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Les RosiersN° OUAP 917

1957 - MarseilleArchitecte : Jean Rozan

fichafficherosiersrectobat.qxd 21/11/07 8:28 Page 1

Patrimoine des communes des Bouches-du-RhôneFICHAFFICHE est une publication du CAUE, organisme associé du Conseil Général des Bouches-du-Rhône

Au fil du temps, notre regard sur le patrimoine ne cesse de s’actualiser et de porter son inté-rêt sur des œuvres de notre passé récent qui, par leur programme et leur qualité artistique, ontsu prendre date dans l’ordinaire de notre histoire. Au présent d’en cultiver le meilleur usage.

1957 - Marseille - Architecte : Jean RozanMaître d’ouvrage : CIL

Programme : 752 logements en copropriété, commerces

Adresse : traverse des rosiers 13014 Marseille

Accès : Autoroute A7, sortie M.I.N., direction le Merlan, au rond-point Pierre Paraf prendre le chemin de Sainte-Marthe,

puis à droite la traverse des Rosiers / Depuis le centre ville bus, 31 ou 33.

Les Rosiers

Pour en savoir plus / sources bibliographiquesFaire l’histoire des grands ensembles, Annie Fourcaut & alii,ENS Editions, 2003.Construction, déconstruction, Bruno Vayssière, Picard, 1988.Nouvelle Architecture française, Maurice Besset,Editions Arthur Niggli, 1967.Histoire de L’architecture moderne, Leonardo Benevolo, Bordas, 1980.France Architectures 1965, 1988, Jacques Lucan, Electa Moniteur, 1989.L’architecture Moderne en France, 1940,1966, Joseph Abram, Picard, 1999.Villes et urbanisme dans le monde,Charles Delfante, Armand Collin, 2000.L’espace et ses raisons, Jean Patrick Fortin, PUCA,coll. recherche, N° 125, 1998.Apprendre à voir l’architecture, Bruno Zevi, Ed de Minuit, 1959.Le langage moderne de l’architecture, Bruno Zevi,Bordas, 1981.L’architecture moderne en mémoire, Cahiers de la DRAC PACA, 1994.La banlieue de Marseille, Alfred Saurel, Jeanne Laffitte, 1988.Marseille, territoire du temps, Marcel Roncayolo,Editions locales de France, 1996.Marseille, 1945,1993, M.H.Biget et J. Sbriglio, Editions Parenthèse, 1993.Architecture et patrimoine du XX° Siècle, Bernard Toulier,Editions du patrimoine, 1999.Le logement à bon marché, 1850,1930, Jean Taricat, Martine Villars,Editions Apogée,1982.Qui était Le Corbusier, Maurice Besset,Skira,1968.Candilis, Josic, Wood, Jürgen Joedicke, Editions, Eyrolles, 1968.Dictionnaire de l’architecture du XX°siècle, Jean Paul Midant & alii,Hazan, 1996.

RemerciementsMesdames Odile Rocca de Roux et Madeleine Fine Rozan, filles de Jean Rozan.

Madame Gabrielle Carles, Mounira Allaoui et Emilie Mignone architectes,Nicolas Mémain rosierophile, et Chantal Deckmyn pour ses relectures.Direction régionale des affaires culturelles Provence-Alpes-Côte-d’Azur

Ont participé à cette publicationDirecteur de publication : Jocelyn Zeitoun

Directeur du CAUE : Jean-Louis ChampsaurCoordination : Nicolas de Barbarin

Rédaction : Thierry Durousseau Photos : Philippe Piron, fond photographique archives, Thierry Durousseau Illustration recto : Nomade-factory, Laurent Soullière ; Nicolas de Barbarin

Documentation : Nicolas Mémain et Thierry Durousseau Graphisme : Joëlle Morisset - Impression : ESPACE IMPRIMERIE

2007 - CAUE - Conseil d’Architecture, d’Urbanisme et de l’Environnement des Bouches-du-Rhône

35 rue Montgrand 13006 Marseille - tel : 04 96 11 01 20CDT - Comité Départemental du Tourisme des Bouches-du-Rhône

13 rue Roux de Brignoles 13006 Marseille - tel : 04 91 13 84 13

FICHAFFICHE

PAT R I M O I N E D U X X S I È C L Ee

N° OUAP 917

Plan de situation

Marseille, Commune des Bouches-du-Rhône

Retour à MarseilleAu sortir du tunnel, vous avez eu cetteimpression de ralenti au-dessus de laMéditerranée, puis vous êtes passé pard’étroits faisceaux de lignes taillés dansles collines et vous avez croisé les fluxde véhicules sur les voies rapides.Après, c’est vers Saint Barthélemy, il y ace moment indécis où l’on se demandesi la gare est proche. En face, les colli-nes sont dominées par des immeublesfalaises qui barrent l’horizon au cou-chant. Dans l’avant-plan, des pignonsétroits pris dans le faisceau perspectifsemblent tourner comme les pages d’unlivre, dans une tension légère. Vousn’avez sans doute jamais mis de nomsur ces lieux, vous êtes en train de fran-chir une porte monumentale et inquiètede la ville par la cité de La Marine et larésidence des Rosiers. Si vous arriviez à certaines heures del’après-midi, vous pourriez voir face àvous, en fond du plan de projection, lesoleil couchant traverser l’air des coursi-ves des bâtiments de la Résidence desRosiers, rendant la finesse des ouvra-ges, leur transparence.

On a donné aux grands ensembles tousles noms d’oiseaux, de musiciens, deplantes ou de fleurs ; les Rosiers sem-blent ne pas échapper à la loi du genreà ceci près qu’il existe bien une traversedes Rosiers. Sur la quatorzième feuillejaunie du cadastre des Aygalades1,levée en 1820 par Monsieur Foyer, onpeut voir, entre les chemins de Gibbe etde Sainte Marthe, les Campagnes ditesde la Marine et de l’Hôpital ; plus auSud, la Chapelle de Bon Secours, dontAlfred Saurel2 nous dit qu’elle dépend dela paroisse de la Belle de Mai depuis leXVII° siècle. C’est une constructionmodeste qui disparaît presque sous unbouquet de pins magnifiques ; du hautdu coteau de Bon Secours, on jouit alorsd’une belle vue qui s’étend jusqu’à NotreDame de la Garde.Sur la Carte Industrielle de Marseille quepublie Paul Masson3, on voit clairementque les usines se sont installées le longdes ruisseaux au pied de la colline deBon Secours : le ruisseau de SainteMarthe puis de Plombière, le béal de

rapidement : le permis de construire estaccordé en 1954 et l’ensemble d’habita-tions livré en 1957. L’architecte JeanRozan est familier du site, en 1953 il aréalisé avec Bernard Martin-Chave, lescent vingt logements de La MarineBlanche, il est architecte, chef degroupe, du secteur industrialisé(Campagne Lévêque et Marine Bleue)enfin il est l’architecte de la Chambre deCommerce de Marseille.

PlateformeLe terrain de la Campagne de l’Hôpital,en amphithéâtre vers l’Est, présentetous les signes d’une implantation basti-daire : bâtiment en avant-corps, adosséà la traverse des Rosiers, allée ordon-nancée, rejointe par la traverse duColonel, bassins, canaux d’arrosage et,plus au Sud, terrasses destinées à l’hor-ticulture.Aujourd’hui, l’accès à la résidence se faittoujours par la traverse des Rosiers, decourts piédroits en témoignent, on entredans une formidable pièce urbainebordée latéralement par le plissé d’im-meubles à redents, en fond, les strateshorizontales des grandes barres don-nent une vision presque cinétique del’espace.Le plan de masse est très articulé, orien-té selon les points cardinaux. Sur lalimite méridionale de la parcelle, proched’un ensemble de pavillons, huit petitsblocs rationnels, de 2 étages sur rez dechaussée, distribués par un escalierextérieur, s’alignent en dent de scie. A l’Ouest, sur la crête du terrain, deuxgrandes barres, en baïonnette, s’ali-gnent en falaise sur l’Ouest et formentune puissante ligne de ciel. A l’équerre,trois immeubles disposés en rangéesconstituent le centre du programme. Lesdeux types d’immeubles diffèrent selonleur orientation. Les plus hauts, exposésau vent, ouvrent leurs coursives du seulcoté abrité : l’Est. Les trois autres déca-lent leurs blocs d’habitations de part etd’autre de la coursive avec une alternan-ce de blocs en redents : tantôt au Nord,tantôt au Sud.Tous ces grands immeubles ont encommun d’être desservis par un réseaude larges coursives pouvant occupertoute l’épaisseur des bâtiments, distri-buées par des ascenseurs et des esca-liers.L’originalité des bâtiments tient à leurconception même. Jean Rozan a, enquelque sorte superposé des immeublesde trois étages. Et il a traité chaqueregistre de trois étages comme desimmeubles ordinaires avec caves en baset appartement au dessus. Les tranchessont ainsi séparées par une tranche decave ouvrant sur des coursives de circu-lation. Les ascenseurs ne s’arrêtent quesur les coursives (d’où les économiesd’équipement, d’exploitation et d’entre-tien). Depuis les amples coursives par-

tent les escaliers conduisant aux troisétages de chaque tranche. L’architecte adésigné le dispositif sous le terme deplateforme, terme toujours utilisé par leshabitants.Les plateformes des Rosiers, témoi-gnent d’un apport de l’architecte au seulprogramme de logements. Louis Khan,pensait que « le premier acte de l’archi-tecte est de transformer en espaces leprogramme dans lequel les clients nevoient qu’une question de surfaces. Ildoit transformer les couloirs en galeries,les halls d’entrée en lieux d’accueil, lebudget en économie.»8

La coursive est un élément récurrentchez Jean Rozan ; il y recourt sur l’im-meuble du Trioulet et surtout sur celui deLa Pâquerette dont la distribution esttrès proche de celle des Rosiers. Defaçon générale, les coursives, plus exac-tement les plateformes seraient, relè-vent, au delà de leur économie de distri-bution, d’une double image de l’habitat :une dimension d’une part collective etsociale et d’autre part architecturale etspatiale.

CoursiveLa coursive, cette galerie de distribution,est un agencement très ancien. Elle res-surgit au cours du XIX° siècle dans cer-tains des projets du socialisme utopique.Avec la Cité Napoléon en 1851 et leFamilistère Godin à Guise en 1858, lacité ouvrière inscrit dans les galeries etcorridors de distributions les formesmodernes de la collectivisation du loge-ment. Les Habitations à Bon Marché engarderont la marque jusqu’avant laGrande Guerre. C’est dans l’Union Soviétique de 1925que les architectes d’avant garde vontreprendre ce dispositif pour la Domy-kommuna9 organisée autour d’une cellu-le modulaire, forme critique de l’apparte-ment bourgeois unifamilial. Les architec-tes Leonid Vesnin, Moisej Ginzburg etIlja Golosov, réalisent à Moscou, unprototype de la maison commune, leNarkomfin qui abritera une cinquantainede familles de fonctionnaires du

Ministère des Finances. Le Narkomfinregroupe un immeuble résidentiel, unbâtiment communautaire comprenantun restaurant et un gymnase, une cons-truction annexe avec laverie et équipe-ment technique, enfin une école mater-nelle. L’immeuble de logements est bâtisur des pilotis supportant cinq étagescouronnés par une terrasse accessibleaménagée en solarium. Les cellulesd’habitation en duplex sont desserviespar deux rues corridor, close et chauf-fées, ouvrant en façade aux premier etquatrième étage. Cette galerie vitrée,proche de celle décrite par VictorConsidérant en 184810, est avant tout unespace social qui compense l'exiguïtédes logements et les relie aux équipe-ments communautaires.A Moscou en 1928, Le Corbusier noteradans ses Commentaires : « J’ai eu l'oc-casion de visiter une maison communeà Moscou, bâtie solidement, où, néan-moins, l’agencement intérieur et laconception architecturale générale sontsi froids et impassibles…» Un débatavec Guinzburg, sur la distribution des

immeubles s’en suivra jusqu’à son der-nier voyage en URSS en 1930.Pour sa part, Le Corbusier ne construirapas de logements collectifs avant 1933avec l’immeuble “Clarté” à Genève. Laquestion reste donc théorique, et sonprojet d’Immeuble Villa empile desappartements conçus comme despavillons, sans intégrer un dispositifcohérent de distribution. Pour la CitéRadieuse marseillaise, il finira par dispo-ser les rues corridor au centre du bâti-ment, au milieu de la coupe à front ren-versé. La coursive restera obscure, dansla seule lumière électrique des portespalières.Les plateformes des Rosiers, elles, sontéclairées naturellement, ce qui leurdonne cette dimension d’une architectu-re d’usage qui favorise les rencontresfortuites ou prévues . « Vivre ensembledans le monde, écrit Hannah Arendt ,c’est dire essentiellement qu’un monded’objets se tient entre ceux qui l’ont en

commun, comme une table est situéeentre ceux qui s’assoient autour d’elle ;le monde, comme tout entre deux, relieet sépare en même temps les hommes. »11

Promenade architecturaleLieux d’usage, de liaison, les platefor-mes sont aussi à la base du dispositifspatial des Rosiers. Perdant ses ornements, l’architecture duXX°siècle perd ses attributs, elle sedésymbolise - du moins les architectesmodernes le pensaient-t-ils - elle n’aplus que ses propres agencements àfaire valoir. La façade perd de son impor-tance au profit des volumes, de leurplasticité. Pour autant ces formes n’ap-paraissent pas selon un schémaabstrait mais bien à travers le point devue du spectateur, point de vue en mou-vement. Bruno Zevi parle ainsi d’architectures àparcourir12, Le Corbusier dans Desformes sous la lumière, écrit : « Dedans :on entre, on marche, on regarde en mar-chant, et les formes s’expliquent, sedéveloppent, se combinent. Dehors : onapproche, on voit, on s’intéresse, onapprécie, on tourne autour, on décou-vre…On marche, on circule, on necesse de bouger, de se retourner. …Cesont des centaines de perceptions suc-cessives qui font la perception architec-turale. C’est la promenade, la circulationqui vaut, qui est motrice d’événementsarchitecturaux. »13

Rentrer chez soi aux Rosiers, c’est biensûr prendre un ascenseur, mais c’estaussi parcourir les plateformes, gravir unescalier accéder au palier de son appar-tement... Ce cheminement en hauteur,itinéraire topographique qui permet uneperception en mouvement du volumeentier, relève bien de la promenadearchitecturale. La générosité des espaces des platefor-mes, en dépassant la pure fonctionnalitécirculatoire, permet de faire varier lespoints de vue sur l’architecture des bâti-ments et de l’immeuble lui-même. Cesprospects changeants selon le point dela coursive où l’on se trouve, amplifientl’effet de promenade architecturale. Cen’est pas par naïveté que Jean Rozanrépète un motif de trois étages mais bienpour construire la spatialité du projet. En 1956, Georges Candilis, Alexis Josicet Shadrach Wood réalisent un program-me “Million” à Bon Secours ; ils ne peu-vent pas ne pas avoir vu les immeublesde Jean Rozan. Ils rendront, en 1962pour le concours de la vallée d’Asua àBilbao, un projet avec le même réseaude plateforme, c’est ce projet qui seraréalisé au Mirail.14

Splendeurs et misèresLes Rosiers sont inaugurés en Mai1957, l’année du Spoutnik, par le nou-veau président du C.I.L. Marc Fraissinet.La construction, entièrement en

poteaux/poutres, est exécutée en moinsde deux ans par les entreprises BrunoRostan et Scalabrino. Point de compa-raison, La Marine Bleue, opération duSecteur Industrialisé, dont le chantiermettra un an de plus à cause de difficul-tés administratives. Les habitants sont bien sûr enchantésde leur appartement ; tout y est bien fini,le chauffage est individuel au gaz ou aucharbon. « Tout se passe comme sinous habitions dans une maison à sixlogements. » dit l’un d’entre eux. Hélas entre 1950 et 1970, Marseilleentame une période de déprise indus-trielle. Les résultats conjoints de la frag-mentation des entreprises, de l’indivi-dualisme des familles marseillaises etde la faiblesse des investissements nese font pas attendre : l’entreprise Unipolest défaillante en 1971 et les AteliersTerrin en 197715, réalisant alors, dansl’urgence, leurs actifs immobiliers. LesRosiers sont ainsi vendus à leurs loca-taires, souvent eux-mêmes licenciés,annonçant le départ d’une majorité depropriétaires occupants. Au cours de cette période difficile, ondoit à Gabrielle Carles d’avoir maintenuà flot cette grande copropriété, animantelle-même les assemblées, tenant lescomptes dans ses cahiers, véritableschroniques de l’ensemble. Elle y noteque les Rosiers accueillent « de façoncroissante et désordonnée des ména-ges très démunis, et se trouvent dansune situation comparable à celle descités d’habitat social des quartiers engrande difficulté, à quoi s’ajoute unedégradation du cadre de vie. »D’aucun songeaient à détruire cetensemble, mais un plan de sauvegardea été établi en 1999. Pour les cinquanteans de la Résidence des Rosiers - qu’ilfaudrait appeler Résidence Inter-nationale des Rosiers, en rappel del’hospitalité marseillaise - pour ce jubilé,c’est l’œuvre de Jean Rozan qui estreconnue à travers le Label Patrimoinedu XX° siècle, Dans un quartier qui nemanque ni de vitalité, ni d’architecture,ce label fixe aux projets de requalifica-tion urbaine leur niveau d’exigence etsouligne l’importance de leur dimensionculturelle.

TD 2007

Issu d’une famille marseillaise, après une for-mation universitaire à Louvain (Belgique) ilchoisit à 21 ans de faire ses études d’archi-tecture aux Beaux Arts de Paris dans l’atelierPontremolli. La guerre interrompt sa forma-tion, après deux ans sur le front de laSomme, il est jeune officier à Salonique. Ilachève son diplôme en 1919. Installé àMarseille en 1920, il réalise les Bureaux de laCompagnie Paquet, la caserne deGendarmerie du cap Janet. En 1936, avec lanationalisation de l’aéronautique, il construitles Usines Vertes de la S.N.C.A.S.E autourde l’Etang de Berre, avec la participation deJean Prouvé. Son œuvre comprend d’autresédifices scientifiques et techniques comme lerelais de TSF du Réaltor, la Soufflerie dulaboratoire de Mécanique des Fluides ainsique l’Institut de Biochimie de Saint Charles.Co-lauréat, avec Castel, Allard, Gensollen etCrozet du concours pour le pavillon de laProvence à l’Exposition Internationale de1937, il devient architecte de la Chambre deCommerce puis en 1948 architecte duComité Interprofessionnel de Logement desBouches du Rhône. Juste après la guerre ilaménage le socle de Notre Dame de LaGarde endommagé par les combats.A partir des années cinquante il réalise d’im-portants programmes de logements à carac-tère social, voir très social, parmi lesquels :La Blancarde, 80 logements pour le CIL, en 1952.La Marine Blanche, 120 logements avecB.Martin Chave en 1953 / Lou Trioulet, 257logements pour l’OPHLM Départemental avecHenry Faure Ladreyt en 1954 / La Paquerette en1956 / La Résidence les Rosiers, 727 loge-ments pour le CIL en 1957 / Mazargues 300logements pour l’OPHLM des Départementalavec Henry Faure Ladreyt en 1957 / LesTilleuls, 391 logements pour l’OPHLMDépartemental en 1958 / La Marine Bleue,788 logements comme Chef de groupe duSecteur Industrialisé en 1958 / CampagneLévêque, 806 logements comme Chef degroupe du Secteur Industrialisé en 1959 / LesOlives, 431 logements pour l’OPHLMDépartemental en 1960 / Prado Parc, 245logements avec Henry Faure Ladreyt en1961 / Les Aygalades, 598 logements pourl’OPHLM Départemental en 1965.

Magnan et enfin La Caravelle qui débou-che dans le port. La légende nousindique la nature des différentes produc-tions : à l’Est, les huileries et les produitschimiques, au Sud, l’alimentaire, le boiset le cuir. Figurent aussi sur cette carteles bâtiments de la Marine et del’Hôpital, la traverse du Colonel et la ruedu Croissant Dorée.

Cités dans la campagneLa présence ouvrière dans le secteur deBon Secours va rapidement entraîner laconstruction de logements H.B.M.4 versBon Secours. Ainsi du groupe Gibbe,aujourd’hui Paul Strauss, réalisé pourl’Office Municipal par l’architecte Huot etqui vient de fêter ses quatre vingt ans.D’une architecture romantique, avec ses211 logements installés sur un terrain enforte pente, le groupe forme un îloturbain dense accosté par une jolieplace. La mère du cinéaste marseillaisRené Allio habita longtemps un de cesappartements.Plus à l’Est, le groupe Burrel dessiné parl’architecte Gaston Castel pour l’OfficeDépartemental d’H.B.M. date de 1933. Ilest construit sur un terrain étroit en cou-verture du ruisseau de Sainte Marthe.Avec ses 185 logements, il forme luiaussi un îlot très dense, aux raresdécors. Ces deux cités ont annoncé lesbouleversements d’un quartier jusqu’a-lors campagnard par la hauteur de leursimmeubles et le caractère urbain deleurs cours.Au lendemain de la guerre, les terrainsde la Marine sont déclarés d’utilitépublique en vue d’y construire un quar-tier de compensations pour les sinistrés

du Vieux Port. N’ayant pas été utilisés,le Plan Directeur d’Urbanisme de 1949classe ces terrains en Périmètred’Agglomération, c’est à dire dans unsecteur d’habitation relativement dense.On y prévoit 2000 logements, et Jean deMailly, architecte-conseil du M.R.U.5 va

établir un plan de détail qui réunit laBelle de Mai au Canet dans une trèslarge composition de barres monumen-tales orientées Est-Ouest qui portentd’immenses ombres sur un tissu d’équi-pements de pied d’immeuble.Au final une partie des terrains disponi-bles sera affectée à la construction d’unmillier de logements dans le cadre duSecteur Industrialisé initié en 1951 etdont le concours de Strasbourg reste,avec le projet d’Eugène Beaudoin, undes modèles du grand ensemble fran-çais.

1% PatronalAu printemps 1953, le Plan “Courant”,du nom du ministre de la Reconstructionet de l’Urbanisme, cherche à favoriser laconstruction rapide et massive de loge-ments neufs. Des avantages sont asso-ciés à l’achat de terrains destinés àconstruire des logements qui répondentà des plans-types, loués ou vendus àdes prix modérés. C’est la première foisqu’un Plan combine une loi foncière, unfinancement et la normalisation du loge-ment, renforçant considérablement lecontrôle de l’Etat sur le logement.Les entreprises vont participer au loge-ment de leurs employés à hauteur de1% de la masse salariale. Fondées pen-dant la seconde guerre mondiale pardes patrons du Nord de la France sou-cieux d’améliorer les conditions de viede leurs employés, les C.I.L.6 vont pou-voir collecter ces fonds.A Marseille, dès 1953, le présidentJacques Granjon lance via une filiale,l’opération des Rosiers, la plus impor-tante de la région qui doit asseoir la

notoriété du logeur proche de laChambre de Commerce. Avec 727 loge-ments le programme du C.I.L., qui seveut exemplaire, est destiné au person-nel de la R.A.T.V.M.7, de la Société desEaux, de l’huilerie Unipol et de la répa-ration navale. Le projet va se faire assez

1 Cadastre de Marseille, Archives Départementales desBouches du Rhône - 2 Alfred Saurel, La Banlieue de Marseille,1875, Jeanne Laffitte, Marseille, 1995 - 3 Encyclopédie desBouches du Rhône, Paul Masson, Tome VIII, ArchivesDépartementales,1928 - 4 H.B.M. : Habitations à Bon Marché,créées en 1894 par la loi Siegfried - 5 M.R.U. : Ministère de laReconstruction et de l’Urbanisme créé en 1945 - 6 C.I.L.:Caisses Interprofessionnelles du Logement créés en 1943 - 7R.A.T.V.M. : Régie Autonome des Transports de la Ville deMarseille - 8 In Alessandra Latour, Louis I. Kahn : Wrightings,Lectures, Interviews ; Rizzoli, New York, 1991.9 Maison- commune - 10 Victor Considérant, Description duPhalanstère, Guy Durier, Paris, 1979 - 11 Hannah Arendt, Lacondition de l’homme moderne ; Paris, Calmann Levi, 1961,1983 - 12 Bruno Zevi, Langage moderne de l’architecture ;Bordas, Paris, 1981 - 13 In Maurice Du Besset, Qui était LeCorbusier ? ; Skira, Genève, 1968 - 14 Jürgen Joedicke ;Candilis, Josic, Wood ; Editions Eyrolles, 1968 - 15 Pierre-PaulZalio ; Grandes familles de Marseille au XX° siècle ; Belin,Paris, 2000.

Jean Rozan 1887- 1977

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