france catholique · la chambre des notaires font ... newman est une invitation à considérer une...

40
86 année - Hebdomadaire 3226 - 17 septembre 2010 3 ISSN 0015-9506 france-catholique.fr FRANCE Catholique france-catholique.fr Big bang et Création (page 14) Stephen Green, banquier, prêtre et ministre (pages 5 et 22-23) La Chine et Maritain (pages 26 à 28) Le bienheureux John Henry Newman (pages 8 à 13)

Upload: others

Post on 09-Aug-2020

1 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

Page 1: FRANCE Catholique · la Chambre des notaires font ... Newman est une invitation à considérer une œuvre considérable à son authentique degré de signification. En se convertissant

86 année - Hebdomadaire n° 3226 - 17 septembre 2010 3 €

ISSN

001

5-95

06fra

nce-

cath

oliq

ue.fr FRANCE

8686 année année - HebdomadaireHebdomadaire n°n° 3226 3226 - 17 septembre 2010 17 septembre 2010 33 €€

FRANCEFRANCECatholiquefra

nce-

cath

oliq

ue.fr

Big banget Création

(page 14)

Stephen Green,banquier, prêtre

et ministre (pages 5 et 22-23)

La Chineet Maritain

(pages 26 à 28)

Le bienheureuxJohn Henry Newman

(pages 8 à 13)

Page 2: FRANCE Catholique · la Chambre des notaires font ... Newman est une invitation à considérer une œuvre considérable à son authentique degré de signification. En se convertissant

BRÈVESFRANCEREtRAitES :  Dans  sa  pres­tation  du  9  septembre  sur France  2,  Ségolène  Royal  a affirmé que le PS rétablira la retraite  à  60  ans  s’il  revient au  pouvoir  en  2012.  Les syndicats  ont  appelé  à  une nouvelle journée de grève et de manifestations le 23 sep­tembre.MARéES : Les marées d’équi­noxe  ont  fait  plusieurs  vic­times  le  9 septembre  dans le département du Finistère : trois  femmes  qui  pêchaient à pied et un homme ont été noyés  par  la  marée  mon­tante ;  un  autre  homme  est porté disparu.télé :  Le  ministère  de  l’Éco­nomie  et  des  Finances  va prolonger  de  deux  ans  l’ac­tivité de la régie publicitaire de France Télévisions qui, en 2010,  rapportera  400  mil­lions d’euros, 80 de plus que ce qui était prévu au départ. La télévision payante conser­vera  la  TVA  réduite  (5,5  au lieu de 19,6 %).iMMoBiliER :  Les  chiffres publiés  le  9 septembre  par la Chambre des notaires font état  d’une  hausse  de  7,8 % sur  les  prix  de  l’ancien  par rapport  à  2009 ;  à  Paris,  la hausse atteint 9,8 % avec un prix moyen de 6 680 euros au mètre carré.littéRAtuRE : La course aux prix littéraires est ouverte ; les noms de Michel Houellebecq, Virginie  Despentes,  Vassilis Alexakis,  Patrick  Lapeyre  ou encore Amélie Nothomb sont fréquemment  cités  pour  le Goncourt et le Renaudot…RoMS :  La  France  s’est retrouvée au banc des accu­sés  au  Parlement  européen le 7 septembre pour sa poli­tique à l’égard des Roms.JuStiCE :  Le président PS de 

la  région PACA a été enten­du  le  9 septembre  comme témoin  assisté  dans  l’en­quête  sur  un  détournement de  740  000  euros  de  sub­ventions à la région.Après  la  censure  du  Conseil constitutionnel,  la  ministre de  la  Justice  a  confirmé  le 8 septembre que les avocats pourraient  à  l’avenir  être présents  tout  au  long  de  la garde à vue de leurs clients ; selon les avocats, le maintien d’une « audition libre » réduit la portée de cette mesure.La confirmation par le minis­tère  des  Finances  du  mon­tant du remboursement dont Bernard  Tapie  a  bénéficié dans  le  cadre  de  l’affaire Adidas (210 millions d’euros) a  déclenché  une  nouvelle polémique.

La  brigade  financière  s’est rendue  le  8  septembre  au siège de l’UMP dans le cadre de  l’enquête  visant  les  liens entre  Liliane  Bettencourt  et le parti majoritaire.Dans  l’affaire  Clearstream, Dominique de Villepin, relaxé en  première  instance,  s’op­pose  vigoureusement  à  la constitution  en  appel  d’un tribunal  d’exception  com­posé de trois  juges spéciale­ment choisis !JuRyS  populAiRES :  Esti­mant que le peuple n’est pas assez  associé  aux  décisions de justice, Nicolas Sarkozy a proposé le 9 septembre d’ins­taller des jurys populaires au niveau correctionnel.SéCuRité : Dans  le  cadre  du projet  « 1 000  caméras »,  les travaux de mise en place de 

la vidéosurveillance s’accélè­rent dans  la capitale en vue d’une livraison en 2012.AttENtAtS :  Le  patron  de l’antiterrorisme  français a  assuré  le  11  septembre que  la  menace  d’attentats en France n’avait  jamais été aussi  élevée,  notamment de  la  part  d’Al­Qaida  au Maghreb islamique.Une  balle  de  carabine ac compagnée  de  menaces visant  Éric  Woerth  a  été reçue  le  10  septembre  à  la mairie de Chantilly, ville dont le  ministre  du  Travail  est  le maire.SANté :  Le  nombre  de  nou­velles  infections  par  le  virus du  sida  diminue  en  France, sauf  pour  les  homosexuels ; près  de  la  moitié  des  nou­veaux  cas  de  contamination les concernent.Auto : Peugeot a annoncé le 6  septembre  la  mise  sur  le marché  d'une  voiture  élec­trique ;  avec  150  km  d’au­tonomie  et  des  batteries rechargeables  en  six  heures, ce  véhicule  sera  proposé  en location  longue  durée  pour 499 euros par mois pendant 5 ans ou 50 000 km. Pour sa part, Citroën proposera le 20 septembre  un  nouveau  sys­tème  de  location  de  voiture par  téléphone  avec  livraison à domicile.NAtioNAlité :  Le  président de  la République a confirmé le  6  septembre  son  souhait d’appliquer  la  déchéance  de la  nationalité  française  aux personnes  naturalisées  cou­pables  de  meurtre  de  poli­ciers  ou  de  gendarmes ;  en revanche  la  polygamie  n'a finalement  pas  été  retenue comme motif de déchéance.FiSCAlité : Dans  le cadre de la  maîtrise  des  déficits,  le crédit  d’impôt  développe­ment durable destiné à inci­

2 FRANCECatholique n°3226 17 septembre 2010

SUITe eN page 7

Page 3: FRANCE Catholique · la Chambre des notaires font ... Newman est une invitation à considérer une œuvre considérable à son authentique degré de signification. En se convertissant

SOMMAIRE ACTUALITÉ

4 SOCIAL Choc frontal ? Alice Tulle5 GRANDE-BRETAGNE Un-british ? Yves La Marck6 BIOÉTHIQUE Cris et chuchotements Tugdual Derville

DOSSIER 8 BÉATIFICATION Le bienheureux J. H. Newman Père Keith Beaumont 11 Vers le Doctorat ? K.B. 12 Sa conception de l'université Sœur Pascale Vincette ESPRIT 14 DIEU ET LA SCIENCE-8 Big bang et Création Bertrand Souchard 15 ECCLÉSIA Pédophilie dans l'Église belge 16 LECTURES 25e dimanche ordinaire Père Michel Gitton 18 BÉATIFICATION Lumineuse Chiara Luce Hélène Mongin 20 CONGRÉGATIONS Les dominicaines de Bourg Franz Le Guen MAGAZINE

22 LIVRES Banquier, prêtre et ministre Père Jean-Robert Armogathe 24 LETTRES Barbey le catholique ? Gérard Leclerc 26 VOYAGES La Chine, Maritain et les mystiques Père Patrick de Laubier 29 CINÉMA "The town", "Soldat de papier", "Le dernier été de la boyita", "Cyrus" M.-C. Renaud d'André - Georges Collar 30 EXPOSITIONS Artistes russes hors frontière Alain Solari 32 MUSIQUE Le requiem à travers les âges François-Xavier Lacroux 34 LES ANIMAUX DANS L'ÉVANGILE-5 La chèvre Tugdual Derville / Didier Tiphaine 35 TÉLÉVISION "Naufragé des Andes", "Le maître du jeu", "Un prophète", "Les diamants de la victoire" M.-C. Renaud d'André 36 TÉLÉVISION Votre début de soirée M.-C. R. d'A. 38 BLOC-NOTES Vie associative et d’Église Brigitte Pondaven

COUVERTURE : © ORATOIRE DE BIRMINGHAM

CETTE VISITE d'État de Benoît XVI en Grande-Bretagne revêt des dimensions singulières pour peu qu'on envisage la situation religieuse de ce pays en se référant à l'histoire globale du christianisme. Le schisme d'Henri VIII au sei-

zième siècle est tout à la fois théologique et politique. Théologique, il est lié à la contestation de la Réforme. Politique, il s'inscrit dans le mouvement européen qui marque la montée en puissance de l'État moderne et sa volonté de se subordonner la puissance du spirituel. Le gallicanisme, en France, lui est apparenté, même s'il n'aboutira pas à la rupture avec le Siège romain. Évidemment, au XXIe siècle, les problématiques ont sensiblement évo-lué, même s'il n'est pas facile d'accorder au spirituel sa dignité, au regard de ces puissances que sont l'argent, les médias, l'individualisme consumériste.

Une des tâches du Pape constituera donc à rendre témoignage à la transcendance de la Révélation et à sa force d'incarnation. Au sein de la société, la présence du corps eucharistique, tel que l'entend un William Cavanaugh, n'est nullement anodine, puisqu'elle fait contraste avec les contre-valeurs établies. L'obstination catholique à ne pas se rendre à l'esprit du monde peut indisposer. Mais c'est aussi une chance pour la civilisa-tion.

Par ailleurs, la béatification du cardinal John Henry Newman est une invitation à considérer une œuvre considérable à son authentique degré de signification. En se convertissant au catholicisme, l'animateur anglican du mouvement d'Oxford ne s'est pas désavoué, et il a été cohérent avec lui-même et le meilleur de ce qu'il avait reçu. Ainsi, il peut conseiller les chrétiens divisés dans leur effort d'unité. Ce n'est pas à travers les disputes confessionnelles qu'on se retrouvera, mais dans l'appro-fondissement d'une tradition commune dont l'unique source est l'incarnation du Verbe. ■

Dimensions d'unevisite papale

ÉDITORIAL

FRANCECatholique N°3226 17 SEPTEMBRE 2010 3

par Gérard LECLERC

Écoutez la chronique de Gérard Leclerc,

chaque semaine sur :

Page 4: FRANCE Catholique · la Chambre des notaires font ... Newman est une invitation à considérer une œuvre considérable à son authentique degré de signification. En se convertissant

ACTUALITÉ

par Alice TULLE

4 FRANCECatholique n° 3226 17 septembre 2010

La confrontation entre le gouvernement et les syndicats , appuyés quant à eux par les partis de

gauche, se déroule de manière spectaculaire. Peut-être deux millions de manifestants dans les rues le 7 septembre et, le lendemain, la ferme décla-ration de Nicolas Sarkozy en conseil des ministres : le pouvoir politique ne cèdera pas à la pression de la foule. Et à la télévision, l’émission de débat d’Arlette Chabot (9 septembre) s’est réduite à une série de monologues car les représentants syndicaux ne voulaient pas discuter avec Éric Woerth, ministre en charge de la réforme des retraites, mais avec François Fillon - qui s’est seulement entretenu avec l’animatrice de l’émission.

Comme une nouvelle journée de grèves et de mani-festations est annoncée pour le 23 septembre, comme la menace de grèves recon-ductibles (à la SNCF notam-ment) est brandie, tout donne l’impression d’un choc sur le modèle des grandes grèves de 1995. Pourtant le gouverne-ment (ou plus précisément le très habile Raymond Soubie,

conseiller social de Nicolas Sarkozy) conserve la maîtrise des opérations.

Ce t t e ma î t r i s e e s t évidente sur le plan parle-mentaire : à l’Assemblée nationale et au Sénat, aucune mauvaise surprise n’est redoutée. Quant au front syndical, les déclara-tions martiales masquent des

tactiques et des stratégies divergentes. Comme en 2003, lors de la précédente réforme des retraites, la CFDT cherche une issue à la confrontation car elle craint des déborde-ments qu’elle ne pourrait pas contrôler. François Chérèque

sait qu’il ne fera pas plier le gouvernement sur la retraite à 62 ans mais il voudrait obtenir des concessions (sur la pénibilité notamment) qui lui permettraient de cesser les hostilités en soulignant les résultats positifs de la protestation populaire.

Bernard Thibaud est lui aussi favorable à un accord

après les démonstrations de force. Comme la CFDT, la CGT ne demande pas le retrait total du projet de loi et elle se contenterait volon-tiers de quelques aménage-ments. Mais Bernard Thibaud doit compter avec sa base

militante, favorable au rejet, et avec les cheminots qui souhaitent des grèves reconductibles. Par ailleurs, la direction de la CGT est consciente de la concur-rence de l’aile dure du front syndical représentée par SUD et par Force ouvrière qui ap pellent à la grève géné-rale. La CGT risque gros si elle accepte le compromis auquel Bernard Thibaud est pour sa part résigné.

Au lendemain de la mo bilisation réussie du 7 sep tembre, ce sont les modé-rés qui ont obtenu gain de cause : alors que SUD et Force ouvrière souhaitaient une nouvelle manifestation le 15 septembre pour profi-ter de la dynamique acquise, ou bien un samedi pour que les salariés du privé parti-cipent au mouvement, la CGT et la CFDT ont obtenu que les grèves et manifes-tations se déroulent le jeudi 23 septembre afin de calmer le jeu.

Cependant, le gouverne-ment et les deux principaux syndicats manœuvrent sur un terrain difficile. Le fait de ne pas être entendus provoque chez certains militants des mouvements de colère et il n’est pas totalement impos-sible que le mouvement contre la réforme des retraite n'échappe à la volonté de ceux qui l’ont organisé.

C’est la journée du 23 septembre qui donnera la tendance – au durcissement ou à l’apaisement. n

soCIAL

Le gouvernement et les deux principaux syndicats manœuvrent sur un terrain difficile(

Le Président et le gouvernement affirment qu’ils ne cèderont pas. Les syndicats proclament que la bataille n’est pas perdue mais un choc frontal n’est pourtant pas une fatalité.

Choc frontal ?

Page 5: FRANCE Catholique · la Chambre des notaires font ... Newman est une invitation à considérer une œuvre considérable à son authentique degré de signification. En se convertissant

ACTUALITÉ

On c o n n a i s s a i t les tendances catholicisantes d e q u e l q u e s membres de la

famille royale. On se souvient de la conversion officielle de Tony Blair au catholicisme de son épouse et de ses enfants. La prochaine visite d’État de Benoît XVI met en évidence plusieurs hautsfonction-naires catholiques au sein du comité d’organisation, dont son président, Chris Patten, ex-gouverneur de Hong Kong, ex-commissaire européen, grand chancelier de l’Université d’Oxford. Et voici que l’actuel premier ministre, le conservateur David Cameron, décide de nommer ministre du Commerce extérieur le président d’une des plus grandes banques, HSBC, - ce qui en soi n’est pas inhabituel -, mais en l’oc-currence il s’agit de Stephen Green dont chacun a pu apprendre qu'il est ministre de l'Église anglicane (cf. l'ar-ticle du P. Armogathe en p. 22).

On découvre ainsi, pour ceux qui l’ignoraient, que la religion conserve un impact non négligeable au Royaume-Uni. Hormis la Constitution – l’Église établie avec la Reine à sa tête, les archevêques pairs

du royaume – et le décorum, et tous les symboles qui vont avec, la masse de la popu-lation de ce pays est consi-dérée comme largement indifférente.

Minor i ta i r e s , vo i r e « un-british », c'est-à-dire presque étranger... et jusqu’à

récemment encore interdits de plusieurs positions offi-cielles (il ne reste plus que le trône, jusques à quand ?), les catholiques étaient une exception, notamment litté-raire.

Les engagements des per sonnalités nommées plus haut leur sont strictement personnels.

Les longs et parfois fastidieux Mémoires de l’ex-premier ministre Blair ne font pas allusion à sa conver-sion. à peine dans la post-face fait-il mention de son « intérêt » pour la religion qui

serait plus grand

que pour la politique. Il prend bien soin de noter que le pape Jean-Paul II n’a pas remis en cause son choix en faveur de la guerre en Irak qu’il désap-prouvait, mais qu’il l’avait aidé « spirituellement » sur

les affres d’avoir à décider en homme d’État responsable.

Chris Patten et ses amis catholiques ont aussi bien précisé que, comme tout catholique, ils ne parta-geaient pas toutes les options du pape actuel. Ne sont-ils pas membres du conseil d’administration du principal organe de presse catholique britannique, The Tablet, connu pour son libéralisme ? Mais ils témoignent de la force de conviction de leur foi qui, dit Patten, est toute sa vie.

Quant au banquier , Stephen Green, il a su montrer dans ses ouvrages (Servir Dieu ou Mammon ; La valeur du Bien, monnaie, morale et un monde incertain) que ce qui est immoral est aussi de la mauvaise gestion en affaires : l’obsession du profit à tout prix et à court terme. Ses collaborateurs n’ont pas toujours apprécié. Mais qu’on ne s’y trompe pas, tant Green que Patten et Blair conver-gent dans les fondamentaux de l’économie de marché.

La place financière de Londres en tire avantage. Ils convergent également dans le refus du choc des civilisa-tions, que ce soit vis-à-vis de l’Asie que du monde musul-man dont ils parlent tous avec compétence et expérience.

Autre convergence : leur francophilie ; chacun passe ses vacances en France... n

RELIGIoN ET PoLITIQUEpar Yves LA MARCK

Plusieurs membres de l’élite britannique ne font pas mystère de leur foi chrétienne dans un pays où la pratique religieuse est l’une des plus basses d’Europe.

Un-british...

FRANCECatholique n°3226 17 septembre 2010 5

Tant Green que Patten et Blair convergent dans les fondamentaux de l’économie de marché )

Page 6: FRANCE Catholique · la Chambre des notaires font ... Newman est une invitation à considérer une œuvre considérable à son authentique degré de signification. En se convertissant

ACTUALITÉpar Tugdual DERVILLE

Ri en ne va plus entre Roselyne Bachelot et Jean Leonetti. Lorsque la p remière a

annoncé la levée partielle de l’anonymat du don de gamètes (voir FC n°3224) le second est monté au créneau. Il aurait menacé l’Élysée de refuser d’être rapporteur d’un projet contenant cette disposition qu’il a toujours fermement écartée malgré la mobilisation argumentée de ses promoteurs.

Entre le médecin et la pharmacienne, c’est à qui imprimera sa marque. Une fois conduites avec succès ses deux missions sur la fin de vie, l’une avant la loi du 22 avril 2005 qui porte son nom et l’autre après, Jean Leonetti a réussi au printemps 2009 « ses » états généraux de la bioéthique.

Consensuel, le député vise un projet de révision modeste qui éviterait tout bouleversement. Comme tout parlementaire devenu emblématique d’un domaine, il peut désormais lorgner sur le ministère de la Santé. Usée par la catastrophe non adve-nue de la grippe A et brouillée avec les médecins libéraux au grand dam du président de la République, Roselyne

Bachelot a-t-elle voulu savonner sa planche ? Seule contre son camp à l’époque du Pacs, madame Bachelot est connue pour ses positions transgressives.

Au ministère de la Santé, elle a continué de soutenir les revendications du Planning familial sur l’avortement, en martelant que l’IVG devait être une « composante à part entière de l’offre de soins ». L’intention affichée d’ouvrir « aux pacsés hété-rosexuels » le droit d’accéder aux techniques artificielles de procréation, jusqu’ici réservées aux couples mariés ou non mariés mais pouvant justifier de deux années de vie commune, a provoqué des murmures contradictoires.

Pour le magazine homo-sexuel Têtu, son « projet de loi instaure une nouvelle discri-mination puisqu'elle prévoit d'ouvrir l'assistance médicale à la procréation (AMP) aux couples hétérosexuels pacsés, tout en l'interdisant aux couples homosexuels ». Mais les opposants à la notion de « parentalité gay » se deman-dent si cette porte ouverte ne permet pas, justement, à Madame Bachelot d’offrir au lobby homosexuel un boule-vard revendicatif, avec, par ailleurs, de sérieux motifs

d’obtenir gain de cause devant la Justice.

Même si un observateur comme Jean-Yves Nau, jour-naliste spécialisé, proteste contre l’immobilisme du projet sur le ton du « Tout ça pour ça ! », d’aucuns suspec-tent madame Bachelot d’avoir mis en avant la disposition bioéthique la plus évidente (offrir aux personnes nées de dons de gamète la possibi-lité de connaître leur origine biologique) pour montrer qu’il n’y a pas de débat tabou, en bioéthique.

Alors, quid des mères porteuses ou d’une autorisa-tion explicite de rechercher sur l’embryon humain qui constituaient les deux enjeux phares du débat ? Même si l ’avant-projet de loi de madame Bachelot écarte ces perspectives, elles pourraient arriver par amendements, au cours du débat, dans l’un ou l’autre des hémicycles. Avec l’affaiblissement de l’exécu-tif, les parlementaires sont devenus frondeurs. Le travail bioéthique revendiqué par les loges maçonniques a fait surgir des courants transpar-tisans, comme le ticket Claeys (PS) Vialatte (UMP) à l’As-semblée. La Commission des affaires sociales du Sénat sera aussi tentée de se démarquer

des positions jugées « conser-vatrices » que prône jusqu’à maintenant le gouvernement. D’autant que le Sénat est en passe de basculer dans l’op-position. Et quoi de mieux que les fameuses « questions de société » pour montrer un visage progressiste, lorsqu’on appartient à cette chambre haute si régulièrement taxée de ringardisme ? Bref les discussions vont bon train à l’Élysée, autour du professeur Arnold Munich, le conseiller du Président pour la bioé-thique.

De son côté, l ’Église catholique a une carte à jouer. Nicolas Sarkozy sait devoir compter sur les marges pour sa réélection. Il ne cache ni son irritation, ni son embarras d’avoir indisposé la hiérarchie catholique avec l’affaire des Roms. Il se soucie aussi de l’électorat âgé… Comment éviter de perdre des voix avec la bioéthique ?

Le Président n’ignore pas que le lobby homosexuel est médiatiquement gonflé, comme la grenouille de la fable. Celui des chercheurs ne pèse pas, non plus, tant que cela sur le plan électoral. La seule minorité qui a vraiment la bioéthique à cœur, parce qu’elle se soucie de tout homme, c’est la communauté chrétienne… On aimerait l’amadouer en bioéthique, en mettant en exergue qu’on a « évité le pire », comme, par

BIOÉTHIQUE

Le Président n'ignore pas que le lobby homosexuel est médiatiquement gonflé(

à l'approche du débat parlementaire en vue de la seconde révision de la loi de bioéthique, que se passe-t-il en coulisse ?

Cris et chuchotements

6 FRANCECatholique n°3226 17 septembre 2010

Lire La fin de L'articLeci-contre en page 7

Page 7: FRANCE Catholique · la Chambre des notaires font ... Newman est une invitation à considérer une œuvre considérable à son authentique degré de signification. En se convertissant

suite de la page 2

ter les particuliers à rénover leur logement sera ramené à 10 % à partir de l’an pro-chain. Le tabac devrait aug-menter de 6 % en novembre.Comptes soCiaux : Dans un rapport révélé le 8 sep-tembre, la Cour des comptes estime qu’un effort de 15 milliards d’euros sur les niches sociales est indis-pensable pour endiguer la dégradation des comptes de la Sécu.Conflits d’intérêts : La commission de réflexion sur les conflits d’intérêts dans la vie publique a été constituée le 8 septembre ; présidée par le vice-président du Conseil d’État, elle est chargée de faire des propositions pour prévenir ou régler les cas de conflits dans lesquels sont impliqués les membres du gouvernement et les respon-sables d’établissements ou d’entreprises publics.Judo : à 21 ans, le Guade-loupéen Teddy Riner a décro-ché le 9 septembre à Tokyo le quatrième titre mondial de sa carrière dans la catégorie des plus de 100 kg. Lucie Décosse est devenue pour la

deuxième fois de sa carrière championne du monde des moins de 70 kg.patrimoine : à l’occasion du 70e anniversaire de sa dé couverte, le chef de l’État a visité la grotte de Lascaux dont les peintures, vieilles de 17 000 ans, sont gravement menacées par des moisis-sures.Cinéma : Le cinéaste Claude Chabrol est décédé le 12 sep-tembre à l’âge de 80 ans.foot : Après la victoire de l’équipe de France en Bosnie le 7 septembre (2 à 0), le sélectionneur, Laurent Blanc, espérait un nouveau départ.

mondeClimat : L’ONU estime que 10 millions de personnes sont sans abri en raison des inondations qui touchent le Pakistan depuis la fin du mois de juillet. Au Mexique, les récentes inondations ont fait 900 000 sinistrés.

afrique : Un rapport de l’Unicef en date du 6 sep-tembre faisant état de la situation des enfants dans le monde, souligne qu’en Afrique subsaharienne un enfant sur sept meurt avant l’âge de cinq ans ; c’est aussi dans cette région que l’on compte plus de 80 % de jeunes de 15 à 24 ans qui vivent avec le VIH.éduCation : Selon une étude de l’OCDE, le travail en petits groupes ne bénéficie qu’aux élèves en difficulté ; mais il n’existe pas de corrélation avérée entre les effectifs des classes et les performances des élèves.VatiCan : Le pape Benoît XVI doit recevoir prochainement le président Sarkozy ; ce sera leur troisième rencontre.états-unis : La rupture d’une conduite de gaz le 9 septembre dans un quar-tier de San Francisco a pro-voqué une explosion qui a détruit ou endommagé 170 maisons ; on déplore au moins 6 morts et 25 blessés.

Grande-BretaGne : Des chercheurs ont réussi à identifier dans le cerveau des cafards la présence de mo lécules très efficaces contre les bactéries ; ces molécules pourraient don-ner naissance aux antibio-tiques de l’avenir.turquie : Les Turcs ont approuvé le 12 septembre avec environ 58 % de « oui » une réforme de leur consti-tution qui renforce le pouvoir du gouvernement islamo-conservateur face à l’opposi-tion laïque et à l’armée.GrèCe : Des milliers de per-sonnes se sont rassemblées le 11 septembre à Sa lonique pour protester contre les nouvelles mesures de ri gueur présentées par le Premier ministre pour 2011.Guinée-Conakry : Le deu-xième tour des élections pré-sidentielles du 19 septembre a été précédé de nombreux incidents violents avec au moins un mort.

J.L.

FRANCECatholique n°3226 17 septembre 2010 7

Sarkozy : « dehors ! »Paul VI : « Vous êtes le cœur de l’Église ! »

J’ai eu la grâce de célébrer toutes mes premières messes dans leurs divers campements. Et Dieu sait ce que je leur dois. Notre société tellement engluée dans son confort, encroûtée dans le matériel, obsédée par ses sécurités et ses assurances, a du mal à comprendre le charisme spécifique de ce grand 

peuple des routes, les gens du voyage, les nomades perpétuels, pèlerinant sans fin sur nos nationales et départementales.

Oui, charisme parce qu’il s’agit d’une grâce pour nous tous : ne sont–ils pas le rappel permanent de notre propre condition d’ « étrangers et de voyageurs » ( 1 P 2.11), toujours en quête de notre Terre, celle de l’avenir, mais en laquelle nous sommes déjà enracinés. Car nos racines, elles, sont au Ciel.

En notre nom à tous, ils confessent que nous sommes étrangers et voyageurs sur la terre, car nous aspirons à une Patrie meilleure : céleste. Et c’est bien pourquoi Dieu n’a pas honte de s’appeler notre Dieu : il nous a préparé une cité (He 11,14), cité dans les cieux d’où nous attendons ardemment comme Sauveur Notre Seigneur Jésus Christ. (Phil, 3,20)

Ne sont–ils pas nos « Rékabites » : ce groupe « demeurant sous la tente, ne possédant ni champ, ni vigne, ni semailles » que Dieu donne en exemple parce qu’il rappelle au peuple installé sur sa terre qu’il avait été tout entier nomade au désert ( Jér 35). C’est le sens de chaque fête des Tentes — Sukkot — la plus joyeuse de toutes, célébrée en ce mois de septembre où tout juif doit vivre 7 jours dans des huttes de branchage, contemplant les étoiles à travers un trou à la verticale ( Lv 29,33, Nb 29,22 ; Neh 8, Jn 7,37).

Et voilà juste 35 ans, Paul VI a magnifiquement remercié nos chers pèlerins perpétuels au nom de toute l’Église, pour ce qu’ils étaient : parole à Paul VI, au soir du 26 septembre 1965, visitant un campement à Pomezia : « Nous vous saluons éternels pèlerins, exilés volontaires, réfugiés toujours en chemin, voyageurs sans repos, qui n’avez pas de maison à vous, pas de demeure stable, pas de patrie amie, pas de société publique. Vous n’êtes pas en marge de l’Église, mais, sous certains aspects, vous vous trouvez au centre, vous vous trouvez au cœur de l’Église (1)». 

Père DANIEL-ANGE, écrit le 5 septembre(1) voir Daniel-Ange, Paul VI, un regard prophétique, éd. St-Paul, vol. 1, p. 81.

Les Roms

exemple, la systématisation du dépistage de la trisomie 21 au cours du diagnostic préimplantatoire. C'est vrai. Il n’en demeure pas moins qu’aucune des transgressions qu’ont avalisées les législa-tions successives n’est remise en cause. Toutes s’aggravent plutôt : assouplissement des autorisations dérogatoires à la recherche sur l’embryon, élargissement de l’accès à l’AMP. Sans compter la dérive eugénique. Aucune raison, pour l’Église, de délivrer un satisfecit. n

suite de la page 6

Page 8: FRANCE Catholique · la Chambre des notaires font ... Newman est une invitation à considérer une œuvre considérable à son authentique degré de signification. En se convertissant

John henry newman naît à Londres en 1801, dans une famille appartenant, par convention, à l’Église d’Angleterre, l’Église « établie » du pays. Cependant, si la « pra-tique » religieuse et la vie sacramentelle

n’occupent qu’une place réduite alors dans cette vie – si l’on se rend à l’église le dimanche, c’est surtout pour entendre une prédication, l’eucha-ristie n’étant plus célébrée que quatre fois par an et généralement de manière expéditive – la lecture de la Bible y occupe une place centrale. À l’âge de 15 ans il fait une expérience éblouis-sante de Dieu comme Présence intérieure qui détermine le cours de sa vie : il en parle dans son autobiographie comme la « découverte de deux êtres – et deux êtres seulement – dont l’évidence était absolue et lumineuse, « moi-même et mon Créateur ». (Apologia pro vita sua, éd. Ad Solem, 2008, p. 121).

Il vit cette première expérience dans un contexte intellectuel profondément marqué par l’Evangelicalism, puissant courant présent au sein de l’Église anglicane issu du mouvement de revival ou renouveau inauguré par John Wesley au XVIIIe siècle. Si, plus tard, Newman prendra ses distances par rapport à certaines tendances de la pensée evangelical – l’importance accordée à l’affectivité, la conversion conçue comme un

événement dramatique et bouleversant situé à un seul moment du temps, la relative indiffé-rence à l’égard de l’Église « visible » ou institu-tionnelle – il insistera toujours sur tout ce qu’il a reçu de positif de ce courant du christianisme, qu’il a toujours conservé, et que son passage au catholicisme n’a fait que renforcer. Il retire de l’enseignement d’un auteur anglican situé dans cette mouvance, Thomas Scott, deux « maximes » qui vont l’orienter tout au long de sa vie : « la sainteté plutôt que la paix » et « la croissance

est l’unique preuve de la vie » (Apologia pro vita sua, éd. Ad Solem, 2008, p. 124).

Il est inscrit à l’âge de 16 ans à l’Univer-sité d’Oxford, qui fait alors partie de l’Esta-blishment angl ic an et constitue le princi-pal centre de forma-tion de son clergé. Il va y rester pendant 28 ans, comme étudiant d’abord, ensuite comme enseignant-chercheur – fellow (membre agré-gé) du plus brillant des collèges d’Oxford à

l’époque, Oriel College. Mais il veut être aussi, selon son propre langage, « ministre du Christ ». Exceptionnellement chez un anglican de l’époque, il conçoit son ordination comme une consé-cration de toute sa vie ; et il voit un lien intime entre cette consécration et le célibat, chose inouïe à l’époque.

En 1828 il est nommé curé de la paroisse de Saint Mary the Virgin au cœur d’Oxford. C’est là qu’il prêche ses Sermons paroissiaux, publiés entre 1834 et 1843. Cette prédication est à la fois doctrinale ou dogmatique, d’une pénétration

DOSSIER19 SEptEmbRE 2010

8 FRANCECatholique n°3226 17 septembre 2010

bienheureux John Henry Newmanpar le Père Keith BEAuMont *

Benoît XVI procédera à la béatification de John Henry Newman — déjà honoré dans le calendrier liturgique de l'Église anglicane — le dimanche 19 septembre, au Parc Cofton de Rednal à Birmingham, au cours de la première « visite d'État » d'un Pape en Grande-Bretagne depuis la rupture du roi Henry VIII avec Rome, il y a cinq siècles (en 1982, Jean-Paul II avait effectué la première « visite pastorale »...)

Il fait une expérience

éblouis-sante de

Dieu comme Présence intérieure

© O

rATO

IrE

DE B

IrM

INg

hAM

© O

rATO

IrE

DE B

IrM

INg

hAM

Mgr Gaucher présentant son nouveau livre.

Newman en 1845. Portrait en miniature par Sir William Ross.

Page 9: FRANCE Catholique · la Chambre des notaires font ... Newman est une invitation à considérer une œuvre considérable à son authentique degré de signification. En se convertissant

psychologique profonde, et d’une grande exi-gence morale (sans jamais pour autant tomber dans le moralisme). Elle vise aussi la vie spiri-tuelle de ses paroissiens. Selon Newman, un ser-mon doit cibler une seule idée et la creuser avec un maximum de profondeur ; et son but doit être, d’abord, de « nous faire tourner le regard vers notre cœur pour le sonder » et, ensuite, d’« allu-mer dans nos cœurs le visage du Christ ».

À Oriel College, il découvre aussi avec pas-sion les Pères de l’Église, et commence à les lire et à les étudier systématiquement. Peu à peu cette lecture renouvelle en profondeur sa propre pensée. Il découvre les deux dimensions de l’Église qu’il appelle « catholique » – univer-selle – et « apostolique » – l’enracinement dans une Tradition qui remonte jusqu’aux « Apôtres ». Or, l’Église anglicane à son époque a perdu cette conscience de son identité : elle est devenue avant tout une Église nationale, et se consi-dère elle-même comme essentiellement « protes-tante ».

À partir de 1833, Newman et ses amis entreprennent donc, au sein du « Mouvement

d’Oxford », de « re-catholiciser » cette Église et de l’enraciner de nouveau dans une Tradition « apostolique ». Ils publient des tracts – des pam-phlets polémiques – pour diffuser leur pensée. Ils créent des anthologies d’extraits des œuvres des Pères. Newman donne des conférences, qu’il publie en volume. Et surtout, il prêche. Car le Mouvement d’Oxford n’est pas simplement un mouvement d’idées destinées à renouveler la théologie anglicane, il est d’abord et avant tout un mouvement de renouveau spirituel par la redécouverte de la vie sacramentelle, de la vie liturgique et de la vie de prière.

Cependant, à force de creuser le sens des notions d’« Église », de « catholicité » et d’« apos-tolicité », Newman en vient à douter de la fidé-lité de l’Église anglicane à celle des premiers siècles, qui est pour lui le modèle de référence. Il lui semble peu à peu que c’est, au contraire, l’Église catholique romaine qui est le véritable successeur de « l’Église des Apôtres » – alors qu’elle est à l’époque l’objet d’une haine viscé-rale chez la presque totalité des Anglais. Après une vie quasi-monastique menée pendant trois

FRANCECatholique n°3226 17 septembre 2010 9

bienheureux John Henry Newman

© O

rATO

IrE

DE B

IrM

INg

hAM

* Le Père Keith Beaumont, de l'Oratoire de France,

président de l'Association française des Amis de

Newman, est notamment l'auteur de : Prier 15 jours avec le cardinal newman,

Nouvelle Cité, 2005 -John Henry newman.

textes choisis, éd. Artège, 2010 - Bienheureux John

Henry newman. une pensée par jour. Medias-paul, 2010 - Petite vie

de John Henry newman, nouvelle édition revue et augmentée, DDB, 2010 -

Le Bienheureux John Henry newman, un théologien

et un guide spirituel pour notre temps., éditions du

Signe, 2010 (la «biographie officielle pour la béatifi-cation »). Et aussi : John

Henry newman, Saint Phi-lippe neri. Textes établis, présentés et annotés par Keith Beaumont, éditions

Ad Solem, 2010.

Pierre tombale de Newman au cimetière jouxtant la maison de repos de l'Oratoire, à Rednal.

Page 10: FRANCE Catholique · la Chambre des notaires font ... Newman est une invitation à considérer une œuvre considérable à son authentique degré de signification. En se convertissant

ans et demi, il est reçu dans l’Église catholique le 9 octobre 1845 par le P. Dominique Barberi, religieux passionniste italien en mission en Angleterre.

C’est, pour Newman, l’occasion d’une rupture personnelle terrible. Il perd son poste à Oxford, qui est une université anglicane. Il perd les revenus considérables attachés à ce poste. Pire encore, il perd la plupart de ses amis – car dans le contexte de l’époque, il est presque inconcevable qu’anglicans et catholiques puissent se fréquenter. Il est même rejeté par sa propre famille. Mais si Newman vit une rupture personnelle extrême-ment douloureuse, en aucune façon il ne vit une rupture sur les plans intellectuel et spirituel. Il a tout simplement l’impression, comme il le dira lui-même dans l’Apologia, de « rentrer au port après avoir traversé une tempête » (Ibid., p. 421).

Seulement, l’Église catholique, tout en se réjouissant triomphalement de sa « conversion », ne sait guère que faire d’un homme aussi brillant, aussi original, ayant une pensée souvent en décalage avec l’étroitesse d'une certaine pensée catholique de l’époque. On lui confie des missions qui tournent court, faute de soutien de la part de la hiérarchie. À un moment donné il est même dénoncé à rome pour hérésie !

Pendant presque 20 ans, aussi, il se trouve mis au ban de la société anglaise, et réguliè-rement attaqué, insulté, vilipendé. C’est pour répondre à une attaque particulièrement sour-noise qu’il écrit en 1864 le récit de l’évolution

de sa pensée, son Apologia pro vita sua. C’est le début d’un revirement étonnant de l’opinion publique en sa faveur. D’autres livres suivent qui sont également bien reçus – la Grammaire de l’assentiment en 1870, la Lettre au duc de norfolk en 1875. Et il finit par republier l’ensemble de ses livres de la période anglicane sans, en général, y changer quoi que ce soit – signe éloquent de la continuité que lui-même voit dans sa pensée au cours des deux « moitiés » de sa vie.

En 1879, dans sa 78e année, il est élevé au cardinalat par le nouveau pape, Léon XIII. C’est enfin la reconnaissance qu’il souhaite de la vali-dité et de l’orthodoxie de sa pensée.

Newman meurt, comblé d’honneurs, à l’âge de 89 ans – objet de l’estime et même d’un amour profond de la part de l’immense majo-rité des peuples anglophones, toutes confessions chrétiennes confondues. n

On lui confie des missions qui tournent court faute

de soutien de la hiérarchie

10 FRANCECatholique n°3226 17 septembre 2010

Le bureau sur lequel Newman rédigea

son Apologia.

La bibliothèque de Newman à l'Oratoire de Birmingham.

© O

rATO

IrE

DE B

IrM

INg

hAM

© O

rATO

IrE

DE B

IrM

INg

hAM

L'Oratoire de Birmingham.

Page 11: FRANCE Catholique · la Chambre des notaires font ... Newman est une invitation à considérer une œuvre considérable à son authentique degré de signification. En se convertissant

La béatification par l’Église d’un homme ou d’une femme est, comme chacun sait, l’avant-dernière étape précédant sa canonisation. Mais il existe aussi une étape ultérieure à laquelle accède seule

une infime minorité d’hommes et de femmes – trente-trois au total, dont seulement trois femmes. C’est la déclaration que le saint ou la sainte en question fait partie désormais des « Docteurs de l’Église », ceux dont l’ensei-gnement (en latin, doctrina) est reconnu comme jouissant d’une autorité particulière.

Or, n'est-ce pas le cas de Newman, grâce à une œuvre écrite immense ? Il s’est illustré dans une grande diversité de genres littéraires – des sermons (douze volumes publiés) , des œuvres théologiques, des œuvres historiques (consacrées surtout aux premiers siècles chrétiens et aux Pères de l’Église), une autobiographie souvent com-parée aux Confessions de saint Augustin, deux livres consacrés à une réflexion sur l’éducation universitaire, des œuvres poé-tiques, des prières et méditations, et même deux romans. Sa pensée théologique – on l’a maintes fois affirmé – a marqué le Concile Vatican II, à travers des théologiens comme les Pères Congar et de Lubac, le cardinal américain John Courtney Murray, principal architecte de la Déclaration sur la liberté religieuse, et le jeune Joseph ratzinger qui fut très marqué par la pen-sée de Newman pendant ses années de séminaire. Il a aidé l’Église catholique à enrichir sa pensée sur la nature de la conscience, sur le dévelop-pement doctrinal, sur la nature de l’Église (plus d’un siècle avant l’encyclique de Pie XII, Mystici Corporis, de 1943, il a prôné une conception de l’Église comme « corps mystique du Christ »), sur le rôle des laïcs et sur ce que le Concile appellera « l’appel universel à la sainteté ».

Mais Newman est tout autre chose qu’un théologien de bureau. On a dit de lui, avec jus-tesse, qu’il est avant tout « pasteur d’âmes ». Sa théologie est au service de la vie spirituelle. On pourrait dire qu’il nous aide à mieux « penser » Dieu afin de mieux le prier et le chercher. Il nous aide à retrouver une vision de la vie chrétienne

constituée de trois « dimensions » intégrées l’une à l’autre : le chrétien est pour lui non seulement un « croyant », non seulement un homme qui cherche à vivre selon certaines valeurs, mais – comme il le dit dans un sermon anglican – « un homme qui possède un sens intime de la pré-sence de Dieu en lui ».

Quel « statut » faut-il accorder à cette pensée et à cette œuvre aujourd’hui ? Un para l-lèle avec le cardinalat de Newman peut être éclairant. Lorsque celui-ci fut créé cardinal par le pape Léon XIII en 1879, la joie qu’il en ressentit fut moins celle d’une satisfaction personnelle, que celle venant du fait qu’il y voyait enfin une reconnaissance et une vali-dation de sa pensée et de son enseignement, que depuis vingt ou trente ans « des catho-liques ignorants ou exaltés » avaient décla-ré être « hérétiques ». Le statut de cardinal montrerait une fois pour toutes, pensait-il, que ses livres étaient « dignes de confiance ».

Il n’est plus question aujourd’hui, bien entendu, de mettre en doute l’orthodoxie de sa pensée. Mais ses écrits suscitent-ils de la part des catholiques l’intérêt qu’ils méritent ?

Or, la canonisation de Newman est insé-parablement liée à son éventuelle reconnaissance comme Docteur de l’Église, dont elle constitue un préalable indispensable. Presque tous les papes du XXe siècle depuis Pie XII ont souhaité voir le jour où Newman serait déclaré Docteur de l’Église. Paul VI et Jean-Paul II auraient tous deux voulu pouvoir le canoniser et faire eux-mêmes cette déclaration, mais le dossier était encore loin d’être prêt. Et l’on sait que c’est le vif souhait aussi de Benoît XVI, qui fait pour la toute pre-mière fois une exception à la règle que lui-même avait édictée en devenant pape, selon laquelle le Souverain Pontife ne présiderait plus les cérémo-nies de béatification mais seulement celles de la canonisation.

La béatification et l’éventuelle canonisation de Newman ne trouveront la plénitude de leur sens, en effet, que dans sa proclamation comme Docteur de l’Église. On sera alors obligé de prêter attention à son œuvre et – plus précisément – à son enseignement. n

C'est le vif souhait de Benoît XVI

qui fait pour la toute

première fois une exception

à la règle que lui-même avait édictée

FRANCECatholique n°3226 17 septembre 2010 11

LE SENS D'UNE bÉAtIFICAtION

Vers le Doctorat ?par le

Père Keith BEAuMont

Newman vers 1864.

© O

rATO

IrE

DE B

IrM

INg

hAM

Page 12: FRANCE Catholique · la Chambre des notaires font ... Newman est une invitation à considérer une œuvre considérable à son authentique degré de signification. En se convertissant

12 FRANCECatholique n°3226 17 septembre 2010

Newman fut amené à réfléchir sur la place de la théologie parmi les autres sciences et sur le rôle prépondérant de la philosophie dès ses Sermons univer-sitaires d’Oxford, ou encore ses articles

de 1841 pour le times. Une nouvelle occasion se présenta à lui lorsque, à la demande de l’évêque Cullen, il participa à la fondation d'une université catholique en Irlande. Il prépara d'abord, en 1852, une série de dix conférences (Discourses on the Scope and nature of university Education) dans le but de promouvoir ce projet et de le défendre face aux trois établissements non confessionnels récemment ouverts par la reine, qui excluaient d'emblée l'ensei gnement de la théologie. Newman fut recteur de l’Université dublinoise, de ses débuts (1851) jusqu’en 1858, année de la publi-cation de dix autres textes (Lectures and Essays on university Subjects) qui, réunis aux précédents, allaient former l’œuvre demeurée célèbre sous le titre L’Idée d’université*. Certaines réflexions de ce joyau nous semblent toujours d’actualité et valent la peine d’être mieux connues.

Le conférencier y explique l'interdépendance entre le savoir sacré et le savoir profane, étroi-tement liés et complémentaires, à l’image de « la foi [qui] opère au moyen de la raison, elle-même guidée et corrigée par la foi ». Voici comment il affirme que « la théologie a le droit d'avoir, à l'uni-versité, sa chaire parmi les autres » : « Mon pre-mier argument en faveur de la théologie était que l'université professe enseigner toute science, et ne peut de ce chef exclure la théologie sans faillir à sa mission. Ensuite, après avoir montré que toutes les sciences sont reliées entre elles et s'influencent les unes les autres, j'ai affirmé qu'il était impossible de les enseigner toutes de manière exhaustive, à moins de les prendre toutes en considération, la théologie comprise. J'ai de plus insisté pour sou-

ligner l'influence déterminante que la théologie exerce de fait, et ne peut manquer d'exercer sur des sciences nombreuses et très variées, les com-plétant et les corrigeant. Il suit de là que, si on la tient pour une science authentique, employée à la recherche de la vérité, on ne peut l'ignorer sans causer un préjudice grave à tout l'enseignement. Finalement, j'ai avancé que, si la théologie n'était pas enseignée, son domaine ne serait pas tout simplement laissé en friche. Au contraire, d'autres disciplines usurperont son territoire et, non man-datées pour ce faire, se mettront à édifier leurs propres déductions dans une matière qui ne saurait être ordonnée et systématisée comme il convient, qu'à la lumière des principes qui lui sont appro-priés. »

La mission d'une université revient donc à s'occuper de tout savoir, étant donné qu'elle est « le siège réservé à cette vaste philosophie qui embrasse toutes vérités, les situe en leur lieu propre et enseigne la méthode à suivre pour atteindre chacune ». D'ailleurs, souligne Newman, démontrant une fois de plus son ouverture d’es-prit exceptionnelle, « la seule garantie que nous ayons de rester dans la vérité », c'est de promou-voir toutes les sciences. C’est pourquoi il préco-nise une éducation dite « libérale », dont l’ensei-gnement est aussi diversifié que possible afin que les étudiants, évitant de se spécialiser trop tôt, acquièrent au contraire « les grandes lignes du savoir, ses principes de base, l'ordonnance de ses parties, ses lumières et ses ombres », autrement dit une « tournure philosophique ». Mais l’éduca-tion libérale a ses limites, et même si elle fournit pour critère de la vérité ce qui est beau et utile, les exigences de la foi font pousser les investiga-tions plus outre et évitent l’écueil de l’intelligence « mesure de toutes choses », d'où l'intérêt pour l'ensemble des sciences – a fortiori la théologie – de bénéficier du regard de l'Église. L'université n'en demeure pas moins l' « endroit où l'on met des hommes du monde en condition d'affronter le monde ». Cette conception de l’ancien oxonien ne sera guère comprise par les évêques irlandais, qui avaient peine à faire la différence entre une uni-

* the Idea of a university Defined and Illustrated. I. In nine Discourses Delive-red to the Catholics of Du-blin. II. In occasional Lec-

tures and Essays Addressed to the Members of the

Catholic university. La 1re partie a été traduite par E. robillard et M. Labelle dès 1968, chez DDB (reprint

par Ad Solem), dans la col-lection Écrits newmaniens : L'Idée d'université définie et expliquée. Les discours de 1852; la seconde est due à M.-J. Bouts et Y.

hilaire (Villeneuve d’Ascq, Presses universitaires du

Septentrion, 1997) : L'Idée d'université. Les disciplines

universitaires.

La place de la philosophie et de la théologie dans le cursus universitaire selon Newman : une « idée » pour nos universités ?

Sa conception de l'universitéJOHN HENRY NEWmAN

La mission d'une

université revient donc à s'occuper

de toutsavoir

Page 13: FRANCE Catholique · la Chambre des notaires font ... Newman est une invitation à considérer une œuvre considérable à son authentique degré de signification. En se convertissant

FRANCECatholique n°3226 17 septembre 2010 13

versité et un séminaire. De fait, ils n’accorderont pas le soutien nécessaire au recteur pour mener à bien sa mission…

Newman analyse les services considérables rendus par la philosophie : non seulement elle arrache l'homme à l'emprise des sens et des pas-sions à laquelle il est habituellement soumis, mais elle l'élève en l'intéressant à des objets dignes et nobles. Il souligne toutefois la « différence radicale entre le raffinement de l'esprit et une religion authentique », à savoir la distinction de leurs principes fondamentaux. Au détriment de la foi, la philo-sophie a tendance à substituer à la conscience le sens moral, au devoir le goût, au péché l'offense à la nature humaine, bref à la référence au Créateur la conformité avec soi-même. Cette « déviation » peut cepen-dant donner naissance à des personnalités plaisantes, voire gracieuses, les gentlemen : « Le gentleman évite avec soin tout ce qui pourrait blesser ou choquer les goûts de ceux qui vivent en sa compagnie : tout heurt d'opinion, conflit de sentiment, tout ce qui provoque la gêne, la méfiance, la morosité ou le ressentiment […]. Il pénètre l'esprit de ses antagonistes et explique leurs erreurs. Il connaît la faiblesse de l'humaine raison, aussi bien que sa force ; son champ d'ac-tion et ses limitations. Est-il incroyant : il sera trop sérieux et trop ouvert pour tenter de ridiculiser la religion ou de s'insurger contre elle […]. Il s'abs-tient de croire aux mystères, mais ne les attaque ni ne les dénonce pour autant. Il est partisan de la tolérance religieuse. »

Ces propos ne pourraient-ils pas contribuer à enrichir les notions actuelles de dialogue interreli-gieux et de « laïcité » ? Et Newman de poursuivre, toujours à propos du gentleman : « Il reconnaît parfois l'existence de Dieu; il confère parfois à une vertu ou à un principe inconnu les attributs de la Perfection. Et sur cette déduction de la raison, ou

création de son imagination, il trouve moyen de faire des réflexions si excellentes et de tirer de là le point de départ d'un enseignement si varié et systématique, que l'on croirait que c'est le chris-tianisme lui-même qui l'a formé. En vertu de la rigueur et fermeté de sa logique, il sait apprécier la consistance des opinions de ceux qui acceptent une doctrine religieuse ou quoi que ce soit qui s'en approche. »

Pour le penseur anglais, il n'y a pas lieu de craindre de conflit entre connaissances reli-

gieuse et profane, foi et raison, théologiens et scientifiques. La fin immédiate de l’univer-sité est la tâche qui incombe à la « science des sciences ». C'est à la philosophie en effet qu’il revient d’assurer à chaque science sa place respective, d'ar-bitrer la vérité, et encore d'en-tendre « les exigences de chaque secteur du savoir que l'homme a réussi à maîtriser ».

Concluons par cette concep-tion magistrale de l’université selon le futur bienheureux John

henry Newman : « Ce qu'est un empire dans l'his-toire politique, l'université l'est dans la sphère de la philosophie et de la recherche. Elle est la puis-sance tutélaire de toute connaissance et de toute science, du fait et du principe, de l'investigation et de la découverte, de l'expérimentation et de la spéculation ; elle balise le territoire de l'intelligence et veille à ce que les frontières de chaque province soient scrupuleusement respectées et à ce qu'il n'y ait ni usurpation ni capitulation d'un côté ou de l'autre. Elle joue le rôle d'arbitre entre une vérité et une autre et, prenant en compte la nature et l'importance de chacune, assigne à toutes le rang qui leur est dû. Elle ne privilégie aucun domaine de la pensée, aussi vaste et noble soit-il, et elle n'en sacrifie aucun. Elle respecte loyalement, selon leur poids respectif, les droits de la littérature, de la recherche scientifique, de l'histoire, de la métaphy-sique, de la science théologique… » n

par Pascale VInCEttE, missionnaire Idente,secrétaire de l’Association française des Amis de newman,

auteur d’une thèse sur « La théorie de la connaissance et de la certitude chez J. H. newman » , Paris I, 2002Sa conception de l'université

Oriel College, Oxford, avec, au fond, l'église de St Mary the Virgin.

www.jhnewman-france.org

C'est à la philosophie qu'il revient

d'assurer à chaque sciencesa place

respective

Page 14: FRANCE Catholique · la Chambre des notaires font ... Newman est une invitation à considérer une œuvre considérable à son authentique degré de signification. En se convertissant

Le premier verset de la Ge nèse est bien connu. Sa traduction f r a n ç a i s e r é s o n n e a u x

oreilles, même des incroyants. « Au commencement Dieu créa le ciel et la terre. » À cette phrase universellement connue font écho les trois premiers versets de l'Évangile de saint Jean. « Au commencement était le Verbe et le Verbe était avec Dieu et le Verbe était Dieu. Il était au commencement avec Dieu. Tout fut par lui et sans lui rien ne fut. » Si la version johannique est moins précisément assimilée, tout le monde retient l'idée d'un commencement par Dieu, d'une origine où se situe le Créateur. Mais cette appréhension commune est à la fois immédiate et confuse, à l ' ins ta r des te rmes bibliques eux-mêmes. On ne sait pas trop s'il s'agit d'un commencement du temps ou d'une dé pendance dans l'être. Berêshit est à la fois le commencement, l'origine temporelle et ce qui est dans la tête, l'origine principielle. De même archê est à la fois le point de départ et le principe. Les deux termes, hébreu et grec, ont le double sens temporel et principiel. Il est donc normal que la conscience commune ne distingue pas ce début du temps d'une dépendance plus fondamentale. D'ailleurs, comment pourrait-il en être autrement si l'esprit humain incarné ne peut cesser de penser à travers le temps et l'espace dans lesquels il vit ? Nous ne sommes pas des purs esprits qui pourraient immédiatement distinguer l'être du temps. La Bible, comme

l'homme de ce monde, ne peut saisir le principe que par le commencement, l'ontologique que par le temporel.

Une p r emiè re man iè r e de confondre chronologie et ontologie consiste à temporaliser l'acte créateur. Dans un premier temps, il n'y a rien. À la limite Dieu s'ennuierait. Puis un jour, Dieu décide de créer, d'appeler le monde à l'existence. C'est l'instant décisif. Et enfin, après ce gros travail effectué, Dieu se repose et regarde sa création. Sans grossir le trait, c'est souvent ce schéma temporel de la création qui traîne dans les esprits. On imagine temporellement ce qui ne relève que d'un regard méta physique, atemporel sur l'être.

Une autre manière pour confondre le temps et l'être peut se prendre de la création elle-même et non du Créateur. Certains veulent voir dans la théorie du big bang l'expression scientifique de la création. Mais c'est opérer une confusion entre la perspective chronologique et le point de vue ontologique. Indiquer un point zéro ne dit rien de la dépendance dans l'être. Le big bang ne pourrait qu'indiquer une image de commencement du temps, non une relation à l'exister. Et même la perspective temporelle de la création n'est pas immédiatement désignée.

Non seulement on ne sait rien du point zéro qui n'est qu'une limite que

l'on n'atteint pas, mais s'il y a eu un big crunch, le big bang ne dit pas un commencement, mais une étape dans une évolution. Donc le big bang ne dit rien de la dépendance ontologique et exprime maladroitement l'éventuel commencement. De cette confusion entre le temps et l'être, on peut glisser vers son contraire qui est sa séparation. La science qui désigne l'histoire du cosmos et son évolution se passe très bien du Dieu créateur, nous sommes alors passés d'une apologétique maladroite « à la dérision des incrédules » (1).

Les défenseurs du créationnisme et de la fixité des espèces confondent aussi le temps et l'être. Puisqu’il

y a un deven i r du monde, il faudrait que Dieu interv ienne en per manence par un mirac le . Mais cette confusion est inverse

de la précédente. Si l'évolutionnisme tend à réduire l'être au temps, le créationnisme veut réduire le temps à l'être. Une nouvelle séparation s'opère au profit apparent de l'être pour mieux exclure le temps. Dieu donnant l'existence à toute chose, un monde qui devient par lui-même dans le temps ne serait pas tenable.

Pour ne pas tout mélanger il faut d’abord distinguer la création de l’être par Dieu et l’histoire du cosmos et de la vie dans le temps décrite par la science. n

par Bertrand SOUCHARD

DIEU ET LA SCIENCE - 8

Big bang et Création : la tentation de confondrele temps et l'être

* Thomas d'Aquin, Somme de Théologie, Ia, 46, 2.

Nous ne sommes pas des purs esprits qui pourraient immédiatement

distinguer l'être du temps

14 FRANCECatholique n°3226 17 septembre 2010

Page 15: FRANCE Catholique · la Chambre des notaires font ... Newman est une invitation à considérer une œuvre considérable à son authentique degré de signification. En se convertissant

FRANCECatholique n°3226 17 septembre 2010 15

PRÉSIDENCELe secrétaire général de l'Élysée, Claude Guéant, a annoncé le 9 sep­tembre que le président Sarkozy allait rencontrer le Pape au Vatican au mois d'octobre prochain.

GRANDE-BRETAGNEStatistiques de l’Église catholique au Royaume­Uni (au 31 décembre dernier) : sur 59 381 000 habitants l a G r a n d e ­ B r e t a g n e c o m p t e 5 264 000 catholiques (8,87 %). L’Église catholique y dispose de 32 circonscriptions et de 2 977 paroisses, desservies par 59 évêques, 5 225 prêtres, 6 497 religieux, 160 laïcs consacrés et 34 669 catéchistes. Les séminaristes sont 245 et les 2 828 structures d’enseignement (de la maternelle à l’université) desservent 806 334 élèves et étudiants. L’Église dispose également de 8 hôpitaux, 1 dispensaire, 171 maisons de retraite, 79 orphelinats et garderies, 94 centres familiaux ou pour la protection de la vie, 147 centres de formation ou de rééducation sociale, et 31 autres institutions variées. (Vis)

BELGIQUELors d’une conférence de presse, le 10 septembre à Louvain, le Professeur Peter Adriaenssens, ex­président de la Commission pour le traitement des plaintes pour abus sexuels dans une relation pastorale a présenté le rapport final de la Commission. Celui­ci sera peut­être examiné au Parlement belge. Mais les dossiers qui le constituent ne peuvent plus être utilisés dans la procédure judiciaire à la suite de l'invalidation, par la Chambre des mises en accusation de la cour d'appel de Bruxelles, des saisies opérées le 24 juin dernier, avec des moyens jugés disproportionnés. Selon ce rapport, la

vague d'abus sexuels s'est manifestée à partir des années 50, est concentrée sur les années 60 et dans une moindre mesure 70 et chute au milieu des années 80. « Tous les évêchés, toutes les congrégations, et surtout tous les internats ont été confrontés à ce problème d'abus sexuels. » Treize cas de suicides consé cutifs à des abus sexuels au sein de l'Église ont été communiqués à la Commission. Les témoignages longuement cités, surtout écrits en flamand, sont un concentré accablant de misère humaine.À la fin du rapport, on peut lire : « Les membres de la Commission souhaitent plus de courage aux évêques, aux Supérieurs majeurs et à l’archevêque, afin qu’ils se montrent aux croyants et au public tels qu’ils sont apparus à la Commission lors de leur prise de

parole ou dans les actions entreprises. La saisie radicale de tous les dossiers a été l’amorce d’un processus de changement. Les victimes attendent et méritent une Église courageuse qui ne craint pas d’être confrontée à sa vulnérabilité, de la reconnaître, de collaborer à la recherche de réponses équitables, de donner à l’histoire un lieu qui l’empêche de tomber dans l’oubli. »Le 11 septembre, l’ancien évêque de Bruges, Mgr Vangheluwe, s’est exprimé dans une déclaration lue par le porte­parole de la Conférence épiscopale, Jürgen Mettepenningen. Le texte répète et amplifie les regrets exprimés par le prélat qui a reconnu avoir abusé sexuellement d'un neveu durant plus de dix ans. On parle désormais de « l'af faire Dutroux de l'Église ». n

BrûlerleCoran?Il ne manquait plus que cela ! À l'occasion de la fin du ramadan, et à la veille de l'anniversaire de l'attentat du 11 septembre 2001, un certain Terry Jones, pasteur d'une micro­Église évangélique américaine, se proposait de brûler des corans près du Point Zéro, là où les deux fameuses tours de Manhattan furent abattues. Composé d'une cinquantaine de membres, ce groupe d'excités met en procès l'islam, défini comme une religion diabolique qui cherche à dominer le monde. À l'heure d'Internet, ce genre de provocation ne pouvait passer inaperçu et, en Afghanistan, en Iran, au Pakistan, en Indonésie… les islamistes en ont profité pour relancer leurs appels à la guerre sainte.On s'interroge sur les motifs qui inspirent cette initiative qui ne peut qu'attiser la haine. On ne voit guère que le fanatisme dans la tête d'un fondamentaliste lui­même fasciné par un fanatisme concurrent, mais certainement pas des raisons d'ordre spirituel, ou encore moins des conseils tirés de l'Évangile. Finalement, la personnalité du pasteur Jones, éclairée par de nombreux témoignages de ses proches, apparaît sous un jour assez pathétique. À l'heure où je corrige ce texte, il avait renoncé à son projet, mais semblait persuadé d'avoir obtenu en échange que le projet de mosquée soit déplacé...Plus largement, on s'interroge sur l'attitude des chrétiens face à l'extrémisme. Certains, qui ne sont pas prêts à se lancer, heureusement, dans pareilles extrémités, n'en font pas moins preuve d'une fébrilité qui pourrait devenir dangereuse. Bien sûr, il ne s'agit pas de sombrer dans l'angélisme, mais l'exemple si prégnant des moines de Tibhirine devrait plutôt constituer, à l'heure de la sortie du film Des hommes et des dieux, le point de repère de ceux qui comprennent le véritable défi de l'Évangile. nChronique lue par Gérard Leclerc sur Radio Notre-Dame le 9 septembre.

Page 16: FRANCE Catholique · la Chambre des notaires font ... Newman est une invitation à considérer une œuvre considérable à son authentique degré de signification. En se convertissant

lectures

16 FRANCECatholique n°3226 17 septembre 2010

25e semaine du temps ordinaire

XXVe Dimanche1. Jésus qui s’indigne de voir les pauvres méprisés, les richesses naturelles pillées, les hommes vautrés dans un luxe insolent (lecture du livre d’Amos).➤ Adorons le Juge d’Israël qui ne laisse pas bafouer son Alliance.Point spi : protestons avec le Seigneur devant l’insupportable.2. Jésus qui traite ses disciples en adultes, qui leur demande d’être sérieux avec les réalités de ce monde, sans s’y laisser enliser (lecture de la lettre de saint Paul à Timothée).

Semaine de la « gardedes commandements » par le Père Michel Gitton

éternelle histoire de ce gérant malhonnête qui fait pousser des cris d’orfraie à toutes les bonnes âmes qui ne supportent pas que Jésus fasse l’éloge d’un si méchant

homme ! Comme quoi, la morale a encore de beaux jours devant elle, contrairement à ce qu’on pense. Nous vivons dans un monde hyper-moralisé, les valeurs ne sont pas toujours celles du christianisme, mais il y en a toujours, et de très oppressives. Ceux qui critiquent le plus le Saint-Père le font au nom des valeurs et en se drapant dans des principes : liberté de conscience, droit de déterminer son ‘orientation sexuelle’, préservation de la santé par tous les moyens, etc.

Jésus met précisément le doigt sur un point, un seul : l’inhabileté des croyants à mener leur vie spirituelle avec le désir de la réussir. Comme s’il suffisait de ne pas faire de mal et que, avec ça, on pouvait rester dans l’attente d’un salut garanti ! La majorité vit une sorte d’entre-deux :

comme on est chrétien, quand même, il y a des choses qu’on ne fait pas, on s’interdit certains plaisirs (dont on aurait bien envie au demeurant, ah ! si seulement...), mais d’autre part on soigne son intérêt, on ne prend pas de risques, on fait tout à moitié : un peu de prière, un peu de charité, une bonne pensée par-ci, un geste par-là. Et on s’étonne après cela que ça ne soit pas très stimulant, ni très joyeux. On reproche même au bon Dieu de ne pas nous protéger en conséquence, comme si notre bonne conduite nous donnait des points !

Mais le Christ est-il venu sur terre pour cela ? Est-ce cette vie médiocre qui nous ouvrira le ciel ? Non, mille fois non ! Il n’est pas venu pour faire des braves gens, mais des saints. En végétant dans notre vie chrétienne, nous prouvons en fait que le succès en ce domaine ne nous importe pas tant que cela. Si c’était notre retraite qui était en jeu, si notre banque faisait faillite, nous nous démènerions,

nous descendrions dans la rue. Mais que nous fassions du surplace dans notre relation avec Jésus, que nous risquions de nous dessécher dans une vie sans relief et sans joie, c’est comme cela, on n’y peut rien, et puis Dieu est tellement bon…

Le passage d’évangile que nous lisons aujourd’hui nous montre que la sainteté, cela demande une certaine aptitude à prendre une option même risquée, à voir le "coup" à réussir qui nous fera soudain ramasser le gros lot, comme le Bon Larron qui a réussi le casse de sa vie en rattrapant toute une vie gâchée par une ultime demande : "Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras comme roi" (Luc 23,42). Notre vie est sans doute jalonnée de ces "coups" à faire, tel François d’Assise échangeant ses vêtements avec un pauvre ou donnant un baiser au lépreux. Il a eu cette audace et ça a réussi. Sans doute passons-nous à côté d’audaces analogues et c’est bien dommage. Le ciel n’est pas ouvert aux rentiers, mais aux joueurs.

Jésus nous dit aussi que ce sont les "violents" qui s’en emparent (Matthieu 11,12). Entendons : ceux qui ne lâchent pas le morceau facilement, qui s’ac-crochent, qui veulent gagner à tout prix, qui sont prêts à se lever tôt, et à veiller tard, à bousculer l’heure des repas et à affronter les intempéries pour l’amour du seul Maître qui ne les décevra pas…

Serons-nous de ceux-là ? n

Dimanche 19 septembrePremière Lecture : Amos 8.4-7Psaume 113.1-2, 4-8Deuxième Lecture : 1·Timothée 2.1-8Évangile : Luc 16.1-13.

Le gérant malhonnête16. 1 Jésus dit encore aux disciples : « Quelqu’un de riche avait un intendant, et on vint lui rapporter que l’intendant dissipait ses biens. 2 Il l’appela et lui dit : ‘Qu’est-ce que j’entends dire de toi ? Donne-moi les comptes de ta gestion, car tu ne peux pas continuer de gérer mes biens.’3 L’intendant se dit en lui-même : ‘Que vais-je faire, si mon maître me retire la gestion ? Bêcher la terre ? Je n’en ai pas la force. Mendier ? J’en aurais honte. 4 Eh bien, je sais ce que je vais faire : il y aura des gens pour m’accueillir chez eux quand j’aurai été renvoyé de mon poste.’5 Il appelle donc un à un ceux qui doivent de l’argent à son maître. Il dit au premier : ‘Combien dois-tu à mon maître ?’ 6 Celui-ci répond : ‘100 barils d’huile.’ L’intendant lui dit : ‘Prends ton reçu, assieds-toi et écris vite : 50.’ 7 Il dit à un autre : ‘Et toi, combien dois-tu ?’ Celui-là répond : ‘100 mesures de blé.’ L’intendant lui dit : ‘Prends ton reçu et écris : 80.’8 Le maître ne put qu’admirer cet intendant malhonnête, car il avait agi en homme sage. Oui, les fils de ce monde tirent plus de profit de leurs semblables que ne font les enfants de lumière. 9 Et moi je vous dis : Faites-vous des amis avec ce maudit argent, et quand il viendra à vous manquer, eux vous accueilleront dans les demeures éternelles.10 Celui qui est digne de confiance dans de petites choses le sera pour de plus grandes ; celui qui est malhonnête pour de petites choses, le sera également pour de plus grandes. 11 Donc, si on ne peut compter sur vous pour ce maudit argent, qui vous confiera les vrais biens ? 12 Si on ne peut compter sur vous pour des choses extérieures, qui vous donnera ce qui est vraiment vôtre ?13 Un serviteur ne peut pas rester à servir deux maîtres ; ou bien il détestera l’un et aimera l’autre, ou bien il soignera le premier et se moquera de l’autre. Vous ne pouvez pas servir Dieu et le Dieu-Argent. »

25e dimancHe ordinaire (année c)

par le Père Michel Gitton

© LA

BIB

LE D

ES P

EUPL

ES /

ÉD. D

U JU

BILÉ

l’intendantscandaleux

Page 17: FRANCE Catholique · la Chambre des notaires font ... Newman est une invitation à considérer une œuvre considérable à son authentique degré de signification. En se convertissant

FRANCECatholique n°3226 17 septembre 2010 17

25e semaine du temps ordinaire➤ Adorons le Dieu unique qui ne se laisse pas prendre dans les calculs partisans des hommes.Point spi : Prions pour nos dirigeants, même si nous voyons bien leurs erreurs.3. Jésus qui voudrait voir ses amis user adroitement des biens de ce monde pour se faire des amis au ciel (évangile selon saint Luc).➤ Adorons la suprême Sagesse, qui sait tout perdre pour gagner plus encore.Point spi : ne nous contentons pas de ne pas spolier les autres, sachons lâcher prise et donner largement.

Lundi : « Comment vous recevrez » ou l’art de « garder » pour mieux donner (Luc 8, 16-18)1. La lampe : Jésus qui veut nous mettre en pleine lumière ; ce n’est pas un enseignement ésotérique, réservé à quelques-uns.➤ Adorons le Dieu qui n’a pas dit : « cherchez-moi dans le vide », qui a voulu refléter sur nous sa lumière.Point spi : ne cultivons pas une religion incompréhensible, sachons exprimer nos convictions de manière claire.2. La manière d’écouter : Jésus qui veut faire de nous des disciples intelligents, pas des perroquets.➤ Adorons le Maître qui, en s’entourant des anges et des hommes, fait appel à leur intelligence.Point spi : ne confondons pas docilité et suivisme, fidélité et conformisme.3. Le don à ceux qui ont déjà : Jésus qui nous fait goûter la surabondance, un bonheur peut en cacher un autre, quand on est entré dans la danse.➤ Adorons Celui qui est source sura-bondante, jaillissement de grâce.Point spi : ne limitons pas nos ambitions, ne disons pas : « C'est assez ! ».

Mardi : Saint Matthieu(Matthieu 9, 9-13)Octave de la Croix Glorieuse1. Jésus qui a enlevé Lévi à ses comptes et à ses écritures, qui l’a arraché à une vie médiocre pour le mettre à sa suite.➤ Adorons le Maître qui vient tout bousculer dans nos vies, et n’y laisse rien d’intact.Point spi : Cessons de chercher toujours des sécurités.2. Jésus qui se donne un apôtre en la

personne d’un publicain honni, qui va faire cohabiter Lévi le collaborateur et Simon le Zélote.➤ Adorons le Maître qui fait notre unité au-delà de nos différences et de nos oppo sitions.Point spi : Croyons que le Seigneur peut embaucher ceux que nous ne penserions pas à inviter.3. Jésus qui donne un avenir à Lévi, qui lui permet de mettre ses talents au service de l’évangile.➤ Adorons le Maître qui nous fait confiance.Point spi : Mettons toutes nos capacités, mêmes les plus profanes, au service du Christ.

Mercredi : L’envoi des Douze, un départ pour l’aventure, pour garder le premier élan (Luc 9, 1-6)1. Autorité ; Jésus qui investit ses amis de son autorité : eux, si hésitants, si peu sûrs, auront à chasser les démons !➤ Adorons le Maître qui peut tout, et qui veut néanmoins faire appel aux hommes.Point spi : ne nous dérobons pas devant la responsabilité que le Christ nous confie.2. Dépouillement : Jésus qui leur demande de partir démunis de toute garantie, sans réserve pour l’avenir.➤ Adorons Celui qui n’a pas eu de pierre pour y poser sa tête.Point spi : ne nous laissons pas arrêter par la peur du lendemain.3. Persévérance : Jésus qui les prépare aux refus qu’ils rencontreront, et qui leur apprend à ne pas se laisser détourner pour autant de leur objectif.➤ Adorons Celui qui, venu chez les siens, n’a pas été reçu, mais qui a poursuivi son œuvre auprès du petit reste qui l’a accueilli.Point spi : ne cherchons pas dans l’apos­tolat la faveur ou l’estime de ceux que nous rencontrons.

Jeudi : Hérode perplexe,antithèse d’un cœur qui « garde »(Luc 9, 7-9)1. Jésus que les puissants cherchent à voir et ne voient pas, trop occupés d’eux-mêmes, de leurs plaisirs et de leur avenir.➤ Adorons Celui à côté de qui on peut passer, Celui qui ne s’impose pas.Point spi : Gardons un cœur avide de lui.2. Jésus qu’on cherche toujours à ramener à une mesure commune, à faire entrer dans la norme, alors que…➤ Adorons Celui qui est unique, qui ne ressemble à aucun autre.Point spi : Soyons capables de nous étonner, de nous émerveiller.

3. Jésus qu’on ne peut arrêter dans sa course, Lui si libre devant les pièges de l’avoir et du pouvoir.➤ Adorons Celui qui « va son chemin », échappant à la méchanceté et à la bêtise des hommes.Point spi : Sachons conquérir notre liberté, en étant prêts à en payer le prix.

Vendredi : La Confession de Césarée, Jésus qui interroge surle dépôt à garder (Luc 9, 18-22)1. Jésus qui, en nous interrogeant sur les idées reçues, nous aide à mesurer la distance déjà franchie, la lumière qui a commencé à pénétrer.➤ Adorons le Dieu qui scrute les reins et les cœurs, dissipe les ombres de la nuit.Point spi : Restons libres face aux idées reçues.2. Jésus qui, en nous posant la question de confiance, nous amène à prendre partie, à oser exprimer notre foi.➤ Adorons le Dieu qui interroge, qui laisse de la place à notre réponse.Point spi : Mettons toute notre joie à professer la vraie foi.3. Jésus qui, en nous parlant de sa Passion, nous oblige à accepter d’aller beaucoup plus loin que nous ne l’imaginions.➤ Adorons le Dieu qui nous entraîne, le Maître et le Guide qui marche devant nous.Point spi : Disons à Jésus « oui » pour toute la suite et sur toute la ligne.

Samedi : La deuxième annonce de la Passion, ou celui qui n’a rien gardé pour lui (Luc 9, 43b-45)1. Jésus qu’on admire en partie pour de mauvaises raisons, en qui on voit un faiseur de miracles.➤ Adorons le Seigneur défiguré par nos idolâtries.Point spi : ne nous révoltons pas quand il ne fait pas ce que nous voulons.2. Jésus qui veut que ses disciples s’attachent à lui en connaissance de cause, qui ne cache aucun point de son programme.➤ Adorons le Dieu de vérité, si loin des mensonges et des compromis des hommes.Point spi : Aimons la vérité, même quand elle ne nous est pas favorable.3. Jésus qui supporte leur mutisme, leur lenteur, leurs réticences.➤ Adorons le Dieu patient qui sait at-tendre le moment.Point spi : Acceptons de ne pas pouvoir toujours nous faire comprendre des autres. n

Page 18: FRANCE Catholique · la Chambre des notaires font ... Newman est une invitation à considérer une œuvre considérable à son authentique degré de signification. En se convertissant

Chiara naît le 29 octobre 1971 dans le village de Sassello, au nord de l'Italie. Ses parents, Ruggero et Teresa Badano, attendaient un enfant depuis

onze ans et accueillent Chiara comme un don de Dieu. Gens simples d'une piété vécue en acte et en vérité, ils élèvent leur fille unique avec un amour profond mais sans faiblesse, lui transmettant le goût de la prière et de la charité. Chiara connaît une enfance heureuse dans un de ces petits villages où tout le monde se connaît. Elle n'est pas une foudre de guerre à l'école, mais elle s'applique et s'intéresse à tout. Elle aime chanter, faire du sport, jouer dans des sketches ou revêtir des déguisements farfelus pour le carnaval du village.

On ne naît pas saint, on le devient, aussi la petite Chiara est une enfant ordinaire, joyeuse et sociable, mais également douée d'un fort caractère : quand on lui demande un service ou un effort, bien souvent la première réponse est un non catégorique, comme ce jour où sa mère lui propose de don-ner quelques jouets pour les pauvres : « NON !  Maman :  ils  sont  à  moi ! » Et un moment plus tard, elle trie ses jouets, les plus beaux étant pour les pauvres. C'est

un trait de caractère typique de Chiara, et qui explique sa joie à la découverte de la parabole du père demandant à ses deux fils d'aller travailler à sa vigne (Mt 21,28-30). Elle se reconnaît dans le premier qui, après s'être révolté, décide de faire la volonté de son père et, très jeune, Chiara s'exerce à préférer la volonté divine à la sienne.

À l'âge de neuf ans, elle fait une rencontre qui va changer sa vie : sur les conseils d'une voisine les Badano se rendent à la fête internationale des familles organisée par les Focolari. Ce mouvement fondé par Chiara Lubich enthousiasme Chiara qui s'engage dans le groupe jeunes de sa région. Elle y retrouve d'autres enfants, puis ado-lescents, pour des temps de prière, de partage et de détente. La spiritualité des Focolari rejoint étonnament celle de la jeune fille : l'amour de l'Évangile que l'enfant considérait comme son plus cher trésor et qu'elle voulait apprendre à vivre comme on apprend l'alphabet, et la recherche de la volonté de Dieu.

Chiara découvre aussi ce que Chiara Lubich appelle le mystère de « Jésus

abandonné » : de même que Thérèse de Lisieux contemplait sans cesse la Sainte Face du Sauveur, de même Chiara ap prend à reconnaître dans toute souf-france le visage de Jésus se sentant abandonné du Père sur la croix.

Dès l'âge de 12 ans elle écrit : « Avant, je vivais "Jésus abandonné" d'une manière plutôt superficielle et je l'accep-tais  pour,  ensuite,  attendre  la  joie.  J'ai découvert  que  je  me  trompais  sur  toute la ligne. Je ne dois pas l'instrumentaliser, mais l'aimer et basta. » Elle offre avec lui ses souffrances et compatit activement à celles de ses proches. Elle prend ainsi l'initiative de passer beaucoup de temps avec une vieille voisine esseulée, ou de veiller toute une nuit ses grands-parents malades au cas où ils auraient besoin de son aide. Appréciée pour sa bonté par ses camarades de classe, Chiara ne se fait jamais prosélyte, persuadée que sa vie plus que ses paroles doit montrer le Christ à son entourage.

Ainsi arrimée à Dieu, Chiara tra-verse sans trop de heurts la période de l'adolescence. Elle tombe amoureuse, mais l'élu de son cœur ne partage pas sa haute vision du couple, aussi pré fère-t-elle s'éloigner. Chiara se rêve en effet mariée et mère de famille, ce qui ne l'empêche nullement de considérer Jésus comme l'époux de son cœur.

C'est au milieu d'une vie ordinaire de lycéenne, vécue avec une foi et un amour peu ordinaires, que la maladie rejoint Chiara. À la fin de l'été 1988, alors qu'elle va sur ses dix-sept ans, elle ressent une vive douleur à l'épaule ; après bien des traitements inutiles, un ostéosarcome, forme particulièrement douloureuse de cancer des os, est dia-gnostiqué. Chiara ne comprend l'horreur de sa maladie qu'en mars suivant, lors de sa première séance de chimiothérapie. Rentrant chez elle, livide, elle s'isole en

FOCOLARI

ESPRIT

( Une vie ordinaire de lycéenne, vécue avec une foi et un amour peu ordinaires

18 FRANCECatholique n°3226 17 septembre 2010

par Hélène MONGIN

Le 25 septembre, l'Église béatifie une jeune fille qui sut faire de sa courte vie un chef-d'œuvre d'amour. Morte en 1990, Chiara a donné le témoignage d'une vie offerte, digne d'une Thérèse de Lisieux.

© N

OU

VELL

E CI

Lumineuse Chiara Luce

Page 19: FRANCE Catholique · la Chambre des notaires font ... Newman est une invitation à considérer une œuvre considérable à son authentique degré de signification. En se convertissant

par Hélène MONGINrefusant de parler à ses parents. Vingt-cinq minutes plus tard, elle les rejoint, souriante : son oui est donné. Un oui qu'elle va devoir revivre chaque jour des dix-sept mois de calvaire qui vont suivre.

Chiara vit alors une ascension ful-gurante, sommet et fruit de toute sa vie passée : comme avant sa maladie, elle continue d'accepter la volonté de Dieu et d'offrir ses souffrances. Asseyons-nous à son chevet et écoutons les paroles de la jeune malade, qui nous révèlent mieux que de longs discours sa lumineuse sain-teté : « Jésus, si c'est toi qui le veux, je le veux  moi  aussi »,  répète-t-elle à chaque nouvelle épreuve. « Pour  toi,  Jésus », à chaque mèche de sa belle chevelure que lui enlève sa chimio. « Jésus  me  nettoie à  l'eau  de  javel  tous  les  points  noirs  et ça brûle. Comme ça, quand  j'arriverai au paradis,  je  serai  blanche  comme  neige. » Quand on lui demande comment elle fait pour garder la paix au milieu de ses terribles souffrances, elle répond simple-ment : « Je cherche à aimer Jésus. »

Active et sportive, elle a beaucoup de mal à accepter la paralysie progres-sive de ses jambes, mais plus tard elle avoue à sa mère : « Si l'on me demandait si  je  voulais  recommencer  à  marcher  je répondrais  que  non,  parce  que  comme ça,  je  suis  plus  près  de  Jésus. »  Entrant de plus en plus dans la spiritualité de « Jésus abandonné », Chiara voit dans sa maladie une configuration au Christ en croix et elle offre ses souffrances avec lui : « Je  vous  offre mon  néant,  écrit-elle à  des  amis  focolari  réunis  en  congrès, afin  que  l'Esprit-Saint  répande  sur  tous ces  jeunes  ses  dons  d'amour,  de  lumière et  de  paix.  Que  tous  comprennent  quel cadeau  gratuit  et  immense  est  la  vie  et combien  il  est  important  de  la  vivre  à chaque instant dans la plénitude de Dieu. Dans mon immobilité votre marche. » Elle vit désormais dans l'instant présent : « Je 

serai  sainte  si  je  le  suis  tout  de  suite ! » Mais quand on admire sa sainteté, elle se récrie : « N'importe  quoi !  Si  tu  savais la peine que j'ai à dire oui à chaque dou-leur… Certes, je le dis, mais il me faut du temps  et,  ensuite,  je  ne  suis  jamais  sûre de le Lui avoir dit pour de vrai. »

Chiara expérimente une certaine nuit de la foi et croit même une nuit voir quatre démons l'entraîner dans l'obs-curité. Elle se réfugie alors auprès de la Vierge Marie, dont elle aime tant réciter le chapelet. Elle en arrive à un détache-ment tout thérésien : « Je  ne  demande plus  à  Jésus  de  m'emmener  au  paradis, répète-t-elle  de  plus  en  plus  souvent. Autrement,  il  pourrait  penser  que  je  ne veux plus souffrir. Il viendra me chercher le moment venu. » Elle refuse qu'on aug-mente ses doses de morphine : « Cela m'enlève ma lucidité et  la souffrance est la seule chose que  je peux offrir à Jésus. [...]  J'offre  tout  pour  ceux  qui  sont  loin de Dieu. »

Le souci missionnaire ne quitte pas Chiara que la maladie ne renferme pas sur elle-même. Sa chambre ne désemplit pas et se fait le théâtre de rencontres joyeuses voire chantantes. Des centaines de personnes lui rendent visite et tous sont frappés par sa charité rayonnante. Chiara Lubich, avec qui elle entretient une correspondance depuis son enfance, lui donne alors un nouveau nom, selon l'usage des Focolari : Chiara Luce.

La lumière de Chiara rayonne au loin : elle qui avait rêvé d'être pédiatre auprès des enfants africains se pas-

sionne pour le projet d'un de ses amis parti construire des puits au Bénin. Elle lui donne tout l'argent reçu pour ses dix-huit ans et demande à ce qu'on n'offre pas de fleurs à son enterrement mais de l'argent pour soutenir cette cause : c'est le début d'une belle aventure qui verra la construction d'un dispensaire, de maisonnettes pour les orphelins et d'un centre d'accueil Chiara Luce.

Chiara utilise ses dernières forces pour recevoir ses proches et les encou-rager, et prépare sa messe d'enterrement comme une messe de noces. Elle adresse ses derniers mots à sa mère : « Maman, ciao.  Sois  heureuse  car  je  le  suis. » Elle s'éteint paisiblement dans la nuit du 7 octobre 1990, quelques jours avant ses dix-neuf ans.

Deux mille personnes assistent à ses funérailles et très vite le rayonne-ment de Chiara se fait international, des grâces de plus en plus nombreuses sont attribuées à son intercession, si bien que son procès de béatification est ouvert dès 1998. Le 25 septembre, l'Église donnera officiellement Chiara Luce Badano comme modèle aux croyants, et en particulier aux jeunes. Chiara nous offre une lumière fulgurante sur notre vocation de chrétien : « Qu'est-ce qu'il est difficile de vivre le christia-nisme jusqu'au bout ! Mais c'est la seule façon ! » n

FRANCECatholique n°3226 17 septembre 2010 19

© N

OU

VELL

E CI

Lumineuse Chiara Luce

Michel Zanzucchi, Un sourire de paradis, Nouvelle Cité, 10 € - Franz Coriasco, Chiara Luce, 18 ans de vie lumi-neuse, Nouvelle Cité, 15 €.

Page 20: FRANCE Catholique · la Chambre des notaires font ... Newman est une invitation à considérer une œuvre considérable à son authentique degré de signification. En se convertissant

On les appelle à toute heure auprès des malades , ou des mourants, à leur domi-cile. Depuis 150 ans, leur p ré sence , gr atuite , e s t

consolation, parce que leur cœur, formé à l’école de la prière avec saint Dominique, à l’intime union avec le Christ, est habité par le Consolateur, Dieu lui-même qu’elles portent partout avec elles, au chevet de la souffrance humaine, pour faire jaillir l’amour.

Si vous les cherchez sur Internet vous les trouvez sur le site de leur diocèse mais aussi dans d’autres annuaires sous le titre : « Œuvres des Dominicaines » , avec pour « secteur d'activité » : « Santé et action sociale » , « Aide à domicile », « Service à la per-sonne ». Un secteur en pleine expansion. à la pointe de l’actualité sociale. Cent cinquante ans plus tard, l’intuition pre-mière demeure d’actualité.

«  C’est  Dieu  lui-même  qui  a  eu  l’ini-tiative,  dans  le  cœur  de  l’Abbé  Borge – aumônier à  l’Hôtel-Dieu - et de Marie Thérèse Farré – "Mère Térèse", tous deux 

tertiaires  dominicains  », explique Mère Jean Marie, prieure générale.

Telle est la vitalité du charisme de compassion de saint Dominique incarné en cette petite communauté dont la Prieure générale précise :  « Mère Térèse nous invite ardemment, et nous entraîne, à  la  suite  de  saint  Dominique,  à  livrer notre vie au Christ, pour l’annoncer tout proche  à  ceux  qui  souffrent,  à  ceux  qui vont mourir. »

Ce jubilé, explique Mère Jean Marie, c’est «  l’heure  de  rendre  grâce,  avec toute  l’Église,  pour  la  joie  de  l’homme, pour la joie de Dieu ! ». Et cela se voit, la joie que Dieu met au cœur des sœurs. Elle éclate dans le sourire de la Mère prieure, sr Marie Pierre, joie de l’Église du Sénégal qui fleurit à Bourg.

L’évêque de Belley-Ars, Mgr Guy-Marie Bagnard a ouvert, le 20 juin à la cathédrale Notre-Dame – Mère Térèse était paroissienne de Notre-Dame – la célébration de ce jubilé, sous le patro-nage du Cœur Immaculé de Marie, avec un décalage de date dû à la conclu-sion de l’Année sacerdotale, sous la pro-tection du saint Curé d’Ars. Il a souli-gné combien loin d’être « perdues  dans l’oraison », les sœurs nourries par l’Eu-charistie où elles puisent leurs forces quotidiennes, sont «  bien ancrées   dans la  terre  des  hommes  ». Et il les a invi-tées  « à  la suite de  leur  fondatrice, à ne jamais cesser de progresser sur la voie de l’Amour ».

Leur charisme se met « en quatre » (le nombre des sœurs à l'origine): une tra-dition mendiante, à la suite de saint Dominique, pour vivre dans un abandon total à Dieu, et «  vivre  de  Dieu  » par une vie contemplative ; en commu-

nauté fraternelle, fondée sur le par-don mutuel ; comme saint Dominique, à la recherche de la vérité ; pour aimer Dieu et le prochain jusqu’à l’ex-trême. La pauvreté pour point d’ap-pui, Mère Térèse a montré, en la par-courant, cette route de la foi jusqu’au bout de la confiance ; elle écrivait, en novembre 1893, après la mort d’une jeune sœur : « Nous  voilà encore dimi-nuées  de  nombre,  que  le  Bon  Dieu  soit béni. C’est sa manière à Lui de répondre à  nos  supplications  d’accroissement […]. Appliquons-nous  à  mériter  d’être les  troupes  de  Dieu.  Si  petite  soit  cette troupe,  la  victoire  couronnera  ses efforts. Qui a Dieu a tout. »

Le dimanche 8 août, en la fête de saint Dominique, la Messe présidée par la Père Gilles-Hervé Masson, un frère en saint Dominique, rassemblait des amis venus nombreux, rendre grâce à Dieu avec la communauté, et les amis prêtres concélébrants : les Pères Pascal et Matthieu, de la communauté Saint-Jean, Philippe Seys, de la communauté Saint-Martin, frère de l’une des sœurs, et le P. Radek, prêtre polonais, ami de la communauté.

Mère Jean Marie a eu à coeur d’af-firmer la paternité de saint Dominique, reçue de Mère Térèse – ainsi des œuvres de Dieu :   «  Il  y  a  150  ans  – 1860  –  Mère  Térèse  nous  donnait  Saint Dominique  pour  Père  et  pour  modèle. Nous nous rappelons : au moment d'être admise  dans  le  Tiers-Ordre  de  saint Dominique, le 8 décembre 1856, Marie-Thérèse  lit  un  événement  de  la  vie  de saint Dominique  :  la nuit qu'il passe,  en dialogue  avec    l'aubergiste  –  cathare –  de  Toulouse,  et  la  conversion  de  cet homme  à  la  foi  chrétienne  au  petit matin.  Elle  reçoit  là  une  lumière  déci-sive  :  "Beaucoup  auraient    besoin  de 

cOngrégatiOns150e anniversaire

Et cela se voit, la joie que Dieumet au cœur des Sœurs(

20 FRANCECatholique n°3226 17 septembre 2010

Les Dominicaines garde-malades de Bourg- Dominicaines du CœurImmaculé de Marie –célèbrent le 150e anniversairede leur fondation (1860-2010)ce 25 septembre. Elles sont, aujourd’hui, comme hier, apôtres du Dieu de miséricorde.

Les dominicaines de Bourg-en-Bresse

Page 21: FRANCE Catholique · la Chambre des notaires font ... Newman est une invitation à considérer une œuvre considérable à son authentique degré de signification. En se convertissant

FRANCECatholique n°3226 17 septembre 2010 21

par Franz LE GUEN

recevoir de semblables visites, il faut les aller  trouver  dans  leur  maison […] ,  par les  soins,  soulager  le  corps  –  gratuite-ment. [...] Mais  les  prêtres  ne  peuvent pas  toujours  remplir  facilement  cette mission. Il doit être possible d’y suppléer par le soin des malades à domicile  ; par ce service corporel, on pourrait procurer le bien des âmes. »

Et l’action de grâces du peuple de Dieu présent — toutes générations, tous états de vie — a retenti, unanime, dans la chapelle, restaurée en 2005, grâce à un don insigne ; et grâce à la sensibilité d’un ami architecte pour qui la spiritua-lité se fait formes et couleurs, expres-sion matérielle de la grande douceur qui émane de cette communauté de sœurs, qu’il côtoie de près.

La fête ensoleillée s’est prolongée, familiale, par un verre de l’amitié, et un déjeuner tiré du sac dans le jardin des sœurs.

Cette célébration de la mémoire de l’origine a connu comme un ins-tant — un sommet — de grande paix, l’après-midi grâce à l’évocation, par Marie-Claude Vandembeusche, histo-rienne, amie de la communauté, de la présence des dominicains à Bourg pen-dant 350 ans, de 1414 à la Révolution. Puis lorsque le Père Masson a évoqué saint Dominique « notre Père », jusqu’à le faire découvrir — tant il est caché dans sa discrétion — en sa tendresse et son humanité : Saint Dominique saisi par Dieu, livré au Christ et à ses frères les hommes, tout proche de nous aujourd’hui : « Il donnait le jour au pro-chain et la nuit à Dieu. »

En 1856, Marie-Thérèse, confirmée par Mgr de Langalerie, évêque de Belley, abandonne son métier de couturière ; le 25 septembre 1860, l’évêque bénit la petite communauté naissante, 12, rue Lalande à Bourg. Il nomme Marie-

Thérèse Farré - Mère Thérèse - supé-rieure. La congrégation est placée sous la protection du Cœur Très Saint et Immaculé de Marie... Rendez-vous samedi 25 septembre prochain, pour célébrer à la date même, cette douce, et nouvelle, « irruption » de Dieu parmi les hommes : n’a-t-Il pas hâte de nous révé-ler, pour nous le communiquer à chacun, son Amour de Père ? n

© M

ARC

JAN

SON

Un  amour  de  Mère : c’est le titre du DVD de Marc Jeanson qui a saisi quarante minutes de la vie quotidienne de ces contemplatives dans l’action. On les voit s’envo-ler les unes après les autres comme des hirondelles, aux quatre coins de la ville, pour

« soigner les corps pour mieux soigner les âmes », et leur ouvrir « un avenir et une espérance ». Prix : 25 euros franco. à commander à DCX, 31, rue Rennequin 75017 Paris, Tél : 01 42 67 30 37.

Les dominicaines de Bourg-en-Bresse

Page 22: FRANCE Catholique · la Chambre des notaires font ... Newman est une invitation à considérer une œuvre considérable à son authentique degré de signification. En se convertissant

La nomination de Stephen Green comme secrétaire d’État au commerce britannique du gou-vernement Cameron ne semble pas de prime abord surprenante :

né en 1948, produit d’Oxford et du MIT (Boston), il a depuis 1982 gravi les éche-lons supérieurs de HSBC, un des plus grands groupes bancaires de la planète, au bilan enviable puisqu'il n'a demandé aucune aide étatique et vient d'annon-cer de substantiels bénéfices. La presse britannique a souligné l’importance de désigner un banquier expérimenté pour accéder aux responsabilités politiques du commerce et de l’investissement extérieur. Une nomination apparemment naturelle donc, encore que les Français apprennent avec une certaine stupeur que le 10, Downing street aurait fait savoir que le futur ministre ne touche-rait aucun émolument pour ses fonc-tions ! Le même avait spontanément renoncé à d'importants bonus à l'occa-sion de la dernière crise bancaire… Mais ce père de deux filles nous sur-prend à un autre titre : chrétien prati-quant, il a étudié à la Faculté de théo-logie anglicane de Hong Kong, et est même ordonné prêtre de l'Église angli-cane depuis 1988. On peut d'ailleurs l'entendre prêcher certains dimanches, à

la paroisse Saint-Barnabé dans le quar-tier chic de Kensington à Londres. Il avait recueilli ses réf lexions éthiques en 1996 dans un livre intitulé Dieu et Mammon, que la City n'avait pas forcément apprécié. Son dernier livre, qui vient de paraître en Grande-Bretagne et sera disponible en France le mois prochain, est un manifeste de bonne conduite en affaires, une entre-prise salutaire après les crises qui ont abouti à l’énorme catastrophe bancaire rendue visible, en septembre 2008 par la failllite de Lehmann Brothers.

Ses « Réflexions sur l’argent et la morale dans un monde incertain » sont d’abord l’œuvre d’un grand technicien de la finance internationale De manière claire, accessible, Stephen Greeen ex plique les mécanismes financiers et montre les endroits où la machine s’est grippée. Il propose de saisissants rac-courcis historiques (sur l’origine de la monnaie), il manie des données démo-graphiques et économiques frappantes. Par touches successives, il peint le tableau de l’économie mondiale, le grand marché, qui tient plus du souk oriental que du grand magasin parisien. Tout y est permis, le profit est le seul critère de l’action, le risque est sous-évalué – et le faux pas devient une chute et entraîne un naufrage.

Sa peinture impressionniste, ap puyée sur une grande culture, montre un tableau contrasté : « Le capitalisme est le plus mauvais système économique, à l’exception de tous les autres ». Mais les erreurs et les faiblesses même du capitalisme ont stimulé son développe-ment et accru le bien-être de chacun, et non seulement des privilégiés. La mon-dialisation peut être perçue comme la

menace d’un « monde aplati », mais elle est aussi la mise en œuvre de l’uto-pie teilhardienne d’une noosphère pla-nétaire, d’une mise en proximité et en commun non seulement des biens et de leur exploitation, mais aussi des idées et des arts. Green conclut sur ce paradoxe : « Nous vivons dans un monde dans lequel la mondialisation de la présence humaine continue et s’accélère, mais sans réduire l’individualité. En fait, nous devenons plus distincts et plus individuels, plutôt que plus communautaires, dans le même temps que nous nous mettons à faire partie de manière bien plus irréversible du tissu même de l’humanité mondiale ».

La mondialisation géographique s’est accompagnée d’un sursaut d’égoïsme : pourquoi devrais-je quelque chose à la postérité ? Ou, pour le dire avec Groucho Marx (1890-1977) : « Pourquoi devrais-je me soucier de la postérité ? Qu’a-t-elle jamais fait pour moi ? »

L’urgence démographique, sanitaire, écologique est cependant au tournant de la rue et tient en quelques décen-nies : sans catastrophisme excessif, mais avec gravité, Stephen Green redimen-sionne les problèmes et reévalue leurs solutions. Le système n’est pas mauvais, mais il a été perverti : pendant ces der-nières années les marchés ont pesé sur les Conseils d’Administration, conduisant à la perte de confiance.

La vraie tâche revient à maximaliser la valeur durable. Cela comporte quatre aspects :

1° la responsabilité directe et fon-damentale d’assurer le retour le plus durable possible sur le capital investi par les actionnaires dans l’entreprise (c’est la définition même de l’entreprise privée) ;

2° les sociétés, cela est connu, doi-vent soigner la qualité du service rendu. Aujourd’hui, elles doivent témoigner d’un engagement plus large envers la com-

GRANDE-BRETAGNE

LIVRES

( Une grande partie de la crise vient tout simplement de la malhonnêteté

22 FRANCECatholique n°3226 17 septembre 2010

par Jean-Robert ARMOGATHE , prêtre de Paris, aumônier de l’École normale supérieure

Le nouveau ministre britannique du Commerce extérieur publie un manifeste de bonne conduite dans les affaires, qui sera disponible en France le 21 octobre.

Banquier, prêtre et ministre

Page 23: FRANCE Catholique · la Chambre des notaires font ... Newman est une invitation à considérer une œuvre considérable à son authentique degré de signification. En se convertissant

par Jean-Robert ARMOGATHE , prêtre de Paris, aumônier de l’École normale supérieure

munauté et l’environnement. 3° un troisième aspect de maxima-

lisation de la valeur est l’engagement envers les employés — développement durable et responsabilité sociale.

4° la manière dont une entreprise s’ouvre aux communautés au sein des-quelles elle opère : comment les affaires que nous faisons contribuent-elles au bien commun ?

Deux f igures symboliques sont appelées pour soutenir le raisonnement : le jeune homme riche de l’Évangile et le docteur Faust. Green analyse avec finesse le « pacte faustien », qui est bien souvent le comportement des politiques qui nous gouvernent, et le nôtre pour commencer : beaucoup d’entre nous sont disposés à se remettre entre les mains du Méphistophélès moderne, l’argent, le ser-viteur qui devient un maître despotique.

C’est précisément le problème du jeune homme riche de l’Évangile : il a en fait enfreint l’un des dix comman-dements, un précepte qu’aucun des membres de l’establishment de son temps n’aurait seulement pensé à enfreindre et dont lui-même n’aurait jamais convenu qu’il ne l’avait pas respecté. « Tu n’ado-reras pas d’autre Dieu » : mais le jeune homme est possédé par cet argent qu’il croyait posséder. Il en est arrivé à lui vouer un culte ; son argent est devenu son dieu.

La valeur sûre qui donne son titre à l’ouvrage repose sur trois principes : l’intégrité (une grande partie de la crise vient tout simplement de la malhonnê-teté et de la cupidité de certains ban-quiers), la prise en considération des autres, l’ambition (qui n’est pas incom-patible avec l’épanouissement person-nel si elle consiste à vouloir contri-buer davantage, et non à s’approprier davantage), l’équilibre entre les grands secteurs de l’existence (travail, famille,

amis), la personnalité du chef et enfin le sens de notre travail (« comment est-ce que ce que je fais contribue au bien-être humain ? Et pourquoi est-ce que je le fais, spécifiquement ? »).

Tout en affirmant que l’éthique du marché est par définition universelle, Stephen Green revendique dans le der-nier chapitre sa spécificité chrétienne : « Lisant l’histoire à travers un prisme chrétien, je cherche le fondement de l’espérance dans une seule image, cen-trale entre toutes, dans la cathédrale de Milan, devant ce crucifix suspendu dans le silence et la pénombre de la nef ».

La sagesse des écrivains sacrés et les exigences de l’Évangile se rejoignent et se complètent : il s’agit tout simplement de réussir comme il convient, et Green ne craint pas d’affirmer pour conclure que « dans le métier de banquier, c’est le sens de ce qui est juste et convenable qui doit donner l’impulsion aux affaires ». Un texte à lire et à méditer, même si l’on n’est pas banquier... n

FRANCECatholique n°3226 17 septembre 2010 23

Stephen Green, La valeur du bien, Réflexions sur la monnaie, la morale et un monde incertain..., Communio/Parole & Silence, 2010.

Banquier, prêtre et ministre

Page 24: FRANCE Catholique · la Chambre des notaires font ... Newman est une invitation à considérer une œuvre considérable à son authentique degré de signification. En se convertissant

Tel grand théologien de ma connais sance , aprè s un moment de tension intellec-tuelle, se distrayait en lisant les romans de George Sand.

Voilà qui me déculpabilise de faire, chaque été, quelques incursions dans l'univers romanesque, à cette réserve près qu'il s'est agi le plus souvent de classiques. Ainsi l'an dernier, j'avais au programme George Sand précisément, mais aussi George Orwell. Plus exacte-ment, j'avais prévu Orwell à cause d'une biographie particulièrement intéres-sante et Sand s'est présentée vraiment au hasard d'un présentoir de librairie. Le personnage de la bonne dame de Nohant m'intrigue assez, parce que c'est presque une voisine, ici, depuis ma campagne. J'ai rendu visite plusieurs fois à sa maison, j'y ai même participé à une soirée fort sympathique, avec évocation du Berry que l'écrivain avait connu.

N'empêche qu'elle me déconcerte la dame! J'ai déjà dû le confier à ce journal, en me référant à Muray qui lui règle son compte dans son XIXe siècle. Quelle morbidité! Quel goût pour les gnoses ténébreuses où le sens religieux se fourvoie dans d'étranges univers. Cela doit avoir des rapports directs avec la maladie romantique. Une maladie partagée par des gens qui n'ont pas for-cément les mêmes tropismes politiques et les mêmes engagements. Le rappro-chement que je me permets d'opérer surprendra peut-être, déconcertera ou

même provoquera chez certains désap-probation ou colère, mais je l'esquisse néanmoins. Je me suis mis aussi à la lecture de Barbey d'Aurevilly, un auteur réputé réactionnaire, bien qu'il soit préala blement passé par une période républicaine. Quel univers, quelle rêve-rie! On a beau se promener sur les che-mins de la chouannerie normande, on n'en est pas moins happé par un ésoté-risme qui n'est pas très éloigné de celui de Madame Sand.

Je passe vite sur « l'immoralité » et même le caractère scabreux des récits, au demeurant admirablement menés par l'auteur des Diaboliques ; d'une certaine façon ils contrastent avec la chaste littérature d'une dame pour-tant peu douée pour la vertu. C'est le genre littéraire qui me préoccupe, avec ce goût pour l'imaginaire brumeux, auquel j'accorde bien du charme, mais qui n'est pas sans rapport avec les demi-ténèbres des âmes fourvoyées, des esprits errants. Cela va jusqu'à l'ob-session de la transgression de l'univers chrétien, le retournement des signes, y compris ceux de la symbolique sacra-mentelle. Je pense ici précisément à L'ensorcelée, qui porte bien son nom et à cette sorte de prêtre maudit, surgi de l'épopée normande et qui n'a rien d'un Curé d'Ars! Bien sûr, je suis loin d'avoir tout lu de l'œuvre de Barbey. Il me faudrait prendre connaissance de ses essais plus théoriques. Néanmoins, l'impression tenace que me donnent les romans et les nouvelles me conduit à comprendre que l'écrivain est for-cément tributaire de sa vie désordon-née de dandy coureur, déséquilibré par l'alcool et l'opium. Je n'exclue nulle-ment que son retour au catholicisme (et

même à une pensée dite réactionnaire) n'ait constitué dans sa vie un recen-trage moral dont il ressentait vivement la nécessité. Jean d'Ormesson a rai-son de mettre en évidence son déses-poir, qui doit correspondre à la morsure amère de l'existence qu'il a menée. Mais son ambiguïté foncière se révèle dans cette autre appréciation de son préfa-cier : « Ce qu'il rejette, sous des formes diverses, c'est la vulgarité de son époque. Elle le précipite dans l'excès, dans l'étrange, dans l'extraordinaire, dans l'outrance, dans le surnaturel, dans un style flamboyant et baroque. »

Voilà qui me fait froncer le sourcil. L'association de l'outrance et du sur-naturel correspond sans doute à une certaine éthique romantique qu'ont pu partager quelques remarquables écri-vains catholiques. Mais elle porte en elle-même la confusion et la perver-sion. Il ne s'agit pas de mettre en pro-cès ce parfait styliste, qui participe largement à la sensibilité littéraire de son temps, ni de mettre d'ailleurs en doute sa bonne foi. « Avec une fougue sans cesses renouvelée, sans le moindre souci de cohérence, avec une espèce de génie sombre et brillant, il ne cesse de crier son désespoir. Tout est tou-jours perdu pour ce connétable des lettres qui ne croit ni à la démocratie, ni au réalisme, ni au naturalisme, ni à la science, ni à la bourgeoisie, ni au socialisme, et qui affronte le vide avec une élégance hautaine. » Je mettrai toutefois un bémol à cette apprécia-tion, car le catholicisme de Barbey ne me paraît nullement affecté, en dépit du climat très particulier de ses romans et de ses nouvelles. Il constitue une vraie boussole dans sa vie. Au sein de ses extravagances et de ses imagina-tions, l'évocation qu'il fait des rites de l'Église, de sa discipline, ne manque

« CONNÉTABLE DES LETTRES »

LETTRES

( L'écrivain est forcément tributaire de sa vie désordonnée de dandy

24 FRANCECatholique n°3226 17 septembre 2010

Extrait du journal littéraire de Gérard Leclerc écrit durant l'été 2010

Barbey le catholique ?

Page 25: FRANCE Catholique · la Chambre des notaires font ... Newman est une invitation à considérer une œuvre considérable à son authentique degré de signification. En se convertissant

par Gérard LECLERCpas de justesse. Par exemple, toujours dans L'ensorcelée, la figure sulfureuse de l'abbé de la Croix-Jugan est mise à distance, ne serait-ce que par la sévère sentence, canonique, qui l'éloigne de l'exercice du sacerdoce.

Ainsi, la religion est-elle toujours environnée de respect, défendue à l'en-contre des anticléricaux et de la vin-dicte de ces « athées » que l'écrivain ne dépeint pas sous de tendres cou-leurs. En même temps, elle est tout de même mêlée à de curieuses histoires et n'échappe pas ainsi à un climat fan-tasmagorique qui permet d'évoquer l'outrance en même temps que le sur-naturel. C'est pourquoi je m'interroge, circonspect, lorsque Jean d'Ormesson affirme: « De paroxysme en paroxysme, Barbey d'Aurevilly a été libre et intran-sigeant. Parce qu'il est catholique, passionné, contradictoire, il est avec éclat l'ancêtre et le maître d'un Léon Bloy, d'un Bernanos, d'un Mauriac. » J'ai envie de dire simultanément oui et non.

Oui, parce que d'évidence ces trois-là ont baigné dans cette littérature, ont passionnément aimé son éclat et son style, ont aussi goûté sa psycho-logie de la noirceur des âmes, et jusqu'à cet assaut incessant de l'enfer ici-bas. Non, parce qu'il y a chez les trois, un plus grand désir de la grâce pour que les hommes soient sauvés et une plus grande volonté de séparer la lumière des ténèbres. Bien sûr, il est hors de question de prononcer quelque juge-ment sur les dispositions profondes de Barbey. Selon d'Ormesson, il acquies-çait au célèbre apophtegme de Léon Bloy: « Il n'y a qu'une tristesse, celle de ne pas être des saints. » C'est bien possible, mais cela ne ressort pas clai-rement de son œuvre.

Faut-il s'appesantir sur « l'immora-lité d'une bonne partie de l'œuvre d'un

homme qui s'est exposé, tel son ami Charles Baudelaire, à des poursuites judiciaires? Les diaboliques n'appartien-nent pas à la littérature édifiante et les adversaires anticléricaux de Barbey ne se sont pas fait faute de lui oppo-ser que « si c'était un libre penseur qui eut écrit ces monstruosités », c'eût été « le déchaînement ». Bloy, Bernanos et Mauriac ne sont pas étrangers à la part la plus sombre et pécamineuse de notre humanité. Ils ne donnent pas, toutefois, la même impression d'amora-lisme... Quoique la Thérèse Desqueyroux de Mauriac ne ressemble pas à la Mou­chette de Bernanos.

Dans les deux romans de Bloy (La femme pauvre et Le désespéré) il y a une extraordinaire violence avec l'éta-lage de tous les vices et on y retrouve le climat esthétique de Barbey.

Pourtant, le christianisme métamor-phose de fond en comble la noirceur des diaboliques, en imposant l'émer-gence d'un surnaturel d'une toute autre saveur. On peut en dire autant du pre-mier roman de Bernanos, Sous le soleil de Satan où on baigne dans un roman-tisme qui semble aussi compromettre le spirituel avec l'outrance et l'étrangeté. Le romancier n'en brise pas moins le parti esthétique en imposant un autre Curé d'Ars. Ce Curé d'Ars qui n'est pas chez Barbey. Il vécut, pourtant, en son temps. En a-t-il entendu parler ? n

FRANCECatholique n°3226 17 septembre 2010 25

D.R.

.

Barbey le catholique ?

Barbey d'Aurevilly, vol. n° 35 de La Bibliothèque du Figaro, comprenant L'Ensorcelée et Les Diaboliques, col-lection dirigée et préfacée par Jean d'Ormesson, 14,90 e franco de port (à commander sur internet sur le site du Figaro).

Page 26: FRANCE Catholique · la Chambre des notaires font ... Newman est une invitation à considérer une œuvre considérable à son authentique degré de signification. En se convertissant

Nous sommes arrivés à Pékin le vendredi 14 août. On nous a conduits dans un grand hôtel et comme le colloque ne commence que dans deux

jours, notre sympathique guide, qui est étudiant, nous amène à la place Tien An Men que le P. Bénéton n'a jamais visitée puisque c’est son premier voyage en Chine. Il est d'ailleurs plutôt déçu par la morne banalité de cette gigan-tesque ville. Nous traversons le grand parc proche de la place où se trouve le tombeau de Mao. Son portrait signale sa présence que l'on retrouve sur tous les billets de banque. Nous décidons d'al-ler visiter une église catholique appelée église de l’Est, bâtie dans le style néo-gothique en 1905. Je l'avais déjà vue lors d'un précédent séjour. Elle est dédiée à Saint-Joseph dont la statue grandeur nature se trouve sur le parvis, dans un jardin où les promeneurs sont nombreux. Malheureusement, lorsque nous arri-vons à 18 h 30 l'église est fermée. Nous sommes à la veille du 15 août et cette fermeture illustre bien le style de l'Église officielle chinoise très bureaucratisée ou plutôt asservie à la bureaucratie d'État, ce qui provoque justement le refus des catholiques clandestins.

C'est un quartier commercial et une foule de gens sont venus faire des achats ou simplement se promener. Je suis étonné par le nombre d'enfants qui accompagnent leurs parents. Nous pas-sons près d'une grande librairie de livres étrangers et j'ai la bonne surprise de trouver les œuvres complètes de Mozi en deux volumes bilingues (chinois-anglais) publiés en 2006. Cette publi-cation est la première du genre. Mozi, contemporain de Socrate, est le théo-ricien de l'amour universel. À peu près ignoré en Europe il n'a été traduit en français qu'en 2007. Si l'on veut dialo-guer avec les Chinois il faut connaître leurs ouvrages classiques et ne pas se borner à l'œuvre de Confucius que, pour ma part, je trouve bien fastidieuse. Confucius pensait que la vie ici-bas était déjà assez compliquée pour ne pas ajouter les questions de l'au-delà. Cette forme d'agnosticisme tranquille avait fini par tenir lieu de religion durant des

millénaires. Matteo Ricci au XVIe siècle voulut y voir une expression de la loi naturelle et faire de Confucius une sorte de Cicéron. Au XXe siècle le père Wieger, savant jésuite auteur d'une œuvre consi-dérable sur la tradition culturelle et reli-gieuse de la Chine, avait signalé l'impor-tance de l'œuvre de Mozi beaucoup plus proche du christianisme que la pensée de Confucius. L’avantage de Confucius était sa célébrité auprès des élites et son influence dans la vie quotidienne des Chinois du moins avant la révolution communiste.

Les taoïstes furent davantage étu-diés en Europe et aux États-Unis et il y a dans la collection de la Pléiade un recueil des principaux penseurs de cette tradition. On pourrait les caractériser par le nihilisme de leur orientation qui témoigne d'une sorte de désespérance d'un peuple sans tradition religieuse bien précise.

Il y a des preuves d'un monothéisme chinois ancien qui a été remplacé, il y a 2 000 ans, par une forme de boudd-hisme qui s'est développé en Chine au

PHILOSOPHIE

VOYAGES

( Maritain pourra trouver un nouveau public dans ces grandes civilisations

26 FRANCECatholique n°3226 17 septembre 2010

Le Père Patrick de Laubier est aussi allé en Chine cet été pour un congrès universitaire sur Jacques Maritain, dont la pensée a désormais plusieurs spécialistes en Asie.

D.R.

La Chine, Maritain et les mystiquesLes intervenants au colloque.

Page 27: FRANCE Catholique · la Chambre des notaires font ... Newman est une invitation à considérer une œuvre considérable à son authentique degré de signification. En se convertissant

par don Patrick de LAUBIER

moment où le christianisme se répandait dans l'empire romain. Il est possible que saint Thomas l'apôtre ait été en Chine, mais ce qui manquait dans l'Empire du milieu fut cette forte minorité juive qui a rendu possible dans l'empire romain la diffusion du christianisme. Aujourd'hui une faible minorité de chrétiens prépare la diffusion du christianisme que les médias de plus en plus perfectionnés rendent accessible à une partie crois-sante de la population. Évidemment, il vaut mieux que les églises ne soient pas fermées et que la liberté religieuse devienne une réalité.

Le colloque sur Jacques Maritain organisé avec la participation de trois universités chinoises, dont la grande université de Pékin, est un signe assez nouveau pour qu'on le signale. Jacques Maritain qui est peut-être le plus grand philosophe chrétien moderne avec Étienne Gilson, n'est plus guère lu en France mais pourra trouver un nouveau public dans ces grandes civilisations que Jean-Paul II appelait « la nouvelle fron-tière missionnaire du XXIe siècle ». Je reparlerai de ce colloque mais pour le moment le côté touristique a sa place et Philippe Bénéton est parti avec un guide pour jeter un œil sur la Grande muraille à une vingtaine de kilomètres de Pékin. J'y suis déjà allé antérieurement mais, plutôt que d’escalader ces intermi-nables escaliers de pierre, je reste, en ce 15 août, dans la chambre d'hôtel pour y faire retraite.

Nous sortons pour trouver un res-taurant en dehors de l'hôtel. Un McDo-nald provocateur résout la question et permet d'être au milieu des Chinois sans prendre beaucoup de risques culinaires. P. Bénéton qui a écrit un article sur les méfaits du McDonald du point de vue de la civilisation est obligé de reconnaître

qu'il faut y être entré au moins une fois pour les dénoncer. Malgré l'absence de tout insigne ecclésiastique, mon voi-sin chinois m'interroge sans que je le comprenne et finit par me montrer une croix qu’il porte au cou. Je le félicite et lui montre la mienne. Nous en restons là et je n'ai pas l'impression qu'il vou-lait engager une conversation théolo-gique. Le fait est qu'en prenant un repas dans un McDonald deux Français sont pris pour des chrétiens. Je célébrerai la messe un peu plus tard dans l'hôtel et nous prierons pour la Chine.

Il est bien probable que le com-munisme dure encore longtemps dans ce grand pays où, contrairement à la Russie, le critère de recrutement des membres du Parti repose davantage sur les capacités des candidats plutôt que sur leurs convictions idéologiques.

Nous décidons d’aller en ville par nos propres moyens et munis d’une carte en chinois nous prenons le métro comme n’importe quel Pékinois. La mode fémi-nine chinoise n’est ni celle de Téhéran (noire et enveloppante) ni celle des villes indiennes (saris universels). La mer est loin mais les foules de Pékin ont adopté un style de plage qui contraste avec les uniformes unisexes de l’époque du communisme sans le marché. Ce sont des phénomènes de civilisations où la religion ou l'absence de religion joue un rôle important. L'Occident sécularisé a servi de modèle. On m'offre aimable-ment une place assise dans le métro et des étudiants me demandent d’où je viens. Nous prenons un repas dans un restaurant « japonais ». Le soir d’im-menses marchés improvisés s'étendent sur les trottoirs. Le lendemain nous visi-tons la Cité interdite au milieu d'une foule probablement venue de la pro-vince avec des enfants qui sont assez

rares en ville. Notre guide est un étu-diant en droit qui parle anglais et nous donne des informations sur la vie quo-tidienne. On constate que les Chinois peuvent lire le japonais et on apprend que les Chinoises s'intéressent aux émissions télévisées sud-coréennes. En ce lundi soir nous avons rendez-vous à 18 h pour prendre un repas avec le professeur de droit qui a organisé le colloque dans son département de l'université Tsingua (20 000 étudiants). Nos hôtes sont d’une bonne humeur sympathique et de manière générale les Chinois que nous rencontrons font preuve d'une gaieté naturelle qui cache une grande sensibilité.

Le lendemain, le colloque Sino-French international Colloquium on Jacques Maritain commence avec une quinzaine de participants parmi lesquels des professeurs de trois universités dont celle de Pékin et d'un centre de recherche dépendant de l'Académie des sciences. Les interventions successives sont les suivantes : Philippe Bénéton : Les deux versions de la démocratie chez Maritain ; Liu Sumin, une femme qui a étudié à Taïwan et publié une thèse sur saint Thomas : Retour à l’être chez Maritain ; Xu Weixiang, un professeur à l'université Tonji de Shanghai : la phi-losophie de l'histoire de Maritain ; ma contribution : Maritain et la loi naturelle avec une référence à Mozi ; puis une communication sur la loi naturelle et les droits de l'homme par Xu Aiguo, pro-fesseur à l'université de Pékin ; et enfin le docteur Ju Chengwei, de l’université Tsin gua : La connaissance par connatu-ralité chez Maritain. Les rapports font l'objet de commentaires critiques par des intervenants désignés à l'avance. L'atmosphère est excellente et on peut admirer la qualité des interventions

FRANCECatholique n°3226 17 septembre 2010 27

La Chine, Maritain et les mystiques

Page 28: FRANCE Catholique · la Chambre des notaires font ... Newman est une invitation à considérer une œuvre considérable à son authentique degré de signification. En se convertissant

C’est dans des traductions anglaises que les différents intervenants ont lu Maritain qui les a conduits à saint Thomas. La loi naturelle et les droits de l'homme sont d'actualité en Chine. Si Léo Strauss, connu en Chine, a redonné de l'actualité à la tradition politique grecque, Maritain apporte une dimen-sion existentialiste chrétienne ori-ginale et son expérience nord-améri-caine contribue à lui donner un visage moderne. Il était assez difficile de suivre les débats qui avaient lieu en chinois avec une interprétation en anglais, mais la pensée et de Maritain était vraiment au centre de toutes les interventions.

Proposition a été faite d'organiser à Shanghai l'année prochaine un colloque sur la philoso-phie en France en privilégiant les auteurs chrétiens du XXe siècle.

Le repas de clôture du colloque a eu lieu dans un grand restaurant dont l'en-trée était gardée par un énorme bouddha doré invi-tant à une consommation sans trop de scrupules. Le doyen de la faculté de droit fit son entrée qui suscita beaucoup de respect. C'est un homme jeune nommé par le gouvernement et l’importance du Parti dans le départe-ment de droit est certainement grande. Interrogé sur la politique de l'enfant unique le doyen répond sèchement que le système sera maintenu et que la transgression par un membre du monde universitaire est sanctionnée par une démission immédiate. On estime qu'en Chine il y a, chaque jour, 35 000 avorte-ments et la politique de l'enfant unique à empêché environ 400 millions de nouvelles naissances. L'étonnante crois-sance de la Chine a donc son prix mais les conséquences pourraient bien se faire sentir rapidement ne serait-ce que par le déséquilibre entre les naissances de garçons et de filles, comme aussi le vieillissement de la population.

Mercredi matin on vient me cher-cher pour rejoindre la communauté de religieuses où je dois donner une retraite de trois jours. Durant le voyage en train

on pouvait voir défiler, de ville en ville, un pays en pleine construction.

Les religieuses ont maintenant un vrai monastère installé chez les chré-tiens au milieu de la Chine. Elles sont soixante, dont 45 professes. Une tren-taine suivent la retraite placée sous le signe de la mystique. Sur les 33 docteurs de l’Église on peut compter une dizaine d'auteurs proprement mystiques dont les trois femmes Thérèse d'Avila, Catherine de Sienne et Thérèse de l'Enfant-Jésus. Je n'oublie pas François de Sales selon lequel le premier livre de la Bible est non pas la Genèse mais le Cantique des Cantiques car l’Amour a précédé la créa-tion.

Ce soir séance supplémentaire pour les questions, notamment sur la vertu de prudence et sur les anges. Le len-demain, exposé sur l'âme humaine, tableau à l’appui et dans l'après-midi, l`eschatologie suivie de la lecture de plusieurs mystiques : Gertrude d’Helfta, Marie de l'Incarnation et la mexicaine Conchita de Arminda. La merveilleuse liberté de ces amies de Dieu plaît beau-coup à mon auditoire. Cette retraite de trois jours va se terminer demain par une sorte d'examen et la plupart ont pris des notes.

Nous sommes à la campagne et ce couvent perdu au milieu d'une Chine qui n'est pas celle dont parlent les médias avec ses constructions pharaoniques et une croissance économique à deux chiffres. Mais la Vierge, dont nous fête-rons demain le couronnement au ciel, y est aussi chez elle.

L'Église de ce diocèse a un évêque reconnu par Rome et par l'administra-

tion mais le clergé reste divisé avec une centaine de prêtres officiels et autant de clandestins. Le gouvernement fait preuve de modération et aucun n’est emprisonné. Les religieuses sont environ 400, partagées entre officielles et clan-destines. Il semble bien que l’on s’oriente peu à peu dans le sens préconisé par la lettre de Benoît XVI sur l'unité des chré-tiens chinois.

Je découvre que la personnalité de Chiang Kai-shek, dont la femme était méthodiste, fait l'objet de nombreux ouvrages en Chine. C'est Chiang Kai-shek qui a permis à la Chine d'être membre du Conseil de sécurité de l'ONU dès sa fondation. J'avais été frappé

par la disponibilité intel-lectuelle des participants dont la majorité n'était pas des chrétiens. L'Europe qui oublie ses racines chrétiennes n'est pas un modèle pour la Chine. Au XIXe siècle et au début du XXe les missionnaires fran-çais aimaient mettre des statues de Jeanne d'Arc avec armure dans les églises qu'ils bâtissaient en Chine. Demain des prêtres

chinois mettront leurs propres martyrs. Naturellement les saints de tous les temps resteront un trésor pour l'Église universelle et Thérèse de l'Enfant-Jésus, par exemple, n'a rien à craindre pour sa popularité, elle est déjà une sainte chinoise pour les Chinois.

Le 15 août j’avais dû me borner à ma chambre d’hôtel pour la procession mais le 22 août, pour le couronnement de Marie Reine du Ciel, ce fut autre chose. Rien n’a manqué, ni l’encensoir, sorti on ne sait pas d’où, ni les bougies et il y eut une vraie procession dans le jardin de la communauté suivie de la récitation du rosaire et d’une cérémonie finale de consécration qui aurait impressionné Grignion de Montfort. Ce même jour à Rome Benoît XVI invitait les catholiques à préparer la « Civilisation de l’amour ».

Une tradition a été inaugurée, elle inspirera l’année prochaine un authen-tique pèlerinage à Notre-Dame de Sheshan près de Shanghai. n

28 FRANCECatholique n°3226 17 septembre 2010

Page 29: FRANCE Catholique · la Chambre des notaires font ... Newman est une invitation à considérer une œuvre considérable à son authentique degré de signification. En se convertissant

àboston, le quartier de Charlestown est connu pour être celui dans lequel il y a le plus d’attaques de

banques. Doug MacRay, com me son père avant lui, est à la tête d’une bande de copains qui réus sissent tous leurs casses. Mais Doug a de plus en plus envie de décrocher. Le jour où il fait la connais-sance, soit-disant par hasard, de Claire (directrice de l’agence bancaire que ses amis et lui viennent de dévaliser le visage mas qué), sa vie va en être transformée. Comme pour son premier film, le comédien Ben Affleck a situé l’action dans la ville de Boston où il a été élevé, et qu’il aime passionnément. Ce premier film, Gone baby gone, sur l'enlèvement mystérieux d'un enfant, avait sé duit la critique et les spectateurs par la qualité

de sa mise en scène et sa pro fonde di mension humaine. C'est dire si Ben Affleck était attendu au tournant.

Or ce nouveau film policier ha letant ne déçoit pas. Il est en même temps un drame so cial où l'on suit avec intérêt un homme qui cherche à échapper au déterminisme de son milieu. Cette œuvre frappe par la maîtrise du réalisateur, que ce soit dans les scènes d’action, parfaite-ment réglées, ou dans les scènes plus intimistes, très émouvantes. Servi par des comédiens sensationnels, sans parler des seconds rôles très bien choisis, ce film, certes peu original, tient le specta-teur en haleine jusqu’à la fin.

Elle est très émouvante, cette histoire d’un homme qui, par la force de l’amour, trouve le courage de tourner le dos à sa vie de gangster. Dommage qu’il y ait des scènes très sensuelles. ■

The town. Policier américain (2010) de Ben Affleck, avec Ben Affleck (Doug MacRay), Rebecca Hall (Claire Keesey), Jon Hamm (l'agent du FBI Adam Frawley), Jeremy Renner (James Coughlin), Blake Lively (Krista), Pete Postleth waite (2h03). (Adultes.) Sortie le 15 septembre 2010.

Soldat de papierLa Russie soviétique en 1961. Daniel Pokrovski, médecin de prestige et individu anticonformiste, est envoyé superviser l'entraînement des premiers cosmonautes. Pour bien saisir cette œuvre singu-lière, il faut non seulement se placer en Russie, mais encore dans une époque précise dont le climat ne peut se comprendre que par les événements histo-riques qui la caractérisent : la fin de l'époque stalinienne et le début de la conquête de l'espace, laquelle est chargée de faire revenir le pays à un certain messianisme de l'âme russe. Tout cela passe par le héros, partagé entre des désirs contradictoires. C’est très beau, mais pas toujours très limpide. Les déchirements du protagoniste traduisent les contradictions des hommes de l'époque. Les soucis des cosmonautes, la part de rêve dans l'avenir et, plus concrètement, pour le héros, l'attachement à deux femmes (son épouse et l’autre dont on ne sait pas si elle est sa maîtresse).

Georges CollarDrame russe (2008) de Alexeï Guerman Jr., avec Merab Ninidze (Daniel Pokrosvski), Chulpan Khamatova (Nina)... (1h58). (Grands adolescents.) Sortie le 15 septembre 2010.

Le dernier été de la boyitaJorgelina, 12 ans, passe ses vacances seule avec son père. Elle retrouve Mario, un voisin, qui, victime d’une anomalie génétique, est en train de devenir fille. Ce joli film personnel est inspiré d’une histoire réelle. Ce thème délicat est traité par Julia Solomonoff avec justesse et pudeur, et l’on sent sa préoccupation de ne rien faire qui puisse être gênant pour le spectateur et pour les jeunes interprètes. Mais, si cette discrétion mérite le respect, la réalisatrice ne tire aucun enseignement des faits qu’elle raconte. On s’interroge, alors, sur l’intérêt d’un tel film, malgré ses qualités. G.C.

Comédie dramatiqueargentine (2009) de Julia Solomonoff, avec Guadalupe Alonso (Jorgelina), Nicolas Treise (Mario)... (1h30). (Grands adolescents.)Sortie le 8 septembre 2010.

CINÉMA

CyrusJohn, inconsolable depuis son divorce, pense pouvoir refaire sa vie avec Molly. Mais celle-ci a un fils, Cyrus, qui n’est pas prêt à laisser sa place à l’intrus. Le début (avec une scène d’un goût douteux !), fait craindre le pire. Mais, très vite, les personnages se mettent en place, et le film démarre réellement lorsque la guerre entre John et Cyrus débute. Entre comédie et

drame, les frères Duplass, chefs de fil du cinéma indépendant à petit budget, signent une œuvre originale et pleine de charme. Les comédiens, qui improvisent souvent, donnent beaucoup d’épaisseur à leur personnage. Mais la mise en scène est un peu trop bricolée. Le film montre clairement que cette relation mère-fils, à la limite de l’inceste, a provoqué de graves dégâts dans la personnalité de Cyrus, qui relève du psychiatre. Si la fin est un peu facile, au moins est-elle encourageante.Comédie dramatique américaine (2010) de Jay Duplass et Mark Duplass, avec John C. Reilly (John), Jonah Hill (Cyrus), Marisa Tomei (Molly), Catherine Keener (Jamie), Mat Walsh (Tim) (1h32). (Grands adolescents.) Sortie le 15 septembre 2010.

avec son second film,le comédien Ben affleck confirme son talent de metteur en scène.

Halte aux casses !par Marie-Christine RENAUD d’ANDRÉ

Cette œuvre frappepar la maîtrisedu réalisateur(

FRANCECatholique n°3226 17 septembre 2010 29

THe TowN

Page 30: FRANCE Catholique · la Chambre des notaires font ... Newman est une invitation à considérer une œuvre considérable à son authentique degré de signification. En se convertissant

«Les Russes nous font remonter le temps du Montparnasse, ils ont marqué les heures chaudes de Vavin et de Port-Royal pendant l’époque d’or de l’entre-deux-

guerres *». Le musée du Montparnasse fait découvrir au public cette partie du patrimoine culturel russe qui s’est construite en exil et qui demeure aujourd’hui largement méconnue. Quel endroit plus propice que les anciens ateliers de Marie Vassilieff, à l’intérieur desquels le musée est installé, pour présenter « les artistes russes hors frontière » ? Une cinquantaine de toiles et quelques sculptures ont été rassemblées pour

cette exposition. Aux côtés de quelques noms célèbres, comme Sonia Delaunay représentée par une toile intitulée Rythmes colorés n° 615, ou le sculpteur Ossip Zadkine dont le Messager de 1937 est coulé dans le bronze, les patro-nymes de nombreux artistes exposés avenue du Maine sont restés dans l’ombre.

Après la Révolution de 1917, les artistes russes demeurés dans leur pays ont dû se plier aux canons esthétiques du nouveau pouvoir soviétique. Mais nombreux sont ceux qui ont pris la route de l’exil. Beaucoup ont choisi Paris et la France pour terre d’asile. « établis souvent dans le quartier du Montparnasse… les artistes russes se mêlent et se confrontent aux ar- tistes présents, originaires des quatre coins du monde… [et] deviennent les acteurs des fa-meuses ‘heures chaudes de Montparnasse’ mar-quées par les rencontres à la Rotonde, au Dôme, à la Coupole…**». C’est à Paris que Diaghilev exposait, dès 1906, la peinture russe au salon

expositions

Le musée du Montparnasse nous invite à découvrir les peintres russes qui ont fait vivre leur culture hors des frontières de leur patrie

30 FRANCECatholique n°3226 17 septembre 2010

Une partie du patrimoine culturel russe méconnue

Musée du Montparnasse

Les artistes russeshors frontière

Marie Vassilieff, L’homme et la femme, tableau double face, huile sur toile.

© M

USé

e DU

MO

ntP

ARn

ASSe

Boris Anisfeld, Shulamite, huile sur toile.

© M

USé

e DU

MO

ntP

ARn

ASSe

Zinaïda Serebriakova, Nu orientaliste assis, pastel sur papier.

© M

USé

e DU

MO

ntP

ARn

ASSe

Page 31: FRANCE Catholique · la Chambre des notaires font ... Newman est une invitation à considérer une œuvre considérable à son authentique degré de signification. En se convertissant

d’Automne, avant qu’il n’atteigne la consé-cration avec sa troupe des Ballets russes. La toile de Léon Bakst, Portrait du danseur Léonide Massine (1920) rappelle à point nommé cette époque avec sa surprenante composition d’où n’émergent que des yeux, un visage, une main.

D’une manière générale, il ressort de l’expo-sition que les peintres figuratifs s’adaptent plus aisément au creuset culturel que constitue alors Montparnasse. Ivan Pougny, et son Enseigne futuriste pour un tailleur dans la veine d’un Malevitch, demeure une exception. Certains figuratifs restent très marqués par leur culture d’origine. Que l’on songe à Pavel Chmaroff dont la Jeune fille au foulard rouge semble tout droit sortie du folklore russe, ou même à nicolaï Kalmarov. Son Dionysos entouré de person-nages auréolés en lévitation est mis en scène comme s’il s’agissait d’une icône. Le peintre a décliné un thème païen sur le mode d’une scène chrétienne. Une toile comme les Joueuses aux cartes, peinte par Ivan Babiï, révèle une connaissance approfondie de la culture occi-dentale. en la contemplant, on ne peut s’em-pêcher de songer au Tricheur à l’as de carreau de Georges de La tour. Les grandes tendances picturales ont traversé l’œuvre des russes hors frontière. Le Modèle à l’atelier, un nu fémi-nin de Marie Vassilieff (le tableau, à double face, comporte son revers masculin), illustre le cubisme le plus franc. Si le visiteur incline vers le néo-impressionnisme, la Vue sur la Troitse-Sergueyeva Lavra, avec son monastère situé par Constantin Gorbatov dans un paysage enneigé, le contentera. S’il préfère le style d’un Fernand Léger, il s’arrêtera devant la Nature morte à la poupée de l’épouse du peintre, nadia Khodossievitch.

Alors que le « réalisme socialiste » sclé-rosait l'art en Union soviétique, des artistes russes expatriés faisaient vivre la culture de leur pays d’origine, tout en enrichissant le patri-moine français. Depuis une quinzaine d’an-nées, la Russie les redécouvre. Le musée du Montparnasse leur rend un hommage mérité. ■

FRANCECatholique n°3226 17 septembre 2010 31

Les artistes russeshors frontièrepar Alain SoLARi

* Pierre Restany, critique d’art.** Vladimir et André Hofmann, commis­saires d’exposition.

« Les artistes russes hors frontière » (dans le cadre de l'année franco­russe 2010), au musée du Montparnasse, 21 av., du Maine, 75015 Paris.Jusqu’au 31 octobre, tous les jours (12h30­19h), sauf le lundi. Tél. : 01.42.22.91.96, www.museedumontparnasse.net

Georges Annenkov, Nu allongé, gouache sur papier, 47 x 62 cm.

Léopold Survage, Coucher de soleil, huile sur toile, 88,9 x 116,2 cm.

© M

USé

e DU

MO

ntP

ARn

ASSe

© M

USé

e DU

MO

ntP

ARn

ASSe

Page 32: FRANCE Catholique · la Chambre des notaires font ... Newman est une invitation à considérer une œuvre considérable à son authentique degré de signification. En se convertissant

Le requiem est un accompagne-ment du défunt dans sa der-nière demeure, et un accompa-gnement de ceux qui restent, pour les aider à surmonter

leur douleur. Le requiem est donc à la fois un terme musical mais aussi un focalisateur de toute expérience humaine, un onguent qui essaye de soigner les plaies de la séparation. Il n’est que le prolongement et la christianisation de nombreux rituels païens.

Dans le judaïsme, le kaddish des endeuillés fait partie des grands rituels. Il s’agit du kaddish yatom. Bien que la mort soit évoquée assez tôt dans le récit biblique, les pre-mières manifestations de deuil ne sont décrites qu'à la mort de Sarah : Abraham se dépêche à Hébron, pro-nonce des paroles funèbres (hesped) pour sa femme, la pleure et achète un caveau à des conditions exor-bitantes. Certains rites semblent déjà établis : en apprenant la mort supposée de Joseph, Ruben déchire ses habits et Jacob ses vêtements. Les veuves revê-tent des habits de deuil, probablement noirs.

Des rites sont décrits dans la littéra-ture prophétique : l'endeuillé, qu'il porte le deuil d'un proche, d'une figure popu-

laire ou d'une catastrophe nationale, pleure, se découvre la tête et les pieds, se revêt d'un sac et de cendre, s'assied dans la poussière et mange le « pain d'affliction » ; Jérémie décrit aussi des comportements d'automutilation, bien que ceux-ci aient été interdits dans le Pentateuque. Certains expriment leur deuil par des complaintes, David allant même jusqu'à composer une élégie pour la mort de Saül et Jonathan. D'autres se couvrent au contraire les lèvres afin de ne pas profaner pendant leur deuil.

On n’a donc guère plus de rensei-gnements sur le chant lors des funé-railles. Il est probable que les psaumes

de deuil aient été la trame des funé-railles jusqu’à l’établissement de la liturgie chrétienne : Psaume 91 (Celui qui demeure sous l'abri du Très-Haut, repose à l'ombre du Tout-Puissant ; Je dirai de l'Éternel [qu'Il Est] mon refuge et ma forteresse, mon Dieu en qui je me confie !) ; Psaume 23 (L’Éternel est mon berger, je ne manquerai de rien…

Tu es avec moi ! Je ne crains aucun mal ! J’habiterai dans la maison de l’Éternel jusqu’à la fin de mes jours…).

Si les hommes ont toujours chanté leurs défunts et souhaité qu’ils trou-vent le repos dans l’autre vie, les offices des morts sont donc aussi anciens que l'humanité elle-même. Mais plus préci-sément, qu'est-ce qu'un requiem ? Une messe des morts, qui s'appuie sur un texte liturgique en latin, le mot requiem étant lui-même l'accusatif du mot latin requies, qui signifie repos. Qu'on les appelle messe de requiem, missa pro defunctis ou tout simplement requiem, les messes des morts font partie du

répertoire de la musique sacrée de tradition catholique.

Le requiem est donc cet en semble de pièces qui composent la messe des défunts et dont le corpus s’est fixé au long des siècles à partir de textes bibliques. On trouve les pre-mières partitions chantées à la fin du VIIIe siècle, avec ce qu’on appelle l’écriture morphologique. Il faudra cependant attendre le Concile de Trente en 1570 pour que les textes soient définitivement fixés. Le plain-chant va donc être la vraie base de développement du requiem à tra-vers les âges et pour comprendre les évolutions ultérieures, il faut en connaître les mélodies. L’inconscient

musical collectif d’autrefois était imbibé de ces mélodies monodiques, puisqu’elles accompagnaient chaque cérémonie des défunts, invariable-ment. C’était un repère dans la vie d’un village. La communauté tout entière entonnait sans hésiter les airs princi-paux de la messe des morts : Introït, Dies Irae, Libera me, etc.

La première version polyphonique connue a été composée par Ockeghem vers 1460 ; son requiem est considéré

MUSIQUE LITURGIQUE

MUSIQUE

(Les offices des morts sont donc aussi anciens que l'humanité elle-même

32 FRANCECatholique n°3226 17 septembre 2010

Le mot « requiem » évoque un genre musical tout entier, réussissant le tour de force de s'insérer naturellement dans le monde profane.

Le requiem à travers les âges

Page 33: FRANCE Catholique · la Chambre des notaires font ... Newman est une invitation à considérer une œuvre considérable à son authentique degré de signification. En se convertissant

par François-Xavier LACROUX

comme une copie d’un compositeur plus ancien, Dufay. Les premiers requiem utilisent différents textes de plu-sieurs liturgies européennes avant que le Concile de Trente n’adopte le texte encore actuel. Le Requiem de Brumel, vers 1500, est le premier à inclure le Dies Iræ. Le texte de la messe des morts permet tous les accents possibles et donne ainsi un relief important et une dynamique particulière à l’œuvre musi-cale : terreur, imploration, confiance, désespoir, prière. Il n’est qu’à prendre le texte du Dies Irae pour s’en rendre compte :

Jour de colère, que ce jour-làOù le monde sera réduit en cendres,Selon les oracles de David et de la Sibylle.

Quelle terreur nous envahira,Lorsque le juge viendraPour délivrer son impitoyable sen-tence !

La trompette répandant un son étrange,parmi les sépulcres de tous pays,rassemblera tous les hommes devant le trône.

La Mort sera stupéfaite, comme la Nature,quand ressuscitera la créature,pour être jugée d'après ses réponses.

Un livre écrit sera fournidans lequel tout sera contenupar quoi le Monde sera jugé…

Sans, cependant, oublier les notes positives de la dernière pièce de la Messe, la communion : « Que la lumière éternelle luise pour eux, Seigneur, au milieu de tes Saints et à jamais, car tu

es miséricordieux. Donne-leur le repos éternel, Seigneur, et que la lumière éter-nelle les illumine. Au milieu de tes Saints et à jamais, car tu es miséricordieux. » Ou celle qui a conduit le défunt au cimetière : « Que les Anges te condui-sent au Paradis; que les Martyrs t'ac-cueillent à ton arrivée, et t'introduisent dans la Jérusalem du ciel. Que les Anges, en chœur, te reçoivent, et avec celui qui fut jadis le pauvre Lazare, que tu jouisses du repos éternel. »

Le Requiem d’Eustache du Caurroy a longtemps servi aux funérailles des rois de France. Il a longtemps été la seule œuvre jouée du compositeur. On y

trouve encore de longues interventions du plain-chant en alternance avec la polyphonie. Cette forme avec le Cantus Firmus grégorien perdurera jusqu’à la fin du XVIIe siècle, le dernier représen-tant en étant Louis Chein, dont il ne nous reste d’ailleurs que cette œuvre (1690).

Lully compose un saisissant Dies irae à l'occasion de la mort de la reine Marie-Thérèse, où il reprend le début du thème grégorien. Mais il s’en affranchit

rapidement pour le reste. La musique française baroque ne sera d’ailleurs pas avare dans cette forme de plus en plus développée et de plus en plus concer-tante. Même s’il s’agit encore d’une vraie œuvre sacrée, liturgique, destinée à l’office, les interventions des solistes, du chœur, de l’orchestre permettent au requiem de devenir rapidement une « tragédie en musique » proche de l’opéra. Gilles et Campra en sont un bon exemple en France par exemple.

Mozart, s’il ne fait que prolonger le mouvement qui s’est amorcé avec les compositeurs français dans le traite-ment de l’œuvre, pousse le principe un

peu plus loin. Son Requiem est le plus célèbre du XVIIIe siècle, et probable-ment encore aujourd’hui le requiem le plus connu, et certainement l’un des plus conséquents. Il n'est pas précisément l'œuvre d'un dévot. C'est le résul-tat d'une commande, qui plus est le résultat d'une commande passée par un franc-maçon à un autre franc-maçon. Mais c'est sans doute l'un des plus beaux exemples de gra-vité légère que nous ait donné la musique. Il n’en

demeure pas moins que son exécu-tion lors d’un service funèbre normal devient impossible : longueur des mou-vements, nombre de musiciens, etc. Chaque texte de sa Messe des défunts est l’occasion d’un développement tra-gique intense, transformant alors le chant liturgique en un théâtre drama-tique. Le Requiem de Mozart est un opéra sans la mise en scène. n

(à suivre)

FRANCECatholique n°3226 17 septembre 2010 33

Le requiem à travers les âges

Page 34: FRANCE Catholique · la Chambre des notaires font ... Newman est une invitation à considérer une œuvre considérable à son authentique degré de signification. En se convertissant

34 FRANCECatholique n°3226 17 septembre 2010

lectures les animaux dans les évangiles - 5

par Tugdual DERVILLEdessins de Didier TIphaInE

Page 35: FRANCE Catholique · la Chambre des notaires font ... Newman est une invitation à considérer une œuvre considérable à son authentique degré de signification. En se convertissant

­

Certains faits divers bousculent tant de ta bous qu'il est toujours difficile de les adapter au cinéma. C'est le

cas de cette histoire qui a pourtant déjà fait l'objet d'un livre et d'un film.

Ils étaient 45 à embarquer sur cet avion uruguayen qui a décollé de Monte­video pour Santiago du Chili, ce 12 octobre 1972. Tous jeunes, ils se rendaient à un match amical de rugby. Mais, pris dans une tempête, l'avion va s'écraser dans la cordillère des Andes, à la frontière du Chili et de l'Ar gentine. Dix jours plus tard, les recherches sont aban­données, tout le monde étant convaincu que personne n'a pu survivre. Le pire, c'est que les sur vivants ont entendu la nou velle à la radio. Bientôt, la faim les tenaille tellement, qu'ils sont contraints de commettre l'impensable : manger la chair de leurs camarades morts.

Ami personnel des survivants, Gonzalo Arijon, le réalisateur de ce documentaire, a passé des nuits entières à les écouter ra conter leur terrible aven­ture. Convaincu que le livre et le film n'avaient pas ren du justice à cette tragédie, il a décidé de leur donner directement la parole. Le résultat n'est pas seulement passionnant, c'est éga le­ment une véritable œu vre d’art, avec des témoignages très émou vants qui se répondent, un mon tage habile et des scènes for tes. Surtout, Gonzalo Arijon a su éviter toute complaisance, qualité

appréciable avec un sujet pa reil. Quant au fond, le ca rac tère atroce de cet acte hors norme est effacé par l'un des survi­vants qui té moi gne d'une foi vibrante et d'une confiance totale dans le Christ. Bou leversant ! On sait que deux des survivants sont allés encourager les mineurs chiliens actuellement bloqués au fond de la mine de San­José... ■

L’aventure humaine «Naufragés des Andes». Do­cumentaire­franco-chilien­(2007)­de­Gonzalo­Arijon­(1h55).­Diffusion­le­samedi­18­septembre,­sur­Arte,­à­20h40.­

Le maître du jeu

Aux­États-Unis,­des­spécialistes­de­l'analyse­du­comportement­sélectionnent­ou­récusent­les­jurés,­suivant­les­besoins­de­leur­client.­Mais­Nick­a­réussi­à­tromper­les­analyses­et­à­être­choisi­comme­juré.­­L'intérêt­de­cette­histoire­pas­sionnante,­c'est­qu'elle­met­en­relief­un­dysfonctionnement­du­système­:­la­manipu-lation­des­membres­d'un­jury.­Gary­Fleder­sait­conduire­un­thriller,­et­c'est­le­mode­qu'il­a­adopté­pour­cet­extraordinaire­suspense.­John­Cusack­est­ambigu­à­souhait,­tandis­que­Gene­Hackman­et­Dustin­Hoffman­s'affrontent­dans­un­brillant­combat­d'avocats.­De­coups­de­théâtre­en­retournements­de­situation,­cette­œuvre­maintient­l'intérêt­jusqu'à­la­fin.­Cette­sévère­critique­du­système­américain­met­en­scène,­fort­heureuse-ment,­un­avocat­intègre.­C'est­aussi­une­dénonciation­des­dangers­de­la­vente­libre­des­armes­à­feu.­Quelques­violences.Comédie­dramatique­américaine­(2003)­de­Gary­Fleder,­avec­John­Cusack­(Nick­Easter),­Gene­Hackman­(Rankin­Fitch),­Dus­tin­Hoffman­(Wendall­Rohr),­Rachel­Weisz­(Marlee),­Bruce­Davison­(2h07).­Diffusion­le­dimanche­19­septembre,­sur­France­2,­à­20h35.

Les diamants de la victoireEn­1792,­Danton­charge­Graciane,­une­de­ses­créatures,­de­convaincre­un­groupe­d’aristocrates­de­voler­les­diamants­de­la­couronne­pour­soit-disant­faire­évader­le­roi.­­Cette­histoire­originale,­signée­Didier­Decoin,­s’appuie­sur­un­fait­historique­(mais­dont­les­auteurs­n’ont­jamais­été­trouvés).­Malgré­quelques­anachronismes­et­des­outrances,­on­se­laisse­porter­par­cette­histoire­prenante­et­ces­dialogues­très­bien­écrits­(en­particulier­les­jurons­!).­­Il­y­a­un­jeune­couple­émouvant­et­très­uni,­mais­aussi­une­scène­suggestive.Téléfilm­français­(2010)­de­Vincent­Monnet,­avec­Lorant­Deutsch­(Théophile­de­Chandrilles),­Julie­Judd­(Graciane),­Judith­Davis­(Audine),­Pierre­Laplace­(Danton)­(1h30).­Diffusion­le­samedi­18­septembre,­sur­France­3,­à­20h35.

TÉLÉVISION

Un prophèteDès­son­arrivée­en­centrale,­Malik­El­Djebena,­18­ans,­qui­ne­sait­ni­lire­ni­écrire­et­n'a­pas­de­famille,­est­pris­à­partie­par­un­autre­détenu.­­Dès­les­premières­images,­Jacques­Audiard­prend­le­spectateur­aux­tripes­et­ne­le­lâche­pas­pendant­près­de­deux­heures­trente.­Sa­mise­en­scène­magistrale­plonge­le­

spectateur­dans­l'enfer­carcéral,­sans­tomber­dans­les­clichés­du­genre,­en­particulier­l'ho-mosexualité.­Avec­des­plans­secs,­une­lumière­glauque­et­des­dialogues­concis,­il­retrace­le­parcours­d'un­jeune­qui­va­utiliser­son­cerveau­pour­survivre­dans­cet­univers­implacable.­ Cette­histoire­de­rédemption­par­le­bas,­puisque­le­héros­devra­apprendre­les­dures­lois­du­grand­banditisme­pour­sauver­sa­peau,­est­très­dure,­avec­des­scènes­pénibles­de­violences­et­une­brève­scène­suggestive.­Mais­les­quelques­passages­oniriques,­avec­la­présence­du­fantôme,­apporte­quelques­bouffées­d'air­frais­dans­une­œuvre­dense­et­âpre.­Drame­franco-italien­(2009)­de­Jacques­Audiard,­avec­Tahar­Rahim­(Malik­El­Djebena),­Niels­Arestrup­(César­Luciani),­Adel­Bencherif­(Ryad),­Reda­Kateb­(Jordi­le­gitan),­Jean-Philippe­Ricci­(2h29).­Diffusion­le­mardi­21­septembre,­sur­Canal­+,­à­20h50.­

Ce documentaire exceptionnel revient sur cette histoire tragique.

Naufragés des Andespar Marie-Christine RENAUD d’ANDRÉ

Le caractère atroce du fond est effacé par l'un des survivants, d'une foi vibrante

(

FRANCECatholique n°3226 17 septembre 2010 35

DR

DR

ArTe

­ e

ThAn

PrO

DuCT

IOn

S

Page 36: FRANCE Catholique · la Chambre des notaires font ... Newman est une invitation à considérer une œuvre considérable à son authentique degré de signification. En se convertissant

TF120.45 Les 30 histoires les plus spectaculaires. Divertissement présenté par Carole Rousseau et Jacques Legros.23.25 New York section crimi-nelle. Série avec V. D’Onofrio 3.France 220.35 Encore une chanson. Divertissement présenté par Lau-rie Cholewa, avec Yannick Noah, Enrique Iglesias, Seal, Michel Sar-dou, BB Brunes, etc.22.50 On n’est pas couché. Ma-gazine présenté par Laurent Ruquier.France 3

20.35 Les diamants de la vic-toire GA. Téléfilm avec Lorànt Deutsch, Julie Judd, Judith Davis, Pierre Laplace, Éric Naggar, Sébas-tien Libessard, Guillaume de Tonque-dec. (Voir notre analyse p. 35.)22.30 Les enquêtes de Mur-doch : «Un KO si parfait», «Lâchez les chiens» GA. Série avec Yannick Bisson 2. C'est pas mal, mais un peu languissant.01.55 Une nuit en région «Le plus grand musée du monde».Arte20.40 L’aventure humaine «Nau-fragés des Andes» GA. (Voir notre analyse page 35)22.35 Les graines de la colère (2/2) (Britz) GA. Téléfilm avec Riz Ahmed, Manjinder Virk, Mary Stockley, Chinna Wodu, Adrian Lukis (1h55). Prenant, mais la conclusion, sans contre-partie, est choquante.M620.40 Médium : «Noces de sang», «Sal», «À travers ses yeux». Série avec Rosanna Arquette 2.Canal +20.50 L’attaque du métro 123 GA. Aventures (2009) de Tony Scott, avec Denzel Washington, John Travolta, John Turturro (1h42) 2. Cet excellent suspense n’évite pas les violences.KTO11.00 Voyage du pape «Messe dans la cathédrale de Westminster». 18.00 Voyage du pape «Visite dans une maison de retraite, suivie d’une veillée de prière pour la béatifica-tion du cardinal John Newman».21.20 VIP «Didier Decoin». 22.20 Concert «Ode à sainte Cécile et trois antiennes du couronnement».

télévision

36 FRANCECatholique n°3226 17 septembre 2010

TF1

20.45 La mort dans la peau GA. Policier (2002) de D. Liman, avec Matt Damon... (1h58) 2. Un policier très brillant, mené à un rythme époustoufflant.22.45 Les experts. Série 2.France 2

20.35 Le maître du jeu J. Comé-die dramatique (2003) de Gary Fleder, avec John Cusack, Gene Hackman, Dustin Hoffman, Rachel Weisz (2h07) 2. (Voir notre ana-lyse page 35.)22.40 Faites entrer l’accusé «Ré seau pédophile d’Angers». Maga-zine de Christophe Hondelatte 3.France 320.35 On a tous quelque chose de Bourvil J. Documentaire avec Gad Elmaleh, Florence Foresti, Coluche, etc. Sympathique.22.05 La cuisine au beurre GA. Comédie (1963) de Gilles Gran-gier, avec Fernandel, Bourvil (1h20). Gentillet.00.10 Viol en première page GA. Drame (1972) de Marco Bellochio, avec Gian Maria Volonte (1h25) 3. Outrancier et partisan.ArteLes dieux de la médecine20.45 Docteur Patch GA. Drame (1999) de Tom Shadyac, avec Robin Williams (1h51). Un per-sonnage de médecin très hu main, mais des scènes assez dures.22.40 Berlin, les boss en blouse blanche. Documentaire.M620.40 Capital «Changer de travail, trouver un emploi : Où sont les jobs en France ?». Magazine.22.45 Enquête exclusive «Pom-piers, psys, médecins : Urgences sur la ville». Magazine.Canal +21.00 Football «Bordeaux/Lyon».KTO11.00 Voyage du pape «Messe de béatification du cardinal Newman». 21.00 La foi prise au mot «Confession».22.00 Voyage du pape «Rencontre avec les évêques du Royaume-Uni».

TF120.45 Joséphine, ange gardien «Marie-Antoinette» GA. Téléfilm avec Mimie Mathy, Liane Foly, Jean-Claude Adelin, Manuel Gélin. Positif, mais très mélo.22.35 New York section crimi-nelle. Série avec V. D’Onofrio 2.01.05 Au Field de la nuit. Ma gazine de M. Field, avec Claire Castillon, Laurent Gaudé, C. Sch-neck, Thomas B. Reverdy...France 220.35 Castle : «La malédiction de la momie», «Rire et châtiment».

Série avec Nathan Fillion. Beaucoup d’humour.22.05 Complément d’en-quête «Affaire Bettencourt : Que font les riches de leur pouvoir ?». Magazine présenté par Benoît Duquesne.France 3

20.35 Hors-série «La blessure : La tragédie des Harkis» J. Documentaire de Isabelle Clarke et Daniel Costelle, avec la voix de Saïd Taghmaoui 2. (Voir notre analyse page 35.)22.55 Ce soir (ou jamais !). Maga-zine présenté par Frédéric Taddéï.Arte20.40 L’année du chat A/Ø. Poli-cier (1987) de D. Graf, avec Götz George, Gudrun Landgrebe (1h53). Un excellent suspense et un montage serré, mais des scènes pénibles ou très suggestives. 22.35 Harlem à Montmartre «Une histoire du jazz à Paris».00.00 Walter Benjamin «Des his-toires d’amitié». Documentaire.M620.40 Un dîner presque parfait «Le combat des régions : 1/4 de finale». Divertissement présenté par Stéphane Rotenberg.23.00 Un dîner vraiment parfait «Le combat des régions : 1/2 finale». Canal +20.50 The Pacific (7 et 8/10) A. Série avec James Badge Dale, J. Mazzello 3. C’est remarquable, mais il y a des ima-ges très dures ou très sensuelles.KTO20.40 L’homme entre science et religion. Un documentaire.21.45 Un cœur qui écoute «Prière».22.20 Grands entretiens «Jean-Ma-rie Petitclerc : Le prêtre, les jeunes, la banlieue».

TF120.45 Les experts, Miami : «Pou-pée de son», «Coupé en deux», «Éclipse mortelle». Série.23.15 Harry Roselmack «Harry Roselmack sur le théâtre afghan». Documentaire.France 220.35 Prise directe «Héritage : Quand la vie bascule». Magazine présenté par Béatrice Schönberg.22.25 Face aux Français… conversations inédites. Magazi-ne présenté par Guillaume Durand.01.15 Les valseuses Ø. Comédie dramatique (1974) de Bertrand Blier, avec Gérard Depardieu, Miou-Miou, Patrick Dewaere (1h54) 2. Du talent et de l'humour au service d'un film grinçant, cynique et obscène.France 3

20.35 Tout le monde l’appelle Sylvie. Divertissement avec Sylvie Vartan, Laurent Gerra, Françoise Hardy, Étienne Daho, Mathilde Seigner, Marie-Amélie Seigner, David Hallyday, Amel Bent, etc.22.50 Ce soir (ou jamais !). Maga-zine présenté par Frédéric Taddéï.Arte20.40 Les Tudors (5 et 6/10) GA. Série avec Jonathan Rhys Meyers, Natalie Dormer 3. Des épisodes poignants et pas-sionnants, avec la belle figure de Thomas More. Mais il y a des scè-nes érotiques.À quoi rêvent les Brésiliens ?22.30 Le monde selon Brasilia. Documentaire.23.20 Une aventure nommée Brésil. Documentaire.M620.40 Desperate housewives (4, 5 et 6/23) GA. Série avec Teri Hatcher. C'est toujours très bien fait, mais un peu inégal. Une jolie scène sur la culpabilité des femmes adultères.23.15 Swingtown. Série avec Molly Parker 2.Canal +20.50 Un prophète A. Drame (2009) de Jacques Audiard, avec Tahar Rahim... (2h29) 3. (Voir notre analyse page 35.)KTO20.40 Les mardis des Bernardins «L’université, à quoi bon ?».21.45 Églises du monde «Irak». 22.20 VIP «Didier Decoin».

samedi 18 septembre Dimanche 19 septembre lundi 20 septembre Mardi 21 septembre

Fran

ce 3

- P

. Qua

isse

Fran

ce 3

- Re

né B

ail

DR

FRAN

CE 3

- G.

GUS

TIN

E

émissions religieuses : 08h30 Émissions religieuses : «Sagesses boudd-histes», «Islam», «Judaïca», «Source de vie», «Présence protestante» - 10h30 Le jour du Seigneur «Matinée spéciale en direct de Solesmes» (et à 11h30) - 10h45 Messe en l'abbaye Saint-Pierre, à Solesmes (72).

Page 37: FRANCE Catholique · la Chambre des notaires font ... Newman est une invitation à considérer une œuvre considérable à son authentique degré de signification. En se convertissant

télévision

FRANCECatholique n°3226 17 septembre 2010 37

sur France 3Lundi 20 septembre à 20h35Hors-série «La blessure : La tragédie des Harkis» GAPourquoi la France a-t-elle abandonné ses Harkis, en 1962 et, ensuite, les rescapés lors de leur arrivée en France ? On ne peut que sou-haiter que ce remarquable docu-mentaire rende enfin justice à ceux qui ont servi fidèlement la France et ont été si mal récom-pensés. Bien sûr, on peut contes-ter, çà et là, quelques commen-taires, mais, dans l’ensemble, ce film poignant raconte, sans fard, les exactions du FLN (illustrées d’images pénibles) et la lâcheté de la France.

TF120.45 Mentalist : «L’appât du gain», «La main de John le Rouge», «La vie en rousse». Série avec Simon Baker, Robin Tunney 2.23.10 Fringe. Série avec Blair Brown 3.France 220.35 La peau de chagrin A. Téléfilm d’après Honoré de Balzac, avec Thomas Coumans, Annabelle Hetmann, Julien Honoré, Mylène Jampanoï, Jean-Pierre Marielle, Aymeric Cormerais, Henri Cour-seau. Cette libre adapta-tion de Balzac est bien filmée, mais peu captivante, et l’on n’évi-te ni les anachronismes ni les images très suggestives.22.15 Dans l’univers de… «Franck Dubosc». Magazine pré-senté par Laurie Cholewa.France 320.35 Coupe de la Ligue «À chaque région son match : 16es de finale».23.45 Ce soir (ou jamais !). Maga-zine présenté par Frédéric Taddéï.Arte20.40 Les mercredis de l’histoire «La Croix-Rouge sous le IIIe Reich» GA. Une enquête à charge inté-ressante, mais fort peu objective.21.35 Les mercredis de l’his-toire «La nef des damnés». 22.25 Le dessous des cartes «Quel bilan pour Lula ?».22.40 Hijack stories A. Policier en VO (2001) de O. Schmitz, avec To ny Kgoroge (1h30). Pas mal, mais peu accessible pour qui ne connaît pas parfaitement l’Afri-que du Sud. Des scènes sensuelles.M620.40 D & Co «Une semaine pour tout changer». Magazine présenté par Valérie Damidot.22.45 C’est du propre ! Divertis-sement.Canal +

20.50 Hôtel Woodstock GA. Comédie dramatique (2009) de Ang Lee, avec Demetri Martin, Dan Fogler, Henry Goodman, Jonathan Groff (1h56) 2. Souvent très amusant, mais un peu long.KTO20.40 Saint Pio de Pietrelcina. Documentaire.21.45 La famille en questions «Nos enfants sont éloignés de la foi ?».22.20 La foi prise au mot «Confession».

TF120.45 Koh-Lanta. Divertissement présenté par Denis Brogniart.22.15 Secret story. Divertisse-ment 2.France 220.35 Boulevard du Palais «Cré-dit revolver» GA. Téléfilm avec Anne Richard, Jean-François Bal-mer, Philippe Ambrosini... (1h30) 2. Cet excellent épisode dénonce les méthodes de certains organismes de crédit.22.05 Avocats et associés «À la vie, à la mort» GA. Série avec Muriel Combeau, Frédéric Gorny. C’est prenant, mais les histoires sont affreuses.23.00 Semaine critique ! Maga-zine présenté par Franz-Olivier Giesbert.France 320.35 Thalassa. Magazine pré-senté par Georges Pernoud.22.55 Vie privée, vie publique, l’hebdo. Magazine présenté par Mireille Dumas, avec Michel Gala-bru, Claude Gensac et Samy Nacéri.00.10 L’heure de… «Cecilia Bartoli».01.10 Concert Cecilia Bartoli «Sacrificium».Arte20.35 L’école du pouvoir (2/2) A. Téléfilm avec Robinson Stévenin, Élodie Navarre (2h03). C’est assez inégal et illustré d’une scène suggestive.22.45 Fractales, à la recherche de la dimension cachée. Docu-mentaire.23.40 Grand format «Sauve qui peut, la retraite». Documentaire.M620.40 NCIS, enquêtes spécia les : «Une affaire de famille», «Le fan-tôme de Noël», «Otages». Série avec Mark Harmon 2.23.05 Numb3rs. Série 2.Canal +

20.50 Neuilly sa mère ! J. Comé-die (2008) de Gabriel Julien-La-ferrière, avec Samy Seghir, Jérémy Denisty, Rachida Brakni, Denis Podalydès (1h28). Sympa-thique et amusant.KTO20.40 Des banques pour les pau vres. Documentaire.21.45 L’espérance du Laus. Documentaire.22.20 Les mardis des Bernar-dins «L’université, à quoi bon ?».

TF120.45 Masterchef. Divertissement présenté par Carole Rousseau, avec Frédéric Anton, Yves Camde-borde, Sébastien Demorand.23.55 Masterchef se met à table. Divertissement présenté par Carole Rousseau.France 220.35 Envoyé spécial : «Les arna-ques du permis à point», «Cam-bodge : L’école des femmes», «Les discriminés de la République». Magazine présenté par Guilaine Chenu et Françoise Joly.22.50 Infrarouge : «Guerres se-crètes du FLN en France», «L’autre 8 mai 45». Documentaires.France 3

20.35 Le déshonneur d’Elizabeth Campbell GA. Policier (1999) de Simon West, avec Madeleine Stowe, John Travolta, James Cromwell, Timothy Hutton (1h56) 3. C’est très prenant, mais pas toujours aisé à suivre, avec des personnages peu reluisants.22.55 Ce soir (ou jamais !). Maga-zine présenté par Frédéric Taddéï.Arte20.40 L’école du pouvoir (1/2) A/Ø. Téléfilm avec Robinson Sté-venin, Élodie Navarre, Céline Sal-lette, Thibault Vincon, Valentin Merlet (2h06). Cette fiction sur l'ENA est assez bien faite, mais elle est un peu ennuyeuse et, surtout, peu crédi-ble. Une scène érotique.22.50 Et Hollywood créa lafemme GA. C’est très inté-ressant, avec des réflexions assez pertinentes sur l’évolution de la femme au cinéma.23.40 Tracks.M620.40 Bones : «Le boucher de Burtonsville», «Combustion spon-tanée», «Innocence perdue», «La momie», «L’ombre d’un doute». Série avec Emily Deschanel 2.Canal +20.50 24 heures (3 et 4/24). Série avec Kiefer Sutherland 3.KTO20.40 Les grands entretiens «Denis Sonet, amour toujours !». 21.40 Vertiges de la Croix. 22.10 Focus catholique «Accom-pagnements spirituels». 22.35 Concert «Ode à sainte Cécile et trois antiennes du couronnement».

Mercredi 22 septembre Jeudi 23 septembre vendredi 24 septembre

T : ToutpublicJ : AdolescentsGA: GrandsadolescentsA : AdultesØ : Œuvre(ouscène)nocive : Elémentpositif: Elémentnégatif

Repères

RaDiosRadio Notre-DameSamedi 18 septembre7h49 Le billet de Tugdual Derville.Lundi 20 au vendredi 24 septembre7h06, 8h15, 11h06 La chronique de Gérard Leclerc.Lundi 20 septembre11h30 et 17h Paroles d'évêques, pré­senté par Clémence Houdaille,"Le regard des évêques d'Île-de-France sur l'actualité". Mgr Michel Santier (dio­cèse de Créteil).Mardi 21 septembre11h30 et 17h Paroles d'évêques, Mgr Jean-Yves Riocreux (diocèse de Pontoise).Mercredi 22 septembre11h30 et 17h Paroles d'évêques, Mgr Pascal Delannoy (diocèse de St­Denis).Vendredi 23 septembre11h30 et 17h Paroles d'évêques, Mgr Michel Dubost (diocèse d’évry)16h Agenda Musical, présenté par Edith Walter, «éric-Emmanuel Schmitt présente son livre consacré à Beetho-ven et sa pièce "Kiki van Beethoven" au théâtre La Bruyère».

France CultureDimanche 19 septembre10h Messe. 24e dimanche ordinaire, depuis la chapelle Saint­Louis, école militaire, 13, place Joffre, 75007 Paris. Prédicateur : Père Olivier Segond. Chœur : maîtrise de l'école Militaire, sous la Direction de Blan­dine Vadakarn, commentée par Frère éric Macé.

Marie BIZIEN

DR

DR DR

Page 38: FRANCE Catholique · la Chambre des notaires font ... Newman est une invitation à considérer une œuvre considérable à son authentique degré de signification. En se convertissant

Paris✔ à l'occasion de la semaine thérésienne du 25 septembre au 1er octobre, à la Chapelle Sainte-

Thérèse, 40 rue Jean de la Fontaine, 75016 Paris "Vénération des reli-ques de sainte thérèse", avec Mgr La f f i t t e , le père Marie-Michel,

Sœur Emmanuelle… célébra-tions, soirées de prière, confé-rences, spectacle… Rens. ✆ 01. 44.14.75.75. Programme sur : www.semainetheresienne.org✔ à la basilique Notre-Dame des Victoires, Place des Petits-Pères, 75002 Paris, ✆ 01.42.60.90.47, fax 01.49.27.03.20, trois jours sont proposés pour "Fêter Sainte thérèse de Lisieux". Le 30 sep-tembre, "Jour de son entrée dans la Vie" [30 septembre 1897], (18h) Vêpres solennelles, (18h30) à l'heure de l'entrée dans la Vie

de Sainte Thérèse : lec-

ture d'extraits de ses "Derniers entretiens", (19h) Messe votive de Sainte Thérèse, présidée par Mgr Renauld de Dinechin (évêque auxiliaire de Paris), (20h) Diaporama "Aimer et faire aimer l'Amour", la vie de Sainte Thérèse. Le 1er octobre "Fête liturgique de Sainte Thérèse" (12h15) Messe, (14h30) Catéchèse, (15h) Chapelet, puis Procession à l'autel de Sainte Thérèse, (16h) Adoration du Saint-Sacrement, (18h) Vêpres. Le 2 octobre, « Je veux passer mon ciel à faire du bien sur la terre », Découvrir la puissance d'intercession de Sainte Thérèse, (11h) Messe, (12h) Prière pour la conversion des pécheurs, avec l'Archiconfrérie, (12h45) Adoration du Saint-Sacrement, (15h) Grande prière d'interces-sion et chapelet, (18h30) Messe, (19h30) Diaporama "Aimer et faire aimer l'Amour", la vie de Sainte Thérèse. Le 3 octobre, « Ce sera comme une pluie de roses », (11h) Messe, suivie de la vénération de la relique de Sainte

Thérèse conservée à la Basilique, (18h30) Messe de clôture.✔ L'IPC, Facultés Libres de Philosophie et de Psychologie, organise la "Messe de Rentrée", le lundi 4 octobre (19h), qui sera célébrée par le frère Thomas (promo 15), (Prieur général de la congrégation de Saint Jean), en l'église Saint-Dominique, 18 rue de la Tombe Issoire, 75014 Paris.✔ La Société de Saint-Jean pour le développement de l'art chré-tien organise sa prochaine expo-sition, du 18 au 25 septembre (13h-18h tous les jours), « Les Animaux dans la Bible », au Beffroi de la Mairie de Paris, 2 place du Louvre, 75001 Paris. Entrée libre.✔ à l'occasion du 100e anniver-saire de la naissance de Mère teresa, sur le thème "Un regard de paix", du 1er au 9 octobre, en la chapelle Saint-Louis de l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière, 47 bd de l'Hôpital, 75013 Paris. Une neuvaine de prière et d'in-

tercession, en présence d'une relique de Mère Teresa aura lieu. Et une exposition sur la vie de Mère Teresa est prévue, avec chaque jour une messe (15h), et une conférence (16h).Calvados✔ à l'Abbaye Saint-Martin de Mondaye, 14250 Juaye-Mondaye, ✆ 02.31.92.58.11, fax 02.31.92.08.05 des "écri-tures d'icônes" sont prévues les 2 et 23 octobre, 27 novembre...Côtes-d'Armor✔ Le Foyer de Charité de Tressaint, BP 54 145, 22104 Dinan Cedex, ✆ 02.96.85.86.00, fax 02.96.85.03.56, organise des retraites pour tous, du 26 sep-tembre au 2 octobre "Avance en eaux profondes et jetez vos filets." (Lc 5, 4) (fondamentale), avec le Père Hervé Gosselin ; et "Nous avons vu sa gloire" - évangile selon St Jean (ch. 13 à 21), avec le Père Christian Faimonville. Une "Journée pour Dieu" est prévue également le 28 septembre, pour tous.

BLOC-NOTES

(*) France métropolitaine et DoM uniquement - (**) Pour les personnes n’ayant jamais été abonnées. (***) Dans la limite des stocks disponibles. (****) Le pré-ciser dans un courrier séparé. (*****) France métropolitaine uniquement. cnIL n° 678405 - Loi informatique & liberté du 6/01/78 : vous disposez d’un droit d’accès et de rectification aux informations vous concernant. Par notre intermédiaire, vous pouvez être amenés à recevoir des propositions d’autres entrepri-ses. Si vous ne le souhaitez pas, il suffit de nous écrire ou de nous téléphoner et il en sera tenu compte immédiatement.

❒ Je souscris un premier abonnement à FRance catHoLiQUe :1 an = 76 (au lieu de 110) (*)(**) et je reçois, en cadeau un cD "mater Dulcissima", cathédrale notre-Dame de Paris. chant grégorien, polyphonies et monodies.❒ J'abonne un ami, un prêtre, une communauté…1 an = 76 et je reçois le cadeau(**), qui m'est envoyé(****)

adresse où France catholique doit être envoyé :❒ Mme ❒ Mlle ❒ M. ❒ Père ❒ Sœur

NOM/prénom : ...........................................................................................

Adresse : .....................................................................................................

….......................................... ......................................................................

Code postal : ...............Ville : ......................................................................

FRanceFRanceFRanceFRance

À retourner, à "France catholique", 60 rue de Fontenay, 92350 Le Plessis-robinson

❒ Je souhaite recevoir 5 numéros de FRance catHoLiQUe gratuitement et sans engagement (*****)

Je joins mon règlement par :❒ chèque bancaire à l'ordre de FRance catHoLiQUe

❒ carte bleue : numéro de carte :

Date d'expiration :Les 3 derniers chiffres au dos de la carte(à côté de votre signature) :votre téléphone : ..............................................votre adresse internet : .....................................❒ carte bleuepar téléphone, appelez-le 01.46.30.37.38

Signature :

catholiqueFRanceFRanceFRanceFRancecatholiquecatholiqueFRancecatholiqueFRanceFRanceFRanceFRancecatholiqueFRanceFRanceFRancecatholiqueHEBDOMADAIRE

À retourner, à "France catholique", 60 rue de Fontenay, 92350 Le Plessis-robinson

avec un premier abonnement, en cadeau, un CD "Mater Dulcissima", Cathédrale Notre-Dame de Paris Chant grégorien, polyphonies et monodies.(Éditions Hortus) [Le cD peut être commandé seul, par courrier, au prix de 15 franco,

chèque à l’ordre de France catholique, 60 rue de Fontenay, 92350 Le Plessis Robinson.]

Abonnez-vous !

Offrez unabonnement !

76 pour un an

(au lieude 110 )

Cadeau

Page 39: FRANCE Catholique · la Chambre des notaires font ... Newman est une invitation à considérer une œuvre considérable à son authentique degré de signification. En se convertissant

Drôme✔ Le Foyer de Charité, 85 rue Geoffroy de Moirans, 26330 Châteauneuf-de-Galaure, ✆ 04. 75.68.79.11, fax 04.75.68.66. 91, prévoit des retraites : du 27 septembre au 3 octobre "Dans la société et en église, comment devenir «le sel de la terre» ?", avec le Père Yannick Bonnet ; du 12 au 18 octobre "Amour et Vérité se rencontrent" avec le Père Godefroy Delaplace.Lot-et-Garonne✔ Le Foyer de Charité Notre-Dame de Lacépède, 47450 Colayrac-Saint-Cirq, ✆ 05. 53.66.86.05, fax. 05.53. 66.10.02 / [email protected]. prévoit une récollection aura lieu du 1er au 3 octobre, avec le Père Thibaud De La Serre "La joie chez Saint-François de Sales", “Un chemin vers la «Petite voie» de Sainte-Thérèse”.Pas-de-Calais✔ Le Foyer de Charité, BP 105, 62240 Courset, ✆ 03.21.91. 62.52, fax : 03.21.83.87.13, [email protected] orga-nise une retraite du 27 sep-tembre au 3 octobre (avec enfants à partir de 4 ans), sur le thème "Demeurez dans mon Amour", avec le Père Dominique Bostyn.Yvelines✔ à l'occasion des Journées Européennes du Patrimoine, le château de Thoiry accueillera jour et nuit, les 18 et 19 septem-bre, pour un programme riche en animations. Rens. ✆ 01.34. 87.49.26, [email protected]✔ Alors que les étudiants de la 3e promotion se préparent en vue de la rentrée académique, l'Institut Sophia vous invite à la première de ses "conféren-ces" le 5 octobre (20h) sur le thème "Une loi peut-elle être injuste ?" Pour aborder cette question d'actualité,S.A.S. le Prince Niklaus de Liechtenstein a accepté de nous livrer ses réflexions à partir de son expé-rience de diplomate et de chré-tien engagé dans la cité, à l'Ins-titut d’études Théologiques, 24 bld Saint Michel (Montgomery), 1050 Bruxelles. Part./frais : 7 e (3 e pour les étudiants). Rens. ✆ 04.77.042.367www.institutsophia.org

Cours de peinture✔ Du 22 (soir) au 26 septem-bre, autour du thème "paysage", des cours de peinture (acry- lique ou huile) sont proposés par Patrice Laurioz, pour composer et réaliser une œuvre. Logement et cours sur place, au Jas de Mery (maison d'hôtes), 84360 Puget-sur-Durance. Apporter pinceaux et tubes. Rens. ✆ 06. 21.89.06.30, fax 04.90.68. 13.25 / [email protected] / www.jasdemery.comFamillathlon✔ Pour la 6e année Famillathlon organise les 25 et 26 sep-

tembre sa grande jour-née du sport en famille. Chacun, quel que soit

son âge, p o u r r a

venir y découvrir et pratiquer gratuitement de nombreuses activités sportives, ludiques et pédagogiques. Les manifes-tations se tiendront le samedi 25, à Rouen et Marzy-Nevers, et le dimanche 26, à Paris (Champs-de-Mars) mais aussi à Ba rgemon-Dragu ignan , Chartres, Saint-Cloud et pour la première fois Lille et Antibes. Rens. Famillathlon France, Maison des Associations, 14 av. René Boylesve, 75116 Paris, ✆ 06.50.49.41.54.www.famillathlon.orgPèlerinages✔ Marie-Gabrielle Leblanc (his-torienne d'art et journaliste), organi-se et conduit avec le Professeur Ashraf Sadek (égyptologue et cop-tologue, directeur de la collection Le Monde Copte et diacre copte-or-thodoxe), deux voyages culturels et pèlerinages en égypte copte, sur les pas de la Sainte Famille et des Pères du Désert : Le Caire antique et copte, monastères coptes de Ouadi Natroun, de la Mer Rouge et de la vallée du Nil, centre œcuménique Anafora, Sinaï, étapes de la Sainte Famille en Moyenne Egypte, Louxor. Nombreuses rencontres avec l'église copte, les iconographes.9 jours du 26 décembre au 3 janvier (1150 €), ou 13 jours du 6 au 18 avril (1650 €), avec le P. Jean-Ariel Bauza-Salinas OP. 01 48 07 05 84, [email protected]

Pour passer un communiqué, contactez : [email protected]

fax 01.46.30.04.64 ou inscrivez-le sur : www.france-catholique.fr

abonnementS à France cathoLIqueFrance, 6 mois : 58 / 1 an (47 numéros) : 110 / étranger, 1 an : 122 . Abon nement sou tien : 250 . Pour la Bel gique, virements à l'ordre de E. Ker khove, chaus sée de Dottignies 50 7730 Es taimpuis, tél. 056. 330585, compte ban caire : 275.0512. 029.11.Pour les autres pays, procédez par virements postaux internationaux sur notre compte chèques postal [IBAN / FR46 2004 1010 1243 5535 5X03 353 | BIC : PSSTFRPPSCE], ou bien par mandats in ternationaux à l'ordre de la SPFC ou par chèques bancaires libellés en euros et pa yables en France ou par chèques ban caires domiciliés à l'étranger mo yen nant une surtaxe de 18 , ou par carte bancaire via le site internet www.france-catholique.fr ou par téléphone : 01 46 30 37 38. Le journal ne rem bourse pas les abonnements interrompus du fait de l'abonné / Ne paraît pas en août.

PetiteS annonceS

Tarif : la ligne de 35 lettres : 6 . Domiciliation : 9 . Commu niqué dans le bloc-notes, forfait : 20

➥ Meurthe-et-Moselle : Le comité d'accueil à l'enfant et d'aide aux futures mères, recherche des nouveaux adhérents et bénévoles. Cotisation 16 e. Local : 175 rue Jeanne d'Arc, 54000 Nancy. Ouvert mercre-dis après-midis, en période scolaire. [email protected]

➥ L'ancien Carmel de Beaune, lieu, depuis ses ori-gines, du sanctuaire de l'Enfant-Jésus, Roi de Grâces, est aujourd'hui vacant. Les Beaunois qui y sont très attachés recherchent une communauté, de préférence féminine, pour reprendre ce sanctuaire et y déve-lopper le Culte à l'Enfant-Jésus, qui s'y est poursuivi depuis presque quatre siècles sans interruption.Si une communauté se sent interpellée par cette annonce, peut-elle le faire savoir à Sœur élisabeth au Carmel de Nevers, 35 rue des Montapins, 58000 Nevers, tél. 03.86.57.09.75.

➥ La Paroisse notre-Dame de Versailles, 35 rue de la Paroisse, 78000 Versailles, tél. 01.30.97.69.70, recherche un sacristain (temps complet-CDI). S’adresser au Secrétariat, tél. : 01.30.97.69.74, fax : 01.30.97.69.79 (8h30-12h30 / 14h-17h, (fermé le mercredi après-midi).

FRance catHoLiQUe - hebdomadaireN° Commission Paritaire de la Presse : 1011 C 85771 valable jusqu'au 31 octobre 2011

CNIL : 677840560, rue de Fontenay, 92350 Le Plessis-Robinson

téléphone : 09.75.69.14.92 - 01.46.30.37.38 - Fax : 01.46.30.04.64courriel : [email protected] - ccP La Source 43 553 55 X

édité par la Société de Presse France Catholique,s.a. au capital de 900.000 euros. - 41838214900015 R.C.S. Nanterre - APE 5814Z

Président : Hervé catta - Directeur gl., dir. de la publication : Frédéric aimard (✆ 06. 08.77.55.08) - Conseiller de la direction : Robert masson - éditorialiste : Gérard Le clerc - Rédaction : tugdual Derville - Ludovic Lécuru - Secrétaire de rédaction : brigitte Pondaven

Imprimé par IPPac-Imprimerie de champagne, ZI les Franchises, 52200 LangresLes documents envoyés spontanément ne sont pas retournés.

France catholique et ecclésia sont des marques déposées à l'Inpi.

http://www.france-catholique.fr

FRANCECatholique n°3226 17 septembre 2010 39

Pour les abonnements par chèque, virement ou prélèvement,pour un changement d'adresse ou pour toute autre question relative à

votre abonnement en cours, il vous faut joindre :téléphone : 01.40.94.22.22

[lundi au jeudi 9h-13h et 14h-18h et vendredi 9h-13h et 14h-17h]Fax : 01.40.94.22.32 - courriel : [email protected]

en revanche, pour un abonnement par carte bleue,le téléphone est : 01.46.30.37.38.

SeRvice abonnementS

Page 40: FRANCE Catholique · la Chambre des notaires font ... Newman est une invitation à considérer une œuvre considérable à son authentique degré de signification. En se convertissant