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  • Prface

    Lnergie est une base essentielle pour le dveloppement social et conomique. Les tats doivent garantiraux populations de leur pays une fourniture dnergie en quantit suffisante tout en assurant la durabilit decet approvisionnement, c'est--dire avec des cots minimum et des effets rduits sur lenvironnement. L approvisionnement nergtique reprsente un dfit permanent pour nos socits, dautant plus que le besoindes tats africains ne cesse daugmenter. Les stratgies appliques jusquici doivent tre rvises.

    La capacit de latmosphre absorber sans danger des substances toxiques est depuis longtemps dpasse. cause des missions de CO2, nous pouvons dj anticiper les effets dvastateurs du rchauffement climatique surnotre environnement et au-del sur la vie des populations, en particulier celles qui y sont trs vulnrables. En 2020,entre 75 et 250 millions de personnes en Afrique pourraient tre exposes une pnurie deau croissante. Et danscertains pays du continent, les superficies agricoles sont menaces dtre rduites de moiti1.

    Dans ce contexte, il est donc clair quun approvisionnement en nergie bas sur des ressources puisables, auxprix levs et fluctuants, aux cots conomiques, sociaux et environnementaux importants, tels que le ptrole, legaz naturel et le charbon, pose des risques majeurs pour le dveloppement conomique et social des pays. Lesrcents vnements tragiques au Japon et les effets menaant la sant des populations et lenvironnement nousmontrent que lnergie nuclaire noffre pas dalternative non plus. Des mesures doivent tre prises pour encourager la transition vers lutilisation des nergies renouvelables. Elles :

    sont disponibles dans le monde entier, inpuisables, cologiques et contribuent la protection de lenvironnement ;

    rduisent la dpendance vis--vis des importations dnergie ; augmentent la cration de valeur sur place et crent des emplois ; et scurisent lapprovisionnement nergtique au-del de lre des hydrocarbures et du charbon.

    Au Sngal, la facture ptrolire slve des centaines de milliards de FCFA2 chaque anne. En 2010, 2,15 mil-lions de TEP ont t importes pour rpondre aux besoins nergtiques, soit 75% de loffre totale dnergie primaireau Sngal3. Et pourtant, sil y a bien des sources nergtiques abondantes au Sngal, ce sont le soleil et le vent.En plus, les premires initiatives ont dmontr quil est rentable de les exploiter.

    Le gouvernement du Sngal et ses partenaires nationaux et internationaux ont dj entrepris des projets de valo-risation des nergies renouvelables, en particulier dans la production dlectricit, de combustibles pour la cuissondes aliments et de biocarburant. titre dexemple, le programme PERACOD de la coopration sngalo-allemande accompagne les projets dlec-trification rurale dcentralise base de solaire et dans certains cas base de sources combines solaire et o-lien. Dans le domaine de la biomasse, source importante de la consommation nergtique des mnages auSngal, le PERACOD valorise les initiatives de gestion durable des forts, de production et vente de foyers de cuis-son amliors et de biocharbon base de dchets vgtaux.

    Cet ouvrage les nergies renouvelables : Les bases, la technologie et le potentiel au Sngal constitue le pre-mier document complet prsentant les diffrentes sources dnergies et leurs applications au Sngal. Il est publipar le PERACOD et a reu les contributions de plusieurs organismes au Sngal.

    Les lecteurs y trouveront des informations dtailles et chiffres sur les avantages de chaque source, les principesde son exploitation, les potentiels et les technologies.Nous souhaitons quil contribue amliorer la connaissance sur les nergies renouvelables et quil convainc quela solution des renouvelables doit tre dornavant mieux tudie et promue dans tout projet de dveloppementnergtique.

    Je flicite chaleureusement les auteurs de ce document pour lexcellent travail qu'ils ont fourni dans le cadre de notrebonne coopration entre le Sngal et lAllemagne.

    Christian Clages Ambassadeur de la Rpublique

    fdrale dAllemagne

    [1] Climate Change 2007: Synthesis Report, Intergovernmental Panel on Climate Change

    [2] SIE Sngal 2007

    [3] Key World Energy Statistics 2010, IEA

  • 10

    1. Introduction aux nergies renouvelables

    1.1. Introduction

    Toutes les nergies utilises par lhomme proviennent

    de lune des sources suivantes :

    lnergie rayonnante mise par le Soleil (nergie-

    solaire), principalement sous deux formes :

    - lnergie solaire directe

    - lnergie solaire capture sous la forme de

    combustibles biomasse ou fossiles ;

    lnergie gothermique de lintrieur de la Terre ;

    lnergie des mares provenant de lattraction de la lune ; et

    lnergie nuclaire.

    La forme prdominante est lnergie solaire. Elle est

    mille fois plus importante que toutes les autres et in-

    puisable tant que le Soleil brillera (des estimations

    projettent 4,9 millions dannes).

    La figure 1-1. donne une vue densemble des

    sources dnergies primaire sur la Terre.

    Source : PERACOD

    1.1.1. Dfinition de lnergie renouvelable

    Les nergies sont dites renouvelables tant quelles

    dpendent du systme cologique de la Terre, de lin-

    solation et de lnergie gothermique de la Terre. En

    pratique, les sources nergtiques renouvelables font

    allusion :

    la puissance hydraulique ;

    lnergie biomasse ;

    lnergie solaire ;

    lnergie olienne ;

    lnergie gothermique ; et

    lnergie de la mer.

    Dans le contexte de ce document, toutes les formes

    dnergie renouvelable seront traites mais nous ne

    ferons quesquisser trs brivement lnergie de la

    mer et la gothermie parce quelles ne sont pas en-

    core exploites au Sngal ou que le potentiel y est

    trs faible.

    La capacit de latmosphre absorber sans danger

    des substances toxiques est depuis longtemps d-

    passe. Lutilisation de ptrole, de gaz naturel, de

    charbon et duranium comporte encore dautres

    risques : ces ressources sont seulement disponibles

    en quantit limite, leurs prix sont en forte augmenta-

    tion et elles crent des dpendances politiques et

    conomiques. Grce aux nergies renouvelables,

    nous disposons de sources dnergie qui peuvent tre

    utilises sans quelles mettent de substances

    toxiques, et qui se renouvellent constamment par des

    processus naturels si bien que, mesure lchelle

    de la vie humaine, elles seront disponibles linfini.

    Les pays qui entameront cette transition vers les ner-

    gies renouvelables de bonne heure devraient y ga-

    gner davantage par rapport aux retardataires en

    matire dnergie renouvelable. Donc, un jour le re-

    cours aux nergies renouvelables sera indispensable

    et ceci sera d davantage des problmes environ-

    nementaux qu lpuisement du ptrole brut.

    Figure 1 1

    Consommation nergtique mondiale

  • 11

    1.1.2. Les nergies renouvelables traditionnelles et

    nouvelles

    On fait parfois une distinction entre les renouvelables

    traditionnelles et les nouvelles ou modernes. Alors

    que le terme traditionnel sapplique lutilisation de

    la biomasse, et ce principalement dans le cas de

    lnergie domestique surtout dans les pays en dve-

    loppement, celui des nergies renouvelables nou-

    velles regroupe les formes dnergies renouvelables

    modernes et durables.

    Plus spcialement en matire dnergie biomasse, on

    utilise diffrentes dfinitions. Le terme de combusti-

    bles renouvelables et dchets inclut toutes les ma-

    tires vgtales et animales utilises directement ou

    transformes en combustibles solides, les combusti-

    bles liquides et gazeux tirs de la biomasse, ainsi que

    les dchets industriels et municipaux transforms en

    nergie. Les principaux combustibles issus de la bio-

    masse des pays en dveloppement sont le bois de

    feu, le charbon de bois, les rsidus agricoles et les

    djections animales appels souvent biomasse tradi-

    tionnelle1.

    Les sources nergtiques renouvelables sont habi-

    tuellement considres comme tant un lment de

    rponse aux enjeux environnementaux, sociaux et

    conomiques actuels. En 2006, les nergies renouve-

    lables reprsentaient environ 18 % de la consomma-

    tion dnergie primaire dans le monde :

    principalement de biomasse traditionnelle. Cependant

    les nergies nouvelles, cest--dire le solaire, lo-

    lien et lnergie marmotrice contribuaient hauteur

    de seulement 0,2 % de lutilisation nergtique pri-

    maire dans le monde (voir figure 1-2). La majeure par-

    tie de ces nergies renouvelables provient de la

    Figure 1 2

    Structure de la consommationmondiale dnergie finale en 2006

    Figure 1 3

    Evolution delapprovisionnementmondial en nergieprimaire renouvelableet la part en nergiesrenouvelables

    Source : Erneuerbare Energien in Zahlen nationale und internationale Entwicklung,BMU - Bundesumweltministerium [Ministrede lEnvironnement] 2009.

    Source : ErneuerbareEnergien in Zahlen

    nationale und internati-nale Entwicklung BMU -Bundesumweltministerium(Ministre de lEnvironne-

    ment) 2009.

    1

    Ces paragraphes suivants sonttirs de : Dossier thmatiquen10, Renouvelables 2004. Jo-hansson, Thomas B. et al. : Lespotentiels de lnergie renouve-lable. Note sur les citations : Nousnutilisons pas dannotationscientifique dans ce document.Des parties de textes sont ci-tes sans parenthses afin derendre cette brochure plus lisible.

  • 12

    biomasse et de lnergie hydraulique, des grandes

    centrales hydrauliques essentiellement (voir figure 1-3).

    En gnral, les sources dnergies renouvelables sont

    des sources nergtiques indignes ; ainsi ont-elles le

    potentiel de fournir des services nergtiques avec le

    risque 0 ou presque 0 polluant et gaz effet de serre.

    Lnergie renouvelable est inpuisable et abondante.

    Cest sur les combustibles fossiles que la rvolution

    industrielle sest construite. Lge du ptrole (temps

    pendant lequel les combustibles fossiles fournissent

    en nergie la plus grande partie de lhumanit) est

    considr comme une priode de temps trs courte.

    (figure 1-4).

    Les combustibles fossiles (ainsi que les combustibles

    nuclaires) ne sont pas eternels et ont dmontr quils

    sont la source de nombreux problmes environne-

    mentaux. Il est clair quun jour les nergies renouve-

    lables devront dominer le systme nergtique

    mondial.

    Les nergies renouvelables prsentent de nombreux

    avantages : elles

    sont disponibles dans le monde entier ;

    sont inpuisables ;

    sont cologiques et contribuent la protection de

    lenvironnement ;

    comportent peu de risques ;

    rduisent la dpendance vis--vis des importations

    dnergie ;

    augmentent la cration de valeur sur place et crent

    des emplois ;

    contribuent ainsi la rduction de la pauvret ; et

    assurent la scurit de lapprovisionnement ner-

    gtique.

    De surcrot, tant donn que lnergie renouvelable

    est normalement convertie lendroit mme de son

    utilisation, tous les aspects relatifs aux transports

    dnergie (comme avec les combustibles fossiles)

    sont exclus. Dans un sens plus large, on devrait

    conclure que lnergie renouvelable a en soi un as-

    pect antimonopoliste de par son utilisation,

    puisquune centralisation des units dans quelques

    mains (comme avec les grandes compagnies ptro-

    lires) est principalement impossible.

    1.2. Caractristiques de base des nergiesrenouvelables

    Lnergie solaire se manifeste sous forme de chaleur

    solaire basse temprature, chaleur solaire haute

    temprature, lectricit olienne et photovoltaque.

    La chaleur solaire basse temprature est produite

    par labsorption de la lumire du Soleil par des sur-

    faces assombries qui la convertissent en chaleur pour

    tre utilise pour chauffer de leau ou dautres fluides.

    La chaleur solaire haute temprature, au contraire,

    est obtenue en faisant concentrer la lumire du Soleil

    et les fluides de chauffage haute temprature pour

    gnrer de llectricit.

    Le photovoltaque (appel aussi lectricit solaire) est

    la transformation directe du composant ultraviolet de

    la lumire du Soleil en lectricit dans des endroits

    appropris.

    Lnergie olienne est gnre par les vents issus de

    turbulences causes par le rchauffement (ingal) de

    latmosphre par la chaleur solaire. La plupart des

    parcs oliens sont aujourdhui constitus doliennes

    (connectes en rseau) qui produisent directement

    de llectricit partir du vent. Les moulins vent

    Figure 1 4

    Consommation nergtique mondiale

    1EJ (exajoule) = 1018 joules = 277,8 millions MW/hSource : Conseil nergtique mondiale, tir de Jargstorf 2004 (modifi)

  • 13

    qui ont t des applications du vent au dbut du si-

    cle dernier - sont pour la plupart utiliss aujourdhui

    pour le pompage de leau.

    Lnergie gothermique se manifeste sous forme

    deau chaude ou de vapeur et peut tre utilise pour

    le chauffage ou pour la production dlectricit dans

    certaines rgions spcifiques. Actuellement les tech-

    nologies utilisant lnergie gothermique favorisent la

    production de llectricit et sont encore un stade

    de dveloppement embryonnaire.

    La puissance hydraulique est indirectement lie au

    rayonnement solaire qui vapore leau des ocans

    pour former avec la pluie les rivires des continents.

    On construit des barrages sur les rivires pour consti-

    tuer des rservoirs, qui garantissent une production

    stable en eau pour produire de llectricit. On diff-

    rencie gnralement les grandes centrales hydro-

    lectriques de puissance lectrique suprieure 10

    MW et les petites centrales.

    Les grandes centrales puissance hydraulique inon-

    dant de grandes tendues engendrent des dplace-

    ments de la population et ont des consquences

    indsirables et souvent imprvisibles long terme tant

    sur le plan environnemental que sur le plan social ;

    cest pourquoi elles sont considres par certains

    comme ressources non-renouvelables. Les centrales

    plus petites ne gnrent pas de tels problmes 2.

    La biomasse (dchets organiques) reprsente une

    partie relativement faible de lnergie solaire qui est

    transforme par la photosynthse. Alors que le ren-

    dement nergtique - rapport entre la production

    (nergie produite) et le productible estim pour la

    photosynthse est moins de 0,5 %, un panneau pho-

    tovoltaque a un rendement de 10 15 %. Une partie

    de ces dchets a t enterre depuis trs longtemps

    (environ 290 millions dannes) par les sdiments et

    tremblements de terre puis transforme par laction

    des bactries en charbon, ptrole et gaz qui consti-

    tuent actuellement les ressources en combustibles

    fossiles (qui ne sont pas renouvelables). La biomasse

    est considre habituellement comme nergie renou-

    velable sauf si son exploitation contribue la dfo-

    restation.

    Ainsi la biomasse tout comme la puissance hydrau-

    lique grande chelle sont les deux seules formes

    dnergies renouvelables qui peuvent causer de s-

    vres catastrophes - la biomasse au cas o elle est

    surexploite et la puissance hydraulique si elle est g-

    nre dans des dimensions gigantesques.

    Les nergies renouvelables peuvent couvrir toute

    forme de besoins nergtiques. Une caractristique

    trs importante de la plupart des nergies renouvela-

    bles est nanmoins quelles sont de nature intermit-

    tente. Le Soleil ne brille que pendant la journe et

    lnergie olienne par exemple nest pas disponible

    rgulirement. Cette caractristique constitue en soi

    un inconvnient de la plupart des nergies renouve-

    lables avec toutefois une exception notable pour

    lnergie gothermique, et un moindre degr la puis-

    sance hydraulique et la biomasse.

    Pour contourner cette nature intermittente de lner-

    gie renouvelable, on doit avoir recours des appa-

    reils de stockage relativement coteux (comme les

    batteries pour les systmes photovoltaques ou ci-

    ternes de stockage deau pour la puissance hydrau-

    lique) ce qui augmente considrablement les cots

    du systme complet.

    1.2.1.Calcul du cot des renouvelables

    Lconomie des nergies renouvelables est normale-

    ment plus difficile calculer que celle des combusti-

    bles conventionnels (fossiles).

    Ceci cause des variations de lnergie, selon le

    temps et lendroit. Par consquent, il ne sera pas ais

    de fournir une comparaison gnrale des diffrentes

    formes dapplications de lnergie renouvelable.

    Si on compare llectricit issue des nergies renou-

    velables dans des conditions normalises, comme

    celles rencontres en Europe (avec une radiation so-

    laire relativement basse, une vitesse du vent moyenne

    annuelle de 6m/s, etc.), on arrive seulement des r-

    sultats trs relatifs. On peut quand mme constater

    que lnergie olienne reprsente de loin lnergie re-

    nouvelable la plus conomique lheure actuelle. La

    puissance hydraulique avec des dimensions inf-

    rieures 10 MW a de loin les cots dinstallation et

    dexploitation les plus levs. Lnergie solaire a en-

    core des cots dinstallation plus levs, mais ap-

    proximativement les mmes cots dexploitation que

    lnergie olienne.

    2

    Ce paragraphe et lessuivants sont tirs de :Dossier thmatique n1,Renouvelables 2004.Goldemberg, Jos :The Case for RE.

  • 14

    1.3. nergies renouvelableset changement climatique

    1.3.1.Les raisons du changement climatique

    Le systme nergtique mondial actuel est fortement

    dpendant de lutilisation des combustibles fossiles.

    Le charbon, le ptrole et le gaz dans le monde repr-

    sentent presque 80 pour cent de la consommation

    dnergie primaire. Les combustibles fossiles consti-

    tuent la premire source dmissions de gaz carbo-

    nique (CO2). Selon le Groupe dexperts intergouver-

    nemental sur lvolution du climat, le GIEC, la concen-

    tration en gaz carbonique a atteint des volumes de

    385 ppm (parties par million) par rapport aux 280 dil

    y a deux cents ans laube de la rvolution indus-

    trielle.

    Le rchauffement climatique est un phnomne

    d'augmentation de la temprature moyenne des

    ocans et de l'atmosphre l'chelle mondiale sur

    plusieurs dcennies. Entre 1906 et 2005, la temprature

    moyenne au niveau du sol a augment de 0,74 C (

    0,18 C tolrance aux erreurs). La dcennie entre

    2000 et 2009 a montr de loin les plus hautes temp-

    ratures jamais mesures3.

    Le GIEC affirme que le rchauffement climatique de-

    puis 1950 est avec une trs grande probabilit d'ori-

    gine humaine (cela signifie avec une probabilit de

    plus de 90 %)4.

    En lan 2000 le gaz carbonique reprsentait 78 % des

    missions des gaz effet de serre anthropiques, suivi

    du mthane (14 %).

    Aujourdhui la question, longtemps controverse, sa-

    voir si les gaz effet de serre contribuent au rchauf-

    fement de la plante, ne se pose plus. Les

    discussions scientifiques actuelles tournent autour de

    la question comment attnuer le rchauffement pla-

    ntaire et comment sy adapter.

    La crise conomique rcente a ralenti de manire si-

    gnificative les missions en CO2. Ainsi, pour la pre-

    mire fois en quarante ans, les missions mondiales

    de gaz effet de serre ont baiss d'environ 3 %. Cette

    situation nouvelle pourrait prsenter un grand poten-

    tiel pour rorienter les systmes nergtiques mon-

    diaux et investir dans des techniques pauvres en CO2mais les volutions rcentes, notamment le quasi

    chec de la Confrence de Copenhague sur le climat

    en dcembre 2009, laissent craindre que cela ne soit

    pas le cas et que cette baisse soit regagne par la suite.

    Dans son bilan 2009, le World Energy Outlook,

    lAgence internationale de lnergie (AIE) prdit que

    si le monde poursuit sa trajectoire actuelle, les

    hommes rejetteront 40 milliards de tonnes de CO2 en

    2030. laube de la Confrence de Copenhague,

    lAIE avait prsent deux scnarios : un scnario de

    rfrence qui part du principe dune prolongation des

    tendances actuelles (business as usual) et un sc-

    nario 450 dont lobjectif est de limiter la concentra-

    tion de gaz effet de serre dans latmosphre de 450

    parties par million (ppm). Il sagit du seuil critique pr-

    conis par le GIEC, afin de maintenir, selon les tho-

    ries actuelles, laccroissement moyen de temprature

    de la Terre en dessous de 2 C par rapport l're pr-

    industrielle. On estime aujourdhui quun rchauffe-

    ment au dessus de ces 2 C entranera des

    consquences irrversibles. Sans une rorientation

    3

    http://www.metoffice.gov.uk/corporate/pressoffice/2009/pr20091208b.html [consult le18 fvrier 2010 11h15]

    4

    Le quatrime rapport de2007 du GIEC emploie leterme trs probable: Les-sentiel de llvation de latemprature moyenne duglobe observe depuis le mi-lieu du XXe sicle est trsprobablement attribuable lahausse des concentrationsde GES anthropiques. Cetteconstatation marque uneprogression par rapport laconclusion du troisimerapport dvaluation, selonlaquelle lessentiel du r-chauffement observ aucours des 50 dernires an-nes est probablement d laccroissement de laconcentration de GES. Ainsi,lestimation du rle probablede lhomme dans le change-ment climatique a augmententre 2001 et 2007, puisquedans le rapport de 2001, cerle ntait qualifi que deprobable.

    Figure 1 5

    Leffet de serre

    Source : Image cre par Robert A. Rohde / Global Warming Art

  • 15

    fondamentale des politiques nergtiques et une r-

    duction drastique de gaz effets de serre, le scna-

    rio de rfrence prvoit un rchauffement allant

    jusqu 6 C.

    Le cadre de rfrence de lAIE prconise une hausse

    des besoins en nergie de 40 % dici 2030. 93 % de

    la demande supplmentaire proviendra des pays non

    membres de lOCDE, commencer par la Chine et

    lInde, suivis des pays du Moyen Orient.

    Contrairement au scnario de rfrence, suivre le

    scnario 450 signifiera datteindre un pic dmis-

    sions annuelles anthropiques de 30,9 milliards de

    tonnes ds 2020 et darriver des missions an-

    nuelles de 26 milliards de tonnes en 2030. Pour arriver

    cet objectif, lAIE a procd une analyse des pos-

    sibilits de renverser la tendance actuelle par secteur

    et rgion. Les mesures prendre seraient avant tout

    des mesures damlioration defficacit nergtique

    et une dcarbonisation de lnergie en mettant lac-

    cent sur les nergies renouvelables et lnergie nu-

    claire.

    Le sommet de Copenhague, tant attendu, a chou

    et les tats nont pas pu sentendre sur un accord ju-

    ridiquement contraignant remplaant le protocole de

    Kyoto.

    Les tats ont seulement ritr leur intention de limi-

    ter la hausse de la temprature mondiale en dessous

    de 2 C. Cet accord nest pas contraignant et pour

    linstant les efforts runis des pays ne pourront de loin

    aboutir cette limite.

    Il est certain que le continent africain subira un

    grand degr les consquences du rchauffement

    malgr le fait quil est le plus faible metteur de CO2.

    Selon le quatrime rapport du GIEC 2007, il faut sat-

    tendre un rchauffement entre 2,6 et 5,4 C (en

    moyenne 3,6) pour la zone du Sahel. Les simulations

    de changement climatique daujourdhui ne permet-

    tent pas encore de pronostic fiable concernant lvo-

    lution des prcipitations dans cette zone. Il y a des

    modles qui prvoient une augmentation dhumidit

    dans la zone mais la plupart des voix prdisent une

    amplification des scheresses dans la rgion.

    Pour le Sngal, situ sur la bande sahlienne et dot

    dune cte maritime longue de 500 km, les change-

    ments climatiques se feront ressentir avec certitude et

    on devrait prparer leur attnuation plus rapidement

    que ce nest le cas actuellement. Depuis quelques an-

    nes, on observe des phnomnes drosion ctire

    qui vont probablement sexacerber, notamment sur

    laxe Rufisque-Bargny.

    Le rapport du GIEC 2007 souligne la gravit des

    consquences du rchauffement climatique pour la

    totalit du continent africain, surtout en ce qui

    Figure 1 6

    Emissions CO2 lies aux besoins en nergiepar rgion selon le scnario de rfrence

    Source : World Energy Outlook 2009 OECD/IEA, 2009, [figure4.10], [page 181] 5 GT = gigatonne

    5

    Legende: Africa = Afrique,Latin America = Amrique La-tine, OECD Pacifique = OCDEPacifique, Middle East = MoyenOrient, Other Asia = autrespays dAsie, E. Europe / Eura-sia = Europe de lEst / Eurasie,India = Inde, OECD Europe =OCDE Europe, OECD North =OCDE Nord, China = Chine

    6

    Legende: Reference Scenario :all gases = scnario de rf-rence : tous les gaz // Refe-rence Scenario : Co2 = scnariode rfrence : CO2 // 450 Sce-nario : all gases = scnario 450: tous les gaz // 450 Scenario: CO2 = scnario 450 : CO2.

    Figure 1 7

    Trajectoires des missions CO2selon les scnarios

    Source : World Energy Outlook 2009 OECD/IEA, 2009,[figure 5.1.], [page 199] 6

  • 16

    concerne la disponibilit deau et lagriculture. On sat-

    tend un agrandissement des surfaces arides et

    semi-arides entre 5 et 8 %, ce qui signifie une dimi-

    nution des surfaces cultivables de 60 90 millions

    dhectares7.

    Le gouvernement sngalais a dvelopp un Plan Na-

    tional dAdaptation (PANA) mais manque de moyens

    financiers pour le mettre en uvre. Le besoin de fi-

    nancement supplmentaire pour protger les infra-

    structures contre la hausse du niveau maritime est

    estim 86 milliards francs CFA pour la seule zone

    de lAfrique de lOuest8.

    La relation entre laugmentation des catastrophes na-

    turelles et le changement climatique est aujourdhui

    inconteste. La Fdration internationale de la Croix-

    Rouge chiffre une augmentation de 60 % de catas-

    trophes naturelles au cours de la dernire dcennie

    (de 1997 2006) par rapport la dcennie prc-

    dente (1987 1996) 9. Le Haut Commissariat des Na-

    tions Unies pour les rfugis prvoit de grandes

    vagues de migration et a identifi au moins cinq sc-

    narios de dplacements induits par les changements

    climatiques10.

    Les grandes compagnies dassurance annoncent de-

    puis longtemps une hausse des cots pour les assu-

    rances due laugmentation des catastrophes

    naturelles 11. Pour des pays en voie de dveloppement

    comme le Sngal, cest dautant plus important,

    puisque, contrairement au monde occidental, les agri-

    culteurs au Sngal ne sont pas assurs et devront

    supporter tout seuls ces cots.

    1.3.2.Stratgies contre le changement climatique

    Les trois principales stratgies pour rfrner les mis-

    sions de CO2 sont :

    une utilisation plus efficace de lnergie, spciale-

    ment dans le transport, la construction et le proces-

    sus de production ;

    laccroissement de la confiance dans les sources

    dnergie renouvelable ;

    le dveloppement acclr et le dploiement de

    nouvelles technologies nergtiques de pointe avec

    zro mission nocive (telle la technologie dhydro-

    gne).

    La pertinence de ces diffrents points dpend du ni-

    veau de dveloppement de la rgion ainsi que de la

    disponibilit des ressources naturelles et technolo-

    giques. Il y a cependant dnormes diffrences dans

    les systmes nergtiques des pays en dveloppe-

    ment et industrialiss (OCDE) comme indiqu dans la

    figure 1-8.

    Dans les pays de lOCDE qui ont atteint un trs haut

    niveau de dveloppement, la stratgie principale est

    de gagner en rendement nergtique. Dans les pays

    en dveloppement o les nergies renouvelables

    (surtout la biomasse) jouent dj un rle trs impor-

    tant (autour de 30 %) - bien quutilises des fins peu

    rentables la meilleure stratgie suivre semble tre

    la modernisation de leurs utilisations.

    Dans les pays en dveloppement, la consommation

    nergtique augmente plus vite que dans les pays de

    lOCDE, ce qui confre une grande marge pour lin-

    novation au fur et mesure que le systme nerg-

    tique volue.

    7

    Welt im Wandel Zukunftsf-hige Bioenergie und nachhal-tige Landnutzung. WBGU:Wissenschaftlicher Beirat derBundesregierung GlobaleUmweltvernderungen. 2008,p. 148.

    8

    Selon une estimation duPNUD. Source : Change-ments climatiques : Le Sn-gal particulirement expos.Le Quotidien : 4 dcembre2008.

    9

    http://www.challenges.fr/ac-tualites/entreprises/20071212.CHA4741/le_chan-gement_climatique_multi-plie_les_catastrophes_nat.html [consult le 18 fvrier2010 10h05]

    10

    UN High Commissioner forRefugees, Changements cli-matiques, catastrophes natu-relles et dplacement humain: une perspective du HCR,23 October 2008, Sourcehttp://www.unhcr.org/ref-world/docid/4a2673fe2.html[consult le 18 fvrier 2010 12h00]

    11

    Voir p.ex. http://www.mu-nichre.com/de/ts/climate_change_and_insurance/default.aspx [consult le 18 fvrier2010 13h05]

    12

    Source : AIE. Cit daprsRenewable Energy & Deve-lopment. Brochure to accom-pany the Mobile Exhibition onRenewable Energy in Ethio-pia. By Jargstorf, Benjamin.GTZ & Ethiopian RuralEnergy Development andPromotion Centre (EREDPC).Addis Ababa 2004.. [Seracite par la suite : Jargstorf2004]

    .

    Figure 1 8

    Diffrents systmes nergtiques 12

    % de la consommation

    Source : Jargstorf 2004

  • 17

    1.4. Les nergies renouvelableset le dveloppement durable

    1.4.1.Quest-ce que le dveloppement durable ?

    Les services nergtiques sont fondamentaux pour le

    dveloppement social et conomique ils jouent un

    rle important, p. ex. pour radiquer la pauvret, pour

    garantir la qualit de vie, pour dvelopper des milieux

    ruraux et urbains et pour amliorer lgalit des

    chances.

    Dans les dcennies venir, le systme nergtique

    mondial sera confront des challenges importants :

    une population mondiale croissante qui pourrait at-

    teindre 8,3 milliards en 2020 13 pour ralentir et arriver

    9 milliards en 2050 selon les prvisions des Nations

    Unies 14, a besoin dun approvisionnement suffisant en

    services nergtiques. Laugmentation de la popula-

    tion aura principalement lieu en Afrique, au Moyen-

    Orient et en Inde, donc la plupart du temps dans des

    pays qui ont un accs limit lnergie propre.

    Presque toute laugmentation de la population atten-

    due entre 2000-2030 aura lieu dans les milieux ur-

    bains des rgions les moins dveloppes dont la

    population doublera avec 4 milliards en 2030. En

    2009, pour la premire fois dans lhistoire de lhuma-

    nit, la population urbaine mondiale dpasse la po-

    pulation rurale15.

    Le plus grand taux de croissance est prvu en Afrique

    au sud du Sahara 16. Cet accroissement va augmenter

    la fois la pauvret des villes et le manque dnergie

    en milieu rural.

    En dbut de ce millnaire 2 milliards de personnes au

    monde vivent avec moins de 1$ par jour et consom-

    ment 0,2 tonne dquivalent ptrole (TEP) par per-

    sonne pendant que 1 milliard des plus riches en

    utilisent 25 fois plus. Environ 1,6 milliard de personnes

    na pas accs llectricit et lapprovisionnement

    nergtique de plus de 2 milliards provient de la com-

    bustion du bois et des djections animales17.

    Les relations bien connues entre laccroissement

    nergtique et conomique, la sant environnemen-

    tale et humaine, lgalit des chances, leau, la pro-

    ductivit agricole, les technologies de linformation et

    des communications, la gestion du risque et des ca-

    tastrophes naturelles, etc. soulignent limportance du

    secteur de lnergie dans toute stratgie de dve-

    loppement durable. Clairement, lnergie est un fac-

    teur critique influenant les rponses communautaires

    mondiales plusieurs objectifs des Objectifs de D-

    veloppement de lONU pour le Millnaire (OMD) dont

    celui visant rduire la pauvret.

    Il est aujourdhui primordial de lier la problmatique

    nergtique des pays en voie de dveloppement

    avec les OMD et les stratgies nationales de rduc-

    tion de la pauvret.

    Pour lnergie, les principales cls pour le dvelop-

    pement durable peuvent tre formules comme suit :

    une politique nergtique durable doit au moins ap-

    provisionner suffisamment en services nergtiques

    de base la population mondiale croissante et les fu-

    tures gnrations ;

    comme la richesse conomique est rpartie inga-

    lement entre les rgions, les pays industrialiss et en

    dveloppement et que, laccs aux services nerg-

    tiques diffre par consquent de faon significative

    au sein des pays, on doit garantir tous les membres

    des socits lgalit des chances face laccs aux

    services nergtiques de base ; et

    les catastrophes naturelles doivent tre limites

    un niveau pour assurer les fonctions de protection de

    la nature long terme.

    prsent, le secteur de lnergie cause de srieux

    problmes environnementaux tous les niveaux dans

    le monde : local, rgional et national. Les impacts en-

    vironnementaux de lextraction de lnergie, du traite-

    ment et de son utilisation sont multiples. Dun point de

    vue mondial, ils sont dune importance croissante :

    surtout limpact anthropique sur le systme climatique

    cause des missions des gaz effet de serre, le d-

    clin de la biodiversit cause dune utilisation de la

    biomasse non-durable et la dvastation des cosys-

    tmes par les infrastructures nergtiques. Mais aussi

    lacidification rgionale des sols, lacs et rivires ainsi

    que la contamination nuclaire causent de lourds

    dommages pour la nature et par consquent pour les

    socits. La destruction ou la contamination des co-

    systmes accompagnent souvent la destruction ou la

    mise en danger dune grande partie des communau-

    ts humaines.

    13

    http://www.geopopulation.com/20090517/demographie-mondiale-les-dernieres-ten-dances-des-previsions-projection-2030/ [consult le 18fvrier 2010 14h30]

    14

    UNFPA : tat de la populationmondiale 2004

    15

    World Energy Outlook 2009.OECD / iea-InternationalEnergy Agency, p.58

    16

    Daprs lINED, linstitut natio-nal dtudes dmogra-phiques : Source :http://www.ined.fr/fr/pop_chif-fres/pays_du_monde/[consult le 18 fvrier 2010 14h55]

    17

    Source : Jargstorf 2004

  • 18

    1.4.2.Principes dexcution

    du dveloppement durable

    En prenant en compte les diffrentes technologies et

    options pour le secteur nergtique, un cadre global

    de neuf programmes dexcution forme la condition

    essentielle pour un systme nergtique dvelop-

    pement durable dans le monde :

    les services nergtiques pourraient tre dvelop-

    ps et tendus grce des progrs nergtiques ef-

    ficaces, grce aux renouvelables et aux technologies

    faible pollution et faibles risques, de manire d-

    velopper des ressources et minimaliser les risques

    de catastrophes cologiques ;

    lexploitation des sources dnergies renouvelables

    ne devrait pas excder leur facteur de rgnration ;

    les dgts cologiques dus la consommation

    nergtique devraient tre maintenus des niveaux

    nexcdant pas les capacits de lcosystme se r-

    gnrer et/ou sadapter ;

    lutilisation des technologies nergtiques avec des

    potentiels haut risque devrait tre minimise ;

    les services nergtiques devraient tre fournis

    moindre cot en prenant en compte les cots ex-

    ternes ;

    la transition des systmes nergtiques tradition-

    nels vers ceux dveloppement durable devrait tre

    mise en uvre de faon que les effets sur lemploi et

    autres aspects sociaux soient positifs. Les impacts

    ngatifs devant tre limits des niveaux que pour-

    raient compenser dautres politiques ;

    la gestion du conflit suivra les principes dmocra-

    tiques ainsi en tenant compte suffisamment des int-

    rts des gnrations futures ; et

    la justice lchelle mondiale et lgalit des

    chances dans le secteur de lnergie mnent les pays

    industrialiss avoir une responsabilit spcifique et

    exigent des ngociations quitables.

    1.4.3. La responsabilit des pays industrialiss

    Un vritable systme nergtique lchelle mondiale

    runirait toute la plante, toutes les personnes et

    toutes les nations. Cependant le Nord industrialis a

    t et restera les annes venir le meneur cl du

    systme nergtique actuel et celui qui prend une

    part importante dans les affaires environnementales

    mondiales.

    Le Nord est responsable des quelques 75 % des

    missions en CO2, consomme directement et indirec-

    tement jusqu 70 % des ressources en minraux et

    mtaux et laisse son empreinte cologique sur plus

    de 50 % de terres cultivables de notre plante.

    Les missions de dioxyde de carbone par habitant

    dans les diffrentes rgions du monde varient gran-

    dement : le nord de lAmrique en met environ 20 t/h,

    lOcanie environ 10 t/h et lEurope moins de 8 t/h ce

    qui reprsente entre deux fois et cinq fois la moyenne

    mondiale. Au contraire, plusieurs rgions en dvelop-

    pement dans le monde mettent moins de 3 t/h de

    CO2 par an18.

    Pour les conomies du Sud, ayant droit leur dve-

    loppement propre, un changement fondamental des

    modles de production et de consommation dans le

    Nord constitue une prcondition essentielle pour tout pro-

    grs vers le dveloppement durable lchelle mondiale.

    Des changements grande chelle seront nces-

    saires : la combinaison dun changement durable

    dans les pays industrialiss avec une intgration im-

    minente des pays en dveloppement vers un nouveau

    modle de dveloppement est ncessaire et est in-

    vitable long terme.

    Du fait de leur responsabilit historique dans les mis-

    sions mondiales de gaz effet de serre, les pays in-

    dustrialiss ont une responsabilit rparer les

    bouleversements climatiques actuels. Ils doivent sou-

    tenir financirement et techniquement l'adaptation des

    populations souffrant le plus des consquences des

    changements climatiques ainsi que la rparation des

    catastrophes environnementales et le soutien aux d-

    placs environnementaux. Copenhague 30 milliards

    de dollars US sur trois ans ont t promis aux pays les

    plus pauvres pour financer des projets leur permet-

    tant de sadapter au rchauffement climatique. Mais

    18

    Source : Jargstorf 2004

  • 19

    pour linstant, les conditions de ces paiements nont

    pas encore t clairement dfinies.

    1.5. Les nergies renouvelables,lemploi et la scurit nergtique

    1.5.1.Les nergies renouvelables et lemploi

    Les industries des nergies renouvelables et les sec-

    teurs de services sont en croissance rapide dans de

    nombreux pays. Il est vident que la promotion syst-

    matique de telles technologies nouvelles offre de

    grandes opportunits pour :

    linnovation ;

    le dveloppement des marchs nergtiques lo-

    caux ou rgionaux ; ainsi que

    la cration de nouveaux emplois avec des exi-

    gences de qualification trs diffrentes.

    Pendant que le dveloppement et le dploiement de

    technologies de pointe telles que les nergies o-

    liennes ou photovoltaques rclament une main du-

    vre hautement qualifie dans les pays industrialiss,

    les pays en dveloppement peuvent bnficier co-

    nomiquement de lutilisation accrue de lnergie issue

    de la biomasse, aussi bien pour les usages productifs

    que pour lapprovisionnement en nergie.

    Lutilisation tendue des cuisinires amliores au

    bois et au charbon au Sngal, au Mali et dans dau-

    tres pays africains ainsi que la production dthanol

    partir du sucre de canne au Brsil en constituent des

    exemples.

    De manire gnrale, les nergies renouvelables sont

    importantes pour lemploi local et pour la cration de

    revenus, rsultat de la production, du dveloppement

    de projet, des prestations de service et dans le cas

    de la biomasse de lemploi rural.

    Habituellement, les sites o on exploite les nergies

    renouvelables

    sont dcentraliss ;

    modulaires en taille ;

    ont des cots dexploitation bas ; et

    des dlais courts de construction.

    Plus spcialement, le dernier avantage brefs dlais

    de prparation de la planification et de la construction

    confre une plus grande flexibilit aux projets

    dnergie renouvelable en matire de planification

    dnergie et dinvestissement. Si on compare une cen-

    trale hydraulique typique (30 MW) avec une ferme o-

    lienne de puissance gale, les temps de construction

    de la centrale hydraulique peuvent tre facilement 5

    10 fois plus longs que ceux du site olien. En pratique,

    les courts dlais de prparation dun projet dnergie

    renouvelable signifient moins de planification en ma-

    tire de scurit et plus de rentabilit des investisse-

    ments.

    En ce qui concerne les emplois directs dans la pro-

    duction nergtique, on constate que les technologies

    des nergies renouvelables gnrent plus demplois

    que les combustibles fossiles ou nuclaires (voir fi-

    gure 1-9).

    Dans la foule du boom mondial des nergies renou-

    velables, on a pu enregistrer une monte significative

    dans la cration demploi dans le secteur. Lanne

    2008 a vu une augmentation des emplois au-del des

    2,4 millions demplois prvus dans le Renewables

    2007 Global Status Report. Toutefois, il nexiste pas

    de chiffres mondiaux fiables.

    Figure 1 9

    Emplois gnrs parles technologies de lnergie

    *) Ethanol du sucre de canne (Brsil) / Source : Jos Goldemberg : The Case for RE.Dossier thmatique N1, Renouvelables 2004, p.5.

  • 20

    1.5.2. La scurit nergtique

    Il est trs coteux de maintenir la scurit nergtique

    aujourdhui dans les pays industrialiss. Ces cots ne

    sont pas inclus dans le prix du combustible, mais sou-

    vent cachs et on les retrouve dans les dpenses mi-

    litaires et de scurit. Les prix volatiles du march

    mondial pour les sources nergtiques convention-

    nelles, en particulier les produits ptroliers, font cou-

    rir des risques importants une grande partie de la

    stabilit mondiale conomique et politique avec par-

    fois des effets dramatiques sur les pays en dvelop-

    pement importateurs dnergie. Dans ce contexte, les

    nergies renouvelables peuvent aider diversifier

    lapprovisionnement nergtique et augmenter la

    scurit nergtique.

    Largent dpens dans les technologies des nergies

    renouvelables reste en grande partie dans le pays qui

    dpense, alors que largent dpens en combustibles

    fossiles va directement aux pays producteurs. De

    mme, linvestissement dans les nergies renouvela-

    bles contribue tendre plus amplement le dvelop-

    pement conomique. De plus, dans une perspective

    moyen et long terme, les nergies renouvelables

    prolongent les rserves de la plupart des combusti-

    bles fossiles.

    En ce qui concerne tout particulirement les produits

    ptroliers, des menaces potentielles finissent par des

    flambes des prix qui causent des problmes cono-

    miques dans des rgions entires et interrompent la

    croissance conomique mondiale.

    Le systme nergtique actuel dans les pays indus-

    trialiss est fortement dpendant des combustibles

    fossiles qui sont gographiquement centraliss dans

    quelques rgions du globe. La dpendance aux com-

    bustibles imports laisse de nombreux pays vulnra-

    bles face linterruption de lapprovisionnement et

    pse sur leur balance commerciale.

    Le Sngal par exemple, du fait de labsence de res-

    sources fossiles conomiquement exploitables et du

    faible dveloppement des nergies renouvelables, est

    confront une forte dpendance nergtique vis--

    vis des importations de produits ptroliers.

    Ainsi, la facture ptrolire est passe de 184 milliards

    de FCFA en 2000 384 milliards de FCFA en 2006.

    Aussi, selon le rapport 2007 du SIE-Sngal, plus de

    46 % du revenu des exportations est actuellement mo-

    bilis pour honorer cette facture.

    Les nergies non-renouvelables (combustibles fos-

    siles et nuclaires) sont sujets de nombreux pro-

    blmes politiques et environnementaux tels que

    linterruption de la production, du commerce et du

    transport ;

    les accidents environnementaux pendant le transport ; et

    les conflits, sabotages et attaques terroristes.

    Rduire une telle dpendance est une haute priorit

    dans beaucoup de pays, particulirement dans les

    pays en dveloppement importateurs de ptrole qui

    dpensent frquemment une grande partie de leurs

    capitaux trangers en importation de ptrole. Des

    pays africains sans puissance hydraulique dpensent

    une grande partie de leurs bnfices en devises dans

    limportation des combustibles fossiles.

    Augmenter la part des nergies renouvelables dans

    leurs systmes signifie une importante tape vers une

    plus grande scurit nergtique.

    1.5.3. Les nergies renouvelables

    et la rduction de la pauvret

    Une meilleure utilisation de lnergie renouvelable est

    troitement lie la rduction de la pauvret puisque

    les services nergtiques peuvent :

    amliorer laccs leau potable et la nourriture

    cuite ;

    rduire le temps pass par les femmes et les en-

    fants des activits lmentaires de survie (rassem-

    bler du bois de feu, aller chercher de leau, cuire les

    aliments, etc.). Le temps ainsi gagn peut tre utilis

    dautres fins ;

    fournir de la lumire afin de pouvoir tudier la mai-

    son, augmenter la scurit et permettre lutilisation

    des mdias ducatifs et de communication ; et

    rduire lrosion du sol et la dforestation quand ils

    constituent un substitut direct aux combustibles issus

    de la biomasse.

    Plus de 2 milliards de personnes nont pas accs

    des services nergtiques abordables, bass sur une

    utilisation efficace des combustibles gazeux ou li-

  • 1.5.4.Les cots externes ou cots sociaux dans le

    secteur de lnergie

    Le cot lev des nergies renouvelables du fait de

    l'absence de prise en compte des cots externes (no-

    tamment du point de vue de leur impact long terme

    sur la sant ou l'environnement) procure un avantage

    artificiel aux combustibles fossiles. Cest la socit en-

    tire qui, dune manire ou dune autre, doit supporter

    ces cots. Cest pourquoi on les appelle galement

    les cots sociaux.

    Pour donner un exemple concret : si un ptrolier coule

    et que son chargement de ptrole brut se vide dans

    locan, ce nest ni la compagnie ptrolire ni lunit

    lectrique qui il tait destin qui devra supporter les

    frais pour nettoyer les plages et pour compenser les

    dgts dans le domaine de la pche et du tourisme

    mais les gouvernements, donc la socit toute entire.

    quides et de llectricit, et sont dpendants de la col-

    lecte du bois nergie.

    Cela contraint leurs chances de dveloppement co-

    nomique et celles damliorer leur niveau de vie. Les

    femmes, les personnes ges et les enfants souffrent

    dmesurment de leurs dpendances aux combusti-

    bles traditionnels et des missions dues la cuisson

    qui sont la principale cause des maladies respira-

    toires.

    Laccs llectricit en rseau sera loin dtre assur

    dans la plupart des pays avant longtemps. Ainsi, lac-

    cs aux technologies nergtiques de petite chelle

    dcentralises et modernes, en particulier les ner-

    gies renouvelables, est un lment important pour ga-

    rantir une attnuation de la pauvret.

    21

    Figure 1 10

    Enfants tudiant le soir la lueur dune bougie

    Source : GIZ / Kamikazz

    Figure 1 11

    Consultation mdicale la lampe torche

    Source : GIZ / Kamikazz

  • 22

    Les cots externes des nergies renouvelables sont

    trs bas et ils sont parfois mme galiss par les b-

    nfices externes comme la rduction des gaz effet

    de serre due lutilisation des nergies vertes. En

    gnral, lconomie classique ne prend pas en

    compte les cots externes. Mais sans leur intgration,

    les nergies renouvelables ne peuvent pas devenir

    concurrentielles et des potentiels investisseurs seront

    dissuads.

    Dans le tableau ci-dessous, llectricit issue de

    lnergie olienne est dabord plus chre que lnergie

    du charbon, mais quand on intgre les cots ex-

    ternes, elle savre tre moins chre.

    la longue, les analyses conomiques doivent int-

    grer les cots externes pour arriver un vrai systme

    conomique durable.

    1.5.5. Rsum

    Comme nous venons de voir, le plein potentiel et les

    avantages des nergies renouvelables ne ressortent

    pas pleinement aujourdhui parce que les cots des

    combustibles fossiles ne refltent pas leur cot total.

    Ils sont fortement subventionns dans de nombreuses

    parties du monde et leurs cots externes, tels les

    cots supplmentaires lis leur impact sur la sant

    et lenvironnement, ne sont pas pris en considra-

    tion.

    Annuler les subventions sur les combustibles fossiles

    rendrait les nergies renouvelables plus comptitives

    dans plusieurs domaines. De mme, lutilisation des

    nergies renouvelables bnficierait dune coopra-

    tion bilatrale et rgionale. Aprs le Sommet mondial

    pour le dveloppement durable Johannesburg

    (SMDD), un certain nombre de programmes ont t

    prsents au Secrtariat des Nations Unies pour pro-

    mouvoir les programmes dnergie pour le dvelop-

    pement durable dans les pays en dveloppement 19.

    Parmi eux il en est un particulirement important :

    la Coalition pour lnergie renouvelable de Johannes-

    burg (JREC) de 2002 laquelle ont adhr plus de 80

    pays.

    Caractristique globale de la plupart de ces pro-

    grammes : une utilisation accrue de lnergie renou-

    velable avec la dcentralisation de la production, la

    cration demplois et la rduction des impacts envi-

    ronnementaux.

    Au cours des dernires annes, les nergies renou-

    velables ont pris un essor remarquable lchelle

    mondiale et les marchs sont en expansion rapide.

    Figure 1 12

    Les cots externesdes nergies fossiles

    Source : PERACOD

    Figure 1 13

    Les cots dlectricit avec et sans lescots externes, calculs en cents (US)

    Source: The World Watch Institute, State of the World 2003 ProgressToward a Sustainable Society, New York London, 2003, p.89

    19

    Dans ces initiatives, 23 sonttournes sur lnergie, et 16sur limpact considrable delnergie. Les partenairescomprennent : les carburantspropres et initiative des trans-ports DESA, le Programmedes Nations Unies pour leDveloppement (PNUD) fi-nanc par le Global VillageEnergy Partnership (GVEP),lassociation PNUD/GPLmen par le challenge GPL,EdF/ACCESS men parAREA : Alliance pour lEner-gie Rurale en Afrique, lespartenaires europens surlnergie pour lradicationde la pauvret et le dvelop-pement de lnergie durable,et le PNUD men par leGNESD : Global Network onEnergy for Sustainable Deve-loppement, voir Dossier th-matique n1, Renouvelables2004. Goldemberg, Jos :The Case for RE.

  • 23

    lchelle mondiale, la puissance lectrique installe

    partir des nergies renouvelables (grandes cen-

    trales hydrolectriques exclues) a atteint les 280 GW

    en 2008, ce qui signifie une hausse de 75 pour cent

    par rapport au 160 GW installs en 2004. Les pays les

    plus importants sont la Chine (76 GW), les tats-Unis

    (40 GW), lAllemagne (34 GW), lEspagne (22 GW),

    lInde (13 GW) et le Japon (8 GW). La capacit instal-

    le dans les pays en dveloppement a galement

    connu une hausse importante et a atteint 119 GW en

    2008 dont la majeure partie en Chine (dans le do-

    maine du micro hydrolectrique et de lnergie o-

    lienne) et en Inde (nergie olienne).

    Un vrai jalon de rfrence a t atteint quand, aux

    tats-Unis et au sein de lUnion europenne, laug-

    mentation de puissance installe partir des nergies

    renouvelables a prim les augmentations partir des

    sources dnergie conventionnelles.

    Si on inclut, de plus, la grande hydraulique, la capa-

    cit installe mondiale en renouvelables est estime

    1.140 GW. 20

    20

    Renewables Global Status Re-port : 2009 Update. REN21.Paris 2009.

    Figure 1 14

    Capacits des nergies re-nouvelables, pays en dve-loppement, UE et 6 premierspays, 2008

    Source : REN21, Renewables Global StatusReport : 2009 Update

  • 26

    2. Lnergies renouvelable la plus utilise :lnergie biomasse

    2.1. La diversit de la bionergie

    Tous les tres vivants sont constitus de molcules

    contenant du carbone : glucides, protines et lipides.

    Le cycle du carbone intgre toutes les ractions per-

    mettant aux tres vivants d'utiliser le carbone pour fa-

    briquer leurs tissus et librer de l'nergie.

    Les vgtaux reprsentent le point de dpart du cycle

    du carbone. Grce la photosynthse, les plantes ab-

    sorbent le carbone de l'air (CO2) et l'intgrent leur

    propre biomasse (feuilles, bois, racines, fleurs et

    fruits). Cette matire organique sert de nourriture aux

    organismes htrotrophes (consommateurs). En lib-

    rant de l'nergie, la respiration des htrotrophes et

    des autotrophes renvoie du carbone dans l'atmo-

    sphre (CO2).

    Une fort en croissance constitue un puits de car-

    bone, c'est--dire qu'elle fixe (ou accumule) plus de

    carbone par la photosynthse qu'elle n'en libre par la

    respiration. Lorsque la fort atteint sa maturit, l'qui-

    libre se cre entre la quantit de carbone fix et la

    quantit de carbone libr. La fort contient videm-

    ment du carbone dans ses arbres.

    Grce la photosynthse, les plantes peuvent crer

    de la biomasse et stocker ainsi de lnergie. Lutilisa-

    tion nergtique de la biomasse, cest--dire du bois,

    des dchets biologiques, du lisier et dautres subs-

    tances dorigine animale ou vgtale, reprsente un

    potentiel important pour la production de chaleur et

    dlectricit, ainsi que pour la production de carburant.

    2.2. Limportance de la biomasse

    La biomasse ou plus prcisment la biomasse tra-

    ditionnelle est essentielle lgard de la demande

    nergtique locale dans de nombreuses rgions du

    monde en dveloppement . La biomasse est la pre-

    mire source dnergie pour plus de 2,4 milliards de

    personnes dans les pays en dveloppement21. Dans

    la majorit des rgions du monde, elle est facilement

    disponible auprs de la plupart des personnes en si-

    tuation de pauvret et fournit une nergie vitale un

    cot abordable pour la cuisson et le chauffage.

    Les industries bases sur la biomasse sont une

    source significative pour le dveloppement de len-

    treprise, la cration demplois et sont une source de

    Figure 2 1

    Le cycle CO2 vgtal

    Source : PERACOD

    Figure 2 2

    La diversit de la bionergie

    21

    AIE, Word Energy Outlook,Paris 1998. Daprs Jargstorf2004.

  • 27

    revenus dans les rgions rurales .22 Lnergie bio-

    masse moderne, au contraire est largement utilise

    dans de nombreux pays industrialiss ainsi que dans

    certaines parties du monde en dveloppement. Dans

    les zones climat favorable et avec une gestion pro-

    pre en adquation avec des pratiques cologiques

    appropries, la biomasse moderne peut tre une

    source durable dlectricit aussi bien que les com-

    bustibles liquides et gazeux. La biomasse par cons-

    quent nest pas seulement une source nergtique

    vitale pour beaucoup aujourdhui, mais est probable-

    ment en voie de devenir une source nergtique im-

    portante dans le futur, condition que des mesures

    appropries soient adoptes pour une exploitation du-

    rable.

    Un certain nombre de faits parmi les suivants ont t

    constats et ont suscit un intrt croissant dans

    lnergie biomasse :

    elle contribue la rduction de la pauvret dans les

    pays en dveloppement ;

    elle rpond aux besoins nergtiques en perma-

    nence, sans transformation onreuse des installations ;

    elle peut tre stocke et elle est disponible de ma-

    nire flexible ;

    elle peut fournir de lnergie sous toute forme selon

    les besoins des personnes (combustibles liquides et

    gazeux, chaleur et lectricit) ;

    elle peut amliorer llimination des dchets au ni-

    veau des communes et fournit en mme temps de

    lnergie ;

    elle est pauvre en dioxyde de carbone 23 ; et

    elle peut aider rendre les terres jusqualors im-

    productives et dgrades, cultivables en augmentant

    la biodiversit, la fertilit du sol et la rtention deau.

    Des statistiques disponibles indiquent que le taux de

    biomasse dans la consommation nergtique mon-

    diale est rest peu prs stable ces 30 dernires an-

    nes. Lnergie biomasse reprsentait respectivement

    14 % et 11 % de la consommation nergtique finale

    dans le monde en 2000 et 2001.

    En Afrique subsaharienne, environ 50 % de toute

    lnergie primaire provient de la biomasse, au Sngal

    sa part se chiffre 47 %.

    2.3. La biomasse : lnergie des pauvres

    lchelle mondiale, lAgence internationale de lner-

    gie (AIE) estime le taux de biomasse 14 % de la

    consommation nergtique totale. Le taux de com-

    bustibles fossiles (ptrole, gaz naturel, et charbon)

    dans le monde slve 79 %.

    Cependant, au niveau rgional, la part de biomasse

    nergtique par rapport la consommation nerg-

    tique totale, varie de faon significative. Les rgions

    en dveloppement (Afrique, Asie et Amrique Latine)

    ont des taux record de consommation nergtique de

    biomasse en comparaison aux rgions dveloppes.

    De plus, dans les pays dvelopps (Organisation de

    Coopration et de Dveloppement conomique,

    OCDE), on a constat pendant les 30 dernires an-

    nes une lgre augmentation de la part de biomasse

    nergtique alors que les pays non membres de

    lOCDE montraient une diminution.

    En rgle gnrale, la diminution de la part en nergie

    biomasse a t plus importante dans les rgions dont

    le taux de dveloppement conomique est lev.

    Ainsi, lAsie a-t-elle rduit sa dpendance en bio-

    masse de 48 25 % pendant la priode 1971-2001,

    alors que lAfrique la diminuait de 62 49 % pendant

    ce mme laps de temps.

    Cependant, les chiffres relatifs (biomasse en % du

    total) ne sont pas compltement reprsentatifs car

    mme si la dpendance relative en biomasse dcrot

    (comme en Afrique), le nombre absolu de personnes

    faisant confiance la biomasse pour faire la cuisine et

    22

    Les paragraphes suivants sonttirs de : Dossier thmatiquen11, Renewables 2004. Kare-kezi, Stephen et al. : TraditionalBiomasse Energy : en amlio-rant son utilisation et en transi-tant vers une utilisationnergtique moderne.

    23

    Elle est en grande partie neutreen missions de CO2. Seul estmis le dioxyde de carbone quia t absorbs par les planteslors de leur croissance. Pour lebilan de CO2, le fait que le boispourrisse en fort ou quil soitbrl ne change rien.

    Figure 2 3

    Les taux dnergie primaire au Sngal

    % de la consommation totale dnergie

    Source : SIE 2007 Sngal

  • 28

    se chauffer augmente, augmentant ainsi la pression

    sur les ressources naturelles et lenvironnement.

    Comme une forte dpendance dans lutilisation de la

    biomasse cause souvent des destructions environne-

    mentales, rosion du sol et perte de la fertilit du sol,

    elle reprsente un double inconvnient pour un pays

    pauvre.

    Des projections pour lanne 2030 montrent quavec

    une mme tendance, le nombre de personnes d-

    pendantes de la biomasse va augmenter en Afrique

    de 27 % (figure 2-4)24.

    Pendant quen Amrique Latine (-33 %), en Indonsie

    (-25 %) et en Chine (-9 %), on verra leur dpendance

    dcrotre, le nombre de personnes dpendant de la

    biomasse dans tous les pays en dveloppement, aug-

    mentera de 10 % et reprsentera un total de plus de

    2,6 milliards de personnes en 203025.

    Lutilisation de la biomasse et la pauvret ont encore

    une autre consquence : partout dans le monde (et

    en particulier en Afrique), le plus pauvre des pauvres

    utilise des djections animales comme combustible

    domestique. Comme consquence, en plus dencou-

    rir davantage de dangers pour la sant quavec le

    bois de chauffage ou avec les rsidus agricoles, ils

    privent les sols de substances nutritives prcieuses.

    En effet, en utilisant des djections animales, les per-

    sonnes rduisent la fertilit des sols exactement l o

    ils en ont le plus besoin : cest--dire l o beaucoup

    de personnes dpendent de lagriculture pour vivre.

    Cette situation est alarmante : rduire la dpendance

    aux combustibles issus de la biomasse ainsi ququi-

    librer loffre durable et la demande doit tre considr

    comme une priorit en matire de politique nerg-

    tique renouvelable. Ainsi spcialement en Afrique

    les mesures prises pour rduire la dpendance aux

    combustibles issus de la biomasse sont-elles une trs

    grande priorit comme ladoption de stratgies pour

    rduire la pauvret mme si ces deux contraintes vont

    de pair.

    2.4. La biomasse au Sngal

    Le Sngal est dot d'un climat tropical sec caract-

    ris par des tempratures modres sur la cte qui

    s'lvent au fur et mesure que l'on s'en loigne. Du

    nord au sud, quatre zones se distinguent:

    une zone aride ou semi dsertique avec des prci-

    pitations annuelles ne dpassant pas 350 mm ;

    une zone semi-aride, de type continental sec, com-

    prise entre les isohytes 350 et 700 mm ;

    une zone subhumide, moins chaude et moins sche

    que la prcdente, caractrise par une pluviomtrie

    annuelle oscillant entre 700 et 900 mm ; et

    une zone humide caractrise par d'importantes

    prcipitations de l'ordre de 1 000 1 200 mm.

    La rpartition des ressources sylvogntiques est condi-

    tionne principalement par le gradient climatique. On dis-

    tingue six zones cogographiques correspondant

    diffrents types de formations vgtales26.

    24

    Ces projections sont issuesde lavant-dernier WorldEnergy Outlook 2002(daprs Jargstorf 2004) etne tiennent donc pas comptedes derniers scnarios dont ila t question.

    25

    Daprs Jargstorf 2004.

    26

    http://www.fao.org/do-crep/004/x6815f/X6815F04.htm [consult le 3 juin 2010 11h36]

    Figure 2 4

    Nombre de personnes dpendant descombustibles issus de la biomasse (projection)

    En million dindividus

    Source : AIE, World Energy Outlook Paris 2002,daprs Jargstorf 2004

    Figure 2 5

    Zones cogographiques du Sngal Source : CSE 2009 :annuaire de lenvironnement

  • 29

    Le delta et la valle du fleuve Sngal couvre, sur

    une bande de 10 15 km de large en moyenne, un

    ensemble de plaines alluviales et de hautes terres sa-

    bleuses stendant sur la rive gauche du fleuve, de

    Bakel lembouchure. Cet ensemble se dcompose

    en trois sous-zones distinctes :

    Le Walo, partie inondable caractrise par des sols

    lourds avec un potentiel de rendement trs lev. La

    strate arbore est trs nettement domine par Acacia

    nilotica var.tomentosa (Gonaki) qui constituait une

    vaste fort ripicole dont seuls quelques vestiges sub-

    sistent encore dans les dpressions Hollalds et

    dans certaines zones classes. Le tapis herbac a

    quasiment disparu sous leffet des scheresses per-

    sistantes, laissant le sol expos laction rosive de

    vents forts et constants.

    Le delta se distingue nettement du reste de la valle

    par la prsence de sols glaiseux alluviaux, souvent

    salins, et un climat fortement influenc par la proximit

    de la mer. Plusieurs types de vgtation se sont im-

    plants : mangrove dans les zones accessibles la

    mare, prairies herbeuses entrecoupes de larges

    plages dnudes ou parsemes despces halophiles

    (Tamarix senegalensis) dans les zones basses inter-

    mdiaires, et steppes arbores sur les hautes terres

    sableuses o dominent Acacia tortilis et Acacia sene-

    galensis.

    Le proche Diri, zone des hautes terres bordant le lit

    majeur du fleuve. Par ses sols sablonneux et sa v-

    gtation de type steppe arbustive arbore, le Diri

    est nettement diffrent de la zone avec lequel il forme

    un systme agrosylvo-pastoral cohrent. La strate su-

    prieure de la vgtation est domine par diffrentes

    espces dacacias. Cest aussi la zone des cultures

    pluviales (en rgression cependant du fait des pluies

    alatoires) et du pastoralisme.

    La zone Sylvo-Pastorale se subdivise en deux par-

    ties relativement distinctes : une partie nord-ouest

    (Ferlo sableux) caractrise par des sols bruns-

    rouges et des sols ferrugineux, et une partie sud-est

    (Ferlo latritique) o les dpts sableux disparaissent

    au profit de sols gravillonnaires avec, par endroits des

    affleurements latritiques.

    Le Ferlo sableux est marqu par une vgtation de

    type pseudo-steppe arbustive Acacia tortilis et Ba-

    lanites aegyptiaca, fortement affecte par lhomme.

    Suivant les sols et la topographie, des espces telles

    que Acacia senegal, Commiphora glutinosum appa-

    raissent. En saison des pluies, les dpressions dans

    les zones basses collectent les eaux de ruissellement

    et forment des mares temporaires autour desquelles

    sorganise la vie pastorale. En saison sche par

    contre, lactivit est polarise par les forages qui res-

    tent les seuls points deau ce qui a conduit une forte

    dgradation de la vgtation sur un rayon de 3 5 km

    autour des dits forages.

    Le Ferlo latritique est caractris par une strate li-

    gneuse relativement dense, domine par Pterocarpus

    lucens, souvent rencontrs en formations assez

    pures. Selon la topographie et le type de sol, dautres

    espces comme Acacia seyal, Combretum micrathum

    et Combretum nigrican lui sont associes. La strate

    infrieure, moins consistante quau nord, est domine

    par Loudetia tognsis sur les sols gravillonnaires.

    Les scheresses successives et les feux ravageant la

    zone chaque anne ont acclr la dgradation de la

    couverture vgtale, crant de vastes plages de mor-

    talit dans la strate arbore et appauvrissant les p-

    turages.

    Le systme rural de production est essentiellement

    pastoral, avec une agriculture vivrire trs limite.

    La zone du Bassin Arachidier concentre environ la

    moiti de la population totale du pays et 60 % de la

    population rurale sur le quart de sa superficie (25,16

    %).

    Lintense activit agricole, domine par la culture de

    larachide et des cultures vivrires (mil et mas), et la

    densit de la population (50 140 hbts/km) ont for-

    tement perturb lenvironnement et donn au paysage

    son aspect typique de savane parc Acacia au nord

    et au Centre, Borassus et Adansonia louest, et

    Cordyla et Sterculia au sud et lest.

    Les sols lgers, de type brun, brun rouge et ferrugi-

    neux, continuent se dgrader sous leffet combin

    des scheresses, de lrosion et de labandon de la

    jachre forestire. Dans les rgions de Fatick et de

    Kaolack, la salinisation affecte de plus en plus les sols

    du bassin infrieur du Sine et du Saloum.

  • 30

    La zone des Niayes occupe une bande denviron

    5 km de large longeant le littoral de Dakar lembou-

    chure du fleuve Sngal. Elle est caractrise par une

    succession de dunes et de dpressions interdunaires

    au fond desquelles apparaissent souvent des mares

    lies aux fluctuations de la nappe phratique.

    Dans les dpressions interdunaires, les sols sont

    riches et constituent un milieu idal pour les cultures

    marachres et fruitires, largement dominantes dans

    le systme de production, lequel intgre la pche,

    llevage et les cultures pluviales.

    La vgtation, dorigine sub-guinenne dans la partie

    sud, a t fortement dgrade par laction anthro-

    pique et par les scheresses qui ont notamment en-

    tran la baisse de la nappe phratique, la salinisation

    progressive et lacclration du processus denvahis-

    sement des bas-fonds par les dunes vives.

    Cette zone renferme lune des plus belles russites du

    Service forestier en matire de reboisement, avec les

    plantations ctires de Casuarina equisetifolia (Filao),

    sous forme de bande discontinue de 200 500 m de

    large, de Cayar (This) Sag (Ndar-St Louis), sur une

    longueur de 182 km.

    La zone du sud-est correspond la rgion adminis-

    trative de Tambacounda et se caractrise par une v-

    gtation de type soudano-sahlien et des sols peu

    profonds sur cuirasse latritique.

    Elle est principalement une zone de culture et dle-

    vage, mais constitue avec la Casamance, la princi-

    pale rgion dexploitation forestire des produits

    ligneux (bois nergie et bois duvre) et produits et

    services non ligneux (fruits, chasse, exsudats, plantes

    mdicinales,...).

    Lexploitation forestire ligneuse de type minier, les

    dfrichements agricoles, les feux de brousse et les

    pratiques pastorales destructrices, ont entran une

    dgradation acclre de la vgtation et des sols,

    notamment le long des voies de communication et

    des valles dans les deux tiers nord.

    Le Parc National du Niokolo-Koba (914 000 ha), oc-

    cupe une bonne partie du tiers sud, non encore tou-

    ch par le front charbonnier, et constitue actuellement

    la plus grande rserve faunique nationale.

    Le couvert vgtal est form despces ligneuses

    soudaniennes, gnralement domines par Bombax

    costatum (Kapokier), Pterocarpus erinaceus (Venn),

    Daniellia oliveri (Santan) et Sterculia setigera (Mbepp),

    et dun sous-bois combrtaces et hautes grami-

    nes.

    La zone sud ou Casamance se distingue nettement

    de celle du reste du Sngal par une plus grande hu-

    midit et une vgtation plus dense.

    Cette zone constitue par le bassin hydrogogra-

    phique du fleuve Casamance, se subdivise en trois

    sous-zones relativement distinctes, se prsentant

    comme suit.

    La Basse Casamance, correspondant la rgion ad-

    ministrative de Ziguinchor, englobant le bassin versant

    infrieur et lestuaire du fleuve Casamance. La vg-

    tation est de type fort demi-sche dense dans sa ma-

    jeure partie. Elle est caractrise par des espces

    sub-guinennes dont les plus reprsentatives sont

    Khaya senegalensis (Calcdrat), Afzelia africana

    (Link), Parinari excelsa (Mampato), Ceiba pentandra

    (Fromager), Chlorophora regia (Iroko), Antiaris afri-

    cana (Tomboiro), Detarium senegalense (Detah) et

    Erythrophleum guineense (Tali). Dans lestuaire, la

    mangrove Rhyzophora et Avicennia prend le re-

    lais sur une superficie denviron 100 000 ha. La vg-

    tation y est galement en rgression depuis au moins

    deux dcennies, sous leffet des dfrichements, des

    coupes anarchiques, des feux de brousse et de la s-

    cheresse. Le systme rural de production comprend

    essentiellement une agriculture avec une forte com-

    posante de riziculture aquatique dans les valles, un

    levage base de bovins, de type sdentaire semi-

    extensif, une exploitation traditionnelle des ressources

    forestires, portant essentiellement sur le bois de feu,

    les fruits et les exsudats, et sur une exploitation des

    ressources halieutiques. Ce systme, relativement ho-

    mogne et stable, a t perturb par les scheresses

    et lexploitation forestire commerciale.

    La Moyenne Casamance couvre environ tout le d-

    partement de Sdhiou. La vgtation est caractrise

    par des formations de type soudano-guinen o do-

    minent Daniellia oliveri, Pterocarpus erinaceus et

    Bombax costatum. Elle est aussi trs affecte par la

    scheresse (disparition de la mangrove, mortalit

    dans la palmeraie), lintensification des coupes et les

    feux de brousse. Le systme rural de production est

    peu prs du mme type que celui de la Basse Casa-

    mance, mais avec un cheptel plus important et des

    cultures pluviales plus varies et plus extensives.

  • 31

    La Haute Casamance (Fouladou) couvre les dparte-

    ments de Kolda et de Vlingara. La vgtation est

    marque par des peuplements affinit soudano-gui-

    nenne qui sclaircissent au fur et mesure quon

    progresse vers lEst. Quatre espces prdominent

    dans la strate arbore Bombax costatum, Pterocarpus

    erinaceus, Daniellia oliveri et Cordyla pinnata, avec un

    sous-bois compos de combrtaces et de Termina-

    lia macroptera (Wolosa). Le tapis herbac, plus

    consistant que dans le reste de la zone, est essentiel-

    lement compos de hautes gramines.

    Le systme rural de production est domin par les cul-

    tures pluviales (arachide, mil, mas et coton), un le-

    vage semi-extensif et lexploitation forestire

    (notamment les produits non ligneux).

    Le Sngal en tant que pays sahlien rencontre les

    problmes typiques de cette zone climatique. Depuis

    la premire grande scheresse au cours des annes

    70, les pluies sont irrgulires et des saisons sches

    prolonges plus ou moins frquentes. Lquilibre co-

    logique est fragile. Dans la quasi-totalit du pays, on

    rencontre les phnomnes de la dforestation et lro-

    sion des sols souvent lie la salinisation des sols.

    Les sols, en gnral, sont exploits de manire ex-

    cessive et pas durable, autant dans le domaine de

    lagriculture que dans le pturage/levage.

    Selon lOrganisation des Nations Unies pour lalimen-

    tation et lagriculture (FAO), environ 40 000 hectares

    de forts (Forest Ressource Assessment 2010) dis-

    paraissent chaque anne au Sngal. Seules dans

    quelques zones hantes par le conflit arm et forte-

    ment mines de la Casamance, la vgtation fores-

    tire rcupre et se rgnre 27. Les autres parties du

    Sngal se dmarquent par des dfrichements illgaux.

    La colonisation des espaces boiss par lagriculture

    extensive a accentu les phnomnes de dforesta-

    tion. Le front forestier recule de plus en plus sous la

    pression des principaux centres de consommation du

    bois nergie (bois et charbon de bois) que sont les villes.

    Lapprovisionnement en nergie du Sngal repose

    47 % sur lusage traditionnel de la biomasse. Le bois

    de chauffe et charbon de bois demeurent la principale

    source dnergie de cuisson du pays. Ils constituent

    environ 85 % de la consommation en nergie des m-

    nages.

    27

    Projekterschlieung Senegal.Erneuerbare Energien undlndliche Elektrifizierung. Ln-derreport & Marktanalyse. ParRolf Peter Owsianowski: Bun-desministerium fr Wirtschaftund Technologie, GTZ, p.40.

    Figure 2 6

    Zones de vgtation Sngal Source : CSE 2009 : annuaire de lenvironnement

  • 32

    2.5. La crise du bois combustible

    2.5.1.Les tapes de la crise du bois nergie

    La crise du bois nergie a t tudie dans de nom-

    breux pays dans le monde. Il y a des similitudes frap-

    pantes, peu importe que nous considrions les pays

    africains, asiatiques ou dAmrique latine.

    Lhistorique des problmes de la biomasse en Europe

    pendant le Moyen ge rvle quelques similitudes.

    Cependant cela concerne non pas les besoins pour la

    cuisson mais pour la construction navale qui provo-

    quent la dsertification dans les pays mditerranens.

    Mais principalement on a pu observer des tapes si-

    milaires dans toutes les rgions du monde.

    Dans le systme traditionnel dapprovisionnement en

    bois nergie durable (stade 1), loffre en bois naturel

    est de loin suprieure la demande. La consomma-

    tion de bois nergie ne diminue pas les ressources en

    forts et arbres. Au stade 2, la demande en bois ner-

    gie dpasse loffre, une surutilisation des ressources

    biomasse prend place. A cela sajoute lagriculture ex-

    tensive qui aggrave la disparition des ressources.

    Si la biomasse en tant que source dnergie renouve-

    lable est surexploite, la revanche de la nature inter-

    vient : le dveloppement de la couche de vgtation

    est dtruit et il en rsulte une destruction de la base

    cologique moyen et long terme. Lrosion du sol

    peut tre d leffet du compactage du sol sur des

    grandes surfaces, ou bien du ruissellement incontrl

    des eaux de surface, ou bien encore cause des me-

    sures de conservation qui nauraient pas t suffi-

    samment bien observes. Mais toutes ces causes

    individuelles sont en relation directe avec labattage

    incontrl des arbres et par consquent les dgts

    causs la couche.

    Comme la pnurie de bois augmente, de plus en plus

    de personnes se tournent vers les djections comme

    Figure 2 7

    Transport de boiscombustible

    Source : GIZ / Kamikazz

    Figure 2 8

    Vendeuses de charbon de bois Kaolack

    Source : GIZ / Kamikazz

  • 33

    combustible domestique acclrant ainsi les dgts

    environnementaux car elles manquent dornavant de

    fertilisants pour les champs et la fertilit des sols est

    rduite.

    Au stade 3, lapprovisionnement en bois naturel est

    rduit de faon drastique et la population doit se tour-

    ner vers dautres alternatives, comme les rsidus agri-

    coles et les formes modernes dnergie domestique

    comme le krosne, le gaz de ptrole liqufi (GPL)

    ou llectricit (voir section 2.6. Les stratgies pour

    combattre la crise du bois nergie).

    Au stade 3 de la crise du bois nergie, on voit aussi

    que les sources dnergies renouvelables deviennent

    de plus en plus acceptes depuis que les combusti-

    bles traditionnels issus de la biomasse sont si rares et

    onreux que ces nouvelles formes dnergie devien-

    nent conomiquement viables.

    Pour exploiter durablement lnergie de la biomasse

    bois aussi bien pour les besoins domestiques que

    pour les usages de construction et de fabrication de

    meubles etc. il va falloir introduire ce stade des

    mesures sociales en matire de sylviculture et de

    plantation de bois aprs que les forts naturelles aient

    t dtruites.

    2.5.2.Crise du bois combustible au Sngal

    Les principales causes de la dgradation des forts

    sont nombreuses et varies. Elles sont dues trois

    principales causes :

    les causes naturelles (scheresse et ses corollaires

    comme l'rosion olienne, la salinisation, l'acidifica-

    tion, etc.) ;

    les causes anthropiques (feux de brousse, exploi-

    tation abusive des ressources forestires, lextension

    des terres agricoles, surpturage, etc.) ; et

    les causes d'ordre institutionnel et juridique (rgle-

    mentation inexistante, non ou mal applique, incoh-

    rente, etc.).

    Une diffrentiation chiffre entre ces facteurs na pas

    encore t entreprise. Il manque ainsi des informa-

    tions dtailles sur lampleur et les causes du phno-

    mne de la dforestation au Sngal.

    Lextension des terres agricoles est sans aucun doute

    une des raisons principales de la dforestation 28.

    Celle-ci est la consquence de :

    laugmentation de la population qui ncessite un ac-

    croissement de la production ; et

    la baisse des rendements compense par une aug-

    mentation des surfaces cultives.

    En effet, aprs quatre sicles de stagnation, la popu-

    lation du Sngal connat depuis une centaine dan-

    nes une progression constante avec une nette

    acclration depuis 25 ans passant de 3 millions en

    1960 12 millions aujourdhui. Ce phnomne consti-

    tue un changement radical dans la relation homme

    espace et reprsente un lment dterminant en ma-

    tire de gestion des ressources naturelles. Lespace

    autrefois infini se trouve en voie de saturation relative.

    Le systme de production fond sur la reconstitution

    de la fertilit par jachres naturelles de longue dure

    (15-25 ans) nest plus adapt car consommateur des-

    pace. Le temps de jachre est de plus en plus court

    (moins de trois ans), parfois les champs sont cultivs

    sans relche. Ceci entrane un appauvrissement des

    terres. Les rendements diminuant, pour conserver la

    mme production, les paysans choisissent dtendre

    les surfaces cultives. Ceci est rendu possible par

    une main duvre disponible au niveau des units de

    production et par des terres libres prises sur les es-

    paces forestiers.

    Lorsquil y a saturation du terroir villageois, les popu-

    lations peuvent dcider de migrer et ainsi occuper les

    espaces interstitiels entre les finages villageois (zones

    sylvo-pastorales), voire mme les forts classes (le

    cas le plus exemplaire est la colonisation de la fort

    de Patha en Casamance). Les consquences directes

    sont dune part la disparition des forts qui sont les

    zones de pturage et de productions de multiples pro-

    duits mais aussi la multiplication des conflits fonciers

    notamment entre leveurs et agriculteurs autour dune

    ressource forestire commune. Cependant, la limita-

    tion des aires de culture et laugmentation de la po-

    pulation va obliger les paysans une intensification

    qui permettra une augmentation des rendements.

    Les paysans sont obligs de trouver un quilibre entre

    les espaces agricoles et forestiers. Ces deux espaces

    qui ont une utilisation et un mode de gestion spci-

    fique sont troitement lis dans le systme de pro-

    duction et sont ainsi tous deux indispensables. Par

    exemple les animaux allant pturer durant la journe

    et tant parqus la nuit dans les champs ralisent un

    transfert de fertilit.

    28

    Les paragraphes suivantssont tirs de : Mise en amna-gement participatif des forts.Bilan dune exprience russieau Sngal. Par Chesneau,Christophe ; Bodian, MamadouLamine et Decleire, Yanek.PSACD. Dcembre 2002.

  • 34

    Les feux de brousse font partie du paysage des sa-

    vanes sches et les espces sont assez adaptes au

    feu. Il est surprenant de constater que mme en sai-

    son sche, un mois aprs le passage dun feu de nou-

    velles feuilles vertes apparaissent sur les arbustes.

    Cependant si le feu passe chaque anne, comme

    cest devenu le cas dans de nombreuses forts, il re-

    prsente un vritable flau. Il brle la rgnration na-

    turelle, endommage les grands arbres qui peuvent en

    mourir et dtruit le fourrage herbac qui constitue la

    principale source dalimentation pour les animaux.

    Le surpturage est lui d une augmentation du

    cheptel et la diminution des espaces sylvo-pasto-

    raux. Cependant il est rare de rencontrer des zones

    de surpturage proprement dites. En effet, les le-

    veurs assurent une gestion optimale des pturages.

    Les zones surptures sont souvent des zones de

    passage de transhumants.

    Parmi les causes de dgradation de la fort, la pro-

    duction de charbon de bois peut avoir un effet parti-

    culirement dvastateur de par sa concentration

    spatiale et son intensit. Dans les annes 60, plus de

    80 % du charbon de bois tait produit autour de This

    et dans la rgion du Sine Saloum (70 200 km de

    Dakar). Vers la fin des annes 80 dj, plus de 80 %

    de la production totale de charbon de bois se situait

    dans les rgions de Tambacounda et de Kaolack (voir

    la section 2.9.1.).

    Les impacts cologiques et sociaux de la production

    du charbon peuvent tre attribus la production ra-

    lise autour des villages. Suite une coupe, la pres-

    sion continuelle exerce par les villageois compromet

    la bonne rgnration de la fort. Les villageois ne

    peuvent pas attendre les 4 12 ans, ncessaires la

    fort pour repousser, pour aller chercher les produits

    dont ils ont besoin. De plus, les bcherons npar-

    gnent aucune espce, pas mme celles utiles aux

    paysans comme le Cordyla pinnata (Dimb) par exem-

    ple.

    Les consquences directes de cette dgradation des

    espaces forestiers sont importantes pour les popula-

    tions riveraines qui trouvent dans la fort un ensem-

    ble de produits indispensables leur survie mais cela

    est aussi inquitant au niveau national notamment pour

    lapprovisionnement des mnages en combustibles li-

    gneux.

    Daprs une tude du Centre de Suivi cologique, les

    forts au Sngal couvraient une superficie de 12,7

    millions dhectares soit 64,5 % du territoire national,

    en 1981. En 1990 cette superficie serait passe 11,9

    millions dhectares, ce qui correspondrait une r-

    gression du couvert forestier de 80.000 ha/an. Selon

    la FAO, ce rythme se serait ralenti 40.000 ha/an. (Fo-

    rest Resources Assessment 2010).

    Une autre tude chiffre la superficie totale de terres

    dgrades au Sngal environ 12,5 hectares. La

    principale cause de dgradation serait lrosion hy-

    drique29.

    Figure 2 9

    Dgradation des zones forestires au Sngal

    Source : Evolution du potentiel des forts du Sngal de 1965 1994 (source Eros Data Center/CSE, 2004)

    29

    PAN/LCD, 2004. Plan dac-tion national de lutte contre ladsertification. Rapport2004. Daprs : Dfinition dela Fort au Sngal , dans lecadre des mcanismes demise en uvre de la Conven-tion Cadre des Nations Uniessur les Changements Clima-tiques. Ministre de lEnviron-nement, de la protection dela nature, des basins de r-tention et des lacs artificiels /Direction de lenvironnementet des tablissements clas-ss. Par Niang, Amsatou ;Thomas, Ibrahima ; Kaire,Maguette. Dcembre 2009.

  • 35

    2.6. Stratgies pour combattrela crise du bois combustible

    Dans une situation o la demande en bois combusti-

    ble est de loin plus importante que loffre, il existe prin-

    cipalement deux types dapproches :

    des interventions au niveau de lapprovisionnement,

    cest--dire en augmentant lapprovisionnement dura-

    ble en bois combustible (en amnageant des forts

    ou en plantant des arbres) ou en introduisant des

    substituts aux combustibles (comme le krosne, le

    GPL, llectricit, la cuisson solaire, le biocharbon,

    etc.) ; et

    des interventions au niveau de la demande, sa-

    voir en amliorant la transformation nergtique et les

    rendements de lutilisation finale (par exemple en in-

    troduisant des cuisinires conomie dnergie, en

    amliorant lefficacit des cuisinires existantes).

    En pratique, ces approches ne constituent pas de

    relles alternatives mais doivent tre suivies parall-

    lement et ce, dans un effort conjugu.

    Cependant,