Download - Kweni News Magazine Octobre 2012
KWENI NEWS MAGAZINE OCTOBRE 2012
2 KWENI NEWS MAGAZINE OCTOBRE 2012
2
Massachusetts Institute of Technology
3 KWENI NEWS MAGAZINE OCTOBRE 2012
3
Meilleure Universite au monde (2012)
4 KWENI NEWS MAGAZINE OCTOBRE 2012
4
KWENI INTERNATIONAL
Afrique
Boue Dominique
01 BP 1437 San Pedro 01
Email: [email protected]
Tel: (225) 07674125
Amerique
Kweni Inc.
3423 Orange Grove Ct.
Ellicott City, MD, USA
Email: [email protected]
Tel: +1-443-2531995
Europe
Martin Tra Bi (Suede)
Email: [email protected]
Tel: +00 46 736910894
Asie
Tra Bi Zehe Gyslain,
Mabalacat, Panpaga, Philipine
Email: [email protected]
Tel: +63 9474890962
5 KWENI NEWS MAGAZINE OCTOBRE 2012
5
Le Developpement est une course de relais
T out progrès ne s’acquiert pas de façon spontané, il nait de la somme des actions
présentes. Pendant que toute l’Afrique essaie de renaitre comme le sphinx sous
les cendres de son triste passé, il est nécessaire que chaque Africain comprenne
son rôle unique dans cette renaissance. Les kweni ont comme tous les autres peuples afri-
cains le devoir de contribuer au développement du continent. Cela impose à chaque kweni
la responsabilité de se former pour devenir utile et à son groupe, à son pays et par exten-
sion à toute l’Afrique. Car jusqu'à preuve du contraire l’éducation est la voie unique qui
permet à tous les pays, partout dans le monde, de poser les bases de son développement.
L’éducation ce n’est pas avoir un diplôme, l’éducation c’est comprendre comment ce mon-
de fonctionne, c’est connaitre les lois de la nature, de la science, de la médecine, de l’histoi-
re, de l’économie et du commerce. On n’a pas forcement besoin d’aller à l’école pour
comprendre ces choses, mais quelque soit les moyens que chacun choisit, il faut que cela
aboutisse à la compréhension claire des facteurs qui influence son existence afin de ne pas
demeurer la victime perpétuelle, mais contribuer a faire avancer son groupe
Il y a bien de tragédies que nous éviterions si nous comprenions les bases de cer-
taines choses. L’éducation nous éviterait de nous confier aux marabout, aux prophètes,
aux vendeurs d’illusions et aux charlatans. Comprendre la cause des maladies éviteraient de
les contracter ou de gaspiller le peu de ressource qu’on a auprès des marabouts encore
plus ignorants sur ces maladies. Que dire de ceux qui utilisent les versets de la Bible com-
me des mots magiques? Connaitre la science nous permettra de développer des solutions
adaptées a nos problèmes, plutôt que de demeurer des consommateurs invétérés de tout
ce qui est importe de l’extérieur. La connaissance de l’histoire nous évite de répéter les
erreurs du passé. Et lorsqu’on a acquit l’éducation, il faut la conserver dans les livres et
l’enseigner à la génération suivante. C’est pourquoi le peuple kweni doit s’intéresser à la
protection de sa culture et de son histoire. La construction d’écoles qui encouragent l’ins-
truction serait le moteur de la connaissance et du progrès. Le développement n’est pas
magique, et ne s’obtient pas par charité. D’autres ne le feront pas à notre place. Tout déve-
loppement durable se fait lorsque les premiers bénéficiaires sont impliqués. Alors enga-
geons nous tous.
Dr John Tra
EDITORIAL
KWENI INTERNATIONAL
Le but de l’organisation KWENI est la promotion de l’unité et du développement socioculturelle et économique du peuple
Kweni/Gouro de la Cote D’Ivoire et de sa diaspora.
L’organisation maintient son siège à Bouaflé, en Cote D’Ivoire.
Pour toute information concernant l’organisation et les conditions d’adhésion, veuillez envoyer un email au secrétariat général,
à l’adresse de Mr Brede Grohe ([email protected])
Editorial 5
Education comme voie
de sortie du peuple
11
Education Sexuelle 15
Le quotidien des agri-
culteurs de Zraluo
19
Style et mode 24
Langue Kweni 28
L’éducation, un défi au
développement
31
Dans ce numero
6 KWENI NEWS MAGAZINE OCTOBRE 2012
6
Johns Hopkins Hospital, Meilleur Hopital aux Etats Unis
7 KWENI NEWS MAGAZINE OCTOBRE 2012
7
Johns Hopkins Hospital, Meilleur Hopital aux Etats Unis
8 KWENI NEWS MAGAZINE OCTOBRE 2012
8
9 KWENI NEWS MAGAZINE OCTOBRE 2012
9
Pourquoi se soigner aujourd'hui par les plantes?
La synthèse des molécules actives, la maîtrise de la chirurgie constituent pour la science un progrès en
matière de santé. Cependant, en dépit de ces immenses progrès, la santé est en crise. La pharmacologie mod-
erne ne peut nier les propriétés thérapeutiques des plantes alors que 50% de nos médicaments actuels sont
fabriqués à partir d'un modèle végétal. Cependant la reconstitution en laboratoire d'une molécule n'a jamais
les mêmes effets que la plante-modèle. Complexe vivant, la plante est inimitable car le traitement par les plan-
tes est définitif avec des effets indésirables négligeables.
Plantes ou mystère des merveilles!
De grands spécialistes en la matière mènent des études prouvant que certaines plantes, bien dosées et faciles
d'emploi, se montrent étonnamment efficaces dans la plupart des maux qui nous tracassent au quotidien :
stress, douleurs, fatigue, troubles respiratoires et digestifs....Les plantes nous débarrasse non seulement des
agents pathogènes mais également des complications secondaires qu’ils ont crée dans notre organisme parce
qu’une plante peut avoir une diversité d’activités thérapeutiques.
PHYTOPLURIEL: Centre de traitement des maladies
10 KWENI NEWS MAGAZINE OCTOBRE 2012
10
11 KWENI NEWS MAGAZINE OCTOBRE 2012
11
L' éducation dont la signification et la portée
se sont profusement élargies,est plus que ja-
mais essentielle pour un développement au-
thentique des hommes et des peuples. En ce
qui conserne le peuple KWENI qu'en -est -il
véritablement de l'instruction dans sa quête
d'émergence? En quoi elle peut se constituer
comme étant un gage de salut pour le peuple
Gouro?
L 'éducation est par excellence un moyen de
transmission des valeurs culturelles nationa-
les et universelles et doit permettre d'assimi-
ler les compétences scientifiques et techniques sans
porter atteinte aux capacités et aux valeurs des peu-
ples. Mais elle se revèle aussi comme l'action d'élé-
ver,d'inculquer,de former et de développer les fa-
cultés intellectuelles et morales d'un individu.
Les différents systèmes de pédagogie et de for-
mation mis en place en COTE D'IVOIRE afin qu'ils
deviennent des puissants léviers pour la production
du capital humain dont le pays a besoin depuis l'in-
troduction de l'école dans le pays, n'ont guère exclu
le peuple KWENI et ses enfants. A l'instar de tous
les ivoiriens ,ils ont bénéficié de la politique d'éduca-
tion et de formation mise en place par l'Etat. Nom-
breux sont donc les cadres KWENI qui ont occupé
des postes de responsabilités stratégiques à même
de susciter l'essor de notre région.
Mais hélàs, force est de constater qu'aujourd'hui la
léthargie dans laquelle est plongée tout le "monde
kweni" partant de SINFRA à VAVOUA en passant
par OUME,BOUAFLE,GONATE,BEDIALA pour
L'éducation comme voie de
sortie du peuple Kweni
Nene Fils
12 KWENI NEWS MAGAZINE OCTOBRE 2012
12
arriver à ZUENOULA est sans précédent . Est-ce un
aveu d'incapacité ou d'impuissance ? Nul ne saurait le
dire avec exactitude. Cependant,les perspectives et
les ressources humaines de ce vaste ensemble sont
réelles.
L'éducation comme voie de sortie du peuple
Kweni
L'éducation apparait comme le motif fondamental
pour le salut du peuple Kweni. Autant faire se peut,
il faut une nouvelle mentalité en notre sein,hommes
femmes enfants, tous doivent avoir à l'idée la recher-
che du bien-être et du développement de toutes les
régions kweni. Et pour réussir ce pari, ce brave peu-
ple Kweni doit dans un premier temps, tuer en lui
l'avarisme,l'individualisme et se mettre en adéquation
avec une nouvelle vision cohérente de développe-
ment. Ensuite, prôner l'union entre tous ses fils et
toutes ses filles et "dé-paralyser" les nombreuses mu-
tuelles de développement qui très souvent n'ont de
champs d'actions que les maquis de yopougon et les
veillées funèbres de la place ficgayo. Enfin, sensibili-
ser les populations en milieu rural sur le bien fondé
de l'éducation scolaire des enfants tout en in-
culquant à chacun et à son niveau, la nécessité de
se sentir fier d'être KWENI et à comprendre que le
développement de la terre natale doit être un idéal
commun à tous.
Il est aussi impérieux pour les cadres, de taire
leurs orgueils et leurs querelles politiques pour en-
semble investir dans l'éducation dans cette grande
région de la Marahoué par la création des écoles et
collèges,des centres de formations pratiques dans
les différentes villes qui la composent. L'octroi des
bourses d'études aux étudiants ainsi des kits scolai-
res aux enfants démunis de ces contrées ,serait évi-
demment un investissement capital dans cette quête
de mieux être de nos régions.
L'éducation comme voie de salut pour le peuple
13 KWENI NEWS MAGAZINE OCTOBRE 2012
13
KWENI peut se réaliser et devenir possible si de
façon concertée et intelligente toutes les actions sus
citées trouvaient des possibilités de réalisa-
tion.L'éducation peut être le socle qui permettra la
réalisation de la vision du peuple KWENI. Elle per-
mettra l'éclosion des citoyens capables d'impulser
les changements sociaux,culturels et politiques né-
cessaires au développement durable de la mara-
houé,des hommes et femmes hautement qualifiés
qui contribueront à cet élan de modernité tant at-
tendu.
De nos jours bien que des potentialités de déve-
loppement existent,le peuple KWENI fait face à de
sérieuses difficultés qui tendent à le maintenir dans
un état de déliquescence.Aussi est-il urgent que ja-
mais de resserrer l'union entre les filles et les fils
KWENI, de garantir et d'assurer une éducation adé-
quate et efficiente,source d'impulsion véritable de
progrès de la région. Plus que jamais il est temps
d'élever dans l'esprit de chaque KWENI le droit à
l'éducation et à la formation de la génération actuelle
et de des enfants ,qui somme toute , apparait comme
l'unique alternative d'un réel essor de tout le peuple
KWENI.
Batissons des Ecoles
"Au bord des mers, le long du fleuve,
dans la vallée et sur les monts,
bâtissons des écoles neuves
pour les petits que nous aimons."
Et pour bâtir maisons nouvelles
jamais les maçons plus gaiement,
ne sont montés sur leurs échelles
et n’ont pétri plus dur ciment.
Les anciens, se sentant revivre,
s’écriait- car beaucoup d’entre eux
n’avaient jamais lu dans un livre
"Nos enfants seront plus heureux !"
JEAN ARCARD, LE LIVRE DES PETITS
14 KWENI NEWS MAGAZINE OCTOBRE 2012
14
15 KWENI NEWS MAGAZINE OCTOBRE 2012
15
L'éducation Sexuelle
L'éducation d'un enfant ne se limite pas à sa scolarisation ni à lui inculquer
les valeurs morales et civiques, mais cela implique son éducations sexuelle. Un volet de l'éducation que
peu de parents s'évertuent à donner à leur progéniture parce que ne voyant pas l'importance de cela.
Alors chers parents Kweni, quand, comment et pourquoi anticiper à ce niveau de l'éducation?
D e nos jours, les enfants ont accès à des informations qui ne sont pas ni bénéfiques ni instructives pour leur âge. Mais très souvent
au nom du droit de procurer à leur progéniture, la joie et le bonheur , certains parent les laissent en contact avec des sources
d'informations comme internet et des émissions de télévision.
Evelyne Holga TRA-LOU
des Enfants,
Parents, Brisez le Tabou
16 KWENI NEWS MAGAZINE OCTOBRE 2012
16
Mais il est demontré que ces sources ''d'infos'' ne sont
pas sans effets dommageables sur ces enfants. Pour les
mettre ainsi à l’abri de ces choses indésrables telles que
grossesses précoces , le VIH, les IST (infections sexuel-
lement transmissibles),les avortements, etc. Il apparait
impérieux d'engager le dialogue avec eux. En commen-
cant par leur parler de sexualité surtout quand on
constate que ces 'bébés" d'hier ne le sont plus malgré
leurs jeunes âges et qu'ils ressemblent à des adultes.
Et le constat est qu'en plus d'être précoce très tôt (le
pléonasme marque ici la gravité du problème), les en-
fants de nos jours paraissent plus âgés; et cet état de fait
les pousse à faire ce que font les adultes.
Le dialogue qui doit s'egager entre les enfants et leurs
parents, n'est pas uniquement de leur montrer le côté
néfaste de la chose mais des deux faces de la médaille,
c'est-à -dire leur parler aussi du plaisir que l'on peut en
tirer . Sans toutefois oublier de leur indiquer le sexe se
pratique à un certain âge et qu'il est important pour eux
de savoir attendre au moment qu'il faut pour le pratquer.
Tout en leur signifiant que la transformation qu'ils consta-
tent où constateront au niveau de leur corps est naturelle,
nécessaire et obligatoire, et que cela leur procurera beau-
coup bonheur où son contraire s'ils savent se servir au
temps convenable cette transformation de leur corps.
Oui c'est important que les parents fassent le premier pas.
Tout en leur montrant qu'avant d'être leurs parents ils
sont avant tout leurs amis. Et Pour mieux les protéger , les
parents nous doivent le faire, sinon ils iront chercher les
réponses aileurs et cela n'est pas fait pour les mettre à
l'abri de tous dangers qui pullulent sous toutes les formes
même es plus anodines.
N'ayons pas de honte et ne les parents ne devraient pas
être gêné dans ce domaine aussi, car les enfants ont vrai-
ment besoin de cette éducation sexuele
pour s'épanouir.
17 KWENI NEWS MAGAZINE OCTOBRE 2012
17
18 KWENI NEWS MAGAZINE OCTOBRE 2012
18
19 KWENI NEWS MAGAZINE OCTOBRE 2012
19
Tra et ses cinq enfants vivent dans le vil-
lage de Zraluo, à 9 kilomètres de la ville de
Gohitafla, dans le centre-ouest de la Côte
d’Ivoire. Il est veuf depuis peu et vient de
s’installer dans son village natal sur la
terre de ses ancêtres. Après avoir décidé
d’abandonner l’activité de la pêche qu’il
pratiquait dans la localité de Kossou,
E n cette matinée du mois de février, où
le soleil se lève plus tôt que d’habi-
tude, Tra saute de son lit pour pré-
parer le petit déjeuner familial. Le menu est
composé de bouillie d’igname. C’est que sa
famille apprécie bien le porridge au petit
déjeuner, car il remplit l’estomac et permet
ainsi de tenir toute la journée. Il arrive sou-
vent qu’ils accompagnent ce menu de mets
tels que le riz cuit à la vapeur « Saaha man »,
le Placaly tchein
(semoule de manioc de la veille) ou du man-
ioc. Le pain étant devenu très couteux, Tra
avec ses maigres moyens ne peut pas se per-
mettre de l’acheter pour le petit déjeuner. C’est
même un luxe pour la plupart des villageois.
Tra fait principalement pousser de l’anacarde
sur sa grande parcelle, qui est appelée par les
populations de la région le « cacao » de la sa-
vane. Il a souvenance que lorsqu’il était encore
jeune, les populations cultivaient davantage le
café et le coton.
Mais aujourd’hui ces cultures sont abandon-
nées par les planteurs, car n’étant plus rentable
et demandent des efforts supplémentaires. La
nature ayant horreur du vide, un autre produit
a pris la place : l’anacarde. Principale source
de revenus des populations vivant dans ces
zones, la traite de noix de cajou met tout le
monde en effervescence. Les cultivateurs de
Le quotidien
des Agriculteurs
De Zraluo
S/P Gohitafla Marcel Tra
20 KWENI NEWS MAGAZINE OCTOBRE 2012
20
Zraluo intègrent alors un circuit économique
du type occidental. Ils vendent leurs pro-
duits, et en tirent des bénéfices qu’ils utilis-
ent à l’achat de produits manufacturés im-
portés des pays occidentaux
Cultures Traditionnelles en déclin Les travaux des champs représentaient une
grande part de l'activité des paysans de
Zraluo. Seuls les trois mois de la saison
sèche apportent un peu de repos. La durée du
temps de travail est comprise entre le lever
du soleil et son coucher. Les femmes ne sont
pas en marge de toutes ces activités qui ryth-
ment la vie au village. La recherche de l’eau
est leur principale activité. La plupart d’en-
tre elles descendent tous les matins et soirs
dans les quelques rares points d’eau du vil-
lage, qui sont aujourd’hui dans la limite de
leur exploitation. Les 3000 âmes qui peu-
plent ce village, sont donc obligées de par-
courir des dizaines de kilomètres pour avoir
un point d’eau et lequel. Ces points d’eau
tarissement au jour le jour au grand dam des
villageois. Et c’est la croix et la bannière
pour eux de se procurer le précieux liquide
vital. D’autres préfèrent s’orienter vers des
marigots où l’eau est abordable. Mais là en-
core il ya des risques de contamination car
les animaux y viennent régulièrement se
désaltérer.
La culture vivrière dominante est l’ig-
name
La culture de l’igname s’effectue en fonction
de l’arrivée des saisons. L’igname est semée
dans des buttes rondes de terre en ligne effec-
tuées avec la daba.
Les premières pluies interviennent générale-
ment aux environs du 15 mars. Le travail de
terre commence début fin décembre pour les
parcelles qui n’ont pas été cultivées les années
précédentes. Il s’effectue à la main avec la ma-
chette.
Ce travail est effectué par les hommes. Vient
ensuite le semis qui a lieu entre avril et juillet.
L’organisation du semis est ainsi, l’homme fait
les buttes, la femme met le morceau de tuber-
cules sur les buttes et ce sont les enfants qui
les mettent dans le trou et les rebouchent. Le
21 KWENI NEWS MAGAZINE OCTOBRE 2012
21
semis s’effectue le plus rapidement possible
afin de profiter au maximum des pluies.
Le premier binage des parcelles se passe 10-
12 jours après le semis, effectué par les
hommes avec la daba. Lors de ce binage, les
agriculteurs sèment des haricots, piments,
aubergine, gombo, tomates entre les rangs
des buttes d’ignames. Un deuxième binage se
fait un mois après le premier.
La récolte de l’igname arrive au mois de dé-
cembre. Les agriculteurs déterrent les ig-
names qui seront transportés à pied ou vélo.
Si le transport est effectué à pied, toute la
famille y contribuera, s'il est effectué à vélo,
les hommes seuls le font. Il faut savoir qu'un
quart des familles n’a pas de vélo, selon les
i n f o r m a t e u r s
La récolte sera stockée dans des greniers
pour protéger la récolte de l’humidité et des
rongeurs. L’igname pourra alors se garder
plusieurs mois. Durant les récoltes, les agri-
culteurs sélectionnent les plus petits tubercu-
les pour constituer les semences de la saison
prochaine.
Le Klala ou l’entraide mutuelle des culti-
vateurs
Lorsque « Tra plonin », comme l’appellent les
siens, est revenu à Zraluo, il a découvert l’ex-
istence d’un groupe d’entraide dans les
travaux champêtres au sein du village appelé
« klala ». Le «klala » est une sorte de petite
coopérative qui consiste pour des paysans de
s’entraider dans les travaux champêtres.
«Aujourd’hui nous irons nettoyer dans le reste
de la parcelle de plantation d’anacarde sis à
‘’Bloletchai’’, localité située à 6km d’ici. Le
feu de brousse est venu de manière ininter-
rompue pendant 8 jours le mois dernier tout
est balayé. » Confie Tah, petit paysan du vil-
lage de Duisseifla, l’un des trois villages de la
localité de Zraluo.
« Auparavant, je cultivais deux hectares d’ig-
name, mais depuis 5 ans nous avons de très
faibles précipitations » - affirme un autre pay-
san du village.
22 KWENI NEWS MAGAZINE OCTOBRE 2012
22
Quant à Zamblé, un planteur de Zraluo il dé-
clare « J’ai perdu ma récolte de noix de cajou
cette année en raison des funérailles de mon
père» -.
Au prix de leur sang et de moult sacrifices, ils
affrontent les difficultés des travaux cham-
pêtres : pluie, soleil, poussière, morsures de
serpents, piqûres d'insectes, La daba et la ma-
chette sont leurs instruments principaux de
Travail à Zraluo.
La terre est difficile à manier. Elle demande à
celui qui le travaille énormément d’efforts et
de courage.
La chanson permet aux Travailleurs de con-
centrer leurs corps, leurs membres et de de-
meurer vigilants du matin au soir. Elle est sup-
posée augmenter la force et le courage des
Travailleurs.
Par son travail, un kweni de Zraluo crée une
valeur sociale reconnue par les membres de
son groupe. Il y gagne un prestige du fait que
son activité s’inscrit dans l’ordre établi.
En principe à Zraluo, on partage la récolte en
trois, une part pour les semences, une part
pour la consommation familiale et la dernière
pour la vente. Trois parts sont entreposées
dans les greniers pour être protégés contre
des rongeurs.
Cette année, la traite était mauvaise, étant
donné la chute de la demande et la dégringo-
lade des prix d’anacarde, il est apparu que les
paysans vivaient au jour le jour, sans prévoir
leurs besoins, cherchant avant tout à vendre
en liquidité pour se procurer des revenus
monétaires quitte à s’endetter.
On emprunt en argent remboursable en noix
de cajou à la récolte suivante avec un très
fort taux d’intérêt.
Il existe un marché hebdomadaire le « Gohi-
mlè » où les paysans peuvent regrouper leur
production pour la vendre. Ce type de
marché permet aux producteurs de vendre,
mais aussi de trouver sur place des biens de
consommation sans faire de long déplace-
ment à Gohitafla.
Les Kweni de Zraluo cultivent différentes
plantes en plein champ. On trouve des par-
celles d’igname, de manioc, ainsi que des par-
celles d’arachide et les pistaches. L’arachide
et les pistaches permettront d’obtenir
des pates par écrasement pour la cui-
sine.
23 KWENI NEWS MAGAZINE OCTOBRE 2012
23
Suivez nous sur Twitter @leskweni
Rejoignez Kweni sur Facebook
Ajoutez leskweni a votre
EXPRESSIONSEXPRESSIONSEXPRESSIONS
KWENIKWENIKWENI
24 KWENI NEWS MAGAZINE OCTOBRE 2012
24
STYLE ET MODE
Sonia Tra, top model
25 KWENI NEWS MAGAZINE OCTOBRE 2012
25
STYLE ET MODE
Sonia Tra, top model
26 KWENI NEWS MAGAZINE OCTOBRE 2012
26
STYLE ET MODE
Sonia Tra, top model
27 KWENI NEWS MAGAZINE OCTOBRE 2012
27
STYLE ET MODE
Sonia Tra, top model
28 KWENI NEWS MAGAZINE OCTOBRE 2012
28
LA LANGUE KWENI
29 KWENI NEWS MAGAZINE OCTOBRE 2012
29
30 KWENI NEWS MAGAZINE OCTOBRE 2012
30
31 KWENI NEWS MAGAZINE OCTOBRE 2012
31
L’Afrique traditionnelle ne perd dans le modernisme,
et les jeunes deviennent par conséquence la source de
connaissance pour les vieux. Tchekroba découvre cet-
te Afrique qu’il ne reconnait plus.
T chekroba marchait lentement vers Sekougare. Il était
pris dans ses questions, aussi ne vit il pas venir derrière
lui celui qui allait changer sa vie. Le jeune Didikan lui
aussi avait emprunté le chemin des prostituées. Le vieil hom-
me sursauta lorsque Didikan le passa. Le jeune homme le
salua avec un petit sourire.
- Bonjour vieux!.
- Eh Didikan, comment ca va? D’ou on vient comme ça, mon
petit?
- Je suis allé voir un ami qui habite à Dioulabougou
- Vous les enfants de maintenant, vous aimez beaucoup vous
promener!
- Vieux, y’a la lune, comment on va faire? Il faut en profiter.
Mais dis vieux, es tu au courant de ce qui s’est passé à la mai-
rie ce matin?
- Non, mon fils, qu’est ce qui s’est passé?
- Vieux, c’est le maire qui a giflé le chef du quartier Bromaco-
té”
- Eh mon Dieu! Pourquoi gifler un vieux papa comme celui ci?
Comment peut il gifler quelqu’un qui peut être même son grand
papa?
- Vieux, je te dis que ces gens là lorsqu’ils savent lire et écrire, ils
croient qu’ils sont sortis des cuisses de Jupiter. Pourtant la poli-
tesse est la vertu des grands. C’est ce que vous nous avez tou-
jours appris, non? Il faut quand même respecter l’âge non? Etre
maire ne lui donne pas l’autorité de gifler à sa guise qui il
veut. Didikan s’enflammait.
- Didikan, tu as raison, ces messieurs là vont nous tuer dans ce
pays. Le pays leur appartient, tu sais, mon petit.
- Non vieux, ce pays là appartient à tout le monde. Il n’appar-
tient pas à une seule personne, quelque soit sa richesse. Il faut
que vous commenciez à l’accepter.
- Comment pourrons nous lutter contre ces gens? C’est un fils
de la région, On connait sa famille. Depuis que les blancs sont
partis, c’est cette famille qui commande ici. On ne peut rien
contre elle.
- Vieux, êtes vous vraiment convaincu qu’on ne peut rien faire
contre ce maire? C’est vous qui avez pourtant voté pour lui,
c’est donc grâce à vous qu’il est maire, si vous ne votez plus
pour lui, il ne sera plus maire. Moi je pense que c’est assez sim-
ple.
L’education, Un Defi au
Developpement de L’Afrique
Recit tiré des “aventures de Tchekroba” de John Tra
32 KWENI NEWS MAGAZINE OCTOBRE 2012
32
Les Leaders de ce monde se forment a
L’universite de Harvard
33 KWENI NEWS MAGAZINE OCTOBRE 2012
33
Parlant de mentalité d’assujettis, cette partie de Kotadala
en produisait en quantité industrielle. Tout déséquilibré qui se
voyait offert un poste de responsabilité arrivait à se convain-
cre qu’il était devenu un envoyé de Dieu sur terre, aussi
il prenait un malin plaisir à assujettir ses parents et son pro-
pre peuple. Comme si le succès des uns devait se faire sur la
misère des autres. C’étaient les mêmes qui faisaient de grands
discours sur l’égalité des hommes, mais qui étaient les pre-
miers à en piétiner les principes élémentaires lorsqu’ils rece-
vaient une quelconque autorité. La servitude a ceci de perni-
cieux, c’est que lorsque l’assujetti devient maitre, il oublie ses
cris, ses supplications et ses désirs, et commence à répéter les
mêmes modicités qu’il a subit. C’est ce syndrome de l’assujet-
ti qui hantait les élus de Betadougou. Ils semblaient être d’une
insensibilité flagrante face à la misère du peuple qu’ils étaient
appelés à servir, ce qui faisait dire aux habitants qu’ils devaient
être des agents travaillant aux comptes des colons. En réalité,
le problème était bien plus profond que cela. Il existait plutôt
une crise d’identité chez ces élus qui, ne s’aimant pas eux mê-
mes, méprisaient tous ceux qui leur ressemblaient.
La lutte pour le respect des droit des hommes avait ses belles
heures devant elle à Betadougou.
- Mon fils c’est pas si facile que ça de remplacer ces gens là. Ils
ont beaucoup d’argent.
- Vieux, il faut savoir ce qu’on veut. Si vous acceptez l’argent
de ces messieurs, alors vous avez vendu votre liberté. Si vous
acceptez d’être achetés pourquoi vous plaindre après? Si ces
messieurs se comportent comme ils le font, c’est parce que
vous êtes complices avec eux. Si vous dites non à l’argent
qu’ils vous proposent, ils n’auront pas cette autorité sur vous.
Ils font de vous leurs esclaves à partir du moment où vous
acceptez de vendre vos âmes.
Didikan était entrain de s’exciter. Il était très passionné
des débats intellectuels, aussi il ne ratait aucune occasion d’of-
frir gratuitement ses conseils à qui voulait l’écouter. Le vieux
Tchekroba écoutait intéressé. Il se souvenait du maire et du
secrétaire général à qui il avait coupé l’oreille pour avoir cou-
ché avec sa femme Mariama. Cette fois-ci il ne voulait plus
être la victime de quelques élus que ce fut. Mais il se sentait
impuissant dans ce nouveau contexte établi sous le soleil des
indépendances.
Les deux hommes marchaient silencieux vers leur desti-
nation quand ils furent attirés par un attroupement d’hommes
en face du café de monsieur Sékou. On entendait de vives
discussions s’élever au centre du groupe. Didikan se fraya un
chemin pour voir de quoi il s’agissait. Il reconnu son ami An-
drégamuth qui engageait un débat sur la situation de l’Afrique
dans le monde, les responsabilités des uns et des au-
tres. Tout comme Didikan, Andrégamuth était lui aussi très
passionné des débats d’idées. Aussi lorsqu’il vit son ami, il
s’écria “Voila Didikan lui-même, il pourra vous confirmer tout
ce que j’ai dit. N’est pas Didikan?”
“N’est ce pas quoi? De quoi est ce que vous parlez?” Répliqua
Didikan.
- J’essaie de faire comprendre à ces gens là que l’Afrique n’est
pas maudite, qu’elle a connu un passé dont nous devons être
fiers. Je leur ai parlé des richesses du Royaume du Mali, des
connaissances astrologiques des Dogons du Mali, De la gloire
de Tombouctou et de l’Université de Sankoré établie par Askia
Mohamed depuis le quinzième siècle. Je leur ai aussi parlé des
amazones, ces braves guerrières du Dahomey. J’étais entrain de
parler de l’Egypte des pharaons lorsque tu es arrivé,
- S’ils savent toutes ces choses, pourquoi continuent ils de parler
de malédiction du peuple Africain? demanda Didikan.
Didikan ne se fit pas prier pour se jeter dans le débat.
- Parlez vous de malédiction à cause de l’histoire du fils de Noé
qui a vu la nudité de son père? Si c’est cela qui vous fait dire que
la race noire a été maudite, sachez que tel ne doit pas être l’in-
terprétation de ce passage biblique. La science de par les études
anthropologiques et génétiques a établi que le premier homme
était Africain de race noire, alors être noir ne doit pas être l’ex-
pression d’une malédiction. Il faut arrêter ce petit com-
plexe du persécuté. Sur la base de quoi donc parlez vous de
malédiction? Il n’y pas de malédiction, il y a plutôt un groupe
d’individu qui refuse de prendre sa destinée en main.
Lorsque Didikan commençait ses arguments sur cette envo-
lée, c’est qu’il devait être très inspiré cette nuit là. Andréga-
muth s’écarta pour laisser la place à son ami au centre de la
foule. Le vieux Tchekroba avait lui aussi décidé de suivre le
débat.
Andrégamuth lança quelques mots à son ami qui en dit long
sur la suite de la discussion.
Didikan poursuivit son discours.
- Chers amis, il est nécessaire que nous sachions d’où nous ve-
nons, où nous sommes arrivés, et où nous allons. Il est absolu-
ment essentiel avant toute orientation vers le future de savoir
notre passé. Je vais me faire le plaisir de vous faire une brève
histoire de ce passé. Ensuite j’essaierai de résumer les enjeux
politiques du moment, notre place dans ce monde, et vers quel
future nous devons nous orienter. Un peu de notion de Biologie
permet de dire avec certitude que notre race a donné naissance
à toutes les autres races, que ce soit la race blanche, jaune, ou
rouge, nous les avons tous engendrés, ainsi, je conclue que que
nous sommes tous connectés. Et puis, d’ailleurs sous la peau, il
n’y a pas de différence entre les races. La question de race est
donc nulle et non-avenue. Si nous trouvons nos origines, nous
trouvons aussi celles des autres peuples. Depuis les rives du
Nile, nos ancêtres ont élevé les pyramides. Ils ont crée des
royaumes, il ont inventé la science et bien d’autres choses dont
vous aurez connaissances si vous prenez le temps de lire. Et
comme Andrégamuth vous l’a si bien rappelé, notre passé doit
nous pousser à atteindre les sommets. Où sommes nous dans le
présent? Des centaines d’années d’esclavages et de colonisation
nous ont retardés un petit peu plus. Je suis...”
- Comment peux tu dire que la colonisation nous a retardé un
peu seulement? Sais tu que nos richesses ont aidé à construire
l’Europe? Lança Tango dans la foule. Tango s’irritait toutes les
fois qu’il lui semblait que quelqu’un cherchait à absoudre l’Euro-
pe de ses responsabilités dans le retard de l’Afrique.
Didikan rectifia.
34 KWENI NEWS MAGAZINE OCTOBRE 2012
34
- Excusez moi s’il vous semble que j’ai minimisé les impactes
de la colonisation sur notre retard. J’essaies ici de vous rappe-
ler que dans l’échelle du temps, quatre cents ans ne sont pas
si déterminants que ça pour prédire le future d’un peuple. Il
faudra que nous acceptions notre passé, que nous en tirions
des leçons pour pouvoir avancer. Certes, l’Europe a profité et
continue de profiter des ressources du continent mais ici l’im-
portant est de chercher les voies et moyens pour arrêter l’ex-
ploitation. Cela m’emmène donc à notre situation dans le
siècle présent. Quelle image véhiculons nous? Pour les autres
nous sommes de ceux qui entretiennent les coups d’états, les
crises, et les calamités. La question que nous devons nous
poser devra être, pourquoi cela? Pour pouvoir en trouver la
réponse, il faut être assez francs pour reconnaitre que nous
sommes les premiers responsables de notre condition? Nous
préférons nous entretuer plutôt que de lutter ensembles pour
construire nos villes et villages. Regardez derrière vous là-
bas, Voyez vous l’école primaire? Regardez la case qui est
annexe au bâtiment de droite.
Les yeux se tournèrent vers l’école primaire publique Ci-
néma-cado. C’était une école qui avait été construite avant
l’indépendance de Kotadala, et depuis aucun bâtiment n’avait
été ajouté comme si le projet d’éducation s’était arrêté avec
les indépendances.
- Cette case là sert de classe aux gamins des cours élémentai-
res. Ces enfants s’asseyent sur des briques pour apprendre à
lire et à écrire. Comment espérer vous que ces gamins qui
sont assis sur des briques, qui ne possèdent ni ardoises ni
craies, mais à qui on exige des uniformes, puissent compétir
avec les autres enfants du monde? Vous me direz qu’il n’y a
pas d’argent pour construire les classes. On n’a pas besoin
d’argent pour tout accomplir dans la vie. La bonne volonté est
ce dont on a besoin ici dans notre quartier. Si chaque parent
mettait à la disposition de l’école ne serait ce que deux bri-
ques, on aurait construit une salle de classe pour ces ga-
mins. Qu’avons nous besoin pour faire des briques? Du sa-
ble. Et Dieu merci, ce sable n’est pas encore à vendre. Ceci
n’est qu’un exemple pour vous présenter la raison de notre
retard sur les autres. Au village lorsqu’il y a un travail à faire,
tous les villageois se réunissent pour le faire, pourquoi est ce
que cela semble si difficile en ville ?
Didikan regardait la foule comme s’il voulait une réponse. Nul
ne répondit à sa question. Tous l’écoutaient.
- Tout ce que nous voulons, il nous faut le faire nous mêmes. Ici
à Betadougou, nous avons besoin d’entretenir nos routes. La
mairie ne le fait pas, alors si nous ne voulons pas entretenir les
moustiques et les serpents, il nous faudra chercher nos machet-
tes pour couper les herbes. Voilà comment nous pourrons par-
ticiper à notre propre développement. Une ville propre atti-
re les touristes, et les touristes apportent de l’argent, et avec
l’argent nous pourrons construire des bibliothèques et même
créer des entreprises. Comme vous le voyez, si nous faisons des
efforts pour prendre soins de nos petits problèmes, nous trou-
verons les moyens pour résoudre les plus grands. Chaque jour
qui passe hypothèque notre avenir si nous restons les mains
croisées à accuser les autres de nos malheurs. Où voulons nous
être dans le future? Pourquoi ne chercherons nous pas à faire
de Betadougou la plus belle ville de Kotadala par exemple? N’est
ce pas là un pari qui vaut la peine d’être gagné? Vous savez qu’u-
ne belle ville attire le monde, et le monde attirent les entrepri-
ses. Les entreprises créent les emplois, et les emplois dimi-
nuent le chômage; Le chômage est la mère de tous les crimes. Si
nous voulons des emplois, ils nous faut commencer à faire notre
part en prenant soin de Betadougou.
Didikan aimait parler, et lorsqu’il commençait il devenait
presqu’impossible de lui retirer la parole. Andrégamuth l’avait
surnommé “res cogitans”.
Andrégamuth enchaina :
- Vous parliez de complots des autres pour nous maintenir dans
la dépendance. Mais dites nous, sont ce ces pays qui excluent
chaque année des milliers de nos frères et sœurs des écoles et
universités? Au nom d’une certaine excellence dont nous n’a-
vons pas encore vu les résultats, on invente des épreuves qui
recalent nos enfants alors que l’éducation sous d’autres cieux est
encouragée et entretenue. L’éducation doit être aussi importan-
te que l’air et l’alimentation dans la vie d’un homme. Ailleurs on
exige à chaque enfant d’aller à l’école et d’y rester le temps d’a-
voir appris les notions de bases pour pouvoir s’intégrer dans le
tissus social. Ici les parents luttent pour inscrire leurs en-
fants dans les établissements scolaires, et ils en sont exclus le
plus tôt possible. A qui est ce la faute? Lire et écrire doi-
vent être le droit de chaque habitant de Kotadala. Ici à Betadou-
gou, nous devons exiger une meilleure éducation à nos frères
et sœurs. S’il faut organiser des cours du soir, nous devons le
faire. Il nous faut lutter contre l’analphabétisme avec autant d’é-
nergies que nous luttons contre les maladies. Nous ne devons
pas laisser aux autres le loisir de nous éliminer de
la course pour notre rédemption. Nous avons une
mission, celle de prendre en mains notre forma-
tion intellectuelle. Nous devons le faire et exiger
qu’on nous garantisse ces droits fondamentaux.
Andrégamuth Avait développé son éloquence
lors des campagnes d’évangélisation. A chaque fois
qu’il parlait il donnait l’impression de prêcher. Di-
dikan aimait beaucoup écouter son ami par-
ler. Andrégamuth était très opposé au système
éducatif hyper sélectif de Kotadala . Un système
institué avant la colonisation, et qui avait toujours
gardé son esprit ségrégationniste. Andrégamuth
Georges, un Kweni à Bouaflé
35 KWENI NEWS MAGAZINE OCTOBRE 2012
35
avait été exclu de l’école au niveau du cycle secondaire pour
arrogance et mauvaise conduite envers ses professeurs. Il
s’était instruit lui-même grâce à une lecture assidue de tous
les livres qui passaient sous sa main. A force d’étudier les œu-
vres de Descartes, Molière et Jean -Jacques Rousseau, il s’était
établi une culture qui imposait le respect à tous ceux qui l’é-
coutaient.
Lorsque les deux amis finirent d’exposer à la foule leurs
théories sur le développement, ils rejoignirent le vieux Tche-
kroba. Tchekroba était resté pendant toute la durée de la dis-
cussion. Il avait une question qu’il voulait poser à Didikan.
Lorsque le jeune homme vint le rejoindre, il lui demanda :
- Mon petit, est ce que tu crois que je peux apprendre à lire et
à écrire
- Bien sûr que oui, Vieux. Si tu veux vraiment apprendre à lire,
Andrégamuth et moi pourrons t’apprendre à lire et même à
écrire aussi.
Tchekroba voulait lire. Il voulait connaitre tout ce que ces
jeunes gens savaient. Il avait compris que sans éducation, cette
vie à Betadougou lui échapperait. Il se savait vieux, mais pas
encore vaincu. Si lire et écrire pouvait lui permettre de vain-
cre “cetran”, il s’engageait à le faire. Le regard du vieil hom-
me s’éclaira. Il commençait déjà à faire de grands projets.
Tchekroba s’était trouvé un but dans la vie. Lorsqu’il aurait
appris à lire, il pourrait ainsi lire lui-même ses lettres. Il vou-
lait pouvoir ainsi jouer sa partition dans ce monde qui deve-
nait de plus en plus complexe. Tchekroba était décidé à tenir
son pari. A Betadougou lorsqu’un vieil homme était décidé,
c’étaient les roues du changement qui se mettaient en mar-
che.
Tchekroba, Andrégamuth et Didikan continuèrent leur
chemin vers Bekounbedjait
- Les jours qui suivront nous diront si nous sommes vraiment
prêts pour la competition mondiale, conclut Didikan .
Le centre des grandes endémies de Bouaflé
36 KWENI NEWS MAGAZINE OCTOBRE 2012
36
IMAGES D’AFRIQUE
KWENI NEWS Magazine