Égypte, nubie,palestine et syrie :dessins photogra

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Égypte, Nubie, Palestine et Syrie : dessins photographiques recueillis pendant les années 1849, 1850 et 1851 / [...] Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France

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Égypte, Nubie, Palestine et Syrie : dessins photographiques recueillis pendant les années 1849, 1850 et 1851 /phiques

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Égypte, Nubie,Palestine et Syrie :

dessinsphotographiques

recueillis pendant lesannées 1849, 1850 et

1851 / [...]

Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France

Égypte, Nubie, Palestine et Syrie : dessins photographiques recueillis pendant les années 1849, 1850 et 1851 / accompagnés d'un texte explicatif et précédés d'une introduction

par Maxime Du Camp chargé d'une mission archéologique en Orient par le Ministère de l'Instruction publique. 1852.

1/ Les contenus accessibles sur le site Gallica sont pour la plupart des reproductions numériques d'oeuvres tombées dans le domaine public provenant des collections de laBnF.Leur réutilisation s'inscrit dans le cadre de la loi n°78-753 du 17 juillet 1978 :  *La réutilisation non commerciale de ces contenus est libre et gratuite dans le respect de la législation en vigueur et notamment du maintien de la mention de source.  *La réutilisation commerciale de ces contenus est payante et fait l'objet d'une licence. Est entendue par réutilisation commerciale la revente de contenus sous forme de produitsélaborés ou de fourniture de service. Cliquer ici pour accéder aux tarifs et à la licence 2/ Les contenus de Gallica sont la propriété de la BnF au sens de l'article L.2112-1 du code général de la propriété des personnes publiques. 3/ Quelques contenus sont soumis à un régime de réutilisation particulier. Il s'agit :  *des reproductions de documents protégés par un droit d'auteur appartenant à un tiers. Ces documents ne peuvent être réutilisés, sauf dans le cadre de la copie privée, sansl'autorisation préalable du titulaire des droits.  *des reproductions de documents conservés dans les bibliothèques ou autres institutions partenaires. Ceux-ci sont signalés par la mention Source gallica.BnF.fr / Bibliothèquemunicipale de ... (ou autre partenaire). L'utilisateur est invité à s'informer auprès de ces bibliothèques de leurs conditions de réutilisation. 4/ Gallica constitue une base de données, dont la BnF est le producteur, protégée au sens des articles L341-1 et suivants du code de la propriété intellectuelle. 5/ Les présentes conditions d'utilisation des contenus de Gallica sont régies par la loi française. En cas de réutilisation prévue dans un autre pays, il appartient à chaque utilisateurde vérifier la conformité de son projet avec le droit de ce pays. 6/ L'utilisateur s'engage à respecter les présentes conditions d'utilisation ainsi que la législation en vigueur, notamment en matière de propriété intellectuelle. En cas de nonrespect de ces dispositions, il est notamment passible d'une amende prévue par la loi du 17 juillet 1978. 7/ Pour obtenir un document de Gallica en haute définition, contacter [email protected].

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i

PALESTINE ET SYRIE

RECUEILLISPENDANTLES ANNÉES1849, 1850 ET 1851

ETACCOMPAGNÉSD'UNTEXTEEXPLICATIF

PAU

MAXIME DU CàMPCHASOÉD'UNEM1SSIOMARC1IÉ0WO10DEENURIENTPARUiMINIStÊREDEl'iNSTRUCTIOXP1IBI.101K

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>> <: <.•-'

PROSPEC TUS-l:: L^T^1^- :O

L'ouvrage que nous annonçons a le doubje intérêt d'une publication archéologique et daguer-

rienne, pittoresque et savante. Malgré leur intelligence et leur habileté manuelle, les graveurs et

les lithographes ont été impuissants jusqu'ici à reproduire les monuments avec une exacte fidé-

lité. Le daguerréotype seul réussit à les traduire dans leurs plus minces détails, tout en conser-

vant l'aspect général de l'ensemble. Il saisit la nature morte avec une passiveté scrupuleuse,

tandis que l'artiste peut égarer son observation et déranger le vrai en y substituant sa volonté

ou ses effets substitution qui a le danger grave d'altérer les textes et d'égarer les dis-

cussions.

Nous n'insisterons pas sur l'attrait qu'offrent les voyages si curieux que M. Maxime Du Camp

a accomplis entièrement à ses frais, après s'être chargé d'une mission du Ministère de l'Instruc-

tion publique. Les pays qu'il a parcourus ont élé le berceau même des civilisations et des reli-

gions. Moïse, Sésostris, Alexandre, Pompée, César, Jésus-Christ, Mahomet, Lusignan, Napo-léon et Chateaubriand les ont tour à tour fécondés par le, glaive où par, la parole et les ont

immortalisés de leurs glorieux noms. L'histoire s'y élève à ta hauteur de l'idéal. Énigmatiques

pays plongeant dans le. passé et regardant l'avenir, où le Coran se heurte à 1'Évangile, où la

légende arabe se perd dans les mystères d'Isis. C'est, à proprement parler, la clé de ii'Orien

et du monde intellectuel. Parcourir cet ouvrage, c'est repasser de l'œil l'histoire même de

l'humanité. 3. 3p,"

J'humanité." r~i[~Ç;f .g'.,p.

Nous offrons cette publication comme un véritable monument d'art et de philosophie, une

reconstitution du passé le plus attachant.`

Les 125 planches, choisies avec un soin exquis une conscience particulière, sont, nous

l'osons dire, irréprochables au point de vue de l'exécution. Toute planche imparfaite a été éli-

minée pour faire de ce volume une œuvre unique, rare, achevée aucun sacri6ce ne nous a

coûté pour atteindre ce but.

Afin de rompre la monotonie que pourrait présenter une' série continue de monuments, tem-

ples, palais, portiques, bas-reliefs, hypogées, nécropoles, pyramides, obélisques, statues, pan-

neaux d'hiéroglyphes, cartouches, etc., et varier l'aspect trop architectural de l'ensemble, nous

avons donné quelques paysages, quelques sites intéressants, caractéristiques et curieux, voulant

mêler la nature aux monuments et relier le présent an passé pour là clarté et la succession de

l'ouvrage.- ,t ''' ^nr • •'• -: • :i: :.> '

La modicité du prix nous a surtout préoccupés. Désireux de mettre une pareille publication à

la portée de toutes les curiosités, nous nous sommes adressés à M. Blanquard- Evrard, dont les

nouveaux et remarquables procédés permettent d'obtenir pour chaque dessin des épreuves peu

coûteuses.

Un texte explicatif, rédigé par M. Maxime Du Camp, sera annexé à chaque planche.

Ni efforts, ni soins, ni peines, ni dépenses n'ont été épargnés, et nous avons la confiance

d'offrir au public un ouvrage complet d'exécution sous tous les rapports et jusqu'à présent sans

exemple. •

Cette pùblication comprendra 25 Livraisons de 5 planches chacune, qui paraîtront

régulièrement chaque semaine elle sera entièrement terminée au mois d'octobre 1852.

PRIX DE LA LIVRAISON 20 FRANCS.`

Les Planches pourront ^tre achetées séparément au prix de 5 fr.

ON SOUSCRIT A PARIS

CHEZ«

GIDE ET J. BAUDRY, ÉDITEURS

5, RUE DES PETITS-ACGVST1NS

TABLE DES PLANCHES

LE KAIRE.

1 VUE GÉNÉRALE prise à l'Ouest.

2 Moscuée mis DE Bab-el-Saïda et partie méridio-

nale des murailles du Kaire.

3 Maison et jardin DANS LE quartier Fiunk.

4 MOSQUÉE do khaiife Haakem.

Ci Mosquée DE Sultan-Haçan.

0 MOSQUÉE ET TOMBEAU DES Ayoubites (Valléedes

Tombeaux).

7Id. Id. DE Sultan -Kansou- el -Goury

( Vallée des Tombeaux ).

8 Tombeau DE SULTANSMamelouks (Vallée des Tom-

beaux).

EGYPTE MOYENNE.

9 GRANDE PYRAMIDE DE Ciiéofs.

10 DE Chéphren.

1 LE Sphinx.

HAUTE ÉGYPTE.

12 NÉCROPOLE DE Lycopolis, àSyout.

13 Mosquée d'El-Arif ET TOMBEAU DE Mourad-Bey, à

Saouadj.

14 VlTÎ GÉNÉRALE DE GlRGEIt.

15 5 MosquéeD'ALI-BEY, à Girgeh.

16 Grand temple de DENDERAH. – Vue générale.

17 Hypèthre construit sur la ter-

rasse.

18 Façade postérieure.

19 –Sculptures de la façade posté-

rieure.

20 Id. Id.

-21 Village DE Hamameh.

22 Boi'ÇCBT DE PALMIERS DOUMS.

23 Bois DE dattiers ET »f. PALMiERS doums.

THÈBES.

21 LoiQsoR. Vue générale des ruines.

23 Grande colonnade du palais d'Amé-

nophtlll.

26 Groupe de colonnes dans le palais

d'Aménopht III.

26* Karnak. Plan général des ruines (pi. gravée).

27 Propylone du temple de Khons.

28 TempledeKhons(GrandTempleduSud).

29 Portique du temple de Khons, entre-colonnetnent médial et porte du naos.

30 PALAIS de Karnak. Vue des propylées du Sud.

31 – Vue générale des ruinés, prise à l'Est.

32 – Vue générale des ruines, prise au Nord;salle hypostyle, obélisques, pylone.

33 Entrée méridionale de la salle hypostyle,

34 – Salle hypostyle (angle N.-E.).

35 – Id. id. prise au Nord. ]'

36 Grand pylone du S.-O. `` `

37 Cour des Bubastites et entrée principalede la salle hypostyle.

38 – Pilierplacédevantlesanctuairedegranit.

39 – Id. id. id.40 –

Sculptures extérieures du sanctuaire de

granit.

41 – Id. id. id.

42 – Id. id. id.

43 – Sanctuaire de granit et salle hypostyle:v°

44 – Les Obélisques.

45 – Promenoir de Thôtmès III.

45* Médinet-Habou. Plan général des ruines (planche

gravée.

.46 – Vue générale des ruines.

47 Propylées du Thoutmoseum.

48 Façade orientale du gynécée de Ramsès-Méiamoun.

49 Façade septentrionale id. id.

50 Péristyle du palais de Ramsès-Méiamoun.

51 – Partie orientale du péristyle du palais.

52 – Galeries du palais.L.-

53 Ruines de la ville de Papa.

54 Gournah. Les Colosses.

55 Statue de Memnon.

56 Colosse monolithe d'Aménopht III.

57 Sculptures du trône des colosses.

58 Tombeau d'Osymandias ( Ramesseumoccidental de Thèbes).

59 Péristyle du tombeau d'Osymandias.

60 – Nécropole de Thèbes.

61 Palais de Ménephta Ier.

SUITE DE LA TABLE DES PLANCHES.

PARIS. – UIPhIMfc l'Ail J. CIA VI! ET C, RUE StIKT-BFSOÎT 7.

HAUTE EGYPTE.

6*2 Tombeau DECidi-Abdallah-el-Marabout,

à Erment.

63 TEMPLE d'Hermontis, à Erment.

64 VUE GÉNÉRALE d'Esneii(Latopolis).

6a Temple d'Osibos ( Koùm-Ombou ).

t*6 ENTRÉE DE LA première CATARACTE. Vue prise au

S.-E. d'Açouan.

67 Sortie de LA première CATARACTE. Limites de

l'Egypte et de la Nubie.

•;s; nubje.''

?

67* Philoe. Plan général des ruines (planche gravée).

68 – Vue générale des monuments, prise à

l'Ouest.. . .. ••;

69 – Id. id. sprise a69

TangleS.-O. S.-0..prise à

70 –Temple hypèthre.

71 – Ruines d'une fortification romaine.

72 GRANDTEMPLEd'Isis A Philoe. Dromos et pylônes.73 Galerie orientale.

74 – Second pylône.

75 – Proscynéma (acte d'adoration).

76 –Inscription démotique.

77 – Id.. id.

78 – Muraille occidentale, sculptures.

79 Tôth ibiocéphale (dieu des Lettres).

80 – Vue générale du temple et des ruines quil'entourent.

81 VILLAGE ET TEMPLE DE l'île DE Bêche.

82 Rive orientale DU NIL (village de Bab et restes de

fortifications du Bas-Empire).

83 Mosquée DE BELLAL.

81 RIVE SEPTENTRIONALE DU NIL (village d'Habou-Koli).

85 TEMPLE et village de Déboud (ancienneParembole).

86 – deDéboûd. s •

87-– • de Kardassy (ancienne Korta).

88 – de Tafah (ancienne Taphis).

89 KALABSCIIEH. Vue générale du temple de Kalab-

schech (ancienne Tairais). 1

90 Porte du pronaos.

91 –Sculpture représentant Ptolémée-Csesa-

non. ,.

92 –Sculpture représentant Isis et Horus-

Arsiési.

93 Tesiple DE Dandocr (ancienne Tantour).

91 TENpLE DE DAKKEH(anciennePse)cis).Vuegénéra)e.

93 TEMPLE de Dakkeh. Naos.

96 Temple DE Mahaiukkah (ancienne Hiera-Sycami-

nos).

97 Hehi-spéos de Skboul. Dromos.

98 –Pylônes.

99 TEMPLE d'Ahada.

100 Forteresse d'Ibuym (ancienne Premnis).

101 Ibsamboul. Les deux spéos.

102 – Vue générale du spéos de Phrè.

103 – Colosse oriental du spéos de Phrè, vude face.

104 Colosse oriental du spéos de Phrè, vu

de profil.

105 Sculptures de l'entrée du spéos de Phrè.

106 Colosse médial du spéos de Phrè.

107 Colosse occidental du spéos de Phrè.

108 Partie septentrionale du spéosd'Hathor.

109 – Entrée du spéos d'Hathor.

110 – Partie méridionale du spéos d'Hathor.

111 Vl'E CAVALIERE DE LA SECONDE CATARACTE.

112 SECONDE Cataracte. Dgebel-Aboucir, limite de lit

Nubie Inférieure et de la Nubie Supérieure.

PALESTINE.

113 Jérusalem. Partie occidentale des murailles et

château de David.

H4 – Quartier occidental et mosquée d'EI-

Melouieh.

115 – Arcades inférieures de l'église du Saint-

Sépulcre.

116 –Quartier oriental et piscine de la Pro-

bation.

1177 Mosquée d'Omar.

118 – Porte dorée.

SYRIE.

119 BAALBECK. Intérieur de l'enceinte des temples du

Soleil et de Jupiter.

120, –Hémicycle de l'enceinte des temples du

Soleil et de Jupiter.

121 – Grande colonnade du temple du Soleil.

122 Temple DE JUPITER, A BAALBECK. Vue prise il

l'angle S.-E.

123 – Façade orientale.

124 – Façade occidentale.

125 Intérieur du naos.

EGYPTE

NUBIE

J'

.NcUBIE

PALESTINE ET SYRIE.

PARIS

IMPRIMÉ PAR J. CLAYE ETC

11 US SAINT-IIENOlT, 7

EGYPTE

~Wu)L!~

PALESTINE ET SYRIE

DESSINS PHOTOGRAPHIQUES

RECUEILLIS

PIIIAHT LES ANNÉES1849, 1850 BT 18S!

ACCOMPAGNÉS s

D'UN TEXTE EXPLICATIF ET PRÉCÉDÉS D'UNE INTRODUCTION

PAR

MAXIME DU CAMP

CI1ARO i: D'UNE MISSION AHOIMiOl.Or.lQUK EN ORIENT l'AR LE MINISTÈRE I)K L'INSTRUCTION PUBI.IQUK

PARIS'

GIDE ET J. BAUDRY, ÉDITEURS«ES CATACOMIIES DE ÎIOMU NINIVE – VOYAGE EN PEHSE – CULTES DE MITHRA ET DE VÉNUS, ETC.,

ETC.

5 RUE BONAPARTE, ANCIENNE RIIE DES PETITS-AUGUSTINS

1852

A

LOUISDECORMENIN

Salve, tu nate mecufn.

EGYPTE

AïyuffTOv 5' eivai, ffoXuwlv ô'&èv àpya^evjvTs.

HOMÈBE.

Alexandrie.– « On raconte, dit Strabon, comme un présage de la prospérité future de -la ville,

« ce qui arriva lorsqu'il s'agit d'en tracer leplan

sur le terrain. Les architectesmarquaient

laligne

« d'enceinte avec de la craie; cette substance vint àmanquer;

le roi arriva dans ce moment; alors les

« administrateurs des farines livrèrent aux architectes une partie de celles qui étaient destinées aux

« travailleurs, et l'on s'en servit pour tracer les divers alignements des rues. Cequi fut, dit-on,

«interprété

à bon augure.»

Leprésage

ne fut pas menteur Alexandrie devint une des villes lesplus importantes

du monde

antique; son port reliait l'Europeà l'Asie; elle eut des palais, des temples, des cirques, des théâtres,

des académies et d'immenses nécropoles; au temps d'Auguste,elle avait sept cent mille habitants; ses

rois s'appelaient Dieux et donnaient à leurs fils le nom des astres. Mais des religions nouvelles ont

surgi du sein de l'humanité, des races d'invasion sont venues, letemps a fait son œuvre; les

temples,

les palais, les théâtres ontdisparu;

le port s'est comblé; le phare, une des sept merveilles du monde,

s'est égrené pierre à pierre, et de l'Alexandrie d'autrefois il ne reste plus qu'une colonne debout et deux

obélisques.

Lorsqu'Amr' s'empara de la ville, il écrivit à Omar qu'il y avait trouvé quatre mille palais, quatre

mille bains, quarante mille juifs payant tribut, quatre cents places publiqueset douze mille baciâl

( marchands de légumes et de fruits).

Plus tard, lorsque Abdallatif la visita, il y vit les deux obélisques encore debout parmiles édifices;

autour de la prétendue colonne dePompée qu'il appelle Amoud-Alsawari (la

colonne aux piliers),il

reconnaît des fûts, des piliers, des chapiteaux et de grandes ruines quiétaient les traces d'un édifice

énorme. – « Jepense, dit-il, que là était situé le portique où enseignaient

Aristote et aprèslui ses

« disciples, et que c'était là l'Académie que fit construire Alexandre quand ilbâtit cette ville, et où était

« placée labibliothèque que brûla Amr'-ben-Alas, avec la permission

d'Omar. Sur les bords de

la mer, ilaperçut plus de quatre cents (?) colonnes brisées. Karadja, gouverneur

d'Alexandrie pour

Saladclin, les avait fait jeter là afinde préserver

les murailles de la violence des flots, et aussi peut-être

afin d'empêcher les vaisseaux ennemis de venir mouiller au pied des murs de la ville. Les colonnes

et les débris de celles qui entouraient Amoud-Alsawari n'existent plus; seule, cette dernière est

demeurée intacte; elle sert deguidon aux navires qui cherchent Alexandrie. Elevée dans une plaine

EGYPTE.

désolée, semée de petits tombeaux arabes, elle paraît immense; au reste, sa hauteur, y compris le

chapiteau, est dequatre-vingt-seize pieds,

et sa circonférence de vingt-trois pieds trois pouces; elle

repose sur un massif composéde débris antiques, parmi lesquels Champollion

le jeune a reconnu le

cartouche de Psammetich II; l'inscription suivante prouve qu'elle était dédiée à Dioclétien et non

pasà Pompée

TO. WTATONAYTOKPATOPA

TONnOAlOYXONAAEEANAPElAE

AIOK-H-IAIMONTON. TON

no. EnAPXoiAi'rvnTOY

Près du rivagede la mer, à côté d'un rempart moderne, un obélisque est debout; à ses pieds,

l'autre

est couché; tous deux avaient été primitivementélevés par le roi Mceris à

Héliopolis, d'où ils furent

tiréspour

orner le temple de César à Alexandrie; deux de leurs facesportent

deslégendes

de

Ramsès le Grand.

Les catacombes, quiont eu jadis une certaine célébrité, ne sont qu'une suite insignifiante de couloirs

et de caveaux; elles neprésentent

aucun intérêt et n'ontpas gardé trace des

peintures que Davison

prétendit y avoir vues en 1763. A Alexandrie, comme à Rosette, comme dansbeaucoup

de villes du

Delta, des colonnes en granit, datant presquetoutes de l'époque des Lagides, arrachées autrefois aux

temples pourorner les églises,

enlevées aux églises pour embellir les mosquées, servent maintenant à

soutenir les arcades des khans, ou à consolider de simples maisonsparticulières.

On marcherait

longtempssur cette terre autrefois couverte d'édifices sacrés avant de retrouver leurs traces.

DeZephirium,

où Vénus-Arsinoë avait un temple; de Canope (Aboukir), la ville des débauches, que

le sage doit fuir, selon Sénèque, la ville où les malades allaient dormir dans legrand temple de

Sérapis; d'Héraclée, où l'on adorait Hercule; d'Hermopolis-parva (Damahnour); de Mendès où,

d'après Pindare, les boucs s'accouplaient avec les femmes; de Léontopolis, de Busiris, deDiospolis

entourée pardes lacs; de Thanis (San des Arabes, Tsoan des Hébreux), où Moïse fit ses miracles

devant le Pharaon;de toutes ces villes, de toutes leurs merveilles, il ne reste plus rien. Seule, Saïs

(Sa-el-Hagar) qui portaitcomme Athènes une chouette sur ses médailles, a conservé quelques ruines

de son temple dédié à Neith et de ses nécropoles. La tradition y plaçaitle tombeau de Psammethich

et l'asile d'Osiris. Les enceintes en briquescrues subsistent encore; des fragments de poterie et de

pierresentaillées d'inscriptions hiéroglyphiques jonchent le sol. Là furent les

sépultures<V

\;»riès,

des rois Saïtes, ses ancêtres, et de l'usurpateur Amasis, dont Cambysefit brûler le

corpsarraché

de son cercueil. En septembre 1828, Champollionle Jeune y trouva le

sarcophage d'un gardien

des templessous Psammetich II.

Héliopolis (Jïn-Schems).C'était la ville du Soleil. Son collége de prêtres était célèbre, Hérodote,

Platon, Eudoxe y séjournèrent. Dans le temple précédé parun dromos de

sphinxon nourrissait le

bœuf Mnévis; Psammetich, Mœris, Osortasen y avaient élevé des obélisques. Cambyse la détruisit

de fond en comble, ferro et igné.

Ce fut là'que, selon les traditions coptes, la Vierge s'arrêta, dans sa fuite en Égypte, devant le figuier-

sycomore quis'ouvrit

pourlui donner asile; ce fut là qu'elle lava les langes du Bambino

divin.

Abdallatif y vit encore des «figures effrayantes et colossales de pierre

de taille, quiont

plusde

trente coudées de long et dont tous les membres sont dans des dimensions proportionnées.»

Maintenant on peut y compter vingt masures de fellah. Les lacs dont parleStrabon sont desséchés

seul, au milieu d'un jardin, s'élève unobélisque qui porte les cartouches d'Osortasen. Les frelons

EGYPTE.

2

ont si bien fait leurs nids dans l'entaille des hiéroglyphes, qu'ils les ont rendus indéchiffrables.

L'enceinte de la ville antique sedistingue

encore sous les collines de décombres qui la couvrent; elle

était en briquescrues et s'ouvrait de distance en distance par

desportes formées de jambages

monolithes en calcaire tendre couverts d'inscriptions. Deux de ces jambages, découverts en 1849,

servirent immédiatement à faire de la chaux.

Malgré les désastres qu'Héliopolis a subis, malgré les recherches avides que le voisinage du

Kaire atrop facilitées, il est

presquecertain que des fouilles bien conduites obtiendraient des

résultats satisfaisants.

Pyramides DE GizEH. -Au-devant d'elles se dresse le sphinx (Aboit-el-Houl, le père del'épouvante,

pi. 11). Actuellement camard, rongé, méconnaissable, il ne porte plus trace de ce vernis rouge si

brillant qu'Abdallatif admira. Sa longueur est de 39 mètres; le contour de la tête de 27 et la

hauteur, depuisle ventre jusqu'au sommet de la tête, de 1 7. Taillé dans la chaîne

libyque, sans

doute par ordre de Tothmès IV dont il porte une inscription,il adhère au sol abaissé autour

de lui. Lorsqu'il fut momentanément déblayé, on reconnut entre ses jambes et son cou une

ouverture qui correspondaità un couloir conduisant dans l'intérieur de la

grande pyramide.

Sur sa tête on voit encore la cavité où se fixaient les ornements distinctifs de sa coiffure. Qu'était-il?

La muette sentinelle du désert libyque? l'impassible gardien de ces grandes montagnes factices où

l'on enterrait des rois? le symbole de cet inconnu toujours cherché qui attend l'hommeaprès

sa mort?

Un grand nombrede petites pyramides,

enpierres

ou en briques, entouraient jadis les trois

grandes elles furent détruitespar

ordre du fameux Carageuzh,Intendant de Saladin (Salah-Eddin

Youssouf-ben-Yakoub). Son fils, Mélik Alasis Othman-ben-Youssouf, voulut jeter bas les grandes

pyramides; pendanthuit mois on s'épuisa

autour de la troisième, celle de Mycérinus, puis on

renonça à ceprojet ridicule.

Les trois pyramides sont actuellement ouvertes, et l'on peutfacilement visiter leurs couloirs et

leurs chambres; c'est Belzoni qui, en mars 1818, a découvert l'entrée de la seconde (Chephren,

pl. 10). Le revêtement de la troisième (Mycerinus), quiest celle qui

a leplus souffert, gît tout

autour en blocs énormes de granit rouge.

Malgrél'affirmation de Masoudiet d'Ebn-Khordadbeh et de Ebn-Hautal, cités par Macrisi, qui

disent avoir vu les pyramides couvertes d'inscriptions; malgréle témoignage du pèlerin Guil-

laume de Baldeusel, quia reconnu des écritures de divers idiomes, et entre autres six vers latins

qu'ila

copiés; malgré l'inscriptionde la

pyramidede Chéops dont parle Hérodote, l'opinion

généralement adoptée est que les pyramidesn'ont jamais porté

aucune inscription,le revêtement

qui subsiste encore au sommet de la seconde n'offre aucune trace de caractères je les ai

visitées toutes trois avec soin et je n'y ai constaté quele cartouche orgueilleux

du docteur

Lepsius.Au-devant d'elles s'étendent les

plainesfécondées chaque année par l'inondation; en

arrières'allonge

sans limite le désert de Libye.

A proposdes pyramides,

nous nepourrions que répéter ce qui

a été dit déjà, et nous préférons

céder laparole

à M. Champollion-Figeac plus expert quetout autre en matière semblable

« La premièreassise de

pierres, dit-il, repose sur le rocher même qui forme laplaine,

et cette

assise estplacée

dans une ligne parfaitementdressée et creusée verticalement de sept à huit pouces.

Au-dessous de cette première assise encastrée, le rocher est taillé en socle régulier, ayant cinq

piedshuit

pouceset demi de hauteur. Le rocher qui fournit le socle est naturellement élevé de

près de cent pieds au-dessus des plus grandes eaux du Nil; et il forme un solide dont on n'a

-a- i *i'i /*i

pas trouvé la base à deux centspieds

de profondeur.

EGYPTE.

(( Au-dessus de la première assise, encastrée on en comptedeux cents deux autres placées suc-

cessivement en retraite, la supérieure sur l'inférieure, d'environ neuf pouces et demi par pied

d'élévation, mesure moyenne, et formant autant de gradins. Ces deux cent trois gradins au-dessus

du socle qui les porte donnent à la pyramide pourhauteur verticale, quatre cent vingt-huit

piedstrois pouces et quelques lignes (139 mètres, 117 millim.), mais dans l'état actuel du monu-

ment on voit que deux assises au moins ont été abattues à son sommet en tenantcompte

de

cette destruction et du socle pris dans le rocher, la hauteur totale etprimitive

de lagrande pyra-

mide devait être de quatre cent cinquante pieds moins quelques pouces;c'est plus de deux lois

la hauteur des tours de l'église Notre-Dame de Paris.

« La hase du monument a été mesurée à la ligne d'encastrement de lapremière assise, et elle

a été reconnue longue de sept cent seizepieds

et demi (232 mètres, 747 millimètres); il en

résulte un volume d'un million quatrecent

quarante-quatremille six cent soixante-quatre toises

cubes, en ne tenant pas comptedes vides peu considérables qui existent dans l'intérieur.

« Les matériaux d'une si colossale construction furent tirés des carrières de Thorrah, sur la

rive droite du Nil, précisémenten face de

Memphis.Ces carrières de calcaire blanc furent

exploi-

tées du temps des Pharaons, des Perses, des Lagides,des Romains et des Arabes; de nombreuses

inscriptions tracées, durant cesépoques diverses, en rendent encore témoignage les derniers

voyageurs français, enEgypte, y ont découvert les noms d'Auguste, de Ptolémée, d'Achoris;

et deux stèlessculptées,

dans les deux carrières lesplus

vastes de toutes, leur ontappris que ces

deux carrières furent ouvertes en l'année 22 du règne d'Amosis, le Pharaonprédécesseur de la

dix-huitième dynastie, et que les matériaux quien furent extraits furent

employésà la

répara-

tion des temples d'Apis,Phtha et Ammon à Memphis. En examinant les pierres du parement des

galeries et de la chambre inférieure de lapyramide,

on est aussitôt convaincu que ces pierres

ont été en effet tirées des carrières de Thorrah et de Messarah, dans lapetite

chaînearabique

nommée aujourd'hui Mokattam.

«L'emploi de ces matériaux est remarquable en ce qu'on reconnaît, sans

peine, qu'il est difficile

d'appareiller avec plus d'exactitude, d'établir des lignes plus droites, et des joints plus parfaits

que ceux que présentela construction intérieure de la

grande pyramide. Chaque pierrede

quatre

arêtes est incrustée dans la suivante; lapierre inférieure, creusée de deux pouces, reçoit une

saillie égale de lapierre supérieure, et chaque

arête est ainsi liée de toute sa hauteur aussi

n'a-t-on remarqué sur aucun point ni leplus léger

écart ni la moindre dégradation.

« Selon des traditions d'époques diverses, la grande pyramide aurait été revêtue extérieurement

de manièreque les gradins étaient couverts

pardes pierres

en forme deprisme triangulaire,

qui remplissaient les vides de chaque degré,et la surface de chaque côté de la

pyramide était

ainsi unplan

incliné. Tel a été le dire d'Hérodote et deplusieurs

autres écrivains qui ontadopté

son avis; il paraît même que des fragments de granit(le forme prismatique trouvés auprès d'une

autrepyramide, servaient à

appuyercette

opinion.Mais les difficultés et le défaut de solidité d'une

telle construction, en ont fait rejeter l'idéepar d'autres écrivains qui ont pensé que le revêtement

extérieur de lagrande pyramide consistait seulement dans l'emploi

d'unepierre plus dure, plus

égale, plus susceptible de recevoir un beau poli, quela

pierrede la chaîne

libyque, dont on

s'est servipour l'intérieur du monument. Enfin, comme il a fallu niveler la

plaine pour asseoir

la pyramide, on pense aussi que le noyau du rocher, plus élevé en approchantdu centre du

monument, a seulement étécoupé pour s'ajuster aux

pierresdu

parement.Du reste, rien n'est

plus

variahle que les renseignements pris sur les pyramides qui sont consignés dans les écrits des

anciens, soit sur leur origine, leur époque ou leur destination, soit sur lesdépenses qu'elles

EGYPTE.

occasionnèrent et les motifs qui portèrentles rois à les élever. Les auteurs de ces écrits en ont

rapportétout ce qu'ils pouvaient

dire d'un monument célèbre qui lesfrappait d'admiration

quand ils le visitaient, mais dont ils ignoraient complétement l'histoire et dont ils nepouvaient

apprendrede leur

temps que les plusfabuleuses traditions. Les écrivains orientaux, venus

après

les Grecs et les Latins, n'ont fait qu'enchérirsur leurs douteuses assertions. Nous

n'entreprenons

pasde les concilier; nous ne consignons

ici que des faits recueillis etauthentiqués par

le

concours desplus exactes observations et des

opinions les plus dignes de confiance.

«La grande pyramide est exactement orientée, chacun de sesquatre angles

fait face à l'un

des quatre points cardinaux; ce n'est encore aujourd'hui qu'avec de grandes difficultés qu'on

réussirait à tracer une méridienne d'une aussi grande étendue sans dévier, et de cette orientation

de la grande pyramide, on a tiré ce fait d'une hauteimportance pour l'histoire

physique du

globec'est que depuis plusieurs

milliers d'années laposition

de l'axe terrestre n'apas varié de

manière sensible et la grande pyramide est le seul monument sur la terre qui par son anti-

quité, puisse fournir l'occasion d'une semblable observation.

« La face nord-est de lagrande pyramide

est celle où se trouve son entrée actuelle au niveau de là

quinzième assise et à quarante-cinq pieds environ d'élévation au-dessus de la base. Le hasard l'a

fait découvrir àl'époque

où l'on a cherché à pénétrer dans la pyramide; l'enlèvement du parement

aura mis à découvert une construction différente de tout le reste c'était celle qui formait

l'entrée de l'étroite galeriedu canal incliné; ce

premiercanal a douze toises trois pieds de lon-

gueur il aboutit à un autre de mêmes proportions (trois pieds cinq poucesde haut et de

large)mais ascendant et de cent deux pieds

delongueur un gros bloc de

granitle ferme

exactement vers le coude de jonction des deux canaux, et il a fallu tourner cet obstacle en brisant

les pierres plustendres qui forment le massif sur la droite du canal, et parallèlement

à sa

direction. On entre ainsi dans le second canal; à son extrémité on se trouve sur unpalier,

et l'on a à sa droite l'entrée d'un puits profond taillé dans le roc. Là aussi commence un canal

horizontal, de dix-neuf toises et demie d'étendue. Il conduit à une chambre qu'on a nommée

chambre de la reine, qui adix-sept pieds dix

poucesde long sur seize pieds un pouce de large.

Elle est vide.

« En retournant à l'entrée du canal horizontal, on monte dans une nouvelle galerie, longue

de cent vingt-cinq pieds, et quien a

vingt-cinq de hauteur et six et demi delargeur.

Dechaque

côté sont des banquettesde vingt et un pouces sur dix-neuf de large, vingt-huit trous de douze

poucessur six et demi de

profondeur, ont été pratiqués sur chaque banquette. Huit" assises de

pierreen-encorbellement forment les murs de cette galerie et donnent l'aspect

d'une voûte à

sonplafond.

A son extrémité on arrive sur un palier,de là dans un vestibule qui conduit à

une ouverture de trois piedstrois

poucesde

large sur trois pieds cinq poucesde haut et sept

piedsdix pouces

de longueur; c'est l'entrée de la chambre supérieure nommée la chambre du

roi, entréeprimitivement

fermée et cachée par des blocs de pierre.

Cette chambre est entièrement construite en larges blocs de granit parfaitementdressés et

polis; voici ses dimensions:

Hauteur. 18 pieds 0pouce

5 lignes.

Largeur N. 32 – 2 – 8 –

S. 32 2 in

O. 16 r 1 5

– E. 16 – 0 – 1 –

« A l'extrémité ouest de la chambre, on voit lesarcophage,

aussi en granit de sept piedsun

EGYPTE.

poucede long sur trois pieds un pouce de large et trois

piedssix

poucesde haut il est placé

dans la ligne du nord au sud; son couvercle n'a jamais été vu; un vide existe au-dessus de cette

chambre sépulcraleil n'est élevé que de trois

pieds; les pierres qui forment cette enceinte,

égalementen granit, sont dressées sans être

polies,et celles du

plancher, qui est le revers du

plafond de la chambre royale, sont brutes et d'une hauteurinégale;

il résulte de ce vide un

doubleplafond pour

la chambre royale, propreà la préserver des effets de la

surcharge supé-

rieure.

« Le puits déjà indiqué à l'entrée de la galerie horizontale, est en grande partie creusé dans le

rocher, dans des dimensions tellement étroites (vingt-deux pouces sur vingt-quatre), qu'un

homme peut s'y accroupirmais non pas s'y courber, c'est

cependantun travail de main d'homme,

et à nne grande profondeur qu'ona reconnue jusqu'à deux cents pieds. Des entailles irrégu-

gulières pratiquéesdans les parois, rendent la descente moins

pénible et moins périlleuse.On

n'estpoint parvenu

au fond, mais dans la partie reconnue, on est descendu jusqu'à cinquante

pieds au-dessous du niveau du Nil.

« La grande pyramide,comme toutes les autres qui subsistent dans la basse Egypte,

était nn

tombeau. Lesarcophage royal occupait

la chambresépulcrale; la chambre inférieure pouvait être

une chapelle destinée aux cérémonies périodiquesordonnées envers les dieux ou envers le défunt,

et accomplies par ses successeurs.

«D'après

les historiens arabes, on aurait autrefois recueilli une grande quantité d'objets précieux

dans cettepyramide,

même beaucoup de monnaies d'or; mais cette tradition est bien nouvelle pour

mériter quelque confiance, et les Arabes sont de trop récente époque en Egypte pour avoirappris

ce

quene sut aucun des anciens Grecs

quivirent ce

pays avecla

plusvive curiosité. Les Arabes, un seul

excepté Abdallatif, ontparlé

si étourdiment, si merveilleusement desantiquités

del'Egypte, qu'il est

difficile de leur accorder la moindre foi, si ce n'est quand de bons observateurs nous certifientque

les faits énoncés sont vrais, quoique les Arabes les aient racontés. Il est certain qu'il ne reste dans

lapyramide qu'un sarcophage

en granit, sépulcre ordinaire des rois. Mais ce sarcophage n'est orne

d'aucune figure,ne porte aucune inscription, et jamais on n'en a reconnu aucune trace sur aucune des

partiesde la

pyramide.Hérodote raconte cependant que son interprète lui expliqua une

inscription

gravéesur une des faces de la

pyramide,et qui contenait le compte des dépenses faites en raves

et autres légumes pourles ouvriers qui avaient travaillé à la construction de ce monument on di-

sait aussi que cette inscriptionétait tracée sur le revêtement de la

pyramide,mais l'on a fait re-

marquer avec toute raisonque

le revêtement primitif, s'il fut contemporaindu

tempsde la

pyra-

mide, putêtre

postérieurement restauré, et aussi quele roi

quiavait fait faire cet ouvrage (que

ses

contemporainsni la

postériténe lui

pardonnèrent pas) n'avait aucun intérêt à braver la haine publi-

que,en

proclamantavec une ostentation sans bénéfice, ces détails d'une

dépense qui l'avait rendu

universellement odieux. Un fait domine toutes ces considérations; il n'y a jamais eu un seul trait d'é-

criture dans la grande pyramide;le

sarcophageen granit en est absolument dépourvu

sur toutes ses

faces extérieures et intérieures; lesplus

anciens tombeaux deThèbes, et tous les sarcophages qui s'y

sont trouvés, ceux mêmes depersonnages

de conditions secondaires, en sont absolument couverts.

L'antiquité des pyramides expliquera suffisamment cette différence. Ilparaît

donc qu'à l'époque où

elles ont été élevées, l'usage de l'écriture n'était pas connue, que le système graphiquen'était

pascon-

stitué enfin qu'on ignorait encore l'art « de fixer la parole et de parleraux

yeux.» Bien d'autres con-

sidérations tirées. de faits de divers ordresappuieraient

cetteopinion assez généralement adoptée, qui

nous montreapproximativement,

il est vrai, le temps oùcommença

l'une desplus grandes institu-

tions de la civilisation égyptienne;et l'on doit inévitablement subordonner à cette observation ce qui

EGYPTE.

3

peut être dit de l'invention et de l'usage de l'écriture chez les anciens Égyptiens; on peut aussi ajouter

qu'elle y était inconnue du temps du roi Souphi,le

premier desdix-sept'princes de la quatrième

dynastie. s ·

« A quelle époque remonte donc ce règnemémorable? Par l'exécution de tels monuments, réunis-

sons ici quelques faits propresà éclairer les doutes qui environnent la solution de cette question.

Hérodote placele roi qui fit bâtir la grande pyramide, après un Sésostris, et au

cinquième règne

avant l'Éthiopien Sabaccon. Quant à Sésostris, on est enclin à croireque

ce nom, ou celui de Sésoosis,

fut porté par plusieurs princescélèbres pour

leurs faits militaires dans les annales del'Égypte,

et

s'il s'agissaitdu Sésostris qui avait sur les monuments le nom de Rhamsès (III), ce serait entre le

milieu du xvc siècle avant l'ère chrétienne, temps du règne de Sésostris, et le commencement du

vin6 siècle avant la même ère, époquedu roi Sabaccon, qu'il faudrait placer la construction des

pyramides. Une telleopinion

n'aurait aucun fondement, et ledéplacement évident des noms et de

leurs époques relatives, dans le texte d'Hérodote qui cite quelques noms célèbres sans avoir l'intention

derapporter

la liste complèteet chronologique des dynasties égyptiennes, concourt à faire rejeter une

telle indication. On peut appliquerla même considération à ce qu'a dit sur le même sujet un autre

écrivain grec, Diodore de Sicile; carChampollion

le jeune a découvert, dans le fossé même de la

seconde pyramide, prèsde l'angle et de face nord, le tombeau d'un officier de Sésostris; de plus il

est avéré qu'il se trouve sur legrand sphinx

uneinscription hiéroglyphique, datée du

règnede Thout-

mosisIV, qui précédaSésostris de plus de deux cent cinquante années. On sait aussi qu'on

a re-

cueilli dans les tombeaux creusés dans le roc, au voisinage des pyramides, des noms de rois qui ne

se trouvent pas dans la série successive et règne par règne des dynasties égyptiennes,à commencer

par

le premierroi de la dix-septième dynastie dont le règne remonte à un peu plus de deux mille ans

avant l'ère chrétienne il faut donc, sur l'antiquité des pyramides, suivre l'opiniondes écrivains na-

tionaux, qui pouvaientêtre bien instruits par

des recherches consciencieuses dans les archives puhli-

ques, et laisser avec Manéthon lagrande pyramide

de Ghizé dans le tableau des faits mémorables du

premier roi de la quatrième dynastie.

« Ilparaît

aussi que des tombeaux creusés quelque temps après, pourdes parents ou des

officiers des rois de cette époque, offrent déjà despreuves

de lapratique

de lapeinture,

car ces

tombeaux en sont décorés; et aussi de l'écriture, car on y a recueilli des inscriptions. Enfin, une

dernière observation nous est suggérée par les monuments, et elle nous semble très-importante

le nom de la ville deMemphis, écrit phonétiquement dans les textes hiéroglyphiques, et qui

se

prononçait Mcnnophrê ou bien Mannouji, apour

caractère déterminatif spécial,la figure d'uue

pyramide placéeavant même le caractère déterminatif générique, qui signifie ville ou contrée;

onpeut

en induireque lorsque l'orthographe

du nomvulgaire

de la ville de Phta, ou demeure

de Phta, nom sacré de Memphis fut réglé, lespyramides voisines de cette ville existaient déjà, et

qu'elles pourraient avoirprécédé l'usage de l'écriture, au moins l'introduction de l'écriture

alpha-

bétiquedans le

système hiéroglyphique; et il n'existepas

de monuments connus dans lesquelson

puisse remarquer l'absence de cette écriturealphabétique. Dans un des plus

anciens tombeaux de

l'Égypte, creusé dans le roc au-dessous de la surface du sol, au milieu despyramides de Sakkara,

Champollion le jeune a recueilli lecartouche-prénom

d'un très-vieux roi, dont il n'existe pas de men-

tion dans les tables généalogiques quiremontent à l'invasion des

pasteurs;et à côté du

cartouche-pré-

nom est placé le nompropre

du même roi, écrit en caractères alphabétiques,et qui se lit Ossé ou

Asso. Mais nous serions forcés d'étendre cetexposé

au delà des bornes que nous devons lui imposer ici,

s'il nous fallait énumérer tous les motifsqui peuvent porter

le lecteur à considérer en toute con-

science les pyramides de Sakkara et de Ghizé, comme les plus anciens ouvrages sortisde la

main

EGYPTE.

des hommes, comme les plus anciens monuments de la terre et antérieurs à toutes les autres

preuves connues de l'antiquité des sciences, des efforts et des succès de l'intelligence humaine. Celles

quela

grande pyramide porte en soi, etque des hommes habiles ont développées dans les

rapports

astronomiques, témoignentde l'avancement de la civilisation égyptienne,

dans lapratique des

arts lesplus

utiles aux hommes à l'époque de l'établissement de la me dynastie des rois hérédi-

taires. Souphi (Chéops) en fut le vingt-sixième depuis Menés.

« Sensaouphi,son successeur, éleva aussi pour lui servir de tombeau, une grande pyramide

prèsde celle de Souphi; Mankerri, troisième roi, imita l'exemple de ses prédécesseurs. Les trois

grandes pyramides de Ghizé sont les trois tombeaux de ces trois souverains. »

Je citerai encore, avant d'en finir avec lespyramides,

une notemathématique

assez curieuse,

donnée par les traducteurs de Sttabon

« Connaissant la base et la hauteur, on trouve, pourla solidité

1" de lapyramide

de Chéops 2,620,000 mètres cubes.

2" deChephren 1,880,000

3° de Mycerinus.. 193,000

« De manière qu'en supposant qu'avec toutes les pierres qui entrent dans chacune des pyra-

mides, on voulût construire un mur de trois mètres de haut et de un tiers de mètre de large,

on pourrait avoir avec les pierres,

1" de lapyramide

deC/iéops,un mur de 260

myriamètres,

2° de67~AreM 188

3° de Mycerinus 19

« Ainsi toutes les pierres des trois pyramides feraient un mur de 496 myriamètres ou

1054 lieues de longueur, c'est-à-dire un mur qui pourraittraverser l'Afrique depuis

Alexandrie

jusqu'à la côte de Guinée. »

Au pied des pyramides, dans les rochers même qui forment leur base, s'ouvre une grande

quantité de tombeaux dont laplupart

ont servi de demeures aux Bédouins du voisinage.

Un vaste nécropole s'étendait aux environs des Pyramides et rayonnaitautour de leurs

masses immenses. Le docteur Lepsius, en 1842, reconnaît l'époque précisede quarante-cinq

tombeaux, et en signale quatre-vingt-deux qui semblent dignes d'attention par leurs inscriptions

ou leurs détails. Selon lui, unpetit nombre de ces

sépulcresa été construit récemment; la

plus grande partie remonte à l'époque de l'élévation de la grande Pyramide.« C'est pourquoi,

dit-il, ils nous présentent une série de dates d'une valeur inappréciable pour l'étude de la

civilisation des plus anciennes races humaines. » Ces tombeaux offrentpresque

tous lesgenres

d'architecture et dessculptures de

personnages completsde toute dimension et de toute

posture.

Le style en est très-accentué et l'exécution remarquable,mais cependant les

Égyptiensne

possédaientt

pas alors ces règles infaillibles deproportions qui nous étonnent dans les époques subséquentes

et qui frappaient Abdallatif d'admiration. Les sujets peints sur les murailles sont évidemment

empruntésà l'existence des personnages qu'ils renferment, et donnent mille détails sur leur vie

domestique. Lessuscriptions qui accompagnent

cesreprésentations énumèrent complaisamment

les titres, lesemplois

des morts, et jettent ungrand jour sur la cour des rois Chéops et Chephren.

Le docteur Lepsius ajoute « J'ai souvent rencontré et constaté lessépultures

du père, du

« fils, dupetit-fils

et même de l'arrière-petit-fils; de sorte qu'on pourrait facilement écrire la

« généalogiede ces hautes familles qui formaient la noblesse d'il y a cinquante siècles. Le plus

« heau de tous les tombeaux que j'ai trouvés sur cette terre que le sable envahit chaque jour,«

appartientà un prince royal du

temps de Chéops.»

EGYPTE.

A l'aide de ces récentes découvertes, dont il ne parle que très-sommairement dans la courte

relation',de son voyage,le docteur Lepsiùs complète la cinquième, la septième et la huitième

dynastie restées fort indécises jusqu'à ce jour; il reconnaît avec certitude des noms royaux

appartenantau

quarantièmesiècle avant Jésus-Christ, et croit même avoir trouvé la tombe

de celuiqui présida

à la construction de la grande Pyramide.« J'ai découvert, dit-il, sous le

« sable un tombeau dont les peinturessont aussi fraîches et aussi parfaites que si elles venaient

« d'être terminées. C'était la demeure dernière duprince Merhet, qui, comme

prêtre de Chufu

«(Cheops), nomma un de ses fils Chufu-mer-nutem

ilpossédait

huit millevillages dont les

noms sont tous descomposés

de Chufu. La positionde la tombe à l'ouest de la

pyramide

« de Chufu, de même quela similitude parfaite

du style des sculptures, font présumer avec

« une presquecertitude que

Merhet était fils de Chufu. Ce prince fut aussi surintendant général

« des hâtiments royauxet avait aussi le rang

de grand architecte de la cour, poste fort élevé

« dans cetemps

de magnificence architecturale, et qui était souvent confié à des princes ou

k à des membres de la famille royale.Nous pouvons

donc conjecturer que ce prince dirigeala

« construction de la grande Pyramide.»

Après les pyramidesde Gyzeh viennent celles de Sakkara pyramides

enbriques crues,

effondrées, égrenées, découronnées, assises sur des terrains sinistres qu'habitent lesscorpions,

quefuient les hommes, et que

le sable couvre comme un impénétrable linceul. En comprenant

les pyramides de Gyzeh,celles de Sakkara et du Fayoum, le docteur

Lepsius en a compté

soixante-sept. Sur toute cette plainede Sakkara s'ouvrent des tombeaux

d'époques reculées,

ornés de légendes hiéroglyphiquesbrisées

pourla plupart

.et décorées depeintures effacées

par

le temps ou grattées pardes voyageurs iconoclastes et impies.

C'est là que se rencontrent ces

sortes de couloirs souterrains célèbres sous le nom de Puits des Ibis. Ungrand couloir

s'allonge

à demi comblé par le sable et si resserré qu'on est obligé de ramper à plat ventre; il tourne

brusquementà angle droit et se dégage dans une chambre plus haute où les pots scellés qui

contiennent les Ibis sont rangésen chantier, a

peu prèscomme des

pains de sucre emmagasinés.

Lorsqu'onbrise un de ces vases, on en retire une momie d'Ibis, calcinée, noircie, et qui se

réduit instantanément en poussière impalpable.

Memphis. – Si en quittantSakkara on se dirige vers le Nil, on traverse des terrains cultivés,

un étroit canal destiné à conduire les eaux de l'inondation, et on arrive à unepetite forêt de

Y

palmiers baignés parun étang auprès duquel s'élève un village misérable nommé Myt-Rahynieh.

C'est là quefut Memphis.

Au tempsde Strabon, elle était encore la seconde ville

d'Égypte après Alexandrie. Il y voit le

templed'Osiris qui

est aussi celui d'Apis.« C'est là

qu'on nourrit dans un sêcos le bœuf Apis,

«qui passe pour

un dieu; son front est blanchâtre(&iaXsui«;); de même que quelques autres

parties

« de son corps,le reste est noir. » Auprès de ce

temple,il admire celui de Vulcain(/V^rt); le Naos

l'étonne parses dimensions. Il voit le colosse monolithe placé

dans le Dromos ou l'on fait

combattre les taureaux. Ilparle

aussi dutemple d'Halhor, qui passait

de son temps pour êtro

dédié à la lune et qu'Hérodote pensait consacré à Hélène la Tyndaride. «On trouve deplus,

« dit-il, un templede Sérapis

dans un endroit tellement sablonneux queles vents y amoncellent i,

« des amas de sable sous lesquelsnous vîmes des sphinx

à moitiédisparus.

» C'est làque

M. Mariette, notre jeune et savant compatriote,a courageusement entrepris des fouilles qui ont

déjà donné des résultats siimportants pour

la cause de l'art et de l'histoire.

LorsqueAbdallatif passe

àMemphis,

il trouve que« ses ruines offrent encore une réunion de

« merveilles quiconfond l'intelligence,

et que l'homme le plus éloquent essaierait en vain de

EGYPTE.

« décrire. » – II parlé avec grand détail de la chambre verte chapelle monolithe semblable à

celles' qu'Hérodote vit à Buta et à Saïs. Celle de Memphisfut élevée par l'émir Seïf-Eddiri

Scheikh Omari, et ses débris furent employésà la construction delà mosquée qu'il fit élever dans

lequartier des Sabéens, hors du Kaire. Les statues l'étonnent par. leur nombre, leur dimeri-

sion et leursproportions

exactes. Il en mesure une, faite d'une seule pierre, etconstate que sans

son piédestal, elle a plus de trente coudées. Déjà à cetteépoque

les Arabes avaient l'usage de

se tailler des meules à blé dans les colonnes et les statues.

Maintenant tout a disparu; le colosse monolithe du temple de Phta est tombé, le front dans

la vase, au fond d'un fossé creusé par sa chute et que l'inondation couvre et découvre chaque

année; l'enceinte en briques crues qui enfermait les monuments se laisse deviner à la forme

circulaire des monticules de terre chaque hutte de fellah porte dans les flancs de ses murailles en

limon quelques pierres sculptées, des piliers brisés, des steles indéchiffrables. En 1829,

Champollioncontinuant les fouilles commencées en 1822

par Caviglia, trouva des traces certaines

dutemple

d'Hathor construit en calcaire blanc, et d'un autre orné de colonnespilastres

en granit

roséconsacré à Phta et Hathor

par Ramsès le Grand.

LE LABYRINTHE ET LE lac Mgeris. – Les récits d'Hérodote et de Strabon sur le lac Mœris et le

Labyrinthe sont trop connus pour que nous en parlionsdans ce

rapide procès-verbal des

monuments égyptiens.Bien des

voyageurs s'étaient mis'en quêtede ces édifices immenses

accompagnés de pyramideset bâtis

près de ce lac fameux creusé à mains d'hommes; mais

toutes les traces semblaient à jamais disparues; l'infatigable commission d'Egypte échoua elle-

même dans cette recherche. Ilappartenait

encore au docteur Lepsius de retrouver ce labyrinthe

et de fixer, conjointement avec M. Linant, l'emplacement certain du lac Mœris; nous citerons

tout entière la lettre curieuse écrite sur ce sujet par le savantégyptologue.

Le Labyrinthe, 25 juin 1843.

Cette lettre vous est adressée, non de ce labyrinthe douteux et toujours contesté dont je

n'avais jamais réussi à me former une idéed'après

ladescription incomplète

de nosprédéces-

seurs, mais du vrai labyrinthe bien constaté de Moeris et des Douze Rois. Il existe encore

un immensepâté

detemples, et au milieu une grande place, couverte de restes de colonnes

monolithes en granitet en

pierre calcaire blanche et luisante comme du marbre.

« J'abordai ces décombres avec crainte; je- pensais que nous aurions à chercher la confirma-

tion des récits des ancienspar

laposition géographique des ruines, et que toute trace de sa

configuration architecturale était effacée. Mes doutes ne furentpas

de longue durée, car

immédiatement et aprèsune

investigation superficielle, nous trouvâmes des constructions tant

souterraines que sur le sol, et nous reconnûmes distinctement la masse principale des ruines

qui couvrait, plusd'un stade, au dire de Strabon; où

l'expédition française avait inutilement

cherché des cleambres nous en rencontrâmes littéralement des centaines placées à côté et au-dessus

les unes des autres. Nous en vîmes depetites, de

très-petites, placées auprèsdes

plus grandes,

soutenuespar

despiliers, précédées

de seuils, creusées de niches, revêtues de dalles, communiquant

toutespar

des corridors les unes avec les autres; lesdescriptions d'Hérodote et de Strabon sont donc

confirmées sous ce rapport,et

l'opinion des communications tortueuses etsouterraines, que je n'ai

jamais partagée,est définitivement controuvée.

« Ladisposition

de l'ensemble secompose de trois

principaux corps de bâtiments larges de trois

1É('TYP7.'h:.EGYPTE.

4

cents pieds disposésautour d'une place

de six centspieds

de long sur cinq cents de large; le quatrième

côté de cette placeest fermé par

la hautepyramide qui s'élève derrière. Cette pyramide est d'une

superficiede trois cents pieds

et ne touchepas, par conséquent, les ailes des grands bâtiments. Un

canal de construction plus moderne, et qu'onmettrait facilement à sec dans cette saison de l'année,

passe diagonalement parmiles ruines, traversant les chambres les mieux conservées et une partie de la

place, ciuiautrefois était divisée en plusieurs

cours. Les voyageurs n'ont pas voulu se mouiller lespieds

et sont restés de ce côté-ci du canal, où les bâtiments sont très-enfouis; mais néanmoins les chambres

sont faciles à voir, surtout vers le sud quand on regarde du haut de lapyramide, l'ensemble des

ruines se voit comme sur une carte.Depuis

notre arrivée nous sommesoccupés

àprendre des mesures

et à désignersur nos plans les chambres grandes et

petites de l'autre côté le plan est plus difficile à

lever; par ici, comme il y a moins de chambres, celarend l'opération plus aisée, mais cela nous rend

plus péniblela compréhension

de la structure générale. Les dimensions seules del'emplacement nous

font supposer que le labyrinthefut

coupéen deux

parun mur, de chaque côté duquel les douze

aulœ, dont on ne peut plus distinguer les traces, étaient adossées; de sorte que les entrées étaient

tournées en sens opposéset s'ouvraient près des chambres innombrables du monument.

«Cependant, quel était le Maros, le Mendès, l'Ismandès qui, d'après

les traditions grecques, éleva le

labyrinthe ou plutôt la pyramide qui y touche? Dans les listes royales de Manéthon nous trouvons

que le constructeur du labyrinthe appartientà la fin de la douzième dynastie, la dernière du vieil 1

empire qui s'écroula sous l'invasion des Hyksos. Les fragments de gros pilierset d'architraves

que

nous avons trouvés dans les grandes cours des aulœ, nous donnent les cartouches du sixième roi de

cette douzième dynastie, Amenemha III; voici donc la réponse à cette importante question dans son

rapport historique. Nous avons également fait des excavations au nord de lapyramide,

dansl'espoir

d'en trouver l'entrée; maisjusqu'à présent

nous n'avonspu

réussir. Nous avonscependant pénétré

dans la chambrequi précédait

lapyramide, quoiqu'elle fut pleine de décombres nous y avons trouvé

le nom d'Amenemha III plusieurs foisrépété.

Nous connaissons donc d'une manière positive le

nom du constructeur de lapyramide.

Parmi les chambres sans nombre qui entourent laplace, nous

n'avons découvert aucune inscription. Des excavations ultérieures nous apprendront sans doute que

tout le monument et les douze aulœ furent faitspendant

lavingt-sixième dynastie de Mané-

thon, de sorte que le temple primitif d'Amenemha fut seulement compris dans cette immense

construction.

« Voilàpour

lelabyrinthe et la pyramide. Le résultat le plus important auquel nous

puissions

parvenir ici, est de déterminer dans l'histoire le nom du constructeur de ce monument. Aprésent,

quelques mots sur l'autre merveille de cette province, sur le lac Mœris.

« L'obscurité qui l'entouraitparaît être éclairée par une récente découverte de M. Linant, ingénieur

en chef dupacha. Jusqu'ici

on était d'accordpour placer le lac quelque part dans le Fayoiim.

Comme àl'époque du retrait de l'inondation il

n'y a qu'un seul lac dans cette demi-oasis, le Birqet-

el-Qorn, qui se trouve à son extrémité, on leprenait naturellement

pourle lac Mœris. lia question

neparaissait pas avoir d'autre solution. Or, sa grande renommée était expressément

fondée sur ce

qu'il était artificiel; son utilité était immense; seremplissant au débordement du Nil, il se vidait,

quand l'inondation baissait, d'un côté vers les terres du Fayoum, de l'autre vers la région de

Memphis. Cependant, audépit des antiquaires et des

philologues,le lac Birqet-el-Qom ne possédait

aucune de ces qualités. Il n'est pas creusé à mains d'hommes, mais naturel, et en partie rempli par

le canal deJoseph (BahrYussuf), Lorsque le Nil est haut, il est vrai

queson volume augmente,

mais il estbeaucoup trop profond pour qu'une goutte d'eau puisse en sortir une -fois qu'elle y est

entrée. Le niveau duBirqet-el-Qorn est à

présent de soixante-dix piedsau-dessous du point où

EGYPTE.

le canal de Joseph s'y dégorge; et il n'a jamais pu être beaucoup plus haut, ce qui est prouvé par les

ruines d'anciens temples éparpilléssur ses rives. On ne doit ajouter aucune foi aux récits qui nous

disent quele labyrinthe

et la ville d'Arsinoë (actuellement Medinet-el-Fayoum) étaient situés sur ses

bords. M. Linant a découvert de puissantes digues, longues de plusieurs milles, de construction

ancienne et solide, formant les limites entre la partie supérieure du bassin du Fayoum (quia la

forme d'une coquille)et la partie inférieure. Selon lui, ces digues ne pouvaient avoir d'autre but

que d'arrêter les eaux d'un lac artificiel qui se trouve à présent à sec, à cause de la destruction

desdigues.

Il considère que ce devait être là le lac Mœris. L'examen attentif des lieux m'aprouvé

quece savant ingénieur français avait raison; il est

pourmoi hors de doute maintenant que

fiirqet-el-Qornn'a jamais été le lac Mœris.

« Si vous me demandez quel rapport existe entre le nom de Mœris et celui d'Amenemha, je vous

répondrai qu'il n'en existe aucun. Le nom de Mœris ne se trouve ni dans les monuments, ni dans

Manéthon; je suis portéà croire que, là encore, il y a un malentendu du grec. Les anciens

Égyptiens appelaient le lac Phiom en mère (lelac du fleuve le Nil); de mère

(l'eau qui remplissait

lelac)

les Grecs ont fait un roi Moeris, et ne s'occupèrent plus d'Amenemha, son véritable auteur.

Plus tard, toute la province pritle nom de Phiom (le lac),

d'où le nom actuel de Fayoum.»

La ville de Medinet-el-Fayoum (autrefoisArsinoe et précédemment Crocodilopolis) n'offre aucunes

ruines importantes. Quelques colonnes insignifiantes d'un temple Lagide ont servi à construire une

église, puis une mosquée, maintenant ellesgisent pêle-mêle

au milieu des décombres debriques

crues qui environnent et embarrassent toutes les villes modernes del'Égypte.

Deux ou trois chapiteaux insignifiantset un

pande muraille se retrouvent sur la rive orientale

de Birqet-el-Qorn;de l'autre côté, sur la rive occidentale, en

plein désert libyque, on voit un

monument qui, parsa

position avancée, n'a pu être qu'un ancienport militaire c'est Kasr-

Nemroud. Plus au sud, on découvre untemple

sansinscription, qui porte dans le pays

le nom

de Kasr-Karoun. Nous ne mentionnons ces restes que pour mémoire, car ils n'offrent aucun

intérêt historique.

Zaniet-el-Meitin (rive droite du Nil). Village de quelques maisons, près duquel s'élèvent

des rochers creusés de dix-neuf tombes, remontant toutes à une très-haute antiquité. Ces sépultures

appartiennent, pourla

plupart,à la sixième dynastie, et sont

par conséquent d'une datepresque

aussi reculée que les pyramides.On lit dans

cinqde ces tombeaux le nom

plusieursfois

répété

d'Akappus-Pépi, qui vécut, dit-on, cent soixante ans et en régna cent. Dans un autre, on trouve

le nom deChéops.

Unpeu plus loin, on rencontre une tombe isolée, contemporaine de Ramsès

le Grand. Ce lieu a été fortpeu exploré; son étude

pourrait cependantconduire à de beaux

résultats chronologiques.

Beni-Haçan (Speos Artemidos). Les anciens historiens sont muets sur les grottes si célèbres

aujourd'hui de Beni-Haçan. Lesvoyageurs modernes, Jomard, Legh, Hamilton, se sont forcément con-

tentés de constater leurposition

sur la rive droite du Nil. Ils ont dit leur nombre (trente),ont

parlé

du calcaire numilite dans lequel elles sont taillées, ont admiré leurspeintures décoratives, ont décrit

la forme de leurs colonnes élémentaires dudorique, ont mesuré qu'un de ces hypogées

contenait

une salle de soixante pieds de long sur quarante de haut, mais ils n'ont pu les apprécier sous le

rapport historique. Champollion le jeune, d'immortelle mémoire, devait lepremier signaler

leur

importanceet leur intérêt. « Nous vîmes alors, dit-il, se dérouler à nos yeux

laplus ancienne série

de peintures qu'on puisse imaginer, toutes relatives à la vie civile, aux arts et métiers, et, cequi

était neuf, à la caste militaire. J'ai fait dans les deux premiers hypogéesune moisson immense, et

cependant une moisson plus riche nous attendait dans les deux tombes lesplus reculées

vers le

EGYPTE.

nord. i|Ces deux hypogéesoffrent cela de

particulier que laporte

est précédée d'un portique taillé à

,jour dans le roc et formé de colonnes qui ressemblent, à s'y méprendre, au dorique grecde Sicile

et d'Italie. Elles sont cannelées, à base arrondie, et presquetoutes d'une belle

proportion. Ces deux

hypogées,les plus

beaux de tous, portentleur date et appartiennent

aurègne d'Osortasen, deuxième

roi de la vingt-troisième dynastie (Tanite),et par conséquent remontent au ix" siècle avant J.-C.

J'ajouterai que le plusbeau des deux portiques,

encore intact, celui del'hypogée d'un chef

administrateur des terres orientales de l'Heptanomide,nommé Néhôthph, est

composé de ces

colonnes doriquessans base, comme à Pœstum et dans tous les beaux

temples grecs-doriques.

« Lespeintures

du tombeau de Néhôthphsont de véritables gouaches, d'une finesse et d'une

beauté de dessin fort remarquables.J'ai trouvé là un tableau du

plushaut intérêt. Il

repré-

sente quinze prisonniers, hommes, femmes ou enfants, pris parun des fils de Néhôthph, et pré-

sentés à ce chefpar

un scribe royal, qui offre en mêmetemps

une feuille depapyrus

surlaquelle

est relatée la date de la prise et le nombre des captifs, qui est detrente-sept. Ces captifs, grands

et d'une physionomietoute particulière,

à nez aquilin pour la plupart, étaient blancscomparati-

vement aux Égyptiens, puisqu'ona

peintleurs chairs en jaune-roux, pour imiter ce que nous

appelonsla couleur de chair. Les hommes et les femmes sont habillés d'étoffes très-riches, peintes

(surtoutcelles des femmes) comme le sont les tuniques des dames grecques sur les vases grecs du

vieux style.La tunique, la coiffure et la chaussure des femmes

captives peintes à Beni-Haçan

ressemblent à celles des grecquesdes vieux vases, et j'ai retrouvé sur la robe de l'une d'elles l'orne-

ment enroulé si connu sous le nom de grecque, peinten

rouge,bleu et noir, et tracé verticale-

ment. Les hommes captifs,à barbe

pointue,sont armés d'arcs et de lances, et l'un d'entre eux

tient en main une lyre grecquede vieux style.

Sont-ce des Grecs? Je le crois fermement; mais

des Grecs ioniens, ou unpeuple

d'Asie Mineure. Ce serait une chose bien curieuseque des Grecs

du ixc siècle avant J.-C., peintsavec fidélité

pardes mains égyptiennes, etc., etc. »

L'admiration deChampollion pour

les grottes de Beni-Haçan n'a rien d'exagéré, et elles la

méritent encore, malgré les nombreuses mutilations qu'elles ont subies depuis l'époque ou l'illustre

voyageurles visita. Mais a-t-il bien apprécié les scènes peintes sur les parois? Sont-ce bien des

Grecs captifs ces hommes armés et vêtus de tuniques, dont ilparle?

Nous hésitons àrépondre à

ces deux questions l'inspection attentive des lieux précités nous a donné une opinion contraire,

et comme nous sommes tropfaible

pouroser nous mesurer avec un homme aussi puissamment

savant que Champollion le jeune, nous céderons la parole au docteurLepsius, qui s'exprime

nette-

ment à ce sujet (je laisse à cliacun deségyptologues l'orthographe qu'il a

adoptée pourles noms

égyptiens.)

« A Beni-Haçan j'ai fait faire une copie exacte d'une tombecomplète. Elle sera le

spécimen du

style grandiose de l'architecture et de l'art de la secondeépoque

florissante du vieil empire pendant

lapuissante douzième

dynastie. Les égyptologues s'étonneront quand ils apprendront pourquoi

j'ai divisé les tablesd'Abydos, et pourquoi j'ai renvoyé du nouvel

empiredans le vieux Sesurtesen

etAmenemha, ces Pharaons si connus à

Héliopolis, au Fayoum, à Benihassen, à Thèbes et jusqu'àWadihalfa. Ces tombes seules prouvent combien cette

époquefut glorieuse pour l'Lgypte. On

peut

voir également dans ces richesreprésentations décoratives, le

pronosticde la

catastrophe qui courba

l'%ypte pendant plusieurs siècles sous le joug de ses ennemis du nord. Ces tableaux nous mon-

trent ledegré d'avancement des arts de la paix, ainsi que le luxe raffiné des grands de cette

époque.

Dans les tableaux des jeux guerriers, qui occupentdes

paroisentières dans certaines tombes, ce

qui nous donne la conviction de leurusage général

à cetteépoque, usage disparaissant ensuite,

dans ces tableaux nous trouvons souvent parmi les hommes au teint rouge ou brun foncé des

EGYPTE.

races égyptienneset méridionales, des gens

de teint très-clairayant pour la

plupart un cqslumc

étranger,et généralement

la barbe et les cheveux roux, avec les yeux bleus; on les y voitquelque-

fois seuls, quelquefoisen petits groupes.

Ils paraissent aussi dans la suite des nobles, et sont

évidemment d'origine septentrionale, probablement sémitique. Nous trouvons sur les monuments

de cette époquedes victoires sur les Éthiopiens

et sur les Nègres, ce qui nous fait rencontrer sans

surprisedes esclaves et des domestiques

noirs. Nousn'apprenons rien, au contraire, des guerres

contre les voisins du nord; mais il paraît que l'émigration du nord-est commençait déjà, et que

beaucoup d'étrangers cherchaient un asile dans la fertileEgypte en

retour de services rendus.

J'ai encore présentà

l'espritla scène remarquable

dans la tombe duparent royal Nchera-si-

Numholep,la deuxième du nord, qui déroule sous les yeux l'émigration

de Jacob et de sa famille

de la manière la plus vive, de façon; à établir un rapport entrele tableau et le fait, si réellement

Jacob n'était venu bien plustard et si nous ne savions pas que de semblables arrivées de familles

ne devaient pasêtre rares. Ce furent là

cependantles

précurseurs des Hyksos, et ils leur prépa-

rèrent le chemin sousplus

d'un rapport. J'aiattentivement examiné tout ce tableau, qui

a environ

huitpieds

de long sur un piedet demi de haut; il est très-bien conservé

partout, quoique seule-

mentpeint.

Le scribe royal Nefruhotep, quiconduit le

groupe étranger enprésence

du haut

fonctionnaire auquel appartient la tombe, luiprésente

une feuillede papyrus

où la sixième année

du. roi Sesintesen II est mentionnée, année dans laquelle cette famille de trente-sept personnes

arriva en Egypte.Leur chef et seigneur s'appelait Absha, les autres Aama. Une désignation de

nation qui se rencontre dans la race à teint clair, souvent représentée dans les tombesroyales de

la dix-neuvième dynastie,forme avec trois autres races les quatre principales

divisions del'espèce

humaine connues par les Égyptiens.En eux Champollion reconnut (Les Grecs, quand il vint à

Benihaçan, mais il ne savait pasalors l'extrême antiquité des monuments qu'il voyait. Wilkinson

les prit pourdes prisonniers,

mais cette idée disparaît en les voyant avec des armes, des lyres,

des femmes, des enfants, des ânes et du bagage. C'est une famille d'émigrés Hyksos, demandant à

être reçue dans cette terre favorisée, et dont la postérité ouvrit peut-être plus tard lesportes de

l'Egypteaux tribus victorieuses de leurs

parents sémitiques.

« La ville à laquelle cette riche nécropole troglodytique appartenaitdevait être très-grande. Elle

s'appelle Nus dans lesinscriptions hiéroglyphiques, et se trouvait sans doute vis-à-vis sur la rive

gauchedu Nil, oit il existe encore des élévations de terre marquées sur les cartes françaises. Il n'est

pas étonnant que la géographie des Grecs et des Romains ne fasse aucune mention de cette ville

Nus, quandon réfléchit que la domination Hyksos

arrive à cette époque.La chute soudaine de

l'empireet de cette ville florissante, à la fin de la douzième dynastie, se reconnaît

par ce fait, que

parmiles nombreux

hypogées,onze seulement portent des inscriptions,

etque parmi ces onze

tombes trois seulement sont achevées. »

Antinoe(autrefois Bésa, actuellement Cheikh- Abadé).-– L'empereur

Hadrienvoyageait

enÉgypte,

son favori Antinous se noya dans le Nil; il fallut honorer celui qui avait été tant aimé, et une

ville fut fondée sous son nom, pleinede

temples qui lui furent dédiés. L'emplacementfut bien

choisi, sur celui de Bésa, antique cité égyptienne disparue.C'était un point

centralpour garder la

province de l'Egypte en quatre ans la ville nouvelle s'éleva (132 de J.-C.). Trois temples, des

théâtres, des arcs detriomphe, des cirques, des colonnades ornaient la ville que

deux murailles

entouraient. Sous lesempereurs

chrétiens elle devint un évêché, et resta la métropolede la Thébaïde

jusqu'au jour où elle fut saccagée parles Arabes. Le sultan Saladin fit enlever ses

porteset,

démolir ses murailles. A la fin du siècle dernier, ses ruines étaient encore debout, et nous avons le

dessin exact de ses arcs detriomphe

et de ses thermes mais tout a été jeté bas; on a fait sauter

EGYPTE.

55

parla.

poudrece qu'on

ne pouvaitrenverser à force de bras, et ses débris ont servi à bâtir les

raffineries de sucre de Rodah qui appartiennent actuellement aux fils d'Ibrahim-Pacha. Çà et là on

voit surgirde terre des fats de colonnes, un autel

culbuté, des chapiteaux d'ordrecomposite,

et

quelquesmasses en briques cuites qui

ont certainement appartenu à des bains. On y trouve une

quantité peu croyablede lampes en terre cuite et

beaucoupde médaillés au nom de Bésa.

HERMOPOLIS MAGNA (Achmouneyn).– La ville d'Hermopolis magna était tombée en décadence

aprèsla fondation iïÀnlinoê. La famille industrielle du

pacha d'Egypte n'apas plus épargné

son temple égyptien qu'ellen'avait

respectéles monuments romains de son ancienne rivale. Le

portiqueorné d'une double colonnade, les douze colonnes gigantesques, le temple dont les

chambres étaient peintes,et qui était dédié à Tôth ibiocéphale (Hermès des Grecs, d'où le nom

d'Hermopolis magna), ont été réduits enpoussière

et ont servi à faire de la chaux qui a été vendue

auprofit

de cette bande de vautours qui s'est abattue sur l'Egypte au commencement de notre

siècle, et quila dévore sous prétexte de la gouverner.

Lycopoli s (Syout). – Capitalede la haute

Egypte;c'est une ville commerçante fort

importante,

car elle est le marchéprincipal

des caravanes du Dar-Four et du Sennâar. 27° 10' 14" lat. nord.

– 28° 53' 20". long. or. du méridien de Paris. Ses ruines ont si bien disparu qu'il n'en reste

plus traces; elles s'étendaient jadis aupied

de la chaîne libyque, là où est le grand cimetière

moderne, qui semble une ville à côté d'une autre ville.

La montagne qui domine Syoutest creusée de

grands hypogées, disposéscomme toujours en

syringes (pl. 12).Ce sont de vastes excavations qui servaient de nécropole les murailles sont

ornées dereprésentations

fort curieuses, qui se rapportent à l'art militaire le plus reculé del'Égypte

(de la cinquième à la neuvième dynastie).On n'y retrouve aucune indication de cheval ni de cava-

lier, ce qui tendrait à prouver quela cavalerie n'a été introduite en Égypte qu'avec l'invasion

des Hyksos. Ces hypogées contiennent encore une grande quantitéde momies de

loups (M*wv ico'Xtç,

la ville des loups).

AwtaEOVous(Kaou-el-Kébir). -Al'époque

del'expédition française en

Égypteon

voyait sur

l'emplacement & Antœopolis les débris de trois colonnades, chacune de six colonnes qui avaient

huitpieds

de diamètre et soixante-deuxpieds

de hauteur. L'objet le plus remarquable de ces

ruines était un petit temple monolithe d'une formeparticulière; c'était un

rectangle aux faces

égales, et qui s'élevait enpyramide quadrangulaire;

il avait quinze piedsde haut.

Leghdit

qu'il

était en granit, et Jomard en roche calcaire très-fine. Il était couvert d'inscriptions grecques et

latines. Au-dessus duportique on lisait le motivrai^, d'où les Grecs sans doute ont fait Antœopolis.

La ville, selon Ptolémée, n!était pas baignée par les eaux du Nil; peu à peu, à chaque inondation,

le fleuve s'estrapproché,

si bien qu'un jour il a tout emporté, les temples, les portiques et les

colonnades.

CHEMINS (Panopolls; Ahhmyn). – C'était d'après Strabon, la ville des ouvriers en lin et

des tailleurs depierres. Ses deux

templesen

calcaireont été détruits; il ne reste qu'un linteau

de porte sur lequel se voient le nom de Ptolémée Philopator et l'imaged'Ammon-ra

queles Grecs

avaient assimilé au dieu Pan; Ritter dit, d'après Saint -Genès: « Du nomcopte Scltmin, les

Arabes ont formé Akhmyn, par l'appositionde leur alif euphonique;

il estimpossible

de ne pas

reconnaître dans ce motl'antique Xe>fuç de Strabon et de Diodore, dont la racine est

proba-

blement Khmon c'est-à-direpenis, t membrum virile, dans la langue Siwah. Chemmis était le nom

égyptien de la ville de Pan, que les Grecs ont appeléeensuite Panopolis. »

Abydosoù, selon

Strabon, onvoyait le Memnonium, palais magnifique qui renfermai t

une source profonde à laquelle on descendaitpar

des galeriesvoûtées

(tyaîkiètç), formées de

EGYPTE.

monolithes il'une grandeur et d'une construction extraordinaires. Au temps de Strabon, cette

ville qui fut la première d'Égypte après Thèbes, n'étaitdéjà plus qu'une bourgade. Osiris

était adoré à Abydos il n'était permis ni de danser, ni de jouer de la flûte ou du, psaltérion

dans sontemple

comme pour les autres divinités.

Letemple

entier existe encoreauprès

du village de Mad/ouneh, mais enfoui sous les sables

et obstrué si bien qu'onne

peut pénétrer que dans deux chambres presque comblées. Les

peintures qui le décorent sont merveilleuses de finesse et deperfection. L'enceinte des temples

et des palais est visible sous les amoncellements qui les recouvrent. Là s'arrête l'inondation,

car Abydos était, autrefois desservi par un canal tracé à mains d'hommes. Il n'y aurait donc,

pour découvrir les monuments, qu'à creuser dans le Désert, ce qui est toujours facile. La

plupartdes statues importantes qui existent maintenant en

Egyptechez les marchands et chez

lesparticuliers,

viennent des fouilles opéréesà Abydos. La table chronologique qu'on y a

trouvée, indiqueseule l'importance incalculable des résultats qu'on pourrait obtenir. Les

ruines n'ont pas moins de 21,000 pieds de tour, 8,400 piedsde

longueur du nord-ouest au

sud-ouest, et 2,700 pieds de largeur.

Dendeuah(Tentyris)

où le crocodile est en horreur, dit Strabon. 26° 8' 36" lat. nord;

30° 20' 42" long. est du méridien de Paris. L'expédition d'Égypte trouva letemple de Denderah

(pi. 16, à 20 incl.) enfoui jusqu'à la frise et entouré d'habitations arabes. Maintenant il est

entièrement découvert; des fouilles ordonnées par Abbas-Pacha, à laprière

duprince Pukler-

Muskau, ont mis au jour les vingt-quatre colonnes des portiques qui soutiennent leplafond orné

du fameux Zodiaque, ont déblayé les chambres et les souterrains du,temple, et l'ont enfin débar-

rassé des huttes de fellah qui l'obstruaient et couvraient jusqu'à ses terrasses. Un des grands

couloirs souterrains nouvellement nettoyé offre des sculptures singulières qu'ilserait bon de

faire étudier, et dont je n'ai vu aucun exemple dans les divers monumentségyptiens que j'ai

visités. J'yai

remarqué,entre autres, un roi debout, perçant avec sa lance un poisson qui rampe

à terre et ressemble à undauphin;

sur le bras droit, replié par le mouvement, un petit

cynocéphale est accroupi.

Lessculptures,

assez grossières cependant,du

templede Denderah, excitèrent une admi-

ration excessive chez les membres del'expédition scientifique d'Egypte

Jollois n'hésitepas à

affirmerque

sa construction remontait au Pharaon Nécho ou Amasis; Visconti et Belzonipré-

tendirent plus tard qu'il appartenait à l'époque des Grecs et peut-être même des Romains,

tous les savants voyageurs étaient d'accord au restepour

déclarerqu'il

était dédié à Isis et

que leschapiteaux des colonnes de son portique n'étaient autres que le masque répété

de

cette déesse.

En découvrant la clef du langage hiéroglyphique, Champollion jeune pouvait seul jeter

un jour certain sur ces ténébreuses questionsà

première vue il reconnut que letemple

était

dédié à Hathor (la Vénus des Grecs, ce qui se rapporte au dire de Strabon) et le déclara d'une

décadence manifeste. Il est évident au reste, pourun observateur un peu attentif, que ces

sculptures sont d'une dégénérescence extrême; on sent à les voir qu'on s'est uniquement rattaché

à la tradition, maisque

le sens et la foi sont perdus. Voici dans quels termesChampollion

raconte la visite qu'il fit aux temples de l'antique Tentyris.« Je vis dès lors, que j'avais sous

les yeux un chef-d'œuvre d'architecture couvert desculptures,

de détails duplus

mauvais style;

n'en déplaise àpersonne,

les bas-reliefs de Denderah sont détestables, et cela ne pouvait être

autrement: ils. sont d'untemps

de décadence. La sculpture s'était déjà corrompue, tandis que

l'architecture, moins sujette à varier puisqu'elle était un art chiffré, s'était soutenudigne

des

EGYPTE.

dieux de l'Egypteet de l'admiration des siècles. Voici les

époques de la décoration: la partie

la plusancienne est la muraille extérieure, à l'extrémité des

temples (pl. 18, 19 et 20) où sont

figurés,de proportions colossales, Cléopâtre et son fils Ptolémée César. Les bas-reliefs

supérieurs

sont du tempsde l'empereur Auguste,

ainsi que les murailles extérieures latérales du Naos, à

l'exceptionde quelques petites portions qui sont de

l'époque de Néron. Le Pronaos est tout

entier couvert de légendes impérialesde Tibère, de Càîus, de Claude et de Néron; mais dans

tout l'intérieur du Naos, ainsi quedans les chambres et les édifices construits sur la terrasse

du temple (pl. 17),il n'existe

pasun cartouche sculpté tous sont vides et rien n'a été effacé;

mais toutes les sculpturesde ces appartements

sont duplus

mauvais style et nepeuvent

remonter plushaut que

les temps de Trajan ou à'Antonin. »

A côté du grand temples'élève un petit périptère qui est un typhonium. II fut élevé et

décoré sous Trajan, Hadrien et Antonin le Pieux. Il est dans un état de dégradation excessive.

Ces typhoniumou mammisi étaient

généralementconstruits en commémoration de l'heureux

accouchement d'une reine, et dédiés à une des triades inférieures du Panthéon égyptien. Ils

étaient presque toujours composésde deux chambres, une grande, et une petite qui servait

de sanctuaire; leur caractère distinctif est quele dé qui

surmonte les chapiteaux etsupporte

l'entablement contient la monstrueuse figure de Typhon, dont nous donnons ici un dessin

exact.

Le grand templede Denderah est le mieux conservé de

l'Egypte; j'en excepte pourtant les

spéos de la Nubie inférieure que leur construction troglodytriqLiea

préservés contre letemps

et les hommes. Le propylon, sur lequel Champollion remarqua les images desempereurs

Domi-

tien et Trajan, a été détruit.

Coptos [Kefih) fut célèbre commeentrepôt des caravanes venant de la mer

Rouge.Il

n'existe rien decomplet. Ses temples ont été démolis

parles Chrétiens, qui

enemployèrent

les

débris à construire une grande église dans les ruines de laquelleon rencontre de nombreux

fragments de bas-reliefségyptiens. On y retrouve les cartouches de Nectanèbe, d'Auguste,

de

Claude et de Trajan. Ily

a encore quelques restes d'un édifice bâti sous les Ptolémées.

Apollonopolis PARVA(Qoûs). De tous ses monuments, il ne reste qu'un propylon

à

moitiédisparu sous les décombres. « Ce

propylonest dédié au dieu Aroëris, dont les images

sculptées sur toutes les faces, sont adossées du côté qui regardele Nil, c'est-à-dire sur la face

principale,la

plus anciennementsculptée, par

la reine CléopâlreCocce qui y prend

le surnom de

Philométor, etpar son fils Ptolémée Soter II, qui

se décore aussi du titre de Philométor. Mais la

facesupérieure du

propylon, cellequi regarde le temple, couverte de sculptures, et terminée

EGYPTE.

avecbeaucoup

de soins, porte partoutles légendes royales de Ptolémée Alexandre Iciy en toutes

lettres; ilprend

aussi le surmon de Philométor.» (Champollion le jeune. )

THÈBES( Diospolis magna; ©flëat dans Strabon; ©yf&odans Étienne de Byzance; Tapé chez les

Coptes) (dela

pi.24 à la

pl. 61, incl.). 30° 17' 32" long. est de Paris; 25° 42' 58" lat.

nord.

Les ruines de Thèbes s'étendent sur les deux rives du Nil et se divisent ensept groupes

principaux

Sur la rive' droite Louqsor (pi. 24, 25 et26) et Karnac (pl. 27 à 45

incl.).

Sur la rive gauche Medinet-Habou (pl.46 à 53 incl.); Les colosses

(pl. 54 à 57 incl.); le

Ramesseum occidental (tombeau d'Osymandias) (pi. 58-59); le Menephteum (palaisde

Gournah)

( pl. 61),et les tombeaux dés rois dans la vallée de Biban-el-Molouk.

Toutes les exagérations possiblesont été dites sur Thèbes aux cent portes la commission

Egypte a naturellement attribué tous ses monuments à Sésostris, sauf cependant celuiqui lui

appartenait réellement enpropre,

le Ramesseum occidental, qu'ellea

pris pour le tombeau

d'Osymandias décrit par Diodore de Sicile.

Nous ne suivrons pas les savants voyageurs dans leurs digressions devenues maintenant

inutiles; nous ferons une énumérationrapide

des monuments de Thèbes, en nous servant des

indications malheureusement incomplètesde

Champollion trop tôt emporté par la mort, et

nous céderons ensuite laparole

au docteurLepsius

sans nousinquiéter

des dissidencesd'opinions

qu'il peut offrir avec celles de l'égyptologue français.

Louqsor. Palais immense, obstrué maintenant pardes huttes de fellahs. Son fondateur a

été le Pharaon Aménophis-Memnon (/tmenothph III) de la dix-huitième dynastie; les grandes

colonnes de quarante-cinq piedsde haut, les

petitescolonnes au nombre cent cinq, appar-

tiennent à sonépoque, et sur toutes leurs architraves on lit des dédicaces au nom

d'Aménophis.

A laplanche

25 j'ai cité celle-ci

« La vie, l'Horuspuissant

et modéré, régnant parla justice, l'organisateur

de cepays,

« celui qui tient le monde en paix parce que, dans sa force, il a châtié les Barbares; le roi

«(DIRECTEUR

DEjustice,

bien-aimé" DUSoleil)^ – (Le

MLS DU Soleil, àm^nothph),modérateur

« de la Région pure (l'Égypte),a fait exécuter ces constructions consacrées à son père Ammon,

« le Dieu seigneur des trois zones de l'univers, dans l'Ophdu Midi

( portionorientale de

«Thèbes).

Il les a fait exécuter enpierres dures et bonnes, afin d'ériger un édifice durable.

« Voilà ce qu'a fait le fils du Soleil, Aménothph, CHÉRI D'AMMON-RA. »

Le sanctuaire dupalais, précédé par une colonnade remarquable (pl. 26),

a été reconstruit

par Alexandre, fils du Macédonien; on retrouve, en ces termes, la dédicace de cette restau-

ration

« Restauration de l'éditice faitepar le roi (CHÉRI DE Phré, APPROUVÉ D'AMMON). (LE FILS

« DU Soleil, SEIGNEUR DES Diadèmes, ALEXANDRE)en l'honneur de son

père Ammon-ra, gardien

« des régions del'Oph (Thèbes);

il a fait construire le sanctuaire nouveau enpierres

dures et

« bonnes à la placede celui qui avait été fait sous la majesté du roi Soleil

(DIRECTEURDE JUSTICE,

« biex-aimé DU,Soleil). (Aménothph),

modérateur de larégion pure.

»

Au-devant de ces palais, Ramsès en fit construire un; à côté de Amenoplieum il voulut

avoir son Ramesseum, qui se reliait au premier parla

grandecolonnade. La dédicace sculptée

sur la corniche des pylones, ne laisse aucun doute à cetégard,

la voici f

« La vie! l'Aroeris, enfant d'Ammon, le maître de larégion supérieure

et de la région

« inférieure, deux fois aimable, l'Horus plein de force, l'ami du monde, le Roi (Soleiloardien

ÉGYPTEv

6

« DE vérité,APPROUVÉ DE Phrè), le fils préféré

du roi des Dieux, qui, assis sur le trône de son

«•père,domine sur la terre, a fait exécuter ces constructions en l'honneur de son père

« Ammon-Ra, roi des Dieux. Il a construit ce Ramesseum dans la ville d'Ammon, dans l'Oph

« du midi. C'est ce qu'a fait le, fils du Soleil(le

fils chéri d'Ammon, Ramsès),vivificateur

« à toujours.» '

Devant les pylones immenses, chargés encore, malgré leur dégradation, de beaux restes de

sculptures représentantdivers faits militaires dé Ramsès, s'élèvent quatre colosses de

granit

à demi enfouis sous les sables, et qui doivent avoir environ dix mètres de haut; au devant

se dressaient deux obélisques,dont un fut

transportéà Paris.

Une longue avenue desphinx

et de béliers, en partie détruite à cette heure, réunissait

autrefois lepalais

de Louqsor à celui de

Karnac. L'ensemble de Karnac est d'un effet indicible; c'est l'amoncellement des plus

grandes ruines connues; temples, dromos, pylones, propylées, palais, obélisques, enceintes,

statues, colonnades, sanctuaires, colléges sacerdotaux, bassins sacrés, appartements royaux,

citernes, constructions de tous genreset de toutes époques, sont renversés pêle-mêle, dévastés,

effondrés, brisés, mais magnifiqueset

surprenantsau milieu de

la solitude qui les entoure et

les grandit encore. (Voir pi. XXVI, plan généralde

Karnac.)

Si le voyageur, tournant le dos au Nil(ouest)

et faisant face au soleil levant, marche

devant lui, il trouvera

1° Les restes informes et presqueméconnaissables d'un dromos de Criosphinx;

2° Les grands pylonesdu palais;

3° La cour des Bubastites, ayant au nord lé petit templede

Menephta-Sethéi II, et au sud le

temple d'Ammon. Cette cour, commencée par les rois de lavingt-sixième dynastie, achevée

sous les Ptolémées, fut bouleverséepar

le tremblement de terre de l'an 27 de Jésus-Christ,

dont Eusèbe a dit « Thebœ JEgyptû usquead solum dirutœ sunt. »

4° Lagrande porte

en calcaire dur chargéede

scupltures représentantPtolémée

Physcon

faisant des offrandes aux dieux, et enclavée dans deux pylonesruinés de fond en comble;

5° La salle hypostyleavec ses cent quarante

colonnespeintes.

La dimension deschapiteaux

de la colonnade du milieu est telle quecent hommes

peuvent s'y asseoir;

6° Les obélisques de Tothmès Ier;

70 Des pylones renversés

8° Les obélisques élevés parAmenemhé et la reine Amensé;

9° Des restes de pylones;

10° Lespiliers de granit

à fleurs de lotus ornés de sculptures représentant Tothmès III avec

Maùt et Hathor;

11° Le sanctuaire de granit qui fut bâti trois fois sur le même emplacement:–

1* par

Osortasen, de la douzième dynastie; – 2bpar

Tothmès III, et 3°par Philippe Aridée;

12" Les colonnes d'Osortasen;

13° Lesappartements dits promenoirs de Tothmès III; c'est à

l'anglesud de cette construction

que se trouvait la chambre des rois ou des ancêtres, rapportéeà Paris par

M. Prisse d'Avenue,

et offerte par lui à làBibiothèque impériale;

14° Unechapelle dédiée à Tothmès III;

15° Un édifice difficile à reconnaîtreappartenant à l'époque de

Ramsès II, Méiamoun;

16° Enfin unpropylon décoré par" Nectanèbe.

Au nord de cette masse immense de constructions royales et sacrées, se trouve unpetit

EGYPTE.

templeélevé par Amasis, un temple de Phta et d'Hathor, un temple bâti par Amyrtée, et enfin

unAmenopheum

entouré d'une enceinte spéciale et précédé par un dromos orienté au nord et

actuellement détruit.

Au sud, on rencontre trois groupesde ruines différents, comprenant

Lepremier:

1° une avenue de béliers;

2° Legrand propylon

de Ptolémée Évergète;

3° Le dromos (détruit)du temple de Khons;

4° Le templede Khons;

5° Letemple d'Otph.

Le second: 1° une avenue de criosphinx;

2° le pylone d'Hor-em-Heb

3° plus à l'est, unpalais

de Tothmès 1er;

4° lepylône que

Ramsès fit couvrir de ses cartouches;

5° le pylone d'Aménothph Ier;

6° le pylone de Sethéi Ie' (ruiné).

Cet ensemble forme lespropylées

dupalais

de Karnac.

Le troisième: 1° degrandes ruines, dont la destination est difficile à

préciser, et qu'on

croit avoir-été un collége sacerdotal;

2° Le bassin des ablutions;

3° une construction qui paraît avoir été un puits;

4° un templebâti

parTeharaka

(leTherak de la Bible).

Enfin autour, au travers, au milieu de ces ruines, des buttes énormes de décombres ou

des fouilleurs habiles découvriraient certainement des richesses nouvelles.

Tels sont, sommairement, les monuments qui s'élèvent sur la rive droite du Nil; la rive

gauche n'est pas moins riche.

Medinet Habou est un destemples palais

lesplus

curieux et les mieux conservés de

l'ancienne Égypte; c'est en quelque sorte un tableau abrégé de l'Egypte monumentale.

« On y trouve en effet réunis, ditChampollion,

untemple appartenant

àl'époque pha-

« raoniquela

plus brillante, celle des premiers rois de la xvme dynastie; un immense palais

« de lapériode

de conquêtes; un édifice de lapremière

décadence sous l'invasionéthiopienne;

« une chapelle élevée sous un des princes qui avaient brisé le joug des Perses; unpropylon

de

« la dynastie grecque; des propylées de l'époque romaine; enfin des colonnes qui jadis soute-

« naient le faîte d'une église chrétienne. »

Voici par ordre les différentesparties de monuments que

contient legroupe

de ruines

désignées sous le nom de Medinet-Habou.

1° Un vaste mur d'enceinte construit enpierre

degrès, presque

entièrement renversé à cette

heure, et dont les jambages offrent les cartouches de« l'empereur

César-Titus-OElius-Hadrianus-

Antoninus-Pius »

2° Deuxgroupes

de trois colonnes réunies par des entre-colonnements. Les sculptures du

couronnement tombéindiquent l'époque précitée;

3° Ungrand pylone chargé de

sculptures représentantPtolémée Soter II en adoration devant t

les sept divinités élémentaires et les dieux de Thèbes et d'Hermontis. L'enceinte, les propylées

des Antonins et le pylône de Soter Il, ont été élevés avec les matériaux d'un édifice ruiné

portant les. cartouches de Ramsès le Grand;4° Une sorte de

chapelleécroulée dont les huit colonnes qui la supportaient sont maintenant

EGYPTE.

arasées à la hauteur des murs d'entre-colonnements. Ses bas-reliefs encore existants représentent

le roi Nectanèbe (trentième dynastie) faisant des offrandes à Ammon-Ra;

5° Unpylone

bâti parle roi éthiopien Téharaka (Thérak de la Bible), dont les cartouches,

quoiqueintentionnellement martelés, sont encore lisibles. Le

pylonea été remis à neuf par

Ptolémée Soter II, ainsi que le'prouve l'inscription suivante placée sur les massifs de droite:

Cette belle réparationa été faite par le roi seigneur du monde, le

grand germe des

« dieux grands, l'approuvéde Phta, image vivante d'Ammon-Ra, le fils du soleil, le seigneur

« des diadèmes, Ptolémée toujours vivant, le dieu aimé d'Isis, le dieu sauveur (Soter),en

« l'honneur de son père Ammon-Ra, quilui a concédé les

périodes des panégyries sur le

« trône d'Horus. »

60 Un temple-palaisfort remarquable, composé

d'un sanctuaire environné de galeries

formées de pilierset de colonnes et de huit salles

plusou moins vastes. Sa construction et sa

décoration remontent à Tothmès Ier, à Tothmès II, à la reine Amensé, au régent Aménenthé et

à Tothmès III. Les dédicaces ont été faites au nom de ce dernier.

Cet édifice, qui date des premièresannées du xvme siècle avant Jésus-Christ, a subi

différentes restaurations annoncées par des légendes hiéroglyphiques qui en indiquent les époques

et les auteurs

a. La restauration desportes

et d'unepartie

duplafond

de la grande sallepar

Ptolémée

Évergète II (146 et 118 avant Jésus-Christ);

b.Réparation

aux colonnes des galeries faites par le Pharaon Mendésien Acoris ( 392 avant

Jésus-Christ);

c. Les sculptures des façades septentrionaleset méridionales exécutées sous le Pharaon Ramsès

Méiamoun (xve siècle avant Jésus-Ghrist ).

7° Unpalais privé remontant à Ramsès Méiamoun, qui a dû être, sans doute, un gynécée;

curieuxpar sa disposition particulière, par

son couronnement formé de créneaux dont les

merlons sont arrondis, et par ses fenêtres ornées de balcons supportés par des têtes decaptifs;

8° Lepalais

de Ramsès Méiamoun, précédéde

pylones,ouvert de deux cours immenses

entourées degaleries soutenues par des colonnes et des piliers, et orné de vastes salles, dont

beaucoup se trouvent encore embarrassées de décombres. Toutes les murailles sont couvertes

desculptures et de

légendes qui représententet racontent les exploits

du Pharaon constructeur

de ce palais;

9° Les ruines d'une ville copte, détruite àl'époque

de l'invasion des Arabes, et qui portait

le nom de Papa.

LES COLOSSES, vulgairement appelésstatues de Menanon, que

Denon avait pris,on ne sait

pourquoi, pour deuxprincesses égyptiennes. Le doute n'est actuellement plus permis

à leur

égard; les deux colosses sont lareprésentation

de Pharaon Aménothph III, ainsi que le prouve

surabondammentl'inscription suivante gravée sur le dossier en signes hiéroglyphiques majuscules:

« L'Aroérispuissant,

le modérateur des modérateurs, le roi Soleil, directeur de justice, le

« fils du Soleil, leseigneur des diadèmes, Aménothph, modérateur de la région pure,

le bien-

« aimé d'Ammon-Ra, roi des dieux, l'Horus resplendissant, a érigé ces constructions en l'honneur

« de sonpère Ammon; il lui a dédié cette grande statue en pierre dure, etc., etc. »

« Ce sont là, ditChampollion

le jeune, les titres et noms du troisième Aménophisde la

« dix-huitième dynastie, lequel occupait le trône des Pharaons, vers l'an 1680 avant l'ère chré-

« tienne. » •

Les deuxfigures colossales

étaient, selon toute probabilité,les

premièresd'un dromos qui

EGYPTE

conduisait auxpylones

d'un Amenopheum aujourd'hui disparu,et dont

Champollion, qu'onne se

lasse pas de citer, a retrouvé les dédicaces sur des blocs degrès brèche à demi ensevelis aux pieds

de la montagne Libyque, Pausanias, au reste, esttrès-explicite

à ce sujet; il dit textuellement

(liv. 1 chap. 42): « ÀXXàyàp oi Mépiova oî ©ïîëawt Jiyouoe, <f>a[/ivoça<ië eivai twv £yywpi<ovoù tovto &yaty.a r(v. »

Tout le monde sait qu'une deces statues, brisée

parle tremblement de terre de l'an 27 de

Jésus-Christ et restaurée par Septirrie Sévère, avait la singulière faculté de saluer l'aurore. Ce

fait n'estplus

mis en doute, et après l'ingénieux Letronne, il ne nous reste plus rien à en dire,

néanmoins, nous croyonsêtre agréable à

plusieursde nos lecteurs en leur donnant la traduction

de quelques-unes des inscriptions affirmatives grecques et latines gravées sur les jambes et les

cuisses de la célèbre statue vocale

-A. Instuleius Tenax, principilaire de la XIIe légion, et Caius Valerius Priscus, centurion

(le la XXIV légion, et Lucius Quintius Viator, décurion; nous avons entendu Memnon, l'an xi

de Néron, notre empereur, le 12 des calendes d'avril à la première heure.

– Titus Julius Lupus, préfet de l'Égypte; j'ai entenduMemnon à la première heure, heureusement.

– L. Junius Calvinus, préfet du canton de Bérénice j'ai entendu Memnon avec Municia Rustica,

ma femme, les calendes d'avril, à la deuxième heure, l'an IV de Vespasien Auguste, notre empereur.

– Marcus Anicius Verus, fils de Julien, inscrit dans la tribu Voltinia, natif de Vienne',

'de la IIP légion Cyrénaïque; j'ai entendu Memnon, en l'an m deVespasien,

le 4 des ides de

novembre; en l'an iv, le 7 des calendes de janvier, le 18 des calendes de février, le 4 des nones

et le 5 des ides de ce même mois; le 15, le 13 et le 12 des calendes de mars, le 7 des ides

de mars, le 8 des ides d'avril, le 7 des ides de mai, le 4 des nones de juin et le 7 des ides du

même mois de juin,deux fois.

– Funisulanus Charisius, stratége d'Hermontis (sous le règne de Hadrien), natif deLatopolis,

accompagnéde son

épouse, Fulvia; il t'a entendu, ô Memnon, rendre un son, au moment où

ta mère éperduehonore ton corps

desgouttes

de sa rosée. Charisius, t'ayant fait un sacrifice

i et depieuses libations, a chanté ces vers à ta

gloire, etc., etc.

– J'avais appris que l'Egyptien Memnon, échauffé par les rayons du soleil, faisait entendre

une voix sortie de la Pierre thébaine. Ayant aperçu Hadrien, le roi du monde, avant le lever

du soleil, il lui dit bonjour,comme il

pouvaitle faire. Mais lorsque le Titan, traversant les

airs avec ses blancs coursiers, occupaitla seconde mesure des heures marquée par l'ombre du

cadran, Memnon rendit de nouveau un son aigu, comme celui d'un instrument de cuivre

frappé; et, pleinde joie (de

laprésence

del'empereur)

il rendit pour la troisième fois un son.

L'empereurHadrien salua Memnon autant de fois, et Bahilla a écrit. ces vers

composés par

elle-même, qui montrent tout ce qu'elle a vu distinctement et entendu. Il a été évidentpoin-

tous que les Dieux chérissent l'Empereur.

Au livre xvn de sagéographie,

Strabon dit «• Quant à moi étant venu visiter ces lieux

« avec OElius Gallus, accompagnéd'un grand nombre de ses amis et de ses soldats, j'entendis,

<( en effet, du bruit, vers lapremière

heure. » Il est juste de dire qu'il accompagne ce passage

de réflexions quien atténuent

singulièrementla

portée.

Aujourd'hui la statue est muette, et le silence des solitudes quil'entourent n'est

plustroublé

que par le criplaintif des hyènes et le miaulement des chacals.

RAMESSEUM OCCIDENTAL, que la commissiond'Égypte

avait pris pour le tombeau d'Osymandias

décrit par Diodore de Sicile; autrefois nommé le Memnonium.

1. Actuellement encore Vienne (Isère), capitale de l'ancien royaume des Allobroges.

EGYPTE.

7

C'est encore à Champollionle jeune qu'il devait appartenir de restituer ce monument à son

véritable fondateur et de reconnaître qu'ilavait été construit

par Ramsès le Grand, auquelil

servit de palais.Isolé au. milieu de la plaine, ayant en face de lui le Nil, derrière lui les

hypogées,à sa droite le Menephteumde Gournah, à sa gauche les colosses dont nous venons

deparler,

cet édifice immense estpeut-être

le spécimen leplus pur

et le plus élevé de la

grandearchitecture pharaonique

de Thèbes.

Les deux. pylones quile

précédaient sont, à cette heure, tellement mutilésqu'ils ne ressem-

blent qu'àun énorme tas de

pierres,amoncelées sans ordre. J'ai donné

( pl. 58)la dédicace

qui

peutse déchiffrer encore sur leurs ruines, et qui contient le nom de Ramsès le Grand.

Aprèsces pylones,

devant lesquels s'allongeaitsans doute un dromos aujourd'hui disparu,

venait une cour dont les colonnades latérales n'existent plus. C'est dans cetespace que sont

étendus, recouverts chaque année davantage par le dépôt des inondations, les débris de la statue

colossale monolithe en granitde Sésostris; sa hauteur, y compris

la base, devait être de soixante-

dix-huitpieds.

Despylones

s'élevaient ensuite dont il ne reste plus trace, et que des fouilles seulespeuvent

faire reconnaître; puis s'étendait lepalais immense, précédé d'un portique soutenu

par des

piliers auxquelss'adossaient des colosses osiriaques maintenant

décapités.

Cepalais,

orné d'une innombrable quantitéde colonnes, est couvert de sculptures et de

peinturestoutes relatives aux conquêtes de Ramsès. – Champollion y trouve une liste de

portraits

des ancêtres royaux du conquérant:1° Menés

(le premierroi terrestre); 2° un

prénom inconnu,

antérieur à la dix-septième dynastie 3° Amosis 4°Aménothph Ier 5° Tothmès III 6° Amé-

nothph II; 8° Tothmès IV; 9°Aménothph III; 10° Hôrus; 11° Ramsès Ier; 12° Ousereï;

13° Ramsès le Grand lui-même.

La sallehypostyle,

malheureusement fort dégradée, a encore une trentaine de belles colonnes

debout, et sur leur architrave une inscription qui indique péremptoirement l'emploi de ces

salles immenses dont l'usage a été si différemment interprété

« Ramsès a fait construire la Grande salle d'Assemblée en bonnes pierres blanches de

«grès, soutenues

parde grandes colonnes. salle qu'il voue au Seigneur des Dieux pour la

« célébration de sa panégyrie gracieuse.«

Il n'est donc plus douteux que ces salles hypostyles servaient à tenir de grandes assemblées,

soitpolitiques,

soitreligieuses, c'est-à-dire les Panégyries ou réunions générales. Enfin, dans ce

monument unique, Champolliona retrouvé jusqu'à une salle qui a dû être une

bibliothèque,

car elle est dédiée à Toth ibiocéphale, dieu des lettres, et à la déesse Saf, portantle titre de

dame des lettres, présidente de la salle des Livres. Quant à la question de savoir si le Ramesseum

est bien le même que le tombeau d Osymandias décritpar Diodore de Sicile, d'après Hécatée,

nous donnerons cette conclusion deChampollion lui-même

« De deux choses l'une ou le monument décritpar Hécatée sous le nom de monument

« d' Osymandias est le mêmeque

le Ramesseum. occidental de Thèbes; ou bien le Ramesseum

n'estqu'une copie, à la différence des mesures près, du monument d' Osymandias

»

Etpour plus ample informé nous renverrons nos lecteurs au travail que Letronne a publié sur ce

sujet dans le vol. ix des Mémoires de l'Académie desInscrpitions

et Belles-Lettres (nouvelle série).">

Lesmontagnes libyques qui se dressent derrière le Ramesseum sont creusées de tombeaux

appartenant tous aux castes religieuses .et militaires; la montagne entière est creusée de ces

excavationsqui se

présentent extérieurement sous forme desyringes ces tombes sont décorées

desculptures souvent d'une grande finesse et parfois de

simples peintures au trait.

EGYPTE.

Les dernières ondulations de laplaine expirant

aupied

de la chaîne libyque, sont

remplies de sépultures;des fouilles en découvriraient

chaque jour de nouvelles nous-même,

en mai 1850, nous avons été assez heureux pour trouver et faire ouvrir le tombeau d'un grand

prêtre du règnedu Pharaon Hôrus; des circonstances

très-indépendantesde notre volonté ont

reculé jusqu'à présentla

publicationdes

estampages que nous en avons faits et le plan que nous

en avons levé.

El-assassif. Le temple d'Ammon-Ra, situé dans la vallée d' El-ussassif etque Champol-

lion admira tant, n'existe plus. Sa construction semi -troglodytique ne l'apoint sauvé; des

voyageurs imbéciles, des savants vaniteux se sont abattus dessus comme une horde de barbares,

et l'ont mis en ruines. -Nous pouvons dire seulement qu'il avaitété construit

par Aménenthé,

parla reine Amensé et par Tothmès III. – Les sculptures hiéroglyphiques offraient cette parti-

cularité curieuse, que les dédicaces étaient faites au nom durégent Aménenthé, qu'on traitait de

femme, parce qu'il avait. épouséla reine Amensé, et gouvernait pendant

la minorité de

Tolhmès III.

MENEPHTEUM DE Gournah.Quoique- fort

inférieurpar

son étendue aux autres monuments

de Thèbes, le Menephteum est curieux sous plusieurs rapports; ce fut certainement un temple-

palais, comme déjà nous avons vu à Médinet-Habou. Il n'en existeplus guère maintenant

qu'une façade composéed'un

portiquede cinquante mètres de large sur dix de haut et soutenu

par dix colonnes loti formes. Cepalais

a été commencé par Ménephtaet terminé par son fils

Ramsès le Grand, ainsique

le prouve la dédicace suivante

« L'Aoëris de la région inférieure, le régulateur de l'Egypte, celui qui a châtié les contrées

ifétrangères, l'épervier d'or, soutien des armées, le plus grand des vainqueurs, le roi, SOLEIL

k gardien DE LA VÉRITÉ, l' apfrouvé DE Phrk, le fils du Soleil, chéri d'Ammon, Ramsès a exécuté

(les travaux en l'honneur de sonpère Ammou-Ra le roi des Dieux, et embelli le palais de

i< sonpère,

le roi STABILITEUR DE JUSTICE, le fils du Soleil, Ménephta-BoreÏ etc.

Biban-el-Molouk. La construction troglody tique de ces tombes immenses les agaranties

d'une destruction complète,sinon des mutilations impies apportées par

lesvoyageurs: l'aspect

de cette vallée des rois n'a pas changé depuis Champollion le jeune, et mieux que nous il

pourraen faire connaître les détails

importants;voici ce qu'il en dit

<f lies détails topographiquesdonnés par Strabon ne permettent point de chercher ailleurs

que dans la vallée de Biban-el-Molouk l'emplacement des tombeaux des anciens rois. Le nom de

cette vallée, qu'on veut entièrement dériver de l'arabe en le traduisant par les portes des rois,

maisqui

est à la fois une corruptionde l'ancien nom

égyptienBiban-Ourôou

(les hypogées des

rois), comme l'a fort bien (lit M. Silvestre de Sacy, lèverait d'ailleurs toute espèce de doute à

ce sujet. C'était la.nécropole royale,

et on avait choisi un lieuparfaitement convenable à cette

triste destination, une vallée aride, encaissée parde très-hauts rochers coupés à pic, ou

pardes

montagnes en pleine décomposition,offrant presque toutes de larges fentes occasionnées soit par

l'extrême chaleur, soit pardes éboulements intérieurs, et dont les croupes sont parsemées de

bandes noires, comme si elles eussent été brûlées enpartie.

«En entrant dans la partie la plusreculée de cette vallée, par une ouverture étroite évidem-

ment faite de main d'homme, et. offrant encore quelques légers restes desculptures égyptiennes,

on voit bientôt au pied des montagnesou sur les' pentes,

desportes carrées, encombrées pour

la

plupart, et dout.il faut approcher pour apercevoirla décoration ces portes, qui se ressemblent

toutes donnent entrée dans les tombeaux des rois.Chaque tombeau a la sienne, car jadis aucun

EGYPTE.

ne communiquait avec l'autre; ils étaient tous isolés ce sont les chercheurs de trésors, anciens

ou modernes, quiont établi quelques

communications forcées.

« II me tardait, en arrivant à Biban-el-Molouk de m'a^surer que ces tombeaux, au nombre

de seize (jene

parleici que des tombeaux conservant des sculptures

et les noms des roispour

qui ils furent creusés), étaient bien, comme je l'avais déduit d'avance de plusieurs considérations,

ceux de rois appartenant tous à des dynasties thébaines, c'est-à-dire à des princes dont la famille

était originairede Thèbes. L'examen

rapidede ces excavations m'a pleinement convaincu

queces hypogées

ont renfermé les corps des rois des xvm% xix° et xxe dynasties, qui sont en

effet toutes trois des dynasties diospolitainesou thébaines. Ainsi, j'y ai trouvé d'abord les

tombeaux de six des rois de la XVIIIe, et celui duplus ancien de tous, Aménophis-Memnon

inhumé àpart

dans la vallée isolée de l'ouest.

(f Viennent ensuite le tombeau de Ramsès-Meïamoun et ceux de six autrespharaons,

successeurs de Meïamoun, etappartenant

à la xixe ou à la XXe dynastie.

« On n'a suivi aucun ordre, ni de dynastie, ni de succession dans -te choix del'emplacement

des diverses tombes royales chacun a fait creuser la sienne sur le pointoù il croyait rencontrer

une veine depierre convenable à sa sépulture et à l'immensité de l'exavation projetée. Il est

difficile de se défendre d'une certaine surprise lorsque, aprèsavoir

passésous une

porteassez

simple,on entre dans de grandes galeries

ou corridors couverts desculptures parfaitement

soignées, conservant en grande partie l'éclat des plus vives couleurs, et conduisant successivement

à des salles soutenues pardes

piliersencore plus riches de décorations, jusqu'à ce qu'on arrive

enfin à la salle principale, celle que les Égyptiensnommaient la salle dorée, plus

vaste que

toutes les autres, et au milieu de laquelle reposaitla momie du roi dans un énorme sarcophage

de granit. Les plans de ces tombeaux, publiés parla commission d'Egypte,

donnent une idée

exacte de l'étendue de ces excavations et du travail immense qu'elles ont coûté pour les exécuter

au picet au ciseau. Les vallées sont presque

toutes encombrées de collines forméespar

les

petits éclats depierre provenant

des effrayants travaux exécutés dans le sein de la montagne.

Je ne puistracer ici une

descriptiondétaillée de ces tombeaux; plusieurs

mois m'ont à

peine suffi pour rédigerune notice un

peudétaillée des innombrables bas-reliefs qu'ils renferment

etpour copier

lesinscriptions

les plus intéressantes. Je donnerai cependant une idée générale

de ces monuments parla

description rapide et très-succincte de l'un d'entre eux, celui du

pharaon Ramsès, fils et successeur de Meïamoun. La décoration des tombeaux royaux était

systématisée, et ce que l'on trouve dans l'unreparaît

dans presque tousles autres, à

quelques

exceptions près,comme je le dirai

pluslias.

« Le bandeau de laporte

d'entrée est orné d'un bas-relief (le même sur toutes les premières

portesdes tombeaux royaux), qui

n'est au fond que la préface, ou plutôt le résumé de toute

la décoration des tombes pharaoniques.C'est un disque jaune, au milieu duquel est le soleil à

tête de bélier, c'est-à-dire le soleil couchant entrant dansl'hémisphère

inférieur et adorépar

le

roi àgenoux;

à la droite du disque, c'est-à-dire à l'orient, est la déesse Nephthys, et à lagauche

(occident) la déesse [sis occupant les deux extrémités de. la course du dieu dans l'hémisphère

supérieur;à côté du soleil, et dans le disque,

on a sculptéun grand scarabée, qui est ici, comme

ailleurs, le symbole de larégénération

ou des renaissances successives; le roi est agenouillé sur la

montagne céleste, sur laquelle portent aussi les piedsdes deux déesses.

'< Le sens général de cette compositionse

rapporte auroi défunt: pendant

sa vie, semblable

au soleil dans sa course de l'orient à l'occident, le roi devait être le vivificateur, l'illuminateur

de l'Egypteet la source de tous les biens physiques

et, moraux nécessaires à ses habitants; le

pEGYPTE.

pharaon mort fut donc encore naturellementcompare

au soleil se couchant et descendant

vers le ténébreux hémisphère inférieur, qu'il doit parcourir pour renaître de nouveau à l'orient.

et rendre la lumière et la vie au monde supérieur (celui que nous habitons), de la même

manièreque

le roi défunt devait renaître aussi, soit pour continuer sestransmigrations, soit

pour habiter le monde céleste et être absorbé dans le sein d'Ammon, lepère universel.

« Cette explication n'est pointde mon cru; le

tempsdes conjectures est passé pour

la vieille

Egypte;tout cela résulte de l'ensemble des

légendes qui couvrent les tombes royales.

« Ainsi cette comparaison ou assimilation du roi avec le soleil dans ses deux états pendant.

les deux partiesdu jour est la clef ou

plutôtle motif et le sujet dont tous les autres bas-reliefs

ne sont, comme on va le voir, que ledéveloppement successif.

« Dans le tableau décrit est toujours une légende, dont suit la traduction littérale: « Voici

ce que dit Osiris, seigneurde l'Amenti

(région occidentale, habitée par les morts): Jet'ai

accordé une demeure dans la montagne sacrée de l'occident, comme aux autres dieux grands

(les rois ses prédécesseurs),à toi Osirien, roi

seigneurdu monde, Ramsès, etc., encore vivant. ><

« Cette dernière expression prouverait, s'il en était besoin, queles tombeaux des pharaons,

ouvrages immenses, et qui exigeaient un travail fort long, étaient commencés de leur vivant,

et que l'un des premierssoins de tout roi

égyptien fut, conformément àl'esprit

bien connu

de cette singulière nation de s'occuper incessamment de l'exécution du monument sépulcral

qui devait être son dernier asile.

« C'est ce que démontre encore mieux lepremier

bas-relief qu'on trouve toujours à la

gaucheen entrant dans tous ces tombeaux. Ce tableau avait évidemment pour but de rassurer le

roi vivant sur' le fâcheux augure qui semblait résulterpour

lui du creusement de sa tombe au

moment où il était plein de vie et de santé. -Ce tableau montre en effet le pharaon en costume

royal,se

présentantau dieu Phré a tête

d'épervier,c'est-à-dire au soleil dans tout l'éclat

de sa course (à l'heure de midi), lequel adresse à son représentantsur la terre ces paroles

consolantes « Voici ceque

dit Phré, Dieu grand, Seigneurdu ciel: Nous t'accordons une

« longue série de jours pour régner sur le monde et exercer les attributions royales d'Hôrus sur

« la terre. »

« Au plafond de ce premier corridor du tombeau, on lit également de magnifiques pro-

messes faites au roi pour cette vie terrestre, et le détail des priviléges qui lui sont réservés dans

les régions célestes. Il semble qu'on ait .placéici ces légendes comme

pourrendre

plusdouce

lapente toujours trop rapide qui conduit à la salle du sarcophage.

« Immédiatementaprès

ce tableau, sorte de, précaution oratoire assez délicate, on aborde

plus franchement la question par un tableausymbolique,

ledisque du soleil Chriocéphale, parti

de l'orient et avançant vers la frontière de l'occident, qui est marquée par un crocodile,

emblème des ténèbres, et dans lesquelles le dieu et le roi vont entrer chacun à sa manière.

Suit immédiatement un très-long texte, contenant les noms des soixante-quinze parèdres du

soleil dansl'hémisphère

inférieur et des invocations à ces divinités du troisième ordre, dont

chacunepréside

à l'une dessoixante-quinze subdivisions du monde inférieur, qu'on nommait

Kellé(demeure qui enveloppe, enceinte, zone).

Unepetite salle, qui succède ordinairement à ce

premier corridor, contient les images

sculptéeset peintes des soixante-quinze parèdres, précédées ou suivies d'un immense tableau,

dans lequelon voit successivement

l'image abrégée dessoixante-quinze zones et de leurs habitants

dont il seraparlé plus

loin.

« A ces tableauxgénéraux et d'ensemble succède le

développementdes détails les parois

EGYPTE.

8

des corridors et salles quisuivent (presque toujours les parois les plus voisines de l'orient)

sont couvertes d'une longue série de tableaux représentant la marche du soleil dans l'hémisphère

supérieur (imagedu roi

pendantsa vie), et sur les parois opposées on a figuré

la marche du

soleil dans l'hémisphèreinférieur ( image du roi après sa mort).

« Les nombreux tableaux relatifs à la marche du dieu, au-dessus de l'horizon et dans

l'hémisphère lumineux, sont partagés en douze séries, annoncées chacune parun riche battant

deporte sculpté

et gardé par un énorme serpent.Ce sont les portes

des douze heures du jour,

et ces reptilesont tous des noms significatifs,

tels que tek-ho, serpentà face étincelante;

satempe/bal, serpent dont l'ceil lance la flamme; tapentho, la corne du monde, etc., etc. A

côté de ces terribles gardiens. on lit constamment la légende:« Il demeure au-dessus (le cette

grande porte,et l'ouvre au dieu Soleil. »

« Près du battant de la première porte,celle du lever, on a figuré les vingt-quatre heures

du jour astronomique sous forme humaine, une étoile sur la tête et marchant vers le fond du

tombeau, comme pour marquerla direction de la course du dieu et

indiquer celle qu'il faut

suivre dans l'étude des tableaux qui offrent un intérêt d'autant plus piquant que, dans chacune

des douze heures du. jour, on a tracé l'image détaillée de la barque du dieu, naviguant dans le

fleuve céleste sur le fluide primordialou l'éther, le

principede toutes les choses

physiques,

selon la vieille philosophie égyptienne,avec la figure des dieux qui l'assistent successivement,

et de plusla

représentationdes demeures célestes qu'il parcourt et les sciences mythiques propres

à chacune des heures du jour.

« Ainsi, à lapremière heure, sa bari ou barque se met en mouvement et reçoit les adorations

des esprits de l'Orient; parmi les tableaux de la seconde heure, on trouve le grand serpent

Apophis, le frère et l'ennemi du Soleil, surveillépar

le dieu Atmou; à la troisième heure, le

dieu Soleil arrive dans la zone céleste, où se décide le sort des âmes, relativement aux corps

qu'elles doivent habiter dans leurs nouvelles transmigrations;on

y voit t le dieu Atmou assis,

sur son tribunal, pesantà sa balance les âmes humaines

quise

présentent successivement.

l'une d'elles vient d'être condamnée, on la voit ramenée sur terre dans une bari, quis'avance

vers laporte gardée par

Anubis et conduite à grands coups de verges par des cynocéphales,

emblèmes de la justice céleste; le coupable est sous la forme d'une énorme truie, au-dessus de

laquelle on a gravéen

grand caractère gourmandise ou gloutonnerie, sans doute lepéché capital

dudélinquant, quelque glouton

del'époque.

« Le dieu visite, à la cinquième heure, les Champs-Élysées de la mythologie égyptienne,

habités parles âmes bienheureuses se

reposant des peines de leurs transmigrations sur la terre

elles portent sur leur tête la plume d'autruche, emblème de leur conduite juste et vertueuse.

On les voitprésenter

des offrandes aux dieux; ou bien, sousl'inspection

du seigneur de la joie

du cœur, elles cueillent les fruits des arbres célestes de ceparadis; plus loin, d'autres tiennent

en main des faucilles; ce sont les âmesqui cultivent les champs de la vérité; leur légende

porte« Elles font des libations de l'eau et des offrand.es des

grains des campagnesde gloire

« elles tiennent une faucille et moissonnent leschamps qui sont leur

partage;le dieu Soleil leur`

« dit: Prenez vos faucilles, moissonnez vos grains, emportez-les dans vos demeures, jouissez-en

« et les présentez aux dieux en offrande pure.»

Ailleurs, enfin, on les voit sebaigner, nager,

sauter et folâtrer dans un grand bassin que remplit l'eau céleste et primordiale, le tout sous

l'inspectiondu dieu Nil-Céleste. Dans les heures suivantes, les dieux se préparent

à combattre

le grand ennemi du Soleil, le serpent Apophis. Ils s'arment d'épieux, se chargentde filets, parce

le monstre habite les eaux du fleuve sur lequel naviguele vaisseau du Soleil; ils tendent des

EGYPTE.

cordes; Apophisest pris; on le charge de liens; on sort du fleuve cet immense reptile au moyen

d'un câble que la déesse Selk lui attache au cou et que douze dieux tirent, secondes par une

machine fort compliquéemanœuvrée

par ledieu Sev

(Saturne), assisté desgénies des quatre

points cardinaux. Mais tout cet attirail serait impuissant contre les efforts d'Apophis, s'il ne

sortait d'en bas une main énorme(celle d'Ammon) qui saisit la corde et arrête la fougue du

dragon. Enfin, à la onzième heure du jour, leserpent captif est étranglé; et bientôt après le

dieu Soleil arrive au point extrême de l'horizon, ou il vadisparaître.

C'est la déesse Netplté

(Rhéa) qui,faisant l'office de la

Téthys des Grecs, s'élève à la surface de l'abîme des eaux

célestes; et, montée sur la tête de son fils Osiris, dont le corps se termine en volute comme

celui d'une sirène, la déesse reçoit le vaisseau du Soleil, qui prendbientôt dans ses bras

immenses le Nil-Céleste, le vieil Océan des mythes égyptiens.

« La marche du soleil dans l'hémisphère inférieur, celui des ténèbres, pendant les douze

heures d.e nuit, c'est-à-dire la contre-partie des scènes précédentes, se trouve sculptée sur les parois

des tombeaux royaux opposées à celles dont je viens de donner une idée très-succincte. Là, le

dieu, assez constamment peinten noir, de la tête aux

pieds, parcourtles soixante-quinze cercles

ou zones auxquels présidentautant de

personnages divins de toute forme et armés de glaives.

Ces cercles sont habités par les âmescoupables qui

subissent divers supplices. C'est véritablement

là le type primordial de l'Enfer du Dante, car la variété des tourments a de quoi surprendre;

et je ne suispas

étonné que quelques voyageurs, effrayés de ces scènes de carnage, aient cru y

trouver lapreuve de l'usage des sacrifices humains dans l'ancienne Egypte; mais les légendes

lèvent touteespèce

d'incertitude à cetégard: ce sont des affaires de l'autre monde, et qui ne

préjugentrien

pour les us et coutumes de celui-ci.

« Les âmes coupables sontpunies d'une manière différente dans la plupart des zones infer-

nales que visite le dieu Soleil: on a figuré ces esprits impurs et persévérant dans lecrime,

presque toujours sous la forme humaine, quelquefois aussi sous la forme symbolique de la

grue ou celle del'épervier

à tête humaine, entièrement peints en noir, pour indiquer à la fois

et leur natureperverse

et leur séjour dans l'abîme des ténèbres; les unes sont fortement liées à

despoteaux,

et lesgardiens de la zone, brandissant leurs glaives, leur reprochent les crimes

qu'ellesont commis sur la terre; d'autres sont

suspenduesla tête en bas; celles-ci, les mains

liées sur lapoitrine

et la têtecoupée,

marchent en longues files; quelques-unes, les mains liées

derrière le dos, traînent sur la terre leur cœur sorti de leur poitrine; dans de grandes chaudières,

on fait bouillir des âmes vivantes, soit sous forme humaine, soit sous celle d'oiseau, ou

seulement leurs têtes et leurs coeurs. J'ai aussi remarqué des âmes jetées dans la chaudière avec

l'emblème du bonheur et durepos

céleste(l'éventail), auxquels elles avaient

perdutous leurs

droits.

« A chaque zone etauprès des

suppliciéson lit toujours leur condamnation et la peine

qu'ils subissent. « Ces âmes ennemies, y est-il dit, ne voientpoint notre dieu lorsqu'il

lance

des rayons de son disque; elles n'habitentplus dans le monde terrestre et elles n'entendent

« pointla voix du dieu grand lorsqu'il traverse leurs zones. » Tandis qu'on

lit au contraire

à côté de la représentation des âmes heureuses, sur lesparois opposées

« Elles ont trouvé grâce

« aux yeux du dieugrand; elles habitent les demeures de

gloire, celles où l'on vit de la vie

« céleste; les corps qu'elles ont abandonnésreposeront

à toujours dans leurs tombeaux, tandis

« qu'elles jouiront de laprésence dit Dieu

suprême.»

« Cette double série de tableaux nous donne donc le système psycologique égyptiendans ses

deux points lesplus importants

et lesplus moraux les

récompenseset les peines.

Ainsi se

EGYPTE.

trouve complètementdémontré tout ce

que les anciens ont dit de la doctrineégyptienne

sur

l'immortalité de l'âme et le butpositif

de la vie humaine. Elle est certainement grandeet

heureuse, l'idée de symboliser la double destinée des âmes par le plus frappantdes

phénomènes

célestes, le, cours du soleil dans les deuxhémisphères,

et d'en lier lapeinture à celle de cet

imposantet magnifique spectacle.

« Cette galerie psychologique occupe les parois des deux grands corridors et des deuxpre-

mières salles du tombeau de Ramsès V, que j'ai pris pour typede ma description des' tombes

royales, parce qu'il est le plus completde tous. Le même sujet, mais composé dans un esprit

directement astronomique et sur un plan plus régulier, parce que c'était un tableau de science,

est reproduitsur les plafonds et occupe toute la longueur de ceux du second corridor et des

deux premières salles qui suivent.

« Le ciel, sous la forme d'une femme dont lecorps est parsemé d'étoiles, enveloppe de

trois côtés cette immensecomposition

le torse se prolonge sur toute lalongueur du tableau,

dont il couvre la partie supérieure;sa tête est à l'occident; ses bras et ses pieds limitent la

longueur du tableau, divisé en deux bandes égales celle d'en hautreprésente l'hémisphère

supérieuret le cours du soleil dans les douze heures du jour; celle d'en bas

l'hémisphère

inférieur, la inarche du soleil pendant les douze heures de la nuit.

« A l'orient, c'est-à-dire vers lepoint

sexuel dugrand corps céleste (de

la déesse du ciel),

est figurée la naissance du Soleil; il sort du sein de sa divine mère Néith, sous la forme d'un

petitenfant

portantle doigt à sa bouche et renfermé dans un disque rouge le dieu Méuï

(l'Hercule égyptien,la raison divine), debout dans la barque destinée aux voyages du jeune

dieu, élève les bras pour l'y placer lui-même; après que le Soleil enfant a reçu les soins de

deux déesses nourrices, la barque partet

navigue sur l'océan céleste, l'éther, qui coule comme

un fleuve de l'orient à l'occident, où il forme un vaste bassin, dans lequel aboutit une branche

du fleuve traversant l'hémisphère inférieur, d'occident en orient.

Chaque heure du jour est indiquée sur le corpsdu ciel par un disque rouge, et dans

le tableau pardouze barques ou baris, dans lesquelles paraît le dieu Soleil naviguant sur l'Océan

céleste avec un cortège qui change à chaque heure etqui l'accompagne

sur les deux rives.

« A lapremière heure, au moment où le vaisseau se met en mouvement, les esprits de

l'orient présententleurs hommages au dieu debout dans son naos, qui est élevé au milieu de

cette bari; l'équipagese

composede la déesse Sort, qui

donnel'impulsion

à la proue;du dieu

Sev (Saturne),à la tête de lièvre, tenant une longue perche pour

sonder le fleuve; et dont il

ne fait upge qu'à partirde la huitième heure, c'est-à-dire lorsqu'on approche des parages de

l'occident; le réis ou commandant est Hôrus, ayanten sous-ordre le dieu Haké-Oëris, le

phaétonet le

compagnonfidèle du Soleil; le pilote manœuvrant le gouvernail

est un hiéracocé-

phalenommé Haôu, plus la déesse Neb-JVa (la dame de la barque), dont j'ignore les fonctions

spéciales; enfin le dieu gardien supérieur des tropiques.On a

représentésur les bords du fleuve

les dieux ou les esprits qui présidentà chacune des heures du jour ils adorent le soleil à son

passageou récitent tous les noms mythiques par lesquels on le distinguait.

A la seconde heure

paraissent les âmes des rois, ayant à leur tête le défunt Ramsès V, allant au-devant de la bari

du dieu pour adorer sa lumière; aux quatrième, cinquièmeet sixième heures, le même

pharaon

prend partaux. travaux des dieux, qui

font la guerre au grand Apophis, caché dans les eaux

de l'Océan. Dans les septième et huitième heures, le vaisseau céleste côtoie les demeures des

bienheureux jardins ombragés pardes arbres de différentes espèces,

sous lesquels se promènent

les dieux et les âmes pures.Enfin le dieu approche

de l'occident: Sev (Saturne) sonde le fleuve

EGYPTE.

incessamment, et des dieux échelonnés sur le rivage dirigent labarque avec précaution; elle

contourne le grandbassin de l'ouest et reparaît dans la bande

supérieure du tableau, c'est-à-dire

dans l'hémisphère inférieur, sur le fleuve qu'elle remonte d'occident en orient. Mais dans toute

cette navigationdes douze heures de nuit, comme il arrive encore

pourles barques qui

remontent

le Nil, la bari du soleil est toujours tirée à la cordepar

ungrand nombre de génies subal-

ternes, dont le nombre varie à chaque heure différente. Legrand cortège du dieu et l'équipage

ont disparu,il ne reste

plus que lepilote, debout et inerte à l'entrée du naos renfermant le

dieu auquel la déesse Thméi (la Vérité et laJustice), qui préside à l'enfer ou à la

région

inférieure, semble adresser des consolations.

« Des légendes hiéroglyphiques placéessur

chaque personnage et au commencement de toutes

les scènes en indiquentles noms et les sujets, en faisant connaître l'heure du jour ou de la

nuit à laquelle se rapportentces scènes symboliques. J'ai pris copie moi-même et des tableaux

et de toutes les inscriptions.

« Mais sur ces mêmes plafonds,et en dehors de la

composition que je viens de décrire en

gros, existent des textes hiéroglyphiquesd'un intérêt plus grand peut-être, quoique liés au

même sujet. Ce sont des tables des constellations et leurs influencespour toutes les heures de

chaque mois de l'année; elles sont ainsi conçues

« Mois de Tobi, la dernière moitié. Orion domine et influe sur l'oreille gauche;

« Heure première, la constellation d'Orion(influe) sur le bras gauche;

« Heure deuxième, la constellation de Sirius(influe) sur le cœur;

« Heure troisième, le commencement de la constellation des deux étoiles(les gémeaux?)

sur le cœur

<f Heure quatrième,les constellations des deux étoiles

(influent) sur l'oreille gauche;

« Heure cinquième, les étoiles du fleuve (influent) sur le cœur;

« Heure sixième, la tête (ou le commencement) du lion (influe) sur le cœur;

« Heure septième, la flèche (influe) sur l'œil droit;

« Heure huitième, les longues étoiles sur le cœur;

« Heure neuvième, les serviteurs des parties antérieures (du quadrupède),Menté (le lion

marin?), (influent) sur le bras gauche;

« Heure dixième, le quadrupède Menté (le lion marin?) – surl'œil

gauche;

« Heure onzième, le serviteur du Mente – sur le bras gauche;

Heure douzième, lepied

de la truie (influe) sur le bras gauche.

« Nous avons. donc ici une table des influences analogue à celle qu'on avait gravée sur le

fameux cercle doré du monument d'Osymandias, et qui donnait, comme le dit Diodore de

Sicile, les heures du lever des constellations avec les influences de chacune d'elles. Cela

démontrera sans réplique,comme l'a affirmé M. Letronne, que l'astrologie remonte, en Egypte,

jusqu'aux temps les plus reculés; cettequestion, par

le fait, est décidée sans retour.

« La traduction que je viens de donner d'une des vingt-quatre tables qui composent la série

des levers est certaine dans les passages oh j'ai introduit les noms actuels des constellations de

notreplanisphère; n'ayant pas

eu letemps

de pousser plus loin mon travail de concordance,

j'ai étéobligé

de donnerpartout

ailleurs le mot à mot du texte hiéroglyphique.

Dans le tombeau de Ramsès V, les salles ou corridors qui suivent ceux que je viens de

décrire sont décorés de tableaux symboliquesrelatifs à divers états du soleil considéré soit

physiquement, soit surtout dans ses rapports purement mythiques;mais ces tableaux ne forment

point un ensemble suivi, c'est pour cela qu'ils sont totalement omis ou qu'ils n'occupent pas

EGYPTE.

9

la même placedans les tombes royales. La salle qui précède celle du sarcophage, en général

consacrée aux quatre géniesde l' A menti, contient, dans les tombeaux les plus complets,

la

comparutiondu roi devant le tribunal des quarante-deux juges divins qui doivent décider du

sort de son âme, tribunal dont ne fut qu'une simple imagecelui

qui, sur la terre, accordait

ou refusait aux rois les honneurs de la sépulture. Une paroi entière de cette salle dans le

tombeau de Ramsès V offre les images de ces quarante-deux assesseurs d'Osiris, mêlées aux

justifications que le roi est censé présenterou faire

présenteren son nom à ces juges sévères,

lesquels paraissentêtre chargés, chacun, de faire la recherche d'un crime ou péché particulier

et de lepunir

dans l'âme soumise à leur juridiction. Ce grand texte, divisé, par conséquent en

quarante-deux versets ou colonnes, n'est, à proprement parler, qu'une confession négative, comme

on peut en juger par les exemples quisuivent.:

« 0 dieu(tel)!

le roi, soleil modérateur de justice, approuvé d'Ammon, n'apoint

commis

de méchancetés;

« Le fils du soleil Ramsès n'apoint blasphémé;

« Le roi, soleil modérateur, etc., ne s'est point enivré;

« Le fils du soleil Ramsès n'a pointété

paresseux;

h Le roi, soleil modérateur, etc., n'a pointenlevé les biens voués aux dieux;

« Le ms du soleil Ramsès n'apoint

dit de mensonges;

« Le roi, soleil, etc., n'a point été libertin;

« Le fils du soleil Ramsès ne s'est point souillé par des impuretés;

« Le roi, soleil, etc., n'a pointsecoué la, tête en entendant des

parolesde vérité;

« Le fils du soleil Ramsès n'apoint

inutilement allongé ses paroles;

« Le roi, soleil, etc., n'a paseu à dévorer soit cœur (c'est-à-dire

à serepentir

dequelque

mauvaise action).

« Onvoyait entin, à coté de ce texte curieux, dans le tombeau de Ramsès-Meïamoun

des images pluscurieuses encore, celles des péchés capitaux il n'en reste plus que trois de

bien visibles; ce sont la luxure, laparesse

et la voracité, figurées sous forme humaine, avec

des têtes symboliquesde bouc de tortue et de crocodile.

« La grande salle du tombeau de Ramsès V, celle qui renfermait lesarcophage, et la

dernière de toutes, surpasseaussi les autres en

grandeuret en

magnificence.La

plafond, creusé

en berceau et d'une très-belle coupe, a conservé toute sapeinture

la fraîcheur en est telle

qu'ilfaut être habitué aux miracles de conservation des monuments de

l'Egypte pour seper-

suader que ces frêles couleurs ont résisté àplus

de trente siècles. On arépété ici, mais en

grandet avec plus

de détail dans certaines parties,la marche du soleil dans les deux hémisphères

pendantla durée du jour astronomique, composition qui décore les plafonds des

premières

salles du tombeau et quiforme le motif

généralde toute la décoration des

sépultures royales.

« Les paroisde cette vaste salle sont couvertes, du soubassement au

plafond, de tableaux

sculptéset

peintscomme dans le reste du tombeau, et

chargéesde milliers

d'hiéroglyphes formant

les légendes explicatives;le soleil est encore le sujet de ces bas-reliefs, dont un grand nombre

contiennent aussi, sous des formes emblématiques, tout le système cosmogonique et lesprincipes

de laphysique générale des Egyptiens.

Une longue étude peut seule donner le sens entier de

ces compositions, que j'ai toutescopiées moi-même, en transcrivant en même temps tous les

textes quiles accompagnent. C'est du mysticisme le

plus raffiné; mais il y a certainement, sous

ces apparences emblématiques, de vieilles vérités quenous

croyons très-jeunes.

« J'ai omis dans cette description, aussi rapide que possible, d'un seul des tombeaux

EGYPTE.

royaux, de parlerdes bas-reliefs dont sont couverts les

piliers qui soutiennent les diverses salles;

ce sont des adorations aux divinités del'Égypte, et principalement

à celles qui président aux

destinées des âmes, Phtha-Socharis Atmon, la déesse Mérésochar, Osiris et Aniibis. »

Nous avons donné leplus

succinctementpossible

unedescription particulière de chacun

des monuments qui composentl'ensemble des ruines de Thèbes. Dans son dernier ouvrage, le

docteurLepsius

a écrit une lettre remarquable, qui non-seulement est unaperçu abrégé des

édifices thébains, mais aussi une histoire abrégée des dynasties qui y régnèrent. Thèbes a été

l'œil et l'ombilic de l'Egypte ancienne; nous croyons donc qu'il est de notre devoir de citer cette

longue lettre, qui résume, à elle seule, toutes les dernières découvertes faites sur cette terre

merveilleuse.

Thèbes, 25 février 1843.

« Le fleuve divise ici la vallée en deux rameaux inégaux. A l'ouest, il couleprès des

montsescarpés

de la Libye; à l'est, il borne une immense plainefertile

qui s'étend jusqu'à

Med-Ahmoud, située à quelques heures de distance, vers l'extrémité du désert de l'Arabie. De

ce côté se trouve la véritable ville de Thèbes, qui semble avoir servi à relier entre eux les deux

templesde Karnak et de Louqsor, séparés

l'un de l'autrepar

une distance d'une demi-heure.

Karnak est au nord et loin du Nil; Louqsor est baigné par les eaux du fleuve et a tenu lieu

très-probablementde quartier du

portà la ville. A l'ouest du Nil se trouvait la

nécropole de

Thèbes, et tous les temples, prochesou éloignés, y sont consacrés à la conservation des morts.

Oui, la population tout entière de ce côté, compris plustard

parles Grecs sous le nom de

Menmonia, semble s'être exclusivement adonnée à la garde des morts et de leurs tombeaux. Les

deux villes de Gournah et de Medinet-Habou, placées aux deux extrémités nord et sud, indi-

quent l'étendueprimitive

du Memnonia.

« Unedescription

des monuments thébaïquesdoit commencer naturellement par les ruines

de Karnak. C'est là que se trouve le grand templeaux cent portes, dédié à Ammon-Ra, le roi

des dieux et la divinité particulièredu lieu, qui prit d'après son nom celui de ville d'Ammon

(No-Amon, Diospolis). Ap avec l'article féminin tap, dont les Grecs ont fait Thèbes, était un

temple isolé d'Ammon. Ce mot au singulier,mais plus souvent au pluriel (napu), désigne

quelquefois dans leshiéroglyphes

le nom de la ville. C'est de lui que les Grecs, tout naturellement

et sanschanger l'article, ont fait ôîjêai au

pluriel.Toute l'histoire du royaume d'Egypte depuis

le moment où la ville d'Ammon en devint la métropole, se rattache à ce temple. Chaque

dynastie s'est fait gloire d'étendre, d'embellir et de restaurer ce sanctuaire national.

« Il fut fondé au me siècle du me millénaire avant Jésus-Christ, sous lapremière dynastie

thébaine, la douzième, d'après Manethon, par son premier roi Sesorthos. On y trouve encore

aujourd'hui des fragments de cette époque et des partiesdu nom de ce roi. Les dynasties

suivantes, qui gémirent pendant plusieurs siècles sous le joug de leurs ennemis héréditaires

victorieux, délaissèrent sans doute ce temple, car iln'y

reste d'elles aucun vestige. Mais Ahmosis,

premierroi de la xvne dynastie, ayant réussi dans la révolte contre les Hycsos, vers l'an 1700

avant Jésus-Christ, ses deux successeursAhmenophis

Ier et Toutmosis Ie1 bâtirent autour des restes

du sanctuaire leplus ancien un

temple magnifique, dont la cella était environnée de cham-

bres, avec unelarge cour et un

propylée, devant lequel Thoutmosis Ier dressa deux obélisques.

Al'angle droit de ce

temple,vers

Louqsor, le même roi éleva deux autres pyloneset des murailles

adjacentes. Thoutmosis HT et sa sceur y ajoutèrent par derrière une salle appuyée sur cinquante-

EGYPTE.

six colonnes, et autour, sur trois côtés, de nouvelles chambres enfermées dans un mur extérieur

général.Leur successeur travailla à l'achèvement du temple par devant, et en bâtit quelques

autres dans le voisinage. Il éleva également au sud-ouest deux grands pylones en avant de ceux

de Thoutmosis Ier, de sorte que l'entrée magnifique du temple principalse trouva, de ce côté,

formée par quatre immenses pylônes.

ccCependant,

aux xive et xv" siècles avant Jésus-Christ, le temple fut encore plus splendidement

agrandi parles

grands pharaons de la xixe dynastie; par Sethos Ier, père de Ramsès-Meiamoun

qui y ajouta, dans l'axeprimitif, la salle à colonnes la plus belle qu'on ait jamais vue en

Egypteet même en aucun pays. Le

plafondde

pierre est supporté par134 colonnes, qui

occupent un espace de 164pieds (49 m. 987) de longueur sur 320 pieds (97 m.

536) de

largeur. Chacune des 12 colonnes du milieu a 36pieds (10 m. 972) de circonférence, et 66 pieds

(20 m. 116) de hauteur jusqu'à l'architrave; les autres colonnes ont 40 pieds (12 m.192)

d'élévation et 27 pieds (8m. 229) de circonférence.

« Il estimpossible

de rendre l'impression puissanteressentie

parcelui

qui pénètre dans cette

forêt de colonnes, qui passe d'une avenue dans l'autre, au milieu des grands dieux et des rois

sculptés sur les colonnes, etqui s'en détachent complètement

ou à demi. Toutes les faces en

sont ornées desculptures charmantes en relief ou en creux. Elles n'ont été d'ailleurs terminées

que sous les successeurs du fondateur etprincipalement par son fils Ramsès-Meiamoun.

« Devant cette courhypostyle

furentplus

tard bâtis une immense cour hypéthrale de 270 à

320 pieds (82 m. 296 à 97 m.536),

ornée de colonnes seulement sur les côtés, et un majestueux

pylone.

cc Le grand plan du temple occupait alors une longueur de 1,170 pieds (356 m. 616), sans

compter l'avenue desphinx placée devant le

pyloneextérieur et le sanctuaire particulier élevé

par Ramsès-Meiamoun contre le mur dutemple

leplus éloigné,

et dans la même aire, mais

de manière à ceque

l'entrée s'en trouvât sur le côté opposé.En

comptantce nouvel

agran-

dissement, on aurait une longueur de près de 2,000 pieds (609m.

60) jusqu'à laporte placée

à l'extrémité sud du mur extérieur, et une largeur à peu près égale. Les dynasties suivantes

trouvant le temple principalachevé de tous côtés, et ne pouvant cependant

renoncer à l'idée

d'honorer ce sanctuaire de la Divinité thébaine, commencèrent à élever depetits temples

sur

la grande plaine qu'entourait le mur extérieur, et les agrandirent ensuite peu à peu.

« Le chef de la xxc dynastie, Ramsès III, dont les exploits en Asie, au xvic siècle avant

Jésus-Christ, égalèrentceux de ses ancêtres fameux Sethos Ier et Ramsès II, bâtit un temple

séparé,avec une cour à colonnes et une salle

hypostylede 200

pieds (60 m. 96) de longueur

quidétruit aujourd'hui la symétrie du mur extérieur de la grande cour. Il fonda en outre, à

peude distance, un sanctuaire encore plus grand pour

la troisième personne de la triade thébaine,

Khons, fils d'Ammon. Ce derniertemple

fut achevé par les rois de la dynastie, et les prêtres-

rois de la xxiedynastie y ajoutèrent une cour majestueuse à colonnes et un

pylone. Scheschonk,

le roi guerrier (Sésacde la Bible) qui conquit Jérusalem, l'an 970 avant Jésus-Christ, appartient

à la xxnedynastie.

Sescampagnes

d'Asie sont représentées sur le mur extérieur du sud du grand

temple. Il y amène sous lafigure symbolique de

prisonniersde guerre cent quarante villes et

pays conquis. Parmi leurs noms et ceux deplusieurs villes bien connues de la Palestine, il en est

un qui désigne le royaume de Juda.

« Les deux dynasties sacerdotales qui vinrent immédiatement après les dynasties des Ramsès

n'étaient t pas d'origine thébaine et sortaient des villes de la basse Egypte.La

puissancede

l'Egypte s'affaiblit avec ce changement de rois, et après la vingt-troisième dynastie, si courte,

EGYPTE.

mais dont on trouve cependant quelques vestiges à Karnak, ilparaît qu'il y eut une révolution.

Les historiens ne mentionnent qu'un seul roi de la vingt-quatrième dynastie, et les monuments

égyptiensn'en portent

aucune trace. Ce fut sous son règne qu'eut lieu l'invasion desÉthiopiens,

quicommencent la vingt-cinquième dynastie. Sabacon et Tahraka

(les rois Sua et Thérak de

la Bible) régnèrent en Egypteau commencement du septième siècle avant Jésus-Christ. Ces rois

venaient d'Éthiopie, mais ils gouvernèrent à la manière égyptienne. Ils ne manquèrent pasde

rendre hommageaux rois divins égyptiens.

On trouve leurs noms sur plusieurs petits temples

à Karnak et sur une colonnade grandiose dans la grande cour extérieure, qui paraît avoir été

construite par Tahraka. Ce roi, rapporte l'histoire, se retira volontairement enEthiopie

et

abandonna l'empire égyptienà ses chefs indigènes.

« Ladynastie

de Saïs remonta alors sur le trône, et déploya pendant les septième et huitième

siècles avant Jésus-Christ toute lasplendeur que dans ce pays si riche en ressources et en puis-

sance extérieure, pouvait acquérir un sceptre énergique et sage. Cettedynastie établit la pre-

mière des relations pacifiquesentre l'Égypte

et les pays étrangers. Les Grecs s'y établirent, le

commerce prospéraet produisit

de nouvelles richesses, aussi considérables que celles qu'on

obtenait auparavant parles

rapineset les exactions. Mais cette prospérité n'était qu'artificielle,

l'énergiede la nation avait depuis longtemps disparu. Les arts de leur côté avaient plutôt étendu

le luxe qu'encouragéles travaux utiles. La

gloire nationale s'évanouit bientôt. L'Égypte ne put

résister à l'attaque des Perses. L'an 525 avant Jésus-Christ, elle fut conquise par Cambyse et

foulée auxpieds

des barbares. Un grand. nombre de ses monuments furent détruits, etpendant

cette périodeon n'y éleva aucun temple, aucune muraille; du moins ne nous en est-il resté

aucun vestige.Il n'en existe même pas du long règne pacifique de Darius, dont on n'a retrouvé

que le nom sur un temple ou plutôt sur des sculptures dans l'oasis d'El Khadjeh.

« Sous Darius II, cent ans après la conquête persane, l'Egypterecouvra son

indépendance,

et les noms de ses rois indigènes reparaissent immédiatement sur les temples de Karnak. Après

une succession rapidede trois dynasties, dans l'espace

desoixante-quatre ans, l'Égypte retomba

sous le joug des Perses, auxquels l'enleva Alexandre de Macédoine, l'an 322 avant Jésus-Christ.

A partirde cette époque, l'Egypte fut forcée de s'accoutumer à la domination étrangère. Elle

avait perduson indépendance nationale, et

depuislors jusqu'à nos jours elle n'a fait que passer

de mains en mains et les dernières se sont toujours montréespires que les

précédentes.

«L'Egypte conserva cependant

encore assez depuissance

vitale sous les Macédoniens et les

Grecspour garder son antique religion et ses vieilles coutumes. Les princes étrangers, en occu-

pant laplace

des anciens pharaons, s'efforcèrent d'en suivre les traces. Karnak le prouve. Nous

y trouvons les noms d'Alexandre et dePhilippe Aridée qui précédèrent

les Ptolémées dans la

restauration des monumentsépargnés par les Perses. Alexandre rebâtit le sanctuaire du fond,

Philippe celui de devant, du grand temple;les Ptolémées y ajoutèrent des sculptures,

en res-

taurèrent d'autres parties, et y élevèrent même de nouveaux sanctuaires, àgrands trais, mais non

plus dans lemagnifique style classique Egyptien des anciens

temps.La dernière époque

de

Égypte expirante,celle de la domination romaine, se trouva encore

représentéeà Karnak par

une suite defigures qui se

prolonge jusque sous César Auguste.

« Ainsi ce lieu remarquable qui, partidu

petitsanctuaire placé au milieu du grand temple, y

était devenu dans unepériode de 3500 ans une ville

templeentière couvrant une étendue de

un quart de millegéographique (402 m.) de longueur et de près

de 2000pieds (609

m. 60)

de largeur, est en outre une chaîne presque ininterrompueet une intéressante pierre de touche

de l'histoire du nouvelempire, depuis, ses

commencementsqui

remontent au vieil empire jusqu'à

EGYPTE.

10

la chute sous la domination romaine. A mesure queles dynasties et les rois figurent sur ou

dans le temple de Karnak, ils apparaissent ou disparaissentdans l'histoire

d'Égypte.

« Au-dessus du fleuve, en quittant Karnak, à l'endroit où les deux bras du courant divisés

parl'île fertile de El Gedidèh se réunissent, s'élève un second souvenir glorieux de l'ancienne

Thèbes le templede

Louqsor. C'est là qu'Aménophis III, un desplus puissants pharaons de la

dix-huitième dynastie, qui n'avait bâti à Karnak qu'un temple adjacent ajoutant peu à l'édifice

principal,construisit un sanctuaire dédié à Ammon, qu'il s'efforça de rendre d'autant

plus

magnifique qu'il avaitpeu trouvé à embellir celui de Karnak. Le grand Ramsès ajouta au

temple

de Louqsor une seconde coursplendide

du côté de Karnak. Bienqu'à

une demi-heure de distance

du grand sanctuaire national, ce temple doit encore être considéré comme enfermé dans les

saintes et anciennes limites de celui de Karnak. Ce quile

prouve c'est cette circonstance,

difficile à comprendre et mêmeinexplicable, que l'entrée du

templede

Louqsor, bienque

placée prèsde la

rive,se détourne du fleuve pour regarder Karnak, avec qui elle

communique

directement, aupoint de vue architectural, par des colonnades, des avenues de béliers et des allées.

« A Louqsor finissent les ruines de la rive de l'Est.

« Les monuments de la Thèbes occidentale présententune

plus grande variété, parce que les

habitations souterraines et les retraites des morts s'y ajoutent aux édifices destinés aux vivants.

De Gournah à Medinet-Habou s'étendait autrefois une suiteininterrompue

detemples magni-

fiques qui remplissaient presqueentièrement l'étroit et désert district compris entre le terrain

fertile arrosépar

le Nil et lepied

desmontagnes.

Immédiatement derrière cestemples

se trouve

l'immense nécropole,dont les tombeaux placés à côté l'un de l'autre comme des cellules

d'abeilles, sont enpartie

creusés dans le sol rocheux de la plaine et en partie dans les

montagnes adjacentes.

« Gournah est située sur la courbe des montagnesde la

Libyela

plus proche du fleuve.

En tournant brusquement à l'ouest, les montagnes forment uneespèce

de ravin dont lapartie

extérieure, séparéede la vallée par

depetites

séries de collines, s'appelle El Assasif. Ce ravin

est bordé par-derrièred'énormes rochers escarpés dont

les picsaffrontent le soleil de midi

et du matin. Ces précipicesétonnants de

montagnes, calcaires, si solidement et si également

établis, si bien appropriés aux sculptures des catacombes, semblent être sortis de la couche

d'argile qui gîtà leurs

piedset qui s'en est détachée par suite de la désagrégation.

« C'est dans cette crique de rochers que se trouvent les plus anciens tombeaux du vieil

empire. On en distinguede loin les ouvertures sur les rochers du Nord, au-dessous du mur

perpendiculaire quimonte des remparts en ruine au sommet des montagnes.

Cette situation

extérieure et les sentiers bordés de petits murs de pierre qui conduisent directemen t, pendant

plusieurscentaines de pieds,

de la vallée à l'entrée des tombeaux, merappela

à l'instant ceux

de Beni-Haçan qui sont de la même époque. Ils datent de la seconde moitié du troisième millénaire

avant Jésus-Christ, et ont été creusés sous les rois des onzième et douzième dynasties de Mané-

thon, dont lespremiers

fondèrent la puissancede Thèbes, en firent le siège de leur pouvoir,

et la rendirent indépendantede Memphis,

dont les seconds laproclamèrent

la métropolede tout

le royaume.

« Ces grottes, qu'onretrouve également sur les montagnes voisines, s'enfoncent profondément

dans le roc, à angle obtus, mais elles n'ont nipeintures

niinscriptions.

Les sarcophages de

pierre seuls témoignent d'une tentative d'ornementation. Ils sont habituellement composés d'un

calcaire très-fin, ont parfois plusde 9 pieds (2

m. 743) de longueur,et

portentdes

inscriptions et des figures dans le style pur et soigné de cette époque,mais en petit nombre.

EGYPTE.

« Dans le coin le plus éloigné de cette criquede rochers est situé le

templele.

plus ancien

de la Thèbes occidentale. Il appartientà l'époque

de lapremière régénération du- nouvel

empire

égyptien.Un Dromos de 1600 pieds ( 487

m. 68) de longueur, orné de chaque côté desphinx

et de béliers colossaux, conduit en droite ligne de la vallée à une cour; puis un escalier vous

mène dans une autre cour, dont le mur de devant était orné de figures et d'une colonnade; et

enfin un second escalier aboutit à unportail

degranit bien conservé et à la dernière cour du

temple qui est entourée de chaque côté de salles et de chambres décorées, et se termine par

une grande façade bâtie contre le rocher même. Par un secondportail en granit, placé au

milieu de cette façade, on pénètredans le lieu le plus caché du temple. Il est creusé dans le

roc, voûté en pierreet garni au fond et sur les côtés de

plusieurs petites niches.

Tout cela était couvert de peintures admirables de couleur, exécutées sur un fondgris

dans

le style le plus parfaitde l'époque. Ce grand monument, autour duquel existaient d'autres

édifices aujourd'hui détruits, semble avoirprimitivement communiqué avec le fleuve

parune

avenue quitraversait toute la vallée et aboutissait au grand temple

de Karnak. Je suispersuadé

que c'était dans ce but utile quela

porteétroite à

laquelleaboutit la route du temple à son

entrée* dans la vallée avait été artificiellement ouverte dans le roc. Ce fut la reine Num-Amen

(Amensè)sœur aînée de Thoutmosis III

qui réalisa ce hardiprojet

d'établir une communication

architecturale entre les deux côtés de la vallée. C'est elle également qui a élevé les plus grands

obélisquesdevant le temple

de Karnak. Elle n'est jamais représentéesur les monuments comme

une femme, mais en costume d'homme. Lesinscriptions

seules font reconnaître son sexe. Il était

sans doute contraire à la règle établie, qu'une femme pût gouverner, et c'estprobablement

pourcette raison que son frère encore mineur

apparaît auprèsd'elle comme

régent. Après sa

mort, tous ces cartouches devinrent des cartouches de Thoutmosis, et les expressions féminines

des inscriptionsfurent changées.

Son nom ne se trouve mentionné sur aucune des listes subsé-

quentes des rois légitimes.

Thoutmosis III complétal'œuvre de sa royale sœur

pendantson long règne; il existe encore

de lui deux temples,tous deux bâtis au bord du désert. Celui du nord n'est plus reconnaissable que

parles fondations et les ruines de ses pylones

en brique; celui du sud, près de Medinet-Habou,

est bien conservé, et à en juger par quelques sculptures,il doit

appartenir parles

premières

assises à un Thoutmosis plusancien et avoir été seulement achevé

par Thoutmosis III. Son

successeur Thoutmosis IV a élevé également un temple aujourd'hui presqueentièrement

disparu.

AménophisIII lui succéda. C'est sous son long et glorieux règne que fut bâti le

temple

de Louqsor. C'est luique représentent les deux colosses géants placés très-avant dans la plaine

fertile, près de Medinet-Habou et dont l'un se trouve à laporte d'un grand temple dont les

ruines gisent cependant ensevelies sous les dépôts de l'exhaussement annuel de la vallée. Peut-être

une route pareilleà celle du nord conduisait-elle de là, à travers la vallée, jusqu'à Louqsor.

Le colosse du Nord était la célèbre statue sonore à laquelle les Grecs ontappliqué l'agréable

légende du beau Memnon, saluantchaque matin, au lever du soleil, l'Aurore sa mère, tandis

qu'elle l'arrosait depleurs que lui arrachait sa mort

prématuréeet héroïque. Cette fable, comme

Letronne l'aprouvé,

apris

cours à uneépoque récente. Le

phénomène particulierdu son,

conséquence du craquement de petites molécules causé lui-même parl'échauffement subit de la

pierre froide, s'est produit àl'époque

où la statue déjà fendue le fut encore davantage, l'an 27

-ap. J.-Ch., parun tremblement de terre. Il n'est pas rare de rencontrer en Egypte, dans le désert

et dans lesgrands champs

de ruines, des pierres qui craquent et qui résonnent. La nature des

cailloux agglomérés dont secompose

la statue de Memnon est particulièrementencline à se

EGYPTE.

fendre, comme le prouventles nombreuses gerçures, grandes et petites, qui en sillonnent les

partiescouvertes d'inscriptions pendant

lapériode grecque,

etqui par conséquent

étaient alors

intactes. Il est à remarquer aussi qu'un grand nombre defragments détachés et tombés de la

statue résonnent comme une cloche, quand on les frappe,tandis que d'autres restent insensibles et

muets, suivant que, parleur

position respective,ils ont été plus ou moins

imprégnés d'humidité. Les

nombreuses inscriptions grecques et romaines, gravéessur la statue, qui constatent la visite des

étrangers,surtout lorsqu'ils ont été assez heureux pour

entendre son salut matinal, commencent

sous Néron et se continuent jusqu'à l'époquede Septime-Sévère, qui fit restaurer la statue

primitivementmonolithe.

Depuisla reconstruction par

assise de lapartie supérieure, le phénomène

de la sonorité de lapierre

semble être devenu moins fréquent et moins apparent, si même il

n'apas disparu

tout à fait.

« Le changement du nomprimitif d'Aménophis (comme le prouvent les inscriptions) en

celui de Memnon, semble être venu du nom de la partie occidentale de Thèbes, Memnonia,

que les Grecs ont traduitpar Palais de Memnon tandis que le mot hiéroglyphique Mennu

signifie palaisen, général. Aujourd'hui les Arabes appellent

les statues Shama et Tama ou toutes

les deux ensemble les Sanamât (et nonSalamât)

c'est-à-dire les idoles.

« A notre arrivée à Thèbes, au commencement de novembre, toute la plaine était inondée

àperte

de vue, et ne formaitqu'un océan, au milieu

duquels'élevaient les Sanamat, encore

plus étrangeset

plusisolés qu'au milieu des champs verts et accessibles. J'ai mesuré, il

ya

quelles jours, les colosses et l'exhaussement desdépôts

du Nil sur les bases de leurs trônes.

La hauteur de la statue de Memnon, de la tête aux pieds, mais sans compter l'immense

coiffure qu'elle portait jadis, était de 14 m. 38, ou 45 pieds 1/2, et celle du piédestal, d'un

seul morceau, était de 4 m. 25, ou 13pieds

7pouces, dont trois

pieds (0 m.914) étaient

cachés par une marche environnante. Les statues s'élevaient doncprimitivement

àprès

de

60 pieds (18 m. 288) etpeut-être

à 70 pieds (21 m. 336) avec le Pshent, au-dessus du

niveau du temple. Aujourd'hui le niveau de la vallée est à 8 pieds (2 m. 438) au-dessus du

sol primitif,et l'inondation atteint quelquefois l'extrémité supérieure

dupiédestal, c'est-à-dire

qu'elle s'élève de 14pieds (4 m. 267) plus

haut qu'elle ne le pouvait à l'époque de la construc-

tion des statues, puisque l'eau ne devait pas alors arriver jusqu'au temple. En ajoutant ce fait

à notre découverte, quele niveau du Nil, aux

époques historiques, se trouvait à 33pieds

(10 m. 058) au-dessus de Semneh, il est certain que dans les cataractes, entre la plaine de

Thèbes et Semneh, le Nil tombait alors d'au moins 37 pieds (11 t m. 277) plushaut qu'au-

jourd'hui.

« Le dernier roi de la grande dix-hùitième dynastie, Hôrus, avait aussi bâti dans le voisi-

nagede Medinet-Habou un temple aujourd'hui enseveli sous les décombres. Les fragments

d'une

statue colossale de ce roi, en calcaire dur, presquedu marbre, semblent indiquer la position

de

l'entréeprimitive

de cetemple.

if Il existe encore deux temples de la dix-neuvième dynastie. Ils ont été élevés par les deux

pharaons lesplus puissants

et les plus célèbres, Séthos Ier et son fils Ramsès II. Celui de

Séthos est au nord etporte

habituellement le nom detemple

de Gournah, parce que l'ancien

villagede Gournah s'y était formé autour d'une église copte,

et principalementdans les

cours du grand temple.Mais plus tard les habitants l'abandonnèrent pour les catacombes des

montagnesvoisines.

(( Plus loin au sud, entre les temples aujourd'hui détruits de Thoutmosis III et de Thout-

mosis Il, se trouve le templede Katnsès II Meiamoun, le plus beau probablement

de toute

EGYPTE.

l'Égypte, par son dessin architectural et sesproportions, bien qu'il soit inférieur à celui de

Karnak en étendue et en intérêt. L'arrière de cetemple

et les salles hypostyles ontdisparu.

Leurplan original n'a pu être constaté

qu'aprèsdes excavations longues et incessantes. Autour

del'emplacement

des parties détruites, on voit des salles spacieuses en briques, aux voûtes en

pleincintre et qui appartiennent

à l'époque de la construction du temple. Les empreintes desbriques

sorties de lafabrique royale, et

qui portent les cartouches du roi Ramsès, en font foi. La

description particulière que Diodore de Sicile a donnée de cetemple d'après Hécatée, sous la

dénomination de tombeau d'Osymandias, prouve qu'il avait vivement excité l'attention de

l'antiquité.

« Letemple-palais

le plus au sud et le mieux conservé, est placé au milieu des maisons en

ruine de Medinet-Habou villecopte aujourd'hui abandonnée, mais autrefois assez considérable.

Il a été fondé par Ramsès III, premierroi de la

vingtième dynastie, le fameuxRhampsinite

d'Hérodote, qui vivait au treizième siècle av. J.-Ch. Ses murs retracent les guerres terribles, sur

terre et sur mer, de ce roi. Ellespeuvent

rivaliser avec celles du grand Ramsès. LesCoptes

avaient bâti dans la seconde cour de ce temple une grande églisedont les colonnes monolithes

gisentencore renversées tout autour. Les

parties postérieures dutemple

sont presque entièrement

ensevelies sous les décombres. Mais ce qui offre un intérêt puissant, c'est lepéristyle en forme

depylône

dont les quatre étages superposés contenaient les chambres particulières des rois. Sur

son mur est représenté le prince au milieu de sa famille; il caresse ses filles, que leurs boucles

de cheveux font reconnaître pourdes princesses, il joue aux dames avec elles et en reçoit des

fleurs et des fruits.

« C'est cet édifice qui termine la grande suite des palais-temples connue sous la dénomi-

nationparticulière

de Mémnonia. Ils embrassent l'élite réelle du nouvel empire, caraprès

Ramsès lit, la grandeur intérieure et extérieure del'Egypte

déclina. C'est àpartir

de cetteépoque

et de celle quila suivit que nous trouvons les tombes des rois dans les vallées rocheuses des

montagnes.

« L'entrée des catacombes estplacée

de l'autre côté du promontoire de Gournah. Les

murailles rocheuses, sauvages et désolées, terminées àpic,

élèvent de chaque côté leurs sommets

dorés couverts depierres

noires qui semblent brûlées par le soleil. Le caractère sombre et

solennel de ce lieu m'a toujours vivement impressionné, lorsque je parcourais à cheval, après

le coucher du soleil, les immenses débris de rochers quicouvrent la terre à une grande

hauteur

et qui ne sont traversés que parde

larges ravins formés dans le cours des siècles parde rares

mais véritables orages.

«Après plusieurs détours qui conduisent en décrivant de grands circuits presque

immédia-

tement derrière l'énorme rempartde montagnes de la vallée à^ssasif, le vallon se divise en

deux rameaux. Celui de droite aboutit auxplus

anciens tombeaux, dont deux seulement sont

ouverts. Ilsappartiennent

à la dix-huitième dynastie,l'un remonte à l'époque d'Aménophis IV,

le Memnon des Grecs, l'autre à celle du roi Ai son successeur immédiat, mais quine

figure pas

sur les listes monumentales des rois légitimes Ce dernier est placéà l'extrémité extérieure

du ravin, dont la pente s'élève doucement; lesarcophage

engranit

du roi a été brisé dans la

petitechambre

sépulcrale,et le nom de ce

princea été effacé partout avec soin, jusqu'à la

dernière lettre et sur les murs et sur le sarcophage.

i. Ce roi Ai était d'abord un simple particulier. Il ajouta plus tard son titre sacerdotal à son cartouche royal. Il figure souvent avec sa

femme dans les tombeaux d'Armarna, comme un illustre et noble officier du roi Aménophis IV.

EGYPTE.

11

« L'autre tombeau situé assez avant dans le vallon est d'unegrande dimension, et possède

de belles sculptures,malheureusement mutilées par la main du temps et des hommes. Outre

ces deux tombeaux, il en existe encore d'autres, mais incomplets et sanssculptures;

d'énormes

monceaux de décombres, dont l'enlèvement nous eûtpris plus

detemps

et demandé plus de

travaux quenous ne pensâmes devoir y consacrer, après quelques

tentatives infructueuses, en

recouvrent sans doute plusieurs autres. Dans un endroit où j'avais fait faire des fouillesd'après

des indices assez certains, nous découvrîmes sous 10pieds ( 3 m. 048)

de décombres uneporte

et une chambre sans sculptures, mais on en retira cependant quelques débris depiédestaux

portantun titre royal encore inconnu.

« Le rameau de droite de la valléeprincipale qui primitivement était terminé

par une

élévation du sol, et qui depuis fut ouvert parun sentier artificiel, contient les tombeaux de

presquetous les rois des dix-neuvième et vingtième dynasties.

« Sur l'un des penchantsde la colline, à

peu prèsau niveau de la vallée s'ouvre généra-

lement un large puits,creusé à angle oblique. Quand le rocher qui le surplombe a atteint une

hauteur perpendiculairede 12 à 15

pieds (3m. G57 à 4 m. 572)', on aperçoit les jambages

des portesde la

première entrée, taillés à angle aiguet munis d'une ou de deux grandes portes.

C'est là quecommencent les sculptures peintes qui, pour

le voyageur, formentpar leurs lignes

aiguës,leurs surfaces brillantes et leurs vives couleurs, un étrange contraste avec les rochers

escarpéset les pierres

brutes. Delongs

corridorsimposants

de largeur et de hauteur conduisent

plusavant dans l'intérieur des montagnes rocheuses. Les peintures divisées en

compartiments,

parsuite du rétrécissement du passage

etpar

de nouvellesportes,

continuent à couvrir les murs

et la voûte. Le roi y est représentéadorant les dieux et leur adressant ses

prières et l'apologie

de sa vie terrestre. Sur un mur est figuré le sort paisibledes bienheureux, sur l'autre les tour-

ments des méchants sur la voûte se détache la divinité couchée et les heures de la nuit et

du jour avec l'indication des influences qu'elles exercent sur la destinée de l'humanité et de

leur sens astrologique,le tout accompagné d'inscriptions explicatives. Enfin, nous arrivons dans

un grand salon voûté, à colonnes, et dont les murs sont décorés de peintures qui ressortent

sur un fond jaune d'or, ce qui lui a fait donner le nom de salon doré. Ce salon était destiné,

au sarcophage royal qui devait yêtre

placé, au milieu, à une hauteur de 6 à 10pieds

(1 m. 828 à 3 111. 048). Souvent, lorsque

le roi, le tombeau terminé, se sentaitvigoureux

et

comptaitvivre encore un certain nombre d'années, le couloir du milieu de ce salon était taillé

cle nouveau, comme pouren commencer un autre. On bâtissait des corridors et des chambres,

on changeait même parfoisla direction de l'excavation, jusqu'à ce que le roi eût assigné un

terme à l'achèvement de son nouvel oeuvre, et la série des travaux se terminaitpar

une seconde

salle plus spacieuseet

plus magnifique que la première. De chaque côté, on creusait, si on en

avait le temps,de petites cavités destinées aux offrandes en l'honneur du mort. Enfin, la der-

nière heure du monarque sonnait et le cadavre royal était déposé dans le sarcophage, après

soixante-dix jours d'embaumement. Lesarcophage

était si habilement fermé, que,ne

pouvanten

soulever le couvercle, les violateurs des tombes ont toujours été forcés de briser ce colosse de

granit.

« Les tombes desprincesses qui se trouvent réunies dans un

petitvallon derrière Medinet-

Habou, à l'extrémité sud du Memnonia, appartiennentsans aucun doute aux dix-huitième et

vingtième dynasties, ainsi que les sépultures particulièresles

plus importantes qui s'étendent en

grand nombre sur lamontagne

et dans le vallon, depuisl'autre côté de Medinet-Habou jusqu'à

l'entrée de la vallée des rois. Lesprêtres

d'un rang élevé et les grands officiers aimaient à faire

EGYPTE.

représenter sur leurs tombeaux leurs richesses en chevaux, -voitures, troupeaux, navires et

meubles, ainsi queleurs chasses, leurs viviers, leurs jardins et leurs

palais. On voit également

surplusieurs

murailles de ces tombeaux, l'artiste et l'ouvrier occupés a leurs travauxrespectifs;

aussi ceux-là nous offrent-ils plusd'intérêt que les tombeaux des rois qui nous présentent la

vie de ces monarques depuisleur avènement jusqu'à leur mort.

« Des monuments appartenantà une époque moins reculée, les

plus remarquables sont

ceux de la vingt et unième dynastie ou des vie et vnc siècles avant Jésus-Christ. C'est dans la

criquede rochers située entre Gournah et la colline Abd-el Gournah qu'on les trouve en

plus

grand nombre. Ils sont taillés dans des surfaces plates, et pour lesdistinguer on leur a donné

le nom d'El Assasif.Les

plainesrocheuses offraient ici de la place pour y graver

desinscriptions,

et on en a largementusé. Déjà on peut apercevoir de là une multitude de portes et de grands

murs bâtis en briquesnoires. Ces murailles enferment dans de

longs carrés des cours basses

quiont

pourentrées de

grandes portesvoûtées en forme de pylônes qui à distance ressemblent

à de grands arcs detriomphe

romains. Au delà des murs vous trouvez immédiatement une

cour creusée dans le roc à une profondeur de 12 à 15 pieds (3 m. 657 à 4 m. 572), et. dans

laquellevous

pouvezdescendre par

un escalier. Cette cour, à ciel ouvert, est aujourd'hui la

plus grandetombe qui

soit accessible. Elle a 100 pieds (30 m. 480) delongueur

et 64pieds

(19 m. 507)de largeur et avait été destinée à un écrivain royal nommé

Petamenap.De là,

vous arrivez parune antichambre dans une grande salle rocheuse, à deux rangées de colonnes,

longuede 65

pieds ( 19m. 812), large

de 52pieds ( 15

m.850)

etayant de chaque côté des

chambres et des couloirs. Puis onpénètre par une porte voûtée dans une seconde salle à huit

colonnes de 52 pieds (15m. 850) de long sur 36

pieds ( 10m. 972) de

large,et on arrive

ensuite dans une troisième salle à quatre colonnes, ayant31

pieds (9m.

448)de

longueur et

de largeur, et en dernier lieu enfin dans une chambre de 20pieds ( 6 m. 096 ) de

longueur

sur 12 pieds (3 m. 657)de largeur qui

se termine parune niche. En dehors de cette salle,

au bout de lapremière

suite de chambres se trouve uneporte qui conduit à gauche dans une

très-grande chambre, et à droite dans une autre salle qui aboutit à six couloirs consécutifs

dans lesquels deux escaliers de neuf marches et un de vingt-trois marches conduisent à une

chambre au milieu de laquelle est creusé un fossé de 44pieds ( 13

m.411)

deprofondeur

qui pénètredans une autre petite chambre. Cette seconde suite de chambres et de cou-

loirsqui s'éloigne

à angle droit de la première, a 172 pieds (52 m. 425)de longueur, mais la

première suite en a 311 (94 m. 792). De la chambre à la fontaine, un autre couloir vous

conduit à droite dans une chambre diagonale. Ce couloir et cette chambre occupent une éten-

due de 58pieds (17 m. 678). Avant les deux escaliers, dans la seconde suite de chambres, s'ouvre

à droite une quatrième ligne de couloirsqui se prolonge dans une

longueurde 122

pieds

( 37 m. 185 ). A gauche se trouve un large carré ayant60

pieds (18m.

288 )de chaque côté,

entouré de chambres adjacentes et décoré à l'intérieur, sur les quatre faces comme un mons-

trueux sarcophage. Sous le centre de ce grand carrérepose

lesarcophage

du mort, auquel on

nepeut cependant

arriver qu'en traversant un fossé de 18pieds ( 6

m. 286 ) deprofondeur qui

aboutit d'un côté à la quatrième suite de chambres, par un couloir horizontal de 58pieds

( 17 m. 678), et de l'autre côté à un troisième fossé. Ce dernier fossé conduit à de nouvelles

chambres, et enfin, par la voûte de la dernière, on pénètre dans une autre chambre qui con-

tient lesarcophage, lequel se trouve réellement et directement placé sous le centre du carré

précité. On calcule à 21,600 pieds (6,583 m. 68) et avec la chambre à fossé à 23,148 pieds

carrés (2,150 m. carrés 4492)la surface entière de ce tombeau particulier.

Cet immense

EGYPTE.

travail paraît encore plus colossal, quand on se rappelle que les murs, les colonnes et les portes

en sont couverts, depuisle haut jusqu'en bas, d'inscriptions et de figures dont le fini, l'élégance

et l'exactitude d'exécution vous plongent dans un étonnement toujours croissant.

« Les ruines peunombreuses

qui datent de la dernière domination étrangère sontbeaucoup

moins importantes.Elles se bornent à deux

petits temples élevés dans le voisinage de Medinet-

Habou, sous les Ptolémées, et à un troisième situé au sud de Medinet-Habou. Lessculptures les

plusanciennes de ce dernier

templeremontent à l'époque

de CésarAuguste; sur

la porte

extérieure de cetemple

se trouve la seule figureconnue de l'empeur Othon, dont la découverte

aprocuré

tant de plaisir àChampollion et à Rosellini. Seulement ils n'ont

pas remarqué que

de l'autre côté est gravé le nom del'empereur Galba, inconnu jusqu'alors en

Égypte.

« Al'époque

de Strabon, l'ancienne Thèbes était déjà divisée en plusieurs villages, et

Germanicus la visita comme nous paramour de la science et

par respect pour l'antiquité de

ces monuments, cognoscendœ ontiquitatis,comme dit Tacite. J'ai trouvé inscrit en

hiéroglyphes

par toute l'Egypte le nom de l'empereur Decius, quivivait en l'an 250 après Jésus-Christ; il

figure parmi les ornements du templed'Esneh. Un siècle plus tard, saint Athanase se retira dans

les déserts de la Thébaïde, au milieu des ermites chrétiens. L'édit de Théodose contre lepaga-

nisme, en l'an 39après Jésus-Christ, enleva aux

prêtres égyptiensce qui leur restait d'influence,

et favorisa celle des moines et des ermites devant lesquels s'inclinèrent, àpartir

de cetteépoque,

les chrétiensd'Égypte.

C'est alors que s'élevèrent dans toute la contrée et dans le voisinage du Nilsupérieur

un grand nombre d'églises et de couvents, et que les cavernes du désert devinrent les asiles

troglodytiquesd'une population ascétique

d'ermites. La nécropole de Thèbes'surtout se trouvait

merveilleusement appropriéeaux exigences de cette nouvelle vie. Les tombeaux des rois et des

particuliers servirent de cellules chrétiennes etportèrent

bientôt sur leurs murailles les traces

de leur nouvelle destination. Il existe encore dans une tombe à Gournah une lettre de saint

Athanase, archevêque d'Alexandrie, aux moines orthodoxes de Thèbes. Elle est tracée en belles

onciales sur le stuc blanc, mais malheureusement elle se trouve dans un état très-fragmenté.

Les chrétiens prirentsurtout

plaisirà convertir les anciens temples

en églises et en couvents.

« Cest dans le templede Medinet-Habou que fut bâtie la plus grande église. Le sol de la

seconde coury

est jonché d'immenses monolithes et de colonnes de granit.Du côté du nord,

pour faire place au chœur de l'église, on a enlevé une ancienne colonne égyptienne,et

pour

transformer une suite de chambres en cellules de prêtres, on en a brisé lesportes

extérieures.

Le couvent adjacent, Der-el Meclinet, surnommé la ville du repos, avait été bâti prèsdu temple

de Ptolémée, derrière la colline de Gournet-MurraL Dans le templede l'ancienne Gournah se

trouvait une autre église dont dépendait très-probablement le couvent Der-el Dachit, situé sur

la colline de Gournah. Les ruines d'un troisième couvent couvrent aujourd'hui l'espace occupé

primitivement parle temple de la reine Nunct Amen, au coin de la vallée d'Assasif, et porte

le

nom de Der-el Dahri, ou couvent du nord.

« Laprotection que

de tels changements dans leur dispositionassurèrent à ces anciens

palais,leur fut quelquefois avantageuse

et parfois préjudiciable.Dans quelques-uns

la plupartdes

murailles furent abattues ou percées pourfaire

placeà de nouvelles constructions. Dans d'autres,

on détruisit les décorations païennes quiornaient les murs, afin de les rendre nus, ou bien on

mutila dans les inscriptions et même sur les voûtes les figuresd'hommes et d'animaux, princi-

palementen leur coupant

la tête. Parfois, cependant,les mêmes mains pieuses

nous ont rendu

le service d'assurer la conservation de l'ancienne splendeurde ses monuments. Au lieu de se

EGYPTE.

fatiguerà

y' porterle marteau, elles les ont enduits de limon du Nil, qu'elles blanchissaient

après

pourle couvrir de peintures chrétiennes. Avec le temps

ceplâtre copie est tombé, et les anciennes

peinturesont reparu avec un éclat et une fraîcheur qu'elles n'auraient

pu conserver si elles

étaient restées découvertes etexposées

à l'action du soleil et de l'air. J'ai trouvé dans la niche

d'une vieille cellule un saint Pierre en vieux style byzantin, tenant les clefs d'une main et

montrant le ciel de l'autre. En dehors de son nimbe sortaient de son manteau chrétien à demi

tombé, les cornes de vaches de la déesse Hathor, la Vénuségyptienne; c'est à elle que les rois

voisins venaient primitivementoffrir un encens et des sacrifices adressés aujourd'hui au

respec-

table apôtre. J'ai souvent aidé le temps à faire tomber les peintures sur plâtre copte, qui sont

généralement peu intéressantes, afin de découvrir les sculptures magnifiques des dieux et rois

égyptiens qu'elles cachaient et les rétablir dans leur droit plus ancien et mieux mérité d'être

l'objet de nos études. »

Ebment (Herrnontis).Strabon dit simplement qu'on y adore

Jupiteret

Apollon, et qu'on

yentretient un bœuf sacré.

Erment n'estplus qu'un village habité par

des fellahs et des coptes attirés parle tombeau

de saint Georges, Mary-Girgbs. Près des huttes de limon et de roseaux, s'élèvent les ruines

dutemple

dont le sanctuaire sert actuellement d'étable à un des fermiers deMustapha-Pacha

(fils' d'Ibrahim, fils de Méhémet-Ali, vice-roi).Les membres de la commission

d'Egypteremar-

quèrent sur l'emplacementde l'antique Hermontis, une enceinte à l'extrémité de laquelle

se

trouvait un bassin pavéde

pierresde taille et une grande voie bordée de monceaux de

décombres tout cela a disparu;le

templemême a été fort

endommagé parles constructeurs

de fabriques modernes ils ont enlevé les matériauxqui pouvaient

servir à leurs bâtisses

nouvelles, et n'ontpoint

hésité à faire sauterpar

la mine les murailles du temple qui résistaient

à leurs efforts. Les restes en sont encoreremarquables par

leur élégance, malgré les énormes

pigeonniers qu'ona élevés au milieu.

(Pl. 63).

Il a été construit sous le règnede

Cléopàtre,fille de Ptolémée Aulète, en commémoration

de la naissance de Ptolémée Césarion, fils de Jules César. Des sculptures emblématiques

décorent la cella et représententla déesse Ritho, femme du dieu Mandou, mettant au monde

le Dieu Harphrê. «lia gisante, dit Champollion, est soutenue et servie par diverses déesses du

« premierordre V accoucheuse divine tire l'enfant du sein de la mère; la nourrice divine tend

« les mains pour la recevoir, assistée d'une berceuse. Le père de tous les Dieux, Ammon-Ra,

« assiste au travail, accompagné de la déesse Soven, l'Ilithya, la Lucine égyptienne, protectrice

« des accouchements. Enfin la reineCléopâtre

est censée assister à ces couches divines, dont

« les siennes n'ont été ouplutôt

ne seront qu'une imitation. L'autre paroide la chambre de

« l'accouchéereprésente

l'allaitement et l'éducation du jeune dieu nouveau-né; sur les parois

(( latérales sont figurées les douze heures dit jour et les douze heures de la nuit, sous forme de

« femmes ayant undisque étoilé sur la tète. »

Toutes les dédicaces ouinscriptions

intérieures et extérieures sont faites au nom de Ptolémée

Césarion et de sa mèreCléopàtre.

Esnéh(Latopolis). Où l'on adore Minerve et le Poisson Latus, selon Strabon. Ville

importante de commerce et de fabrication, 30° 14' 41" longitude Est de Paris; 25° 17' 38" lati-

tude Nord. ( Pl. 64).

Comme autemps

de la commission d'Egypte, le templeest tellement obstrué

parles mai-

sons de la ville moderne, qu'on ne reconnaît sa présence qu'en y touchant; le portiqueétait

en partie comblépar des éboulemenls de terrains, et Champollion

lui-même le trouva d'un

EGYPTE.

12

accès difficile. Aujourd'hui il n'en estplus

ainsi Mehemet-Ali Pacha, qui était, avant tout et

par-dessus tout, négociant, ayant eu besoin d'un magasin pour ranger ses cotons, pensaau

portiquedu

temple d'Esneh; il le fitdéblayer, et, grâce à cette circonstance, nous

pûmesnous

convaincre de son étendue extraordinaire.

On y descend par un pauvre escalier de vingt-sept marches en bois de palmier. Sa longueur

est de 33 m. 70; sa largeur de 16 m. 89. La hauteur desvingt-quatre colonnes disposées sur

quatre rangs est, en comprenant la base et le chapiteau, de t m. 37; à partir de deux mètres

environ au-dessus de leur base, elles sont couvertes de bandes d'inscriptions taillées en relief;

les, six colonnes de face sont engagées dans le sol singulièrement exhaussé jusqu'aux trois quarts

de leur élévation; de tout le temple il ne reste plus que le pronaos; le reste a été rasé; une

inscription hiéroglyphique indique que le sanctuaire avait été construit par Tothmès III;

quant au portique dont je viens de parler,il est moderne: « les masses de ce

pronaos,dit

Champollion ont été élevées sous l'empereurCésar Tibérius Claudius Germanicus ( Claude ),

« dont laporte

dupronaos offre la dédicace en grands hiéroglyphes.

La corniche de la façade

et lepremier rang

de colonnes ont été sculptéssous Fespasien et Titus; la partie postérieure

« du pronaos porte les légendes des empereurs Antonin, Marc-Aurèle et Commode; quelques

« colonnes dupronaos furent décorées de

sculptures sous Trajan, lladrien et Antonin; mais à

«l'exception

dequelques reliefs de l'époque de Domitien, tous ceux des parois de droite et de

« gauche du pronaos portent les images deSeptime Sévère et de Géta que son frère Caracalla eut la

« barbarie d'assassiner en même temps qu'il fit proscrireson nom dans tout

l'empire. les

« cartouches noms propres de Géta sont martelés avec soin, mais ils ne l'ont pas été au point

« de m'empêcher de lire le nom de ce malheureux prince l'EMPEREUR C^sah Gé"ta, le directeur.

« Ce qui reste du naos, c'est-à-dire le mur du fond du pronaos, est de Ptolémée Epiplcane.»

La terrasse dutemple, qui était dédié au dieu Chnouphis, est curieuse par

laquantité

d'inscriptions grecques cursives qui la couvrent. Le dévotqui

était venu faire ses dévotions à la

divinité du lieu, montait souvent sur la terrasse dutemple; là il

gravaitsur la pierre son

nom, les motifs de sonvoyage, et sous cette légende il

indiquait, par un trait grossier, la forme

de ses pieds.Sur

beaucoup detemples j'ai retrouvé des inscriptions semblables; plusieurs sont

enlangue démotique, plusieurs en

langue hiéroglyphique, et toujours invariablement accompa-

gnées des deuxpieds

dupèlerin, orientés tantôt dans un sens, tantôt dans un autre* Il serait

importantde relever ces courtes légendes, qui pourraient, par comparaison, jeter quelques

lumières sur les caractères démotiques. Je donne ici une de ces inscriptions que j'ai copiées à

Karnak, sur la terrasse dutemple

de Khons

EGYPTE.

EL-K.AB (Elitltya). Ilithyiapolis avec untemple de Lucine, dit Strabon. C'est là que

Danville place Latopolis.Les enceintes en briques crues qui entouraient la ville et les temples sont

encore debout; la commission d'Egypte y retrouve les ruines de quatre temples; il n'en reste

plus trace aujourd'hui; leurs matériaux ont servi à reconstruire en partie le quai d'Esneh; à

peine çà et là quelques chapiteauxsortis de terre indiquent la

placeoù ils s'élevaient jadis. El-

Kab serait donc à cette heure un misérable village sans importance, si dans le flanc des mon-

tagnes quile bordent vers le désert arabique,

ne s'ouvraient des grottes sépulcrales d'une grande

beauté. Elles sont décorées depeintures qui représentent

les détails del'agriculture

le labour,

la herse, les semailles, les moissons, le battage des blés, etc. D'autres sont consacrées à la

pêche et à la chasse; d'autres aux soins des bestiaux, à la navigation, etc.

D'après les recherches auxquelles Champollion s'est livré sur l'emplacementde cette ville

disparue,il a pu se convaincre que le temple principal à! Elithya dédié à Sevek (Saturne)

et à

Sowan (Lucine) appartenaità diverses époques pharaoniques;

« ceux que la ville renfermait

« avaient été construits et décorés sous le règne de la reine Amensé, sous celui de son fils

« Touthmosis III et sous les pharaons AménophisMemnon et Ramsès le Grand. Les rois

« Amyrthéeet Achoris, deux des derniers princes

de raceégyptienne,

avaientréparé

ces

« antiques édifices ety avaient ajouté quelques constructions nouvelles. »

Les tombeaux sont dus pourla

plupartaux règnes

de Ramsès Meiamoun, d'Amohsis, de

Tothmès Ier, II et III, AménophisIer et de la reine Amensé.

« Dans les tombes troglodytiques,dit le docteur

Lepsius,il y a

plusieurs personnages de

condition qui sont enterrés avec le titre curieux de nourrice mâle d'unprince royal. »

A une heure de marche à' El-Kab, dans le désert, parmi les sables et la solitude s'élève

un petit templedont nul voyageur

n'aparlé

à ma connaissance, et qui paraît dédié à Hathor.

Il est soutenu par quatre piliers portantsur chaque face une étroite bande

d'hiéroglyphes

surmontée de la tête d'Hathor. Sespeintures

sont encore assez vives; son éloignement et son

isolement l'ont préservéde toute destruction. Ce

templeest nommé par les Arabes Beit-el-Melek

la maison du prince.

EDFOU (Apollinopolis Magna). –Oà s'élève le grand temple que les hommes du

pays

appellent Qala,la citadelle.

Ses immenses pylôneset son portique

sont seuls visibles; tout le reste est enfoui sous les

décombres, et couvert enpartie par

les huttes des Fellahs. Le temple remonte seulement aux

Ptolémées, etporte

dans toute son ornementation des traces de décadence manifeste. La partie

la plusancienne des décorations (l'intérieur du. naos et le côté droit extérieur) est de Ptoiémée

Philopator.Les travaux furent continués sous Ptoiémée bpiphane,

dont les légendes se lisent

sur le fût des colonnes et dans lepronaos, qui ne fut achevé que sous Ptolémée Évergète II.

« Cegrand

et magnifique édifice, ditChampollion, était dédié à une triade composée 1° du

Dieu Har-Hat, la science et la lumière célestes personnifiées,et dont le soleil est l'image dans le

« monde matériel 2° de la déesse Hathor, la Vénus égyptienne; 3° de leur fils Harsont-Tho ( l'Hôrus

« soutien du monde ) qui répondà l'amour des

mythologies grecqueset romaines. »

Voici en regard ce que le docteur Lepsius écrit sur le même sujet« Le temple d' Edfou

était dédié à Hôrus et à Hathor. La Vénus égyptienne est nommée une fois ici « reine des

« hommes et des femmes. » Hôrus est représenté enfant, nu, avec son doigt posé sur ses lèvres.

« J'ai déjà expliqué, par là, ce nomd'Harpocrate

écrit Harpe Chroti Hôrus l'enfant. Les

Romains necomprirent pas le geste du doigt, et de l'enfant qui ne pouvait pas parler, ils tirent

« l'enfant quine voulait

pas parlerle Dieu du silence. »

EGYPTE.

A côté du grand temple, au milieu d'un amas considérable de décombres, apparaîtun petit

Mammisi, mutilé, indéchiffrable et dont un de ces jours le pacha d'Égyptefera sans doute faire

de la chaux. Il avait été bâti en commémoration de la naissance de Ptolémée Évergète Il.

DGEBEL SELSELEH(Silsilis).

Là sont les montagnes de grès que les anciens Égyptiens

exploitèrent pourconstruire une grande partie

de leurs édifices royaux et sacrés. Ces

carrièresplongent

leurpied dans le Nil. Leur grès

ressemble à la molasse deGenève; il

est traversé de parties de mica, et semble apparteniraux grès cubiques des couches secon-

daires. Il est ordinairement de couleur claire, et la grande quantité departies

de mica et

d'oxyde de métaux lui donne seule cette teinte brunâtre qui l'affecte sur lesparois des

temples; il est d'unpoli difficile, mais se

prêteaisément aux

sculptures les plus fines.

Ce lieu, fort important pour les archéologues,est riche en

inscriptions; de nombreuses

tables votives le décorent, et à plusieurs endroits il est creusé depetits spéos couverts

d'hiéroglyphes. Les travaux exécutés sur cet emplacement appartiennent, pourla

plupart, aux

règnes de Menephta, Ramsès II, Hôrus (le la xvme dynastie,et à divers pharaons de la xixc.

Lesinscriptions indiquent que la plupart des monuments de Thèbes ont été construits avec

les pierres tirées de Silsilis.

Koum-Ombou (Ombos). Le Nil, qui ronge ses rivagesen

déplaçant son cours, a déjà jeté

bas les grands pylones qui précédaientle

templedont les ruines sont seules aujourd'hui perdues

parmi les sables qui les engloutissent, debout sur une montagne qui domine le Nil et le

désert.( Pl. 65.)

Il remonte aux Lagides; sa partiela

plusancienne est de Ptolémée

Épiphane; le reste

d'Évergète II et de Philométor. Il est dédié aux deux triades Sevek, Hathor et Khons-hor;

Aroëri, Homénofré et Pnevtho. Le portique seul est hors des sables dans la moitié de sa

hauteur; les autresparties

dutemple

sont enfouies, et il serait très-facile de les déblayer.

Sur le linteau supérieur de la porte du sécos on lit encore, en belles majuscules grecques,

lalégende

suivante « Pour la conservation du roi Ptolémée et de la reineCléopâtre, dieux

Philométors et Philadelphes, et de leurs enfants, à Aroëris, dieu grand, et aux divinités

adorées dans le même temple, les fantassins, les cavaliers, et autres personnes stationnées

dans le nome d'Ombos, ont fait ce sécos à cause de la bienveillance de ces divinités

envers eux. »

Quelques restes d'un mur d'enceinte enbriques

crues sont demeurées sur pied et s'ouvrent

parune porte en calcaire qui date de Tothmès III.

ILE d'Eléphantine ( Djeziret el Sag). Ce fut dans l'antiquité la clef del'Égypte;

Hérodote

y trouva une garnison persane, et au temps de Strabon les Romains entretenaient àSyène trois

cohortes destinées à garder les frontières de la préfecture d'Égypte. Au sud et au nord de l'île,

la commission d'Égyptereconnut deux

temples,dont un, celui du sud, était un

périptère

entouré d'une simple colonnade; ces deux édifices étaient couverts d'inscriptionset de

peintures.

Un de ces templesétait sans doute celui de

Chnouphisdont parle Strabon. « Le nilomètre, dit-

il encore, est un puitsconstruit en

pierresbien équarries, sur le bord du Nil. » Jomard a fait

ladescription

d'unfragment

de murailles antiques,dont un, entre autres, ayant

45 à 50pieds de

hauteur et 600 piedsde

longueur, présentaitune forme convexe; un escalier de cinquante degrés

conduisait de ce quaiau Nil; au mur était fixée une échelle qui avait dû servir autrefois à

indiquer la hauteur des eaux. C'étaient làprobablement

les ruines du Mékyas.

Champollion y reconnaît encore une porteruinée en granit, dédiée au nom d'Alexandre, fils

du Macédonien, et une douzaine de proscynémata hiéroglyphique gravées sur une vieille muraille.

EGYPTE.

Aujourd'hui il n'y aplus rien, les débris des temples et du nilomètre

ont disparuentiè-

rement on voit seulement encore des fragments d'anciens édifices égyptiens employés par les

Romains dans la construction du quai où les Fellahs font tourner maintenant leurs criardes

sakichs.r

Assouan (Syène).– 30" 34' 49" longitude Est de Paris; 24° 5' 23" latitude Nord. Sa dis-

tance dutropique du Cancer est donc aujourd'hui de 37' 23", c'est-à-dire environ quinze lieues

et demie; cequi

rendcroyable le passage

où Strabon dit qu'au solstice d'été le soleil se reflé-

tait dans unpuits;

en effet, à midi le soleil ne devait donner auxgnomons qu'une

ombre à

peine sensible.

Léon l'Africain, selon Ritter, parledes

temples et des pylones (altissimas tunes quas Barba

vocitant) qu'il a vus à Assouan; il.n'en existe pas vestiges actuellement; et dans les ruines main-

tenantdispersées d'un petit temple

de la décadence, Champollion lut pour la première fois la

légende impérialede Nerva.

Assouan est une villequi

tend às'augmenter chaque jour, et qui sert

d'entrepôtaux mar-

chandises nombreuses venues du Sennaar.

Le désert, qui s'étend derrière Assouan dans la direction de la Nubie, est bordé par des

roches couvertesd'inscriptions

de toutes les époques; c'est la route qui, par terre, conduit à

Philœ; Strabon la parcourut en voiture. Les carrières qui l'avoisinent sont curieuses à étudier;

on y comprend facilement les moyens que lesÉgyptiens employaient pour en extraire des blocs

souvent énormes; un grand obélisque en granit rose est là, poli sur trois côtés, et encore adhé-

rent au rocherpar

une de ses faces. Cepetit désert s'étend à l'Est de la première cataracte

(PI. 66-67).Au delà de cette cataracte et de ce désert, c'est la Nubie.

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MEDINET-HABOU

PIjVN GÉNÉRAL DES RUINES.

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Gide et Baudry, Editeurs.

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PALESTIIVE E SYRIE.

EGYPTE

NUBIE

PARCS

IMPRIMÉ PAR J. CLAYE ET C«

«IIK SAINT-BENOÎT,7

EGYPTE

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N~333

PALESTINE ET SYRIE1

DESSINS PHOTOGRAPHIQUES

RECUEILLIS

PENDANTLES WNERS1849, 1850 ET 1851

ACCOMPAGNÉS

D'US TEXTE EXPLICATIF ET PRÉCÉDÉS D'UNE INTRODUCTION

>&/ MAXIME DU CAMP

CIURKK D'UNT. MISSION ARCHÉOLOGIQUE EN ORIENT PAR LE M 1 N I S T ÎMU-. DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE

PARIS

GIDE ET J.BAUDRY 5

EDITEURS

DES CATACOMBES UE HOME – NINIVE – VOYAGE EN PERSE – CULTES DE MITIIRA ET DE VÉNUS, ETC., ETC.

5 RUEBONAPARTE, ANCIENNE RUE DES PETITS- AUGUSTINS

1852

13

NUBIE

Nous n'aurons que peude mots à dire sur la Nubie, car ses monuments sont moins

intéressants queceux de l'Égypte;

les anciens historiens n'en parlent pas. De la première à

la seconde cataracte il n'existe pasactuellement une seule ville

importante;et c'est à cela que

les temples de la Nubie doivent enpartie

leur conservation; aucune manufacture ne s'étant

élevée auprès d'eux, nul n'a songé à les démolir pour utiliser leurs matériaux; ladisposition

particulièrede ces monuments, dont beaucoup sont des spéos, n'a pas peu contribué à les

sauver de la destruction; nous n'aurons donc à constater que de légères différences entre leur

état présent et celui où les ont trouvés les voyageurs quien ont

parlé avant nous.

ILE DE Philœ (Djeziret-el-Birbé).– Placée sur les limites de l'Egypte qu'elle termine, et

de la Nubie qu'elle commence, cette île est surchargée d'édifices pharaoniques, grecs et romains

qui s'entassent sur son étroite superficiede 2,700 pieds (PI. 67 à 80 incl.). C'était l'île sacrée,

la grande contrée des morts; une tradition y plaçaitle tombeau d'Osiris; on jurait par

lui et

le serment était inviolable;Ma -ràv h *ftatç ôoupw. Les premiers chrétiens s'y établirent, barbouil-

lèrent de limon et de chaux les représentations païennes, y substituèrent des peintures évangéliques,

brisèrent les idoles, martelèrent les images des divinités, surtout celles qui portaient une tête

humaine (PI. 78),et bâtirent autour des temples et sur leurs terrasses une ville entière aujourd'hui

déshabitée.

Maintenant l'île de Philœ est entièrement abandonnée et déserte; seule, la présence des

voyageurs yattire quelques Arabes venus des villages

voisins. Leplan général

des ruines

(Pl. 67) donne une idée complète de l'ensemble des monuments et le détail de leur ordonnance

propre. Le grand templeétait dédié à Isis, et j'ai retrouvé dans une de ses chambres les plus

profondesla niche en granit où, selon les traditions, était conservé l'épervier sacré. Le grand

temple hypètre (Pl. 70) devait être un typhonium, il n'a jamais été achevé; il est manifeste-

ment de l'époque romaine, et les rares sculptures qui le décorent intérieurementportent, je

crois, les noms de Nerva et de Trajan.

« Lepetit temple du Sud, dit

Champollion,a été dédié à Hathor et construit par le

«pharaon Nectanèbe, le dernier des rois de race Égyptienne, détrôné par

la seconde invasion

« des Perses. La grande galerie,ou

portique couvert, qui, de ce joli petitédifice conduit

« au grand temple, est del'époque des empereurs;

ce qu'il y a desculpté

l'a été sous les

<frègnes d'Auguste, de Tibère et de Claude.

« Lepremier pylone

est du temps de Ptolémée Philométor, quia encastré dans ce pylone

<( unpropylon

dédié à Isis par le pharaon Nectanèbe, et l'existence de cepropylon prouve

qu'avant le grand temple d'Isis actuel il en existait déjà un autre sur le même emplacement,

« lequel aura été détruit par les Perses de Darius-Ochus. Cela explique les débris de sculpture

« plus anciens employés dans les colonnes dupronaos actuel du grand temple.

NUBIE.

« C'est Ptolémée Philadelphe quia construit le sanctuaire et les salles adjacentes de ce

« monument. Le pronaos est d'Évergète II, et le second pylone de Ptolémée Philométor. Les

«sculptures

et bas-reliefs extérieurs de tout l'édifice ont été exécutés sous Auguste et Tibère.

« Entre les deux pylonesdu grand temple d'Isis, il existe à droite et à gauche deux beaux

« édifices d'un genre particulier.Celui de gauche est un temple périptère, dédié à Hathor et

« à la délivrance d'Isis qui vient d'enfanter Hôrus. La plus anciennepartie de ce temple

est

« de Ptolémée Épiphaneou de son fils Évergète II. Les bas-reliefs extérieurs sont du

règne

« d'Augusteet de Tibère. C'est Évergète II qui se donne les honneurs de la construction de ce

« temple,dans la longue

dédicace de la frise extérieure.

« Le même roi s'est aussi emparé, par une inscription semblable, de l'édifice de droite qui,

«presque tout entier, est de son frère Philométor, à l'exception d'une salle

sculptée sous Tibère. »

ILE DE Beghé.Séparée

de Philoe par un petit bras du Nil, cette petite île, bienlongtemps

avant Philœ, fut, sous le nom de Snem, un lieu saint depèlerinage et de dévotion. Les ruines

de son temple ( Pl. 81), dédié àChnouphis

et à Hathor, sont encore debout au milieu des

huttes de Fellahs. Il a été élevépar

les Ptolémée sur les ruines d'un autretemple consacré

aux mêmes divinités et. construit par Aménophth II. Il a du servir d'église pendant les

premiers temps chrétiens.

Il existe encore prèsdes montagnes de Beghé une statue du

pharaonOsortasen III.

Débod( ancienne Parembole ).

–( PL 85 et 86 ). Trois propylons placés

l'un derrière l'autre

à des distances inégales, conduisent autemple,

dont la façade large de vingt mètres est formée

par un portiqueà quatre colonnes. Du

portique on pénètre dans un pronaos orné desculptures.

Dans le naos proprement dit on voit deux niches monolithes, semblables à celle de Philce et

destinées sans doute aussi comme elle à contenirl'épervier sacré. Toutes les sculptures sont, ainsi

que letemple,

dans un mauvais état. Dédié à Ammon-Ra, seigneur de Débôd, à Hathor, et

subsidiairement à Osiris et à Isis, cetemple

a été continué sous les règnes d'Augusteet de

Tibère. Le docteur Lepsius y trouve la légende du roi Arkamen ( l'Ergamènes des historiens )

qui régnaiten

Ethiopiedu

tempsde Ptolémée

Philadelphe.

KARDASSY (ancienne Korta). – Son petit temple ( Pl. 87 ) élevé sur une' colline qui domine

le cours du Nil, n'offre aucunesculpture,

aucune inscription; les chapiteaux font présumer qu'il

était dédié à Hathor; on peut affirmer avec certitude que sa construction remonte seulement

aux époques romaines. Le docteur Lepsius y retrouva les fondations d'un temple bâti par

Tothmès III. Non loin, s'ouvrent les excavations d'une carrière autrefois exploitée parles

Romains et abandonnée aujourd'hui; ses parois sont couvertes d'une soixantaine d'inscriptions

grecques à peu près toutes semblables; en voici une qui sera comme lespécimen

des autres.

TAFAH ( ancienne Taphis ). Son templesans inscriptions,

sans intérêt, est aujourd'hui presque

détruit( PI. 88 ).

Il n'en reste que les deux murailles latérales, celle du fond et deux colonnes

NUBIE.

qui paraissentinachevées. Autour (le lui on reconnaît facilement les ruines d'un temène construit

en belles pierresde grès.

Bet-Oually.–

templede

Bet-Oually est unspéos curieux, bien conservé, d'une 'belle

époque,et creusé dans la montagne qui s'élève à une lieue du Nil, au-dessous de Kalabscheh;

on y arrive par une sorte de couloir à ciel ouvert, dont chaque paroi est ornée desculp-

tures d'une finesse extrême; elles ont rapport aux campagnes de Ramsès le Grand contre les

Éthiopiens,les Bescharis et les Nègres. Le roi, assis sur son trône, reçoit les prisonniers et les

tributs qu'ils apportent, composésde chaînes d'or, de

peauxde

panthères,de dents d'éléphants,

de plumes d'autruches, de lions, d'autruches, desinges,

degirafes, etc. Ce spéos, intérieure-

ment soutenu par quatre larges piliersdécorés de peintures, était dédié, selon

Champollion,à

Ammon-Ra et à sa forme secondaire, Chnouphis.

KALABSCHEH (ancienne Talmis ), qui fut longtemps capitale des Blemmyes, dont les

incursions inquiétèrent souvent les Romains ( Pl. 89 à 92incl. ).

Letemple n'a pour ainsi

dire conservé que sa forme extérieure; tout l'intérieur est ruiné de fond en comble; trois fois

ce templea été construit; la

premièrefois sous le

règne d'Aménophth II; la seconde sous les Pto-

lémée la troisième enfin sous Auguste, Caligula et Trajan. Il était dédié à Malouli (selon

Champollion),Mésuli (selon Lepsius ).

Dans le naos et l'addition on remarque sur les murailles

des traces évidentes de dorure.

DANDOUR (ancienne Tantour).Petit

templede

l'époque d'Auguste, et qui se recommande

seulement par ses sculpturesrelatives à l'incarnation d'Osiris 'sous forme humaine. Selon le doc-

teurLepsius,

le templeest dédié à un dieu

particulier,nommé Pétisi qui

ne se retrouve pas

autrepart.

Kircheh ( ancienne Tutzis; actuellement Gerf-Husseim ). – C'est unhémispéos construit par

Ramsès le Grand, et qui paraît avoir été intentionnellement dégradé. Devant le temple s'étend

unportique, soutenu à sa façade par

six colonnes rondes, construites en pierres cubiques, et à

ses côtés par cinq piliers quadrangulairesd'un seul bloc; un colosse osiriaque haut de six mètres

se tient debout devant chaque pilier.

Leplafond

dupronaos s'appuie également sur des

piliers osiriaques, et dans le naos quatre

figures colossales sont assises contre la muraille du fond. Cetemple

était dédié au dieu Phtha.

DAKKEH (ancienne Pselcis),dont Strabon parle

comme d'une ville autrefois fortifiée

(PI. 94-95). Le temple est précédé par de grands pylonesorientés vers le Nil. Il était dédié à

Tôth( Hermès deux fois grand ).

« La partiela

plusancienne de ce temple, dit

Champollion,

« a été construite et sculptée parle plus célèbre des rois

éthiopiens, Ergamènes, qui, selon le

« récit de Diodore de Sicile, délivra l'Éthiopie du gouvernement théocratique, en faisantégorger

« tous lesprêtres

dupays;

il n'en fit pas sans doute autant en Nubie, puisqu'il y éleva un

« temple, et ce monument prouve quela Nubie cessa d'être soumise à l'Égypte dès la chute de

la xxvie dynastie, celle des Saïtes, détrônée par Cambyse, et que cette contréepassa

sous le

joug des Éthiopiens jusqu'à l'époque des conquêtes de Ptolémée Evergète II, qui la réunit de

« nouveau à l'Égypte. Aussi le templede Dakkeh, commencé

par l'Éthiopien Ergamènes, a-t-il

« été continuépar Evergète Ier, par son fils

Philopatoret son

petit-fils Évergète II. C'est l'em-

« pereur Auguste qui a poussé, sans l'achever, lasculpture

intérieure de ce temple.» Près du

pylone on distingue encore des blocs ayant appartenuà un temple bâti par

Tothmès III. Le

docteurLepsius

dit « A côté des fragments de cepremier

édifice qui n'était pas dédié, à Tôth,

« comme le croitChampollion,

mais à Hôrus, nous trouvâmes des restes de monuments de

« Sethi Ier. »

NUBTE.

MAHARAKKAH (Hiéra-Srcaminos).Je ne

puis que répéter ici ce que j'ai dit à lapl. 96.

Ce temple n'a ni sculpturesni

inscriptions hiéroglyphiques; il paraît dater des derniers temps

de l'occupation romaine; une inscription grecque placée sur une des colonnes indique queles

divinités du lieu étaient Isis etSérapis.

LesCoptes en ont fait une église autrefois et ont

peint

sur ses murs une Tentation de saint Antoine, dont il reste trace encore; il est surtout curieux

par les ruines d'un escalier en colimaçon qui conduisait sur sa terrasse; c'est le seul exemple

que j'en ai trouvé dans les monuments de l'ancienne Égypte.

SEBOUA (les Lions). Ainsi nommé du dromos deSphinx qui

conduisait autrefois jusqu'au

Nil (Pl. 97-98). C'est un hémispéos construit et creusépar

Ramsès le Grand, quile dédia à Phrè

et à Phtha. C'est un véritable édifice de, province, bâti avec des pierres liées de mortier, dit

Champollion. Quatre colosses de Ramsès, dont deux sont culbutés, précédaient le temple dont

les pylones portent de grandes sculptures représentantle

pharaon combattant lespeuples du

nord et du midi. Tout le monument, àl'exception des pylônes, est tellement comblé

par les

sables, qu'ilest

impossible d'y pénétrer.

AMADA. (Pl. 99). Temple curieux par ses sculptures intérieures; voici en quels termes en

parle Champollion

« Ce monument, fort encombré de sables, secompose

d'abord d'uneespèce de pronaos,

« salle soutenuepar

douze piliers carrés, couverts de sculptures, etpar quatre colonnes que.

« l'on nepeut

mieux nommer que proto- doriques, car elles sont évidemment le type de la

« colonne dorique grecque, et, par une singularité dignede

remarque, je ne les trouve employées

«que dans les monuments égyptiens les plus antiques, c'est-à-dire dans les hypogées de Beni-

« haçan, à Amada, à Karnak et àBet-oually, oit sont les

plus modernes, bienqu'elles datent

« durègne

de Sésostris, ouplutôt

de celui de son père.

« Letemple

d'Amada a été fondé par Touthmosis III, comme leprouvent

laplupart des

« bas-reliefs du sanctuaire, et surtout la dédicacesculptée

sur les deux jambages des portes de

« l'intérieur, et dont je mets ici la traduction

« Le Dieu bienfaisant, seigneur du monde, le roi – Soleil stabiliteur DE L'UNIVERS le

« fils du Soleil, Touthmosis, modérateur de justice, a fait ses dévotions à sonpère

le dieu Phrè,

« le dieu des deuxmontagnes célestes, et lui a fait élever ce temple de pierre dure; il l'a fait t

«pour

être vivifié à toujours. »

« Touthmosis mourut pendant la construction de ce temple, et son successeur, Aménophis 11,

« continua l'ouvrage commencé, et fitsculpter

les quatre salles à la droite et à la gauche du

« sanctuaire, ainsi qu'une partie de celle qui les précède; les travaux de ce roi sont détaillés dans une

« énorme stèleportant

uneinscription

de vingt lignes.Son successeur, Touthmosis IV, termina le

«• temple en y ajoutant lepronaos

et les piliers; on a couvert toutes leurs architraves de ses dédicaces

« ou d'inscriptions laudatives; l'une d'elles m'afrappé par

sa singularité, en voici la traduction:

« Voici ce que dit le dieu Toth, leseigneur

des divinesparoles,

aux autres dieux qui

« résident dans Thyri; accourez etcontemplez

ces offrandes grandes et pures, faites pour la

« construction de ce temple, parle roi Touthmosis

(IV)à son

pèrele dieu Phrè, dieu

grand,

« manifesté dans le firmament. »

DERR. – Sontemple

est unspéos

fort endommagé, obscur etplein

de chauves-souris. Il

est dû au règne de Ramsès le Grand. « Je fus étonné, dit le docteur Lepsius,de trouver sur

le frontispice une représentationde la

postéritédu roi Ramsès Méiamoun, au nombre de cent

« soixante enfants, avec leurs noms et leurs titres dontplusieurs

sont effacés et illisibles. On

« n'a encore reconnu que vingt-cinq fils et dix filles de ce roi. »

NUBIE.

14

IBRYIU (ancienne Premmis). Quelques grottes taillées dans les rochers qui baignent leur

pieddans le Nil, et qui sont aujourd'hui presque indéchiffrables, appartiennent aux règnes

de Tothmès Ier, Tothmès III, Aménophth II et Ramsès-Sésostris. La forteresse (Pl. 100.) qui

commande le Nil et les deux déserts, estd'origine romaine, et semble n'avoir eu de

garnison que

pendantla campagne

de Pétrone. Le sultan Sélim y mit aussi des troupes.Elle est aujourd'hui

complètement abandonnée; sesmurailles existent encore avec une tour à chaque angle; une

grande porte à arcade romaine ornée de festons donne entrée dans la ville, où se retrouvent

beaucoupde débris enlevés jadis à des temples construits par la,dynastie éthiopienne.

Ibsamboul (abou-sembil en arabe; aboccis, engrec; abochek, en ancien égyptien).

–(Pl. lOt1

à UOincl.).

Ce sont les plus vastes spéos de la Nubie et del'Egypte;

le grand spéos consacré à Phrè

occupe unemontagne entière, dans les flancs de laquelle on l'a creusé; au reste, je donne ici

ladescription que Champollion en a faite dans ses Lettres écrites d'Egypte et de Nubie; ces

monuments ne sont pas près de changer

« A Ibsamboul il y adeux temples entièrement creusés dans le roc et couverts de sculptures.

Laplus petite

de ces excavations est untemple d'Hathor, dédié

pourla reine Nofré-Ari, femme

de Ramsès le Grand, décoré extérieurement d'une façade contre laquelle s'élèvent six colosses

de trente-cinq pieds chacun environ, taillés aussi dans le roc, représentant le pharaon et sa

femme, ayant à leurspieds,

l'un ses fils, et l'autre ses filles, avec leurs noms et titres. Ces

colosses sont d'une excellentesculpture;

leur stature est svelte et leur galbe très-élégant.

« Le grand temple d'Ibsamboul vaut à lui seul le voyage de Nubie. C'est une merveille

qui serait une fort belle chose, même à Thèbes. Le travail que cette excavation a coûté effraie

l'imagination.La façade est décorée de quatre colosses assis, n'ayant pas moins de soixante et un

pieds de hauteur tous quatre d'un superbe travail, représentant Ramsès le Grand; leurs faces

sontportraits,

et ressemblentparfaitement

aux figures de ce roi qui sont à Memphis, à Thèbes

etpartout

ailleurs. C'est un ouvrage dignede toute admiration. Telle est l'entrée; l'intérieur en

est tout à fait digne; mais c'est une rude épreuve quede le visiter. A notre arrivée, les sables,

et les Nubiens qui ont soin de lespousser,

avaient fermé l'entrée. Nous la "fîmes déblayer; nous

assurâmes le mieuxque

nous lepûmes le petit passage que l'on avait pratiqué, et nous

prîmes

toutes lesprécautions possibles

contre la coulée de ce sable infernal qui, en Egypte comme en

Nubie, menace de tout engloutir.Je me déshabillai

presque complètement, ne gardant que ma

chemise arabe et un caleçon de toile, et me présentai àplat

ventre à la petite ouverture d'une

porte qui, déblayée, aurait au' moins vingt-cinq piedsde hauteur. Je crus me

présenterà la

bouche d'un four, et, meglissant

entièrement dans letemple, je me trouvai dans une

atmosphère

chauffée à 51degrés.

Lapremière

salle est soutenuepar

huitpiliers contre lesquels sont adossés

autant de colosses de trente pieds chacun, représentant encore Ramsès le Grand; sur lesparois

de cette vaste salle règne une file de grands bas-reliefs historiques, relatifs aux conquêtes du

pharaon enAfrique;

un bas-relief surtout, représentant son char de triomphe, accompagné de

groupes deprisonniers nubiens, nègres, etc., de

grandeur naturelle, offre une compositionde

toute beauté et duplus grand effet. Les autres salles, et on en

compte seize, abondants en beaux

bas-reliefs religieux, offrent des particularitésfort curieuses. Le tout est terminé

parun sanctuaire,

au fond duquel sont assises quatre belles statues, bienplus

fortesque

nature et d'un très-bon

travail. Ce groupe représente Ammon-Ra, Phrè, Phtha, et Ramsès le Grand assis au milieu

d'eux. »

« J'ai revu les colosses qui annoncent si dignementla plus magnifique excavation de la

a ê

NUBIE.

Nubie. Ils m'ont paru aussi beaux de travail quela

première fois, et je regrette de n'être point

muni de quelque lampe merveilleuse pour les transporterau milieu de la

place Louis XV, afin

de convaincre ainsi d'un seul coup les détracteurs de l'art égyptien.Tout est colossal ici, sans

en excepter les travaux que nous avons entrepris, et dont le résultat aura quelque droit à l'at-

tention publique. Tous ceux qui connaissent la localité savent quelles difficultés on a à vaincre

pour dessiner un seul hiéroglyphe dans le grand temple.

« Nous avons amarré nos vaisseaux devant letemple

d'Hathôr à Ibsamboul; j'ai déjà

donné une note sur ce joli temple. J'ajouterai qu'à sa droite on asculpté, sur le rocher, un

« fort grand tableau, danslequel

un autreprince éthiopien présente

au roi Ramsès le Grand

« l'emblème de la victoire ( cet emblème est l'insigne ordinaire des princesou des fils des

rois )

« avec lalégende

suivante en beaux caractères hiéroglyphiques« Le royal fils

d'Ethiopie, a

« dit: Ton pèreAmmon-Ra t'a doté, ô Ramsès! d'une vie stable et

pure: qu'il t'accorde de

longs jours pour gouverner le monde, et pour contenir les Libyens à toujours. »

« Ilparaît

donc que, detemps

en temps, les nomades d'Afrique inquiétaientles

paisibles

cultivateurs des vallées du Nil. Il est fort remarquable, du reste, que je n'aie trouvé jusqu'icisur les monuments de la Nubie que des noms de

princes éthiopienset nubiens, comme

gouverneurs du pays, sous le règne même de Ramsès le Grand et de sa dynastie. Il paraît aussi

que la Nubie était tellement liée àl'Egypte, que les rois se fiaient

complètement aux hommes

du pays même, pour le commandement destroupes.

Je puis citer en preuve une stèle encore

sculptée sur les rochers d'Ibsamboul, et dans laquelle un nommé Maï, commandant destroupes

du roi en Nubie, et né dans la contrée de Ouaou (l'un des cantons de la Nubie), chante les

louanges du pharaon Mandoueï Ier, le quatrième successeur de Ramsès le Grand, d'une manière

très-emphatique; il résulte aussi de plusieursautres stèles, que divers princes éthiopiens furent

employés en Nubiepar

les héros de l'Égypte.

'< Le 3 au soir commencèrent nos travaux à Ibsamboul ils'agissait d'explorer le grand

temple, couvert de si grandset de si beaux bas-reliefs. Nous avons formé

l'entreprise d'avoir

le dessin en grand et colorié de tous les bas-reliefs quidécorent la grande salle du

temple, les

autrespièces

n'offrant que des sujets religieux; et lorsque l'on saura que la chaleur qu'on

éprouvedans ce temple, aujourd'hui souterrain

(parce que les sables en ont presque couvert la

façade), estcomparable

à celle d'un bain turc fortement chauffé, quand on sauraqu'il

fauty

entrerpresque nu, que

lecorps

ruisselle perpétuellementd'une sueur abondante

qui coule sur

les yeux, dégoutte sur le papier déjà trempé par la chaleur humide de cette atmosphère, chauffée

comme dans un autoclave, on admirera sans doute le couragede nos jeunes gens, qui bravent

cette fournaisependant

trois ou quatreheures

par jour, ne sortent que par épuisement,et ne

quittent le travail que lorsque leurs jambes refusent de les porter.

«Aujourd'hui, 12, notre plan

estpresque accompli nous possédons déjà six grands tableaux

représentant

« 1° Ramsès le Grand sur un char, les chevaux lancés au grand galop;il est suivi de trois

de ses fils, montés aussi sur des chars de guerre; il met en fuite une armée assyrienne et assiège

une place forte.

c( 2° Le roi àpied, venant de terrasser un chef ennemi, et en

perçantun second d'un

coup

de lance. Cegroupe

est d'un dessin et d'une compositionadmirables.

« 3° Le roi assis au milieu des chefs de l'armée. On vient lui annoncer que les ennemis

attaquent son armée. Onprépare

le char du roi', et des serviteurs modèrent l'ardeur des

chevaux, qui sont dessinés, ici comme ailleurs, dans laperfection.

Plus loin se voit l'attaquedes

NUBIE.

ennemis, montés sur des chars de guerre et combattant sans ordre uneligne

de charségyptiens

méthodiquement rangés. Cette partie du tableau estpleine de mouvement et d'action: c'est

comparableà la

plusbelle bataille peinte

sur les vases grecs, que ces tableaux nous rappellent

involontairement.

« 4° Le triomphe du roi et sa rentrée solennelle (à Thèbes, sans doute), debout sur un

char superbe, traîné pardes chevaux marchant au pas et richement caparaçonnés. Devant le

char sont deux rangsde

prisonniers africains, les uns de race nègre et les autres de race bara-

bra, formant desgroupes parfaitement dessinés, pleins d'effet et de mouvement.

« 5° et 6° Le roi faisant hommage decaptifs de diverses nations aux dieux de Thèbes et à

ceux d'Ibsamboul. »

Au delà d'Ibsamboul, c'est la seconde cataracte où commence la Nubiesupérieure que nous

n'avons point visitée. C'est ici que nous terminerons cette introduction où nous avons plus

souvent fait parlerles autres

que nous-mêmes, pensant qu'il valait mieux offrir simplement à

nos lecteurs les récits deChampollion et de

Lepsius que de leur donner notreopinion,

souvent

incompétenteen semblables matières.

Je ne dirai rien des monuments de Jérusalem et de Baalbek, dont l'importance historique

est presque nulle, et qui sont aujourd'hui tropconnus pour qu'on puisse en parler.

Avant d'en finir, je désire remercier publiquementM. Aimé Rochas qui a consenti à me

communiquer les trois planches 1, 9 et 52, qui manquaient à ma collection. Intelligentet cou-

rageux photographe,M. Aimé Rochas a parcouru les régences de Tunis et de Tripoli, l'Egypte,

les Turquies d'Europe et d'Asie, et en arapporté

une série deplaques daguerriennes d'un émi-

nent intérêt historique et pittoresque, et qui, nous l'espérons,ne tarderont

pasà voir le jour.

Je dois aussi mes remerciements à M. Prisse d'Avennes, qui a bien voulu dessiner, pour

cet ouvrage,les

plans indispensablesde Karnak, de Medinet-Habou et de Philoe, et qui m'a

secouru de ses conseils dans la rédaction, souvent difficile, de la courtelégende placée

en tête

de chaque dessin.

MAXIME DU CAMP.

15

EXPLICATION DES PLANCHES

LE KAIRE

1. VUE GÉNÉRALE prise à l'ouest.

Au fond la citadelle et la mosquée construite en albàtre par

ordre de Méhémet-Ali.

2. MOSQUÉE PRÈS DE BAB-SAIDA.

Partie méridionale des murailles.

3. MAISON ET JARDIN DANS LE QUARTIER Frank.

4. MOSQUÉE DU KHALIFE HAAKEM Biamrillah, construite

l'an 1003 de J.-C. (393 de l'hég.)

Le khalife Haakem est encore actuellement le dieu des Druzes,

comme étant la dernière incarnation humaine de LA RAISON.

5. Mosquée DU SULTAN HAÇAN, 1356 à 1363 de J.-C.

(757 à 764 de l'hég.)

Les galeries des minarets ont été brisées par l'artillerie française,

lors de la révolte du Kaire.

6. Mosquée ET TOMBEAU DES Ayoubites.

Vallée des tombeaux.

7. MOSQUÉE ET TOMBEAU DU SULTAN Kansou-el-Gouri.

Vallée des tombeaux. ISOt à 1516 de J.-C.

8. TOMBEAU DES SULTANS MAMELOUKS.

Vallée des tombeaux.

EGYPTE MOYENNE

9. PYRAMIDE DE CnÉOPS.

Chéops – le Souphis de Manéthon – le Choufou des Égyptiens.

iv° dynastie.

10. PYRAMIDE DE CuÉPHREN.

Chéphren le Képhren de Diodore le Chafré des Égyptiens.

me dynastie.

11. LE SPIIINX vu de FACE, taillé par ordre de Thotmès IV.

( xvm dynastie).

Nommé par les Arabes Abou-el-Houl (le père de l'épouvante).

Longueur totale, 39 mètres; contour de la tête au front, 27 mètres;

hauteur depuis le ventre jusqu'au sommet de la tète, 17 mètres.

HAUTE EGYPTE

12. NÉCROPOLE DE L'ANCIENNE Lycopolis à Syout.

Un grand nombre de momies de loups se rencontrent encore

dans les hypogées de la montagne dont les parois sont ornées des

plus anciennes représentations de l'art militaire en Egypte (de la

vi° à la xi° dynastie). On n'y retrouve aucune figure de cheval ou

de cavalier, ce qui tendrait à prouver que la cavalerie n'a été in-

troduite en Égypte qu'avec l'invasion des rois pasteurs (xii" dynastie).

13. Mosquée d'El-Arif et tombeau DE Mourad-Bey, à

Saouadj.

Mourad-Bey est mort de la peste, à Saouadj, le 21 mai 1801.

14. GIRGEH. Vue générale.

Ancienne capitale de la Haute Égypte, dévastée en partie par

les dernières inondations du Nil, dont le cours semble depuis quel-

ques années appuyer à l'ouest.

15. Girgeh, mosquée D'ALY-BEY.

16. GRAND TEMPLE DE DENDÉRAH(Tentyris). Vue géné-

rale.

Consacré à Hathor, et subsidiairement à Isis. Date de Cléopàtre

d'Auguste et de Tibère. Murailles en briques crues construites

par ordre de Méhémet-Ali pour retenir les décombres des habitations

coptes d'Arabes élevées successivement autour du Temple.

17. GRAND TEMPLE DE Dendérah(Tentybis). Hypèthre

construit sur la terrasse.

Ne contient que des cartouches vides. Parait dater des Antonins

et avoir été dédié à Hathor.

18. GRAND TEMPLE DE DENDÉRAH(Tentyris), iaçacî*

postérieure.

Ruines d'habitations en briques crues qui l'entourent.

19. GRAND TEMPLE DE DENDÉRAH(Tentyris), sculptures

de la façade postérieure.

Toth Ibiocéphale déterminant l'époque des Panégyries devant Isis

et un dieu qui, d'après la légende symbolicrue, doit être une forme

d'Hôrus.

20. GRAND TEMPLE DE DENDÉRAH(TENTYRIS), sculptures

de la façade postérieure.

21. VILLAGE DE Hamameii.

> 22. PALMIERS DOUMS(Crucifera Thebaïca) à Hamameh.

23. BOIS DE DATTIERS ET DE PALMIERS DOUMS, à Hama-

meh, près Dendérah dont Juvénal a dit (Sal. 15)

Tergœ fuga céleri, prxstantibus omnibus instant,

Qui vicina colunt nmbrosae Tentyra palmae.

THEBE8

24. Louqsor vue générale des ruines.

Pylones construits par Ramsès le Grand (Sésostris). Colonnade

du palais d'Aménophth III. Habitation dite maison de France.

25. Louqsor grande cotonnade du palais construit par

Aménophth IÏI consacré par la dédicace

« La vie, l'Hôrus puissant et modéré, régnant par la justice,l'organisateur de son pays, celui qui tient le monde en paix parce

que, dans sa force, il a châtié les barbares; le Roi (Dirbctech DE

EXPLICATION DES PLANCHES.

JUSTICE, BIEN-AIMÉ DU SOLEIL), (LE FILS DU SOLEIL AMÉNOPHTH), m0-

dérateur de la région pure (l'Égypte), a fait exécuter ces constructions

consacrées à son père Ammon, le dieu seigneur des trois zones de

l'univers, dans l'Oph du midi (portion orientale de Thèbes). Il les

a fait exécuter en pierres dures et bonnes, afin d'ériger un édiflce

durable; Voilà ce qu'a fait LE FILS DU SOLEIL Aménophth, chéri

d'Amson-Ra. »

/62/

GROUPE DE COLONNES DANS LE PALAIS.

Faisait partie d'une colonnade qui précédait le sanctuaire du

temple dédié à Ammon par Aménophth III, et reconstruit par

Alexandre le fils du conquérant. Cette colonnade fermée d'un mur

d'enceinte sert aujourd'hui de magasin à blés.

26*. Karnak, plan général des ruines (planche gravée).

27. Karnak, propylone du temple de Khons. Hauteur,

21 met. largeur, 12 met. 50 c.; hauteur de la

baie, 15 met.

Élevé par Ptolémée Évergète et Physcon; était précédé par un

dromos de béliers actuellement décapités ou détruits qui, se ratta-

chant à une avenue de sphinx, reliait le palais de Karnak à celui

de Louqsor. Les sculptures représentent Ptolémée Évergète et

Bérénice (sa femme-sœur) faisant des offrandes ;Vplusieurs divinités,

ainsi qu'à Ptolémée Philadelphe et à Arsinoé divinisés.

28. Karnak TEMPLE DE Kiions. l,

Nommé par la commission d'Egypte le grand temple du Sud. –

Commencé par Ramsos VIII (xx° dynastie) achevé par deux pontifes

souverains d'Amman, deux prêtres qui usurpèrent le pouvoir,

Péhor et Pionck (xxi0 dynastie.)

29. Karnak, portique du temple de Khons.

Entre-colonnement médial et porte du naos. Le cartouche signifie

L'AIMÉ d'Amson, Péhor, FILS d' Ammon.

30. PALAIS DE KARNAK, propylées du Sud. Temple de

Khons. Bassin des Purifications.

C'est dans cet étang que les prêtres égyptiens ont précipité les-

• ornements sacrés des temples de Karnak lors de l'invasion de Cam-

byse. (Tradition.)

31. PALAIS DE Karnak. Vue générale des ruines, prise

de l'est.

Prise des propylées de Taharaka.

32. PALAIS DE Karnak. Vue générale des ruines, prise

au nord.Salle hypostyle. Obélisques. Pylone.

33. PALAIS DE KARNAK, entrée méridionale de la salle

hypostyle.

Cette salle, formée de cent quarante colonnes, offre quatre fois la

superficie de Notre-Dame de Paris.

Au-dessus du dernier rang des colonnes des deux nefs latérales,

se remarquent les fenêtres, en pierres taillées en claires-voies, qui ser-

vaient à éclairer l'avenue médiale du Manoch (salle de l'assemblée.)

34. PALAIS DE Karnak, salle hypostyle prise à l'angle

nord-est.

35. PALAIS DE Karnak salle hypostyle prise au nord.

36. PALAIS DE Karnak, grands pylones du sud-ouest.

/'.

ny.PALAIS DE Karnak, cour des Bubastites et entrée

principale de la salle hypostyle.

La cour des Bubastites, commencée par les rois de la xxvie dynastie,

achevée par les Ptolémées, détruite par le tremblement de terre de

l'an 16 d'Auguste (an 27 avant J.-C.; 188» olympiade).

Eusèbe, en parlant de cê tremblement de terre, dit « Thebœ

JEgyptii usque ad solum diruta1 sunt. »(

La colonne demeurée debout porte sur son fùt les cartouches de

Teharaka (le Tehrak de la Bible), de Psammétique et de Ptolémée

Philopator.Élévation, 23 mètres diamètre, 2 mètres 92 cent.

Sur les chambranles de la porte, Ptolémée Physcon faisant des

offrandes à tontes les divinités adorées à Thèbes.

38. PALAIS de Karnak, pilierdevant le sanctuaire de

granit.

Tothmès 111 et Slatit (la mère des dieux).

Le cartouche est Toth-mès (ENGENDRÉ DE Toth).

Ces piliers, comme les colonnes de la cour des Bubastites, étaient

certainement votifs et surmontés d'images symboliques en bronze

émaillé. Plusieurs bas-reliefs de la salle hypostyle ne laissent

aucun doute à cet égard.

39. PALAIS DE KARNAK, pilier devant le sanctuaire de

granit.Tothmès III et la déesse Hathor (Vénus des Grecs). ).

Le cartouche est: Toth-mès (ENGENDRÉ DE Toth).

40. PALAIS DE KARNAK, sculptures extérieures du sanc-

tuaire de granit.

Ammon, accompagné de la déesse Mailt allaitant Klions assure

la couronne de l'Egypte supérieure sur la tète de Philippe Aridée.

Les cartouches sont: l'aimé d'Ammon, L'APPROUVÉ DE Piibè, Piilipos.

41. PALAIS DE Karnak, sculptures extérieures du sanc-

tuaire de granit.

Philippe Aridée conduisant la Bari de Malit (mère des dieux).

42. Palais DE Karnak, sculptures extérieures du sanc-

tuaire de granit.Sacre de Philippe Aridée par Toth et Ilor-flath.

Les cartouches sont l'aiméd' Ammon,

l'approuvé de Phrè, PiiLrros.

43. Palais DE Karnak, sanctuaire de granit et salle

hypostyle.Le sanctuaire de granit fut bâti trois fois sur le même em-

placement 1» par Osortasen, de la xnc dyiastie; – 2° par

Tothmès III; 3» par Philippe Aridée.

44. PALAIS DE Karnak, les obélisques.Le plus grand (30 mètres) fut dédié à Ammon-Ra, après la mort

de Tothmi's Ier (qui l'avait fait tailler), par la reine Amensé, au

nom du régent Aménemhé, son second mari. Le petit (22 mèt.), ),

fut élevé par Tothmès Ior; il porte en outre les légendes de Me-

nephta U et les cartouches de Ramsès IV.

45. PALAIS DE Karnak appartements privés du palais.

– Promenoir de Tothmès III.

A l'angle S.-E. existait la chambre des rois ou salle des ancêtres,

qui fut enlevée par M. Prisse d'Avennes et donnée par lui à la Bi-

bliothèque nationale.

45*. MÉDINET HABOU. Plan général des ruines. (plan-

che gravée).

46. Médinet HABOU. Vue générale des ruines.

Propylées des Antonins. Pylone des Ptolémées. Gynécée

de Ramsès-Méiamoun. Débris de la ville copte de Papa.

i 47. MÉDINET Habou, propylées du Thoutmoseum.

La construction remonte à Antonin le Pieux. Les cartouches

Signifient AUT0ClUT0R-KAESAU-TlTUS-.&LIUS-HADRIANCS-ANTONIM$.

La porte aperçue entre les deux colonnes est plus ancienne. Les

images qui la décorent sont Ptolémée Lathyre ET Ptolemèiï Auléte

FAISANT DES OFFRANDES AUX DIEUX DE TllÉBES ET d'HeIIMONTIS.

48. MÉDINET HABOU, façade orientale du gynécée de

Ramsès Méiamoun (xixc dynastie).

49. MÉDINET Habou façade septentrionale du gynécée

de Ramsès Méiamoun.

50. MÉDINET HABOU, péristyle du palais de Ramsès

Méiamoun.`

Ruines d'une église chrétienne dont quelques colonnes sont restées

debout – L'abside (exceptionnellement orientée au nord ) était placée

contre les murailles. Un touriste anglais, en la détruisant, a dé-

cou vert des sculptures qui représentent le sacre de Ramsès Méiamoun.

51. MÉDINET Habou, partie orientale du péristyle du

palais de Ramsès Méiamoun.

Des colosses osiriaques placés contre les piliers ont été détruits

par les chrétiens lorsqu'ils bâtirent une église dans l'enceinte mème

du palais.

Les cartouches sont SOLEIL directeur DE JUSTICE AIMÉ d'Ammon,RAMSÈS, modérateur DE LA TERRE DE Poux.

52. MÉDINET Habou galerie du palais de Ramsès Méia-

moun.

53. MÉDINET Habou ruines de la ville de Papa.

Bâtie en briques crues, par les chrétiens, autour du palais de

Médinet Habou; abandonnée à l'époque où les musulmans ont

conquis l'Egypte supérieure,

5a. Gournah les colosses.

Représentent tous deux Aménophth III (Aménophis des Grecs).

Actuellement isolés dans la plaine de Gournah, ils précédaient

autrefois les pylones de rAménophenm occidental de Thèbes,

Nommé par les Arabes El Sanamat (les idoles).

EXPLICATION DES PLANCHES.

55. Gournah statue de Memnon.

Colosse d'Aménophth III, connu sous le nom de statue de Memnon;

autrefois monolithe; brisé par un tremblement de terre; restauré

par Septime-Sévère.

Parmi les inscriptions grecques et latines qui affirment les sons

qu'il rendait au lever du soleil, et que M. Letronne a traduites et

commentées, on lit celle-ci sur la jambe gauche.

« Cambyse m'a brisée, moi, pierre taillée à l'image du Soleil-roi.

J'avais autrefois la douce voix de Memmon; mais Cambyse m'a

enlevé mes accents qui exprimaient la joie et la douleur. »

Hauteur de la statue, 13 mèt. 50 c.; avec le piédestal, 19 met. 80 c.

56. Gournah colosse monolithe d'Aménophth III.

En grés agathifère. Sur le socle, trace de l'inondation annuelle

du Nil.

57. Gournah sculpture du trône des colosses.

Hapi-mou, le Nil supérieur coiffé de papyrus, et le Nil inférieur

coiffé de lotus entourant le symbole de la puissance avec des tiges

de papyrus, emblème de la haute Egypte, et des tiges de lotus,

emblèmes de la basse Egypte.

Les cartouches sont Soleil, SEIGNEUR DE JUSTICE, Aménophth,

DIRECTEUR DE PUISSANCE.

La statue qui orne le devant du siège représente la reine Taia,

épouse d'Aménophth.

58. Gournau, tombeau d'Osymandias.

Vue générale du Ramcsseum occidental de Thèbes, pris par la

commission d'Egypte pour le Tombeao d'Osvmandias. – Reconnu

par Champollion le jeune pour le palais de Rams's'le Grand

(Sésostris). ).

Consacré par la dédicace Voici ce que dit Ammon-Ra, roi des

dieux, et qui réside dans le Ramesseum de Thèbes Mon fils bien

aimé et de mon germe, seigneur du monde, Kamsès mon cœur se

réjouit en contemplant tes bonnes œuvres tu m'as voué cet édifice

je te fais don d'une vie pure a passer sur le trône de Sev (Saturne).

59. Gournah, péristyle du tombeau d'Osymandias

(Ramesseum occidental).

Les statues Osiriaqnes décapitées sont celles de Hamsès le Grand

(Sésostris). Le colosse tombé est celui de Ramsès; il fut renversé

par les Perses.

60. Gournah nécropole de Thèbes.

Tombeau des castes sacerdotales et militaires.

Nécropole nommée Memmonia par les Égyptiens, d'où les Grecs

ont fait Memmon; appellation qu'ils ont donnée aux colosses d'Ame-

nophth.

61. GouRNAn, palais de Ménephta Ier.

Palais construit par Ménephta 1er; environné d'une enceinte ornée

de propylons par son fils Ramsès le Grand (Sésostris); consacré par

la légende dédicatoire

L'aroéris puissant, ami de la vérité, seigneur de la région

inférieure, le régulateur de l'Egypte, celui qui a frappé les nations

étrangères, l'épervier d'or soutien des armées, le plus grand des

vainqueurs, le roi (SOLEIL DIRECTEUR DE LA VÉRITÉ, APPROUVÉ DE

PHRÈ. LE FILS DU SOLEIL, l'aimé d'Amsox IUmsés) a exécuté

des travaux en l'honneur de son père Ammon-Ra, le roi des dieux,

et embelli le palais de son père (LE ROI-SOLEIL, stariliteto DE

JUSTICE,LE FILS DU soleil Menephta

Borei) (Griffon). Voici qu'il

a fait élever. les propylons du palais. et qu'il l'a entouré

de murailles de briques construites à toujours; c'est ce qu'a exécuté

LE fils DU SOLEIL,l'aimé d'Ammon Ramsès.

HAUTE EGYPTE

62. TOMBEAU DE SIDI-ABDALLAH-EL-MARABOUT, à Erment.

63. TEMPLE d'Hermontis, à Erment.

Construit par Cléopâtre en commémoration de la naissance de

Ptolémée Césarion, fils de Jules César. Toutes les dédicaces sont

faites au nom de Ptolémée Césarion et de Cléopâtre.

64. VUE GÉNÉRALE D'EsNEH.

Vue de la ville, de la mosquée d'Esneh (Latopolis) et des restes

des quais construits par les Romains.

65. TEMPLE d'Ombos.

Temple de Koùm-Ombou (ancienne Ombos). – Construit par les

Ptolémée Épiphane, Philométor et Évergète II. Dédié aux deux

triades

SEVEE-BA – 1IATBOB – KONS-HOR

AROERI TSOJIÉNOFRÉ PNEVTHO

66. ENTRÉE DE LA première CATARACTE.

Vue prise au S.-E. d'Assouan.

67. SORTIE DE LA PREMIÈRE CATARACTE.

Limite de l'Égypte et de la Nubie.

NUBIE

67*. Philoe,, plan général des Ruines (planche gravée).

68. Philoe, vue prise de l'île de Beghé, à l'ouest.

Temple hypèthre. Dromos du grand temple d'tsis. Premiers

pylônes du grand temple d'Isis. Seconds pylones du grand

temple d'Isis. Colonnade extérieure du petit Mammisi d'Isis.

69. Philoe vue prise à l'angle sud-ouest.

Les quais. ( Une inscription indique qu'ils ont été restaurés sous

Justin) (vi« siècle). – Obélisque placé à l'entrée d'un temple

hypèthre dédié par Nectanèbe, Pylones du grand temple d'tsis.

1 70. Philoe TEMPLE hypèthre.

Clétait un Mammisi ou Typhonium, à en juger par la hauteur des

dés qui surmontent les colonnes et qui devaient porter la figure de

1 Typhon. L'édifice, resté inachevé, ne contient que d'insignifiantes

sculptures, où se retrouve le cartouche du fondateur nerva-trajan-

sebastos.

Les Arabes le nomment Sirir-Faraoun, le châlit ou baldaquin

de Pharaon.

71. PntLOE.

Porte et ruines d'une caserne romaine, construite sans doute par

Dioclétien, qui fortifia l'Ile lorsque la Nubie fut cédée aux Blemmyes

(Bicharis).

72. GRAND TEMPLE d'Isis, a Philoe, dromos et pylones.

Colonnade orientale du dromos. – Entrée de la chapelle d'Escu-

lape (Imoutph, fils de Phta et d'Hathor), dédiée par Ptolémée

Épiphane. Pylones (Ptolémée Philométor offrant des prisonniers

à Isis et à Hôrus). – La porte enclavée entre les pyloues date du

roi Nectanèbe 1er.

73. GRAND TEMPLE d'Isis, A Philoe, galerie orientale.

Elle réunit les premiers pylones aux seconds.

Construite par Ptolémée Philométor, quoique l'inscription de la

frise mentionne Ptolémée Évergète. H.

74. GRAND TEMPLE d'Isis, A Philoe, second pylône.

Ptolémée Évergète H consacrant le temple à Hôrus et a Isis.

Les cartouches signifient DIEU RESPLENDISSANTSUBSTANCE DE Phta,

APPROUVÉ d'Osiris, Ptolémaios VIVANT A TOUJOURS aimé, DE Phta.

75. GRAND temple d'Isis, a Philoe, proscynéma (acte

d'adoration ).

Entaillé dans un rochsr de granit rouge sur lequel le second

pylone est construit. L'inscription date de la vingt-quatrième année

du règne de Ptolémée Évergète II.

76. GRAND TEMPLE DISIS, A Philoe, inscription démo-

tique.

77. GRAND TEMPLE d' Isis inscription démotique.

78. GRAND TEMPLE d'Isis, A Philoe, muraille occiden-

tale.

Auguste faisant offrande d'un petit naos à Osiris et à Isis.

Les cartouches sont Altociutor Kaisar, VIVANT Atoujours,

AIME

de Phta ET d'Isis.

Martelé par les premiers chrétiens.

79. GRAND TEMPLE d'Isis, A PniLŒ, Toth Ibiocéphale

(dieu des Lettres).

La légende est Totii, DIEU DES LETTRES, SEIGNEUR DE LA TERRE

de (Signe inexpliqué. )

80. GRAND temple D'ISIS, A Philoe vue générale prise

du nord.Les ruines qui entourent le temple sont en briques crues.

81. VILLAGE ET TEMPLE DE L'ILE DE Béghé, à l'ouest de

Philœ. 1

Temple dédié à Chnouphis et à Hathor, seigneur et dame de

Snem, par Ptolémée Philométor, sur les ruines d'un premier temple

élevé par Aménophth II. – La porte cintrée est l'œuvre des premiers

chrétiens. Sous le nom de Snem, Béghé fut longtemps île sacrée

avant l'Ile de Philœ

EXPLICATION DES PLANCHES.

82. Rive ORIENTALE DU NIL(VILLAGE

deBAB),

vue prise

au sud de Philœ.

Restes de fortifications datant du Bas-Empire.

83. MOSQUÉE DE BELLAL, au village de Bab.

Le Nubien Bellal, esclave et ensuite affranchi (le Mahomet, fut le

premier muezzin du prophète. Selon la tradition, il aurait con-

struit cette mosquée en une nuit, afin, par ce miracle, de convertir

ses compatriotes à l'islamisme.

84. RIVE SEPTENTRIONALE Du NIL (village D'ABOU-

Kholi),vue prise au nord de Philœ.

Village d'Alion-Kholi. Carrières de Pliilœ; rochers nommas

par les Arabes Koursi- Faracun (siège de Pharaon.)

85. TEhiPLE ET VILLAGE DE Dê"bôd parembole de l'iti-

néraire d'Antonin.

Propylones sans sculpture et sans inscriptions.

86. TEMPLE DE De"bôd, parembole de l'itinéraire d'An-

tonin.

Temple commencé par Ataramoun, roi éthiopien, contemporain

de Ptolémée Philadelphe. Achevé par Auguste et Tilière. –

Dédié a Ammon-Ra (seigneur de Téhftt), à Hathor, etsubsidiaire-

meut à Osiris et à Isis.

87. Temple DE Kardassy.

Aucune légende hiéroglyphique. Par son style appartientaux derniers temps de la domination romaine. D'après ses cha-

piteaux aurait été dédié à Hathor.

88. TEMPLE DE Tafaii (ancienne Taphis).Ancune légende hiéroglyphique. Incontestablement romain.

89. Kalabcdeii, vue générale du temple de Kalabcheh

(Talmis).

Sur les ruines du temple hati par Aménophth Il, Ptolémée Aulète

construisit un nouveau temple qui fut terminé sous Auguste,

C. CaligulaetTarjan.

Il a été dédié sous Auguste par l'inscription Le seigneur de

l'Egypte, l'empereur, enfant du Soleil, le seigneur du diadème,

César vivant à toujours, chéri de Phta et d'Isis, a érigé des monu-

ments en l'honneur de sa mère Isis et a fondé ce beau temple.

90. Kalabcheh porte du pronaos.

Inscription de Silco, roi des Nonbntes et de tous les Éthiopiens,

constatant ses victoires sur les filpmmyes (Bicharis actuels).°

Malouli, fils d'UAnis et d'Isis, était le seigneur de Talmis et le

dieu principal du temple.

91. KALABCHEII, sculptures de la façade postérieure du

temple.

Ptolémée Césarion, fils de Cléopatre et de Jules César.

92. Kalabciieii, sculptures de la façade postérieure du

temple.

Isis et Hôrus-Arsiési.

93. Temple DE DANDOUR (ancienne TANTOUR), dédié à

la triade Osiris-Isis-Hôrus.

Sculpture de l'époque d'Auguste, par lequel le temple parait avoir

été fondé.

94. TEMPLE DE Dakkeii(ancienne Pselsis).

Dédié à Toth, deux fois grand, seigneur de Pselk, et à Tafné,fille de Phrè, par Ergamène ou Ergamon, roi éthiopien, qui, selon

Diodore de Sicile (1. m, § 5 et 6), vivait sous le règne de Ptolémée Il

(Philadelphe ).

95. TEMPLE DE DAKKEII, naos.

96. Temple DE Maharakkaii(Hier a Sycaminos DES

Grecs).

Sans sculptures. Date des derniers temps de l'époque romaine.

Une inscription grecque placée sur une colonne annonce que le

temple est dédié à Isis et à Sérapis.

A servi d'église aux Coptes, qui peignirent sur les murs une Ten-

tation de saint Antoine dont il reste trace. Ruines d'un escalier

en colimaçon, seul exemple dans les mor.nments anciens de l'Egypte.

97. Hémispéos DE Secoua, dromos.

Le dromos était composé de seize sphinx, huit sur chaque ligne,

d'où le nom arabe de Séboua ( lions). Deux colosses de Ramsès

le Grand adossés à des stèles. 3"> 50 de hauteur.

98. Hémispéos de Séboua pylones.

Dédié à Ammon-Ba par Ramsès le Grand. En partie comblé

par les sables. i

99. TEMPLE d'Amada.

Commencé par Tothmès 111, continué par Aménophth Il, terminé

par Tothmès IV. Un des piliers intérieurs porte la dédicace Le

Dieu bienfaisant, seigneur du monde, le roi, soleil stabiliteur de

l'univers, le fils du Soleil, Tothmès, modérateur de justice,, fait

des dévotions à son père le dieu Phrè, le dieu des deux montagnes

célestes, et lui a élevé ce temple en pierres dures; il l'a fait pourêtre vivifié a toujours.

Sur la Terrasse, ruine d'une coupole copte, qui couronnait l'église

élevée dans l'intérieur du Temple.

100. Forteresse d'Ibrym (ancienne Promis),vue prise

au sud.

Forteresse construite avec les débris d'un temple égyptien sur

lequel on lit encore le cartouche du roi éthiopien Tehraka. Dans

l'enceinte, petit temple dénué de sculptures. Ce fut la forteresse`

la plus éloignée (en Nubie) des Romains et aussi de sultan Sélim.

Ce dernier y mit une garnison de Bosniaques, ce qui explique la

race de Nubiens ayant les yeux bleus qui habite les villages voisins.

101. IBSAMBOUL LES DEUX Sl'ÉOS.

Ibsamboul est le nom consacré par Champollion. Abou-Sembil

(le père de l'Épi de blé') est le nom arabe. Aboccis est le nom

grec. Abochek est le nom égyptien ancien. Le grand spéos est

presque enfoui par l'écoulement des sables.

1 02. Ibsamboul vue générale du grand spéos de Phrè.

103. IBSAMBOUL, colosse oriental du grand spéos de

Phrè.

Portrait de Ramsès le Grand. (Sésostris.)

Les cartouches sont, au bracelet SOLEIL DIRECTEURDE JUSTICE,

APPROUVÉ DU SOLEIL. Entre les jambes FILS DU SOLEIL, l'aimé

d'Ammon RAMSÉS,

Circonférence de la tète au-dessus de l'uraeus. 7 met., 30 cent.;

largeur de la tète, d'une oreille à l'autre, 4 met., 40 cent.; hauteur

de la tète, y compris le pchent, 5 met., 65 cent.; hauteur du pchent,

3 met., 60 cent.; hauteur de l'ura'us, 1 mèt., 20 cent.; largeur de

l'uraeus, 1 mèt., 05 cent.; longueur des bandelettes, 5 met., 90 cent.;

largeur des bandelettes :V hauteur d-j menton 1 met., 35 cent.;

largeur à son extrémité, 70 cent.; hauteur du visage, 2 mot., 8 cent.;

arc des sourcils, 1 met., 15 cent.; fente des yeux (longueur), 70 cent.;

largeur dos yeux, 25 cent.; longueur du nez, i met., 20 cent.

lirgeur du nez à la hauteur des glandrs lacrymales, 75 cent.; lar-

geur aux narines, 1 met., 05 cent.; ouverture des narines, 20 cent.;

longueur de la bouche, 90 cent.; hauteur de la bouche, 35 cent.;

hauteur des oreilles, 90 cent.; largeur des oreilles, 65 cent.; hauteur

de la barbe, 1 mèt., 60 cent.; tour de la barbe, 2 met., 15 cent.;

largeur de la poitrine, 5 met., 40 cent.; longueur de l'avant-bras,

4 mèt., 55 cent.; longueur des mains, 2 mèt., 45 cent.; largeur des

mains, 1 met., 80 cent.; largeur aux genoux, 14 mèt., 45 cent.;

longueur des bras du trône, 5 mèt., 60 cent.;

104. IBSAMBOUL, colosse oriental du spéos de Phrè, vu

de profil.

Statue-portrait de Itamsès le Grand ( Sésostris des Grecs ).

105. Ibsamboul, sculptures de l'entrée du spéos de Phrè.

Ramsès le Grand (Sésostris) en costume de guerre, fait au dieu

Phrè offrande de la double image de 'la Justice et de la Vérité.

La statue de Phrè a six mètres de hauteur.

Les cartouches sont SOLEIL DIRECTEUR DE JUSTICE, APPROUVÉ DU

SOLEIL, FILS DU SOLEIL, l'aimé d'Ammon Hamsés.

106. IBSAMBOUL, colosse médial (enfoui) du spéos de

Phrè.

Portrait de Ramsès (Sésostris).

Les cartouches Signifient SOLEIL DIRECTEURDE justice, APPROITVÉ

DU SOLEIL, FILS DU SOLEIL, l'aimé d'Ammon Ramsès.

107. Ibsamboul, colosse occidental du spéos de Phrè.

Portrait de Ramsès (Sésostris) presque entièrement enfoui par les

sables. Blanchi par les essais de moulage d'un touriste anglais.

108. Ibsamboul, partie septentrionale du spéos d'Hathor.

Statue colossale de la reine Nofrè-Ari, coiffée du diadème d'Hathor,

placée entre deux statues de Ramsès (Sésostris), l'nne coiffée du

pschent et l'autre des plumes d'Ammon.

Les cartouches sont Pour Ramsès: SOLEIL directeur DE JUSTICE

ET DE VÉ3ITÉ, APPROUVÉ DU SOLEIL, L'AIMÉ D'AmMOS RAMSÊS.

Pour Nofrè-Ari Nofhè-Am, Aimée DE Maut.

109. IBSAMBOUL, entrée du spéos d'Hathor.

Creusé par ordre de Nofrè-Ari, femme de Ramsès (Sésostris).

Les cartouches sont SOLEIL directeur DE JUSTICE ET DE vêiiitk,

APPROUVÉ Dl! Soilill., i/aIHÉ Ii'AmMON RaMSKS.

EXPLICATION DES PLANCHES.

IMHIS. – IMI'IIMIK l'Ail 1 'CtMK t.T C«', ttlE SAIM BKKIlh', 7.

110. lusAMisouL, partie méridionale du spéos d'Hathor.

Statue colossale de la reine Nofrè-Ari, coiffée du diadème d'Hathor,

placée entre deux statues do Iiarasès (Sésostris) coiffées du pschent.

Les cartouches sont, pour Ramsès Soleil dimctei'ii DE justice

Kl DE VICIIIK, APPROUVÉ 1)1!SOLEIL,

L'AIMÉ D'AmJION IUMSÈS.

Pour Nofrè-Ari NoFnÈ-Am, aimée DE Maut.

111. VlE CAVALIÈRE DE LA SECOADE CATARACTE.

Nommée par les Arabes Batu-el-Hagar (le Ventre de Pierre).

112. SkcOi\dë cataracte, Djebel-Aboucir.

Limites de la Nubie inférieure et de la Nubie supérieure.

PALESTINE

Ilo..Jérusalem, partie occidentale des murailles.

liàties, en 1534, par le sultan Suleyman II. – Le château, sur-

monté d'un minaret, est nommé par les Turcs Daond-Kalessy

(Château de David).

ll/i. Jérusalem, quartier occidental.

Vue de la partie occidentale de Jérusalem et de la mosquée

d'El-Melouich.

115. Jérusalem, arcades inférieures de l'église du Saint-

Sépulcre.

Les portes en sont toujours fermées leur clef est déposée entre

les mains du pacha gouverneur de Jérusalem, qui est tenu de les

faire ouvrir à première réclamation et snr une rétribution forcée de

soixante paras.

lt(). Jérusalem, quartier occidental. 1.

Vue de la partie orientale de Jérusalem et de la piscine de la Pro-

hiition.

117. Jérusalem, mosquée d'Omar.

Construite sur l'emplacement dn temple de Saloinon par le

khalife Omar après la prise de Jérusalem par tes Musulmans

(638 de J.-C; 16 de l'hégire). Vouée au culte catholique par ordre

tle flndd'roy do Bouillon (1099). Rendue au culte musulman par

Saladiii ( S«l,il)pddin Jonssmif-hcn-Yacnnl) ) (1187 de J.-C; 583 de

TMsire).y^S >

l'Ifé_irc).

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l, 118. Jérusalem, porte dorée (Bab-el-Daharieh).

C'est par cette porte que Jésus-Christ 'fit son entrée le jour des

Rameaux. Elle est murée; car selon la légende musulmane, c'est

par elle qu'un vendredi, pendant la prière du midi, les chrétiens

doivent reprendre la ville sainte. Une légende analogue so re-

trouve à Constantinople, Bagdad et Damas ces trois villes ont aussi

leur porte d'Or murée. Cette partie des murailles remonte tra-

ditionnellement à Salomon.

SYRIE

119. Baalbeck (IlÉuopoLis), intérieur de l'enceinte des

temples du Soleil et de Jupiter.

Leur constructiondate des Antonins.

120. Baalbeck. (Réuopolis), hémicycle de l'enceinte

des temples du Soleil et de Jupiter.

121. Baalbeck (HÉLIOPOLIS), colonnade du temple du

Soleil.

Hauteur des colonnes, 12 mèt., 34 cent.; circonférence, 7 met..

04 cent.; hauteur avec l'entablement, 23 met., 06 cent.

122. Baalbeck (HiÎLioi'OLrs), TEMPLE DE Jupiter.

Vue prise à l'angle sud-est.

123. Baalbeck (Héliopolis), TEMPLE DE Jupiter.

Façade orientale.

124. Baalbeck(Héliopolis),

temple de Jupiter.

Façade occidentale.

) 125. Temple DE Jupiter a Baalbeck (Héliopolis), inté-

rieur du Naos.

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