le modle qu'il propose.
C'est oublier le sens politique de ce projet : quelle vision de la socit nous offre Pierre et Vacances ? Un univers consum-
riste, une nature domestique, sans danger, une culture artificielle, telle que vous la trouverez dcrite dans le document en
ligne sur le site du Dbat public : tude de rversibilit (http://cp-poligny.debatpublic.fr/sites/debat.cp_poligny/files/
etude_de_reversibilite_cp_poligny_v5m.pdf)
C'est avant tout cela que le Pic noir rfute.
C'est l'objet de ce Manifeste, rdig par cinq crivains locaux et lu haute voix par Marie-Odile Mainguet et Vronique
Guislain pendant le premier atelier du dbat public dont le sujet tait : Stratgies de dveloppement local .
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Le Jura, par son hritage, possde dauthen-
tiques capacits faire vivre le pays par lui-mme.
Nous ne voulons pas oublier la rsonance des
penses de Proudhon, Fourier, Considrant et Victor
Hugo.
Coopratives, transmission des savoirs, mutuali-
sation et solidarit, dont lexemple phare est la Fraternelle
Saint-Claude, sont ancrs dans la mmoire commune et
patrimoniale des Jurassiens. Ces forces nous portent et
prouvent, encore maintenant, nos capacits de crativit
collective, la mesure de nos propres besoins. Nous refu-
sons de les voir galvaudes travers le prisme idologique
du plaisir obligatoire, accessible par une consommation
incontournable et impose.
Avons-nous vraiment besoin de projets cono-
miques imports clefs en main ? Ainsi, le projet Center
Parcs nest-il pas de vouloir sapproprier ces valeurs et par
l mme nos richesses ?
Comtois, rends-toi ! - Nenni, ma foi !
Les besoins des nouveaux vacanciers
(daprs ltude Horwath HTL)
Citons (p. 1 : Demande accrue de confort, de-
mande accrue desthtique, demande ludique, demande
festive, demande dmotions, hliotropisme.
Do tenez-vous ces donnes dexigences contem-
poraines, sur quelles tudes vous appuyez-vous, cabinet
Horwath ? Les vacanciers n'ont-ils pas envie aussi de
simples plaisirs culturels : bibliothque, causeries... ?
N'est-ce pas un devoir pour une entreprise qui se reven-
dique de l'conomie sociale et solidaire de proposer des
moments simples de convivialit et de culture gratuits ?
Ce qui nous interpelle et nous offusque dans ce
document, cest lusage de paradoxes, damalgames, de
dtournements de sens, voire de propos dnus de sens,
qui tentent de cacher cette vritable idologie du loisir
industriel.
Citons quelques exemples :
- p. 17 : contradiction et confusion entre satisfaire
le besoin dindividualisme et les bienfaits de la collectivi-
t : consommer sans aucune contrainte, quasiment en
libre service ses temps et ses espaces de loisirs, mais sans
pour autant renier les bienfaits de la collectivit et en par-
ticulier sa convivialit (...) la demande de scurit est de
deux ordres : la nuisance lie la vie collective et celle lie
la sant individuelle (?)
- p. 18 : fminisation de la socit, avec elle la
prise en compte des clientles enfants se poursuivra et
saffinera (?) On comprend que la femme est rel-
gue sa seule double fonction congnitale de ma-
trice et de nounou.
- p. 24 : que signifie la notion de tourisme
affinitaire ?
Est-ce que ladaptation des conditions du tou-
risme rural aux exigences du vacancier consumriste
ne signifie pas faire disparatre, in fine, lidentit de la
ruralit ? Nest-ce pas rvlateur du ddain de la cul-
ture rurale ? Jura ploucs
Pourquoi utiliser des mots anglais : Center
Parcs, cottage ? Ces mots ne vhiculent-ils pas une
connotation du concept de vente l'amricaine, le
marketing ?
En guise de conclusion, une autre vision
du monde et de la vie :
Voici les charmes de la visite, voici les htes,
Voici le plaisir daccueillir,
Voici les motions de la dcouverte,
Voici loisivet nonchalante,
Voici la lenteur,
Voici la nature,
Voici la contemplation,
Voici les heures de mditation,
Voici les dsirs dailleurs,
Voici le droit de rver.
Avec le moraliste Jean de La Fontaine : Le cor-
beau et le renard, ou le comble du culot.
Eh ! Bonjour, Monsieur le Maire,
Que voil une jolie fort, comme ce lieu me
semble beau !
Sans mentir ,je vous lachte
Si vous trouvez assez dargent public, pour que
je puisse traiter laffaire.
Vous avez bien compris que votre vision du
monde, du bonheur, du tourisme nous est insuppor-
table et motive notre opposition au projet.
Vronique Guislain, Marie-Odile Main-
guet, Attale Mottet, Etienne Canale, Christian
Boisson
(1) Note du Comit de lecture : Nous avons
estim que ce Manifeste avait toute sa place dans La
Feuille Verte. Dans l'immense majorit des cas, les
auteurs des textes qui nous sont proposs acceptent
de revoir leur crit en s'appuyant sur les indications
du CL pour le rendre plus lisible. Cela n'a pas t le
cas cette fois-ci : nous le regrettons.
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7
Cette question tait pose aux internautes qui,
le 14 mai dernier, allaient sur le site de L'Est Rpublicain.
Rponse : 80 % contre, 20 % pour.
Je suis persuad que la majorit des personnes qui se
sont prononces contre l'ont fait en fonction de certains
points qui n'ont rien voir avec la rforme des collges .
En effet, il ne faut pas confondre la refonte des pro-
grammes, qui doit entrer en vigueur au mme moment
que la rforme du collge, en septembre 2016, avec
cette dernire. La refonte des programmes concerne les
contenus alors que la rforme du collge s'attaque, elle,
la forme (marge d'autonomie, accompagnement per-
sonnalis, enseignements interdisciplinaires, etc.).
La refonte des programmes est engage depuis
2013. Elle a t pense par une instance indpendante
compose d'experts et de parlementaires : le Conseil
suprieur des programmes. Ces nouveaux programmes
seront amends aprs consultation des enseignants le 12
juin.
Ce sont essentiellement certaines dispositions concer-
nant les programmes qui ont dclench de multiples
ractions ces dernires semaines : les craintes sur la dis-
parition du latin et du grec, la baisse du nombre des
lves tudiant la langue allemande, la suppression des
classes bilangues.
Si ces diffrents points mritaient explications et
changes, d'autres, comme le prtendu enseignement
de l'islam au dtriment de celui du christianisme, ont t
pour certains politiques l'occasion de jouer sur les
peurs. Il faut le dire et le rpter : oui, l'islam est
dj enseign aujourdhui au collge, de mme que
le christianisme et le judasme. Dans les nouveaux
programmes, afin de respecter un ordre chronolo-
gique, le christianisme sera enseign en 6e, l'islam
en 5e.
Cela fait 20 ans que l'on parle de la r-
forme du collge et pendant ce temps, les valua-
tions internationales qui se suivent montrent que les
lves ont rgress en franais, en mathmatiques
et en histoire.
Avec la rforme du collge, le tronc commun sera
renforc par les enseignements complmentaires,
qui sont au cur de la nouvelle organisation. Ils
devraient permettre aux lves de donner plus de
sens ce qu'ils apprennent ; aujourd'hui, les cours
sont trop saucissonns, sans forcment des liens les
uns avec les autres.
Ces enseignements prendront la forme soit de
temps daccompagnement personnaliss , soit
d enseignements interdisciplinaires . Pour ces
derniers, les lves travailleront en petits groupes
sur des thmatiques transversales. Huit thmes au
choix ont t dfinis : dveloppement durable ;
information, communication et citoyennet ;
langues et cultures de lantiquit ; langues et cul-
tures trangres ou rgionales ; monde conomique
Rforme du collge
ET VOUS, VOUS TES POUR OU CONTRE ?
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8
et professionnel ; corps, sant, scurit ; culture et cra-
tion artistiques ; sciences et socit. Les lves en sui-
vront au moins deux par an. Chaque tablissement dis-
pose dune marge de manuvre de 20 % de son temps
denseignement pour se consacrer ces modules.
Il faut aussi remdier au constat que le col-
lge actuel est trop uniforme pour apporter des solu-
tions tous les lves. Rsultat : 140 000 d'entre eux
quittent le collge aujourd'hui sans diplme.
La rforme en cours permettra de consacrer du temps qui
tienne compte de la spcificit des lves pour favoriser
une plus grande russite.
L'accompagnement personnalis aidera tous les lves
avoir une mthode pour apprendre, rviser, prendre des
notes.
Les conditions de travail des lves seront galement
amliores, avec la mise en place d'une pause mri-
dienne de 90 minutes, qui pourra servir aussi, comme le
souligne le prsident de la FCPE, de temps ducatif pour
dvelopper une vie collgienne .
Enfin le nombre d'heures de cours sera limit 6 par jour.
Aujourd'hui, il arrive que des lves de 11 ans passent
une journe avec 8 heures de cours.
On doit admettre que certains points seront sans
doute dlicats mettre en uvre et lgitiment les
craintes soulevs par les enseignants. La mise en place de
l'aide personnalise et celle des enseignements interdis-
ciplinaires demanderont du temps et des moyens. De
plus, l'interdisciplinarit est une vritable rvolution cul-
turelle : peu de professeurs la pratiquent aujourd'hui.
Autre crainte exprime : le dveloppement dune offre
ducative gomtrie variable un collge plusieurs
vitesses , plus ingalitaire encore quil ne lest aujour-
dhui.
Mais le projet de rforme n'a pas t pondu par
un groupe d'experts de l'ducation nationale. Le Minis-
tre l'a construit en concertation avec les syndicats et les
associations de parents d'lves. Ce projet a t d'ailleurs
largement approuv, avec 51 voix pour et et 25 contre,
par le Conseil suprieur de l'ducation, o les
organisations syndicales reprsentent 48 siges sur 97.
L'UNSA et le SGEN-CFDT ont vot pour, la FSU, FO, la CGT,
Sud et le SNALC ont vot contre. Les lycens de l'UNL et
les tudiants de l'UNEF ont vot pour. Chez les parents
d'lves, la FCPE a vot pour et la PEEP s'est abstenue.
Pour la PEEP, il faut noter que cette association, que l'on
classe plutt droite, a tenu son Assemble gnrale le
14 mai. La ministre Najat Vallaud-Belkacem tait pr-
sente et n'a pas eu regretter son dplacement, car non
seulement elle n'a pas eu subir de hues ou de sifflets,
mais elle a mme t applaudie, et la prsidente de la
PEEP, Valrie Marty, a dclar au journal Libration :
Elle a su faire de la pdagogie sur la rforme du collge
en apportant beaucoup de rponses aux dlgus pr-
sents.
Comme l'a soulign ladite prsidente en
cette mme occasion, le gros problme de la France,
c'est que la question de l'ducation est trop politique,
avec des postures qui se dressent les unes contre les
autres. Le dbat devrait tre plus serein et l'cole prser-
ve .
La droite, qui n'a rien fait sur ce sujet pendant 10 ans,
s'est empare de ce projet de rforme. Il faut bien le
reconnatre : pour le moment, elle gagne la bataille de la
communication.
Ira-t-elle jusqu' mettre un million de personnes dans la
rue et entraner le retrait du projet ? Certains le crai-
gnent, car l'ducation est un thme trs sensible pour
l'ensemble des Franais, et quelle merveilleuse opportu-
nit pour la droite quelques mois des lections rgio-
nales !
Ce ne serait pas seulement le PS qui payerait alors l'addi-
tion : nous en subirions les consquences, nous aussi qui
soutenons cette rforme. Nos lus nationaux sont mon-
ts au crneau pour la dfendre ; il est important que
nous les relayions au plan local.
Grard Pavageau
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9
LES RAVAGES PSYCHOLOGIQUES DE LA CRISE
Sant au travail
L'Est Rpublicain du 8 mai a fait tat de l'viction
d'une mdecin du travail aprs une lettre qu'elle avait
envoye la direction de la Direccte (1) alertant celle-ci
sur la souffrance au travail de ses employs.
Mme Margaret Moreau, mdecin du travail, a t
confronte de nombreux cas de dpression et de
burn-out chez les employs de la Direccte. Les person-
nels qui consultaient taient souvent en larmes dans son
cabinet. Elle a fini par adresser une lettre d'alerte au di-
recteur, en dcembre 2014, tout en respectant le secret
mdical.
Chmage d'un ct, burn-out de l'autre
Logiquement, le directeur rgional aurait d pren-
dre en considration les propositions du mdecin du tra-
vail et, en cas de refus, en faire connatre les raisons. Au
contraire, le directeur de la Direccte a contest les dci-
sions du mdecin du travail et s'est adress la direction
du service de sant interentreprise pour obtenir le chan-
gement de Mme Moreau.
Cette affaire est emblmatique de la situation co-
nomique d'aujourd'hui, dans une socit dirige par les
marchs financiers : d'un ct, de plus en plus de ch-
meurs, et de l'autre, des employs pressurs, harcels qui,
trop souvent tombent dans le burn-out. Voil les rsultats
des mots d'ordre de ce libralisme sans complexe : con-
currence, comptitivit, productivit
C'est aussi la sacrosainte comptitivit qui a
amen le gouvernement Valls faire des conomies sur
les finances publiques, remettre en cause le droit du
travail par les lois Macron et mme maintenant sacrifier
l'inspection et la mdecine du travail pour la plus grande
satisfaction du Medef.
Le chmage, mise mort sociale
Il faut absolument lire le livre de Claude
Halmos (2) sur les souffrances psychologiques engen-
dres par la crise. Elle a une analyse bien documente
des consquences du chmage, qu'elle qualifie de
mise mort sociale . Pour elle, non seulement le
chmage empche un tre humain de mettre en
uvre les moyens pour subvenir ses besoins et
ceux de sa famille , mais il donne aussi d'emble
une image particulirement dvalorisante dans la
socit.
Le chmage en effet est une ralit meur-
trire, une ralit qui tue. Qui ne tue pas toujours les
personnes, mais qui tue toujours leur vie. Leur vie pas-
se : celle qu'elles avaient avant de devenir des
chmeurs. Et leur vie future : celle qu'elles esp-
raient. (3)
Claude Halmos explique qu'il faudrait distin-
guer, dans les effets du chmage, l'angoisse et la peur.
La peur est parfaitement justifie parce que le ch-
mage n'pargne aucun secteur et parce que ses con-
squences peuvent se rvler dramatiques. Contraire-
ment la peur, l'angoisse pourrait tre vite parce
que c'est une construction imaginaire. Elle peut ren-
voyer l'ide d'une punition et peut donc conduire
une forte culpabilit. C'est une des raisons du repli sur
eux-mmes, si frquent, de ceux qui ont perdu leur
emploi.
Dans ces conditions, on comprendra que
l'intensification du contrle des chmeurs est particu-
lirement mal venue. C'est pourtant ce que vient
d'annoncer (le 19 mai) le ministre du Travail, Franois
Rebsamen, prtextant que les 350 000 emplois
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10
vacants le seraient parce que les chmeurs ne recherchent
pas assez activement un emploi.
Les syndicats ont rpondu d'abord que ce chiffre
tait contestable - ce n'est qu'une valuation -, que sou-
vent les emplois vacants sont des emplois prcaires, mal
pays, CDD trs courts, emplois saisonniers, etc., aux con-
ditions de travail dplorables. Et qu'enfin, 350 000 emplois
vacants pour 5,5 millions de personnes inscrites Ple Em-
ploi, a ne fait qu'une offre d'emploi pour 15 deman-
deurs
De la souffrance au travail
En fait, c'est bien mal connatre les chmeurs que
de penser qu'ils seraient tout contents de profiter de leur
oisivet ou qu'ils se gobergeraient aux frais de la soci-
t (4). L'auteur dcrit les tapes d'une sorte de descente
aux enfers, qui commence l'annonce du licenciement, qui
continue par l'inscription Ple Emploi et qui va souvent
jusqu'au dsespoir des fins de droits.
Mais les effets de la crise se font sentir bien avant
un ventuel licenciement. Les difficults commencent ds
la sortie du systme scolaire, puisque le premier emploi
devient un horizon qui s'loigne et que, quand un tra-
vail se prsente, le choix devient : C'est a ou rien ! . Ce
qui conduit souvent les jeunes construire leur vie so-
ciale sur le cadavre de leurs rves et de leurs projets d'ave-
nir .
Dans l'entreprise, ensuite, la peur de perdre son
emploi conduit certains salaris, surtout les cadres, un
comportement appel prsentisme : un temps de pr-
sence trs important au travail pour montrer l'employeur
qu'on est disponible. Consquences : l'homme ou la
femme rentre la maison tendu, fatigu, stress, avec de
graves consquences sur la vie familiale.
Il faut dire aussi que certains dirigeants d'entre-
prises publiques ou prives profitent du chantage au
chmage pour mettre la pression sur leurs salaris et
obtenir toujours plus de rendement. D'o les cas de
burn-out et mme de suicide observs, par exemple,
France Tlcom, il y a quelques annes.
Mais le livre de Claude Halmos se termine sur le
refus de la fatalit. Cette crise, on ne peut peut-tre
pas la faire disparatre, mais on peut, en cessant seule-
ment de la subir et en la combattant, faire disparatre
nombre de souffrances psychologiques qu'elle suscite,
nombre de dpressions qu'elle provoque. Et on le peut
en combattant, en s'unissant, en rsistant. Beau pro-
gramme
Grard Mamet
(1) La Direccte, cre en 2010, a runi huit services r-
gionaux. Elle a des missions de contrle (respect du droit
du travail, contrle des rgles de la concurrence et de la
loyaut des marchs) et des missions d'animation : dve-
loppement conomique, ple emploi, missions locales,
coopration avec les collectivits locales sur la formation
et l'apprentissage, etc.
(2) Claude Halmos,
Est-ce ainsi que les
homme vivent ?
Avec comme sous
titre Faire face la
crise et rsister,
Fayard, septembre
2014.
(3) Livre cit,
p. 119.
(4) Livre cit,
p. 158.
-
11
1. Rchauffement climatique. La carte des
vins redessine ?
La temprature de l'air augmente aussi dans les
vignobles. C'est la qualit des raisins et donc la composi-
tion des vins qui changent. La temprature comme l'hu-
midit, la lumire et le sol influencent le ballet subtil des
armes et des odeurs. Le tendance est l'augmentation
du degr d'alcool, mais la diminution des tanins, des
anthocyanes (1) et des acides. Certains grands crus pour-
raient y perdre les caractres qui les ont rendus clbres.
Plus gnralement, les conditions climatiques influencent
la formation de milliers de composs aromatiques conte-
nus dans le vin et font donc varier sa qualit gustative.
(Pour la Science n 451, mai 2015, pp. 26-33)
Commentaire : L'augmentation de temprature
entrane une plus grande prcocit de la date des ven-
danges, dj sensible aujourd'hui. Mais le choix de la
date des vendanges pourrait devenir compliqu parce
que les diffrents paramtres - teneur en sucre, got op-
timal, couleur idale - pourraient ne plus concider
comme aujourd'hui. Les vignerons essaient de s'adapter
en changeant certaines pratiques : choix des cpages,
taille de la vigne pour laisser plus de feuillage, vendanges
plus prcoces, pratiques nologiques compensatoires.
Globalement, le rchauffement climatique pourrait per-
mettre d'amliorer les vins des rgions fraches et mme
de dvelopper la culture de la vigne dans le sud de
l'Angleterre mais rendre la viticulture impossible dans
les rgions plus chaudes.
2. Franois Galgani : Trop de plastiques
dans les ocans
Une rcente tude amricaine a valu 8 mil-
lions de tonnes les dchets plastiques qui sont dverss
chaque anne dans les ocans depuis les continents. Il
faut y ajouter 4 millions de tonnes rejetes par les ba-
teaux. Une petite partie seulement flotte. Le reste va
tapisser les fonds marins, o ils ne se dgradent que trs
lentement. Les dchets s'accumulent dans les grandes
fosses ocaniques, y compris dans l'ocan arctique. Les
principaux dangers sont la modification des cosystmes
par le transport d'espces sur des radeaux flottants
et l'ingestion par les tortues ou certains oiseaux.
(La Recherche n499, mai 2015, pp. 54-57)
Commentaire : La production mondiale de
plastiques continue de crotre et si les systmes de ges-
tion des dchets ne sont pas amliors, ce sont 80 mil-
lions de tonnes par an qui pourraient tre dverses
dans les ocans en 2025. Les solutions existent : mod-
rer l'utilisation des emballages (de nombreux pays inter-
disent dj les sacs plastiques), augmenter le taux de
recyclage, qui n'est actuellement que de 22 % dans le
monde, et passer la fabrication de plastiques entire-
ment biodgradables.
Science et cologie
MENACES SUR LE VIGNOBLE, PLASTIQUES DES OCANS
ET BISPHNOL A
La science pour clairer les choix de l'cologie politique.
La rflexion politique pour dvelopper la critique de la science.
-
12
3. Le bisphnol A suscite encore des contro-
verses
L'Efsa (2) reconnat enfin un effet probable du
bisphnol A sur la structure de la glande mammaire,
rejoignant ainsi la position de l'Anses, Agence nationale
de scurit sanitaire de l'alimentation, de l'environne-
ment et du travail. Plus globalement, les perturbateurs
endocriniens, dont fait partie le bisphnol A, entranent
des pathologies lies au systme hormonal : troubles de
la fertilit, cancers hormono-dpendants, diabte, ob-
sit, troubles cognitifs (La Recherche n499, mai 2015,
pp. 78-81)
Commentaire : Les recherches sont toujours diffi-
ciles parce que les perturbateurs endocriniens agissent
des doses infimes. La rduction des crdits de recherche
publique pourrait avoir des consquences sur les pro-
grammes d'valuation des risques, d'autant plus que les
tudes sur les risques sanitaires ne sont pas juges trs
attractives par les chercheurs. On connat aussi le poids
des lobbys industriels dans ce domaine. Le principe de
prcaution, la vigilance et le rexamen continu du risque
devraient, nanmoins, amener l'Efsa et l'Anses revoir
les seuils de tolrance la baisse dans les annes qui
viennent.
Grard Mamet
(1) Colorants de la peau des raisins et d'autres fruits.
(2) European Food Safety Authority ou Agence euro-
penne de scurit des aliments.
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13
Les chiffres sont formels : le nombre de deman-
deurs d'asile a diminu en France. Toutefois cela ne chan-
gera pas grand chose dans le discours idologique am-
biant. La rforme du droit d'asile qui s'annonce semble
trs restrictive alors que le problme migratoire est ail-
leurs. Durcie par le Snat, cette rforme devient quasi
criminalisante . Est-ce utile ou idologique ? Que nous
apprennent Eurostat, loffice statistique de lUnion euro-
penne, ou l'OFPRA, Office franais de protection des
rfugis et apatrides, ce sujet, sur l'anne dernire ? (1)
En un an, le nombre de demandeurs d'asile enre-
gistrs dans lUE a augment de 191 000 personnes
(+ 44 %) pour atteindre le nombre record de 626 000 de-
mandeurs en 2014. En particulier, le nombre de Syriens a
augment de 72 000 personnes, passant de 50 000 de-
mandeurs en 2013 prs de 123 000 en 2014.
Un tiers des demandeurs dasile dans lUE a
fait sa demande en Allemagne.
En 2014, le plus grand nombre de demandeurs
dasile a de loin t enregistr en Allemagne (202 700
demandeurs, soit 32 % de lensemble), suivie de la Sude
(81 200, soit 13 %), de lItalie (64 600, soit 10 %), de la
France (62 800, soit 10 %) et de la Hongrie (42 800, soit
7 %). Il convient dobserver que ces cinq tats membres
ont connu des tendances diffrentes lanne dernire. Le
nombre de demandeurs dasile en 2014 a plus que doubl
par rapport 2013 en Italie (+ 143 %) ainsi quen Hongrie
(+ 126 %) et a augment significativement en Allemagne
(+ 60 %) et en Sude (+ 50 %), alors quen France, il a di-
minu de 5 %.
En proportion de la population de chaque tat
membre, les taux les plus levs de demandeurs ont t
enregistrs en Sude (8,4 demandeurs dasile pour 1 000
habitants), bien devant la Hongrie (4,3), lAutriche (3,3),
Malte (3,2), le Danemark (2,6) et lAllemagne (2,5).
loppos, les taux les plus faibles ont t observs au
Portugal, en Slovaquie et en Roumanie. En 2014, on d-
nombrait 1,2 demandeur dasile par millier dhabitants
dans lUE.
La France pour sa part est 1,0 pour 1000, soit en
dessous de la moyenne europenne . (Pour ce qui est de
notre rgion, l'OFPRA nous apprend galement que la
demande d'asile a baiss de 22 % en Franche-Comt et
de 27 % dans le Doubs par rapport 2013.)
S'il y a eu chez nous une baisse de 5 % du nombre
des demandeurs avant mme la rforme du droit d'asile,
cela veut dire qu'on veut encore faire baisser ce nombre,
alors qu'il a augment dans le reste de l'Europe. On com-
prend mieux pourquoi Valls est contre les quotas propo-
ss par l'UE. Pour prciser sa pense, il a dit aussi qu'au-
jourd'hui, la France, l'Italie, l'Allemagne, le Royaume-
Uni et la Sude accueillent 75 % des rfugis, des deman-
deurs d'asile en Europe ... sans prciser que notre pays
est bon dernier, et de loin, dans cette liste.
Et l'accueil des Syriens ?
propos des Syriens, dont la demande a explos,
Valls prcise galement que la France a fait dj beau-
coup, avec l'accueil de 5 000 rfugis syriens et 4 500
irakiens depuis 2012 . En fait, en arrondissant sur plu-
sieurs annes et en s'appuyant sur deux nationalits , il
tente de noyer le poisson car la France n'a accueilli que 2
000 Syriens en 2014 selon l'OFPRA, alors que pour Euros-
tat, avec 66 300 dcisions de premire instance accor-
dant un statut de rfugi protg (soit 41 % de toutes les
dcisions positives de premire instance), les Syriens ont
t les principaux rcipiendaires dans lUE, en
2014 . Alors, avec 2 000 Syriens accueillis sur 60 300
dcisions positives en Europe, il n'y a pas de quoi vanter
la gnrosit de la France, les demandeurs principaux en
France venant par ailleurs principalement de Rpublique
dmocratique du Congo, de Russie et du Bangladesh.
Demandeurs d'asile : bilans 2014
LES CHIFFRES ET L'OPINION
-
L'inquitant dans tout cela, c'est que ces chiffres
n'arriveront sans doute pas dconstruire des reprsen-
tations rductrices bien ancres qui rejettent les faits. Si
ces derniers contredisent l'opinion, celle-ci aura-t-elle
lhonntet de rviser la sienne : Tous ces gens sont
des menteurs, des profiteurs ou des dlinquants ? Car
s'il est vrai qu'il y a des menteurs parmi les demandeurs
d'asile, leur proportion est la mme que dans n'importe
quel autre groupe humain ou social en France. Les ch-
meurs sont-ils pour leur part tous des fainants et les
pauvres des salauds ?
En fait, la demande d'asile ne reprsente qu'une
partie infime des migrations et c'est sous le poids des
difficults conomiques et mme climatiques que le
droit d'asile a explos. Durcir le droit d'asile en France
correspond actuellement le vider de sa substance sans
rsoudre le problme migratoire pour autant. En effet,
on oublie par ailleurs que les sommes que les migrants
envoient dans leur pays leurs proches sont trois fois
suprieures l'aide publique au dveloppement dans le
monde, soit 435 milliards en 2014 selon la Banque mon-
diale. Il serait ce niveau important en France de con-
natre l'apport des travailleurs transfrontaliers notre
conomie, venant d'un pays d'accueil comme la Suisse,
par exemple, et pourquoi ce chiffre reste l'ombre des
statistiques.
On oublie de plus, en voulant refuser l'Aide
Mdicale dtat aux demandeurs d'asile sous prtexte du
cot, qu'il s'agit aussi d'une affaire de sant publique,
que les maladies n'ont pas de passeport et que c'est
pour cela que l'AME avait t cre par Jospin. On oublie
aussi que les conflits d'intrts permanents entre cer-
tains experts mdicaux lis des labos pharmaceutiques
et l'assurance maladie cotent bien plus cher notre
Scurit sociale que l'AME.
Cette anne, on cherche durcir la rforme du
droit d'asile alors que, pour les migrants, la
Mditerrane n'est pas tout fait le cimetire marin de
Brassens. Valls voudrait-il nous faire croire que les nau-
frags de Lampedusa ne sont qu'un problme italien ?
Rocard disait dj que la France ne peut pas
accueillir toute la misre du monde , sans jamais avoir
prononc la seconde partie de la phrase qu'on lui prte
faisant appel une solidarit minimum ; en fait il cher-
chait dj, ds 1989, durcir la politique migratoire,
comme il l'expliquait Anne Sinclair (2).
Et l'opinion publique ?
Ce qui est inquitant en ce qui concerne l'opi-
nion, que l'on cherche tout moment consulter et
courtiser bien qu'il ne s'agisse de personne, sinon d''un
partenaire invent pour crer artificiellement un consen-
sus autour d'une action, c'est que s'il n'y a rien de nou-
veau, a marche.
Il n'est pas inutile de rflchir sur le fait que la
somme dopinions individuelles exprimes, mme majo-
ritaire dans un sondage, n'est qu'une addition de propos
htrognes plus ou moins informs sur une question.
Cette expression uniquement quantitative d'impressions
et de sentiments ne permet pas pour autant den d-
duire quoi que ce soit du point de vue de laction collec-
tive. Ce pouvoir du quantitatif prsupposerait que l'addi-
tion des subjectivits produit de lobjectif et que la juxta-
position des particuliers constitue le tout de la socit ;
or le Tout ne se limite pas la somme des Parties. Si in-
ternet a permis de s'informer plus vite, il cre aussi de la
confusion entre opinion et faits. La pense sociale n'est
pas la rsultante d'une accumulation de penses prives.
On ne peut donc confondre les faits et la reprsentation
que l'on s'en fait en fonction d'intrts personnels. Jouer
l-dessus au niveau politique est malsain. Peut-on en-
core esprer une reprsentation de lintrt gnral qui
dpasse les intrts individuels, sur ce sujet comme sur
tant d'autres ?
En attendant, les chiffres montrent que les mi-
grations ne sont pas le mal absolu qu'on veut nous faire
avaler : c'est une ncessit globale, dont la France pro-
fite aussi, avec ses expatris et ses transfrontaliers qui
chappent aux bilans des flux migratoires. Ceux qui cher-
chent encore nous faire prendre pour des faits avrs
une mortifre idologie d'invasion, en se servant d'une
opinion abstraite, qui n'a aucune existence (comme le
soutenait Pierre Bourdieu), risquent peu peu de perdre
toute crdibilit.
Thierry Lebeaupin
(1) Rapport demandeurs d'asile Eurostat 2014 http://
tinyurl.com/qet38l9
Rapport OFPRA http://tinyurl.com/nfplcjr
(2) Phrase de Rocard 7 sur 7
http://tinyurl.com/p3a8hhttp://tinyurl.com/p3a8htztz
14
-
Les reprsentants de ltat, largement relays par
les mdias, parlent rgulirement de sattaquer aux r-
seaux mafieux qui exploitent les migrants. Cest bien !
Mais ne serait-il pas plus efficace et plus juste de satta-
quer aux causes des migrations, et notamment au fait
que, si toutes les populations du monde avaient la mme
libert de voyager et de migrer que les habitants des pays
du Nord, elles ne seraient pas obliges de recourir ces
rseaux et de se ruiner ?
Ne serait-il pas galement plus juste de sattaquer
rellement aux esclavagistes qui ont belle enseigne et
pignon sur rue, car leurs pratiques sont tout aussi scanda-
leuses que celles des rseaux mafieux ?
Trois tmoignages parmi tant dautres :
Je travaille 60 heures par semaine pour 150 ,
parfois peine 100 . Mon employeur me doit de lar-
gent, mais il me dit quil ne peut me le donner mainte-
nant, car son entreprise ne va pas fort. Je suis en coloca-
tion avec une amie, et je ne peux pas payer ma part de
loyer. Jen suis malade.
Jai t embauch comme plongeur, puis je suis
pass aide-cuisinier, puis agent dentretien, puis confec-
tionneur de pizza. Mon travail a chang, mes horaires
aussi, mais mon salaire lui, na pas chang.
Je travaille dans un htel. Je commence 10 h,
jusqu 14h. Je reprends 18 heures jusqu 23h30 et
souvent jusqu minuit. Ces 4 heures libres dans laprs-
midi ne me permettent pas de rentrer chez moi car j'ha-
bite la banlieue loigne, sans compter les frais suppl-
mentaires de bus. Donc, entre 14 et 18 h, me nourrissant
dun sandwich, jerre dans les rues, je massois sur un
banc quand il fait beau, la galre redouble par mauvais
temps. Les vendredi, samedi et dimanche, je termine 2
ou 3 h du matin. Au dbut, mon salaire tait de 350 , il
est pass 150 , je ne sais pas pourquoi, mais je nose
pas demander, je suis sans papiers.
Trs nombreuses sont les personnes mi-
grantes maintenues en situation irrgulire par les
prfectures, malgr leurs efforts rpts pour en sortir.
Elles sont ainsi livres quasiment sans droits et sans d-
fense des entrepreneurs sans scrupules qui en profi-
tent pour les exploiter ; beaucoup ne peroivent aujour-
dhui que 2 de lheure pour des journes pouvant d-
passer les 10 heures et des semaines allant au-del des
70 heures.
Des tudes faites rcemment, montrent que si
lon ouvrait les frontires, il ny aurait pas l invasion
que lon nous brandit comme un pouvantail ; il y aurait,
il est vrai, plus de mouvements migratoires, mais de plus
courte dure (pour des visites, le commerce, une forma-
tion professionnelle, le tourisme), parce que nous vi-
vons dans un monde caractris par la mobilit. Lcono-
mie mondiale, ici et l-bas, se porterait beaucoup mieux,
parce que lenfermement et laustrit ne font la ri-
chesse que dinfimes minorits dj scandaleusement
15
Texte propos par le Cercle de Silence de Marseille
LES HUMAINS SONT DES MIGRANTS
Les Cercles de Silence regroupent des citoyens de tous horizons qui,
devant lenfermement systmatique des sans-papiers dans les Centres
de Rtention Administrative (CRA), slvent contre les atteintes lhumani-
t des sans-papiers et celle des excutants dordres incompatibles avec
leur propre dignit. Ils ont t crs en 2007 et, Besanon, ont lieu place
Pasteur, 15 h, le deuxime samedi de chaque mois. Devant la gravit de la
situation, les membres des Cercles de Silence dsirent aller au-del des mots
et des cris. Ils expriment la force de leur rprobation et de leur interrogation
avec les moyens de la non-violence, et spcialement le silence.
-
16
richissimes.
Les humains sont par essence des migrants ;
ils sont faits pour aller la rencontre de leurs semblables,
comme personnes, peuples et cultures ; cest ainsi que
lon souvre lesprit et que lon devient intelligent.
En 2014, existait Mare nostrum, pilote par l'Italie
pour sauver des gens . 170 000 l'ont t et 351 passeurs
arrts en 2014. Trop cher (surtout que l'Italie supportait
tout), alors Frontex reprit la main et cra Triton... pour sur-
veiller les ctes et ventuellement repousser ceux qui sor-
taient des eaux internationales. Rsultat : au premier tri-
mestre 2015, 1 600 personnes ont trouv la mort contre 90
la mme priode en 2014 pour un mme nombre d'arri-
ves Qui profite de tant d'argent mis dans la protection
des frontires (94 millions deuros pour 2013) ?
Cyniquement, un agent de Frontex a dj reconnu,
sous couvert danonymat : Le travail de Frontex, cest la
lutte contre limmigration illgale, pas le sauvetage en mer,
et ces gens-l sont morts, ce ne sont plus des mi-
grants. (1)
Par ailleurs, la nationalit de la majorit des deman-
deurs d'asile est syrienne, rythrenne, somalienne et
soudanaise. Des pays qui connaissent soit des guerres, soit
des conflits larvs ou une instabilit politique depuis long-
temps.
Tant qu'on ne traitera pas le problme la source en
aidant au dveloppement des pays d'origine, il n'y a pas de
raison que ce mouvement s'arrte et partir du moment
o ils dclarent tre d'un pays en guerre (Syrie, Erythre...),
le droit international les protge.
(1) On pourra lire ces articles du Monde et du Monde
diplomatique :
http://tinyurl.com/mlftx32
http://tinyurl.com/ns6rdqj
Europe Ecologie Les Verts de Franche-Comt
(14, rue de la Rpublique, 25000 Besanon)
Directeur de publication : Grard Roy
Comit de lecture : Michel Boutanquoi, Grard Mamet,
Grard Roy, Suzy Antoine, Franoise Touzot
CPPAP: 0518 P 11003
Maquette : Corinne Salvi Mise en page : Suzy Antoine
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Quoi de neuf en mai pour les Jeunes cologistes comtois ?
1er mai : Nous avons particip avec notre action "Ne
plus perdre sa vie la gagner". Nous avons eu la chance
d'tre mdiatiss sur France 3 et l'Est rpublicain.
9 mai : Fte de l'Europe ! Comme prvu, l'ac-
tion Chamboule tout des ides reues a eu
lieu place de la Rvolution dans le village eu-
ropen. Nous avons rencontr Ilias
Panchard (coprsident des Jeunes Vert-e-s de
Suisse), il espre que nous pourrons participer
ensemble la COP21. Les Jeunes Vert-e-s
suisses ont pour projet de monter Paris
vlo (nous en saurons plus dans l't).
Clment Bellefleur