Historique de l’Abbaye de Beaugency

Pendant plus de 700 ans, l’église de notre ville fût celle des chanoines réguliers vivants dans l’Abbaye. Leurs bâtiments conventuels étaient situés sur le flanc sud de l’église et s’étendaient jusqu’aux rives de la Loire. Avant le Xème siècle, de paisibles « Chanoines » dans la dépendance des Sires de Beaugency,.assuraient l’office divin dans une église plus petite située dans l’enceinte du château ; peut-être à l’emplacement actuel du chœur de l’Abbatiale. Ils étaient prêtres, vivaient de leur « prébende », étaient tenus de célébrer l’office ensembles, mais n’avaient pas la vie commune. Ils ne faisaient pas de vœux.

En 1104 – 1105, les Chanoines de Beaugency décidèrent de vivre en communauté et se lièrent sous la règle de Saint-Augustin. En 1108, ils firent entreprendre de grands travaux. L’Abbaye Notre Dame de Beaugency était née. Elle avait son premier Abbé, Rainardus, celui qui reçu donation du seigneur de Beaugency. Pour mémoire, en 1137, fût célébré le mariage Princier du fils du Roi de France avec la belle Aliénor d’Aquitaine. Deux ans plus tard, l’Abbaye est officiellement reconnue par le Pape. En 1567, où il est dit que la pire des barbaries est la lutte entre les citoyens désunis, l’église est incendiée. Tout ce qui était combustible fût détruit. En l’absence de l’Abbaye, les Chanoines dispersés par les luttes religieuses allaient errants. Deux ans plus tard, une dizaine d’entre eux se retrouvaient à Beaugency, obtenant la permission de loger dans le corps du logis du château. En 1586, la Reine Mère Catherine de Médicis, propriétaire du château les délogeât. Pendant plus de 30 ans, ils se contentèrent de la pytrie, devenue presbytère depuis 1789. En l’année 1646, c’est à dire 79 ans après l’incendie, la construction reprit. Les travaux furent achevés en 1665. En 1789, après le départ des génovéfains, la vie religieuse s’éteint. Depuis 1791, l’Abbaye devient l’église paroissiale de la commune. De toutes ces richesses dont fût comblé cette Abbaye, il ne nous reste plus que les bâtiments conventuels devenus en une partie « hôtel de l’Abbaye » depuis 1930 et en l’autre une école technique. Fort heureusement l’Abbatiale aussi nous a été conservée. N’est-ce pas là le plus beau trésor que puissent nous léguer ces Chanoines Réguliers, qui durant des siècles avaient œuvré pour nous la laisser si belle dans son harmonieuse Majesté ?

O Beaugency, cité de pierre, Portail antique des châteaux !

La Loire au pied de tes coteaux Courbe son front de dame altière.

Sous des rivages trop sévères

Ses flots s’écoulaient d’Orléans Mais Beaugency se tient céans

Qui te sourit, tu la révèles.

Tu couleras jusqu’à l’aurore A Blois, les châteaux tu verras Mais plus jamais tu n’oublieras

Beaugency te sourit encore ! Beaugency, cité médiévale du Val de Loire réputée comme centre touristique, est une ville où il faut pour la comprendre, s'arrêter, se promener, séjourner.

Historique de Beaugency Posté sur la Loire, entre Orléans et Blois, unissant grâce à son pont séculaire, les quatre terroirs essentiels de l'orléanais : Beauce, Coteau Vignoble, Val et Sologne. Beaugency offre les caractères d'une région qui fût le pôle d'attraction de l'unité française. C'est une ville riche d'histoire. Depuis un demi-siècle, des méthodes et des techniques plus rigoureuses dans les recherches, nous ont apporté des lumières sur un passé refoulé. Sur le territoire de notre ville et des environs, en particulier sur le plateau des Hauts de Lutz dominant la Loire, au sud-ouest de la ville, nos connaissances actuelles nous révèlent des peuplements remontant à quelque 50 000 ans avant notre ère.

En effet, on y a découvert les témoins de civilisations qui s'y sont succédé depuis le Moustérien (homme de Néandertal), jusqu'au Gallo-Romain, c'est à dire jusqu'à la fin du Verne siècle. L'une de ces civilisations, au Mésolithique (7000 ans avant J.C); présente des caractères originaux, armatures de flèches et nombreux micro burins, qui lui ont valu le nom de "Beaugencien".

Parmi les pièces recueillies sur les Hauts de lutz, certaines concernent la Cène finale (1er siècle avant J.C), poteries, monnaies. Egalement, une collecte de monnaies, céramiques, de tuiles à rebord, pour la période gallo-romaine ; boucles mérovingiennes, d'épingles pour le Moyen-Age, continue d'attester, en ces lieux, l'occupation humaine. Le nom même de Beaugency, scientifiquement étudié : Balgentiacus, Beaugenci, Beaugency, correspond à l'existence d'un domaine rural à l'époque gallo-romaine. On peut penser que c'est au Haut Moyen-Age que c'est constitué, près du Ru le "Castrum", noyau autour duquel s'est développé, s'étendant progressivement trois fois, d'enceinte en enceinte, le Beaugency ancien que nous pouvons retrouver aujourd'hui. Le nom de Beaugency n'apparaît dans les textes qu'à partir du Xlème siècle. Ce sont des monnaies qui nous fournissent les plus anciens documents épigraphiques. Ces monnaies nous prouvent que notre ville était "une bourgade fortifiée", et contenait une citadelle, un château.

C'est dans ce cadre de temps et d'espace que naît la Seigneurie des sires de Beaugency. A partir du XlVème siècle, Beaugency, réuni au domaine Royal, voit sa vie intérieure plus intimement liée à celle du Royaume.

Quelques événements : 17 juin 1429 - Sous la pression des troupes royales animées par Jeanne d'Arc, les Anglais, retranchés dans les fortifications du pont et du château, abandonnent Beaugency, leur dernière position forte sur la Loire. 1567 - Beaugency est disputé entre les deux partis des Guerres de Religion. Incendie de l'Abbaye. Massacre de Protestants en 1572. La ville se révélera grâce à la protection d'Henri IV. 1629 - Renaissance Catholique. Fondation de la Communauté des Ursulines. 1642 - Arrivée des Chanoines réguliers de Sainte-Geneviève qui restaurent l'Abbaye. 1846 - Mise en service de la ligne de chemin de fer Orléans-Tours. Conséquences importantes sur la vie économique et sociale de Beaugency et de sa région. Affaiblissement progressif de la viticulture et de la navigation sur la Loire. 1940-1944 - Juin 1940, bombardement sur l'église Notre Dame. Puis occupation allemande continue. Juin 1944, Sévère bombardement allié, un tiers de la ville sinistré, pont de la Loire et du Chemin de fer intercepté et bombardé. 15 août 1944 - Arrivée d'une avant-garde américaine. Beaugency définitivement libéré le 1er septembre. 1952 - Fête de la Renaissance de Beaugency qui symbolise l'effort de la ville pour réparer ses ruines.

La Tour de Beaugency

Cette tour dite « Tour de César » est un donjon témoin du Xième siècle. L’incendie de 1567, au temps des guerres de religion ; le dégagement de sa base au début du XIXème siècle ; l’effondrement de ses étages, il y a deux siècles et demi, n’a pas ôté à ce remarquable monument, son caractère altier et puissant, qu’il doit à sa hauteur (36 mètres) et à l’épaisseur moyenne de ses murs (4 mètres).

L’Abbaye

La tradition attribue la fondation de l’Abbaye Notre-dame, si proche du donjon, si étroitement enfermée dans l’enceinte du château, à la guérison miraculeuse d’un seigneur de Beaugency, Simon 1er atteint de la lèpre. Reconnaissant, ce Simon aurait fondé, dans l’enceinte de son château, une Abbaye, en l’honneur de son célèbre protecteur : saint Firmin. Dès la seconde moitié du Xième siècle, une église est donc spécialement dédiée au culte de saint Firmin. Quant à la communauté proprement dite, toujours désignée comme le lieu même du culte, par le terme d’église, c’est sensiblement à la fin du Xème siècle ou au commencement du Xième qu’elle se forme. Elle est constituée de chanoines vivants sous la règle de saint Augustin. Les premiers documents les concernant, au debut du XIIème siècle, désignent leur église, leur Abbaye, sous le vocable de « Notre-Dame » et des Saints Martyrs Firmin, l’Abbaye demeura dédiée à la vierge et aux trois autres Saints de Picardie. C’est en son église que c’est tenu, en 1152, le Concile National qui reconnut la nullité du mariage du roi de France Louis VII et d’Aliénor d’Aquitaine. Cette première Abbaye fut ruinée par les troubles politico-religieux du XVIème siècle. En 1567, ses bâtiments et son église furent incendiés. En 1642, un petit groupe de chanoines réguliers de Sainte-Geneviève de Paris vient relever ces ruines et reconstituer la Communauté. C’est la seconde Abbaye, qui durera jusqu’à la Révolution, dispersée en 1791. Ils reconstruisent les bâtiments conventuels d’architecture classique que nous voyons, le long de la Loire et au chevet de l’église. Surtout, ils restaurent l’église elle-même et raniment la vie religieuse et le culte. Les revenus de l’Abbaye sont très importants. Depuis le milieu du XVIème siècle, ils sont entre les mains d’un abbé commanditaire. La communauté elle-même

L’église abbatiale est un monument des Xième au XIVème siècles, de style roman, propriété de la commune et classé monument historique. C’est l’église paroissiale unique depuis 1791, les deux églises saint Firmin et saint Nicolas, ayant été supprimées. Les parties les plus intéressantes et les plus belles sont le chœur et l’abside d’une réelle pureté romane. On apprécie les arcatures, les chapiteaux du chœur, ceux de la nef, d’une saisissante spontanéité naïve et les portails. L’édifice a reçu, lors de la restauration du XVIIème siècle, une voûte d’esprit gothique, surbaissée par rapport à celle que l’incendie de 1567 avait détruite. La récente reconstruction des orgues, petit orgue et grand orgue, contribue à la solennelle beauté des cérémonies et à la qualité des concerts dont cette abbatiale est le cadre. Les vitraux posés après le sinistre de la dernière guerre, apportent, par l’enseignement religieux qu’il propose, une richesse complémentaire à cette église.

Le pont Le pont de Beaugency fut à l’origine de la ville. En fait, avec sa hardie enjambée de Beauce en Sologne, il est le résultat des assauts qui lui ont fait subir au cours des âges, les caprices du fleuve et les folies des hommes. Les crues et les guerres, les reconstructions, les réparations nécessaires aussi, l’ont façonné tel que nous le voyons. Les parties les plus anciennes peuvent êtres datées du XVIème siècle, mais l’existence de cet ouvrage est attestée dès le début du XIIème siècle, puisqu’on y percevait un droit de péage. C’est la crue mémorable de 1608 et les reconstructions postérieures qui lui ont donné, pour l’essentiel, sa continuité. Récemment en 1978, c’est l’ensemble du pont, fatigué, menacé d’affaiblissement, qui dut être partiellement rebâti. Vers la ville, solidement ancré sur la forteresse, le grand pont défendu à ses extrémités par des tours et des ponts-levis, renfermait une Chapelle saint Jacques. Ces fortifications et la Chapelle furent démolies à la fin du XVIIIème siècle. De ce pont s’offre à nous l’ampleur et le chatoiement des couleurs d’un panorama magnifique. Notre imagination évoque le dense passé de la vie du fleuve, les désastres des crues (1846 - 1870/1871 - 1940/1945) qui sans cesse ont marqué cet ouvrage séculaire, longtemps le seul entre Orléans et Blois. Elle évoque aussi une navigation active jusqu’au siècle dernier. Et toujours, de siècle, avec des moyens de plus en plus perfectionnés, les échanges humains entre les deux rives du fleuve royal. Vraiment, sans ce pont, Beaugency ne serait pas.

La Légende du Pont Il y a bien longtemps, alors que nul pont ne permettrait encore le passage d’une rive à l’autre de la Loire, le Diable attiré par la réputation de la cité, décidât d’aider ses habitants. « Un pont de bois est indigne de vous, je construirais moi seul un pont de pierre en une seule nuit. Mon salaire : aucun ; seulement l’âme de la première personne qui le traversera. Marché conclu. Le maire qui avait signé le pacte ne dormit guère cette nuit-là. Le matin en ouvrant les fenêtres, lui et tous les habitants virent la merveille. Un pont de pierre de 39 arches enjambe véritablement la Loire. Le maire alors revêt ses plus beaux atours et s’avance vers l’œuvre magique suivit de tous. Il marche. Il s’approche. Va t-il être le premier de la cité à poser sur le pont et offrir son âme ? De l’autre côté du fleuve, monstrueux, ricanant le diable attend. Mais subitement, le maire ouvre son manteau…un chat d’échappe qui court vers l’autre rive. Qu’importe maintenant si le diable vocifère ? « Messieurs les Balgentiens, vous n’êtes pas de bels gens du tout ; vous n’êtes que des chats!», de dépit, il se réfugie dans une tour qui porte aujourd’hui son nom. Il y est toujours puisque nul ne le vit plus jamais en sortir.

L'hôtel de ville Au début du XVIème siècle, la maison commune, jusqu'alors proche de la Tour du Change, l'actuelle Tour de l'horloge, fut transférée là où nous la voyons maintenant. C'est à ce moment, vers 1525, qu fut créée cette façade qui est un des plus beaux exemples de l’Art civil de la Renaissance. Semée de fleurs de Lys, elle unit de façon originale la tradition italienne, à la base, à l'inspiration française, en la partie supérieure. Au milieu sur le bandeau cantonné, sont présentées, de gauche à droite, les Armes de Dunois et des Longueville, et à l'extrémité la Salamandre de François 1er. A l'intérieur, au 1er étage, dans la Salle d'Honneur, Salle des Délibérations et Salle des Mariages, sont tendues sur les parois huit admirables tentures brodées, de l'époque Louis XIII provenant de l'Abbaye Notre-Dame, réalisées sur canevas de toile, en fil de laine. Leurs qualités de composition, de coloris et de fini d'exécution en font une oeuvre de haute classe.

Le Château Dunois Au XVème siècle, Beaugency connut quelques aménagements et embellissements et fut introduit dans notre ville le Château Dunois aujourd'hui Musée Régional, construit sur une partie de l'emplacement de l'ancienne forteresse. A la révolution de 1789, les bâtiments furent vendus comme biens nationaux. Ils furent rachetés au XIXème siècle par le département du Loiret qui y créa, en 1839, un "Dépôt de mendicité". En 1925, à la disparition de cet établissement, le Préfet du Loiret suggéra d'utiliser la demeure de Dunois pour y constituer un Musée destiné aux documents du passé de Beaugency. Cette idée fut concrétisée par une association fondée en 1927 "Les Amis du Vieux Beaugency", qui ouvrit, l'année suivante, avec approbation de la Municipalité, la première salle du "Musée Régional de 1'Orléannais". C'est également, cette association qui assure, pendant la saison touristique, les visites commentées de Beaugency.

La Loire Toute l’histoire de France est passée là. Voie de transit offerte aux bateaux de marchandises Sallé d’accueil aux rives fertiles et tentantes, elle a su souvent s’affronter les défricheurs de forêts, les bâtisseurs d’églises et de châteaux. Mais ce qu’il faudrait dire, c’est l’histoire conjuguée de la Loire et de ses riverains : la longue bataille contre les crues de mai les inondations d’octobre. Les levées de dix ans en dix ans éventrées de brèches, renversées, patiemment relevées, renforcées. La Loire coule sous d’étranges regards. Elle se contente d’être tout simplement et continuera ainsi tant que les regards et les discours qui la cernent ne projetteront sur elle que de l’imaginaire. La Loire, c’est d’abord cette belle enfant insouciante qui ne sait pas encore qu’elle deviendra un grand fleuve et qui dégringole joyeusement la montagne. Elle s’élance sous le soleil.