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Page 1: Les normes de télévision

LES NORMES DE T L VISION (Suite) par Yvon DELBORD *

B. IMPORTANCE RELATIVE DES NORMES.

Toutes les normes n 'ont pas la m~lne importance et l 'on peut m~me dire que cette importance varie selon le point de rue consid6r6

Par exemple, pour une normalisation nationale il est indiffSrent que la fr6quence du son soit sup6- rieure ou inf6rieure h celle de l'image, h condition qu'elle soit unique sur route l '6tendue du territoire. Par contre, si un r6cepteur dolt recevoir les 6missions de deux nations diff6rentes il est primordial que ce choix soit le m~me dans tousles pays. Pareillement, si les no'mbres de lignes de deux 6metteurs voisins different de t0 pour cent, t5 pour cent ou m~me plus, le mgme r6cepteur recevra, sans aucune modi fication, l 'une ou l 'autre des 6missions tandis que cette diff6rence de 10 pour cent entra~nera des com- plications certaines dans l'6change de programmes par c~ble, par relais hertzien et peut-~tre m~me par

enregistrement cin6matographique. Les buts de la normalisation peuvent donc ~tre

plus ou moins ambitieux et si l'on ne fait intervenir aucune consid6ration commerciale il est facile de poser le probl~me sinon de le r6soudre, et nous exa- minerons seulement les consid6rations les plus importantes qui justifient un effort vers la norma- lisation internationale.

a) Point de vue du t~ldspectateur. Le spectateur plac6 h la limite de port6e de deux

6metteurs voisins, par exemple dans ulle zone avoi- sinant une fronti~re, voudra certainement recevoir h son choix l'6mission de Fun ou l 'autre des pays. I1 d6sire 6vldeminent n'acheter qu 'un seu| r6cepteur et le payer le moins ehcr possible.

Par cons6quent, pour le satisfaire les construc- tours souhaiteront que les sp6cificatlons techniques des deux 6missions soient aussi proches que possible. Par ordre d'importance ils demanderont done :

1 ~ 6missions dans la m6me gamme de fr6quence ; 2 ~ largeurs des canaux haute fr6quence identiques; 3 o sens de modulation identique ; 5 ~ positions relatives du son et de la vision iden-

tiques ; 5 o mgme type de modulation pour le son (que ce

soit amplitude, fr6quence ou impulsions) ; 6 ~ de lignes ne diff6rant pas de plus de

t5 ou 20 pour cent ; 7 o fr6quences d'analyse verticale ne diff6rant pas

de plus de 20 pour cent. Nature]]ement, nous ne citons quc les normes qui

* Ing6nieur en Chef de la Division Tdld,'ision dL~ C. iN. E. T., lq'dsident du Comit6 Sup6rieur Technique de T616vision.

sont encore h l 'heure actuelle diff6rentes et il serait au moins aussi n6cessaire de normaliser la loi de l 'analyse, la forme rectangulaire des impulsions de synchronisation et bien d'autres caract6ristiques, si ce n'6tait d6jh fait.

Comme nous l 'avons dit, dans le chapitre pr6- c6dent, la forme adopt6e pour les signaux de synchro- nisation, h condition qu'elle rentre dans les normes g6n6ralement admises h l 'heure pr6sente, est indiff6- rente aux constructeurs fran~ais, et les r6cepteurs s 'accommoderaient assez bien de divergences m6me consid6rables ; ajoutons que si les polarisations des ondes 6mises 6taient diff6rentes il serait encore possible d'utiliser la mgme antenne pour les deux r6ceptions.

Par cons6quent, en utilisant les rep~res du tableau A et en n6gligeant la bande de fr6quences que nous avons tenu h citer malgr6 la normalisation d6jh effectu6e, l 'ordre d' importance de la normali- sation suivant ce premier point de rue sera :

17 (largeur totale du canal), 15 (sens de modulation), 25 (position relative du son), 21 (type de modulation du son),

3 (nombre de lignes), 6 (fr6quence d'analyse verticale).

Ici doit se placer une parenth~se tr~s importante : Certaines normes ne sont pas ind@endantes. Si l 'on choisit 1 029 lignes, on ne peut plus adopter 50 Mc/s comme onde porteuse, et la largeur du canal ne peut plus etre 6gale h 6 Mc/s. La fr6quence de l 'onde porteuse du son dolt suivre celle de l ' image et la polarisation de l 'onde porteuse sonore doit ~tre la m~me que celle de l'onde porteuse visuelle, etc.

Le sch6ma plac6 au-dessous du tableau montre cette interd6pendance de certaines normes ; elle d6coule de la formule :

K L 2 / I - - ~ --2V5

dans laquelle : J = facteur d 'augmentat ion de la d6finition hori-

zontale par rapport h la d6finition verticale, K = rapport des dimensions de l'image, L = n o m b r e de lignes. Cette formule est absolument classique, h l'excep-

tion du facteur J qui a 6t6 ajout6 pour permettre la comparaison du rapport des d6finitions horizon- tales et verticales dans les divers pays. I1 a 6t6 suppos6 que, dans la formule g6n6rale'ment admise, J 6tait 6gal h 1. D'apr~s cette formule, on voit que l'616ment le plus important pour d6terminer la largeur du canal h haute fr6quenee est de loin le nombre de lignes, puisqu'il intervient par son cart6.

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Si le nombre de lignes varie de 400 ~ 800 la largeur de ce canal sera multipli6e par 4 tandis que si la fr6quence d'analyse verticale varie de 50 h 60 cette largeur augmentera seulement de 20 pour cent ; les autres facteurs interviennent h u n degr6 encore moindre et peuvent mgme se compenser partiel- lement dans certains cas ; par exemple cr et ~ varient en g6n6ral darts le m6me sens et se trouvent respec- tivement au num6rateur et au d6nominateur de l'expression A[. Le coefficient J, bien qu'important pour la qualit6 de l'image, intervient assez peu puisque les valeurs admises sont comprises entre 0,8 et 1,2 ; en prenant les valeurs extrgmes du tableau A, l'importance relative pour la largeur du canal se chiffre par (rapport des valeurs extrgmes) :

L . . . . . . . . . . . . . . . . 4,t8 n . . . . . . . . . . . . . . . . 2,00 1 . . . . . . . . . . . . . . . . . ,20 J . . . . . . . . . . . . . . . . . 1,16

et ~ . . . . . . . . . . . . . t,13 K . . . . . . . . . . . . . . . . 1,06.

Les syst~mes h lignes intercal6es 6tant adopt6s d'une fa~on quasi g6n6rale, eomme d'ailleurs la bande lat6rale att6nu6e, nous pouvons dire que le nombre de lignes d6terminera la largeur du canal et qu'il serait techniquement inconcevable de fixer une largeur de canal avant de discuter le nombre de lignes.

Fermons cette parenth~se et revenons h la classi- fication par ordre d'importance des normalisations

effectuer. Tenant compte de la remarque faite nous trouvons :

t ~ nombre de lignes (par son incidence sur la largeur du canal),

2 ~ sens de modulation, 3 ~ position relative du son et de l'image. 4 ~ type de modulation du son, 5 ~ hombre de lignes (par sa valeur propre), 6 ~ fr6quence d'analyse verticale. Nous avons admis que le hombre de lignes pouvait

varier de 15 h 20 pour cent sans que ]a technique et par cons6quent le prix du r6cepteur soient modifi6s ; si l'on admet une augmentation du prix du r6cepteur, les 6carts entre normes acceptables par le receveur seront plus grands. Un constructeur fran~ais a pr6- sent6 r6ccmment un r6cepteur c( de table ~ qui, par simple commutation, passait de 450 lignes avec d6phasage interne et modulation d'amplitude pour le son, h 819 lignes avec intercalage classique et modulation de fr6quence pour le son. A la limite, on peut donc concevoir la possibilit6 de construire un r6cepteur s 'adaptant h toutes lcs normes loca- lement n6cessaires, m6me si elles sont totalement diff6rentes ; par cons6quent, sans aucune norma- lisation internationale il serait encore possible de satisfaire l'exigence du t616spectateur et de mettre h sa disposition des r6cepteurs convenables pour la r6ception de routes les 6missions de t616vision loca- lement disponibles.

La conclusion de ces premieres consid6rations sera d o n e -"

Y V O N D E L B O R D [ANNALES DES T~-L~COMMUNICATIONS

Pour ]aciliter la construction des r&epteurs de tdld- vision et par consdquent rdduire leur prix au minimum, il y aurait lieu de procdder ~ la normalisation inter- nationale dans l'ordre suivant :

Nombre de lignes - - Sens de modulation - - Position relative du son et de l'image - - Type de modulation du son. Les autres normes peuvent ~tre consid&des comme secondaires.

b) ~change des programmes par vole ~lectrique. I1 a 6t6 dit ~ plusieurs reprises combien l'6change

des programmes de t616vision entre pays voisins 6tait important. Non seulement cet 6change aug- menterait beaucoup l'int6rgt des spectacles mais encore il permettrait de diminuer consld6rablement le prix de revient des 6missions. On peut mgme dire que, sans 6changes de programmes, la t616- vision devient impossible dans beaucoup de pays.

Cet 6change peut se faire par vole 61ectrique (cAbles coaxiaux, relais hertziens) ou par voie optique (enregistrement sur film); examinons d'abord les r6percussions des normes sur les cables coaxiaux et les relais hertziens, mais seulement du point de rue des 6changes de programmes.

Pour ces 6changes, il est n6cessaire que les signaux 61ectriques transmis puissent s'adapter f acilemen~ aux nouvelles caract6ristiques au moment du pas- sage de la c~ fronti~re technique ~.

Le son 6taut transmis sur une vole s6par6e routes les normes relatives au son (21-22-23-24-25-26) perdent leur importance.

Les signaux re~us se~ont des signaux ~ vid6o- fr6quence, soit qu'ils arrivent directement sous cette forme (cAbles coaxiaux), soit qu'ils soient d6modul6s dans le r6cepteur terminal (relais hertziens) ; le sens de modulation (15) peut ~tre quelconque ainsi que routes les caract6ristiques de la haute fr6quence (1%18-19-20).

II est concevable que dans les signaux re~us on ne garde que les signaux d'image, h l'exclusion des signaux de synchronisation, comme on le fait dans les reportages de t616vision h grande distance ; les normes relatives h la syuchronisation deviennent done secondaires (8-9-10-11-12-13-t4) et il ne reste

normaliser que certaines caract6ristiques relatives h l'analyse (3 et 6).

La fr6quence d'analyse verticale pose d'ailleurs un probl~me tr~s difficile. Cette fr6quence devant gtre 6gale h celle du secteur de distribution d'6nergie 61ectrique nous arrivons h la conclusion qu'il faudrait synchroniser les r6seaux 61ectriques des divers pays, probl~me qui d6passe 6videmment de beaucoup le domaine technique de la t616vision.

Le nombre de lignes de l'image, s'il est identique dans les deux pays, permet l'application des signaux de vision aux circuits habituels de l'6metteur, avec toutefois la restriction que les r6cepteurs du pays consid6r6 devront fonctionner h une fr6quence diff6rente de celle du secteur d'alimentation et avec les cons6quences que cela implique (9c).

La figure 9 sch6matise les cas types d'6changes de

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programme depuis les normes absolument iden- tiques (9a) jusqu'aux normes totalement diff6- rentes (9~). Dans ce dernier cas, il est encore possible de diffuser les programmes d'un autre pays, et le croquis repr6sente la reprise d'une image sur un tube cathodique par un tube analyseur. On peut de cette fa~on et de bien d'autres, encore h l'6tude (dis-

- . . . . . . . . . . . . . . .

I O'nc3ro-~ms~tWr~ no~rna~ses, b)- T e V e~ L rlormalt.s~

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FIG. 9. -- t~changes de programme par ~( voie 61ectrique )).

positifs analyseurs de transposition), passer d'une image h 405 lignes h une image h 819 et r6cipro- quement. Est-il besoin d'ajouter que 1'<( analyseur de transposition )) ne peut ajouter des d6tails compl6- mentaires h une image qui ne les poss~de pas ? Les spectateurs des pays h faible nombre de lignes pourraient voir sur leurs 6crans des images 6trang~res avec la qualit6 des images qu'ils ont l'habitudc de recevoiv, tandis que les spectateurs des pays h hautc d6finition recevraient des autres pays des images d'une qualit6 plus faible. Les pays d6tenteurs de ta meilleure image seraient 16s6s.

Pour l'~change (( dlectrique )) d'images de tdldvision il serait done important de normaliser d'abord la [rg- quenee d'analyse vertieale, ce qui conduit gtla synehro- nisation internationale des secteurs de distribution d'dnergie dleetrique, mais de normaliser aussi le nombre de lignes, si l'on veut arriver it un gehange (( dquitable ~).

Comme dans le cas pr6c6dent, on peut se dispenser de toute normalisation et @hanger quand m~me des programmes de t616vision, mais avec des incon- v6nients notables, qui s'att6nueront d'autant plus que les normes seront plus proches.

Remarquons enfin que la synchronisation des secteurs n'implique pas l'interconnexion des r6seaux et qu'une diff6rence de fr~quence de I ou 2 pour t 000 serait admissible pour la t616vision (exemple

DE "r~L~VlSION 3/5

de ]a synchronisation manuellc des 6quipeinents de radioreportage britanniques) alors qu'elle conduirait h des catastrophes du point de rue de la distribution d'6nergie.

c) ~.~hange de programmes au moyen de l'enre- gistrement sur lllm.

Aucune normalisation n'est n6cessaire si l'on admet le passage par l'interm6diaire des normes cin6matographiques (format de l'image, cadence des images, enregistrement sonore, etc.). Toutefois, comme dans le cas pr6c6dent, le pays h la technique la plus avanc6e devrait se contenter d'un apport 6tranger d'images moins nettes.

II Bien que ce soit en dehors du sujet, nous remar- querons que la normalisation des cam6ras de prise de rue pour images de t616vision pourrait utilement 6chapper aux normes cin6matographiques.

Les normes cin6matographiques ont 6t6 impos6es par des n6cessit6s p6rim6es. C'est l'apparition du son qui a impos6 24 images par seconde au lieu de 16, et les perfectionnements de la pellicule (diminution de la grosseur du grain) permettraient aujourd'hui une fr6quence inf6rieure h 16 images par seconde avec un enchalnement des mouvements plus que suffisant et des avantages tr~s grands h la prise de rue (augmentation du temps de pose, diminution du bruit, etc.). Pourquoi la t616vision suivrait-elle des normes impos6es par des conditions techniques vieilles de vingt ans et que seul maintient en vigueur l'6quipement actuel des salles de spectacle ?

Mais ceci est hors du sujet, et si nous en avons dit, quelques roots c'est que nous craignons que l'on ~ n'envisage seulement cette normalisation qu'au moment off les techniques nationales se seront fix6es et probablement fix6es sur des caract6ristiques diff6- rentes (t~tats-Unis: film de t6 m m ? Grande- Bretagne: film de 35 mm; 25 images par seconde ? France : fihn de 35 mm ; 16 images 2/3 par seconde ?)

Pour l'enregistrement sur film des images de tdld- vision en rue des dchanges de programmes, seul le nombre de lignes est important ; en second lieu, vient peut-~tre l'adoption du film de 35 mm qui, seal, permet de conserver aux images fines leurs qualitds initiales.

La figure t0 repr6sente une image de t616vision sur film de 16 ram. Les figures 1t, 12 et 13 repr6- sentent trois 6chantillons d'enregistrement sur film de 35 ran1, l'un h 450 lignes, l 'autre h 525, l 'autre enfin h 819 lignes.

d) Autres points de vue. Les trois points de vue pr6e6dents sont les seuls

importants du point de rue technique. Si nous voulions faire intervenir d'autres consid6rations, telles que les consid6rations commerciales, il devien- drait impossible de discuter objectivement. Par exemple, il est certain que tous les commer~ants auraient souhait6 faire plusieurs normalisations successives: 400 lignes, 600 lignes, 900 lignes, t 300 lignes, t616vision en couleurs, etc. L'adoption rapide de normes ddfinitives le plus t6t possible est,

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~/5 YVON DELBORD [ANNALES DES T~L~'COMbIUNICATIONS

FIG. 1 0 . - - F i l m enregistr6 d'une image h 525 lignes (film de 16 ram).

FIG. 11. - - Film enregistr6 d'une image h 650 ]ignes (fihn de 35 mm).

FiG. 1 2 . - Film enregistr6 d'une image 'h 525 lignes (film de 35 mm).

Fro. 1 3 . - Film enregistr6 d'une image 'h 819 lignes (film de 35 mm).

du point de rue commercial seulement, la plus mau- valse solution que t'on puisse trou~er. Dans ces notes nous ne nous placerons qu'au double point de rue de la technique et des int6rgts du t616spectateur 6ventuel.

La coNcrusIoN de ce chapitre est donc que les normes de t616vision ont une importance plus ou moins grande, mais si l'on veut attaquer de front le probl~mc de la normalisation il est n6cessaire de discuter les divers probl~mes dans rordre suivant :

lo Nombre de lignes.

Le choix du nombre de lignes d6linira la plus grande vid6ofr6quence h transmettre, par cons6- quent la largeur impos6e pour le canal, et enfin la

gamme de fr6quences appropri6e h une transmission correcte.

La fr6quence d'analyse verticale, le rapport des pouvoirs de r6solution horizontal et vertical, ainsi que la loi de variation d'amplitude de la bande att6nu6e, doivent ~tre 6tudi6s en (( valeur absolue )) bien qu'ils aient une certaine r6percussion sur la largeur du canal.

20 Sens de modulation. Cette norme est ind6pendante des autres normes

et dolt gtre discut6e cn fonction des qualit6s du r6cepteur.

3 ~ Position relative du son et de t'image. Cette norme est importante, mais lcs arguments

techniques en faveur de l'une ou l'autre solution

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