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« Exister » OEuvres récentes Peintures de Daniel Juré Du 9 au 24 février 2013 Atelier du bout de Banville 4 rue du bout de Banville 14470 Reviers

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Exister oeuvres récentes Daniel JuréArt

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  • Exister uvres rcentes

    Peintures de Daniel Jur

    Du 9 au 24 fvrier 2013

    Atelier du bout de Banville 4 rue du bout de Banville

    14470 Reviers

  • Les textes sont extraits du journal datelier

    1-Oignons blancs 2012 45 X 70 cm 2-Bols, tasse et broc 2012 46 x 55 cm 3-Arromanches 2012 100 x 100 cm 4-Bernires sur mer 2012 90 x 100 cm 5-Ver sur mer 2012 102 x 112 cm 6-Reviers-2012 100 x 100 cm 7-Hampe de chou 2012 53 x 103 cm 8-Reviers-2011 100 x 100 cm 9-Champenoises 2012 75 x79 cm 10-Reviers 2012 100 x 92 cm 11-Reviers-2011 110 x 103 cm 12-Ver sur mer 2012 100 x 120 cm 13-Chaise paille 2012 100 x 66 cm 14-Autoportrait 2011 97 x 75 cm 15-Champenoises 2012 105 x 80 cm 16-Goland 2012 92 x 100 cm

    17-Composition 1 2012 30 x 30 cm 18-Composition 2 2012 30 x 30 cm 19-Composition 3 2012 30 x 30 cm 20-Composition 4 2012 30 x 30 cm 21-Composition 5 2012 30 x 30 cm 22-Chaise paille 2012 95 x 67 cm 23-Katia assoupie 2012 -80 x 95 cm 24-Betterave 2012 60 x 60 cm 25-Homard 2011 57 x 48 cm 26-Roses 2012 50 x 72 cm 27-Betteraves 2012 60 x 60 cm 28-Hutres et coquilles 2012 50 x 70 cm 29-Trois lieus 2011 60 x 60 cm 30-Hutres et broc 2011 60 x 60 cm 31-Autoportrait 2012 46 x 55 cm 32-Composition 2012 46 x 55 cm

  • Juillet 2012

    Il pleut par averses intermittentes. Des sautes de vent entre les averses.

    Tout ce qui rampe, glisse est de sortie. Des grosses limaces, que lon dit buottes,

    orang caoutchouteux font merveille sur le vert de lherbe mouille.

    Une toile doignons blancs dont le volume blanc et lisse cre un sentiment de plaisir

    proche dune faence. Il mavait sembl trop facile de poser deux oignons sur le

    marbre de la table de toilette, je les voyais dans leur dnuement sans y croire. Par

    deux fois jai effac louvrage compliqu en cours pour mastreindre de nouveau

    ma premire vision. Et voil cest une toile qui nexiste presque pas tant lordinaire

    sy applique la lettre. On pensera je lespre Morandi. Sauf que ce sont des

    oignons de notre jardin mouill des pluies incertaines dun t.

  • Mars 2012

    Les pruniers fleurissent dans la noirceur des haies mais cest lhiver aujourdhui encore. Grandes bourrasques du Nord-Ouest. Pluies

    rabattues aux carreaux, comme mchamment. Une toile de petit format : le pichet blanc, trois bols et une tasse. Ce nest pas pour autant un Morandi. Cest davantage un pome de Jean Follain La faence blanche fait aux imaginations lasses une rponse de nant . Un matre zen ne rfuterait pas le propos. Absorb que jtais jen ai oubli de charger le pole, suis sorti transi de la sance. Les corneilles se marieront bientt leur chant damour flt est admirable de clart sonore, il se fait entendre dans la tourmente quand bien mme.

  • Septembre 2012

    Vent frais du Nord-Ouest. Les touristes ont quitt la cte : jai pu mettre excution mon projet de peindre sur la plage dArromanches. Le soleil du

    matin dans le dos jai dress le chevalet face aux belles villas de la corniche, le paysage fuyant vers les falaises. Une sance mouvemente, pour le moins il ventait tant que jai d lester le chevalet dune grosse pierre suspendue un bout. Tout de mme de rares promeneurs marchaient le dos rond sous les rafales, certains se sont hasards prendre des photos de loin. Alors que jachevais louvrage une saute de vent a emport la toile ficele la diable brisant la croise. Une vraie sance marine qui ma fait songer Soutine : on rapporte que celui-ci patientait dans la nature auprs de son matriel durant des heures avant que le vent ne se lve, il et t heureux dune pareille aubaine. Je vais dtendre la toile pour rafistoler le bti. Le vent se lve il faut tenter de vivre .

  • Octobre 2012

    Vent de Sud avec des grains orageux. Le mme octobre au lendemain la situation variant linverse.

    Il faisait trop chaud, le soleil entre les nuages noirs ports par la brise de terre claboussait les toits mouills devant la place de lglise de Bernires sur mer. Au moins vingt-cinq degrs sous les rayons. La pluie est venue intermittente, fine tout dabord. Jai eu le temps duvrer dans la hte sur la toile mouille. Pas de recul, jai peint la brosse coude de peintre en btiment. Depuis le temps que je passe devant la merveille je me disais quun jour cest fait et bellement, dix ans pour me dcider et cest par un jour de pluie La toile est quilibre les masses habitent le format presque carr. La pluie a fait son uvre grise en brouillant les contours, le gris du ciel est celui des colombes. En coutant sonner les quarts, les demies et les heures au clocher dont le timbre est splendide jai t saisi dune jubilation comme si lhabitude que jen ai se doublait dune inconnaissance. Jai song au muezzin quand je lentendis pour la premire fois Ibn Touloun, cest ma prsence que jai cru alors, Dieu le veut ainsi quun absent le veuille.

  • Octobre 2012

    Vent de Sud Sud-Ouest, rafales. Pluie battante suivie dune magistrale embellie dbut daprs-midi. Jai remis a pour la place de lEglise Ver

    sur mer. Les nuages pousss par les rafales sont revenus en cours de sance mais sans averse. Le dos au mur pour viter que la bourrasque nemporte le chevalet je me suis install sur lasphalte mouill et noir de la rue. Mal la tte, la gorge cest la saison des incubations virales et justement jai remarqu que je faisais bonne uvre dans la condition dolente. Ni penses excessives ni recherches esthtiques juste le mtier qui sert les mains et le dsastre de la rue quotidienne car il y avait un enterrement. Lglise de Ver possde elle aussi son cimetire lentour. Cest une glise remarquable et mme incroyable, une sorte de rappel lItalie architecturale. Jai pens Vincent quand jai vu le cortge se former et les gens qui traversaient la place, lasphalte noir, avec des fleurs. Tout a sous les rayons qui surgissaient, il les aurait peints, ces bonnes gens, raides coup de brosse comme des pantins, tous broys par la lumire et les variations chromatiques du dsastre. Je nai fait que dposer lheure qui passe fleur de toile un aprs-midi doctobre.

  • Aot 2012

    Dans le silence du matin le chant monotone des tourterelles, ciel couvert. Quelques hsitations pluvieuses bien dici, puis le vent du Sud a ouvert le

    ciel. Tantt il faisait chaud un soleil provenal sest tabli par-del le mur du cimetire mais le village nen tait pas moins triste, tristesse solaire... des feuilles sches que la brise faisait tourner comme prises dbrit bruissaient au caniveau. Tout dans le tout tait vacant, jai repris pied dans cet abandon en tablissant mon chevalet devant la maison des Legros (la maison aux volets verts). En sortant de chez lui il est venu jusqu moi Monsieur Legros, jai du le regarder dun air navr tant quil est parti dans le vent qui soufflait de la plaine et dvalait la rue de lEglise : poussire et odeur de grain. Je nai dailleurs jamais vu de moisson aussi tardive, nous sommes ce jour le 27 aot.

  • Janvier 2013

    La neige tient au creux des fosss, la brise de Sud-Ouest dgle la terre cest humide et glacial. Ai tent le coup pour une toile

    horizontale de beau format de faire poser une hampe de choux de Bruxelles. Ctait beau sur la terre noire et bien fume dapercevoir les traces vert clair tout au long de la tige o la cueillette sest faite. Trs beau rythme que jai soutenu en y appuyant ( contretemps) des carreaux de grs rouge que je gardais pour cela ou pour autre chose. Le pole ronfle, les vitres de la cabane embue dispensent une lumire crue dhiver amplifie au contact des gouttelettes sur le verre.

    Brise de Sud-Est, ciel uniformment gris. De ce gris vid de toute antriorit cleste. Des oiseaux diffrents habitent ce ciel. Aucun augure rien, rien que le vide appelant la noirceur des branches. Ai termin la toile dhier. De temps en temps un passereau tombe dune branche comme pris dtourdissement. Puis il prend vol en touchant lherbe sous les pommiers. Les oiseaux samusent aussi, nous ne sommes pas seuls sur la terre claquer du bec pour rire : Sur la maison du rire. Un oiseau rit dans ses ailes.

  • Septembre 2011

    Le vent tait au sud-ouest ce dimanche. Jai sorti le chevalet et tout le bazar peindre devant latelier dans le commencement de la rue de

    lEglise. Ctait beau comme un songe de voir driver les grandes nappes de nuages par-dessus les toits et le mur du cimetire sur bbord ! Et le mot dembellie sest impos tout le temps de louvrage. Un peu deau dans le caniveau fait une indication bleue qui prcise queffectivement il y et une embellie. Jai uvr cependant que le tout village se tenait table, une autre faon davoir la paix

  • Dcembre 2012

    Vent mugissant du Nord-Ouest. De grands nuages blancs cavalent vers les terres en passant par-dessus le vallon. Le grand vent emporte le tintement

    grle des onze heures du clocher de Reviers dans la tourmente. Ce vent-l rit et pleure mais au vrai ce sont les cris des jars contre la bourrasque qui sen viennent avec. Dans la haie le troglodyte fait son petit cri de souris. Le pole ronfle : une autre toile de champenoises lgouttoir. Cest gai comme le chamboule-tout dune fte de village. Une sensation qui se reconduit de la sorte : au chamboule-tout on gagnait une bouteille de mousseux. Bouteille magique dans la clameur dun dimanche divresse. Il fallait si peu de ce temps pour tre sol, les jupes des filles qui allaient au vent des balanoires sous lil goguenard des forains, la chenille et le dragon quon chevauchait califourchon dans les dplacements dair et les cris profus.

  • Juin 2012

    Beau temps brise dEst nuages pars. Matine dsherber au jardin tout en pensant la toile de laprs-midi. De retour de Paris (exposition Degas)

    grande envie de peindre dehors. Ai affront les badauds du village et les hordes de cyclistes qui sillonnent le Bessin. Ai peint la rue de lEglise juste en face chez nous. Un ciel absolu sur la pierre calcaire des btisses, le grand if, le mur du cimetire, la rue et ses ombres. Tout a larrach sur le trottoir dans le dplacement dair des camions fous. Pour revenir Degas cest quand mme un triste pome que de ployer des femmes selon lextrme possible de leur anatomie et de prtexter quelles font leur toilette. Pudibonderie et violence sexuelle cest indcis comme de juste. A linverse il se trouvait dans lexposition une toile de Bonnard Lindolente . Un corps habit dun sublime abandon. Dune puissance incomparable dans sa mise en uvre. Bonnard, qui nest pas bon toujours, a mis l toute sa science de peintre amoureux. Tout se confond comme du marbre antique liqufi, comme de la moire sur une eau latente. Jaime comme Pierre Bonnard aime les femmes. Tout compte fait celle-ci tait une salamandre.

  • Aot 2011

    Entre les murs du cimetire de Reviers les graviers crissent amplifiant la prsence et la prcarit du vivant. Par-dessus le mur, les toits des maisons

    de la rue de lEglise, le ciel en drive, un vol de bisets Jai peint du silence. Le drapeau tricolore quagite la brise douest, haut sur son mt. Mapercevant depuis sa fentre, il habite la maison aux volets verts, Monsieur Legros est venu me parler me questionner Et de bonne grce il a cout le peu dides que jaccorde aux raisonnements dapproche. Il a compris lAbsence, lEspace, il a compris pourquoi les tombes ne se voyaient pas ni le monument aux morts avec son massif fleuri entour de chanes. Pour le drapeau je lui ai dit que le vent douest sy voyait et que la poursuite du vent ctait bien notre propos si lon considre la poussire sous nos semelles.

  • Octobre 2012

    Vent faible de Nord-Ouest. Gris brumeux jusqu deux heures puis lumire brumeuse avec soleil dans son halo sur les toits de tuile de lhtel

    America et la Venelle au livre Ver sur mer. Jai dress le chevalet devant la coule de lumire poudreuse en contre-jour de la venelle dont jignorais jusque l le nom : Venelle au livre comme dans un roman de Simenon. Le ct faubourien en rappelle le Montmartre dUtrillo, Elise Maclet ou mieux Arcueil quand Erik Satie y promenait sa solitude insolente. Cest beau pleurer. Lhtel America est vendre, jenrage quun promoteur quelconque mette la main sur tant de posie. Un btiment aux soubassements et embrasements de fentres en brique du pays, le pignon est jaune puissant, la faade blanche. La venelle est faite pour les chats errants, des panaches de fume jauntre y exhalent lcre odeur doctobre. Des ombres de bonnes gens qui stirent au-devant deux jai peint cela moins les bonnes gens aux ombres menaantes. Une toile qui ce soir me comble, une toile faite de riens dans un monde en liquidation.

  • Avril 2012

    Brise de Nord, gros nuages cotonneux pousss vers les terres accompagns de leur ombre porte. Des nuages o lon pourrait se tenir au bord du

    bastingage. Navires ou nacelles ? Le temps des dirigeables fut bref, lhumanit na pas rv longtemps, ne rve plus Les gnisses sont lherbage et cest nouveau en la saison. Le hron sur le bois brasse du vent et les fauvettes qui sont immanquablement de mai ne seront pas en retard. Depuis plusieurs jours je regarde ma veste de coton bleu, une veste de bleu comme on dit. Une veste de servitude un bleu de travail qui, en loccurrence mest vture agreste. La plasticit molle du coton sur le dossier de la chaise paille : tomber la veste dit-on encore. La toile avance vers quatre heures jai suspendu louvrage, pour faire uvre justement il me faut un lendemain pour cette toile-ci. Katia est venue prendre une tasse de th et fumer une cigarette dans lherbe devant latelier. Katia est comme les hirondelles.

  • Dcembre 2011

    Les choux sont malingres, ils nont pas russi pommer magnifiquement, les Bruxelles pas davantage Le vent est au Sud-Ouest il fait doux pour un

    mois de dcembre. Jai tourn dans la cabane la recherche de rsurgences probables. Les chvres sont lherbage chez Bunouf, la saison a chang Devant le miroir et dans la forte lumire je me suis aperu vieilli, et mauvaise mine jai pos pour un autoportrait. Chacun prside sa disparition - linstinct perdu aucune intelligence pour le rtablir. Ne rien perdre en chemin. Jai des petits cailloux blancs plein les poches.

  • Dcembre 2012

    Vent daltitude, Sud. Nulle brise terre. Le ciel est de nacre, le tuyau du pole rpand une paisse fume comme une

    locomotive dautrefois. Le bouc sest encore chapp, il rde au long de la clture la recherche dune brche qui le ferait accder nos choux. Quelques feuilles lore du bois tiennent toujours malgr les intempries rcentes cest jaune de chrome sur fond lie de vin. Cest lpoque de la mise en bouteille, tout ce qui trane de bouteilles champenoises est mis goutter aprs lavage au goupillon. Notre voisin fru de cidre bouch et de calvados (entre autres) avait un bel gouttoir dans sa cour. Ce tantt il est l dans latelier du marais ma disposition. Je lai peint au premier regard ce matin, le reste, de la gestuelle au chromatisme : du bonheur en acte. Jy songe, Duchamp ne devait pas aimer le cidre bouch plus que la peinture. Ou bien dautres, incontinents verbeux, auront pris des vessies pour cest freudien, un gouttoir ou un autre ? Sexpliquent lurinoir et lgouttoir.

  • Mars 2012

    Il nest pas rare quun oiseau de mer rabattu violemment par une rafale heurte le pare-brise dune voiture. Jen ai encore trouv un sur la route de

    Courseulles hier soir. Ce matin aux belles heures solaires ai pris le chemin du marais avec le goland mort et une toile presque carre aux dimensions de loiseau denvergure. Jai d penser les fonds pour ne pas amoindrir le premier jet simulant le plumage. Cette uvre me comble tous points de vue. Ce nest pas la premire mouette que je peins et celle-ci sajoute une belle exprience. Evidemment on songerait Tchkhov mais cest une vraie mouette trouve sur la route dpartementale 170 qui va jusqu la mer.

  • Janvier 2012

    Splendide vol de bisets autour du clocher. Lif tremble de toutes ses branches dans la brise dOuest. Le ciel drive dun seul tenant sans

    aucune troue. La terre est gele. Ai rcolt les choux de Bruxelles, leur hampe et les hautes feuilles seront pour les caprins. Le dcorum existentiel est ici encore celui dun Jean Follain : et puis poser par terre / tout un lourd sac de pomme / dont deux ou trois roulrent / bruit parmi ceux dun monde / o loiseau chantait / sur la pierre du seuil. Aprs-midi, grand frais de Nord-Ouest, crachin. Une toile de mme format que les trois prcdentes qui dans le mme esprit sajoute et fait suite : la casserole en alu avec cette fois le broc maill blanc que jaffectionne particulirement ! (il sen voyait de semblables sur les tables de ferme pour y servir un cidre dur et clair en semaine). Cela compose bien, jen tirerai bnfice dtude. Inconsciemment des trouvailles sinsreront dans de prochaines toiles. Le format carr oblige composer, comprendre pourquoi namnerait que la confusion ! Nous navons pas de temps perdre en preuves, en dmonstrations et en certitudes. (Cioran).

  • Janvier 2012

    Ne considre jamais que tu commences et que tu finis quelque chose, mais que ta vie soit comme une ivresse de chaque instant o tu serais

    totalement prsent,] Jai song quil tait temps, la lumire son comble, de laisser Cioran son ternit de prsence pour me mettre la tche infinie. Un soleil digne du printemps ! depuis trois jours ! Vers trois heures le vent de mer sest lev les nuages sont venus avec. Deux toiles de trs petit format (30 x 30). Sur la premire jai tent un paysage vu de la fentre nord, quand le ciel tait ardois, plomb vers la mer. Sur lautre une casserole. Celle qui nous sert pour leau du th. En aluminium, la queue en baklite le genre dinstrument attachant. Simple, tellement simple quon passerait ct sans en connatre le merveilleux ! Un matriau qui porte la couleur garance fonce son comble. (si lon valuait srieusement le rapport matire-couleur on viterait lillusion de la couleur en soi). Certains matriaux portent magistralement forme-matire-couleur quils en deviennent les instruments dune mtaphysique. Jai profit du format carr pour composer. Une bote de th en carton du th Two red gazelles noir de Ceylan ct. Jai pens ce quaurait fait Morandi, aux casseroles guerrires pour scnes de mnage de Picasso et jai fait autre chose mais je nai rien vit toute force

  • Janvier 2012

    Petite bruine au lever du jour, redoux. Vent de Sud-Ouest secourable en hiver Le rouge gorge est heureux, la renarde qui mettra bas aussi, le

    bouc humera les fragrances de lair les yeux plisss. Dans laprs midi le vent sest orient Sud - La fume du pole happe par le retour dair est rabattue la vitre, un meuglement lointain amplifie des silences. Ai commen une petite toile, un baigneur objet de collection anne 50 que jai sitt effac pour reprendre des objets miens moins vocateurs de Bellmer et Kokoschka Toujours le paquet de th mais encore un cendrier St Raphal et une canette en aluminium pour la composition. De celles nergisantes que lon retrouve au bord des chemins creux abandonnes par les joggers. Leurs couleurs acides rappellent le cauchemar sportif, le dpassement de soi et la destruction neuronale. Jen ai retenu que la prsence formelle

  • Janvier 2012

    Une petite brise dEst bien sentie ! Cela donne une ribambelle de nuages voguant entre les coules de soleil. On abat du bois deau dans le vallon,

    les trononneuses sont des instruments abrutissants. La lenteur de pousse et la majest des arbres sont bafoues. Ai dtruit (effac) le paysage dhier pour une toile de casserole que jai commence ce matin et acheve dans laprs-midi. Acheve ! Je repense lanecdote suivante : Cocteau et des amis, parmi lesquels Raymond Radiguet, visitent un mauvais peintre. Dans latelier dabominables crotes. Au moment de prendre cong le mauvais peintre sexcuse en montrant une uvre en cours - Elle nest pas acheve et Radiguet de rpondre - Il serait humain de lachever ! Je consacre, pour ainsi dire, autant de temps une petite toile qu une grande. Je comprends pourquoi aujourdhui. Cela dit je suis heureux quil en soit ainsi.

  • Janvier 2012

    Premires primevres sur le chemin des Moulineaux. Il est remarquable que la nature en sa neutralit au bonheur des hommes ait conu les primevres jaunes tendres et mauve ple. Sans

    doute la primevre nest-elle touchante quaux creux des talus, abandonne aux herbes folles : bouleversante de biensance et de modestie. Il pleut, le grand vent dOuest bat la campagne. Ai repiqu de lail sur deux rangs, des ttes impropres la consommation qui germaient un rapace de belle envergure, peut-tre une buse, planait prenant circulairement les courants ascensionnels, on aimerait, humains, essayer une fois ! Une toile qui clt la srie des casseroles, avec cette fois la thire maille bleu violet doutremer somptueux (il y avait des petites bouteilles pharmaceutiques de cette couleur de vitrail. Enfant jaimais longuement regarder au travers jusqu en avoir le tournis ! Et toujours je restais sur mon dsir impossible de me dissoudre physiquement dans la lumire bleue magique). Lavantage dune srie cest de savoir o lon va le lendemain. Linconvnient cest la contrainte dune cohrence intentionnellement chromatique et potique. Un travail de commande quon sadresserait soi-mme Sil est vrai que La libert cest davoir le choix de ses contraintes. (Gide). La cohrence susdite est toute faite de mtaphysique ngative ! Ny pensons pas davantage. Janvier 2012 Les uvres du grand vent dOuest font gmir la cabane sur ses membrures. Ai mis en ordre la toile dhier qui possdait un trop dnergie pour sinsrer dans la srie. Une chose dont personne na parl, ma connaissance, cest de ce que faisait Czanne devant sa toile ? Cent-vingt-cinq poses pour un portrait et la toile nest pas couverte comme on devrait lapercevoir. Des manques de touches (volontaires) ici et l Lui qui stait fait fort de ne penser rien devant la toile en cours tel un peintre zen. La vraie question czannienne est l mais les bruits du monde y font cho et la peinture demeure un art muet. Les rongeurs qui dvorent les endives ne sont pas, comme je le pensais exclusivement des mulots ? Mais aussi des musaraignes je viens den attraper une dans un silo. Des corbeaux passent tire-daile pousss par le vent. Froide nest pas la prairie mais ils sont dlicieux Bientt ils reprendront possession de leur nid de fagot, balancs par les brises dans les agrs du bois.

  • Avril 2012

    Rafales de vent fort du Sud-Ouest, ondes. Ai brouett du fumier le matin, tantt jai remis ma veste de bleu sur la chaise jaune paille. La toile

    daujourdhui est plus faite puisquil y a un antcdent dtude. Immanquablement on songera Vincent La chaise de Vincent de quel bois elle tait ? . Lusage des chaises pailles est rpandu quoiquon nen fabrique plus en vraie paille comme celle-ci. Jai remis ma veste pour recharrier le fumier : un il, une main, une brouette que je repense . Un jour je peindrai une brouette lchelle un pour un.

  • Dcembre 2012

    Grand vent dOuest. Pluies et embellies se succdent, le soleil allume des feux froids dans le bois mort de dcembre. Au marais spongieux nos

    pas font des bruits de succions. Tout cela est trop dsol et lide me vient que nous vivons lvidence dans un monde o les btes avaient seules raison dtre. Rien dtonnant alors que nous soyons l peindre et photographier en regard du chaos hivernal. Katia, qui napparat pas souvent lhiver au marais, ma fait le plaisir contraint de poser ce tantt. Il lui semble que ce genre de portrait, endormie table, sorte dun conte enfantin. Cest drle quune uvre apparaisse enfantine quand lauteur y a travaill en songeant des fins mystrieuses qui devaient le sauver du vulgaire et de la sottise abstraite de toutes les conomies humaines. Il est peut-tre juste den prouver alors une enfance. Dcembre 2012 Sud-Ouest mugissant dans les hautes branches la clrit du ciel vid doiseaux ou bien cest un vol de ramiers poursuivi par les souffles rabattu vers les bois. Tandis que les moutons borns leur herbage paissent dans le contrevent des haies vives. Jai termin la toile dhier, cest jet l comme par inadvertance, dehors le vent se prte bien des plasticits aussi. La viduit sest faite efficacement dinstinct. Il sagissait daugmenter un espace mental. Jai pris appui sur le rel : une conscience nest-elle pas en soi une contradiction. Lirrel se dralise aussi, convenir despaces nest pas vider les lieux. Cette douce incursion dans le rel sans bord, mon bien.

  • Aot 2012

    Il vente par lOuest. Un vent pais qui dtourne les ramiers de leur vol au-dessus des peupliers qui mugissent. Le ciel comme une nappe grise qui

    drive, sous ce ciel gris le coutil parsem des taches orange et lourdes des citrouilles. Je me suis dcid pour une toile de betterave, une toile de petit format : 60 au carr. Elles sont de cette varit qui ressemble des toupies dun bon kilo chacune. Il faut dire que je nai pas lsin sur lamendement les trois journes de brouettage de fumier font bonne mesure. Jai pos la betterave sur la serpillire use qui a deux belles lignes traversires bleues entre lesquelles passe un trait grenat (qui nest pas sans rappeler la couleur des betteraves justement). La betterave sest naturellement, de par sa forme, couche sur son flanc comme un navire lchouage. Du fait jai ajout la pose une coquille Saint-Jacques retourne. Je veux dire que je lai fait sans y penser et que cest aprs coup quelle ft ajoute la pose, que lide vient dune betterave lchouage parce que jai toujours un peu lesprit la mer. La toile est trs peinte du point de vue de la mthode car grande mthode revient pas de mthode (que je ne repense point).

  • Juillet 2012

    Nuages gris ardoise pousss par une molle brise douest. Juillet passe semblable septembre. Le bon ct de la chose cest que je suis disponible louvrage. Ce tantt, latelier du marais jai peint le bouquet de roses grimpantes cueillies samedi aux abords dun parc en friche sur la route de Douvres. Ce quun bouquet peut contenir de tristesse et pourtant il y a de la peinture sur chaque ptale. Tous les ingrdients de la composition pourraient figurer sur une toile de la fin 19me dire quil faut du courage pour affronter la btise critique de notre temps . Qui voit encore la peinture aprs les ravages idologiques confusionnels agrs par linstitution de lactualisme obligatoire ? Le bouquet je lavais sous les yeux pour mon plaisir tachant de rose dans un rayon de lumire le marbre de la petite desserte dans notre pice vivre. Et ma foi on offre toujours des fleurs en toute occasion mme de ce temps. Non, les tabous nont jamais t si puissamment destructeurs et surtout contre-productifs. Vous faites uvre pour les morts futurs a dit Jean Gent Giacometti.

  • Juillet 2012

    Vent de Sud-Ouest, les peupliers frissonnent entre le blanc des nuages et le bleu du ciel. Cest du beau temps.

    Les betteraves sont maturit mais nont aucune saveur cause des pluies peut-tre ou de la varit insipide ? En contrepartie de ce qui sest perdu en saveur leur plasticit est sans concurrence. Elles seront bonnes pour les lapins de notre voisin du jardin des prs (nous avons deux coutils au bord du Douet, un dans le marais lautre dans le village). Ce matin il ma promis, devant sa femme, un gros lapin de chou si je lui gardais nos fanes de haricots. Je le lui demanderai vivant le Jeannot lapin Une toile de betteraves donc. Les nuances garance sestompant au schage sont magnifiques cependant que les tiges gardent leur couleur vineuse tonique. Elles sont reprsentes sans leurs feuilles molles. Il en rsulte un effet dynamique de la matire en sa forme. Cela pour dire lloignement de la denre de son usage domestique si lon veut y prter quelque attention. Bien sr il me revient en mmoire le dire des pomes de Francis Ponge mais aussi que le poids et sa forme ncessaire sont une apparence vraie du monde mais encore un instant ontologique pour ne pas dire mtaphysique.

  • Janvier 2012

    Ai rcolt les premires endives. Ciel bas jusqu dix heures puis, grand ciel bleu limpide toute la journe. Matine trononner une souche de

    saule, aprs-midi peindre des coquilles dhutres avec des coquilles Saint-Jacques. Si je pouvais apporter Miya latelier du Marais ! Et quelle sy tienne tranquille jen ferais une srie de petit format. Je dis a, parce quelle est devant moi au coin du feu ce soir regarder la toile dont je parle. Les chats sont curieux et imprvisibles, elle irait bien se perdre dans les bois au gr des odeurs de sauvagine ! Je pourrais la peindre de mmoire (de chic) mais ce ne serait quune mauvaise synthse. Ma peinture se plat en prsence du sujet hic et nunc. Lapparition dune apparition serait de mauvais aloi : une voix tierce qui parlerait une mtalangue Cest une belle toile. Hlas je nai plus ce genre de format disponible pour demain.

  • Mars 2011

    Cest une table de toilette en chne noueux, qui peut dater de la fin du 19me ou dbut 20me. Pas une coiffeuse, non, un meuble de trs petites

    dimensions, trs simple. Le dessus est en marbre gris peine vein. Il pouvait tre dutilit dans une chambre de journalier, hommes ou femmes de peine, aussi bien trouverait-il sa place dans la chambre jaune de Vincent : cest dire la pauvret de lustensile que nous avons trouv un jour dencombrant sur un trottoir du village ! Dans lAtelier des champs il voque coup sr un pome de Jean Follain : chaque chose pourtant veillait et travaillait / pour sauver son ternit. Pour la premire toile jai pos des coquilles dhutres et le broc bleu maill sur le marbre. Une belle matine de printemps, vent dEst, je crois quon y sent le plaisir luvre, les prs voisins, le chant raill des coqs, le claquement dailes des ramiers au-dessus du bois. Pour la seconde toile et pour varier les plaisirs jai ramass la bouteille casse jete sur le dpotoir au bord du chemin. Quelle na pas t ma jubilation, posant le tesson sur le marbre, dapercevoir lusage quon en fit : ctait une carafe vairons . Si les gosses du village nont pas oubli la pche la carafe, ce beau divertissement sous le soleil de Dieu, tout nest peut-tre pas perdu !

  • Avril 2012

    Le Nord fait grincer tout ce qui vit sous sa coupe. Qui a dit tout ce qui est humain est mien ? Je dirais : tout ce qui est venteux est mien, ce vent

    livide est mien. Dame il rode un peu la terre et domine lesprit. Vent davril vent des mlancolies en ce vendredi saint. Vanit des vanits tout est vanit et poursuite du vent . Il ny a pas dorgueil pouss par le vent. Ou bien il y a longtemps, vent arrire toutes voiles dehors du temps o la terre tait plate sy mprendre. Jai prpar tous les semis des graines rapportes de Hongrie rcemment : des concombres et toutes sortes de cucurbitaces aux formes dbonnaires. Semer des citrouilles cest faire un doux projet. Une toile de petit format : un autoportrait obtenu de haute lutte sans pourtant quil ny paraisse. Je suis lautre du sel sur la langue nous parlons bas. Plusieurs portraits sont apparus, ont t effacs. Trop faits. Celui-ci gagn dans lexaspration me convient. Maintenant le vent perd de sa frocit, souffle encore par petits bonds. Des passereaux vont jouissant de laccalmie, leur joie tire-daile par-dessus le bois semble inalinable sur le ciel uniment bleu.

  • Mars 2012

    Toujours le grand vent de la mer rameutant ses nuages anglais, ctait beau de voir apparatre un violent soleil qui steint si tt paru entre les

    nues en cavale. Une autre toile de mme format, des bols mais avec, cette fois, une casserole pendue. Une belle surface peine touche, dune grande harmonie de tons et puis ny tenant plus ai tir un trait, mme le tube. Le trait croise la queue de la casserole, cest rouge absolument et a marche. Le bonheur sans futilit : il ny aurait rien dautre vivre, tu vois ? Je vois !

  • Janvier 2012

    Au lever du jour une vision intgrale des terres laboures, des clochers au centre de cadrages imaginaires, des futaies lointaines, des vols lourds de

    corneilles : Millet coup sr. Mais nous allons vers dautres superstitions : le lever dune humanit satellitaire et Lazare sen retournant son tombeau. Brivet des messages humains en rupture intrinsque avec le monde. Aprs-midi au marais o jai emport une toile tout en longueur 1,30m sur 0,50m sur laquelle jai peint un paysage au dbut de lhiver mais repass au blanc cette semaine. Rien nest venu me contraindre au travail, jen suis rest l, une sorte dimpatience devant linutilit de tout, impatience que je connais parfois empchant tout rtrcissement de penses. Etat de grce si lon veut quoique douloureux. Une dilution de soi dans le tout du monde. Rien pour lart : cest puissant, strile sur lheure mais jen tirerai une certaine vacuit propre louvrage au lendemain. Ai pass laprs-midi en chien de fusil sous un pin rabougri des dunes de Graye sur mer. Le flux tait demi marnage, vent rgulier Ouest-Nord-Ouest. Jtais un livre gt au soleil dclinant du bel hiver qui coute les aboiements des chiens dans la distance. La volupt des graines fume, les villes sont fer et causerie lointaine (Char)