dpc: les biologistes médicaux privés de dispositifs spécifiques

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Option Bio L’actualité du praticien biologiste ISSN : 0992-5945 1 n° 466 | lundi 6 février 2012 | 11 € 69402 www.em-consulte.com/revue/optbio actualités Résistance aux antibiotiques : émergence dans la communauté et nouveaux défis pour les laboratoires de ville 4 formation Nouvelles recommandations pour les vaccins anti-papillomavirus 8 pratique Comment diagnostiquer une myélofibrose primitive/idiopathique 14 Sommaire complet page 3 © SB/DR ... suite page 3 L e processus de développement professionnel continu (DPC) institué par la loi HPST va, à partir de janvier 2013, s’imposer à titre obligatoire à tous les professionnels de santé (libéraux, salariés, hospitaliers) sous le contrôle des instances ordina- les. Le nouveau dispositif, qui fusionne la formation médicale continue (FMC) et l’évaluation des prati- ques professionnelles (EPP), vient de voir ses roua- ges précisés par des décrets qui en définissent la composition et le fonctionnement. Sont ainsi parues au JO du 1 er janvier, des dispositions sur la gouver- nance de l’organisme gestionnaire (OG) du DPC et d’autres sur le cadre de l’organisation pour les méde- cins, pharmaciens, infirmiers, kinésithérapeutes, etc. Au JO du 11 janvier, ont suivi d’autres textes sur le fonctionnement des commissions scientifiques indé- pendantes (CSI) chargé d’habiliter les organismes proposant des programmes de formations validant les efforts de DPC des professionnels. Las ! La biolo- gie médicale, contrairement aux autres professions, ne dispose d’aucune instance en propre bien que l’ordonnance qui l’a réformée en 2010 consacre son unicité d’exercice pratiqué par des médecins et phar- maciens issus d’une formation initiale unique (DES de biologie). Le président du Syndicat des biologistes (SDB) François Blanchecotte s’insurge devant une telle incohérence. Il demande que soit rapidement adoptée une solution spécifique de nature, dit-il, à préserver la « cohérence de l’environnement régle- mentaire de la profession et d’appliquer les mesures de la réforme de la biologie aux textes sur le DPC, essentiels pour la qualité du système de santé ». À défaut biologistes médecins et biologistes pharma- ciens en seront réduits à être rattachés au DPC de leur corps d’origine. « Ce qui créera une inégalité de traitement entre les différentes catégories de biolo- gistes pharmaciens et médecins », estime-t-il. Autre retombée de la refonte de la formation conti- nue : l’organisme de formation continue convention- nelle (FPC) Bioforma, commun à tous les biologistes, ayant perdu son agrément, va être dissout. | SERGE BENADERETTE DPC : les biologistes médicaux privés de dispositifs spécifiques profession Rhône-Alpes : des biologistes gagnés à la dynamique du changement profession R estructuration, concentration, fusion, dispari- tion, absorption et recomposition, toute ! Bien que l’ordonnance Ballereau ne soit toujours pas ratifiée par le Parlement depuis sa promulgation le 10 janvier 2010, les mises en conformités avec la réforme de la biologie battent le plein sur les terri- toires de santé. La rencontre que vient d’organiser la Société française de biologie clinique (SFBC) avec ses membres des régions Rhône-Alpes et Auvergne, le 20 janvier à Lyon (69), atteste de la montée en puissance de la recomposition de l’offre d’examens. Les chantiers s’ouvrent pour la biologie médicale, publique et privée. Objectif ? Se mettre en mesure de satisfaire aux exigences de la norme ISO 15 189 pour pouvoir être autorisé par l’agence régionale de santé (ARS) à exercer au-delà de 2016. Attestation délivrée, non par Standard and Poor’s mais, par le Comité français d’accréditation (Cofrac) dont la sec- tion santé humaine (11 permanents, 47 évaluateurs qualiticiens, 112 évaluateurs techniques) doit déjà commencer par accorder le ticket d’entrée dans la démarche qualité prouvée dès 2013 (voire 2014). Une dynamique de l’accréditation bel et bien lancée L’état des lieux établis par l’ARS est éloquent en Rhône-Alpes. Ses 375 laboratoires de biologie médi- cale (LBM), constitués chacun d’un site, ont été rame- nés à 214 après transformation de 38 entités regrou- pant 200 sites, qui cohabitent avec les 176 LBM « survivant » avec l’« ancien système ». Et restant « disponibles aux rachats ». Le taux de mutation en multisites dans la région aurait ainsi franchi les 53 % à la fin novembre 2011. Quant à la biologie en établis- sements de santé, elle se lance aussi avec 33 LBM publics situés dans 33 établissements parmi les 104 de la région (181 avec les cliniques). Pour l’heure, rien ne semble distinguer, en proportion d’accrédi- tés, Rhône-Alpes du reste de la France, hormis les cas particuliers sortis du SROS (à paraître en février) que sont les 17 sites de l’établissement français du sang (EFS), les 4 “Biomnis”, le site du Commissariat à l’énergie atomique (CEA) de Grenoble, et le “Labo SNCF” de Perrache. Alors que la réforme de la biologie revient devant le Parlement, l’accréditation mobilise les biologistes médicaux et pousse les restructurations de LBM au gigantisme. Une rencontre à Lyon (69) vient de disséquer les incitations aux concentrations sur le terrain et leurs difficultés. De gauche à droite : Jean-Gérard Gobert (biologiste | hospitalier FNSPBHU), Guilaine Boursier (présidente des internes FNSIP), Anne-Marie Gallot (DGS-Cofrac), Michel Ballereau, Laurence Mouly (biologiste hospitalier SNBH), Jérémie Martinet (interne FNSIP).

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Page 1: DPC: les biologistes médicaux privés de dispositifs spécifiques

OptionBioL’actualité du praticien biologiste

ISSN : 0992-5945

1

n° 466 | lundi 6 février 2012 | 11 €

6940

2

www.em-consulte.com/revue/optbio

actualitésRésistance aux antibiotiques : émergence dans la communauté et nouveaux défis pour les laboratoires de ville 4

formationNouvelles recommandations pour les vaccins anti-papillomavirus 8

pratiqueComment diagnostiquer une myélofibrose primitive/idiopathique 14

Sommaire complet page 3

© S

B/D

R

... suite page 3

Le processus de développement professionnel continu (DPC) institué par la loi HPST va, à partir de janvier 2013, s’imposer à titre obligatoire à

tous les professionnels de santé (libéraux, salariés, hospitaliers) sous le contrôle des instances ordina-les. Le nouveau dispositif, qui fusionne la formation médicale continue (FMC) et l’évaluation des prati-ques professionnelles (EPP), vient de voir ses roua-ges précisés par des décrets qui en définissent la composition et le fonctionnement. Sont ainsi parues au JO du 1er janvier, des dispositions sur la gouver-nance de l’organisme gestionnaire (OG) du DPC et d’autres sur le cadre de l’organisation pour les méde-cins, pharmaciens, infirmiers, kinésithérapeutes, etc. Au JO du 11 janvier, ont suivi d’autres textes sur le fonctionnement des commissions scientifiques indé-pendantes (CSI) chargé d’habiliter les organismes proposant des programmes de formations validant les efforts de DPC des professionnels. Las ! La biolo-gie médicale, contrairement aux autres professions, ne dispose d’aucune instance en propre bien que

l’ordonnance qui l’a réformée en 2010 consacre son unicité d’exercice pratiqué par des médecins et phar-maciens issus d’une formation initiale unique (DES de biologie). Le président du Syndicat des biologistes (SDB) François Blanchecotte s’insurge devant une telle incohérence. Il demande que soit rapidement adoptée une solution spécifique de nature, dit-il, à préserver la « cohérence de l’environnement régle-mentaire de la profession et d’appliquer les mesures de la réforme de la biologie aux textes sur le DPC, essentiels pour la qualité du système de santé ». À défaut biologistes médecins et biologistes pharma-ciens en seront réduits à être rattachés au DPC de leur corps d’origine. « Ce qui créera une inégalité de traitement entre les différentes catégories de biolo-gistes pharmaciens et médecins », estime-t-il.Autre retombée de la refonte de la formation conti-nue : l’organisme de formation continue convention-nelle (FPC) Bioforma, commun à tous les biologistes, ayant perdu son agrément, va être dissout. |

SERGE BENADERETTE

DPC : les biologistes médicaux privés de dispositifs spécifiquesprofession

Rhône-Alpes : des biologistes gagnés à la dynamique du changement

profession

Restructuration, concentration, fusion, dispari-tion, absorption et recomposition, toute ! Bien que l’ordonnance Ballereau ne soit toujours

pas ratifiée par le Parlement depuis sa promulgation le 10 janvier 2010, les mises en conformités avec la réforme de la biologie battent le plein sur les terri-toires de santé. La rencontre que vient d’organiser la Société française de biologie clinique (SFBC) avec ses membres des régions Rhône-Alpes et Auvergne, le 20 janvier à Lyon (69), atteste de la montée en puissance de la recomposition de l’offre d’examens. Les chantiers s’ouvrent pour la biologie médicale, publique et privée. Objectif ? Se mettre en mesure de satisfaire aux exigences de la norme ISO 15 189 pour pouvoir être autorisé par l’agence régionale de santé (ARS) à exercer au-delà de 2016. Attestation délivrée, non par Standard and Poor’s mais, par le Comité français d’accréditation (Cofrac) dont la sec-tion santé humaine (11 permanents, 47 évaluateurs qualiticiens, 112 évaluateurs techniques) doit déjà

commencer par accorder le ticket d’entrée dans la démarche qualité prouvée dès 2013 (voire 2014).

Une dynamique de l’accréditation bel et bien lancéeL’état des lieux établis par l’ARS est éloquent en Rhône-Alpes. Ses 375 laboratoires de biologie médi-cale (LBM), constitués chacun d’un site, ont été rame-nés à 214 après transformation de 38 entités regrou-pant 200 sites, qui cohabitent avec les 176 LBM « survivant » avec l’« ancien système ». Et restant « disponibles aux rachats ». Le taux de mutation en

multisites dans la région aurait ainsi franchi les 53 % à la fin novembre 2011. Quant à la biologie en établis-sements de santé, elle se lance aussi avec 33 LBM publics situés dans 33 établissements parmi les 104 de la région (181 avec les cliniques). Pour l’heure, rien ne semble distinguer, en proportion d’accrédi-tés, Rhône-Alpes du reste de la France, hormis les cas particuliers sortis du SROS (à paraître en février) que sont les 17 sites de l’établissement français du sang (EFS), les 4 “Biomnis”, le site du Commissariat à l’énergie atomique (CEA) de Grenoble, et le “Labo SNCF” de Perrache.

Alors que la réforme de la biologie revient devant le Parlement, l’accréditation mobilise les biologistes médicaux et pousse les restructurations de LBM au gigantisme. Une rencontre à Lyon (69) vient de disséquer les incitations aux concentrations sur le terrain et leurs difficultés.

De gauche à droite : Jean-Gérard Gobert (biologiste |hospitalier FNSPBHU), Guilaine Boursier (présidente des internes FNSIP), Anne-Marie Gallot (DGS-Cofrac), Michel Ballereau, Laurence Mouly (biologiste hospitalier SNBH), Jérémie Martinet (interne FNSIP).