exclu styles : les femmes d'influence (women's forum)

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15/10/2009 55 54 15/10/2009 R E n q u ê t e A l’heure où s’ouvre le 5 e Women’s Forum, dont L’Express Styles est partenaire, la France constate son retard dans la promotion de la mixité au sein des élites. Amorce d’une nouvelle ère ? Dans les domaines du luxe et des arts, elles sont de plus en plus nombreuses à accéder aux postes-clefs. La preuve avec les portraits de ces 25 femmes d’influence, qui mettent leur pouvoir au service de la création. Où en sont les femmes ? P our être plus performant, embauchez des femmes et faites-les progresser au sein de l’entreprise ! Ce n’est pas nous qui le disons, même si le riquiqui pourcentage de femmes PDG en France (3 % parmi les 540 premières so- ciétés cotées françaises) nous froisse un peu. L’appel ne vient pas non plus des féministes, toujours chiffon quand il s’agit de traiter différemment les deux sexes. Non, l’idée est d’un monsieur très sérieux, Michel Ferrary, professeur en gestion des ressources hu- maines au Ceram, école de commerce si- tuée à Nice-Sophia Antipolis, et auteur d’une étude réalisée entre 2002 et 2006. Le résul- tat de ses recherches est édifiant : sur les 42 sociétés interrogées, celles qui emploient plus de 35 % de femmes ont vu leur chiffre d’affaires progresser bien davantage que leurs concurrentes moins féminisées. Plus rentables, elles ont par ailleurs généré plus d’emplois et produit davantage. « Quand on parle de discrimination, on avance sou- vent l’argument moral. Celui de l’effica- cité me semblait intéressant à explorer », explique Ferrary. Surprenant ? Pas tant que cela. Sans vou- loir tailler de costard aux garçons, voilà quelques années que les femmes ont prouvé qu’elles avaient les épaulettes assez larges pour jouer les boss. « En vingt-cinq ans, le regard sur elles dans le top management a changé », se félicite Didier Vuchot, prési- dent de Korn/Ferry France, première so- ciété au monde de recherche en dirigeants. « Dans le secteur de la mode et du luxe, la parité existe depuis longtemps. Les femmes dirigeantes sont très bien dans leur peau, même si elles connaissent toutes, à un mo- ment donné de leur carrière, un tiraillement entre leur vie professionnelle et leur vie pri- vée », renchérit Floriane de Saint-Pierre, présidente d’un cabinet de recrutement. Ailleurs, c’est autre chose… Pour les tail- leurs-pantalons et les stilettos d’Anne Lau- vergeon, présidente du directoire d’Areva, de Laurence Parisot, présidente du Medef, ou encore de Teresa Cremisi, à la tête du groupe Flammarion, combien de costumes anthracite au sein du club très fermé des lea- ders ? « Trop, reconnaît Didier Vuchot. Il n’existe pas de misogynie officielle. Simple- ment, nos grandes écoles ne sont ouvertes aux femmes que depuis les années 1970 et le renouvellement des générations prend du temps. Mais la prise de conscience est réelle au sein des entreprises. Tout le monde a com- pris qu’il fallait se bouger. » Se bouger, peut- être, mais manifestement en douceur… Se- lon une étude du cabinet de conseil en stratégie McKinsey, seuls 9 % des entre- prises européennes (14 % des américaines) ont mis en place des politiques en faveur de la mixité. Dans cette session de rattra- page, la France affiche une moyenne… très moyenne. Air Liquide impose la présence d’au moins une candidature féminine chaque fois qu’un poste de management se libère. Total s’invite dans les fo- rums d’étudiants pour encourager les filles à s’inscrire dans les écoles d’ingénieurs. Les bons élèves existent donc. Les quotas, pas encore, malgré leur popularité grandissante, comme le prouve une étude récente commandée par le groupe Grandes écoles au féminin (GEF) : « 55 % des jeunes diplômés de nos grandes écoles y sont favorables. Les quotas sont l’ultime recours face à une situation qui n’évo- lue pas », plaide Véro- nique Préaux-Cobti, pré- sidente de GEF. Autant dire que les 1 000 invités (dont 15 % d’hommes, promis) du 5 e Women’s Forum de Deauville ne manque- ront pas de sujets. Dans les salons cosy du Centre international de Deauville (CID), on causera du radical et très tendance modèle norvé- gien - 40 % de femmes imposées dans les conseils d’administration des entreprises - de la difficulté de concilier carrière et fa- mille, et peut-être un peu, entre deux très sérieux discours, de tailleurs et de stilettos. On évoquera aussi la crise, bien sûr, a priori peu favorable aux avancées sociales. A moins que… En frappant plus durement les sec- teurs à dominante masculine comme l’in- dustrie et la finance, celle-ci conforte le poids grandissant des femmes dans l’économie mondiale. Dans l’une de ses études, Michel Ferrary a d’ailleurs démontré qu’en période de tourmente les investisseurs se repliaient plus volontiers sur les entreprises dirigées par les femmes. « On revient alors aux fon- damentaux, c’est-à-dire aux résultats », dit Ferrary. En clair, les filles, c’est maintenant ou maintenant. G. C. Les femmes ont prouvé qu’elles avaient les épaules assez larges pour jouer les boss M. DANIAU/AFP/IMAGE FORUM ●●● dossier réalisé par katell pouliquen et marion vignal, avec lydia bacrie, charlotte brunel, christophe carrière, géraldine catalano, guillaume crouzet, jérôme dupuis, anne-laure quilleriet, virginie skrzyniarz, maïté turonnet et sylvie wolff Pouvoir, performance, création... MAG3041_054-067 femmes d'influence.qxp:Mise en page 1 9/10/09 17:53 Page 54

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RE n q u ê t e

A l’heure où s’ouvre le 5e Women’s Forum, dont L’Express Styles estpartenaire, la France constate son retard dans la promotion de la mixitéau sein des élites. Amorce d’une nouvelle ère ? Dans les domainesdu luxe et des arts, elles sont de plus en plus nombreuses à accéderaux postes-clefs. La preuve avec les portraits de ces 25 femmes d’influence, qui mettent leur pouvoir au service de la création.

Où en sont

les femmes?

Pour être plus performant,embauchez des femmes etfaites-les progresser au seinde l’entreprise ! Ce n’est pasnous qui le disons, même sile riquiqui pourcentage defemmes PDG en France (3 %parmi les 540 premières so-

ciétés cotées françaises) nous froisse un peu.L’appel ne vient pas non plus des féministes,toujours chiffon quand il s’agit de traiterdifféremment les deux sexes. Non, l’idée estd’un monsieur très sérieux, Michel Ferrary,professeur en gestion des ressources hu-maines au Ceram, école de commerce si-tuée à Nice-Sophia Antipolis, et auteur d’uneétude réalisée entre 2002 et 2006. Le résul-tat de ses recherches est édifiant : sur les42 sociétés interrogées, celles qui emploientplus de 35 % de femmes ont vu leur chiffred’affaires progresser bien davantage queleurs concurrentes moins féminisées. Plusrentables, elles ont par ailleurs généré plusd’emplois et produit davantage. « Quandon parle de discrimination, on avance sou-vent l’argument moral. Celui de l’effica-cité me semblait intéressant à explorer »,explique Ferrary.

Surprenant ? Pas tant que cela. Sans vou-loir tailler de costard aux garçons, voilàquelques années que les femmes ont prouvéqu’elles avaient les épaulettes assez largespour jouer les boss. « En vingt-cinq ans, leregard sur elles dans le top management achangé », se félicite Didier Vuchot, prési-dent de Korn/Ferry France, première so-ciété au monde de recherche en dirigeants.« Dans le secteur de la mode et du luxe, laparité existe depuis longtemps. Les femmesdirigeantes sont très bien dans leur peau,même si elles connaissent toutes, à un mo-ment donné de leur carrière, un tiraillemententre leur vie professionnelle et leur vie pri-vée », renchérit Floriane de Saint-Pierre,présidente d’un cabinet de recrutement.

Ailleurs, c’est autre chose… Pour les tail-leurs-pantalons et les stilettos d’Anne Lau-vergeon, présidente du directoire d’Areva,de Laurence Parisot, présidente du Medef,ou encore de Teresa Cremisi, à la tête dugroupe Flammarion, combien de costumesanthracite au sein du club très fermé des lea-ders ? « Trop, reconnaît Didier Vuchot. Iln’existe pas de misogynie officielle. Simple-ment, nos grandes écoles ne sont ouvertesaux femmes que depuis les années 1970 et

le renouvellement des générations prend dutemps. Mais la prise de conscience est réelleau sein des entreprises. Tout le monde a com-pris qu’il fallait se bouger. » Se bouger, peut-être, mais manifestement en douceur… Se-lon une étude du cabinet de conseil enstratégie McKinsey, seuls 9 % des entre-prises européennes (14 % des américaines)ont mis en place des politiques en faveurde la mixité. Dans cette session de rattra-page, la France affiche une moyenne… trèsmoyenne. Air Liquide impose la présenced’au moins une candidature féminine chaque

fois qu’un poste de management se libère.Total s’invite dans les fo-rums d’étudiants pourencourager les filles às’inscrire dans les écolesd’ingénieurs. Les bonsélèves existent donc. Lesq u o t a s , p a s e n c o re, malgré leur popularitégrandissante, comme leprouve une étude récentecommandée par legroupe Grandes écolesau féminin (GEF) : « 55 %des jeunes diplômés denos grandes écoles y sontfavorables. Les quotassont l’ultime recours faceà une situation qui n’évo-lue pas », plaide Véro-nique Préaux-Cobti, pré-sidente de GEF.

Autant dire que les1 000 invités (dont 15 %d’hommes, promis) du5e Women’s Forum deDeauville ne manque-ront pas de sujets. Dansles salons cosy du Centre

international de Deauville (CID), on causeradu radical et très tendance modèle norvé-gien ! 40 % de femmes imposées dans lesconseils d’administration des entreprises! de la difficulté de concilier carrière et fa-mille, et peut-être un peu, entre deux trèssérieux discours, de tailleurs et de stilettos.On évoquera aussi la crise, bien sûr, a prioripeu favorable aux avancées sociales. A moinsque… En frappant plus durement les sec-teurs à dominante masculine comme l’in-dustrie et la finance, celle-ci conforte le poidsgrandissant des femmes dans l’économiemondiale. Dans l’une de ses études, MichelFerrary a d’ailleurs démontré qu’en périodede tourmente les investisseurs se repliaientplus volontiers sur les entreprises dirigéespar les femmes. « On revient alors aux fon-damentaux, c’est-à-dire aux résultats », ditFerrary. En clair, les filles, c’est maintenantou maintenant. ! G. C.

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Pouvoir, performance, création...

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Pouvoir et création

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Ambra Medda,FONDATRICEDE DESIGN MIAMI

A 29 ans, elle est à latête de la foire de designqui attire les plus im-portants collection-neurs du monde. Am-bra, qui a grandi auprèsd’une mère galeriste etétudié, notamment, lalittérature et l’art chinois,a senti avant tout lemonde que le marchéétait mûr pour de nou-velles expériences. En2005, alors que dans lessalles de vente les piècesde mobilier commen-cent à flamber, elle s’as-socie, avec le soutien del’homme d’affaires CraigRobins, à la foire Art Basel pour créer DesignMiami. Un lieu exclusi-v e m e n t r é s e r v é a u x galeries de design. Lesuccès est immédiat.Près de 300 profession-nels participent à l’évé-nement. Depuis, la pe-tite foire, devenue lavitrine du design art,continue son ascension.Et séduit chaque annéede nouveaux parte-naires. Après HSBC etAudi, l’italien Fendi a rejoint l’aventure. ! M. V.

Son actualité en 2009 :Design Miami en juin eten décembre.

Ses projets : continuerà réaliser une foire dequalité.

Sa devise : « Avec lesmots pleins de sagesse dede Bob Dylan, je diraisqu’une personne réus-sit sa vie quand elle selève le matin, se couchele soir et entre les deuxfait ce qu’elle veut faire. »

Anne-Dominique Toussaint, PRODUCTRICE

Une maîtrise d’histoire médiévale en poche, elle décide d’être productrice de films. Elle apprend surle tas avec Ariel Zeitoun (Souvenirs, souvenirs). Puis toute seule, en montant sa société, Les Films desTournelles. C’était il y a vingt ans. Depuis Monsieur, de son frère, Jean-Philippe Toussaint, elle a privi-légié le feeling au coup commercial, la découverte d’auteurs au name-dropping. Grand bien lui prit. LaMoustache, Le Coût de la vie ou Caramel lui ont valu de beaux succès au box-office et, par conséquent,une solide réputation dans le métier. ! C. C.

Son actualité en 2009 : carton plein avec près de 800 000 entrées pour Le Hérisson, de Mona Achache,et près de 900 000 pour Les Beaux Gosses, de Riad Sattouf.

Ses projets : quatre films en développement, dont une comédie musicale de Nadine Labaki (Caramel).Sa devise : « Essayer de faire tout ce qu’on désire sans rien sacrifier. »

Elisabeth Laville, FONDATRICE D’UTOPIES

Diplômée d’HEC, elle a vite senti « l’urgence de faire quelquechose qui aurait du sens ». Elle cite Mère Teresa : « Ne vousméprenez pas, je n’ai fait ça que pour moi. » Ça ? Devenir unepionnière de l’écologie en lançant, dès 1993, Utopies, pre-mière agence de conseil en développement durable, qui aideles entreprises à devenir plus vertes. Parmi ses clients : la Caissed’épargne, Nature & Découvertes ou Carrefour. Elle pilote lessites Grainesdechangement.com et Mescoursespourlapla-nete.com, pour sensibiliser les consommateurs. ! K. P.

Son actualité en 2009 : publication du Guide des labelsde la consommation responsable, éd. Village Mondial.

Ses projets : l’inauguration des nouveaux bureaux éco-logiques de son agence dans le XIe arrondissement parisien.

Sa devise : « Nous devons être le changement que nousvoulons voir dans le monde », une citation de Gandhi.

Florence de Botton,DIRECTRICE DU DÉPARTEMENT D’ART

CONTEMPORAIN DE CHRISTIE’SA 14 ans, Florence de Botton, découvre Egon

Schiele. Un choc. Fille d’une dynastie d’an-tiquaires, elle se prend de passion pour l’artmoderne. Son diplôme de l’Ecole du Louvreen poche, elle monte une société de cour-tage, puis rejoint une galerie avant d’entrerchez Sotheby’s, où elle se fait un nom en dis-persant avec succès les collections Lescureet Nahon. Depuis son arrivée, en 2005, chezChristie’s, les enchères du département d’artcontemporain ont explosé : 17 millions d’eu-ros de ventes, rien qu’en 2008. ! V. S.

Son actualité en 2009 : la vente de cha-rité contre le cancer, avec l’association duPr Khayat.

Ses projets : « Etre plus proche des artistes. »Sa devise : « Ne jamais s’attarder sur le

passé, toujours aller de l’avant. »

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Pouvoir et création

Isabelle Guichot, PRÉSIDENTE DE BALENCIAGA

Diplômée d’HEC, elle dirige depuis 2007 l’une des étoiles de la mode actuelle,la très prisée maison Balenciaga. Entrée chez Cartier en 1986, elle en a gravitous les échelons jusqu’à la direction générale. Poste qu’elle a ensuite occupéchez Van Cleef & Arpels et Lancel, avant de rejoindre le Gucci Group en 2005,à la tête de Sergio Rossi. D’une anti-langue de bois rafraîchissante, elle avoue« n’avoir jamais eu de vocation pour la mode ou la joaillerie », mais adorer sefondre dans la culture couture de Balenciaga. Se vivant comme une « chef d’or-chestre » donnant le la de la maison, elle en assoit le succès, avec le directeurartistique, Nicolas Ghesquière. Plus d’une vingtaine de boutiques ont ouverten deux ans. Isabelle Guichot est aussi membre du conseil d’administrationde la Fondation PPR pour la dignité et les droits des femmes. ! K. P.

Son actualité en 2009 : le développement de la marque en Chine. Ses projets : un parfum avec pour muse Charlotte Gainsbourg.Sa devise : « Ne jamais subir. »

Carla Sozzani, GALERISTE ET ÉDITRICE

Avant de devenir l’une des plus importantes galeristes deMilan, Carla Sozzani fut journaliste de mode. Elle fait ses armesà Vogue, puis lance le Elle italien en 1987. L’expérience ne dureque quelques mois. Trop intellectuelle, sa version ne fait pasl’unanimité. Qu’à cela ne tienne, Carla en profite pour créersa maison d’édition spécialisée dans les livres de photogra-phie. Dans la foulée, elle ouvre sa galerie, où elle expose des-igners et photographes, puis donne naissance en 1990 au10 Corso Como, premier concept store du genre en plein cœurde Milan. La recette a, depuis, fait école. Devenu une marque,le 10 Corso Como existe désormais aussi à Tokyo et à Séoul.Et continue de dicter la tendance. ! M. V.

Son actualité en 2009 : le lancement du nouveau site In-ternet du 10 Corso Como et de l’e-commerce.

Ses projets : la préparation d’un livre sur les 20 ans de la ga-lerie, pour septembre 2010.

Sa devise : « Avoir un point de vue, car on ne peut pas plaireà tout le monde. »

Caroline Bourgeois,CONSEILLÈRE ARTISTIQUEDE FRANÇOIS PINAULT

C’est par le chemin détourné de la psy-chanalyse que Caroline Bourgeois, di-plômée d’un DESS de psychologie cli-nique, s’est prise de passion pour l’artcontemporain. « Plus que la musiqueou que la littérature, il est essentiel à mavie », confesse-t-elle. De fait, son œil in-satiable est devenu indispensable à unautre passionné, nommé François Pi-nault. C’est elle qui a constitué sa col-lection d’art vidéo, elle qui le conseilleaujourd’hui dans toutes ses acquisitions.Elle aussi qui veille à la pérennité desœuvres et, surtout, à leur présentationpublique. Fervente défenseure de l’artpour tous, ex-directrice du centre d’artcontemporain Le Plateau, CarolineBourgeois a orchestré les voyages de lacollection Pinault au Tri postal, à Lille,en 2007, puis au Garage, à Moscou, etenfin à Dinard, l’été dernier. Trois ex-positions majeures, au succès public in-contestable (945 000 visiteurs à Lille, unrecord), qui font d’elle la commissaired’exposition la plus convoitée du moment. ! M. V.

Son actualité en 2009 : les expositionsUn certain état du monde, à Moscou, etQui a peur des artistes ?, à Dinard.

Ses projets : « Trop tôt pour en parler. »Sa devise : « Douter et foncer. »

Yue-Sai Kan,GOUROU DE L’ART DE VIVRE

Une légende vivante. C’est ainsi qu’enChine on désigne Yue-Sai Kan, l’unedes 20 femmes les plus influentesdu pays. Logique : cette Américano- Chinoise a tout fait. Elle a, pour ainsidire, ouvert les Chinois à la culture oc-cidentale grâce à One World, la toutepremière émission du genre sur la té-lévision nationale. Elle a transforméle visage de ses compatriotes en lan-çant l’une des premières marques decosmétiques, propriété de L’Oréal de-puis 2004. Depuis, elle continue à jouerle rôle de gourou à travers sa marquede décoration House of Yue-Sai et seslivres sur les bonnes manières et l’artde vivre. Si les Chinois ont du goût,c’est donc un peu grâce à cette femme,qui, dès qu’elle le peut, met sa fortuneau profit des plus démunis en ouvrantdes écoles dans la campagne de sesorigines. ! M. V.

Son actualité en 2009 : le lancementde la marque de décoration Houseof Yue-Sai, la parution du livre The Ultimate Style, sur l’architecture d’intérieur.

Ses projets pour 2010 : « Je préparede nouveaux livres et je réunis desfonds pour le pavillon américain et lesévénements artistiques de l’Exposi-tion universelle de Shanghai, en maiprochain. »

Sa devise : « Mettre l’argent au secondplan et l’intégrité au premier. »

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Pouvoir et création

Karla Otto, FONDATRICE

DU BUREAU DE PRESSE KARLA OTTO

Ne cherchez pas cette brune stylée dansles journaux, son job c’est d’assurer la mé-diatisation des autres. Avec des antennesà Paris, Milan, Londres, New York et LosAngeles, elle dirige aujourd’hui le plus grosbureau de presse mode du monde, aveccomme clients des mastodontes du luxe(Calvin Klein, Jil Sander, etc.), tout en gar-dant les deux pieds dans l’avant-garde(Viktor & Rolf, Hussein Chalayan, etc.).Partie étudier le japonais à Tokyo, cettenative de Bonn fait ses armes dans la modeen tant que mannequin. De retour en Eu-rope, elle ouvre sa propre agence à Milan,en 1982. Le premier grand créateur à ve-nir la voir est Jean Paul Gaultier, au som-met de sa gloire, qui lui confie ses rela-tions presse en Italie. Suivront Jil Sanderet Miuccia Prada dès sa première collec-tion, fin 1988. Un vivier de talents exigeantsqui n’a cessé de changer et de croître, à telpoint que son nombre de collaborateursa doublé en quatre ans. ! A.-L. Q.

Son actualité en 2009 : l’ouvertured’un bureau de presse à Los Angeles, sur Melrose Avenue.

Ses projets : continuer à repérer et àpromouvoir de nouveaux talents.

Sa devise : « Toujours regarder devantsoi. »

Li Edelkoort, FONDATRICE ET PRÉSIDENTE DE TREND UNION

On la surnomme la « pythie des tendances ». Et pour cause. Son nezvaut de l’or. Depuis ses débuts à Paris, sous la houlette de l’agence Mafiapuis de Nelly Rodi, la Néerlandaise Li Edelkoort n’a pas son pareil pour an-ticiper les phénomènes de mode et analyser les comportements. Fondéeen 1991, son agence Trend Union rassemble aujourd’hui une vingtaine depersonnes, dispersées entre Paris, New York et Tokyo. Dans sa liste de2 000 clients figurent les noms d’Estée Lauder, de Nissan ou de L’Oréal. M. V.

Son actualité en 2009 : l’exposition Archéologie du futur, vingt ans detendances vues par Li Edelkoort.

Ses projets : commissaire de l’exposition PostFossil au 21_21 DesignSight, à Tokyo, à partir de mars 2010. Elle ouvre une nouvelle école de des-ign à Poznan, en Pologne, en octobre 2010.

Sa devise : « Ne jamais accepter un non comme réponse. »

Valérie Hermann,PRÉSIDENTE D’YVES SAINT LAURENT

En septembre, elle a fait son entrée au clas-sement des 50 femmes d’affaires les plus in-fluentes au monde du magazine Fortune. Di-plômée d’HEC, Valérie Hermann a débuté en1985 au Comité Colbert, alors dirigé par l’an-cien président d’Hermès. « Jean-Louis Dumasest la personne qui m’a le plus marquée dansma carrière. J’ai retenu sa théorie du poète etde l’épicier : suivre la vision du créatif et ac-cepter que les chiffres ne mentent jamais. »Passée par la direction commerciale d’Ercuis& Raynaud puis par un fonds d’investissementspécialisé dans le luxe, elle est débauchée en1996 par LVMH, qui lui confie la présidencede la marque John Galliano et la responsabi-lité du prêt-à-porter Dior deux ans plus tard.Nommée à la tête d’Yves Saint Laurent au dé-but de 2005, elle a su retrouver la force du tan-dem manager-créateur au côté du directeurartistique Stefano Pilati. Avec toujours à l’es-prit l’ADN YSL : « L’élégance, la pérennité etun zeste d’irrévérence ». Mère de trois filles,cette Bretonne a remporté le défi de rame-ner à l’équilibre une marque certes mythique,mais dans le rouge depuis plus de dix ans.L’image d’une féminité épanouie associée aupouvoir, qui fut le moteur de la carrière d’uncouturier… Yves Saint Laurent. ! A.-L. Q.

Son actualité en 2009 : elle a rejoint le conseild’administration de la fondation d’entreprisePPR pour la dignité et les droits des femmes.

Ses projets : le redéploiement de la marqueen Asie, le développement de la ligne mas-culine et des parfums.

Sa devise : « Il y a toujours une solutioncréative à un problème. »

Aerin Lauder, VICE-PRÉSIDENTE

DU GROUPE ESTÉE LAUDERUne héritière, c’est ainsi que l’on a long-

temps désigné Aerin Lauder. Petite-fille dela grande Estée : la succession était un peulourde. Sauf à avoir le même type de carac-tère. Après une dizaine d’années passées àfaire ses classes dans tous les services del’entreprise, elle en devient la directrice ar-tistique puis la vice-présidente. L’année 2009a été pour elle l’heure de la consécrationavec le troisième parfum de sa Private Col-lection, Jasmin White Moss, un chypre mo-derne inspiré, dit-elle, par une ancienne for-mule de sa grand-mère. ! M. T.

Son actualité en 2009 : le lancement de sontroisième parfum pour sa Private Collection.

Ses projets : continuer à développer cetteligne très personnelle.

Sa devise : « La même que ma grand-mère :“Quoi que tu fasses, fais-le bien.” »

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Pouvoir et création

Mathilde Cathiard-Thomas,VICE-PRÉSIDENTE DE CAUDALIE

Cette fille de grands sportifs (membres del’équipe de France de ski aux JO de 1968) de-venus entrepreneurs à succès (Go Sport puisChâteau Smith-Haut-Lafitte) a de qui tenir.Cofondatrice de la marque Caudalie avecBertrand, son mari, chargé du business, onlui doit le développement de tous les pro-duits de la marque, leurs textures très pré-cises, leurs parfums délicats, leurs formulestoujours pertinentes. Et surtout l’idée desspas de vinothérapie. ! M. T.

Son actualité en 2009 : l’ouverture du spaCaudalie de l’hôtel Plaza, à New York, et decelui des étangs de Corot, à Ville-d’Avray,dans la région parisienne.

Ses projets : l’ancrage de sa marque auxEtats-Unis.

Sa devise : « Just do it ! »

Natalie MassenetCRÉATRICE DENET-A-PORTER.COM

A sa mère anglaise, ex-manne-quin chez Chanel, elle doit sa pas-sion pour la mode. A son père, amé-ricain, publiciste dans le cinéma, sa fibrecréative. L’aventure débute en 1999. A Lon-dres, où elle réside, Natalie Massenet créela toute première boutique en ligne de vê-tements des plus grandes marques. Elle yajoute des conseils, quelques articles et in-terviews de créateurs. Net-a-porter.com estné. Dix ans plus tard, le site fait la tendance par-tout dans le monde. Il comptabilise quelque 400salariés, plus de 200 marques livrées dans 170 payset, chaque mois, 7 000 nouvelles clientes. Cerisesur le gâteau, il est considéré comme « l’une des100 entreprises où il fait bon vivre en Angleterre »,dixit le Sunday Times cette année. ! V. S.

Son actualité en 2009 : la naissance du petit frère theOutnet.com, spécialisé dans le déstockage, et de Net-App, une applicationpour iPhone.

Ses projets : « Top secret… »Sa devise : « Enjoy your life ! »

Nathalie Obadia, GALERISTE

Elle fait partie des rares femmes de sa génération à diriger une galerie d’art contemporain. Etnon des moindres. Fille de collectionneurs, Nathalie Obadia a grandi dans les galeries et les ate-liers, et n’a toujours rêvé que de ça : vendre des tableaux. « Pour être au cœur de la passion intel-lectuelle et de l’enjeu financier. » Son diplôme de Sciences po en poche, elle se lance à l’assautdu marché de l’art, fait ses armes chez Daniel Templon, puis ouvre, à 30 ans, sa propre maison.D’emblée, elle mise sur de nouveaux talents. Carole Benzaken, Pascal Pinaud… Et ne se trompepas. Défricheuse, cette marchande dans l’âme aime autant l’échange avec les collectionneurs quela découverte de nouveaux artistes. Elle fut la première à parier sur des signatures aujourd’huimajeures comme Fiona Rae ou l’Allemand Albert Oehlen, à qui le musée d’Art moderne de la Villede Paris consacre actuellement une rétrospective. ! M. V.

Son actualité en 2009 : l’ouverture de sa deuxième galerie à Bruxelles.Ses projets : une exposition consacrée à Martin Barré à Berlin, en janvier 2010.Sa devise : « Exister, c’est insister. Et cela marche dans les deux sens ! ».

Lyse Costa,DIRECTRICEDU MARKETING CHEZMARIONNAUD

Elle est la première ache-teuse de beauté en France.Normal : directrice du mar-keting et des produits chezMarionnaud, c’est elle quidécide ce que l’on trouveradans les 560 magasins de lamarque, première enseignenationale du secteur. Le cos-métique ? Elle est tombéededans toute petite. A peinesortie de son école de com-merce à Rouen, elle débuteaux achats des produits hy-giène et beauté pour les hy-permarchés Continent,passe ensuite chez Sephoras’occuper des parfums, puisdevient directrice de labeauté chez Monoprix. De-puis mai 2007, elle est chezMarionnaud, à la tête d’uneéquipe d’une quarantainede personnes. Ici, 20 mil-lions de produits de ma-quillage, de soins ou de par-fums sont vendus chaqueannée. Ses fiertés ? Le lan-cement d’une ligne bio, l’andernier, ou l’associationavec Inès de la Fressangedans un projet caritatif pourNoël cette année… ! G. C.

Son actualité en 2009 : lelancement, au nom de lagriffe, d’une vaste ligne auxfruits (bain, gel, gommage…).

Ses projets : « Fidéliser en-core plus les 9 millions defemmes qui ont une carteMar ionnaud dans leursac ! »

Sa devise : « Gardons lesourire ! On n’est pas obligéd’être sinistre pour être prisau sérieux. »

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Pouvoir et création

Véronique Gautier, PRÉSIDENT DU DIRECTOIRE JEAN PAUL GAULTIER SA

Diplômée d’une école de commerce, cette Niçoise solaire a pris la directionde la maison Jean Paul Gaultier à la fin de 2008, après huit années passéeschez Hermès comme président du directoire des parfums puis directeurgénéral de la maroquinerie. Experte en parfumerie, son nom est associé aulancement de grands jus : XS chez Paco Rabanne, Déclaration chez Cartier(en tant que directeur du marketing des parfums), Terre d’Hermès récem-ment (où elle continue de présider le conseil de surveillance des parfums)…Jugeant « avoir besoin de travailler avec plaisir pour donner le meilleur d’elle-même », elle fonctionne à l’émotion, et « laisse parler ses tripes » quanddiriger oblige souvent à faire fi d’elles. « Le monde de la création est celuidu rêve couplé à une grande rigueur. J’écoute les envies de Jean Paul Gaul-tier pour les transformer en réalité. Mon but est qu’il soit libre. » ! K. P.

Son actualité en 2009 : lancement de Junior Gaultier, ligne pour enfants.Ses projets : un nouveau vestiaire masculin et une gamme de chaus-

sures enrichie, au début de 2010.Sa devise : « Tout est possible. »

Natalie Bader, PRÉSIDENTE

DIRECTRICE GÉNÉRALE

DE FRED

Diplômée de l’Idrac, Natalie Bader a été directrice marketingParfum Beauté chez Chanel, puischez Sephora, avant d’être nom-mée PDG du joaillier Fred en2006. Direct, médiatique, sonstyle tranche avec la discrétionde la place Vendôme. « La joail-lerie a pris beaucoup de retardsur les accessoires. Il faut affir-mer son style et mettre enfin lebijou dans la vie », explique- t-elle. La recette de son succès ?Des boutiques moins intimi-dantes, des campagnes de pubavec Kate Moss, des créationsdesign (les bagues Success Caviar,Skin) qui jouent aussi le joker dela transversalité.

Son actualité en 2009 : Despendentifs-figurines Fredy’s signés Jean-Paul Goude, pourNoël prochain. ! Ch. Br.

Ses projets : une montre mixte(la Gladiateur Collector), des dé-clinaisons du bracelet mythiqueForce 10.

Sa devise : « Ce sont ceux quiosent qui gagnent. »

Yoyo Maeght,DIRECTRICE DES ENTREPRISES

MAEGHTLa Fondation Maeght, sise à Saint-

Paul-de-Vence, rassemble l’une desplus importantes collections d’artmoderne en Europe. Près de200 000 visiteurs viennent chaqueannée y admirer les œuvres de Miro,Calder ou Chagall. En digne héri-tière, Yoyo Maeght continue de fairerayonner ce temple de l’art érigépar son grand-père en 1964. Elle estaussi directrice de Maeght Editeur,le n° 1 de la vente de lithographieset de gravures dans le monde ! 12 000 titres publiés et 1 milliond’euros de chiffre d’affaires par an.Fidèle à la tradition familiale, elleorganise un peu partout des ex-positions pour faire connaître denouvelles signatures. A Paris, elle arécemment présenté le travail duJaponais Aki Kuroda et du graphistechinois Chen Man. Et, dès qu’ellele peut, elle monte des expos à Pé-kin et à New York, où elle vient d’ins-taller des bureaux. ! V. S.

Son actualité en 2009 : premièreparticipation de la galerie Maeghtà l’Armory Show, à New York.

Ses projets : « Former les artistesà la culture des pays dans lesquelsils exposent. »

Sa devise : « Mieux vaut se per-dre dans sa passion que perdre sapassion », d’après une maxime desaint Augustin.

Nicole Lattès, ÉDITRICE

Après des débuts chez Gallimard puis dans la mai-son créée par son époux, Jean-Claude Lattès, ellefonde les éditions NiL en 1993. Depuis, cette femmedécidée, également directrice générale de RobertLaffont, a multiplié les best-sellers, d’Une année enProvence, de Peter Mayle, à Le Moine et le Philosophe,du tandem Revel-Ricard. Son dernier « coup » endate s’appelle Le Cercle littéraire des amateurs d’éplu-chures de patates, de Shaffer et Barrows, un romanépistolaire déjà écoulé à 225 000 exemplaires. Sonprochain défi n’est autre que le premier tome desMémoires de Jacques Chirac : « J’ai déjà édité deuxde ses livres et lui avais dit, à son départ de l’Elysée,que je serais très fière de publier ses souvenirs. Unjour, il m’a dit que le moment était venu… » ! J. D.

Son actualité en 2009 : le succès du roman deShaffer et Barrows et la sortie des Mémoires deJacques Chirac, le 7 novembre.

Ses projets : confidentiels. Sa devise : « “Il faut toujours avoir des rêves assez

grands pour ne pas les perdre de vue pendant qu’onles poursuit.” C’est de Faulkner. »

Elisabeth Ponsolle des Portes, DÉLÉGUÉE GÉNÉRALE DU COMITÉ COLBERT

Le parcours est atypique. Agrégée de lettres classiques, Elisabeth Pon-solle des Portes est d’abord professeure, avant de passer par le minis-tère de la Culture, puis par l’Unesco. En 2003, changement de décor. L’uni-versitaire dans l’âme rejoint le secteur privé et le Comité Colbert. Le filrouge de tout cela ? « Défendre une idée qui m’est chère : le patrimoine.Qu’il soit littéraire, artistique ou industriel. » Au comité, elle œuvre avecles 70 grandes maisons du luxefrançais pour valoriser ce lien siparticulier qui les unit à notre culture. Son défi ? Aider ces mai-sons à s’enraciner dans leur his-toire, mais aussi à se projeter dansl’avenir. Un message qu’elle portepar-delà les frontières : en Chine,en Russie…, et qui participe àconserver le leadership du luxefrançais dans le monde. ! L. B.

Son actualité en 2009 : elle afait plancher les maisons sur ledéveloppement durable. Et vainaugurer cColbert, expo vir-tuelle sur le luxe français, visi-ble dans toute la Chine.

Ses projets : investir les paysdu Golfe en 2010.

Sa devise : « Devoir, dignité,désintéressement. »

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Pouvoir et création

Agnès CrombackPRÉSIDENTE

DE TIFFANY & CO

FRANCE ET BENELUX

Elle a grandi à Lyon, où sesparents dirigeaient la sociétéAugis. Une affaire familialede création de bijoux et mé-dailles née en 1830... ettransmise de père en fils.Belle revanche, Agnès Crom-back est aujourd’hui prési-dente France et Benelux deTiffany, premier joailliermondial. Dès son arrivéedans la maison, en 1999 (dixans tout juste !), elle se fixepour mission d’imposer lagriffe, alors méconnue enFrance. Pour cela, elle tra-vaille année après annéel’image et la communica-tion, se démarquant volon-tairement des grands joail-liers français pour valoriserce qui fait l’âme de Tiffany :le symbole même d’un NewYork glamour et pleind’énergie. Stratégie gagnantepuisque la maison connaîtune notable progression dechiffre d’affaires. Son butdésormais ? Faire du bleuTiffany une couleur aussi reconnaissable – et aussi désirable ! que le fameuxorange Hermès. ! L. B.

Son actualité en 2009 : la(ré) ouverture d’une bou-tique au grand magasin duPrintemps ce mois-ci. Desinaugurations également àBruxelles et à Amsterdam.

Ses projets : agrandir sonréseau de vente en France.

Sa devise : « Inspire and re-quire » (inspirer et exiger)…

Marie-Anne DudouitFONDATRICE DE BLONDE MUSIC

La chanson de Camille, dans le film d’animation Ratatouille,c’est elle. Les 500 000 albums vendus de Rose, encore elle. Le pre-mier disque de Luciole, toujours elle. Marie-Anne Dudouit estéditrice musicale et sait dénicher les talents ! Adolescente, elle nerêvait pourtant que d’une chose : devenir conservatrice de mu-sée. Les hasards de la vie l’entraînent chez Polydor, Virgin, puisFnac Music, où elle découvre le copyright. Un véritable déclic…En 1995, elle crée Blonde Music, une maison d’édition chargéed’accompagner des artistes. Etienne Daho et Cassius lui fontconfiance. Ils ont raison. Aujourd’hui, elle gère les droits d’unequarantaine d’artistes, dont Jane Birkin. ! V. S.

Son actualité en 2009 : le passage de l’édition à la production,comme avec le groupe 1973.

Ses projets : produire plus d’interprètes.Sa devise : « Emettre pour rayonner. »

Véronique Morali,FONDATRICE

DE TERRAFEMINA.COMEnarque, elle aurait pu se contenter

d’une carrière toute tracée. VéroniqueMorali en a décidé autrement. Malgréun agenda de ministre (présidente deFimalac Développement, administra-trice d’Havas…), elle crée, en 2005,Force Femmes, une association pourles recalées de l’emploi après 45 ans.En 2008, naît Terrafemina.com : plusqu’un site pour les femmes, un réseausolidaire qui organise avec succès débats et colloques. ! S. W.

Son actualité en 2009 : la rénova-tion du site, désormais plus inter-actif.

Ses projets : « Ouvrir des antennesrégionales à Bordeaux, Lille et Lyon. »

Sa devise : « Se dépasser et rester attentive aux autres. »

Franka Holtman, DIRECTRICE GÉNÉRALE DE L’HÔTEL MEURICE

Le Meurice était une « belle endormie », il est aujourd’hui l’un des palaces les plus courus de la ca-pitale. Une métamorphose orchestrée par Franka Holtman, déjà passée par le Ritz, le Crillon et le PlazaAthénée. En 2006, elle prend les rênes du plus vieux palace parisien, avec le défi de le réveiller sans ja-mais le trahir. L’énoncé de la localisation manque de glamour ? Elle transforme la formule « rue de Ri-voli » par « face aux Tuileries ». Les salons et les restaurants lui semblent ternes et froids ? Elle a l’au-dace de choisir Philippe Starck, qui lui propose d’en faire un palais de lumière, jouant sur des effetsde miroirs et proposant à sa fille, l’artiste Ara Starck, de peindre une immense tenture couvrant le dômede façon ludique et théâtrale à la fois. Dans la foulée, elle crée un prix Meurice pour l’art contempo-rain et transforme l’ancien jardin d’hiver en restaurant, le Dali, en hommage à celui qui passa ici chaquehiver durant trente ans. Résultat ? La satisfaction des fidèles. De plus en plus nombreux. ! L. B.

Son actualité en 2009 : réalisation d’iPod pour les joggeurs, une terrasse adossée au spa Valmont.Ses projets : restaurer la Belle étoile, la suite la plus vaste et la plus belle du palace.Sa devise : « Sois toi-même. »

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