Égypte, nubie,palestine et syrie :dessins photogra
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Égypte, Nubie, Palestine et Syrie : dessins photographiques recueillis pendant les années 1849, 1850 et 1851 /phiquesTRANSCRIPT
Égypte, Nubie,Palestine et Syrie :
dessinsphotographiques
recueillis pendant lesannées 1849, 1850 et
1851 / [...]
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
Égypte, Nubie, Palestine et Syrie : dessins photographiques recueillis pendant les années 1849, 1850 et 1851 / accompagnés d'un texte explicatif et précédés d'une introduction
par Maxime Du Camp chargé d'une mission archéologique en Orient par le Ministère de l'Instruction publique. 1852.
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PALESTINE ET SYRIE
RECUEILLISPENDANTLES ANNÉES1849, 1850 ET 1851
ETACCOMPAGNÉSD'UNTEXTEEXPLICATIF
PAU
MAXIME DU CàMPCHASOÉD'UNEM1SSIOMARC1IÉ0WO10DEENURIENTPARUiMINIStÊREDEl'iNSTRUCTIOXP1IBI.101K
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PROSPEC TUS-l:: L^T^1^- :O
L'ouvrage que nous annonçons a le doubje intérêt d'une publication archéologique et daguer-
rienne, pittoresque et savante. Malgré leur intelligence et leur habileté manuelle, les graveurs et
les lithographes ont été impuissants jusqu'ici à reproduire les monuments avec une exacte fidé-
lité. Le daguerréotype seul réussit à les traduire dans leurs plus minces détails, tout en conser-
vant l'aspect général de l'ensemble. Il saisit la nature morte avec une passiveté scrupuleuse,
tandis que l'artiste peut égarer son observation et déranger le vrai en y substituant sa volonté
ou ses effets substitution qui a le danger grave d'altérer les textes et d'égarer les dis-
cussions.
Nous n'insisterons pas sur l'attrait qu'offrent les voyages si curieux que M. Maxime Du Camp
a accomplis entièrement à ses frais, après s'être chargé d'une mission du Ministère de l'Instruc-
tion publique. Les pays qu'il a parcourus ont élé le berceau même des civilisations et des reli-
gions. Moïse, Sésostris, Alexandre, Pompée, César, Jésus-Christ, Mahomet, Lusignan, Napo-léon et Chateaubriand les ont tour à tour fécondés par le, glaive où par, la parole et les ont
immortalisés de leurs glorieux noms. L'histoire s'y élève à ta hauteur de l'idéal. Énigmatiques
pays plongeant dans le. passé et regardant l'avenir, où le Coran se heurte à 1'Évangile, où la
légende arabe se perd dans les mystères d'Isis. C'est, à proprement parler, la clé de ii'Orien
et du monde intellectuel. Parcourir cet ouvrage, c'est repasser de l'œil l'histoire même de
l'humanité. 3. 3p,"
J'humanité." r~i[~Ç;f .g'.,p.
Nous offrons cette publication comme un véritable monument d'art et de philosophie, une
reconstitution du passé le plus attachant.`
Les 125 planches, choisies avec un soin exquis une conscience particulière, sont, nous
l'osons dire, irréprochables au point de vue de l'exécution. Toute planche imparfaite a été éli-
minée pour faire de ce volume une œuvre unique, rare, achevée aucun sacri6ce ne nous a
coûté pour atteindre ce but.
Afin de rompre la monotonie que pourrait présenter une' série continue de monuments, tem-
ples, palais, portiques, bas-reliefs, hypogées, nécropoles, pyramides, obélisques, statues, pan-
neaux d'hiéroglyphes, cartouches, etc., et varier l'aspect trop architectural de l'ensemble, nous
avons donné quelques paysages, quelques sites intéressants, caractéristiques et curieux, voulant
mêler la nature aux monuments et relier le présent an passé pour là clarté et la succession de
l'ouvrage.- ,t ''' ^nr • •'• -: • :i: :.> '
La modicité du prix nous a surtout préoccupés. Désireux de mettre une pareille publication à
la portée de toutes les curiosités, nous nous sommes adressés à M. Blanquard- Evrard, dont les
nouveaux et remarquables procédés permettent d'obtenir pour chaque dessin des épreuves peu
coûteuses.
Un texte explicatif, rédigé par M. Maxime Du Camp, sera annexé à chaque planche.
Ni efforts, ni soins, ni peines, ni dépenses n'ont été épargnés, et nous avons la confiance
d'offrir au public un ouvrage complet d'exécution sous tous les rapports et jusqu'à présent sans
exemple. •
Cette pùblication comprendra 25 Livraisons de 5 planches chacune, qui paraîtront
régulièrement chaque semaine elle sera entièrement terminée au mois d'octobre 1852.
PRIX DE LA LIVRAISON 20 FRANCS.`
Les Planches pourront ^tre achetées séparément au prix de 5 fr.
ON SOUSCRIT A PARIS
CHEZ«
GIDE ET J. BAUDRY, ÉDITEURS
5, RUE DES PETITS-ACGVST1NS
TABLE DES PLANCHES
LE KAIRE.
1 VUE GÉNÉRALE prise à l'Ouest.
2 Moscuée mis DE Bab-el-Saïda et partie méridio-
nale des murailles du Kaire.
3 Maison et jardin DANS LE quartier Fiunk.
4 MOSQUÉE do khaiife Haakem.
Ci Mosquée DE Sultan-Haçan.
0 MOSQUÉE ET TOMBEAU DES Ayoubites (Valléedes
Tombeaux).
7Id. Id. DE Sultan -Kansou- el -Goury
( Vallée des Tombeaux ).
8 Tombeau DE SULTANSMamelouks (Vallée des Tom-
beaux).
EGYPTE MOYENNE.
9 GRANDE PYRAMIDE DE Ciiéofs.
10 DE Chéphren.
1 LE Sphinx.
HAUTE ÉGYPTE.
12 NÉCROPOLE DE Lycopolis, àSyout.
13 Mosquée d'El-Arif ET TOMBEAU DE Mourad-Bey, à
Saouadj.
14 VlTÎ GÉNÉRALE DE GlRGEIt.
15 5 MosquéeD'ALI-BEY, à Girgeh.
16 Grand temple de DENDERAH. – Vue générale.
17 Hypèthre construit sur la ter-
rasse.
18 Façade postérieure.
19 –Sculptures de la façade posté-
rieure.
20 Id. Id.
-21 Village DE Hamameh.
22 Boi'ÇCBT DE PALMIERS DOUMS.
23 Bois DE dattiers ET »f. PALMiERS doums.
THÈBES.
21 LoiQsoR. Vue générale des ruines.
23 Grande colonnade du palais d'Amé-
nophtlll.
26 Groupe de colonnes dans le palais
d'Aménopht III.
26* Karnak. Plan général des ruines (pi. gravée).
27 Propylone du temple de Khons.
28 TempledeKhons(GrandTempleduSud).
29 Portique du temple de Khons, entre-colonnetnent médial et porte du naos.
30 PALAIS de Karnak. Vue des propylées du Sud.
31 – Vue générale des ruinés, prise à l'Est.
32 – Vue générale des ruines, prise au Nord;salle hypostyle, obélisques, pylone.
33 Entrée méridionale de la salle hypostyle,
34 – Salle hypostyle (angle N.-E.).
35 – Id. id. prise au Nord. ]'
36 Grand pylone du S.-O. `` `
37 Cour des Bubastites et entrée principalede la salle hypostyle.
38 – Pilierplacédevantlesanctuairedegranit.
39 – Id. id. id.40 –
Sculptures extérieures du sanctuaire de
granit.
41 – Id. id. id.
42 – Id. id. id.
43 – Sanctuaire de granit et salle hypostyle:v°
44 – Les Obélisques.
45 – Promenoir de Thôtmès III.
45* Médinet-Habou. Plan général des ruines (planche
gravée.
.46 – Vue générale des ruines.
47 Propylées du Thoutmoseum.
48 Façade orientale du gynécée de Ramsès-Méiamoun.
49 Façade septentrionale id. id.
50 Péristyle du palais de Ramsès-Méiamoun.
51 – Partie orientale du péristyle du palais.
52 – Galeries du palais.L.-
53 Ruines de la ville de Papa.
54 Gournah. Les Colosses.
55 Statue de Memnon.
56 Colosse monolithe d'Aménopht III.
57 Sculptures du trône des colosses.
58 Tombeau d'Osymandias ( Ramesseumoccidental de Thèbes).
59 Péristyle du tombeau d'Osymandias.
60 – Nécropole de Thèbes.
61 Palais de Ménephta Ier.
SUITE DE LA TABLE DES PLANCHES.
PARIS. – UIPhIMfc l'Ail J. CIA VI! ET C, RUE StIKT-BFSOÎT 7.
HAUTE EGYPTE.
6*2 Tombeau DECidi-Abdallah-el-Marabout,
à Erment.
63 TEMPLE d'Hermontis, à Erment.
64 VUE GÉNÉRALE d'Esneii(Latopolis).
6a Temple d'Osibos ( Koùm-Ombou ).
t*6 ENTRÉE DE LA première CATARACTE. Vue prise au
S.-E. d'Açouan.
67 Sortie de LA première CATARACTE. Limites de
l'Egypte et de la Nubie.
•;s; nubje.''
?
67* Philoe. Plan général des ruines (planche gravée).
68 – Vue générale des monuments, prise à
l'Ouest.. . .. ••;
69 – Id. id. sprise a69
TangleS.-O. S.-0..prise à
70 –Temple hypèthre.
71 – Ruines d'une fortification romaine.
72 GRANDTEMPLEd'Isis A Philoe. Dromos et pylônes.73 Galerie orientale.
74 – Second pylône.
75 – Proscynéma (acte d'adoration).
76 –Inscription démotique.
77 – Id.. id.
78 – Muraille occidentale, sculptures.
79 Tôth ibiocéphale (dieu des Lettres).
80 – Vue générale du temple et des ruines quil'entourent.
81 VILLAGE ET TEMPLE DE l'île DE Bêche.
82 Rive orientale DU NIL (village de Bab et restes de
fortifications du Bas-Empire).
83 Mosquée DE BELLAL.
81 RIVE SEPTENTRIONALE DU NIL (village d'Habou-Koli).
85 TEMPLE et village de Déboud (ancienneParembole).
86 – deDéboûd. s •
87-– • de Kardassy (ancienne Korta).
88 – de Tafah (ancienne Taphis).
89 KALABSCIIEH. Vue générale du temple de Kalab-
schech (ancienne Tairais). 1
90 Porte du pronaos.
91 –Sculpture représentant Ptolémée-Csesa-
non. ,.
92 –Sculpture représentant Isis et Horus-
Arsiési.
93 Tesiple DE Dandocr (ancienne Tantour).
91 TENpLE DE DAKKEH(anciennePse)cis).Vuegénéra)e.
93 TEMPLE de Dakkeh. Naos.
96 Temple DE Mahaiukkah (ancienne Hiera-Sycami-
nos).
97 Hehi-spéos de Skboul. Dromos.
98 –Pylônes.
99 TEMPLE d'Ahada.
100 Forteresse d'Ibuym (ancienne Premnis).
101 Ibsamboul. Les deux spéos.
102 – Vue générale du spéos de Phrè.
103 – Colosse oriental du spéos de Phrè, vude face.
104 Colosse oriental du spéos de Phrè, vu
de profil.
105 Sculptures de l'entrée du spéos de Phrè.
106 Colosse médial du spéos de Phrè.
107 Colosse occidental du spéos de Phrè.
108 Partie septentrionale du spéosd'Hathor.
109 – Entrée du spéos d'Hathor.
110 – Partie méridionale du spéos d'Hathor.
111 Vl'E CAVALIERE DE LA SECONDE CATARACTE.
112 SECONDE Cataracte. Dgebel-Aboucir, limite de lit
Nubie Inférieure et de la Nubie Supérieure.
PALESTINE.
113 Jérusalem. Partie occidentale des murailles et
château de David.
H4 – Quartier occidental et mosquée d'EI-
Melouieh.
115 – Arcades inférieures de l'église du Saint-
Sépulcre.
116 –Quartier oriental et piscine de la Pro-
bation.
1177 Mosquée d'Omar.
118 – Porte dorée.
SYRIE.
119 BAALBECK. Intérieur de l'enceinte des temples du
Soleil et de Jupiter.
120, –Hémicycle de l'enceinte des temples du
Soleil et de Jupiter.
121 – Grande colonnade du temple du Soleil.
122 Temple DE JUPITER, A BAALBECK. Vue prise il
l'angle S.-E.
123 – Façade orientale.
124 – Façade occidentale.
125 Intérieur du naos.
EGYPTE
~Wu)L!~
PALESTINE ET SYRIE
DESSINS PHOTOGRAPHIQUES
RECUEILLIS
PIIIAHT LES ANNÉES1849, 1850 BT 18S!
ACCOMPAGNÉS s
D'UN TEXTE EXPLICATIF ET PRÉCÉDÉS D'UNE INTRODUCTION
PAR
MAXIME DU CAMP
CI1ARO i: D'UNE MISSION AHOIMiOl.Or.lQUK EN ORIENT l'AR LE MINISTÈRE I)K L'INSTRUCTION PUBI.IQUK
PARIS'
GIDE ET J. BAUDRY, ÉDITEURS«ES CATACOMIIES DE ÎIOMU NINIVE – VOYAGE EN PEHSE – CULTES DE MITHRA ET DE VÉNUS, ETC.,
ETC.
5 RUE BONAPARTE, ANCIENNE RIIE DES PETITS-AUGUSTINS
1852
EGYPTE
AïyuffTOv 5' eivai, ffoXuwlv ô'&èv àpya^evjvTs.
HOMÈBE.
Alexandrie.– « On raconte, dit Strabon, comme un présage de la prospérité future de -la ville,
« ce qui arriva lorsqu'il s'agit d'en tracer leplan
sur le terrain. Les architectesmarquaient
laligne
« d'enceinte avec de la craie; cette substance vint àmanquer;
le roi arriva dans ce moment; alors les
« administrateurs des farines livrèrent aux architectes une partie de celles qui étaient destinées aux
« travailleurs, et l'on s'en servit pour tracer les divers alignements des rues. Cequi fut, dit-on,
«interprété
à bon augure.»
Leprésage
ne fut pas menteur Alexandrie devint une des villes lesplus importantes
du monde
antique; son port reliait l'Europeà l'Asie; elle eut des palais, des temples, des cirques, des théâtres,
des académies et d'immenses nécropoles; au temps d'Auguste,elle avait sept cent mille habitants; ses
rois s'appelaient Dieux et donnaient à leurs fils le nom des astres. Mais des religions nouvelles ont
surgi du sein de l'humanité, des races d'invasion sont venues, letemps a fait son œuvre; les
temples,
les palais, les théâtres ontdisparu;
le port s'est comblé; le phare, une des sept merveilles du monde,
s'est égrené pierre à pierre, et de l'Alexandrie d'autrefois il ne reste plus qu'une colonne debout et deux
obélisques.
Lorsqu'Amr' s'empara de la ville, il écrivit à Omar qu'il y avait trouvé quatre mille palais, quatre
mille bains, quarante mille juifs payant tribut, quatre cents places publiqueset douze mille baciâl
( marchands de légumes et de fruits).
Plus tard, lorsque Abdallatif la visita, il y vit les deux obélisques encore debout parmiles édifices;
autour de la prétendue colonne dePompée qu'il appelle Amoud-Alsawari (la
colonne aux piliers),il
reconnaît des fûts, des piliers, des chapiteaux et de grandes ruines quiétaient les traces d'un édifice
énorme. – « Jepense, dit-il, que là était situé le portique où enseignaient
Aristote et aprèslui ses
« disciples, et que c'était là l'Académie que fit construire Alexandre quand ilbâtit cette ville, et où était
« placée labibliothèque que brûla Amr'-ben-Alas, avec la permission
d'Omar. Sur les bords de
la mer, ilaperçut plus de quatre cents (?) colonnes brisées. Karadja, gouverneur
d'Alexandrie pour
Saladclin, les avait fait jeter là afinde préserver
les murailles de la violence des flots, et aussi peut-être
afin d'empêcher les vaisseaux ennemis de venir mouiller au pied des murs de la ville. Les colonnes
et les débris de celles qui entouraient Amoud-Alsawari n'existent plus; seule, cette dernière est
demeurée intacte; elle sert deguidon aux navires qui cherchent Alexandrie. Elevée dans une plaine
EGYPTE.
désolée, semée de petits tombeaux arabes, elle paraît immense; au reste, sa hauteur, y compris le
chapiteau, est dequatre-vingt-seize pieds,
et sa circonférence de vingt-trois pieds trois pouces; elle
repose sur un massif composéde débris antiques, parmi lesquels Champollion
le jeune a reconnu le
cartouche de Psammetich II; l'inscription suivante prouve qu'elle était dédiée à Dioclétien et non
pasà Pompée
TO. WTATONAYTOKPATOPA
TONnOAlOYXONAAEEANAPElAE
AIOK-H-IAIMONTON. TON
no. EnAPXoiAi'rvnTOY
Près du rivagede la mer, à côté d'un rempart moderne, un obélisque est debout; à ses pieds,
l'autre
est couché; tous deux avaient été primitivementélevés par le roi Mceris à
Héliopolis, d'où ils furent
tiréspour
orner le temple de César à Alexandrie; deux de leurs facesportent
deslégendes
de
Ramsès le Grand.
Les catacombes, quiont eu jadis une certaine célébrité, ne sont qu'une suite insignifiante de couloirs
et de caveaux; elles neprésentent
aucun intérêt et n'ontpas gardé trace des
peintures que Davison
prétendit y avoir vues en 1763. A Alexandrie, comme à Rosette, comme dansbeaucoup
de villes du
Delta, des colonnes en granit, datant presquetoutes de l'époque des Lagides, arrachées autrefois aux
temples pourorner les églises,
enlevées aux églises pour embellir les mosquées, servent maintenant à
soutenir les arcades des khans, ou à consolider de simples maisonsparticulières.
On marcherait
longtempssur cette terre autrefois couverte d'édifices sacrés avant de retrouver leurs traces.
DeZephirium,
où Vénus-Arsinoë avait un temple; de Canope (Aboukir), la ville des débauches, que
le sage doit fuir, selon Sénèque, la ville où les malades allaient dormir dans legrand temple de
Sérapis; d'Héraclée, où l'on adorait Hercule; d'Hermopolis-parva (Damahnour); de Mendès où,
d'après Pindare, les boucs s'accouplaient avec les femmes; de Léontopolis, de Busiris, deDiospolis
entourée pardes lacs; de Thanis (San des Arabes, Tsoan des Hébreux), où Moïse fit ses miracles
devant le Pharaon;de toutes ces villes, de toutes leurs merveilles, il ne reste plus rien. Seule, Saïs
(Sa-el-Hagar) qui portaitcomme Athènes une chouette sur ses médailles, a conservé quelques ruines
de son temple dédié à Neith et de ses nécropoles. La tradition y plaçaitle tombeau de Psammethich
et l'asile d'Osiris. Les enceintes en briquescrues subsistent encore; des fragments de poterie et de
pierresentaillées d'inscriptions hiéroglyphiques jonchent le sol. Là furent les
sépultures<V
\;»riès,
des rois Saïtes, ses ancêtres, et de l'usurpateur Amasis, dont Cambysefit brûler le
corpsarraché
de son cercueil. En septembre 1828, Champollionle Jeune y trouva le
sarcophage d'un gardien
des templessous Psammetich II.
Héliopolis (Jïn-Schems).C'était la ville du Soleil. Son collége de prêtres était célèbre, Hérodote,
Platon, Eudoxe y séjournèrent. Dans le temple précédé parun dromos de
sphinxon nourrissait le
bœuf Mnévis; Psammetich, Mœris, Osortasen y avaient élevé des obélisques. Cambyse la détruisit
de fond en comble, ferro et igné.
Ce fut là'que, selon les traditions coptes, la Vierge s'arrêta, dans sa fuite en Égypte, devant le figuier-
sycomore quis'ouvrit
pourlui donner asile; ce fut là qu'elle lava les langes du Bambino
divin.
Abdallatif y vit encore des «figures effrayantes et colossales de pierre
de taille, quiont
plusde
trente coudées de long et dont tous les membres sont dans des dimensions proportionnées.»
Maintenant on peut y compter vingt masures de fellah. Les lacs dont parleStrabon sont desséchés
seul, au milieu d'un jardin, s'élève unobélisque qui porte les cartouches d'Osortasen. Les frelons
EGYPTE.
2
ont si bien fait leurs nids dans l'entaille des hiéroglyphes, qu'ils les ont rendus indéchiffrables.
L'enceinte de la ville antique sedistingue
encore sous les collines de décombres qui la couvrent; elle
était en briquescrues et s'ouvrait de distance en distance par
desportes formées de jambages
monolithes en calcaire tendre couverts d'inscriptions. Deux de ces jambages, découverts en 1849,
servirent immédiatement à faire de la chaux.
Malgré les désastres qu'Héliopolis a subis, malgré les recherches avides que le voisinage du
Kaire atrop facilitées, il est
presquecertain que des fouilles bien conduites obtiendraient des
résultats satisfaisants.
Pyramides DE GizEH. -Au-devant d'elles se dresse le sphinx (Aboit-el-Houl, le père del'épouvante,
pi. 11). Actuellement camard, rongé, méconnaissable, il ne porte plus trace de ce vernis rouge si
brillant qu'Abdallatif admira. Sa longueur est de 39 mètres; le contour de la tête de 27 et la
hauteur, depuisle ventre jusqu'au sommet de la tête, de 1 7. Taillé dans la chaîne
libyque, sans
doute par ordre de Tothmès IV dont il porte une inscription,il adhère au sol abaissé autour
de lui. Lorsqu'il fut momentanément déblayé, on reconnut entre ses jambes et son cou une
ouverture qui correspondaità un couloir conduisant dans l'intérieur de la
grande pyramide.
Sur sa tête on voit encore la cavité où se fixaient les ornements distinctifs de sa coiffure. Qu'était-il?
La muette sentinelle du désert libyque? l'impassible gardien de ces grandes montagnes factices où
l'on enterrait des rois? le symbole de cet inconnu toujours cherché qui attend l'hommeaprès
sa mort?
Un grand nombrede petites pyramides,
enpierres
ou en briques, entouraient jadis les trois
grandes elles furent détruitespar
ordre du fameux Carageuzh,Intendant de Saladin (Salah-Eddin
Youssouf-ben-Yakoub). Son fils, Mélik Alasis Othman-ben-Youssouf, voulut jeter bas les grandes
pyramides; pendanthuit mois on s'épuisa
autour de la troisième, celle de Mycérinus, puis on
renonça à ceprojet ridicule.
Les trois pyramides sont actuellement ouvertes, et l'on peutfacilement visiter leurs couloirs et
leurs chambres; c'est Belzoni qui, en mars 1818, a découvert l'entrée de la seconde (Chephren,
pl. 10). Le revêtement de la troisième (Mycerinus), quiest celle qui
a leplus souffert, gît tout
autour en blocs énormes de granit rouge.
Malgrél'affirmation de Masoudiet d'Ebn-Khordadbeh et de Ebn-Hautal, cités par Macrisi, qui
disent avoir vu les pyramides couvertes d'inscriptions; malgréle témoignage du pèlerin Guil-
laume de Baldeusel, quia reconnu des écritures de divers idiomes, et entre autres six vers latins
qu'ila
copiés; malgré l'inscriptionde la
pyramidede Chéops dont parle Hérodote, l'opinion
généralement adoptée est que les pyramidesn'ont jamais porté
aucune inscription,le revêtement
qui subsiste encore au sommet de la seconde n'offre aucune trace de caractères je les ai
visitées toutes trois avec soin et je n'y ai constaté quele cartouche orgueilleux
du docteur
Lepsius.Au-devant d'elles s'étendent les
plainesfécondées chaque année par l'inondation; en
arrières'allonge
sans limite le désert de Libye.
A proposdes pyramides,
nous nepourrions que répéter ce qui
a été dit déjà, et nous préférons
céder laparole
à M. Champollion-Figeac plus expert quetout autre en matière semblable
« La premièreassise de
pierres, dit-il, repose sur le rocher même qui forme laplaine,
et cette
assise estplacée
dans une ligne parfaitementdressée et creusée verticalement de sept à huit pouces.
Au-dessous de cette première assise encastrée, le rocher est taillé en socle régulier, ayant cinq
piedshuit
pouceset demi de hauteur. Le rocher qui fournit le socle est naturellement élevé de
près de cent pieds au-dessus des plus grandes eaux du Nil; et il forme un solide dont on n'a
-a- i *i'i /*i
pas trouvé la base à deux centspieds
de profondeur.
EGYPTE.
(( Au-dessus de la première assise, encastrée on en comptedeux cents deux autres placées suc-
cessivement en retraite, la supérieure sur l'inférieure, d'environ neuf pouces et demi par pied
d'élévation, mesure moyenne, et formant autant de gradins. Ces deux cent trois gradins au-dessus
du socle qui les porte donnent à la pyramide pourhauteur verticale, quatre cent vingt-huit
piedstrois pouces et quelques lignes (139 mètres, 117 millim.), mais dans l'état actuel du monu-
ment on voit que deux assises au moins ont été abattues à son sommet en tenantcompte
de
cette destruction et du socle pris dans le rocher, la hauteur totale etprimitive
de lagrande pyra-
mide devait être de quatre cent cinquante pieds moins quelques pouces;c'est plus de deux lois
la hauteur des tours de l'église Notre-Dame de Paris.
« La hase du monument a été mesurée à la ligne d'encastrement de lapremière assise, et elle
a été reconnue longue de sept cent seizepieds
et demi (232 mètres, 747 millimètres); il en
résulte un volume d'un million quatrecent
quarante-quatremille six cent soixante-quatre toises
cubes, en ne tenant pas comptedes vides peu considérables qui existent dans l'intérieur.
« Les matériaux d'une si colossale construction furent tirés des carrières de Thorrah, sur la
rive droite du Nil, précisémenten face de
Memphis.Ces carrières de calcaire blanc furent
exploi-
tées du temps des Pharaons, des Perses, des Lagides,des Romains et des Arabes; de nombreuses
inscriptions tracées, durant cesépoques diverses, en rendent encore témoignage les derniers
voyageurs français, enEgypte, y ont découvert les noms d'Auguste, de Ptolémée, d'Achoris;
et deux stèlessculptées,
dans les deux carrières lesplus
vastes de toutes, leur ontappris que ces
deux carrières furent ouvertes en l'année 22 du règne d'Amosis, le Pharaonprédécesseur de la
dix-huitième dynastie, et que les matériaux quien furent extraits furent
employésà la
répara-
tion des temples d'Apis,Phtha et Ammon à Memphis. En examinant les pierres du parement des
galeries et de la chambre inférieure de lapyramide,
on est aussitôt convaincu que ces pierres
ont été en effet tirées des carrières de Thorrah et de Messarah, dans lapetite
chaînearabique
nommée aujourd'hui Mokattam.
«L'emploi de ces matériaux est remarquable en ce qu'on reconnaît, sans
peine, qu'il est difficile
d'appareiller avec plus d'exactitude, d'établir des lignes plus droites, et des joints plus parfaits
que ceux que présentela construction intérieure de la
grande pyramide. Chaque pierrede
quatre
arêtes est incrustée dans la suivante; lapierre inférieure, creusée de deux pouces, reçoit une
saillie égale de lapierre supérieure, et chaque
arête est ainsi liée de toute sa hauteur aussi
n'a-t-on remarqué sur aucun point ni leplus léger
écart ni la moindre dégradation.
« Selon des traditions d'époques diverses, la grande pyramide aurait été revêtue extérieurement
de manièreque les gradins étaient couverts
pardes pierres
en forme deprisme triangulaire,
qui remplissaient les vides de chaque degré,et la surface de chaque côté de la
pyramide était
ainsi unplan
incliné. Tel a été le dire d'Hérodote et deplusieurs
autres écrivains qui ontadopté
son avis; il paraît même que des fragments de granit(le forme prismatique trouvés auprès d'une
autrepyramide, servaient à
appuyercette
opinion.Mais les difficultés et le défaut de solidité d'une
telle construction, en ont fait rejeter l'idéepar d'autres écrivains qui ont pensé que le revêtement
extérieur de lagrande pyramide consistait seulement dans l'emploi
d'unepierre plus dure, plus
égale, plus susceptible de recevoir un beau poli, quela
pierrede la chaîne
libyque, dont on
s'est servipour l'intérieur du monument. Enfin, comme il a fallu niveler la
plaine pour asseoir
la pyramide, on pense aussi que le noyau du rocher, plus élevé en approchantdu centre du
monument, a seulement étécoupé pour s'ajuster aux
pierresdu
parement.Du reste, rien n'est
plus
variahle que les renseignements pris sur les pyramides qui sont consignés dans les écrits des
anciens, soit sur leur origine, leur époque ou leur destination, soit sur lesdépenses qu'elles
EGYPTE.
occasionnèrent et les motifs qui portèrentles rois à les élever. Les auteurs de ces écrits en ont
rapportétout ce qu'ils pouvaient
dire d'un monument célèbre qui lesfrappait d'admiration
quand ils le visitaient, mais dont ils ignoraient complétement l'histoire et dont ils nepouvaient
apprendrede leur
temps que les plusfabuleuses traditions. Les écrivains orientaux, venus
après
les Grecs et les Latins, n'ont fait qu'enchérirsur leurs douteuses assertions. Nous
n'entreprenons
pasde les concilier; nous ne consignons
ici que des faits recueillis etauthentiqués par
le
concours desplus exactes observations et des
opinions les plus dignes de confiance.
«La grande pyramide est exactement orientée, chacun de sesquatre angles
fait face à l'un
des quatre points cardinaux; ce n'est encore aujourd'hui qu'avec de grandes difficultés qu'on
réussirait à tracer une méridienne d'une aussi grande étendue sans dévier, et de cette orientation
de la grande pyramide, on a tiré ce fait d'une hauteimportance pour l'histoire
physique du
globec'est que depuis plusieurs
milliers d'années laposition
de l'axe terrestre n'apas varié de
manière sensible et la grande pyramide est le seul monument sur la terre qui par son anti-
quité, puisse fournir l'occasion d'une semblable observation.
« La face nord-est de lagrande pyramide
est celle où se trouve son entrée actuelle au niveau de là
quinzième assise et à quarante-cinq pieds environ d'élévation au-dessus de la base. Le hasard l'a
fait découvrir àl'époque
où l'on a cherché à pénétrer dans la pyramide; l'enlèvement du parement
aura mis à découvert une construction différente de tout le reste c'était celle qui formait
l'entrée de l'étroite galeriedu canal incliné; ce
premiercanal a douze toises trois pieds de lon-
gueur il aboutit à un autre de mêmes proportions (trois pieds cinq poucesde haut et de
large)mais ascendant et de cent deux pieds
delongueur un gros bloc de
granitle ferme
exactement vers le coude de jonction des deux canaux, et il a fallu tourner cet obstacle en brisant
les pierres plustendres qui forment le massif sur la droite du canal, et parallèlement
à sa
direction. On entre ainsi dans le second canal; à son extrémité on se trouve sur unpalier,
et l'on a à sa droite l'entrée d'un puits profond taillé dans le roc. Là aussi commence un canal
horizontal, de dix-neuf toises et demie d'étendue. Il conduit à une chambre qu'on a nommée
chambre de la reine, qui adix-sept pieds dix
poucesde long sur seize pieds un pouce de large.
Elle est vide.
« En retournant à l'entrée du canal horizontal, on monte dans une nouvelle galerie, longue
de cent vingt-cinq pieds, et quien a
vingt-cinq de hauteur et six et demi delargeur.
Dechaque
côté sont des banquettesde vingt et un pouces sur dix-neuf de large, vingt-huit trous de douze
poucessur six et demi de
profondeur, ont été pratiqués sur chaque banquette. Huit" assises de
pierreen-encorbellement forment les murs de cette galerie et donnent l'aspect
d'une voûte à
sonplafond.
A son extrémité on arrive sur un palier,de là dans un vestibule qui conduit à
une ouverture de trois piedstrois
poucesde
large sur trois pieds cinq poucesde haut et sept
piedsdix pouces
de longueur; c'est l'entrée de la chambre supérieure nommée la chambre du
roi, entréeprimitivement
fermée et cachée par des blocs de pierre.
Cette chambre est entièrement construite en larges blocs de granit parfaitementdressés et
polis; voici ses dimensions:
Hauteur. 18 pieds 0pouce
5 lignes.
Largeur N. 32 – 2 – 8 –
S. 32 2 in
O. 16 r 1 5
– E. 16 – 0 – 1 –
« A l'extrémité ouest de la chambre, on voit lesarcophage,
aussi en granit de sept piedsun
EGYPTE.
poucede long sur trois pieds un pouce de large et trois
piedssix
poucesde haut il est placé
dans la ligne du nord au sud; son couvercle n'a jamais été vu; un vide existe au-dessus de cette
chambre sépulcraleil n'est élevé que de trois
pieds; les pierres qui forment cette enceinte,
égalementen granit, sont dressées sans être
polies,et celles du
plancher, qui est le revers du
plafond de la chambre royale, sont brutes et d'une hauteurinégale;
il résulte de ce vide un
doubleplafond pour
la chambre royale, propreà la préserver des effets de la
surcharge supé-
rieure.
« Le puits déjà indiqué à l'entrée de la galerie horizontale, est en grande partie creusé dans le
rocher, dans des dimensions tellement étroites (vingt-deux pouces sur vingt-quatre), qu'un
homme peut s'y accroupirmais non pas s'y courber, c'est
cependantun travail de main d'homme,
et à nne grande profondeur qu'ona reconnue jusqu'à deux cents pieds. Des entailles irrégu-
gulières pratiquéesdans les parois, rendent la descente moins
pénible et moins périlleuse.On
n'estpoint parvenu
au fond, mais dans la partie reconnue, on est descendu jusqu'à cinquante
pieds au-dessous du niveau du Nil.
« La grande pyramide,comme toutes les autres qui subsistent dans la basse Egypte,
était nn
tombeau. Lesarcophage royal occupait
la chambresépulcrale; la chambre inférieure pouvait être
une chapelle destinée aux cérémonies périodiquesordonnées envers les dieux ou envers le défunt,
et accomplies par ses successeurs.
«D'après
les historiens arabes, on aurait autrefois recueilli une grande quantité d'objets précieux
dans cettepyramide,
même beaucoup de monnaies d'or; mais cette tradition est bien nouvelle pour
mériter quelque confiance, et les Arabes sont de trop récente époque en Egypte pour avoirappris
ce
quene sut aucun des anciens Grecs
quivirent ce
pays avecla
plusvive curiosité. Les Arabes, un seul
excepté Abdallatif, ontparlé
si étourdiment, si merveilleusement desantiquités
del'Egypte, qu'il est
difficile de leur accorder la moindre foi, si ce n'est quand de bons observateurs nous certifientque
les faits énoncés sont vrais, quoique les Arabes les aient racontés. Il est certain qu'il ne reste dans
lapyramide qu'un sarcophage
en granit, sépulcre ordinaire des rois. Mais ce sarcophage n'est orne
d'aucune figure,ne porte aucune inscription, et jamais on n'en a reconnu aucune trace sur aucune des
partiesde la
pyramide.Hérodote raconte cependant que son interprète lui expliqua une
inscription
gravéesur une des faces de la
pyramide,et qui contenait le compte des dépenses faites en raves
et autres légumes pourles ouvriers qui avaient travaillé à la construction de ce monument on di-
sait aussi que cette inscriptionétait tracée sur le revêtement de la
pyramide,mais l'on a fait re-
marquer avec toute raisonque
le revêtement primitif, s'il fut contemporaindu
tempsde la
pyra-
mide, putêtre
postérieurement restauré, et aussi quele roi
quiavait fait faire cet ouvrage (que
ses
contemporainsni la
postériténe lui
pardonnèrent pas) n'avait aucun intérêt à braver la haine publi-
que,en
proclamantavec une ostentation sans bénéfice, ces détails d'une
dépense qui l'avait rendu
universellement odieux. Un fait domine toutes ces considérations; il n'y a jamais eu un seul trait d'é-
criture dans la grande pyramide;le
sarcophageen granit en est absolument dépourvu
sur toutes ses
faces extérieures et intérieures; lesplus
anciens tombeaux deThèbes, et tous les sarcophages qui s'y
sont trouvés, ceux mêmes depersonnages
de conditions secondaires, en sont absolument couverts.
L'antiquité des pyramides expliquera suffisamment cette différence. Ilparaît
donc qu'à l'époque où
elles ont été élevées, l'usage de l'écriture n'était pas connue, que le système graphiquen'était
pascon-
stitué enfin qu'on ignorait encore l'art « de fixer la parole et de parleraux
yeux.» Bien d'autres con-
sidérations tirées. de faits de divers ordresappuieraient
cetteopinion assez généralement adoptée, qui
nous montreapproximativement,
il est vrai, le temps oùcommença
l'une desplus grandes institu-
tions de la civilisation égyptienne;et l'on doit inévitablement subordonner à cette observation ce qui
EGYPTE.
3
peut être dit de l'invention et de l'usage de l'écriture chez les anciens Égyptiens; on peut aussi ajouter
qu'elle y était inconnue du temps du roi Souphi,le
premier desdix-sept'princes de la quatrième
dynastie. s ·
« A quelle époque remonte donc ce règnemémorable? Par l'exécution de tels monuments, réunis-
sons ici quelques faits propresà éclairer les doutes qui environnent la solution de cette question.
Hérodote placele roi qui fit bâtir la grande pyramide, après un Sésostris, et au
cinquième règne
avant l'Éthiopien Sabaccon. Quant à Sésostris, on est enclin à croireque
ce nom, ou celui de Sésoosis,
fut porté par plusieurs princescélèbres pour
leurs faits militaires dans les annales del'Égypte,
et
s'il s'agissaitdu Sésostris qui avait sur les monuments le nom de Rhamsès (III), ce serait entre le
milieu du xvc siècle avant l'ère chrétienne, temps du règne de Sésostris, et le commencement du
vin6 siècle avant la même ère, époquedu roi Sabaccon, qu'il faudrait placer la construction des
pyramides. Une telleopinion
n'aurait aucun fondement, et ledéplacement évident des noms et de
leurs époques relatives, dans le texte d'Hérodote qui cite quelques noms célèbres sans avoir l'intention
derapporter
la liste complèteet chronologique des dynasties égyptiennes, concourt à faire rejeter une
telle indication. On peut appliquerla même considération à ce qu'a dit sur le même sujet un autre
écrivain grec, Diodore de Sicile; carChampollion
le jeune a découvert, dans le fossé même de la
seconde pyramide, prèsde l'angle et de face nord, le tombeau d'un officier de Sésostris; de plus il
est avéré qu'il se trouve sur legrand sphinx
uneinscription hiéroglyphique, datée du
règnede Thout-
mosisIV, qui précédaSésostris de plus de deux cent cinquante années. On sait aussi qu'on
a re-
cueilli dans les tombeaux creusés dans le roc, au voisinage des pyramides, des noms de rois qui ne
se trouvent pas dans la série successive et règne par règne des dynasties égyptiennes,à commencer
par
le premierroi de la dix-septième dynastie dont le règne remonte à un peu plus de deux mille ans
avant l'ère chrétienne il faut donc, sur l'antiquité des pyramides, suivre l'opiniondes écrivains na-
tionaux, qui pouvaientêtre bien instruits par
des recherches consciencieuses dans les archives puhli-
ques, et laisser avec Manéthon lagrande pyramide
de Ghizé dans le tableau des faits mémorables du
premier roi de la quatrième dynastie.
« Ilparaît
aussi que des tombeaux creusés quelque temps après, pourdes parents ou des
officiers des rois de cette époque, offrent déjà despreuves
de lapratique
de lapeinture,
car ces
tombeaux en sont décorés; et aussi de l'écriture, car on y a recueilli des inscriptions. Enfin, une
dernière observation nous est suggérée par les monuments, et elle nous semble très-importante
le nom de la ville deMemphis, écrit phonétiquement dans les textes hiéroglyphiques, et qui
se
prononçait Mcnnophrê ou bien Mannouji, apour
caractère déterminatif spécial,la figure d'uue
pyramide placéeavant même le caractère déterminatif générique, qui signifie ville ou contrée;
onpeut
en induireque lorsque l'orthographe
du nomvulgaire
de la ville de Phta, ou demeure
de Phta, nom sacré de Memphis fut réglé, lespyramides voisines de cette ville existaient déjà, et
qu'elles pourraient avoirprécédé l'usage de l'écriture, au moins l'introduction de l'écriture
alpha-
bétiquedans le
système hiéroglyphique; et il n'existepas
de monuments connus dans lesquelson
puisse remarquer l'absence de cette écriturealphabétique. Dans un des plus
anciens tombeaux de
l'Égypte, creusé dans le roc au-dessous de la surface du sol, au milieu despyramides de Sakkara,
Champollion le jeune a recueilli lecartouche-prénom
d'un très-vieux roi, dont il n'existe pas de men-
tion dans les tables généalogiques quiremontent à l'invasion des
pasteurs;et à côté du
cartouche-pré-
nom est placé le nompropre
du même roi, écrit en caractères alphabétiques,et qui se lit Ossé ou
Asso. Mais nous serions forcés d'étendre cetexposé
au delà des bornes que nous devons lui imposer ici,
s'il nous fallait énumérer tous les motifsqui peuvent porter
le lecteur à considérer en toute con-
science les pyramides de Sakkara et de Ghizé, comme les plus anciens ouvrages sortisde la
main
EGYPTE.
des hommes, comme les plus anciens monuments de la terre et antérieurs à toutes les autres
preuves connues de l'antiquité des sciences, des efforts et des succès de l'intelligence humaine. Celles
quela
grande pyramide porte en soi, etque des hommes habiles ont développées dans les
rapports
astronomiques, témoignentde l'avancement de la civilisation égyptienne,
dans lapratique des
arts lesplus
utiles aux hommes à l'époque de l'établissement de la me dynastie des rois hérédi-
taires. Souphi (Chéops) en fut le vingt-sixième depuis Menés.
« Sensaouphi,son successeur, éleva aussi pour lui servir de tombeau, une grande pyramide
prèsde celle de Souphi; Mankerri, troisième roi, imita l'exemple de ses prédécesseurs. Les trois
grandes pyramides de Ghizé sont les trois tombeaux de ces trois souverains. »
Je citerai encore, avant d'en finir avec lespyramides,
une notemathématique
assez curieuse,
donnée par les traducteurs de Sttabon
« Connaissant la base et la hauteur, on trouve, pourla solidité
1" de lapyramide
de Chéops 2,620,000 mètres cubes.
2" deChephren 1,880,000
–
3° de Mycerinus.. 193,000
« De manière qu'en supposant qu'avec toutes les pierres qui entrent dans chacune des pyra-
mides, on voulût construire un mur de trois mètres de haut et de un tiers de mètre de large,
on pourrait avoir avec les pierres,
1" de lapyramide
deC/iéops,un mur de 260
myriamètres,
2° de67~AreM 188
3° de Mycerinus 19
« Ainsi toutes les pierres des trois pyramides feraient un mur de 496 myriamètres ou
1054 lieues de longueur, c'est-à-dire un mur qui pourraittraverser l'Afrique depuis
Alexandrie
jusqu'à la côte de Guinée. »
Au pied des pyramides, dans les rochers même qui forment leur base, s'ouvre une grande
quantité de tombeaux dont laplupart
ont servi de demeures aux Bédouins du voisinage.
Un vaste nécropole s'étendait aux environs des Pyramides et rayonnaitautour de leurs
masses immenses. Le docteur Lepsius, en 1842, reconnaît l'époque précisede quarante-cinq
tombeaux, et en signale quatre-vingt-deux qui semblent dignes d'attention par leurs inscriptions
ou leurs détails. Selon lui, unpetit nombre de ces
sépulcresa été construit récemment; la
plus grande partie remonte à l'époque de l'élévation de la grande Pyramide.« C'est pourquoi,
dit-il, ils nous présentent une série de dates d'une valeur inappréciable pour l'étude de la
civilisation des plus anciennes races humaines. » Ces tombeaux offrentpresque
tous lesgenres
d'architecture et dessculptures de
personnages completsde toute dimension et de toute
posture.
Le style en est très-accentué et l'exécution remarquable,mais cependant les
Égyptiensne
possédaientt
pas alors ces règles infaillibles deproportions qui nous étonnent dans les époques subséquentes
et qui frappaient Abdallatif d'admiration. Les sujets peints sur les murailles sont évidemment
empruntésà l'existence des personnages qu'ils renferment, et donnent mille détails sur leur vie
domestique. Lessuscriptions qui accompagnent
cesreprésentations énumèrent complaisamment
les titres, lesemplois
des morts, et jettent ungrand jour sur la cour des rois Chéops et Chephren.
Le docteur Lepsius ajoute « J'ai souvent rencontré et constaté lessépultures
du père, du
« fils, dupetit-fils
et même de l'arrière-petit-fils; de sorte qu'on pourrait facilement écrire la
« généalogiede ces hautes familles qui formaient la noblesse d'il y a cinquante siècles. Le plus
« heau de tous les tombeaux que j'ai trouvés sur cette terre que le sable envahit chaque jour,«
appartientà un prince royal du
temps de Chéops.»
EGYPTE.
A l'aide de ces récentes découvertes, dont il ne parle que très-sommairement dans la courte
relation',de son voyage,le docteur Lepsiùs complète la cinquième, la septième et la huitième
dynastie restées fort indécises jusqu'à ce jour; il reconnaît avec certitude des noms royaux
appartenantau
quarantièmesiècle avant Jésus-Christ, et croit même avoir trouvé la tombe
de celuiqui présida
à la construction de la grande Pyramide.« J'ai découvert, dit-il, sous le
« sable un tombeau dont les peinturessont aussi fraîches et aussi parfaites que si elles venaient
« d'être terminées. C'était la demeure dernière duprince Merhet, qui, comme
prêtre de Chufu
«(Cheops), nomma un de ses fils Chufu-mer-nutem
ilpossédait
huit millevillages dont les
noms sont tous descomposés
de Chufu. La positionde la tombe à l'ouest de la
pyramide
« de Chufu, de même quela similitude parfaite
du style des sculptures, font présumer avec
« une presquecertitude que
Merhet était fils de Chufu. Ce prince fut aussi surintendant général
« des hâtiments royauxet avait aussi le rang
de grand architecte de la cour, poste fort élevé
« dans cetemps
de magnificence architecturale, et qui était souvent confié à des princes ou
k à des membres de la famille royale.Nous pouvons
donc conjecturer que ce prince dirigeala
« construction de la grande Pyramide.»
Après les pyramidesde Gyzeh viennent celles de Sakkara pyramides
enbriques crues,
effondrées, égrenées, découronnées, assises sur des terrains sinistres qu'habitent lesscorpions,
quefuient les hommes, et que
le sable couvre comme un impénétrable linceul. En comprenant
les pyramides de Gyzeh,celles de Sakkara et du Fayoum, le docteur
Lepsius en a compté
soixante-sept. Sur toute cette plainede Sakkara s'ouvrent des tombeaux
d'époques reculées,
ornés de légendes hiéroglyphiquesbrisées
pourla plupart
.et décorées depeintures effacées
par
le temps ou grattées pardes voyageurs iconoclastes et impies.
C'est là que se rencontrent ces
sortes de couloirs souterrains célèbres sous le nom de Puits des Ibis. Ungrand couloir
s'allonge
à demi comblé par le sable et si resserré qu'on est obligé de ramper à plat ventre; il tourne
brusquementà angle droit et se dégage dans une chambre plus haute où les pots scellés qui
contiennent les Ibis sont rangésen chantier, a
peu prèscomme des
pains de sucre emmagasinés.
Lorsqu'onbrise un de ces vases, on en retire une momie d'Ibis, calcinée, noircie, et qui se
réduit instantanément en poussière impalpable.
Memphis. – Si en quittantSakkara on se dirige vers le Nil, on traverse des terrains cultivés,
un étroit canal destiné à conduire les eaux de l'inondation, et on arrive à unepetite forêt de
Y
palmiers baignés parun étang auprès duquel s'élève un village misérable nommé Myt-Rahynieh.
C'est là quefut Memphis.
Au tempsde Strabon, elle était encore la seconde ville
d'Égypte après Alexandrie. Il y voit le
templed'Osiris qui
est aussi celui d'Apis.« C'est là
qu'on nourrit dans un sêcos le bœuf Apis,
«qui passe pour
un dieu; son front est blanchâtre(&iaXsui«;); de même que quelques autres
parties
« de son corps,le reste est noir. » Auprès de ce
temple,il admire celui de Vulcain(/V^rt); le Naos
l'étonne parses dimensions. Il voit le colosse monolithe placé
dans le Dromos ou l'on fait
combattre les taureaux. Ilparle
aussi dutemple d'Halhor, qui passait
de son temps pour êtro
dédié à la lune et qu'Hérodote pensait consacré à Hélène la Tyndaride. «On trouve deplus,
« dit-il, un templede Sérapis
dans un endroit tellement sablonneux queles vents y amoncellent i,
« des amas de sable sous lesquelsnous vîmes des sphinx
à moitiédisparus.
» C'est làque
M. Mariette, notre jeune et savant compatriote,a courageusement entrepris des fouilles qui ont
déjà donné des résultats siimportants pour
la cause de l'art et de l'histoire.
LorsqueAbdallatif passe
àMemphis,
il trouve que« ses ruines offrent encore une réunion de
« merveilles quiconfond l'intelligence,
et que l'homme le plus éloquent essaierait en vain de
EGYPTE.
« décrire. » – II parlé avec grand détail de la chambre verte chapelle monolithe semblable à
celles' qu'Hérodote vit à Buta et à Saïs. Celle de Memphisfut élevée par l'émir Seïf-Eddiri
Scheikh Omari, et ses débris furent employésà la construction delà mosquée qu'il fit élever dans
lequartier des Sabéens, hors du Kaire. Les statues l'étonnent par. leur nombre, leur dimeri-
sion et leursproportions
exactes. Il en mesure une, faite d'une seule pierre, etconstate que sans
son piédestal, elle a plus de trente coudées. Déjà à cetteépoque
les Arabes avaient l'usage de
se tailler des meules à blé dans les colonnes et les statues.
Maintenant tout a disparu; le colosse monolithe du temple de Phta est tombé, le front dans
la vase, au fond d'un fossé creusé par sa chute et que l'inondation couvre et découvre chaque
année; l'enceinte en briques crues qui enfermait les monuments se laisse deviner à la forme
circulaire des monticules de terre chaque hutte de fellah porte dans les flancs de ses murailles en
limon quelques pierres sculptées, des piliers brisés, des steles indéchiffrables. En 1829,
Champollioncontinuant les fouilles commencées en 1822
par Caviglia, trouva des traces certaines
dutemple
d'Hathor construit en calcaire blanc, et d'un autre orné de colonnespilastres
en granit
roséconsacré à Phta et Hathor
par Ramsès le Grand.
LE LABYRINTHE ET LE lac Mgeris. – Les récits d'Hérodote et de Strabon sur le lac Mœris et le
Labyrinthe sont trop connus pour que nous en parlionsdans ce
rapide procès-verbal des
monuments égyptiens.Bien des
voyageurs s'étaient mis'en quêtede ces édifices immenses
accompagnés de pyramideset bâtis
près de ce lac fameux creusé à mains d'hommes; mais
toutes les traces semblaient à jamais disparues; l'infatigable commission d'Egypte échoua elle-
même dans cette recherche. Ilappartenait
encore au docteur Lepsius de retrouver ce labyrinthe
et de fixer, conjointement avec M. Linant, l'emplacement certain du lac Mœris; nous citerons
tout entière la lettre curieuse écrite sur ce sujet par le savantégyptologue.
Le Labyrinthe, 25 juin 1843.
Cette lettre vous est adressée, non de ce labyrinthe douteux et toujours contesté dont je
n'avais jamais réussi à me former une idéed'après
ladescription incomplète
de nosprédéces-
seurs, mais du vrai labyrinthe bien constaté de Moeris et des Douze Rois. Il existe encore
un immensepâté
detemples, et au milieu une grande place, couverte de restes de colonnes
monolithes en granitet en
pierre calcaire blanche et luisante comme du marbre.
« J'abordai ces décombres avec crainte; je- pensais que nous aurions à chercher la confirma-
tion des récits des ancienspar
laposition géographique des ruines, et que toute trace de sa
configuration architecturale était effacée. Mes doutes ne furentpas
de longue durée, car
immédiatement et aprèsune
investigation superficielle, nous trouvâmes des constructions tant
souterraines que sur le sol, et nous reconnûmes distinctement la masse principale des ruines
qui couvrait, plusd'un stade, au dire de Strabon; où
l'expédition française avait inutilement
cherché des cleambres nous en rencontrâmes littéralement des centaines placées à côté et au-dessus
les unes des autres. Nous en vîmes depetites, de
très-petites, placées auprèsdes
plus grandes,
soutenuespar
despiliers, précédées
de seuils, creusées de niches, revêtues de dalles, communiquant
toutespar
des corridors les unes avec les autres; lesdescriptions d'Hérodote et de Strabon sont donc
confirmées sous ce rapport,et
l'opinion des communications tortueuses etsouterraines, que je n'ai
jamais partagée,est définitivement controuvée.
« Ladisposition
de l'ensemble secompose de trois
principaux corps de bâtiments larges de trois
1É('TYP7.'h:.EGYPTE.
4
cents pieds disposésautour d'une place
de six centspieds
de long sur cinq cents de large; le quatrième
côté de cette placeest fermé par
la hautepyramide qui s'élève derrière. Cette pyramide est d'une
superficiede trois cents pieds
et ne touchepas, par conséquent, les ailes des grands bâtiments. Un
canal de construction plus moderne, et qu'onmettrait facilement à sec dans cette saison de l'année,
passe diagonalement parmiles ruines, traversant les chambres les mieux conservées et une partie de la
place, ciuiautrefois était divisée en plusieurs
cours. Les voyageurs n'ont pas voulu se mouiller lespieds
et sont restés de ce côté-ci du canal, où les bâtiments sont très-enfouis; mais néanmoins les chambres
sont faciles à voir, surtout vers le sud quand on regarde du haut de lapyramide, l'ensemble des
ruines se voit comme sur une carte.Depuis
notre arrivée nous sommesoccupés
àprendre des mesures
et à désignersur nos plans les chambres grandes et
petites de l'autre côté le plan est plus difficile à
lever; par ici, comme il y a moins de chambres, celarend l'opération plus aisée, mais cela nous rend
plus péniblela compréhension
de la structure générale. Les dimensions seules del'emplacement nous
font supposer que le labyrinthefut
coupéen deux
parun mur, de chaque côté duquel les douze
aulœ, dont on ne peut plus distinguer les traces, étaient adossées; de sorte que les entrées étaient
tournées en sens opposéset s'ouvraient près des chambres innombrables du monument.
«Cependant, quel était le Maros, le Mendès, l'Ismandès qui, d'après
les traditions grecques, éleva le
labyrinthe ou plutôt la pyramide qui y touche? Dans les listes royales de Manéthon nous trouvons
que le constructeur du labyrinthe appartientà la fin de la douzième dynastie, la dernière du vieil 1
empire qui s'écroula sous l'invasion des Hyksos. Les fragments de gros pilierset d'architraves
que
nous avons trouvés dans les grandes cours des aulœ, nous donnent les cartouches du sixième roi de
cette douzième dynastie, Amenemha III; voici donc la réponse à cette importante question dans son
rapport historique. Nous avons également fait des excavations au nord de lapyramide,
dansl'espoir
d'en trouver l'entrée; maisjusqu'à présent
nous n'avonspu
réussir. Nous avonscependant pénétré
dans la chambrequi précédait
lapyramide, quoiqu'elle fut pleine de décombres nous y avons trouvé
le nom d'Amenemha III plusieurs foisrépété.
Nous connaissons donc d'une manière positive le
nom du constructeur de lapyramide.
Parmi les chambres sans nombre qui entourent laplace, nous
n'avons découvert aucune inscription. Des excavations ultérieures nous apprendront sans doute que
tout le monument et les douze aulœ furent faitspendant
lavingt-sixième dynastie de Mané-
thon, de sorte que le temple primitif d'Amenemha fut seulement compris dans cette immense
construction.
« Voilàpour
lelabyrinthe et la pyramide. Le résultat le plus important auquel nous
puissions
parvenir ici, est de déterminer dans l'histoire le nom du constructeur de ce monument. Aprésent,
quelques mots sur l'autre merveille de cette province, sur le lac Mœris.
« L'obscurité qui l'entouraitparaît être éclairée par une récente découverte de M. Linant, ingénieur
en chef dupacha. Jusqu'ici
on était d'accordpour placer le lac quelque part dans le Fayoiim.
Comme àl'époque du retrait de l'inondation il
n'y a qu'un seul lac dans cette demi-oasis, le Birqet-
el-Qorn, qui se trouve à son extrémité, on leprenait naturellement
pourle lac Mœris. lia question
neparaissait pas avoir d'autre solution. Or, sa grande renommée était expressément
fondée sur ce
qu'il était artificiel; son utilité était immense; seremplissant au débordement du Nil, il se vidait,
quand l'inondation baissait, d'un côté vers les terres du Fayoum, de l'autre vers la région de
Memphis. Cependant, audépit des antiquaires et des
philologues,le lac Birqet-el-Qom ne possédait
aucune de ces qualités. Il n'est pas creusé à mains d'hommes, mais naturel, et en partie rempli par
le canal deJoseph (BahrYussuf), Lorsque le Nil est haut, il est vrai
queson volume augmente,
mais il estbeaucoup trop profond pour qu'une goutte d'eau puisse en sortir une -fois qu'elle y est
entrée. Le niveau duBirqet-el-Qorn est à
présent de soixante-dix piedsau-dessous du point où
EGYPTE.
le canal de Joseph s'y dégorge; et il n'a jamais pu être beaucoup plus haut, ce qui est prouvé par les
ruines d'anciens temples éparpilléssur ses rives. On ne doit ajouter aucune foi aux récits qui nous
disent quele labyrinthe
et la ville d'Arsinoë (actuellement Medinet-el-Fayoum) étaient situés sur ses
bords. M. Linant a découvert de puissantes digues, longues de plusieurs milles, de construction
ancienne et solide, formant les limites entre la partie supérieure du bassin du Fayoum (quia la
forme d'une coquille)et la partie inférieure. Selon lui, ces digues ne pouvaient avoir d'autre but
que d'arrêter les eaux d'un lac artificiel qui se trouve à présent à sec, à cause de la destruction
desdigues.
Il considère que ce devait être là le lac Mœris. L'examen attentif des lieux m'aprouvé
quece savant ingénieur français avait raison; il est
pourmoi hors de doute maintenant que
fiirqet-el-Qornn'a jamais été le lac Mœris.
« Si vous me demandez quel rapport existe entre le nom de Mœris et celui d'Amenemha, je vous
répondrai qu'il n'en existe aucun. Le nom de Mœris ne se trouve ni dans les monuments, ni dans
Manéthon; je suis portéà croire que, là encore, il y a un malentendu du grec. Les anciens
Égyptiens appelaient le lac Phiom en mère (lelac du fleuve le Nil); de mère
(l'eau qui remplissait
lelac)
les Grecs ont fait un roi Moeris, et ne s'occupèrent plus d'Amenemha, son véritable auteur.
Plus tard, toute la province pritle nom de Phiom (le lac),
d'où le nom actuel de Fayoum.»
La ville de Medinet-el-Fayoum (autrefoisArsinoe et précédemment Crocodilopolis) n'offre aucunes
ruines importantes. Quelques colonnes insignifiantes d'un temple Lagide ont servi à construire une
église, puis une mosquée, maintenant ellesgisent pêle-mêle
au milieu des décombres debriques
crues qui environnent et embarrassent toutes les villes modernes del'Égypte.
Deux ou trois chapiteaux insignifiantset un
pande muraille se retrouvent sur la rive orientale
de Birqet-el-Qorn;de l'autre côté, sur la rive occidentale, en
plein désert libyque, on voit un
monument qui, parsa
position avancée, n'a pu être qu'un ancienport militaire c'est Kasr-
Nemroud. Plus au sud, on découvre untemple
sansinscription, qui porte dans le pays
le nom
de Kasr-Karoun. Nous ne mentionnons ces restes que pour mémoire, car ils n'offrent aucun
intérêt historique.
Zaniet-el-Meitin (rive droite du Nil). Village de quelques maisons, près duquel s'élèvent
des rochers creusés de dix-neuf tombes, remontant toutes à une très-haute antiquité. Ces sépultures
appartiennent, pourla
plupart,à la sixième dynastie, et sont
par conséquent d'une datepresque
aussi reculée que les pyramides.On lit dans
cinqde ces tombeaux le nom
plusieursfois
répété
d'Akappus-Pépi, qui vécut, dit-on, cent soixante ans et en régna cent. Dans un autre, on trouve
le nom deChéops.
Unpeu plus loin, on rencontre une tombe isolée, contemporaine de Ramsès
le Grand. Ce lieu a été fortpeu exploré; son étude
pourrait cependantconduire à de beaux
résultats chronologiques.
Beni-Haçan (Speos Artemidos). Les anciens historiens sont muets sur les grottes si célèbres
aujourd'hui de Beni-Haçan. Lesvoyageurs modernes, Jomard, Legh, Hamilton, se sont forcément con-
tentés de constater leurposition
sur la rive droite du Nil. Ils ont dit leur nombre (trente),ont
parlé
du calcaire numilite dans lequel elles sont taillées, ont admiré leurspeintures décoratives, ont décrit
la forme de leurs colonnes élémentaires dudorique, ont mesuré qu'un de ces hypogées
contenait
une salle de soixante pieds de long sur quarante de haut, mais ils n'ont pu les apprécier sous le
rapport historique. Champollion le jeune, d'immortelle mémoire, devait lepremier signaler
leur
importanceet leur intérêt. « Nous vîmes alors, dit-il, se dérouler à nos yeux
laplus ancienne série
de peintures qu'on puisse imaginer, toutes relatives à la vie civile, aux arts et métiers, et, cequi
était neuf, à la caste militaire. J'ai fait dans les deux premiers hypogéesune moisson immense, et
cependant une moisson plus riche nous attendait dans les deux tombes lesplus reculées
vers le
EGYPTE.
nord. i|Ces deux hypogéesoffrent cela de
particulier que laporte
est précédée d'un portique taillé à
,jour dans le roc et formé de colonnes qui ressemblent, à s'y méprendre, au dorique grecde Sicile
et d'Italie. Elles sont cannelées, à base arrondie, et presquetoutes d'une belle
proportion. Ces deux
hypogées,les plus
beaux de tous, portentleur date et appartiennent
aurègne d'Osortasen, deuxième
roi de la vingt-troisième dynastie (Tanite),et par conséquent remontent au ix" siècle avant J.-C.
J'ajouterai que le plusbeau des deux portiques,
encore intact, celui del'hypogée d'un chef
administrateur des terres orientales de l'Heptanomide,nommé Néhôthph, est
composé de ces
colonnes doriquessans base, comme à Pœstum et dans tous les beaux
temples grecs-doriques.
« Lespeintures
du tombeau de Néhôthphsont de véritables gouaches, d'une finesse et d'une
beauté de dessin fort remarquables.J'ai trouvé là un tableau du
plushaut intérêt. Il
repré-
sente quinze prisonniers, hommes, femmes ou enfants, pris parun des fils de Néhôthph, et pré-
sentés à ce chefpar
un scribe royal, qui offre en mêmetemps
une feuille depapyrus
surlaquelle
est relatée la date de la prise et le nombre des captifs, qui est detrente-sept. Ces captifs, grands
et d'une physionomietoute particulière,
à nez aquilin pour la plupart, étaient blancscomparati-
vement aux Égyptiens, puisqu'ona
peintleurs chairs en jaune-roux, pour imiter ce que nous
appelonsla couleur de chair. Les hommes et les femmes sont habillés d'étoffes très-riches, peintes
(surtoutcelles des femmes) comme le sont les tuniques des dames grecques sur les vases grecs du
vieux style.La tunique, la coiffure et la chaussure des femmes
captives peintes à Beni-Haçan
ressemblent à celles des grecquesdes vieux vases, et j'ai retrouvé sur la robe de l'une d'elles l'orne-
ment enroulé si connu sous le nom de grecque, peinten
rouge,bleu et noir, et tracé verticale-
ment. Les hommes captifs,à barbe
pointue,sont armés d'arcs et de lances, et l'un d'entre eux
tient en main une lyre grecquede vieux style.
Sont-ce des Grecs? Je le crois fermement; mais
des Grecs ioniens, ou unpeuple
d'Asie Mineure. Ce serait une chose bien curieuseque des Grecs
du ixc siècle avant J.-C., peintsavec fidélité
pardes mains égyptiennes, etc., etc. »
L'admiration deChampollion pour
les grottes de Beni-Haçan n'a rien d'exagéré, et elles la
méritent encore, malgré les nombreuses mutilations qu'elles ont subies depuis l'époque ou l'illustre
voyageurles visita. Mais a-t-il bien apprécié les scènes peintes sur les parois? Sont-ce bien des
Grecs captifs ces hommes armés et vêtus de tuniques, dont ilparle?
Nous hésitons àrépondre à
ces deux questions l'inspection attentive des lieux précités nous a donné une opinion contraire,
et comme nous sommes tropfaible
pouroser nous mesurer avec un homme aussi puissamment
savant que Champollion le jeune, nous céderons la parole au docteurLepsius, qui s'exprime
nette-
ment à ce sujet (je laisse à cliacun deségyptologues l'orthographe qu'il a
adoptée pourles noms
égyptiens.)
« A Beni-Haçan j'ai fait faire une copie exacte d'une tombecomplète. Elle sera le
spécimen du
style grandiose de l'architecture et de l'art de la secondeépoque
florissante du vieil empire pendant
lapuissante douzième
dynastie. Les égyptologues s'étonneront quand ils apprendront pourquoi
j'ai divisé les tablesd'Abydos, et pourquoi j'ai renvoyé du nouvel
empiredans le vieux Sesurtesen
etAmenemha, ces Pharaons si connus à
Héliopolis, au Fayoum, à Benihassen, à Thèbes et jusqu'àWadihalfa. Ces tombes seules prouvent combien cette
époquefut glorieuse pour l'Lgypte. On
peut
voir également dans ces richesreprésentations décoratives, le
pronosticde la
catastrophe qui courba
l'%ypte pendant plusieurs siècles sous le joug de ses ennemis du nord. Ces tableaux nous mon-
trent ledegré d'avancement des arts de la paix, ainsi que le luxe raffiné des grands de cette
époque.
Dans les tableaux des jeux guerriers, qui occupentdes
paroisentières dans certaines tombes, ce
qui nous donne la conviction de leurusage général
à cetteépoque, usage disparaissant ensuite,
dans ces tableaux nous trouvons souvent parmi les hommes au teint rouge ou brun foncé des
EGYPTE.
races égyptienneset méridionales, des gens
de teint très-clairayant pour la
plupart un cqslumc
étranger,et généralement
la barbe et les cheveux roux, avec les yeux bleus; on les y voitquelque-
fois seuls, quelquefoisen petits groupes.
Ils paraissent aussi dans la suite des nobles, et sont
évidemment d'origine septentrionale, probablement sémitique. Nous trouvons sur les monuments
de cette époquedes victoires sur les Éthiopiens
et sur les Nègres, ce qui nous fait rencontrer sans
surprisedes esclaves et des domestiques
noirs. Nousn'apprenons rien, au contraire, des guerres
contre les voisins du nord; mais il paraît que l'émigration du nord-est commençait déjà, et que
beaucoup d'étrangers cherchaient un asile dans la fertileEgypte en
retour de services rendus.
J'ai encore présentà
l'espritla scène remarquable
dans la tombe duparent royal Nchera-si-
Numholep,la deuxième du nord, qui déroule sous les yeux l'émigration
de Jacob et de sa famille
de la manière la plus vive, de façon; à établir un rapport entrele tableau et le fait, si réellement
Jacob n'était venu bien plustard et si nous ne savions pas que de semblables arrivées de familles
ne devaient pasêtre rares. Ce furent là
cependantles
précurseurs des Hyksos, et ils leur prépa-
rèrent le chemin sousplus
d'un rapport. J'aiattentivement examiné tout ce tableau, qui
a environ
huitpieds
de long sur un piedet demi de haut; il est très-bien conservé
partout, quoique seule-
mentpeint.
Le scribe royal Nefruhotep, quiconduit le
groupe étranger enprésence
du haut
fonctionnaire auquel appartient la tombe, luiprésente
une feuillede papyrus
où la sixième année
du. roi Sesintesen II est mentionnée, année dans laquelle cette famille de trente-sept personnes
arriva en Egypte.Leur chef et seigneur s'appelait Absha, les autres Aama. Une désignation de
nation qui se rencontre dans la race à teint clair, souvent représentée dans les tombesroyales de
la dix-neuvième dynastie,forme avec trois autres races les quatre principales
divisions del'espèce
humaine connues par les Égyptiens.En eux Champollion reconnut (Les Grecs, quand il vint à
Benihaçan, mais il ne savait pasalors l'extrême antiquité des monuments qu'il voyait. Wilkinson
les prit pourdes prisonniers,
mais cette idée disparaît en les voyant avec des armes, des lyres,
des femmes, des enfants, des ânes et du bagage. C'est une famille d'émigrés Hyksos, demandant à
être reçue dans cette terre favorisée, et dont la postérité ouvrit peut-être plus tard lesportes de
l'Egypteaux tribus victorieuses de leurs
parents sémitiques.
« La ville à laquelle cette riche nécropole troglodytique appartenaitdevait être très-grande. Elle
s'appelle Nus dans lesinscriptions hiéroglyphiques, et se trouvait sans doute vis-à-vis sur la rive
gauchedu Nil, oit il existe encore des élévations de terre marquées sur les cartes françaises. Il n'est
pas étonnant que la géographie des Grecs et des Romains ne fasse aucune mention de cette ville
Nus, quandon réfléchit que la domination Hyksos
arrive à cette époque.La chute soudaine de
l'empireet de cette ville florissante, à la fin de la douzième dynastie, se reconnaît
par ce fait, que
parmiles nombreux
hypogées,onze seulement portent des inscriptions,
etque parmi ces onze
tombes trois seulement sont achevées. »
Antinoe(autrefois Bésa, actuellement Cheikh- Abadé).-– L'empereur
Hadrienvoyageait
enÉgypte,
son favori Antinous se noya dans le Nil; il fallut honorer celui qui avait été tant aimé, et une
ville fut fondée sous son nom, pleinede
temples qui lui furent dédiés. L'emplacementfut bien
choisi, sur celui de Bésa, antique cité égyptienne disparue.C'était un point
centralpour garder la
province de l'Egypte en quatre ans la ville nouvelle s'éleva (132 de J.-C.). Trois temples, des
théâtres, des arcs detriomphe, des cirques, des colonnades ornaient la ville que
deux murailles
entouraient. Sous lesempereurs
chrétiens elle devint un évêché, et resta la métropolede la Thébaïde
jusqu'au jour où elle fut saccagée parles Arabes. Le sultan Saladin fit enlever ses
porteset,
démolir ses murailles. A la fin du siècle dernier, ses ruines étaient encore debout, et nous avons le
dessin exact de ses arcs detriomphe
et de ses thermes mais tout a été jeté bas; on a fait sauter
EGYPTE.
55
parla.
poudrece qu'on
ne pouvaitrenverser à force de bras, et ses débris ont servi à bâtir les
raffineries de sucre de Rodah qui appartiennent actuellement aux fils d'Ibrahim-Pacha. Çà et là on
voit surgirde terre des fats de colonnes, un autel
culbuté, des chapiteaux d'ordrecomposite,
et
quelquesmasses en briques cuites qui
ont certainement appartenu à des bains. On y trouve une
quantité peu croyablede lampes en terre cuite et
beaucoupde médaillés au nom de Bésa.
HERMOPOLIS MAGNA (Achmouneyn).– La ville d'Hermopolis magna était tombée en décadence
aprèsla fondation iïÀnlinoê. La famille industrielle du
pacha d'Egypte n'apas plus épargné
son temple égyptien qu'ellen'avait
respectéles monuments romains de son ancienne rivale. Le
portiqueorné d'une double colonnade, les douze colonnes gigantesques, le temple dont les
chambres étaient peintes,et qui était dédié à Tôth ibiocéphale (Hermès des Grecs, d'où le nom
d'Hermopolis magna), ont été réduits enpoussière
et ont servi à faire de la chaux qui a été vendue
auprofit
de cette bande de vautours qui s'est abattue sur l'Egypte au commencement de notre
siècle, et quila dévore sous prétexte de la gouverner.
Lycopoli s (Syout). – Capitalede la haute
Egypte;c'est une ville commerçante fort
importante,
car elle est le marchéprincipal
des caravanes du Dar-Four et du Sennâar. 27° 10' 14" lat. nord.
– 28° 53' 20". long. or. du méridien de Paris. Ses ruines ont si bien disparu qu'il n'en reste
plus traces; elles s'étendaient jadis aupied
de la chaîne libyque, là où est le grand cimetière
moderne, qui semble une ville à côté d'une autre ville.
La montagne qui domine Syoutest creusée de
grands hypogées, disposéscomme toujours en
syringes (pl. 12).Ce sont de vastes excavations qui servaient de nécropole les murailles sont
ornées dereprésentations
fort curieuses, qui se rapportent à l'art militaire le plus reculé del'Égypte
(de la cinquième à la neuvième dynastie).On n'y retrouve aucune indication de cheval ni de cava-
lier, ce qui tendrait à prouver quela cavalerie n'a été introduite en Égypte qu'avec l'invasion
des Hyksos. Ces hypogées contiennent encore une grande quantitéde momies de
loups (M*wv ico'Xtç,
la ville des loups).
AwtaEOVous(Kaou-el-Kébir). -Al'époque
del'expédition française en
Égypteon
voyait sur
l'emplacement & Antœopolis les débris de trois colonnades, chacune de six colonnes qui avaient
huitpieds
de diamètre et soixante-deuxpieds
de hauteur. L'objet le plus remarquable de ces
ruines était un petit temple monolithe d'une formeparticulière; c'était un
rectangle aux faces
égales, et qui s'élevait enpyramide quadrangulaire;
il avait quinze piedsde haut.
Leghdit
qu'il
était en granit, et Jomard en roche calcaire très-fine. Il était couvert d'inscriptions grecques et
latines. Au-dessus duportique on lisait le motivrai^, d'où les Grecs sans doute ont fait Antœopolis.
La ville, selon Ptolémée, n!était pas baignée par les eaux du Nil; peu à peu, à chaque inondation,
le fleuve s'estrapproché,
si bien qu'un jour il a tout emporté, les temples, les portiques et les
colonnades.
CHEMINS (Panopolls; Ahhmyn). – C'était d'après Strabon, la ville des ouvriers en lin et
des tailleurs depierres. Ses deux
templesen
calcaireont été détruits; il ne reste qu'un linteau
de porte sur lequel se voient le nom de Ptolémée Philopator et l'imaged'Ammon-ra
queles Grecs
avaient assimilé au dieu Pan; Ritter dit, d'après Saint -Genès: « Du nomcopte Scltmin, les
Arabes ont formé Akhmyn, par l'appositionde leur alif euphonique;
il estimpossible
de ne pas
reconnaître dans ce motl'antique Xe>fuç de Strabon et de Diodore, dont la racine est
proba-
blement Khmon c'est-à-direpenis, t membrum virile, dans la langue Siwah. Chemmis était le nom
égyptien de la ville de Pan, que les Grecs ont appeléeensuite Panopolis. »
Abydosoù, selon
Strabon, onvoyait le Memnonium, palais magnifique qui renfermai t
une source profonde à laquelle on descendaitpar
des galeriesvoûtées
(tyaîkiètç), formées de
EGYPTE.
monolithes il'une grandeur et d'une construction extraordinaires. Au temps de Strabon, cette
ville qui fut la première d'Égypte après Thèbes, n'étaitdéjà plus qu'une bourgade. Osiris
était adoré à Abydos il n'était permis ni de danser, ni de jouer de la flûte ou du, psaltérion
dans sontemple
comme pour les autres divinités.
Letemple
entier existe encoreauprès
du village de Mad/ouneh, mais enfoui sous les sables
et obstrué si bien qu'onne
peut pénétrer que dans deux chambres presque comblées. Les
peintures qui le décorent sont merveilleuses de finesse et deperfection. L'enceinte des temples
et des palais est visible sous les amoncellements qui les recouvrent. Là s'arrête l'inondation,
car Abydos était, autrefois desservi par un canal tracé à mains d'hommes. Il n'y aurait donc,
pour découvrir les monuments, qu'à creuser dans le Désert, ce qui est toujours facile. La
plupartdes statues importantes qui existent maintenant en
Egyptechez les marchands et chez
lesparticuliers,
viennent des fouilles opéréesà Abydos. La table chronologique qu'on y a
trouvée, indiqueseule l'importance incalculable des résultats qu'on pourrait obtenir. Les
ruines n'ont pas moins de 21,000 pieds de tour, 8,400 piedsde
longueur du nord-ouest au
sud-ouest, et 2,700 pieds de largeur.
Dendeuah(Tentyris)
où le crocodile est en horreur, dit Strabon. 26° 8' 36" lat. nord;
30° 20' 42" long. est du méridien de Paris. L'expédition d'Égypte trouva letemple de Denderah
(pi. 16, à 20 incl.) enfoui jusqu'à la frise et entouré d'habitations arabes. Maintenant il est
entièrement découvert; des fouilles ordonnées par Abbas-Pacha, à laprière
duprince Pukler-
Muskau, ont mis au jour les vingt-quatre colonnes des portiques qui soutiennent leplafond orné
du fameux Zodiaque, ont déblayé les chambres et les souterrains du,temple, et l'ont enfin débar-
rassé des huttes de fellah qui l'obstruaient et couvraient jusqu'à ses terrasses. Un des grands
couloirs souterrains nouvellement nettoyé offre des sculptures singulières qu'ilserait bon de
faire étudier, et dont je n'ai vu aucun exemple dans les divers monumentségyptiens que j'ai
visités. J'yai
remarqué,entre autres, un roi debout, perçant avec sa lance un poisson qui rampe
à terre et ressemble à undauphin;
sur le bras droit, replié par le mouvement, un petit
cynocéphale est accroupi.
Lessculptures,
assez grossières cependant,du
templede Denderah, excitèrent une admi-
ration excessive chez les membres del'expédition scientifique d'Egypte
Jollois n'hésitepas à
affirmerque
sa construction remontait au Pharaon Nécho ou Amasis; Visconti et Belzonipré-
tendirent plus tard qu'il appartenait à l'époque des Grecs et peut-être même des Romains,
tous les savants voyageurs étaient d'accord au restepour
déclarerqu'il
était dédié à Isis et
que leschapiteaux des colonnes de son portique n'étaient autres que le masque répété
de
cette déesse.
En découvrant la clef du langage hiéroglyphique, Champollion jeune pouvait seul jeter
un jour certain sur ces ténébreuses questionsà
première vue il reconnut que letemple
était
dédié à Hathor (la Vénus des Grecs, ce qui se rapporte au dire de Strabon) et le déclara d'une
décadence manifeste. Il est évident au reste, pourun observateur un peu attentif, que ces
sculptures sont d'une dégénérescence extrême; on sent à les voir qu'on s'est uniquement rattaché
à la tradition, maisque
le sens et la foi sont perdus. Voici dans quels termesChampollion
raconte la visite qu'il fit aux temples de l'antique Tentyris.« Je vis dès lors, que j'avais sous
les yeux un chef-d'œuvre d'architecture couvert desculptures,
de détails duplus
mauvais style;
n'en déplaise àpersonne,
les bas-reliefs de Denderah sont détestables, et cela ne pouvait être
autrement: ils. sont d'untemps
de décadence. La sculpture s'était déjà corrompue, tandis que
l'architecture, moins sujette à varier puisqu'elle était un art chiffré, s'était soutenudigne
des
EGYPTE.
dieux de l'Egypteet de l'admiration des siècles. Voici les
époques de la décoration: la partie
la plusancienne est la muraille extérieure, à l'extrémité des
temples (pl. 18, 19 et 20) où sont
figurés,de proportions colossales, Cléopâtre et son fils Ptolémée César. Les bas-reliefs
supérieurs
sont du tempsde l'empereur Auguste,
ainsi que les murailles extérieures latérales du Naos, à
l'exceptionde quelques petites portions qui sont de
l'époque de Néron. Le Pronaos est tout
entier couvert de légendes impérialesde Tibère, de Càîus, de Claude et de Néron; mais dans
tout l'intérieur du Naos, ainsi quedans les chambres et les édifices construits sur la terrasse
du temple (pl. 17),il n'existe
pasun cartouche sculpté tous sont vides et rien n'a été effacé;
mais toutes les sculpturesde ces appartements
sont duplus
mauvais style et nepeuvent
remonter plushaut que
les temps de Trajan ou à'Antonin. »
A côté du grand temples'élève un petit périptère qui est un typhonium. II fut élevé et
décoré sous Trajan, Hadrien et Antonin le Pieux. Il est dans un état de dégradation excessive.
Ces typhoniumou mammisi étaient
généralementconstruits en commémoration de l'heureux
accouchement d'une reine, et dédiés à une des triades inférieures du Panthéon égyptien. Ils
étaient presque toujours composésde deux chambres, une grande, et une petite qui servait
de sanctuaire; leur caractère distinctif est quele dé qui
surmonte les chapiteaux etsupporte
l'entablement contient la monstrueuse figure de Typhon, dont nous donnons ici un dessin
exact.
Le grand templede Denderah est le mieux conservé de
l'Egypte; j'en excepte pourtant les
spéos de la Nubie inférieure que leur construction troglodytriqLiea
préservés contre letemps
et les hommes. Le propylon, sur lequel Champollion remarqua les images desempereurs
Domi-
tien et Trajan, a été détruit.
Coptos [Kefih) fut célèbre commeentrepôt des caravanes venant de la mer
Rouge.Il
n'existe rien decomplet. Ses temples ont été démolis
parles Chrétiens, qui
enemployèrent
les
débris à construire une grande église dans les ruines de laquelleon rencontre de nombreux
fragments de bas-reliefségyptiens. On y retrouve les cartouches de Nectanèbe, d'Auguste,
de
Claude et de Trajan. Ily
a encore quelques restes d'un édifice bâti sous les Ptolémées.
Apollonopolis PARVA(Qoûs). De tous ses monuments, il ne reste qu'un propylon
à
moitiédisparu sous les décombres. « Ce
propylonest dédié au dieu Aroëris, dont les images
sculptées sur toutes les faces, sont adossées du côté qui regardele Nil, c'est-à-dire sur la face
principale,la
plus anciennementsculptée, par
la reine CléopâlreCocce qui y prend
le surnom de
Philométor, etpar son fils Ptolémée Soter II, qui
se décore aussi du titre de Philométor. Mais la
facesupérieure du
propylon, cellequi regarde le temple, couverte de sculptures, et terminée
EGYPTE.
avecbeaucoup
de soins, porte partoutles légendes royales de Ptolémée Alexandre Iciy en toutes
lettres; ilprend
aussi le surmon de Philométor.» (Champollion le jeune. )
THÈBES( Diospolis magna; ©flëat dans Strabon; ©yf&odans Étienne de Byzance; Tapé chez les
Coptes) (dela
pi.24 à la
pl. 61, incl.). 30° 17' 32" long. est de Paris; 25° 42' 58" lat.
nord.
Les ruines de Thèbes s'étendent sur les deux rives du Nil et se divisent ensept groupes
principaux
Sur la rive' droite Louqsor (pi. 24, 25 et26) et Karnac (pl. 27 à 45
incl.).
Sur la rive gauche Medinet-Habou (pl.46 à 53 incl.); Les colosses
(pl. 54 à 57 incl.); le
Ramesseum occidental (tombeau d'Osymandias) (pi. 58-59); le Menephteum (palaisde
Gournah)
( pl. 61),et les tombeaux dés rois dans la vallée de Biban-el-Molouk.
Toutes les exagérations possiblesont été dites sur Thèbes aux cent portes la commission
Egypte a naturellement attribué tous ses monuments à Sésostris, sauf cependant celuiqui lui
appartenait réellement enpropre,
le Ramesseum occidental, qu'ellea
pris pour le tombeau
d'Osymandias décrit par Diodore de Sicile.
Nous ne suivrons pas les savants voyageurs dans leurs digressions devenues maintenant
inutiles; nous ferons une énumérationrapide
des monuments de Thèbes, en nous servant des
indications malheureusement incomplètesde
Champollion trop tôt emporté par la mort, et
nous céderons ensuite laparole
au docteurLepsius
sans nousinquiéter
des dissidencesd'opinions
qu'il peut offrir avec celles de l'égyptologue français.
Louqsor. Palais immense, obstrué maintenant pardes huttes de fellahs. Son fondateur a
été le Pharaon Aménophis-Memnon (/tmenothph III) de la dix-huitième dynastie; les grandes
colonnes de quarante-cinq piedsde haut, les
petitescolonnes au nombre cent cinq, appar-
tiennent à sonépoque, et sur toutes leurs architraves on lit des dédicaces au nom
d'Aménophis.
A laplanche
25 j'ai cité celle-ci
« La vie, l'Horuspuissant
et modéré, régnant parla justice, l'organisateur
de cepays,
« celui qui tient le monde en paix parce que, dans sa force, il a châtié les Barbares; le roi
«(DIRECTEUR
DEjustice,
bien-aimé" DUSoleil)^ – (Le
MLS DU Soleil, àm^nothph),modérateur
« de la Région pure (l'Égypte),a fait exécuter ces constructions consacrées à son père Ammon,
« le Dieu seigneur des trois zones de l'univers, dans l'Ophdu Midi
( portionorientale de
«Thèbes).
Il les a fait exécuter enpierres dures et bonnes, afin d'ériger un édifice durable.
« Voilà ce qu'a fait le fils du Soleil, Aménothph, CHÉRI D'AMMON-RA. »
Le sanctuaire dupalais, précédé par une colonnade remarquable (pl. 26),
a été reconstruit
par Alexandre, fils du Macédonien; on retrouve, en ces termes, la dédicace de cette restau-
ration
« Restauration de l'éditice faitepar le roi (CHÉRI DE Phré, APPROUVÉ D'AMMON). (LE FILS
« DU Soleil, SEIGNEUR DES Diadèmes, ALEXANDRE)en l'honneur de son
père Ammon-ra, gardien
« des régions del'Oph (Thèbes);
il a fait construire le sanctuaire nouveau enpierres
dures et
« bonnes à la placede celui qui avait été fait sous la majesté du roi Soleil
(DIRECTEURDE JUSTICE,
« biex-aimé DU,Soleil). (Aménothph),
modérateur de larégion pure.
»
Au-devant de ces palais, Ramsès en fit construire un; à côté de Amenoplieum il voulut
avoir son Ramesseum, qui se reliait au premier parla
grandecolonnade. La dédicace sculptée
sur la corniche des pylones, ne laisse aucun doute à cetégard,
la voici f
« La vie! l'Aroeris, enfant d'Ammon, le maître de larégion supérieure
et de la région
« inférieure, deux fois aimable, l'Horus plein de force, l'ami du monde, le Roi (Soleiloardien
ÉGYPTEv
6
« DE vérité,APPROUVÉ DE Phrè), le fils préféré
du roi des Dieux, qui, assis sur le trône de son
«•père,domine sur la terre, a fait exécuter ces constructions en l'honneur de son père
« Ammon-Ra, roi des Dieux. Il a construit ce Ramesseum dans la ville d'Ammon, dans l'Oph
« du midi. C'est ce qu'a fait le, fils du Soleil(le
fils chéri d'Ammon, Ramsès),vivificateur
« à toujours.» '
Devant les pylones immenses, chargés encore, malgré leur dégradation, de beaux restes de
sculptures représentantdivers faits militaires dé Ramsès, s'élèvent quatre colosses de
granit
à demi enfouis sous les sables, et qui doivent avoir environ dix mètres de haut; au devant
se dressaient deux obélisques,dont un fut
transportéà Paris.
Une longue avenue desphinx
et de béliers, en partie détruite à cette heure, réunissait
autrefois lepalais
de Louqsor à celui de
Karnac. L'ensemble de Karnac est d'un effet indicible; c'est l'amoncellement des plus
grandes ruines connues; temples, dromos, pylones, propylées, palais, obélisques, enceintes,
statues, colonnades, sanctuaires, colléges sacerdotaux, bassins sacrés, appartements royaux,
citernes, constructions de tous genreset de toutes époques, sont renversés pêle-mêle, dévastés,
effondrés, brisés, mais magnifiqueset
surprenantsau milieu de
la solitude qui les entoure et
les grandit encore. (Voir pi. XXVI, plan généralde
Karnac.)
Si le voyageur, tournant le dos au Nil(ouest)
et faisant face au soleil levant, marche
devant lui, il trouvera
1° Les restes informes et presqueméconnaissables d'un dromos de Criosphinx;
2° Les grands pylonesdu palais;
3° La cour des Bubastites, ayant au nord lé petit templede
Menephta-Sethéi II, et au sud le
temple d'Ammon. Cette cour, commencée par les rois de lavingt-sixième dynastie, achevée
sous les Ptolémées, fut bouleverséepar
le tremblement de terre de l'an 27 de Jésus-Christ,
dont Eusèbe a dit « Thebœ JEgyptû usquead solum dirutœ sunt. »
4° Lagrande porte
en calcaire dur chargéede
scupltures représentantPtolémée
Physcon
faisant des offrandes aux dieux, et enclavée dans deux pylonesruinés de fond en comble;
5° La salle hypostyleavec ses cent quarante
colonnespeintes.
La dimension deschapiteaux
de la colonnade du milieu est telle quecent hommes
peuvent s'y asseoir;
6° Les obélisques de Tothmès Ier;
70 Des pylones renversés
8° Les obélisques élevés parAmenemhé et la reine Amensé;
9° Des restes de pylones;
10° Lespiliers de granit
à fleurs de lotus ornés de sculptures représentant Tothmès III avec
Maùt et Hathor;
11° Le sanctuaire de granit qui fut bâti trois fois sur le même emplacement:–
1* par
Osortasen, de la douzième dynastie; – 2bpar
Tothmès III, et 3°par Philippe Aridée;
12" Les colonnes d'Osortasen;
13° Lesappartements dits promenoirs de Tothmès III; c'est à
l'anglesud de cette construction
que se trouvait la chambre des rois ou des ancêtres, rapportéeà Paris par
M. Prisse d'Avenue,
et offerte par lui à làBibiothèque impériale;
14° Unechapelle dédiée à Tothmès III;
15° Un édifice difficile à reconnaîtreappartenant à l'époque de
Ramsès II, Méiamoun;
16° Enfin unpropylon décoré par" Nectanèbe.
Au nord de cette masse immense de constructions royales et sacrées, se trouve unpetit
EGYPTE.
templeélevé par Amasis, un temple de Phta et d'Hathor, un temple bâti par Amyrtée, et enfin
unAmenopheum
entouré d'une enceinte spéciale et précédé par un dromos orienté au nord et
actuellement détruit.
Au sud, on rencontre trois groupesde ruines différents, comprenant
Lepremier:
1° une avenue de béliers;
2° Legrand propylon
de Ptolémée Évergète;
3° Le dromos (détruit)du temple de Khons;
4° Le templede Khons;
5° Letemple d'Otph.
Le second: 1° une avenue de criosphinx;
2° le pylone d'Hor-em-Heb
3° plus à l'est, unpalais
de Tothmès 1er;
4° lepylône que
Ramsès fit couvrir de ses cartouches;
5° le pylone d'Aménothph Ier;
6° le pylone de Sethéi Ie' (ruiné).
Cet ensemble forme lespropylées
dupalais
de Karnac.
Le troisième: 1° degrandes ruines, dont la destination est difficile à
préciser, et qu'on
croit avoir-été un collége sacerdotal;
2° Le bassin des ablutions;
3° une construction qui paraît avoir été un puits;
4° un templebâti
parTeharaka
(leTherak de la Bible).
Enfin autour, au travers, au milieu de ces ruines, des buttes énormes de décombres ou
des fouilleurs habiles découvriraient certainement des richesses nouvelles.
Tels sont, sommairement, les monuments qui s'élèvent sur la rive droite du Nil; la rive
gauche n'est pas moins riche.
Medinet Habou est un destemples palais
lesplus
curieux et les mieux conservés de
l'ancienne Égypte; c'est en quelque sorte un tableau abrégé de l'Egypte monumentale.
« On y trouve en effet réunis, ditChampollion,
untemple appartenant
àl'époque pha-
« raoniquela
plus brillante, celle des premiers rois de la xvme dynastie; un immense palais
« de lapériode
de conquêtes; un édifice de lapremière
décadence sous l'invasionéthiopienne;
« une chapelle élevée sous un des princes qui avaient brisé le joug des Perses; unpropylon
de
« la dynastie grecque; des propylées de l'époque romaine; enfin des colonnes qui jadis soute-
« naient le faîte d'une église chrétienne. »
Voici par ordre les différentesparties de monuments que
contient legroupe
de ruines
désignées sous le nom de Medinet-Habou.
1° Un vaste mur d'enceinte construit enpierre
degrès, presque
entièrement renversé à cette
heure, et dont les jambages offrent les cartouches de« l'empereur
César-Titus-OElius-Hadrianus-
Antoninus-Pius »
2° Deuxgroupes
de trois colonnes réunies par des entre-colonnements. Les sculptures du
couronnement tombéindiquent l'époque précitée;
3° Ungrand pylone chargé de
sculptures représentantPtolémée Soter II en adoration devant t
les sept divinités élémentaires et les dieux de Thèbes et d'Hermontis. L'enceinte, les propylées
des Antonins et le pylône de Soter Il, ont été élevés avec les matériaux d'un édifice ruiné
portant les. cartouches de Ramsès le Grand;4° Une sorte de
chapelleécroulée dont les huit colonnes qui la supportaient sont maintenant
EGYPTE.
arasées à la hauteur des murs d'entre-colonnements. Ses bas-reliefs encore existants représentent
le roi Nectanèbe (trentième dynastie) faisant des offrandes à Ammon-Ra;
5° Unpylone
bâti parle roi éthiopien Téharaka (Thérak de la Bible), dont les cartouches,
quoiqueintentionnellement martelés, sont encore lisibles. Le
pylonea été remis à neuf par
Ptolémée Soter II, ainsi que le'prouve l'inscription suivante placée sur les massifs de droite:
Cette belle réparationa été faite par le roi seigneur du monde, le
grand germe des
« dieux grands, l'approuvéde Phta, image vivante d'Ammon-Ra, le fils du soleil, le seigneur
« des diadèmes, Ptolémée toujours vivant, le dieu aimé d'Isis, le dieu sauveur (Soter),en
« l'honneur de son père Ammon-Ra, quilui a concédé les
périodes des panégyries sur le
« trône d'Horus. »
60 Un temple-palaisfort remarquable, composé
d'un sanctuaire environné de galeries
formées de pilierset de colonnes et de huit salles
plusou moins vastes. Sa construction et sa
décoration remontent à Tothmès Ier, à Tothmès II, à la reine Amensé, au régent Aménenthé et
à Tothmès III. Les dédicaces ont été faites au nom de ce dernier.
Cet édifice, qui date des premièresannées du xvme siècle avant Jésus-Christ, a subi
différentes restaurations annoncées par des légendes hiéroglyphiques qui en indiquent les époques
et les auteurs
a. La restauration desportes
et d'unepartie
duplafond
de la grande sallepar
Ptolémée
Évergète II (146 et 118 avant Jésus-Christ);
b.Réparation
aux colonnes des galeries faites par le Pharaon Mendésien Acoris ( 392 avant
Jésus-Christ);
c. Les sculptures des façades septentrionaleset méridionales exécutées sous le Pharaon Ramsès
Méiamoun (xve siècle avant Jésus-Ghrist ).
7° Unpalais privé remontant à Ramsès Méiamoun, qui a dû être, sans doute, un gynécée;
curieuxpar sa disposition particulière, par
son couronnement formé de créneaux dont les
merlons sont arrondis, et par ses fenêtres ornées de balcons supportés par des têtes decaptifs;
8° Lepalais
de Ramsès Méiamoun, précédéde
pylones,ouvert de deux cours immenses
entourées degaleries soutenues par des colonnes et des piliers, et orné de vastes salles, dont
beaucoup se trouvent encore embarrassées de décombres. Toutes les murailles sont couvertes
desculptures et de
légendes qui représententet racontent les exploits
du Pharaon constructeur
de ce palais;
9° Les ruines d'une ville copte, détruite àl'époque
de l'invasion des Arabes, et qui portait
le nom de Papa.
LES COLOSSES, vulgairement appelésstatues de Menanon, que
Denon avait pris,on ne sait
pourquoi, pour deuxprincesses égyptiennes. Le doute n'est actuellement plus permis
à leur
égard; les deux colosses sont lareprésentation
de Pharaon Aménothph III, ainsi que le prouve
surabondammentl'inscription suivante gravée sur le dossier en signes hiéroglyphiques majuscules:
« L'Aroérispuissant,
le modérateur des modérateurs, le roi Soleil, directeur de justice, le
« fils du Soleil, leseigneur des diadèmes, Aménothph, modérateur de la région pure,
le bien-
« aimé d'Ammon-Ra, roi des dieux, l'Horus resplendissant, a érigé ces constructions en l'honneur
« de sonpère Ammon; il lui a dédié cette grande statue en pierre dure, etc., etc. »
« Ce sont là, ditChampollion
le jeune, les titres et noms du troisième Aménophisde la
« dix-huitième dynastie, lequel occupait le trône des Pharaons, vers l'an 1680 avant l'ère chré-
« tienne. » •
Les deuxfigures colossales
étaient, selon toute probabilité,les
premièresd'un dromos qui
EGYPTE
conduisait auxpylones
d'un Amenopheum aujourd'hui disparu,et dont
Champollion, qu'onne se
lasse pas de citer, a retrouvé les dédicaces sur des blocs degrès brèche à demi ensevelis aux pieds
de la montagne Libyque, Pausanias, au reste, esttrès-explicite
à ce sujet; il dit textuellement
(liv. 1 chap. 42): « ÀXXàyàp oi Mépiova oî ©ïîëawt Jiyouoe, <f>a[/ivoça<ië eivai twv £yywpi<ovoù tovto &yaty.a r(v. »
Tout le monde sait qu'une deces statues, brisée
parle tremblement de terre de l'an 27 de
Jésus-Christ et restaurée par Septirrie Sévère, avait la singulière faculté de saluer l'aurore. Ce
fait n'estplus
mis en doute, et après l'ingénieux Letronne, il ne nous reste plus rien à en dire,
néanmoins, nous croyonsêtre agréable à
plusieursde nos lecteurs en leur donnant la traduction
de quelques-unes des inscriptions affirmatives grecques et latines gravées sur les jambes et les
cuisses de la célèbre statue vocale
-A. Instuleius Tenax, principilaire de la XIIe légion, et Caius Valerius Priscus, centurion
(le la XXIV légion, et Lucius Quintius Viator, décurion; nous avons entendu Memnon, l'an xi
de Néron, notre empereur, le 12 des calendes d'avril à la première heure.
– Titus Julius Lupus, préfet de l'Égypte; j'ai entenduMemnon à la première heure, heureusement.
– L. Junius Calvinus, préfet du canton de Bérénice j'ai entendu Memnon avec Municia Rustica,
ma femme, les calendes d'avril, à la deuxième heure, l'an IV de Vespasien Auguste, notre empereur.
– Marcus Anicius Verus, fils de Julien, inscrit dans la tribu Voltinia, natif de Vienne',
'de la IIP légion Cyrénaïque; j'ai entendu Memnon, en l'an m deVespasien,
le 4 des ides de
novembre; en l'an iv, le 7 des calendes de janvier, le 18 des calendes de février, le 4 des nones
et le 5 des ides de ce même mois; le 15, le 13 et le 12 des calendes de mars, le 7 des ides
de mars, le 8 des ides d'avril, le 7 des ides de mai, le 4 des nones de juin et le 7 des ides du
même mois de juin,deux fois.
– Funisulanus Charisius, stratége d'Hermontis (sous le règne de Hadrien), natif deLatopolis,
accompagnéde son
épouse, Fulvia; il t'a entendu, ô Memnon, rendre un son, au moment où
ta mère éperduehonore ton corps
desgouttes
de sa rosée. Charisius, t'ayant fait un sacrifice
i et depieuses libations, a chanté ces vers à ta
gloire, etc., etc.
– J'avais appris que l'Egyptien Memnon, échauffé par les rayons du soleil, faisait entendre
une voix sortie de la Pierre thébaine. Ayant aperçu Hadrien, le roi du monde, avant le lever
du soleil, il lui dit bonjour,comme il
pouvaitle faire. Mais lorsque le Titan, traversant les
airs avec ses blancs coursiers, occupaitla seconde mesure des heures marquée par l'ombre du
cadran, Memnon rendit de nouveau un son aigu, comme celui d'un instrument de cuivre
frappé; et, pleinde joie (de
laprésence
del'empereur)
il rendit pour la troisième fois un son.
L'empereurHadrien salua Memnon autant de fois, et Bahilla a écrit. ces vers
composés par
elle-même, qui montrent tout ce qu'elle a vu distinctement et entendu. Il a été évidentpoin-
tous que les Dieux chérissent l'Empereur.
Au livre xvn de sagéographie,
Strabon dit «• Quant à moi étant venu visiter ces lieux
« avec OElius Gallus, accompagnéd'un grand nombre de ses amis et de ses soldats, j'entendis,
<( en effet, du bruit, vers lapremière
heure. » Il est juste de dire qu'il accompagne ce passage
de réflexions quien atténuent
singulièrementla
portée.
Aujourd'hui la statue est muette, et le silence des solitudes quil'entourent n'est
plustroublé
que par le criplaintif des hyènes et le miaulement des chacals.
RAMESSEUM OCCIDENTAL, que la commissiond'Égypte
avait pris pour le tombeau d'Osymandias
décrit par Diodore de Sicile; autrefois nommé le Memnonium.
1. Actuellement encore Vienne (Isère), capitale de l'ancien royaume des Allobroges.
EGYPTE.
7
C'est encore à Champollionle jeune qu'il devait appartenir de restituer ce monument à son
véritable fondateur et de reconnaître qu'ilavait été construit
par Ramsès le Grand, auquelil
servit de palais.Isolé au. milieu de la plaine, ayant en face de lui le Nil, derrière lui les
hypogées,à sa droite le Menephteumde Gournah, à sa gauche les colosses dont nous venons
deparler,
cet édifice immense estpeut-être
le spécimen leplus pur
et le plus élevé de la
grandearchitecture pharaonique
de Thèbes.
Les deux. pylones quile
précédaient sont, à cette heure, tellement mutilésqu'ils ne ressem-
blent qu'àun énorme tas de
pierres,amoncelées sans ordre. J'ai donné
( pl. 58)la dédicace
qui
peutse déchiffrer encore sur leurs ruines, et qui contient le nom de Ramsès le Grand.
Aprèsces pylones,
devant lesquels s'allongeaitsans doute un dromos aujourd'hui disparu,
venait une cour dont les colonnades latérales n'existent plus. C'est dans cetespace que sont
étendus, recouverts chaque année davantage par le dépôt des inondations, les débris de la statue
colossale monolithe en granitde Sésostris; sa hauteur, y compris
la base, devait être de soixante-
dix-huitpieds.
•
Despylones
s'élevaient ensuite dont il ne reste plus trace, et que des fouilles seulespeuvent
faire reconnaître; puis s'étendait lepalais immense, précédé d'un portique soutenu
par des
piliers auxquelss'adossaient des colosses osiriaques maintenant
décapités.
Cepalais,
orné d'une innombrable quantitéde colonnes, est couvert de sculptures et de
peinturestoutes relatives aux conquêtes de Ramsès. – Champollion y trouve une liste de
portraits
des ancêtres royaux du conquérant:1° Menés
(le premierroi terrestre); 2° un
prénom inconnu,
antérieur à la dix-septième dynastie 3° Amosis 4°Aménothph Ier 5° Tothmès III 6° Amé-
nothph II; 8° Tothmès IV; 9°Aménothph III; 10° Hôrus; 11° Ramsès Ier; 12° Ousereï;
13° Ramsès le Grand lui-même.
La sallehypostyle,
malheureusement fort dégradée, a encore une trentaine de belles colonnes
debout, et sur leur architrave une inscription qui indique péremptoirement l'emploi de ces
salles immenses dont l'usage a été si différemment interprété
« Ramsès a fait construire la Grande salle d'Assemblée en bonnes pierres blanches de
«grès, soutenues
parde grandes colonnes. salle qu'il voue au Seigneur des Dieux pour la
« célébration de sa panégyrie gracieuse.«
Il n'est donc plus douteux que ces salles hypostyles servaient à tenir de grandes assemblées,
soitpolitiques,
soitreligieuses, c'est-à-dire les Panégyries ou réunions générales. Enfin, dans ce
monument unique, Champolliona retrouvé jusqu'à une salle qui a dû être une
bibliothèque,
car elle est dédiée à Toth ibiocéphale, dieu des lettres, et à la déesse Saf, portantle titre de
dame des lettres, présidente de la salle des Livres. Quant à la question de savoir si le Ramesseum
est bien le même que le tombeau d Osymandias décritpar Diodore de Sicile, d'après Hécatée,
nous donnerons cette conclusion deChampollion lui-même
« De deux choses l'une ou le monument décritpar Hécatée sous le nom de monument
« d' Osymandias est le mêmeque
le Ramesseum. occidental de Thèbes; ou bien le Ramesseum
n'estqu'une copie, à la différence des mesures près, du monument d' Osymandias
»
Etpour plus ample informé nous renverrons nos lecteurs au travail que Letronne a publié sur ce
sujet dans le vol. ix des Mémoires de l'Académie desInscrpitions
et Belles-Lettres (nouvelle série).">
Lesmontagnes libyques qui se dressent derrière le Ramesseum sont creusées de tombeaux
appartenant tous aux castes religieuses .et militaires; la montagne entière est creusée de ces
excavationsqui se
présentent extérieurement sous forme desyringes ces tombes sont décorées
desculptures souvent d'une grande finesse et parfois de
simples peintures au trait.
EGYPTE.
Les dernières ondulations de laplaine expirant
aupied
de la chaîne libyque, sont
remplies de sépultures;des fouilles en découvriraient
chaque jour de nouvelles nous-même,
en mai 1850, nous avons été assez heureux pour trouver et faire ouvrir le tombeau d'un grand
prêtre du règnedu Pharaon Hôrus; des circonstances
très-indépendantesde notre volonté ont
reculé jusqu'à présentla
publicationdes
estampages que nous en avons faits et le plan que nous
en avons levé.
El-assassif. Le temple d'Ammon-Ra, situé dans la vallée d' El-ussassif etque Champol-
lion admira tant, n'existe plus. Sa construction semi -troglodytique ne l'apoint sauvé; des
voyageurs imbéciles, des savants vaniteux se sont abattus dessus comme une horde de barbares,
et l'ont mis en ruines. -Nous pouvons dire seulement qu'il avaitété construit
par Aménenthé,
parla reine Amensé et par Tothmès III. – Les sculptures hiéroglyphiques offraient cette parti-
cularité curieuse, que les dédicaces étaient faites au nom durégent Aménenthé, qu'on traitait de
femme, parce qu'il avait. épouséla reine Amensé, et gouvernait pendant
la minorité de
Tolhmès III.
MENEPHTEUM DE Gournah.Quoique- fort
inférieurpar
son étendue aux autres monuments
de Thèbes, le Menephteum est curieux sous plusieurs rapports; ce fut certainement un temple-
palais, comme déjà nous avons vu à Médinet-Habou. Il n'en existeplus guère maintenant
qu'une façade composéed'un
portiquede cinquante mètres de large sur dix de haut et soutenu
par dix colonnes loti formes. Cepalais
a été commencé par Ménephtaet terminé par son fils
Ramsès le Grand, ainsique
le prouve la dédicace suivante
« L'Aoëris de la région inférieure, le régulateur de l'Egypte, celui qui a châtié les contrées
ifétrangères, l'épervier d'or, soutien des armées, le plus grand des vainqueurs, le roi, SOLEIL
k gardien DE LA VÉRITÉ, l' apfrouvé DE Phrk, le fils du Soleil, chéri d'Ammon, Ramsès a exécuté
(les travaux en l'honneur de sonpère Ammou-Ra le roi des Dieux, et embelli le palais de
i< sonpère,
le roi STABILITEUR DE JUSTICE, le fils du Soleil, Ménephta-BoreÏ etc.
Biban-el-Molouk. La construction troglody tique de ces tombes immenses les agaranties
d'une destruction complète,sinon des mutilations impies apportées par
lesvoyageurs: l'aspect
de cette vallée des rois n'a pas changé depuis Champollion le jeune, et mieux que nous il
pourraen faire connaître les détails
importants;voici ce qu'il en dit
<f lies détails topographiquesdonnés par Strabon ne permettent point de chercher ailleurs
que dans la vallée de Biban-el-Molouk l'emplacement des tombeaux des anciens rois. Le nom de
cette vallée, qu'on veut entièrement dériver de l'arabe en le traduisant par les portes des rois,
maisqui
est à la fois une corruptionde l'ancien nom
égyptienBiban-Ourôou
(les hypogées des
rois), comme l'a fort bien (lit M. Silvestre de Sacy, lèverait d'ailleurs toute espèce de doute à
ce sujet. C'était la.nécropole royale,
et on avait choisi un lieuparfaitement convenable à cette
triste destination, une vallée aride, encaissée parde très-hauts rochers coupés à pic, ou
pardes
montagnes en pleine décomposition,offrant presque toutes de larges fentes occasionnées soit par
l'extrême chaleur, soit pardes éboulements intérieurs, et dont les croupes sont parsemées de
bandes noires, comme si elles eussent été brûlées enpartie.
«En entrant dans la partie la plusreculée de cette vallée, par une ouverture étroite évidem-
ment faite de main d'homme, et. offrant encore quelques légers restes desculptures égyptiennes,
on voit bientôt au pied des montagnesou sur les' pentes,
desportes carrées, encombrées pour
la
plupart, et dout.il faut approcher pour apercevoirla décoration ces portes, qui se ressemblent
toutes donnent entrée dans les tombeaux des rois.Chaque tombeau a la sienne, car jadis aucun
EGYPTE.
ne communiquait avec l'autre; ils étaient tous isolés ce sont les chercheurs de trésors, anciens
ou modernes, quiont établi quelques
communications forcées.
« II me tardait, en arrivant à Biban-el-Molouk de m'a^surer que ces tombeaux, au nombre
de seize (jene
parleici que des tombeaux conservant des sculptures
et les noms des roispour
qui ils furent creusés), étaient bien, comme je l'avais déduit d'avance de plusieurs considérations,
ceux de rois appartenant tous à des dynasties thébaines, c'est-à-dire à des princes dont la famille
était originairede Thèbes. L'examen
rapidede ces excavations m'a pleinement convaincu
queces hypogées
ont renfermé les corps des rois des xvm% xix° et xxe dynasties, qui sont en
effet toutes trois des dynasties diospolitainesou thébaines. Ainsi, j'y ai trouvé d'abord les
tombeaux de six des rois de la XVIIIe, et celui duplus ancien de tous, Aménophis-Memnon
inhumé àpart
dans la vallée isolée de l'ouest.
(f Viennent ensuite le tombeau de Ramsès-Meïamoun et ceux de six autrespharaons,
successeurs de Meïamoun, etappartenant
à la xixe ou à la XXe dynastie.
« On n'a suivi aucun ordre, ni de dynastie, ni de succession dans -te choix del'emplacement
des diverses tombes royales chacun a fait creuser la sienne sur le pointoù il croyait rencontrer
une veine depierre convenable à sa sépulture et à l'immensité de l'exavation projetée. Il est
difficile de se défendre d'une certaine surprise lorsque, aprèsavoir
passésous une
porteassez
simple,on entre dans de grandes galeries
ou corridors couverts desculptures parfaitement
soignées, conservant en grande partie l'éclat des plus vives couleurs, et conduisant successivement
à des salles soutenues pardes
piliersencore plus riches de décorations, jusqu'à ce qu'on arrive
enfin à la salle principale, celle que les Égyptiensnommaient la salle dorée, plus
vaste que
toutes les autres, et au milieu de laquelle reposaitla momie du roi dans un énorme sarcophage
de granit. Les plans de ces tombeaux, publiés parla commission d'Egypte,
donnent une idée
exacte de l'étendue de ces excavations et du travail immense qu'elles ont coûté pour les exécuter
au picet au ciseau. Les vallées sont presque
toutes encombrées de collines forméespar
les
petits éclats depierre provenant
des effrayants travaux exécutés dans le sein de la montagne.
Je ne puistracer ici une
descriptiondétaillée de ces tombeaux; plusieurs
mois m'ont à
peine suffi pour rédigerune notice un
peudétaillée des innombrables bas-reliefs qu'ils renferment
etpour copier
lesinscriptions
les plus intéressantes. Je donnerai cependant une idée générale
de ces monuments parla
description rapide et très-succincte de l'un d'entre eux, celui du
pharaon Ramsès, fils et successeur de Meïamoun. La décoration des tombeaux royaux était
systématisée, et ce que l'on trouve dans l'unreparaît
dans presque tousles autres, à
quelques
exceptions près,comme je le dirai
pluslias.
« Le bandeau de laporte
d'entrée est orné d'un bas-relief (le même sur toutes les premières
portesdes tombeaux royaux), qui
n'est au fond que la préface, ou plutôt le résumé de toute
la décoration des tombes pharaoniques.C'est un disque jaune, au milieu duquel est le soleil à
tête de bélier, c'est-à-dire le soleil couchant entrant dansl'hémisphère
inférieur et adorépar
le
roi àgenoux;
à la droite du disque, c'est-à-dire à l'orient, est la déesse Nephthys, et à lagauche
(occident) la déesse [sis occupant les deux extrémités de. la course du dieu dans l'hémisphère
supérieur;à côté du soleil, et dans le disque,
on a sculptéun grand scarabée, qui est ici, comme
ailleurs, le symbole de larégénération
ou des renaissances successives; le roi est agenouillé sur la
montagne céleste, sur laquelle portent aussi les piedsdes deux déesses.
'< Le sens général de cette compositionse
rapporte auroi défunt: pendant
sa vie, semblable
au soleil dans sa course de l'orient à l'occident, le roi devait être le vivificateur, l'illuminateur
de l'Egypteet la source de tous les biens physiques
et, moraux nécessaires à ses habitants; le
pEGYPTE.
pharaon mort fut donc encore naturellementcompare
au soleil se couchant et descendant
vers le ténébreux hémisphère inférieur, qu'il doit parcourir pour renaître de nouveau à l'orient.
et rendre la lumière et la vie au monde supérieur (celui que nous habitons), de la même
manièreque
le roi défunt devait renaître aussi, soit pour continuer sestransmigrations, soit
pour habiter le monde céleste et être absorbé dans le sein d'Ammon, lepère universel.
« Cette explication n'est pointde mon cru; le
tempsdes conjectures est passé pour
la vieille
Egypte;tout cela résulte de l'ensemble des
légendes qui couvrent les tombes royales.
« Ainsi cette comparaison ou assimilation du roi avec le soleil dans ses deux états pendant.
les deux partiesdu jour est la clef ou
plutôtle motif et le sujet dont tous les autres bas-reliefs
ne sont, comme on va le voir, que ledéveloppement successif.
« Dans le tableau décrit est toujours une légende, dont suit la traduction littérale: « Voici
ce que dit Osiris, seigneurde l'Amenti
(région occidentale, habitée par les morts): Jet'ai
accordé une demeure dans la montagne sacrée de l'occident, comme aux autres dieux grands
(les rois ses prédécesseurs),à toi Osirien, roi
seigneurdu monde, Ramsès, etc., encore vivant. ><
« Cette dernière expression prouverait, s'il en était besoin, queles tombeaux des pharaons,
ouvrages immenses, et qui exigeaient un travail fort long, étaient commencés de leur vivant,
et que l'un des premierssoins de tout roi
égyptien fut, conformément àl'esprit
bien connu
de cette singulière nation de s'occuper incessamment de l'exécution du monument sépulcral
qui devait être son dernier asile.
« C'est ce que démontre encore mieux lepremier
bas-relief qu'on trouve toujours à la
gaucheen entrant dans tous ces tombeaux. Ce tableau avait évidemment pour but de rassurer le
roi vivant sur' le fâcheux augure qui semblait résulterpour
lui du creusement de sa tombe au
moment où il était plein de vie et de santé. -Ce tableau montre en effet le pharaon en costume
royal,se
présentantau dieu Phré a tête
d'épervier,c'est-à-dire au soleil dans tout l'éclat
de sa course (à l'heure de midi), lequel adresse à son représentantsur la terre ces paroles
consolantes « Voici ceque
dit Phré, Dieu grand, Seigneurdu ciel: Nous t'accordons une
« longue série de jours pour régner sur le monde et exercer les attributions royales d'Hôrus sur
« la terre. »
« Au plafond de ce premier corridor du tombeau, on lit également de magnifiques pro-
messes faites au roi pour cette vie terrestre, et le détail des priviléges qui lui sont réservés dans
les régions célestes. Il semble qu'on ait .placéici ces légendes comme
pourrendre
plusdouce
lapente toujours trop rapide qui conduit à la salle du sarcophage.
« Immédiatementaprès
ce tableau, sorte de, précaution oratoire assez délicate, on aborde
plus franchement la question par un tableausymbolique,
ledisque du soleil Chriocéphale, parti
de l'orient et avançant vers la frontière de l'occident, qui est marquée par un crocodile,
emblème des ténèbres, et dans lesquelles le dieu et le roi vont entrer chacun à sa manière.
Suit immédiatement un très-long texte, contenant les noms des soixante-quinze parèdres du
soleil dansl'hémisphère
inférieur et des invocations à ces divinités du troisième ordre, dont
chacunepréside
à l'une dessoixante-quinze subdivisions du monde inférieur, qu'on nommait
Kellé(demeure qui enveloppe, enceinte, zone).
Unepetite salle, qui succède ordinairement à ce
premier corridor, contient les images
sculptéeset peintes des soixante-quinze parèdres, précédées ou suivies d'un immense tableau,
dans lequelon voit successivement
l'image abrégée dessoixante-quinze zones et de leurs habitants
dont il seraparlé plus
loin.
« A ces tableauxgénéraux et d'ensemble succède le
développementdes détails les parois
EGYPTE.
8
des corridors et salles quisuivent (presque toujours les parois les plus voisines de l'orient)
sont couvertes d'une longue série de tableaux représentant la marche du soleil dans l'hémisphère
supérieur (imagedu roi
pendantsa vie), et sur les parois opposées on a figuré
la marche du
soleil dans l'hémisphèreinférieur ( image du roi après sa mort).
« Les nombreux tableaux relatifs à la marche du dieu, au-dessus de l'horizon et dans
l'hémisphère lumineux, sont partagés en douze séries, annoncées chacune parun riche battant
deporte sculpté
et gardé par un énorme serpent.Ce sont les portes
des douze heures du jour,
et ces reptilesont tous des noms significatifs,
tels que tek-ho, serpentà face étincelante;
satempe/bal, serpent dont l'ceil lance la flamme; tapentho, la corne du monde, etc., etc. A
côté de ces terribles gardiens. on lit constamment la légende:« Il demeure au-dessus (le cette
grande porte,et l'ouvre au dieu Soleil. »
« Près du battant de la première porte,celle du lever, on a figuré les vingt-quatre heures
du jour astronomique sous forme humaine, une étoile sur la tête et marchant vers le fond du
tombeau, comme pour marquerla direction de la course du dieu et
indiquer celle qu'il faut
suivre dans l'étude des tableaux qui offrent un intérêt d'autant plus piquant que, dans chacune
des douze heures du. jour, on a tracé l'image détaillée de la barque du dieu, naviguant dans le
fleuve céleste sur le fluide primordialou l'éther, le
principede toutes les choses
physiques,
selon la vieille philosophie égyptienne,avec la figure des dieux qui l'assistent successivement,
et de plusla
représentationdes demeures célestes qu'il parcourt et les sciences mythiques propres
à chacune des heures du jour.
« Ainsi, à lapremière heure, sa bari ou barque se met en mouvement et reçoit les adorations
des esprits de l'Orient; parmi les tableaux de la seconde heure, on trouve le grand serpent
Apophis, le frère et l'ennemi du Soleil, surveillépar
le dieu Atmou; à la troisième heure, le
dieu Soleil arrive dans la zone céleste, où se décide le sort des âmes, relativement aux corps
qu'elles doivent habiter dans leurs nouvelles transmigrations;on
y voit t le dieu Atmou assis,
sur son tribunal, pesantà sa balance les âmes humaines
quise
présentent successivement.
l'une d'elles vient d'être condamnée, on la voit ramenée sur terre dans une bari, quis'avance
vers laporte gardée par
Anubis et conduite à grands coups de verges par des cynocéphales,
emblèmes de la justice céleste; le coupable est sous la forme d'une énorme truie, au-dessus de
laquelle on a gravéen
grand caractère gourmandise ou gloutonnerie, sans doute lepéché capital
dudélinquant, quelque glouton
del'époque.
« Le dieu visite, à la cinquième heure, les Champs-Élysées de la mythologie égyptienne,
habités parles âmes bienheureuses se
reposant des peines de leurs transmigrations sur la terre
elles portent sur leur tête la plume d'autruche, emblème de leur conduite juste et vertueuse.
On les voitprésenter
des offrandes aux dieux; ou bien, sousl'inspection
du seigneur de la joie
du cœur, elles cueillent les fruits des arbres célestes de ceparadis; plus loin, d'autres tiennent
en main des faucilles; ce sont les âmesqui cultivent les champs de la vérité; leur légende
porte« Elles font des libations de l'eau et des offrand.es des
grains des campagnesde gloire
« elles tiennent une faucille et moissonnent leschamps qui sont leur
partage;le dieu Soleil leur`
« dit: Prenez vos faucilles, moissonnez vos grains, emportez-les dans vos demeures, jouissez-en
« et les présentez aux dieux en offrande pure.»
Ailleurs, enfin, on les voit sebaigner, nager,
sauter et folâtrer dans un grand bassin que remplit l'eau céleste et primordiale, le tout sous
l'inspectiondu dieu Nil-Céleste. Dans les heures suivantes, les dieux se préparent
à combattre
le grand ennemi du Soleil, le serpent Apophis. Ils s'arment d'épieux, se chargentde filets, parce
le monstre habite les eaux du fleuve sur lequel naviguele vaisseau du Soleil; ils tendent des
EGYPTE.
cordes; Apophisest pris; on le charge de liens; on sort du fleuve cet immense reptile au moyen
d'un câble que la déesse Selk lui attache au cou et que douze dieux tirent, secondes par une
machine fort compliquéemanœuvrée
par ledieu Sev
(Saturne), assisté desgénies des quatre
points cardinaux. Mais tout cet attirail serait impuissant contre les efforts d'Apophis, s'il ne
sortait d'en bas une main énorme(celle d'Ammon) qui saisit la corde et arrête la fougue du
dragon. Enfin, à la onzième heure du jour, leserpent captif est étranglé; et bientôt après le
dieu Soleil arrive au point extrême de l'horizon, ou il vadisparaître.
C'est la déesse Netplté
(Rhéa) qui,faisant l'office de la
Téthys des Grecs, s'élève à la surface de l'abîme des eaux
célestes; et, montée sur la tête de son fils Osiris, dont le corps se termine en volute comme
celui d'une sirène, la déesse reçoit le vaisseau du Soleil, qui prendbientôt dans ses bras
immenses le Nil-Céleste, le vieil Océan des mythes égyptiens.
« La marche du soleil dans l'hémisphère inférieur, celui des ténèbres, pendant les douze
heures d.e nuit, c'est-à-dire la contre-partie des scènes précédentes, se trouve sculptée sur les parois
des tombeaux royaux opposées à celles dont je viens de donner une idée très-succincte. Là, le
dieu, assez constamment peinten noir, de la tête aux
pieds, parcourtles soixante-quinze cercles
ou zones auxquels présidentautant de
personnages divins de toute forme et armés de glaives.
Ces cercles sont habités par les âmescoupables qui
subissent divers supplices. C'est véritablement
là le type primordial de l'Enfer du Dante, car la variété des tourments a de quoi surprendre;
et je ne suispas
étonné que quelques voyageurs, effrayés de ces scènes de carnage, aient cru y
trouver lapreuve de l'usage des sacrifices humains dans l'ancienne Egypte; mais les légendes
lèvent touteespèce
d'incertitude à cetégard: ce sont des affaires de l'autre monde, et qui ne
préjugentrien
pour les us et coutumes de celui-ci.
« Les âmes coupables sontpunies d'une manière différente dans la plupart des zones infer-
nales que visite le dieu Soleil: on a figuré ces esprits impurs et persévérant dans lecrime,
presque toujours sous la forme humaine, quelquefois aussi sous la forme symbolique de la
grue ou celle del'épervier
à tête humaine, entièrement peints en noir, pour indiquer à la fois
et leur natureperverse
et leur séjour dans l'abîme des ténèbres; les unes sont fortement liées à
despoteaux,
et lesgardiens de la zone, brandissant leurs glaives, leur reprochent les crimes
qu'ellesont commis sur la terre; d'autres sont
suspenduesla tête en bas; celles-ci, les mains
liées sur lapoitrine
et la têtecoupée,
marchent en longues files; quelques-unes, les mains liées
derrière le dos, traînent sur la terre leur cœur sorti de leur poitrine; dans de grandes chaudières,
on fait bouillir des âmes vivantes, soit sous forme humaine, soit sous celle d'oiseau, ou
seulement leurs têtes et leurs coeurs. J'ai aussi remarqué des âmes jetées dans la chaudière avec
l'emblème du bonheur et durepos
céleste(l'éventail), auxquels elles avaient
perdutous leurs
droits.
« A chaque zone etauprès des
suppliciéson lit toujours leur condamnation et la peine
qu'ils subissent. « Ces âmes ennemies, y est-il dit, ne voientpoint notre dieu lorsqu'il
lance
des rayons de son disque; elles n'habitentplus dans le monde terrestre et elles n'entendent
« pointla voix du dieu grand lorsqu'il traverse leurs zones. » Tandis qu'on
lit au contraire
à côté de la représentation des âmes heureuses, sur lesparois opposées
« Elles ont trouvé grâce
« aux yeux du dieugrand; elles habitent les demeures de
gloire, celles où l'on vit de la vie
« céleste; les corps qu'elles ont abandonnésreposeront
à toujours dans leurs tombeaux, tandis
« qu'elles jouiront de laprésence dit Dieu
suprême.»
« Cette double série de tableaux nous donne donc le système psycologique égyptiendans ses
deux points lesplus importants
et lesplus moraux les
récompenseset les peines.
Ainsi se
EGYPTE.
trouve complètementdémontré tout ce
que les anciens ont dit de la doctrineégyptienne
sur
l'immortalité de l'âme et le butpositif
de la vie humaine. Elle est certainement grandeet
heureuse, l'idée de symboliser la double destinée des âmes par le plus frappantdes
phénomènes
célestes, le, cours du soleil dans les deuxhémisphères,
et d'en lier lapeinture à celle de cet
imposantet magnifique spectacle.
« Cette galerie psychologique occupe les parois des deux grands corridors et des deuxpre-
mières salles du tombeau de Ramsès V, que j'ai pris pour typede ma description des' tombes
royales, parce qu'il est le plus completde tous. Le même sujet, mais composé dans un esprit
directement astronomique et sur un plan plus régulier, parce que c'était un tableau de science,
est reproduitsur les plafonds et occupe toute la longueur de ceux du second corridor et des
deux premières salles qui suivent.
« Le ciel, sous la forme d'une femme dont lecorps est parsemé d'étoiles, enveloppe de
trois côtés cette immensecomposition
le torse se prolonge sur toute lalongueur du tableau,
dont il couvre la partie supérieure;sa tête est à l'occident; ses bras et ses pieds limitent la
longueur du tableau, divisé en deux bandes égales celle d'en hautreprésente l'hémisphère
supérieuret le cours du soleil dans les douze heures du jour; celle d'en bas
l'hémisphère
inférieur, la inarche du soleil pendant les douze heures de la nuit.
« A l'orient, c'est-à-dire vers lepoint
sexuel dugrand corps céleste (de
la déesse du ciel),
est figurée la naissance du Soleil; il sort du sein de sa divine mère Néith, sous la forme d'un
petitenfant
portantle doigt à sa bouche et renfermé dans un disque rouge le dieu Méuï
(l'Hercule égyptien,la raison divine), debout dans la barque destinée aux voyages du jeune
dieu, élève les bras pour l'y placer lui-même; après que le Soleil enfant a reçu les soins de
deux déesses nourrices, la barque partet
navigue sur l'océan céleste, l'éther, qui coule comme
un fleuve de l'orient à l'occident, où il forme un vaste bassin, dans lequel aboutit une branche
du fleuve traversant l'hémisphère inférieur, d'occident en orient.
Chaque heure du jour est indiquée sur le corpsdu ciel par un disque rouge, et dans
le tableau pardouze barques ou baris, dans lesquelles paraît le dieu Soleil naviguant sur l'Océan
céleste avec un cortège qui change à chaque heure etqui l'accompagne
sur les deux rives.
« A lapremière heure, au moment où le vaisseau se met en mouvement, les esprits de
l'orient présententleurs hommages au dieu debout dans son naos, qui est élevé au milieu de
cette bari; l'équipagese
composede la déesse Sort, qui
donnel'impulsion
à la proue;du dieu
Sev (Saturne),à la tête de lièvre, tenant une longue perche pour
sonder le fleuve; et dont il
ne fait upge qu'à partirde la huitième heure, c'est-à-dire lorsqu'on approche des parages de
l'occident; le réis ou commandant est Hôrus, ayanten sous-ordre le dieu Haké-Oëris, le
phaétonet le
compagnonfidèle du Soleil; le pilote manœuvrant le gouvernail
est un hiéracocé-
phalenommé Haôu, plus la déesse Neb-JVa (la dame de la barque), dont j'ignore les fonctions
spéciales; enfin le dieu gardien supérieur des tropiques.On a
représentésur les bords du fleuve
les dieux ou les esprits qui présidentà chacune des heures du jour ils adorent le soleil à son
passageou récitent tous les noms mythiques par lesquels on le distinguait.
A la seconde heure
paraissent les âmes des rois, ayant à leur tête le défunt Ramsès V, allant au-devant de la bari
du dieu pour adorer sa lumière; aux quatrième, cinquièmeet sixième heures, le même
pharaon
prend partaux. travaux des dieux, qui
font la guerre au grand Apophis, caché dans les eaux
de l'Océan. Dans les septième et huitième heures, le vaisseau céleste côtoie les demeures des
bienheureux jardins ombragés pardes arbres de différentes espèces,
sous lesquels se promènent
les dieux et les âmes pures.Enfin le dieu approche
de l'occident: Sev (Saturne) sonde le fleuve
EGYPTE.
incessamment, et des dieux échelonnés sur le rivage dirigent labarque avec précaution; elle
contourne le grandbassin de l'ouest et reparaît dans la bande
supérieure du tableau, c'est-à-dire
dans l'hémisphère inférieur, sur le fleuve qu'elle remonte d'occident en orient. Mais dans toute
cette navigationdes douze heures de nuit, comme il arrive encore
pourles barques qui
remontent
le Nil, la bari du soleil est toujours tirée à la cordepar
ungrand nombre de génies subal-
ternes, dont le nombre varie à chaque heure différente. Legrand cortège du dieu et l'équipage
ont disparu,il ne reste
plus que lepilote, debout et inerte à l'entrée du naos renfermant le
dieu auquel la déesse Thméi (la Vérité et laJustice), qui préside à l'enfer ou à la
région
inférieure, semble adresser des consolations.
« Des légendes hiéroglyphiques placéessur
chaque personnage et au commencement de toutes
les scènes en indiquentles noms et les sujets, en faisant connaître l'heure du jour ou de la
nuit à laquelle se rapportentces scènes symboliques. J'ai pris copie moi-même et des tableaux
et de toutes les inscriptions.
« Mais sur ces mêmes plafonds,et en dehors de la
composition que je viens de décrire en
gros, existent des textes hiéroglyphiquesd'un intérêt plus grand peut-être, quoique liés au
même sujet. Ce sont des tables des constellations et leurs influencespour toutes les heures de
chaque mois de l'année; elles sont ainsi conçues
« Mois de Tobi, la dernière moitié. Orion domine et influe sur l'oreille gauche;
« Heure première, la constellation d'Orion(influe) sur le bras gauche;
« Heure deuxième, la constellation de Sirius(influe) sur le cœur;
« Heure troisième, le commencement de la constellation des deux étoiles(les gémeaux?)
sur le cœur
<f Heure quatrième,les constellations des deux étoiles
(influent) sur l'oreille gauche;
« Heure cinquième, les étoiles du fleuve (influent) sur le cœur;
« Heure sixième, la tête (ou le commencement) du lion (influe) sur le cœur;
« Heure septième, la flèche (influe) sur l'œil droit;
« Heure huitième, les longues étoiles sur le cœur;
« Heure neuvième, les serviteurs des parties antérieures (du quadrupède),Menté (le lion
marin?), (influent) sur le bras gauche;
« Heure dixième, le quadrupède Menté (le lion marin?) – surl'œil
gauche;
« Heure onzième, le serviteur du Mente – sur le bras gauche;
Heure douzième, lepied
de la truie (influe) sur le bras gauche.
« Nous avons. donc ici une table des influences analogue à celle qu'on avait gravée sur le
fameux cercle doré du monument d'Osymandias, et qui donnait, comme le dit Diodore de
Sicile, les heures du lever des constellations avec les influences de chacune d'elles. Cela
démontrera sans réplique,comme l'a affirmé M. Letronne, que l'astrologie remonte, en Egypte,
jusqu'aux temps les plus reculés; cettequestion, par
le fait, est décidée sans retour.
« La traduction que je viens de donner d'une des vingt-quatre tables qui composent la série
des levers est certaine dans les passages oh j'ai introduit les noms actuels des constellations de
notreplanisphère; n'ayant pas
eu letemps
de pousser plus loin mon travail de concordance,
j'ai étéobligé
de donnerpartout
ailleurs le mot à mot du texte hiéroglyphique.
Dans le tombeau de Ramsès V, les salles ou corridors qui suivent ceux que je viens de
décrire sont décorés de tableaux symboliquesrelatifs à divers états du soleil considéré soit
physiquement, soit surtout dans ses rapports purement mythiques;mais ces tableaux ne forment
point un ensemble suivi, c'est pour cela qu'ils sont totalement omis ou qu'ils n'occupent pas
EGYPTE.
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la même placedans les tombes royales. La salle qui précède celle du sarcophage, en général
consacrée aux quatre géniesde l' A menti, contient, dans les tombeaux les plus complets,
la
comparutiondu roi devant le tribunal des quarante-deux juges divins qui doivent décider du
sort de son âme, tribunal dont ne fut qu'une simple imagecelui
qui, sur la terre, accordait
ou refusait aux rois les honneurs de la sépulture. Une paroi entière de cette salle dans le
tombeau de Ramsès V offre les images de ces quarante-deux assesseurs d'Osiris, mêlées aux
justifications que le roi est censé présenterou faire
présenteren son nom à ces juges sévères,
lesquels paraissentêtre chargés, chacun, de faire la recherche d'un crime ou péché particulier
et de lepunir
dans l'âme soumise à leur juridiction. Ce grand texte, divisé, par conséquent en
quarante-deux versets ou colonnes, n'est, à proprement parler, qu'une confession négative, comme
on peut en juger par les exemples quisuivent.:
« 0 dieu(tel)!
le roi, soleil modérateur de justice, approuvé d'Ammon, n'apoint
commis
de méchancetés;
« Le fils du soleil Ramsès n'apoint blasphémé;
« Le roi, soleil modérateur, etc., ne s'est point enivré;
« Le fils du soleil Ramsès n'a pointété
paresseux;
h Le roi, soleil modérateur, etc., n'a pointenlevé les biens voués aux dieux;
« Le ms du soleil Ramsès n'apoint
dit de mensonges;
« Le roi, soleil, etc., n'a point été libertin;
« Le fils du soleil Ramsès ne s'est point souillé par des impuretés;
« Le roi, soleil, etc., n'a pointsecoué la, tête en entendant des
parolesde vérité;
« Le fils du soleil Ramsès n'apoint
inutilement allongé ses paroles;
« Le roi, soleil, etc., n'a paseu à dévorer soit cœur (c'est-à-dire
à serepentir
dequelque
mauvaise action).
« Onvoyait entin, à coté de ce texte curieux, dans le tombeau de Ramsès-Meïamoun
des images pluscurieuses encore, celles des péchés capitaux il n'en reste plus que trois de
bien visibles; ce sont la luxure, laparesse
et la voracité, figurées sous forme humaine, avec
des têtes symboliquesde bouc de tortue et de crocodile.
« La grande salle du tombeau de Ramsès V, celle qui renfermait lesarcophage, et la
dernière de toutes, surpasseaussi les autres en
grandeuret en
magnificence.La
plafond, creusé
en berceau et d'une très-belle coupe, a conservé toute sapeinture
la fraîcheur en est telle
qu'ilfaut être habitué aux miracles de conservation des monuments de
l'Egypte pour seper-
suader que ces frêles couleurs ont résisté àplus
de trente siècles. On arépété ici, mais en
grandet avec plus
de détail dans certaines parties,la marche du soleil dans les deux hémisphères
pendantla durée du jour astronomique, composition qui décore les plafonds des
premières
salles du tombeau et quiforme le motif
généralde toute la décoration des
sépultures royales.
« Les paroisde cette vaste salle sont couvertes, du soubassement au
plafond, de tableaux
sculptéset
peintscomme dans le reste du tombeau, et
chargéesde milliers
d'hiéroglyphes formant
les légendes explicatives;le soleil est encore le sujet de ces bas-reliefs, dont un grand nombre
contiennent aussi, sous des formes emblématiques, tout le système cosmogonique et lesprincipes
de laphysique générale des Egyptiens.
Une longue étude peut seule donner le sens entier de
ces compositions, que j'ai toutescopiées moi-même, en transcrivant en même temps tous les
textes quiles accompagnent. C'est du mysticisme le
plus raffiné; mais il y a certainement, sous
ces apparences emblématiques, de vieilles vérités quenous
croyons très-jeunes.
« J'ai omis dans cette description, aussi rapide que possible, d'un seul des tombeaux
EGYPTE.
royaux, de parlerdes bas-reliefs dont sont couverts les
piliers qui soutiennent les diverses salles;
ce sont des adorations aux divinités del'Égypte, et principalement
à celles qui président aux
destinées des âmes, Phtha-Socharis Atmon, la déesse Mérésochar, Osiris et Aniibis. »
Nous avons donné leplus
succinctementpossible
unedescription particulière de chacun
des monuments qui composentl'ensemble des ruines de Thèbes. Dans son dernier ouvrage, le
docteurLepsius
a écrit une lettre remarquable, qui non-seulement est unaperçu abrégé des
édifices thébains, mais aussi une histoire abrégée des dynasties qui y régnèrent. Thèbes a été
l'œil et l'ombilic de l'Egypte ancienne; nous croyons donc qu'il est de notre devoir de citer cette
longue lettre, qui résume, à elle seule, toutes les dernières découvertes faites sur cette terre
merveilleuse.
Thèbes, 25 février 1843.
« Le fleuve divise ici la vallée en deux rameaux inégaux. A l'ouest, il couleprès des
montsescarpés
de la Libye; à l'est, il borne une immense plainefertile
qui s'étend jusqu'à
Med-Ahmoud, située à quelques heures de distance, vers l'extrémité du désert de l'Arabie. De
ce côté se trouve la véritable ville de Thèbes, qui semble avoir servi à relier entre eux les deux
templesde Karnak et de Louqsor, séparés
l'un de l'autrepar
une distance d'une demi-heure.
Karnak est au nord et loin du Nil; Louqsor est baigné par les eaux du fleuve et a tenu lieu
très-probablementde quartier du
portà la ville. A l'ouest du Nil se trouvait la
nécropole de
Thèbes, et tous les temples, prochesou éloignés, y sont consacrés à la conservation des morts.
Oui, la population tout entière de ce côté, compris plustard
parles Grecs sous le nom de
Menmonia, semble s'être exclusivement adonnée à la garde des morts et de leurs tombeaux. Les
deux villes de Gournah et de Medinet-Habou, placées aux deux extrémités nord et sud, indi-
quent l'étendueprimitive
du Memnonia.
« Unedescription
des monuments thébaïquesdoit commencer naturellement par les ruines
de Karnak. C'est là que se trouve le grand templeaux cent portes, dédié à Ammon-Ra, le roi
des dieux et la divinité particulièredu lieu, qui prit d'après son nom celui de ville d'Ammon
(No-Amon, Diospolis). Ap avec l'article féminin tap, dont les Grecs ont fait Thèbes, était un
temple isolé d'Ammon. Ce mot au singulier,mais plus souvent au pluriel (napu), désigne
quelquefois dans leshiéroglyphes
le nom de la ville. C'est de lui que les Grecs, tout naturellement
et sanschanger l'article, ont fait ôîjêai au
pluriel.Toute l'histoire du royaume d'Egypte depuis
le moment où la ville d'Ammon en devint la métropole, se rattache à ce temple. Chaque
dynastie s'est fait gloire d'étendre, d'embellir et de restaurer ce sanctuaire national.
« Il fut fondé au me siècle du me millénaire avant Jésus-Christ, sous lapremière dynastie
thébaine, la douzième, d'après Manethon, par son premier roi Sesorthos. On y trouve encore
aujourd'hui des fragments de cette époque et des partiesdu nom de ce roi. Les dynasties
suivantes, qui gémirent pendant plusieurs siècles sous le joug de leurs ennemis héréditaires
victorieux, délaissèrent sans doute ce temple, car iln'y
reste d'elles aucun vestige. Mais Ahmosis,
premierroi de la xvne dynastie, ayant réussi dans la révolte contre les Hycsos, vers l'an 1700
avant Jésus-Christ, ses deux successeursAhmenophis
Ier et Toutmosis Ie1 bâtirent autour des restes
du sanctuaire leplus ancien un
temple magnifique, dont la cella était environnée de cham-
bres, avec unelarge cour et un
propylée, devant lequel Thoutmosis Ier dressa deux obélisques.
Al'angle droit de ce
temple,vers
Louqsor, le même roi éleva deux autres pyloneset des murailles
adjacentes. Thoutmosis HT et sa sceur y ajoutèrent par derrière une salle appuyée sur cinquante-
EGYPTE.
six colonnes, et autour, sur trois côtés, de nouvelles chambres enfermées dans un mur extérieur
général.Leur successeur travailla à l'achèvement du temple par devant, et en bâtit quelques
autres dans le voisinage. Il éleva également au sud-ouest deux grands pylones en avant de ceux
de Thoutmosis Ier, de sorte que l'entrée magnifique du temple principalse trouva, de ce côté,
formée par quatre immenses pylônes.
ccCependant,
aux xive et xv" siècles avant Jésus-Christ, le temple fut encore plus splendidement
agrandi parles
grands pharaons de la xixe dynastie; par Sethos Ier, père de Ramsès-Meiamoun
qui y ajouta, dans l'axeprimitif, la salle à colonnes la plus belle qu'on ait jamais vue en
Egypteet même en aucun pays. Le
plafondde
pierre est supporté par134 colonnes, qui
occupent un espace de 164pieds (49 m. 987) de longueur sur 320 pieds (97 m.
536) de
largeur. Chacune des 12 colonnes du milieu a 36pieds (10 m. 972) de circonférence, et 66 pieds
(20 m. 116) de hauteur jusqu'à l'architrave; les autres colonnes ont 40 pieds (12 m.192)
d'élévation et 27 pieds (8m. 229) de circonférence.
« Il estimpossible
de rendre l'impression puissanteressentie
parcelui
qui pénètre dans cette
forêt de colonnes, qui passe d'une avenue dans l'autre, au milieu des grands dieux et des rois
sculptés sur les colonnes, etqui s'en détachent complètement
ou à demi. Toutes les faces en
sont ornées desculptures charmantes en relief ou en creux. Elles n'ont été d'ailleurs terminées
que sous les successeurs du fondateur etprincipalement par son fils Ramsès-Meiamoun.
« Devant cette courhypostyle
furentplus
tard bâtis une immense cour hypéthrale de 270 à
320 pieds (82 m. 296 à 97 m.536),
ornée de colonnes seulement sur les côtés, et un majestueux
pylone.
cc Le grand plan du temple occupait alors une longueur de 1,170 pieds (356 m. 616), sans
compter l'avenue desphinx placée devant le
pyloneextérieur et le sanctuaire particulier élevé
par Ramsès-Meiamoun contre le mur dutemple
leplus éloigné,
et dans la même aire, mais
de manière à ceque
l'entrée s'en trouvât sur le côté opposé.En
comptantce nouvel
agran-
dissement, on aurait une longueur de près de 2,000 pieds (609m.
60) jusqu'à laporte placée
à l'extrémité sud du mur extérieur, et une largeur à peu près égale. Les dynasties suivantes
trouvant le temple principalachevé de tous côtés, et ne pouvant cependant
renoncer à l'idée
d'honorer ce sanctuaire de la Divinité thébaine, commencèrent à élever depetits temples
sur
la grande plaine qu'entourait le mur extérieur, et les agrandirent ensuite peu à peu.
« Le chef de la xxc dynastie, Ramsès III, dont les exploits en Asie, au xvic siècle avant
Jésus-Christ, égalèrentceux de ses ancêtres fameux Sethos Ier et Ramsès II, bâtit un temple
séparé,avec une cour à colonnes et une salle
hypostylede 200
pieds (60 m. 96) de longueur
quidétruit aujourd'hui la symétrie du mur extérieur de la grande cour. Il fonda en outre, à
peude distance, un sanctuaire encore plus grand pour
la troisième personne de la triade thébaine,
Khons, fils d'Ammon. Ce derniertemple
fut achevé par les rois de la dynastie, et les prêtres-
rois de la xxiedynastie y ajoutèrent une cour majestueuse à colonnes et un
pylone. Scheschonk,
le roi guerrier (Sésacde la Bible) qui conquit Jérusalem, l'an 970 avant Jésus-Christ, appartient
à la xxnedynastie.
Sescampagnes
d'Asie sont représentées sur le mur extérieur du sud du grand
temple. Il y amène sous lafigure symbolique de
prisonniersde guerre cent quarante villes et
pays conquis. Parmi leurs noms et ceux deplusieurs villes bien connues de la Palestine, il en est
un qui désigne le royaume de Juda.
« Les deux dynasties sacerdotales qui vinrent immédiatement après les dynasties des Ramsès
n'étaient t pas d'origine thébaine et sortaient des villes de la basse Egypte.La
puissancede
l'Egypte s'affaiblit avec ce changement de rois, et après la vingt-troisième dynastie, si courte,
EGYPTE.
mais dont on trouve cependant quelques vestiges à Karnak, ilparaît qu'il y eut une révolution.
Les historiens ne mentionnent qu'un seul roi de la vingt-quatrième dynastie, et les monuments
égyptiensn'en portent
aucune trace. Ce fut sous son règne qu'eut lieu l'invasion desÉthiopiens,
quicommencent la vingt-cinquième dynastie. Sabacon et Tahraka
(les rois Sua et Thérak de
la Bible) régnèrent en Egypteau commencement du septième siècle avant Jésus-Christ. Ces rois
venaient d'Éthiopie, mais ils gouvernèrent à la manière égyptienne. Ils ne manquèrent pasde
rendre hommageaux rois divins égyptiens.
On trouve leurs noms sur plusieurs petits temples
à Karnak et sur une colonnade grandiose dans la grande cour extérieure, qui paraît avoir été
construite par Tahraka. Ce roi, rapporte l'histoire, se retira volontairement enEthiopie
et
abandonna l'empire égyptienà ses chefs indigènes.
« Ladynastie
de Saïs remonta alors sur le trône, et déploya pendant les septième et huitième
siècles avant Jésus-Christ toute lasplendeur que dans ce pays si riche en ressources et en puis-
sance extérieure, pouvait acquérir un sceptre énergique et sage. Cettedynastie établit la pre-
mière des relations pacifiquesentre l'Égypte
et les pays étrangers. Les Grecs s'y établirent, le
commerce prospéraet produisit
de nouvelles richesses, aussi considérables que celles qu'on
obtenait auparavant parles
rapineset les exactions. Mais cette prospérité n'était qu'artificielle,
l'énergiede la nation avait depuis longtemps disparu. Les arts de leur côté avaient plutôt étendu
le luxe qu'encouragéles travaux utiles. La
gloire nationale s'évanouit bientôt. L'Égypte ne put
résister à l'attaque des Perses. L'an 525 avant Jésus-Christ, elle fut conquise par Cambyse et
foulée auxpieds
des barbares. Un grand. nombre de ses monuments furent détruits, etpendant
cette périodeon n'y éleva aucun temple, aucune muraille; du moins ne nous en est-il resté
aucun vestige.Il n'en existe même pas du long règne pacifique de Darius, dont on n'a retrouvé
que le nom sur un temple ou plutôt sur des sculptures dans l'oasis d'El Khadjeh.
« Sous Darius II, cent ans après la conquête persane, l'Egypterecouvra son
indépendance,
et les noms de ses rois indigènes reparaissent immédiatement sur les temples de Karnak. Après
une succession rapidede trois dynasties, dans l'espace
desoixante-quatre ans, l'Égypte retomba
sous le joug des Perses, auxquels l'enleva Alexandre de Macédoine, l'an 322 avant Jésus-Christ.
A partirde cette époque, l'Egypte fut forcée de s'accoutumer à la domination étrangère. Elle
avait perduson indépendance nationale, et
depuislors jusqu'à nos jours elle n'a fait que passer
de mains en mains et les dernières se sont toujours montréespires que les
précédentes.
«L'Egypte conserva cependant
encore assez depuissance
vitale sous les Macédoniens et les
Grecspour garder son antique religion et ses vieilles coutumes. Les princes étrangers, en occu-
pant laplace
des anciens pharaons, s'efforcèrent d'en suivre les traces. Karnak le prouve. Nous
y trouvons les noms d'Alexandre et dePhilippe Aridée qui précédèrent
les Ptolémées dans la
restauration des monumentsépargnés par les Perses. Alexandre rebâtit le sanctuaire du fond,
Philippe celui de devant, du grand temple;les Ptolémées y ajoutèrent des sculptures,
en res-
taurèrent d'autres parties, et y élevèrent même de nouveaux sanctuaires, àgrands trais, mais non
plus dans lemagnifique style classique Egyptien des anciens
temps.La dernière époque
de
Égypte expirante,celle de la domination romaine, se trouva encore
représentéeà Karnak par
une suite defigures qui se
prolonge jusque sous César Auguste.
« Ainsi ce lieu remarquable qui, partidu
petitsanctuaire placé au milieu du grand temple, y
était devenu dans unepériode de 3500 ans une ville
templeentière couvrant une étendue de
un quart de millegéographique (402 m.) de longueur et de près
de 2000pieds (609
m. 60)
de largeur, est en outre une chaîne presque ininterrompueet une intéressante pierre de touche
de l'histoire du nouvelempire, depuis, ses
commencementsqui
remontent au vieil empire jusqu'à
EGYPTE.
10
la chute sous la domination romaine. A mesure queles dynasties et les rois figurent sur ou
dans le temple de Karnak, ils apparaissent ou disparaissentdans l'histoire
d'Égypte.
« Au-dessus du fleuve, en quittant Karnak, à l'endroit où les deux bras du courant divisés
parl'île fertile de El Gedidèh se réunissent, s'élève un second souvenir glorieux de l'ancienne
Thèbes le templede
Louqsor. C'est là qu'Aménophis III, un desplus puissants pharaons de la
dix-huitième dynastie, qui n'avait bâti à Karnak qu'un temple adjacent ajoutant peu à l'édifice
principal,construisit un sanctuaire dédié à Ammon, qu'il s'efforça de rendre d'autant
plus
magnifique qu'il avaitpeu trouvé à embellir celui de Karnak. Le grand Ramsès ajouta au
temple
de Louqsor une seconde coursplendide
du côté de Karnak. Bienqu'à
une demi-heure de distance
du grand sanctuaire national, ce temple doit encore être considéré comme enfermé dans les
saintes et anciennes limites de celui de Karnak. Ce quile
prouve c'est cette circonstance,
difficile à comprendre et mêmeinexplicable, que l'entrée du
templede
Louqsor, bienque
placée prèsde la
rive,se détourne du fleuve pour regarder Karnak, avec qui elle
communique
directement, aupoint de vue architectural, par des colonnades, des avenues de béliers et des allées.
« A Louqsor finissent les ruines de la rive de l'Est.
« Les monuments de la Thèbes occidentale présententune
plus grande variété, parce que les
habitations souterraines et les retraites des morts s'y ajoutent aux édifices destinés aux vivants.
De Gournah à Medinet-Habou s'étendait autrefois une suiteininterrompue
detemples magni-
fiques qui remplissaient presqueentièrement l'étroit et désert district compris entre le terrain
fertile arrosépar
le Nil et lepied
desmontagnes.
Immédiatement derrière cestemples
se trouve
l'immense nécropole,dont les tombeaux placés à côté l'un de l'autre comme des cellules
d'abeilles, sont enpartie
creusés dans le sol rocheux de la plaine et en partie dans les
montagnes adjacentes.
« Gournah est située sur la courbe des montagnesde la
Libyela
plus proche du fleuve.
En tournant brusquement à l'ouest, les montagnes forment uneespèce
de ravin dont lapartie
extérieure, séparéede la vallée par
depetites
séries de collines, s'appelle El Assasif. Ce ravin
est bordé par-derrièred'énormes rochers escarpés dont
les picsaffrontent le soleil de midi
et du matin. Ces précipicesétonnants de
montagnes, calcaires, si solidement et si également
établis, si bien appropriés aux sculptures des catacombes, semblent être sortis de la couche
d'argile qui gîtà leurs
piedset qui s'en est détachée par suite de la désagrégation.
« C'est dans cette crique de rochers que se trouvent les plus anciens tombeaux du vieil
empire. On en distinguede loin les ouvertures sur les rochers du Nord, au-dessous du mur
perpendiculaire quimonte des remparts en ruine au sommet des montagnes.
Cette situation
extérieure et les sentiers bordés de petits murs de pierre qui conduisent directemen t, pendant
plusieurscentaines de pieds,
de la vallée à l'entrée des tombeaux, merappela
à l'instant ceux
de Beni-Haçan qui sont de la même époque. Ils datent de la seconde moitié du troisième millénaire
avant Jésus-Christ, et ont été creusés sous les rois des onzième et douzième dynasties de Mané-
thon, dont lespremiers
fondèrent la puissancede Thèbes, en firent le siège de leur pouvoir,
et la rendirent indépendantede Memphis,
dont les seconds laproclamèrent
la métropolede tout
le royaume.
« Ces grottes, qu'onretrouve également sur les montagnes voisines, s'enfoncent profondément
dans le roc, à angle obtus, mais elles n'ont nipeintures
niinscriptions.
Les sarcophages de
pierre seuls témoignent d'une tentative d'ornementation. Ils sont habituellement composés d'un
calcaire très-fin, ont parfois plusde 9 pieds (2
m. 743) de longueur,et
portentdes
inscriptions et des figures dans le style pur et soigné de cette époque,mais en petit nombre.
EGYPTE.
« Dans le coin le plus éloigné de cette criquede rochers est situé le
templele.
plus ancien
de la Thèbes occidentale. Il appartientà l'époque
de lapremière régénération du- nouvel
empire
égyptien.Un Dromos de 1600 pieds ( 487
m. 68) de longueur, orné de chaque côté desphinx
et de béliers colossaux, conduit en droite ligne de la vallée à une cour; puis un escalier vous
mène dans une autre cour, dont le mur de devant était orné de figures et d'une colonnade; et
enfin un second escalier aboutit à unportail
degranit bien conservé et à la dernière cour du
temple qui est entourée de chaque côté de salles et de chambres décorées, et se termine par
une grande façade bâtie contre le rocher même. Par un secondportail en granit, placé au
milieu de cette façade, on pénètredans le lieu le plus caché du temple. Il est creusé dans le
roc, voûté en pierreet garni au fond et sur les côtés de
plusieurs petites niches.
Tout cela était couvert de peintures admirables de couleur, exécutées sur un fondgris
dans
le style le plus parfaitde l'époque. Ce grand monument, autour duquel existaient d'autres
édifices aujourd'hui détruits, semble avoirprimitivement communiqué avec le fleuve
parune
avenue quitraversait toute la vallée et aboutissait au grand temple
de Karnak. Je suispersuadé
que c'était dans ce but utile quela
porteétroite à
laquelleaboutit la route du temple à son
entrée* dans la vallée avait été artificiellement ouverte dans le roc. Ce fut la reine Num-Amen
(Amensè)sœur aînée de Thoutmosis III
qui réalisa ce hardiprojet
d'établir une communication
architecturale entre les deux côtés de la vallée. C'est elle également qui a élevé les plus grands
obélisquesdevant le temple
de Karnak. Elle n'est jamais représentéesur les monuments comme
une femme, mais en costume d'homme. Lesinscriptions
seules font reconnaître son sexe. Il était
sans doute contraire à la règle établie, qu'une femme pût gouverner, et c'estprobablement
pourcette raison que son frère encore mineur
apparaît auprèsd'elle comme
régent. Après sa
mort, tous ces cartouches devinrent des cartouches de Thoutmosis, et les expressions féminines
des inscriptionsfurent changées.
Son nom ne se trouve mentionné sur aucune des listes subsé-
quentes des rois légitimes.
Thoutmosis III complétal'œuvre de sa royale sœur
pendantson long règne; il existe encore
de lui deux temples,tous deux bâtis au bord du désert. Celui du nord n'est plus reconnaissable que
parles fondations et les ruines de ses pylones
en brique; celui du sud, près de Medinet-Habou,
est bien conservé, et à en juger par quelques sculptures,il doit
appartenir parles
premières
assises à un Thoutmosis plusancien et avoir été seulement achevé
par Thoutmosis III. Son
successeur Thoutmosis IV a élevé également un temple aujourd'hui presqueentièrement
disparu.
AménophisIII lui succéda. C'est sous son long et glorieux règne que fut bâti le
temple
de Louqsor. C'est luique représentent les deux colosses géants placés très-avant dans la plaine
fertile, près de Medinet-Habou et dont l'un se trouve à laporte d'un grand temple dont les
ruines gisent cependant ensevelies sous les dépôts de l'exhaussement annuel de la vallée. Peut-être
une route pareilleà celle du nord conduisait-elle de là, à travers la vallée, jusqu'à Louqsor.
Le colosse du Nord était la célèbre statue sonore à laquelle les Grecs ontappliqué l'agréable
légende du beau Memnon, saluantchaque matin, au lever du soleil, l'Aurore sa mère, tandis
qu'elle l'arrosait depleurs que lui arrachait sa mort
prématuréeet héroïque. Cette fable, comme
Letronne l'aprouvé,
apris
cours à uneépoque récente. Le
phénomène particulierdu son,
conséquence du craquement de petites molécules causé lui-même parl'échauffement subit de la
pierre froide, s'est produit àl'époque
où la statue déjà fendue le fut encore davantage, l'an 27
-ap. J.-Ch., parun tremblement de terre. Il n'est pas rare de rencontrer en Egypte, dans le désert
et dans lesgrands champs
de ruines, des pierres qui craquent et qui résonnent. La nature des
cailloux agglomérés dont secompose
la statue de Memnon est particulièrementencline à se
EGYPTE.
fendre, comme le prouventles nombreuses gerçures, grandes et petites, qui en sillonnent les
partiescouvertes d'inscriptions pendant
lapériode grecque,
etqui par conséquent
étaient alors
intactes. Il est à remarquer aussi qu'un grand nombre defragments détachés et tombés de la
statue résonnent comme une cloche, quand on les frappe,tandis que d'autres restent insensibles et
muets, suivant que, parleur
position respective,ils ont été plus ou moins
imprégnés d'humidité. Les
nombreuses inscriptions grecques et romaines, gravéessur la statue, qui constatent la visite des
étrangers,surtout lorsqu'ils ont été assez heureux pour
entendre son salut matinal, commencent
sous Néron et se continuent jusqu'à l'époquede Septime-Sévère, qui fit restaurer la statue
primitivementmonolithe.
Depuisla reconstruction par
assise de lapartie supérieure, le phénomène
de la sonorité de lapierre
semble être devenu moins fréquent et moins apparent, si même il
n'apas disparu
tout à fait.
« Le changement du nomprimitif d'Aménophis (comme le prouvent les inscriptions) en
celui de Memnon, semble être venu du nom de la partie occidentale de Thèbes, Memnonia,
que les Grecs ont traduitpar Palais de Memnon tandis que le mot hiéroglyphique Mennu
signifie palaisen, général. Aujourd'hui les Arabes appellent
les statues Shama et Tama ou toutes
les deux ensemble les Sanamât (et nonSalamât)
c'est-à-dire les idoles.
« A notre arrivée à Thèbes, au commencement de novembre, toute la plaine était inondée
àperte
de vue, et ne formaitqu'un océan, au milieu
duquels'élevaient les Sanamat, encore
plus étrangeset
plusisolés qu'au milieu des champs verts et accessibles. J'ai mesuré, il
ya
quelles jours, les colosses et l'exhaussement desdépôts
du Nil sur les bases de leurs trônes.
La hauteur de la statue de Memnon, de la tête aux pieds, mais sans compter l'immense
coiffure qu'elle portait jadis, était de 14 m. 38, ou 45 pieds 1/2, et celle du piédestal, d'un
seul morceau, était de 4 m. 25, ou 13pieds
7pouces, dont trois
pieds (0 m.914) étaient
cachés par une marche environnante. Les statues s'élevaient doncprimitivement
àprès
de
60 pieds (18 m. 288) etpeut-être
à 70 pieds (21 m. 336) avec le Pshent, au-dessus du
niveau du temple. Aujourd'hui le niveau de la vallée est à 8 pieds (2 m. 438) au-dessus du
sol primitif,et l'inondation atteint quelquefois l'extrémité supérieure
dupiédestal, c'est-à-dire
qu'elle s'élève de 14pieds (4 m. 267) plus
haut qu'elle ne le pouvait à l'époque de la construc-
tion des statues, puisque l'eau ne devait pas alors arriver jusqu'au temple. En ajoutant ce fait
à notre découverte, quele niveau du Nil, aux
époques historiques, se trouvait à 33pieds
(10 m. 058) au-dessus de Semneh, il est certain que dans les cataractes, entre la plaine de
Thèbes et Semneh, le Nil tombait alors d'au moins 37 pieds (11 t m. 277) plushaut qu'au-
jourd'hui.
« Le dernier roi de la grande dix-hùitième dynastie, Hôrus, avait aussi bâti dans le voisi-
nagede Medinet-Habou un temple aujourd'hui enseveli sous les décombres. Les fragments
d'une
statue colossale de ce roi, en calcaire dur, presquedu marbre, semblent indiquer la position
de
l'entréeprimitive
de cetemple.
if Il existe encore deux temples de la dix-neuvième dynastie. Ils ont été élevés par les deux
pharaons lesplus puissants
et les plus célèbres, Séthos Ier et son fils Ramsès II. Celui de
Séthos est au nord etporte
habituellement le nom detemple
de Gournah, parce que l'ancien
villagede Gournah s'y était formé autour d'une église copte,
et principalementdans les
cours du grand temple.Mais plus tard les habitants l'abandonnèrent pour les catacombes des
montagnesvoisines.
(( Plus loin au sud, entre les temples aujourd'hui détruits de Thoutmosis III et de Thout-
mosis Il, se trouve le templede Katnsès II Meiamoun, le plus beau probablement
de toute
EGYPTE.
l'Égypte, par son dessin architectural et sesproportions, bien qu'il soit inférieur à celui de
Karnak en étendue et en intérêt. L'arrière de cetemple
et les salles hypostyles ontdisparu.
Leurplan original n'a pu être constaté
qu'aprèsdes excavations longues et incessantes. Autour
del'emplacement
des parties détruites, on voit des salles spacieuses en briques, aux voûtes en
pleincintre et qui appartiennent
à l'époque de la construction du temple. Les empreintes desbriques
sorties de lafabrique royale, et
qui portent les cartouches du roi Ramsès, en font foi. La
description particulière que Diodore de Sicile a donnée de cetemple d'après Hécatée, sous la
dénomination de tombeau d'Osymandias, prouve qu'il avait vivement excité l'attention de
l'antiquité.
« Letemple-palais
le plus au sud et le mieux conservé, est placé au milieu des maisons en
ruine de Medinet-Habou villecopte aujourd'hui abandonnée, mais autrefois assez considérable.
Il a été fondé par Ramsès III, premierroi de la
vingtième dynastie, le fameuxRhampsinite
d'Hérodote, qui vivait au treizième siècle av. J.-Ch. Ses murs retracent les guerres terribles, sur
terre et sur mer, de ce roi. Ellespeuvent
rivaliser avec celles du grand Ramsès. LesCoptes
avaient bâti dans la seconde cour de ce temple une grande églisedont les colonnes monolithes
gisentencore renversées tout autour. Les
parties postérieures dutemple
sont presque entièrement
ensevelies sous les décombres. Mais ce qui offre un intérêt puissant, c'est lepéristyle en forme
depylône
dont les quatre étages superposés contenaient les chambres particulières des rois. Sur
son mur est représenté le prince au milieu de sa famille; il caresse ses filles, que leurs boucles
de cheveux font reconnaître pourdes princesses, il joue aux dames avec elles et en reçoit des
fleurs et des fruits.
« C'est cet édifice qui termine la grande suite des palais-temples connue sous la dénomi-
nationparticulière
de Mémnonia. Ils embrassent l'élite réelle du nouvel empire, caraprès
Ramsès lit, la grandeur intérieure et extérieure del'Egypte
déclina. C'est àpartir
de cetteépoque
et de celle quila suivit que nous trouvons les tombes des rois dans les vallées rocheuses des
montagnes.
« L'entrée des catacombes estplacée
de l'autre côté du promontoire de Gournah. Les
murailles rocheuses, sauvages et désolées, terminées àpic,
élèvent de chaque côté leurs sommets
dorés couverts depierres
noires qui semblent brûlées par le soleil. Le caractère sombre et
solennel de ce lieu m'a toujours vivement impressionné, lorsque je parcourais à cheval, après
le coucher du soleil, les immenses débris de rochers quicouvrent la terre à une grande
hauteur
et qui ne sont traversés que parde
larges ravins formés dans le cours des siècles parde rares
mais véritables orages.
«Après plusieurs détours qui conduisent en décrivant de grands circuits presque
immédia-
tement derrière l'énorme rempartde montagnes de la vallée à^ssasif, le vallon se divise en
deux rameaux. Celui de droite aboutit auxplus
anciens tombeaux, dont deux seulement sont
ouverts. Ilsappartiennent
à la dix-huitième dynastie,l'un remonte à l'époque d'Aménophis IV,
le Memnon des Grecs, l'autre à celle du roi Ai son successeur immédiat, mais quine
figure pas
sur les listes monumentales des rois légitimes Ce dernier est placéà l'extrémité extérieure
du ravin, dont la pente s'élève doucement; lesarcophage
engranit
du roi a été brisé dans la
petitechambre
sépulcrale,et le nom de ce
princea été effacé partout avec soin, jusqu'à la
dernière lettre et sur les murs et sur le sarcophage.
i. Ce roi Ai était d'abord un simple particulier. Il ajouta plus tard son titre sacerdotal à son cartouche royal. Il figure souvent avec sa
femme dans les tombeaux d'Armarna, comme un illustre et noble officier du roi Aménophis IV.
EGYPTE.
11
« L'autre tombeau situé assez avant dans le vallon est d'unegrande dimension, et possède
de belles sculptures,malheureusement mutilées par la main du temps et des hommes. Outre
ces deux tombeaux, il en existe encore d'autres, mais incomplets et sanssculptures;
d'énormes
monceaux de décombres, dont l'enlèvement nous eûtpris plus
detemps
et demandé plus de
travaux quenous ne pensâmes devoir y consacrer, après quelques
tentatives infructueuses, en
recouvrent sans doute plusieurs autres. Dans un endroit où j'avais fait faire des fouillesd'après
des indices assez certains, nous découvrîmes sous 10pieds ( 3 m. 048)
de décombres uneporte
et une chambre sans sculptures, mais on en retira cependant quelques débris depiédestaux
portantun titre royal encore inconnu.
« Le rameau de droite de la valléeprincipale qui primitivement était terminé
par une
élévation du sol, et qui depuis fut ouvert parun sentier artificiel, contient les tombeaux de
presquetous les rois des dix-neuvième et vingtième dynasties.
« Sur l'un des penchantsde la colline, à
peu prèsau niveau de la vallée s'ouvre généra-
lement un large puits,creusé à angle oblique. Quand le rocher qui le surplombe a atteint une
hauteur perpendiculairede 12 à 15
pieds (3m. G57 à 4 m. 572)', on aperçoit les jambages
des portesde la
première entrée, taillés à angle aiguet munis d'une ou de deux grandes portes.
C'est là quecommencent les sculptures peintes qui, pour
le voyageur, formentpar leurs lignes
aiguës,leurs surfaces brillantes et leurs vives couleurs, un étrange contraste avec les rochers
escarpéset les pierres
brutes. Delongs
corridorsimposants
de largeur et de hauteur conduisent
plusavant dans l'intérieur des montagnes rocheuses. Les peintures divisées en
compartiments,
parsuite du rétrécissement du passage
etpar
de nouvellesportes,
continuent à couvrir les murs
et la voûte. Le roi y est représentéadorant les dieux et leur adressant ses
prières et l'apologie
de sa vie terrestre. Sur un mur est figuré le sort paisibledes bienheureux, sur l'autre les tour-
ments des méchants sur la voûte se détache la divinité couchée et les heures de la nuit et
du jour avec l'indication des influences qu'elles exercent sur la destinée de l'humanité et de
leur sens astrologique,le tout accompagné d'inscriptions explicatives. Enfin, nous arrivons dans
un grand salon voûté, à colonnes, et dont les murs sont décorés de peintures qui ressortent
sur un fond jaune d'or, ce qui lui a fait donner le nom de salon doré. Ce salon était destiné,
au sarcophage royal qui devait yêtre
placé, au milieu, à une hauteur de 6 à 10pieds
(1 m. 828 à 3 111. 048). Souvent, lorsque
le roi, le tombeau terminé, se sentaitvigoureux
et
comptaitvivre encore un certain nombre d'années, le couloir du milieu de ce salon était taillé
cle nouveau, comme pouren commencer un autre. On bâtissait des corridors et des chambres,
on changeait même parfoisla direction de l'excavation, jusqu'à ce que le roi eût assigné un
terme à l'achèvement de son nouvel oeuvre, et la série des travaux se terminaitpar
une seconde
salle plus spacieuseet
plus magnifique que la première. De chaque côté, on creusait, si on en
avait le temps,de petites cavités destinées aux offrandes en l'honneur du mort. Enfin, la der-
nière heure du monarque sonnait et le cadavre royal était déposé dans le sarcophage, après
soixante-dix jours d'embaumement. Lesarcophage
était si habilement fermé, que,ne
pouvanten
soulever le couvercle, les violateurs des tombes ont toujours été forcés de briser ce colosse de
granit.
« Les tombes desprincesses qui se trouvent réunies dans un
petitvallon derrière Medinet-
Habou, à l'extrémité sud du Memnonia, appartiennentsans aucun doute aux dix-huitième et
vingtième dynasties, ainsi que les sépultures particulièresles
plus importantes qui s'étendent en
grand nombre sur lamontagne
et dans le vallon, depuisl'autre côté de Medinet-Habou jusqu'à
l'entrée de la vallée des rois. Lesprêtres
d'un rang élevé et les grands officiers aimaient à faire
EGYPTE.
représenter sur leurs tombeaux leurs richesses en chevaux, -voitures, troupeaux, navires et
meubles, ainsi queleurs chasses, leurs viviers, leurs jardins et leurs
palais. On voit également
surplusieurs
murailles de ces tombeaux, l'artiste et l'ouvrier occupés a leurs travauxrespectifs;
aussi ceux-là nous offrent-ils plusd'intérêt que les tombeaux des rois qui nous présentent la
vie de ces monarques depuisleur avènement jusqu'à leur mort.
« Des monuments appartenantà une époque moins reculée, les
plus remarquables sont
ceux de la vingt et unième dynastie ou des vie et vnc siècles avant Jésus-Christ. C'est dans la
criquede rochers située entre Gournah et la colline Abd-el Gournah qu'on les trouve en
plus
grand nombre. Ils sont taillés dans des surfaces plates, et pour lesdistinguer on leur a donné
le nom d'El Assasif.Les
plainesrocheuses offraient ici de la place pour y graver
desinscriptions,
et on en a largementusé. Déjà on peut apercevoir de là une multitude de portes et de grands
murs bâtis en briquesnoires. Ces murailles enferment dans de
longs carrés des cours basses
quiont
pourentrées de
grandes portesvoûtées en forme de pylônes qui à distance ressemblent
à de grands arcs detriomphe
romains. Au delà des murs vous trouvez immédiatement une
cour creusée dans le roc à une profondeur de 12 à 15 pieds (3 m. 657 à 4 m. 572), et. dans
laquellevous
pouvezdescendre par
un escalier. Cette cour, à ciel ouvert, est aujourd'hui la
plus grandetombe qui
soit accessible. Elle a 100 pieds (30 m. 480) delongueur
et 64pieds
(19 m. 507)de largeur et avait été destinée à un écrivain royal nommé
Petamenap.De là,
vous arrivez parune antichambre dans une grande salle rocheuse, à deux rangées de colonnes,
longuede 65
pieds ( 19m. 812), large
de 52pieds ( 15
m.850)
etayant de chaque côté des
chambres et des couloirs. Puis onpénètre par une porte voûtée dans une seconde salle à huit
colonnes de 52 pieds (15m. 850) de long sur 36
pieds ( 10m. 972) de
large,et on arrive
ensuite dans une troisième salle à quatre colonnes, ayant31
pieds (9m.
448)de
longueur et
de largeur, et en dernier lieu enfin dans une chambre de 20pieds ( 6 m. 096 ) de
longueur
sur 12 pieds (3 m. 657)de largeur qui
se termine parune niche. En dehors de cette salle,
au bout de lapremière
suite de chambres se trouve uneporte qui conduit à gauche dans une
très-grande chambre, et à droite dans une autre salle qui aboutit à six couloirs consécutifs
dans lesquels deux escaliers de neuf marches et un de vingt-trois marches conduisent à une
chambre au milieu de laquelle est creusé un fossé de 44pieds ( 13
m.411)
deprofondeur
qui pénètredans une autre petite chambre. Cette seconde suite de chambres et de cou-
loirsqui s'éloigne
à angle droit de la première, a 172 pieds (52 m. 425)de longueur, mais la
première suite en a 311 (94 m. 792). De la chambre à la fontaine, un autre couloir vous
conduit à droite dans une chambre diagonale. Ce couloir et cette chambre occupent une éten-
due de 58pieds (17 m. 678). Avant les deux escaliers, dans la seconde suite de chambres, s'ouvre
à droite une quatrième ligne de couloirsqui se prolonge dans une
longueurde 122
pieds
( 37 m. 185 ). A gauche se trouve un large carré ayant60
pieds (18m.
288 )de chaque côté,
entouré de chambres adjacentes et décoré à l'intérieur, sur les quatre faces comme un mons-
trueux sarcophage. Sous le centre de ce grand carrérepose
lesarcophage
du mort, auquel on
nepeut cependant
arriver qu'en traversant un fossé de 18pieds ( 6
m. 286 ) deprofondeur qui
aboutit d'un côté à la quatrième suite de chambres, par un couloir horizontal de 58pieds
( 17 m. 678), et de l'autre côté à un troisième fossé. Ce dernier fossé conduit à de nouvelles
chambres, et enfin, par la voûte de la dernière, on pénètre dans une autre chambre qui con-
tient lesarcophage, lequel se trouve réellement et directement placé sous le centre du carré
précité. On calcule à 21,600 pieds (6,583 m. 68) et avec la chambre à fossé à 23,148 pieds
carrés (2,150 m. carrés 4492)la surface entière de ce tombeau particulier.
Cet immense
EGYPTE.
travail paraît encore plus colossal, quand on se rappelle que les murs, les colonnes et les portes
en sont couverts, depuisle haut jusqu'en bas, d'inscriptions et de figures dont le fini, l'élégance
et l'exactitude d'exécution vous plongent dans un étonnement toujours croissant.
« Les ruines peunombreuses
qui datent de la dernière domination étrangère sontbeaucoup
moins importantes.Elles se bornent à deux
petits temples élevés dans le voisinage de Medinet-
Habou, sous les Ptolémées, et à un troisième situé au sud de Medinet-Habou. Lessculptures les
plusanciennes de ce dernier
templeremontent à l'époque
de CésarAuguste; sur
la porte
extérieure de cetemple
se trouve la seule figureconnue de l'empeur Othon, dont la découverte
aprocuré
tant de plaisir àChampollion et à Rosellini. Seulement ils n'ont
pas remarqué que
de l'autre côté est gravé le nom del'empereur Galba, inconnu jusqu'alors en
Égypte.
« Al'époque
de Strabon, l'ancienne Thèbes était déjà divisée en plusieurs villages, et
Germanicus la visita comme nous paramour de la science et
par respect pour l'antiquité de
ces monuments, cognoscendœ ontiquitatis,comme dit Tacite. J'ai trouvé inscrit en
hiéroglyphes
par toute l'Egypte le nom de l'empereur Decius, quivivait en l'an 250 après Jésus-Christ; il
figure parmi les ornements du templed'Esneh. Un siècle plus tard, saint Athanase se retira dans
les déserts de la Thébaïde, au milieu des ermites chrétiens. L'édit de Théodose contre lepaga-
nisme, en l'an 39après Jésus-Christ, enleva aux
prêtres égyptiensce qui leur restait d'influence,
et favorisa celle des moines et des ermites devant lesquels s'inclinèrent, àpartir
de cetteépoque,
les chrétiensd'Égypte.
C'est alors que s'élevèrent dans toute la contrée et dans le voisinage du Nilsupérieur
un grand nombre d'églises et de couvents, et que les cavernes du désert devinrent les asiles
troglodytiquesd'une population ascétique
d'ermites. La nécropole de Thèbes'surtout se trouvait
merveilleusement appropriéeaux exigences de cette nouvelle vie. Les tombeaux des rois et des
particuliers servirent de cellules chrétiennes etportèrent
bientôt sur leurs murailles les traces
de leur nouvelle destination. Il existe encore dans une tombe à Gournah une lettre de saint
Athanase, archevêque d'Alexandrie, aux moines orthodoxes de Thèbes. Elle est tracée en belles
onciales sur le stuc blanc, mais malheureusement elle se trouve dans un état très-fragmenté.
Les chrétiens prirentsurtout
plaisirà convertir les anciens temples
en églises et en couvents.
« Cest dans le templede Medinet-Habou que fut bâtie la plus grande église. Le sol de la
seconde coury
est jonché d'immenses monolithes et de colonnes de granit.Du côté du nord,
pour faire place au chœur de l'église, on a enlevé une ancienne colonne égyptienne,et
pour
transformer une suite de chambres en cellules de prêtres, on en a brisé lesportes
extérieures.
Le couvent adjacent, Der-el Meclinet, surnommé la ville du repos, avait été bâti prèsdu temple
de Ptolémée, derrière la colline de Gournet-MurraL Dans le templede l'ancienne Gournah se
trouvait une autre église dont dépendait très-probablement le couvent Der-el Dachit, situé sur
la colline de Gournah. Les ruines d'un troisième couvent couvrent aujourd'hui l'espace occupé
primitivement parle temple de la reine Nunct Amen, au coin de la vallée d'Assasif, et porte
le
nom de Der-el Dahri, ou couvent du nord.
« Laprotection que
de tels changements dans leur dispositionassurèrent à ces anciens
palais,leur fut quelquefois avantageuse
et parfois préjudiciable.Dans quelques-uns
la plupartdes
murailles furent abattues ou percées pourfaire
placeà de nouvelles constructions. Dans d'autres,
on détruisit les décorations païennes quiornaient les murs, afin de les rendre nus, ou bien on
mutila dans les inscriptions et même sur les voûtes les figuresd'hommes et d'animaux, princi-
palementen leur coupant
la tête. Parfois, cependant,les mêmes mains pieuses
nous ont rendu
le service d'assurer la conservation de l'ancienne splendeurde ses monuments. Au lieu de se
EGYPTE.
fatiguerà
y' porterle marteau, elles les ont enduits de limon du Nil, qu'elles blanchissaient
après
pourle couvrir de peintures chrétiennes. Avec le temps
ceplâtre copie est tombé, et les anciennes
peinturesont reparu avec un éclat et une fraîcheur qu'elles n'auraient
pu conserver si elles
étaient restées découvertes etexposées
à l'action du soleil et de l'air. J'ai trouvé dans la niche
d'une vieille cellule un saint Pierre en vieux style byzantin, tenant les clefs d'une main et
montrant le ciel de l'autre. En dehors de son nimbe sortaient de son manteau chrétien à demi
tombé, les cornes de vaches de la déesse Hathor, la Vénuségyptienne; c'est à elle que les rois
voisins venaient primitivementoffrir un encens et des sacrifices adressés aujourd'hui au
respec-
table apôtre. J'ai souvent aidé le temps à faire tomber les peintures sur plâtre copte, qui sont
généralement peu intéressantes, afin de découvrir les sculptures magnifiques des dieux et rois
égyptiens qu'elles cachaient et les rétablir dans leur droit plus ancien et mieux mérité d'être
l'objet de nos études. »
Ebment (Herrnontis).Strabon dit simplement qu'on y adore
Jupiteret
Apollon, et qu'on
yentretient un bœuf sacré.
Erment n'estplus qu'un village habité par
des fellahs et des coptes attirés parle tombeau
de saint Georges, Mary-Girgbs. Près des huttes de limon et de roseaux, s'élèvent les ruines
dutemple
dont le sanctuaire sert actuellement d'étable à un des fermiers deMustapha-Pacha
(fils' d'Ibrahim, fils de Méhémet-Ali, vice-roi).Les membres de la commission
d'Egypteremar-
quèrent sur l'emplacementde l'antique Hermontis, une enceinte à l'extrémité de laquelle
se
trouvait un bassin pavéde
pierresde taille et une grande voie bordée de monceaux de
décombres tout cela a disparu;le
templemême a été fort
endommagé parles constructeurs
de fabriques modernes ils ont enlevé les matériauxqui pouvaient
servir à leurs bâtisses
nouvelles, et n'ontpoint
hésité à faire sauterpar
la mine les murailles du temple qui résistaient
à leurs efforts. Les restes en sont encoreremarquables par
leur élégance, malgré les énormes
pigeonniers qu'ona élevés au milieu.
(Pl. 63).
Il a été construit sous le règnede
Cléopàtre,fille de Ptolémée Aulète, en commémoration
de la naissance de Ptolémée Césarion, fils de Jules César. Des sculptures emblématiques
décorent la cella et représententla déesse Ritho, femme du dieu Mandou, mettant au monde
le Dieu Harphrê. «lia gisante, dit Champollion, est soutenue et servie par diverses déesses du
« premierordre V accoucheuse divine tire l'enfant du sein de la mère; la nourrice divine tend
« les mains pour la recevoir, assistée d'une berceuse. Le père de tous les Dieux, Ammon-Ra,
« assiste au travail, accompagné de la déesse Soven, l'Ilithya, la Lucine égyptienne, protectrice
« des accouchements. Enfin la reineCléopâtre
est censée assister à ces couches divines, dont
« les siennes n'ont été ouplutôt
ne seront qu'une imitation. L'autre paroide la chambre de
« l'accouchéereprésente
l'allaitement et l'éducation du jeune dieu nouveau-né; sur les parois
(( latérales sont figurées les douze heures dit jour et les douze heures de la nuit, sous forme de
« femmes ayant undisque étoilé sur la tète. »
Toutes les dédicaces ouinscriptions
intérieures et extérieures sont faites au nom de Ptolémée
Césarion et de sa mèreCléopàtre.
Esnéh(Latopolis). Où l'on adore Minerve et le Poisson Latus, selon Strabon. Ville
importante de commerce et de fabrication, 30° 14' 41" longitude Est de Paris; 25° 17' 38" lati-
tude Nord. ( Pl. 64).
Comme autemps
de la commission d'Egypte, le templeest tellement obstrué
parles mai-
sons de la ville moderne, qu'on ne reconnaît sa présence qu'en y touchant; le portiqueétait
en partie comblépar des éboulemenls de terrains, et Champollion
lui-même le trouva d'un
EGYPTE.
12
accès difficile. Aujourd'hui il n'en estplus
ainsi Mehemet-Ali Pacha, qui était, avant tout et
par-dessus tout, négociant, ayant eu besoin d'un magasin pour ranger ses cotons, pensaau
portiquedu
temple d'Esneh; il le fitdéblayer, et, grâce à cette circonstance, nous
pûmesnous
convaincre de son étendue extraordinaire.
On y descend par un pauvre escalier de vingt-sept marches en bois de palmier. Sa longueur
est de 33 m. 70; sa largeur de 16 m. 89. La hauteur desvingt-quatre colonnes disposées sur
quatre rangs est, en comprenant la base et le chapiteau, de t m. 37; à partir de deux mètres
environ au-dessus de leur base, elles sont couvertes de bandes d'inscriptions taillées en relief;
les, six colonnes de face sont engagées dans le sol singulièrement exhaussé jusqu'aux trois quarts
de leur élévation; de tout le temple il ne reste plus que le pronaos; le reste a été rasé; une
inscription hiéroglyphique indique que le sanctuaire avait été construit par Tothmès III;
quant au portique dont je viens de parler,il est moderne: « les masses de ce
pronaos,dit
Champollion ont été élevées sous l'empereurCésar Tibérius Claudius Germanicus ( Claude ),
« dont laporte
dupronaos offre la dédicace en grands hiéroglyphes.
La corniche de la façade
et lepremier rang
de colonnes ont été sculptéssous Fespasien et Titus; la partie postérieure
« du pronaos porte les légendes des empereurs Antonin, Marc-Aurèle et Commode; quelques
« colonnes dupronaos furent décorées de
sculptures sous Trajan, lladrien et Antonin; mais à
«l'exception
dequelques reliefs de l'époque de Domitien, tous ceux des parois de droite et de
« gauche du pronaos portent les images deSeptime Sévère et de Géta que son frère Caracalla eut la
« barbarie d'assassiner en même temps qu'il fit proscrireson nom dans tout
l'empire. les
« cartouches noms propres de Géta sont martelés avec soin, mais ils ne l'ont pas été au point
« de m'empêcher de lire le nom de ce malheureux prince l'EMPEREUR C^sah Gé"ta, le directeur.
« Ce qui reste du naos, c'est-à-dire le mur du fond du pronaos, est de Ptolémée Epiplcane.»
La terrasse dutemple, qui était dédié au dieu Chnouphis, est curieuse par
laquantité
d'inscriptions grecques cursives qui la couvrent. Le dévotqui
était venu faire ses dévotions à la
divinité du lieu, montait souvent sur la terrasse dutemple; là il
gravaitsur la pierre son
nom, les motifs de sonvoyage, et sous cette légende il
indiquait, par un trait grossier, la forme
de ses pieds.Sur
beaucoup detemples j'ai retrouvé des inscriptions semblables; plusieurs sont
enlangue démotique, plusieurs en
langue hiéroglyphique, et toujours invariablement accompa-
gnées des deuxpieds
dupèlerin, orientés tantôt dans un sens, tantôt dans un autre* Il serait
importantde relever ces courtes légendes, qui pourraient, par comparaison, jeter quelques
lumières sur les caractères démotiques. Je donne ici une de ces inscriptions que j'ai copiées à
Karnak, sur la terrasse dutemple
de Khons
EGYPTE.
EL-K.AB (Elitltya). Ilithyiapolis avec untemple de Lucine, dit Strabon. C'est là que
Danville place Latopolis.Les enceintes en briques crues qui entouraient la ville et les temples sont
encore debout; la commission d'Egypte y retrouve les ruines de quatre temples; il n'en reste
plus trace aujourd'hui; leurs matériaux ont servi à reconstruire en partie le quai d'Esneh; à
peine çà et là quelques chapiteauxsortis de terre indiquent la
placeoù ils s'élevaient jadis. El-
Kab serait donc à cette heure un misérable village sans importance, si dans le flanc des mon-
tagnes quile bordent vers le désert arabique,
ne s'ouvraient des grottes sépulcrales d'une grande
beauté. Elles sont décorées depeintures qui représentent
les détails del'agriculture
le labour,
la herse, les semailles, les moissons, le battage des blés, etc. D'autres sont consacrées à la
pêche et à la chasse; d'autres aux soins des bestiaux, à la navigation, etc.
D'après les recherches auxquelles Champollion s'est livré sur l'emplacementde cette ville
disparue,il a pu se convaincre que le temple principal à! Elithya dédié à Sevek (Saturne)
et à
Sowan (Lucine) appartenaità diverses époques pharaoniques;
« ceux que la ville renfermait
« avaient été construits et décorés sous le règne de la reine Amensé, sous celui de son fils
« Touthmosis III et sous les pharaons AménophisMemnon et Ramsès le Grand. Les rois
« Amyrthéeet Achoris, deux des derniers princes
de raceégyptienne,
avaientréparé
ces
« antiques édifices ety avaient ajouté quelques constructions nouvelles. »
Les tombeaux sont dus pourla
plupartaux règnes
de Ramsès Meiamoun, d'Amohsis, de
Tothmès Ier, II et III, AménophisIer et de la reine Amensé.
« Dans les tombes troglodytiques,dit le docteur
Lepsius,il y a
plusieurs personnages de
condition qui sont enterrés avec le titre curieux de nourrice mâle d'unprince royal. »
A une heure de marche à' El-Kab, dans le désert, parmi les sables et la solitude s'élève
un petit templedont nul voyageur
n'aparlé
à ma connaissance, et qui paraît dédié à Hathor.
Il est soutenu par quatre piliers portantsur chaque face une étroite bande
d'hiéroglyphes
surmontée de la tête d'Hathor. Sespeintures
sont encore assez vives; son éloignement et son
isolement l'ont préservéde toute destruction. Ce
templeest nommé par les Arabes Beit-el-Melek
la maison du prince.
EDFOU (Apollinopolis Magna). –Oà s'élève le grand temple que les hommes du
pays
appellent Qala,la citadelle.
Ses immenses pylôneset son portique
sont seuls visibles; tout le reste est enfoui sous les
décombres, et couvert enpartie par
les huttes des Fellahs. Le temple remonte seulement aux
Ptolémées, etporte
dans toute son ornementation des traces de décadence manifeste. La partie
la plusancienne des décorations (l'intérieur du. naos et le côté droit extérieur) est de Ptoiémée
Philopator.Les travaux furent continués sous Ptoiémée bpiphane,
dont les légendes se lisent
sur le fût des colonnes et dans lepronaos, qui ne fut achevé que sous Ptolémée Évergète II.
« Cegrand
et magnifique édifice, ditChampollion, était dédié à une triade composée 1° du
Dieu Har-Hat, la science et la lumière célestes personnifiées,et dont le soleil est l'image dans le
« monde matériel 2° de la déesse Hathor, la Vénus égyptienne; 3° de leur fils Harsont-Tho ( l'Hôrus
« soutien du monde ) qui répondà l'amour des
mythologies grecqueset romaines. »
Voici en regard ce que le docteur Lepsius écrit sur le même sujet« Le temple d' Edfou
était dédié à Hôrus et à Hathor. La Vénus égyptienne est nommée une fois ici « reine des
« hommes et des femmes. » Hôrus est représenté enfant, nu, avec son doigt posé sur ses lèvres.
« J'ai déjà expliqué, par là, ce nomd'Harpocrate
écrit Harpe Chroti Hôrus l'enfant. Les
Romains necomprirent pas le geste du doigt, et de l'enfant qui ne pouvait pas parler, ils tirent
« l'enfant quine voulait
pas parlerle Dieu du silence. »
EGYPTE.
A côté du grand temple, au milieu d'un amas considérable de décombres, apparaîtun petit
Mammisi, mutilé, indéchiffrable et dont un de ces jours le pacha d'Égyptefera sans doute faire
de la chaux. Il avait été bâti en commémoration de la naissance de Ptolémée Évergète Il.
DGEBEL SELSELEH(Silsilis).
Là sont les montagnes de grès que les anciens Égyptiens
exploitèrent pourconstruire une grande partie
de leurs édifices royaux et sacrés. Ces
carrièresplongent
leurpied dans le Nil. Leur grès
ressemble à la molasse deGenève; il
est traversé de parties de mica, et semble apparteniraux grès cubiques des couches secon-
daires. Il est ordinairement de couleur claire, et la grande quantité departies
de mica et
d'oxyde de métaux lui donne seule cette teinte brunâtre qui l'affecte sur lesparois des
temples; il est d'unpoli difficile, mais se
prêteaisément aux
sculptures les plus fines.
Ce lieu, fort important pour les archéologues,est riche en
inscriptions; de nombreuses
tables votives le décorent, et à plusieurs endroits il est creusé depetits spéos couverts
d'hiéroglyphes. Les travaux exécutés sur cet emplacement appartiennent, pourla
plupart, aux
règnes de Menephta, Ramsès II, Hôrus (le la xvme dynastie,et à divers pharaons de la xixc.
Lesinscriptions indiquent que la plupart des monuments de Thèbes ont été construits avec
les pierres tirées de Silsilis.
Koum-Ombou (Ombos). Le Nil, qui ronge ses rivagesen
déplaçant son cours, a déjà jeté
bas les grands pylones qui précédaientle
templedont les ruines sont seules aujourd'hui perdues
parmi les sables qui les engloutissent, debout sur une montagne qui domine le Nil et le
désert.( Pl. 65.)
Il remonte aux Lagides; sa partiela
plusancienne est de Ptolémée
Épiphane; le reste
d'Évergète II et de Philométor. Il est dédié aux deux triades Sevek, Hathor et Khons-hor;
Aroëri, Homénofré et Pnevtho. Le portique seul est hors des sables dans la moitié de sa
hauteur; les autresparties
dutemple
sont enfouies, et il serait très-facile de les déblayer.
Sur le linteau supérieur de la porte du sécos on lit encore, en belles majuscules grecques,
lalégende
suivante « Pour la conservation du roi Ptolémée et de la reineCléopâtre, dieux
Philométors et Philadelphes, et de leurs enfants, à Aroëris, dieu grand, et aux divinités
adorées dans le même temple, les fantassins, les cavaliers, et autres personnes stationnées
dans le nome d'Ombos, ont fait ce sécos à cause de la bienveillance de ces divinités
envers eux. »
Quelques restes d'un mur d'enceinte enbriques
crues sont demeurées sur pied et s'ouvrent
parune porte en calcaire qui date de Tothmès III.
ILE d'Eléphantine ( Djeziret el Sag). Ce fut dans l'antiquité la clef del'Égypte;
Hérodote
y trouva une garnison persane, et au temps de Strabon les Romains entretenaient àSyène trois
cohortes destinées à garder les frontières de la préfecture d'Égypte. Au sud et au nord de l'île,
la commission d'Égyptereconnut deux
temples,dont un, celui du sud, était un
périptère
entouré d'une simple colonnade; ces deux édifices étaient couverts d'inscriptionset de
peintures.
Un de ces templesétait sans doute celui de
Chnouphisdont parle Strabon. « Le nilomètre, dit-
il encore, est un puitsconstruit en
pierresbien équarries, sur le bord du Nil. » Jomard a fait
ladescription
d'unfragment
de murailles antiques,dont un, entre autres, ayant
45 à 50pieds de
hauteur et 600 piedsde
longueur, présentaitune forme convexe; un escalier de cinquante degrés
conduisait de ce quaiau Nil; au mur était fixée une échelle qui avait dû servir autrefois à
indiquer la hauteur des eaux. C'étaient làprobablement
les ruines du Mékyas.
Champollion y reconnaît encore une porteruinée en granit, dédiée au nom d'Alexandre, fils
du Macédonien, et une douzaine de proscynémata hiéroglyphique gravées sur une vieille muraille.
EGYPTE.
Aujourd'hui il n'y aplus rien, les débris des temples et du nilomètre
ont disparuentiè-
rement on voit seulement encore des fragments d'anciens édifices égyptiens employés par les
Romains dans la construction du quai où les Fellahs font tourner maintenant leurs criardes
sakichs.r
Assouan (Syène).– 30" 34' 49" longitude Est de Paris; 24° 5' 23" latitude Nord. Sa dis-
tance dutropique du Cancer est donc aujourd'hui de 37' 23", c'est-à-dire environ quinze lieues
et demie; cequi
rendcroyable le passage
où Strabon dit qu'au solstice d'été le soleil se reflé-
tait dans unpuits;
en effet, à midi le soleil ne devait donner auxgnomons qu'une
ombre à
peine sensible.
Léon l'Africain, selon Ritter, parledes
temples et des pylones (altissimas tunes quas Barba
vocitant) qu'il a vus à Assouan; il.n'en existe pas vestiges actuellement; et dans les ruines main-
tenantdispersées d'un petit temple
de la décadence, Champollion lut pour la première fois la
légende impérialede Nerva.
Assouan est une villequi
tend às'augmenter chaque jour, et qui sert
d'entrepôtaux mar-
chandises nombreuses venues du Sennaar.
Le désert, qui s'étend derrière Assouan dans la direction de la Nubie, est bordé par des
roches couvertesd'inscriptions
de toutes les époques; c'est la route qui, par terre, conduit à
Philœ; Strabon la parcourut en voiture. Les carrières qui l'avoisinent sont curieuses à étudier;
on y comprend facilement les moyens que lesÉgyptiens employaient pour en extraire des blocs
souvent énormes; un grand obélisque en granit rose est là, poli sur trois côtés, et encore adhé-
rent au rocherpar
une de ses faces. Cepetit désert s'étend à l'Est de la première cataracte
(PI. 66-67).Au delà de cette cataracte et de ce désert, c'est la Nubie.
MEDINET-HABOU
PIjVN GÉNÉRAL DES RUINES.
~,ir.,N,«;ty·urlrir,.t~'er,'F:nic·
4
TIMES. o
Gide et Baudry, Editeurs.
EGYPTE
v
i~~r~F
N~333
PALESTINE ET SYRIE1
DESSINS PHOTOGRAPHIQUES
RECUEILLIS
PENDANTLES WNERS1849, 1850 ET 1851
ACCOMPAGNÉS
D'US TEXTE EXPLICATIF ET PRÉCÉDÉS D'UNE INTRODUCTION
>&/ MAXIME DU CAMP
CIURKK D'UNT. MISSION ARCHÉOLOGIQUE EN ORIENT PAR LE M 1 N I S T ÎMU-. DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE
PARIS
GIDE ET J.BAUDRY 5
EDITEURS
DES CATACOMBES UE HOME – NINIVE – VOYAGE EN PERSE – CULTES DE MITIIRA ET DE VÉNUS, ETC., ETC.
5 RUEBONAPARTE, ANCIENNE RUE DES PETITS- AUGUSTINS
1852
13
NUBIE
Nous n'aurons que peude mots à dire sur la Nubie, car ses monuments sont moins
intéressants queceux de l'Égypte;
les anciens historiens n'en parlent pas. De la première à
la seconde cataracte il n'existe pasactuellement une seule ville
importante;et c'est à cela que
les temples de la Nubie doivent enpartie
leur conservation; aucune manufacture ne s'étant
élevée auprès d'eux, nul n'a songé à les démolir pour utiliser leurs matériaux; ladisposition
particulièrede ces monuments, dont beaucoup sont des spéos, n'a pas peu contribué à les
sauver de la destruction; nous n'aurons donc à constater que de légères différences entre leur
état présent et celui où les ont trouvés les voyageurs quien ont
parlé avant nous.
ILE DE Philœ (Djeziret-el-Birbé).– Placée sur les limites de l'Egypte qu'elle termine, et
de la Nubie qu'elle commence, cette île est surchargée d'édifices pharaoniques, grecs et romains
qui s'entassent sur son étroite superficiede 2,700 pieds (PI. 67 à 80 incl.). C'était l'île sacrée,
la grande contrée des morts; une tradition y plaçaitle tombeau d'Osiris; on jurait par
lui et
le serment était inviolable;Ma -ràv h *ftatç ôoupw. Les premiers chrétiens s'y établirent, barbouil-
lèrent de limon et de chaux les représentations païennes, y substituèrent des peintures évangéliques,
brisèrent les idoles, martelèrent les images des divinités, surtout celles qui portaient une tête
humaine (PI. 78),et bâtirent autour des temples et sur leurs terrasses une ville entière aujourd'hui
déshabitée.
Maintenant l'île de Philœ est entièrement abandonnée et déserte; seule, la présence des
voyageurs yattire quelques Arabes venus des villages
voisins. Leplan général
des ruines
(Pl. 67) donne une idée complète de l'ensemble des monuments et le détail de leur ordonnance
propre. Le grand templeétait dédié à Isis, et j'ai retrouvé dans une de ses chambres les plus
profondesla niche en granit où, selon les traditions, était conservé l'épervier sacré. Le grand
temple hypètre (Pl. 70) devait être un typhonium, il n'a jamais été achevé; il est manifeste-
ment de l'époque romaine, et les rares sculptures qui le décorent intérieurementportent, je
crois, les noms de Nerva et de Trajan.
« Lepetit temple du Sud, dit
Champollion,a été dédié à Hathor et construit par le
«pharaon Nectanèbe, le dernier des rois de race Égyptienne, détrôné par
la seconde invasion
« des Perses. La grande galerie,ou
portique couvert, qui, de ce joli petitédifice conduit
« au grand temple, est del'époque des empereurs;
ce qu'il y a desculpté
l'a été sous les
<frègnes d'Auguste, de Tibère et de Claude.
« Lepremier pylone
est du temps de Ptolémée Philométor, quia encastré dans ce pylone
<( unpropylon
dédié à Isis par le pharaon Nectanèbe, et l'existence de cepropylon prouve
qu'avant le grand temple d'Isis actuel il en existait déjà un autre sur le même emplacement,
« lequel aura été détruit par les Perses de Darius-Ochus. Cela explique les débris de sculpture
« plus anciens employés dans les colonnes dupronaos actuel du grand temple.
NUBIE.
« C'est Ptolémée Philadelphe quia construit le sanctuaire et les salles adjacentes de ce
« monument. Le pronaos est d'Évergète II, et le second pylone de Ptolémée Philométor. Les
«sculptures
et bas-reliefs extérieurs de tout l'édifice ont été exécutés sous Auguste et Tibère.
« Entre les deux pylonesdu grand temple d'Isis, il existe à droite et à gauche deux beaux
« édifices d'un genre particulier.Celui de gauche est un temple périptère, dédié à Hathor et
« à la délivrance d'Isis qui vient d'enfanter Hôrus. La plus anciennepartie de ce temple
est
« de Ptolémée Épiphaneou de son fils Évergète II. Les bas-reliefs extérieurs sont du
règne
« d'Augusteet de Tibère. C'est Évergète II qui se donne les honneurs de la construction de ce
« temple,dans la longue
dédicace de la frise extérieure.
« Le même roi s'est aussi emparé, par une inscription semblable, de l'édifice de droite qui,
«presque tout entier, est de son frère Philométor, à l'exception d'une salle
sculptée sous Tibère. »
ILE DE Beghé.Séparée
de Philoe par un petit bras du Nil, cette petite île, bienlongtemps
avant Philœ, fut, sous le nom de Snem, un lieu saint depèlerinage et de dévotion. Les ruines
de son temple ( Pl. 81), dédié àChnouphis
et à Hathor, sont encore debout au milieu des
huttes de Fellahs. Il a été élevépar
les Ptolémée sur les ruines d'un autretemple consacré
aux mêmes divinités et. construit par Aménophth II. Il a du servir d'église pendant les
premiers temps chrétiens.
Il existe encore prèsdes montagnes de Beghé une statue du
pharaonOsortasen III.
Débod( ancienne Parembole ).
–( PL 85 et 86 ). Trois propylons placés
l'un derrière l'autre
à des distances inégales, conduisent autemple,
dont la façade large de vingt mètres est formée
par un portiqueà quatre colonnes. Du
portique on pénètre dans un pronaos orné desculptures.
Dans le naos proprement dit on voit deux niches monolithes, semblables à celle de Philce et
destinées sans doute aussi comme elle à contenirl'épervier sacré. Toutes les sculptures sont, ainsi
que letemple,
dans un mauvais état. Dédié à Ammon-Ra, seigneur de Débôd, à Hathor, et
subsidiairement à Osiris et à Isis, cetemple
a été continué sous les règnes d'Augusteet de
Tibère. Le docteur Lepsius y trouve la légende du roi Arkamen ( l'Ergamènes des historiens )
qui régnaiten
Ethiopiedu
tempsde Ptolémée
Philadelphe.
KARDASSY (ancienne Korta). – Son petit temple ( Pl. 87 ) élevé sur une' colline qui domine
le cours du Nil, n'offre aucunesculpture,
aucune inscription; les chapiteaux font présumer qu'il
était dédié à Hathor; on peut affirmer avec certitude que sa construction remonte seulement
aux époques romaines. Le docteur Lepsius y retrouva les fondations d'un temple bâti par
Tothmès III. Non loin, s'ouvrent les excavations d'une carrière autrefois exploitée parles
Romains et abandonnée aujourd'hui; ses parois sont couvertes d'une soixantaine d'inscriptions
grecques à peu près toutes semblables; en voici une qui sera comme lespécimen
des autres.
TAFAH ( ancienne Taphis ). Son templesans inscriptions,
sans intérêt, est aujourd'hui presque
détruit( PI. 88 ).
Il n'en reste que les deux murailles latérales, celle du fond et deux colonnes
NUBIE.
qui paraissentinachevées. Autour (le lui on reconnaît facilement les ruines d'un temène construit
en belles pierresde grès.
Bet-Oually.–
templede
Bet-Oually est unspéos curieux, bien conservé, d'une 'belle
époque,et creusé dans la montagne qui s'élève à une lieue du Nil, au-dessous de Kalabscheh;
on y arrive par une sorte de couloir à ciel ouvert, dont chaque paroi est ornée desculp-
tures d'une finesse extrême; elles ont rapport aux campagnes de Ramsès le Grand contre les
Éthiopiens,les Bescharis et les Nègres. Le roi, assis sur son trône, reçoit les prisonniers et les
tributs qu'ils apportent, composésde chaînes d'or, de
peauxde
panthères,de dents d'éléphants,
de plumes d'autruches, de lions, d'autruches, desinges,
degirafes, etc. Ce spéos, intérieure-
ment soutenu par quatre larges piliersdécorés de peintures, était dédié, selon
Champollion,à
Ammon-Ra et à sa forme secondaire, Chnouphis.
KALABSCHEH (ancienne Talmis ), qui fut longtemps capitale des Blemmyes, dont les
incursions inquiétèrent souvent les Romains ( Pl. 89 à 92incl. ).
Letemple n'a pour ainsi
dire conservé que sa forme extérieure; tout l'intérieur est ruiné de fond en comble; trois fois
ce templea été construit; la
premièrefois sous le
règne d'Aménophth II; la seconde sous les Pto-
lémée la troisième enfin sous Auguste, Caligula et Trajan. Il était dédié à Malouli (selon
Champollion),Mésuli (selon Lepsius ).
Dans le naos et l'addition on remarque sur les murailles
des traces évidentes de dorure.
DANDOUR (ancienne Tantour).Petit
templede
l'époque d'Auguste, et qui se recommande
seulement par ses sculpturesrelatives à l'incarnation d'Osiris 'sous forme humaine. Selon le doc-
teurLepsius,
le templeest dédié à un dieu
particulier,nommé Pétisi qui
ne se retrouve pas
autrepart.
Kircheh ( ancienne Tutzis; actuellement Gerf-Husseim ). – C'est unhémispéos construit par
Ramsès le Grand, et qui paraît avoir été intentionnellement dégradé. Devant le temple s'étend
unportique, soutenu à sa façade par
six colonnes rondes, construites en pierres cubiques, et à
ses côtés par cinq piliers quadrangulairesd'un seul bloc; un colosse osiriaque haut de six mètres
se tient debout devant chaque pilier.
Leplafond
dupronaos s'appuie également sur des
piliers osiriaques, et dans le naos quatre
figures colossales sont assises contre la muraille du fond. Cetemple
était dédié au dieu Phtha.
DAKKEH (ancienne Pselcis),dont Strabon parle
comme d'une ville autrefois fortifiée
(PI. 94-95). Le temple est précédé par de grands pylonesorientés vers le Nil. Il était dédié à
Tôth( Hermès deux fois grand ).
« La partiela
plusancienne de ce temple, dit
Champollion,
« a été construite et sculptée parle plus célèbre des rois
éthiopiens, Ergamènes, qui, selon le
« récit de Diodore de Sicile, délivra l'Éthiopie du gouvernement théocratique, en faisantégorger
« tous lesprêtres
dupays;
il n'en fit pas sans doute autant en Nubie, puisqu'il y éleva un
« temple, et ce monument prouve quela Nubie cessa d'être soumise à l'Égypte dès la chute de
la xxvie dynastie, celle des Saïtes, détrônée par Cambyse, et que cette contréepassa
sous le
joug des Éthiopiens jusqu'à l'époque des conquêtes de Ptolémée Evergète II, qui la réunit de
« nouveau à l'Égypte. Aussi le templede Dakkeh, commencé
par l'Éthiopien Ergamènes, a-t-il
« été continuépar Evergète Ier, par son fils
Philopatoret son
petit-fils Évergète II. C'est l'em-
« pereur Auguste qui a poussé, sans l'achever, lasculpture
intérieure de ce temple.» Près du
pylone on distingue encore des blocs ayant appartenuà un temple bâti par
Tothmès III. Le
docteurLepsius
dit « A côté des fragments de cepremier
édifice qui n'était pas dédié, à Tôth,
« comme le croitChampollion,
mais à Hôrus, nous trouvâmes des restes de monuments de
« Sethi Ier. »
NUBTE.
MAHARAKKAH (Hiéra-Srcaminos).Je ne
puis que répéter ici ce que j'ai dit à lapl. 96.
Ce temple n'a ni sculpturesni
inscriptions hiéroglyphiques; il paraît dater des derniers temps
de l'occupation romaine; une inscription grecque placée sur une des colonnes indique queles
divinités du lieu étaient Isis etSérapis.
LesCoptes en ont fait une église autrefois et ont
peint
sur ses murs une Tentation de saint Antoine, dont il reste trace encore; il est surtout curieux
par les ruines d'un escalier en colimaçon qui conduisait sur sa terrasse; c'est le seul exemple
que j'en ai trouvé dans les monuments de l'ancienne Égypte.
SEBOUA (les Lions). Ainsi nommé du dromos deSphinx qui
conduisait autrefois jusqu'au
Nil (Pl. 97-98). C'est un hémispéos construit et creusépar
Ramsès le Grand, quile dédia à Phrè
et à Phtha. C'est un véritable édifice de, province, bâti avec des pierres liées de mortier, dit
Champollion. Quatre colosses de Ramsès, dont deux sont culbutés, précédaient le temple dont
les pylones portent de grandes sculptures représentantle
pharaon combattant lespeuples du
nord et du midi. Tout le monument, àl'exception des pylônes, est tellement comblé
par les
sables, qu'ilest
impossible d'y pénétrer.
AMADA. (Pl. 99). Temple curieux par ses sculptures intérieures; voici en quels termes en
parle Champollion
« Ce monument, fort encombré de sables, secompose
d'abord d'uneespèce de pronaos,
« salle soutenuepar
douze piliers carrés, couverts de sculptures, etpar quatre colonnes que.
« l'on nepeut
mieux nommer que proto- doriques, car elles sont évidemment le type de la
« colonne dorique grecque, et, par une singularité dignede
remarque, je ne les trouve employées
«que dans les monuments égyptiens les plus antiques, c'est-à-dire dans les hypogées de Beni-
« haçan, à Amada, à Karnak et àBet-oually, oit sont les
plus modernes, bienqu'elles datent
« durègne
de Sésostris, ouplutôt
de celui de son père.
« Letemple
d'Amada a été fondé par Touthmosis III, comme leprouvent
laplupart des
« bas-reliefs du sanctuaire, et surtout la dédicacesculptée
sur les deux jambages des portes de
« l'intérieur, et dont je mets ici la traduction
« Le Dieu bienfaisant, seigneur du monde, le roi – Soleil stabiliteur DE L'UNIVERS le
« fils du Soleil, Touthmosis, modérateur de justice, a fait ses dévotions à sonpère
le dieu Phrè,
« le dieu des deuxmontagnes célestes, et lui a fait élever ce temple de pierre dure; il l'a fait t
«pour
être vivifié à toujours. »
« Touthmosis mourut pendant la construction de ce temple, et son successeur, Aménophis 11,
« continua l'ouvrage commencé, et fitsculpter
les quatre salles à la droite et à la gauche du
« sanctuaire, ainsi qu'une partie de celle qui les précède; les travaux de ce roi sont détaillés dans une
« énorme stèleportant
uneinscription
de vingt lignes.Son successeur, Touthmosis IV, termina le
«• temple en y ajoutant lepronaos
et les piliers; on a couvert toutes leurs architraves de ses dédicaces
« ou d'inscriptions laudatives; l'une d'elles m'afrappé par
sa singularité, en voici la traduction:
« Voici ce que dit le dieu Toth, leseigneur
des divinesparoles,
aux autres dieux qui
« résident dans Thyri; accourez etcontemplez
ces offrandes grandes et pures, faites pour la
« construction de ce temple, parle roi Touthmosis
(IV)à son
pèrele dieu Phrè, dieu
grand,
« manifesté dans le firmament. »
DERR. – Sontemple
est unspéos
fort endommagé, obscur etplein
de chauves-souris. Il
est dû au règne de Ramsès le Grand. « Je fus étonné, dit le docteur Lepsius,de trouver sur
le frontispice une représentationde la
postéritédu roi Ramsès Méiamoun, au nombre de cent
« soixante enfants, avec leurs noms et leurs titres dontplusieurs
sont effacés et illisibles. On
« n'a encore reconnu que vingt-cinq fils et dix filles de ce roi. »
NUBIE.
14
IBRYIU (ancienne Premmis). Quelques grottes taillées dans les rochers qui baignent leur
pieddans le Nil, et qui sont aujourd'hui presque indéchiffrables, appartiennent aux règnes
de Tothmès Ier, Tothmès III, Aménophth II et Ramsès-Sésostris. La forteresse (Pl. 100.) qui
commande le Nil et les deux déserts, estd'origine romaine, et semble n'avoir eu de
garnison que
pendantla campagne
de Pétrone. Le sultan Sélim y mit aussi des troupes.Elle est aujourd'hui
complètement abandonnée; sesmurailles existent encore avec une tour à chaque angle; une
grande porte à arcade romaine ornée de festons donne entrée dans la ville, où se retrouvent
beaucoupde débris enlevés jadis à des temples construits par la,dynastie éthiopienne.
Ibsamboul (abou-sembil en arabe; aboccis, engrec; abochek, en ancien égyptien).
–(Pl. lOt1
à UOincl.).
Ce sont les plus vastes spéos de la Nubie et del'Egypte;
le grand spéos consacré à Phrè
occupe unemontagne entière, dans les flancs de laquelle on l'a creusé; au reste, je donne ici
ladescription que Champollion en a faite dans ses Lettres écrites d'Egypte et de Nubie; ces
monuments ne sont pas près de changer
« A Ibsamboul il y adeux temples entièrement creusés dans le roc et couverts de sculptures.
Laplus petite
de ces excavations est untemple d'Hathor, dédié
pourla reine Nofré-Ari, femme
de Ramsès le Grand, décoré extérieurement d'une façade contre laquelle s'élèvent six colosses
de trente-cinq pieds chacun environ, taillés aussi dans le roc, représentant le pharaon et sa
femme, ayant à leurspieds,
l'un ses fils, et l'autre ses filles, avec leurs noms et titres. Ces
colosses sont d'une excellentesculpture;
leur stature est svelte et leur galbe très-élégant.
« Le grand temple d'Ibsamboul vaut à lui seul le voyage de Nubie. C'est une merveille
qui serait une fort belle chose, même à Thèbes. Le travail que cette excavation a coûté effraie
l'imagination.La façade est décorée de quatre colosses assis, n'ayant pas moins de soixante et un
pieds de hauteur tous quatre d'un superbe travail, représentant Ramsès le Grand; leurs faces
sontportraits,
et ressemblentparfaitement
aux figures de ce roi qui sont à Memphis, à Thèbes
etpartout
ailleurs. C'est un ouvrage dignede toute admiration. Telle est l'entrée; l'intérieur en
est tout à fait digne; mais c'est une rude épreuve quede le visiter. A notre arrivée, les sables,
et les Nubiens qui ont soin de lespousser,
avaient fermé l'entrée. Nous la "fîmes déblayer; nous
assurâmes le mieuxque
nous lepûmes le petit passage que l'on avait pratiqué, et nous
prîmes
toutes lesprécautions possibles
contre la coulée de ce sable infernal qui, en Egypte comme en
Nubie, menace de tout engloutir.Je me déshabillai
presque complètement, ne gardant que ma
chemise arabe et un caleçon de toile, et me présentai àplat
ventre à la petite ouverture d'une
porte qui, déblayée, aurait au' moins vingt-cinq piedsde hauteur. Je crus me
présenterà la
bouche d'un four, et, meglissant
entièrement dans letemple, je me trouvai dans une
atmosphère
chauffée à 51degrés.
Lapremière
salle est soutenuepar
huitpiliers contre lesquels sont adossés
autant de colosses de trente pieds chacun, représentant encore Ramsès le Grand; sur lesparois
de cette vaste salle règne une file de grands bas-reliefs historiques, relatifs aux conquêtes du
pharaon enAfrique;
un bas-relief surtout, représentant son char de triomphe, accompagné de
groupes deprisonniers nubiens, nègres, etc., de
grandeur naturelle, offre une compositionde
toute beauté et duplus grand effet. Les autres salles, et on en
compte seize, abondants en beaux
bas-reliefs religieux, offrent des particularitésfort curieuses. Le tout est terminé
parun sanctuaire,
au fond duquel sont assises quatre belles statues, bienplus
fortesque
nature et d'un très-bon
travail. Ce groupe représente Ammon-Ra, Phrè, Phtha, et Ramsès le Grand assis au milieu
d'eux. »
« J'ai revu les colosses qui annoncent si dignementla plus magnifique excavation de la
a ê
NUBIE.
Nubie. Ils m'ont paru aussi beaux de travail quela
première fois, et je regrette de n'être point
muni de quelque lampe merveilleuse pour les transporterau milieu de la
place Louis XV, afin
de convaincre ainsi d'un seul coup les détracteurs de l'art égyptien.Tout est colossal ici, sans
en excepter les travaux que nous avons entrepris, et dont le résultat aura quelque droit à l'at-
tention publique. Tous ceux qui connaissent la localité savent quelles difficultés on a à vaincre
pour dessiner un seul hiéroglyphe dans le grand temple.
« Nous avons amarré nos vaisseaux devant letemple
d'Hathôr à Ibsamboul; j'ai déjà
donné une note sur ce joli temple. J'ajouterai qu'à sa droite on asculpté, sur le rocher, un
« fort grand tableau, danslequel
un autreprince éthiopien présente
au roi Ramsès le Grand
« l'emblème de la victoire ( cet emblème est l'insigne ordinaire des princesou des fils des
rois )
« avec lalégende
suivante en beaux caractères hiéroglyphiques« Le royal fils
d'Ethiopie, a
« dit: Ton pèreAmmon-Ra t'a doté, ô Ramsès! d'une vie stable et
pure: qu'il t'accorde de
longs jours pour gouverner le monde, et pour contenir les Libyens à toujours. »
« Ilparaît
donc que, detemps
en temps, les nomades d'Afrique inquiétaientles
paisibles
cultivateurs des vallées du Nil. Il est fort remarquable, du reste, que je n'aie trouvé jusqu'icisur les monuments de la Nubie que des noms de
princes éthiopienset nubiens, comme
gouverneurs du pays, sous le règne même de Ramsès le Grand et de sa dynastie. Il paraît aussi
que la Nubie était tellement liée àl'Egypte, que les rois se fiaient
complètement aux hommes
du pays même, pour le commandement destroupes.
Je puis citer en preuve une stèle encore
sculptée sur les rochers d'Ibsamboul, et dans laquelle un nommé Maï, commandant destroupes
du roi en Nubie, et né dans la contrée de Ouaou (l'un des cantons de la Nubie), chante les
louanges du pharaon Mandoueï Ier, le quatrième successeur de Ramsès le Grand, d'une manière
très-emphatique; il résulte aussi de plusieursautres stèles, que divers princes éthiopiens furent
employés en Nubiepar
les héros de l'Égypte.
'< Le 3 au soir commencèrent nos travaux à Ibsamboul ils'agissait d'explorer le grand
temple, couvert de si grandset de si beaux bas-reliefs. Nous avons formé
l'entreprise d'avoir
le dessin en grand et colorié de tous les bas-reliefs quidécorent la grande salle du
temple, les
autrespièces
n'offrant que des sujets religieux; et lorsque l'on saura que la chaleur qu'on
éprouvedans ce temple, aujourd'hui souterrain
(parce que les sables en ont presque couvert la
façade), estcomparable
à celle d'un bain turc fortement chauffé, quand on sauraqu'il
fauty
entrerpresque nu, que
lecorps
ruisselle perpétuellementd'une sueur abondante
qui coule sur
les yeux, dégoutte sur le papier déjà trempé par la chaleur humide de cette atmosphère, chauffée
comme dans un autoclave, on admirera sans doute le couragede nos jeunes gens, qui bravent
cette fournaisependant
trois ou quatreheures
par jour, ne sortent que par épuisement,et ne
quittent le travail que lorsque leurs jambes refusent de les porter.
«Aujourd'hui, 12, notre plan
estpresque accompli nous possédons déjà six grands tableaux
représentant
« 1° Ramsès le Grand sur un char, les chevaux lancés au grand galop;il est suivi de trois
de ses fils, montés aussi sur des chars de guerre; il met en fuite une armée assyrienne et assiège
une place forte.
c( 2° Le roi àpied, venant de terrasser un chef ennemi, et en
perçantun second d'un
coup
de lance. Cegroupe
est d'un dessin et d'une compositionadmirables.
« 3° Le roi assis au milieu des chefs de l'armée. On vient lui annoncer que les ennemis
attaquent son armée. Onprépare
le char du roi', et des serviteurs modèrent l'ardeur des
chevaux, qui sont dessinés, ici comme ailleurs, dans laperfection.
Plus loin se voit l'attaquedes
NUBIE.
ennemis, montés sur des chars de guerre et combattant sans ordre uneligne
de charségyptiens
méthodiquement rangés. Cette partie du tableau estpleine de mouvement et d'action: c'est
comparableà la
plusbelle bataille peinte
sur les vases grecs, que ces tableaux nous rappellent
involontairement.
« 4° Le triomphe du roi et sa rentrée solennelle (à Thèbes, sans doute), debout sur un
char superbe, traîné pardes chevaux marchant au pas et richement caparaçonnés. Devant le
char sont deux rangsde
prisonniers africains, les uns de race nègre et les autres de race bara-
bra, formant desgroupes parfaitement dessinés, pleins d'effet et de mouvement.
« 5° et 6° Le roi faisant hommage decaptifs de diverses nations aux dieux de Thèbes et à
ceux d'Ibsamboul. »
Au delà d'Ibsamboul, c'est la seconde cataracte où commence la Nubiesupérieure que nous
n'avons point visitée. C'est ici que nous terminerons cette introduction où nous avons plus
souvent fait parlerles autres
que nous-mêmes, pensant qu'il valait mieux offrir simplement à
nos lecteurs les récits deChampollion et de
Lepsius que de leur donner notreopinion,
souvent
incompétenteen semblables matières.
Je ne dirai rien des monuments de Jérusalem et de Baalbek, dont l'importance historique
est presque nulle, et qui sont aujourd'hui tropconnus pour qu'on puisse en parler.
Avant d'en finir, je désire remercier publiquementM. Aimé Rochas qui a consenti à me
communiquer les trois planches 1, 9 et 52, qui manquaient à ma collection. Intelligentet cou-
rageux photographe,M. Aimé Rochas a parcouru les régences de Tunis et de Tripoli, l'Egypte,
les Turquies d'Europe et d'Asie, et en arapporté
une série deplaques daguerriennes d'un émi-
nent intérêt historique et pittoresque, et qui, nous l'espérons,ne tarderont
pasà voir le jour.
Je dois aussi mes remerciements à M. Prisse d'Avennes, qui a bien voulu dessiner, pour
cet ouvrage,les
plans indispensablesde Karnak, de Medinet-Habou et de Philoe, et qui m'a
secouru de ses conseils dans la rédaction, souvent difficile, de la courtelégende placée
en tête
de chaque dessin.
MAXIME DU CAMP.
15
EXPLICATION DES PLANCHES
LE KAIRE
1. VUE GÉNÉRALE prise à l'ouest.
Au fond la citadelle et la mosquée construite en albàtre par
ordre de Méhémet-Ali.
2. MOSQUÉE PRÈS DE BAB-SAIDA.
Partie méridionale des murailles.
3. MAISON ET JARDIN DANS LE QUARTIER Frank.
4. MOSQUÉE DU KHALIFE HAAKEM Biamrillah, construite
l'an 1003 de J.-C. (393 de l'hég.)
Le khalife Haakem est encore actuellement le dieu des Druzes,
comme étant la dernière incarnation humaine de LA RAISON.
5. Mosquée DU SULTAN HAÇAN, 1356 à 1363 de J.-C.
(757 à 764 de l'hég.)
Les galeries des minarets ont été brisées par l'artillerie française,
lors de la révolte du Kaire.
6. Mosquée ET TOMBEAU DES Ayoubites.
Vallée des tombeaux.
7. MOSQUÉE ET TOMBEAU DU SULTAN Kansou-el-Gouri.
Vallée des tombeaux. ISOt à 1516 de J.-C.
8. TOMBEAU DES SULTANS MAMELOUKS.
Vallée des tombeaux.
EGYPTE MOYENNE
9. PYRAMIDE DE CnÉOPS.
Chéops – le Souphis de Manéthon – le Choufou des Égyptiens.
iv° dynastie.
10. PYRAMIDE DE CuÉPHREN.
Chéphren le Képhren de Diodore le Chafré des Égyptiens.
me dynastie.
11. LE SPIIINX vu de FACE, taillé par ordre de Thotmès IV.
( xvm dynastie).
Nommé par les Arabes Abou-el-Houl (le père de l'épouvante).
Longueur totale, 39 mètres; contour de la tête au front, 27 mètres;
hauteur depuis le ventre jusqu'au sommet de la tète, 17 mètres.
HAUTE EGYPTE
12. NÉCROPOLE DE L'ANCIENNE Lycopolis à Syout.
Un grand nombre de momies de loups se rencontrent encore
dans les hypogées de la montagne dont les parois sont ornées des
plus anciennes représentations de l'art militaire en Egypte (de la
vi° à la xi° dynastie). On n'y retrouve aucune figure de cheval ou
de cavalier, ce qui tendrait à prouver que la cavalerie n'a été in-
troduite en Égypte qu'avec l'invasion des rois pasteurs (xii" dynastie).
13. Mosquée d'El-Arif et tombeau DE Mourad-Bey, à
Saouadj.
Mourad-Bey est mort de la peste, à Saouadj, le 21 mai 1801.
14. GIRGEH. Vue générale.
Ancienne capitale de la Haute Égypte, dévastée en partie par
les dernières inondations du Nil, dont le cours semble depuis quel-
ques années appuyer à l'ouest.
15. Girgeh, mosquée D'ALY-BEY.
16. GRAND TEMPLE DE DENDÉRAH(Tentyris). Vue géné-
rale.
Consacré à Hathor, et subsidiairement à Isis. Date de Cléopàtre
d'Auguste et de Tibère. Murailles en briques crues construites
par ordre de Méhémet-Ali pour retenir les décombres des habitations
coptes d'Arabes élevées successivement autour du Temple.
17. GRAND TEMPLE DE Dendérah(Tentybis). Hypèthre
construit sur la terrasse.
Ne contient que des cartouches vides. Parait dater des Antonins
et avoir été dédié à Hathor.
18. GRAND TEMPLE DE DENDÉRAH(Tentyris), iaçacî*
postérieure.
Ruines d'habitations en briques crues qui l'entourent.
19. GRAND TEMPLE DE DENDÉRAH(Tentyris), sculptures
de la façade postérieure.
Toth Ibiocéphale déterminant l'époque des Panégyries devant Isis
et un dieu qui, d'après la légende symbolicrue, doit être une forme
d'Hôrus.
20. GRAND TEMPLE DE DENDÉRAH(TENTYRIS), sculptures
de la façade postérieure.
21. VILLAGE DE Hamameii.
> 22. PALMIERS DOUMS(Crucifera Thebaïca) à Hamameh.
23. BOIS DE DATTIERS ET DE PALMIERS DOUMS, à Hama-
meh, près Dendérah dont Juvénal a dit (Sal. 15)
Tergœ fuga céleri, prxstantibus omnibus instant,
Qui vicina colunt nmbrosae Tentyra palmae.
THEBE8
24. Louqsor vue générale des ruines.
Pylones construits par Ramsès le Grand (Sésostris). Colonnade
du palais d'Aménophth III. Habitation dite maison de France.
25. Louqsor grande cotonnade du palais construit par
Aménophth IÏI consacré par la dédicace
« La vie, l'Hôrus puissant et modéré, régnant par la justice,l'organisateur de son pays, celui qui tient le monde en paix parce
que, dans sa force, il a châtié les barbares; le Roi (Dirbctech DE
EXPLICATION DES PLANCHES.
JUSTICE, BIEN-AIMÉ DU SOLEIL), (LE FILS DU SOLEIL AMÉNOPHTH), m0-
dérateur de la région pure (l'Égypte), a fait exécuter ces constructions
consacrées à son père Ammon, le dieu seigneur des trois zones de
l'univers, dans l'Oph du midi (portion orientale de Thèbes). Il les
a fait exécuter en pierres dures et bonnes, afin d'ériger un édiflce
durable; Voilà ce qu'a fait LE FILS DU SOLEIL Aménophth, chéri
d'Amson-Ra. »
/62/
GROUPE DE COLONNES DANS LE PALAIS.
Faisait partie d'une colonnade qui précédait le sanctuaire du
temple dédié à Ammon par Aménophth III, et reconstruit par
Alexandre le fils du conquérant. Cette colonnade fermée d'un mur
d'enceinte sert aujourd'hui de magasin à blés.
26*. Karnak, plan général des ruines (planche gravée).
27. Karnak, propylone du temple de Khons. Hauteur,
21 met. largeur, 12 met. 50 c.; hauteur de la
baie, 15 met.
Élevé par Ptolémée Évergète et Physcon; était précédé par un
dromos de béliers actuellement décapités ou détruits qui, se ratta-
chant à une avenue de sphinx, reliait le palais de Karnak à celui
de Louqsor. Les sculptures représentent Ptolémée Évergète et
Bérénice (sa femme-sœur) faisant des offrandes ;Vplusieurs divinités,
ainsi qu'à Ptolémée Philadelphe et à Arsinoé divinisés.
28. Karnak TEMPLE DE Kiions. l,
Nommé par la commission d'Egypte le grand temple du Sud. –
Commencé par Ramsos VIII (xx° dynastie) achevé par deux pontifes
souverains d'Amman, deux prêtres qui usurpèrent le pouvoir,
Péhor et Pionck (xxi0 dynastie.)
29. Karnak, portique du temple de Khons.
Entre-colonnement médial et porte du naos. Le cartouche signifie
L'AIMÉ d'Amson, Péhor, FILS d' Ammon.
30. PALAIS DE KARNAK, propylées du Sud. Temple de
Khons. Bassin des Purifications.
C'est dans cet étang que les prêtres égyptiens ont précipité les-
• ornements sacrés des temples de Karnak lors de l'invasion de Cam-
byse. (Tradition.)
31. PALAIS DE Karnak. Vue générale des ruines, prise
de l'est.
Prise des propylées de Taharaka.
32. PALAIS DE Karnak. Vue générale des ruines, prise
au nord.Salle hypostyle. Obélisques. Pylone.
33. PALAIS DE KARNAK, entrée méridionale de la salle
hypostyle.
Cette salle, formée de cent quarante colonnes, offre quatre fois la
superficie de Notre-Dame de Paris.
Au-dessus du dernier rang des colonnes des deux nefs latérales,
se remarquent les fenêtres, en pierres taillées en claires-voies, qui ser-
vaient à éclairer l'avenue médiale du Manoch (salle de l'assemblée.)
34. PALAIS DE Karnak, salle hypostyle prise à l'angle
nord-est.
35. PALAIS DE Karnak salle hypostyle prise au nord.
36. PALAIS DE Karnak, grands pylones du sud-ouest.
/'.
ny.PALAIS DE Karnak, cour des Bubastites et entrée
principale de la salle hypostyle.
La cour des Bubastites, commencée par les rois de la xxvie dynastie,
achevée par les Ptolémées, détruite par le tremblement de terre de
l'an 16 d'Auguste (an 27 avant J.-C.; 188» olympiade).
Eusèbe, en parlant de cê tremblement de terre, dit « Thebœ
JEgyptii usque ad solum diruta1 sunt. »(
La colonne demeurée debout porte sur son fùt les cartouches de
Teharaka (le Tehrak de la Bible), de Psammétique et de Ptolémée
Philopator.Élévation, 23 mètres diamètre, 2 mètres 92 cent.
Sur les chambranles de la porte, Ptolémée Physcon faisant des
offrandes à tontes les divinités adorées à Thèbes.
38. PALAIS de Karnak, pilierdevant le sanctuaire de
granit.
Tothmès 111 et Slatit (la mère des dieux).
Le cartouche est Toth-mès (ENGENDRÉ DE Toth).
Ces piliers, comme les colonnes de la cour des Bubastites, étaient
certainement votifs et surmontés d'images symboliques en bronze
émaillé. Plusieurs bas-reliefs de la salle hypostyle ne laissent
aucun doute à cet égard.
39. PALAIS DE KARNAK, pilier devant le sanctuaire de
granit.Tothmès III et la déesse Hathor (Vénus des Grecs). ).
Le cartouche est: Toth-mès (ENGENDRÉ DE Toth).
40. PALAIS DE KARNAK, sculptures extérieures du sanc-
tuaire de granit.
Ammon, accompagné de la déesse Mailt allaitant Klions assure
la couronne de l'Egypte supérieure sur la tète de Philippe Aridée.
Les cartouches sont: l'aimé d'Ammon, L'APPROUVÉ DE Piibè, Piilipos.
41. PALAIS DE Karnak, sculptures extérieures du sanc-
tuaire de granit.
Philippe Aridée conduisant la Bari de Malit (mère des dieux).
42. Palais DE Karnak, sculptures extérieures du sanc-
tuaire de granit.Sacre de Philippe Aridée par Toth et Ilor-flath.
Les cartouches sont l'aiméd' Ammon,
l'approuvé de Phrè, PiiLrros.
43. Palais DE Karnak, sanctuaire de granit et salle
hypostyle.Le sanctuaire de granit fut bâti trois fois sur le même em-
placement 1» par Osortasen, de la xnc dyiastie; – 2° par
Tothmès III; 3» par Philippe Aridée.
44. PALAIS DE Karnak, les obélisques.Le plus grand (30 mètres) fut dédié à Ammon-Ra, après la mort
de Tothmi's Ier (qui l'avait fait tailler), par la reine Amensé, au
nom du régent Aménemhé, son second mari. Le petit (22 mèt.), ),
fut élevé par Tothmès Ior; il porte en outre les légendes de Me-
nephta U et les cartouches de Ramsès IV.
45. PALAIS DE Karnak appartements privés du palais.
– Promenoir de Tothmès III.
A l'angle S.-E. existait la chambre des rois ou salle des ancêtres,
qui fut enlevée par M. Prisse d'Avennes et donnée par lui à la Bi-
bliothèque nationale.
45*. MÉDINET HABOU. Plan général des ruines. (plan-
che gravée).
46. Médinet HABOU. Vue générale des ruines.
Propylées des Antonins. Pylone des Ptolémées. Gynécée
de Ramsès-Méiamoun. Débris de la ville copte de Papa.
i 47. MÉDINET Habou, propylées du Thoutmoseum.
La construction remonte à Antonin le Pieux. Les cartouches
Signifient AUT0ClUT0R-KAESAU-TlTUS-.&LIUS-HADRIANCS-ANTONIM$.
La porte aperçue entre les deux colonnes est plus ancienne. Les
images qui la décorent sont Ptolémée Lathyre ET Ptolemèiï Auléte
FAISANT DES OFFRANDES AUX DIEUX DE TllÉBES ET d'HeIIMONTIS.
48. MÉDINET HABOU, façade orientale du gynécée de
Ramsès Méiamoun (xixc dynastie).
49. MÉDINET Habou façade septentrionale du gynécée
de Ramsès Méiamoun.
50. MÉDINET HABOU, péristyle du palais de Ramsès
Méiamoun.`
Ruines d'une église chrétienne dont quelques colonnes sont restées
debout – L'abside (exceptionnellement orientée au nord ) était placée
contre les murailles. Un touriste anglais, en la détruisant, a dé-
cou vert des sculptures qui représentent le sacre de Ramsès Méiamoun.
51. MÉDINET Habou, partie orientale du péristyle du
palais de Ramsès Méiamoun.
Des colosses osiriaques placés contre les piliers ont été détruits
par les chrétiens lorsqu'ils bâtirent une église dans l'enceinte mème
du palais.
Les cartouches sont SOLEIL directeur DE JUSTICE AIMÉ d'Ammon,RAMSÈS, modérateur DE LA TERRE DE Poux.
52. MÉDINET Habou galerie du palais de Ramsès Méia-
moun.
53. MÉDINET Habou ruines de la ville de Papa.
Bâtie en briques crues, par les chrétiens, autour du palais de
Médinet Habou; abandonnée à l'époque où les musulmans ont
conquis l'Egypte supérieure,
5a. Gournah les colosses.
Représentent tous deux Aménophth III (Aménophis des Grecs).
Actuellement isolés dans la plaine de Gournah, ils précédaient
autrefois les pylones de rAménophenm occidental de Thèbes,
Nommé par les Arabes El Sanamat (les idoles).
EXPLICATION DES PLANCHES.
55. Gournah statue de Memnon.
Colosse d'Aménophth III, connu sous le nom de statue de Memnon;
autrefois monolithe; brisé par un tremblement de terre; restauré
par Septime-Sévère.
Parmi les inscriptions grecques et latines qui affirment les sons
qu'il rendait au lever du soleil, et que M. Letronne a traduites et
commentées, on lit celle-ci sur la jambe gauche.
« Cambyse m'a brisée, moi, pierre taillée à l'image du Soleil-roi.
J'avais autrefois la douce voix de Memmon; mais Cambyse m'a
enlevé mes accents qui exprimaient la joie et la douleur. »
Hauteur de la statue, 13 mèt. 50 c.; avec le piédestal, 19 met. 80 c.
56. Gournah colosse monolithe d'Aménophth III.
En grés agathifère. Sur le socle, trace de l'inondation annuelle
du Nil.
57. Gournah sculpture du trône des colosses.
Hapi-mou, le Nil supérieur coiffé de papyrus, et le Nil inférieur
coiffé de lotus entourant le symbole de la puissance avec des tiges
de papyrus, emblème de la haute Egypte, et des tiges de lotus,
emblèmes de la basse Egypte.
Les cartouches sont Soleil, SEIGNEUR DE JUSTICE, Aménophth,
DIRECTEUR DE PUISSANCE.
La statue qui orne le devant du siège représente la reine Taia,
épouse d'Aménophth.
58. Gournau, tombeau d'Osymandias.
Vue générale du Ramcsseum occidental de Thèbes, pris par la
commission d'Egypte pour le Tombeao d'Osvmandias. – Reconnu
par Champollion le jeune pour le palais de Rams's'le Grand
(Sésostris). ).
Consacré par la dédicace Voici ce que dit Ammon-Ra, roi des
dieux, et qui réside dans le Ramesseum de Thèbes Mon fils bien
aimé et de mon germe, seigneur du monde, Kamsès mon cœur se
réjouit en contemplant tes bonnes œuvres tu m'as voué cet édifice
je te fais don d'une vie pure a passer sur le trône de Sev (Saturne).
59. Gournah, péristyle du tombeau d'Osymandias
(Ramesseum occidental).
Les statues Osiriaqnes décapitées sont celles de Hamsès le Grand
(Sésostris). Le colosse tombé est celui de Ramsès; il fut renversé
par les Perses.
60. Gournah nécropole de Thèbes.
Tombeau des castes sacerdotales et militaires.
Nécropole nommée Memmonia par les Égyptiens, d'où les Grecs
ont fait Memmon; appellation qu'ils ont donnée aux colosses d'Ame-
nophth.
61. GouRNAn, palais de Ménephta Ier.
Palais construit par Ménephta 1er; environné d'une enceinte ornée
de propylons par son fils Ramsès le Grand (Sésostris); consacré par
la légende dédicatoire
L'aroéris puissant, ami de la vérité, seigneur de la région
inférieure, le régulateur de l'Egypte, celui qui a frappé les nations
étrangères, l'épervier d'or soutien des armées, le plus grand des
vainqueurs, le roi (SOLEIL DIRECTEUR DE LA VÉRITÉ, APPROUVÉ DE
PHRÈ. LE FILS DU SOLEIL, l'aimé d'Amsox IUmsés) a exécuté
des travaux en l'honneur de son père Ammon-Ra, le roi des dieux,
et embelli le palais de son père (LE ROI-SOLEIL, stariliteto DE
JUSTICE,LE FILS DU soleil Menephta
Borei) (Griffon). Voici qu'il
a fait élever. les propylons du palais. et qu'il l'a entouré
de murailles de briques construites à toujours; c'est ce qu'a exécuté
LE fils DU SOLEIL,l'aimé d'Ammon Ramsès.
HAUTE EGYPTE
62. TOMBEAU DE SIDI-ABDALLAH-EL-MARABOUT, à Erment.
63. TEMPLE d'Hermontis, à Erment.
Construit par Cléopâtre en commémoration de la naissance de
Ptolémée Césarion, fils de Jules César. Toutes les dédicaces sont
faites au nom de Ptolémée Césarion et de Cléopâtre.
64. VUE GÉNÉRALE D'EsNEH.
Vue de la ville, de la mosquée d'Esneh (Latopolis) et des restes
des quais construits par les Romains.
65. TEMPLE d'Ombos.
Temple de Koùm-Ombou (ancienne Ombos). – Construit par les
Ptolémée Épiphane, Philométor et Évergète II. Dédié aux deux
triades
SEVEE-BA – 1IATBOB – KONS-HOR
AROERI TSOJIÉNOFRÉ PNEVTHO
66. ENTRÉE DE LA première CATARACTE.
Vue prise au S.-E. d'Assouan.
67. SORTIE DE LA PREMIÈRE CATARACTE.
Limite de l'Égypte et de la Nubie.
NUBIE
67*. Philoe,, plan général des Ruines (planche gravée).
68. Philoe, vue prise de l'île de Beghé, à l'ouest.
Temple hypèthre. Dromos du grand temple d'tsis. Premiers
pylônes du grand temple d'Isis. Seconds pylones du grand
temple d'Isis. Colonnade extérieure du petit Mammisi d'Isis.
69. Philoe vue prise à l'angle sud-ouest.
Les quais. ( Une inscription indique qu'ils ont été restaurés sous
Justin) (vi« siècle). – Obélisque placé à l'entrée d'un temple
hypèthre dédié par Nectanèbe, Pylones du grand temple d'tsis.
1 70. Philoe TEMPLE hypèthre.
Clétait un Mammisi ou Typhonium, à en juger par la hauteur des
dés qui surmontent les colonnes et qui devaient porter la figure de
1 Typhon. L'édifice, resté inachevé, ne contient que d'insignifiantes
sculptures, où se retrouve le cartouche du fondateur nerva-trajan-
sebastos.
Les Arabes le nomment Sirir-Faraoun, le châlit ou baldaquin
de Pharaon.
71. PntLOE.
Porte et ruines d'une caserne romaine, construite sans doute par
Dioclétien, qui fortifia l'Ile lorsque la Nubie fut cédée aux Blemmyes
(Bicharis).
72. GRAND TEMPLE d'Isis, a Philoe, dromos et pylones.
Colonnade orientale du dromos. – Entrée de la chapelle d'Escu-
lape (Imoutph, fils de Phta et d'Hathor), dédiée par Ptolémée
Épiphane. Pylones (Ptolémée Philométor offrant des prisonniers
à Isis et à Hôrus). – La porte enclavée entre les pyloues date du
roi Nectanèbe 1er.
73. GRAND TEMPLE d'Isis, A Philoe, galerie orientale.
Elle réunit les premiers pylones aux seconds.
Construite par Ptolémée Philométor, quoique l'inscription de la
frise mentionne Ptolémée Évergète. H.
74. GRAND TEMPLE d'Isis, A Philoe, second pylône.
Ptolémée Évergète H consacrant le temple à Hôrus et a Isis.
Les cartouches signifient DIEU RESPLENDISSANTSUBSTANCE DE Phta,
APPROUVÉ d'Osiris, Ptolémaios VIVANT A TOUJOURS aimé, DE Phta.
75. GRAND temple d'Isis, a Philoe, proscynéma (acte
d'adoration ).
Entaillé dans un rochsr de granit rouge sur lequel le second
pylone est construit. L'inscription date de la vingt-quatrième année
du règne de Ptolémée Évergète II.
76. GRAND TEMPLE DISIS, A Philoe, inscription démo-
tique.
77. GRAND TEMPLE d' Isis inscription démotique.
78. GRAND TEMPLE d'Isis, A Philoe, muraille occiden-
tale.
Auguste faisant offrande d'un petit naos à Osiris et à Isis.
Les cartouches sont Altociutor Kaisar, VIVANT Atoujours,
AIME
de Phta ET d'Isis.
Martelé par les premiers chrétiens.
79. GRAND TEMPLE d'Isis, A PniLŒ, Toth Ibiocéphale
(dieu des Lettres).
La légende est Totii, DIEU DES LETTRES, SEIGNEUR DE LA TERRE
de (Signe inexpliqué. )
80. GRAND temple D'ISIS, A Philoe vue générale prise
du nord.Les ruines qui entourent le temple sont en briques crues.
81. VILLAGE ET TEMPLE DE L'ILE DE Béghé, à l'ouest de
Philœ. 1
Temple dédié à Chnouphis et à Hathor, seigneur et dame de
Snem, par Ptolémée Philométor, sur les ruines d'un premier temple
élevé par Aménophth II. – La porte cintrée est l'œuvre des premiers
chrétiens. Sous le nom de Snem, Béghé fut longtemps île sacrée
avant l'Ile de Philœ
EXPLICATION DES PLANCHES.
82. Rive ORIENTALE DU NIL(VILLAGE
deBAB),
vue prise
au sud de Philœ.
Restes de fortifications datant du Bas-Empire.
83. MOSQUÉE DE BELLAL, au village de Bab.
Le Nubien Bellal, esclave et ensuite affranchi (le Mahomet, fut le
premier muezzin du prophète. Selon la tradition, il aurait con-
struit cette mosquée en une nuit, afin, par ce miracle, de convertir
ses compatriotes à l'islamisme.
84. RIVE SEPTENTRIONALE Du NIL (village D'ABOU-
Kholi),vue prise au nord de Philœ.
Village d'Alion-Kholi. Carrières de Pliilœ; rochers nommas
par les Arabes Koursi- Faracun (siège de Pharaon.)
85. TEhiPLE ET VILLAGE DE Dê"bôd parembole de l'iti-
néraire d'Antonin.
Propylones sans sculpture et sans inscriptions.
86. TEMPLE DE De"bôd, parembole de l'itinéraire d'An-
tonin.
Temple commencé par Ataramoun, roi éthiopien, contemporain
de Ptolémée Philadelphe. Achevé par Auguste et Tilière. –
Dédié a Ammon-Ra (seigneur de Téhftt), à Hathor, etsubsidiaire-
meut à Osiris et à Isis.
87. Temple DE Kardassy.
Aucune légende hiéroglyphique. Par son style appartientaux derniers temps de la domination romaine. D'après ses cha-
piteaux aurait été dédié à Hathor.
88. TEMPLE DE Tafaii (ancienne Taphis).Ancune légende hiéroglyphique. Incontestablement romain.
89. Kalabcdeii, vue générale du temple de Kalabcheh
(Talmis).
Sur les ruines du temple hati par Aménophth Il, Ptolémée Aulète
construisit un nouveau temple qui fut terminé sous Auguste,
C. CaligulaetTarjan.
Il a été dédié sous Auguste par l'inscription Le seigneur de
l'Egypte, l'empereur, enfant du Soleil, le seigneur du diadème,
César vivant à toujours, chéri de Phta et d'Isis, a érigé des monu-
ments en l'honneur de sa mère Isis et a fondé ce beau temple.
90. Kalabcheh porte du pronaos.
Inscription de Silco, roi des Nonbntes et de tous les Éthiopiens,
constatant ses victoires sur les filpmmyes (Bicharis actuels).°
Malouli, fils d'UAnis et d'Isis, était le seigneur de Talmis et le
dieu principal du temple.
91. KALABCHEII, sculptures de la façade postérieure du
temple.
Ptolémée Césarion, fils de Cléopatre et de Jules César.
92. Kalabciieii, sculptures de la façade postérieure du
temple.
Isis et Hôrus-Arsiési.
93. Temple DE DANDOUR (ancienne TANTOUR), dédié à
la triade Osiris-Isis-Hôrus.
Sculpture de l'époque d'Auguste, par lequel le temple parait avoir
été fondé.
94. TEMPLE DE Dakkeii(ancienne Pselsis).
Dédié à Toth, deux fois grand, seigneur de Pselk, et à Tafné,fille de Phrè, par Ergamène ou Ergamon, roi éthiopien, qui, selon
Diodore de Sicile (1. m, § 5 et 6), vivait sous le règne de Ptolémée Il
(Philadelphe ).
95. TEMPLE DE DAKKEII, naos.
96. Temple DE Maharakkaii(Hier a Sycaminos DES
Grecs).
Sans sculptures. Date des derniers temps de l'époque romaine.
Une inscription grecque placée sur une colonne annonce que le
temple est dédié à Isis et à Sérapis.
A servi d'église aux Coptes, qui peignirent sur les murs une Ten-
tation de saint Antoine dont il reste trace. Ruines d'un escalier
en colimaçon, seul exemple dans les mor.nments anciens de l'Egypte.
97. Hémispéos DE Secoua, dromos.
Le dromos était composé de seize sphinx, huit sur chaque ligne,
d'où le nom arabe de Séboua ( lions). Deux colosses de Ramsès
le Grand adossés à des stèles. 3"> 50 de hauteur.
98. Hémispéos de Séboua pylones.
Dédié à Ammon-Ba par Ramsès le Grand. En partie comblé
par les sables. i
99. TEMPLE d'Amada.
Commencé par Tothmès 111, continué par Aménophth Il, terminé
par Tothmès IV. Un des piliers intérieurs porte la dédicace Le
Dieu bienfaisant, seigneur du monde, le roi, soleil stabiliteur de
l'univers, le fils du Soleil, Tothmès, modérateur de justice,, fait
des dévotions à son père le dieu Phrè, le dieu des deux montagnes
célestes, et lui a élevé ce temple en pierres dures; il l'a fait pourêtre vivifié a toujours.
Sur la Terrasse, ruine d'une coupole copte, qui couronnait l'église
élevée dans l'intérieur du Temple.
100. Forteresse d'Ibrym (ancienne Promis),vue prise
au sud.
Forteresse construite avec les débris d'un temple égyptien sur
lequel on lit encore le cartouche du roi éthiopien Tehraka. Dans
l'enceinte, petit temple dénué de sculptures. Ce fut la forteresse`
la plus éloignée (en Nubie) des Romains et aussi de sultan Sélim.
Ce dernier y mit une garnison de Bosniaques, ce qui explique la
race de Nubiens ayant les yeux bleus qui habite les villages voisins.
101. IBSAMBOUL LES DEUX Sl'ÉOS.
Ibsamboul est le nom consacré par Champollion. Abou-Sembil
(le père de l'Épi de blé') est le nom arabe. Aboccis est le nom
grec. Abochek est le nom égyptien ancien. Le grand spéos est
presque enfoui par l'écoulement des sables.
1 02. Ibsamboul vue générale du grand spéos de Phrè.
103. IBSAMBOUL, colosse oriental du grand spéos de
Phrè.
Portrait de Ramsès le Grand. (Sésostris.)
Les cartouches sont, au bracelet SOLEIL DIRECTEURDE JUSTICE,
APPROUVÉ DU SOLEIL. Entre les jambes FILS DU SOLEIL, l'aimé
d'Ammon RAMSÉS,
Circonférence de la tète au-dessus de l'uraeus. 7 met., 30 cent.;
largeur de la tète, d'une oreille à l'autre, 4 met., 40 cent.; hauteur
de la tète, y compris le pchent, 5 met., 65 cent.; hauteur du pchent,
3 met., 60 cent.; hauteur de l'ura'us, 1 mèt., 20 cent.; largeur de
l'uraeus, 1 mèt., 05 cent.; longueur des bandelettes, 5 met., 90 cent.;
largeur des bandelettes :V hauteur d-j menton 1 met., 35 cent.;
largeur à son extrémité, 70 cent.; hauteur du visage, 2 mot., 8 cent.;
arc des sourcils, 1 met., 15 cent.; fente des yeux (longueur), 70 cent.;
largeur dos yeux, 25 cent.; longueur du nez, i met., 20 cent.
lirgeur du nez à la hauteur des glandrs lacrymales, 75 cent.; lar-
geur aux narines, 1 met., 05 cent.; ouverture des narines, 20 cent.;
longueur de la bouche, 90 cent.; hauteur de la bouche, 35 cent.;
hauteur des oreilles, 90 cent.; largeur des oreilles, 65 cent.; hauteur
de la barbe, 1 mèt., 60 cent.; tour de la barbe, 2 met., 15 cent.;
largeur de la poitrine, 5 met., 40 cent.; longueur de l'avant-bras,
4 mèt., 55 cent.; longueur des mains, 2 mèt., 45 cent.; largeur des
mains, 1 met., 80 cent.; largeur aux genoux, 14 mèt., 45 cent.;
longueur des bras du trône, 5 mèt., 60 cent.;
104. IBSAMBOUL, colosse oriental du spéos de Phrè, vu
de profil.
Statue-portrait de Itamsès le Grand ( Sésostris des Grecs ).
105. Ibsamboul, sculptures de l'entrée du spéos de Phrè.
Ramsès le Grand (Sésostris) en costume de guerre, fait au dieu
Phrè offrande de la double image de 'la Justice et de la Vérité.
La statue de Phrè a six mètres de hauteur.
Les cartouches sont SOLEIL DIRECTEUR DE JUSTICE, APPROUVÉ DU
SOLEIL, FILS DU SOLEIL, l'aimé d'Ammon Hamsés.
106. IBSAMBOUL, colosse médial (enfoui) du spéos de
Phrè.
Portrait de Ramsès (Sésostris).
Les cartouches Signifient SOLEIL DIRECTEURDE justice, APPROITVÉ
DU SOLEIL, FILS DU SOLEIL, l'aimé d'Ammon Ramsès.
107. Ibsamboul, colosse occidental du spéos de Phrè.
Portrait de Ramsès (Sésostris) presque entièrement enfoui par les
sables. Blanchi par les essais de moulage d'un touriste anglais.
108. Ibsamboul, partie septentrionale du spéos d'Hathor.
Statue colossale de la reine Nofrè-Ari, coiffée du diadème d'Hathor,
placée entre deux statues de Ramsès (Sésostris), l'nne coiffée du
pschent et l'autre des plumes d'Ammon.
Les cartouches sont Pour Ramsès: SOLEIL directeur DE JUSTICE
ET DE VÉ3ITÉ, APPROUVÉ DU SOLEIL, L'AIMÉ D'AmMOS RAMSÊS.
Pour Nofrè-Ari Nofhè-Am, Aimée DE Maut.
109. IBSAMBOUL, entrée du spéos d'Hathor.
Creusé par ordre de Nofrè-Ari, femme de Ramsès (Sésostris).
Les cartouches sont SOLEIL directeur DE JUSTICE ET DE vêiiitk,
APPROUVÉ Dl! Soilill., i/aIHÉ Ii'AmMON RaMSKS.
EXPLICATION DES PLANCHES.
IMHIS. – IMI'IIMIK l'Ail 1 'CtMK t.T C«', ttlE SAIM BKKIlh', 7.
110. lusAMisouL, partie méridionale du spéos d'Hathor.
Statue colossale de la reine Nofrè-Ari, coiffée du diadème d'Hathor,
placée entre deux statues do Iiarasès (Sésostris) coiffées du pschent.
Les cartouches sont, pour Ramsès Soleil dimctei'ii DE justice
Kl DE VICIIIK, APPROUVÉ 1)1!SOLEIL,
L'AIMÉ D'AmJION IUMSÈS.
Pour Nofrè-Ari NoFnÈ-Am, aimée DE Maut.
111. VlE CAVALIÈRE DE LA SECOADE CATARACTE.
Nommée par les Arabes Batu-el-Hagar (le Ventre de Pierre).
112. SkcOi\dë cataracte, Djebel-Aboucir.
Limites de la Nubie inférieure et de la Nubie supérieure.
PALESTINE
Ilo..Jérusalem, partie occidentale des murailles.
liàties, en 1534, par le sultan Suleyman II. – Le château, sur-
monté d'un minaret, est nommé par les Turcs Daond-Kalessy
(Château de David).
ll/i. Jérusalem, quartier occidental.
Vue de la partie occidentale de Jérusalem et de la mosquée
d'El-Melouich.
115. Jérusalem, arcades inférieures de l'église du Saint-
Sépulcre.
Les portes en sont toujours fermées leur clef est déposée entre
les mains du pacha gouverneur de Jérusalem, qui est tenu de les
faire ouvrir à première réclamation et snr une rétribution forcée de
soixante paras.
lt(). Jérusalem, quartier occidental. 1.
Vue de la partie orientale de Jérusalem et de la piscine de la Pro-
hiition.
117. Jérusalem, mosquée d'Omar.
Construite sur l'emplacement dn temple de Saloinon par le
khalife Omar après la prise de Jérusalem par tes Musulmans
(638 de J.-C; 16 de l'hégire). Vouée au culte catholique par ordre
tle flndd'roy do Bouillon (1099). Rendue au culte musulman par
Saladiii ( S«l,il)pddin Jonssmif-hcn-Yacnnl) ) (1187 de J.-C; 583 de
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l, 118. Jérusalem, porte dorée (Bab-el-Daharieh).
C'est par cette porte que Jésus-Christ 'fit son entrée le jour des
Rameaux. Elle est murée; car selon la légende musulmane, c'est
par elle qu'un vendredi, pendant la prière du midi, les chrétiens
doivent reprendre la ville sainte. Une légende analogue so re-
trouve à Constantinople, Bagdad et Damas ces trois villes ont aussi
leur porte d'Or murée. Cette partie des murailles remonte tra-
ditionnellement à Salomon.
SYRIE
119. Baalbeck (IlÉuopoLis), intérieur de l'enceinte des
temples du Soleil et de Jupiter.
Leur constructiondate des Antonins.
120. Baalbeck. (Réuopolis), hémicycle de l'enceinte
des temples du Soleil et de Jupiter.
121. Baalbeck (HÉLIOPOLIS), colonnade du temple du
Soleil.
Hauteur des colonnes, 12 mèt., 34 cent.; circonférence, 7 met..
04 cent.; hauteur avec l'entablement, 23 met., 06 cent.
122. Baalbeck (HiÎLioi'OLrs), TEMPLE DE Jupiter.
Vue prise à l'angle sud-est.
123. Baalbeck (Héliopolis), TEMPLE DE Jupiter.
Façade orientale.
124. Baalbeck(Héliopolis),
temple de Jupiter.
Façade occidentale.
) 125. Temple DE Jupiter a Baalbeck (Héliopolis), inté-
rieur du Naos.