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Volume collectif La Route de l’Esclave, UNESCO 1 Esclavage et abolitions, colonies françaises, recherche et transmission des connaissances Nelly Schmidt Résumé La connaissance de l’histoire de la traite humaine transatlantique et du système esclavagiste dans les Caraïbes a beaucoup progressé depuis le dernier tiers du XXe siècle. L’analyse des conditions de leurs abolitions permet aujourd’hui de répondre à de nombreuses questions qui se posent encore dans les pays concernés par ces phénomènes. Des lacunes subsistent toutefois. Le long oubli du passé dont cette histoire a souffert a engendré l’élaboration de mythes, généré des célébrations le plus souvent infructueuses malgré les objectifs affichés. Les médiateurs de cette histoire que sont l’enseignement, les organismes de recherche, les diverses manifestations de la mémoire publique par les commémorations les plus diverses, les médias ou les vecteurs audiovisuels, proposent aujourd’hui une offre considérable d’informations. Ce chapitre propose un bref état des connaissances et des pistes de recherche et travaux à effectuer dans ces différents domaines en ce qui concerne les colonies françaises. Une synthèse – non exhaustive – des voies d’accès aux réalisations existantes est ensuite proposée, ainsi qu’une sélection bibliographique française, devant ouvrir les indispensables perspectives comparatives avec les autres aires géographiques. ***** La recherche historique, et plus généralement dans les domaines des sciences humaines et sociales, a connu à partir des années 1960-1970, une évolution déterminante au sujet des colonies ayant subi la traite négrière et l’esclavage. Les mouvements sociaux et politiques qui s’y produisirent alors ont induit un renouveau des questions que les contemporains posèrent à l’histoire. Les colonies françaises des Caraïbes, dont environ 80% des populations totales vécurent sous le régime esclavagiste depuis le XVIIe siècle, connurent une expérience spécifique, celle d’une première abolition de l’esclavage - en 1794 -, du rétablissement de la servitude en 1802 puis d’une seconde abolition, définitive, en 1848.

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Volume collectif La Route de l’Esclave, UNESCO

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Esclavage et abolitions, colonies françaises, recherche et transmission des connaissances

Nelly Schmidt

Résumé

La connaissance de l’histoire de la traite humaine transatlantique et du système esclavagiste

dans les Caraïbes a beaucoup progressé depuis le dernier tiers du XXe siècle. L’analyse des

conditions de leurs abolitions permet aujourd’hui de répondre à de nombreuses questions qui

se posent encore dans les pays concernés par ces phénomènes. Des lacunes subsistent

toutefois. Le long oubli du passé dont cette histoire a souffert a engendré l’élaboration de

mythes, généré des célébrations le plus souvent infructueuses malgré les objectifs affichés.

Les médiateurs de cette histoire que sont l’enseignement, les organismes de recherche, les

diverses manifestations de la mémoire publique par les commémorations les plus diverses, les

médias ou les vecteurs audiovisuels, proposent aujourd’hui une offre considérable

d’informations.

Ce chapitre propose un bref état des connaissances et des pistes de recherche et

travaux à effectuer dans ces différents domaines en ce qui concerne les colonies françaises.

Une synthèse – non exhaustive – des voies d’accès aux réalisations existantes est ensuite

proposée, ainsi qu’une sélection bibliographique française, devant ouvrir les indispensables

perspectives comparatives avec les autres aires géographiques.

*****

La recherche historique, et plus généralement dans les domaines des sciences humaines et

sociales, a connu à partir des années 1960-1970, une évolution déterminante au sujet des

colonies ayant subi la traite négrière et l’esclavage. Les mouvements sociaux et politiques qui

s’y produisirent alors ont induit un renouveau des questions que les contemporains posèrent à

l’histoire. Les colonies françaises des Caraïbes, dont environ 80% des populations totales

vécurent sous le régime esclavagiste depuis le XVIIe siècle, connurent une expérience

spécifique, celle d’une première abolition de l’esclavage - en 1794 -, du rétablissement de la

servitude en 1802 puis d’une seconde abolition, définitive, en 1848.

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Comme ce fut le cas pour l’ensemble des colonies des Caraïbes-Amériques, l’histoire

y fut longtemps écrite par des colons-planteurs, des administrateurs, des juristes qui

transmirent une image pour le moins incomplète, voire erronée et mythifiée des réalités. Leurs

écrits furent en fait un ensemble de revendications liées aux contextes successifs : désir de

liberté commerciale, doléances en faveur d’une autonomie politique à l’instar des possessions

britanniques, mais aussi de l’envoi de forces de l’ordre plus importantes. En contrepoint,

aucun témoignage d’esclave, que ce fût pendant la période esclavagiste ou au moment de

l’abolition, n’est disponible. Il s’agit d’une lacune grave et profonde dans le corpus de

documents dont disposent les historiens.

Autre caractéristique de l’accès à la connaissance du passé des colonies françaises :

l’écriture de leur histoire et sa transmission ont souffert depuis les événements de Saint-

Domingue/Haïti en 1791-1804, puis à partir de l’abolition de 1848, d’une politique d’oubli du

passé savamment maîtrisée. L’apparition de mythes historiques de longue durée fut la

conséquence majeure – et durable – de cet état de fait.

Enfin, cette histoire qui fut longtemps dominée par une orientation coloniale, demeura

jusqu’aux années 1960-1970 à l’écart des progrès de l’Ecole historique française. Ce n’est

qu’à partir de cette période en effet, que des questions nouvelles furent posées, que les

documents officiels furent réexaminés et confrontés à des sources différentes. Chaque

génération réécrit son histoire, dit-on. Elle relit les textes, en découvre de nouveaux, multiplie

et confronte les informations : écrites, orales, littéraires, archéologiques, artistiques. Depuis

trois décennies, les travaux de recherche sur la traite humaine transatlantique, le système

esclavagiste aux Caraïbes-Amériques, les abolitions et leurs lendemains ont à nouveau

progressé, permettant un réel renouvellement de l’historiographie et une rupture avec la

canalisation de la mémoire.

La célébration en 1998 du 150e anniversaire de la suppression de l’esclavage dans les

colonies françaises puis, en 2001, la reconnaissance de la traite négrière et de l’esclavage en

tant que crimes contre l’humanité par la Conférence mondiale de l’ONU contre le racisme, la

discrimination raciale, la xénophobie et l'intolérance réunie à Durban et par le parlement

français – par le vote de la loi du 21 mai 2001 - ont ouvert des débats souvent fructueux. Mais

l’ensemble des progrès et des acquis est encore loin de compte dans de nombreux domaines.

La canalisation de la mémoire fit appel à des modes de transmission spécifiques -

enseignement, commémorations - et généra des mythes très construits, susceptibles de résister

aux réalités comme au temps. De fait, beaucoup de constructions mythiques des lendemains

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immédiats de l’abolition de 1848 survivent de nos jours encore. Commémorations et

programmes d’enseignement en sont encore porteurs. En France et dans ses anciennes

colonies, les citoyens, comme les historiens, interrogent encore les révolutions de 1848,

tentent de dénouer les ambiguïtés que la période de l’abolition de l’esclavage révéla et suscita.

Peut-être convient-il de rappeler ici que lorsqu’un historien pénètre cet univers de

misère, d’incohérence, mais aussi de puissance économique, de force politique et de

coercition que fut aux Caraïbes-Amériques, du XVIe au XIXe siècle, celui de la traite

négrière et d’un esclavage massif, il s’aperçoit bien vite qu’aucune norme, aucun critère usuel

d’évaluation et de construction de l’histoire ne fonctionne, aucun n’est adapté à un tel

processus historique, jusqu’alors inédit. Aucune comparaison à d’autres systèmes

d’enfermement et d’exploitation de travail forcé n’est opérante.

Ce chapitre propose un rapide état des connaissances et des ressources auxquelles

chacun pourra recourir en fonction de sa demande, de ses besoins.

L’histoire complexe des réseaux de traite humaine d’Afrique vers les Caraïbes-

Amériques et celle du système esclavagiste ont fait l’objet de nombreux travaux. Ces points

de repère présentent certains axes des recherches effectuées ou qui restent à entreprendre.

Traite négrière et système esclavagiste

Les grands circuits de traite humaine au départ des côtes africaines sont de mieux en mieux

connus. L’UNESCO soutient des recherches archéologiques et le recueil de la tradition orale,

traces et témoignages déterminants de ce long passé de trafics humains (voir en

bibliographie : Gueye, Niane, Mikala). Le déroulement des opérations de traite, tant du point

de vue commercial, stratégique que matériel est de mieux en mieux connu. Les négociations

entreprises sur le continent africain, l’installation de comptoirs, la construction de forts ont

fait l’objet de recherches archivistiques. Il en est de même de l’équipement des navires, des

approvisionnements en marchandises d’échange, en eau et en nourriture pour la traversée de

l’Atlantique, du maintien de l’ordre à bord, de la mortalité des captifs et des équipages.

Les débuts de la traite française, à partir du milieu du XVe siècle, demeurent pourtant

mal connus. Les sources relatives aux premiers armements ne sont pas disponibles, ou si peu

nombreuses. Les réseaux financiers qui sous-tendirent ce trafic en Europe et plus

particulièrement en France ont toutefois fait l’objet de travaux de recherche relativement

ponctuels qui devraient aboutir à une synthèse des intérêts impliqués dans ce type

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d’opérations, qu’il s’agisse des financiers, des armateurs, des assureurs. Il devrait en être de

même des manufactures multiples qui, depuis les arrière-pays côtiers, fournirent pendant

quatre siècles les denrées commerciales de toutes sortes embarquées pour les colonies (voir en

bibliographie : Thomas, Daget, Deveau, Pétré-Grenouilleau).

Les enjeux économiques liés à ce trafic humain appellent par conséquent des travaux

complémentaires. Toutes les sources de financement et les réseaux d’intérêts n’ont pas été

repérés. De nombreux fonds documentaires ont disparu ou demeurent hors d’atteinte, n’ayant

pas fait l’objet de versement aux archives publiques. Les chiffres les plus extrêmes furent

avancés concernant les bénéfices tirés de cette activité économique qui, bien que

particulièrement risquée, n’en dura pas moins de trois siècles de manière légale et se

poursuivit de manière intensive de manière illégale au XIXe siècle.

Les récits de circuits de traite - qui pouvaient durer jusqu’à un an et demi - sont rares

pour les domaines maritimes français. Il en est de même des relations de révoltes de captifs -

pourtant nombreuses - sur les côtes africaines et sur les navires en cours de traversée. La

résistance aux razzias et aux circuits de traite en Afrique – liés aux réseaux

d’approvisionnement des traites des océans Indien et Atlantique - est progressivement mieux

connue. Archéologues et historiens africains confrontent leurs données à la tradition orale elle

aussi recueillie (en bibliographie : travaux de l’UNESCO).

Une autre piste documentaire à exploiter est le recours aux archives étrangères sur le

même sujet, dans une démarche comparatiste. Les rivalités apparues entre puissances

européennes dès les débuts de la traite transatlantique, dans les années 1440, ont généré des

témoignages qui devraient permettre des repérages comparatifs, indiquant par exemple la

présence de négociants et capitaines européens sur les côtes africaines, les traités passés avec

divers royaumes des lieux et les conflits qu’ils purent provoquer.

Quant aux chiffres, et plus précisément au nombre de captifs victimes de ce trafic, la

plus grande réserve doit être observée. Si des dénombrements minutieux ont été effectués

(voir en bibliographie : Mettas, Daget), il n’en reste pas moins que tous les documents de

traite ne furent pas examinés, tous les capitaines et armateurs ne procédèrent pas aux

déclarations pourtant obligatoires aux amirautés, tous les documents d’amirautés ne furent pas

conservés. Les déclarations de vente d’esclaves ne furent pas toutes exactes, loin de là. Par

ailleurs, de nombreux navires des ports français se livrèrent à la traite illégale après la période

d’interdiction allant du Congrès de Vienne en 1815 à la dernière loi française réprimant ce

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trafic en 1831. Dans les colonies, peu, voire aucune trace de l’arrivée des navires négriers et

des comptes rendus de vente de leurs cargaisons humaines n’a été conservée.

Le commerce des êtres humains alimentant plantations et mines des Caraïbes eut

également lieu sur place, des circuits de traite reliant le Brésil, les côtes du golfe du Mexique,

celles de l’Amérique du Nord et les Caraïbes insulaires. Un trafic constant, du XVIe au XIXe

siècle, quasiment non chiffrable, mais qu’il convient de prendre en considération. Guadeloupe

et Martinique reçurent pendant trois siècles des esclaves en provenance d’autres colonies de la

région des Caraïbes, insulaires et continentales (cf. en bibliographie : Lara, Caraïbes en

construction), dont le trafic s’opérait par les plaques tournantes de la traite humaines que

furent Saint-Thomas, Saint-Martin ou Saint-Barthélemy. Peu de traces subsistent, enfin, des

circuits que les navires négriers entreprenaient avant de repartir vers l’Europe. Beaucoup

d’entre eux, en effet, effectuaient des rotations vers l’Amérique du Nord, jusqu’au Canada et à

Terre-Neuve, ramenant par exemple du bois et des barriques de morue séchée ou salée. Ainsi

la notion de « commerce triangulaire » apparaît-elle bien simpliste (voir en bibliographie :

l’ensemble de la rubrique « Traite négrière »).

Le formidable moteur économique que devinrent les colonies européennes des

Caraïbes à partir du XVIIe siècle, jusqu’au milieu du XIXe - elles exportaient dans les années

1770, en valeur, deux fois et demie plus que les Treize Colonies d’Amérique du Nord avec

une population deux fois moindre - reposait sur la réduction en esclavage de 80 à 90% de

leurs populations totales et sur un système de contrôle et de mort sociale alors inédit. Le sucre

représentait, dans les colonies françaises, 80% des exportations.

La rentabilité du système n’est plus remise en question. Les techniques de production

demeurèrent longtemps relativement archaïques, mais les planteurs ou leurs administrateurs

avaient rapidement maîtrisé la gestion économique des exploitations et les circuits de vente.

Ils maîtrisèrent également le régime d’oppression imposé aux esclaves, le système qui leur

permettait, en toute légalité et en toute impunité, d’imposer des châtiments et d’exercer leur

droit de vie et de mort dans le secret de ce qu’il était convenu d’appeler leurs « habitations ».

Un terme très édulcoré, spécifique aux colonies françaises, désignant à l’époque les

exploitations de ceux qu’on appelait les « habitants », c’est-à-dire les colons propriétaires. Un

terme que l’historien cite entre guillemets, mais qui est emprunt d’une connotation d’accueil

et de protection qui correspond mal à la réalité esclavagiste. Le mot « plantation », utilisé

dans le domaine britannique, indique de manière plus exacte les fonctions de ce type

d’exploitation vouée exclusivement au travail, à la production et à son exportation.

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Il convient de signaler la grande rareté et la disparité des archives émanant de

plantations – inventaires, comptes, correspondances – pour les colonies françaises. Seuls sont

conservés en fonds publics des bribes de documents relatifs à des plantations de Saint-

Domingue ou de Martinique pour le XVIIIe siècle et un fonds documentaire pour une

exploitation de Guadeloupe dans la première moitié du XIXe siècle, récemment acquis par les

Archives nationales (voir en bibliographie : Schmidt). Ceci explique que depuis les

descriptions du travail, des techniques de production utilisées sur ces exploitations, des

conditions de vie des esclaves ou des châtiments subis, publiées par des observateurs

voyageurs ou missionnaires aux XVIIIe et XIXe siècles, la connaissance du quotidien des

esclaves a relativement peu progressé. Les données démographiques, dans ces conditions,

demeurent davantage des suppositions et hypothèses que des résultats de calculs opérés sur

des données nombreuses et fiables. Les documents émanant

Une plantation dans une colonie des Caraïbes. Gravure italienne, 1820.Coll. UNESCO.

des planteurs des colonies françaises – correspondance, journaux – sont eux aussi

relativement rares, contrairement aux possessions britanniques1.

1 Des journaux et des éléments de correspondance de planteurs ont été publiés, tels le Journal de Pierre Dessalles, parus sous le titre La vie d’un colon à la Martinique au XIXe siècle, vol. I à IV, édité par Henri de Frémont et Léo Elisabeth, Courbevoie, H. de Frémont, 1980-1986. Voir également les journaux de Elodie Dujon-Jourdain et Renée Dormoy-Léger publiés par Henriette Levillain sous le titre Mémoires de Békées, Paris, Editions L’Harmattan, vol.I,

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Les Caraïbes devinrent dès la fin du XVIIe siècle un lieu global de coercition et de

répression. Les gouvernements européens élaborèrent tous pour leurs territoires coloniaux une

série de réglementations de la mort sociale des esclaves et de terreur répressive, sans cesse

renouvelées. Un contrôle social particulièrement coercitif inscrit dans ce qu’il fut convenu

d’appeler les coutumes coloniales puis dans le Code noir de 1685 (voir en bibliographie :

Sala-Molins, Lara). Un système mortifère dans lequel on estime que pour un captif africain

parvenu vivant aux Caraïbes-Amériques, cinq autres étaient morts en amont, au cours de leur

capture en Afrique, sur les chemins menant vers les côtes, dans les baracoons côtiers ou à

bord des navires négriers. Les nouveaux arrivés dans les colonies avaient une espérance de vie

de cinq à six ans. 40 à 50% d’entre eux mouraient dans la première année suivant leur

débarquement.

Une longue succession de mesures réglementaires fixa sans cesse l’encadrement des

esclaves, le contrôle de leurs travaux, de leurs déplacements, de leurs éventuelles activités

hors des plantations, des événements de leur vie ainsi que la grande liberté d’action, de

décision de châtiment des maîtres à leur égard. En 1771, l’intendant nouvellement nommé

dans la riche colonie française de Saint-Domingue recevait des instructions dénuées

d’ambiguïté. Il était en effet précisé : « Si quelques maîtres abusaient de leur pouvoir, il faut,

en les réprimant en secret, laisser toujours croire aux esclaves que les premiers ne peuvent

avoir de torts envers eux » (Archives nationales d’outre-mer, Instructions du 24 avril 1771, C

9A/139).

2002, et le journal d’Elodie Huc, publié sous le même titre, ibidem, vol. 2, 2006. Des lettres, notes et extraits du journal personnel de Victor Schœlcher ont été publiés et sont en cours de parution, par Nelly Schmidt : La correspondance de Victor Schœlcher, Editions Maisonneuve et Larose, Paris, 1995, et Victor Schœlcher, Documents inédits, Editions l’Harmattan, Paris, 3 vol., 2007-2008. Au sujet des archives de plantations, signalons par exemple les travaux de Gabriel Debien qui rechercha notamment des archives de plantations de Saint-Domingue. Voir la collection de ses Notes coloniales conservée à la Bibliothèque nationale de France.

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Marcel Verdier, « Le châtiment des quatre-piquets », conservé à la Menil Foundation, Houston, Texas. Le tableau fut refusé au Salon du Louvre (Paris) en 1847, comme risquant de provoquer de la part du public « la haine de l’esclavage »… (Archives du Musée du Louvre, « Les Salons du Louvre », Paris). © Menil Foundation, Houston, Texas, Etats-Unis.

Les historiens disposent d’un ensemble de descriptions, de témoignages parfois directs

d’observateurs s’étant rendus sur place, quant à la violence, tant physique que morale,

imposée aux esclaves. Les procès intentés à des maîtres ou aux commandeurs de leurs

plantations pour sévices illégaux se multiplièrent dans les années 1840. Leurs comptes rendus

fournissent aux historiens des informations plus précises et concrètes sur les conditions de

survie des esclaves et sur les relations qui s’étaient établies entre maîtres de plantations et

autorités coloniales. Le processus de discrimination et d’exclusion sociale imposé aux

esclaves – et aux « libres de couleurs » - est de mieux en mieux connu, mais là encore, de

nouvelles investigations devraient aboutir à une perception plus précise de la réalité. Les

sources judiciaires et les éléments de correspondance relatifs aux affaires jugées n’ont pas

encore fait l’objet d’une analyse spécifique.

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Plantation Murat, Marie-Galante, Guadeloupe. © Conseil général de la Guadeloupe

Résistance et survie

Le phénomène de résistance des esclaves, dans ses dimensions individuelles et collectives, a

fait l’objet de travaux relativement peu nombreux. Il demeure mal connu au regard des indices

et témoignages de moyens de survie qui émergent encore des sources. Il est trop souvent

convenu de considérer les actes de résistance comme connus d’une part, et en tant

qu’incidents ponctuels nuisant à la prospérité des colonies d’autre part. Des incidents qu’il

convenait simplement de régler par des renforts de troupes et une augmentation des membres

des milices locales.

Mais captifs et esclaves des colonies françaises opposèrent les modalités de résistance

les plus diverses à leur condition. Les observateurs partisans de la suppression de l’esclavage

eux-mêmes ne reconnurent pas à ces actes de refus de la servitude la valeur et le rôle qu’ils

jouèrent réellement. On nia jusqu’aux années 1960 toute conception sociale et politique de

leur action de la part des esclaves eux-mêmes. En conséquence, peu de travaux furent

consacrés à la culture, aux connaissances que possédaient les captifs africains à leur arrivée

dans les colonies des Caraïbes (voir toutefois en bibliographie : Lara, De l’Afrique à l’aire des

Caraïbes).

L’historiographie coloniale exerce encore une influence regrettable quant aux

caractéristiques attribuées par les planteurs et par certains administrateurs coloniaux aux

esclaves qualifiés par les uns de « paisibles et travailleurs », par les autres de « paresseux »,

« belliqueux » ou enclins à la révolte. Des qualificatifs attribués en fonction de l’origine

géographique supposée des captifs en provenance d’Afrique. Les rébellions qui éclatèrent

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régulièrement depuis les débuts de la colonisation à la fin du XVIe siècle et au début du

XVIIe furent considérées comme de regrettables incidents portant atteinte à la prospérité

attendue. Il en était encore de même dans la première moitié du XIXe siècle lorsque le

ministère français de la Marine et des Colonies, alors que l’abolition de l’esclavage était votée

par le parlement britannique, demandait à une commission spéciale de réviser le Code noir et

la réglementation qui avait suivi au XVIIIe siècle afin de renforcer les cadres du contrôle

social.

Le marronnage dans les colonies françaises, en Guadeloupe, en Martinique, à La

Réunion et en Guyane appelle également des recherches complémentaires. La survie des

Nègres marrons dans les montagnes de la Basse-Terre en Guadeloupe, dans celles de la

Martinique et de La Réunion et dans la forêt guyanaise n’a fait l’objet, sous la plume même

des abolitionnistes occidentaux de la fin du XVIIIe siècle et du XIXe, que de mentions

rapides et superficielles. Certains historiens ont toutefois fait progresser la connaissance de

ces phénomènes en reliant l’analyse de la résistance à la traite humaine en Afrique aux

modalités et au développement du marronnage aux Caraïbes-Amériques (voir en

bibliographie : Lara, Fouchard, Hector, Moïse).

Scène de poursuite d’un esclave fugitif, ou Nègre marron. © Coll. UNESCO.

Enfin, rares mais déterminantes sont les sources qui permettent depuis peu d’entrevoir,

en Guadeloupe, en Martinique, comme dans les îles voisines aux Caraïbes, l’existence de

réseaux de résistance et de survie sociale souterrains. Des « sociétés » ou « convois »

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d’esclaves, héritiers des « nations » de captifs récemment arrivés dans les colonies, vecteurs

d’entraide sociale, se manifestèrent le plus souvent à l’occasion de cérémonies funéraires.

Leurs fonctions étaient toutefois beaucoup plus larges et en firent des contre-pouvoirs

clandestins particulièrement redoutés des planteurs et des autorités coloniales.

L’histoire judiciaire, les comptes rendus de procès d’esclaves, au même titre que des

correspondances et témoignages privés, devraient faire l’objet de recherche approfondies et

dans la longue durée de l’histoire de ces colonies. Si l’organisation du gouvernement colonial,

celle de la production, de la coercition et du châtiment sont de mieux en mieux connues, que

de pans d’ombre subsistent encore, effectivement, dans notre connaissance des réactions de

survie qu’impliqua le système esclavagiste.

Les voix de la liberté

L’historiographie occidentale des abolitions de l’esclavage a peu retenu le rôle des esclaves et

de leur résistance dans le processus de suppression de la servitude. Rares furent les

abolitionnistes à reconnaître l’impact des rébellions d’esclaves et de la tension sociale

pourtant permanente dans les colonies sur les décisions d’abolition. Rares, également, furent

les historiens, jusqu’aux années 1960, à étudier et à reconnaître le rôle pourtant déterminant

des phénomènes de résistance au système des premiers abolitionnistes que furent les esclaves

eux-mêmes.

En Guadeloupe, en Martinique, en Guyane, à La Réunion, les révoltes d’esclaves, les

menaces de soulèvements et les faits de marronnage se succédèrent de manière constante,

entretenant des peurs sociales constantes. Les instructions aux gouverneurs, les rapports des

procureurs témoignent d’une perpétuelle adaptation des mesures de contrôle social et du

renouvellement continu des mesures de répression, seuls garants de la perpétuation du

système colonial.

Jusqu’au début de l’année 1848, à la veille de l’abolition de l’esclavage, des procès de

planteurs pour cruautés eurent lieu. À la même époque, certains magistrats, des religieux ou

des membres des forces de l’ordre choisissaient de transmettre à des abolitionnistes les

comptes rendus des affaires les plus scandaleuses.

La création en 1820 de la Société de la Morale Chrétienne et de son comité contre la

traite et l’esclavage, avait relancé une activité antiesclavagiste réduite à néant sous l’Empire.

L’abolition britannique de 1833 était suivie, en 1834, de la fondation de la Société Française

pour l’Abolition de l’Esclavage à Paris. Les abolitionnistes britanniques, et notamment la

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British and Foreign Anti-Slavery Society, menaient d’actives campagnes pour la suppression

immédiate de l’esclavage colonial dans les pays européens et notamment en France (voir en

bibliographie : Schmidt, Vergès).

Médaillon abolitionniste « Ne suis-je pas un homme : un frère ? », fin du XVIIIe siècle, réalisé en 1789 par la Manufacture royale de Sèvres, inspiré du médaillon conçu par le céramiste anglais Wedgwood en 1788. Ce médaillon fut décliné sous diverses formes jusqu’au XXe siècle par de nombreux mouvements et organismes antiesclavagistes. © Musée national Adrien Dubouché, Limoges.

L’abolition de l’esclavage proclamée à Saint-Domingue en 1793, dans le contexte de

la rébellion des esclaves déclenchée en août 1791, fut confirmée par le vote de la Convention

en février 1794 et devint effective en Guadeloupe et en Guyane. L’ordre colonial et la

présence des autorités françaises firent toutefois l’objet d’une remise en cause à Saint-

Domingue – où Toussaint Louverture promulgua une nouvelle constitution - et en

Guadeloupe.

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Nicolas-André Monsiau, « L’abolition de l’esclavage par la Convention, le 16 pluviôse an II (4 février 1794) », 1794. L’original est conservé au Musée Carnavalet, Paris. © Coll. UNESCO.

Sur ordre du Premier consul Napoléon Bonaparte, en 1801, des expéditions militaires

de grande envergure vers les Caraïbes furent préparées. Elles arrivèrent à destination à Saint-

Domingue et en Guadeloupe en 1802. La guerre coloniale enclenchée à Saint-Domingue y

entraîna un régime de « terreur », pour reprendre l’expression du Général Leclerc dans une

lettre du 6 août 1802 : « Je fais des exemples terribles, puisqu’il ne me reste que la terreur, je

l’emploie sur les révoltés ». Les combats s’intensifièrent jusqu’à la défaite des troupes

françaises en novembre 1803 et à la proclamation de l’indépendance de Haïti le 1er janvier

1804 (voir en bibliographie : Hurbon, Hector, Lara, Dorsinville, Dorigny). En Guadeloupe par

contre, la répression dirigée par le Général Richepance aboutissait en quelques semaines à la

mort des principaux chefs et à des exécutions massives. L’esclavage était rétabli le 16 juillet

1802 en Guadeloupe, puis le 25 avril 1803 en Guyane. Les instructions aux gouverneurs

rappelaient la nécessité d’une vigilance accrue à l’égard d’éventuels émissaires haïtiens

infiltrés dans les deux îles françaises, Guadeloupe et Martinique (en bibliographie : Bénot,

Dorigny, Dubois, Lara, Régent, Schmidt).

Dans les années 1840, les dénonciations et les procès de maîtres de plantations,

commandeurs, géreurs, pour sévices illégaux eurent pour conclusion une très grande majorité

d’acquittements ou de non-lieux. La plupart des accusations relevaient de traitements

« barbares et inhumains » infligés pendant des périodes allant de plusieurs mois à plusieurs

années à des esclaves enfants et adultes. Les signalements de ce type d’affaires publiés en

1847 par Schœlcher dans Histoire de l’esclavage pendant les deux dernières années

soulevèrent un tollé de protestations auprès du ministère. Jusqu’en 1848, le bureau des

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Colonies recevait des lettres de dénégation des plus grands planteurs de Guadeloupe et de

Martinique qui avaient tout récemment fait l’objet de procès.

Les témoins à charge furent rares, mais les témoignages furent courageux. Il était en

effet mal venu d’oser, pendant la première moitié du XIXe siècle, porter la moindre critique

au régime colonial. Les ecclésiastiques qui se risquèrent à donner leur avis et à résister aux

injonctions des gouverneurs furent immédiatement expulsés des colonies dans lesquelles ils

exerçaient. L’Eglise chrétienne s’était le plus souvent conformée au fait accompli,

n’intervenant que rarement pour la cause abolitionniste. Quelques pasteurs se prononcèrent en

sa faveur, mais les missionnaires chrétiens qui déclarèrent leur opposition au système furent

rapidement expulsés des colonies (en bibliographie : Quénum). Quant à la papauté, elle se

limitait à une recommandation émise contre la traite des êtres humains par Grégoire XVI en

1839. Quelques magistrats et un gendarme ayant passé plusieurs années en poste en

Guadeloupe et en Martinique rendirent leurs témoignages publics, fournissant les preuves de

leurs descriptions des conditions de vie des esclaves et des abus de pouvoir des planteurs.

Jean-Baptiste Rouvellat de Cussac par exemple, qui exerçait depuis 1829 comme magistrat en

Guadeloupe et en Martinique, fut rappelé en France pour insoumission aux règles locales. Le

magistrat constatait dans Situation des esclaves dans les colonies françaises (1835) que les

abolitionnistes n’avaient jusqu’alors « rien obtenu », qu’« on est en route depuis plus de

cinquante ans, et l’on semble se trouver encore au point de départ ». Il affirmait devoir à ses

contemporains « vérité et justice » puisqu’on se donnait « beaucoup de soin », observait-il,

« dans nos Antilles, afin que tout ce qui s’y passe de relatif aux esclaves soit ignoré en France,

et pour ensevelir des faits révoltants dans l’oubli le plus profond » (voir en bibliographie :

Schmidt).

Les planteurs s’estimèrent alors « livrés à leurs ennemis » : les abolitionnistes

complices de l’Angleterre d’une part, les représentants des départements du nord et de l’est de

la France producteurs de sucre de betterave d’autre part. Le Conseil colonial de la Martinique

perçut même la succession de commissions parisiennes, dédiées aux questions coloniales et à

une révision du régime de l’esclavage dans les années 1840, comme un « tribunal » dont il ne

pouvait « attendre qu’une sentence de mort ».

A propos des engagements abolitionnistes

Des travaux récents ont été publiés sur le mouvement abolitionniste français dans ses deux

périodes, pendant la seconde moitié du XVIIIe siècle (voir en bibliographie : Bénot, Dorigny,

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Gainot, Dorsinville, Dubois, Erhard, Wanquet, notamment), puis à partir des années 1820

(voir en bibliographie : Schmidt). Les plans d’émancipation qu’ils élaborèrent proposaient

tous, de Condorcet jusqu’aux années 1840, une abolition graduelle et progressive à long

terme, garantissant la protection de l’ordre public et des intérêts des planteurs. La plupart

d’entre eux - à part Schœlcher, notamment - ne se rendirent pas dans les colonies et ignoraient

la réalité des rapports sociaux qui s’étaient établis entre maîtres et esclaves. A partir de 1842,

le principe d’une émancipation « complète et immédiate » fut admis. Les échecs de

l’apprentissage dans les colonies britanniques, auquel il fut mis une fin prématurée en 1838,

provoquèrent une accélération de la progression de l’idée d’abolition sans transition, de même

que les campagnes de propagande qu’entreprirent les abolitionnistes britanniques en Europe

(voir en bibliographie : ensemble de la rubrique « Abolitions de l’esclavage »).

Par contre, les réactions des abolitionnistes aux engagements des esclaves eux-mêmes, les

réponses qu’ils firent aux appels incessants que furent les actes de résistance qui n’eurent pas

moins d’intensité au XIXe siècle que pendant les périodes précédentes, furent moins

analysées. Certaines questions ne furent pas posées, telles que :

- la prise en compte, par les abolitionnistes occidentaux, des phénomènes de résistance

des esclaves ;

- les relations qui purent éventuellement être établies entre esclaves et abolitionnistes

lorsque ceux-ci se déplacèrent dans les colonies ;

- la nature des témoignages concrets que les abolitionnistes purent avoir en mains au

sujet des réalités du régime de l’esclavage et des stratégies de survie progressivement

élaborées par les esclaves.

Une interrogation subsiste enfin, sans réponse, relative au déséquilibre des sources dont

dispose l’historien. Les témoignages authentiques d’esclaves existent pour le monde colonial

anglo-saxon, pour les colonies hispanophones, même s’ils sont peu nombreux. La plupart

d’entre eux furent en effet rédigés, avec de louables intentions certes, par les comités

abolitionnistes en tant d’écrits de propagande. Ils sont par contre inexistants pour les colonies

françaises. Le système du silence auquel les gouverneurs étaient si attachés en matière de

blocage de l’information sur des incidents survenus dans une colonie afin qu’ils n’en

contaminent pas une autre, était une pratique ancienne en matière de gouvernement colonial.

Sur les plantations, un autre système de silence régnait, celui de la peur et de

l’intimidation. Lorsque des magistrats furent chargés d’enquêter, dans les années 1840, sur

l’état du travail et des relations sociales sur les plantations de Guadeloupe, de Martinique, de

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Guyane et de La Réunion, les comptes rendus de visites qu’ils remirent aux gouverneurs après

avoir interrogé maîtres et esclaves témoignaient du silence observé par les esclaves. C’est ce

qui doit inciter au doute et à l’humilité, face à des sources dont nous dépendons, qui ne

peuvent remplacer la voix des esclaves eux-mêmes, avant, pendant et après leur libération.

La liberté en 1848

Les travaux de la Commission d’abolition de l’esclavage ne sauraient être consultés sans

référence aux tergiversations de certains membres du Gouvernement provisoire républicain

tout juste arrivé au pouvoir, face à une mesure qu’ils jugeaient prématurée et prise dans

l’urgence. Victor Schœlcher, président de la commission, les appela à signer le décret

d’abolition et les décrets organiques qui l’accompagnaient avant que l’Assemblée nationale

constituante tout juste élue ne se fût réunie pour la première fois. Il savait l’exercice périlleux

et se plaignait du retard pris pour la publication des décrets au Moniteur Universel et pour

l’envoi des textes dans les colonies : « En vérité, je ne croyais pas qu’il serait si long et si

difficile de tuer l’esclavage sous la République »2, écrivait-il à Pagnerre, secrétaire du

gouvernement.

Victor Schœlcher, par Decaisne, 1832. © Ville de Fessenheim, France.

2 Extrait d’une lettre de Victor Schœlcher à Laurent-Antoine Pagnerre, secrétaire général du Gouvernement provisoire, 1er mai 1848, conservée à la Bibliothèque Schœlcher, Fort-de-France, Martinique.

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Victor Schœlcher, en tant que président de la Commission d’abolition et rapporteur de

ses travaux auprès du Gouvernement provisoire, procéda à une étude détaillée des documents

de la Révolution française dans le domaine colonial et des travaux de la Commission

coloniale présidée par le Duc de Broglie entre 1840 et 1843. Il s’inspira également beaucoup

du précédent britannique et des soixante six articles du décret d’abolition de 1833 dans les

colonies anglaises. Il s’efforça d’atténuer la rupture trop brusque que provoquerait la

transition du régime de l’esclavage auquel étaient soumis 75% de la population des colonies, à

celui de la liberté et du travail rémunéré. Il indiquait au gouvernement que la commission

avait entrepris « ce grand acte de réparation d’un crime de lèse-humanité » afin qu’il

« s’accomplît de la manière la plus profitable à ceux qui en ont été les victimes » tout en

prévenant « toute influence funeste (qui pourrait) en compromettre les résultats »3.

Les décrets organiques - rédigés et signés en avril 1848, en même temps que le décret

d’abolition lui-même - instauraient les droits et libertés de réunion, d’expression, de

publication de presse, le vote au suffrage universel masculin pour la désignation de

représentants à l’Assemblée nationale, la liberté du travail, l’accès à l’éducation pour tous. Ils

étaient aussi porteurs de leur négation. Les textes proclamant la liberté contenaient tous les

recours nécessaires et légaux pour la surveiller, la réglementer, la réduire enfin4.

Si le décret français d’abolition diffère du précédent britannique par son caractère

immédiat – alors que les Anglais avaient imposé à leurs esclaves une période d’apprentissage

de quatre ans chez leurs anciens propriétaires sans rémunération – il lui est similaire par bien

d’autres aspects. Les deux textes attribuent une indemnisation aux planteurs. Les esclaves

restent quant à eux démunis de toute compensation financière ou lopin de terre. Ils sont même

priés de quitter leur case et le terrain qu’ils mettaient en valeur sur la plantation si le

propriétaire l’exige (en bibliographie : Fuma, Lara).

Après une longue période historiographique de glorification pour le moins simpliste,

présentant une émancipation des esclaves due à l’action d’un homme, Victor Schœlcher, et de

construction mythique autour du personnage, les historiens ont analysé l’ensemble des

sources disponibles. Ils ont pu montrer la complexité du contexte, les difficultés rencontrées

par Schœlcher lui-même face aux intérêts en jeu – ceux des planteurs, des armateurs et

négociants des grands ports – mais aussi face aux hésitations des républicains de 1848 eux-

mêmes. Ils ont amorcé l’analyse des conditions concrètes de l’émancipation dans les colonies, 3 Victor Schœlcher, président, et Henri Wallon, secrétaire de la commission, Premier rapport fait au ministre de la Marine et des Colonies par la commission d’émancipation, paru dans le Moniteur universel du 3 mai 1848. 4 Cf. les analyses et les documents très complets fournis par Oruno D. Lara dans l’ouvrage La liberté assassinée. Guadeloupe, Guyane, Martinique et La Réunion, 1848-1856, Paris, Editions L’Harmattan, 2005.

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de la difficile et très lente transition de l’esclavage au régime du salariat. Ils ont mesuré les

répercussions de la mise en œuvre d’une nouvelle politique coloniale que les autorités

dotèrent des mesures d’encadrement les plus coercitives.

Des recherches menées dans le cadre du CERCAM (Centre de Recherches Caraïbes-

Amériques) ont tout récemment abouti à l’établissement de listes de propriétaires d’esclaves

en 1848 dans les colonies françaises où l’esclavage fut supprimé, en Guadeloupe, en

Martinique, en Guyane, à Saint-Barthélemy et au Sénégal (voir en bibliographie : Fisher-

Blanchet, Lara).

Auguste François Biard, « L’abolition de l’esclavage dans les colonies françaises en 1848 », tableau de commande réalisé en 1848-1849, est conservé au Musée national du Château de Versailles. Les esclaves voient leurs chaînes brisées ; ils sont dans une attitude de joie et de remerciement face au commissaire général de la République qui, devant le drapeau républicain français, montre le décret d’abolition. Derrière lui : les marins figurent le commerce colonial dont on espère la prospérité. Les planteurs sont parmi la foule des esclaves libérés, figurant les recommandations d’« oubli du passé » lancées par les autorités coloniales et les candidats à la représentation parlementaire des colonies. © Coll. UNESCO.

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Alphonse Garreau, « Proclamation de l’abolition de l’esclavage à La Réunion » (1848), tableau de commande réalisé en 1849, conservé au musée du Quai Branly, Paris. Le commissaire général de la République Joseph Napoléon Sarda-Garriga tient le décret d’abolition de la main droite et de l’autre, il montre les instruments de travail aux esclaves tout juste libérés. Au premier plan : un groupe d’esclaves en attitude de « reconnaissance » et un ensemble d’instruments de travail. En arrière-plan : au sol : des fers d’esclaves, le buste de la République portant l’inscription « Liberté », le bananier signe de prospérité, l’usine sucrière, les ruches et les abeilles, synonymes de travail. Dès son arrivée dans la colonie en octobre 1848, Sarda-Garriga édictait une réglementation du travail obligatoire avant que l’abolition ne fût proclamée le 20 décembre suivant. © Coll. UNESCO.

Lendemains d’abolition : reconstruire le système colonial

Les archives disponibles permettent de repérer une relative continuité dans la politique

coloniale française pendant la première moitié du XIXe siècle, puis au lendemain de

l’émancipation. Après 1848 fut mis en œuvre un contrôle social étroit et rigide des

« nouveaux libres ». Dans l’ouvrage La liberté assassinée (voir la bibliographie) Oruno D.

Lara reproduit l’ensemble des pièces qui témoignent de la progression de cette politique

d’émancipation par le contrôle et l’encadrement économique, social et politique strict des

populations. En 1848, la liberté avait été proclamée, les anciens esclaves étaient devenus des

travailleurs salariés potentiels, prêts à occuper des emplois dans les premières fabriques puis

dans les usines sucrières centrales. Le décret d’abolition leur avait conféré un statut de

citoyens appelés à élire leurs représentants à l’Assemblée nationale au suffrage universel.

Dans les semaines qui suivirent leur entrée en vigueur dans les colonies, les droits et

libertés proclamés furent progressivement réduits. Des arrêtés furent pris sur la « police du

travail », la liberté de réunion fut supprimée, la liberté de la presse fut neutralisée par des

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droits de cautionnement exorbitants, les cultures pratiquées par les nouveaux libres furent

contrôlées, taxées lorsqu’il ne s’agissait pas de canne à sucre ou de caféier. La circulation des

« nouveaux libres » d’un bourg à l’autre fut soumise à l’obligation d’un passeport intérieur.

Le port d’un livret de travail témoignant de l’engagement du travailleur auprès d’un

employeur devint obligatoire sous peine d’arrestation, emprisonnement et amende pour

vagabondage. Quiconque souhaitait scolariser son enfant au-delà de l’âge de 12 ans se vit

contraint de payer une taxe. Une série de mesures coercitives que Schœlcher qualifiait,

quelques décennies plus tard, d’« attentats à la liberté individuelle »5.

Au milieu du XIXe siècle, la reconstruction d’un système de contrôle social proche de

celui du temps de l’esclavage était l’héritière d’une politique d’encadrement des esclaves et de

discriminations codifiée de longue date. La surveillance de la production, du commerce, de

l’ordre public, de la presse, le contrôle des relations sociales furent le souci constant des

gouverneurs et des services locaux.

Mais comprendre 1848 et ses suites dans les colonies françaises des Caraïbes, c’est

tout d’abord revenir à 1802, période de rétablissement de l’esclavage par Napoléon Bonaparte

par le décret du 20 mai. C’est aussi prendre en compte la période de guerre coloniale intense

et de répression à Saint-Domingue – devenue indépendante sous le nom de Haïti le 1er janvier

1804 – et en Guadeloupe. Dans cette dernière colonie comme en Martinique et en Guyane,

entre 1802 et 1848, le gouvernement mena une politique allant à contre-courant des tendances

abolitionnistes qui s’affirmaient alors en France même et dans le monde occidental. On

craignit l’influence des événements survenus à Saint-Domingue/Haïti, l’intervention d’agents

haïtiens provoquant les rébellions d’esclaves et celle des « hommes de couleur libres »

auxquels « droits civiques » et « droits politiques » avaient été accordés par la loi du 24 avril

1833. Les plaidoiries d’avocats célèbres - Isambert, Gatine ou Chauveau-Lagarde - pour la

défense de Bissette, Fabien et Volny, accusés et condamnés entre 1823 et 1827 pour avoir fait

circuler en Martinique la brochure intitulée De la situation des hommes de couleur libres aux

Antilles françaises, ne furent pas étrangères à ces décisions.

Les planteurs firent pression dès 1848 sur le gouvernement pour qu’il négocie

l’introduction d’une main-d’œuvre sous-payée recrutée sur contrats en Afrique, en Inde et en

Chine. L’exemple avait été donné depuis les années 1815-1820 par Cuba puis par les colonies

anglaises. En février 1852 le gouvernement français passait les premiers accords avec la

Grande-Bretagne pour le recrutement d’Indiens dans les zones qu’elle contrôlait puis pour

5 Dans L’arrêté Gueydon à la Martinique, l’arrêté Husson à la Guadeloupe, Paris, Le Chevalier, 1872.

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celui de travailleurs dits « libres » sur les côtes africaines. Des travailleurs qui percevaient des

salaires - lorsqu’ils étaient effectivement versés - quatre fois moindres que ceux qui étaient

légalement dus aux « nouveaux libres ». Des « immigrants » qui connurent des conditions de

travail que certains contemporains purent dénoncer en tant que « second esclavage ».

Mythes et paradoxes sociaux

L’étude de l’histoire des colonies françaises des Caraïbes depuis la suppression de l’esclavage

se conçoit mal sans une prise en compte de la mythologie à laquelle elle a donné naissance

dès 1848.

Erreur essentielle des lendemains de l’abolition, la monoculture de canne à sucre

devint plus que jamais la panacée des économies coloniales, alors que la production de sucre

de betterave suffisait à la consommation nationale depuis les années 1840… Une quarantaine

d’usines sucrières étaient construites en Guadeloupe et en Martinique en trois décennies. Dès

la première grande crise de surproduction, à partir de 1882-1883, leur matériel était déjà

signalé comme ancien et mal entretenu. Les risques d’une économie extravertie de

monoculture d’exportation et les difficultés d’écoulement qu’elle rencontrait sur le marché

européen étaient déjà déplorés par certains contemporains.

Le cycle de développement de la monoculture de canne à sucre industrialisée dans les

colonies connut quelques grandes étapes à la suite de la crise de surproduction des années

1880. La Première Guerre Mondiale provoqua une prospérité momentanée et jugée fragile dès

cette époque, par suite d’une forte hausse des prix et de la consommation de rhum. Elle fut

suivie d’une longue période de contingentements de la production et d’une crise sociale qui

n’eut d’équivalent que l’incapacité des économies coloniales à évoluer vers d’autres modes

d’exploitation moins fragiles que la ressource bananière, considérée comme une véritable

panacée face aux aléas de la canne à sucre dans les années 1930. La fermeture de la quasi

totalité des usines dans les années 1960 entraîna chômage, émigration organisée d’une

importante proportion des populations jeunes et sous-diplômées. Un processus migratoire

dont on mesure aujourd’hui, dans les Caraïbes - l’une des régions du monde d’où l’on émigre

le plus - les conséquences tant sociales que démographiques.

L’influence de la période de l’émancipation de 1848 fut séculaire. Ses répercussions

économiques, foncières, commerciales, sociales se font sentir jusqu’à nos jours.

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Nouvelles formes de servitude au XIXe siècle

Le décret d’abolition de l’esclavage de 1848 ne s’appliqua pas à l’Algérie. Dans les comptoirs

français du Sénégal par contre, les propriétaires d’esclaves durent se soumettre au décret.

Ceux qui résidaient dans des colonies étrangères bénéficièrent d’un délai de trois ans –

davantage, dans les faits – afin de libérer leurs esclaves. Par ailleurs, selon les objectifs

proclamés lors de la conférence de Berlin en 1884-1885, l’Europe devait coordonner sa lutte

contre la traite humaine et c’est au nom de la « liberté » qu’elle entreprenait la colonisation du

continent africain… L’acte général de la conférence prévoyait que les puissances présentes

s’engageaient à « employer tous les moyens en (leur) pouvoir pour mettre fin au commerce

des êtres humains dans les territoires sur lesquels elles exerceraient des droits ou une

influence ». Cependant, en Afrique de l’Est, le comptoir de Zanzibar et l’île de Pemba

restaient des plaques tournantes de la distribution d’esclaves dans tout l’océan Indien jusqu’au

début du XXe siècle. Et l’Europe baptisait du nom de « travail forcé » l’emploi de la main-

d’œuvre qu’elle ne pouvait plus réduire en esclavage. Une main-d’œuvre au statut de

servitude, recrutée auprès des chefs de villages pour la construction de routes, de lignes de

chemin de fer, pour la circulation sur les fleuves, la pénétration en forêt, la construction de

bases, l’exploitation minière et agricole.

« Groupe de jeunes esclaves à Zanzibar », fin du XIXe siècle, Le Monde illustré. © Coll. UNESCO.

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Le diplomate haïtien Benito Sylvain avait bien noté au début du XXe siècle, que,

n’osant ouvertement « maintenir partout l’esclavage sous sa forme primitive », les Européens

« lui substituèrent des succédanés à peine moins odieux »6.

A la suite des conférences de Berlin et de Bruxelles, le congrès des sociétés

antiesclavagistes que le Père Lavigerie organisa à Paris en septembre 1890 confirma le rôle

d’accompagnateurs que les religieux missionnaires devaient jouer aux côtés des colonisateurs

européens. Il assigna notamment cette fonction à l’ordre des Missionnaires d’Afrique, les

« Pères blancs », dont les principales activités seraient l’implantation de colonies agricoles

sans esclavage et la formation d’un clergé africain. Entre autres justifications, c’est au nom de

l’abolition de l’esclavage qu’eurent lieu expéditions et prises de possession territoriales

pendant le dernier quart du XIXe siècle, par exemple en Cochinchine, en Afrique et en 1896 à

Madagascar, lors de qui fut appelé une « campagne de pacification ». Les prisonniers capturés

lors des campagnes de conquête en Afrique furent réunis au sein de « villages de liberté » où

l’armée française regroupa les personnes alors dites « non libres », constituant des réserves de

main-d’œuvre à disposition des grands chantiers de colonisation (en bibliographie : Renault).

L’oubli du passé

Parallèlement à l’élaboration d’interprétations mythiques de l’histoire propres aux colonies

françaises des Caraïbes, fut mise en œuvre une exceptionnelle politique d’oubli du passé et de

canalisation de la mémoire. Le processus amorcé en 1802-1804 avec le rétablissement de

l’esclavage prit une ampleur particulière à partir de 1848. Au lendemain de l’émancipation de

1848, c’est au nom de la « réconciliation sociale » entre anciens esclaves et anciens maîtres

que l’administration et tous les candidats à la représentation parlementaire prônèrent

explicitement l’« oubli du passé ». L’expression se retrouve dans les professions de foi

rédigées par les candidats des tendances les plus opposés lors des élections législatives de

1848 et 1849.

6 Du sort des indigènes dans les colonies d’exploitation, Paris, Boyer, 1901, p. 307.

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Louisy MATHIEU, ancien esclave élu représentant de la Guadeloupe à l’Assemblée nationale en 1848, au suffrage universel (masculin) dans les rangs « schœlcheristes ». © Bibliothèque nationale de France.

Dans sa première intervention devant l’Assemblée nationale constituante, l’ancien

esclave Louisy Mathieu, élu représentant de la Guadeloupe en 1848 dans les rangs

schœlcheristes, remerciait la France pour la liberté de ses frères. Il tint, dans sa courte

allocution, à souligner la « générosité » des anciens esclaves qui avaient également voté en

faveur du fils de l’un des plus grands planteurs de l’île, Charles Dain, lui-même s’étant

présenté dans les rangs schœlcheristes : « Ils ont tendu la main, précisait-il, et ils ont dit cette

parole si noble : A l’oubli du passé ! ». Quant à François-Auguste Perrinon, « homme de

couleur libre » de la Martinique devenu commissaire général de la République de l’île au

lendemain de l’abolition, il avait dès le 27 février 1848 lancé un appel au calme « à (ses)

frères des colonies » et leur recommandait « le plus entier oubli du passé ». Le candidat

martiniquais Cyrille Bissette, « homme de couleur » né libre, affirmait à l’intention des

« nouveaux libres-nouveaux citoyens » les vertus de la « réconciliation sociale aux colonies »,

de l’oubli du passé et de l’unité des citoyens coloniaux appartenant à « une même patrie »

(voir en bibliographie : Lara, Schmidt).

C’est par une efficace politique d’intimidation des populations et d’oubli du passé que

les autorités coloniales firent disparaître pour plus d’un siècle de la mémoire collective le plus

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retentissant procès politique qu’aient connu les Caraïbes au XIXe siècle, celui de

l’indépendantiste guadeloupéen - séparatiste était le terme employé à cette époque - Léonard

Sénécal et de ses partisans. Sénécal était accusé d’avoir voulu répéter les événements de

Saint-Domingue en Guadeloupe au lendemain de l’abolition de 1848. Le procès au terme

duquel il fut condamné au bagne en 1851 fit l’objet de la publication, aux frais du

gouvernement, de plaquettes de compte rendu des débats et des condamnations destinées à

éradiquer toute idée séparatiste (voir en bibliographie : Lara).

Cependant que les « nouveaux libres » de 1848 étaient engagés à honorer et à

remercier une République libératrice – et son représentant version coloniale, Victor

Schœlcher – en « oubliant le passé », une geste historique spécifique fut progressivement

élaborée. Une histoire manipulée servit les intérêts que défendaient ses auteurs, planteurs,

administrateurs coloniaux qui transmirent non pas l’histoire, mais leurs revendications

économiques, commerciales, politiques, et leurs peurs sociales. L’enseignement, le clergé, la

presse furent les principaux relais de cette politique.

La traite négrière, l’esclavage et les résistances qu’ils suscitèrent furent réduits, dans

les œuvres écrites, à leur plus simple et brève expression. Des récits du temps de l’esclavage

furent transmis oralement au sein de certaines familles, mais les témoignages demeurèrent

bien furtifs. Cet « oubli du passé » dans des colonies où la connaissance de l’histoire risquait

d’être source de vengeances ou tout au moins de la perpétuation de partitions sociales

profondes, se doubla d’une occultation équivalente en France. Les échos coloniaux s’y

limitèrent à des faits de gloire, à l’hommage rendu à des colons pionniers et courageux, à une

abolition présentée comme ayant réglé tous les problèmes, à des encouragements adressés aux

candidats investisseurs.

Servitudes contemporaines

Il n’existe plus, aujourd’hui, de trafic humain et d’esclavage équivalents à ceux qui se

développèrent de manière intensive et légale du XVIe au XIXe siècle. Aucun amalgame n’est

possible, mais on parle, au XXIe siècle, de réduction en servitude d’une quantité encore

jamais atteinte d’individus dans le monde (27 à 30 millions d’adultes, 250 à 300 millions

d’enfants de 5 à 17 ans, selon Anti-Slavery International et l’UNICEF). Le dénuement

économique, un contexte de guerre, l’endettement familial sont aujourd’hui les causes

essentielles des trafics humains et de la réduction en servitude. L’Asie du Sud, l’Inde, le

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Pakistan, le continent africain, l’Indonésie, l’Amérique centrale et du Sud sont les plus

touchés, mais les pays occidentaux à haut niveau de vie ne sont pas épargnés.

Le rôle des organismes internationaux est déterminant depuis les années 1920-1930

dans le repérage des faits de traite humaine et d’asservissement. La Société des Nations publia

dans sa Convention de 1926 la première définition internationale, au XXe siècle, de

l’esclavage, qualifié d’« état ou condition d’un individu sur lequel s’exercent les attributs du

droit de propriété ou certains d’entre eux ». L’Organisation Internationale du Travail (OIT),

l’ONU, le Haut-Commissariat aux Droits de l’Homme de l’ONU, l’UNICEF, l’UNESCO

émirent, depuis lors, recommandations, programmes d’aide et d’éducation pour avertir et

lutter contre l’asservissement.

La Charte des Droits Fondamentaux de l’Union Européenne signée en décembre 2000

interdit l’esclavage, le travail forcé et la traite des êtres humains. La Commission Européenne

s’est prononcée en faveur de sanctions économiques contre les pays dans lesquels des

violations des droits de l’homme tels que la réduction en servitude et le travail des enfants

seraient avérés.

En France, le Comité contre l’Esclavage Moderne (CCEM) fournit une aide juridique

aux personnes en situation de servitude domestique. Une mission parlementaire sur

l’esclavage moderne a remis un rapport en décembre 2001 sur L’esclavage en France

aujourd’hui, dont certaines propositions ont été retenues pour « combattre la traite des êtres

humains et en reconnaître les victimes ». En mai 2001, le Parlement français a voté la loi

qualifiant « la traite et l’esclavage (des XVe-XIXe siècles) en tant que crime contre

l’humanité ». En 2002, l’Assemblée nationale adoptait une loi visant à « combattre la traite

des êtres humains » (voir en bibliographie : rubriques « Servitudes contemporaines » et

Sitographie).

A propos de l’enseignement

Les programmes scolaires français reflètent très directement la méconnaissance du processus

colonial qui reposa sur l’esclavage et les traites humaines entre les XVIe et XIXe siècles. Ils

en offrent même, en quelque sorte, une perception « zoomée ». Ils n’abordent cette

thématique que par le biais des échanges économiques, des « découvertes », ou par celui de

personnages ayant marqué cette histoire, tel l’abolitionniste Victor Schœlcher7. En outre, la

7 Cf. L’analyse des programmes des cycles primaires et secondaires de l’enseignement a fait l’objet de travaux de travaux et de propositions du Comité pour la Mémoire de l’Esclavage entre 2004 et 2008, dont l’essentiel fut publié dans Mémoires de la traite négrière, de l’esclavage et de leurs abolitions, rapport du Comité pour la Mémoire de l’Esclavage,

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Volume collectif La Route de l’Esclave, UNESCO

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plupart des manuels scolaires ne mentionnent au mieux que l’un ou l’autre des faits : la traite

négrière transatlantique, la condition d’un esclave du Surinam par le biais du Candide de

Voltaire, la première abolition de l’esclavage de 1794 ou encore celle de 1848.

Aucun chapitre des programmes et des manuels n’est consacré de manière spécifique

et globale à la question du processus colonial, aux phénomènes de traite humaine, au système

esclavagiste et à leurs abolitions. La discipline désignée en tant qu’« éducation civique »

mentionne au mieux l’abolition de 1848 au chapitre des « Libertés individuelles et

collectives ». Certes la Guadeloupe, la Martinique, la Guyane et La Réunion disposent depuis

2000 de programmes « adaptés » aux contextes « locaux » à l’appui desquels une

bibliographie de manuels spécifiques existe8. L’enseignement national demeure toutefois bien

à l’écart de cette évolution. Les textes et l’iconographie reproduits à l’intention des élèves

consacrent le mythe d’une liberté octroyée par une République triomphante9.

Plus encore que la consultation de la thématique des manuels d’enseignement, celle

des instructions ou « consignes » émises par le ministère de l’Education nationale à l’appui

des programmes est révélatrice. Une circulaire ministérielle convia, en février 1998, les

recteurs d’académies à organiser des formations à destination des enseignants sur l’histoire de

la traite négrière, de l’esclavage, de leurs abolitions. Une autre, en novembre 2005, leur

recommandait d’engager les enseignants à évoquer la thématique à l’occasion de la

commémoration de la « Journée des esclavages et des abolitions » fixée au 10 mai de chaque

année10. En fait, l’histoire est depuis de nombreuses années, dans l’enseignement français des

classes primaires, reléguée au rang de ce qu’on a appelé « discipline d’éveil ». Une pratique

qui fut considérée comme laissant aux enseignants la liberté d’aborder une thématique

historique de leur choix, pourvu que l’école primaire inculque aux élèves - je cite les

instructions ministérielles relatives aux programmes - une « conscience nationale ». Mais

qu’en était-il des expansions coloniales ? Ces dimensions étaient en fait envisagées comme

Paris, Editions La Découverte, 2005. Je renvoie au sujet de l’évolution de l’enseignement et des débats entraînés par le vote de la loi française du 21 mai 2001 reconnaissant la traite négrière et l’esclavage comme crimes contre l’humanité, à Nelly Schmidt, “Teaching and Commemorating Slavery and Abolition in France: From Organized Forgetfulness to Historical Debates”, in Ana Lucia Araujo, Ed., Politics of Memory : Making Slavery Visible in the Public Space, Chapter 6, Annual Meeting of the American Historical Association, Boston, January 2011, Londres, Routledge, 2012. 8 Voir le Bulletin Officiel de l’Education nationale, n°8, 24 février 2000, « Spécificités des Départements d’outre-mer dans les programmes d’histoire-géographie ». 9 Un matériel pédagogique complémentaire existe. Cf. par exemple dans le DVD de l’UNESCO intitulé « Routes de l’Esclave. Une vision globale » : Nelly Schmidt, dossier pédagogique Asservir, Quiz et informations contenues dans « Pour en savoir plus », 2010. 10 Voir le Bulletin Officiel de l’Education Nationale, n°41, 10 novembre 2005, « La mémoire de la traite négrière, de l’esclavage et de leurs abolitions ».

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Volume collectif La Route de l’Esclave, UNESCO

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devant confirmer la « cohésion nationale », par l’intermédiaire d’un choix judicieux

d’événements à signaler, à faire apprendre, aux dépens d’autres, souvent moins glorieux.

Le statut de l’histoire est différent dans l’enseignement secondaire. Elle y est une

discipline obligatoire depuis toujours, certes, mais de récentes mesures ministérielles - en

2009-2010 - tendent à réduire son enseignement dans les dernières classes du cursus. Il est ici

utile d’évoquer les « consignes » ou instructions auxquelles doit répondre l’enseignement de

l’histoire en France de nos jours. Ces consignes s’adressent en fait à la mémoire, elles sont

affaires de mythes, de certitudes à transmettre. Il ne s’agit pas de comprendre, mais d’avoir en

mémoire un certain nombre de faits qui permettent d’acquérir, comme le préconisèrent

Michelet ou Lavisse il y a plus d’un siècle, cette fameuse « conscience nationale ». Il s’agit de

transmettre une sélection de faits symboliques d’une nation, de son émergence, de son unité,

de sa puissance, au nom de valeurs considérées comme « universelles »...

Commémorations

Parmi les questions que soulève l’analyse d’une commémoration, certaines concernent le

sens, les fonctions du phénomène, et la mémoire qu’il est sensé transmettre. La liaison

apparaît ainsi immédiate entre commémoration et pouvoir politique. Une commémoration se

choisit, se décide, s’organise, se rend visible du grand public par de multiples moyens.

L’étude des fonctions qui lui sont assignées, de manière plus ou moins explicite, est

particulièrement révélatrice de la manière dont l’autorité commémoratrice entend guider,

voire canaliser la mémoire du fait commémoré. Les questions qui se posent alors sont

directement liées au rapport existant entre histoire et pouvoir.

Dans le cadre spécifique des célébrations liées à l’histoire des colonies françaises des

Caraïbes, et notamment de l’esclavage et de ses abolitions, quatre périodes commémoratives

sont évoquées ici : la célébration du premier anniversaire de l’abolition de l’esclavage en

Guadeloupe en 1849, la commémoration du Tricentenaire des Antilles et de la Guyane en

1935, le centenaire de l’abolition de l’esclavage en 1948 puis son cent cinquantenaire en

1998.

1849

En 1849, malgré les instructions très précises adressées aux gouverneurs coloniaux par le

ministère de la Marine et des Colonies pour le déroulement de l’événement, le premier

anniversaire dit « de la liberté » donna lieu, en Guadeloupe, à des incidents qui opposèrent les

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Volume collectif La Route de l’Esclave, UNESCO

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tendances politiques en lice pour les élections législatives du mois de juin. Un arbre de la

liberté devait être planté par le gouverneur en présence du préfet apostolique. Les leaders du

premier courant indépendantiste de l’île, apparu en 1848 à l’initiative de Marie-Léonard

Sénécal, entreprirent de subtiliser l’arbre préparé pour l’événement et d’en détourner

l’utilisation à leur profit. Ils organisèrent une commémoration parallèle à grands renforts

d’annonces dans les campagnes. Alors que les trois-quarts de la population de la colonie

venaient d’accéder au statut de liberté, proclamations officielles et cérémonies se multipliaient

pour encourager au travail, au respect de la propriété privée, de l’ordre public, pour établir un

système de contrôle social susceptible de remplacer les cadres de l’esclavage.

A la fin du XIXe siècle, si les commémorations de l’abolition se traduisirent, à Paris,

sous la forme de banquets en l’honneur de Schœlcher, elles prirent un caractère plus politique

après sa mort survenue en 1893. Les associations du souvenir se multiplièrent, à Paris et dans

les colonies. C’est en son hommage que les premiers soldats de Guadeloupe et de Martinique

engagés pour le premier conflit mondial partirent pour l’Europe. Cependant qu’en 1914, le

gouverneur de Guadeloupe Emile Merwart faisait du 21 juillet, jour de la Saint-Victor, une

fête légale.

1935

Comme une réponse aux alertes lancées au sujet des maux dont souffraient les colonies depuis

des décennies, aux grèves des travailleurs de la canne des années 1930, mais aussi aux

difficultés liées à la reconstruction de la Guadeloupe après le cyclone dévastateur de

septembre 1928, le gouvernement organisa une grande célébration, celle du Tricentenaire du

rattachement des Antilles et de la Guyane à la France, 1635-193511. En écho au succès de

l’Exposition coloniale internationale de Paris en 1931, un programme de commémoration des

débuts de la colonisation française était élaboré alors que des mouvements de remise en cause

des « bienfaits » du processus colonial se faisaient jour tant aux Caraïbes, en Afrique qu’en

Asie.

L’Etat prit les rênes de cette entreprise inédite de manipulation de l’histoire. On

organisa, à Paris, les manifestations les plus diverses, conférences, réalisation de films,

spectacles à l’opéra, expositions, dîners commémoratifs. Une luxueuse croisière transporta

plus de trois cents personnalités vers les Caraïbes sur le paquebot Colombie. Rues, routes,

ponts et monuments de Guadeloupe, de Martinique et de Guyane étaient restaurés à la hâte 11 La loi du Tricentenaire du rattachement des Antilles et de la Guyane à la France, dont le projet fut présenté le 25 février 1935, fut votée le 25 avril suivant.

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pour l’occasion. La presse fut sollicitée pour chanter en un chœur uni les louanges et les

promesses de l’attachement indéfectible de ces colonies à la « mère patrie » depuis trois

siècles.

Les récits historiques les plus fantaisistes évoquèrent les dangers courus par les

premiers colons faisant face aux populations autochtones présentées comme de redoutables

cannibales. On souligna la compétence des premiers administrateurs, le caractère salvateur de

la traite négrière et le généreux traitement de la main-d’œuvre esclave. L’un des objectifs

principaux était d’attirer capitaux et commerçants dans des colonies qui se remettaient mal de

troubles sociaux chroniques. Mais si l’Exposition coloniale internationale de 1931 devait

étonner ses visiteurs par la vision d’une « plus grande France », les manifestations du

Tricentenaire des Antilles et de la Guyane n’avaient pas le même objectif. Il fallait en effet

convaincre les populations coloniales elles-mêmes des bienfaits de leur dépendance, et la

population française que ces terres lointaines étaient des prolongements exotiques de la

France qui avaient, depuis trois siècles, montré les preuves de leur attachement à l’hexagone.

Une adroite propagande devait, sur ces fondements, persuader investisseurs et entrepreneurs

de réelles promesses de prospérité outre-Atlantique.

1948

Le contexte de la commémoration du centenaire de l’abolition de l’esclavage, celui des

lendemains du second conflit mondial, était aussi celui du vote de la toute récente loi de

départementalisation. Le mythe schœlcherien forgé au lendemain de l’abolition de 1848

n’avait fait que s’amplifier. Il avait justifié bien des décisions politiques et symbolisé le mythe

républicain dans les domaines coloniaux. Pendant la seconde Guerre mondiale, le nom de

Victor Schœlcher avait été invoqué tant par la propagande des autorités de Vichy que dans les

rangs de la Résistance. On célébra de toutes parts l’« attachement à la patrie » par des

célébrations publiques de la Saint Victor.

Aimé Césaire, en 1946, s’était référé à plusieurs reprises à Schœlcher, en tant

qu’héritier des Principes de 1789 et de la première République, au cours du discours qu’il

prononça en tant que rapporteur du projet de loi de départementalisation des « anciennes

colonies ». En 1947, Emile Merwart et Gaston Monnerville étaient à la tête d’un Comité

fédéral des originaires d’outre-mer pour l’organisation du centenaire de l’abolition de

l’esclavage et le transfert des cendres de Victor Schœlcher et de Félix Eboué au Panthéon. Les

comités départementaux créés dans les colonies organisaient les festivités locales et la

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« plantation d’un arbre de la liberté »12. La personnalité de Schœlcher, la date du 27 avril

1848, jour de la signature des décrets d’abolition par une majorité des membres du

Gouvernement provisoire à Paris, étaient les deux références célébrées et retenues par le

ministère de l’Education nationale. Le ministère recommandait aux recteurs d’organiser la

commémoration de l’abolition en joignant à la circulaire d’instruction une « Notice sur Victor

Schœlcher »13. En Sorbonne, Gaston Monnerville, Léopold Sedar Senghor et Aimé Césaire

étaient invités à prononcer des conférences le 27 avril 194814.

Le discours commémoratif était simple : l’abolition de l’esclavage était due à l’action

d’un homme qui avait renouvelé le courant d’assimilation coloniale apparu sous la Révolution

Française et dont l’aboutissement avait été le vote de la loi de départementalisation du 19

mars 1946. Il bénéficia de relais efficaces dans la presse, de conférences et d’émissions de

radio organisées par le Grand Orient de France, de circulaires ministérielles dans le domaine

de l’éducation qui transmirent sans variante le leitmotiv prévu. Mais malgré de nombreuses

publications, réalisées tant à Paris15 que dans les colonies16 - recueils de textes de Schœlcher,

de correspondances de divers contemporains - aucune initiative de recherche, aucun

mouvement historique ne naquit de l’ensemble de ces manifestations.

1998

Cent cinquante ans après l’abolition de l’esclavage, les médiateurs demeuraient surpris

lorsque des historiens leur expliquaient la réussite plus que séculaire de la politique d’oubli du

passé mise en œuvre en 1848. L’iconographie abondamment répandue recourait sans critique

à l’imagerie mise au point sur commande en 1848-1849. Le cliché de l’esclave aux chaînes

rompues portant un regard reconnaissant vers l’abolitionniste et la République libérateurs était

encore à l’ordre du jour. Des tableaux commandés par le gouvernement de la IIe République,

tels que ceux de François Auguste Biard, « L’abolition de l’esclavage dans les colonies 12 Voir le récit des événements de Guadeloupe dans le fascicule intitulé Commémoration du Centenaire de l’abolition de l’esclavage, conférence prononcée le 27 avril 1948 à Basse-Terre, en Guadeloupe, par Raoul Bogat, Imprimerie officielle, Basse-Terre, 1949. 13 Circulaire du 16 avril 1948 signée par le directeur de cabinet du ministre de l’Education nationale H. Viguier. La notice intitulé « Schœlcher et l’abolition de l’esclavage », due à l’historien Charles-André Julien, était un extrait de la revue encyclopédique Le Larousse mensuel de mai 1948. 14 Les discours prononcés en Sorbonne furent publiés par les Presses universitaires de France en 1948. 15 Par exemple, le recueil d’extraits d’ouvrages de Schœlcher réuni par Emile Tersen sous le titre Esclavage et colonisation, paru aux Presses universitaires de France en 1948, l’article « Centenaire de la liberté » publié par la Revue d’histoire des colonies la même année, celui de L. Joubert, intitulé « Les conséquences géographiques de l’émancipation des Noirs aux Antilles, 1848 » dans les Cahiers d’outre-mer, ou l’ouvrage de Gaston-Martin, L’abolition de l’esclavage : 27 avril 1848, paru dans la Collection du Centenaire de la Révolution de 1848 ouverte par les Presses universitaires de France. 16 Voir par exemple Pierre Baude, Centenaire de l’abolition de l’esclavage dans les colonies françaises et la Seconde République française, 1848-1948, Fort-de-France, Imprimerie o

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françaises »17 ou d’Alphonse Garreau, « Proclamation de l’abolition de l’esclavage à La

Réunion »18 glorifiaient la liberté apportée par les commissaires généraux de la République

qui remplaçaient les gouverneurs du temps de la monarchie, mais des éléments importants de

ces œuvres de grande dimension étaient, aussi, des instruments aratoires, des profils d’usines

sucrières, de champs de canne à sucre et, au loin, de navires de commerce en attente de leurs

cargaisons de barriques de sucre et autres denrées coloniales. Pas de liberté sans travail, ordre

public, respect de la propriété privée, soumission à la nouvelle « police du travail ». La même

remarque peut d’ailleurs être faite au sujet du célèbre tableau « A Slave Family in

Exaultation » conservé à la Bibliothèque nationale de la Jamaïque, et qui figure parmi les

représentations les plus largement utilisées de la période de l’émancipation dans les British

West Indies. La lithographie représentant la « Plantation d’un arbre de la liberté à Basse-

Terre »19 en Guadeloupe, en mai 1848, annonce de manière tout aussi précise quels seraient

les médiateurs de la politique républicaine en matière coloniale. Sur fond de foule porteuse de

piques, de baïonnettes, de bonnets phrygiens évocateurs et de crucifix, la scène représente la

plantation, en guise d’arbre de la liberté, d’une tige de canne à sucre en présence du

gouverneur, de ses conseillers privés et du préfet apostolique de la colonie.

Le discours du cent-cinquantenaire fut quant à lui particulièrement ambigu. Le slogan

des principaux organisateurs des manifestations au niveau national, le ministère de la Culture

et le secrétariat d’Etat à l’Outre-Mer, fut « Tous nés en 1848 ». Ainsi aboutissait-on à une

manière de nier les siècles de résistance des esclaves qui avaient précédé, et de conférer à

1848 un caractère de fatalité heureuse, de solution à tous les problèmes qui se posaient alors,

en une sorte de réconciliation nationale. Les siècles d’esclavage, les phénomènes de résistance

des esclaves et les processus d’abolition au sujet desquels tant de travaux historiques restaient

à entreprendre, se voyaient dissous dans un discours célébrant « l’expression créative de

l’identité » des continents mis en présence par la traite négrière transatlantique en un

« métissage »20 joyeux et positif, qui gommait les antagonismes du passé… S’il convient de

reconnaître l’impact indéniable qu’eurent les multiples manifestations de tous ordres qui

furent organisées en 1998, tant sur l’opinion publique, les médias qu’à plus long terme sur la

recherche et l’enseignement, force est de constater que l’ensemble demeura très franco-centré.

17 Aujourd’hui conservé au musée national du Château de Versailles. 18 Aujourd’hui conservé au musée du Quai Branly à Paris. 19 Lithographie, Bibliothèque nationale de France. 20 Voir le vocabulaire employé dans le Préambule de la liste officielle des manifestations et initiatives culturelles de la commémoration du 150e anniversaire de l’abolition de l’esclavage pour l’année 1998, ministère de la Culture et secrétariat d’Etat à l’Outre-Mer.

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La dimension comparatiste internationale qui eût permis de situer les événements

commémorés dans leur large contexte – mis à part quelques colloques universitaires – resta

étrangère à la démarche générale. Le programme de « La Route de l’Esclave » avait pourtant

été lancé par l’UNESCO depuis 1994.

En 1983, la loi du 30 juin (n°83-550) relative à la commémoration de l’abolition de

l’esclavage a fixé une date spécifique à chaque ancienne colonie, le choix étant lié à la période

la plus significative en ce domaine dans l’histoire de chacune d’elles. Les dates suivantes sont

devenues des jours fériés : Martinique : 22 mai ; Guadeloupe : 27 mai ; Guyane : 10 juin, La

Réunion : 10 décembre, Mayotte : 27 avril. La date du 10 mai fut choisie en 2005 pour la

France hexagonale, suite aux recommandations de la loi du 21 mai 2001 et aux travaux du

Comité pour la Mémoire de l’Esclavage, pour la célébration de la « Journée nationale des

mémoires de la traite, de l’esclavage et de leurs abolitions ».

***

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Volume collectif La Route de l’Esclave, UNESCO

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RESSOURCES

La recherche historique

La recherche historique relative aux traites négrières, à l’esclavage, à leurs abolitions

est, on le voit, en perpétuelle évolution depuis les années 1970. Elle souffrit toutefois,

jusqu’aux années 2000, d’une réelle sous-considération au sein des organismes de recherche

en sciences humaines et sociales, pourtant susceptibles de lui accorder reconnaissance et

financements. Si aucune chaire d’histoire de l’esclavage et de ses abolitions n’existe encore à

ce jour dans l’université française, certaines équipes se sont toutefois constituées.

Centres de recherche universitaires :

‐ Université Paris IV-Sorbonne, Centre R. Mousnier - Histoire et Civilisations

(UMR 8596 du CNRS) : Programme « Esclavage, abolitions, abolitionnistes de

l’esclavage, politiques coloniales : histoire comparée, XVIIIe-XXe siècles » ;

‐ Université Paris I : Centre d’Etudes des Mondes Africains (CEMAF), UMR du

CNRS ;

‐ Université des Antilles-Guyane : Projet « Les esclavages : institutions, lois et

mémoires », Centre de Recherche sur les Pouvoirs Locaux dans la Caraïbe (UMR

8053 du CNRS) ; groupe AIHP-GEODE, Archéologie Industrielle, Histoire,

Patrimoine - Géographie, Développement, Environnement de la Caraïbe ;

‐ Université de La Réunion : Centre d’Histoire de l’Université de La Réunion.

Histoire-Politique-Patrimoines (CRESOI), axes de recherches « Colonisation et

décolonisation (XIXe-XXe siècles) », « Esclavage et Mémoires » ;

‐ Université de Nantes : Centre de Recherches en Histoire Internationale et

Atlantique (CRHIA) ;

‐ Université de Rennes : Programme « Sociétés littorales et rurales. Espaces et

échanges », Centre de Recherches Historiques de l’Ouest (CERHIO, UMR 5268

du CNRS) ;

‐ Université Bordeaux III-Michel de Montaigne : programme de recherche

Ameriber – Mondes américains, Atelier 2 – Caraïbe plurielle : dynamiques et

mouvances, « Dynamiques sociétales et géopolitiques caribéennes (XVIIIe-XXIe

siècles) » ;

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‐ Institut des Hautes Etudes de l’Amérique Latine : Centre de Recherche et de

Documentation des Amériques (CREDA), Université Paris III – CNRS ;

‐ Institut de Sciences Politiques, Bordeaux, programme « Les Afriques dans le

Monde » (LAM, UMR 5115 du CNRS) ;

‐ Groupement d’Intérêt Scientifique – GIS - Réseau Amérique Latine (CNRS,

Institut de Recherche pour le Développement, IRD, EHESS) : regroupe plusieurs

institutions universitaires et de recherche en France, au Mexique et au Pérou

(www.reseau-amerique-latine.fr).

Le Centre international de recherche sur les esclavages, CIRESC, CNRS

Le Centre international de recherche sur les esclavages. Acteurs, systèmes, représentations

(CIRESC), a succédé au Réseau thématique prioritaire (RTP) « Esclavages » du CNRS. Il a

initié un programme européen, intitulé EURESCL (Europe Esclavage) qui a pour objet de

« replacer la traite et l’esclavage dans l’histoire de la construction de l’identité européenne ».

"Slave Trade, Slavery, Abolitions and their Legacies in European Histories and Identities" est

le libellé du thème central.

Des programmes de recherches collectives, liant plusieurs universités (France,

Royaume-Uni, Canada, Sénégal), sont en cours de réalisation et donnent lieu à des colloques,

séminaires et ateliers organisés dans les différents pays partenaires. Le Social Sciences and

Humanities Research Council of Canada finance le programme “Slavery, Memory,

Citizenship” développé au sein de l’Harriet Tubman Institute, York University, Toronto.

L’Agence Nationale de la Recherche (France) finance le programme AFRODESC

« Afrodescendants et esclavages : domination, identification et héritages dans les Amériques

(XVe-XXIe siècles) » et l’Agence Universitaire de la Francophonie finance le projet « Les

esclavages et les traites : communautés, frontières et identités » au sein de l’Université Cheikh

Anta Diop à Dakar

(cf. les sites http://www.esclavages.cnrs.fr et http://www.eurescl.eu).

Le programme « Histoire comparée des esclavages, des abolitions et des politiques

coloniales européennes aux Caraïbes-Amériques, XVIIIe-XXe siècles » de l’Université

Paris IV-Sorbonne, CNRS, UMR 8596

A l’université Paris IV-Sorbonne, le programme pluriannuel de recherche intitulé « Histoire

comparée des esclavages, des abolitions et des politiques coloniales européennes aux

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Volume collectif La Route de l’Esclave, UNESCO

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Caraïbes-Amériques VIIIe-XXe siècles », financé par le Conseil scientifique, s’articule autour

de plusieurs thématiques :

- histoire comparée des esclavages ;

- histoire des abolitions et des abolitionnistes de l’esclavage, 18e-20e siècles (démarche

comparative entre les colonies françaises, britanniques, néerlandaises, danoises,

hispanophones, le Brésil et les États-Unis) ;

- analyse des immigrations de main-d’œuvre sous contrats après les abolitions de l’esclavage,

dans l’ensemble des colonies insulaires des Caraïbes et dans les pays d’Amérique du Sud ;

- analyse et typologie des propositions de réforme qui se succédèrent aux 18e et 19e siècles,

venant des organes officiels, ou pas ; les abolitions de l’esclavage successives entraînèrent

partout une révision des politiques coloniales ;

- histoire des politiques coloniales européennes aux Caraïbes-Amériques, 18e-20e siècles ;

les colonies françaises dans le concert des relations internationales de la France aux

Amériques ;

- histoire des mouvements politiques des Caraïbes, 18e-19e siècles.

Un séminaire mensuel a lieu pour les étudiants-chercheurs préparant masters et

doctorat. Un programme de publication annotée de documents et ouvrages inédits ou peu

connus, relatifs aux thèmes du programme, a été élaboré. La constitution d’une base de

données informatique et bibliographique sur les esclavages, les abolitions, les abolitionnistes

de l’esclavage et les politiques coloniales européennes, XVIIIe-XXe siècles, a par ailleurs été

mise en œuvre.

UNESCO

Le site du programme « La Route de l’Esclave » de l’UNESCO propose un ensemble très

complet de documents d’information et de ressources pédagogiques. On peut également

consulter le Bulletin d’Information du Projet « La Route de l’Esclave », De l’esclavage à la

liberté…, 2004, Année internationale de commémoration de la lutte contre l’esclavage et de

son abolition, numéro spécial, et la brochure Luttes contre l’esclavage, UNESCO, 2004.

La Commission française pour l’UNESCO a formé en 2004 un comité d’experts pour

la réalisation de travaux, colloques et publications en liaison avec le Réseau des écoles

associées du programme « Briser le silence » (« Breaking the Silence »). L’objectif : réfléchir

à l’enseignement, à tous niveaux, de la traite négrière, de l’esclavage et de leurs abolitions et

fournir aux enseignants non seulement la publication de ces réflexions mais aussi des

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Volume collectif La Route de l’Esclave, UNESCO

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exemples concrets de traitement de ces thèmes en milieu scolaire. Un séminaire dédié à

l’enseignement de ces thèmes fut organisé avec les enseignants du REseau des écoles

associées. Les actes en furent publiés en 2005 sous le titre Quel enseignement de la traite

négrière, de l’esclavage et des abolitions ?

Voir également, paru en 2011, Briser le Silence. Teaching the Transatlantic Slave

Trade: Achievements, Challenges and Perspectives. Final report of the interregional online

consultation of the UNESCO Associated Schools (ASPnet), 30 novembre-16 décembre 2010,

UNESCO Associated Schools, 2011. Il s’agit du dernier bilan du programme TST

(Transatlantic Slave Trade) du réseau des écoles associées.

Le Comité pour la Mémoire et l’Histoire de l’Esclavage, CPMHE, Paris

Créé en janvier 2004 en application de la loi du 21 mai 2001 qualifiant la traite négrière et

l’esclavage en tant que crime contre l’humanité, le Comité pour la Mémoire de l’Esclavage,

devenu en 2009 Comité pour l’Histoire et la Mémoire de l’Esclavage, réunit une douzaine de

personnes venant du monde de la recherche scientifique, des associations ou des arts. Il a

œuvré dans ses premières années d’existence en faveur de la promotion des thèmes de la traite

négrière, de l’esclavage et de leurs abolitions au niveau des divers niveaux de l’enseignement

et pour l’ouverture de programmes de recherche plus développés sur ces sujets. Il a également

recommandé l’amélioration et l’accroissement des ressources disponibles pour l’accès à la

connaissance à tous niveaux, et enclenché un inventaire des collections muséales relatives à

ces thèmes, en collaboration avec la Direction des Musées de France.

Le CPMHE s’attache aux commémorations du 10 mai, date qu’il a proposée en 2005

pour la « Journée nationale des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leurs abolitions ».

Son site propose une synthèse de l’ensemble de ces activités : www.cpmhe.fr

La recherche archéologique

La recherche archéologique s’intéresse de manière relativement récente aux thèmes de la

traite humaine et de l’esclavage. Les fouilles archéologiques, en Guadeloupe comme en

Martinique et en Guyane, furent longtemps l’équivalent d’une série de pillages ou le fait

d’amateurs qui ne purent effectuer leurs travaux et transmettre leurs résultats de manière

scientifique et durable. Ces recherches font aujourd’hui l’objet d’un encadrement strict. Elles

sont réalisées par des archéologues dont les comptes rendus de recherches sont effectués dans

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Volume collectif La Route de l’Esclave, UNESCO

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le cadre des Directions Régionales des Affaires Culturelles ou des Conseils régionaux et

généraux.

Longtemps circonscrites aux sites précolombiens, ces recherches s’attachent depuis

peu au repérage et à quelques sauvetages de vestiges de plantations ou de cimetières

d’esclaves. Des travaux sont également menés dans le domaine de l’archéologie sous-marine.

Des informations sur les plus récentes recherches archéologiques effectuées sur les

lieux d’une ancienne plantation de Guadeloupe peuvent être consultées sur le site de l’Institut

National de Recherches Archéologiques Préventives, INRAP

(www.inrap.fr/archeologiepreventive/actualite/les-dernieres-decouvertes/2010). Il

s’agit d’une intervention sur le site d’aménagement de l’université « La Cité de la

Connaissance » à Saint-Claude où les vestiges d’une ancienne plantation du quartier de

l’Espérance ont été mis au jour. Plusieurs sites d’« habitations » ont été repérés et font - ou

feront - l’objet de fouilles. Il en est de même de cimetières tels que celui de Sainte-Marguerite

où plusieurs centaines de tombes ont été mises au jour à la suite de prélèvements de sable. Il

s’agirait d’un cimetière d’esclaves dont la première occupation remonterait au milieu du

XVIIIe siècle et dont l’utilisation se serait prolongée jusqu’après 1850.

En outre, l’Association Archéologie des Petites Antilles (AAPA) a ouvert plusieurs

chantiers de fouilles tant en archéologie sous-marine que terrestre (aapa.e-monsite.com).

En Martinique, des recherches archéologiques sont effectuées en collaboration avec

l’équipe AIHP-GEODE de l’université des Antilles-Guyane.

Depuis 1990, le Groupe de recherche en archéologie navale (GRAN) réalise

l’inventaire du patrimoine archéologique sous-marin de la Martinique, avec l’aide des

Conseils régional et général, et du ministère de la Culture. Il collabore au programme de carte

archéologique de Guadeloupe et de Martinique.

Actuellement, le Service régional d’Archéologie a recensé en Martinique plus de 500

sites de plantations/sucreries, 78 sites sous-marins, hors des sites précolombiens ou sites

fortifiés (www.culture.gouv.fr/culture/archeo/martinique.htm).

En Guyane, le Service régional de l’archéologie a notamment financé des recherches

sur le site de la plantation Loyola (Rémire), sur celui de l’habitation Poncel (Rémire-

Montjoly).

A La Réunion, un service régional d’archéologie devrait être prochainement mis en

place au sein de la DRAC.

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Volume collectif La Route de l’Esclave, UNESCO

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L’archéologie sous-marine : les derniers travaux effectués dans ce domaine concernent

l’île des Sables, dite « de Tromelin » dans l’océan Indien. Des campagnes de fouilles furent

menées en 2006, 2008 et 2010 par le Groupe de Recherche en Archéologie Navale (GRAN)

sur ces îlots afin de mettre au jour les traces de survie des soixante esclaves échoués suite au

naufrage du navire de traite l’Utile de la Compagnie des Indes Orientales en 1761. Ils avaient

été embarqués en vue de leur transport de Madagascar vers l’Ile Maurice. Huit d’entre eux

furent retrouvés survivants lorsque le chevalier de Tromelin vint les chercher, en 1776. Le

compte rendu des travaux des missions successives du projet « Esclaves oubliés » peut être

consulté sur www.archeonavale.org/tromelin.

Lieux de mémoire

La mise en valeur de nombreux lieux de mémoire bénéficie progressivement d’une

reconnaissance historique publique et de financements permettant la conservation et la

promotion de plusieurs sites. Les quais de plusieurs ports négriers, tels Nantes, Bordeaux,

Lorient, La Rochelle, Saint-Malo, Le Havre, Honfleur, Marseille et quelques autres, les sites

portuaires de Guadeloupe, de Martinique, de Guyane, de Saint-Martin, de Saint-Barthélemy et

de La Réunion, des sites de plantations et usines sucrières de Guadeloupe, de Martinique, de

Guyane, de La Réunion font l’objet de repérages ou de fouilles archéologiques, de mesures de

conservation et de rénovation. Il en est de même des lieux concernés, dans l’est de la France,

par la « Route des abolitions de l’esclavage et des Droits de l’Homme » (voir en bibliographie

la rubrique « Documents publiés par les musées ou à l’occasion d’expositions. Lieux de

mémoire »).

Guadeloupe, Martinique, Guyane, La Réunion possèdent de très nombreux lieux de

mémoire ou, devrait-on dire, lieux d’histoire. Chacun de ces territoires est en fait lui-même,

dans sa globalité, un lieu d’histoire et de mémoire de la traite négrière, de l’esclavage et des

abolitions. Il convient en effet de souligner que la totalité de l’espace de ces territoires, ports,

villes, bourgs, rues, forêts, mornes et campagnes, a été marquée par plus de trois siècles de

trafics humains et d’esclavage.

Sur certains sites, monuments et statues ont été érigés en commémoration de certains

événements liés à cette histoire. Les quelques indications qui suivent, non exhaustives, ne

concernent que les lieux historiques relevant strictement – et datant – de la période de la traite,

de l’esclavage et de leurs abolitions.

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Volume collectif La Route de l’Esclave, UNESCO

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. En Guadeloupe :

‐ les « Marches des esclaves », Petit-Canal ;

‐ le site de Matouba, Saint-Claude ;

‐ l'Habitation Beausoleil, Saint-Claude ;

‐ le Fort Louis Delgrès, Basse-Terre ;

‐ l'Habitation La Grivelière, Vieux-Habitants;

‐ l'Indigoterie de l'anse à la Barque, Vieux-Habitants ;

‐ le cachot d'esclaves de l'Habitation Belmont, Trois-Rivières ;

‐ le Fort Fleur d'Epée, Gosier ;

‐ l'Habitation La Mahaudière, Anse-Bertrand ;

‐ l’Habitation La Ramée, Sainte-Rose ;

‐ le Cimetière d'esclaves de l'anse Sainte-Marguerite ;

‐ l'Habitation Néron, Le Moule ;

‐ l’Habitation caféière Morendais, Vieux-Habitants ;

‐ l’Habitation Pirogue, Marie-Galante ;

‐ l'Habitation Murat, Marie-Galante ;

‐ l'Habitation Roussel-Trianon, Marie-Galante ;

‐ le Musée Schœlcher, Pointe-à-Pitre.

. En Martinique :

‐ l’Habitation Anse Latouche, Le Carbet ;

‐ l’Habitation Pécoul, Basse-Pointe;

‐ l’Habitation Clément, Le François ;

‐ l’Habitation Céron, Le Prêcheur ;

‐ l’Habitation Beauséjour, Grand’Rivière ;

‐ l’Habitation Lajus ;

‐ l’Habitation Acajou, Le François ;

‐ l’Habitation La Frégate, Le François ;

‐ l’Habitation La Sucrerie, Les Anses d’Arlets ;

‐ l’Habitation Château-Gaillard ;

‐ l’Habitation La Gondeau ;

‐ l’Habitation O’Mullane ;

‐ l’Habitation Case Paul ;

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‐ la plantation Leyritz, Basse-Pointe ;

‐ La Pagerie, Trois-Ilets ;

‐ le Château Dubuc, Trinité ;

‐ la Poterie, Trois-Ilets ;

‐ la Bibliothèque Schœlcher.

. En Guyane :

‐ l’Habitation Eléonore, près de Cacao ;

‐ l’Habitation Loyola, Rémire ;

‐ l’Habitation Vidal, Mondélice, Rémire ;

‐ le Moulin à vent de Rémire ;

‐ Mana ;

‐ Les villages de Nègres marrons de Tonnégrande.

. A La Réunion :

‐ les Hauts, refuges des esclaves marrons ;

‐ le musée Villèle, habitation Panon-Desbassayns.

. La « Route des abolitions de l’esclavage et des Droits de l’Homme », Pontarlier (Doubs) :

Cette association en réseau implique un ensemble de lieux situés dans l’est de la France : -

la Maison de l’Abbé Grégoire à Emberménil ;

‐ le Château de Joux près de Pontarlier (lieu de mort en déportation de Toussaint

Louverture) ;

‐ la maison d’Anne-Marie Javouhey à Chamblanc ; la Maison Victor Schœlcher à

Fessenheim ;

‐ la Maison de la Négritude et des Droits de l’Homme à Champagney.

. A Nantes :

‐ l’association Les Anneaux de la Mémoire a publié un dépliant intitulé « Sur les traces

de Nantes port négrier ».

Associations historiques

‐ Le Centre de Recherches Caraïbes-Amériques (CERCAM), Paris :

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Les membres du centre de recherches Caraïbes-Amériques (CERCAM),

initialement créé en 1982 en tant qu’Axe prioritaire de recherche de l’Université

Paris X-Nanterre, ont formé le comité « De l’oubli à l’histoire » et déterminé un

programme pluridisciplinaire de travail et de réunions/ateliers consacrés à la

diffusion des connaissances de l’histoire et des cultures des populations ayant

subi l’esclavage aux Caraïbes-Amériques.

Le CERCAM, déjà investi dans l’écriture et la publication d’ouvrages sur ces

thèmes, à caractère scientifique et pédagogique (avec le CNDP par exemple),

organise des séminaires, des journées d’étude, des colloques et des expositions.

Parmi les publications du CERCAM : Catalogue de l’exposition Victor

Schœlcher, CERCAM, en collaboration avec le Laboratoire d’Ethnologie du

Musée de l’Homme, Paris, 1994 ; les séries Cimarrons, en collaboration avec les

Editions Jean-Michel Place, Paris, et Espaces Caraïbes, Université Paris X-

Nanterre Ces différents travaux scientifiques s’adressent aux chercheurs, aux

enseignants pour une part du programme, ainsi qu’à un public large (voir la

bibliographie) ; www.cercam-leblog.com.

‐ Les Anneaux de la Mémoire, Nantes :

L’association organisatrice de l’exposition « Les Anneaux de la Mémoire » en

1992 au Château des Ducs de Bretagne à Nantes, édite la revue annuelle Les

Cahiers des Anneaux de la Mémoire depuis 1999 ; site

www.anneauxdelamémoire.org.

‐ L’Association pour l’Etude de la Colonisation Européenne (1750-1850) –

APECE, Paris :

L’association a pour objet des activités consacrées à l’histoire des esclavages et

aux processus d’abolition. Elle tient un séminaire mensuel à la Sorbonne et

publie des Actes (voir bibliographie).

‐ La Société d’Histoire de la Guadeloupe, Archives départementales de la

Guadeloupe. Edite un bulletin.

‐ La Société d’Histoire de la Martinique, Archives départementales de la

Martinique. Edite un bulletin.

‐ La Société Française d’Histoire d’Outre-Mer :

édite la revue Outre-Mers. Revue d’Histoire, et ses numéros spéciaux,

sfhom.free.fr.

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‐ La Route des Abolitions de l’Esclavage et des Droits de l’Homme,

Pontarlier :

Groupe de cinq lieux : la Maison Abbé Grégoire à Emberménil, le Château de

Joux près de Pontarlier, la maison Anne-Marie Javouhey à Chamblanc, la Maison

Victor Schœlcher à Fessenheim et la Maison de la Négritude et des Droits de

l’Homme de Champagney ; (www.abolitions.org et

http://www.chateaudejoux.com).

‐ Le Groupe de Recherche en Archéologie Navale, GRAN :

Cette association a notamment effectué des fouilles sur l’île de Tromelin (océan

Indien, projet « Esclaves oubliés »). Elle a également entrepris des investigations

sur le site du Havre de Trinité en Martinique, en Polynésie française, sur les

traces de l’expédition de La Pérouse, aux abords de l’île de Gorée et à Valparaiso

(Chili) (archeonavale.org).

‐ Mémoire St Barth :

L’association propose, en ligne, des ressources dédiées à l’histoire de Saint-

Barthélemy : la traite négrière, l’esclavage et leurs abolitions ;

www.memoirestbarth.com;

‐ L’Histoire par l’image, 1789-1939 :

Un site qui, en association avec la Direction générale des Patrimoines, la Réunion

des Musées Nationaux et le ministère de l’Education Nationale, « explore

l’Histoire de France à travers les collections des musées et les documents

d’archives » ; www.histoire-image.org; rubrique « Esclavage » ;

‐ Historun :

L’association alimente un site internet, en liaison avec les Archives

départementales de La Réunion, et organise conférences et séminaires sur

l’histoire de La Réunion et les cultures de l’océan Indien ; www.historun.com.

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Ressources pédagogique

Plusieurs organismes officiels et certaines associations culturelles ont entrepris, depuis les

années 1980, la réalisation de divers matériels à destination des enseignants et de leurs élèves

au sujet des traites humaines, de l’esclavage et de leurs abolitions. Le Centre national de

documentation pédagogique a notamment lancé le mouvement en publiant plusieurs numéros

de la célèbre série « Textes et Documents pour la Classe » - « L’esclavage », n°350, 1984, par

Oruno D. Lara, « Les abolitions de l’esclavage. Une longue marche », n°663, 1993, par Oruno

D. Lara et Nelly Schmidt, et un film consacré à Victor Schœlcher, réalisé en 1981.

La commémoration du 150e anniversaire de l’abolition de l’esclavage en 1998 puis le

vote de la loi de mai 2001 qualifiant la traite négrière et l’esclavage en tant que crime contre

l’humanité provoquèrent un renouveau de la mise à disposition de documents de travail

pédagogique. Le CNDP et plusieurs centres régionaux s’impliquèrent dans la réalisation de

supports aux divers niveaux de l’enseignement. Il en fut de même de plusieurs musées dont

les fonds permirent expositions et publications sur ces thèmes.

Le ministère de l’Education nationale a demandé aux recteurs, par une circulaire

adressée en novembre 2005, l’observation par les enseignants d’une séance dédiée au thème

de l’esclavage dans les écoles et collèges. Une circulaire du Premier ministre du 29 avril 2008

(J.O. n°0130 du 2 mai 2008) a ensuite recommandé aux recteurs et inspecteurs d’académies,

au titre des « Actions éducatives », de promouvoir les ressources disponibles au sein des

centres régionaux de documentation pédagogique « pour enseigner l’histoire de l’esclavage »

et de solliciter en ce sens les archives, les musées et autres lieux de mémoire. Un état des

lieux a par la suite été dressé, consultable sur http://eduscol.education.fr/cid45786/memoire-

de-la-traite-negriere-de-l’esclavage-et de leurs abolitions.html.

Le CIDEM, Centre d’Information civique (www.cidem.org) a élaboré un dossier de la

série « Itinéraires de citoyenneté » sur le thème « Mémoire de la traite négrière, de l’esclavage

et de leurs abolitions » (http://itinerairesdecitoyennete.org). Il offre, sous la rubrique

« Mémoire et Histoire », un ensemble de textes, de documents et une iconographie

particulièrement bien choisis.

Le CIRESC (Centre International de Recherches sur les Esclavages) collabore avec les

formateurs de l’IUFM de Créteil-Université Paris XII pour la constitution d’outils

pédagogiques. Le programme EURESCL (http://www.eurescl.eu) met à disposition des

ressources élaborées par des enseignants qui contiennent, pour diverses périodes, des

informations et des textes historiques expliqués. Rappel : un colloque, Enseigner les traites

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Volume collectif La Route de l’Esclave, UNESCO

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négrières et les esclavages, a eu lieu à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (Paris)

en mai 2011.

Plusieurs rapports furent élaborés au sujet de l’enseignement de la traite humaine, de

l’esclavage et de leurs abolitions en France. Il convient par exemple de signaler l’analyse

effectuée par le Comité pour la Mémoire de l’Esclavage en 2004-2005 (Mémoires de la traite

négrière, de l’esclavage et de leurs abolitions, rapport du CPME, Paris, Editions La

Découverte, 2005), ou le rapport de l’INRP, Institut National de Recherche Pédagogique,

L’enseignement de l’esclavage et des traites dans l’espace scolaire hexagonal paru en 2011

(voir les indications bibliographiques) et disponible en ligne sur www.inrp.fr.

Travaux des Centres régionaux de documentation pédagogique :

Plusieurs centres ont produit des dossiers relatifs à la traite négrière, à l’esclavage et à leurs

abolitions, à l’intention de l’enseignement de l’histoire et du français. Ils sont répertoriés en

bibliographie (voir infra, « Pour en savoir plus… »).

Patrimoine et pédagogie

L’esclave fut souvent représenté par les artistes. Peintres, sculpteurs puisèrent dans ce thème

une inspiration particulière, de Michel-Ange à Delacroix, Géricault, ou David d’Angers. Les

deux abolitions de l’esclavage proclamées par le gouvernement français en 1794 puis en 1848

donnèrent lieu à des œuvres visant à la glorification de la décision. Ces œuvres eurent

également des fonctions politiques. Il en fut ainsi, en 1848, de tableaux réalisés sur commande

par les peintres François-Auguste Biard (« Proclamation de la liberté des Noirs aux

colonies ») ou Alphonse Garreau (« Proclamation de l’abolition de l’esclavage à La

Réunion »)21 qui représentaient, devant un groupe d’esclaves tout juste libérés de leurs

chaînes, les commissaires de la République tenant d’une main le décret d’émancipation et

montrant, de l’autre, les instruments du travail agricole auquel ils allaient devoir se livrer sans

délai.

Aujourd’hui, de nombreux musées, par l’intermédiaire de leurs services éducatifs, ont

ouvert des ateliers thématiques, utilisant comme vecteurs les œuvres relatives à la traite

humaine et à l’esclavage qu’ils conservent.

21 Conservés au Musée du Château de Versailles pour le premier, au Musée du Quai Branly à Paris pour le second.

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Volume collectif La Route de l’Esclave, UNESCO

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Centres d’archives, musées, bibliothèques, organismes gouvernementaux, expositions

récentes

Centres d’archives :

Les Archives nationales ont publié en 2007 un Guide des sources de la traite négrière,

de l’esclavage et de leurs abolitions (Paris, Archives Nationales, La Documentation

Française). Un instrument de travail qui complète les inventaires existant sur les fonds relatifs

à ces thèmes, conservés aux Archives nationales, aux Archives nationales d’outre-mer et dans

divers centres d’Archives départementales.

Certains de ces derniers ont publié, dans le cadre de leurs services pédagogiques, une

documentation à destination des enseignants. Il convient notamment de signaler :

‐ Archives départementales de la Guadeloupe :

o Esclavage et traite négrière en Guadeloupe du XVIIe au XIXe siècle, dossier

double + Cd-rom.

o Les immigrations en Guadeloupe au XIXe siècle.

‐ Archives départementales de la Martinique :

o L’habitation, domaine terrien des Antilles avant et après la révolution

industrielle.

o La Martinique au temps de la Révolution française 1789-1794.

o L’immigration indienne à la Martinique.

‐ Archives départementales de La Réunion :

o Bourbon, les archives de l’esclavage, 1665-1848.

Musées :

Un inventaire des collections nationales et régionales des objets relatifs à la traite

négrière, à l’esclavage et à leurs abolitions dans les musées de France a été initié dans le cadre

du Comité pour la Mémoire de l’Esclavage entre 2005 et 2006. Les premiers résultats ont été

mis en ligne avec des textes de Nelly Schmidt et Françoise Vergès (http://www.comite-

memoire-esclavage.fr/inventaire, rubrique Culture/Patrimoine, « L’inventaire

muséographique sur le site du CPME »).

Parmi les musées qui possèdent des objets et œuvres d’art relatifs à ces thèmes –

exposés en salles permanentes ou conservés en réserves - il convient de citer :

‐ Le Musée Régional d’Histoire et d’Ethnographie, Fort-de-France, Martinique ;

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‐ La Maison de la Canne, Trois-Ilets, Martinique ;

‐ Le Site de Fond Saint-Jacques, Martinique ;

‐ L’Ecomusée de Rivière-Pilote, Martinique ;

‐ Le Musée Schœlcher, Pointe-à-Pitre, Guadeloupe ;

‐ Le Musée des Cultures guyanaises, Cayenne, Guyane ;

‐ Le Musée Villèle, Saint-Gilles, La Réunion ;

‐ Le Musée du Quai Branly, Paris (- collections d’objets, notamment le don de Victor

Schœlcher au Musée d’Ethnographie du Trocadéro, devenu Musée de l’Homme22 ; -

collection iconographique spécifique ; - activités sur le thème de l’esclavage), voir

http://www.quaibranly.fr/fr/actualites/journee-annuelle-des-memoires-de-la-traite-de-

l-esclavage-et-de-leurs-abolitions/le-musee-du-quai-branly-et-l-esclavage.html;

‐ Musée Dapper, Paris, Festival cinématographique «Regards sur l’esclavage : Mémoire

vive» ;

‐ Musée d’Aquitaine, Bordeaux, salles permanentes pour l’exposition « Bordeaux, le

commerce atlantique et l’esclavage », depuis 2009 ;

‐ Musée du Château des Ducs de Bretagne, Nantes (exposition temporaire De

l’esclavage à son abolition, catalogue de l’exposition réalisée au musée (1992-1994)

par l’association Les Anneaux de la Mémoire) et salles permanentes ;

‐ Musée du Nouveau Monde, La Rochelle (publication : L’esclavage dans les

collections du Musée du Nouveau Monde, par Thierry Lefrançois, Editions des Musées

d’art et d’histoire) ;

‐ Musée de la Compagnie des Indes, Lorient ;

‐ Musée de la Marine de Loire, Châteauneuf-sur-Loire ;

‐ Muséum d’Histoire Naturelle, Nîmes ;

‐ Musée africain, Lyon.

Bibliothèques :

‐ Bibliothèque nationale de France, site Gallica ;

‐ Bibliothèque de l’Arsenal, Paris, Bibliothèque nationale de France ;

22 Cf. Nelly Schmidt, Victor Schœlcher, Paris, Editions Fayard, 1994, annexe : Les « dons Schœlcher » et Inez Fisher-Blanchet, Catalogue de l’exposition Victor Schœlcher au Musée de l’Homme, à partir des dons Schœlcher, Centre de Recherches Caraïbes-Amériques, 1994.

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Volume collectif La Route de l’Esclave, UNESCO

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‐ Bibliothèque Schœlcher et Archives Départementales de la Martinique, Fort-de-

France, Martinique : site web « Histoire et Patrimoine. Autour de la correspondance de

Victor Schœlcher », écrit par Nelly Schmidt ;

‐ Bibliothèque universitaire, Université de La Rochelle, exposition « La Route des

Abolitions de l’Esclavage et des Droits de l’Homme », réalisée par l’association du

même nom.

Organismes gouvernementaux :

‐ Assemblée nationale : « Histoire et patrimoine », « Abolition de l’esclavage »,

www.assemblee-nationale.fr/histoire/esclavage/abolition.asp ;

‐ Sénat : les sites www.senat.fr/Evenements et Senatin-Junior proposent « Victor

Schœlcher (1804-1893). Une vie, un siècle », écrit par Nelly Schmidt.

Expositions récentes :

‐ Ville de Houilles (Yvelines, 78), exposition Victor Schœlcher, ses voyages, ses

combats, ses passions, 2004 (catalogue disponible) ;

‐ Conseil général des Yvelines, Versailles (Yvelines, 78), Orangerie du Domaine de

Madame Elisabeth et Ville de Houilles, Combats pour une abolition. Sur les pas de

Victor Schœlcher, 2010-2011 (catalogue disponible) ;

‐ Bibliothèque Mazarine, Paris, « Les Antilles à Paris : Trésors de la Bibliothèque

Mazarine », 2011 ;

‐ Musée Schœlcher, Pointe-à-Pitre, Guadeloupe, exposition de photographies « Lieux

de mémoire, mémoire des lieux. Sur les traces de la traite négrière et de l'esclavage »

(Philippe Monges), 2009 ;

‐ Sur le site de l’UNESCO : version française de l’exposition « Lest We Forget »,

Schomburg Center, New York ;

‐ Musée du Quai Branly, Paris (exposition d’objets spécifiques en 2011 à l’occasion de

l’Année des Outre-Mers) ;

‐ IUFM de Nantes, exposition « Des outils pédagogiques autour de la traite et de

l’esclavage », association Les Anneaux de la Mémoire, 2011 ;

‐ Secrétariat d’Etat à l’Outre-Mer, Traite négrière, esclavage, abolitions. Mémoires et

Histoire, exposition conçue par Nelly SCHMIDT, Marcel DORIGNY, Marie-Hélène

DUMESTE, Paris, mai 2008, publication du dossier-catalogue en 2009.

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‐ Musée d’Angoulême, exposition « Chemins d’esclaves », 2010.

Enjeux et débats

Le prisme colonial est particulièrement révélateur des non-dits et des lacunes qui

subsistent lorsqu’on aborde les sujets relatifs à la colonisation et aux phénomènes de servitude

dans l’histoire. Les a priori sont encore légions non seulement dans l’enseignement, mais

aussi dans les media et dans certains milieux mêmes de la recherche. Les amalgames opérés

récemment – à partir du début de ce XXIe siècle – au sujet des lois dites « mémorielles » ont

éclairé les fosses béantes qui séparent encore la recherche de ses moyens de transmission vers

le public le plus large.

L’un des effets de la captation du passé qui se mit en place après l’abolition de

l’esclavage de 1848 en France et dans les colonies françaises se manifeste encore dans les

réactions de surprise, de déni parfois, quand une histoire jusqu’alors minorée, souvent

édulcorée, parfois falsifiée, se propulse au rang de commémoration nationale. Ce fut le cas

lorsqu’après le vote de la loi française de mai 2001 qualifiant la traite négrière et l’esclavage

de crimes contre l’humanité, une journée nationale de commémoration fut fixée au 10 mai.

Les débats suscités, par exemple, par l’article 4 de la loi du 23 février 2005 relatif à

l’enseignement des « bienfaits » de la colonisation française - abrogé depuis - témoignent de

la difficulté qu’éprouvent la France et certains pays d’Europe à se tourner vers leur passé

colonial, passé de traites humaines et de réduction en servitude de millions d’individus23.

Il paraît encore bien laborieux, en effet, de lever le voile sur les enjeux de la réalité

coloniale et esclavagiste française alors que semblent renaître certains hymnes à la

glorification de la colonisation, tant au sein du parlement français que dans certains milieux

universitaires européens, et que les media sortent à peine d’une longue période d’autocensure

sur ces thèmes. Comment comprendre que si certains historiens estimèrent à juste titre qu’il

s’agissait là de pans entiers de l’histoire de l’humanité qu’il convenait d’étudier, de critiquer,

de transmettre, d’autres jugèrent tout à fait obsolète, voire déplacée la qualification en tant

que crime contre l’humanité dont traite négrière et esclavage firent l’objet ? Comment

accepter que certains estiment tout à fait injustifiée l’affirmation d’un traumatisme inscrit

23 Je me réfère notamment aux débats suscités par cet article de loi de février 2005 votée par l’Assemblée nationale française, portant que « Les programmes de recherche universitaire accordent à l’histoire de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord, la place qu’elle mérite » et que « Les programmes scolaires reconnaissent en particulier le rôle positif de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord, et accordent à l’histoire et aux sacrifices des combattants de l’armée française issus de ces territoires la place éminente à laquelle ils ont droit ». Voir également, concernant l’historiographie britannique, l’article de Seumas Milne, « Réhabilitation du colonialisme », in Le Monde Diplomatique, Paris, mai 2005.

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Volume collectif La Route de l’Esclave, UNESCO

50

dans le long terme, provoqué par ces événements et ressenti aujourd’hui encore par les

héritiers de cette histoire ? Comment admettre que l’on ait pu méconnaître à ce point, nier

parfois, l’ampleur et la longévité des séquelles liées à un système colonial dont de si

nombreux aspects sont encore sensibles aujourd’hui ? La politique de l’oubli du passé mise en

œuvre en 1848 et la canalisation des mémoires avaient-elles à ce point atteint leurs objectifs ?

Pour en savoir plus

Il s’agit là d’une sélection bibliographique en langue française. Pour une bibliographie

internationale, indispensable pour situer et comparer les thèmes évoqués, voir les autres

indications bibliographiques contenues dans cet ouvrage et sur le site web correspondant,

ainsi que le DVD de l’UNESCO « Routes de l’Esclave. Une vision globale », éléments

pédagogiques en PDF : « Asservir » et « Pour en savoir plus ».

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‐ THELIER, Gérard, Le grand livre de l’esclavage, des résistances et de l’abolition,

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‐ Harriet BEECHER-STOWE, La case de l’oncle Tom, Paris, Editions Hachette, Le

livre de poche Jeunesse, 2003.

‐ AYRES, Katherine, Esclaves en fuite, Editions Hachette, Le livre de poche Jeunesse,

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atlantique et l’esclavage ».

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‐ Traite négrière, esclavage, abolitions. Mémoires et Histoire, exposition conçue par

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- SCHMIDT, Nelly, Victor Schœlcher, ses voyages, ses combats, ses passions,

catalogue de l’exposition, Ville de Houilles (78), 2004.

- SCHMIDT, Nelly, Combats pour une abolition, catalogue de l’exposition organisée à

l’Orangerie de Madame Elisabeth, Versailles, Conseil général des Yvelines, France, 2010.

- De l ’esclavage à son abolition, catalogue de l’exposition de l’association Les

Anneaux de la Mémoire au Musée du Château des Ducs de Bretagne, Nantes, France, 1992.

‐ GIORDANI, Jean-Pierre, La Guadeloupe face à son patrimoine, Paris, Editions

Karthala, 1996.

‐ NICOLAS, Thierry, « Les lieux de mémoire de l’esclavage dans les départements

d’outre-mer (DOM) », EchoGéo, A la poursuite du patrimoine, 2009.

‐ La Route de l'Esclave. Traces - Mémoires en Guadeloupe, brochure, Conseil général

de la Guadeloupe, 2011.

‐ HOARAU, Laurent, « Histoire réunionnaise et lieux de mémoire », Université de La

Réunion, 2006.

‐ CHIVALLON, Christine, « Mémoires antillaises de l'esclavage », Ethnologie

française, XXXII (4), 2002.

‐ CHIVALLON Christine, « Rendre visible l'esclavage aux Antilles françaises

(Martinique): muséographie et lieux de mémoire ou les hiatus d'une mémoire difficile à

énoncer », L'homme, 180, 2006.

‐ CHARLERY, Christophe, « Maisons de maître et habitations coloniales dans les

anciens territoires français de l’Amérique tropicale », ministère de la Culture, In Situ, n°5,

décembre 2004.

‐ Lieux de mémoire de l’esclavage et de la traite négrière dans les pays lusophones,

Comité portugais de « La Route de l ’Esclave », Paris, Unesco, 2001.

Page 61: Esclavage et abolitions, colonies françaises, recherche … · ... la reconnaissance de la traite négrière et de l ... archéologiques et le recueil de la tradition orale,

Volume collectif La Route de l’Esclave, UNESCO

61

Documents pédagogiques

‐ Publications du SCEREN-CNDP :

o Comprendre la traite négrière atlantique

o Noirs, l’identité au cœur de la question noire

o La traite négrière, l’esclavage et leurs abolitions : mémoire et histoire,

séminaire national organisé le 10 mai 2006, Carré des sciences, Paris

o Enseigner l’histoire des traites négrières et de l’esclavage

o Quel enseignement de la traite négrière, de l’esclavage et des abolitions ?

o Traite négrière, esclavages et abolitions, sélection de documents, CNDP

(www.cndp.fr/memoire/esclavage/college-lycee/selecdoc.htm)

‐ Dossiers des Académies et CRDP :

Toutes les académies ont ouvert sur leur site une rubrique plus ou moins importante

sur les traites humaines, les esclavages et leurs abolitions. Certaines d’entre elles ont

produit des documents pédagogiques, tels que par exemple :

o Académie de la Réunion, CRDP : L’esclavage dans le monde des origines à

nos jours, Sépia, 2006 ; Le Code Noir et autres textes de loi sur l’esclavage,

Sépia, 2006 ;

o Académie de la Guadeloupe, CRDP : Autour de l’esclavage, figures littéraires

emblématiques de femmes, 2009.

o Académie de la Martinique, CRDP : Histoire des habitations de la Martinique,

2007.

o Académie de Bordeaux, CRDP : Silvia Marzagalli, dir., Comprendre la traite

négrière atlantique ;

o Académie de Nice : « L’esclavage, 5e » ;

o Académie de Besançon : DVD Toussaint Louverture et l’abolition de

l’esclavage ;

o Académie de Créteil : Enseigner l’histoire de la traite négrière, de l’esclavage,

des résistances et des abolitions (CNDP), 2007 ;

o Maison départementale de l’éducation du Val d’Oise et CDDP du Val d’Oise :

ressources et documents divers en ligne ;

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Volume collectif La Route de l’Esclave, UNESCO

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o Académie de Poitiers : « La mémoire de l’esclavage et des traites négrières » ;

o Académie de Versailles : « Les chemins d’une liberté, esclavage et

abolitions » ; WebTV de l’Académie de Versailles : « Journée d’étude et de

réflexion : la traite, l’esclavage, l’abolition » ;

o Académie de Nantes, CRDP Pays de Loire : dossier « Mémoire de la traite

négrière, de l’esclavage et de leurs abolitions » ;

o Educasources : « L’abolition de l’esclavage et les traites négrières » ;

o Académie de Metz : dossier sur l’enseignement artistique et l’esclavage.

Sitographie

. Archives nationales d’outre-mer : www.archivesnationales.culture.gouv.fr/anom/fr

. Archives départementales de la Guadeloupe : http://www.cg971.fr/archives

. Archives départementales de la Martinique : http://www.cg972.fr/archives

. Archives départementales de la Guyane : http://www.cg973.fr/archives

. Archives départementales de La Réunion : http://www.cg974.fr/archives

. Centre de Recherches Caraïbes-Amériques : www.cercam-leblog.com

. Centre International de Recherche sur les Esclavages : www.esclavage.cnrs.fr

. Historun, La Réunion : http://www.historun.com

. Centre de recherche sur les sociétés de l’océan Indien de l’Université de La Réunion

(CRESOI ): http://www.centre-histoire-ocean-indien.fr

. Ensemble des dossiers et des textes de conventions internationaux sur le site du Haut

Commissariat aux Droits de l ’Homme de l’ONU (Genève) : http://www.ohchr.org (/law/

slavery; / law/abolition ; / law/slavetrade ; / law/ trafficpersons ; /law/forcedlabour ; /law/

protocol traffic ; /law/childlabour).

. Anti-Slavery International : http://www.antislavery.org

. Human Rights Watch: http://www.hrw.org

. End Child Prostitution Child Pornography and Trafficking of Children for Sexual Purposes,

. ECPAT: http: //www.ecpat.org

. International Labour Office, Bureau International du Travail : http: //www. ilo.org

. UNICEF: http://www.unicef.org

. Comité contre l ’Esclavage Moderne (France) : http: //www.esclavagemoderne.org

. Amnesty International : http://www.amnesty.org

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Volume collectif La Route de l’Esclave, UNESCO

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. Commission européenne, Programme Daphné, en collaboration avec l’International

Organization for Migration (IOM), contre l’esclavage moderne et les trafics humains :

http://www.victimes-of-trafficking.org