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MONTAGNIER DIANE MAR 54 2008-2009 Lycée Professionnel POINSO-CHAPUIS DOSSIER MARQUETERIE La Marqueterie de Paille La Marqueterie de Paille La Marqueterie de Paille La Marqueterie de Paille

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MONTAGNIER DIANE MAR 54 2008-2009 Lycée Professionnel POINSO-CHAPUIS

DOSSIER MARQUETERIE

La Marqueterie de PailleLa Marqueterie de PailleLa Marqueterie de PailleLa Marqueterie de Paille

SOMMAIRE A) HISTORIQUE p.3 1) Introduction p.3

2) Quelques marqueteurs célèbres à partir du XXème siècle p.6

André GROULT p.6 Lison DE CAUNE p.6 Jean-Michel FRANK p.7 Jean ROYÈRE p.7

B) TECHNIQUE p.8

1) Outillage et matériel p.8 2) Qualités requises p.8 3) Type de paille p.9 4) Coloration et décoloration p.9 5) Préparation p.10 6) Finition p.12 7) Entretien p.13 8) Autres utilisations de la paille p.14 9) Avantages et inconvénients p.15

C) REALISATION D’UNE MARQUETERIE DE PAILLE p.16 D) BIBLIOGRAPHIE p.19

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A) HISTORIQUE

1) Introduction

La paille est un matériau que l’on retrouve à travers le monde, dans toutes les

civilisations. De très nombreuses traces nous indiquent sa présence autant en Europe, qu’en Asie, et même en Amérique du sud, dans les civilisations Incas et Mayas. Dès que l’homme a commencé à cultiver la terre, la paille s’est imposée comme un matériau essentiel, autant pour les animaux domestiques que pour les hommes.

Son emploi polyvalent lui permet d’être utilisé en temps qu’engrais, litière, isolation, foin, paillage et tressage (garniture des chaises), tissage (chapeau et vêtements, nattes, vannerie etc.).

La marqueterie de paille a su redorer les blasons de la paille en la magnifiant. Elle démontre qu’un matériau aussi simple et présent dans la vie de tous les jours peut être d’un esthétisme incroyable et faire d’un simple objet une œuvre d’art, puisque quasiment inaltérable.

La marqueterie de paille s’est sûrement développée en parallèle avec la marqueterie

traditionnelle , bien que ses origines soient très controversées. L’Italie était sûrement précurseur dans ce domaine, mais on pense que les pays d’Orient, comme la Chine ou l’Asie Mineure ont pu importer ce savoir grâce aux échanges commerciaux dus à la Route de la Soie.

Ancienne Boîte marquetée de paille.

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C’est réellement au cours du XVIIème siècle que la marqueterie de paille produit ses plus belles œuvres, car période très riche en création. Elle provoqua un fort engouement en France, en Angleterre, en Russie et en Italie. Les supports sont nombreux et hétéroclites : ils se présentent sous forme de tableaux, de boîtes, de meubles, et même des tissus nobles, comme de la soie ou bien sous forme de panneaux muraux, de fresques etc.

Les créateurs aussi n’étaient pas forcément ébénistes ou marqueteurs. C’étaient

souvent des religieux qui échangeaient ou vendaient leur oeuvres afin d’y trouver quelques revenus. Dans les hospices, les personnes âgées ou malades égayaient leur quotidien en créant leur propres marqueterie, car cet art ne requiert pas énormément d’outils et de savoir-faire. Plus tard, ce sont les bagnards qui s’approprièrent la marqueterie de paille, car cette dernière jonchait le sol des bagnes et servait de paillasse.

La marqueterie de paille, après ce vif intérêt, est tombée dans l’oubli. Vers la fin du XIXème, et dans les années 1920, elle a été remise au goût du jour, notamment grâce à

Secrétaire, style Louis XV, 1750 environ, estampillé Alain Delorme et François Garnier.

On peut voir que cette marqueterie est ancienne par la couleur passée de la paille.

Commode entièrement marquetée de paille, Italie, XVIIème siècle.

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l’antiquaire André Groult et aux décorateurs Jean-Michel Frank et Jean Royère, qui marquetèrent de grande surface en paille (lambris, paravents).

De nos jours, la marqueterie de paille reste quand même très marginale et peu connue

du grand public, en dépit de toutes ses qualités esthétiques. Seuls quelques amateurs ou marqueteurs perpétuent ce savoir-faire très particulier, en création et en restauration. Lison de Caune, petite fille d’André Groult perpétue cet art.

Chaque création est une pièce de collection, car bien que la paille soit imputrescible,

elle reste un matériau très fragile, qui se marque très vite si aucun soin n’est pris quant à son entretient.

Les marqueteries de paille peuvent être produites en petites séries, mais sont générales des pièces uniques. Il est aussi très difficile de les dater et de les situer, car les artistes ne signaient pas leur œuvres. En revanche, grâce au papier qui sert de support pour la paille on

Table basse de Jean-Michel Frank, frisage en soleil sur le plateau, bord en travers fil. Un frisage en soleil réussi se reconnaît par son centre qui n’est pas modifié (ajout d’une fleurette, d’un cercle…), qui vise à cacher le défaut de conception.

Réalisations de Lison de Caune. A gauche : mur complètement lambrissé de paille. Au centre : paravent aux motifs d’inspiration japonaise. A droite : Œuf marqueté de paille brune en motif à bâton rompu : réalisation difficile compte tenu des courbes.

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peut trouver de précieux indices (page de livre religieux, de journaux etc.) qui situent l’époque et le lieu.

C’est un matériau facilement disponible et peu cher, que l’on peut préparer soi-même ou trouver déjà préparé en commerce. On peut jouer avec les reflets de la paille, et les pailles teintées peuvent agrémenter de très beaux tableaux. Comme la marqueterie traditionnelle, tous les motifs se prêtent à la paille. Les motifs japonais ou égyptiens conviennent parfaitement, grâce aux superbes reflets de la paille. Les possibilités sont infinies. De plus, on peut créer facilement des filets originaux et uniques, et toutes sortes de frisages conventionnels, comme le ferait un ébéniste avec du placage :

Les reflets de la paille sont uniques et insolites, ce qui en fait ses qualités. 2) Quelques marqueteurs célèbres à partir du XXème siècle

André GROULT (1884-1966)

Rien ne destinait cet antiquaire à devenir un ébéniste. Son style particulier et son goût pour les matériaux précieux lui valurent d’être reconnu en France. Il utilisait aussi bien le galuchat, que l’ivoire, la corne, la nacre ou des bois précieux. Il s’éprit de la paille pour ses qualités esthétiques. Il réalisa notamment des panneaux muraux et des paravents, ainsi que de nombreux tableaux, car la paille donnait à ses ouvrages un côté précieux. Ses œuvres valent aujourd’hui très cher.

Lison DE CAUNE

Elle est la petite fille d’André Groult. Elle se passionne très vite pour les matériaux anciens et nobles, et se tourne tout naturellement vers la paille. En 1998, elle est nommée Maître d’Art, car elle est une des seule spécialiste de la marqueterie de paille en France. Elle travaille en collaboration avec de nombreux décorateurs et propose ses œuvres à la vente.

Frisage en fougère

Frisage en carré

Frisage en pointe de diamant

Frisage en Soleil

Frisage à bâton rompu

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Jean-Michel FRANK (1895-1941) Il est l’un des principaux décorateurs de l’Art Déco en France. Mêlant simplicité et

raffinement dans le mobilier qu’il conçoit, certaines de ses œuvres sont mondialement connues. Il utilise des matériaux luxueux comme le cuir, le parchemin et la paille, parfois même en les combinant. Ses créations étaient très modernes et sont toujours d’actualité.

Jean ROYÈRE (1902-1981)

Décorateur français, qui s’imposa dans le monde par son imagination et son audace, et toujours en marge des courants actuels de l’ époque. Il présente en 1943 son premier meuble marqueté de paille. Il travailla pour de nombreux artistes, comme Henry Salvador, et pour des principautés (notamment aux Emirats Arabes). Il légua toutes ses archives au Musée des Arts Contemporains de Paris avant de partir pour les Etats-Unis d’Amérique.

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B) TECHNIQUE

1) Outillages et matériel

Très peu d’outils sont recommandés pour la marqueterie de paille. En revanche ils sont d’une grande utilité. Le plioir, en os ou en plastique, servira à fendre la paille par une des extrémités,

sans abîmer ou marquer la paille. L’autre extrémité, plate et biseautée sers à aplanir la paille, préalablement humidifiée.

Il faut aussi posséder des règles, un scalpel ou un trancher (pour découper les pièces) voire même une scie de marqueteur, un plan de travail propre, un bac d’eau.

Quelques pinceaux, de la colle vinylique (légèrement diluée à l’eau) serviront pour le collage. Le marteau à marqueter peut intervenir pour faire travailler la colle, mais le côté plat du plioir rempli bien ce rôle aussi. Une petite presse ou des serre-joints serviront à aplanir les fétus de paille. Du papier fin servira de support pour coller la paille, à moins que celle-ci ne soit appliquée directement sur le support.

On peut plaquer soit directement sur le meuble, ou bien s’il s’agit de boites ou de

tableaux, le mieux est de plaquer les créations sur des panneaux de dérivés de bois (médium, CP, aggloméré etc.). Ces derniers sont plus résistant aux variations hygrométriques et se déforment moins lors du collage. La paille ne joue ainsi pas trop. Ces dérivés du bois ont aussi comme qualité de ne pas posséder de défauts et d’être parfaitement uniformes. Le bois massif est déconseillé car il travaillera trop avec le temps, et les moindres imperfections apparaîtront automatiquement sous la paille. De plus, les défauts de corroyage (stries de dégauchisseuse, lame abîmée qui laissera des sillons) ressortiront de la même manière. Pour le nettoyage, un chiffon imbibé d’un peu d’eau fera l’affaire. La salive est un excellant nettoyant naturel et une peau de chamois lustrera parfaitement la marqueterie une fois finie. Un bon éclairage est recommandé pour ne pas fatiguer ses yeux tout au long du travail.

2) Qualités requises

La marqueterie de paille requiert de nombreuses qualités. C’est un travail de précision qui demande beaucoup de concentration, de rigueur et de dextérité. Il faut faire preuve de douceur dans la manipulation des fétu. En effet, le moindre choc ou pli marquera la paille et la rendra inutilisable. La patience est exigée, car le travail est parfois long et fastidieux, mais c’est une qualité essentielle pour un ouvrage réussi.

Une bonne vue est nécessaire quant à la qualité des joints et à la précision des assemblages (notamment pour les filets et les damiers).

Il faut aussi posséder un bon sens esthétique, savoir associer les bonnes couleurs, trouver le bon sens de la paille, car cela joue énormément quant au rendu final. La paille doit accrocher la lumière et rendre lumineux le tableau.

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Il faut savoir être organisé, car même si la marqueterie de paille ne requiert pas d’outils compliqués, chaque étape joue un rôle majeure et définitif. De plus, l’organisation et la propreté permettent d’être optimal dans chaque étape et de gagner du temps.

L’ingéniosité permettra de pallier les problèmes qui s’imposent tout au long de la réalisation d’une marqueterie (courbe de filets rigides, morceaux qui sautent etc.).

3) Type de paille

En apparence, la paille est brillante et semble vernis à cause de la silice qui la recouvre. Cette surface imperméable est le parement de la marqueterie. Une fois ouverte, on peut s’apercevoir que la paille est en fait un tube creux. L’intérieur est terne et strié. Cette partie est donc idéal pour l’encollage et permet d’être travaillée sans abîmer l’extérieur du fétu.

On peut utiliser plusieurs types de paille (blé, orge, avoine) mais la plus usitée est celle de seigle. En effet, le fétu à l’avantage de ne présenter aucun nœud sur une quarantaine de centimètre et de posséder un plus gros diamètre que les autres espèces de paille.

La production de la paille n’est pas compliquée. Il faut seulement couper la paille avant que les nœuds apparaissent, dû à l’apparition des grains. Il faut la faire sécher quelques jours avant de la mettre en botte. La paille se conserve presque indéfiniment, puisqu’elle est imputrescible. Même coupée, la paille garde son aspect doré et brillant. On peut la trouver déjà toute prête en commerce.

C’est donc un matériau de choix qui ne requiert pas beaucoup d’entretient quant à son

stockage. De plus, la paille est vendu peu cher au kilo, ce qui permet un bon rendement entre son achat et la vente finale de la marqueterie.

4) Coloration et décoloration

La paille peut être colorée, même si elle est beaucoup plus utilisée avec son aspect naturel, qui présente une large gamme de couleur (doré, brun, vert…) qui offre déjà d’énormes possibilités.

Les techniques de coloration sont variées. Dans le temps, on utilisait du peroxyde de

souffre ou bien en soumettant la paille à des vapeurs de souffre. De ce fait, elle blanchissait uniformément, mais ces techniques sont délicates et dangereuses. Pour la coloration, les

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anciens utilisaient des teintes végétales (brou de noix) ou animales diluées dans des bains chauds.

De nos jours, on peut faire chez soi et sans danger nos propres colorations. On trouve facilement en commerce des pigments naturels ou bien des teintes pour textiles. Il suffit de plonger la paille dans un grand récipient rempli d’eau bouillante, salée et teintée. Le temps de cuisson dépendra du degré de teinte voulu. Il faut néanmoins veiller à ce que la paille ne perdre pas sa silice due à la chaleur.

On peut utiliser aussi l’eau de javel et l’eau oxygénée pour blanchir la paille, mais ces techniques sont difficiles à maîtriser car elle abîment la paille.

5) Préparation

La préparation de la paille avant de marqueter est essentiel, car chaque étape est un point de non-retour.

En premier lieu, il convient d’humidifier la paille en la plongeant plusieurs minutes dans de l’eau afin de la ramollir. Si la paille n’est pas souple, elle se fendillera quand on essaiera de l’ouvrir. De cette manière, la paille humidifiée peut être fendue dans la longueur grâce à la pointe émoussée du plioir. L’ongle du pouce ou le plioir suit la fibre naturelle de la paille. Le bord est donc lisse. Aucunes retouches n’est à faire. Le scalpel ou tout objet trop tranchant est à proscrire, car il marquerait l’autre côté du fétu. Le plan de travail doit être propre pour éviter tout risque de marques.

Une fois ouvert, il faut aplanir le fétu à l’aide de l’autre côté du plioir, plat et biseauté, qui permet de bien travailler les fibres sans les casser. Il faut obligatoirement travailler le côté contre-parement, c’est-à-dire l’intérieur de la paille.

Pour gagner du temps, on peut appliquer ce procédé sur plusieurs fétus. On peut

ensuite les passer au fer à repasser chaud pour les rendre bien plats. Attention toutefois à ne pas brûler la paille ou la brunir. Un fétu bien plat donne un aspect satiné à la paille.

Le meilleur support pour travailler la paille est le mélaminé. Il se nettoie facilement et

la colle séchée s’enlève facilement. A partir de cet instant, la paille peut être collée soit directement sur le support, soit sur

une feuille très fine. Les types de supports sont diverses ; carton, toile, soie etc.

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On peut obtenir ainsi de grandes plaques de paille, surtout si les motifs sont grands. Cette technique à l’avantage de solidifier les plaques de paille si on veut les découper à la scie à chantourner. Pour ce fait, le papier à choisir doit être très fin. Le papier journal ou du papier à 30g ou 50g/m² feront très bien l’affaire. Une feuille blanche standard conviendra aussi. Pour créer des effets due à la transparence de la paille, un papier de couleur peut servir de support.

Avec un pinceau, il faut étaler finement sur la feuille (sur toute la longueur et largeur de fétu) de la colle vinylique blanche, au préalable diluée d’un peu d’eau. Il faut ensuite placer le fétu aplani dessus, côté contre-parement, et bien l’écraser avec le côté plat du plioir ou du marteau à marqueter. De cette manière, la colle va bien se répartir et ne fera pas de surépaisseur. La pression ne doit pas être brutale mais souple et régulière. On commence toujours une plaque, ou planche, par les bords pour une meilleure rentabilité.

Il faut ensuite coller les brins côté à côte, en veillant à ne pas les superposer. Les joints doivent être parfait, sans chevauchements ou écarts. Il faut aussi veiller à intervertir le sens des fétus, car la paille étant un tube cylindrique, les fétus s’inclineraient au fur et à mesure du collage. Il faudrait alors les redresser en coupant le surplus au cutter, mais c’est une perte de temps inutile. En inversant les fétus, on compense la perte de largeur et de ce fait, la paille et toujours verticale sur son support.

On peut aussi découper des brins de longueur égale, mais cela prendrait du temps. On

peut en revanche le faire pour jouer avec les motifs de placage et de filet en variant les largeurs.

Pendant le collage, il faut penser à faire travailler la colle sur les fétus précédant, et à

ôter les surplus de colle sur la paille à l’aide d’un chiffon humide.

Fétus intervertis, on peut couvrir correctement la planche de support.

Fétus non intervertis, ils forment un cercle, dû à leur forme conique.

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Pour un meilleur rendu, une fois les plaques prêtent, on peut les passer sous presse, car avec l’apport d’humidité, les feuilles et les pailles auront tendance à se gondoler. On peut ainsi créer de grandes surfaces de paille de même couleur, simplement en créant des plaques de différents tons.

Pour découper la paille en motif géométrique, l’usage du scalpel ou du tranchet et d’une règle est requise. Il faut commencer sans appuyer sur la paille pour créer le sillon voulu, sinon la lame suivrait le sens des fibres, de même manière que le placage de bois.

En revanche, si les motifs deviennent complexes, on peut très bien se servir de la scie à chantourner en utilisant la technique Boulle, c’est-à-dire par superposition. On obtient ainsi une partye et une contre-partye. Les plaques sont soudés entre elles par de petits points de colle blanche. Le motif est collé dessus en fonction du sens des fibres désiré. On peut aussi les maintenir entre deux plaques de CP. On peut aussi créer le fond en le collant directement sur le support, et évider ensuite la partie qui reçoit le motif. Les joints sont alors invisibles et la technique de découpe change : on utilise celle de l’élément par élément.

En raison de la faible épaisseur de la paille, un contre-balancement dépendra du support. Si la paille est plaquée directement sur un meuble, il n’y aura pas d’incidence sur la déformation du bois. En revanche, sur des panneaux de faible épaisseur, ou bien pour du cartonnage, il sera nécessaire d’équilibrer les tensions due au collage.

Pour les filets qui nécessitent plusieurs découpes, il est nécessaire de compenser les différentes épaisseurs de papier en les passant sous presse, ou bien en raclant le papier avant le collage final.

6) Finition

La paille est un produit « fini », c’est-à-dire qu’il n’y pas de finition possible à faire, juste quelques agréments. C’est pourquoi il faut absolument être soigneux dans son travail.

Par exemple, il est impensable de poncer ou racler une marqueterie de paille finie. Les sillons marqueront la paille et le travail sera complètement gâché. On peut simplement passer un léger coup d’abrasif pour casser des angles.

Pour nettoyer son travail, un chiffon humide débarrassera les dernières traces de colle.

Les marqueteurs utilisent une solution de ½ d’eau et ½ d’alcool ou de vinaigre blanc, en prenant garde aux éventuelles tâches. Pour faciliter ce travail, il est donc nécessaire de ne pas faire de surplus de colle et de nettoyer au fur et à mesure les fétus de paille.

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La salive est un excellant moyen de nettoyage, qui n’abîme aucunement la paille. La peau de chamois lustre naturellement la paille et lui donne un meilleur éclat. On

peut aussi cirer la marqueterie, bien que cela ne soit pas nécessaire. En revanche l’odeur de la cire fait partie du charme du travail traditionnel.

Le vernis est à proscrire car il ternit l’éclat de la paille en abîmant la silice qui la recouvre. De plus, il sera très difficile de l’appliquer et uniformiserait les reflets et jeux de couleurs qu’offre la paille.

7) Entretien

La marqueterie de paille ne nécessite pas de gros entretiens à proprement dit. Un ouvrage de ce type se conserve très bien dans le temps puisque la paille est naturellement imputrescible. Il existe des coffrets anciens dont l’intérieur est encore resplendissant, alors que l’extérieur est terni.

Toutefois il faut prendre garde à ne pas exposer au soleil les ouvrages, qui ternirait

l’éclat de la paille. Un endroit trop sec ou trop humide est néfaste à la conservation d’une marqueterie de paille, tout comme la marqueterie traditionnelle de bois.

Il faut aussi faire attention aux chocs ou aux manipulations, qui détériorent

irréversiblement une marqueterie.

La restauration d’une marqueterie de paille est tout à fait possible. Il suffit d’ôter le morceau abîmé et de le remplacer par un nouveau morceau correspondant. Il est possible, par divers procédés, de vieillir le nouveau morceau afin qu’il se fonde parmi les autres. Un bon dépoussiérage est nécessaire pour toute restauration.

Toutefois, comme tous les ouvrages de marqueterie ou d’ébénisterie, les œuvres ne sont pas à l’abri des insectes xylophages et des vers. Les serrures en fers, les poignets métalliques peuvent rouiller et tâcher la paille. En dépits de bons entretiens, le temps n’épargne pas les meilleurs ouvrages de tout genre à long terme.

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8) Autres utilisations de la paille

Grâce aux différentes couleurs de paille, une marqueterie peut simplement éblouir par ses reflets. Il est toutefois possible de rajouter des détails qui forceront l’admiration d’un ouvrage.

La gravure, ou bien la pyrogravure permettent de graver des détails minuscules (courbes d’un nez, pli d’un vêtement, lettres…).

La gravure s’effectue à l’aide de burin de graveur. C’est un travail très délicat car aucun défaut ne sera admis. N’oublions pas que la paille est un matériau fini. Le principe est de graver dans la couche superficielle de la paille les traits voulus, sans pour autant transpercer le fétu. Beaucoup de dextérité est requise. Les traits sont ensuite teints avec des pigments pour ressortir.

La pyrogravure consiste à brûler les parties à graver à l’aide d’un fer ou d’une pointe chauffés. Il existe de nos jours de très bons pyrograveurs, très faciles à manipuler.

On peut ombrer la paille, de la même manière que le bois. Soit en en plongeant les

pièces dans le sable chaud, soit en brunissant avec un fer chaud. Il faut être très attentif pour ne pas faire brûler la paille.

Le gaufrage est une technique qui met en relief certaines parties de la marqueterie. Il

suffit de créer deux moules en négatif (c’est à dire le bombé vers l’intérieur, ou l’extérieur selon si la marqueterie sera placée à l’envers ou à l’endroit). Une feuille humide gaufrée servait de référence ensuite pour coller la paille dessus. L’ensemble est ensuite pressé entre les deux moules pour bien prendre le relief. Dans le temps, les moules étaient en corne ou en os. De nos jours, les moules sont en résine ou en plâtre. C’est une technique qui n’a pas beaucoup évoluée, mais qui s’applique aujourd’hui à des matériaux modernes.

La paille permet aussi de créer de très originaux motifs de filets et de placages. Plusieurs variantes sont possibles. Les motifs sont infinis avec les jeux de couleurs.

Toutes ces techniques ont pour but de donner du relief et du modelé à un dessin en 2D.

Une marqueterie peut être littéralement transformée et sublimée par le simple fait de donner du volume. Tout est ensuite une question de goût, comme l’ombrage qui se fait au ressenti, qui diffère énormément entre deux personnes. Une marqueterie « vivante » est une œuvre réussie.

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9) Avantages et inconvénients

La paille possède de nombreuses qualités, essentiellement esthétiques. Il est vrai que les jeux de lumière qu’elle offre sont particulièrement remarquables. Elle a l’avantage d’être imputrescible et de se conserver dans le temps. Etant un matériau fini, il est très simple de la travailler. On peut lui trouver un intérêt économique car elle est peu cher et facilement disponible. On peut la teinter soit-même très facilement.

Son intérêt peut être aussi écologique. En effet, elle ne demande pas d’utilisation d’une machine quelconque, ni l’emploi de vernis, puisque la cire est naturelle. La paille est ce qu’il a de plus naturel et n’a aucun effet polluant. On peut la conserver indéfiniment. Elle supporte d’être travaillée, gravée, humidifiée à plusieurs reprises, chauffée, collée etc.

Le résultat final d’une marqueterie a un effet précieux immédiat. C’est un œuvre qui vieillit très bien et se conserve si de bons soins sont pris. C’est pourquoi elle est très appréciée pour son esthétisme et son ornementation.

Cependant, lors de la préparation, la paille devient un résultat très délicat et convient d’être traitée avec soin. En effet, la moindre marque (coup d’ongle ou de plioir, pli, choc) rend la paille inutilisable. Ceci ressort aussitôt sur le travail final, car ces marques noircissent avec le temps.

Les erreurs d’inattention, comme un chevauchement de joint sont autant de petites choses qui nuisent à la délicatesse de la paille. De plus, la propreté est absolument nécessaire. Un résidu de colle, un copeau, ou tout autre corps qui se glisseraient sous la paille pendant la collage ressortira irrémédiablement, puisqu’il formera une bosse en relief. Il faut être donc très soigneux et exigeant, car de tout ça dépendra la qualité du travail.

Même finie, une marqueterie de paille reste très fragile. Elle continue d’être marquée si les manipulations sont excessives et inconsidérées. Elle ne se conserve pas à la lumière direct du soleil.

La paille à autant d’avantages que d’inconvénients. Elle requiert des soins spéciaux et beaucoup de délicatesse, de la part du marqueteur comme de la part du propriétaire. Même si les désavantages peuvent rebuter à premier abord, c’est toujours avec émerveillement qu’on regarde ce matériau dont le novice n’aurait jamais soupçonné l’usage.

Mur lambrissé, coffre marqueté et boîte. Création de Lison de Caune

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REALISATION D’UNE MARQUETERIE DE PAILLE

En parallèle de ce dossier, j’ai créé ma propre marqueterie de paille

sur un cadre photo en bois.

Pour cela, j’ai tout d’abord plongé ma paille dans de l’eau tiède plusieurs minutes,

afin de la rendre plus souple à travailler. J’ai préparé pendant ce temps mon plan de travail. J’ai ensuite fendu mes fétus à l’aide de l’ongle de mon pouce, et l’ai aplani avec un plioir.

Après avoir fait une vingtaine de brin, je les ai bien aplatis au fer à repasser chaud. J’ai

les ai ensuite collés sur une feuille blanche en respectant les principes de la préparation.

J’ai ainsi placé la planche obtenue sous presse manuelle quelques heures, pour

stabiliser la planche et laisser sécher la colle.

J’ai choisi pour mon cadre un motif classique dit « à bâtons rompus ». Ce motif consiste à alterner des bandes coupées à 45° par rapport au sens du fil. On obtient un bel effet de pointe qui semble en relief. Il est très utilisé pour les parquets ainsi que pour les placages de bois.

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Pour cela, j’ai coupé à 45° par rapport au sens des fétus plusieurs bandes de 5,5 mm de largeur, pour que 4 bandes remplissent parfaitement la largeur des bords.

J’ai d’abord collé des fétus simple sur le chant intérieur du cadre, sans les encoller sur

papier, puisque je n’ai pas fait de motif pour cela. Puis j’ai créé mon motif sur la face, en créant des coupes d’onglet au cutter dans les angles pour faire correspondre les joints ensuite. Il faut penser à bien écraser la paille dans ces endroits pour éviter les décollements lors de la coupe au cutter.

J’ai bien nettoyé mon travail au fur et à mesure avec un chiffon humide, car des

résidus de colle sèche se collaient sur mon travail. Pour finir, j’ai plaqué mes chants, en créant une surcôte. De cette manière, en la coupant après séchage, elle correspond parfaitement aux chants.

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Enfin, j’ai passé un fin ponçage sur les angles pour casser l’angle, sans toucher au motif.

Après un dernier nettoyage à l’eau mélangé à 50% d’alcool, j’ai frotté ma marqueterie

avec une peau de chamois pour la faire briller. Il ne m’a plus fallu qu’à encadrer une broderie pour donner tout son charme au cadre et faire un super cadeau de Noël !

Ce travail était intéressant à faire car j’ai pu perfectionner mes gestes et mettre en

pratique la théorie, ce qui est le plus dur. Au final je suis satisfaite du résultat. Même si quelques petites erreurs se voient, elle participent à l’apprentissage du métier et me permettront de progresser au fur et à mesure de mon entraînement.

De plus, j’ai pu faire participer ma petite sœur et lui présenter une des facette de mon travail, beaucoup plus accessible que la marqueterie traditionnelle. Elle m’a secondé et a trouvé cela facile et amusant, très décoratif.

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BIBLIOGRAPHIE Livres : Magazine bimestriel Couleurs Bois n° 17, 18, 23, 24, 33, 36. La Marqueterie, de Pierre Ramond, édition H.Vial. La Marqueterie de Paille, de Lison de Caune et Catherine Baumgartner, édition H.Vial. Internet : www.marqueterie-de-paille.com www.lisondecaunes.com www.amchoain.fr Images : www.ebay.fr http://images.google.fr Autres : Cours de classe. Connaissances personnelles.

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