d’un prof … à l’autre la lettre - helmo

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D’un prof … à l’autre D’un prof … à l’autre D’un prof … à l’autre D’un prof … à l’autre D’un prof … à 1 D’un prof … à l’autre ’un prof … à l’autre ’un prof … à l’autre ’un prof … à l’autre La lettre La lettre La lettre La lettre Numéro 13 – Juin 2009 Au sommaire ce mois-ci : p. 2 Thomas Lavachery et Bjorn le Morphir à Sainte-Croix … ou comment et pourquoi accueillir un auteur en classe p. 12 Quelques suggestions en matière d’écriture …ou comment développer l’appétence et la créativité des élèves p. 14 Le participe passé, par une autre voie … et si c’était un simple adjectif ? N.B : Ce document est conçu pour pouvoir être imprimé : n’hésitez pas à le montrer à vos collègues. D’un prof … à l’autre D’un prof … à l’autre D’un prof … à l’autre D’un prof … à l’autre La lettre du régendat en français de HELMo Sainte-Croix 61, Hors-Château 4000 Liège Comité de rédaction : Sylvie Bougelet, Jean Kattus [email protected]

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DDDD’un prof … à l’autre’un prof … à l’autre’un prof … à l’autre’un prof … à l’autre La lettreLa lettreLa lettreLa lettre

Numéro 13 – Juin 2009

Au sommaire ce mois-ci :

p. 2 • Thomas Lavachery et Bjorn le Morphir à Sainte-Croix

… ou comment et pourquoi accueillir un auteur en classe p. 12 • Quelques suggestions en matière d’écriture

…ou comment développer l’appétence et la créativité des élèves p. 14 • Le participe passé, par une autre voie

… et si c’était un simple adjectif ? N.B : Ce document est conçu pour pouvoir être imprimé : n’hésitez pas à le montrer à vos collègues.

D’un prof … à l’autreD’un prof … à l’autreD’un prof … à l’autreD’un prof … à l’autre La lettre du régendat en français de HELMo Sainte-Croix

61, Hors-Château 4000 Liège

Comité de rédaction : Sylvie Bougelet, Jean Kattus [email protected]

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Thomas Lavachery et Bjorn le Morphir à Sainte-Croix … ou comment et pourquoi accueillir un auteur en classe

Jean Kattus

Thomas LAVACHERY a écrit :

• Bjorn le Morphir, 2004 • Bjorn aux Enfers : Le Prince oublié, 2005 • Bjorn aux Enfers II : La Mort du loup, 2005 • Bjorn aux Enfers III : Au cœur du Tanarbrok, 2006 • Bjorn aux Enfers IV : La Reine Bleue, 2008

En première année de formation, les étudiants ont l’occasion de se familiariser avec la littérature de jeunesse puisqu’ils suivent un cours de 45 heures centré sur ce domaine et lisent, notamment, les livres du Prix Farniente. . En deuxième année, ils continuent à lire bien sûr (cette année, le prix « Et-lisez-moi » : voir le numéro précédent de « D’un prof… à l’autre »), mais approfondissent aussi leurs connaissances concernant l’acte de lire et expérimentent diverses démarches permettant de familiariser les jeunes lecteurs avec l’univers du livre. C’est dans ce cadre que nous avons reçu cette année Thomas LAVACHERY, auteur bien connu pour sa saga nordique dont Bjorn, le Morphir, est le principal héros.

Nous avons commencé par réfléchir à la question suivante : « Accueillir un écrivain dans sa classe : pour quoi faire ? », et Philippe MEIRIEU nous a guidés dans notre réflexion grâce à l’article ci-dessous, issu de son site www.meirieu.com:

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Deuxième question :

Accueillir un écrivain dans sa classe : comment faire ? … et réponse :

Accueillir un auteur en classe est un moment très stimulant pour les élèves. Une œuvre de

l'écrivain doit avoir été lue au préalable. La rencontre dure une ou deux heures et a lieu au

sein d'une seule classe. Le Service des Lettres prend en charge les frais de déplacement de

l'auteur ainsi que ses honoraires.

Organisée depuis une dizaine d'années par le Service de la Promotion des Lettres, l'opération «Écrivains

en classe» incite les écrivains à se frotter aux écoliers. Ils sont là pour parler de leur travail littéraire ou

pour accompagner les élèves dans un projet d'écriture. En 2005, soixante écrivains ont rencontré des

élèves de 150 écoles différentes durant un total de plus de 800 heures.

Tout professeur qui souhaite accueillir en classe un écrivain belge de langue française fait d'abord

connaître l'auteur à sa classe par la lecture d'un de ses ouvrages. Ensuite, il prend contact avec le

Service de la Promotion des Lettres pour organiser la rencontre.

CONTACT

Monsieur Christian Libens Service de la Promotion des Lettres Boulevard Léopold II, 44 1080 Bruxelles Tél. : 02 413 23 19 ou 0477 350 943 Fax : 02 413 28 94

http://www.promotiondeslettres.cfwb.be/ecoles/ecrivainsclasse.html

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Troisième question :

Accueillir un écrivain en classe : que faire ? … quelques propositions : 1. Lire l’oeuvre Bjorn le Morphir + les 4 tomes de Bjorn aux Enfers = environ 1200 pages … : impossible pour chacun de tout lire… Il faut donc s’organiser :

1. chaque élève lit le premier livre de la saga, Bjorn le Morphir ; 2. la classe est ensuite divisée en 5 sous-groupes : les 4 premiers lisent chacun un des

tomes de Bjorn aux Enfers, et le dernier se documente sur l’auteur (voir point 2 ci-dessous). Une fois ces lectures terminées, chaque sous-groupe rend compte au grand groupe de ce qu’il a lu ou découvert (exposé oral de 10 minutes environ, avec affiche-support), du sens qu’il a construit et de son avis sur sa lecture. Ensuite, il formule des propositions d’activités à mener lors de la rencontre avec l’auteur.

N.B. Ce dispositif est grandement facilité par le fait que chacun des tomes de Bjorn aux Enfers commence par un résumé des volumes précédents, écrit par Thomas Lavachery lui-même : aucune difficulté donc pour suivre l’histoire.

En ce qui concerne la lecture commune de Bjorn le Morphir, dans le cadre du cours de didactique qui a vu se réaliser ce projet, nous nous sommes concentrés sur des activités permettant aux élèves « d’entrer » dans ce livre et de développer quelques compétences importantes : 1. Formuler des hypothèses, anticiper, au départ de 4 éléments du paratexte (dans l’ordre) : - la couverture (le titre (Bjorn + Morphir) et sa relation avec l’illustration) - la dédicace (qui écrit à qui ?) - les titres des différents chapitres (mis en relation les uns avec les autres, ils permettent l’émission d’hypothèses très intéressantes sur les pronoms (1. Elle est

méchante – 2. Elle passe à l’attaque – 3. Elle se déchaine), sur l’origine des noms propres (Maga, Drunn, Dizir, Ghizur, Havërr), sur l’action (2. Elle passe à l’attaque – 11. Elle entre – 15.

Elle fête sa victoire), etc. - la 4e de couverture (en dernier lieu, car elle contient déjà de nombreuses confirmations des hypothèses émises à la lecture des 3 premiers éléments du paratexte). 2. Lire l’incipit, pour cerner l’univers du récit, en se posant les 4 questions suivantes : - Qui sont les personnages ? - Où cela se passe-t-il ?

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- Quand cela se passe-t-il ? - Qu’est-ce qui se passe ? 3. Lire le premier chapitre du roman en répertoriant, dans un tableau, tous les personnages et ce que l’auteur nous en dit : leurs caractéristiques physiques, morales et leurs relations. Noter la richesse des informations de ce premier chapitre, qui contient déjà en germe l’ensemble du roman et qui donne vraiment envie de découvrir la suite. 4. Amener les élèves à imaginer et à écrire les 10 premières lignes du 2e chapitre. Suggestion : dans son ouvrage Donner le gout de lire, Christian Poslaniec propose

de mener des animations dites d’approfondissement. En voici une, menée avec les étudiants de 3e année : il s’agit de comparer le 1er chapitre de Bjorn le Morphir au 1er chapitre des Enfants de Noé de Jean Joubert (Coll. Médium, Ecole des Loisirs), un désormais « classique » de la littérature de jeunesse. Là aussi, la neige et l’isolement, le père, la mère, la sœur, un huis clos … des éléments similaires, mais un autre rythme au service d’une autre intention : une activité très intéressante pour entrer dans la compréhension fine des textes, du style des auteurs et de leurs stratégies pour « accrocher » le lecteur.

Références concernant les méthodologies à mettre en place : - pour accueillir un auteur en classe - pour accompagner les élèves dans l’apprentissage de la lecture d’une œuvre longue. 1. Manuel Repérages 2, Editions Van In : projet Nous rencontrons un écrivain ou un journaliste. 2. Enjeux de lecture, lectures en JEux: http://www.segec.be/fesec/Secteurs/Francais/publicationssecteursoutils.htm 3. Français boite à outil n° 4 : Parcours de lecture : « L’huile d’olive ne meurt jamais » http://www.segec.be/fesec/Secteurs/Francais/publicationssecteursoutils_tl_comm.htm 2. Se documenter sur l’auteur Vive Internet ! En tapant le nom de l’auteur sur un moteur de recherche, on a accès à de très nombreuses informations bio- et biblio-graphiques. Le sous-groupe qui s’est chargé de cette partie du travail a rendu compte de ses découvertes à la classe. Les informations glanées nous ont guidés dans l’élaboration du programme de la rencontre : par exemple, nous avons appris que Thomas Lavachery avait l’habitude de rencontrer des classes du secondaire : nous avons donc prévu de l’interroger sur ce point. Nous avons également supposé, grâce aux informations recueillies, qu’il serait d’accord de se prêter à des activités plus originales, comme dessiner, commenter nos productions graphiques, assister à la mise en scène d’un extrait, etc. Un petit coup de téléphone préalable a alors suffi pour confirmer ces hypothèses. Nous pouvions nous lancer dans la préparation !

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3. Définir le programme de la rencontre… le préparer, puis le vivre 1. Interview fictive : Une étudiante prend le rôle de l’intervieweur, une autre prend le rôle de l’invité, Thomas Lavachery. Dans ses réponses, elle mentionne des éléments de sa biographie qui sont tout à fait exacts (glanés sur le net notamment), entrecoupés de quelques éléments farfelus, que l’auteur et le public sont invités à repérer. Un exercice que Thomas Lavachery, qui ne manque pas d’humour, a beaucoup apprécié ! (On le voit très attentif ci-contre.)

2. Interview réelle : a) Nous interrogeons Thomas Lavachery sur ses livres (questions préparées en sous-groupes) b) Nous l’interrogeons sur sa très riche expérience de rencontre avec les classes du secondaire c) Il est invité à nous poser à son tour les questions qu’il souhaite. En voici une : « Comment vous y prendrez-vous pour faire lire vos élèves ? »

3. Saynète Cinq étudiantes interprètent un passage d’un des 5 livres. Le public et l’auteur sont invités à retrouver de quel livre ce passage est extrait, et le petit changement qui a été effectué.

4. Présentation de dessins réalisés par les étudiants Une autre façon de rendre compte de sa lecture des 4 romans de la saga Bjorn aux Enfers : dessiner le plan complet des enfers. Pour nous aider, un plan du dernier niveau est disponible sur le blog de Thomas Lavachery : http://thomaslavachery.skynetblogs.be/ … ou présenter l’univers du 4e roman :

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5. Lecture par l’auteur d’un de ses passages préférés Voici le passage dont Thomas Lavachery dit qu’il est le plus souvent demandé en lecture par les jeunes élèves :

http://thomaslavachery.skynetblogs.be/

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6. Thomas Lavachery dessine…

7. Lecture à voix haute des poèmes

En se basant sur le texte ci-contre (http://thomaslavachery.skynetblogs.be/), les étudiants ont composé de très amusants poèmes sur différents personnages de la saga : Dizir, Daphnir, Ketill, etc. : une autre façon de rendre compte de sa lecture et de sa représentation des caractéristiques physiques et morales des personnages.

Ô Morphir,

Ton enfance a su faire L'affaire des rieurs

Et bien pleurer ta mère De honte et puis de peur,

Car ton coeur plein de failles Scellait ton avenir.

Ta jeunesse craintive

T'a maintenu sur la rive Du grand fleuve Aventure.

Tu vécus sans armure Loin du bruit des batailles.

Qu'allais-tu devenir ?

Mais quand tu t'es levé, Bien des hommes ont tremblé.

Ton honneur fut lavé. Tu es le plus beau blé

De tous les champs de bataille Présents et à venir,

Ô Morphir.

Blog de Thomas Lavachery

Ô Daphnir !

Toi qui es attiré par la forme étoilée, Tu n’as de cesse De faire rêver

Sur Terre ou dans les airs. Ton aide est précieuse Quand on croise le fer.

Producteur secret du feu bleu,

Quand le danger guette, La prudence t’importe peu.

Bien que ton caractère Soit mal connu,

Nous restons à l’affût.

Ton décollage sans élan, Ton odorat puissant

Font de toi Le blason des rois.

Tu as encore bien des années Pour nous émerveiller,

Ô Daphnir !

Danielle Lepoutère et Aline Housen

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8. Présentation des dragons Activité plus inhabituelle : représenter les différentes sortes de dragons (tels que décrits dans les livres et sur le blog de Thomas Lavachery) en 3D ! Un moment de plaisir au contact de l’argile qui, sous les doigts, prend la forme de ce que l’esprit a construit au cours de la lecture !

Dragons du Nord

Les dragons sont des animaux à sang chaud doués généralement d’une grande intelligence. Ils peuplaient autrefois les terres du Nord et ont été exterminés par les hommes. A l’époque de Bjorn, au moment où va commencer Bjorn aux armées, il n’y en a plus que quatorze vivants, qui, presque tous, appartiennent aux familles royales.

Il existe cinq races connues : les Doux, les Mornes, les Griffes, les Mirobolants et les Noirs. A cela il faut ajouter les dragons Uniques, n’appartenant à aucune race, et dont l’aspect physique comme les capacités, variables, n’ont pas d’équivalent. Rooknir, le dragon des enfers, est le seul de cette sorte. Son feu est d’une puissance inégalée, et il vole merveilleusement.

Les Doux et les Mornes sont des dragons pacifiques qui servent aux travaux agricoles, au transport du bois... Les Griffes, les Mirobolants et les Noirs sont des montures guerrières.

Dragon griffes :

Feu puissant : portée de 30 à 40 mètres. Robe brune. Il vole bien, et parfois merveilleusement, comme Gaefa. Il peut parcourir de très longue distance dans les airs. Griffes longues et acérées – ses armes principales. Yeux jaunes. Les mâles ont une crête transparente, les femelles sont sans crête. Cornes courtes et piquantes, de vrais poignards. La queue des mâles est bifide et armée de pointes. Longévité : 40 ans en moyenne. Caractère : agressif, intelligent (surtout les femelles), sournois. Fonction guerrière. Odorat moyen. Carnassiers à l’origine, les Griffes ont récemment appris à étendre leur régime aux aliments végétaux.

http://thomaslavachery.skynetblogs.be/

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dernière minute – dernière minute - dernière minute - dernière minute - dernière minute –

La BD Bjorn le Morphir est terminée !

L'album sortira le 26 août dans une coédition Casterman-Ecole des loisirs; il sera vendu au prix de 13 euros. Je suis vraiment content du résultat et j'espère qu'il vous plaira aussi.

2 pouces et demi arrive!

Mon prochain roman s'appellera finalement 2 pouces et demi. Il existe déjà un manga qui s'appelle Homunculus, l'éditeur a donc préféré que je trouve un autre titre. Le livre sort dans la collection MilléZime, chez Bayard, le 18 juin.

Alors si, en attendant le prochain Bjorn, vous avez envie de vous plonger dans une de mes histoires, n'hésitez pas !

http://thomaslavachery.skynetblogs.be/

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Quelques suggestions en matière d’écriture …ou comment développer l’appétence et la créativité des élèves

Qui a dit que pour être écrivain, seuls une feuille de papier et un stylo étaient nécessaires ? Lors de la journée CRÉATIVITÉ du mois de mars, au lycée Saint-Jacques, les illustrations, les photos, les souvenirs, les recueils de mots et la coopération étaient quelques-uns des alliés des écrivains en herbe. Tout était mis en oeuvre pour dépasser l’angoisse de la page blanche. Cette journée a donné l’occasion aux élèves du premier degré de participer à différentes activités élaborées par des étudiants du régendat. Parmi celles-ci ont été proposés six ateliers d'écriture. Si leur but commun était de faire apprécier l’acte d’écrire, il n'empêche que la diversité était importante : écrire des faits divers et les illustrer, composer des poèmes et s’initier à la calligraphie, réaliser un blason, ... « Les visiteurs IV : à la conquête du souvenir » : un atelier où les élèves étaient amenés à raconter un souvenir de manière humoristique, à se forger une devise personnelle et originale, puis à faire appel à leur créativité afin d’illustrer leur blason. « Portrait d’une saison » : les élèves étaient également amenés à dévoiler au grand jour leurs talents artistiques lors de l’illustration de leur production écrite. Dans ce cas, il s’agissait, par groupes, de dresser le portrait d’une des quatre saisons. « Ton incroyable histoire » : après la lecture du début d’un récit, les élèves recevaient différentes cartes (évoquant des personnages, des animaux, des traits de caractère et des objets). Ces éléments devaient être inclus dans la suite de l’histoire hors du commun qu’ils rédigeaient individuellement, puis présentaient aux autres participants. « SuperCalliGraphiGrammistique » : les élèves étaient invités à composer un calligramme à plusieurs et à le recopier en utilisant les techniques de la calligraphie, en particulier l’écriture avec un calame (roseau taillé en pointe).

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« La rumeur court » : il s’agissait d’inventer des rumeurs sur des célébrités à partir de photos et d'une tache d'encre qui était un outil déclencheur de l’écriture. En effet, les élèves devaient imaginer ce qu’elle pouvait représenter et se servir de leurs hypothèses afin d’inventer des faits divers, souvent humoristiques. "La rumeur court" se terminait par l’élaboration de la une du magazine où ceux-ci allaient être publiés.

« Les chroniques du monde surréaliste de Chipmunck » amenait les adolescents à rédiger des histoires où les personnages vivent dans un monde où tout est possible, excepté ce qui est logique et vraisemblable. Les jeunes chroniqueurs avaient, au préalable, participé à l’élaboration d’un cadavre exquis, puis avaient imaginé des récits qui invitaient le lecteur à voyager dans un univers proche de celui d'Isaac Asimov. Cette journée a été agréable et enrichissante tant pour les élèves que pour nous. En effet, elle nous a donné l’occasion d’animer des ateliers d’écriture dans un contexte différent de celui des stages. Elle a également permis de mettre en valeur les compétences et la créativité des élèves et de développer leur gout d’écrire. Nous remercions le lycée Saint-Jacques de nous avoir offert l’opportunité de vivre cette expérience et de l’avoir organisée afin qu’elle se déroule dans les meilleures conditions.

Les étudiants de deuxième année du régendat en français.

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Le participe passé, par une autre voie … et si c’était un simple adjectif ?

Dans le numéro d’octobre de « D’un prof … à l’autre », Jean KATTUS proposait une séquence sur le participe passé (dorénavant PP) dont l’idée principale était d’amener l’élève à élaborer lui-même, à partir de l’observation d’un corpus, les règles d’accord suffisantes pour orthographier correctement 99% des participes passés. Nous1 souhaitons épuiser encore un peu cette question et proposer une séquence sur le même sujet, fondée également sur une démarche inductive. La séquence conçue par Jean Kattus invitait l’élève à se poser des questions d’ordre syntaxique pour orthographier correctement le PP. Assurément, cette gymnastique mentale s’est révélée et se révèlera encore efficace dans nos classes. Cependant, la procédure syntaxique2 ne rend pas suffisamment compte des raisons pour lesquelles le PP varie en genre et en nombre d’une part, et s’accorde tantôt avec le sujet, tantôt avec l’objet du verbe – dans certains cas seulement ! - d’autre part. Or, s’il est indispensable de montrer à l’élève comment on accorde le PP, il n’est pas moins utile de lui dire pourquoi il s’accorde, et de lui faire comprendre que cet accord n’est pas purement conventionnel, qu’il a, malgré les avatars que lui ont fait subir quelques grammairiens pour le coup peu inspirés, une raison d’être. L’élève, au courant des fondements de la norme, appliquera celle-ci avec davantage d’assurance et, espérons-le, sera en mesure, dans certains cas plus délicats, de prendre la bonne décision. Dans la séquence qui va suivre, nous proposerons donc à l’élève d’autres recours que la seule observation des relations syntaxiques pour résoudre le problème du PP. La procédure à laquelle nous l’invitons est essentiellement d’ordre sémantique, même s’il ne sera pas possible – on s’en rendra vite compte – de faire l’économie de considérations strictement structurales. C’est que la règle de départ, « simple comme chou », n’a pas toujours fait l’objet de l’observance due à sa limpidité, et que pour justifier par la suite des écarts de plus en plus fréquents, il a fallu faire intervenir des paramètres syntaxiques. Nous ne prétendons pas proposer un moyen plus efficace de régler l’accord du PP. Peut-être même la démarche exposée ci-dessous – qui est celle du linguiste belge Marc Wilmet3 - paraitra-t-elle à certains enseignants plus alambiquée… Mais elle a le mérite de présenter l’accord du PP comme un phénomène en partie sensé, lié aux rapports de sens qui cimentent la phrase, et constitue de ce fait une alternative sérieuse pour les élèves décidément rétifs à l’analyse grammaticale. Alors, on essaie ?

1 Ce « nous » de modestie s’explique : la méthode que je tente de vulgariser n’est autre que celle qu’a décrite le linguiste belge Marc Wilmet et qu’ont relayée quelques internautes férus d’orthographe. Dès lors, « je » pourrait être « plusieurs » à signer ce texte. 2 Opposer procédure « syntaxique » et procédure « sémantique » n’a au bout du compte pas de fondement valable, dans la mesure où l’objectif principal de l’analyse grammaticale est de montrer à l’élève les ressources combinatoires dont dispose la langue pour faire sens. Si nous opposons ces deux procédures, c’est que dans le cas du PP, les démarches « traditionnelles » ne tiennent que partiellement compte des rapports sémantiques qu’entretient le participe passé avec d’autres mots de la phrase. 3 Marc WILMET, Le Participe passé autrement, Bruxelles, Duculot, 1999.

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Pour commencer, un peu d’histoire… Avant d’entamer l’activité prévue pour les élèves, il est nécessaire de donner aux enseignants un aperçu de la genèse des règles (ou de la règle, en fait) d’accord du PP. Cet exposé, dont l’objectif est de montrer que le PP pourrait être considéré comme un adjectif d’un type un peu particulier, pourra être présenté aux élèves, sous une forme abrégée, au terme de l’étape 1.

En latin classique, les temps composés n’existaient pas. J’avais aimé se disait amaveram,

et les autres temps composés du français étaient rendus en latin au moyen de formes

simples. Le « perfectum participium » (notre participe passé) servait à former la voix

passive ou avait la valeur d’un adjectif dans des phrases comme : Caesar urbem occupatam habet (« César détient la ville, et cette ville est occupée par les soldats.»).

Dans cette phrase, habet signifie encore « avoir », « posséder », « détenir » ; il n’a pas

encore la valeur d’un auxiliaire. On remarque en outre qu’à la manière d’un adjectif, le PP

occupatam s’accorde avec le complément direct urbem.

A l’époque du Bas-Empire (à partir de 250 après Jésus-Christ), de telles constructions

deviennent de plus en plus fréquentes et le verbe « avoir » perd progressivement son

sens originel pour endosser un simple rôle d’auxiliaire. Dans cette phrase de Grégoire de

Tours (VIe siècle) Episcopum invitatum habes, habes signifie, comme dans notre passé

composé, que l’action « inviter » est achevée : « Tu as invité l’évêque ».

L’ancien français hérite de cette structure et de cette habitude qui consiste à accorder

le PP à la manière d’un adjectif, quelle que soit sa position par rapport au nom auquel il se

rapporte (ce « nom auquel il se rapporte », nous l’appellerons dorénavant « support »). On

avait ainsi : J’ai une rose cueillie ou J’ai cueillie une rose. Dans les deux cas, cueillie s’accordait avec rose.

Cependant, les copistes du Moyen Age oublient fréquemment de faire l’accord, surtout

dans les cas où le support suit le PP. Cela s’explique par le fait qu’au moment d’écrire le

PP, le copiste, comme il n’avait pas encore lu le support placé parfois, en ancien français,

loin derrière, laissait l’accord en suspens. Et lorsque son œil tombait enfin sur le support,

tout à son travail laborieux et sans doute abrutissant, le copiste oubliait une fois sur

deux de retourner en arrière et de se corriger.

Au XVIe siècle, les grammairiens décident de mettre un terme aux hésitations des

écrivains (« J’accorde ou je n’accorde pas ? »). Malheureusement, au lieu de revenir aux

fondements de l’accord du PP, à cette heureuse époque où, conçu comme un adjectif, il

s’accordait dans tous les cas avec son support, ils choisissent de muer en règle la

tendance dominante : on accorde le PP si le nom auquel il se rapporte est placé à sa

gauche.

Conclusion : le PP est bien un adjectif dans la mesure où il s’accorde avec son support,

mais ce n’est pas vraiment un adjectif puisqu’il arrive que cet accord ne se fasse pas

lorsque le support est placé à sa droite. On le pressent, dans notre approche du PP, la notion de support est essentielle. C’est donc par une question de terminologie que nous allons commencer notre séquence.

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Etape 1 L’objectif de cette étape est de faire percevoir les particularités du PP. Il s’agit de montrer que tout PP est dérivé d’un verbe et qu’il a la faculté de varier, comme un adjectif. Par paires, observez ce petit texte qui parle du voyage de mes parents au Maroc. Voyage touristique au Maroc4 L’été passé, mes parents sont allés en vacances dans le nord et le centre du Maroc. Ils ont trouvé ces régions extrêmement intéressantes. Aujourd’hui, notre maison est pleine des nombreux souvenirs qu’ils ont achetés dans les souks. Ils se sont vraiment bien amusés pendant ce voyage. Mais ils se sont aussi rendu compte du grand intérêt culturel de ce pays : ils ont pu admirer de nombreux bâtiments historiques et se souviennent encore des magnifiques musées qu’ils ont visités.

1. Entourez les participes passés (PP) de ce texte. Comment les avez-vous reconnus ? 2. Observez les terminaisons de ces PP. Quelle conclusion tirez-vous de cette

observation ? Etape 2 Dans cette étape, nous allons montrer que la fonction du PP est d’apporter, tout comme l’adjectif, un complément de sens à un nom. Ce nom, nous l’appellerons, faute de mieux, le « support » du PP. Ce terme devra être connu des élèves : il est en effet déterminant dans la procédure que nous proposons. Les élèves tâcheront d’écrire les questions qu’il faut se poser pour repérer le support : Question 1 : « Qui/qu’est-ce qui est/sera/était …PP ? » Question 2 : « Qui/qu’est-ce qui s’est/se sera/s’était …PP ? » L’enseignant insistera sur le fait que cette deuxième question n’est valable qu’avec les verbes qui sont toujours pronominaux, c’est-à-dire « perçus5 comme » toujours accompagnés de leur pronom réfléchi (me, te, se, nous, vous, se). Vous noterez que nous n’avons pas encore parlé d’auxiliaire… Si tout se passe bien, nous devrions pouvoir nous passer de cette notion que la règle originelle ignorait. Dans la suite du récit du voyage de mes parents,

1. entourez les PP ; 2. reliez chaque PP à son support (= le mot auquel il se rapporte). 3. Écrivez ensuite les questions que vous vous êtes posées pour retrouver ces supports.

a. Question 1 : b. Question 2 :

Ils sont entrés dans de nombreux palais, qu’ils ont photographiés sous toutes les coutures, et ont contemplé l’intérieur d’authentiques maisons marocaines, joliment restaurées et transformées en magasins ou en restaurants. Ils se sont aussi extasiés6 devant la Koutoubia, l’une des plus belles mosquées du Maroc.

4 Nous nous sommes inspirés des documents pédagogiques créés par Jean Kattus, et nous en avons reproduit certaines phrases telles quelles. 5 La langue évolue, à travers notamment la perception et la connaissance que nous en avons. Se fâcher par exemple pourrait bientôt (ou l’est déjà) n’être perçu que comme un verbe pronominal, des constructions comme fâcher son père se faisant rares dans la langue courante. 6 Seule question possible, avec ce verbe toujours pronominal : « Qui est-ce qui s’est extasié ? ».

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Etape 3 Dans le cas des verbes pronominaux, un peu d’entrainement est nécessaire pour apprendre à se poser la bonne question. L’enseignant rappellera que la question 2 n’est valable qu’avec les verbes qui sont toujours pronominaux, c’est-à-dire « perçus comme » toujours accompagnés de leur pronom réfléchi (me, te, se, nous, vous, se). Pour chacune des phrases suivantes, posez-vous la bonne question (question 1 ou question 2) afin de trouver le support du PP. Entourez ce support.

1. Ils se sont promenés dans les montagnes. 2. Nous ne nous sommes pas encore disputés. 3. Elles ne se sont pas souciées de mes ennuis. 4. Elles se sont attiré des ennuis ! 5. Par politesse, les invités se sont forcés à finir leur assiette. 6. Elles se sont souvenues de leurs plus belles balades. 7. Ils se seront sans doute réfugiés dans la forêt… 8. À Noël, tous les membres de la famille se sont offert de nombreux cadeaux. 9. Nous nous sommes lavé les mains et puis nous sommes passés à table. 10. Les voleurs s’étaient enfuis par le souterrain. 11. Les récoltes étaient si mauvaises que les pommes de terre se sont vendues très cher. 12. Nos enfants se sont lavé les dents puis sont allés dormir. 13. Les enfants, vous vous êtes lavés ?

Etape 4 Dès que l’élève parvient à rapporter les PP à leur support, il faut le conduire à élaborer des règles d’accord aussi simples que possible. Il s’efforcera de le faire à partir de phrases que nous avons regroupées selon les règles qu’elles illustrent. Vous remarquerez que nous ne sommes pas parvenus à évacuer la question de l’auxiliaire… S’il fallait en attribuer la faute à quelqu’un, ce serait à Clément Marot, ou à Claude-Favre de Vaugelas, qui se sont ingéniés à créer des complications là où il aurait fallu avoir le courage d’une solution unique. Les règles d’accord dont les élèves devront compléter l’amorce sont les suivantes : En général, le PP s’accorde avec son support. Lorsque le PP est conjugué avec « avoir » ou est issu d’un verbe occasionnellement pronominal, il est invariable dans les cas suivants :

1. lorsque le support suit le PP ; 2. lorsque le support est le pronom « en »7 ; 3. lorsque le support ne constitue pas la réponse aux seules questions « Qui/qu’est-ce qui

est/sera/était …PP ? » et « Qui/qu’est-ce qui s’est/se sera/s’était …PP ? »8 ;

7 Le PP dont le support est « en » antéposé ne varie d’ordinaire pas : il est en effet senti, nous dit Grevisse, comme un pronom un peu particulier, auquel il n’est pas évident d’attribuer un genre et un nombre, dans la mesure où il exprime une portion parfois imprécise de quelque chose. Cependant, nombreux sont les écrivains cités par Grevisse qui accordent le PP avec « en », et il nous semble que leur exemple devrait nous inciter à privilégier, dans notre enseignement, les déductions de bon sens. Dans la phrase Des ordres, j’en ai donnés et reçus tout au long de ma carrière, l’idée de pluralité prédomine nettement et l’accord relève du bon sens. (Cf. Maurice GREVISSE et André GOOSSE, Le Bon Usage, Duculot 1991.) 8 Cette clause concerne les phrases du type Jeanne a grandi, Les impôts ont encore augmenté, etc., phrases dont les PP acceptent deux questions avec pour réponse un même support : « Qu’est-ce qui est augmenté ? » → Les impôts, et « Qu’est-ce qui a augmenté ? » → Les impôts. Dans ces cas-là, les PP sont invariables. Le support n’est en effet repérable qu’à l’aide de l’une de ces deux questions, formulées avec « être » : « Qui/qu’est-ce qui est/sera/était …PP ? » et « Qui/qu’est-ce qui s’est/se sera/s’était …PP ? ».

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4. lorsque le PP est directement suivi d’un infinitif 9. Lisez les phrases suivantes : - voyez si les PP s’accordent avec leur support, - essayez de formuler une règle d’accord valable pour toutes ces phrases. 1. L’école finie, Marie ne manquait jamais d’aller prendre des nouvelles de sa grand-

mère. 2. Les gâteaux qu’avait préparés Julien eurent un franc succès. 3. Surprise par tant de méchanceté, Ophélie le quitta en courant. 4. Elle ne s’est jamais souciée de mes problèmes. 5. Luc et Rodolphe se sont trompés d’adresse.

En général, le PP s’accorde… Dans les groupes de phrases suivants, les PP ne s’accordent pas avec leur support. Pouvez-vous donner la raison, pour chaque groupe, de l’invariabilité du PP ?

1. Pierre a préparé de délicieux gâteaux. Ils se sont offert de magnifiques cadeaux à Noël. Ils se sont rendu de nombreux services. 2. De tels avions, je n’en ai jamais vu ! J’en ai déjà connu, des gars comme toi ! Je n’en ai jamais voulu, de ses conseils ! 3. Julie et Marc ont encore grandi. Ce n’est pas croyable ! Les impôts ont encore augmenté ! Ces papiers ont jauni sous l’effet du soleil. 4. Les bucherons que j’ai vu travailler étaient équipés des pieds à la tête. 9

Les airs que j’ai entendu jouer étaient magnifiques. Les élèves ne sont pas en classe : je les ai envoyé lire à la bibliothèque.

Lorsque le PP est conjugué avec « avoir » ou est issu d’un verbe occasionnellement pronominal, il est invariable dans les cas suivants : 1.

2.

3.

4.

9 Appliquons notre questionnement à cette phrase canonique : Les bucherons que j’ai vu travailler étaient équipés des pieds à la tête. « Qu’est-ce qui est vu ? » → Support 1 : les bucherons → accord. / → Support 2 : des bucherons travailler → proposition infinitive à laquelle on ne peut attribuer de genre ni de nombre (Marc Wilmet parle de « support hétérogène ») → PP invariable. Dans tous les cas, il est possible de considérer que le support est une suite insécable « GN+infinitif » : Wilmet préconise dès lors l’invariation du PP. Braun et Cabillau lui emboitent timidement le pas et affirment : « On pourrait d’ailleurs envisager d’élargir l’invariabilité à tous les PP suivis d’un infinitif ». (Le Français pour chacun, Wolters Plantyn, 2007.) La brèche est ouverte…

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Etape 5 Equipé de ces quelques principes (une règle générale et quatre cas d’invariabilité), l’élève devrait pouvoir résoudre la plupart des questions d’accord de PP et a fortiori l’exercice suivant. Nous insistons sur l’importance du questionnement initial, déterminant pour la suite de la procédure, et invitons l’enseignant, dans un premier temps, à accompagner ses élèves dans cette opération qui consiste à repérer le support du PP. L’exercice proposé ci-dessous contient quelques cas délicats qui sont autant d’occasions d’affiner notre démarche (cf. commentaires de bas de page). Exercice :

• Posez-vous les bonnes questions pour découvrir les supports des PP suivants, • voyez si ces PP sont accordables ou non et, • s’ils sont accordables, effectuez l’accord.

1. Nous nous sommes rendu… ce matin à la banque. 2. Nous nous sommes retrouvé… avec l’impression que nous ne nous étions jamais vraiment

quitté… . 3. Ma grand-mère est né… en 1943, à Hannut. 4. Encouragé… par le succès de leur production sur le marché belge, Pierre G. et ses

associés envisagent d’ouvrir plusieurs boutiques aux Etats-Unis. 5. Les arbres avaient tellement poussé… que nous n’avons pas pu… reconnaitre le paysage. 6. Les ducs qui se sont succédé… à la tête de cette région ne se sont jamais soucié… du

bien-être de ses habitants. 7. Les arbres que nous avons vu… abattre étaient des séquoias. 8. Cette femme dont Marie m’avait parlé…, je l’ai rencontré… hier au vernissage de l’expo

d’Antoine. 9. Comme ils ont grandi…, vos enfants ! 10. La plupart des fleurs qui sont ici m’ont été offert… par mes fils. 11. Elle se souvenait des moments difficiles que nous avions essayé… de passer le mieux

possible. 12. Elle s’est entaillé… le doigt en coupant les ognons. 13. Aline s’est blessé… à l’épaule en déterrant une jeune pousse. 14. Dans le cadre de ma profession, accepter une invitation à diner ne s’est jamais révélé…

positif. 15. Vous avez trouvé… facilement10 ? 16. Ils ne sont pas encore arrivé… . Ils se seront sans doute perdu… . 17. Je ne m’étais jamais rendu… compte qu’il avait une jambe de bois. 18. Elle ne s’était pas aperçu… de son erreur11. 19. Vous les avez laissé… partir ? Pourquoi ? 20. Les oiseaux que nous avions recueilli… ont tous survécu… . Nous les avons relâché…

hier. 21. Les rendez-vous qu’elles s’étaient réservé… dans l’abri de jardin n’avaient pas éveillé…

l’attention de mon père. 22. Des patients, vous en avez reçu… beaucoup hier ? 23. Les informations que nous en avons tiré… ne nous avancent pas12.

10 Aucun support n’est accessible : invariabilité du PP. 11 Une seule question possible : « Qui/qu’est-ce qui s’est aperçu de son erreur ? » → elle → accord. S’apercevoir, dans ce sens particulier de « se rendre compte de », est toujours pronominal. 12 Le support est ici les informations, et non en. Le PP se met au féminin pluriel.

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24. Elles se sont rencontré… par hasard, sont allé… prendre un café et se sont longuement parlé… de leur vie13.

25. Si mes parents avaient compris… que je n’étais pas heureux dans cette école, ils m’en auraient enlevé… il y a bien longtemps.

26. Vous vous êtes bien amusé… ? Parfait ! Sachez que vous serez toujours les bienvenues chez nous.

27. Marie, nous ne l’avons pas cru… lorsqu’elle nous a raconté… cette histoire. 28. J’ai trouvé… dans ce roman de nombreuses analogies avec des situations que j’ai vécu… . 29. Quand la directrice leur a fait… part de sa décision, certains l’ont regardé… interloqué… . 30. Marie, nous l’avons cru… folle lorsqu’elle nous a raconté… cette histoire14. Etape 6 facultative Nous mentionnerons ici, dans un souci d’exhaustivité, les derniers cas d’invariabilité , qui sont en fait des applications du principe général :

- les PP dont le support suit sans indication de pause (assimilables en fait à des prépositions ou à des adverbes) « vu, excepté, ci-joint, étant donné, etc. »

- les PP des tours impersonnels. Exemples : Les dégâts qu’il y a eu seront pris en considération ; Il est tombé des cordes…

- les PP des verbes « se plaire, se déplaire, se complaire, se rire ». Invariabilité recommandée, voire obligatoire.

Et pour terminer la séquence, voici quelques textes authentiques, glanés sur le Net. Tous les PP des textes suivants sont au masculin singulier. Pour chacun d’eux, modifiez l’accord si nécessaire. Celles qu'on n'a pas eu : Réuni dans un même compartiment de train, six hommes se racontent mutuellement des déboires sentimentaux vécu autrefois, dans lesquels ils n'ont pas eu le beau rôle. Francis rencontre une pianiste passionné de musique contemporaine alors qu'en réalité elle joue dans un bastringue. Justin Laval est victime du caniche de Mirka, la belle qu'il convoitait. Dans un avion, Robert est empêché par un gosse insupportable de conquérir l'hôtesse Elsa, avant de rencontrer une hystérique qui hurle à l'assassin pendant l'amour. Emile raconte comment il a conquis Mathilde, la riche fiancée de son benêt de fils. Amédée, lui, s’est trouvé face aux appétits gloutons d'une morte ressuscité.

http://www.cinemovies.fr

13 Les PP des verbes occasionnellement pronominaux et transitifs indirects (ressembler, succéder…) ne sont pas questionnables par « Qui/qu’est-ce qui est/sera/était …PP ? » Il est peut-être nécessaire de passer du temps avec les élèves sur ce problème. Écrivez au tableau la phrase Ils se sont longuement parlé et demandez d’abord aux élèves si « se parler » est toujours pronominal ou non. Ensuite, demandez-leur de formuler la bonne question pour établir le support d’un verbe occasionnellement pronominal comme « parler ». Manifestement, * « Qu’est-ce qui est parlé ? » ou * « Qui est-ce qui est parlé ? » sont des énoncés agrammaticaux. Dès lors, si la seule bonne question n’est pas adéquate avec un PP comme « parlé », c’est que pour un tel PP aucun support n’est disponible. Le PP demeure donc invariable. 14 Pour la phrase 27, « Qui est-ce qui est cru ? » → Marie → accord au féminin singulier → crue. Pour la 30, « Qu’est-ce qui est cru ? » → Que Marie était folle. Il s’agit d’une proposition, non marquée en genre ni en nombre. → invariabilité → cru. Néanmoins, dans ce dernier cas, c’est-à-dire lorsque le CDV est accompagné d’un attribut, Grevisse nous laisse le choix de l’accord ou de l’invariabilité (cf. GREVISSE et GOOSSE, op. cit.). Inutile donc de brider les élèves sur ce point. Efforçons-nous, tout au plus, de les amener à raisonner correctement au départ du questionnement prescrit.

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La poupée vaudou à l'effigie de Sarkozy ne sera pas retiré de la vente La justice a débouté mercredi Nicolas Sarkozy qui réclamait l'interdiction d'une poupée vaudou à son effigie vendu par la société Tear Prod. Une société contre laquelle le président français avait engagé une action en référé pour violation de son droit à l'image. Libération d'une journaliste néerlandaise à Kaboul Une journaliste néerlandaise enlevé le 1er novembre près de Kaboul a été libéré ce vendredi matin, choqué mais en bonne santé, a-t-on appris auprès de son employeur, qui n'a pas précisé si une rançon avait été payé pour sa libération.

http://www.rtbf.be Le Premier ministre chinois Wen Jiabao a appelé vendredi les pays développés à changer leur "mode de vie qui n'est pas durable" pour lutter contre le changement climatique, a rapporté l'agence Chine Nouvelle. "Les pays développés doivent assumer leur responsabilité et leur devoir pour faire face au changement climatique, changer leur mode de vie qui n'est pas durable et aider les pays en développement à lutter contre le changement climatique", a déclaré M. Wen, au premier jour d'une conférence internationale organisé à Pékin par le gouvernement chinois et les Nations Unies. Des représentants de gouvernements, d'organisations internationales et d'ONG venu du monde entier sont réuni pour deux jours afin de discuter du développement des technologies permettant de lutter contre le réchauffement climatique. La communauté internationale s'est donné un délai jusqu'au sommet de Copenhague, en décembre 2009, pour définir un nouveau cadre de lutte contre le changement climatique après l'expiration de la première phase du Protocole de Kyoto en décembre 2012. La Chine, devenu avec les Etats-Unis le plus gros pollueur de la planète, a été réservé dans ses propositions, considérant que c'est aux pays développés d'apporter la plus grande partie des investissements colossaux nécessaires à la lutte contre le réchauffement climatique dont ils sont largement responsables.

http://www.tv5.org Petite mise au point A trois reprises, au cours de cette séquence, nous nous sommes écartés de la norme :

1. Grevisse signale que « le PP conjugué avec « avoir » et suivi d'un infinitif s'accorde lorsque le pronom objet direct qui précède peut se rapporter à ce participe ». Mais il ajoute, plus bas : « Nous avons donné ci-dessus la règle reçue, et il vaut mieux s’y tenir. Mais son fondement n’est pas assuré : (…) on pourrait considérer que le véritable complément d’objet est la proposition infinitive. » Et dans une autre partie du Bon Usage, il parle effectivement de « proposition infinitive objet direct » pour désigner le groupe syntaxique pronom+infinitif dans des phrases comme Ces veaux, je les ai vu naitre. Si le CDV est une proposition, il n'est

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marqué ni en genre ni en nombre et l'accord se fait par défaut au masculin singulier. Cette analyse nous parait convaincante car, si l’on considère que le CDV du verbe est le pronom, quelle fonction grammaticale doit-on alors attribuer à l’infinitif ? Nous retiendrons donc que les PP conjugués avec « avoir », de même que les PP des verbes occasionnellement pronominaux, lorsqu'ils sont directement suivis d'un infinitif, sont invariables. 2. Nous avons suggéré, en note de bas de page n°7, qu'il était possible d'accorder le PP avec le pronom « en » antéposé lorsque ce « en » constitue le support du PP. L'enseignant pourra privilégier, dans de tels cas, les déductions de bon sens et faire preuve de souplesse. S’il choisit de se tenir à la norme, qui préconise l’invariabilité du PP lorsque son support est « en », il proposera aux élèves l’explication qui figure à la note 7 du présent article.

3. En ce qui concerne les PP suivis d'un attribut, l'accord se fait normalement avec le CDV s'il est placé à gauche du PP : Cette femme, je l'ai crue mariée ! Pourtant, dans cet exemple, l’accord résiste difficilement à l'analyse. En effet, « ce qui est cru », ce n'est pas cette femme seule, mais plutôt l'affirmation que cette femme était mariée. Le CDV est dans ce cas une proposition, une « petite phrase », de genre neutre (masc. sing.) → Cette femme, je l’ai cru mariée. Par contre, dans d’autres cas, on peut considérer que le pronom est effectivement le support du PP : dans Marie, je l’ai laissée seule, Marie est bel et bien « laissée », « quittée »… L’accord se justifie. De nouveau, l'enseignant pourra dans de tels cas faire preuve d'ouverture et amener les élèves à tenir des raisonnements cohérents. Conclusion L’ouvrage de Marc Wilmet consacré à l’accord du PP invite l’élève à un raisonnement sémantique imposé par la nature hybride du PP, à la fois verbe et adjectif. L’un des intérêts de cette méthode est de donner au locuteur des outils pour réfléchir sur la langue et orienter en conséquence ses conduites linguistiques. Suivre des règles de grammaire sans en saisir les fondements peut avoir pour effet d’instaurer entre le locuteur et sa propre langue une distance psychologique susceptible de se muer en défiance et même, dans le pire des cas, en rejet… Or, les francophones, en matière d’orthographe lexicale et grammaticale, sont souvent dans une attitude d’obéissance non réfléchie mêlée de culpabilité. Trop rarement justifiées, trop souvent imposées, les règles d’accord du PP participent de cette attitude d’insécurité vis-à-vis de la langue. Wilmet nous permet par son petit livre de reprendre partiellement le contrôle des mécanismes qui régissent le français. Profitons-en. Une dernière remarque avant de clore tout à fait cet article. L’accord du PP est traditionnellement présenté comme un phénomène n’affectant que la langue écrite. Pourtant, quelques participes passés ont une forme féminine phonétiquement distincte de leur masculin. Invitez donc vos élèves à lister les PP dont la prononciation est modifiée par l’accord au féminin et prévoyez des exercices oraux sous forme de questions-réponses. Exemple : Tu connais ta leçon sur l’accord du PP ? Oui, je l’ai apprise [z] hier soir.

Pierre-Yves Duchâteau