eugène varlin militant ouvrier, révolutionnaire et communardby jean bruhat

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Institute of History, Research Centre for the Humanities, Hungarian Academy of Sciences Eugène Varlin Militant ouvrier, révolutionnaire et Communard by Jean Bruhat Review by: J. Jemnitz Acta Historica Academiae Scientiarum Hungaricae, T. 26, No. 1/2 (1980), pp. 218-219 Published by: Institute of History, Research Centre for the Humanities, Hungarian Academy of Sciences Stable URL: http://www.jstor.org/stable/42555297 . Accessed: 18/06/2014 06:29 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . Institute of History, Research Centre for the Humanities, Hungarian Academy of Sciences is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Acta Historica Academiae Scientiarum Hungaricae. http://www.jstor.org This content downloaded from 185.2.32.152 on Wed, 18 Jun 2014 06:29:59 AM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

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Eugène Varlin Militant ouvrier, révolutionnaire et Communard by Jean BruhatReview by: J. JemnitzActa Historica Academiae Scientiarum Hungaricae, T. 26, No. 1/2 (1980), pp. 218-219Published by: Institute of History, Research Centre for the Humanities, Hungarian Academy ofSciencesStable URL: http://www.jstor.org/stable/42555297 .

Accessed: 18/06/2014 06:29

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218 Comptes rendus de livres

Jean Bruhat : Eugène Varlin Militant ouvrier , révolutionnaire et Communard . Paris, 1975 A Kommün tagja. Le membre de la Commune. Budapest, 1976, 169 p.

Auteur d'un ouvrage relatant l'histoire de la CGT et de plusieurs livres et études deve- nus tous des œuvres de base, le nom de Jean Bruhat a connu une notoriété certaine parmi ceux qui s'intéressent à l'histoire du mouvement ouvrier français du 19e siècle. Tout en restant fidèle à son ancien « domaine de travail », il l'aborde cette fois sous un « nouvel » aspect : en bio- graphe. Or, il est aussi vrai que cette biographie a pour héros un personnage-clef qui a toujours joui de reconnaissance, d'estime et de vénération dans les milieux de gauche, mais dont l'ap- partenance idéologique a toujours donné lieu à discussion. Bruhat s'impose aussi la mise au point de ces questions, bien qu'il soit hors de doute que ce fût surtout la personnalité modeste mais aussi marquante de son héros qui l'eût attiré ; aussi vise-t-il non seulement à tracer son profil d'histoire d'idées, mais aussi à créer sa biographie complète, malgré l'absence de plusieurs données, due à l'insuffisance des sources, ce qu'il ne cesse lui-même de souligner.

Certes, la genèse des œuvres écrits est une affaire assez singulière, et Bruhat, qui a été un des pionniers de l'historiographie du mouvement ouvrier français, se réclame aussi aujour- d'hui des ouvrages des spécialistes et des collègues plus jeunes (Choury, Rougerie, Moisonier). Or, après avoir recueilli toutes les sources archivistiques et imprimées accessibles, l'auteur est pourtant conscient du défi que l'on porte partout - et le plus sensiblement en France - aux biographies. C'est donc ainsi que s'expliquent les premières lignes de son ouvrage : « La bio- graphie est un genre contesté et compromis. Aujourd'hui, on voit plutôt la vogue des recherches quantitatives.» Puis, tout en admettant, voire même démontrant la nouveauté que cette re- cherche « quantitative » avait apporté sur le plan de l'étude de l'histoire de la Commune, il passe à la carrière de son héros, d'autant plus qu'il n'aboutira pas très loin avec les méthodes de l'historiographie quantitative, car son sujet veut la prise des traits individuels et, au cas de Varlin, il faut souligner le rôle important des éléments conscients et moraux.

Avant de mettre en relief certains de ces traits à la base de l'ouvrage de Bruhat, il y a lieu de faire quelques remarques générales sur cette œuvre. Il est évident que l'auteur porte un dévouement absolu pour son héros - dévouement que Varlin a sans doute mérité. Mais nous ferons remarquer ici que Bruhat a beaucoup mieux réussi à représenter le processus de la « prise de conscience » du jeune Varlin, devenu dirigeant ouvrier, activiste syndical et mem- bre de l'Internationale par la suite, qu'à retracer son activité durant la Commune. Conscient de ce problème, Bruhat, loin de vouloir le passer sous silence, dit lui-même que Varlin semble souvent être disparu au temps de la Commune ; toutefois, la question est de savoir si son humble « travail de nègre » quotidien comme commissaire de finances, exécuté d'ailleurs avec une application scrupuleuse et un puritanisme rigoureux, l'eût en effet absorbé à tel point qu'il eût été le plus souvent absent aux débats. Or, compte tenu du grand nombre de différents procès verbaux que nous possédons, il paraît peu probable qu'il eût si rarement participé aux séances de la Commune. De toute manière, Bruhat ne s'appuie que très peu sur ces procès- verbaux pour citer les paroles de son héros, ce qui fait ici un contraste frappant, car, durant l'étude des années 1869 - 1870, il puisait en abondance dans les journaux d'opposition - notamment dans la Marseillaise -, aussi bien que dans les divers organes syndicaux pour citer ses arguments.

C'est un fait connu que les organisations ouvrières de l'époque de la lère Internationale recrutèrent presque exclusivement des ouvriers spécialisés travaillant dans l'industrie manu- facturière qui se déplaçaient plus ou moins aisément et qui, tout en travaillant pour pourvoir à leurs propres besoins, avaient aussi le temps de se cultiver, pour devenir par la suite non seulement d'excellents orateurs, mais aussi des publicistes, rédacteurs et éditeurs autodidactes (Jung, Eccarius, Frankel, Mora, Bebel, etc.). Cela était alors quelque chose de nouveau et en France et dans toute l'Europe. C'est justement le processus que Bruhat a réussi à saisir le mieux. Il analyse les débuts de l' autoéducation du jeune Varlin, les possibilités que lui offrait la deuxi- ème période spécifique de « protection ouvrière » de l'époque singulière du Second Empire. Bruhat apporte aussi beaucoup de soins à démontrer dans quelle mesure ce « paternalisme » venu du haut s'avéra insuffisant, comment les organisations ouvrières dépassèrent les limites trop étroites qui leur avaient été assignées, et dans cette optique cite en abondance des écrits de Varlin, datant de la deuxième moitié des années 1860, quand celui-ci dirigeait diverses organisations syndicales (par exemple celle des relieurs) et des sociétés coopératives de consom- mation et publiait des articles dns les journaux syndicalistes les plus divers, dont la gamme très étendue nous frappe ; aussi sommes-nous fort reconnaissants à Bruhat d'avoir « exhumé » (même des organes syndicaux mineurs) les articles de Varlin, qui passe à la fin des années 1860

Acta Histórica Academiae Scientiarum Hungaricae 26, 1980

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Comptes rendus de livres 219

pour un dirigeant ouvrier de notoriété nationale et devient une des personnalités marquantes de la rédaction de « la Marseillaise », journal d'opposition de Rochefort. Mais Bruhat a aussi d'autres mérites. Sans faire de phrases, mais d'une manière d'autant

plus convaincante, il met sous son vrai jour non seulement le divorce des organisations ouvrières d'avec les patrons bonapartistes, mais aussi leur alliance puis leur rupture avec l'opposition libérale du régime. Ce processus est très clair jusqu'en 1869 ; il l'est malheureusement moins par la suite. En effet cette question se pose encore en mai 1870, au moment où Varlin, chargé soudain d'un poste comportant de graves responsabilités, doit traiter avec les maires d'arron- dissement et les députés de Paris. Yarlin ne vise alors qu'à des compromis ; avant le 18 mars, il s'avéra un dirigeant circonspect, conscient de ses responsabilités, et Bruhat souligne ici à juste titre la coïncidence de points de vue et d'angoisse entre les jugements de Varlin et ceux de Marx.

Cependant il paraît qu'il y a certains points sur lesquels Bruhat n'arrive pas non plus à donner une réponse satisfaisante. Tout en traçant une image convaincante des étapes précé- dentes de l'évolution de son héros (divorce d'avec le paternalisme bonapartiste, puis d'avec les libéraux bourgeois), tout en démontrant d'une manière plastique que Varlin alla à l'en- contre de certaines doctrines proudhoniennes antipolitiques et des tendences ouvriéristes pour préparer la conquête réelle des libertés politiques, Bruhat n'arrive pas à résoudre certains pro- blèmes plus délicats. Certes, il fournit une analyse excellente de la dissidence des proudhoniens de gauche du sein du bloc proudhonien et de l'opposition de Varlin, devenu un des personnages les plus influents de ce groupe, avec Tolain sur plusieurs points, comme par exemple l'égalité et l'emploi des femmes, le soutien des grèves, la conquête des libertés politiques, et surtout la socialisation des terres et des moyens de production, question fondamentale du mouvement ouvrier. Mais il y a aussi une autre question qui remonte à plusieurs dizaines d'années - à savoir si Varlin était vraiment un précurseur de la tendance syndicaliste -, question « provo- cante » à laquelle Bruhat évite de répondre en n'en faisant même pas mention. Or, toujours est-il que Varlin, à la veille de l'avènement de la Commune, était en correspondance avec Bastelica, Richard et même avec Guillaume, qui passaient tous pour des bakouninistes connus. Certes, le fait est que, malgré les efforts de Guillaume, ils ne réussirent jamais à l'enrôler parmi les membres de l'Alliance, bien que son influence fût connue de Bakounine même. Bruhat met du soin à élucider cette question qui n'est pas sans importance ; cela est en rapport étroit avec le fait que Varlin, bien qu'il eût participé aux actions d'octobre 1870 et de janvier 1871, s'op- posa en effet à cette tactique de coup d'Etat hâtif. Sur ce plan, Bruhat apporte des preuves, fournit des arguments convaincants ; ce qui nous reste à regretter, c'est que l'auteur n'a pas suffisamment développé le problème du « modèle de socialisme » de Varlin, surtout en ce qui concerne le point de controverse que nous venons de mentionner.

J. Jemnit z

Histoire Générale du Socialisme

Publiée sous la direction de Jacques Droz . Tome 2. De 1875 à 1918. Paris, 1974, 674 pp.

L'époque de la IIe Internationale a une abondante littérature historique. Dans le pré- sent compte-rendu il n'y a évidemment pas de possibilité de procéder à quelqu'esquisse his- toriographique, il n'en est pas moins nécessaire de noter que ce nouvel ouvrage d'une collecti- vité française n'est pas un phénomène dû « au hasard ». Après la seconde guerre mondiale nombreux ouvrages importants ont vu le jour, et ici il suffit peut-être de citer des monographies imposantes telles que les ouvrages de G. D. H. Cole, J. Braunthal, E. Dolleans. Ces synthèses d'envergure représentent des aspects particulieurs aussi parce que chacun de ces auteurs « participait » en contemporain à la vie de ces mouvements, partis, syndicats. Ensuite appa- rurent les monographies de la jeune génération (il suffit de nous référer aux ouvrages de Joli, Haupt, Krivoguz). Evidemment, une place à part revient à l'entreprise collective soviétique. C'est que l'ouvrage en deux tomes, approfondi, richement documenté, paru en 1965 - 66, est, vu ses dimensions, le plus proche de l'œuvre française dont nous allons ici rendre compte. Les deux ouvrages, français et soviétique se ressemblent en ce que chaque membre du collectif d'auteurs est soviétique, respectivement français. Cependant, le caractère des deux volumes est différent en ce que l'ouvrage soviétique, dont déjà le titre est, certes, plus délimité, est centré pratiquement sur la IIe Internationale, les auteurs suivent les congrès internationaux

Acta Histórica Academiae Scientiarum Hungaricae 26, 1980

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