fluidity in contemporary architecture, ambiguous and interactive spaces

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RAPPORT D’ÉTUDE Titouan CHAPOULY LICENCE 3 / ENSAL 2011-2012 Tuteur : M. Philippe MARIN FLUIDITÉ EN ARCHITECTURE CONTEMPORAINE espaces ambigus et interactifs

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The term «fluidity» is antinomian to the vocabulary of architecture that is essentially fixed and solid. However, it turns out that the architecture to embrace his new cognitive environment must incorporate it into his practice, or at least in its field of reflection.The fluidity which proves to be more complex than a simple aesthetic expression of the movement, nourishes the formal universe of contemporary architects. The latter suggest new spatial practices and new materialities for architecture.This prospective contemporary architectural keeps its origins to multiple influences. Deleuze’s Baroque, to traditional Japanese culture through the postmodernism of Claude Parent or Archizoom.The study report proposes a reading of this theoretical concept. This by establishing a theoretical definition and then by breaking it down into three areas of study: formal and concrete fluidity, abstract and virtual fluidity and to finish physical and physiological fluidity.

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RAPPORT D’ÉTUDE

Titouan CHAPOULY LICENCE 3 / ENSAL 2011-2012Tuteur : M. Philippe MARIN

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FLUIDITÉ EN ARCHITECTURECONTEMPORAINE espaces ambigus et interactifs

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Dans Beaux Arts magazine , numéro hors série / janvier 2007

Rapport d’étude / 2011 -2012 / Chapouly Titouan / 2

// ITO

En couverture et dernière page : KENGO KUMA’S ORIBE TEA PAVILIONphotographie http://kkaa.co.jp/works/oribe-tea-house/

Pournous,l’espaceestambigu,commel’air etlalumière quicoulententredeuxchoses.

Enseignements rattachés / e342 et e621-critiquecontemporaine

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TentativededéfinitionduconceptdeFluiditéenarchitecturecontemporaine

Rapport d’étude / 2011 -2012 / Chapouly Titouan / 3

1/ INTRODUCTION

2 / CONTEXTE(S) DU SUJET

4 / ESSAI DE CLASSIFICATION

6 / CONCLUSION ET OUVERTURE

3 / DÉFINITION THÉORIQUE

5 / OBSERVATIONS ET RETOUR CRITIQUE

BIBLIOGRAPHIE

4.1 Fluidité formelle et concrète -Logique topologique- espaces continus et pliés4.2 Fluidité abstraite et virtuelle-Logique tectonique - interaction suggérée 4.3 Fluidité physique et physiologique - Interaction directe entre le corps et les choses -

1.1 Objectifs du rapport d’étude 1.2 sujet, problématique et méthode de travail

«Architectureasaflow»kengokuma3.1 Approche Étymologie et sémantique

3.2 Origines architecturales du terme3.3 Conditions matérielles et réalistes de la fluidité

5.1 Quels enseignements à tirer ? 5.2 Pertinences et limites de la classification

6.1 Bilan global du travail6.2 prise de conscience et objectifs ultérieurs

Ouvrages - revues - websites conférences vidéos

Iconographie

2.1 Une société fluctuante en mouvement continu 2.2 Pluridisciplinarité et outils numériques comme nouveaux champs potentiels d’exploration

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Fluidité en Architecture Contemporaineespaces ambigus et interactifs

// SOMMAIRE

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Rapport d’étude / 2011-2012 / Chapouly Titouan / 4

C’est d’abord réfléchir aux relations qu’entretiennent certains concepts architecturaux avec notre société contemporaine. Comprendre en quoi ces recherches et expérimen-tations apparaissent pertinentes dans le monde dans le quel nous vivons.

Essayer de saisir à travers un thème, les liens complexes que peut entretenir l’architec-ture contemporaine avec d’autres champs disciplinaires.

Comment ces explorations proposent-elles, de nouvelles pratiques de l’espace habi-table et de nouvelles formes de l’espace urbain ? En quoi, peuvent-elles être poten-tiellement des propositions pour «vivre mieux»... ?

Des questions vastes et passionnantes qui animent ma réflexion d’étudiant.

Le rapport d’étude de Licence 3 est l’occasion d’explorer ces thématiques mais sans avoir la prétention de vouloir en étudier tous les contours, ce qui est impossible. Ces sujets pouvant chacun faire l’objet d’une vie entière de travail. L’étude veut s’inscrire ainsi dans une 1ère démarche de compréhension, des bases pour d’autres études ultérieures éventuelles. Une compréhension dans l’intention d’es-sayer de la rendre applicable dans l’exercice du projet d’architecture.

Ainsi l’idée est de resserrer se questionnement à l’étude d’un cas précis (ici la théma-tique de la fluidité) pour aborder, on osera dire de façon «synecdotique», une partie pour le tout. En d’autres termes, étudier un exemple pour appréhender le fonctionne-ment d’un ensemble.

L’enseignement de critique contemporaine propose une ouverture sur la pensée archi-tecturale et constitue l’enseignement rattaché à ce rapport d’étude.Plus qu’une ouverture, ces mini-conférences que M. Desevedavy organise, nous offrent un point de vue différent et subjectif sur un sujet précis et en rapport avec l’actualité. La recherche architecturale est souvent abordé.

1 / INTRODUCTION

1.1 OBJECTIFS DU RAPPORT D’ÉTUDE /

1.2 SUJET, PROBLÉMATIQUE ET MÉTHODE DE TRAVAIL /

SUJET DU RAPPORT D’ETUDE FLUIDITÉENARCHITECTURECONTEMPORAINE_ espacesambigusetinteractifs

_La thématique de la fluidité en tant que concept architectural à définir et qui entretient une relation complexe et variante avec notre société contemporaine ainsi que d’autres champs disciplinaires._Les espaces ambigus et interactifs comme de nouvelles pratiques des espaces urbains et habitables qui découlent de la fluidité. En résumé, c’est ainsi tenter de proposer une lecture organisée d’un concept sous-jacent à de multiples projets d’architecture contemporaine.

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PROBLÉMATIQUE Commentdéfinirdemanièrearchitecturaleleconceptdefluidité?

Genèsedusujetetproblématisation:À la lecture de nombreux mensuels spécialisés dans l’architecture comme le D’a ou en-core l’Arca international pour ne citer qu’eux, on remarque un certain nombre de réalisa-tions actuelles qui proposent de nouvelles explorations de l’espace architecturé. Ceci à partir de systèmes dynamiques et d’une logique non compositionnelle qui se place en rupture avec une conception dite «classique» de l’architecture.

En effet, on observe un nouvel investissement du lieu et du programme ou plus large-ment du contexte sur lequel se pose un projet d’architecture. Notamment par un re-modelage du site qui aboutit à de véritable propositions passagères. Toiture, façade et sol s’inscrivent dans un geste continu et se confondent. Le terminal de Yokohama par Foreing Office Architects en est l’exemple type. Par ce biais, l’exercice de la conception «créatrice» se base alors sur une dynamique de lieu et du flux en utilisant le pli comme élément structurel de mise en correspondance.

Dans ces nouvelles explorations non pas simplement spatiales mais plus largement co-gnitives, l’espace conçu devient atmosphère, c’est à dire lumière, température, son .... Il n’est plus fixe et immuable mais temporel et fluctuant.

Le terme d’architecture «intelligente» est un mot utilisé par le magazine Beaux-Arts dans une édition spéciale sur l’architecture prospective contemporaine. Dans cet ouvrage, l’auteur appuie sur l’idée d’une interdisciplinarité en architec-ture. Des architectes expérimentent en ne se référant pas exclusivement à l’architecture en tant que telle et à son histoire. En effet cette architecture dite «non-standard» va essayer de tisser des liens avec des milieux diverses qui ne cultivent pas au prime abord des rapports directs avec l’ar-chitecture. Si les technologies informatiques apparaissent comme des outils prépondé-rants vers de nouveaux chemins de la conception, d’autres sciences comme la biologie ou les mathématiques vont servir alors de «matières» à explorer.

C’est ce type d’architecture là qui va nous intéresser pour le rapport d’étude. Nous al-lons donc nous intéresser à en comprendre ses tenants et aboutissants à travers la thé-matique de la fluidité.

Le terme «fluidité» est à priori antinomique au vocabulaire propre à l’architecture qui par essence est fixe et solide. Cependant, il se trouve que l’architecture pour embrasser son nouvel environnement cognitif et matériel se doit de l’incorporer dans sa pratique, ou du moins dans son champ de réflexion. En effet bien que l’on remarque une permanence des questions dans l’histoire de l’architecture, cette dernière répond à des préoccupations actuelles et tisse des liens avec d’autres champs disciplinaires. C’est à dire avec notre société changeante et fluc-tuante et avec l’évolution de nos technologies.

C’est sur ce point là que se situe notre problématique à étudier dont nous verrons plus en détail, dans le prochain chapitre, les contextes globaux et architecturaux liés à cette thématique.

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MÉTHODE ET PLAN DE TRAVAIL

L’étude commence par décrire de manière succincte le contexte actuel et global puis resserré dans lequel se situe cette thématique et qui permet de comprendre à la fois son existence et sa pertinence en architecture.

Cette première approche est suivie d’une tentative de définition théorique de la flui-ditié en architecture. Cette définition se fait d’abord par une approche étymologique, sémantique puis architecturale.

En se référant à l’histoire de l’architecture, par l’intermédiaire de plusieurs exemples marquants, on propose de décrire les conditions matérielles et réalistes expliquées par des schémas qui permettent de réaliser la fluidité en architecture contemporaine.

Ensuite par l’analyse du contexte évoqué, de la définition théorique précédente et des exemples contemporains trouvés, on propose une organisation typologique en 3 do-maines d’étude: Une approche d’abord formelle puis abstraite et dans une troisième partie physiologique. Chaque domaine est décrit de manière générale et interprété par l’intermédiaire de plusieurs projets d’architecture choisis pour leur pertinence vis à vis du sujet.

Enfin, avant de conclure sur ce travail et d’en faire un bilan personnel, on établit obser-vations et retours critiques vis à vis de cette classification.

Le travail est accompagné d’un support graphique (de photographies, d’images de syn-thèse ou encore de plans) qui aide à la compréhension des propos.

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FOA - Foreing Office Architects / Zaera POLO et Farshid MOUSSAVI Terminal Maritime de Yokohama (1995-2002 / JAPON)

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2 / CONTEXTE(S) DU SUJETIntérêts actuels d’une telle thématique

2.1 UN SOCIÉTÉ FLUCTUANTE EN MOUVEMENT CONTINU

Sans avoir la prétention de vouloir dresser un portrait exhaustif de notre société actuelle en une page, on observe quelques points intéressants pour le sujet permettant de le restituer dans son contexte actuel et global.

La société de réseau et de flux dans la quelle nous sommes, subi une accélération par l’arrivée d’une révolution numérique qui a changé nos habitudes et modifié nos codes. L’architecture depuis l’apparition d’une multitude de logiciels (cas du logiciel Katia conçu d’abord pour l’aéronautique) s’inscrit également dans ce processus de changement.Un monde virtuel et continu qui s’ajoute à une logique du mouvement fluctuant et d’échanges déjà présente depuis la révolution industrielle. C’est le progrès par la vitesse et la productivité dans un mouvement continu.

Ainsi depuis l’arrivée d’internet ce n’est plus simplement un flux concret de marchandise mais aussi un flux virtuel d’informations... Ces flux virtuels prenant des proportions as-tronomiques dépassant l’entendement et dans une rapidité égale à celle de la lumière.

Au passage, on remarque que dans cette fluctuation, le contrôle et le partage des infor-mations constituent alors une nouvelle marchandises à la valeur inestimable. Google affiche par exemple un chiffre d’affaire annuel avoisinant les 30 milliards de dollars...

Un monde ultra connecté et global qui nous renvoie à de «multitudes de systèmes à l’échelle individuelle» et qui nous font penser que le monde n’est plus inaccessible, il est même petit... En effet, depuis son ordinateur et par l’intermédiaire de google earth, street ou bing notamment on peut aller à peu près n’importe où sur la terre...

Pour Paul VIRILIO, urbaniste philosophe, ancien associé de Claude PARENT, le monde est même «devenutroppetitpourleprogrès». En témoigne selon lui, notre empreinte écologique. Ce terme qui mesure la pression qu’exerce l’homme sur la nature, permet de constater que notre propre développement est destructeur du lieu sur lequel nous vivons, en l’occurrence ici, la planète.

Les crash-test (celui des voitures par exemple) sont révélateurs d’une réalité tangible où notre réussite est une menace potentielle. Ce qui sous entend que «le progrès et à la catastrophe sont l’envers et le revers d’une même médaille» selon la philosophe Hannah ARENDT.

Face à cette possibilité catastrophique du progrès, émerge une nouvelle pensée celle du développement durable dans laquelle peut s’insérer l’architecture contemporaine. Cette pensée n’est plus celle d’une production énergivore de masse en accélération infinie sur un mode compétitif mais au contraire, elle se veut équilibrée, recyclable et comme le soulignait le naturaliste Gautier Chapelle lors d’une conférence à l’école d’ar-chitecture de Lyon, coopérative. Elle ne réagit donc pas simplement par une logique de l’argent roi mais par celle d’une croissance à la fois économique, écologique et sociale.

Ainsi donc, le développement durable, ne se veut pas simplement qu’une tendance marketing propre au «greenwashing» mais un véritable démarche globale de société.

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Elle propose ainsi une réponse au mouvement actuel par un autre mouvement. Ceci par une mise en action de nos productions mais de façon dynamique et cyclique (cas du recyclage par exemple) et par conséquent non à perte comme c’est le cas actuellement.

Une des propositions de P. VIRILIO pour vivre face à ces flux et ces mouvements conti-nuels, ce qu’il théorise par le «vite, vide et vif» est le principe de circulation habitable. Elle a ceci d’intéressant qu’elle prend en compte une autre donnée qui est celle de la densité de nos villes, c’est à dire la saturation de l’espace du sol mais aussi du ciel (par les tours, il y en a plus de 7000 à Shangai par exemple). Cette saturation de nos métropoles renvoie, et on le fera de façon prudente, à la claustrophobie du citadin décrite par Michel FOUCAULT. Celle là même qui serait responsable de la croissance exponentielle du tourisme de masse et de la frénésie de l’homme moderne «nomade» vivant entre Hong-Kong, New York et Paris...

Dans ce contexte global, on se rend facilement compte de l’importance des flux (de marchandises, virtuels, ou d’hommes) des réseaux et systèmes de communication qui rendent le monde complètement mobile. Et dans cette mobilité globale, l’architecture qui est par essence fixe, cherche des réponses à ces nouveaux usages et nouvelles configurations de nos villes ou du moins cherche à en faire un écho.

Et ceci notamment par la force du trait de l’architecte, qui n’est plus qu’une simple ligne sur une feuille mais qui révèle une intensité, une vibration en somme un mouvement. Dans cette logique là on peut comprendre pourquoi le projet de Frank Oliver GEHRY du musée Guggenheim de Bilbao a autant séduit. Un univers de texture graphique, une sculpture qui au delà de reprendre l’image d’un «poisson» évoque avant tout l’idée d’un «corps» à la fois fluide et décomposé mais surtout en mouvement.

En conclusion de cette première partie on peut se poser au moins 2 questions :

Enquoilesrévolutionstechnologiquesactuellesimpactentsurl’architecture?Etcommentcettedernièrerépondàcesnouveauxinflux,àlaréorganisationdenos

villesfaceàlarapiditédestransportsquiontcontractéleterritoire?

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Frank Oliver GEHRYMusée Peggy GUGGENHEIM de Bilbao (1997 / Espagne)

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2.2 PLURIDISCIPLINARITÉ ET OUTILS NUMÉRIQUES COMME NOU-VEAUX CHAMPS POTENTIELS D’EXPLORATION

Attardons nous quelque peu, maintenant, sur le contexte resserré lié à l’architecture même et qui peut nous intéresser pour le sujet.

Si nos sociétés évoluent et changent en fonction des contextes économiques, politiques et sociaux, on constate cependant une forme de permanence des questions dans l’his-toire de l’architecture. C’est par exemple se demander comment on s’abrite et on se protège d’un envi-ronnement extérieur (de la grotte, aux enveloppes double peau) ou comment on passe d’un espace à un autre (la question du seuil, de la limite public/privée)...

En revanches, les réponses divergents. Car celles-ci sont l’aboutissement d’un travail subjectif de création, lui-même résultat d’un processus de conception où sa compréhension est aussi chaotique à déchiffrer que l’élaboration même du travail créatif. Comme l’a écrit l’architecte-chercheur J.P Chupin dans un ouvrage intitulé Ana-logie et Théorie en Architecture, l’exercice de «conception serait d’une certaine manière inconcevable». Cependant, on s’aperçoit que ses réponses s’adaptent à des préoccupa-tions du moment et se référent au monde dans lesquelles elles se situent.

Par conséquent, le travail de conception n’est pas linéaire il se réfère à de multiples do-maines.

Pour comprendre cette logique on utilisera l’exemple du schéma de la pensée latérale théorisée par le psychologue Edward DE BONO et expliqué par Jean Pierre CHUPIN. Ce schéma s’oppose à la pensée classique dite verticale. La pensée verticale, utilise un raisonnement par étapes de validations successives (hypothèses testées validées ou re-jetées) alors que la pensée latérale est faite de discontinuité. Celle-ci est justifiée non pas par la validité prouvée de chaque solution l’une après l’autre mais par des solutions potentielles qui permettent d’élaborer un logique d’ensemble qui se doit d’être impec-cable. Cette pensée n’est du coup pas linéaire comme la pensée classique, mais permet alors des chemins de traverses et supportent donc potentiellement une plus grande part de créativité... Et c’est cette créativité là qui est particulièrement convoitée.

Dans cette logique pluridisciplinaire, la première discipline en liaison et qui est une conséquence directe de l’émergence de nouvelles technologies est bien entendu l’in-formatique.

La «virtualité» du numérique devient alors une nouvelle «matérialité» pour les archi-tectures dans l’exercice de la conception. Plus qu’un simple outil d’assistance au dessin technique de l’architecture, cer-tains logiciels permettent d’explorer de nouvelles formes paramétriques. Des formes qui ne sont plus le résultat d’une image pensée au préalable mais plutôt l’aboutissement d’un processus morphogénique. D’une combinaison d’éléments prenant en compte un succession de paramètres: programmatiques, topographiques, économiques, clima-tiques... Comme des fonctions mathématiques complexes auxquelles on donne un x et un y.

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Et c’est là qu’interviennentt deux autres champs disciplinaires celui des mathématiques et de la biologie. Comme évoqué juste avant, la part est belle pour les algorithmes, les codes et autres calculs paramétriques. Le projet d’architecture n’est plus figuratif mais se transforme en «Datascape», en ensemble de données informatiques. La conception architecturale ne s’industrialise pas car l’architecture n’est pas un produit en série mais s’instrumentalise en quelque sorte ...

L’architecture prospective contemporaine puise aussi ses références dans la génétique et la biotechnologie. Le biomimétisme en chef de file, permet d’entrevoir de nouvelles possibilités. Des systèmes intelligents et fluctuants comme un ensemble organique qui mute et se transforme au grès des situations; en somme qui vie comme nous même nous vivons. Cette logique là, nous le verrons pas la suite, va s’insérer dans notre thématique. Comme l’a décrit J.P CHUPPIN, les références au monde naturel ne date pas d’hier, un des exemples les plus connus, la Chapelle de Ronchamp par LE CORBUSIER utilise la figure du crabe comme générateur primaire de la forme. Si aujourd’hui ces analogies tendent à n’être plus simplement formelles, le ré-sultat de ce travail délicat et laborieux se dispose alors comme une puissante matrice de l’architecture. C’est un outils qui sert encore maintenant à de nombreux s’archi-tectes contemporains comme nous le verrons par la suite.

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LE CORBUSIER Chapelle Notre-Dame-du-Haut de Ronchamp (1955)

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3/ DÉFINITION THÉORIQUE«Architectureasaflow»Kengo Kuma

Ce chapitre a pour intérêt de proposer de façon organisée et théorique une possible dé-finition du concept de fluidité appliqué à l’architecture. Cette définition permettra, dans un prochain chapitre, de classer en 3 catégories les exemples architecturaux contempo-rains trouvés.

3.1 APPROCHE ÉTYMOLOGIQUE ET SÉMANTIQUE

Dans cette première partie, l’objectif est d’arriver à définir une lecture orientée des 4 termes au cœur du rapport d’étude et qui n’entretiennent pas une relation évidente de prime abord avec l’architecture. On s’attarde d’abord à définir la notion de flux qui est revenu de façon récur-rente dans l’étude précédente des contextes, qui par extension nous amène à parler de fluidité et in fine aux notions d’ambiguïté et d’interactivité.

Il convient alors de proposer dans un premier temps un ensemble de définitions gé-néralistes et communément admises qu’il faudra, dans un second temps, adapter ou même réinterpréter de façon architecturale dans le cadre du sujet.

FLUX / FLUIDITÉ / AMBIGU / INTERACTIF

1_ FLUX nom masculin

DÉFINITION GÉNÉRALE

Sens premier: Écoulement d’un liquide organique ou en général d’un fluide.Origine étymologique : au lat. class. fluxus « écoulement d’un liquide »Synonymes : abondance, afflux, flot, débit, marée, profusion, jet

Géométrie : flux d’un vecteur à travers une surface, intégrale du produit de la compo-sante normale de ce vecteur par élément d’aire correspondant. Sciences physiques : Quantité de lumière émise par une source lumineuse en un temps déterminéÉconomie : Quantités économiques qui transitent (circulent) d’un secteur à l’autre de l’économie ou d’un groupe d’agents à un autre, tout au long d’un circuit économique.

-LarousseetTFLI

En théorie des fluides, tout transport d’une grandeur extensive (proportionnelle à la masse) s’exprime par un flux. Si v désigne la vitesse d’écoulement et p la densité du fluide, il s’agit, par exemple, du flux de volume (débit volumique : v cos α ds), du flux de masse (débit massique : pv cos α ds), du flux d’énergie cinétique (pv2/ . v cos α ds), etc

-EncyclopédieUniversalis

Le mot flux désigne en général un ensemble d’éléments (informations / données, éner-gie, matière…) évoluant dans un sens commun. Un flux peut donc être entendu comme un déplacement (quelle qu’en soit sa nature) caractérisé par une origine, une destina-tion et un trajet.

-Wikipédia

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INTERPRÉTATION ARCHITECTURALE

Dans la revue Arca internationale n°98 datant de février 2011, l’architecte japonais Ken-go KUMA en tant que directeur invité expose ses différentes recherches et expérimen-tations. Pour cela il qualifie son architecture en tant que «flow», en traduction littérale anglaise, un flux. Il expose son idée par opposition au béton qui bien que coulé se transforme en un élément dur et froid, «sans vie». Il commence donc sa recherche par celle d’un ma-tériau malléable. Mais nous étudierons ces travaux plus en détails par la suite, dans le prochaine chapitre. Au cours d’un entretient (dans la revue Arca datant de février 2011) avec le bio-logiste moléculaire Shinichi FUKUOKA, Kengo KUMA conclue que«l’architectureetlesorganismesvivantviventparcequ’ilsfluent.»Ce biologiste en question a en effet tra-vaillé sur «l’équilibre dynamique» des organismes vivants. C’est la manière dont chaque cellule appréhende le fonctionnement qu’elle doit jouer par rapport aux autres. Les êtres vivants s’organisent dans un flux de telle sorte, par exemple, que dans le corps humain les matières s’écoulent et se régénèrent continuellement à une vitesse étonnante.

Les expressions «écoulement» et «mouvement commun», «direction et adaptation» ap-partenant à la définition générale du mot flux interviennent ici. En quelque sorte, ce terme est utilisé par Kengo KUMA pour désigner la forme que devraient adopter les métropoles et l’architecture dans l’avenir. Une forme qui s’adapte aux mouvements et changements continuels présents dans l’activité humaine et qui n’est donc pas immobile. Ici, le défi des structures en architecture ne se résumerait donc plus simplement à «une lutte contre la gravité» mais devrait donc s’accommoder à de nouvelles contraintes...

2_FLUIDITÉ nom féminin

Avant toute chose : Fluideadj.(latfluidus):se dit d’un corps (liquide ou gaz) dont les molécules sont faible-ment liées, et qui peut ainsi prendre la forme du vas que le contient.

-LarousseDÉFINITION GÉNÉRALE

Sens premier : État, qualité de ce qui est fluide, de ce qui s’écoule régulièrement. Fluidité de l’air, des gaz, de l’eau

«Je ne me souviens pas d’avoir jamais rien vu de plus enthousiasmant que ce paysage com-posé de ces deux éléments contraires et qui semblent pareils, la solidité du rocher et la fluidité de l’eau.» THARAUD, Paris-Saïgon, 1932, p. 80.

Origine étymologique : Dérive de fluide (Empreinte au lat. class. fluidus « qui coule ») avec le suffixe -ité. Au figuré : _Souplesse, intelligence, facilité pour aborder et résoudre les difficultés._ Caractère de ce qui échappe à toute saisie, en raison de l’instabilité.Économie : situation dans laquelle l’offre et la demande s’adaptent aisément l’une à l’autre.

-LarousseetTLFI

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«La fluidité est la capacité d’un fluide à s’écouler sans résistance.»En physique elle renvoie donc à la mécanique des fluides qui est l’étude du comporte-ment des fluides (liquides et gaz) et des forces internes associées. Dans ce domaine on re-marque la présence d’une sous-partie la dynamique des fluides qui correspond à l’étude des mouvements de ces fluides.

-Wikipédia

INTERPRÉTATION ARCHITECTURALE

En physique, la fluidité fait échos à un matériau malléable, déformable qui n’est donc pas préhensile. Au delà de cet aspect scientifique, il renvoie aussi comme nous le montre l’extrait des auteurs Jérôme et Jean THARAUD, à un imaginaire formel. Celui là même qu’évoque l’architecte italien Massimiliano FUKSAS lorsqu’il dis-cute du centre de congrès de Milan. Pour ce projet, il établit des relevés de nuages qui aboutissent à un dessin «libre» s’épanouissant sur la surface vitrée de la galerie exté-rieure. Le trait de l’esquisse préalable évoque alors un esthétique, celui d’un drap souple et léger qui se dépose entre les différents volumes cubiques du projet et installe ainsi une relation tendue avec le ciel entre transparence et opacité. Autre grande architecte utilisant l’eshétique du fluide, Zaha HADID. Les espaces sont déformés et courbé comme du «chewing-gum», le résultat est par moment futuriste.

Avec cette définition généraliste, la fluidité, en architecture, permet de caractérisé un espace qui de manière métaphorique «coule». En des termes plus concret, un es-pace où la déambulation est continue, sans limite matérielle traditionnelle et qui ne suivrait pas nécessairement une logique orthogonale mais au contraire organique.

On s’aperçoit aussi que son utilisation en architecture peut revêtir plusieurs sens et être interpréter de différentes manières. Ce qui «coule» ne définit pas seulement un espace physique qu’on pratique mais la matière même de l’architecture. En effet, la fluidité désigne avant tout un ma-tériau fluide (un gaz ou un liquide). On remarquera facilement que ce ne sont pas des matériaux qui permettent de construire une architecture «classique» et usuelle.

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Massimilano FUKSAS New Milan Trade Fair (2005 / Italie)

Zaha HADID MAXXI - musée Milan (2007/ Italie)

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3_ AMBIGU adjectif

DÉFINITION GÉNÉRALE

Sens premier : dont le sens est équivoque, interprétable de différentes manières. Origine étymologique: empreinte au latin ambiguus, «qui a double sens». Sens second : difficile à cerner. Énigmatique. Dont la nature ou la signification sont dif-ficiles à préciser.Synonymes : à double entente, douteux, incertain, ambivalent, au caractère dual.

-LAROUSSE,TFLIetdictionnaireHACHETTEdessynonymes

INTERPRÉTATION ARCHITECTURALE

Dans le sous-titre du sujet, nous évoquons les espaces ambigus. Avec la définition pré-cédente on peut donc remplacer le terme par des espaces équivoques, à double sens. On suggère donc des espaces qui n’ont pas qu’une seule signification et par extension un seul usage. Si la fluidité désigne en architecture des espaces continus sans limite traditionnelle, on peut alors comprendre la place de ce mot pour caractériser le concept de fluidité. En effet, les espaces s’enchaînent, non pas par des ruptures classiques (une porte) mais de manière transitive. Une même continuité d’espace aura donc plusieurs formes et plusieurs usages quand bien même, un usager n’aura pas l’impression d’avoir changé concrètement de pièce.

4_ INTERACTIF adjectif

DÉFINITION GÉNÉRALE

Sens premier: se dit de phénomènes qui réagissent les uns sur les autres. Qui permet un échange. Sens figuré : se dit d’un support de communication favorisant un échanges avec le pu-blic..synonymes: interférence, conversationnel

-Larousse

L’interactivité est une activité nécessitant la coopération de plusieurs êtres ou systèmes, naturels ou artificiels qui agissent en ajustant leur comportement.

-Wikipédia

«La notion d’interaction n’est pas simple mais très complexe. La notion n’implique pas seule-ment l’idée pure et simple de collision et de rebondissement, mais quelque chose de bien plus profond, à savoir la modificabilité interne des agents de la collision» Park et Burgess en 1907, dans leur Introduction à la science de la sociologie.

-EncyclopédieUniversalis

INTERPRÉTATION ARCHITECTURALE

Là aussi quand nous employons l’adjectif interactif, c’est pour caractériser des espaces. L’interaction est donc une mise en action réciproque d’une chose par rapport à une autre. Les deux éléments vont communiquer et au delà même s’adapter par la suite.

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Un espace interactif n’est pas qu’un simple abri. Il entre en relation avec les usagers qu’il accueille. Il n’est donc plus un objet mais un champ cognitif. L’architecture se place alors comme un intervalle entre un environnement extérieur fluctuant (jour/nuit, climat, en-soleillement) et des fonctions variantes (exemple: le nombre des usagers qui changent en fonction des heures). Cependant, il est plus qu’un intervalle, c’est une interface. Pour appuyer ce propos nous utiliserons une citation de l’architecte Didier FAUSTINO lors d’une exposition à Archilab au Frac Centre d’Orléans :

«L’architecture peut être comprise comme une interface active entre le corps et l’environne-ment dans lequel elle s’inscrit, l’architecture émane désormais de notions liées à la tempora-lité, au désir, à l’ambiguité, à l’érotisme, à l’imprévu, au dégradable».

Dans ce cas l’architecture ne va pas avoir pour rôle de s’adapter aux fluctuations envi-ronnantes, mais au contraire de proposer une vitesse de lecture différente des usages, une autre pratique de l’espace.

Enfin, une autre forme d’interactivité peut consister de manière plus pragmatique à réa-liser une architecture qui va concrètement communiquer avec les usagers. Un écran géant installé en façade d’une salle de spectacle ou d’un centre culturel affichant le pro-chain événement constitue en quelque sorte une forme d’architecture interactive. Cela représenterait, dans le cadre du rapport d’étude, le degré le plus bas d’une architecture interactive et ne fera pas l’objet d’une explication particulière ultérieure.

Avec ces 4 définitions précédentes, nous pouvons entrevoir des applications possibles à l’architecture. Si par définition, la fluidité est paradoxale à un espace formel, solide et matériel, on s’aperçoit, comme évoqué en introduction qu’elle est utilisée pour ré-pondre à des problématiques actuelles. Ainsi comme le suggère Kengo KUMA, l’archi-tecture doit fluctuer, et doit «vivre» car nous même nous vivons.

Il propose ainsi que l’architecture soit en mouvement. De cette idée de mouvement continu, d’absence de quelques normes traditionnelles qui composent un bâtiment, les espaces sont ambigus et deviennent des interfaces. Cependant la recherche du mouvement n’est pas vraiment nouvelle. L’architec-ture a depuis longtemps intégré, et notamment depuis le modernisme, la question de la circulation et des déplacements dans l’espace. Avec les plans séquences de LE CORBUSIER pour la Villa Savoye, ou encore avec l’architecture de Franck LLOYD WRIGHT où nous citerons l’architecte et historien de l’art Bruno ZÉVI:

«Pour Wright, l’espace-temps, loin d’être une abstraction, est au contraire une réalité qui s’épanouit dans l’espace, qui est vécu par l’homme. Car tout est mouvement, l’homme, l’es-pace interne et l’ambiance où il se trouve.»

Pour comprendre ces observations en architecture, il semble important alors d’asseoir la réflexion par une approche historique. C’est ce que nous allons voir maintenant.

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3.2 ORIGINES ARCHITECTURALES DU TERME FLUIDITÉ

LesapportsdubaroqueselonGillesDeleuze,l’ouvertureverslaculturejaponaiseetlesprémicesd’unefluiditéaupost-modernisme.

Nous avons besoin pour clarifier la définition théorique, d’aller puiser dans l’histoire pour en analyser les origines architecturales. Il ne s’agit pas, ici, de prétendre faire le tour de la question mais de cibler quelques éléments qui semblent prendre une part impor-tante aujourd’hui en prospective architecturale contemporaine.

Pour comprendre le concept de fluidité, il semble primordial de faire d’abord référence à un auteur essentiel dans la pensée philosophique de la fin du XXème siècle. Le philo-sophe Gilles DELEUZE et pour notre cas, son ouvrage, LePli,LeibnizetleBaroque, paru en 1977.Là encore, aucune prétention de vouloir en faire une analyse qui en serait grotesque et chaotique mais plutôt une tentative de compréhension. Premier élément intéressant que l’on découvre dès les premières pages du livre: Pour commencer son explication sur le concept de «pli sur pli» à l’infini comme le plus petit élément qui compose la matière, il utilise une métaphore, celle de l’allégorie de la maison Baroque. Citons un passage explicite de l’ouvrage faisant lui même réfé-rence au livre Renaissance et Baroque de WÖLFFLIN : « Wölfflin a marqué un certain nombre de traits matériels du baroque [...] la consti-tution d’une forme tourbillonnaire qui se nourrit toujours de nouvelles turbulences et ne se termine qu’à la façon de la crinière d’un cheval ou de l’écume d’une vague; la tendance de la matière à déborder l’espace, à se concilier avec le fluide, en même temps que les eaux se répartissent elles-même en masses». Il évoque ainsi le fait que la matière est «courbée» et qu’une partie de la physique ma-thématique baroque notamment celle de Huyghens avait comme sujet la courbure. Il poursuit que chez LEIBNIZ, la courbure de l’univers se décompose en 3 parties, «la flui-dité de la matière, l’élasticité des corps, le ressort comme mécanisme».

Comme l’a suggéré, Paul VIRILLIO lors d’un entretient filmé; au delà de la question du pli, DELEUZE pose la question plus large de la topologie.En effet, les figures de KLEE qu’il met en dessin dans son livre nous dévoilent les pré-mices de la courbe de l’ingénieur Bézier et in fine de l’architecture paramétrique.

Si la courbure est l’élément prépondérant du baroque, dans les vêtements ou en archi-tecture, il n’en est pas moins pour les notions d’objectile, d’inflexion et de monades.

L’objectile présuppose la variabilité de la forme. Frédéric MIGAYROU dans un article intitulé les ordres du non standard en fait la définition suivante : «l’objet n’existe plus que dans la variation de ses profits et renvoie à une transformation constitutive du sujet.»

Ainsi le point de vue adopté est en mouvement, une modulation continue qui ne tient plus en compte la question de la distance à proprement parler mais plutôt les variations de cette distance. Ici, si la notion d’objectile semble se confondre avec celle du géomé-trale, c’est bien parce qu’elle fait intervenir le concept d’inflexion. Un point cursif qui en créant un pli, génère une forme singulière à l’identité propre ne se calquant sur aucune forme exacte. L’application de ce principe sur les logiciels informatiques de 3 dimensions comme 3DS MAX d’Autodesk, peut aboutir aux Nurbs, c’est à dire à une B-spline rationnelle non uniforme.

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La monade serait ensuite le «réceptacle» de ces plis à l’infini. Une unité qui permet de comprendre tout l’ambivalence qu’il existe entre le monde et le sujet dans la pensée occidentale. En effet, La pensée rationaliste et humaniste du siècle des Lumières tend à mettre l’homme au centre, comme si l’individu prévôt sur le monde et se construit dans un contexte artificiel qu’il a lui même créé, loin de la nature, le moi prédominant au delà de toute détermination.

Cette posture a quelque chose de très intéressante par rapport à ce qui va suivre. Le concept de fluidité trouverait aussi des racines dans la culture japonaise tradition-nelle. Par opposition à la pensée individualiste des Lumières, au Japon ce qui est dé-terminé et est fait avec rigueur, c’est la scène, l’ambiance, c’est à dire le cadre. En reprenant une phrase d’Augustin Berque dans l’ouvrage Le Sens du Silence au Japon, «Du moment que cette détermination du cadre est acquise, l’expression de la per-sonne peut fluer», c’est vivre avec la nature au lieu de vivre en retrait de celle-ci.Le contexte détermine tout et même dans le langage. Le moi est absent et la personne n’existe que si elle est mise en situation. Cependant le cadre n’est pas un décor, l’espace est symbolique. La vision n’est pas celle de la perspective mais celle d’une vision en plans successifs.

Pour exemple, la maison traditionnelle japonaise SUGIMOTO construite en 1743, une résidence aristocratique décrite dans un film de RICHARD COPANS. La multiplicité des espaces forme un tout harmonieux. Les pièces sont neutres, le même revêtement au sol, des cloisons légères, amovibles et translucides Le jardin est au centre de toutes les attentions. Il n’y a pas de rupture ni de mise en retrait avec la nature. Celle-ci se poursuit jusqu’à l’intérieur de la maison. Et ce même jardin se poursuit au delà dans la paysage. Il n’y a pas d’image globale synthétique mais des plans successifs et conti-nus entre l’espace du dehors et du dedans, entre l’intime et le paysage. Les espaces sont symboliques et ambigus. Au contraire du monde occidental et notamment avec le cou-rant baroque, l’espace est sous déterminé. Tout se situe dans l’imagination et la finesse. Entre ces plans successifs se trouvent le concept du «ma». C’est l’intervalle qu’il y a entre deux choses, il n’appartient ni vraiment à l’un ni vraiment à l’autre. C’est un vide, un silence que l’on retrouve en architecture mais aussi dans la poésie ou dans les estampes d’Hirosige pour ne citer que cet artiste. Sur la première page de couverture se trouve, un installation de l’architecte ja-ponais Kengo KUMA, c’est un maison de thé. Un seul élément permet de caractérisé l’usage de la pièce, c’est le banc en bambou flottant au milieu de cet espace singulier.

Dernièr élément intéressant pour notre sujet, la notion d’espace aréolaire. Elle s’op-pose à celle de l’espace linéaire et ponctuel présent dans le monde occidental. Cette dernière correspond à l’organisation de nos villes et du territoire, fait de routes hiérar-chisés (de l’autoroute, jusqu’au chemin de terre en passant par la voie nationale et la rue résidentielle). La voie triomphale dans la culture japonaise est laissée au profit de l’espace imbriqué. Un flottement des éléments les uns avec les autres plutôt qu’une circulation hiérarchisée. Le travail de l’architecte Sou FOOJIMOTO que l’on étudiera par la suite fait échos au concept d’espace aérolaire.

Deux éléments importants ressortent de cette première partie. À la courbure formelle du baroque s’oppose l’espace neutre de la tradition japonaise. Mais tout deux parlent de fluidité. L’une ce fait par la matière qui se plie à l’infini et qui varie formellement; et l’autre plus symbolique qui se fait par le vide , c’est à dire par la continuité de l’espace vécu.

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De la géométrie descriptive à l’espace symbolique et minimaliste voilà tout l’ambi-valence des espaces fluides. Dans ce mélange, plusieurs courants vont commencer à concrétiser cette idée de fluidité.

Le post-modernisme constitue le dernier sujet de cette partie.

Le collectif Archizoom au même titre que Superstudio, ont développé un certain nombre d’expositions et de travaux conceptuels sur une nouvelle ville idéale s’établissement sur la ville ancienne comme une nouvelle couche additive. C’est le schéma d’une ville conti-nue et infinie. Un trame orthogonal, où chacun est libre de déambuler et où les infras-tructures serait comme des îlots flottants mises en tension les uns par rapport aux autres au milieu du maillage.

Claude PARENT a mis en place la «théorie de la fonction oblique». Dans son architecture, l’espace est ainsi plié comme suggéré par Gilles DELEUZE avec lequel il fut en affinité. C’est une vision topologique de l’espace pratiqué où le sol n’est plus horizontal mais in-cliné. Le plafond devient mur, puis sol et enfin mobilier. La matière est continue. Même si l’espace est flexible, il est déterminé et solide.

Un autre type de fluidité émerge durant cette période de la post-modernité. Les archi-tectes Richard BUCKMINSTER FULLER et Cédric PRICE se passionnent pour les systèmes dynamiques. Des structures flexibles, croissantes et évolutives. Avec des dômes géo-désiques et le principe de «tensile intergity». Ce sont des formes qui font émerger et se déployer dans l’espace comme le fait une fleur. Le vocabulaire emprunté est d’ailleurs souvent celui de la biologie.

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Claude PARENTLa Fonction Oblique _ Le transversal - Intérieur 1973

ARCHIZOOMNo-Stop City (1969) exposition _ dessin et maquette

Maison SUGIMITO _Kyoto / JaponImage du film de Richard Copans

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3.3 CONDITIONS MATÉRIELLES ET RÉALISTES DE LA FLUIDITÉ

Les différentes informations que nous venons de récolter par l’intermédiaire des ap-proches étymologique, sémantique puis historique nous permettent d’entreprendre l’élaboration d’une «liste» d’éléments qui définissent une architecture dite «fluide». Cette liste servira à la détermination d’une classification ultérieure.

L’architecture «fluide» s’adapte à la manière d’un liquide aux contraintes d’un projet. Elle se voudrait donc une architecture fluctuante où les espaces «coulent» comme expliqué précédemment (3.1 définition de fluidité). Mais tâchons d’être le plus concret possible.

Nous remarquons d’abord que la fluidité renvoie à une esthétique qui nourrit l’imagi-naire formel des architectes. Cette esthétique fait appel à l’idée d’un mouvement conti-nu et souple. Ce qui se traduit d’abord par des courbes et des plis. Mais ce n’est pas que cela.

_1er caractéristique: c’est un agencement d’espace qui suppose une imbrication conti-nue. Cette imbrication ne se fait pas par un basculement radical avec des arrêtes franches mais se fait de manière transitive. En effet, à la manière d’un gradient progressif, c’est une architecture qui va pro-poser une réponse souple à un environnement donné et variant. Les usages ne sont pas sectorisés mais appartiennent à une même continuité d’espace. Cette effet de continuité va avec un changement d’état par une transformation lente et graduée des conditions d’ambiance. La fluidité ne renvoie donc pas qu’à une conception spatiale mais aussi thermique.

_S’il n’y a pas de limite franche entre les différents usages d’un bâtiment et entre l’inté-rieur et l’extérieur, les espaces sont (par définition du 3.1) ambigus. Ces derniers sont neutres, flexibles en juxtaposition du lieu. Ils s’adaptent à la manière d’un corps et régulent l’ambiance qu’il y à l’intérieur. Les espaces ne sont donc pas des intervalles successifs mais plutôt des interfaces.

_L’idée de continuité s’oppose à l’idée de répétition. Il n’y a pas vraiment de série, ni de système standardisé et industrialisé. Même si le concept de continuité se révèle être un terme abstrait, il se retrouve en architecture par une suite ininterrompue des formes, une permanences des matières et des vides.

_Pour produire cette architecture croissante et en adaptation continue aux contextes, les architectes ne peuvent plus procéder à des méthodes classiques de conception. Ils ont besoin de nouveaux outils. Le plus important est celui de la démarche par proces-sus morphogénique. Comme entrevu dans le chapitre contexte partie 2.2 , la forme est issue d’un long processus qui utilise une succession de paramètres. Ces derniers sont ajustables à tout moment. Ce processus peut être schématisé pour être ensuite com-muniqué. Pour illustrer le propos, nous prendrons l’exemple ci-dessous de la courbre para-métrique avec ses points d’inflexion :

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Principe de la courbe de Bézier

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Dans cette configuration là, la fluidité au-delà d’une possible esthétique formelle et d’une dimension sculpturale, proposerait une architecture fonctionnelle où les formes sont déterminées par des contraintes et leurs variations.

On remarque donc en s’appuyant sur les propos de Jacques LUCAN, dans son ouvrage Composition, Non Composition, le passage d’un espace à la géométrie exacte et com-posée à un espace non composé, déformé, organique, entrelacé et tissé. LUCAN nous dévoile aussi l’apparition d’une nouvelle manière de représenter l’architecture qui aurait été proposé par LE CORBUSIER. Selon lui, nous avons la représentation frontale, paysa-gère, organique et maintenant texturique. Cette dernière constitue alors une nouvelle outil pour l’architecte et pour l’exploration de nouvelles formes.

Parmi cette liste d’éléments nous retiendrons un ensemble de 8 phrases-clefs et 2 suites de schémas qui illustrent une application possible de la fluidité :

1/ Continuité des vides / formes 2/ Homogénéité des matières3/ Espace neutre et flexible sans limite conventionnelle / ambigu4/ Imbrication continue et transitive des espaces et des usages 5/ adaptation à l’environnement et aux usages / espace interactif6/ Absence de série / logique du «non standard»7/ Morphogénèse et systèmes paramètriques 8/ Esthétique formelle et logique fonctionnelle

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vue en plan / réoganisation des espaces et des usages

Déformation

Trame orthogonale classique

AetB=espacesauxusagesdéfinis

Trame déformée continue et contiguë

Imbrication

Vue en coupe / déformations successives d’une surface horizontale

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> Passage d’un espace cloisonné et fixe et à un espace flexible et imbriqué :

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4/ ESSAI DE CLASSIFICATION

PRÉAMBULE

Par analyse du contexte, de la définition théorique précédente et des exemples trouvés, nous observons qu’il serait possible d’admettre différents degrés de «fluidité architec-turale».

_Une première traduction architecturale de la fluidité serait formelle. Concevoir une ar-chitecture qui fasse référence de manière pragmatique et géométrique à l’idée de mou-vement fluctuant.

_Une deuxième traduction serait par opposition à la première, abstraite et virtuelle. Elle tire de l’idée de la fluidité, les interactions suggérées et dynamiques de l’espace qui nous entoure. La forme est alors le résultat d’un processus numérique plus abstrait.

_Une troisième traduction qui poserait une interaction directe entre les corps et les choses. Une esthétique qui puise sa logique dans un rapport physiologique entre l’ar-chitecture et nous même.

Nous tentons maintenant d’établir une classification d’exemples concrets qui permettent d’appuyer la définition théorique et de comprendre les enjeux plus précis de la thématique de la fluidité. Cette organisation typologique a aussi pour objec-tif de proposer une lecture organisée d’un certain nombre de projets d’architecture contemporaine.

L’idée n’est pas de prétendre à l’organisation d’une classification complète mais de trouver pour chaque domaine d’étude un ensemble suffisant d’exemples permettant d’établir une répartition cohérente et justifiée. Pour chaque partie, on définit au préalable le domaine d’étude en question et on analyse succinctement entre 4 et 6 projets d’architecte retenus de façon subjective pour leur pertinence les uns par rapport aux autres. Chaque exemple utilise une dé-marche prospective qui sous-entend le concept de fluidité sans forcément l’exprimer ouvertement.

LES 3 DOMAINES D’ÉTUDE SONT LES SUIVANTS:

4.1 FLUIDITÉ FORMELLE ET CONCRÈTE

4.2 FLUIDITÉ ABSTRAITE ET VIRTUELLE

4.3 FLUIDITÉ PHYSIQUE ET PHYSIOLOGIQUE

Proposer une organisation typologique

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4.1 FLUIDITÉ FORMELLE ET CONCRÈTE

UNSTUDIO / Intérieur de la Villa NM (2000-2006 / USA) Sur le modèle mathématique de la torsion

THE MÖBIUS HOUSE - UNSTUDIOEn haut- Schéma de fonction et de circulation interne de la

maison reflétant la bouteille de Klein (figure célèbre de la topologie - à droite).

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4.1 FLUIDITÉ FORMELLE ET CONCRÈTE

DÉFINITION La fluidité formelle et concrète rassemble les architectes qui se réfèrent globalement à la topologie. Celle-ci étant un ensemble des mathématiques qui étudie les déformations spatiales continues, sans arrachement, ni recollement. Ce sont donc des espaces pliés et continus. Ici, l’ornementation n’existe pas ou prou. L’interaction entre les corps et les choses est essentiellement spatiale. Dans cet ensemble, il y aura plusieurs manières d’entrevoir cette fluidité formelle et concrète, par une approche matérielle ou spatiale.

ÉTUDES DE CAS

_BEN VAN BERKEL (UNSTUDIO) Möbius house (1993-1998)/ Het Gooi, Pays-Bas_TOYO ITOMédiathèque de Sendaï (2001), Japon / Project forum music (2004) / Ghent, Belgique _L’AGENCE SANAA / KAZUYO SEJIMA et RYUE NISHIZAWALearning Rolex Center (2010) / Lausanne, Suisse_PETER ZUMTHOR Les thermes de Vals (1994-1996) / Suisse_SOU FUJIMOTOMusashino Library (2010) / Tokyo, Japon_JUNYA ISHIGAMI Facility Building (2008) / institute of technologie de Kanagawa / Japon

Commençons par un projet de petite taille, une maison expérimentale.La Möbius House de Ben VAN BERKEL (de l’agence UnStudio), construit entre 1993 et 1998 est un projet de maison au concept très ambitieux. Cet objet résidentiel en béton se constitue autour d’une forme géométrique célèbre : le ruban de Möbius. En dessinant un 8 sans rupture, l’architecte conçoit un espace-temps continu et autonome qui répond au rythme des vies de ses habitants. Sur un programme standard, les pièces de la maison s’entrelacent de façon ho-rizontale et verticale. Le monolithe de béton initial se décompose en une série de vo-lumes déployés. La vie à l’intérieure se situe dans un autre temps, celui des habitants qui s’extraient du monde turbulent extérieur. Ce projet préfigure de nombreux autres projets de l’agence Unstudio, la recherche d’un espace continu et plié étant une théma-tique chère aux deux associés.

Changeons d’échelle de projet et aussi de continent, le célèbre architecte Toyo ITO livra en 2001 la médiathèque de Sendaï au Japon. 5 vastes plateaux et un rez-de-chaussée ouvert comme un espace public inté-rieur sont enveloppés par des façades de verre aux différentes opacités. La structure principale du bâtiment repose sur 4 grands faisceaux arborescents qui accueillent les circulations verticales et les gaines techniques. Ces tubes se disposent alors comme des «corps fluides» reprenant l’image d’une algue oscillant dans son environnement aquatique. Il le dit lui-même se projet, refusant l’ornement, se veut une réflexion sur la fluidité de l’architecture. Toyo ITO est un des rares architectes à parler ouvertement de fluidité. C’est d’ailleurs pour lui «une quête». Son architecture propose souvent une métaphore avec le monde biologique. Le magasin Tod’s à Tokyo par sa façade arborescente en est un bel exemple.

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Mais c’est surtout le projet du forum for music à Ghent en Belgique datant de 2004 qui a particulièrement retenu notre attention. La recherche d’un espace fluide y est affirmée formellement et même commu-niquée. Le sol se courbe et laisse passer à la fois les lumières et les circulations. La cour-bure des parois est alors un nouvel espace à pratiquer. Ici, le processus se fait par le biais d’une maquette mise en mouvement comme nous le montre la photographie en illustration. Ce système spatial fait penser, en plan, à un agencement de cellules orga-niques. Toyo ITO évoque aussi le concept de «white space undefined». En traduction littérale un espace blanc indéfini. Une volonté de manimalisme et de neutralité orne-mentale que l’on retrouve aisément et ce n’est pas un hasard chez les japonais Kazuyo SEJIMA (passé par l’agence de toyo ITO) et Ryue NISHIZAWA de l’agence Sanaa.

Un des projets sans doute le plus emblématique de cette agence est le Learning Rolex Center construit entre 2004 et 2010 pour l’École Polytechnique Fédérale de Lausanne. Ici, le projet utilise tout le vocabulaire propre à la fluidité formelle et concrète. Un bâtiment paysager, une nappe plissée de 120m de large par 160m de long. Légèreté, simplicité et transparence caractérisent leur architecture à la fois tournée vers l’avenir et attachée à la culture traditionnelle japonaise, sans pour autant en utiliser tout son vocabulaire. Ce projet se révèle être un défi structurel pour composer des espaces imbriqués, déformés où les usages s’entremêlent et où l’extérieur s’entrelacent autour du bâtiment. Sa pratique spatiale n’est pas linéaire, le sol est courbé, il n’y a pas de cloison standard.

Restons en Suisse mais pour une autre architecture. Celle de Peter Zumthor avec les Thermes de Vals construite entre 1994 et 1996. Sous une esthétique de prime abord simple et moderniste se cache une lec-ture dynamique du contexte, une relation tendue entre l’intérieur et l’extérieur et une recherche d’atmosphère. Si l’architecture de Peter ZUMTHOR se veut d’abord comme une réponse fonc-tionnelle et pragmatique par rapport à un programme et à un site, il n’en est pas moins vrai que cet architecte, deuxième prix Pritzker de la liste, propose une architecture très contemporaine. Pour les thermes de vals, il dessine un espace composé par des pleins rectan-gulaires qui rétrécissent progressivement les vides au fure et à mesure que l’on se rap-proche de la terre. Le même matériau est utilisé partout. Du béton coulé et travaillé avec une grande attention comme tous les détails qui composent ses espaces. La lumière et l’eau sont considérées comme des matières fluides qui se glissent entre les volumes de pierres agglomérées. Un bel exemple pour montrer que l’esthétique de la fluidité peut aussi se raisonner de manière «cubique».

Après un voyage en Suisse, retournons au Japon pour finir cette petite étude sur la flui-dité formelle et concrète. Le jeune architecte Japonais Sou FUJIMOTO développe un certain nombre de recherches exprimées dans l’ouvrage primitive future et autour des concepts de «cloud» et de «nebulous». Ces derniers sont des champs d’interaction plus ou moins fortes qui vont venir composer un espace sans limite physique nette et sans ordre hiérarchique et rigide. Entre ses nombreux expositions et pavillons, il conçoit ce qui est à l’heure ac-tuelle son plus gros projet construit, la «librairie Musashino». Celle-ci apparaît comme un concrétisation du concept de gurü-gurü, c’est à dire une forme de spirale brisée, où les usages s’enroulent les uns sur les autres en fonction de leur degré d’intimité. « La continuité et la discontinuité coexistent, les forces centrifuges et centripètes s’équilibrent » Sou FUJIMOTO.

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Le dernier architecte de cette première partie est Junya ISHIGAMI. Il travaille le concept de fluidité mais de façon plus programmatique que réellement formelle. C’est un jeune architecte japonais protégé de l’agence SANAA. Le «Facility Building» de Kanagawa destiné à des étudiants et construit en 2008 se révèle comme son premier bâtiment majeur. C’est un quadrilatère d’environ 45m de côté; des façades en verre et de fins poteaux d’acier organisés sur une trame irrégulière composent l’architecture du lieu. « I want to make spaces with very ambiguous borderlines, not an universal space like Mies » Junya ISHIGAMI.Contrairement à ce que l’on pourrait croire de prime abord, sa filiation la plus forte n’est pas celle du modernisme du Mies Van Der Rohe mais bien l’architecture de SANAA. À L’intérieur, c’est un espace continu et minimal où ce sont simplement le mobi-lier et les plantes vertes qui vont délimiter, de façon presque abstraite, les usages. C’est une architecture flexible, maniable et appropriable par les étudiants qui s’organisent eux-même des «bulles» d’activité à l’intérieur.

ILLUSTRATIONS

Toyo ITOProject forum music (2004) / Ghent, Belgique

L’agence SANAA / Kazuyo SEJIMA et Ryue NISHIZAWALearning Rolex Center (2010) / Lausanne, Suisse

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Peter ZUMTHOR Les thermes de Vals (1994-1996)

ci-dessus et à droite : vue d’intérieurEn haut à droite : plan schématique de vides et pleins

Sou FUJIMOTOMusashino Library (2010) / Tokyo, Japon

à gauche : schéma du gurü-gurüà droite : plan de la librairie

en bas: photographies

Junya ISHIGAMI Facility Building (2008) / institute of technologie de Kanagawa / Japon

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4.2 FLUIDITÉ ABSTRAITE ET VIRTUELLE

Marcos NOVAK Variable data forms Exposition archilab

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4.2 FLUIDITÉ ABSTRAITE ET VIRTUELLE

DÉFINITIONLa recherche n’est plus vraiment celle d’un espace plié mais plutôt celle d’une logique tectonique où l’architecture vient interagir avec des dynamiques sous-jacentes du pro-gramme et du contexte. Nous ne sommes plus, comme précédemment, dans une pratique spatiale de la fluidité mais dans une expérimentation virtuelle. Un ensemble de données et de figures mathématiques abstraites vont créer la forme. Par cela, nous pouvons observer la recherche d’une nouvelle ornementation, c’est à dire d’une nouvelle esthétique issue de la culture numérique. Les technologies informa-tiques et les sciences biologiques vont se croiser.

ÉTUDES DE CAS_GREG LYNN La BLOB architecture _NERI OXMAN Cartesian Wax (2007) Museum of Modern Art, New York, USA._NOX / MAURICE NIO ET LARS SPUYBROEKPavillon de l’eau douce (1994), Pays-Bas_PETER COOK et COLIN FOURNIERMusée d’art contemporain de Graz (2003), Autriche_MAP OFFICE / VALÉRIE PORTEFAIX ET LAURENT GUTIERREZ/Expérimentations_MARCOS NOVAK / la transarchitecture (finite and infinite minds)Variable data forms (1998)

Greg Lynn est un architecte américain très singulier. A la fois philosophe et écrivain de science-fiction, il est professeur en Suisse à l’European Graduate School; école privée elle aussi très particulière fondée sur l’interdisciplinarité. Cet architecte expérimental nous intéresse ici car il pose les bases théoriques de tout ce que nous verrons par la suite dans cette partie. Son concept le plus connu est celui de la BLOB architecture. Blob signifiant «tâche» ou «goutte» en français. La Blob est devenue un courant d’architecture facile-ment reconnaissable par ses formes organiques molles et bombées. Ces dernières sont issues d’une recherche informatique à l’aide de différents logiciels vectoriels et en particulier celui de dessin métaball qui permet de représen-ter des objets organiques et des fluides. Il s’inspire du monde organique et de son efficacité formelle et fonctionnelle. Ces nombreuses expérimentations sont aujourd’hui de plus en plus construc-tible car parallèlement à ses recherches, Greg Lynn tend à utiliser d’autres logiciels infor-matiques lui permettant de calculer et de modéliser structurellement ses formes com-plexes.

Neri Oxman s’inscrit quelque part dans cette continuité théorique. Cette jeune architecte israélienne au parcours universitaire varié (études de médecine puis d’architecture) est aujourd’hui professeur au «Media Lab» du Massachusetts Institute of Technology (MIT). Elle est à l’origine du terme «material ecology». Ses recherches n’aboutissent pas encore à des projets d’architecture construits mais à un univers texturique très intéressant et exposé dans de nombreux musées contemporains. En proposant une architecture paramétrique elle pose la question de l’instrumentation de l’architecture et d’une logique de série. Elle suggère aussi une nou-velle forme d’architecture écologique.

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Prenons l’exemple du Cartesian Wax datant de 2007. C’est une peau au perfor-mance structurelle et environnementale basé sur un système de pavage. Cette enve-loppe répond aux modulations et aux transmissions de chaleurs, de lumières et d’éner-gie électrique. 20 tuiles sont assemblées comme un continuum composé de plusieurs types de résines - rigide et / ou flexible. La recherche est ici celle d’un matériel fluide. C’est la matière «qui pense» et qui va se dilater et se contracter face aux contraintes qu’il subit. Son nom, Cartésian Wax fait référence à la thèse cartésienne du ciel interprétée par René DESCARTES.

L’agence Nox de Maurice Nio et Lars Spuybroek propose un autre regard sur l’architec-ture qu’ils entremêlent avec un système médiatique. Le pavillon d’eau douce datant de 1994, propose des projections d’eau et de lumière qui interfèrent avec le visiteur. Il ex-pose un monde en liquéfaction, une architecture transformée par les flux d’informa-tion revendiquant une métamorphose continue dans l’espace et le temps.

Peter COOK et Colin FOURNIER construisent en 2003 à Graz, un musée contemporain qui fera date dans l’histoire de la blob architecture. Comme une apparition biomorphe qui s’intercale dans un environnement ur-bain plutôt casanier. L’enveloppe extérieure est un épais épiderme d’acrylique éclairé par un système lumineux géré électroniquement. Tout est conçu pour faire penser à un animal amorphe mais bien vivant.

MAP OFFICE de Valérie Portefaix et Laurent Gutierrez est une agence française basée à Hong-Kong. Ils analysent cette mégapole à la fois mondiale et chinoise comme une ville d’hyperdensité, une «machine fluide» aux rouages tant physiques que virtuels. Arché-type d’une archipel organique où les réseaux de communication et les infrastruc-tures ont effacés l’architecture

En conclusion de cette partie nous nous intéresserons au travail de Marcos Novak. Il fonde dans les années 1990 le concept de «Transarchitecture» comme des nouvelles mo-dalités constructives se référant à la nanotechnologie et à la biotechnologie. Ils expéri-mentent des prototypes organiques en milieu liquide. Des structures alvéolaires fonc-tionnant comme des systèmes vivants. Variable data forms est une investigation qui suit une logique architectonique pour crée des univers liquides et transmissibles. La forme est variable en fonction d’un ensemble de données gérées par des algorithmes qui eux se réfèrent au monde phy-sique réel.

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ILLUSTRATIONS

Greg LYNN BMW design house (Münich, 2009)

NERI OXMAN CARTESIAN WAX (2007) Museum of Modern Art, New York, USA

NOXPavillon de l’eau douce (1994), Pays-Bas

Peter COOK et Colin FOURNIERMusée d’art contemporain de Graz (2003), Autriche

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4.2 FLUIDITÉ PHYSIQUE ET PHYSIOLOGIQUE

Kengo KUMA Floating Tea House

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4.2 FLUIDITÉ PHYSIQUE ET PHYSIOLOGIQUE DÉFINITIONDernier axe d’étude. Ici, c’est une interaction directe entre les corps et l’architecture qui est recherchée. Plus de référence au monde numérique mais au contraire au monde physique. L’esthétique se veut informelle et cherche une simplicité dans l’expression architectu-rale. Les prospectives portent sur une ambiance climatique régulée et des espaces fluctuants. Les matériaux utilisés ne sont pas artificiels mais souple (tissu) et fluide (gaz et liquide).

ÉTUDES DE CAS_R&SIE(N) / FRANÇOIS ROCHE ET STÉPHANIE LAVAUXScrambled flat 2.0 Waterflux, musée de la glaciologie (2002)/ Evolène, Suisse._ELIZABETH DILLER ET RICARDO SCOFIDO Blur Building / Yverdon-les-Bains, Suisse, 2002_KENGO KUMA/ Maison de thé ,air and water brick (2007-2010)Japon, Corée du Sud, Chine et Allemagne._PHILIPPE RAHM Salle omnisports (2000) / Neuchâtel, Suisse

L’agence R&Sie(n) se situerait à l’embranchement entre une fluidité virtuelle et physique. Un entre deux que nous avons décidé de placer dans cette catégorie. Prônant une architecture hybride « le projet n’est plus issu d’une projection abs-traite mais d’une distorsion du réel»., l’architecture interagi avec son contexte. A Bankok, l’agence propose Dustyrelief. Un projet de musée où le bâtiment est recouvert d’un grillage électrifié qui ca-talyse et filtre la pollution environnante. L’architecture disparaît alors sous des couches des déchets atmosphériques. Le musée de glaciologie qu’ils projettent en 2002 à Evolène en Suisse, se veut comme un corps mutant où l’enveloppe extérieure tout comme les espaces intérieures vont fluc-tuer en fonction des saisons. «En assimilant le changement de l’état de l’eau, le projet tend à fluidifier l’espace et à intégrer l’instable, la temporalité, l’éphémère...» Pouvait-on lire dans l’ouvrage Architecture Non Standard de Frédéric Migaryou.

De ce fait parlons d’eau et de vapeur. Les architectes DILLER ET SCOFIDO proposent en 2002, l’exposition «Blur», un pavillon du nuage. L’espace est dématérialisé mais bien pré-sent. C’est une mise en scène par le biais de la vapeur d’eau puisée dans le lac sur lequel l’installation se trouve. Celle-ci est monumentale, 24000 m2 de surface envahie d’un épais brouillard projeté par des brumisateurs et géré électroniquement en fonction des conditions at-mosphérique environnantes. Entre artifice et naturel, l’espace à «l’intérieur» est d’un autre temps, c’est une expérience acoustique et visuelle. Ce n’est pas un spectacle à voir mais un médium à vivre, dénué d’entrée, de forme, de caractéristique, d’échelle...

Continuons avec l’eau et l’air mais cette fois-ci de manière pragmatique. Kengo KUMA expérimente. Avec des étudiants, il propose des maisons de thé. Toujours le même usage, simple et symbolique en référence à la culture japonaise dont il est issu. Comme entrevu dans le chapitre 3.1 définition du mot flux, il cherche à faire une architecture vivante. Il utilise l’eau et l’air comme des éléments structurels. Pour cela, il a besoin d’une matière plastique appelée ETFE (éthylène_tétrafluoréthylène).

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Le volume habitable se dilate en fonction des besoins. Il est aussi flexible et éphémère. Les briques d’eau pouvant par exemple se vider et devenir alors transportable aussi fa-cilement qu’une simple boite.«Nous sommes en train de créer un pavillon où le flux se produit de la même façon que les cellules d’un corps vivant pénètrent à travers les membranes et que le liquide continue à couler.»Kengo KUMA _ à propos de la Water Banch de la gallery MA (2009) et de l’air brick de shanghai (2010). Après l’architecture «annulée» de la floating tea house, il propose une architec-ture qui «respire», souple, chaude et biologique. A Francfort en Allemagne, il conçoit un habitacle fait d’une membrane sous pression d’air où la capacité peut fluctuer et où la structure fait aussi office de régulateur thermique.

Dernier architecte à étudier, et non des moins intéressants, est le suisse Philippe RAHM. Depuis la fin des années 90, il développe une architecture qu’il nomme lui même phy-siologique. La salle omnisports de Neuchâtel est une première démarche prospective qui sera suivit par de nombreuses expositions et installations comme Météorologie d’In-térieur et Domestic Astronomy. Il propose une architecture dont la relation avec l’homme n’est plus simplement spatiale mais au contraire sensible. Ce projet de salle omnisports a été proposé lors d’un concours qu’il a remporté. cependant le projet ne sera pas réalisé faute d’un budget suffisant. L’idée est d’utiliser l’énergie des usagers, l’activité des corps transpirants, la production de chaleur et de CO2 pour auto-réguler l’espace intérieur. Cette approche climatique de l’architecture propose une nouvelle démarche écologique et tend à montrer les relations que peut entretenir l’architecture avec d’autres domaines scientifiques qui ne sont pas applicables de prime abord aux mé-tiers de la construction.

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R&SIE(N) Scrambled flat 2.0 Waterflux, musée de la glaciologie

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R&SIE(N) Dustyrelief musée (Bankok)

image de synthèse et maquette de concept

DILLER et SCOFIDO «Blur» Building Yverdon-les-Bains, Suisse, 2002

KENGO KUMA tea house / Francfort, AllemagneUne membrane à double peau est mise sous pression atmosphérique pour créer un espace abrité et chauffé

Philippe RAHM Salle omnisports (2000) / Neuchâtel, Suisse

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5/ OBSERVATIONS ET RETOUR CRITIQUE

5.1 QUELS ENSEIGNEMENTS TIRER DE CETTE CLASSIFICATION ?

Nous venons d’établir, sous forme d’une organisation typologique, une lecture organi-sée d’un certain nombre de projets contemporains utilisant la fluidité en conception architecturale. Mais que peut-on en retenir ? _On se rend d’abord compte que suivant les 3 thématiques, les projets n’ont pas le même niveau d’aboutissement. Certains sont construits d’autres sont encore à l’étape du concept. Mais tous les projets ont pour qualité de proposer des réponses différentes sur cette thématique aussi variée. Dans ces approches conceptuelles, les architectes cherchent à concrétiser leurs idées. Nous relèverons une phrase de Ben VAN BERKEL (Unstudio)« Avant, dans les années 80, le papier le plan de travail de l’architecte, aujourd’hui avec la démarches des pavillons, qui font à chaque fois un pas dans l’évolution des prototypes, on génère une nouvelle façon de concevoir, ces pavillons sont eux-même des instruments théo-riques dans la pensée de l’architecte, ce sont des outils de réflexion pour avancer. »Ils utilisent les pavillons d’exposition et procèdent par avancé successive de l’idée qui petit à petit se réalise. Le concept prend alors forme par des «méta-projets» successifs.

_Dans l’exercice intellectuel de la création, il faut donc expérimenter. Dans cette archi-tecture qui cherche avant tout une exploration spatiale et cognitive, l’image 3d et la maquette ne suffisent pas. Il faut travailler à l’échelle 1/1 et ça demande du temps. Ce temps qui est en contradiction avec notre société contemporaine impatiente de résul-tats.

_Une autre question se soulève et elle concerne le programme de ces projets. Difficile de trouver des exemples autres que des salles d’exposition et centres culturels. On peut se demander si ces projets peuvent avoir un réel impact sur l’architecture du quotidien. Mais les travaux de Philippe RAHM et Sou FUJIMOTO, par exemple, sont porteurs d’es-poir. L’espoir de proposer des nouvelles manières d’habiter dans nos métropoles. Dans son projet City house / house as a city, FUJIMOTO propose son concept de Nebulous, une limite progressive et fluide entre l’espace intime et urbain qui s’oppose à l’ordre structurant actuel. Un tout imbriqué où la densité n’est plus vécu comme un mal être mais au contraire devient appréciable. En reprenant un terme de Dominique PER-RAULT lors du colloque internationale sur l’eau, à Lyon tenu en décembre dernier, on ne devrait plus parler de densité mais «d’intensité de vie». Finalement dans cette réflexion l’urbanisme et l’architecture se rejoignent.

_Peu d’architectes prétendent énoncer des vérités nouvelles. Souvent, ils proposent des relectures et des réinterprétations de phénomènes qui existent déjà et que l’on peut avoir oublié sous les différentes couches de notre société. Un nouveau regard qui semble s’insérer comme des réponses potentielles au développement durable dont on a évoqué quelques aspects dans le chapitre 2 contexte(s).

_Mais le constat n’est peut-être pas aussi univoque, cette quête de la fluidité nous montre un aspect intéressant de l’architecture contemporaine. C’est cette volonté à tout prix de s’insérer dans une actualité et d’en adopter le langage L’architecture devenant alors un objet de production soumise aux mêmes règles de communication que peut l’être un objet industriel (une voiture par exemple). Quand bien même l’architecture est une production unique. Les architectes cherchent à séduire rapidement en proposant des grandes et belles images fortes et en reprenant des termes à la mode (le greenwashing par exemple).

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5.2 PERTINENCES ET LIMITES DE LA PROPOSITION THÉORIQUE

Ce travail permet d’avoir un regard à la fois global et resserré, une lecture orientée d’une thématique contemporaine. Cependant, la classification prend le risque de cloisonner des architectes à un rôle qui n’est peut-être pas le leur. Sachant surtout que leurs réflexions peuvent évoluer au cours de leurs travaux successifs. Certains architectes se plaçant à cheval sur deux thématiques. Des thématiques que l’on aurait pu redécomposer. La fluidité formelle et concrète soulève deux tendances, une approche matérielle par UNSTUDIO et ZUM-THOR et une approche plus spatiale et programmatique par SANAA, FUJIMOTO et ISHIGAMI. Difficile d’éviter les amalgames, raccourcissements et digressions. Il a donc été nécessaire d’adopter da façon constante une prise de recul vis à vis du travail en cours d’élaboration.

De plus, le travail demandé n’étant pas celui d’un mémoire, il fallait synthétiser.Pour s’essayer à une compréhension la plus complète possible du concpet mise en jeu et pour élaborer une classification cohérente et justifiée, nous avions décidé de proposer un nombre important d’architectes par domaine d’étude. Nous aurions pu, au contraire, privilégier 1 ou 2 études de cas par domaine. Ce qui aurait pu permettre d’éviter les survoles de certains projets, comme c’est peut-être le cas dans ce rapport d’étude.

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Sou FUJIMOTO Projet d’habitat et concept de Nebulous

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6/ CONCLUSION

6.1 BILAN GLOBAL ET OUVERTURE

Ce travail pourrait se présenter comme une tentative laborieuse de clarifier un concept complexe et sous-jacent à plusieurs projets d’architecture contemporaine. Nous en ferons le bilan suivant :

Certains architectes contemporains vont utiliser la thématique de la fluidité, à priori an-tinomique à l’architecture, pour épouser et répondre à un nouvel environnement co-gnitif et matériel, c’est à dire à notre société changeante et fluctuante et à l’évolution de nos technologies. Si la fluidité nourrit l’univers formel des architectes, c’est d’abord pour appré-hender la question du mouvement dans l’architecture quand bien même, cette dernière est, par définition, fixe. Cependant la fluidité est plus qu’une expression esthétique du mouvement. Elle engage des domaines variés qui proposent des nouvelles explorations de l’espace ur-bain et habité. Certains architectes contemporains suggèrent de nouvelles pratiques de l’architecture aussi bien formelles que cognitives en utilisant des nouveaux processus de conception. C’est pourquoi nous avons décomposé cette thématique en 3 parties; fluidité formelle et concrète, fluidité abstraite et virtuelle et enfin fluidité physique et physiologique.

De cette manière, l’architecture devient flexible en fonction de nos usages et s’insère dans la thématique du développement durable. La fluidité suggère ainsi que certains architectes en plus de prendre en compte la conception d’un espace, réfléchissent à la question du temps qu’il soit temporel ou cli-matique.

Mais le propos est à nuancer, on peut suggérer que si l’architecture de future tend à se coller sans limite à une logique de fluctuation, elle en devient elle même éphémère et périssable comme un produit de consommation à l’obsolescence programmée.

Est-ce donc la seule réponse architecturale possible au mouvement de nos sociétés ? Ne peut-on pas imaginer une architecture qui au lieu de vouloir à tout pris suivre la logique d’une société du fluide, est au contraire une architecture du rigide et du durable comme des repères dans nos villes amorphes et virtuelles en constant changement ?

6.2 BILAN PERSONNEL

Difficile de se tenir au 50 000 caractères maximums autorisés pour ce travail, même si ce dernier se voudrait comme une première petite étude pour d’autres travaux éventuels plus complets et plus précis. Le travail a du être synthétisé. Les premières difficultés ont consisté à en réduire le champ d’étude . Au cours de celle-ci, il a d’abord fallu trier les informations et clarifier le plus possible le sujet, qui s’avérait complexe et ambitieux (peut-être même prétentieux) à entreprendre. Il fallait aussi éviter les erreurs et les maladresses dans la compréhension de tous les concepts mises en jeu.

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Pour cela, il a d’abord été nécessaire de lire un certain nombre d’ouvrages (notamment le livre de Gilles DELEUZE, Le Pli, Leibniz et le Baroque) et ensuite de les analyser par des textes qui les expliquent. Un travail de recherche à deux temps et une mise en retrait continuelle vis à vis du sujet. Comme le rapport d’étude engage une définition d’un concept architectural, il fallait toujours se demander si les propositions que l’on fait sont cohérentes et n’apparaissent pas naïves.

Le travail a permis d’entrevoir différentes manières d’appréhender l’architecture et le métier d’architecte. C’est un apport culturel, une prise de conscience de l’existence d’une architecture «non standard» et une piste de réflexion sur les potentialités de l’interdisciplinarité en archi-tecture. En effet, l’exploration de ces thématiques a permis de connaître une architec-ture prospective qui s’affranchit des règles habituelles et par la suite de comprendre les pertinences de leurs recherches.

Enfin, ce rapport a permis d’entrevoir les innombrables possibilités du travail de concep-tion. Ce dernier se confirmant comme une science très difficile à entreprendre et à théo-riser.

Pour finir ce bilan personnel, l’auteur tient à remercier vivement :

M. Philippe MARIN, tuteur, pour ses avis et conseils pertinents et son soutient métho-dologique.M. Paolo AMALDI, pour sa généreuse disponibilité et ses conseils théoriques judicieux qui ont permis d’éclaircir le travail.M. Romain CHAPOULY, mon frère, pour son regard cultivé, son précieux avis critique sur le sujet et enfin pour sa correction orthographique.M. Mathieu BUJNOWSKYJ, étudiant master en mobilité à l’EPFL, pour ses nombreuses références architecturales et ses liens documentaires précis.

À Lyon, le 20 mars 2012.

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ENCYCLOPÉDIES

Le Larousse illustré 2006Trésor Linguistique Français Informatisé (TLFI)Barantin Marc et Lorenzy Mariane, 2003, Dictionnaire des synonymes, Hachette édu-cation. 631p.Encyclopedie universalis.frWipédia.com

OUVRAGES

DELEUZE Gilles, 1988,le Pli Leibniz et le Baroque. les éditions de minuit. Collection «Critique». 191p.

PARENT Claude, 1981, Entrelacs de l’obblique. édition du Moniteur. 183p.

MIGAYROU Frédéric, 2003, Architecture Non-standard. édition du centre Georges Pom-pidou. Collection les cahiers du musée nationale d’art moderne

ITO Toyo, 2008, Recent Project. Édition A.D.A edita Tokyo. 191p

AARON Betsky, 2007, edition Taschen, 95p. Monographie sur l’agence Unstudio.

ZUMTHOR Peter, 2008, Atmosphères, Edition Birkhauser, 75p.

BERQUE Augustin et SAUZET Maurice, 2004, le sens du silencee au japon. Édition Ar-guments.

CHUPIN Jean-Pierre,2010, Analogie et théorie en architecture, de la vie, de la ville et de la conception même. Edition Infolio. Collection Projet et théorie. 327p.

RAHM Philippe, 2009, Paris, Architecture Météorologique. Crossborders Archibooks.123p.

REVUES ET ARTICLES DE PRESSE

Numéro hors série Beaux Arts magazine ,2007 TTM édition. Qu’est ce que l’architecture d’aujourd’hui ? dossier «vers un architecture intelligente» par Marie-Ange Brayer. 188p.

L’Arca Internationale, janvier/février 2011, directeur invité Kengo KUMA, édition M.D.O article sur «l’atrchitecture en tant que flux».

BARRES Patrick, 2007. l’espace architectural en pli, pratiques du lieu et du flux. communi-cation et organisation, édition presse universitaire de bordeaux. 12p.

D’a magasine , Mars 201, société d’’éditions architecturales (SEA), 82p.article par Arnaud François, l’analogie au coeur de la conception.

D’a magasine, Février 2011, société d’éditions architecturales (SEA), 74p. dossier par An-toine Picon et Alireza Razavi, architecture numérique: culture et stratégie opératoire.

BIBLIOGRAPHIE

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WEBSITES

http://www.glform.com/

http://www.archilab.org/

http://www.philipperahm.com/data/convection-f.html

http://cisar.blogspot.com/2011/01/beyond-program-on-diagram-in-oma-and.html

http://www.designboom.com/weblog/cat/9/view/11422/junya-ishigami-kait.html

http://www.archdaily.com/10986/ordos-100-9-sou-fujimoto/

http://www.jpf.go.jp/venezia-biennale/arc/e/11/01.html

http://www.lecourrierdelarchitecte.com/article_110

http://jargonetcetera.blogspot.com/2009/09/material-problem-i-know-you-got-soul.html

http://jargonetcetera.blogspot.com/2009/02/obsolete-drawings.html

http://www.archdaily.com/145789/musashino-art-university-museum-library-sou-fujimoto/

http://www.ccsparis.com/V1/projets/01-2005/scofidio_renfro.html

http://www.archilab.org/public/2000/catalog/novak/novakfr.htm

EMISSIONS ET CONFÉRENCES

VIRILIO Paul «tourne autour du vide» 21 avril 2011 vidéo présenté dans le cadre du cycle de conférence Métropolis. «Quand les architectes n’ont pas peur du vide» 15’56’’.

Emission les nouveaux chemins de la connaissance de la radio France Culture, 13/09/2010 à propos du livre Le Pli Leibniz et le Baroque de G. Deleuze._http://www.franceculture.fr/oeuvre-le-pli-leibniz-et-le-baroque-de-gilles-deleuze.

_ COPANS Richard, 2007, La maison Sugimoto. Arte France production. Vidéo 25 min

Visionnage sur le site de la Siam rubrique médiathèque: Conférence Le Biomimétisme par Gautier CHAPELLE, ENSAL, le 9 février 2011Conférence Composition, non composition architecture et théorie, XIXème XXème siècle par Jacques LUCAN, ENSAL, le 6 janvier 2010

BIBLIOGRAPHIE COMPLÉMENTAIRE

LUCAN Jacques, 2009, Lausanne, Composition, Non-Composition. édition PPFR 606p. KOOLHAAS Rem, 1997, Delirious New York: A Retroactive Manifest for Manhattan. The Monacelli Press. 320p. KOOLHAAS Rem, 2010, Junkspace, edition Manuel Payot. 120phttp://www.philosciences.com/Nouvelles/GFoucault.htmlConcept d’espistémé par Michel FOUCAULT

Ces sites internets décrivent différents projets utilisés dans ce rapport. Les informations proviennent de sites d’architectes

et des sites spécialisés en critique architecturale

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ICONOGRAPHIE

1/ INTRODUCTION

http://www.arcspace.com/architects/foreign_office/yokohama/yokohama_index.html

2/ CONTEXTE

http://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Guggenheim-bilbao-jan05.jpg

http://fr.wikipedia.org/wiki/Chapelle_Notre-Dame-du-Haut_de_Ronchamp

http://www.fuksas.it/

http://www.zaha-hadid.com/architecture/maxxi/

3/ DÉFINITION THÉORIQUE

http://www.cyberarchi.com/actus&dossiers/france/index.php?dossier=75&article=13154&page=2&photo=28

http://t4la03.wordpress.com/2010/06/05/reference-no-stop-city-archizoom-1969/

http://www.artevod.com/architectureslamaisonsugimoto

Lesschémasexplicatifssontuneproductionpersonnelle - Titouan Chapouly

4/ ESSAI DE CLASSIFICATION

http://www.unstudio.com/nl/unstudio/studio/organisation/profile

AARON Betsky, 2007, Monographie sur l’agence Unstudio.

ITO Toyo, 2008, Recent Project. Édition A.D.A edita Tokyo.

http://www.archdaily.com/50235/rolex-learning-center-sanaa/

http://www.archdaily.com/13358/the-therme-vals/

http://www.archdaily.com/7638/final-wooden-house-sou-fujimoto/

http://www.glform.com/

http://www.philipperahm.com/data/index-f.html

http://www.archilab.org/

L’Arca Internationale, janvier/février 2011

5/ OBSERVATIONS ET RETOUR CRITIQUE

http://www.emptykingdom.com/main/featured/stacked-apartment-sou-fujimoto/

Table des figures

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Le terme «fluidité» est à priori antinomique au vocabulaire propre à l’architec-ture qui par essence est fixe et solide. Cependant, il se trouve que l’architecture pour embrasser son nouvel environnement cognitif et matériel se doit de l’in-corporer dans sa pratique, ou du moins dans son champ de réflexion. En effet, bien que l’on remarque une permanence des questions dans l’histoire de l’architecture, cette dernière répond à des préoccupations actuelles et tisse des liens avec d’autres champs disciplinaires. C’est à dire avec notre so-ciété changeante et fluctuante et avec l’évolution de nos technologies.

Ainsi la fluidité qui s’avère être plus complexe qu’une simple expression esthé-tique du mouvement, nourrit l’univers formel de certains architectes contem-porains. Ces derniers suggèrent de nouvelles pratiques de l’espace et de nou-velles matérialités pour l’architecture. Cette prospective architecturale contemporaine tire ses origines de multiples influences. Du baroque de Gilles Deleuze, à la culture traditionnelle japonaise en passant par le post-modernisme de Claude Parent ou Archizoom.

Sous forme d’un écrit théorique, le rapport d’étude propose une lecture orga-nisée, une tentative de compréhension, d’un concept inhérent à de nombreux projets contemporains. Ceci par la mise en place d’une définition théorique puis en le décom-posant en trois domaines d’étude: fluidité formelle et concrète, fluidité abs-traite et virtuelle et fluidité physique et physiologique.

The term «fluidity» is antinomian to the vocabulary of architecture that is essen-tially fixed and solid. However, it turns out that the architecture to embrace his new cognitive environment must incorporate it into his practice, or at least in its field of reflection.Indeed, although there has been a permanent items in the history of architec-ture, it responds to current concerns and develop relationishp with others dis-ciplines.

The fluidity which proves to be more complex than a simple aesthetic expres-sion of the movement, nourishes the formal universe of contemporary archi-tects. The latter suggest new spatial practices and new materialities for archi-tecture.This prospective contemporary architectural keeps its origins to multiple in-fluences. Deleuze’s Baroque, to traditional Japanese culture through the post-modernism of Claude Parent or Archizoom.

The study report proposes a reading theoretical and organized of this concept inherent in many contemporary projects.This by establishing a theoretical definition and then by breaking it down into three areas of study: formal and concrete fluidity, abstract and virtual fluidity and to finish physical and physiological fluidity.

Mots clefs FLUIDITÉ / ESPACE AMBIGU / ESPACE INTERACTIF / SYSTÈME DYNAMIQUE / PROCESSUS MORPHOGÉNIQUE